Les mots d`injure en argot espagnol et français

Transcription

Les mots d`injure en argot espagnol et français
Les mots d’injure en argot espagnol et français.
Alicia Roffé Gómez
UGR
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Notre thème principal, c’est l’étude comparative de l’usage des insultes. Notre but est
d’établir un classement des insultes en espagnol et en français, dans la langue non
conventionnelle, pour analyser l’emploi qu’on en fait et déterminer dans quelle mesure
il existe des différences entre les deux langues.
Pour cela, on élabore ce travail à partir des meilleurs dictionnaires d’argot espagnols et
français récents afin d’établir notre corpus de travail.
Il est à signaler que, dans le dictionnaire de l’injure de Robert Édouard, on dénombre les
thèmes qui apparaissent dans l’injure en français, mais on ne tient pas compte de tous
les mots argotiques, ce qui nous semble scientifiquement pertinent de faire. On
complétera donc cette étude et on comparera les résultats, avec le travail sur l’insulte en
espagnol de Luque, Pamies et Manjón. On peut dire que la langue argotique est assez
présente, mais, à notre avis, pas suffisamment, chez ces auteurs également.
Les principaux résultats que l’on obtient c’est que les insultes présentent des éléments
communs qui permettent de les grouper. Ils peuvent traiter de:
‐ La sexualité : calientabraguetas, allumeur(euse)
‐ La capacité intellectuelle : cabra (loca), barjo/t, jobard.
‐ Le caractère : acojonado(a), trouillard.
‐ Le comportement social : gafe, guignard.
‐ Les caractéristiques physiques de quelqu’un : ballena, grosse vache.
‐ La malhonnêteté : arrastrado(da), au ras des pâquerettes.
‐ Le travail : chupatintas, rond-de-cuir.
‐ L’ennui : puñetero(ra), chieur, chieuse.
‐ Le manque de qualité ou de prestige : caca (de la vaca), pitance à poules.
‐ Les addictions : borrachuzo(za), sac à vin.
‐ Le mauvais goût, la vulgarité : cutre, craignos.
‐ L’économie : rácano(na), qui est près de ses sous.
‐ La marginalité : friqui, freak.
‐ La politique : chaquetero(ra), girouette.
‐ La nationalité, l’ethnie, la xénophobie : anglicón(ona), angliche.
‐ La méchanceté : hueso, une (vraie) peau de/une belle vache.
‐ La délation et l’indiscrétion : soplón(ona), mouchard(e).
‐ L’âge : abuelete, pépé.
‐ La saleté : cantarle los quesos a alguien, chasser des panards.
‐ L’appétit : hambrón, bouffe-tout.
‐ La paresse : manta, fainénat.
‐ La maladie : mirar contra el gobierno, avoir un oeil qui dit merde à l’autre.
Par ailleurs, nous constatons que les insultes à la famille font surtout allusion en
espagnol, comme en français, à la moralité de la mère ou aux circonstances qui
entourent la conception, ainsi que les musulmans sont les plus nommés péjorativement
en espagnol et en français.
Belot (2003 : 38) dira : « Une tendance de la langue familière consiste à désigner des
individus d’une façon péjorative à l’aide de pseudo-pluriels, terminés en –as, -eras,ales,
-azas. Sur ce modèle on peut citer berzas ou berzotas (benet, cornichon) ; bocas
(mouchard) ; bocazas et boqueras « grande gueule » ; bragazas, mollason ; flojeras,
faiblard ; piernas, empoté ; sopas ou sopazas, jobard ; sorderas, sourdingue ; bobales,
nigaud ; viejales, vieux débris ; vivales, profiteur.»
Conclusion.
L’étude montre qu’il n’y a pas de différences très remarquables entre l’insulte français
et l’espagnol si l’on tient prioritairement à la composante morphosyntaxique et même
thématique, ceci dit les nuances que chaque langue présente, par exemple, quant aux
séries dérivatives, quant aux vocables vulgaires et obscènes ou quant aux métaphores
animales rend semblables ces deux langues parfois, mais en espagnol on critique surtout
l’homosexualité, ce qui met en relief la particularité de la configuration linguistique des
insultes dans chaque langue et de ce fait renvoie à la nécessité d’une analyse sémantique
et pragmatique plus profonde, dont on s’occupera lors de nouvelles études.
Bibliographie.
Belot, Albert, 2003, L’espagnol familier, Paris, Ellipses.
Bufano, Sergio, Perednik, Jorge Santiago, 2006, Diccionario de la injuria, Madrid-Buenos
Aires, Losada.
Carbonell, Delfín, 2000, Gran diccionario de argot. El soez, Barcelona, Larousse.
Desmons, Eric et Paveau, Marie Anne. éds., 2008, Outrages, insultes, blasphèmes et injures :
violences du langage et polices du discours, Paris, L'Harmattan.
Édouard, Robert, 1983, Nouveau dictionnaire des injures, Paris, Sand et Tchou.
Gordienne, Robert, 2002, Dictionnaire des mots qu’on dit «gros», de l’insulte et du
dénigrement, Paris, éd. Hors Commerce.
Guiraud, Pierre, 1975, Les Gros Mots, Paris, PUF.
Luque Durán, Juan de Dios, Pamies Bertrán, Antonio et Manjón Pozas, Francisco José, 1997, El
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Merle, Pierre, 2004, Petit traité de l’injure, Paris, Éditions de l’Archipel.
Rouayrenc, Catherine, 1998, Les gros mots, Paris, PUF, 3ème éd. cor.