Le Radon

Transcription

Le Radon
PROGRAMME
Le Radon
OBJECTIFS
• identifier les paramètres clés régissant la production, la migration et la variabilité
(spatiale et temporelle) du radon produit par les résidus miniers, pour application,
à terme, au cas des sols naturels,
• disposer d’une meilleure connaissance des sources de radon ainsi que des facteurs
intervenant sur la variabilité de sa concentration dans les différents milieux de
notre environnement,
• limiter l’exposition du public dans les bâtiments présentant de fortes activités
volumiques en radon,
• réaliser une communication sur le radon et les moyens de réduire sa concentration
dans les bâtiments, en direction du public, des professionnels du bâtiment et des
responsables des Etablissements Recevant du Public.
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Marie-Christine Robé
Chef du Laboratoire d’Études et
d’Intervention, Radon et Polluants
Atmosphériques
Tél. : 01 46 54 71 98
Fax : 01 46 54 82 65
e-mail : [email protected]
Le radon est un gaz radioactif, d’origine
naturelle, omniprésent à la surface de la
Terre. Il provient de la désintégration de
l’uranium et du radium présents dans la
croûte terrestre. L’inhalation du radon et de
ses descendants constitue, pour la population française, la première cause d’irradiation parmi les sources naturelles de rayonnements (cosmos, sols, eaux et aliments,
radon). Le Centre International de
Recherche sur le Cancer (CIRC) a classé le
radon en 1987 comme cancérigène pulmonaire chez l'homme.
Expertises et thèmes de
recherche
• Expertise des situations créées par la présence de radon en quantités importantes
dans des lieux publics ou dans des sites
industriels anciens contaminés lors du traitement de minerais radioactifs (cf. 8-1).
• Développement de SOCRATE, outil cartographique autonome et transportable permettant la mesure de la radioactivité dans
l’environnement (cf. 8-2).
• Cartographie du potentiel d’exhalation de
radon des sols français (cf. 8-3).
• Le radon dans les établissements thermaux.
• Etude de l’impact des résidus de traitement de minerais d’uranium à partir d’un
programme expérimental relatif à la migration du radon des résidus vers l’atmosphère et au comportement des descendants à
vie courte du radon à proximité des sites
miniers.
Activité normative
Le LEIRPA a participé à la rédaction de deux
normes AFNOR parues en novembre 2000,
concernant la métrologie du radon, et intitulées :
• méthodes de mesure ponctuelle de
l’activité volumique du radon dans
l’environnement atmosphérique,
• développement de la métrologie du
radon dans l’eau.
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8.1
Contrôle radiologique
du quartier des Coudraies
à Gif-sur-Yvette
Roselyne Améon, Alain Bénéïto,
Didier Haristoy, Patrick Richon,
Alain Thoreux
IPSN/DPRE/SERGD/Laboratoire
d’Études et d’Intervention, Radon
et Polluants Atmosphériques
Tél. : 01 46 54 79 92
Fax : 01 46 54 82 65
e-mail : [email protected]
Collaborateurs permanents :
DDASS, IPSN/COM, DPHD/SEGR.
Les compétences de l’IPSN sont fréquemment sollicitées par les pouvoirs publics,
voire par des particuliers, pour effectuer l’expertise de sites pollués par des substances radioactives, quelle qu’en soit l’origine. C’est ainsi qu’au cours de l’année
2000, l’Institut a été amené à participer, conjointement avec l’Office de Protection
contre les Rayonnements Ionisants (OPRI), au contrôle radiologique du quartier des
Coudraies, à Gif-sur-Yvette, où étaient implantées naguère plusieurs installations
manipulant du radium.
Contexte historique
Après sa découverte par Pierre et Marie Curie
en 1898, le radium a été utilisé pendant plus de
soixante ans dans les domaines industriel et
médical. Plusieurs usines d’extraction du
radium ont été implantées en France, afin
d’isoler chimiquement le radium à partir de
grandes quantités de minerai d’uranium (pechblende). Jacques Danne, préparateur assistant
dans le laboratoire de Pierre Curie et responsable de la première usine française de production du radium, installée à Nogent-surMarne, décide en 1912 de réaliser son propre
projet à Gif-sur-Yvette.
Ce dernier consiste en la création de deux entités : une usine d’extraction du radium, la
Société Nouvelle du Radium (SNR), implantée
au Clos Rose, et un Laboratoire d’Essais des
Substances Radioactives (LESR) implanté sur les
terrains dits "du Couvent" dans le quartier des
Coudraies. Entre 1912 et 1957, ce laboratoire
a été utilisé pour des recherches sur les substances radioactives et pour le développement
des applications du radium, notamment à des
fins thérapeutiques (curiethérapie). La dissolution de la société est prononcée en 1957 et
toutes les activités de l’usine et du laboratoire
cessent en 1963.
Dix années s’écoulent avant que le site du laboratoire ne fasse l’objet d’une décontamination.
L’assainissement (à savoir la décontamination
ou la démolition des bâtiments, ainsi que la
décontamination en surface du sol par l’enlèvement de terre ou d’objets) s’effectue en deux
phases ; la première se déroule d’août à
décembre 1969 et la seconde de mars 1974 à
février 1975. Ces travaux permettent la vente
des terrains pour la réalisation du lotissement
dit "la Petite Coudraie". L’année 1975 est également marquée par la réalisation d’un premier
diagnostic de contamination élargi. Celui-ci
concerne une quinzaine de parcelles du quartier de la Petite Coudraie ainsi que le site du
Clos Rose. Il permet également de constater la
dispersion des tâches de contamination et suggère la réalisation d’un assainissement basé sur
une valeur seuil de contamination surfacique. Il
n’a cependant été suivi que de quelques assainissements ponctuels. Un propriétaire du quartier restant inquiet et n’obtenant pas de réponse des pouvoirs publics, a fait appel fin 1999 à
la CRIIRAD. Au vu des résultats de ce contrôle
radiologique diffusé lors d’une conférence de
presse, les pouvoirs publics ont engagé un
contrôle radiologique systématique du quartier
des Coudraies, auquel a participé l’IPSN.
L’action menée a consisté en :
Figure 1 : L’usine du Clos Rose en 1913 (Ph., coll. Pr.).
70
• une campagne de contrôle, en collaboration avec l’OPRI, du quartier des Coudraies à
Gif-sur-Yvette, en vue d’établir un bilan radiologique des propriétés bâties sur ce site précédemment occupé par la Société Nouvelle
du Radium. Ce bilan porte sur les trois voies
d’exposition : externe par le rayonnement
gamma issu du radium, interne par inhalation
du radon et de ses descendants provenant de
la désintégration du radium et interne par
ingestion (voir encadré) ; dans ce cadre l’IPSN
a contrôlé 32 parcelles.
Le protocole de mesure et de prélèvement retenu et approuvé par le groupe
technique piloté par la DDASS consiste en :
- un dépistage du rayonnement gamma sur le terrain et dans la maison, au moyen
de mesures instantanées pour quantifier la contamination par le radium,
- des prélèvements de poussières dans la maison et d’échantillons de sols et, dans
certains cas où une contamination a été décelée, de végétaux dans le jardin,
- des mesures intégrées du rayonnement gamma, représentatives de la moyenne
annuelle, au moyen de dosimètres thermoluminescents disposés dans diverses
pièces aux différents étages de la maison sur une période de plusieurs semaines,
- un dépistage du radon par des mesures ponctuelles (sur quelques heures) de
l’activité volumique dans la maison,
- des mesures des descendants à vie courte du radon, consistant en un prélèvement
de ces produits de filiation sur filtre dans l’atmosphère de l’habitation associé à un
comptage des rayonnements alpha émis par eux,
- des mesures intégrées de l’activité volumique du radon sur une période de plusieurs
semaines, représentative de la moyenne annuelle, au moyen de dosimètres passifs
disposés dans diverses pièces aux différents étages de la maison.
Collaborations-Orientations
Ces actions sont effectuées dans le
cadre d’un groupe technique opérationnel comprenant la DDASS de
l’Essonne, l’OPRI, l’INVS, l’ANDRA, la
DRIRE sous la direction de la préfecture
et sous-préfecture de Palaiseau en relation avec les ministères de l’environnement et de l’emploi et de la solidarité.
Les responsables locaux (mairie, …) et
les résidents du quartier ont été associés à cette démarche.
• Une analyse historique du site visant à
recenser les activités humaines, leurs localisations précises et les pratiques industrielles
de gestion de l’environnement du site, en
collaboration avec la DDASS, avec pour
objectif la délimitation du périmètre à
contrôler. Les investigations ont consisté à
consulter l’ensemble des archives disponibles
(département, commune, cadastre…). Ainsi,
entre autres, l’historique de chaque parcelle (une centaine) a pu être reconstitué.
• Le diagnostic radon d’une propriété présentant une activité volumique du radon
supérieure à plusieurs milliers de becquerels
par mètre cube d’air dans plusieurs pièces.
En 1998, le Conseil Supérieur Public
d’Hygiène de France préconisait la mise en
œuvre d’actions correctives en cas de
dépassement de la valeur de 1000 Bq.m-3
en moyenne annuelle. Aussi, l’IPSN a mis en
place, dans la dite propriété, des actions
correctives à caractère provisoire (installation de 2 extracteurs, étanchéification de
passages de canalisations, …) qui ont permis de diminuer la teneur en radon dans la
cellule habitée de manière considérable
(facteur de réduction allant jusqu’à 20). Les
contrôles effectués pendant 2 mois environ
sur la période estivale ont montré que
l’activité volumique en radon était devenue inférieure au seuil de précaution de
400 Bq.m-3.
• Le contrôle des voiries au moyen d’un
laboratoire mobile afin de déterminer la
présence éventuelle de matériaux radioactifs sur celles-ci.
Figure 2 : Réalisation d’un contrôle de radioactivité gamma sur le site.
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8.2
Patrick Richon
IPSN/DPRE/SERGD/Laboratoire
d’Etudes et d’Intervention, Radon
et Polluants Atmosphériques
Tél : 01 46 54 80 49
Fax : 01 46 54 82 65
e-mail : [email protected]
Système d’Observation
et de Cartographie de la
Radioactivité Autonome
et Transportable pour
l’Environnement (SOCRATE)
"SOCRATE" est un outil de cartographie de la radioactivité gamma destiné à être
utilisé lors des campagnes d’expertise de sites contaminés. L’objectif premier est
de disposer d’un système léger, utilisable par un seul opérateur et pouvant rapidement localiser les zones contaminées sur des surfaces de l’ordre d’un hectare.
Ce procédé fournit en temps réel le débit de dose en des points de mesure localisés
à 0,2 mètres près en longitude, latitude et altitude. La réalisation rapide des cartes
correspondantes par l’utilisation d’un Système d’Information Géographique (SIG)
permet de déterminer les zones nécessitant des investigations complémentaires.
Historique
Avec les techniques classiques, la réalisation
de cartes radiologiques d’un terrain de surface de l’ordre de 10 000 m2 demande l’intervention d’un géomètre pour la réalisation
du "carroyage" (découpage en carreaux) et
d’une dizaine d’opérateurs pendant plus
d’une semaine pour la mesure et la saisie de
chaque valeur mesurée sur une maille de
1m x 1m. Le traitement de ces données
demande un important travail de mise en
forme. Le délai qui en résulte entre la mesure et l’édition de la carte ne permet pas de
répondre rapidement à l’autorité demandeuse de l’expertise. Le programme SOCRATE a
été développé précisément pour réduire ce
délai tout en accroissant la rapidité et la précision des relevés et en diminuant le coût de
l’expertise.
Description
La station mobile du système SOCRATE.
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SOCRATE est basé sur le système GPS
(Global Positioning System) qui permet une
localisation rapide (en longitude latitude et
altitude) de tous les points du globe grâce à
un ensemble de satellites. La version standard du GPS, celle utilisée par les navigateurs, a cependant une précision de l’ordre
de la dizaine de mètres, insuffisante pour
l’application envisagée : certaines tâches
radioactives ont en effet une surface inférieure au mètre carré, qui ne serait pas
détectée avec ce niveau de résolution. C’est
pour cette raison que l’on fait appel à l’option DGPS (Differential Global Positioning
System) qui utilise deux stations reliées par
radio : une station fixe de référence, installée
sur le site, et une station mobile portée par
l’opérateur. Ce dispositif permet d’obtenir
en temps réel une localisation à 0,2 mètres
près. La station mobile est intégrée sur un
sac à dos et comprend une sonde (MPP2
6150 AD, Saphymo) de détection du débit
de dose du rayonnement gamma total positionnée à 0,5 m du sol, le récepteur GPS, le
système de liaison radio avec la station fixe,
l’ordinateur gérant l’acquisition, un écran
permettant la visualisation du parcours et du
débit de dose et enfin une alimentation électrique garantissant une autonomie de 2 heures.
L’ensemble pèse moins de 10 kilos.
Domaines d’application
Son faible encombrement et sa facilité d’utilisation permettent à SOCRATE de cartographier tous les types de terrains, même accidentés. Actuellement, l’acquisition des données sur un site de 10 000 m2 avec une
maille de 1 mètre est effectuée par deux
opérateurs en une journée de mesure. Pour
des surfaces plus grandes, il est possible
d‘adapter le système sur un véhicule. Le
principal avantage de SOCRATE réside dans
la possibilité de revenir sur le terrain, de se
repositionner exactement sur le même repère,
de cartographier à nouveau le site et de pouvoir comparer les résultats, par exemple
après des opérations de décontamination.
Zones étudiées
SOCRATE a été utilisé dans plusieurs campagnes de mesure sur des terrains de topographies variées comme le site contaminé de
Saint-Aubin dans l’Essonne (pendant la
phase de test du prototype), un site de stockage de résidus de minerai d’uranium, (pour
la détermination de l’homogénéité radiologique des matériaux de couverture), un terrain situé à Gif-sur-Yvette présentant des
tâches de contamination au radium et enfin
les sites, affectés par les retombées de
Tchernobyl, de St Jean d’Ormont (Vosges) et
du Mercantour. Sur ce dernier site, les résultats sont comparables à ceux préalablement
obtenus par le SERNAT avec les méthodes
classiques, ce qui a permis de valider l’outil.
Carte du débit de dose mesuré sur la zone atelier
étudiée par le SERNAT (Mercantour) mettant en
évidence les tâches de contamination par le 137Cs
issues des retombées de l’accident de Tchernobyl.
La station de référence installée sur le site du Mercantour.
Collaborations-Perspectives
Concernant la navigation : le système
GPS ne fonctionne pas sous une couverture végétale ou dans un site très encaissé. Il doit "voir" au minimum cinq satellites pour atteindre la précision recherchée. C’est pourquoi, il est envisagé
d’adjoindre un gyrocompas (mesure du
cap) associé à un odomètre (mesure de la
distance parcourue) afin de relayer le
GPS quand celui-ci "décroche". Cette
méthode est déjà utilisée avec succès
dans le système de navigation du laboratoire mobile de mesure du radon du LEIRPA.
Concernant la détection : pour l’instant, la seule grandeur mesurée (et
reportée sur les cartes) est le débit de
dose gamma total, sans identification
des radionucléides responsables du
signal. Un de nos prochains objectifs est
de réaliser cette identification, en utilisant un spectromètre portable capable
de discriminer l’énergie des photons
gamma émis par chaque point de mesure,
le tout en restant dans une limite de
poids du système raisonnable.
Schéma de principe du système SOCRATE.
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8.3
Géraldine Ielsch, Didier Haristoy,
Marie-Christine Robé,
Alain Bénéïto, Cécile Ferry,
Patrick Richon, Alain Thoreux
IPSN/DPRE/SERGD/Laboratoire
d’Études et d’Intervention, Radon
et Polluants Atmosphériques
Tél. : 01 46 54 80 81
Fax : 01 46 54 82 65
e-mail : [email protected]
Collaborateurs permanents :
BRGM, DPHD, UBO (Brest), INRA,
DDASS.
Cartographie prédictive du
potentiel d’exhalation du
radon à la surface des sols :
bilan du programme
"Environnement et Santé 1997"
Le radon, gaz radioactif naturel émis par le
sol, a tendance à s’accumuler dans l’atmosphère des habitations. Cette exposition au
radon est cependant extrêmement variable
sur le territoire national : elle dépend du type
d’habitat, du mode de vie des occupants,
mais avant tout du lieu considéré et de
l’émission ou exhalation du radon à la surface du sol. En vue de déterminer de manière plus précise les populations les plus exposées, l’IPSN a entrepris, dans le cadre du programme "Environnement et Santé 1997"
des Ministères de l’Environnement et de la
Santé, un programme de recherche
visant à établir une cartographie prédictive du potentiel d’exhalation du radon
à la surface des sols en France. Nous présentons ici le bilan des résultats obtenus
dans le cadre de ce programme d’une durée
de trois ans.
Méthodologie
Le radon émis à la surface du sol provient de
la désintégration du radium contenu dans le
sol et dans la roche constituant le sous-sol.
Le radium provient à son tour de l’uranium
contenu dans la roche. La première étape de
l’investigation consiste donc à estimer le
potentiel de production de radon par le
sous-sol à partir de l’abondance et de la distribution de l’uranium dans les formations
géologiques. On classe celles-ci en fonction
de leur nature et de leur composition. Cette
première classification dite lithogéochimique
a mis en évidence l’influence primordiale de
la teneur en uranium de la roche sur l’exhalation du radon.
La prise en compte de la seule teneur en uranium surestime cependant dans certains cas
l’exhalation du radon. Il apparaît alors nécessaire de tenir compte des propriétés chimiques et physiques (porosité, humidité,
épaisseur) du sol, ou données pédologiques.
La présence du sol intervient en effet sur
l’exhalation du radon de deux façons antagonistes : par le radium qu’il contient, il
contribue à la production de radon, mais il
constitue par ailleurs un obstacle sur le chemin du radon provenant du sous-sol.
Les grandeurs géologiques et pédologiques
sont traitées par le modèle TRACHGEO
(figure 1) pour calculer en tout point l’exhalation du radon. Ces résultats sont repris par
un "Système d’Information Géographique",
logiciel qui permet d’analyser la répartition
spatiale des mesures et des résultats du calcul.
Figure 1 : Schéma de principe du modèle TRACHGEO.
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Figure. 2 : Exemple du transect de Bretagne : flux d’exhalation surfacique
du radon calculés par TRACHGEO sur chaque site étudié.
Figure 3 : Exemple du transect de Bretagne : résultats des mesures ponctuelles du flux d’exhalation surfacique du radon sur chaque site étudié.
Les flux de radon (figure 2) calculés de cette façon sont en très grande majorité en accord avec les observations (figure 3) et ont permis
d’identifier la quasi-totalité des sites présentant un potentiel d’exhalation du radon élevé.
Validation
TRACHGEO, comme tout modèle, contient
des hypothèses simplificatrices, dont il est
nécessaire de tester le bien-fondé en
confrontant ses prédictions aux résultats
mesurés sur le terrain : tel est le but de l’étape de validation.
formations géologiques. L’acquisition des
données géologiques et pédologiques, ainsi
que les différentes mesures des niveaux de
radon dans l’environnement extérieur et
dans l’habitat ont été effectuées le long de
ces parcours.
Pour cela on a choisi 5 zones ou transects
types d’une étendue d’environ 30 x 50 km
représentatifs de la diversité géologique du
territoire national. Ces transects sont situés
dans les départements de Haute-Marne
(région de Chaumont, Langres), des
Pyrénées Atlantiques, du Puy-de-Dôme, de
l’Hérault et d’une zone limitrophe au
Finistère et au Morbihan (transect de
Bretagne sud). Dans chacune de ces transects, des itinéraires ont été définis, en fonction des caractéristiques géologiques et du
réseau routier, et recoupent l’essentiel des
Dans le rapport DPRE de 1999, nous présentions les premiers résultats obtenus par l’application de cette démarche sur les transects
situées en Bretagne et dans le Languedoc. A
présent, la méthodologie a été validée sur la
totalité des transects sélectionnés. Il existe
cependant des cas où les prévisions du
modèle sous-estiment l’exhalation. On
observe notamment une amplification de
l’exhalation dans des zones fracturées qui
n’est pas pris en compte dans la version
actuelle du modèle TRACHGEO.
Perspectives
L’intérêt d’un tel travail sera de mettre à
la disposition des pouvoirs publics des
cartes de potentiel d’exhalation du radon
qui leur serviront de guide pour orienter
l’effort de mesurage des niveaux de
radon dans les bâtiments existants, améliorer la diffusion d’informations, l’identification des populations les plus exposées
et, éventuellement, envisager des mesures
de prévention pour l’habitat futur dans
les zones prioritaires.
La précision cartographique des prévisions reste à définir en fonction de
l’existence, de la répartition spatiale et
de la disponibilité des données géologiques et pédologiques sur le territoire
français.
Publications :
G. Ielsch, D. Thiéblemont, J. Perrin,
G. Tymen
Geophysical and geochemical tools for
radon mapping on a regional scale
EOS, Transactions, American Geophysical
Union, 1999 Fall Meeting, vol. 80, n° 46,
16 novembre 1999, supplément.
G. Ielsch
Mise au point d’une méthodologie prédictive des zones à fort potentiel d’exhalation du radon
Thèse de Doctorat, spécialité
Géosciences, Université de Bretagne
Occidentale (Brest), 276 p., 2000.
Rapports scientifiques annuels, années
1998 et 1999, et rapport final 2000 du
Programme "Environnement et Santé"
1997. "Mise au point d’une méthodologie
permettant l’élaboration d’un outil prédictif en vue d’identifier les zones
potentiellement exposées à de fortes
concentrations de radon"
Responsables scientifiques du programme : M.C. Robé, P. Pirard,
J.C. Baubron.
75
Conclusion
Moyens du programme
Dépenses :
Ressources :
5,4 MF dont investissement : 0,8 MF
4,8 MF subventions de l'Etat ; 0,6 MF de financement COGEMA (dans le
cadre d’un Programme d’Intérêt Commun - PIC - entre IPSN et COGEMA)
Ingénieurs
Techniciens
Agents IPSN
4
3
Thésard
1
Autres résultats
Collaborations et
ouvertures vers l’extérieur
• COGEMA, ALGADE pour l’étude sur
les résidus miniers.
• BRGM, INRA, Université de Bretagne
Occidentale, DGS, DDASS, IPSN/DPHD,
dans le cadre du programme sur le
potentiel d’exhalation du radon des
sols.
• Des sociétés de métrologie (MGP
Instruments, TRACERLAB).
• L’OPRI, DDASS, DRIRE pour diverses
activités.
Anomalie de 222Rn dans la neige sommitale du Mont-Blanc
Dans le cadre d’une collaboration entre le
Laboratoire de Glaciologie et Géophysique
de l’Environnement (CNRS/LGGE, Grenoble)
et l’IPSN, un important excès de radon a été
mis en évidence dans la neige sommitale du
Mont-Blanc, expliquant ainsi les taux d’accumulation anormaux de plomb 210 mesurés
par le LGGE lors de campagnes précédentes.
Ces résultats ont comme conséquence directe une modification de la méthodologie des
mesures dans la neige du plomb 210 utilisé
comme traceur des échanges atmosphériques.
Autres publications
non encore citées :
C. Ferry
La migration du radon 222 dans un sol.
Application aux stockages de résidus issus
du traitement des minerais d'uranium
Thèse de U.F.R scientifique d'Orsay,
Université Paris-sud, n° d'ordre 6127,
2000.
C. Ferry, P. Richon, A. Bénéïto,
M.C. Robé
Radon exhalation from uranium mill
tailings: Experimental validation of a 1-D
model
Journal of Environmental Radioactivity.
In Press.
C. Ferry, A. Bénéïto, P. Richon,
M.C. Robé
An automatic device for measuring the
effect of meteorological factors on
radon-222 flux from soils on the long run
Radiation Protection Dosimetry. In Press.
M. Pourchet, P. Richon, J.C. Sabroux
Lead-210 and radon-222 anomalies in
Mont Blanc snow, French Alps
Journal of Environmental Radioactivity,
Vol. 48, (2000), pp 349-357.
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Code de calcul TRACI
Les données expérimentales recueillies dans
le cadre du Programme d’Intérêt Commun
mené pendant trois ans avec la COGEMA et
portant sur la migration du radon dans les
résidus issus du traitement des minerais
d’uranium et leur couverture, ont permis de
définir le domaine de validité du code de calcul TRACI –Transport de RAdon dans la
Couche Insaturée – développé à l’IPSN.
Désormais, cet outil peut être utilisé pour
évaluer l’efficacité à court terme d’une couverture – quantifiée par un coefficient d’atténuation défini comme le rapport du flux
de radon moyen avant couverture sur le flux
de radon moyen après couverture sur une
période donnée – en fonction de la texture
du matériau utilisé et de son épaisseur. Par
exemple, les coefficients d’atténuation calculés pour un scénario associé à la géométrie
expérimentale étudiée dans le cadre du PIC et
pour une pluviométrie faible (46,4 mm/mois),
conduisent à distinguer quatre classes de couverture en fonction de leur efficacité à court
terme (figure 1). Reste aujourd’hui à étudier
son évolution potentielle sur le long terme.
Figure 1 : Coefficients d’atténuation des flux de
radon (C) calculés en fonction de la texture
moyenne du matériau de couverture (triangle des
textures de l’U.S.Department of Agriculture) et de
son épaisseur (e)
Auteur : Cécile Ferry