Prévenir les condensations dans les logements
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Prévenir les condensations dans les logements
➜ pathologie Désordre Les condensations dans les logements après isolation ➜ n° 96 de Qualité Construction n° 97 de Qualité Construction n° 98 de Qualité Construction Prévenir Diagnostiquer Traiter Illustration Thierry Bel I l existe deux bons moyens de prévenir les condensations : isoler les murs et ventiler le logement. Si le premier est devenu courant, le second est trop souvent oublié alors que les deux sont indissociables. La première des préventions consiste donc à adpoter le réflexe ventilation dès qu’il s’agit d’isoler et/ou de changer une fenêtre. Première phase : isolation des murs page 27 26 Qualité Construction • N° 96 • mai-juin 2006 Seconde phase : ventilation du logement page 29 Prévention et occupation page 32 Désordre Première phase : isolation des murs Le confort moderne exige d’avoir des logements douillets et peu voraces en énergie. Ils sont donc chauffés à bas régime, ce qui nécessite des isolations renforcées. E n hiver, l’isolation thermique augmente la température de surface des murs et des plafonds extérieurs. Ce dispositif supprime les points froids et diminue les risques de condensation apparaissant en air non saturé. Rappelons que cela ne supprime pas les condensations qui se manifestent en air saturé. Quoi qu’il en soit, il importe de choisir des produits isolants (laines minérales, polystyrènes…) certifiés Acermi. Cette certification garantit la résistance thermique et l’aptitude à l’emploi des produits. En donnant leurs niveaux de caractéristiques exprimés selon les normes européennes ou le classement Isole, elle permet de sélectionner le produit isolant le mieux adapté à l’application envisagée. Attention aux ponts thermiques Pour être efficace, la mise en œuvre des isolants réalisée selon les normes/DTU en vigueur doit être interrompue le moins possible. Il est donc déterminant que les différents corps de métier coordonnent leur intervention pour respecter la continuité de l’isolation thermique et l’étanchéité à l’air des parois. Une analyse au cas par cas s’impose pour choisir la solution la mieux adaptée à l’isolation d’une maison ou d’un bâtiment ancien : ■ l’isolation par l’extérieur ; ■ l’isolation par l’intérieur ; ■ les combles perdus ; ■ les combles aménagés ; ■ les planchers. 1. L’isolation par l’extérieur Elle est de loin la meilleure solution lorsqu’elle est possible (murs avec peu d’ouvertures, absence de modénatures, réfection de la couverture, etc.). Elle est idéale sur un mur pignon aveugle, par exemple. Elle traite un maximum de ponts thermiques puisqu’elle enveloppe tout le bâtiment sans rupture au droit des murs et des cloisons intérieures. Elle protège les façades des variations climatiques et rend les murs étanches. Cependant, il reste des ponts thermiques aux liaisons de certaines parois. Leur dépistage doit s’effectuer sur la planche à dessin et leur traitement sera réalisé avec soin. Il s’agit notamment : ■ de l’acrotère ; ■ d’une toiture-terrasse ; ■ d’un balcon coulé dans le prolongement de la dalle de plancher ; ■ de l’encadrement d’une fenêtre non isolé. Avec les bardages, il faut réaliser autour des baies un cadre couvrant la lame d’air et l’isolant. Il peut s’agir d’un précadre, de profilés spéciaux ou d’un bloc-baie comprenant la fenêtre, le volet roulant et l’encadrement ; ■ des liaisons recouvertes d’isolant telles que mur-plancher, mur-refend, angle sortant de deux murs, encadrement isolé de baie placée au nu intérieur du mur. Mis à part certains bardages « traditionnels », ces systèmes d’isolation par l’extérieur (enduits sur isolant, vêture, vêtage…) relèvent de l’Avis Technique. À noter: une réhabilitation thermique s’accompagnant le plus souvent d’un changement de menuiseries, le choix du bloc-baie offre l’avantage (avec tous les systèmes d’isolation par l’extérieur) de pouvoir poser l’isolant en périphérie de l’encadrement. p Attention! ✓L'isolation ne doit jamais être réalisée sur une paroi humide. ✓Une toiture-terrasse s'isole par le dessus et jamais par l'intérieur. La pose d'un isolant contre le plafond du dernier étage est interdite par les Règles de l'art. En effet, le complexe déjà en place en toiture jouerait le rôle d'un pare-vapeur disposé côté froid. Les désordres pourraient aller de la chute de l'isolant gorgé d'eau au bout de quelques mois au cloquage et à la destruction de l'étanchéité. Dans le cas d'une isolation par l'intérieur : ✓le pare-vapeur doit être posé vers la pièce ; ✓les profilés des menuiseries (fenêtres, portes, portes-fenêtres…) doivent être placés en applique intérieure ; ✓avec les fenêtres de toit, il est indispensable d'assurer une continuité parfaite de l'isolant tout autour du dormant pour éviter les condensations. L'isolant doit être en contact avec le dormant sur au moins 5 cm d'épaisseur. Qualité Construction • N° 96 • mai-juin 2006 27 — désordre ➜ pathologie Les condensations dans les logements Traiter ➜ Prévenir Diagnostiquer n° 96 de Qualité Construction n° 98 de Qualité Construction n° 97 de Qualité Construction 2. L’isolation par l’intérieur Bien que la plus répandue, cette technique ne permet pas de traiter tous les types de ponts thermiques en raison de la différence de développé des murs entre l’intérieur et l’extérieur. La continuité de l’isolant doit être cependant particulièrement soignée : ■ aux liaisons entre la dalle du rez-de-chaussée et les murs extérieurs ; ■ aux liaisons périphériques entre les dalles de planchers et les murs extérieurs ; ■ aux angles entre les murs de refend et les murs extérieurs ; ■ aux angles entre les murs et les rebords de fenêtres… L’étanchéité à l’air des trous pratiqués dans les panneaux de doublage collés pour les prises de courant doit être assurée, ainsi qu’aux jointures entre panneaux. 3. Les combles perdus Les combles perdus n’étant pas chauffés, l’isolation du plafond doit être réalisée : ■ sur le plancher des combles ; ■ ou entre les solives. Dans les combles peu accessibles, il vaut mieux épandre des flocons de laine de roche entre les solives. Les espaces sont circulables avec plancher ou solives. Il est possible de dérouler une, ou mieux, deux couches croisées d’isolant. Le calfeutrement doit être maximum afin de ne laisser aucun vide sous l’isolant. Ces derniers sont susceptibles de générer des courants d’air sous l’isolant et donc des points froids dans le plafond. Pour éviter toute condensation en sous-face de la couverture, avec le risque qu’elle ne retombe sur l’isolant et le mouille, les combles doivent être bien ventilés. Si malgré tout la ventilation est insuffisante, il faudra prévoir de poser un pare-vapeur sous l’isolation (côté chauffé). 4. Les combles aménagés L’isolation rampante peut être constituée d’une ou deux couches croisées d’isolant habillées d’une plaque de plâtre, de lambris… Le pare-vapeur est posé vers l’intérieur. Une lame d’air continue, aménagée entre l’isolant et la couverture, assure la ventilation nécessaire. Les ouvertures gagneront à être remplacées par des fenêtres de toit équipées de double vitrage et d’entrée d’air pour la ventilation. 5. Les planchers Situés au-dessus de locaux non chauffés (cave, sous-sol…), ils seront, si possible, isolés en sous-face, sinon par un isolant rapporté sous dalle flottante comme pour un plancher sur terre-plein, par exemple. Changement de menuiseries : Attention à l’étanchéité Une isolation thermique efficace est forcément complétée par le remplacement des anciennes menuiseries par de nouvelles fenêtres équipées de doubles vitrages certifiés Cekal. Quels que soient leur forme et le matériau choisi (bois, PVC, aluminium, mixte), les menuiseries sont toutes classées en fonction de leur perméabilité à l’air, à l’eau et au vent (classement AEV suivant la norme NF FDP 20-201 [réf. DTU 36.1/37.1]). Le modèle sera aussi choisi en fonction de l’épaisseur de l’isolant de doublage à recouvrir. À noter: assemblé en usine, le bloc-baie (fenêtre + volet roulant) optimise l’étanchéité de l’ensemble. Pour garder leurs performances, ces menuiseries doivent être mises en œuvre selon les Règles de l’art (DTU 36.1, 37.1, 37.2, Cahiers du CSTB n° 3521). Il existe deux types de rénovation : ■ la rénovation complète ; ■ la rénovation partielle. 1. La rénovation complète Elle s’apparente à une pose en neuf et en a tous les avantages. Après avoir déposé l’ancien dormant et réalisé l’étanchéité périphérique entre le gros œuvre et la menuiserie, le nouveau dormant est fixé dans la maçonnerie. Les couvre-joints intégrés assurent une finition soignée. L’étanchéité à l’air est excellente. 2. La rénovation partielle Elle conserve l’ancien dormant en bois dit en bon état. Profilés d’encadrement et pièces d’appui recouvrent l’ancien bâti et le protègent des intempéries. Bien que cette solution soit la plus employée, elle n’offre pas les garanties d’étanchéité du neuf qui restent ici conditionnées à la qualité de la liaison entre la maçonnerie et l’ancien dormant. Dans tous les cas pour obtenir une pose étanche, il faut : ■ vérifier l’état du gros œuvre et la planéité de l’encadrement de la baie ; ■ s’assurer que le dormant est étanche en sa périphérie et en liaison avec le mur ; ■ combler les vides ou cavités résiduelles avec un isolant souple afin de réaliser un calfeutrement continu en liaison avec l’isolation intérieure de la paroi ou du mur ; ■ caler parfaitement le dormant par rapport au plan de doublage intérieur (plaque de plâtre). Lorsqu’une tapée est mise en place à l’intérieur pour rattraper l’épaisseur de l’isolant, elle devra être suffisamment rigide pour ne pas se déformer. ■ CHAUFFER SUFFISAMMENT ET CONSTAMMENT Pour éviter les condensations, il faut chauffer suffisamment et constamment. L’élévation de la température des logements entraîne celle des parois extérieures, ce qui diminue les risques de condensation. En maintenant une température stable, on évite de redescendre, même momentanément, en dessous du point de rosée. 28 Qualité Construction • N° 96 • mai-juin 2006 Attention au mode de chauffage ! Des convecteurs électriques peuvent suffire à entretenir des condensations. Ils prennent l’air au ras du sol, là où il est le plus chargé en humidité. Chauffé et refoulé vers le haut, cet air entretient une hygrométrie élevée dans le logement. Sans changer de type d’installation, mieux vaut prévoir des panneaux radiants qui améliorent considérablement l’ambiance. Compte tenu qu’il est plus difficile de réchauffer l’air humide, un logement bien isolé et correctement ventilé se chauffe aisément et à moindre coût. — désordre ➜ pathologie Les condensations dans les logements Traiter ➜ Prévenir Diagnostiquer n° 96 de Qualité Construction n° 97 de Qualité Construction n° 98 de Qualité Construction Seconde phase : ventilation du logement L’aération des logements anciens, qui s’effectuait par leurs multiples défauts d’étanchéité, disparaît après une rénovation thermique si elle n’est pas associée à une ventilation. Prévenir les condensations dans ces logements implique donc d’examiner les conséquences des travaux de réhabilitation sur les conditions de ventilation futures. Cette démarche devient l’affaire de tous : maître d’ouvrage, maître d’œuvre, entrepreneur, commercial, occupants. L orsque l’on engage des travaux d’isolation, la question de ventilation n’est pas suffisamment étudiée. « Il n’existe pratiquement pas d’experts permettant de faire le lien entre l’étanchéité thermo-acoustique d’une façade et le besoin de ventilation. Ils existent dans certaines maîtrises d’ouvrages ou maîtrises d’œuvres structurées comme les offices HLM. Ils ont rénové des milliers de logements et savent qu’ils ont des problèmes de condensation. Dans les missions de maîtrise d’œuvre qu’ils confient à des bureaux d’études ou à des architectes, ils demandent à ce qu’un diagnostic de l’état des lieux du bâtiment soit établi de façon à proposer la meilleure solution globale : thermique et ventilation », explique Jean-François Nouvel, directeur Recherche et développement d’Aldes. « Il faudrait qu’il y ait au minimum un conseil avant travaux afin que la ventilation ne soit pas oubliée y compris de la part des professionnels de l’isolation et des menuiseries et, notamment, auprès du particulier. Les problèmes apparaissent par méconnaissance du sujet et après on se transporte dans le domaine du curatif qui, lui, est plus difficile à résoudre. Percer une façade pour faire respirer le bâtiment alors qu’on vient de dépenser beaucoup d’argent pour la calfeutrer est difficilement acceptable. La rénovation est un concept et elle doit impérativement régler simultanément l’isolation, le changement de fenêtre et la ventilation », ajoute Jean-François Nouvel. Penser aux entrées d’air Illustration AQC L’isolation thermique et/ou la pose de nouvelles menuiseries parfaitement hermétiques dans les logements anciens suppriment tous les échanges d’air devenus indésirables entre l’intérieur et l’extérieur. En l’absence de ventilation, le logement a tôt fait de se transformer en bouteille Thermos, et ce, au détriment de la santé et de la sécurité des occupants et de la pérennité du bâti. Il est donc impératif de se préoccuper de le ventiler. La ventilation évacue la vapeur d’eau et la remplace par de l’air neuf. « Pour régler les problèmes de condensation, c’est très simple. Il faut faire en sorte de ne jamais atteindre le point de rosée sur le point froid. Pour cela deux possibilités : soit il faut chauffer le logement à 28 °C pour abaisser l’hygrométrie relative et éviter de condenser, soit il faut renouveler l’air en ventilant le logement. La profession qui conseille la réhabilitation ther- p Qualité Construction • N° 96 • mai-juin 2006 29 — désordre ➜ pathologie Les condensations dans les logements Traiter ➜ Prévenir Diagnostiquer n° 96 de Qualité Construction n° 97 de Qualité Construction mique comme le changement de menuiserie doit devenir en même temps un prescripteur-acteur fort de la ventilation. Sinon, le bâtiment va à la catastrophe », remarque Jean-François Nouvel. Pour ventiler, il faut une entrée d’air et une sortie d’air. Plusieurs cas peuvent se présenter : ■ le logement est ventilé naturellement ; ■ le logement est ou sera doté d’une VMC simple flux. 1. Le logement est ventilé naturellement par évacuation directe sur l’extérieur L’isolation doit veiller à ne pas boucher les grilles d’entrée et de sortie d’air situées en façade. Il en est de même lors d’un ravalement. 2. Le logement est ou sera doté d’une VMC simple flux Il faut prévoir des entrées d’air en partie haute des menuiseries des pièces à vivre (y compris les fenêtres de toit), et ce, dès le stade de la commande des fenêtres. Ces menuiseries (ouvrant, dormant, coffre de volet roulant…) doivent être obligatoirement mortaisées en usine et non pas sur le chantier. Selon le matériau utilisé, le type de mortaise normalisé n’est pas le même : simple fente sur les menuiseries bois, double fente sur les menuiseries PVC, par exemple. « Il faut qu’il y ait au minimum la découpe de mortaise sur la menuiserie », insiste Jean-François Nouvel qui reprend : « Nous avons mené, à cet effet, une étude préalable avec l’UF-PVC (1) afin de déterminer les mortaises standard. Comme pour une prise électrique, il faut pouvoir raccorder dessus le type d’entrée d’air correspondant au système d’extraction (autoréglable, hygroréglable…). Elles seront également en adéquation avec les caractéristiques d’isolation acoustique des fenêtres. Pour cela, il faut qu’il y ait un lien entre celui qui fait l’extraction et celui qui choisit l’entrée d’air. C’est du rôle de la maîtrise d’œuvre sur le chantier d’assurer cette collaboration. » Les entrées d’air pour VMC doivent être conformes aux exigences de la norme E51-732 et être dimensionnées et installées conformément aux normes XP P50-410 (réf. DTU 68.1) et NF P50-411-1 (réf. DTU 68.2) ✓ (1) Voir la fiche technique de l'UF-PVC (Union fenêtre PVC, syndicat national de la menuiserie PVC composites). Attention aux courants d’air Pour éviter de créer des zones d’inconfort, l’air extérieur introduit doit pouvoir se mélanger rapidement à l’air chaud de la pièce. Pour se faire, l’entrée d’air doit être posée près du plafond. À cela, trois raisons : Attention! ✓La pose d'entrée d'air en traversée de mur doit être prévue et réalisée avant les travaux d'isolation ou de ravalement. ✓L'isolation par l'extérieur ou un ravalement ne doit pas occulter les entrées d'air existantes. ✓Il est important pour le bon fonctionnement de l'entrée d'air posée sur menui- serie de ne pas inverser le module d'aération autoréglable et l'auvent extérieur. ✓Il est obligatoire de conserver ou de substituer les entrées et sorties d'air exis- tantes liées à la présence d'appareils à combustion (bois, charbon, gaz et le fuel.) ✓Une entrée d'air posée sur un coffre de volet roulant très étanche peut voir son débit d'air chuté ce qui met la chaudière gaz en sécurité. 30 Qualité Construction • N° 96 • mai-juin 2006 n° 98 de Qualité Construction ■ l’air introduit est hors de portée des occupants ; ■ l’air entre dans la partie la plus chaude de la pièce ; ■ l’air neuf bénéficie de l’effet de succion de la paroi qu’il longe, ce qui réduit l’effet de douche froide. « Les entrées d’air mal posées provoquent de l’inconfort dû à une vitesse de l’air trop importante », confirme Annick Chartier, responsable Promotion des ventes d’Aldes en Ile-de-France. Selon leur emplacement, elles peuvent créer un courant d’air froid conduisant les occupants à les calfeutrer. Pour éviter un effet de « douche froide » sur les personnes présentes près de la fenêtre, il faut orienter le jet d’air entrant vers le haut et non pas vers le bas. Cependant, « lorsqu’une fenêtre est livrée avec un coffre de volet roulant débordant à l’intérieur du logement, nous conseillons de mettre l’entrée d’air sur le coffre du volet. Sinon l’entrée d’air posée sur la fenêtre envoie un jet d’air froid en sous-face du caisson. Il butte dessus et redescend sur les épaules des occupants », explique Annick Chartier. La pose sur caisson est à retenir aussi lorsque la fenêtre PVC est dotée de renforts acier qui rendent le percement de mortaise impossible dans les profilés. Traquer les entrées d’air parasites L’air entrant traverse le logement des pièces principales vers les pièces techniques grâce à l’aspiration des bouches d’extraction. Encore faut-il que l’air neuf pénètre bien par les entrées d’air prévues. Ce n’est pas le cas s’il peut s’infiltrer par de multiples défauts d’étanchéité. Ces entrées d’air parasites entrent alors en concurrence avec la ventilation existante et modifient le circuit du renouvellement d’air. Certains locaux risquent même d’être mal ventilés, voire pas du tout. Il est donc important qu’après isolation, l’étanchéité à l’air du logement soit la meilleure possible. Il faut donc : ■ équilibrer les pressions dans le logement en assurant un passage libre sous les portes entre les pièces principales et les pièces de service, de 1 à 2 cm avec la VMC, et de 2 à 3 cm du sol fini en ventilation naturelle ; ■ prévoir, dans la mesure du possible, un colmatage latéral des trous de mortaises réalisés dans les châssis PVC et aluminium. Cela évite de créer un mouvement d’air dans le profilé qui est creux. Sinon l’entrée d’air risque de ne plus assurer les débits annoncés par le fabricant ; ■ installer une porte palière étanche, ainsi que toutes portes donnant sur l’extérieur (porte d’entrée, porte de service…) ; ■ supprimer, si elles existent, les grilles de ventilation haute et basse dans les pièces techniques ; ■ prévoir un conduit d’arrivée d’air comburant propre à une cheminée à foyer ouvert ; ■ mettre un clapet étanche sur la cheminée et le fermer lorsqu’elle n’est pas utilisée ; ■ prévoir une entrée d’air obturable indépendante avec un insert ; ■ installer une hotte de cuisine à recyclage. La VMC évacuera odeurs et vapeur d’eau. Rappelons qu’il est interdit de raccorder une hotte de cuisine équipée d’un ventilateur ou un sèche-linge motorisé sur la VMC. Cela perturbe son fonctionnement. Odeurs et humidité seraient rejetées dans les autres pièces ou dans les appartements voisins. — désordre ➜ pathologie Les condensations dans les logements Traiter ➜ Prévenir Diagnostiquer n° 96 de Qualité Construction À noter : les locaux non chauffés et attenants aux logements doivent être eux aussi ventilés (sous-sol, cellier, garage…). Une ventilation naturelle par entrée d’air basse et sortie d’air haute est suffisante. Dans les caves, les soupiraux ne doivent pas être bouchés. Prévenir les nuisances sonores La ventilation ne doit pas provoquer de bruits gênants. Ceuxci conduisent immanquablement les usagers à calfeutrer les orifices ou à arrêter la VMC. Afin de prévenir ces nuisances, la conception des réseaux ou le dimensionnement de la VMC réutilisant des conduits existants se fera selon les prescriptions de la norme XP P50-410 (réf. DTU 68.1 de juillet 1995). Toute restriction du passage de l’air, à quelque niveau que ce soit (entrées d’air, conduits, bouches d’extraction, absence de détalonnage…), crée un sifflement de l’installation. En conséquence, celle-ci doit être correctement réglée conformément à la norme NF P50-411-2 (réf. DTU 68.2 de mai 1993) et régulièrement entretenue. Les entrées d’air Là où l’air passe, le bruit pénètre. « La difficulté de notre métier, c’est de faire entrer l’air et le moins de bruit possible », souligne Jean-François Nouvel. C’est la raison pour laquelle les fabricants ont mis au point des entrées d’air acoustiques à poser sur les menuiseries ou en traversée de mur pour les plus performantes. Pour atteindre un isolement minimum de 30 dB, l’entrée d’air doit avoir un « Dn, e, w » (Ctr) minimum de 36 dB. Plus le « Dn, e, w » (Ctr) est élevé, meilleure est la performance. Ainsi, les entrées d’air autoréglables et hygroréglables d’Aldes offrent de hautes performances d’isolation acoustique avec un « Dn, e, w » (Ctr) allant jusqu’à 41 dB pour la première et 42 dB pour la seconde. Lors du changement de menuiseries, un soin particulier doit accompagner la pose des entrées d’air sur les profilés creux des menuiseries aluminium ou PVC. Il ne doit y avoir aucune n° 97 de Qualité Construction n° 98 de Qualité Construction restriction de section à l’intérieur du profilé afin d’éviter les Photos Nicoll pertes de charge importantes et des sifflements par fort vent. L’entrée d’air aérauPar ailleurs, « il existe une règle de combinaison plus intelligente acoustique pour tapée que les autres qui est de mettre l’entrée d’air sur le coffre de vo- est indépendante de let roulant », observe Jean-François Nouvel. L’air pénètre par la fenêtre puisqu’elle la fente de sortie du tablier et traverse le caisson à travers une se pose sur le dormant, chicane pourvue, pour les plus performants, d’un absorbant dans l’épaisseur de l’isolant. acoustique. Elle offre un «Dn, e, w» Mais cette préconisation peut entraîner une perte de charge de 41 dB ou 42 dB sur le circuit de l’air. Nicoll propose une alternative à la pose selon les modules. de l’entrée d’air sur une fenêtre équipée d’une persienne ou L’entrée d’air aéraud’un volet roulant, ainsi que sur un caisson trop étanche. acoustique pour maçonnerie En effet, son entrée d’air autoréglable aéro-acoustique, à poser est facile à démonter sur le dormant en traverse haute ou à la verticale, offre un par simple dévissage ce qui « Dn, e, w » (Ctr) de 42 dB. Pour les sites les plus exposés permet un entretien régulier. (périphérique…), la meilleure solution consiste à poser une Elle offre un «Dn, e, w» entrée d’air en traversée de mur. Le plus performant, visitable de 51 dB ou 57 dB depuis l’intérieur, comprend deux modèles dont l’un s’octroie selon les modules. un 51 dB et l’autre un 57 dB « Dn, e, w » (Ctr) (Nicoll). Dans un environnement très bruyant, la dernière solution consiste à envisager d’office une VMC double flux, sous réserve qu’elle soit adaptable au bâtiment. ■ p “ Pour en savoir plus • Le guide Ventilation des bâtiments – Réhabilitation dans l’habitat collectif du CSTB, à commander sur http://boutique.cstb.fr. • Le Guide de la ventilation dans l'habitat de Tryba, disponible auprès des distributeurs Tryba (voir les coordonnées sur www.tryba.com, à la rubrique « Tryba près de chez vous ». • Documents d'information de l’UF-PVC Composites (syndicat national de la menuiserie PVC Composites) – www.lafenetrepvc.com. • Le guide VMC : Et la ventilation respire ! de Aldes, à télécharger sur www.aldes.fr, à la rubrique « Documentation générale ». • Fiche technique n° 36, Aération des logements de l'Anah, à télécharger sur le site www.anah, à la rubrique « Technique ». Qualité Construction • N° 96 • mai-juin 2006 31 — désordre ➜ pathologie Les condensations dans les logements Traiter ➜ Prévenir Diagnostiquer n° 96 de Qualité Construction n° 97 de Qualité Construction n° 98 de Qualité Construction Prévention et occupation ■ ne pas raccorder une hotte de cuisine ou un sèche-linge motorisés sur la VMC ; ■ évacuer la vapeur d’eau du sèche-linge directement vers l’extérieur ; ■ nettoyer les entrées d’air et les bouches d’extraction. Entretenir Illustration Thierry Bel Premier concerné par la préservation de sa santé et de son intérieur contre les moisissures et l’humidité, l’occupant des lieux méconnaît bien souvent les règles d’une bonne prévention. B on nombre de problèmes de condensation sont liés au simple fait d’avoir bouché le système de ventilation. En conséquence, jamais on n’insistera assez sur l’importance de l’information des usagers et surtout sur la compréhension de celle-ci. Pour que le message passe, les documents fournis doivent être clairs, simples et pédagogiques. Ils devraient leur rappeler qu’ils doivent : ■ laisser la VMC en marche 365 jours par an ; ■ laisser libres les entrées d’air dans les pièces à vivre ; ■ laisser libre les passages d’air sous les portes ; ■ laisser libres les bouches d’extraction de la cuisine et des pièces d’eau ; ■ chauffer suffisamment et constamment le logement ; ■ ne pas créer d’importants écarts de température entre les pièces humides et les pièces à vivre ; 32 Qualité Construction • N° 96 • mai-juin 2006 Pour fonctionner efficacement et éviter les condensations, une VMC doit être bien conçue. Sa mise en œuvre doit être irréprochable. L’installation doit être correctement réglée et régulièrement entretenue. À la longue, une VMC s’encrasse. Et plus l’installation est complexe (nombreux coudes…), plus l’encrassement est rapide. Des entrées d’air et des bouches d’extraction mal entretenues se colmatent de plus en plus et n’assurent plus les débits d’air prévus. Il en est de même pour les conduits. Le tirage devient insuffisant. Le logement est sous-ventilé, l’humidité n’est plus évacuée et les désordres s’installent. La périodicité de la maintenance (d’un à cinq ans) par un technicien doit être adaptée à l’installation. Les occupants doivent aussi être sensibilisés au nettoyage régulier de certains de ses composants. Ceux-ci sont conçus pour être facilement démontés, nettoyés et changés si nécessaire. Cette information des utilisateurs est d’autant plus importante en logement collectif que le mauvais fonctionnement à un étage ou dans un appartement peut induire un dérèglement du système dans son ensemble. Le bon rythme 1. Tous les trois mois : dépoussiérage des entrées d’air situées sur les fenêtres du séjour et des chambres. «Dans un milieu très pollué où il avait été oublié de dire aux occupants de nettoyer les entrées d’air, celles-ci s’étaient encrassées au bout de deux mois. La ventilation ne se faisait plus et des condensations sont apparues sur les parois froides », commente Alain Stip, expert construction Socabat. 2. Tous les six mois: nettoyage à l’eau savonneuse des bouches d’extraction des pièces de service en évitant de les dérégler. Les remplacer régulièrement dès que cela devient nécessaire. « C’est une des évolutions de notre profession, souligne JeanFrançois Nouvel. Aujourd’hui, on trouve en GSB des modèles de bouches Aldes ou Anjos qui permettent le remplacement dans l’habitat collectif. » Le changement des bouches d’extraction ou leur lavage peut suffire à atténuer le sifflement qui leur est souvent reproché. L’encrassement réduit le passage de l’air qui se met à siffler. À noter : certains modèles passent aulave-vaisselle. — désordre ➜ pathologie Les condensations dans les logements Traiter ➜ Prévenir Diagnostiquer n° 96 de Qualité Construction n° 97 de Qualité Construction n° 98 de Qualité Construction L’entreprise et la maintenance Le cas de la VMC-Gaz Dans le collectif, il est souhaitable d’établir un contrat de maintenance spécifique à la VMC indépendant du lot chauffage. Il faudrait également prévoir l’obligation d’assurer une maintenance à l’intérieur des logements. La VMC-Gaz évacue par le même réseau l'air vicié du logement et les produits de combustion d'une chaudière ou d'un chauffe-eau à gaz. Il en va donc aussi de la sécurité des occupants. 1. Tous les ans : nettoyage, dépoussiérage, vérification, réglage… des ventilateurs par un technicien. Il vérifiera chez l’habitant que : ■ les bouches d’entrée d’air et d’extraction sont en bon état de fonctionnement et qu’elles n’ont pas été remplacées par d’autres aux caractéristiques différentes ; ■ ni hotte de cuisine à évacuation, ni sèche-linge motorisés n’ont été raccordés au système d’extraction ; ■ les trappes de ramonage sont bien étanches (ventilation naturelle). 2. Tous les trois ans : entretien complet. Il comprendra : ■ une vérification et un nettoyage du réseau aéraulique ; ■ un contrôle et un réglage de l’ensemble de l’installation… 1. Tous les ans: entretien et vérification régulière de l’ensemble de l’installation. L'arrêté du 25 avril 1985, modifié le 30 mai 1989, impose aux propriétaires et syndics d'immeubles, équipés d'installations collectives de VMC auxquelles sont raccordés des appareils à gaz, de faire entretenir et de vérifier régulièrement l'ensemble des installations, et d'en assurer la maintenance. Le technicien vérifiera, là aussi, qu'il n'y a ni hotte ni sèche-linge motorisés raccordés à la VMC-Gaz. Ce type de maintenance est, de préférence, à inclure dans le contrat d'entretien des chaudières murales. 2. Tous les cinq ans: contrôle et réglage de l'ensemble de l'installation. ■ Marie-Pierre Jouan Qualité Construction • N° 96 • mai-juin 2006 33