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www.lejdd.fr I 13 mars 2016 I N° 3609 I 2 € (JDD + Version Femina) Trois jours pour stopper Vent de Donald Trump panique Pédophilie Pages 10-11 MichaEl B. ThOMaS/aFP dans le diocèse de Lyon Pages 14-15 Loi travaiL Hollande veut créer la surprise b Le Président devrait réécrire avant demain plusieurs dispositions du projet El Khomri b Apprentis, 3’:HIKKSF=VUWUUU:?d@q@k@j@a"; licenciement économique, prud’hommes... Ce qui pourrait changer M 00851 - 3609 - F: 2,00 E François Hollande et Myriam El Khomri, à Moissy-Cramayel, (Seine-et-Marne), jeudi. HAMILTON/REA chriSTOPhE GalliNEau DESSONS Eric/JDD SiMON PrOcTEr Jean-Pierre raffarin Exclusif Eddy Mitchell Page 8 Page i du cahier Paris Page 29 Les inquiétudes d’un ancien Premier ministre France métropolitaine : 2 € Pages 2 à 4 De Paris au Havre, «Je fais de la gym 40 projets pour et j’ai levé le pied « réinventer » la Seine sur la clope» 2| L’événement jdd | 13 mars 2016 RéfoRme Le chef de l’État et le Premier ministre décident aujourd’hui des retouches au projet de loi travail, contesté par les syndicats et les organisations lycéennes et étudiantes Le couple exécutif à l’épreuve de la rue C Nicolas PRissette @NicolasPri7 e week-end est décisif pour la loi travail, l’avenir de Manuel Valls et la fin du quinquennat de François Hollande. Le chef de l’État et le Premier ministre vont, aujourd’hui, décider des retouches au projet de loi réformant le Code du travail. Eux seuls, sans la ministre Myriam El Khomri, ni Emmanuel Macron, qui a laissé ses recommandations par écrit vendredi. Et après les ultimes coups de fil auprès des négociateurs syndicaux et patronaux, qui anticipent une longue attente du verdict dans la soirée ou lundi matin… Aux prises avec une tension sociale sans équivalent depuis 2012, et les plus importants mouvements de rue depuis le « mariage pour tous », le couple exécutif semble prêt à revoir les points les plus sensibles du projet de loi : le plafond des indemnités prud’homales, la définition des licenciements économiques, le temps de travail dans les PME, etc. (lire ci-dessous). Autant de gestes qui s’adresseront, selon les cas, à la CFDT, à la CGC, aux organisations de jeunes, etc. « Le principal problème, ce sera les jeunes » Manuel Valls est « totalement déterminé à bâtir, dans le dialogue, une réforme réussie en décrochant un accord qui sera le fruit d’un compromis exigeant et intelligent avec tous les réformistes », expliquet-on à Matignon. Le Premier ministre, qui joue son image de réformateur, livrera officiellement ces arbitrages demain après-midi aux syndicats, au patronat et aux étudiants lors d’une réunion à Matignon prévue pour durer au moins deux heures et demie. Avec l’espoir, donc, d’apaiser la CFDT et ses alliés, qui ont réuni quelques centaines de personnes hier à Paris, ainsi que les étudiants Ce qui va changer b la fiN du baRème aux PRud’hommes Le projet de loi prévoit un plafonnement des dommages et intérêts versés en cas de licenciement abusif, qui limiterait les décisions du juge aux prud’hommes. Tous les syndicats réclament son retrait. Le gouvernement envisage d’y renoncer. Subsisterait un barème indicatif, tel qu’il a été prévu par la loi Macron, dont le décret d’application n’a pas encore été publié. Il serait plus élevé que celui prévu initialement dans le projet de loi. Un autre barème, applicable lors des audiences de conciliation, serait, lui, révisé pour rendre cette procédure plus attractive, selon La Tribune. b les liceNciemeNts écoNomiques moiNs ciblés Le gouvernement voulait limiter le licenciement économique au seul périmètre de l’établissement, sans tenir compte de son appartenance à un groupe. La situation économique de l’entreprise en France serait, finalement, retenue. Par ailleurs, la mauvaise santé de l’entreprise serait évaluée sur un temps plus long. b le foRfait jouRs soumis aux syNdicats Le texte El Khomri prévoit que les patrons de PME peuvent proposer de leur propre chef un contrat en forfait jours à leurs salariés. Ce régime dérogatoire aux 35 heures est actuellement possible à condition qu’un accord l’autorise. Il concerne essentiellement les cadres dans les grandes entreprises, car les petites n’ont pas les structures sociales pour négocier. Le gouvernement pourrait finalement soumettre ces forfaits-jours dans les PME à l’aval d’un syndicaliste mandaté pour valider le cadre légal avec l’employeur. b la mesuRe suR les aPPReNtis abaNdoNNée Le projet initial élargissait la durée du travail autorisée pour les apprentis, jusqu’à des journées de dix heures et des semaines de quarante heures, dans l’objectif de correspondre aux horaires réels de certaines entreprises. Cette partie sera abandonnée. b le cPa eNRichi Le « compte personnel d’activité » (CPA), qui réunira à l’avenir les droits individuels à la formation et les points pénibilité, devrait être complété par les comptes épargnetemps des salariés qui en disposent, bien que le Medef soit arc-bouté contre cette idée. Présenté comme la « grande réforme sociale » du quinquennat, le CPA est supposé être la future pierre angulaire de la sécurisation des parcours professionnels pour les salariés. b l’exteNsioN de la gaRaNtie jeuNes C’est une revendication de la Fage. Le syndicat étudiant réformiste veut étendre cette « garantie jeunes » aux 900.000 jeunes sans qualification. Ce contrat d’un an entre un jeune et une mission locale qui l’aide dans son accès à l’emploi est financé par une initiative européenne. Les jeunes touchent 461,26 € par mois. François Hollande a annoncé, hier, à l’issue d’un sommet des leaders européens sociaux-démocrates à l’Élysée que la France avait « la volonté d’aller le plus loin possible » pour étendre cette « garantie jeunes ». g et lycéens, plus nombreux cette seurs de la réforme, on se convainc semaine à battre le pavé. que leur mobilisation est relative, en pointant L e g o u v e rnement compte 90 lycées bloqués achever la divi- Pour Matignon, sur 2.500. « Il faut sion syndicale, sa- le projet insister sur le fait chant que la CGT que les jeunes ne et FO refusent « sera le fruit sont pas soutenus de négocier (lire d’un compromis par les syndicats p. 3). Sauf que les réformistes », soudiscussions avec exigeant et ligne un ministre. la CFDT se sont intelligent avec tous Mais l’Unef veut très nettement « amplifier » la mobilisation et durcies en fin de les réformistes » les leaders étusemaine, au point diants affichent de susciter une certaine tension au sein de l’exéculeur détermination (lire p. 4). tif. « Il ne suffit pas d’un ajustement sur une seule mesure », a tonné Le Medef demande à Valls de tenir bon Laurent Berger hier après-midi. Ce n’est pas l’unique front. « Si Les concessions et avancées sur nous parvenons à convaincre les la table du chef de l’État désamorréformistes, le principal problème, ceront-elles le mouvement ? Elles ce seront les jeunes », s’inquiète un suscitent d’ores et déjà la désapministre, résumant une crainte probation du patronat, qui appelle partagée par tous ses collègues. le couple exécutif à tenir le cap des Les étudiants vont redescendre réformes. Dans son interview au dans la rue jeudi. Parmi les défenJDD, le négociateur du Medef, Alexandre Saubot, président de l’UIMM et de l’Unédic, considère qu’un renoncement ne serait « pas acceptable ». Il écarte aussi la surtaxation des CDD, évoquée cette semaine par le gouvernement pour tenter de calmer, entre autres, la grogne de FO, très sensible à cette mesure. Reste qu’une telle disposition n’est pas du ressort de l’exécutif mais des partenaires sociaux dans le cadre des négociations en cours sur l’assurance-chômage. Les Républicains dénoncent d’avance le recul de Hollande et Valls et la fin des ambitions réformatrices de la gauche au gouvernement (lire ci-dessous). « J’entends déjà les commentaires de lundi soir », raille Jean-Marie Le Guen, secrétaire d’État chargé des relations avec le Parlement. « La CGT trouvera cela inadmissible car nous n’aurons pas renoncé, et la droite dira que nous avons tout abandonné. » Il lui faudra aussi convaincre la majorité. L’incendie est loin d’être éteint. g Trois risques politiques cécile amaR, chRistiNe ollivieR, Nicolas PRissette l’image RéfoRmiste de valls eN PéRil « J’irai jusqu’au bout », avait prévenu Manuel Valls fin février. Cette semaine, le Premier ministre a appelé à un « compromis ambitieux » après avoir reçu tous les leaders pour évoquer les aménagements à la loi El Khomri, un texte dont il a piloté la communication depuis l’annonce, au printemps 2015, de la commande du rapport Combrexelle sur le Code du travail. Lors de ces rendez-vous avec les partenaires sociaux, le chef du gouvernement s’est montré « très attentif », selon l’un des participants, quand Emmanuel Macron, à ses côtés, argumentait en faveur des mesures. « Pour son avenir et vis-à-vis de la gauche, il a tout à gagner à passer un compromis avec les réformistes », analyse un ministre. « Sinon, il apparaît comme celui qui braque, il reste sur une vision entrepreneuriale, il ne représente qu’une ultraminorité au parti. » Sa voie est « étroite », craint le député PS Christophe Caresche, qui soutient sa ligne. « S’il recule, on dira qu’il a cédé. S’il ne bouge pas, il risque les mouvements sociaux. » Comme le note Frédéric Dabi, directeur adjoint à l’Ifop, « les Français apprécient son autorité et sa cohérence le protège, mais il est de plus en plus comptable à leurs yeux du bilan du Président ». Valls a récusé la semaine dernière dans le JDD tout chantage à la démission en cas de renoncement majeur sur la réforme El Khomri. « Il n’y aura pas une feuille de papier à cigarette avec le chef de l’État », promet un poids lourd du gouvernement. la majoRité, au boRd de l’exPlosioN Ils auront une première idée de la réaction des leurs demain soir. Le gouvernement a décidé de participer au « séminaire du groupe socialiste sur la réforme du Code de travail », la séance de câlinothérapie devra être conséquente pour calmer un groupe de plus en plus divisé. « S’ils disent aux parlementaires “le texte est à prendre ou à laisser”, ça ne marchera pas. Ce ne sont pas que les Frondeurs qui sont remontés, il y a aussi de nombreux députés proches du Président », prédit un dirigeant de la majorité. Car avant la loi El Khomri, la déchéance de nationalité a déjà laissé des traces durables. De nombreux députés socialistes savent bien que leurs électeurs sont dans la rue, déçus par un quinquennat qui prend une voie de plus en plus libérale. Et dans le reste de la majorité, l’ambiance est encore pire. Le patron d’EELV, David Cormand, l’avoue : « Au-delà même de cette La loi El Khomri, « encore une grosse daube », tacle Sarkozy loi, une frustration et une colère existent. Et l’exécutif ne peut plus rien faire en vrai, les nuages s’amoncellent et la capacité de conviction du Président est très faible. Ce n’est plus une histoire de tableaux Excel dont on change les chiffres. » la dRoite, eN embuscade La réforme du Code du travail, la droite est pour. Elle considère, à l’image d’Alain Juppé, que le projet El Khomri est « plutôt d’inspiration libérale ». Les ténors de l’opposition l’assurent donc bruyamment : si le texte parvenait « en l’état » jusqu’à l’Assemblée nationale, ils le voteraient. Avec d’autant plus d’enthousiasme qu’ils sont convaincus… de ne jamais avoir à le faire. À un peu plus d’un an de la présidentielle, la droite se prépare déjà avec gourmandise à fustiger une reculade de François Hollande face à la rue et aux « conservatismes ». « Dans le meilleur des cas, la montagne accouchera d’une souris », prédit ainsi Nicolas Sarkozy. « Encore une grosse daube », a-t-il jugé plus crûment lors d’une réunion interne au sujet du projet de réforme. « Et si on pouvait éviter de dire qu’on soutient un projet alors qu’il n’a même pas été présenté en Conseil des ministres… », a-t-il ajouté, agacé par les prises de position favorables des candidats à la primaire. Face aux blocages, François Fillon a déjà mis François Hollande au défi de recourir à un référendum sur « la libération du travail ». g l’événement | 3 jdd | 13 mars 2016 Hollande et l’effet de surprise avec le même exemple concret que le Medef a présenté à Myriam El Khomri. Aubry avait refusé, El Khomri a accepté. Mais FranCéCilE AmAr çois Hollande a tranché. « Cette e changement, c’est mesure sera supprimée » a-t-il confié, ces jeunes travailleront maintenant. Ou plutôt le changement, c’est huit heures par jour et trente-cinq demain. Aujourd’hui, heures par semaine. Mais ce n’était François Hollande pas un élément essentiel. va réécrire la loi El Khomri. Ou Rien ne dit que l’opération de magie « la loi El Khomri est plutôt, comme il l’a répété à tous ses interlocuteurs, il va l’écrire. finie, vive la loi travail » suffira à « Le texte va être calmer la rue, ni même la CFDT. présenté demain pour la première « Même reformulé, Car François Holfois, c’est un texte ce texte lande a décidé de remettre la fin de nouveau. C’est le seul texte qui est une bombe son quinquennat comptera », confie à fragmentation » entre les mains du patron de ce un des rares mis Un dirigeant de la majorité dans la boucle par syndicat dont il a un Président qui été adhérent à la rêve d’un effet de surprise pour Cour des comptes. En pariant pour en finir avec un mouvement qu’il que cela suffise. n’avait pas vu venir. « On est totalement dans les Une chose est sûre, l’aspect mains des organisations réformistes, « travail des enfants » disparaîmais Laurent Berger a une marge de tra. En 1991, le CNPF avait essayé manœuvre très réduite. Si jamais il de vendre à Martine Aubry, jeune dit demain : “Ce n’est pas assez”, on ministre du Travail socialiste, l’alfait quoi ? Si François ne cède pas, longement de la journée de travail c’est cuit. Si Berger dit : « On desdes apprentis de huit à dix heures cend dans la rue”, c’est cuit. Même Aujourd’hui, le Président va écrire la nouvelle mouture de la loi El Khomri L reformulé, ce texte est une bombe à fragmentation : il y a le danger des jeunes, le danger des syndicats réformistes, le danger du patronat, le danger de l’immobilisme », raconte, désabusé, un poids lourd de la majorité. « Hollande va essayer demain d’avoir un accord avec la CFDT. Il va falloir mettre du lourd, ils n’ont aucune raison de se faire tuer pour rien », prédit un autre. Hollande n’a rien d’un « baron noir », tout d’un baron rose François Hollande a envoyé Manuel Valls au front, c’est le Premier ministre qui a mené les discussions avec les syndicats. Le chef de l’État a choisi la prudence, ne voulant pas offrir un saut qualificatif à un mouvement qui démarre seulement en discutant directement avec les opposants à la loi. Hollande n’a rien d’un « baron noir », tout d’un baron rose, qui n’a jamais vraiment aimé la rue. Un patron de la majorité veut y croire : « Il s’en sort par le haut. Il reformule la partie sur les prud’hommes en relevant le barème et surtout en ne le rendant plus qu’indicatif, il encadre la définition des licenciements éco- l’AVErtissEmEnt d’AlExis tsiPrAs François Hollande l’avait invité, hier, à l’Élysée, au sommet des leaders sociaux-démocrates européens qu’il organisait. Mais le Premier ministre grec, alexis Tsipras, a choisi d’arriver à Paris dès vendredi, et il a profité d’une rencontre avec ses « vrais » camarades pour dire ce qu’il pensait de la loi el Khomri. « À chaque fois qu’on a instauré ce genre de politique de flexibilité, les résultats ont été catastrophiques. En aucun cas, cela ne renforce la compétitivité de nos économies […] Sinon, le Bangladesh aurait la meilleure économie du monde. Cette logique a été imposée en Grèce […] et cela a ramené au Moyen Âge les relations du travail. Tous ceux qui veulent imposer ce genre de réforme doivent réfléchir et peut-être étudier le cas grec. » lejdd.fr Notre reportage nomiques, il essaie d’introduire des éléments nouveaux, le droit à la formation, il charge le compte personnel d’activité et il espère que ça passe. S’il ne donne rien, il y aura un million de personnes dans la rue à la fin du mois et il n’est pas dans cette option. S’il ne sort pas par le haut, les gens comprendront qu’il n’est pas candidat. Il faut fermer les deux portes, celle de la rue et celle de la fragmentation de son camp. » L’une après l’autre. Première réponse demain. g JEudi À Moissy-Cramayel, près de Paris, François Hollande a visité l’entreprise Forsee Power, spécialisée dans les batteries et le stockage d’énergie. VEndrEdi À Matignon, Manuel Valls, Myriam El Khomri et Emmanuel Macron ont reçu les syndicats lycéens et étudiants dans le cadre des négociations sur la réforme du Code du travail. VEndrEdi Myriam El Khomri, ministre du Travail, visite la mission locale des Ulis dans l’Essonne. HAMILTON/REA ; C.MORIN/IP3/ MAXPPP ; É. BAudET/dIvERgENCE ; CHRIsTOPHE MORIN/IP3/MAXPPP 4 | l’événement JDD | 13 mars 2016 « Renoncer serait suicidaire » iNterView Président de l’UIMM et négociateur social du Medef, Alexandre Saubot demande à Manuel Valls de maintenir la réforme IntervIew Nicolas Prissette Angleterre, car ces pays ont fait les réformes nécessaires. Et pendant ce temps-là, en France, il a augmenté de 600.000 personnes. @NicolasPri7 Cette loi est enfin une réforme au service de l’emploi. Je suis chef d’entreprise, je vous assure qu’elle nous conduira à davantage embaucher en CDI. J’entends aussi les investisseurs étrangers, qui voient notre pays beaucoup plus favorablement. Le gouvernement doit conserver son ambition, saluée par les plus grands économistes. Si nous devions finir par un grand marchandage, article par article, c’est l’emploi qui serait perdant et les jeunes et les moins qualifiés qui seraient sacrifiés. J.-C. TARDIVON/SIPA Manuel Valls s’apprête à modifier, demain, le projet de loi travail que vous soutenez. l’acceptez-vous ? rien n’est modifiable dans ce texte pour le patronat ? À moins d’accepter le chômage et le sort fait à nos jeunes, ce qui n’arrivera pas, aucun renoncement ne nous paraît acceptable. Il faut conserver à ce texte toute sa cohé- les syndicats demandent le retrait du barème des indemnités aux prud’hommes, ils contestent la mesure des licenciements économiques. cela peut-il être négocié ? rence, son ambition et son efficacité, afin que le CDI redevienne la norme. Cette réforme touche au quotidien des Français, l’inquiétude est donc légitime. L’enjeu est d’expliquer et de convaincre pour l’intérêt général. Vous demandez au gouvernement de tenir bon ? Le renoncement serait suicidaire pour notre pays. Ne rien faire quand on compte plus de 5 millions de chômeurs est inacceptable et égoïste. Regardez nos voisins, le chômage a baissé de 400.000 personnes depuis 2012 en Allemagne, de 800.000 en estimer que le texte sera « efficace » pour « améliorer la situation économique des très petites et moyennes entreprises » et un pourcentage identique considère qu’il ne favorisera pas « la création d’emplois ». « Les assouplissements passent par la négociation, or la plupart de nos entreprises ne sont pas en capacité de le faire », explique Pierre Burban, les jeunes qui manifestent déplorent la précarité du travail. Que leur proposez-vous ? La précarité, c’est d’abord de ne pas avoir de travail. Aujourd’hui, 85 % des recrutements se font en CDD et la moitié des CDD sont occupés par des jeunes. C’est donc notre jeunesse qui a le plus à gagner avec ce texte. Un modèle social qui exclut durablement ses jeunes n’est pas un modèle qu’il me semble souhaitable de sanctuariser. Un chef d’entreprise n’embauche pas pour licencier mais pour se développer. Quand il y a des difficultés, elles ne doivent pas mettre en péril la survie de l’entreprise et de tous ses le gouvernement emplois. Le texte favorable « Le gouvernement est apporte simpleà une taxation ment de la clarté. des cDD. doit conserver S’agissant des liQue répondezson ambition » cenciements écovous ? nomiques, qui est S’il suffisait d ’e m p i l e r l e s mieux placé qu’un chef d’entreprise pour dire si l’enrègles, les obligations et d’augmentreprise va mal ? Quant au barème ter les impôts pour réduire le chômage, nous serions aujourd’hui au des prud’hommes, le texte aboutit à plein-emploi. C’est pourquoi nous verser jusqu’à 25 mois de salaire, en cumulant indemnités conventionsommes fermement opposés à cette proposition. 85 % Des Petits PatroNs Ne s’estiMeNt Pas coNcerNés Eux aussi coNtEstENt la loi El Khomri. Les artisans, commerçants et professions libérales y voient pour l’essentiel un projet favorable aux grandes entreprises, beaucoup moins à leurs TPE. Les fédérations patronales UPA et UNAPL ont commandé un sondage à Harris Interactive* . Selon cette étude, que dévoile le JDD, les petits patrons et indépendants sont seulement 39 % à nelles et indemnités prud’homales : qui peut trouver cela scandaleux ? secrétaire général de l’UPA. « C’est une loi Medef », renchérit le docteur Michel Chassang, président de l’UNAPL. En effet, 85 % des sondés ne s’estiment « pas concernés » par les possibilités « d’aménagements au Code du travail ». * sondage réalisé du 8 au 10 mars auprès d’un échantillon de 638 personnes représentatives des chefs d’entreprises de moins de 20 salariés. Jugez-vous que le texte est équilibré entre flexibilité pour l’entreprise et sécurité pour le salarié ? La loi est beaucoup plus équilibrée qu’on ne le dit. Ce projet n’enlève aucun droit à aucun salarié. Le droit français protège plus les salariés que les autres droits européens, et pourtant nous avons davantage de chômeurs. Je me demande si tout le monde a bien conscience de la responsabilité qui est la nôtre à l’endroit des plus fragiles, auxquels il faut penser avant tout. g Les syndicats en ordre dispersé les réformistes (cFDt, cGc…) pourraient obtenir satisfaction sur plusieurs points. les contestataires (cGt, Fo…) manifesteront jeudi Sa parole, demain à la sortie de Matignon, sera décisive. Laurent Berger dira s’il juge que le gouvernement l’a entendu, ou pas. Le secrétaire général de la CFDT a qualifié de « verrues » les articles du projet de loi relevant selon lui de « la doxa libérale », qui suscitent la mobilisation de son syndicat. Il réclame l’abrogation du plafonnement des dommages et intérêts pour les licenciements abusifs, une autre définition du licenciement économique, le recours à un accord syndical dans les TPE pour les forfaits-jours, etc. Les autres centrales réformistes (CGC, CFTC, Unsa) sont sur la même longueur d’onde, avec l’addition de leurs revendications spécifiques. Elles ont rassemblé hier, avec la Fage (étudiants), quelques centaines de personnes, place de la République à Paris. Ce camp ne réclame pas le retrait du texte mais sa modification. En lui donnant gain de cause sur plusieurs points demain, le gouvernement va tenter d’éteindre leur mouvement et de réduire le front syndical aux seuls contestataires. La partie n’est pas gagnée pour l’exécutif. À la CFDT, Laurent Berger est déterminé à obtenir une victoire sur toutes ses revendications. Certaines de ses Hier, place de la République à Paris, un membre de la CFDT défile contre la loi El Khomri. Ils étaient quelques centaines à manifester. JOëL SAGET/AFP troupes veulent l’abandon du projet, notamment les adhérents lillois et la métallurgie. À la CGC, la présidente Carole Couvert réclame l’abrogation du référendum d’entreprise et des mesures qui allègent la médecine du travail. Elle entend aussi obtenir le droit de négocier dans les entreprises où son syndicat est l’unique interlocuteur de la direction. « Le point d’orgue de la contestation sera le 31 mars » Les centrales contestataires (CGT, FO, Sud, Solidaires) en- tendent, elles, amplifier leur mobilisation. Elles descendront dans la rue jeudi, pour se joindre aux étudiants et lycéens (Unef, FIDL, UNL), avec l’espoir de dépasser le décompte de mercredi (220.000 manifestants selon la police, jusqu’à 500.000 selon les organisateurs). « Le gouvernement comme le Medef résument le dialogue social à leurs propres propositions », grince Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT. Une autre journée de défilés est déjà fixée au 31 mars, qui devrait à nouveau réunir l’ensemble de ces opposants au texte El Khomri, fût-il remanié. « C’est le point d’orgue prévu, il peut se passer beaucoup de choses d’ici là », explique un leader contestataire. La fédération des fonctionnaires CGT a déposé un préavis de grève de quinze jours courant entre ces deux dates, pour parer à toute éventualité. Toutes les organisations syndicales, réformistes et contestataires, doivent se retrouver vendredi pour faire le point. À moins que, d’ici là, certaines estiment avoir obtenu satisfaction. N.P. Dialogue de sourd avec les jeunes Manuel Valls s’est décidé à recevoir vendredi les leaders étudiants et lycéens. Mais le courant n’est pas passé du tout cécile aMar À en croire ceux qui ont milité à l’époque, à 20 ans, Manuel Valls ne savait pas retourner une AG. À en croire celles et ceux qui ont discuté avec lui vendredi, à 53 ans, il ne sait pas retourner une organisation de jeunesse. « Le message qu’il nous a envoyé, c’était que le contenu du projet de loi ne serait pas discuté avec les jeunes. Le rendez-vous a duré plus d’une heure. Parfois, on avait le sentiment qu’il se demandait pourquoi les jeunes s’occupaient de la définition du licenciement économique ou des accords d’entreprise sur le temps de travail. Je ne sais pas ce qu’ils annonceront demain, mais ce ne sont pas les revendications des jeunes qui bougeront », assène le président de l’Unef, William Martinet. « Je me doutais bien que le gouvernement n’allait pas reculer dès ce rendez-vous, c’est au fond un rendez-vous qui n’a pas servi à grand-chose. On est passé du “c’est absurde que la jeunesse se soit mobilisée” à “on la reçoit, elle s’est mobilisée” mais pas vraiment plus », abonde Samya Mokthar, présidente de l’Union nationale lycéenne (UNL), qui a été reçue en compagnie des autres organisations lycéennes. « On a besoin qu’on se penche sur nos problèmes » Les organisations de jeunesse analyseront la nouvelle version de la loi El Khomri telle qu’elle sera présentée demain par le Premier ministre, mais d’ores et déjà elles préparent la suite, dans la rue. « C’est énervant. Pour le pouvoir, les jeunes sont au mieux une réserve électorale, au pire une menace quand on descend dans la rue, mais quand on discute du fond de nos revendications, on ne nous écoute pas. Tous les signaux qu’on reçoit nous confortent dans l’idée qu’il faut continuer à se mobiliser. On appelle à massifier les assemblées générales et à faire en sorte qu’il y ait le plus de monde possible dans la rue jeudi et le 31 mars avec les centrales syndicales » prévient William Martinet, qui n’a eu aucun contact avec François Hollande, pourtant adhérent du syndicat étudiant dans sa jeunesse. Les lycéens n’ont pas plus l’oreille de ce président qui avait fait de la jeunesse sa priorité. « Ce projet de loi cristallise une angoisse des jeunes. On a besoin d’être pris en compte, qu’on se penche sur nos problèmes. On en a marre d’être méprisés. Je ne sais pas ce qui fera taire cette colère », analyse Samya Mokthar. On verra cette semaine si l’étincelle El Khomri s’éteint. Ou si elle s’enflamme vraiment. g 6 | instantanés JDD | 13 mars 2016 Les indiscrets Le top 5 twitter royal fustige « l’ostracisme » de Fabius Pierre Gattaz veut penser positif La présidente de la COP21, Ségolène Royal, qui poursuit sa « diplomatie environnementale » en rencontrant trois présidents africains cette semaine (le Congolais Joseph Kabila, le Gabonais Ali Bongo et le Nigérian Muhammadu Buhari) se félicite de la « bonne coopération » avec le ministre des Affaires étrangères, Jean-Marc Ayrault. À l’entendre, rien à voir avec l’« ostracisme » de Laurent Fabius. Le président du Medef, Pierre Gattaz, présentera son quatrième ouvrage au Salon du livre. La France de tous les possibles (Débats publics) est, selon son auteur, une œuvre de recul. Il y présente sa vision d’entrepreneur et de citoyen convaincu que le pays des impossibles et des blocages peut inverser la tendance et prendre le chemin des « trente audacieuses ». Comment ? En capitalisant sur tous ses atouts et en redonnant aux Français une vision enthousiasmante. Un penser positif qui couvre tous les aspects du vivre-ensemble, jusqu’au pacte républicain. 1 Le 9 mars, la militante féministe Caroline De Haas, à l’origine de la pétition à plus d’un million de signatures contre la loi travail, se félicite de la mobilisation de la rue (plus de 200.000 manifestants, selon la police ; 400.000, selon les syndicats). @carolinedehaas Même les chiffres de la police sont impressionnants, c’est dire ! #loitravailnonmerci Breton superstar 2 L’actrice Sophie Marceau exprime Juppé dans le QG de chirac 3 L’étape en montagne mercredi au Le cadeau de mariton… 4 Il ne faut pas plus de 140 caractères sa désapprobation à l’annonce de l’attribution de la Légion d’honneur au prince héritier d’Arabie saoudite. @SophieMarceau Voilà pourquoi j’ai refusé la Légion d’Honneur. Thierry Breton, PDG d’Atos et ancien ministre des Finances, a fait un tabac devant la commission des Affaires étrangères du Sénat en présentant son projet européen de sécurité et de défense. Il a même été applaudi. Pas si fréquent ! cours de Paris-Nice a été annulée en raison de la neige. Le sprinter français Arnaud Démare s’amuse à imaginer Martin Fourcade en vainqueur. Le biathlète, qui bat tous les records aux Championnats du monde, ironise. @martinfkde @ArnaudDemare sage décision pour l’étape ! Pour le pronostic j’ai pas assez de balles pour crever tous vos pneus ! Convié par le Club d’Iéna et son fondateur, Louis Vogel, Alain Juppé, candidat à la primaire, y participera mardi à un débat sur « L’État fort » au 30, avenue d’Iéna à Paris, dans les locaux où Jacques Chirac avait installé son QG de campagne lors de la présidentielle de 1995. Hervé Mariton a offert mercredi son livre (Le Printemps des libertés, Archipel) à Nicolas Sarkozy. « Il m’a souhaité une grande réussite pour mon livre. Il n’en est pas encore à me souhaiter une grande réussite pour ma candidature à la primaire… » … et son coup de gueule Libéral pur jus, Hervé Mariton juge « totalement irresponsable » l’augmentation de l’indice des fonctionnaires sans augmentation du temps du travail. Il souhaite en tout cas que, à la différence de ce qui prévaut en pareil cas, « l’indemnité parlementaire ne suive pas ». rugy courtise cosse Député de Loire-Atlantique et coprésident du groupe écologiste à l’Assemblée (avec Cécile Duflot), François de Rugy n’a pas été « surpris », dit-il, de l’éviction brutale d’Emmanuelle Cosse d’Europe Écologie-Les Verts : « C’est une preuve de plus de la dérive sectaire que j’avais dénoncée. Pensez que la sénatrice Esther Benbassa s’est réjouie de cette éviction en disant qu’il était plus que temps de désherber ! » Emmanuelle Cosse a été invitée à participer le 26 mars à l’Assemblée à une réunion de Écologistes !, « le pôle écologiste de la majorité ». chorégies : audrey azoulay monte au Front La ministre de la Culture entre dans la bataille contre l’extrême droite. Hier après-midi, Audrey Azoulay a téléphoné à Christian Estrosi, le président de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur pour l’avertir de sa décision concernant le Festival d’art lyrique d’Orange, ville dirigée par Jacques Bompard (Ligue du Sud). Le directeur général des Chorégies a démissionné à la suite de la prise de la présidence du festival par une adjointe de Bompard. Raymond Duffaut a qualifié cette nomination de « coup de force », ce que dément le maire. La ministre de la Culture ne laissera pas faire. « Après échange avec Christian Estrosi, tant que les choses ne seront pas revenues à la normale aux Chorégies, je suspendrai nos relations avec la manifestation », prévient Audrey Azoulay. E.dESSOnS/Jdd Geoffroy Didier s’attaque au logement social Vice-président chargé du Logement dans l’équipe Pécresse en Île-de-France, Geoffroy Didier va dévoiler cette semaine sa politique en présence d’Emmanuelle Cosse, la ministre du Logement, qui occupait précédemment ce poste à la Région. Didier veut « casser les ghettos urbains » en stoppant le financement du logement social là où « il y en a trop ». Jack Lang émissaire au Japon À la demande du président de la République, Jack Lang sera à Tokyo mardi pour remettre les insignes de commandeur de la Légion d’honneur à Issey Miyake. Le styliste, 77 ans, fait l’objet d’une grande rétrospective dans son pays. « Un monument de la création contemporaine, l’un des hommes les plus remarquables que le monde de la culture ait connu au XXe siècle », a déjà écrit Lang dans son discours. à suivre cette semaine Lundi Réunion des ministres de l’Agriculture de l’Union européenne sur le soutien aux prix du lait réclamé par la France. g Inauguration de l’institut de recherche Pierre-Gilles de Gennes. g Séminaire, à huis clos, des parlementaires PS et du gouvernement à propos du projet de loi El Khomri. g Salon européen de l’éducation. g Semaine de la presse et des médias à l’école. g Réouverture du restaurant Le Petit Cambodge, l’un des lieux attaqués par les terroristes le 13 novembre. g Annonce par le maire de Bordeaux Alain Juppé (photo) de l’architecte qui construira Le sénateur Luc Carvounas vient d’écrire à son ami Manuel Valls. Alors que les buralistes s’inquiètent de l’arrivée du « paquet neutre » le 20 mai, Carvounas souhaite que les cigarettiers ne soient plus autorisés à livrer davantage de cigarettes que ce que les marchés réclament. Il s’agit de tarir la source des trafics de tabac organisés par les fabricants. Selon les calculs du sénateur, la France recouvrerait ainsi chaque année 3 milliards d’euros de pertes fiscales et les buralistes récupéreraient 250 millions de recettes. 5 L’annonce de la mort du producteur des Beatles, George Martin, bouleverse certains fans de Games of Thrones, la saga de… George RR Martin. Ce dernier se veut rassurant. @GRRMspeaking Je ne suis pas encore mort. Le top 5 Google tendances de recherches du 4 au 11 mars (plus fortes progressions) Tous les sujets France Personnalités politiques 1. Journée des femmes 2. Bertrand Chameroy 3. Marie-Laure Picat 4. Olivia Inglis 5. PSG-Montpellier 1. François Hollande 2. Nicolas Sarkozy 3. Manuel Valls 4. Emmanuel Macron 5. Nathalie Kosciusko-Morizet Nos classements et analyses sur lejdd.fr retrouvez à suivre cette semaine ce matin entre 6 h et 10 h dans Week-end Première sur la plus haute tour à ossature en bois de France. Mardi Cinquième anniversaire du début de la guerre civile en Syrie. g Ouverture du Mipim, au palais des festivals à Cannes, le plus grand salon des professionnels de l’immobilier. g Trophées des Français de l’étranger. g Première PHILIPPE WOJAZER/REUTERS ; IBO/SIPA ; PJB/SIPA ; BERnARd BISSOn POUR LE Jdd ; PARSPIx/ABACA L’ami de valls et les buralistes à Roselyne Bachelot pour critiquer l’attitude du cardinal Philippe Barbarin, accusé d’avoir couvert des prêtres pédophiles. @R_Bachelot Mgr Barbarin défilait contre le mariage homosexuel au motif de protéger les enfants. Il devrait garder ses forces pour de meilleurs combats ! à Lyon de l’opéra Benjamin, dernière nuit, de Régis Debray et Michel Tabachnik. Mercredi Conférence internationale à Bali sur les conséquences environnementales de la culture de l’huile de palme. Jeudi Conseil européen jusqu’à vendredi à Bruxelles. g Ouverture du 36e Salon du livre porte de Versailles avec la Corée du Sud à l’honneur. g Salon mondial du tourisme. Vendredi L’écrivain Édouard Louis assigné pour atteinte à la présomption d’innocence et à la vie privée à la suite de son roman Histoire de la violence. g Centième édition de la Foire de Lyon. g Festival de jazz Banlieues bleues en Seine-Saint-Denis. national des harkis au mémorial de Rivesaltes. Samedi Dimanche 150e anniversaire de la fondation Apprentis d’Auteuil, qui accompagne 30.000 jeunes en difficulté. g France-Angleterre au Stade de France, dernière journée du Tournoi des VI Nations de rugby. g Rassemblement Congrès de l’UDI. g Discours d’Ali Khamenei (photo) dans le cadre du Nouvel An iranien. g Journée de la francophonie. g Dans le cadre du Printemps du cinéma, séances à 4 € jusqu’au mardi suivant. 8| Politique jdd | 13 mars 2016 LES RÉPUBLICAINS Ex-Premier ministre, président de la commission des affaires étrangères du Sénat, Jean-Pierre Raffarin, qui a rallié Juppé, se dit « inquiet » pour la France « Le silence de Mme Le Pen est tactique » peuvent mener l’agitation qu’ils voudront. La sagesse sera toujours dans le camp du Sénat. INTERVIEW DOMINIQUE DE MONTVALON @Demontvalon1 ET CHRISTINE OLLIVIER @Chr_Ollivier J Le président de l’UDI Jean-Christophe Lagarde déplore l’absence de discussion avec Les Républicains et affirme que, dans ces conditions, la primaire aurait lieu sans les centristes… ean-Pierre Raffarin, qui milite plus que jamais pour que les centristes participent à la primaire des 20 et 27 novembre, ne cache pas son inquiétude face à l’état du pays (un pouvoir « trop faible », une opposition « trop incertaine », des élections « trop lointaines ») et à l’état d’une Europe divisée face à « la montée des nationalismes et des populismes ». L’élu de la Vienne, qui enterre de facto la réforme constitutionnelle sur la déchéance de nationalité, évoque « une situation excessivement dangereuse ». Il n’exclut pas à terme « des troubles ». La primaire sans les centristes perdrait beaucoup de son intérêt stratégique. Je suis naturellement sur la ligne d’Alain Juppé. Le centre a une responsabilité : placer un candidat républicain de la droite et du centre devant Mme Le Pen au premier tour de l’élection présidentielle. Le combat contre le Front national nous impose l’unité, et nous impose donc de trouver les modalités d’un accord entre la droite et le centre, pour que les primaires garantissent à notre candidat l’accès au second tour. La France est-elle au bord d’une explosion sociale ? Je suis inquiet. Le pays gronde, en raison du double échec – politique et économique – du pouvoir, mais aussi en raison du sentiment profond que la politique ne traite pas les vrais sujets des Français. La France est-elle irréformable ou le gouvernement se trompe-t-il, avec le projet de loi El Khomri, de calendrier et de méthode ? Jean-Pierre Raffarin, vendredi, dans son bureau au Sénat. Éric dessons/Jdd ploi un sujet de l’état d’urgence, et de rechercher l’unité nationale pour ce combat. Vous aviez justement proposé Je sais par expérience que le au gouvernement, après les temps de la réforme, c’est générégionales, d’élaborer ensemble ralement le début d’un quinquenun plan contre le chômage… nat. Aujourd’hui, Le gouverneà l a ve i l l e d e ment a privilégié, l’élection pré- Loi Travail : « On dans sa réponse à s i d e n t i e l l e e t confond réforme l’inquiétude des comme ce fut le Français, la réforme constitucas dans le quin- et manœuvre » tionnelle plutôt quennat précédent – je pense que la lutte pour à la TVA sociale –, on confond l’emploi. C’est, je pense, l’erreur réforme et manœuvre. du quinquennat. Était-il nécessaire de réformer le Code du travail ? Il est vital de réformer le Code du travail et nous ne pouvons que soutenir cette ambition. Mais il est surtout vital de faire de l’em- Pour François Fillon, la primaire doit permettre de choisir entre « un changement puissant » – lui – et « un changement prudent », visant à l’évidence Juppé. C’est sur ces bases que se jouera la primaire ? Des lycéens et des étudiants prévoient de redescendre dans la rue dès cette semaine pour contester le projet El Khomri… Ces manifestations révèlent la grave crise de la gauche française. Elle est sans espoir. Dans notre situation économique et de sécurité, personne ne peut se réjouir du désordre. Car c’est dans le désordre que naissent les plus graves menaces. Le pays aurait besoin de la paix sociale pour mieux lutter contre le terrorisme. La situation est donc excessivement dangereuse. Le pouvoir est trop faible, l’opposition trop incertaine et les élections trop lointaines pour que nous soyons rassurés. Que pensez-vous de la façon dont François Hollande gère la situation ? La situation politique affaiblit considérablement la parole du président. Même quand il est juste, il est faible. Notamment sur la question européenne, l’absence de vision et de discours du gouvernement français est coupable. L’Europe, c’est nous. Que ce soit pour les réfugiés, pour l’agriculture ou pour tous les autres sujets de l’espace européen, la puissance française fait défaut. Comment jugez-vous la manière dont l’Europe fait face à la crise des réfugiés, et notamment de ses négociations avec la Turquie ? Cela ne me semble pas maîtrisé, tout me semble imposé. Nous sommes opposés à l’entrée de la Turquie dans l’Union européenne mais nous avons toujours dit que nous souhaitions un accord de bon voisinage avec la Turquie. Ce serait l’occasion de bâtir cette nouvelle donne de relation entre l’Union européenne et la Turquie. Or, on sent que c’est Angela Merkel qui mène la course. Malgré les appels de Manuel Valls à un vote conforme, les sénateurs semblent décidés à réécrire Je pense que la situation de la France en 2017 sera particulièrement grave. Je ne crois pas que nous allons connaître douze mois paisibles dans la période à venir, aussi bien sur le plan de la politique intérieure que L’Assemblée nationale et de la politique étrangère. Dans la majorité socialiste ont créé ce contexte de doutes, voire de sur ce texte la troubles, ce qui comptera, c’est confusion. Ils ont à la fois le courefusé la ligne « La sagesse sera tracée par Fran- toujours dans rage et l’éthique çois Hollande de responsabiau Congrès. Le le camp du Sénat » lité. C’est sur ces Sénat se doit deux valeurs que de revenir aux se fera le choix fondamentaux des Français. du texte. Ce travail est à l’honLe parti LR semble s’acheminer neur du Sénat. Le Sénat crée de vers la distribution des investitures la cohérence là où l’Assemblée aux législatives d’ici au mois de nationale a créé du désordre. juin, via un compromis entre les l’article 2 de la révision constitutionnelle sur la déchéance de nationalité. Approuvez-vous cette démarche qui peut conduire de facto à l’enterrement de la réforme ? Le président du groupe PS à l’Assemblée, Bruno Le Roux, dit déjà que la droite sénatoriale portera la responsabilité d’un échec du Congrès… C’est le pyromane qui se rêve en pompier ! Mais les Français pourront-ils comprendre que cette réforme institutionnelle finisse dans le mur ? C’est la responsabilité de l’exécutif. Nous avons vécu un drame national le 13 novembre, un Congrès à Versailles le 16 novembre. Le président de la République nous a alors proposé, dans un grand moment d’émotion nationale, de poursuivre l’unité sur l’état d’urgence et la déchéance de nationalité. Sur cet esprit du 16 novembre, le Sénat est aujourd’hui à la hauteur de ses responsabilités. Qui trahit cet esprit de consensus du Congrès ? C’est la majorité socialiste à l’Assemblée, ce n’est pas le Sénat. Ils différents candidats à la primaire. Approuvez-vous cette approche ? On comprend que les députés sortants demandent une investiture anticipée par rapport à ce qui se passe habituellement. Pour les autres, il serait nécessaire qu’ils adhèrent aux orientations, par définition courageuses et graves, qui sortiront de la primaire. On le voit aujourd’hui : un désaccord entre la majorité et le président signifie le blocage. La menace FN s’est-elle atténuée ou renforcée ? Le relatif silence actuel de Mme Le Pen est tactique. Sa campagne silencieuse reste active sur le terrain. Elle est alimentée par l’actualité : celle des chômeurs, celle des réfugiés. Il faut rester extrêmement vigilant car ce silence n’est pas un affaiblissement. Comme partout en Europe, la montée des nationalismes et des populismes annnonce celle des haines et des tensions. g Politique | 9 jdd | 13 mars 2016 Le FN en embuscade LégisLatives partieLLes trois élections doivent désigner les successeurs de valérie pécresse, Xavier Bertrand et gérald Darmanin Jean-François Copé, hier, à Meaux. Éric DESSONS/jDD Copé veut « cheffer » Lr Le maire de Meaux a donné hier le coup d’envoi officiel de sa campagne pour la primaire de la droite Christine OLLivier @Chr_Ollivier « Il a une drôle d’idée d’être candidat. Il n’a pas vu ses sondages ? Il n’a pas vu son image ? » Crédité pour l’heure de 3 % des voix, Jean-François Copé pratique l’autodérision. Mais sa candidature à la primaire de novembre, elle, est très sérieuse, insiste-t-il. D’ailleurs, les parrainages de parlementaires nécessaires, « je les ai. Je ne suis pas un amateur ». « Aujourd’hui, je suis à 3 %, c’est exact. Mais novembre, c’est tellement loin. Il peut se passer tant de choses et je suis tellement déterminé… » Copé a donné hier le coup d’envoi de sa campagne dans sa ville de Meaux (Seine-et-Marne), avant de partir pour un tour de France qui le conduira dans une cinquantaine de départements d’ici à juillet. Une tribune installée en plein air devant le monument en hommage aux combattants de la bataille de la Marne en 1914, quelque 500 sympathisants, une poignée de parlementaires, des tartines de brie et du cidre en guise d’apéro pour un budget total de 12.000 € : on était très loin du show d’un Bruno Le Maire la semaine précédente devant 2.000 personnes à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis). Au moins le candidat a-t-il de la chance : c’est sous un grand soleil qu’il a pris la parole. « Cela fait partie de l’alignement des planètes », sourit-il. De la bataille de la Marne, Copé a tiré foi dans les « miracles » et repris, en guise de slogan de campagne, le mot de Joffre face à l’avancée des armées allemandes : « On ne recule plus. » Car la « droite décomplexée » qu’il entend incarner, c’est « la droite qui ne reculera plus », celle dont « la main ne tremble pas quand il s’agit de prendre des décisions difficiles ». « Notre pays a besoin d’un chef » et « un chef, c’est fait pour cheffer », résume-t-il, reprenant une expression chère à Jacques Chirac. « Avec moi, la France sera gouvernée ». « Je n’ai jamais été membre d’un gouvernement Sarkozy » S’il a « mis en garde » les Français contre la « la droite Donald Trump », « populiste » et « racoleuse », Copé s’en est surtout pris à la « droite qui recule tout le temps », dénonçant « l’obsession du compromis » qui « généralement se termine de la même manière : pas de réformes, pas de résultats et on perd l’élection présidentielle ». Une pierre dans le jardin de Nicolas Sarkozy. D’autant que le député-maire de Meaux a aussi moqué « l’hypocrisie » de ceux qui « disent […] “On aurait tellement voulu changer les choses. On avait promis de le faire… On vous promet : la prochaine fois on le fera !”» « Je n’ai jamais été membre d’un gouvernement Sarkozy, rappelle-t-il en privé. C’est une vraie différence » (avec ses rivaux). Au passage, il a aussi souligné une « divergence » avec « Nicolas Sarkozy ou François Fillon » : il est hostile au référendum. « Qui peut comprendre que trois ou cinq mois après [la présidentielle], on redemande au peuple français de se prononcer sur un programme pour lequel on vient déjà d’être élu ? Sauf à vouloir se donner une dernière chance de ne pas l’appliquer… » g Les invités politiques du dimanche g gérard Larcher (Lr) : Le Grand Rendez-vous, Europe 1/ Le Monde/iTélé, à 10 heures. g Yannick Jadot (eeLv) : 30 Minutes pour convaincre, Judaïques FM, à 10 h 30. g Jean-François Copé (Lr) : Bureau politique, LCI, à 10 h 30. g Bruno Julliard (ps) : Agora, France Inter/L’Obs, à 12 heures. g Daniel Cohn-Bendit (député européen : Générations d’idées, Public Sénat, à 12 heures et 19 heures. g Jean-François Copé (Lr) : 12/13 Dimanche, France 3, à 12 h 10. g philippe Martinez (Cgt) : Le Grand Jury, RTL/Le Figaro/LCI, à 12 h 30. g Benjamin Lucas (MJs), William Martinet (unef), Laurence parisot (ifop) : Le Supplément, Canal+, à 12 h 55. g hervé Mariton (Lr) : Forum, Radio J, à 14 h 20. g rachida Dati (Lr), stéphane gatignon (écologistes !): BFM Politique, BFM TV/Le Parisien Aujourd’hui en France/RMC, à 18 heures. g Laurent Berger (CFDt) : 18 h Politique, iTélé, à 18 heures. g Jean-Luc Mélenchon (pg) : C politique, France 5, à 18 h 35. g Marie-anne Chapdelaine (ps) : Grand Écran, LCP Assemblée nationale, à 20 h 30. g nicolas Bay (Fn) : Soir 3, France 3, à 23 h 55. Trois mois après les régionales, les électeurs sont à nouveau appelés aux urnes aujourd’hui et dimanche prochain dans les Yvelines, l’Aisne et le Nord pour élire les successeurs à l’Assemblée nationale de Valérie Pécresse, Xavier Bertrand et Gérald Darmanin. Élus respectivement présidents et vice-président de leur région, ils ont tous trois renoncé à leur mandat national pour se consacrer à leurs nouvelles fonctions. L’« effet Bertrand » La droite part favorite de ces scrutins, mais le Front national espère créer la surprise à Tourcoing et surtout à Saint-Quentin. Sur fond d’impopularité du gouvernement, de divisions et d’abstention qui s’annoncent élevée, ces législatives partielles sont aussi un test pour la gauche alors que se profilent déjà des duels LR/FN pour le second tour. Dans la 2e circonscription de l’Aisne, Julien Dive (LR) espère profiter d’un « effet Bertrand », après la victoire de l’ancien ministre face à Marine Le Pen aux régionales. Alors que la gauche se présente éparpillée entre cinq candidats, dont la socialiste Anne Ferreira, le principal danger pour le porte-drapeau de la droite viendra de la candidate FN Sylvie Saillard, dans un département où le Front national est fortement implanté. À Tourcoing-nord (10 e circonscription du Nord), le maire de la commune voisine de Roncq, Vincent Ledoux (LR), fait aussi figure de favori pour succéder à Gérald Darmanin. Soutenu par les ténors du parti, dont Nicolas Sarkozy, il va devoir affronter la candidate FN Virginie Rosez. Là aussi, la gauche est divisée, avec pas moins de quatre candidats (PS, PCF, EELV, MRC). Dans les Yvelines, Pascal Thévenot (LR), également soutenu par l’UDI et le MoDem, espère succéder à Valérie Pécresse. Mais, dans cette circonscription acquise à la droite, la concurrence du divers droite Didier Blanchard (DVD) et de Benjamin La Combe, proche de La Manif pour tous, pourrait le contraindre à un second tour. C.O. Les sièges de députés de Gérald Darmanin, Valérie Pécresse et Xavier Bertrand sont remis en jeu aujourd’hui et dimanche. WiTT/SiPA ; Éric DESSONS/jDD Polémiques sur les noms des régions vivien vergnauD @Vergnaud ADIEU Nord-Pas-de-Calais-Picardie ! Les habitants de la nouvelle région sont consultés ce week-end pour choisir entre « Hauts-deFrance », « Nord-de-France » ou « Terres-du-Nord ». Trois noms proposés par des lycéens. La décision sera officialisée demain en séance plénière du conseil régional présidé par Xavier Bertrand. Une consultation citoyenne identique commence demain en Alsace-Champagne-Ardenne-Lorraine et durera jusqu’au 1er avril : il faut voter pour « Acalie » (issu de l’acronyme Acal), « Rhin-Champagne » ou « Nouvelle-Austrasie » (nom du royaume franc-oriental jusqu’en 751). Dans les deux cas, le nouveau nom n’efface pas l’ancien, qui restera en « sous-titre ». Qu’importe, moins de 24 heures après ces annonces, les polémiques sont déjà là. Dans l’Est, beaucoup regrettent le terme « Grand-Est », favori dans les sondages, mais non-retenu par le groupe de travail. Dans un vote sur le site du quotidien local L’UnionL’Ardennais, environ 60 % des internautes qui se sont exprimés disaient hier n’aimer aucun des trois noms. Dans le Nord, où « Hauts-deFrance » est favori, Le Courrier picard a lancé un appel au boycott de la consultation dans un édito intitulé « La Picardie outragée ». Pour les autres régions, rien n’a été établi. Des propositions seront faites d’ici à juin pour Aquitaine-Limousin-Poitou-Charentes et, avant la mi-avril, pour Midi-PyrénéesLanguedoc-Roussillon. g 10 | InternatIonal jdd | 13 mars 2016 États-unis Les primaires de mardi dans cinq États seront décisives pour les adversaires du milliardaire ultraconservateur s’ils veulent lui barrer la route de la Maison-Blanche Contre Trump, la guerre est déclarée « Oui, Trump est un fasciste », affirme clairement au JDD le maire de Miami, Tomás Regalado. À près ascisme ». Le mot a de 70 ans, cet Américain né à Cuba, été lâché lundi matin est un parrain du jeune sénateur de par l’éditorialiste du Floride et candidat républicain à la Washington Post primaire Marco Rubio, qu’il a vu Dana Milbank. Moins naître en politique. Rubio a participé d’une semaine avant les incidents de à la première campagne municipale vendredi soir, qui ont opposé les partidu maire avant de se lancer à son cipants au meeting de Donald Trump propre compte et devenir président à Chicago à des centaines de manifesde la Chambre des Représentants tants associatifs venus protester contre du Sunshine State à 29 ans puis la xénophobie du sénateur dix ans candidat milliar- « Pendant quatre plus tard. Regadaire, Milbank lado argumente : avait donc enfoncé cents ans, ce pays « Quand Trump parle le langage le couteau dans la était à 80 % blanc, de la haine pour plaie. Face à la s’en prendre aux colère des mani- demain ce sera festants et aux l’inverse. Ce n’est pas musulmans, aux Mexicains, aux risques d’incidents graves, Trump a normal de défier ainsi femmes ou aux handicapés, ce annulé son mee- l’équilibre ethnique ting, ce qui a dén’est pas pour procuplé la rage de d’un pays » mouvoir la race ses partisans. Les Ann Coulter, essayiste, aryenne, mais ça insultes racistes soutien de Donald Trump me fait peur. Ce ont fusé dans le populisme-là, je stade de l’université où devait se tenir l’ai bien connu avec Fidel Castro ou le rassemblement. Hugo Chávez quand ils s’en prenaient Milbank avait été estomaqué par aux riches. » Le maire de Miami, qui a vu grandir cette immense cet autre meeting, samedi 5 mars à ville hispanique à l’image d’une Orlando, au cours duquel Donald Amérique qui se métisse de jour Trump avait demandé à la foule présente de lui faire allégeance à en jour, se souvient de l’époque où main levée. Puis par ces remarques certains endroits publics de sa ville répétées et insistantes du milliardaire étaient « interdits aux Cubains et aux justifiant la violence de ses partisans chiens ». Il ne veut pas revenir en lorsque ses meetings sont perturbés arrière. par des opposants, la plupart du temps noirs ou latinos. Trump fas« Trump est un gagnant » ciste ? Violent ? Est-il encore temps de Voilà un avis qui est évidemment loin d’être partagé par les l’éliminer de la compétition ? Avant qu’il ne soit trop tard ? électeurs de Trump, à qui les der- F MiaMi, Fort LauderdaLe (FLoride) Envoyé spécial François CLeMenCeau @Frclemenceau « Des supporters du candidat républicain Ted Cruz à Coral Gables (Floride), jeudi. angel Valentin /POlaris POur le Jdd niers sondages donnent 15 points d’avance en moyenne en Floride pour la primaire de mardi. Jeudi, à quelques heures du débat télévisé qui devait opposer les quatre candidats républicains à Miami, la grande prêtresse du conservatisme américain, l’essayiste et pamphlétaire Ann Coulter, était en ville. Venue faire la promotion de son dernier livre, Adiós, América. Le plan de la gauche pour nous emmener vers l’enfer du tiers-monde. Dans une librairie élégante de Coral Gables, elle dédicace son livre à des policiers en uniforme ou à des gars baraqués aux cheveux ras. Comme Erik, 45 ans, casquette Trump vissée sur le crâne. Le gaillard est entrepreneur dans les travaux publics : « Trump est un gagnant, il fait du business dans le monde entier. Et sur les immigrés, il a raison. Moi, j’ai dû en embaucher des dizaines pour Le marathon de l’investiture républicaine : 1.237 délégués pour gagner Nombre de délégués acquis au 12 mars 2016 459 152 360 Ted Cruz Donald Trump 54 Marco Rubio John Kasich États votants mardi 15 mars (nombre de délégués à élire) Washington Oregon Dakota du Nord Montana Idaho Wyoming Californie Utah Minnesota Vermont Wisconsin Dakota du Sud Colorado Nouveau Arizona Mexique New York Iowa Géorgie Texas Alaska Louisiane Hawaï Porto Rico Maine Massachusetts Michigan Rhode Island Illinois Ohio Pennsylvanie Connecticut (69) Indiana (66) West New Jersey Missouri Kansas Virginia Delaware Kentucky (52) Virginie Maryland Tennessee Oklahoma Arkansas District of Columbia Nebraska Nevada New Hampshire Alabama Caroline du Nord (72) Caroline du Sud Floride (99) Mississippi Source : AP/New York Times mes chantiers mais je vois bien qu’ils veulent toucher les allocations et ne pas payer d’impôts. » Ce raccourci, que contestent les élus démocrates et le patronat américain, n’est rien à côté de ce qu’entrevoit Ann Coulter. « Je suis triste pour ces gens qui souffrent dans leur pays, mais je suis surtout triste pour ceux qui souffrent dans mon pays, confie-elle au JDD. Le quart de la population mexicaine est déjà entrée chez nous et c’est pourquoi j’espère que Trump ne sera pas stoppé. Il faut d’abord nous sauver nous-mêmes, si on ne le fait pas, on est morts. Pendant quatre cents ans, ce pays était à 80 % blanc, demain, ce sera l’inverse. Ce n’est pas normal de défier ainsi l’équilibre ethnique d’un pays. » Des pro-Trump, il y en a partout en Floride. Surtout lorsqu’on remonte de Miami vers le nord. Comme à Fort Lauderdale, l’une des villes qui a le plus souffert de la crise des subprimes de 2008. Barry Goldkind est agent immobilier. « Je suis né démocrate dans une famille juive de Washington, raconte-t-il. Mon père a débarqué sur les plages de Normandie après avoir fui les pogroms de Pologne dans les années 1930… Voilà d’où vient mon patriotisme. Mais je me suis rendu compte, après avoir voté pour Clinton puis Gore en 2000, qu’ils nous avaient menti sur le terrorisme. Depuis le 11-Septembre, je vote donc républicain. Lorsque j’ai pris ma carte chez eux, j’avais les larmes aux yeux. » Et Trump ? N’est-ce pas lui que la plupart des organisations juives du pays ont dénoncé pour ne pas s’être distancé immédiatement du soutien que lui apportait récemment l’un des chefs du Ku Klux Klan ? « Trump n’est pas antisémite. Sa fille s’est convertie au judaïsme, il est de New York et il a présidé la parade d’Israël sur la 5e Avenue. » Avant de conclure : « Avec tous ces musulmans qui s’installent chez nous et qui considèrent leur maison ou leur mosquée comme une terre Comme ici à Chicago (Illinois), vendredi, où la police a fait visant Trump sans le nommer, a appelé les candidats à d’islam, il nous faut un nationaliste à la Maison-Blanche. » « Si Rubio perd la Floride... » Dans le camp Rubio, la grande question est donc de savoir comment arrêter Trump à temps. Le jeune sénateur a déjà appelé ses troupes dans l’Ohio à soutenir le gouverneur local, John Kasich, le petit dernier dans la course aux délégués. S’il gagne dans son propre fief, il empêchera Trump de rafler les 66 délégués qu’offre cet État pour la convention de l’été prochain qui se déroulera justement dans l’Ohio, à Cleveland. Et en Floride ? Les militants proRubio s’activent comme des fous La course de ELLE AuRAIT PEuT-êTRE préféré que son adversaire « socialiste » s’effondre plus tôt. Mais Hillary Clinton a retenu les leçons de son échec en 2008 face à Barack Obama : à l’époque, elle avait tout misé sur une victoire rapide alors qu’Obama avait adopté la stratégie de la tortue. « Bernie gagne certaines primaires, j’en gagne d’autres, ce qui compte, c’est d’avoir la majorité des délégués pour la Convention », a-t-elle donc assuré mercredi soir lors de son débat télévisé de Miami avec Sanders. Le mode de scrutin proportionnel des primaires démocrates ralentit le rythme d’acquisition des délégués, mais à ce stade, l’ancienne secrétaire d’État en a deux fois plus que son concurrent et n’entend pas s’arrêter en si bon chemin. Elle est donnée gagnante en Floride et dans l’Ohio, dans l’Illinois (l’État de Barack Obama, ce qui en fait un véritable test sur la popularité du président dans son propre camp après deux mandats), en Caroline du Nord, InternatIonal | 11 jdd | 13 mars 2016 Dilma Rousseff joue sa survie Dilma Rousseff à Rio de Janeiro, jeudi. RiCARDO MORAeS/ReuteRS BRésil l’opposition appelle à une manifestation nationale aujourd’hui pour demander la démission de la présidente brésilienne, engluée dans le scandale Petrobras Rio de JaneiRo (BRésil) CorrespondanCe adèle smith évacuer la salle, les derniers meetings de Donald Trump ont été émaillés d’incidents. Ces violences ont choqué jusqu’au président Barack Obama, qui, cesser les « insultes et les railleries de cour d’école ». ChRiS SweDA/AP/SiPA pour faire gagner leur champion. Daniela Ferrara, 18 ans, fait du porteà-porte depuis deux semaines. Elle s’identifie à Rubio. Elle a débarqué avec sa famille de Cuba à Miami à l’âge de 3 ans. « Nous sommes arrivés ici sans un sou, comme Rubio, et il a fallu refaire notre vie. Rubio va réunifier le parti et construira des ponts, pas des murs. Si Trump obtient la nomination, c’est la fin du parti. Et s’il est président, ce sera la fin de l’Amérique comme superpuissance. » Chris Willis, 35 ans, activiste conservateur, rentre lui aussi de tournée électorale dans le nord de la Floride. « Trump ne fait que cracher de la haine et il ridiculise le parti. Rubio n’est pas stupide. C’est l’outsider qu’on ne voit pas venir, toutes ses élections passées l’ont prouvé. » C’est vrai que Rubio l’a toujours emporté jusqu’à présent en partant de rien, mais en attendant mardi, tout le monde est d’accord sur le pronostic : si Trump rafle les 99 délégués de Floride et en profite pour gagner au passage la Caroline du Nord, le front qui se coalise contre lui aura vraiment intérêt à se renforcer. « Si Rubio perd la Floride, je ne vois pas comment il peut continuer », commente Gregory Koger, professeur de sciences politiques à l’université de Miami. « Il manque d’argent. Les Super PAC [comités lenteur de Hillary Clinton et elle est au coude-à-coude avec Sanders dans le Missouri. Comme Obama en 2008 et 2012, Hillary a beaucoup investi sur le vote des minorités et notamment sur le vote latino, capital en Floride avec l’électorat d’origine cubaine et portoricaine. « C’est notre moment à nous les Latinos », confie au JDD Julian Castro, le jeune ministre du Logement d’origine mexicaine de Barack Obama et bien placé pour devenir candidat à la vice-présidence sur le « ticket » de Hillary à la Convention. « Depuis 2012, trois millions Partisans de Bernie Sanders à Coral Gables (Floride), jeudi. Angel VAlentin /POlARiS POuR le JDD électoraux sans limites de dépense et théoriquement sans relation directe avec un candidat en particulier] peuvent aider à faire de la publicité négative contre Trump, mais ce ne sont pas eux qui financent les avions, les hôtels, les ouvertures de permanence et les locations de stade. » Or il reste plus d’une vingtaine d’États qui doivent voter d’ici au mois de mai. Trump a non seulement toutes les outrances pour illustrer son argumentaire populiste mais également la fortune nécessaire pour le défendre, la sienne. g lejdd.fr « Bureau ovale, saison 3 », la campagne présidentielle par épisodes de jeunes Latinos ont fêté leurs 18 ans, ce qui s’ajoute à l’électorat déjà existant, qui atteint presque les 30 millions », poursuit-il. Avant de mettre en avant l’hypothèse d’un duel Trump-Clinton : « Il nous provoque, mais s’il veut vraiment déporter tous les immigrés sans papiers, cela suscitera un sursaut dans notre communauté. » Ce qui reste à démontrer. Pour Henry Muñoz, trésorier du Parti démocrate, « Trump attire plus de monde que nous vers les urnes parce que c’est une star de la téléréalité. Mais s’il obtient la nomination, la menace qu’il représente sera telle que cela motivera puissamment les gens pour aller voter contre lui. » Et le patron des sondages de la campagne de Hillary, Joel Benenson, de commenter : « On gagnera en 2016 parce qu’on est plus unis que les Républicains et qu’ils sont complètement déconnectés des réalités sur l’immigration et les questions de société. Cela devrait galvaniser les électeurs dans les États qui comptent. » À l’image de la Floride et de l’Ohio… F.C. (à miami) réduction de peine avec la justice dans l’affaire Petrobras. Pour Dilma Rousseff, les ennuis ne s’arrêtent pas là. Elle est aussi confrontée au délitement de son propre camp. Le grand allié centriste de sa coalition, le Parti du mouvement démocratique brésilien (PMDB), parti au cœur des transitions politiques depuis la fin de la dictature, s’est réuni hier en congrès national à Brasilia pour définir sa stratégie. Il a finalement décidé de reporter sa décision sur la procédure de destitution lancée en 2015 contre la présidente pour maquillage des comptes publics. Mais de nombreux députés ont d’ores et déjà averti qu’ils ne la soutiendraient plus. Le Tribunal fédéral suprême doit fixer mercredi le calendrier de la procédure de destitution. C’est le week-end de tous les dangers pour Dilma Rousseff, en plein naufrage politique. Galvanisée par les déboires de l’ex- président Lula et les récentes révélations liant pour la première fois la chef de l’État brésilienne au vaste scandale de corruption Petrobras, l’opposition a appelé les Brésiliens à descendre dans la rue aujourd’hui pour réclamer sa démission. Des risques de confrontation ne sont pas écartés. Sur la défensive, Dilma Rousseff a exclu vendredi tout départ. Mais, signe de son impuissance, elle a appelé à l’aide son mentor, en proposant à Lula un poste dans son gouvernement. Elle ne pouvait choisir pire moment, l’icône de la gauche est au cœur de la tempête. Déjà soupçonné d’être l’un des « principaux « Sept à huit personnes vont lâcher le morceau » bénéficiaires » du système Petrobras et humilié la semaine dernière Il y a quelques semaines encore, par une brève interpellation, il les chances de survie politique de est aussi accusé de blanchiment la présidente semblaient intactes d’argent, faux et usage de faux mais désormais, les paris sont dans une autre affaire, et menacé ouverts. « Je doute qu’elle reste au de prison. Même si une partie de pouvoir jusqu’aux Jeux olympiques l’opinion reste persuadée de l’ins[en août] », prévient Gabriel Petrus, trumentalisation de la justice par consultant politique au cabinet Bardes médias réputés hostiles au Parti ral M. Jorge, selon lequel la classe politique semble désormais « plades travailleurs, la formation de Lula et Dilma cer la survie du Rousseff, les système démocra« Je doute qu’elle accusations tique brésilien aude corruption reste au pouvoir dessus de celle de se font chaque la présidente ». Il jour un peu jusqu’aux JO » estime que la soplus précises Gabriel Petrus, consultant politique ciété brésilienne, à l’encontre de qui soutient l’enquête contre l’ex-président. De quoi attiser l’exaspération d’une Petrobras, est également « prête à population touchée de plein fouet sacrifier Lula et Dilma au nom de la par une grave crise économique. lutte contre la corruption ». Lula a habilement choisi la straté« La situation est très grave à la gie du martyr. Lui comme sa profois pour Lula et Dilma Rousseff, » tégée nient les accusations. assure de son côté David Fleischer, professeur à l’université de Brasilia. Révélations chocs D’après le politologue, l’enquête Les médias brésiliens multicontre Petrobras promet de nouplient quant à eux les révélations veaux rebondissements dans les chocs. Après avoir affirmé le 3 mars semaines à venir, lorsque les lanque la présidente avait manipulé gues de personnalités politiques et l’enquête contre Petrobras, l’hebhommes d’affaires proches de Lula domadaire Istoé revient à la charge et Dilma Rousseff arrêtés récemce week-end en assurant qu’elle a ment vont se délier. « Sept à huit reçu des pots-de-vin liés au barrage personnes entrées ou sur le point de Belo Monte pour financer ses d’entrer en négociation de réduction campagnes électorales. Des accude peine avec la justice vont lâcher sations fondées sur les révélations le morceau, comme le sénateur Delcídio do Amaral, affirme-t-il. supposées d’un sénateur du parti au pouvoir, Delcídio do Amaral, Il faut s’attendre à des révélations lequel serait en négociation de accablantes. » g 12 | InternatIonal JDD | 13 mars 2016 « Mutti » fait de la résistance AllemAgne Fragilisée par la crise des réfugiés, Angela Merkel pourrait être sanctionnée lors des élections organisées aujourd’hui dans trois Länder. Mais il en faudra plus pour déboulonner la chancelière tout le temps, pourquoi elle a choisi l’ouverture. » Pour l’instant, les candidats qui s’en sortent le mieux sont ceux qui dévient du cours officiel du parti. En Rhénanie-Palatinat, la tête de liste, la puissante Julia Klöckner, souvent présentée comme une potentielle future chancelière, a fait campagne autour d’un plan alternatif très strict sur les conditions d’intégration des réfugiés. Elle a reçu le soutien de Horst Seehofer (CSU), le patron des Bavarois, l’un des principaux frondeurs chez les chrétiens-démocrates. En SaxeAnhalt, le ministre- président CDU, Reiner Haseloff, a, lui, osé un slogan digne de l’extrême droite : « Nos gens, notre patrie ! » Ce soir, incontestablement, cette motion-là, que la chancelière était parvenue à étouffer au congrès de décembre, sera renforcée. Berlin (AllemAgne) CorrespondanCe Hélène KoHl Suivra-t-elle la soirée électorale depuis le siège de la CDU ? Ou dans son bureau, au 7e étage de la chancellerie ? Angela Merkel prendra-t-elle acte des premières tendances en tant que présidente des conservateurs ou dans ses habits de chef de gouvernement ? La posture qu’elle adoptera ce soir donnera le ton des prochains mois. En tant que présidente du parti chrétien-démocrate, elle trouvera, sans doute, motif à satisfaction. Certes, dans le BadeWurtemberg (Sud), on annonce une débâcle pour les conservateurs (– 10 points par rapport à 2011). Mais la victoire est acquise en Saxe-Anhalt (Est). Enfin, la CDU pourrait rafler ce soir au SPD (sociaux-démocrates) son bastion de Rhénanie-Palatinat (ouest). C’est la première leçon à tirer de ce triple scrutin régional : ne jamais sous-estimer la puissance du fédéralisme allemand. Les derniers sondages, contradictoires d’une région à l’autre, sont autant de mises en garde à ceux qui penseraient trop vite que se joue ce dimanche une répétition générale des législatives de 2017. Angela Merkel, en fine tacticienne, a fait les comptes. L’équilibre au Bundesrat, la chambre des Länder, restera inchangé. À court terme, aucune conséquence pour l’inébranlable dame de fer. Apparition d’une extrême droite comme ailleurs en Europe Mais la chancelière pourrat-elle ignorer la valeur symbolique de ce premier rendez-vous électoral depuis le début de la crise des réfugiés ? Aujourd’hui, 12,7 millions d’Allemands se rendent aux urnes ; quatre sur cinq déclaraient Hier, à Haigerloch, Angela Merkel est venue prêter main forte à Guido Wolf, tête de liste CDU du Bade-Wurtemberg, où l’on vote aujourd’hui. KAI PFAFFENBACH/REUTER début mars que la question de l’accueil et l’intégration des migrants allait influencer leur vote. Seule tendance commune aux trois Länder : une forte poussée de la contestation, portée par le parti Alternative pour l’Allemagne (AfD), qui s’attend à un dimanche triomphal (les sondages le donnent à 19 % dans l’Est). La formation populiste, qui flirte avec les thèmes des néonazis du NPD, a fait campagne contre les migrants, contre l’Europe et surtout contre Angela Merkel. « La chancelière a mené la CDU de plus en plus à gauche. Donc il y a une place maintenant sur l’échiquier politique pour ce type de parti, souligne le politologue Matthias Jung. C’est l’apparition d’une extrême droite telle qu’on la connaît dans les autres pays d’Europe de l’Ouest. » Quelles que soient les performances de la CDU ce soir, la chancelière va donc encaisser une profonde défaite. Une défaite morale : celle d’avoir créé les conditions d’une installation durable de l’extrême droite en Allemagne. À la CDU, les doutes sont de retour. « Si on perd le lien avec le peuple, on perd notre identité », confie ainsi un cadre du parti, qui montre des e-mails reçus ces dernières semaines. Les candidats sur le terrain et les élus locaux lui racontent être bombardés de messages de haine. « Un vieil homme est venu chez moi pour me dire qu’il fallait fusiller la chancelière ! », témoigne, de son côté, Henryk Wichmann, député CDU de Templin (Nord-Est), la circonscription natale d’Angela Merkel. « Même ici, sur ses terres, les gens ont désormais l’impression de ne plus la comprendre. Beaucoup sympathisent avec l’AfD. » Très chrétien, Wichmann fait partie de ceux qui soutiennent bec et ongles la ligne de la chancelière. En ce mercredi enneigé, Wichmann a rendez-vous avec le pasteur de sa paroisse rurale : « Il est de notre devoir de mieux expliquer, partout, Un soutien inespéré à gauche Mais « infléchir sa ligne maintenant embrouillerait encore plus les Allemands », souligne l’élu local Henryk Wichmann, en contact avec une base composée essentiellement de militants vieillissants qui ont besoin « d’être rassurés ». Il renvoie à la dernière intervention télévisée de la chancelière, il y a deux semaines. Angela Merkel avait frappé par sa détermination, sa combativité. Sa popularité était d’ailleurs repartie à la hausse. Malmenée dans son propre camp, elle peut encore compter sur un large soutien de la part de la gauche : selon un sondage publié dans le Spiegel, 79 % des électeurs Verts, 62 % des électeurs SPD et 46 % des électeurs d’extrême gauche jugent son travail très satisfaisant ! Même si elle était poussée à organiser des élections anticipées, l’heure de la fin de règne n’a pas sonné. g Les mystérieux fichiers de Daech Authentiques ou pur montage ? Beaucoup de questions entourent encore les documents qui révéleraient les noms de 22.000 combattants de l’organisation état islamique KAren lAjon @karenlajon « Nom : Abou Goma al-Almani [Abou Goma l’Allemand]. Lieu de naissance : Allemagne. Ville de résidence : Francfort. Métier : soldat dans l’armée allemande. Niveau de charia : débutant. Nom de la mère : caché. Point d’entrée : Azaz [frontière turco-syrienne]. Date d’entrée : le 7 juillet 2013. Lettre de recommandation : Abou Sohail alChiChani [Abou Sohail le Tchétchène]. Affaires laissées : portable et 200 euros. Niveau d’obéissance aux ordres : néant. Groupe sanguin : néant. Lieu du meurtre : néant. » Cette fiche de renseignements de combattant de l’organisation État islamique est l’une des 22.000 récupérées par Sky News. Selon la chaîne britannique, elles ont été fournies par un déserteur de Daech, qui, avant de fuir, aurait copié sur une clé USB ces informations explosives. Les journalistes de Sky News les auraient transmises à la justice de leur pays. Les précieux questionnaires auraient été remplis par des ressortissants de plus de 55 nationalités. Selon le site basé au Qatar Zaman Alwasl, de nombreux doublons limiteraient en fait le total de ces fiches à 1.700 noms. Seize Français y figureraient, dont les trois terroristes qui ont tué 90 personnes au Bataclan le 13 novembre. Selon les médias allemands, le nom d’Abdelhamid Abaaoud, l’un des principaux organisateurs des attaques de Paris, est également cité mais seulement en tant que « garant » pour l’entrée en Syrie d’un autre djihadiste français. « L’important, c’est que l’on parle de vous » Dès la sortie des documents, mercredi 9, des voix se sont élevées pour mettre en doute leur authenticité. Logo peu conforme, erreurs grammaticales, formulations douteuses… En France, certains spécialistes se sont également interrogés sur cette question, « lieu du meurtre », selon eux incompatible avec la sémantique djihadiste qui privilégie l’expression « martyr ». Mais pour cet autre spécialiste, qui réside en Égypte, cette question formulée ainsi renvoie, au contraire, à la genèse de l’organisation : « Elle a été fondée par d’anciens officiers laïcs du renseignement de Saddam Hussein, tournés vers un terrorisme dépourvu de connotation religieuse. La preuve que la religion est devenue plus tard un instrument, et non pas une réelle croyance. » La police allemande a jugé jeudi que la liste des combattants allemands de Daech était « probablement authentique ». Fiches de renseignements de combattants de l’EI récupérées par la chaîne britannique, Sky News. AFP Côté français, on affirmait hier que ces fichiers n’étaient parvenus ni au ministère de l’Intérieur ni à la justice. Bernard Cazeneuve s’est contenté, vendredi, de dire qu’il fallait rester « très prudent » quant à l’authenticité de ces documents. L e c o m m e n t a i r e, p o s t é vendredi sur son compte Facebook, d’un djihadiste actuellement en Syrie, tendrait cependant à les crédibiliser. Hani Dahab, un Égyptien, ancien de Daech passé au Front Al-Nosra, branche syrienne d’Al-Qaida, expliquait dans un langage imagé ce qu’il pensait du scoop de Sky News. Voici ces mots : « Le microscope qu’on a utilisé pour surveiller les moudjahidine ne peut pas vous faire du mal. Il vous fait, au contraire, grand honneur. L’important, c’est que l’on parle de vous, même quand on vous abandonne ou que l’on vous trahit. Continuez la route du djihad et ne regardez pas ces accidents de parcours. » g Autour du monde | 13 jdd | 13 mars 2016 Tunisie Les autorités peuventelles contrer la menace djihadiste? La chasse à l’homme continue à Ben Guerdane. Six jours après l’attaque djihadiste sur cette ville située à 35 km de la frontière libyenne, l’armée tunisienne continue de ratisser les environs à la recherche de membres du commando. Lundi, au moins une cinquantaine d’hommes armés ont occupé le centre-ville pendant une heure avant d’en être délogés par l’armée. Le bilan est lourd : 7 victimes civiles, 13 parmi les forces de l’ordre ainsi que 17 blessés ; 49 terroristes ont été abattus et 9 capturés. La plupart sont Tunisiens et certains ont affirmé appartenir à l’organisation État islamique (EI). L’assaut n’a pas été revendiqué. Cette offensive a choqué le pays, qui se pose désormais une question : les autorités mobilisentelles les moyens suffisants pour faire face aux djihadistes ? En moins d’un an, c’est la quatrième attaque d’ampleur qui frappe la Tunisie. Auparavant, il y a eu celle du musée du Bardo à Tunis, dont le premier anniversaire sera célébré vendredi, celle de l’hôtel de Sousse en juin et l’attentat-suicide contre un bus de la garde présidentielle en novembre (plus de 70 victimes). C’est dans ce contexte que s’inscrivent les événements de Ben Guerdane. Fin février, un membre de l’EI capturé en Libye déclarait dans une vidéo que « 200 combattants [allaient] attaquer À Ben Guerdane, jeudi. CHINE NOUVELLE/SIPA la ville ». Le 2 mars, les forces tunisiennes avaient déjà abattu 5 terroristes à 12 km de Ben Guerdane. Combattants « made in Tunisia » Ils auraient pénétré en Tunisie depuis la Libye, où le groupe terroriste compterait près de 5.000 combattants. « Ceux qui ont attaqué lundi font partie du même groupe, indique un policier sur place. On a trouvé des véhicules abandonnés près de la frontière, c’est très probablement les leurs. » Les djihadistes auraient donc passé clandestinement la frontière, montrant les limites de la mesure annoncée par Tunis l’été 2015 : le « système d’obstacles » érigé face à la Libye. Constituée d’une tranchée et d’un monticule de sable, cette barrière est longue de 200 km. Reste à y installer un mécanisme de surveillance électronique, qu’Allemands et Américains pourraient contribuer à mettre en place. Sans ce dispositif, la frontière au milieu du Sahara reste une passoire. Cet assaut montre aussi que le pays, pourtant placé sous état d’urgence depuis plus de trois mois, pèche en matière de renseignements. D’autant que cette attaque est d’un genre nouveau, comme l’explique Michael Béchir Ayari, de l’International Crisis Group : « Elle s’apparente à une tentative insurrectionnelle, coordonnée par une cinquantaine de membres de cellules dormantes de l’EI à Ben Guerdane. » Ce qui confirme qu’il y a bien un djihadisme made in Tunisia. Selon l’ONU, ce pays est l’un des plus gros pourvoyeurs de djihadistes : plus de 5.500 Tunisiens sont partis combattre à l’étranger, dont 1.000 à 1.500 en Libye. Une partie d’entre eux, en prison avant 2011, a profité de l’amnistie générale lors de la révolution. Camille Dubois (à Tunis) Htin Kyaw à Naypyitaw (Birmanie), le 1er février. dernière heure SOE ZEyA TUN/ REUTERS syrie Le chef de la diplomatie syrienne, Walid Mouallem, a affirmé hier que la délégation gouvernementale n’attendra pas plus de « vingtquatre heures » l’arrivée de la délégation de l’opposition aux pourparlers de paix, qui doivent débuter demain à Genève. Il a réaffirmé que le sort du président Bachar El-Assad demeurait une « ligne rouge ». La relance de ces discussions est rendue possible par une « cessation des hostilités » en Syrie qui, selon États-Unis, est « en général » respectée. REUTERS Corée du nord Le régime a perdu en début de semaine un de ses 70 sous-marins, victime d’une avarie alors qu’il était en opération au large de la côte orientale de la Corée du Nord, a-t-on appris hier par les médias américains. Fébrile depuis le début des manœuvres menées par les troupes sud-coréennes et américaines, les plus importantes jamais effectuées, Pyongyang a menacé hier de lancer un « blitzkrieg » contre ces forces ennemies et de « libérer toute la Corée du Sud et Séoul ». REUTERS 1.300 C’est le nombre de femmes violées entre avril et septembre 2015 par le camp gouvernemental dans l’État unity, au soudan du sud. Un rapport de l’ONU publié vendredi dénonce « une situation des droits de l’homme parmi les plus horribles dans le monde », alors que le pays a sombré dans une guerre civile. Le Leader de La semaine On le présente souvent comme son « chauffeur personnel ». Mais Htin Kyaw, ami d’enfance d’Aung San Suu Kyi, est plus que ça : un intellectuel renommé, diplômé d’Oxford, fils d’un célèbre écrivain birman, rare compagnon de dissidence à avoir pu lui rendre visite pendant ses quinze années d’assignation à résidence… et qui lui a effectivement servi de chauffeur les fois où elle a pu sortir de chez elle. Sauf coup de théâtre, cet économiste de 69 ans devrait devenir, dans quelques jours, le premier président démocratiquement élu de Birmanie, après cinquante ans d’une dictature militaire qui a Membre de la garde ruiné le pays. Grande gagnante des rapprochée et chauffeur personnel élections législatives d’Aung San Suu Kyi, du 8 novembre, cet économiste l’ancienne dissidente de 69 ans devrait Aung San Suu Kyi a être élu président négocié pendant des de Birmanie mois avec les militaires pour contourner un article de la Constitution héritée de la junte, interdisant la fonction de président à quiconque a des enfants de nationalité étrangère – ses deux fils sont britanniques. En vain. La Dame de Rangoun a finalement renoncé à ses ambitions présidentielles, jeudi, et choisi ce fidèle pour la remplacer. « Discret » et « intègre », Htin Kyaw n’a pas encore fait d’apparition publique. Il est quasiment certain d’être élu au Parlement, où le parti d’Aung San Suu Kyi, la Ligue nationale pour la démocratie (NLD), est majoritaire. Reste à savoir comment le pouvoir s’exercera au quotidien entre « Mère Suu », dont la rigidité est dénoncée jusque dans son parti, et son homme lige… Aung San Suu Kyi compte tirer les ficelles sans occuper de fonctions officielles, à la manière d’une Sonia Gandhi en Inde, et changer le système pour accéder au pouvoir d’ici à deux ans. À moins qu’elle ne devienne ministre des Affaires étrangères ? Elle devra en tout cas batailler avec les puissants militaires, qui nommeront trois ministres clés (Défense, Intérieur et Frontières) au sein du gouvernement. Htin Kyaw Venezuela L’opposition, vainqueure des législatives du 6 décembre, a enclenché hier un « mouvement de pression populaire » pour tenter de faire partir le président Nicolás Maduro, avec des manifestations organisées à Caracas et dans 15 des 23 États du pays. La vaste coalition de la Table de l’unité démocratique (MUD) cherche à appuyer deux procédures légales lancées cette semaine pour écourter le mandat du chef de l’État : un référendum révocatoire et une modification de la Constitution pour raccourcir son mandat. La phrase « il ne doit y avoir aucune concession à la Turquie en matière de droits de l’homme ou de critères de libéralisation des visas » François hollande, hier, avant le sommet ue-Turquie sur la question des migrants de jeudi et vendredi à Bruxelles Camille neveux @camille_neveux 14 | société jdd | 13 mars 2016 pédOphilie Alors que les témoignages de victimes du père Bernard Preynat se multiplient, des retombées de cette affaire. Le cardinal Barbarin a appelé à la rescousse un cabinet de gestion Le diocèse de Lyon sous pression P anique dans le diocèse de Lyon. Depuis la mise en examen le 27 janvier du père Bernard Preynat, qui a déjà reconnu l’agression de 13 jeunes garçons devant le juge (dont trois viols), c’est tout l’archevêché qui vacille, le cardinal Barbarin en tête. Après des aveux en 1991, le père Preynat a en effet poursuivi son ministère dans plusieurs paroisses de la Loire et du Rhône. Et ce jusqu’au 31 août 2015. Cette affaire pose la question du traitement de la pédophilie au sein de l’Église française. « Nul ne sait ce que cache la vie des paroisses », ironise un fin connaisseur de l’institution pronostiquant un effet boule de neige. Déjà, des témoignages évoquant des affaires de pédophilie dans d’autres régions affluent sur le blog ouvert par l’association des victimes du père Preynat, La parole libérée. « On a l’oeil sur lui » Pour l’heure, c’est la gestion du dossier Preynat par le primat des Gaules, Mgr Barbarin, qui est sous les feux de l’actualité. Deux cabinets d’avocats – dont celui de l’ancien premier adjoint de Raymond Barre à Lyon, André Soulier –, et une agence spécialisée dans la gestion de crise, Vae Solis, n’ont pas réussi à inverser la pression. L’un des conseils en stratégie de cette dernière, Guillaume Didier, ancien vice-procureur reconverti dans la communication, a été appelé à la rescousse par le cardinal il y a une quinzaine de jours. Ordonné prêtre en 1977, Philippe Barbarin était encore vicaire dans des paroisses de la région parisienne au moment des faits, avant 1991. Le cardinal a d’ailleurs déclaré dans les colonnes de La Croix qu’il n’avait entendu parler de Preynat qu’en 2007-2008, cinq ans après sa nomination comme archevêque de Lyon. « C’est peu précis, relève Emmanuelle Haziza, avocate de l’un des plaignants, mon client espère qu’il ne cherche pas uniquement à se protéger derrière la prescription. » Le parquet de Lyon, qui a ouvert le 4 mars une enquête préliminaire suite à plusieurs plaintes, veut savoir comment l’Église a géré le cas Preynat, aussi bien à Lyon qu’à Rome. Six personnes, dont le cardinal Barbarin, sont dans le collimateur des plaignants, et de nombreuses questions restent en suspens. Exemples d’incohérences : en 2011, Laurent Duverger, l’une des victimes lyonnaises, est reçu par l’un des vicaires du cardinal. Ce dernier lui déclare alors : « On a l’œil sur lui [Preynat], il n’est plus Didier et Christian, frères abusés témOiGnaGe ils ont aujourd’hui 46 et 50 ans. l’un a subi des attouchements, l’autre a été violé par le père preynat, auquel ils ont été confrontés il y a quelques semaines. le « père » était un ami de la famille… lYOn (rhône) ENVOYÉE SPÉCIALE marie-christine taBet @mc_tabet « Lorsque l’église de notre paroisse a été volée et souillée, le cardinal Barbarin a célébré une messe de réparation… Aujourd’hui, j’attends qu’il le fasse pour demander pardon à chacune des victimes du pédophile. » Le 21 janvier, Michelle, 74 ans, a écrit à Mgr Barbarin. Elle a glissé l’enveloppe dans la boîte aux lettres de l’archevêché pour être sûre qu’elle lui parvienne. Mais elle attend toujours une réponse. Mère de quatre enfants et catholique pratiquante, cette paroissienne n’a pourtant pas perdu la foi : « Quand on traverse de telles épreuves, elle se renforce au contraire. » Pour l’instant, Michelle se sent incapable de pardonner. Comme sa fille Florence, elle a fait cesser ses prélèvements mensuels au denier du culte. Ses deux fils, Christian l’aîné, aujourd’hui âgé de 50 ans, et Didier le cadet, 46 ans, ont été abusés par le prêtre pédophile ; le premier violé, le second victime d’attouchements. Ils avaient alors entre 9 et 15 ans. En janvier, Bernard Preynat, confronté aux deux frères, a confirmé l’intégralité de leurs déclarations, sans discuter. À ce jour, il a reconnu 13 agressions sexuelles, pour la plupart prescrites, dont trois viols. Les anciens scouts du groupe Saint-Luc (GSL) ont déjà collecté 55 témoignages crédibles. Bernard Preynat avait Michelle et son fils Christian (à gauche), une des nombreuses victimes du père Bernard, à Lyon vendredi. De 1971 à 1991, le prêtre a accueilli des milliers d’enfants au sein du groupe scout Saint-Luc (à droite), fondé GSL en 1971 avec 24 garçons. Vingt ans durant, la structure a accueilli chaque année plus de 400 enfants, dont les plus jeunes avaient 7 ans. En 1991, il y avait bien eu des rumeurs... Michelle appartient à un monde qui fuit l’exposition et la publicité. Il faut avoir été invité à pénétrer dans la cour de graviers pour découvrir derrière de hauts murs décrépis l’imposante demeure du xixe siècle, le vaste jardin, la volière de pigeons paons, la piscine. Cette maison sur les hauteurs de la colline qui prie, Fourvière, elle y est née et y a élevé sa famille dans un milieu dont elle a décidé de transgresser les codes pour raconter le calvaire de ses deux fils. Pour elle, l’affaire Preynat débute en 2010. Son mari, un important chef d’entreprise, était mort depuis sept ans. Un soir, Didier vient lui annoncer que son mariage va mal. Une digue lâche. Il lui révèle que le père Bernard, le charismatique patron des scouts de Saint-Luc, a abusé de lui lorsqu’il était enfant. Sonnée, Michelle lui rétorque que « c’est impossible, qu’il l’a mariée en 1995 » ! Le « père », comme elle le désigne encore, avait laissé un bon souvenir dans la famille. Un homme de caractère doué d’un sens de l’organisation peu commun. Il avait emmené les enfants en Corse, en Grèce, à Rome… Grâce à lui, certains avaient eu le bonheur de visiter les jardins du pape au Vatican. Et puis, il y avait les processions aux flam- Février 2015 : le vatican demande des « mesures disciplinaires » Pourquoi le cardinal BarBarin a-t-il tardé pour suspendre le père Bernard Preynat ? La réponse de Rome sur le « cas Preynat » est tombée au tout début du mois de février 2015. Or le primat des Gaules n’a pris son décret de suspension que le 30 mai 2015. La lettre signée par l’archevêque espagnol Luis Ladaria Ferrer, consultée par le JDD, est pourtant très claire. Le secrétaire de la Congrégation pour la doctrine de la foi, en fonction depuis 2008, demande au cardinal « de prendre les mesures disciplinaires qu’il juge nécessaires » et précise que la situation rend pour Preynat « impossible toute pastorale le mettant en contact avec des enfants ». Le jésuite espagnol enjoint cependant l’archevêque à « éviter tout scandale ». Le prêtre, qui fera une tournée d’adieux dans les paroisses du doyenné que lui a confié le diocèse en 2013, n’a finalement quitté sa cure qu’à la fin du mois d’août 2015. Il dira à ses ouailles qu’il rentre à Lyon pour des problèmes cardiaques… m-c.t. beaux, les pique-niques. Michelle Michelle écrit alors un courrier le conviait fréquemment à déjeuau cardinal Decourtray pour souner. À la fin du repas, le chef de tenir Preynat. famille lui remettait souvent un chèque, qu’il ponctuait d’une Le prêtre choisissait ses proies formule de gratitude : « Avec parmi les jeunes scouts tout ce que vous faites pour nos En 2010, Michelle ne peut enfants… » croire que cet homme, ancien auJu s q u ’e n 1 9 9 8, B e r n a rd mônier du collège, se soit servi de Preynat était là pour les fêtes de son fils, Didier, comme d’un objet famille. Leurs noces d’argent en sexuel. Puis elle s’est souvenue de 1989, la célébration du mariage cet enfant brillant dont le comporde Florence en juin 1991, le baptement avait brutalement changé, tême de la première petite-fille de ses médiocres résultats scoen 1992… Convive agréable issu laires, des mensonges, des ongles de la bonne société stéphanoise, rongés et du lit qu’il mouillait le « père » était fréquemment. parfait, si ce n’est Michelle sort cette entêtante « Le père Bernard d’une enveloppe odeur de ciga- était un vieux jaunie le compterillo. En 1991, il rendu dactylogray avait bien eu salaud » phié d’un psychod e s r u m e u r s Christian logue consulté à l’époque : « On a conduisant à son l’impression que départ précipité. Michelle était alors allée voir le son image de marque s’est abîmée […]. Il est en phase de régression. » curé de la paroisse, le père PlaPersonne n’avait alors compris. quet, pour en avoir le cœur net. « Il m’a dit que ce n’était rien, qu’il Lorsque toute la famille est avait juste eu un geste déplacé, une mise au courant, en 2010, Chrissimple caresse dans le dos. Je l’ai tian, le frère aîné entré au groupe cru, se souvient-elle. Il m’a dit Saint-Luc en 1976 à l’âge de 11 ans, que le prêtre allait partir chez les lâche : « Le père Bernard était un Petites Sœurs des pauvres et qu’il vieux salaud. » Sa sœur Florence ne serait plus en contact avec des est d’autant plus en colère qu’elle enfants, mais qu’il n’y avait vraise souvient avoir croisé le prêtre ment rien de grave. » Rassurée, à Ars (Ain) le 8 mai 2008 et à société | 15 * jdd | 13 mars 2016 l’Église s’inquiète de crise au contact d’enfants. » Pourtant, en 2008 (lire ci-dessous), le prêtre accompagnait des enfants de chœur à Ars, dans l’Ain, pour une journée diocésaine ! Deux ans plus tard, il était nommé doyen de douze paroisses. Une « distinction » sans « conséquence opérationnelle », se défend aujourd’hui l’archevêché. « Mais qu’ont pu faire les douze autres prêtres du doyenné pour qu’on ait choisi de distinguer Preynat », s’emporte Christine, la mère d’Éric, une autre victime. M.-C.T. qu’il avait fondé. rollanD QuaDrini pour le JDD Lourdes, en juin de la même année. À chaque fois, il encadrait des groupes d’enfants. Elle prend alors immédiatement contact avec une avocate de l’officialité – le tribunal ecclésiastique du diocèse –, qui se renseigne et conseille d’écrire au cardinal. Didier ne peut pas. Fin du premier épisode. En 2015, Didier découvre qu’il n’est pas seul. Pendant vingt ans, Preynat, prédateur sexuel hors norme, a choisi ses proies parmi les jeunes scouts. Les récits se ressemblent. Des caresses sous la tente prodiguées ou exigées, des baisers sur la bouche, l’odeur, les mots tendres, « c’est notre secret », « tu es mon petit garçon… » Il participe à la création de l’association de victimes. Michelle a un mauvais pressentiment. Elle appelle son fils aîné, Christian. « Il m’en a fait tellement. Je ne peux pas raconter », confie-t-il avant d’écrire, lui aussi, son histoire sur le blog de l’association. Dans une première version, il raconte les attouchements. Dans une seconde, le viol. Quelques jours après la publication de son histoire, Christian raconte en janvier son histoire devant un enquêteur, capitaine de la police judiciaire. Celui-ci le confronte à Preynat, qui demande pardon. Pour la première fois. g Un prof face aux théories complotistes MANIPULATION Illuminati, Reptiliens, versions « alternatives » des attentats du 11-Septembre ou de « Charlie »… Face aux thèses délirantes souvent véhiculées par Internet, l’Éducation nationale tente de réagir Ce mardi, Franck Schwab, professeur d’histoire-géo au lycée Henri-Loritz de Nancy, évoque avec sa classe de seconde « la nécessité de s’informer » face aux discours conspirationnistes. NANCy (MeURThe-eT-MOSeLLe) EnvoyéE spécialE MARIe QUeNeT « Les Illuminati, vous connaissez ? » Après une demi-heure de cours, la question agit comme un coup de fouet. Les élèves de seconde répondent au quart de tour : « C’est une théorie du complot à propos de ceux qui gouvernent le monde », définit l’un. « Ils ont un symbole : une pyramide avec un œil », précise un brun assis au dernier rang. « Il y a plusieurs artistes américains, par exemple Jay Z ! », avance un troisième. Ce mardi, Franck Schwab, professeur d’histoire-géo au lycée Henri-Loritz de Nancy, profite du cours d’enseignement moral et civique pour faire de la prévention. Selon un sondage Ipsos, près d’un jeune sur quatre croit aux Illuminati ! Avec Internet, les discours complotistes prennent de l’ampleur. Le ministère de l’Éducation y consacrait d’ailleurs une journée d’étude, en février : « Les attentats ont servi de révélateur. Nous avons besoin de “vacciner” les jeunes contre ces tentatives de manipulation mentale », indique-t-on Rue de Grenelle. Un groupe de travail doit proposer de nouveaux outils pour la rentrée 2016. « Depuis cinq-six ans, je sens l’influence d’Internet sur mes élèves, confirme Franck Schwab. Je me rends compte, notamment quand j’enseigne la Shoah, qu’ils sont influencés par d’autres sources. » « C’est une vision totalement farfelue de l’Histoire » Cet enseignant de 55 ans a donc décidé, pour la première fois, d’aborder le conspirationnisme en classe. « Les Illuminati ont-ils une existence réelle ? », questionne-til. « Ce sont que des trucs nuls, pas prouvés », tranche un lycéen. Un autre ado semble plus hésitant : « C’est plutôt une théorie, parce qu’on n’en est pas sûrs. » « Historiquement, c’est une société secrète qui a existé en Bavière pendant huit ans, jusqu’en 1785 », Mathieu Cugnot pour le JDD reprend le prof. Prétendre que ce groupe s’est maintenu, cherche à imposer sa domination et tire les ficelles des grands événements – Révolution française, Première Guerre mondiale, assassinat de Kennedy… –, « c’est une vision totalement farfelue de l’Histoire ». Mais rien ne sert d’argumenter : « Avec ces théories-là, on n’a jamais le dernier mot, poursuit l’enseignant. J’essaie plutôt de montrer comment elles sont fabriquées et pourquoi. Elles ont toujours un objectif politique. » Alors il interroge les ados : « Quel est l’intérêt de diffuser ce type d’histoire ? », « Quels coupables cherchet-on à désigner ? » Leçon à retenir : « Ces théories peuvent séduire par leur côté simpliste. Imaginer des superméchants contrôlant la planète, c’est le niveau zéro de la pensée. » Les thèses complotistes pullulent sur Internet. Les lycéens citent une multitude d’exemples. Certains les font rire, comme celui des Reptiliens, ces extraterrestres qui gouverneraient secrètement la planète, à laquelle Barack Obama ou le chanteur Justin Bieber appartiendraient. Il y a aussi les vidéos de Sylvain Durif, un olibrius qui raconte ses expériences paranormales sur YouTube. Ou ces images visant à prouver le satanisme de Coca-Cola en pliant l’étiquette pour faire apparaître la figure d’un démon. Plus inquiétant, beaucoup ont déjà été confrontés – sans y croire – aux versions alternatives du 11-Septembre, réfutant l’existence d’avions kamikazes. « C’est vrai, monsieur, que 3.000 juifs ne sont pas venus travailler dans les tours jumelles ce jour-là ? », demande cependant un élève. Ou les doutes distillés sur Internet après la fusillade à Charlie Hebdo sur le policier abattu sur le trottoir, les papiers d’identité oubliés par un des terroristes ou la couleur de leur voiture… Des enfants perdus dans la masse d’informations sur le Net Ce mardi, en demi-groupe, Franck Schwab projette un petit film pioché dans le « top ten » « attentats de Paris » sur YouTube. Les événements du 13 novembre y sont présentés comme un « complot perpétré par les juifs et l’État » ! La vidéo s’attarde sur les exercices de secours organisés le matin même – « C’est bizarre », lâche un élève –, parle de soutien de la France à Daech… Tout est soigneusement mis en scène. « Ils répètent beaucoup la même chose, à la manière des sectes. C’est un lavage de cerveau », observe Norwan. « Ils essaient de nous embrouiller avec une musique qui stresse, qui renforce le bruit des balles », analyse Théophile. Dans ce lycée de centre-ville, fréquenté par les classes moyennes, ces 32 lycéens ne gobent pas ces mensonges mais sont parfois troublés : le rabbin, « il a vraiment dit cela ? », « Daech, en fait, c’est financé par qui ? » Franck Schwab prévient : « Ces vidéos cherchent à faire naître le doute. Si vous vous posez des questions, ils ont gagné. » Au tableau, le premier point de son cours est inscrit à la craie : « nécessité de s’informer. » Pas toujours facile. Taper « François Hollande » sur le moteur de recherche Google et l’ordinateur propose près de 66 millions de sites : « Ces enfants sont confrontés à une énorme masse d’informations sans aucune hiérarchie, ils peuvent être perdus. » D’autant que beaucoup n’ont plus confiance dans les politiques. La photo du Président ? « C’est qui lui ? », ironise un élève. Celle de Nicolas Sarkozy ? La classe ricane : « Il a quelques problèmes avec la justice… » Cette génération Internet se méfie aussi des journaux, radios et autres médias classiques. « Ils sont contrôlés », avance une lycéenne. « Ils censurent selon leur bord politique », juge un costaud. Franck Schwab rectifie : « Les médias traditionnels peuvent avoir une sensibilité de droite ou de gauche, mais ils ne racontent pas n’importe quoi. Ils ont besoin de rester crédibles. » Sur le Net, il invite donc à hiérarchiser les sources. YouTube, Wikipédia, Larousse, Le Nouvel Ordre mondial ou Europe 1, toutes ne se valent pas. La sonnerie retentit, les élèves s’éclipsent. « Ces gamins ont des armes pour décoder les informations, mais ce type de vidéo peut les faire douter, soupire M. Schwab. Les professeurs d’histoire ont plus que jamais un rôle à jouer. » g Paris, Rouen et Le Havre « réinventent » la Seine exCLUSIF Une quarantaine de sites, le long du fleuve, seront présentés demain pour réaménagement BeRTRANd GRÉCO Après le succès de l’opération « Réinventer Paris », la capitale s’associe cette fois à Rouen et au Havre pour une initiative présentée comme « historique » et baptisée, comme il se doit, « Réinventer la Seine ». Les trois métropoles s’apprêtent à lancer, de concert, un « appel à projets innovants » concernant une quarantaine de sites sur les rives de la Seine et de ses canaux. La maire de Paris, Anne Hidalgo (PS), le député-maire du Havre à la tête de la communauté d’agglomération havraise, Édouard Philippe (LR), et le président de la métropole Rouen Normandie, Frédéric Sanchez (PS), présenteront demain les sites identifiés, qui seront cédés ou loués aux équipes lauréates à l’issue d’un concours, au printemps 2017. « Nous travaillons en bonne intelligence avec Paris et Rouen », indique le juppéiste Édouard Philippe. « La Seine est notre patrimoine commun, que nous voulons tous valoriser. Le Havre, créé par François Ier il y a 499 ans, est la façade maritime du Grand Paris. Cette opération va permettre de faire émerger de nouveaux usages, auxquels nous n’avons peut- être pas encore pensé. » Frédéric Sanchez, lui, y voit « une superbe opportunité de reconquête » et « une visibilité décuplée, pour “vendre” le fleuve Seine, avec Rouen comme centre de gravité ». Anne Hidalgo, elle, en est persuadée : « Notre démarche sera un formidable accélérateur. Un signal donné à l’international. » Constructions flottantes et passerelles-cafés À Paris, des passerelles-cafés pourraient faire leur apparition au-dessus du fleuve. Et des constructions flottantes au pied de Notre-Dame. À Ivry-sur-Seine, une ancienne usine de potabilisation de l’eau de la Seine, propriété de la Ville, a vocation à devenir une vitrine métropolitaine de l’agriculture urbaine de 5,9 hectares. À Rouen, l’emplacement de l’ancien hangar 105 est disponible pour la construction de plusieurs milliers de mètres carrés à définir, en visà-vis de la cathédrale. Au Havre, les bassins Paul-Vatine, Vauban et de l’Eure pourraient accueillir des constructions flottantes, logements étudiants, lieux de fête ou espaces de coworking amarrés. Ce sera aux porteurs de projets d’avoir de l’imagination. g Lire les détails dans le cahier Paris. 16 | société JDD | 13 mars 2016 La grande arnaque des forains du Forex EnquêtE Deux juges parisiens sont aux trousses d’anciens forains reconvertis dans une juteuse arnaque : la spéculation via Internet sur le Forex, le marché des devises. Ils auraient déjà dépouillé des centaines de victimes ChristEl DE taDDEo @chdetaddeo Un ancien pilote, un assureur, un commandant de police à la retraite, ou encore un aristocrate de 81 ans qui a perdu à lui seul 1,3 million d’euros. À ce jour, une centaine de victimes ont déjà été identifiées dans ce dossier d’escroquerie au trading sur Internet pour un préjudice minimum de 105 millions d’euros ; elles seraient beaucoup plus nombreuses. Les particuliers étaient démarchés via Internet et par téléphone pour le compte de sociétés censées spéculer sur le marché des changes (Forex) ; longtemps réservé aux banques et aux spécialistes de la finance, ce marché ouvert 24 h sur 24 est accessible à tous les investisseurs depuis une dizaine d’années. Derrière les indicatifs parisiens ou londoniens des sociétés et de leurs représentants, des call centers basés en Israël où des commerciaux appâtaient les futures victimes avec la promesse d’un rendement de 20 à 30 % voire de 88 % pour certains produits en garantissant le capital à 100 % lors de la première année. Les faux opérateurs de marché faisaient croire à leurs clients qu’ils investissaient sur des plateformes de trading en réalité fictives. Deux de ces prétendus traders ont pu être identifiés et mis en examen. Un seul compte client pour au moins 17 sites de Forex Dans ce dossier complexe instruit par les juges du pôle financier Aude Buresi et Guillaume Daïeff, seules cinq personnes ont été mises en examen pour l’instant, à commencer par les deux responsables d’un site communautaire qui faisaient la publicité des sites frauduleux contre rémunération. « Ils ne savaient pas qu’ils avaient à faire à des escrocs », insiste Me Éric Deprez, l’avocat de l’un d’eux. À première vue, les sites mis en cause n’ont aucun lien entre eux. Pourtant, ils fonctionnent un peu selon le principe des poupées russes. Certains utilisent le même numéro de TVA, une boîte postale et des numéros de téléphone identiques, voire des comptes bancaires communs… Avec, comme prestataire de solutions dépaysées, la société France Offshore, qui fait déjà l’objet d’une information judiciaire pour blanchiment de fraude fiscale et blanchiment d’escroquerie en bande organisée. ➊ L’internaute clique, il est redirigé Sites escrocs (appartenant à des sociétés Offshore) Publicité OU Bforex/4XP/Aston/Sisma/Tradaxa... Proposent de juteux investissements Site d’infos et de conseils sur le marché des devises Commissions ➋ ➌Ilà paie une banque européenne Numéro de téléphone français ou anglais, fausse adresse à Londres Virement bancaire Worldpay Call center en Israël Il est contacté, mis en confiance AllCharge AlgoCharge ING Pays-Bas Faux trader qui promet 20 à 30 % de bénéfices Plateformes de trading virtuelles est en fait transféré ➍ L’argent via des plateformes escrocs ➎ Les récupèrent l’argent de paiement Worldpay sur les comptes de leurs sociétés offshore dans des paradis fiscaux (Belize, Seychelles, îles Vierges britanniques) HSBC Londres, Barclays Londres, Royal Bank of Scotland Paris... Raiffeisen Bank Suisse, Roumanie TBC Bank Géorgie TBI Bank Bulgarie La brigade financière a aussi et deux aux Seychelles. Au nom de découvert un seul compte client Yigal Félix H. pour au moins 17 sites de Forex et Mis en examen pour « démarleurs dérivés. Un compte au nom chage financier illicite », « fournide Yigal Félix H. Ce Franco-Israéture de service d’investissements lien de 44 ans avait déjà fait l’objet sans agrément » et « escroquerie d’une note de Tracfin à la suite d’un en bande organisée », Yigal Félix H. signalement sur des opérations minimise son implication. Il ne financières atypiques à destinaserait qu’un « gérant de paille » à tion d’une des sociétés aujourd’hui 7.000 shekels mensuels, soit 1.400 €. mises en cause, Aston Invest. Dans Mais les enquêteurs ne semblent une note que le JDD a pu consulpas dupes. Contacté par la police ter, l’organisme sur son portable de lutte contre Les sites mis en en 2013, il indique le blanchiment résider à Londres indique qu’Aston cause fonctionnent et communique une adresse sur Invest « se livre un peu selon Finchel Road : régulièrement à des pratiques le principe des celle que les faux commerciales courtiers de sa poupées russes irrégulières et des prétendue société escroqueries en de trading donnaient à leurs clients ! L’ancien interdisant à ses clients de retirer forain, qui vendait du cuir dans des fonds ou en utilisant frauduleusement leurs données bancaires ». les foires « et les salons internationaux », prétend s’être « autoformé La société ferait partie d’un réseau plus vaste, « dont le contrôle serait sur l’analyse du marché des devises ». exercé par un même groupe d’indiviAux enquêteurs qui l’ont interpellé dus ». Tracfin a aussi identifié trois dans l’appartement d’un de ses amis aux Lilas (Seine-Saint-Decomptes bancaires : un en Géorgie lEs banquEs Dans lE CollimatEur « Ces esCroqueries ne seraient pas possibles sans l’intervention des banques », martèle Me Hélène FeronPoloni, qui représente 15 victimes du dossier. Fin janvier, l’avocate spécialisée dans le contentieux financier au côté des épargnants et des emprunteurs a assigné la Royal Bank of Scotland (RBS) de Paris. « Les victimes sont rassurées de voir que les sommes sont virées sur des comptes en France ou dans des banques européennes connues comme la Barclays ou HSBC à Londres », rappelle Me Féron-Poloni. L’information judiciaire a d’ailleurs été élargie aux prestataires de paiements qui auraient permis le transfert de 200 millions de dollars entre investisseurs et escrocs. Récemment, deux sociétés ont été placées sous le statut de témoin assisté : Worldpay, établissement de paiement agréé par les autorités financières britanniques, et la société immatriculée à Hongkong Seroph Ltd, détentrice des prestataires de paiement israéliens AllCharge et AlgoCharge, bien introduits sur les sites de poker. Selon une source proche de l’enquête, le président de Seroph Ltd, l’Israélien Sarel Tal, aurait déjà eu des démêlés avec la justice autrichienne dans un dossier d’arnaque au Viagra portant sur plus de 8 millions d’euros. Pour Me Feron-Poloni, « les banques doivent vérifier la régularité des virements sous peine de contribuer à la prolifération des activités criminelles sur Internet ». C.D.t. Bank Haopalim Israël DBS Bank Singapour nis), Yigal Félix H. assure qu’il est fauché. Appréhendé en possession de onze cartes de crédit dont six en cours de validité – il explique être « un fou des cartes », qu’il aime bien « pouvoir montrer ». Cet amateur de poker avait aussi en sa possession six cartes de casinos ou de cercles de jeu. Confronté à des transcriptions d’écoutes téléphoniques, il s’autoproclame « roi du mytho ». Son ex-femme qui lui dit qu’il va avoir des problèmes avec « les conneries » qu’il a faites, que « tous les mecs du CO2 » vont tomber ? « Elle se fait des films. » Pourtant, la société italienne Maestrale, qu’il a montée, a fait l’objet d’une alerte Europol pour avoir fraudé la TVA carbone en 2011. « Les jumeaux » qui lui auraient volé « 3 bâtons » (3 millions) ? Encore « du mytho ». Une source proche du dossier parle de « grand banditisme » « Les jumeaux », Jimmy et Samuel S., auraient pourtant mis Félix sur ce mauvais coup. « J’avais besoin d’argent. Ils m’ont proposé d’être gérant de cette boîte dont ils m’ont dit qu’elle était clean », a assuré Yigal Félix H. aux enquêteurs. Dans le bureau de la juge Buresi, il a expliqué que « les frères devaient s’occuper de la partie Moyen-Orient » et lui de la partie française. Jimmy et Samuel, il les connaît « très bien depuis longtemps ». Comme lui, ce sont d’anciens forains. Samuel a un auriculaire droit sectionné au niveau de la première phalange et une cicatrice qui descend de l’épaule jusque sur le bras. Jimmy, qui a eu jusqu’à trois boutiques de vêtements de cuir à Bordeaux et une à Cannes, a quitté la France quand il a été convoqué par le juge Daïeff dans le cadre de Crépuscule, un important dossier de fraude à la taxe carbone. Il réside à Tel-Aviv avec une ancienne danseuse russe et leur fils. Une source proche du dossier parle de « grand banditisme » avec « des réseaux difficiles à identifier et des circuits financiers complexes ». Camilla Pariso, juriste de l’association de victimes Aven Europe, est désabusée : « On a des escrocs qui prennent la nationalité israélienne pour ne pas risquer l’extradition et qu’on laisse filer quand on les a sous la main. » Les deux seuls prétendus traders identifiés et mis en examen ont quitté le territoire. Le premier, Albert F., travaille depuis mai 2013 pour une société de gestion de portefeuilles en banlieue de Tel-Aviv. Chez 4XP, il a notamment collaboré avec Jonathan S., alias Laurent Richard, impliqué dans un crime de haine contre un taxi palestinien en 2007 en Israël au côté de son frère, ancien membre du Betar. Albert F. était aussi en contact avec Yohan Z., désigné comme l’informaticien des escroqueries aux encarts publicitaires. Quant au second trader, Jérémie C., il a été interpellé en novembre dans la suite avec jacuzzi sur la terrasse d’un hôtel de luxe parisien avec sa maîtresse. Dans le coffre-fort de la chambre, 6.000 € en billets de 50 €. D’après les déclarations de ce joueur de poker de 33 ans, « lorsque vous essayez de quitter ce genre de société, on ne vous laisse pas vraiment partir ». Après s’être acquitté d’une caution de 80.000 €, Jérémie C. a lui aussi violé le contrôle judiciaire qui lui interdisait de quitter le territoire pour retourner en Israël. Convoqué par la juge Buresi le 14 janvier, il ne s’est pas présenté. g société | 17 jdd | 13 mars 2016 Elles voulaient faire « comme au Bataclan » télex Paris Benoît Magimel en garde à vue tERRORISME Deux adolescentes ont été mises en examen pour avoir projeté un attentat contre une salle de spectacle parisienne StéPhAnE JOAhny « […] Sur la scène du Casino de Paris, le 23 mars prochain, de nombreux artistes, chanteurs, danseurs, comédiens, viendront témoigner leur soutien et leur attachement à Paris… Les profits seront redistribués à l’Institution nationale des Invalides pour l’amélioration de la prise en charge des victimes du 13 novembre 2015. » Est-ce à cause de cet événement qu’elles avaient ciblé le Casino de Paris ou bien avaient-elles choisi cette salle de spectacle parisienne au hasard ? L’objectif annoncé était en tout cas de faire comme au Bataclan : tuer tout le monde à la kalachnikov. Des armes qu’elles pensaient pouvoir dénicher à Molenbeek, en Belgique, d’où sont venus une partie des assassins du 13 novembre. Ces menaces, repérées par les agents de la Direction générale Les parrains de la coke du 19e écroués DROgUE Sept trafiquants présumés de cocaïne ont été placés en détention. Un dossier pimenté par deux tentatives d’homicide Il y a presque un an, il était donné pour mort. En avril 2015, les autorités néerlandaises s’interrogeaient en effet sur l’identité de cet homme noir d’une trentaine d’années retrouvé criblé de balles près d’une sortie d’autoroute dans la banlieue de Breda et qui ne parlait pas un mot de hollandais. Depuis, Ciabou T. a bien récupéré. Le Parisien a été mis en examen vendredi et écroué en compagnie de six autres complices, dont un Marseillais, à l’issue d’une longue enquête des policiers de l’Office des stups, qui les soupçonnent notamment d’importer de la cocaïne depuis le Pérou, avec un certain Faid O. aux commandes. Règlements de compte L’équipe « tenait » une bonne partie du business de la drogue dans le 19e arrondissement parisien, depuis son fief du secteur Crimée-Place des Fêtes, avec de confortables rentrées d’argent à la clé. L’un des mis en cause s’était ainsi fait intercepter l’an dernier alors qu’il tentait de gagner la Belgique en voiture avec plus de 500.000 € en liquide… De quoi faire des jaloux ? Outre la tentative d’assassinat de Ciabou T. en avril 2015, un autre « flingage » apparaît en toile de fond de ce dossier de trafic de stupéfiants : celui d’un jeune Français, fin janvier, dans une rue de Schaerbeek, en Belgique. S.J. de la sécurité intérieure (DGSI), n’ont pas dépassé le stade de l’échange de messages enflammés sur les réseaux sociaux. Elles ont toutefois entraîné l’ouverture d’une enquête préliminaire et l’interpellation, mercredi dans le Nord, en région parisienne et près de Lyon, de quatre jeunes filles, dont deux sœurs. Quatre jeunes converties récemment à la religion musulmane qui, à l’exception des deux sœurs, ne s’étaient jamais rencontrées. Le Casino de Paris était la cible des jeunes filles radicalisées. AlAIn ApAydIn/AbAcApress.com La plus jeune se revendique de Daech Dans son communiqué, le parquet de Paris parle d’un « projet intellectuel : aucune arme ni substance de nature explosive n’ont été découvertes ». Deux des quatre mineures, âgées de 15 et 17 ans, ont été mises en examen vendredi pour « association de malfaiteurs dans le cadre d’une entreprise terroriste ». La plus jeune a été incarcérée en raison de sa radicalité, n’hésitant pas à glorifier les attentats et à se revendiquer de l’organisation État islamique. Des vérifications sont en cours pour tenter d’établir des liens avec le théâtre irako-syrien. Cette affaire semble indirectement à l’origine de la déferlante de rumeurs d’attentat imminent qui a inondé les smartphones pari- siens vendredi soir. Prévenue par la DGSI, la préfecture de police (PP) a, procédure classique, diffusé une note interne rappelant à la vigilance dans les secteurs visés en novembre. Une note qui a fuité avant d’être déformée et amplifiée. « Ne propagez pas les rumeurs, pour tout renseignement, consultez les sites officiels », a communiqué hier la PP sur son compte Twitter. g Alerte mondiale aux Pink Pandas LUXE Ils se glissent dans le flux grandissant des touristes chinois pour mieux voler, sans violence, les plus beaux bijoux. Décryptage d’un phénomène en pleine expansion Leur dernier signalement remonte à la fin janvier au Japon. C’est un salon professionnel de Tokyo qui en a fait les frais. Quatre bijoux envolés, remplacés par de bagues fantaisie d’imitation parfaite. Deux mandats d’arrêt internationaux ont été lancés contre deux ressortissants chinois, membres présumés des… Pink Pandas. C’est la PJ française qui est à l’origine de cette appellation, clin d’œil évident au gang des Pink Panthers, basé en ex-Yougoslavie, qui a longtemps écumé les bijouteries de luxe d’Europe et du monde lors de raids armés et spectaculaires. Pas de violence mais un mode opératoire récurrent chez ces Chinois (leur nombre est estimé à une cinquantaine) qui auraient escamoté pour plus de 10 millions d’euros de bijoux en quelques années. Le phénomène est apparu à la fin des années 2000, avec des vols épars de bijoux à travers l’Europe. Bien souvent deux clients asiatiques qui, après avoir jeté leur dévolu sur une bague ou un diamant, réussissent à remplacer l’original par une copie, laissent un acompte et promettent de revenir plus tard pour régler et récupérer le paquet cadeau. Quand la supercherie est découverte, il s’est souvent écoulé plusieurs heures et les policiers se retrouvent, pour démarrer leur enquête, avec le signalement d’un Asiatique et une photo en contre-plongée fournie par une caméra de surveillance. « Comment réagir ?, s’interroge un policier spécialisé. Ce sont des gens qui débarquent de nulle part, Les faits se sont déroulés vendredi après-midi. Une marche arrière. Une dame âgée renversée. Et un départ précipité avant l’arrivée de la police. L’acteur Benoît Magimel, 41 ans, s’est rendu de lui-même au commissariat du 16e arrondissement vendredi soir. Il n’en était pas sorti hier soir. En plus des blessures involontaires, la police lui reproche l’absence de points sur son permis et le soupçonne d’être positif à la cocaïne. L’acteur avait reçu le César du meilleur acteur dans un second rôle pour La Tête haute il y a deux semaines. Oléron Le corps retrouvé est celui d’Alexia Les analyses ADN ont confirmé que le corps retrouvé jeudi sur l’île d’Oléron (Charente-Maritime), dans un trou d’eau et dissimulé sous des végétaux, est bien celui d’Alexia, une lycéenne de 15 ans disparue le 1er février, a indiqué hier le parquet de La Rochelle. Une information judiciaire pour homicide volontaire sera ouverte demain. Calais Militants d’extrême droite interpellés En janvier 2015, deux Chinois ont volé une bague estimée à plus de 20 millions d’euros dans une boutique Cartier à Tokyo. Interpol qui en une journée peuvent faire des repérages sur une quinzaine de boutiques et qui le lendemain se sont envolés pour l’autre bout du monde, généralement depuis un aéroport autre que celui par lequel ils sont arrivés. » À l’été 2014, les experts du Sirasco (Service d’information, de renseignement et d’analyse stratégique de la criminalité organisée) se penchent sur la question : s’agit-il de faits isolés ou d’un seul et même groupe organisé ? Un Chinois intercepté à Roissy À force de recoupements, d’examens des cas d’arrestations en flagrant délit, d’échanges avec les professionnels et les services de police étrangers, le Sirasco est arrivé à la conclusion qu’il s’agissait d’une seule et même équipe, basée dans la province chinoise du Hunan, a priori hors du contrôle des triades et qui semble travailler « à la commande ». « Ils se greffent au flux grandissant des touristes chinois », résume Cécile Augeraud, chef du Sirasco. On pensait qu’il n’y avait que des hommes, on comprend maintenant que des femmes et des jeunes les accompagnent. C’est un phénomène en pleine expansion. En Europe, des pays comme la Slovaquie sont désormais touchés. Dubai et les Émirats sont régulièrement visés. Tout comme les États-Unis, l’Amérique du Sud, l’Afrique du Sud et bien sûr l’Asie… » Le travail des policiers français et la diffusion à l’international, relayée par Europol et Interpol, de signalements de suspects a porté ses fruits cet été au Japon avec l’arrestation de deux Pink Pandas qui avaient dérobé un solitaire dans une boutique Cartier de Tokyo. Même chose en France l’an passé où le réflexe « Pink Panda » a permis d’intercepter à Roissy, au départ d’un vol pour Hongkong, un Chinois de 48 ans auteur d’une tentative de vol de montre Omega chez Chaumet, à Paris, et d’un autre à Amsterdam. Yao Xingzou attend son procès. Il sera le premier à être jugé avec l’étiquette Pink Panda. S.J. Quatorze personnes ont été interpelées hier matin après un rassemblement non déclaré de militants du groupuscule d’extrême droite Génération identitaire manifestant contre la présence des migrants à Calais. Par aillleurs, la préfecture du Pas-de-Calais a indiqué que les deux tiers de la zone sud de la « jungle » (un peu plus de 5 des 7,5 hectares) ont été démantelés depuis le 29 février. La fin de l’opération est prévue cette semaine. Art Vente record pour trois bouddhas Un ensemble de sculptures de trois bouddhas datant de la dynastie Ming (XVe siècle) a été vendu aux enchères hier à Bordeaux pour la somme « record » de 6,2 millions d’euros. Ces trois bronzes dorés, provenant d’une collection privée, ont été acquis par un collectionneur asiatique présent dans la salle, selon la maison de ventes Briscadieu. 18 | sciences JDD | 13 mars 2016 Tracer l’or pour lutter contre l’orpaillage clandestin Déforestation, pollution au mercure des cours d’eau… les conséquences de l’exploitation clandestine de l’or sont un fléau pour la Guyane, où 10 tonnes du précieux métal seraient produites illégalement chaque année, soit 5 à 10 fois plus que l’or provenant des mines déclarées. « Le mercure est un neurotoxique puissant, un poison très violent pour l’homme et les êtres vivants en général, et il est très difficile de s’en débarrasser », constate florent taberlet, chargé du programme terrestre du WWf en Guyane. Comment, dès lors, distinguer l’or sorti d’une mine « officielle » de celui tiré de l’orpaillage illégal ? C’est à cette question qu’a tenté de répondre le projet tao (traçabilité analytique de l’or en Guyane), qui associe le WWf et le Bureau de recherches géologiques et minière (BrGM). en précisant les caractéristiques physico-chimiques de l’or guyanais selon les sites d’extraction, il vise à déterminer l’origine géographique de celui-ci. une première sur le continent sud-américain. pour mener cette étude, une trentaine d’échantillons d’or ont été analysés par le BrGM. le microscope optique indique notamment, à partir de la forme des grains d’or, si le métal a subi un traitement au mercure, et donc si son origine est illégale ; dans ce cas, les grains présentent des bordures en forme de chou-fleur. le microscope électronique à balayage identifie précisément les microinclusions minérales (sulfures de plomb, de fer, a Pépite d’or provenant minéraux de cobalt, grains de quartz…). la couleur, elle, reflète des différences de composition chimique, avec des variations de teneur en cuivre et en argent, par exemple. Différents critères qui, croisés, ont permis de définir des zones d’activité minières ayant des signatures physico-chimiques propres. « Les spécificités trouvées nous ont permis d’établir la carte d’identité des sites de prélèvements », explique thierry auger, minéralogiste au BrGM, permettant ainsi de trouver un lieu d’extraction à partir de l’analyse des grains. « Il revient maintenant à la puissance publique de décider d’aller ou non vers l’élaboration d’une signature de l’ensemble des sites d’orpaillage », poursuit thierry auger. une banque d’échantillons de référence permettant d’identifier tous les gisements d’or guyanais pourrait ainsi voir le jour. un outil précieux dans la lutte contre les garimpeiros arpentant la forêt. d’un gisement alluvionnaire. BRGM RichaRd Bellet Le patient dirige les opérations Première mondiale au CHU d’Angers, où une intervention sur le cerveau a été réalisée sur un patient éveillé portant un casque de réalité virtuelle. Sa tumeur était proche de ses connexions visuelles JUliette Demey @juliettedemey C’est une opération bluffante. La scène se déroule au bloc opératoire : un patient éveillé, portant un casque de réalité virtuelle, parle avec l’équipe médicale pendant que le chirurgien lui retire une tumeur cérébrale… Elle a eu lieu fin janvier au CHU d’Angers, dans le cadre du projet de recherche Cervo, lancé par le service de neurochirurgie du Pr Philippe Menei et le laboratoire Interactions numériques santé handicap (INSH) dirigé par le Dr Évelyne Klinger à l’ESIEA (École d’ingénieurs du monde numérique), à Laval. La chirurgie cérébrale éveillée, pratiquée dès les années 1950, a été oubliée avec les progrès de l’anesthésie, rappelle Philippe Menei. « Elle est possible car le cerveau est notre seul organe insensible, même si les vaisseaux ou les méninges ne le sont pas. » En France, une dizaine d’hôpitaux y ont recours. Depuis 2005, le CHU d’Angers a effectué près de 150 interventions sur des patients éveillés, notamment des enfants. L’intérêt ? Pouvoir réaliser une carte des fonctions cérébrales. En plaçant des électrodes sur certaines zones, les chirurgiens peuvent stimuler les neurones et localiser les circuits des fonctions à épargner. Mieux prévoir les dommages potentiels Jusqu’à présent, ils testaient surtout la motricité et le langage. « On peut désorganiser, activer ou inhiber ces neurones de manière à déclencher un mouvement chez le patient ou à provoquer des troubles du langage », explique le chirurgien. On repère ainsi les aires cérébrales actives. Pour le langage, un neuropsychologue ou un orthophoniste parlent avec le patient opéré. « On lui demande, par exemple, de nommer des images (une vache, une échelle…) avec une phrase type : “Ceci est…” Si le chirurgien touche la zone impliquée, des troubles apparaissent. Un manque de mots ou des paraphasies, l’emploi d’un mot pour un autre. » En cartographiant en direct les zones concernées, qui varient d’un patient à un autre, on prévoit mieux les dommages potentiels. La technique bénéficie en outre des progrès dans la compréhension de l’organisation du langage dans le cerveau. La répartition en deux grandes zones dans l’hémisphère gauche (l’une antérieure dédiée à la production, l’autre postérieure dédiée à la compréhension) était réductrice : « Il s’agit plutôt de multiples points organisés en réseau, localisés en grand nombre dans ces deux zones mais parfois aussi ailleurs ! On peut ainsi traiter des lésions inopérables auparavant et éviter des séquelles sur le langage. » L’équipe d’Angers a voulu aller plus loin et explorer la fonction visuelle. C’est là que la réalité virtuelle intervient. Philippe Menei, passionné par la convergence nanotechnologies, biotechnologies, informatique et sciences cognitives (NBIC), et Évelyne Klinger, qui s’intéresse à l’usage de la réalité virtuelle dans la prise en charge du handicap, ont convergé en 2014 vers le projet pluridisciplinaire Cervo. Celuici a abouti, en janvier, à l’opération de ce patient doté d’un casque Oculus. « À notre connaissance, cette utilisation de la réalité virtuelle en neurochirurgie pour tester en direct une fonction cérébrale est une première mondiale. Jusqu’ici, on l’a plutôt utilisée pour favoriser la détente de patients lors d’opérations orthopédiques », précise Évelyne Klinger. « On teste la cognition visuelle » Cette fois, l’homme de 61 ans souffrait d’une tumeur située près de ses connexions visuelles. Il avait déjà perdu la vision d’un œil à la suite d’une maladie ophtalmologique, « il n’était pas question de causer des troubles supplémentaires », précise Philippe Menei. L’équipe du CHU d’Angers l’a endormi le temps d’immobiliser sa tête entre deux pointes dans une têtière et d’ouvrir sa boîte crânienne. « Quand le cerveau est exposé, on réveille le patient. Ils apprécient d’être actifs dans l’acte, ils savent tout ce qui se passe », ajoute le Pr Menei. Avec l’aide de l’orthoptiste Sophie Hue, l’équipe du labo INSH (dont des élèves encadrés par un ingénieur expert, Marc Le Renard) a mis au point des applications qui reproduisent dans ces lunettes de réalité virtuelle le système encombrant utilisé en cabinet d’ophtalmologie. Au cours de l’opération, le patient fixe un repère central et doit signaler s’il voit apparaître des points lumineux sur l’écran de ses lunettes. La fréquence étant rapide, les médecins réagissent à la moindre anomalie. « On teste le champ visuel mais aussi la cognition visuelle, plus complexe : c’est la façon dont on explore l’espace en balayant de gauche à droite et de haut en bas », détaille Philippe Menei. L’objectif est d’améliorer cet outil, avec un système de eye tracking, qui suit les pupilles, ou de le rendre capable d’évaluer d’autres fonctions comme la cognition spatiale. Évelyne Klinger développe par ailleurs la réalité virtuelle pour la rééducation cognitive de patients atteints de lésions cérébrales après un AVC, un trauma crânien ou une maladie de Parkinson. g b Le patient éveillé, auquel on retire une tumeur au cerveau, porte un casque de réalité virtuelle. Il peut ainsi communiquer avec les médecins (ici, au CHU d’Angers) qui, grâce aux informations qu’il fournit, n’endommagent pas les connexions visuelles proches de sa tumeur. CHU AnGeRs et esIeA/AFP @richardbellet1 Rosetta dévoile les secrets des comètes... La mission Rosetta, partie à la rencontre de la comète 67P/ Churyumov-Gerasimenko, a permis de trancher une très ancienne question, celle de la nature des glaces des comètes. Et nous a ainsi donné leur âge. Deux grandes hypothèses s’affrontaient jusqu’ici : celle d’une glace cristalline, où les molécules d’eau sont arrangées de manière périodique, et celle d’une glace amorphe, où les molécules d’eau sont désordonnées. La première vient de l’emporter, et c’est le spectromètre de masse Rosina, embarqué sur Rosetta, qui a permis de trancher. L’analyse de ses données par une équipe du laboratoire d’astrophysique de Marseille (CNRS/ Aix-Marseille université) démontre en effet que les glaces à l’intérieur de la comète y sont essentiellement sous forme cristalline. Une découverte capitale qui permet de dater la naissance des comètes : elles ne seraient pas apparues dans le milieu interstellaire avant la formation du système solaire, mais seraient issues de la nébuleuse primitive de celui-ci. Elles auraient donc le même âge que lui. ...et ExoMars décolle ReUteRs Une fusée russe Proton doit lancer demain depuis Baïkonour, au Kazakhstan, la mission ExoMars 2016, initiée par l’Agence spatiale européenne (ESA). Deux objectifs : trouver les traces d’une forme de vie sur la planète rouge et apprendre à se poser sur elle. La mission suivante, ExoMars 2018, chargée d’envoyer un robot forer le sol de la planète, pourrait, elle, être décalée de deux ans. ExoMars 2016 emporte une sonde détectrice de traces de gaz, TGO, et un atterrisseur, Schiaparelli. La sonde, qui se mettra en orbite autour de la planète rouge, va rechercher des traces de méthane dans son atmosphère. La détection de ce gaz, déjà découvert en toutes petites quantités en 2004 par Mars Express, peut être le signe d’une vie micro-organique sur Mars. À condition toutefois que le méthane soit d’origine biologique et non le résultat d’un processus géologique. L’atterrisseur, lui, se séparera de l’orbiteur TGO le 19 octobre. Mais Schiaparelli, qui ne dispose pas de panneaux solaires, ne survivra que deux à quatre jours sur la planète rouge. économie jdd | 13 mars 2016 | 19 L’État mauvais actionnaire GouVernanCe Dette abyssale et démissions au sommet d’EDF et à la SNCF, naufrage d’Areva : où vont les fleurons des entreprises publiques françaises ? Le site de Hinkley Point occupe environ 20 ha près de la ville de Bridgwater, au sud-ouest de l’Angleterre. ChriS ratCliffe/Getty imaGeS C Bruna BaSini @BrunaBasini ’est un procès en incompétence. Celui d’un État actionnaire, mauvais gestionnaire, empêtré dans ses contradictions : de régulateur, de garant de l’intérêt général et d’employeur. Son portefeuille de participations lesté de quelque 80 sociétés et confié à l’Agence des participation de l’État (APE) fait grise mine. Les entreprises cotées qui le composent ont perdu 29 % de leur valeur en un an et ne valent plus qu’une soixantaine de milliards d’euros. Surtout, ses plus gros tickets font face à des défis sans précédent : dettes pour toutes, investissements astronomiques pour EDF et la SNCF, pertes abyssales pour Areva. Et de douter de la capacité de l’État à gérer leur destin dans un contexte de finances publiques tendues. « Le gouvernement navigue à vue, il tue ses plus beaux actifs à coups de décisions contradictoires et Emmanuel Macron a le culot de dire qu’il s’inscrit dans la grammaire des affaires », critique un fin connaisseur du secteur public. Un investissement de 15 milliards d’euros pour l’énergéticien Chez EDF, rien ne va plus. Au point que Thomas Piquemal, son grand argentier, mettant en cause la faisabilité du projet nucléaire britannique de Hinkley Point, a donné sa démission. Le gouvernement soutient l’opération. Un investissement de 15 milliards d’euros pour l’énergéticien, confronté à des engagements vertigineux de plus de 100 milliards sur le parc français, à une dette de 37 milliards et une capitalisation tombée à 21 milliards. Alors que sa clientèle d’entreprises a fondu de 30 % et que les prix de marché s’effondrent, il ne parvient pas à obtenir des pouvoirs publics des hausses de tarifs pour ses 28 millions de clients particuliers. Areva, lui, est devenu un actif en perdition que l’État s’est engagé à renflouer avec des coïnvestisseurs chinois et japonais. Plus de ponction à la SNCF Vendredi, le patron de la SNCF, Guillaume Pepy, présentait les résultats 2015 : – 12 milliards d’euros par le jeu de dépréciations. Après deux ans de baisse du nombre de passagers, le TGV reprend pourtant des couleurs. Mais le groupe n’a pas achevé sa fusion « extrêmement complexe », dixit Pepy, avec le gestionnaire du réseau RFF. Un Meccano industriel et financier dont les effets laissent sceptique, notamment depuis l’annonce du départ de Jacques Rapoport. La démission du patron de SNCF Réseau intervient alors que le gouvernement va réduire son soutien financier à l’entretien du réseau : 1.500 chantiers doivent être lancés. Seul lot de consolation pour les deux principaux « fleurons » de l’APE : le dividende de 1,8 milliard d’euros d’EDF en faveur du Trésor sera payé en actions ; pour la SNCF, le gouvernement s’est engagé depuis 2014 à cesser toute ponction. (aVeC SyLVie andreau) Thierry Breton Le PDG d’Atos, et ancien ministre de l’Économie, livre au JDD sa conception du rôle de l’État « C’est aux entreprises d’avoir une vision stratégique » actionnaire, agit aussi en prescripteur de missions de service public et en régulateur. Il est plusieurs parties prenantes à lui seul. Mais en acceptant ses fonctions, le chef d’une entreprise publique connaît parfaitement la règle du jeu. avec edF, SnCF ou areva, l’État a-t-il une vision stratégique ? EDF et la SNCF fonctionnent dans un environnement concurrentiel régulé depuis Bruxelles. Areva a lourdement failli du mauvais management de ses dirigeants. Mais c’est aux entreprises d’avoir une vision et au conseil d’administration, dont l’État s’il y siège, d’en valider la pertinence et non l’inverse. L’État stratège, je ne sais pas ce que c’est, sinon un émetteur de règles à faire respecter par les autorités de régulation et qui a la nécessité d’œuvrer à l’intérêt général. Le gouvernement soutient la participation d’edF au projet de Hinkley Point. est-ce raisonnable ? Je n’ai pas à juger de la pertinence d’une telle décision. Cet investissement de 15 milliards sur dix ans représente une diversification stratégique en Europe. Le groupe a fait approuver un plan décennal d’investissement de 110 milliards. Consacrer 15 % de l’enveloppe aux EPR britanniques me semble à portée de main. « Consacrer 15 % des investissements aux EPR britanniques me semble à portée de main d’EDF » L’État n’envoie-t-il pas des signaux contradictoires quand il réclame des dividendes et refuse des hausses de tarifs ? Les injonctions contradictoires sont le lot quotidien des chefs d’entreprise, a fortiori à la tête des groupes publics. C’est extrêmement complexe pour un dirigeant car l’État, qui est votre L’État n’est-il pas acculé aujourd’hui à ne jouer que les pompiers, comme chez Vallourec et areva ? Non. L’État doit faire tourner ses participations au mieux de ses intérêts patrimoniaux. Je déplore qu’il n’ait pas su le faire entre 2007 et 2012, période durant laquelle il n’a rien vendu. Aujourd’hui, nous pouvons profiter d’une abondance de liquidités à taux zéro, voire négatifs. Cela crée une opportunité exceptionnelle pour les investissements de long terme. Pour financer des projets de modernisation de pans entiers de notre économie en matière de transport, de transition énergétique, de réseau haut débit en créant des fonds d’infrastructure. C’est l’idée que je défends à travers la création d’un fonds européen de sécurité et de défense. ProPoS reCueiLLiS Par B.B. photo ÉriC DeSSonS/JDD « EDF doit faire la centrale nucléaire de Hinkley Point » Pierre Gadonneix Président d’honneur d’edF et du Conseil mondial de l’énergie Quel hiatus ! Quel aveuglement ! Je reste stupéfait de la frilosité qui se manifeste à propos des EPR de Hinkley Point, alors que la France reste en matière d’énergie un exemple mondialement reconnu. Il y a quelques jours encore, j’ai entendu le responsable d’une conférence internationale expliquer que notre politique énergétique historique reste une référence qui a permis de concilier réduction des émissions de C02, indépendance énergétique et électricité à bas prix. Au début des années 2000, j’ai reçu le témoignage d’admiration du Premier ministre chinois envers la France qui avait su construire plus de 58 tranches en quinze ans, soit le double de ce que faisait alors la Chine. Sipa Malgré cela, notre pays ne bruisse que de remises en cause de cette politique et d’incompréhensibles polémiques se focalisent sur Hinkley Point. Ce projet est une preuve de la pertinence de notre modèle et l’opportunité historique de redonner à la filière nucléaire française tous les atouts pour gagner une compétition internationale féroce. Comme tout programme industriel de cette taille, il y a des risques. Mais ils sont par- faitement maîtrisés : ce projet est arrivé à pleine maturité, aux plans financier comme technologique. S’en priver serait un gâchis : si EDF et Areva ne construisent pas Hinkley Point, d’autres le feront, les Coréens peut-être, les Russes sans doute. La filière nucléaire française aurait perdu ses chances de rivaliser au niveau mondial. Un gâchis inadmissible Seuls six pays et opérateurs peuvent prétendre développer un modèle nouveau de centrale : la France, les États-Unis, le Japon, la Corée, la Russie et la Chine. Aujourd’hui, la France n’est engagée que dans quatre des 70 réacteurs en construction dans le monde, dont plus de la moitié en Chine, Russie et Inde. Après Flamanville et avant le renouvellement à venir du parc français, Hinkley Point est le seul projet accessible en Europe pour EDF et Areva qui, sans nouveau projet industriel, n’auront plus d’activité de construction d’usines nouvelles pendant plus de dix ans, perdront leurs compétences et cesseront d’attirer les talents. Le gâchis serait d’autant plus inadmissible que tout concourt à soutenir le lancement de ces réacteurs. Le programme technologique est abouti : les équipes d’EDF et d’Areva, fortes de leurs compétences enfin réunies, ont les moyens d’y parvenir dans les meilleures conditions. Les pouvoirs publics soutiennent activement le projet, et c’est essentiel puisque son financement passe nécessairement par l’engagement de l’État. Les investissements lourds que doit mettre en œuvre EDF impliquent une visibilité à moyen terme que seule la puissance publique peut assurer à travers la régulation et des contributions financières partagées. Les gouvernements britanniques successifs ont le courage de s’engager à long terme sur des tarifs économiquement sains. La Commission européenne vient de donner son feu vert… Bref, qu’attend-on pour mettre en œuvre ce projet qui donnera à la filière nucléaire française les clés de l’avenir ? 20 | économiE JDD | 13 mars 2016 Une présidente pour le CAC40 La présidente du conseil d’administration du groupe Sodexo, Sophie Bellon, franchira un nouveau plafond de verre, le 21 mars. L’entrée du groupe de restauration collective au Le chiffre sein du CAC40 propulsera la seule femme à cette fonction au sein de l’indice. Parmi les entreprises du SBF120, Sodexo faisait déjà figure d’exemple en matière de parité. Le groupe a réservé aux femmes 38 % des postes dans son conseil d’administration et 43 % au sein du comité exécutif. L’aînée de Pierre Bellon, fondateur du groupe créé à Marseille en 1966, a été nommée PDG en janvier. S.A. 90 C’est en euros le montant de la taxe imposée sur une tonne d’huile de palme. Elle pourrait être adoptée cette semaine à l’Assemblée nationale lors de l’examen du projet de loi sur la biodiversité. L’huile de palme est accusée de provoquer la déforestation dans certains pays tropicaux. Coulisses Elle est également pointée dans la lutte contre l’obésité. Une première tentative de taxation a échoué en 2013 dans le cadre du projet de loi santé. La surtaxe ne concernera pas l’huile de palme issue des filières durables. L’Indonésie et la Malaisie, les deux principaux pays exportateurs de cette matière première agricole, sont vent debout contre l’initiative française. M.N. Alain Vidalies donne rendez-vous aux taxis C’est reparti pour un tour. Demain matin, le Syndicat des exploitants de transport de personnes (SETP) invite les VTC à manifester à l’aéroport de Roissy « pour défendre la profession ». D’autres syndicats appellent à protester à la fin du mois. En parallèle, le gouvernement cherche à déminer le conflit. Dans une dizaine de jours, Alain La Fnac est en quête de partenaires OPA La contre-proposition de Conforama pour racheter Darty force l’enseigne culturelle à nouer des alliances MARIE NICOT ET MATTHIEU PECHBERTY @marie_nicot @mpechberty Le suspense monte d’un cran. Cette semaine, le Sud-Africain Steinhoff, propriétaire de Conforama, devrait déposer une offre ferme pour racheter Darty à la barbe de la Fnac. Début mars, Steinhoff a créé la surprise avec une promesse alléchante pour les actionnaires de Darty : mettre sur la table 858 millions d’euros. Un atout majeur face à la Fnac, qui a proposé fin 2015 un système complexe d’échanges d’actions et du cash à hauteur de seulement 95 millions d’euros. Pour l’instant, The Takeover Panel, gendarme anglais des fusions, n’impose pas de date limite à Steinhoff pour se déclarer. « Tant mieux, analyse un proche du dossier Darty. Le temps joue pour nous. Nos résultats se sont améliorés. Ils veulent tous nous manger. Attendons… » Un avis qui n’est pas partagé par un spécialiste de l’enseigne d’électroménager : « Les situations d’incertitude sont préjudiciables aux équipes. » Seule certitude, le géant sudafricain a jusqu’à vendredi pour formaliser une seconde OPA lancée sur le distributeur britannique Home Retail en concurrence avec Sainsbury’s. Avec 20 milliards Bruno LEVESquE / iP3/maXPPP d’euros de capitalisation et 9,8 milliards d’euros de chiffre d’affaires, ce groupe encore méconnu du grand public semble capable de mener deux opérations d’envergure de front. Proposer plus de cash aux actionnaires La Fnac a tenu un conseil d’administration lundi dernier, une information démentie par le groupe, qui préfère souligner qu’Alexandre Bompard, patron de la Fnac, a passé la semaine à sillonner la Silicon Valley, rencontrant Tim Cook, président d’Apple. Les dirigeants de l’enseigne culturelle ont passé en revue les différentes options stratégiques pour contrer l’assaut de Steinhoff. Le constat est simple : pour tenter de rafler la mise, il est impératif d’améliorer l’offre en versant davantage de numéraire. « Il faudrait proposer pas loin de 50 % de cash pour convaincre les actionnaires de Darty », estime une source proche du groupe. Limitée en trésorerie, la Fnac réfléchit à une alliance avec un partenaire qui apporterait du financement. Trois options seraient sur la table. La première consisterait à se rapprocher d’un pro de la distribution : les noms de Carrefour ou encore du site chinois Alibaba circulent. Sans convaincre. « Aucune discussion n’est en cours, jure un proche du PDG Alexandre Bompard. Les problèmes soulevés par le gendarme antitrust sont lourds. » Le rachat de Darty étant déjà scruté par l’Autorité de la concurrence, l’arrivée d’un autre partenaire industriel risquerait d’être retoquée. La deuxième option viserait à s’allier à un fonds d’investissement. « Sauf que leurs exigences de rendement sont très élevées », ajoute ce proche de la Fnac. Enfin troisième option, des banques viendraient soutenir le projet. L’enseigne devra aussi convaincre son principal actionnaire Artémis (Kering) de remettre au pot pour financer une éventuelle surenchère. Le groupe de la famille Pinault pourrait symboliquement accompagner l’opération. g Bernard Demeure associé au sein du cabinet Oliver Wyman « La moitié des enseignes en Europe fusionneront d’ici à 2025 » CyriL BrunEau ViSuaL PrESS agEnCy Elle ose Le duel entre la Fnac et Conforama pour le contrôle de Darty est-il le signe d’un mouvement de concentration ? Les distributeurs établis font face à une forte pression concurrentielle et aux nouvelles formes de commerce en ligne. Les rapprochements deviennent inévitables. Dans l’alimentaire, on assiste depuis 2014 à la création de grandes alliances à l’achat : Système UAuchan, deux groupes qui ont annoncé vouloir aller plus loin avec des échanges d’enseignes, Intermarché-Casino et Carrefour-Cora. Dans le non-alimentaire, le mouvement va s’amplifier. Les rapprochements entre enseignes nationales et européennes vont s’accélérer. La moitié d’entre elles disparaîtront d’ici à 2025. Internet pousse-t-il à la consolidation ? Amazon et ses rivaux augmentent les exigences du consommateur. La livraison de produits alimentaires frais en moins de deux heures est une réalité. Au cœur de Paris, UberEats apporte vos repas en moins de dix minutes ! Pour rivaliser, les enseignes établies doivent continuer à améliorer les prix, la variété de l’offre et la proximité qui ont historiquement fait leur succès. Elles doivent aussi faciliter le parcours d’achat. Par exemple, avant de s’offrir un smartphone, le consommateur compare les modèles sur le site, vérifie les stocks du magasin près de son domicile, et se déplace pour payer et emporter son achat. Cette stratégie dite multicanale ou omnicanale exige des investissements importants. Les risques d’échec sont réels. Ce virage technologique pousse au rapprochement entre enseignes. Est-ce la fin des magasins ? C’est tout le contraire. On voit des sites de commerce en ligne tels le chinois Alibaba ou l’américain Zappos dans la chaussure ouvrir des magasins physiques. Même Amazon a inauguré l’année dernière sa première librairie à Seattle. PrOPOs recueillis Par Marie NicOt Vidalies, secrétaire d’État chargé des Transports, réunira les représentants des taxis pour mettre en œuvre le plan établi par le médiateur Laurent Grandguillaume. Le député PS a proposé ses solutions pour établir « une concurrence saine » : contrôles accrus pour protéger le consommateur, création d’un fonds d’aide aux taxis en difficulté, formation et identification des chauffeurs… M.N. Stéphane Le Foll et Phil Hogan, le commissaire européen à l'Agriculture, le 2 mars à Paris. ThomaS BrEgarDiS/ maXPPP Bruxelles au chevet de l’agriculture CRISE Demain, Stéphane Le Foll négociera des mesures d’urgence pour juguler la surproduction de porc et de lait Les agriculteurs ont rangé les tracteurs sans que la crise ne soit réglée. Les manifestations auront tout de même alerté Phil Hogan, commissaire européen à l’Agriculture, qui réunit demain un Conseil des ministres de l’Agriculture des Vingt-huit. La France espère que des mesures seront prises « pour stabiliser puis réduire » la surproduction qui est à l’origine de la chute des cours. Stéphane Le Foll milite pour un relèvement des niveaux de stockage en poudre de lait et viande de porc, et une limitation temporaire de la production. La levée de l’embargo russe sur le porc reste au programme, complétée d’un dispositif de soutien à l’export. Au niveau national, le ministre de l’Agriculture défendra la nécessité de signaler l’origine des viandes et du lait dans les produits industriels. « Nous souhaitons que l’Europe autorise à titre dérogatoire la France à étiqueter l’origine sur les produits transformés », précise au JDD Xavier Beulin, le président de la FNSEA. Contrairement au sommet exceptionnel de septembre, le ministre français a plus de chances de convaincre. Il assure avoir rallié une majorité de gouvernements européens à sa cause. Au fil des jours, la France et l’Allemagne ont décidé d’une « position commune ». L’Espagne, la Belgique, l’Autriche, l’Italie et la Slovénie partagent désormais la vision franco-allemande. Pourtant rien n’est acquis. L’Irlande, le Royaume-Uni, la Suède et le Danemark refusent toute idée d’intervention. M.N. Tabac : un délai de six mois pour le paquet neutre GAGNé DE HAUTE LUTTE, le paquet neutre sera mis en place chez les buralistes à compter du 20 mai 2016. Selon nos informations, les décrets d’application de la loi santé de Marisol Touraine sur ce paquet, ainsi que sur les capsules et les cigarettes mentholées, devraient être signés en fin de semaine et publiés la semaine suivante. Le texte prévoira un délai d’écoulement des stocks de six mois pour les paquets « non neutres » et de trois mois pour les cigarettes mentholées. Déstockages massifs ? Un délai, semble-t-il, plus strict que ceux de la directive européenne, fixés à un an. Et un temps jugé raisonnable face au risque de recours contentieux de la part des buralistes et fabricants. Cela donnera aussi aux cigarettiers la souplesse nécessaire pour livrer les nouveaux paquets à Logista, qui approvisionne quelque 28.000 points de vente en France, et aux débitants d’écouler leurs stocks ou de renvoyer leurs invendus. Si ce décalage ne la choque pas, Michèle Delaunay, ancienne ministre déléguée aux Personnes âgées et à l’Autonomie, aujourd’hui présidente de l’Alliance contre le tabac, redoute des déstockages massifs : « Nous n’allons pas mégoter sur le délai car l’attente fut longue et le combat difficile mais je suis sûre que les fabricants vont en profiter pour vendre un maximum de paquets. Et ce que l’on veut, c’est un paquet à 10 €. » BRUNA BASINI business | 21 jdd | 13 mars 2016 Jeudi, Alain Mikli pose dans le restaurant parisien qu’il a créé avec son associé, le boucher Alain Desnoyer. Nicolas MaRQUEs/ KR iMagEs PREssE Martini joue la carte vintage ALCOOL L’apéritif italien tente un retour à ses racines pour recruter de nouveaux consommateurs SyLvIe AndReAu Les mille et une vies d’Alain Mikli PORTRAIT L’ancien lunetier des stars fait attelage depuis deux ans avec le boucher Hugo Desnoyer, pour en faire une marque BRunA BASInI @BRunABASInI Viandard Alain Mikli, l’ancien lunetier des stars ? Lui qui habillait les visages d’Andy Warhol, Grace Jones ou Kanye West à coup de montures chics en acétate, s’est mis en tête de parer la marque Hugo Desnoyer, le boucher haute couture, comme on pare une épaule d’agneau sur le billot. « Je veux savoir si j’ai réussi par hasard, par accident ou par compétence en allant sur un territoire totalement neuf », explique l’entrepreneur effréné. S’offrir un essai bœuf la soixantaine rugissante venue. Racines arméniennes nichées derrière son vrai nom – Miklitarian – il reçoit lunetté dans le nouveau restaurant parisien qu’il vient de lancer avec son protégé et partenaire. Installé dans une encoignure de la halle Secrétan, en plein cœur du 19e arrondissement, le lieu, ambiancé peau de vache, détonne. Le menu propose des pièces chères d’un kilo à partager et des tapas carnées à des prix d’entrée de gamme. « Le mobilier a un vécu, on l’a relooké. Et on est là où on ne nous attendait pas », ponctue cet adepte du décalé. Les deux hommes qui se connaissent depuis près de vingt ans veulent diffuser leur concept vers des palais lointains et transformer le patronyme du boucher en marque mondiale. Mikli a vendu la sienne en 2013 au géant de l’optique Luxottica pour 100 millions d’euros. Une belle cagnotte que l’entrepreneur qui ne voulait pas devenir « un exilé fiscal » a décidé de réinvestir en France. Il a placé 10 millions d’euros dans l’aventure Desnoyer et tout désossé. « On a revu chaque étape de la vie de l’animal, sélectionné les éleveurs, imposé des règles sanitaires et alimentaires. Notre concept, c’est de l’herbe à l’assiette », résume-t-il. Huit projets en attente Baptisée Boucherie & Cow, leur société commune prévoit d’essaimer des établissements de Londres à Séoul en passant par New York, Shanghaï ou Dusseldorf, énumère Alain Mikli, qui espère lever à cette fin 10 à 30 millions de plus. Avec déjà une boucherie en ligne, les restaurants de Paris et Tokyo, deux corners aux Galeries Lafayette (Haussmann et Marseille) et un bur- ger le mois prochain dans le marché Saint-Germain à Paris, le duo met les bouchées doubles et imagine encore des implantations éphémères dans des foires ou des lieux touristiques. L’ancien lunetier, petit dormeur, a l’envie d’aller vite et veut consacrer 90 % de son temps à terme à ce projet, parmi huit autres. Entre deux business plans, il se ressource dans sa propriété des Yvelines et en Balagne (Corse). Mais toujours en vitesse, tant sa frénésie d’entreprendre reste forte. « Aujourd’hui, tous mes projets visent le confort, le bien-être et le partage », dit-il. On y trouve les Businova, des bus citadins silencieux à faible consommation avec beaucoup de lumière et d’espace, actuellement en test à Toulouse. Des écouteurs qui transmettent un son hi-fi sans vous couper du monde. Une jeune pousse de reconnaissance faciale, Wisimage, qui propose de se maquiller en réalité augmentée, et est prête à équiper demain des robots humanoïdes. Une application d’ambiance musicale qui crée de la musique libre de droit d’auteur. Et peut-être demain une nouvelle marque de lunettes… vachement belles. g Une low cost long-courrier dans le ciel français AéRIen Air Caraïbes a renoncé à racheter Corsair, mais lance une compagnie à bas coût La famille Dubreuil n’est pas du genre à renoncer facilement à ses projets. Après la cinglante déconvenue qui les avait poussés à renoncer au rachat de Corsair, il y a un an, les propriétaires d’Air Caraïbes annonceront jeudi le lancement d’une nouvelle compagnie aérienne française et, promettentils, la première low cost long-courrier. Elle serait baptisée French Blue, croit savoir La Tribune, et proposerait des destinations loisirs à bas coût, vers la République dominicaine notamment. Marc Rochet, le président d’Air Caraïbes, avait levé le voile sur son La Républicaine dominicaine devrait être la première destination de French Blue. PaNoRaMic projet en juin lors de l’assemblée générale de la compagnie antillaise. Il annonçait alors attendre la livraison d’un Airbus A330 neuf pour juin 2016, ce qui correspondrait au lancement de la nouvelle compagnie, depuis l’aéroport d’Orly, d’où opère Air Caraïbes. Il esti- mait que les conditions salariales ne permettaient pas de faire du low cost depuis la France, mais promettait de tout faire pour obtenir le pavillon français. Avec 1,2 million de passagers transportés l’an passé, Air Caraïbes revendique 32 % de part de marché sur les juteuses liaisons métropole-Antilles. En France, XL Airways exploite déjà un modèle proche de celui que s’apprête à lancer le spécialiste des Antilles. En Europe, Norwegian mais surtout Eurowings, filiale de Lufthansa, ont déjà investi le long-courrier à bas coût. S.A. La petite ville de Pessione, près de Turin, est en ébullition. L’usine historique de Martini qu’elle abrite reçoit aujourd’hui le gratin du Piémont et les pilotes de l’écurie de Formule 1 Williams, aux couleurs de la marque. Le champion de l’apéritif veut revenir dans la course. Il lancera en septembre une nouvelle bouteille, au design vintage, censé rappeler toutes les valeurs du Martini : dolce vita, moments partagés entre amis… Le groupe Bacardi, qui a repris Martini en 1993, a profité du passage de ses champions en Italie, avant la reprise de la saison de F1, pour dévoiler sa stratégie produit. Il y a quelques jours, une première étape de cette opération « retour aux sources » s’était déjà traduite par la mise sur le marché d’une nouveauté… vieille comme la marque, créée en 1862. Cette gamme de vermouth « Riserva Speciale » affichera 18° d’alcool alors que Martini, pour être plus « facile » à boire et surtout moins frappé fiscalement, était passé à 14°. Une descente qui l’avait exclu de l’appellation vermouth et donc de la composition des cocktails pour puristes. En concurrence avec un autre italien, Aperol Le nouveau Martini, version 2016, est lui censé reconquérir des consommateurs pour qui apéritif ne rime plus forcément avec vin cuit et qui sont allés chercher l’ivresse dans d’autres types de produits. Pour l’usine de Pessione, le changement de bouteille et la nouvelle étiquette sont une révolution. «Même les plus vieux salariés ne se rappellent pas la dernière fois que la bouteille a été modifiée de la sorte», assure Paolo Perego. Le président pour l’Europe de Bacardi-Martini ne veut pas dra- matiser la situation de la filiale italienne. « Je dirais que notre marché est plutôt stable sur ces cinq dernières années, avec 2 milliards de verres vendus par an », analyse-t-il. Les chiffres des ventes sont moins encourageants sur le marché français, le premier au monde pour la marque. Ceux de la grande distribution révèlent une nouvelle érosion du marché des apéritifs l’an dernier. Il représente cependant toujours 40 % du secteur des spiritueux, soit 1,5 milliard d’euros. Un volume qui justifie que Bacardi-Martini secoue les glaçons. « Quand on gère une marque de plus de 160 ans, il nous faut être capable de recruter de nouveaux consommateurs », reconnaît Paolo Perego, qui mise gros sur sa nouvelle bouteille. Martini vise donc une sortie en douce du créneau de l'apéritif Nouveau où il se retrouve coincé package depuis quelques années pour un et surtout, depuis peu, retour en en concurrence avec un force. DR autre italien, Aperol. Distribué en France par la maison Philippe de Rothschild, l'alcool à base de gentiane fait un tabac dans sa version cocktail, le spritz, et prend des consommateurs à la marque de Pessione. Le groupe Bacardi-Martini a donc lui aussi imaginé allonger sa boisson, pour tenir la distance quand les soirées s'éternisent. Après avoir tenté le mélange avec le prosecco, le vin mousseux italien dont les ventes ont bondi de 177 % en 2015, sous l'effet Spritz, la marque s'est accoquinée avec Schweppes. Elle espère faire de son martinischweppes la nouvelle boissson de l'été. g 22 | regards Rouge vif Anne Roumanoff @anne_roumanoff Et si on modifiait le code du couple ? JDD | 13 mars 2016 Le couple était en crise. Les célibataires, qui étaient de plus en plus nombreux, étaient surnommés les « sans-couple ». Il y en avait tant qu’on avait du mal à les comptabiliser précisément. Ils étaient régulièrement convoqués à l’agence Pôle couple, où des conseillers spécialisés était censés les aider à retrouver un partenaire. On leur proposait des ateliers de réécriture de CV amoureux où l’on apprenait aux inscrits à valoriser leurs expériences passées. On pouvait y faire des bilans de compétences relationnelles pour les orienter vers des couples plus en adéquation avec leurs aspirations profondes. Le souci, c’est qu’il n’y avait pas de concordance entre l’offre et la demande. Beaucoup de demandeurs de couple cherchaient un couple à durée indéterminée mais il y avait surtout des offres de couple à durée temporaire ou même de couple à temps partiel. Parfois les offreurs de couple avaient des exigences folles : ils demandaient des qualifications très poussées, espérant trouver une personne à la fois très jeune et très expérimentée qui serait aussi bien malléable qu’ultracompétente. Souvent, les quinquagénaires expérimentés étaient impitoyablement exclus du marché du couple. Ils le disaient eux-mêmes avec fatalisme : « À mon âge, je sais que j’ai très peu de chances de retrouver un couple à durée indéterminée, c’est pour ça que je multiplie les missions d’intérim, ça me permet de rester dans le bain de la séduction. » Quant aux plus jeunes, leur CV amoureux était ponctué de courtes expériences avec de multiples partenaires, ce qui donnait une impression d’incohérence et d’instabilité les empêchant d’avoir accès à un couple stable. du couple plus fluide multiplierait forcément le nombre de mariages, ce qui est, vous le reconnaîtrez, un raisonnement un peu curieux. La nouvelle loi prévoyait des mesures controversées comme la possibilité de faciliter le licenciement amoureux à la moindre difficulté relationnelle et le plafonnement des indemnités de rupture de couple. Certains hurlèrent : si cette mesure passait, non seulement le nombre de « sans-couple » augmenterait mais les plus fragiles seraient pénalisés, cette loi n’était pas une avancée mais un retour en arrière. Le gouvernement décida de faire de la diminution du nombre de « sans couple » sa priorité absolue. Comme souvent en France, quand on essaie de changer quelque chose, on nomme une commission chargée de réfléchir au problème. Sa conclusion fut la suivante : si les gens avaient de plus en plus peur de s’engager dans un couple à durée indéterminée, c’est à cause des contraintes que cela induisait. Il était donc indispensable de modifier le code du couple, de l’alléger pour inciter à s’engager dans une union à long terme. Faciliter la séparation et le divorce en rendant la sortie D’autres rétorquèrent qu’au contraire cette loi avait été conçue pour permettre aux jeunes de sortir de la précarité amoureuse et qu’il était urgent d’adapter le code du couple aux exigences du monde moderne comme l’avaient déjà fait de nombreux pays européens. On envisagea même de taxer les couples temporaires afin de forcer les gens à s’engager dans des unions durables. La vérité, c’est que pour se lancer dans une union durable, on a besoin d’une chose impalpable qui ne pourra jamais être décrétée par une loi, car elle est impalpable : la confiance dans l’avenir. g « Voilà mon dernier mot ! » Au dernier jour de son procès, mercredi, la pilote d’hélicoptère ukrainienne a adressé un bras d’honneur à ses juges russes en entonnant l’hymne de son pays. Jugée pour le meurtre de deux journalistes en Ukraine, Nadia Savtchenko a réaffirmé son innocence et annoncé qu’elle poursuivrait sa grève de la faim et de la soif au moins jusqu’à la date du verdict, les 21 et 22 mars. « Peut-être que je vivrai jusque-là… Les enjeux sont élevés et je n’ai rien à perdre. » Plusieurs États réclament la libération immédiate de Nadia Savtchenko devenue une héroïne en Ukraine. YURY MALTSEV/AFP La photo de la semaine Opinion Guillaume Lepecq Fondateur d’AGIS consulting (Paris) L’argent liquide est notre avenir Je pense que l’argent liquide n’existera probablement plus dans dix ans. » Lorsque j’ai lu ces propos d’un patron d’une banque allemande, je me suis dit : encore un banquier qui rêve éveillé… Mais lorsque j’ai entendu dirigeants et hauts fonctionnaires reprendre l’idée, je m’en suis inquiété. Une société carrément sans argent liquide, c’est une boîte de Pandore qui s’ouvre. Le ministre autrichien des Finances pense que les citoyens ont « le droit constitutionnel de payer en argent liquide ». En revanche, au Danemark, en Norvège ou en Suède, l’industrie bancaire essaye d’imposer une société illusoire et risquée du « toutpaiement électronique ». Ce « meilleur des mondes » de PayPal, Google Wallet, Amazon, Visa, MasterCard ou ApplePay pose pourtant problème. J’estime que l’argent liquide est notre avenir. Le billet de banque ne contient aucune donnée personnelle à voler. C’est un produit « high-tech » et sécurisé, où se croisent une vingtaine de dispositifs d’authentification… Il est économe en réseaux électroniques et en papier – alors que nos paiements électroniques usent et abusent des réseaux et des tickets de preuve. Et puis le billet de banque est à l’abri des bugs. Certains croient que supprimer l’argent liquide servirait à lutter contre le terrorisme ou le blanchiment. Cela fait bien longtemps que Daech ou la mafia recourent à des mécanismes financiers sophistiqués. L’argent liquide, c’est pour les petits malfrats. Mais s’il faut supprimer l’argent liquide parce qu’ils l’utilisent, il faut aussi supprimer la voiture et le téléphone. Si je m’inquiète, c’est que cette idée folle nous fera vivre plusieurs cauchemars en même temps. Le cauchemar de la privatisation de l’argent : ce bien public passera dans les mains des opérateurs privés, américains surtout, qui accéderont à notre dernier espace de vie privée, celui de nos achats. Et sans la concurrence des billets de banque, l’industrie du paiement pourra organiser et tarifer le marché du paiement à sa main. Le cauchemar de la taxe sur les comptes bancaires avec de simples taux d’intérêt négatifs… Pour y échapper, certains remplaceront leurs billets disparus par des achats de diamants ou d’or. Quant aux citoyens de pays en crise à travers le monde, ils ne pourront plus placer leurs économies à l’abri dans un coffre. Le cauchemar de la fin du lien social. Payer en monnaie physique est un acte d’échange et de confiance, de personne à personne. C’est un acte de civilisation et de culture. Pour sauver les émetteurs de cartes, pour donner de nouveaux débouchés aux plates-formes Internet et aux fintech, pour consoler les banques, allons-nous laisser escamoter nos billets, comme l’ont fait Suédois et Danois ? Nos voisins et amis allemands résistent déjà. Mais je n’entends rien en France. g Supprimer le cash contre le terrorisme ? Cela fait bien longtemps que Daech recourt à des mécanismes financiers sophistiqués Déchiffrage Axel de Tarlé La fin des hypermarchés L ’hypermarché ne cesse de perdre du terrain. Les ventes ont reculé de 3 à 4 % l’an dernier, selon les chiffres du magazine spécialisé Linéaires. Chez Carrefour, l’hypermarché ne représente plus que 52 % des ventes, contre 65 % il y a dix ans. Le modèle de l’hyperconsommation est à bout de souffle. Les rayons interminables et les caddies qui débordent ne font plus rêver personne. Le consommateur a soif de qualité et de petite quantité. On vOIt même apparaître des magasins qui ne vendent plus rien, plus de marchandises ! Cette vague nous vient des États-Unis. La boutique est devenue un simple showroom où le consommateur vient prendre des conseils, tester le produit, avant de le commander éventuellement pour une livraison à domicile. Decathlon a ouvert une première boutique de ce genre à côté de Lille. Quelque 22.000 références y sont simplement exposées. Avantage : zéro stock. Le vendeur ne perd pas de temps à réapprovisionner les rayons, il est entièrement tourné vers le client. Le cOmmerçAnt se réapproprie ainsi son métier de commerçant : la satisfaction du client. Avec l’essor du big data, on s’oriente même vers un accueil ultrapersonnalisé où le client est reconnu et se voit proposer des objets propres à son univers. Imaginez une boutique de vêtement, où l’on vous accueille avec une tasse de votre thé vert favori, des vêtements à votre goût, que vous pouvez essayer dans une cabine qui diffuse votre musique préférée, puis vous repartez les mains vides, après avoir commandé en boutique. Plus besoin de voiture ! c’eSt tOut de même plus sexy que des fringues vendues en vrac, dans l’hypermarché de la ZAC Nord « Euro 2000 » avec son parking de 4.000 places ! Le monde de l’hyperconsommation « 10 paquets achetés/10 paquets offerts » touche à sa fin. La boutique est de retour. Un message d’espoir pour de nombreuses villes moyennes qui ont vu leur centre-ville vampirisé par la zone commerciale. g jdd | 13 mars 2016 Erik Orsenna Le chasseur de regrets En écrivant le « livre de son père », le romancier se dévoile en remontant aux origines de sa filiation : l’amour des mots, des femmes et de la musique, des histoires folles et vraies I Ludovic Perrin @lpjdd l ressemblait à Clark Gable. L’œil qui frise autant que la moustache. Il s’est écroulé dans les alignements de menhirs à Carnac. Puis il est mort. Erik Orsenna, son fils aîné, qui a dû se rebaptiser du nom d’une ville imaginaire pour prendre son envol (Orsenna, dans Le Rivage des Syrtes, de Julien Gracq) lui consacre un roman. Dans L’Origine de nos amours, l’écrivain économiste, qui s’est fait connaître sur les problématiques d’équilibres NordSud et de redistribution des richesses, y explique combien il est difficile de grandir à l’ombre d’un menhir. Claude Arnoult avait tout bon : la fine moustache et l’allure subséquente, la maîtrise des courants, le sens des histoires et le goût du danger. Il était beau, champion d’aviron et savait inventer des récits de pirates s’échouant au large des Caraïbes. Il a fini ses jours dans une charmante résidence près d’un centre commercial jouxtant le parc de Versailles. Le fils a une moustache plus touffue. Il s’est toujours trouvé trop petit, trop médiocre pour remporter la moindre médaille. « Je l’ai toujours connu incapable d’être aimé pour ce qu’il est, surpris que l’on puisse tomber amoureux de lui », explique son amie Catherine Clément. Les honneurs ont servi de compensation. Le fils de gaulliste gauchiste s’est distingué comme conseiller sous François Mitterrand à 34 ans, Prix Goncourt à 41 ans, coscénariste du film Indochine à 45 ans (cinq César, un oscar et un Goya) et membre de l’Académie française à 51 ans dans le siège d’un autre amoureux de la mer, le commandant Cousteau. Les parents ont assisté à l’intronisation du petit génie de la famille. Ils avaient 73 et 74 ans. Le fils les avait réunis à nouveau. Cela vaut bien tous les podiums olympiques. de sa femme. La mère d’Erik. « Erik s’est toujours montré discret sur ses parents ; je n’en sais presque rien sinon qu’il a été très choqué par leur divorce », relate Catherine Clément. Dès lors, un dialogue s’est engagé entre le père et le fils. Chaque premier dimanche du mois durant trente-quatre ans, ils se sont retrouvés pour déjeuner à La Flottille, un genre de guinguetteprès du château de Versailles. Le viceprésident de la Fédération française d’aviron s’inquiétait pour les amours houleuses de son fils. Pourquoi ça ne marchait pas alors que tout le reste lui réussissait ? Il a été très heureux d’apprendre à la fin de sa vie que son aîné, ce garçon qui s’est dépeint en veuf éploré dans La Chanson de Charles Quint, avait enfin trouvé un équilibre sentimental. Isabelle est cardiologue, elle est la troisième femme d’Erik Orsenna. « Nous parlions d’amour, c’est étrange entre un père et un fils, mais nous nous arrêtions au bord de l’intime. » Erik Orsenna avait 8 ans lorsqu’il s’est rendu pour la première fois de l’autre côté du miroir. Avec son père, comme toujours. Le dirigeant de la petite entreprise de jouets proche de la faillite s’entraînait sur le circuit automobile de Montlhéry. La mère interdisait que son fils montât dans ces bolides de fou. Mais un jour, Erik rompit la promesse : cheveux au vent, chevaux dedans, 150 km/h à bord d’une DB. En rentrant, Erik mentit. Et un monde s’entrouvrit. « C’était fabuleux. Ce jour-là, j’ai compris que je pouvais avoir deux vies, être l’enfant sage de ma mère et aussi un autre. » Sa mère, monarchiste continuant à rêver des rois de France, lui avait transmis le sens de la rigueur. Son père lui donna ce grain de folie. Erik Arnoult, le conseiller d’État, serait aussi Erik Orsenna le romancier. Le père parlait plus que le fils. Parce qu’il fallait raconter. Le père savait que le fils saurait écrire et transmettre au plus grand nombre. Erik Orsenna a longtemps cru que tout était inventé. Il découvrit finalement qu’un des ancêtres paternels avait effectivement débarqué en 1838 dans la vieille ville de Trinidad, à Cuba, un petit tailleur pour dames, le premier séducteur de la branche paternelle. Les femmes, comme chacun sait, sont les plus belles histoires du monde. Ce n’est pas Erik Orsenna qui dira le contraire : il peut se planter des heures entières devant une agence immobilière pour s’imaginer dans « Nous parlions d’amour, c’est étrange entre un père et un fils, mais nous nous arrêtions au bord de l’intime » « Chez Erik, l’écriture est toujours liée à un danger » Bretagne, été 1975. La radio diffuse un titre de Gérard Manset, Il voyage en solitaire, cette chanson parlant d’un paradis où il n’y a pas de place pour se garer. Erik Orsenna a fait le trajet jusqu’à l’île de Bréhat, le pays de son enfance, pour se réfugier dans les bras de son père. Il divorce de sa première femme, Nathalie. Sitôt arrivé sur l’archipel de l’Arcouest, il apprend que son père est tout aussi inconsolable : il se sépare pareillement Erik Orsenna, le 22 février, chez lui, à Paris. Gilles BassiGnac/DiverGence pour le JDD 1947 Naissance à Paris 1974 Loyola’s Blues, premier roman (Seuil) 1975 Thèse en sciences économiques : « Les Mécanismes de la création en économie ouverte » 1981 Ministère de la Coopération auprès de Jean-Pierre Cot, puis plume et conseiller culturel de François Mitterrand 1988 L’Exposition coloniale, prix Goncourt 2016 L’Origine de nos amours (Stock) une autre maison, un autre univers, une autre famille. Ce lutin reporter incarnerait à merveille Tintin si celuici était sexualisé. « Mon père regardait les passantes. Pour l’allure, mais aussi parce que chacune rend possible une histoire, des lieux, un voyage. » Son amie Catherine Clément : « Chez Erik, l’écriture est toujours liée à un danger. Souvenez-vous qu’il a traversé le Sahel sous escorte pour écrire Madame Bâ. » Quel danger y a-t-il dans L’Origine de nos amours ? Le père est mort, la mère partie dans les limbes d’Alzheimer. Il reste son frère et sa sœur à qui il a dédié ce « livre de leur père » : l’un psychiatre (Thierry, deux ans et demi de moins) ; l’autre mère de quatre enfants (Juliette, douze ans plus jeune), qui a sacrifié une brillante carrière chez Europe Assistance, tous aussi différents qu’on peut l’être dans une même famille. Tout l’intéresse, il a écrit sur tout et partout Erik Orsenna est un drôle de type, jonglant entre ses expéditions aux quatre coins du globe et le consulting en entreprise (Engie), tout aussi capable de pousser la chansonnette sur un air de salsa ou de coucher un texte avec un Grand Corps Malade ou bien Oxmo Puccino. Il a écrit une préface pour l’Airbus 380 comme il a fait une bio très personnelle de Pasteur. Tout l’intéresse. Il a écrit sur tout et partout, même dans le voilier d’Isabelle Autissier sur l’Antarctique. Dans sa maison parisienne de la Butte-aux-Cailles, ses deux bureaux se font face : à droite celui dédié aux romans ; à gauche celui consacré aux ouvrages plus scientifiques. Exactement comme les deux hémisphères d’un cerveau humain, la raison (maternelle) à gauche ; la fantaisie (paternelle) à droite. Quand il retrouve sa Bretagne, sur l’archipel de Molène, juste en face de Bréhat, d’où il observe son enfance, c’est dans une cabane qu’il se réfugie au fond du jardin. Il écrit dès 4 heures du matin, à l’heure de sa naissance. C’est là et aussi ailleurs que lui est revenue l’histoire de son père. Il travaillait sur la biographie d’un amiral chinois du XVe siècle, Zheng He, quand sur un vol retour de Chine, il a vu sa vie défiler devant ses yeux : une tempête secouait la carlingue. « Je me suis dit “Petit mec, c’est le moment ou jamais…” J’avais longtemps retardé l’échéance, mais ça y est, maintenant je me sens apaisé. J’ai raconté », dit-il près d’un piano. Depuis la disparition de Claude Arnoult, Erik Orsenna ne s’est plus contenté des histoires de papa, il a décidé d’effleurer l’ivoire. Sans rien connaître à la musique, ni au solfège. Jusque-là, c’était le domaine réservé de son frère cadet, guitariste classique ayant longtemps joué Bach avant de se recentrer sur son activité de psychiatre. La place était donc libre. La musique, c’était les ancêtres de Cuba. La lignée paternelle. Une flopée de premiers prix de conservatoire. Chaque jour, l’insatiable Orsenna se met à son piano. À 69 ans, ce « chasseur de regrets » a élargi son champ des possibles. Les mots et les notes. Des histoires à chaque fois. g 24 | météo regards JDD | 13 mars 2016 « Le vent dans tes cheveux blonds / Le soleil à l’horizon / Quelques mots d’une chanson / Que c’est beau, c’est beau la vie » Au jeu de go, la machine a battu hier le champion du monde sud-coréen Lee Sedol pour la 3e fois. Extrait de « C’est beau la vie » (1963) Hommage à Jean Ferrat, décédé le 13 mars 2010 3 9 1 12 0 Lille 10 Abbeville 0 11 Cherbourg 3 12 Brest Dimanche 13 mars Indice de confiance 5/5 0 12 Rennes 0 12 Nantes 1 11 Paris Tours Clermont-Ferrand 0 9 Bordeaux 2 13 4 12 Lundi 14 5/5 1 Nord 10 Sud 2 14 Jeudi 17 3/5 1 Nord 11 Sud 3 12 Biarritz Toulouse 1 12 Mardi 15 5/5 Ensoleillé - 10°/0° 1°/5° Nancy Strasbourg 0 2 10 10 Dijon Besançon 1 1 10 10 Lyon Grenoble 2 3 11 12 9 16 Nice Marseille 5 Bastia 14 9 14 Mercredi 16 3/5 1 Nord 11 Sud 3 16 4 Nord 10 Sud 4 13 Vendredi 18 3/5 Samedi 19 3/5 1 Nord 12 Sud 3 14 2 Nord 11 Sud 3 15 Éclaircies 6°/10° Yonhap / REUTERS Nuageux 11°/15° Couvert 16°/20° Pluie 21°/25° 26°/30° Orages Neige 31°/35° 36°/40° Éclairage Par Jean-Gabriel Ganascia* Le vainqueur, c’est l’homme qui a créé AlphaGo La victoire de l’intelligence artificielle La série de victoires du programme AlphaGo sur le champion du monde sud-coréen Lee Sedol marque un jalon dans l’histoire de l’intelligence artificielle. Le go, une activité très populaire en Asie, qui requiert ruse, créativité et astuce, n’est pas n’importe quel jeu. Le but, c’est de dessiner et de circonscrire des territoires afin de prendre les pions de l’adversaire. C’est le plus long et le plus complexe des jeux de stratégie, raison pour laquelle, dans ce domaine, l’humain a longtemps résisté aux assauts de la machine. Aux échecs, la partie est pliée depuis 1997, lorsque l’ordinateur Deep Blue d’IBM a battu Garry Kasparov. Il y a une différence d’échelle énorme : aux échecs, le nombre de combinaisons possibles est de l’ordre de 1070, ce qui est déjà beaucoup, presque autant que de particules dans l’univers. Mais au jeu de go, qui se joue sur un tablier quadrillé de 19 lignes et autant de colonnes, c’est 10170 ! Autre élément de complexité, aux échecs, on peut compter les pièces prises à l’adversaire, quantifier la stratégie. Au jeu de go, on ne sait pas comment faire pour quantifier les figures répertoriées, l’ensemble de motifs que les joueurs apprennent avec le temps. Des réseaux de neurones Plusieurs facteurs expliquent les succès d’AlphaGo. D’abord, ces dernières années, l’augmentation de la puissance de calcul des ordinateurs et l’existence de gigantesques bases de données sur lesquelles entraîner les machines. Ensuite, l’utilisation des méthodes statistiques dites de Monte-Carlo, qui ont permis de faire une espèce d’échantillonnage et de mieux évaluer les positions sur le damier. Mais le point central, c’est l’apprentissage profond. Une vieille idée qui consiste à acquérir des compétences à partir d’exemples. Pour cela, le logiciel mobilise des réseaux de neurones formels, mis au point par des informaticiens et des mathématiciens, qui imitent le fonctionnement du cerveau humain. Dès leur invention en 1943, ces neurones artificiels ont été capables de réaliser toutes les fonctions logiques, à condition de superposer plusieurs couches de ces unités informatiques. Depuis cinq ans, les réseaux de neurones sont de nouveau en vogue. Des couches plus nombreuses de cellules permettent un apprentissage profond. Le logiciel a utilisé cette technique de deux manières. Premièrement en progressant à partir d’un grand nombre de parties déjà jouées, les coups décisifs et leur issue. Deuxièmement, la machine a joué contre elle-même ou contre d’autres programmes des centaines de milliers de parties pour s’améliorer. Le succès de Google AlphaGo est un programme de DeepMind, une filiale de Google spécialisée dans l’intelligence artificielle. Avec la machine, le géant américain qui a beaucoup investi dans le domaine depuis deux ans, est l’autre vainqueur du duel. Quel coup de pub extraordinaire ! Le jeu lui donne une image sympa mais derrière, il y a toute une logique économique. L’apprentissage profond est une technique générique, utilisable dans beaucoup d’autres secteurs : la reconnaissance de formes pour la voiture autonome, la publicité adaptative, l’interprétation des requêtes sur le moteur de recherche, etc. La machine et l’homme Depuis l’invention du concept d’ordinateur au XIXe siècle, on se demande si la machine ne va pas prendre le pouvoir sur nous, avec la crainte de se retrouver dans la position du démiurge face à son double. La même question s’est reposée lorsqu’a été mis au point le premier ordinateur électronique en 1946 et encore, en 1955, au moment où a été énoncé le concept d’intelligence artificielle (utiliser les machines pour étudier l’intelligence). Il s’agit d’une fausse question. C’est nous qui attribuons l’intelligence à la machine, au moyen d’une projection faite sur elle. Elle n’est pas intelligente indépendamment de nous ! Elle est seulement autonome, au sens technologique du terme : une chaîne se substitue à l’homme de la prise d’information à l’action. Mais elle n’a pas d’autonomie au sens philosophique, elle n’est pas capable d’émotions. Le joueur sud-coréen Lee est plus triste de perdre que le logiciel heureux de gagner. Le grand gagnant, c’est Demis Hassabis, le fondateur de DeepMind. En ce sens, on vient d’assister au triomphe de l’intelligence scientifique, humaine. ProPos recueillis Par anne-laure Barret * Professeur en informatique à l’université Pierre-et-Marie-Curie à Paris, auteur de « L’Intelligence artificielle » (Le Cavalier bleu) dimancheculture jdd | 13 mars 2016 | 25 Daniel Auteuil incarne formidablement André Bamberski, qui s’est battu pendant vingt-sept ans pour faire condamner l’assassin de sa fille « Je m’identifie au père, pas au justicier » IntervIew DAnielle AttAli Ç @danielleattali a fait un bail qu’on le croise, qu’on l’écoute, qu’on le regarde. On peut presque dire qu’on a grandi avec lui. Daniel Auteuil, il ne nous en voudra pas, c’est une partie de notre patrimoine cinématographique. Il a quasiment tout fait, de la grosse rigolade aux drames les plus subtils ou saisissants. Le grand écart. Sympathique, souriant mais réservé, un peu moins peut-être avec le temps, il est aussi le père et le grand-père d’une tribu de trois enfants sur laquelle il aime veiller. À 66 ans, il avoue ne plus avoir la même énergie qu’à 30 ans, mais n’a pas envie de se « ménager ». « Autour de moi, les gens s’inquiètent de ma santé parce qu’au théâtre, où je suis actuellement dans la pièce de Florian Zeller, j’ai l’air d’un hystérique pendant deux heures. » Viol et injections Pas près de rendre les armes donc. Son dernier film, Au nom de ma fille, de Vincent Garenq, est de ces scénarios implacables où un homme ordinaire surmonte tous les obstacles et triomphe. Sauf qu’ici il s’agit d’une histoire vraie hallucinante. D’ailleurs de mémoire de magistrat, on n’a jamais vu ça. Pendant vingt-sept ans, André Bamberski, comptable de son métier, s’est battu contre l’institution pour obtenir justice ! Ni le temps, ni les échecs, ni l’inertie des Allemands, des juges voire des politiques de l’époque, encombrés de diplomatie, pas plus que ceux qui lui conseillaient de jeter l’éponge ont eu raison de sa quête : faire condamner le médecin allemand Dieter Krombach, beaupère de sa fille Kalinka, 14 ans, découverte morte en 1982 après des injections et sans doute violée. Son combat s’achèvera en 2009 par le kidnapping et la livraison à la police de Mulhouse de cet homme contre lequel un mandat d’arrêt international courait depuis des années. Quant aux dix plaintes pour viol dans son pays, elles ont toutes été classées. Il n’en fallait pas plus à Daniel Auteuil pour se jeter, lui aussi, dans la bataille et devenir l’incroyable André Bamberski. Rencontre. Daniel Auteuil incarne un père meurtri et épris de justice, qui ne cessera de mener le combat contre le bourreau de sa fille. PROD Qui peut avoir l’énergie de mener une lutte aussi longue ? Quand Bamberski apprend la mort de sa fille, il s’effondre, puis le rapport d’autopsie arrive, le scandalise et provoque une colère qui ne le lâchera plus. Son entêtement va faire de lui un personnage héroïque, extraordinaire. Je pense que la mort « J’assume tous d’un enfant est la chose la plus les films que qui soit. J’ai tournés, même terrible Peut-on jamais en faire le deuil ? si pour certains J’ai parfois eu le sentiment d’avoir perdu du temps avec des cons » Ce n’est pas la première fois que Vincent Garenq vous propose un film. Pourquoi avoir dit oui cette fois ? À l’époque, j’avais refusé Présumé coupable, sur l’affaire d’Outreau. Je trouvais le scénario trop noir. Ici, c’est vraiment différent. Qu’est-ce qui vous a intéressé ici, l’histoire ou le personnage ? Les deux. Dans cette affaire, tout me fascine. Elle va très au-delà du fait divers, on est dans une tragédie grecque. Il y a aussi la mère qui quitte son mari pour épouser celui qui deviendra l’assassin de sa fille. Ça donne le vertige. Pendant ces années, elle pense que son ex-mari s’acharne par jalousie. Krumbach a été condamné à quinze ans de prison en France, peine qu’il purge toujours. Mais sur le tournage, à Lindau, en Allemagne, on s’est aperçu que les gens ne voulaient toujours pas croire à sa culpabilité. Il a pourtant violé plusieurs jeunes filles. Bamberski n’a-t-il pas en partie gâché sa vie dans cette lutte ? Totalement. Il a renoncé à beaucoup de choses. Je m’identifie au père, pas au justicier. Je crois que j’aurais été incapable de faire ce qu’il a fait. D’ailleurs, si un scénariste inventait son histoire, on lui dirait qu’il a trop d’imagination. Personne n’est obstiné à ce point. Lui a pourtant prouvé le contraire. De quoi avez-vous parlé quand vous l’avez rencontré ? Heureusement, il est venu sur le tournage presque à la fin. Comme il est aussi peu disert que moi, il n’a pas dit grand-chose… Et moi non plus. Surtout, qu’aurais-je pu lui demander ? Tout me paraît indécent. Il a regardé une scène puis on a déjeuné. Là, il a confié que cette histoire était désormais derrière lui. Ça m’a soulagé de l’entendre. Je n’ai pas parlé de sa fille. n’y a-t-il pas une complexité particulière à incarner un personnage réel encore vivant ? Bien sûr, il y a une responsabilité à la fois du metteur en scène, Vincent Garenq, et de moi-même. Il faut avoir suffisamment de rigu- Au nom de ma fille iiif De Vincent Garenq, avec Daniel Auteuil, Sebastian Koch, Marie-Josée Croze. 1 h 27. Sortie mercredi. Comment résumer en 1 h 27 près de trente années de la vie et de la quête d’André Bamberski, parti tel un don Quichotte des temps modernes réclamer justice à l’institution judiciaire pour confondre Dieter Krombach, qui eur pour être à la hauteur. Quand j’ai joué Claude Berri dans le film qu’il dirigeait, L’un reste, l’autre part, il m’a très vite décomplexé. Pour André Bamberski, j’ignore la vision qu’il peut avoir du film. Je ne voulais surtout pas le trahir. Quand vous vous retournez sur votre carrière, ça vous inspire quoi ? Non. J’assume tous les films que j’ai tournés, même si pour certains j’ai parfois eu le sentiment d’avoir perdu du temps avec des cons. On peut se tromper, ce n’est pas grave, on ne se lance pas dans ce genre d’aventure pour gagner. Parmi les 85 films à votre actif, quels sont les trois qui vous ont finalement construits ? Que je suis « cette affaire encore ce jeune va très au-delà homme qui a grandi à Avignon du fait divers, et qui est monté on est dans Forcément, à Pa r i s p o u r Les Sous-Doués, devenir Gérard une tragédie de Claude Zidi, Philipe. La pas- grecque » qui a tissé un lien sion est toujours avec le public de là. Évidemment, le temps a passé, génération en génération, comme les jeux sont faits, mais j’ai envie une chanson de Claude François. Jean de Florette, de Claude Berri, d’en profiter encore plus, avant que ça s’arrête. On aura toujours bepour tout ce qu’il représente. Et soin d’un vieux dans un film pour Claude Sautet de Quelques jours faire un truc. avec moi et Un cœur en hiver. Ils Justement, au regard de votre m’ont donné accès à différentes parts de moi-même. g parcours, des regrets ? avait tué sa fille de 14 ans ? Cette histoire vraie ne pouvait qu’atterrir entre les mains de Vincent Garenq, dont le précédent film, L’Enquête, décryptait brillamment l’affaire Clearstream, qui a broyé le journaliste Denis Robert. Dans les deux cas, des hommes seuls contre tous. Ici, la réalisation tendue, entre passé et présent, a su trancher pour ne s’intéresser qu’à l’essentiel sans vider le film de sa substance émotionnelle. On suit cette affaire incroyable mais vraie comme un thriller à rebondissements. Au casting impeccable, Daniel Auteuil apporte ce supplément d’âme que possèdent les grands acteurs. Il incarne avec force et dignité ce père blessé et entêté, véritable héros d’une tragédie antique transposée dans le monde d’aujourd’hui. D. A. 26 | culture | cinéma JDD | 13 mars 2016 On aime Passionnément iiii Beaucoup iiif Bien iiff Un peu ifff Pas du tout ffff Les Ogres, tambour battant Un film très vivant avec l’énergie débordante du théâtre itinérant et de la famille Fehner En sallEs mErcrEdi Jodorowsky’s Dune iiif ALExIS CAMPIoN De Frank Pavich. 1 h 25. « Je voulais être cohérente pour parler de gens qui mélangent famille, travail, amour, amitié. Dans cette histoire où l’on ne cesse d’abolir les frontières, il fallait qu’on soit tous un peu funambules… » Remarquée pour son premier long métrage, Qu’un seul tienne et les autres suivront, Léa Fehner a relevé un pari fou mais essentiel pour accomplir son deuxième opus, Les Ogres : celui de faire jouer sa propre famille dans une histoire purement fictive mais dont chaque péripétie rappelle furieusement leur vraie vie de saltimbanques. Ses parents, François Fehner et Marion Bouvarel, sa sœur Inès, ses neveux et d’autres de ses proches vivent en effet à l’année au rythme de l’Agit, la compagnie de théâtre itinérant au sein de laquelle, du côté de Toulouse, la cinéaste a grandi et forgé son regard sur le monde… Le plus grand film de science-fiction n’existe pas. Il n’a jamais été tourné. En 1975, le producteur Michel Seydoux donne carte blanche à Alejandro Jodorowsky pour adapter au cinéma Dune, le roman de Frank Herbert. Ambitieux, le réalisateur chilien convoque les plus prestigieux artistes de l’époque : Moebius au story-board ; H.R. Giger, futur créateur d’Alien, au design ; Pink Floyd à la musique ; Orson Welles et Mick Jagger au casting. Mais effrayés, les studioPs américains déclineront les uns après les autres. Un documentaire passionnant. S.B. Appétit de vivre Portée sur l’écriture plutôt que sur l’art dramatique (« Je suis piètre comédienne »), Léa Fehner déborde de souvenirs de cet univers dont elle s’est échappée pour choisir le cinéma. Si elle y revient caméra au poing, ce n’est pas tant pour régler ses comptes que pour se surprendre, se chercher. « Sur mon premier film, je voulais tout Les Ogres iiif De Léa Fehner, avec Adèle Haenel, Marc Barbé, François et Inès Fehner, Marion Bouvarel. 2 h 24. Sortie mercredi Dans le sud de la France, de villes en villages, une troupe de comédiens tous à la fois acrobates, danseurs, musiciens, régisseurs et cuistots, jouent un spectacle azimuté sous leur modeste chapiteau. Toutes générations confondues, ils campent dans leurs caravanes, soudés pour le meilleur et pour le pire le temps de la tournée : parades enjouées, soirées The Lady in The Van iiff De Nicholas Hytner, avec Maggie Smith et Alex Jennings. 1 h 44. Une troupe de comédiens de toutes les générations sillonne la France de villes en villages. prod bien faire, correspondre au milieu du cinéma. Et j’ai beaucoup souffert ! Pour celui-ci, je sentais qu’il fallait que je réinvente tout, que j’accepte la prise de risque comme un moteur. » C’est en 2010, au moment de l’anniversaire des 20 ans de la compagnie de ses parents, qu’elle imaéchevelées, drames, coucheries, naissances. Leur exubérance contamine tout le film, lui donne sa force, son côté festif, fiévreux et excessif, parfois appuyé et tiré sur la longueur mais toujours assumé avec tact par une caméra amoureuse sachant danser autour des déprimes, des tensions, de la monstruosité. De quoi composer un voyage plein d’allure et d’allant, mené tambour battant au fil d’une narration maîtrisée, habitée par de beaux acteurs tous au taquet. AL.C. gine son film. « Ils traversaient une année horrible, l’un des membres de la troupe venait de perdre son enfant. Pourtant, ils célébraient, faisaient la fête. En les voyant dépasser tout ça avec une énergie outrancière, j’ai eu envie de capter cet appétit de vivre. » Les ouvriers de joie Elle échafaude alors un scénario « bien loin de la biographie, plutôt ouvert à l’imaginaire », où « la dramaturgie des sentiments l’emporte sur celle des événements ». Elle y transcrit l’énergie solaire d’un collectif engagé emportant tout sur son passage, y compris les drames individuels… « Ils ne sont pas dans la sacralisation, plutôt dans le plaisir de partager ce qui va disparaître. Pour eux, flamber et affronter la précarité fait partie du jeu. » une réalité qui rejaillit sur sa méthode de travail lorsque Léa No Land’s Song iiff Documentaire d’Ayat Najafi. 1 h 31. Sortie mercredi. Le « Marseille » de Kad Merad De et avec Kad Merad, Patrick Bosso, Venantino Venantini, Judith El Zein, Anne Charrier. 1 h 39. Sortie mercredi. Au CAnAdA, Paolo possède sa petite entreprise, part à la pêche avec son fils, loin de sa famille et de la cité phocéenne, quittée pour d’obscures raisons vingt-cinq ans plus tôt. Jusqu’au jour où son frère Joseph l’appelle et lui demande de rentrer d’urgence à Marseille pour voir leur père, victime d’un accident de voiture. Paolo s’exécute bien décidé à ne pas s’éterniser dans sa ville natale… Après Monsieur Papa (2011), Kad Merad signe son deuxième long métrage, où sans angélisme ni clichés, le comédien croque avec tendresse le métissage de Marseille, sa joie de vivre, son énergie turbulente et bavarde. À la manière du cinéma italien des années 1960, le film oscille entre humour et drame, sans verser dans le pathos ni la comédie potache. À noter, la prestation de Patrick Bosso en ouvrier sur les chantiers navals qui crache ses poumons le soir en cachette. Autre surprise, Venantino Venantini (Les Tontons flingueurs) en père devenu amnésique et mutique. un film touchant sur la paternité, la filiation et la quête de racines. E.M. SARA nAJAFI, sœur du réalisateur, est compositrice. À Téhéran, de 2011 jusqu’à l’avènement de Hassan Rohani, en 2013, elle a remué ciel et terre dans le but d’organiser un concert avec de grandes voix iraniennes (Parvin namazi, Sayeh Sodeyfi) et étrangères (Emel Mathlouthi, Élise Caron, Jeanne Cherhal). Mais les chanteuses solo, si magnifiques soient-elles, sont interdites de scène en Iran… Sous forme de journal filmé, ce documentaire révèle la logique insaisissable, aberrante et usante, de la censure imposée par une misogynie délirante. En caméra cachée ou sous forme d’entretien faussement naïf, il nous confronte ainsi aux paroles surréalistes de l’administra- Alex Jennings et Maggie Smith. prod signé par le véritable Alan Bennett raconte comment l’artiste a retrouvé l’inspiration au contact d’une vieille dame peu ordinaire, incarnée par l’irréductible Maggie Smith, 81 ans. Une histoire entre rires et larmes, so British. S.B. A Perfect Day iiff Femmes interdites Kad Merad et Patrick Bosso. prod Marseille iiff Fehner décroche une résidence d’écriture de trois semaines allouée par la région Midi-Pyrénées. « Cela m’a permis d’aboutir le scénario, en intégrant les idées apportées par les comédiens en répétition. La scène du départ de ma sœur est née de là. » une façon de fabriquer le film qui rejoint le savoir-faire de la troupe. « Oui, dans un jeu équilibriste entre des situations très écrites et des torsions amenées par des situations plus inattendues, des improvisations. » Pour caractériser ses parents, à la fois administrateurs, auteurs et comédiens de leur compagnie, Léa Fehner aime emprunter une expression au théâtre iranien, entendue dans la bouche d’Ariane Mnouchkine : les ouvriers de joie. « Cela résume parfaitement ce côté physique, concret et engagé, mais aussi très simple. Le partage de joie est un carburant qui réveille, décrasse et donne du courage. » g 1970, à Londres, l’écrivain Alan Bennett se lie d’amitié avec Miss Shepherd, une SDF solitaire et grincheuse. Il découvre qu’elle fut ambulancière pendant la Seconde Guerre mondiale… Inspiré d’une histoire vraie, ce drame dont le scénario est De Fernando León de Aranoa, avec Benicio Del Toro. 1 h 45. Jeanne Cherhal et Élise Caron. prod tion et des édiles barbus. S’il prend la forme d’un parcours exaspérant en plus d’être abracadabrant, régime autoritaire oblige, le défi de cette chronique nous réserve tout de même quelques découvertes poignantes et musicales L’Oiseau de l’aube, hymne saluant Qamar, une artiste de légende qui brisa les tabous dans les années 1920, soulève les cœurs. de même, on s’émeut de l’apparition de ce théâtre décrépi en plein bazar, lui aussi témoin d’une époque plus libre dont se souviennent les gens du quartier. Quant au final enchanté, trop court sinon trop beau pour être vrai, il prouve que cette aventure d’exception valait la chandelle. AL.C. En ex-Yougoslavie, deux volontaires américains, Mambru et B, viennent aider les populations locales à lutter contre la contamination de l’eau potable. Débarque une ingénieure française, nouvelle recrue pleine de bonne volonté, qui ne sait pas vraiment dans quel monde de fous elle met les pieds. À la façon de M.A.S.H., de Robert Altman, le cinéaste espagnol met en scène une bande de Pieds Nickelés aussi incontrôlables qu’attachants, qui manient un humour souvent décalé pour oublier les tragédies humaines dont ils sont témoins. Rire et émotions s’entremêlent le temps d’une grande vadrouille rocambolesque dans les Balkans, inspirée de faits réels. Benicio Del Toro et Tim Robbins sont irrésistibles en mercenaires-missionnaires désabusés. B.T. cinéma | culture | 27 jdd | 13 mars 2016 Un enfant pas comme les autres Jeff Nichols revisite « E.T. » dans « Midnight Special », un drame intimiste teinté de science-fiction Michael Shannon incarne un père prêt à tout pous son fils. Prod STéphaNiE BElpêchE @StephBelpeche Sa cote ne cesse de grimper à Hollywood. Pourtant, Jeff Nichols reste farouchement indépendant. Même s’il collabore désormais avec les plus prestigieux studios, le réalisateur américain de 37 ans, originaire de Little Rock (Arkansas), n’est pas du genre à faire des concessions. Surtout en ce qui concerne l’univers particulier qui habite ses films. En 2011, Take Shelter raconte comment un bon père de famille enferme les siens dans un abri antitornade, persuadé que la fin du monde est imminente. Un an plus tard, Mud retrace l’amitié entre deux adolescents et un homme au passé trouble, vivant au bord du Mississippi. Aujourd’hui, il assure que « Midnight Special est né d’une vision fulgurante : une coursepoursuite en voiture, deux hommes roulant à vive allure et phares éteints de nuit sur une route déserte. » Un voyage initiatique L’image le hante. « J’ai pensé aux blockbusters que j’allais voir dans les salles en plein air durant les années 1980 : E.T. et Rencontres du Midnight Special iiif De Jeff Nichols, avec Michael Shannon, Joel Edgerton, Kirsten Dunst, adam Driver, Sam Shepard et Jaeden lieberher. 1 h 51. Sortie mercredi. Les chaînes de télévision diffusent l’information en boucle : au Texas, un enfant de 8 ans a été enlevé par deux hommes armés. En réalité, Roy, le père d’Alton, et un ami policier qui lui prête main-forte, ont soustrait le petit à la communauté religieuse qui l’élevait au rang de prophète. Car Alton a une aptitude particulière : une lumière aveuglante sort de ses yeux… Cinq ans après Take Shelter, Jeff Nichols retrouve le magnétique troisième type, de Steven Spielberg, Starman, de John Carpenter… » Des références qui ont forgé son goût pour la science-fiction. « Je voulais retrouver le même mystère et le même émerveillement. » Additionnés à un voyage initiatique avec un père et son enfant dans un État du Sud où lui-même a grandi sous un ciel immense et des plaines à perte de vue. « On parle mieux de ce qu’on connaît, même si cela rend cannibale. » Pour la secte, un nouveau messie Midnight Special met en scène, au Texas, un petit garçon de 8 ans, Alton, doté de facultés exceptionnelles. Ses parents, face à l’évidence, doivent le laisser voler de ses propres ailes. « Je me réfère à mon expérience et à mon fils de 5 ans et demi. Pendant les semaines qui ont suivi sa naissance, il a été très malade : fièvre et convulsions. Ma femme et moi étions terrifiés. J’ai pris conscience que je n’avais aucun contrôle sur la santé ni sur sa capacité de réussir dans la vie. Quel individu deviendrait-il plus tard ? Je croyais pouvoir tout maîtriser, son environnement, ses fréquentations Michael Shannon pour un drame surnaturel à l’atmosphère envoûtante avec un scénario elliptique captivant, une mise en scène qui prend progressivement de l’ampleur et une interprétation au cordeau. Influencé par les films de science-fiction des années 1980 et par la mythologie du superhéros, le réalisateur s’en affranchit pour traiter de manière métaphorique la relation parent-enfant, la croyance, la perception, l’émancipation, le travail du deuil. Une œuvre intelligente et inclassable, dont la mélancolie imprègne durablement les mémoires. S.B. et ses aspirations. J’ai constaté que cette entreprise était vouée à l’échec. Que mon rôle consistait à faire sa connaissance, à l’aider à devenir un adulte. » Le personnage d’Alton demeure inexpliqué : s’agit-il d’un être supérieur, d’un extraterrestre, d’un sauveur ou d’une arme redoutable ? « Comme il n’est pas à sa place, il s’affaiblit. Les parents n’ont pas d’autre choix que d’accepter sa différence, le soutenir et le laisser partir. Quand on a ramené notre fils de l’hôpital, j’avais placé des micros partout dans sa chambre pour écouter sa respiration et ses mouvements. Si tranquille, on aurait cru qu’il se trouvait dans une dimension parallèle. Cette petite entité n’avait aucune conscience de notre angoisse. » Alton est pris en charge un temps par les membres d’une secte vivant en autarcie. « Celui qu’ils considèrent comme un nouveau messie accomplit vraiment des prodiges. Cela sert leur dogme, mais ne les met pas dans le droit chemin pour autant. » « Loving », au Festival de Cannes ? Et Jeff Nichols de se souvenir d’un événement survenu récemment au Texas. « Il existe une Église fondamentaliste mormone dont le gourou a été arrêté par le FBI pour pédophilie. Les enfants n’avaient pas d’acte de naissance, les parents étaient incapables de donner leur âge. Tout le monde mentait. Ils ont été retirés à leur famille. » Un autre fait divers lui a inspiré son prochain film, Loving, qui pourrait être sélectionné au Festival de Cannes. « Ma femme m’a menacé de divorcer si je ne le faisais pas. À la fin des années 1950, Mildred et Richard Loving, elle noire et lui blanc, se sont battus pendant dix ans pour que leur union soit reconnue par l’État de Virginie. Dans le climat politique actuel, c’est le meilleur moyen d’aborder la question du racisme et de l’égalité des droits. » g 28 | culture | cinéma | musique JDD | 13 mars 2016 Une journée en enfer Triple 9 iiff De John Hillcoat, avec Casey Affleck, Kate Winslet. 1 h 55. Sortie mercredi. StépHAnie BelpêCHe @StephBelpeche Aux ÉtAts-unis, la police a recours à un code d’urgence si un officier se retrouve à terre : le 999. une fois l’alerte lancée, tous les membres des forces de l’ordre des environs interrompent leurs actions en cours pour se rendre sur la scène de crime et arrêter le responsable. il ne reste plus personne pour surveiller la ville livrée à elle-même. incroyable mais vrai. Ancien militaire, Matt Cook s’est servi de cette procédure peu ordinaire comme point de départ du scénario Triple 9, aujourd’hui porté à l’écran par John Hillcoat (La Route). « Ils ont été formés pour veiller les uns sur les autres et faire preuve d’une loyauté infaillible au sein de leur groupe, souligne le réalisateur australien. Cela va à l’encontre de l’efficacité et de l’assistance aux autres citoyens en danger, mais ils ne peuvent pas s’en empêcher. Ils se déplacent par centaines même si l’affaire est résolue avant leur arrivée. » Une chaleur oppressante un ex-agent des forces spéciales (Chiwetel Ejiofor) recrute une équipe de flics corrompus pour exécuter une série de braquages commandités par la mafia russe. Entraînés à ce type d’opération, ils en anticipent les moindres rebondissements. tout se déroule sans accroc jusqu’au jour où un inspecteur intègre (Casey Affleck) est chargé de l’enquête. Règlements de comptes à Atlanta. prod Triple 9 ne mise pas sur l’originalité de son intrigue tentaculaire. Plutôt sur l’atmosphère poisseuse qui règne dans les bas-fonds d’Atlanta, où évoluent des personnages en perdition. ils ne sont pas aimables mais on éprouve cependant de l’empathie pour eux en sachant qu’il n’y a pas d’espoir ni de rédemption. Ce thriller crépusculaire se savoure pour son interprétation, son image granuleuse et son rythme lent. une approche plus impressionniste que musclée. « Je voulais restituer le côté ténébreux d’Atlanta, qui joue un rôle à part entière dans le film. Quand j’allais au cinéma plus jeune, j’adorais me transporter dans un monde inconnu qui m’absorbait complètement. Tous mes sens étaient en éveil grâce à la multitude de détails. triple 9 devait suivre cet exemple pour que le spectateur puisse quasiment sentir les odeurs des ruelles abandonnées. Atlanta abrite plusieurs communautés ethniques qui génèrent des tensions. Il règne une chaleur qui oppresse les gens et révèle leur véritable nature. » John Hillcoat s’est beaucoup inspiré de Jean-Pierre Melville. « Il a imaginé des figures charismatiques aux interrogations existentielles qui choisissent une voie sans retour possible. Au glamour, je préférais la crédibilité. Après un hold-up, certains pourraient prendre leur retraite à l’étranger. Mes malfaiteurs ne sont pas motivés par l’argent mais par l’adrénaline. » g Le village des damnés Évolution iiif De lucile Hadzihalilovic, avec Julie-Marie parmentier. 1 h 21. Sortie mercredi. sous l’oCÉAn, des poissons multicolores frétillent le long du corail, recouvert d’anémones agitées par le courant. Au milieu des rochers flotte le cadavre d’un enfant colonisé par une étoile de mer. ses yeux sont encore ouverts. Cette vision de cauchemar, fulgurante, ouvre Évolution, de lucile Hadzihalilovic, qui a fait le buzz dans les festivals où il a été présenté. sur une île isolée, des femmes, toutes vêtues à l’identique, élèvent des petits garçons âgés de 11 ans dans un village de maisons blanches. nicolas pense qu’on lui ment. Celle qui le nourrit chaque jour est-elle vraiment sa mère ? Au coucher, il doit avaler un étrange médicament qui le rend malade. ses copains suivent le même traitement. l’un après l’autre, ils sont conduits à l’hôpital, dont ils ne reviennent pas… Évolution provoque délibérément le contraste en situant l’horreur dans une photographie sublime et une atmosphère hypnotique. le film laisse planer le mystère en estompant la frontière entre imaginaire et réalité, en disséminant avec subtilité ses indices pour aborder la question de l’émancipation, de la manipulation génétique, de l’hybridation et du cycle de la vie en mouvement perpétuel. insolite, poétique et dérangeante, cette œuvre ne donne pas toutes ses clés, au spectateur de s’interroger et d’interpréter librement ce qu’il voit. Dans des décors minimalistes, on ignore l’identité des personnages, mais cela n’empêche pas de s’y attacher. lucile Hadzihalilovic s’est appuyée sur une anecdote personnelle. « J’ai été hospitalisée à 11 ans pour une appendicite. Je me plaignais de douleurs au ventre. Ils l’ont examiné et ouvert. » « J’ai mis dix ans à monter ce projet » la réalisatrice voulait un traitement le plus organique possible. « On appartient au règne animal. J’avais envie d’abolir les barrières, et d’exprimer une perméabilité entre les espèces. La science va beaucoup plus loin que la fiction ! » Elle a tourné à lanzarote, une île volcanique et désertique de l’archipel des Canaries, pendant vingt-cinq jours avec un budget restreint. « J’ai mis dix ans à monter ce projet. En France, le fantastique est considéré par les financiers comme impur, sale et bête. Mon histoire n’entrait pas dans les codes d’un genre qui s’adresse en priorité aux ados. Mais je n’ai jamais baissé les bras. » S.B. Amandine Maissiat sera en concert le 11 avril et le 11 mai, au Carreau du Temple, à Paris. prod Un amour de Maissiat Révélée en 2012, la chanteuse poursuit sa route sur le fil de la pop et de la poésie AlexiS CAMpion de David Hamilton. « Les mythes, dit Maissiat, je trouve ça fascinant, cela met direct en marche l’imagination. Les tableaux anciens et les vieilles pierres me font aussi cet effet-là. » Pas étonnant que cette grande rêveuse native de lyon, qui dès l’âge de 8 ans a su qu’elle deviendrait chanteuse (« il n’y avait pourtant aucun terreau artistique dans ma famille »), ait choisi de vivre seule avec son piano blanc dans un appartement lumineux, quelque part dans la cité ancienne d’Avignon. « J’y baigne dans un décor fort. M’en imprégner m’aide à me détacher du réel, à créer d’autres dimensions par lesquelles mes chansons me viennent, même si elles sont, aussi, influencées par du vécu. » À la première écoute de Tropiques, en 2012, c’était une évidence. Avec Grand Amour, son deuxième opus solo, c’est une confirmation. Amandine Maissiat, silhouette brune longiligne reconnaissable à ses chapeaux de mec et à ses beaux pianos, a tout d’une grande. une voix remarquée, un style remarquable quand bien même son timbre et son naturel mélancolique rappellent illico Françoise Hardy, qu’elle a fini par rencontrer lors d’un passage à la radio, et avec qui elle entretient, en pointillé, un échange épistolaire amical. on pense aussi à Barbara pour les notes déliées, l’épure enchanteRomantisme extrême resse de certains airs. il y a encore si elle affirme qu’elle se sent Alain Bashung au détour d’autres désormais prête à quitter la Cité impulsions, pas moins romandes papes pour explorer d’autres tiques mais plus solitudes du côté pop et un brin de l’italie, Mais« Les mythes, synthétiques. siat admet qu’elle À 33 ans, Mais- je trouve ça a tout de même siat affirme sa besoin de Paris, où personnalité à la fascinant, elle se sent soutefois singulière et ceLa met direct nue par ses amis et héritière de beaux où, à petites doses, artistes, auteure en marche elle fait son plein de textes et mu- L’imagination » d’agitation. « En fait, mes deux siques bien trempremiers albums pés, nous ouvrant se sont construits comme ça, au l’imaginaire sur des paysages profonds, tantôt vertigineux. il faut gré d’allers et retours entre Paris, dire que son propos ici est le très les concerts, et cet isolement dont grand amour. Dans son cas, d’un j’ai besoin pour me concentrer, penseul souffle, il enlace une certaine ser, avancer. » une forme de va-etdroiture à une pointe de sauvagerie vient qui colle à son Grand Amour, qu’elle a façonnée à ses débuts, sur partagé entre des chansons d’un scène lorsqu’elle tenait le micro au romantisme extrême, et d’autres sein de subway, un groupe rock pas moins abandonnées mais plus underground exclusivement fémirythmées sinon plus communes, nin aujourd’hui dissout. à l’instar de son Swing Sahara. « Quelque chose de groove et de Clichés érotiques très vivant, j’en ai besoin aussi. L’un Autant de facettes et de mysn’empêche pas l’autre. Avec un titre tères savamment mis en scène mais comme swing sahara, qui me fait pas incompatibles avec les inspirapenser aux exotismes énigmatiques tions poétiques qu’elle revendique de Marguerite Duras, je n’ai pas l’imsur Grand Amour : Les Chansons de pression de rompre l’unité du disque, Bilitis, du poète symboliste Pierre plutôt de l’affermir. » g louÿs, ami de Debussy, mais aussi Grand Amour iiif les clichés érotiques et brumeux CD de Maissiat (Cinq7), sortie vendredi. musique | culture | 29 jdd | 13 mars 2016 « Si Hollande et Valls sont de gauche, moi, je suis curé » Dans la foulée de son dernier album, Eddy Mitchell s’offre une série de concerts au Palais des Sports. Rencontre… entières. C’est fini depuis que je me suis fait interdire de casino en 1983. Ça ne nous empêche pas de nous voir. Christophe, c’est un fou furieux. Il peut passer des mois à expérimenter un son sur ses pianos extraordinaires. Éric MandEl L’interview touche à sa fin quand une voix familière interpelle Monsieur Eddy. « Il faudrait enlever de notre vocabulaire le mot “adieu” », lance Charles Aznavour en faisant son entrée dans le bar de l’hôtel Raphael. L’interprète de La Bohème, spécialiste mondialement reconnu des adieux répétés à la scène, taquine Eddy Mitchell sur son actualité : une série de concerts au Palais des Sports de Paris, décidée quatre ans après l’annonce officielle de la fin de ses tournées à travers la France. L’affection est évidente entre le parrain de la chanson et le crooner-rocker, un possible duo est évoqué, puis Monsieur Charles s’éclipse sur une note malicieuse : « Je t’embrasse et aux prochains adieux. » Place à Eddy. les tournées à travers la France, c’est donc bel et bien fini… Oui, c’est derrière moi. Ce qui m’a motivé pour ces concerts, c’est mon dernier album, Big Band. Jouer avec un groupe de jazz de 22 musiciens, c’est un écrin musical classieux, un rêve de gosse quand je fantasmais sur les grands orchestres de Nat King Cole, Frank Sinatra ou Dean Martin… Pour ne pas assommer le public pendant deux heures et demie avec douze soufflants, on va aussi prévoir des séquences plus intimes pour mes classiques country-rock. Vous affichez une belle forme à 74 ans… À vos heures perdues, vous n’avez pas envie de renouer avec votre passion première ? Eh oui, je suis un dessinateur frustré. J’aurais bien aimé entrer aux Beaux-Arts. Je n’en avais pas les moyens. J’ai récemment retrouvé mon premier dessin publié dans le magazine Risque-Tout. C’était un cow-boy attaché à un poteau de torture, il venait d’être scalpé par un Indien et il lui balançait : « Pendant que vous y êtes faites-moi donc la barbe. » J’avais 14 ans, et j’avais une vision du rêve américain assez burlesque. On vous taxe souvent de passéiste… Eddy Mitchell au Paradis Latin, en juin 2015. SIMON PROCTER le temps humilié et humiliant. Mon cœur balance à gauche. Mais quelle gauche ? Et ce n’est pas le gouvernement actuel. Si Hollande et Valls sont de gauche, moi, je suis curé. Et votre ami Sarkozy ? Nous ne sommes pas intimes au point de parler d’amitié. Je l’ai bien connu quand j’habitais à Neuilly. Ces derniers temps, j’ai du mal à le comprendre. Il enchaîne bêtise sur bêtise, il se rattrape aux branches et il n’y arrive pas. Je n’ai pas l’impression qu’il ira au bout de la présidentielle… Je fais de la gym trois fois par En revanche, vous avez été proche semaine, avec un coach, sinon je de Mitterrand. n’en fous pas une. Je marche quand Il fut le seul homme politique même régulièrement, que j’ai publiqueseul et vite, je trace. ment soutenu. Je « Les chanteurs J’ai aussi levé le pied lui trouvais, outre sur la clope. Je me de La nouveLLe son intelligence, donne le droit à dix génération beaucoup d’hucigarettes par jour. mour. Lors d’une Hors de question sont charmants, réception à l’Élyd’arrêter, sinon vous mais vocaLement sée, il s’était appron’avez plus de voix. ché de moi pour c’est riquiqui. me dire : « Mais En 2011, vous disiez vous, Eddy, est-ce avoir envie de vous où sont Les que vous avez du consacrer au cinéma… mal à vous faire J’ai laissé tomber. grandes voix ? » Je n’ai rien lu de très comprendre ? Parce intéressant. On me que moi, j’ai un mal proposait d’être manager d’équipe fou. » J’avais trouvé ça formidable, de foot. J’ai déjà donné, merci, au venant d’un président de la Répurevoir. Il y avait aussi ce projet comblique. En revanche, j’ai refusé la plètement aberrant avec des potes, Légion d’honneur qu’il voulait me Jugnot, Lhermitte. Je devais jouer refiler. J’ai bien fait quand on voit un pilote automobile, cela aurait été à qui on la donne aujourd’hui, noun grand rôle de composition vu tamment à des princes saoudiens que je n’ai même pas mon permis coupeurs de tête. de conduire. Je suis trop distrait. On vous sent désabusé En voiture comme à vélo, je suis par la politique... un danger public. J’ai voté pour la première fois Vous avez écrit des chansons sur le de ma vie en 2002, au second tour de l’élection présidentielle, pour blues des cadres licenciés, la société faire barrage au FN. Sans même de consommation et les petites parler de leur idéologie abjecte, gens, ceux qui sont pris à la gorge leur programme économique par les crédits… La colère sociale gronde et elle comme sortir de l’euro est ridicule. est justifiée. Les Français se senIls essaient de se donner une image tent trahis. François Hollande a respectable, personne n’est dupe. été comme une bouffée d’air frais Ils ont viré le père ? La belle affaire. pour des millions de gens. Et il ne C’est dans les gènes. se passe rien. Je n’ai rien contre lui Vous écoutez les chanteurs de personnellement, mais il fait de la la nouvelle génération, Biolay, peine, ce garçon. Hollande est tout christine and The Queens… Oui, ils sont charmants, mais vocalement c’est riquiqui. Où sont les grandes voix ? En général, ils font très bien leur truc, mais pour moi, un chanteur, ça doit chanter, irradier. Là, ça murmure, ça susurre des soucis existentiels et nombrilistes. plus visiblement. Il est annoncé depuis deux ans. Il peut sortir dans deux mois comme dans quatre ans… Michel, c’est un artiste que j’aime beaucoup, un type hors du commun, un Martien, on ne sait pas s’il est vrai, s’il est escroc. Il a écrit des chansons absolument splendides. Je ne suis pas pressé, et lui non C’est un copain. On avait la passion commune de la bobine et du poker. On jouait pendant des nuits Parlons des vétérans alors. le nouvel album de Polnareff, vous l’attendez avec impatience ? Et christophe ? En réalité, j’aime le présent. Je n’ai pas le temps d’être nostalgique. C’est un point commun que j’ai avec Johnny. Quand on se voit, on parle de restaurants, de musique ou de films, jamais à se remémorer les bons souvenirs. Pas le genre de la maison. g En concert au Palais des Sports de Paris (75015). du 15 au 27 mars et du 1er au 3 avril. À voir : Eddy Mitchell, iItinéraires, 14 mars, 20.50, France 3 et retransmission en direct du concert du 1er avril dans 150 cinémas en France. 30 | culture | lire JDD | 13 mars 2016 Doan Bui Connaît-on jamais quelqu’un ? La grande reporter part sur les traces de son père, victime d’une aphasie, et découvre plusieurs secrets de famille Marie-laure DelOrMe u n week-end automnal. La nouvelle tombe : le père a été victime d’un AVC (accident vasculaire cérébral) dans le pavillon familial de la banlieue du Mans. Les cinq enfants font bloc autour de leurs parents. Le père se réveille au bout de trois jours. Il est paralysé de tout le côté droit et il ne parlera plus. Le mot est lâché : aphasie. Nous sommes en 2005 et il a près de 65 ans. La journaliste Doan Bui, Prix Albert Londres en 2013 pour un reportage sur les migrants tentant de rejoindre l’Europe, est l’une de ses quatre filles. Elle réalise, face à ce père sans mots, qu’elle sait peu de chose sur lui. Ses parents ont traversé nombre d’épreuves en quittant le Vietnam et en devenant des « immigrés » en France. La chute de Saigon, en avril 1975, a marqué la fin de l’espoir. Ils ne retourneront plus vivre au Vietnam. Le père a exercé comme médecin anatomiste ; la mère a veillé sur sa famille. Les cinq enfants ont été élevés dans la culture du silence et dans le culte du travail. Ne pas se plaindre, relever ses manches. Un seul mot d’ordre : se taire et se tenir. Ne pas perdre la face. Doan Bui décide alors d’enquêter, à pas de velours, sur sa famille paternelle et découvre ce qu’elle n’aurait jamais dû découvrir. « Connaît-on jamais quelqu’un ? » Car toute une partie de la littérature naît de ce lieu commun sans cesse réactivé par l’expérience de la vie : on ne connaît jamais personne. Le Silence de mon père est un livre sur l’immigration, sur le secret, sur le retour. La journaliste Doan Bui est née en 1974. D’origine vietnamienne, elle a grandi au Mans. Éric dessons/Jdd ser, en plus, aux immigrés alors que les Français veulent passer à autre chose. Pour preuve, elle la renvoie aux commentaires sur ses articles dont ceux de Loulou 32 (« Si vous Un père taiseux les aimez tellement les Africains dans et une mère bavarde les bateaux, prenez-les chez vous. ») Doan Bui raconte une enfance ou de Francis 35 (« Vous en avez pas auprès d’un père taiseux et d’une marre madame bui de pleurnicher, mère bavarde. Ils se réunissent tous hou là, la gôoooche, les bobos, poliautour des programmes populaires tiquement correct, vous me débecde la télévision. Buffy contre les vamtez. »). Le Silence de mon père est un pires ou La Grande Vadrouille. La récit grave, joyeux, drôle. future grande reporter de L’Obs, éleL’exil a brisé son père et galvanisé vée dans une famille chiraquienne, sa mère. Elle disait à ses enfants : apprendra vite à faire la différence « Mais moi, je pourrais tuer pour entre Télé 7 Jours vous. » Elle disait, e t Té l é ra m a . aussi : « Nous, on L e s p a r e n t s Sa famille n’est pas des boat désirent, pour vietnamienne people, quand leurs enfants, même ! » Les cinq des diplômes, des treSSée de SilenceS enfants sont nés titres, des récom- qui enfin dénoue en France. Ils ne penses. L’ENA ou pas la leS nœudS un à un parlent langue de leurs Polytechnique semblent des parents. Le père voies idéales pour devenir président continue à manger vietnamien. La ou, à la rigueur, ministre. Ils sont nourriture reste, pour les exilés, le les premiers Asiatiques à s’installer lien le plus évident avec leur pays. Au au Mans. Doan Bui connaît par cœur centre du récit, plusieurs secrets de tous les clichés les concernant. En famille. Il ne faut pas les dévoiler car une phrase : les Asiatiques ne posent on avance pas à pas avec l’auteure. jamais de problème, eux, car ils sont Son père est arrivé en France, en 1961, à l’âge de 19 ans. Il a laissé fourbes mais travailleurs. « La plus invisible des minorités visibles, celle derrière lui sa famille avec un sentiqui s’efface même dans la phrase dement de honte. Doan Bui cherche et venue slogan : Black-Blanc-Beur. » Ils trouve des réponses dans le dossier sont ce qu’on appelle de « bons immide naturalisation. Quelle fut, alors, grés » car on en entend si peu parler. sa vie à Paris ? Son histoire et puis, La mère sera déçue que Doan Bui soudainement, une autre histoire. Le devienne journaliste pour s’intéresportrait du père devient le portrait Le père de Doan Bui (le deuxième à gauche) et sa famille. dr d’un inconnu. Mais il y a tant d’erreurs dans ces dossiers. Sans doute s’agit-il d’une bévue de plus. Elle ne veut pas voir ce qu’elle voit ; elle ne veut pas savoir ce qu’elle sait. Doan Bui va vivre un drame personnel et s’enfermer, comme son père, dans le silence. Faut-il aller de l’avant, comme on le répète ? Il faut voir, il faut savoir. Elle va repartir en arrière lors de deux voyages à l’étranger. L’aînée de la fratrie s’envole seule puis avec les siens, au Vietnam, sur les traces de sa famille paternelle. Poser des questions aux autres et raconter la vie des autres Elle a hérité de son père la myopie, l’asthme, le silence. Face à son aphasie, la fille éprouve angoisse et colère. Son père : un honnête homme, un homme honnête. Il se faisait toujours doubler dans les files d’attente sans jamais rien dire. Doan Bui est journaliste. On la paye pour dire. Les règles de marbre de la profession : qui ? quand ? quoi ? où ? Poser des questions, c’est son métier. Raconter des vies, c’est son métier. Mais c’est poser des questions aux autres et raconter la vie des autres. Des inconnus se sont livrés à elle, mais son père est resté muet devant elle. Alors, ce livre est pour lui, pour elle, pour eux. Sa famille vietnamienne tressée de silences qui enfin dénoue les nœuds un à un. À travers son père, ce sont de tous les immigrés dont elle parle et à travers tous les immigrés, c’est de son père dont elle parle. Ses lieux. Les ruelles de Hanoï, le Paris estudiantin, la banlieue du Mans. Être sans cesse écartelé. Sa voix est la leur. Les pages sur le retour au Vietnam sont parmi les plus fortes. Le passé et l’avenir, les racines, la richesse des ancêtres. Aller de l’avant sans rien oublier à l’arrière. C’est sur ces terres que reviennent les mots perdus de la mémoire morte. Et ce récit de respect et de rires acquiert alors un sens nouveau. Les derniers secrets semblent comme portés par la brise tiède de Hanoï : les disparus peuvent compter sur nous et nous pouvons compter sur les disparus. g Le Silence de mon père, Doan Bui, L’Iconoclaste, 260 p., 19 € (en librairies le 21 mars). sélection JDD 5 livres français Outre-Terre, de Jean-Paul Kauffmann (Équateurs) la renverse, d’Olivier Adam (Flammarion) envoyée spéciale, de Jean Echenoz (Minuit) le silence de mon père, de Doan Bui, (L’Iconoclaste) Histoire de la violence, d’Édouard Louis (Seuil) 5 livres éTrangers l’amie prodigieuse, vol 2, d’Elena Ferrante, (Gallimard) la route étroite vers le nord lointain, de Richard Flanagan (Actes Sud) City on fire, de Garth Risk Hallberg (Plon) eileen, d’Ottessa Moshfegh (Fayard) Tous les vivants, de Jayne Anne Philips (L’Olivier) Liste composée par Anne-Julie Bémont, Alexandre Fillon, Laëtitia Favro, Augustin Trapenard, Nicolas Demorand, Ilana Moryoussef, Marie-Laure Delorme lire | culture | 31 jdd | 13 mars 2016 Un assassin très précoce Marc Dugain Fin de partie être un assassin », se dit Antoine, effondré, terrorisé, après son Bernard Pivot geste. Mais si, il suffit d’un de l’académie Goncourt malheureux enchaînement, d’un @bernardpivot1 accès de colère, d’une pulsion de revanche. Le chien Ulysse a été renversé par une voiture. Son maître, le voisin d’Antoine, e prix Goncourt n’est le père de Rémi, au lieu de le pas une assurance sur de soigner, l’achève d’un coup de futurs best-sellers. Aucun fusil. Sous les yeux horrifiés du prix littéraire ne donne la certigarçon. Inconsolable, il se réfutude que les livres qui suivront gie dans sa cabane dans les bois. l’ouvrage couronné obtiendront Il casse tout, et quand survient le même succès auprès du Rémi, il se venge sur lui d’un public. Un écrivain lauréat coup de bâton fatal. est comme un boxeur qui, à Commencent alors trois jours chaque match, remet son titre de panique pour le jeune en jeu. Même les Prix Nobel de assassin qui vit avec sa mère littérature, quoique nantis d’une et qui a dissimulé le corps de gloire universelle, font de nousa victime dans une profonde veau rouler les dés. Il n’existe excavation de la forêt. Projet de pas dans la librairie, comme fuite, tentative de suicide, peurs dans d’autres commerces, des jours et nuits entretenues par indices officiels de satisfaction. une imagination à la fois logique C’est pourtant de cet indice que et délirante… Ce que réussit dépendra l’envie d’acheter et de parfaitement à décrire Pierre lire les livres à venir du même Lemaitre, c’est auteur. l’atmosphère Pour certains Le Goncourt 2013, «ténébreuse » qui lauréats du règne dans la Goncourt, même Pierre Lemaitre, petite ville de très anciens, la revient avec un Beauval après confiance des la disparition lecteurs est roman noir qui de Rémi. Les restée forte. tient en haLeine hypothèses, Leur nouvel les doutes, opus est attendu. où Le PLus les racontars, Il ne tarde pas à oriGinaL et les histoires entrer dans les anciennes, les listes de bestmonstrueux, vieilles inimitiés, sellers. Il en est c’est L’âGe les rivalités ainsi, par ordre chronologique, des ProtaGonistes d’enfants et d’adultes, le pour Didier climat social Decoin, Patrick plombé par la probable fermeModiano, Tahar Ben Jelloun, ture d’une usine, un suspect Erik Orsenna, Amin Maalouf, relâché… Didier Van Cauwelaert, Andreï La première battue qui Makine, Patrick Rambaud, a rassemblé gendarmes et Paule Constant, Jean Echenoz, habitants de Beauval n’a rien Jean-Christophe Rufin, Laurent donné. Il était heureusement Gaudé, Michel Houellebecq. interdit aux mineurs d’y particiOn observe cependant entre per. Sinon, comment Antoine eux de grandes disparités. aurait-il pu ne pas en être ? Il Certains siègent maintenant à n’y aura pas de seconde battue. l’académie Goncourt, d’autres Nous sommes dans les derniers ont rejoint l’Académie française, jours de décembre 1999. Une comme Andreï Makine, élu il y immense tempête traverse la a dix jours. Les prix Renaudot France. La ville est saccagée et Femina sont aussi de bons par les vents, submergée par les tremplins pour rebondir dans les eaux. On a désormais d’autres cénacles de la notoriété. soucis en tête que la disparition Qu’en sera-t-il de Pierre d’un enfant… Lemaitre, Prix Goncourt 2013 Douze ans après… Le destin a pour Au revoir là-haut ? Deux plus d’un tour dans son sac et la ans et demi après, il publie un liberté elle-même n’est pas sans roman Trois Jours et une vie. Il pièges ni chaînes. Autrement est peu probable qu’il obtienne dit, Antoine, devenu médecin, a le même faramineux succès de tout à craindre de l’imagination vente, plus de 600.000 exemde Pierre Lemaitre et de son plaires en édition normale. Mais écriture très efficace. son indice de satisfaction après Au revoir là-haut aura une lecture du Goncourt étant, me suite. Elle aura pour titre semble-t-il, élevé, ce n’est pas Couleurs de l’incendie, d’après trop s’aventurer que pronosun vers d’Aragon. Comme tiquer un joli succès dans les quelques-uns de ses prédéceslibrairies. D’autant que ce roman seurs du prix Goncourt, Pierre noir possède tout ce qu’il faut Lemaitre entrera-t-il un jour pour éveiller la curiosité et tenir dans une académie pour s’y en haleine des lecteurs passionasseoir dans un fauteuil ou s’y nés de faits divers à suspense. servir d’un couvert à son nom ? g Encore que nous sachions d’emblée qui a tué, comment et pourquoi. Ce qui est original et monstrueux, c’est l’âge des proTrois Jours et une vie, tagonistes. Antoine, l’assassin, a Pierre Lemaitre, Albin 12 ans ; Rémi, la victime, en a 6. Michel, 285 p., 19,80 €. « On ne peut pas avoir 12 ans et Laëtitia Favro L Dans le dernier volet de son imposante trilogie, Marc Dugain abat les cartes de sa fresque politique entamée en 2014 Sous les ors de l’Élysée, Launay ne songe déjà plus à sa victoire à l’élection présidentielle mais se rêve en homme de la VIe République, en père de nouvelles institutions, et prépare son second mandat. Contre l’avis de son meilleur ennemi Lubiak, qu’il a nommé ministre d’État pour le garder à l’œil, il entreprend de réformer la Constitution via un référendum censé asseoir sa popularité tout en affaiblissant son rival de toujours. Une lutte à mort s’engage alors entre les deux hommes qui, faisant jouer les alliances secrètes, les tractations douteuses et les copinages de tout acabit, semblent prêts aux extrémités les plus condamnables pour faire pencher la balance du pouvoir en leur faveur. Dans l’ombre, c’est toute une pantomime d’intermédiaires qui prend vie, parmi lesquels on retrouve Volone, le président du groupe Arlena, intimement lié à Lubiak ; Corti, le chef de la DGSI ; Lorraine, l’espionne que Launay entend bien éliminer ; Terence, le journaliste d’investigation dont le journal est en passe d’être racheté par Volone ; un prince émirati soupçonné de financer le terrorisme islamique ; et, bien entendu, la CIA, qui ne se prive pas de surveiller tout ce petit monde. Sans oublier le discret docteur Stambouli qui, en L’auteur de « Ultime Partie ». C.Hélie/Gallimard confident du Président, cristallise les doutes inhérents à la fonction. « Pour assumer ce métier, il faut vivre dans la duplicité à une altitude où l’oxygène se fait rare. » Tragédie antique Si, en comparaison de L’Emprise, où le jeu des alliances se mettait en place, Quinquennat prenait le temps de développer la psychologie des personnages récurrents, le dernier volet de cette imposante trilogie mêle remarquablement les deux aspects, alternant moments de tension dignes des meilleurs romans d’espionnage et réflexion désabusée sur un monde où la morale et les scrupules ne semblent pas les bienvenus. Pris dans les rouages d’un système qui ne fait pas de cadeaux, sacrifiant au besoin l’individu à la raison d’État, les protagonistes deviennent les acteurs d’une tragédie antique dont le nœud gordien réside en une faiblesse, l’orgueil propre à l’homme, souvent exacerbé chez le politique. D’une plume dégouttant de cynisme, Marc Dugain s’inspire de la scène française et de ses problématiques (transparence de la justice, essoufflement du bipartisme, défiance des masses envers les élites) sans tomber dans les écueils de la caricature, et achève avec maestria cette fresque impitoyable des arcanes du pouvoir dont on attend désormais l’adaptation sur nos écrans. g Ultime Partie, Marc Dugain, Gallimard, 272 p., 19,50 € (en librairie, le 17 mars). Celeste Ng La jeune fille et la mort Une famille vacille à la suite de la disparition d’un de ses enfants, dans une amérique des années 1970 qui connaît sexisme et racisme 3 mai 1977. Lorsque la famille Lee s’attable pour le petit déjeuner, ce matin-là, personne ne se doute encore que Lydia, 16 ans, est morte, et sera retrouvée quelques jours plus tard gisant dans le lac voisin. S’agitil d’un suicide, d’un accident, d’un meurtre ? À mesure que l’enquête avance, chacun tente de comprendre la disparition de la jeune fille, convoquant des souvenirs qui, au contraire de souder cette famille meurtrie, l’étiolent davantage. Des souvenirs montrant comment la mère, Marilyn, reportait son ambition déçue de devenir médecin sur les frêles épaules de sa fille, l’assommant de devoirs supplémentaires et de cours particuliers. Comment le père, James, né de parents chinois immigrés aux États-Unis, ayant toute sa vie souffert de racisme en dépit de sa réussite professionnelle, voyait dans sa progéniture, métisse aux yeux bleus, un espoir d’intégration. Comment son frère, Nathan, et sa sœur, Hannah, disparaissaient devant cette élève modèle quoique solitaire qui cristallisait toute l’attention de leurs parents, au point de devenir invisibles. Peu à peu, les frustrations trop longtemps étouffées fissurent l’harmonie apparente de cette famille, sans histoire aux yeux de la paisible communauté de Middlewood, mais que l’on découvre au fil des pages gangrenées de non-dits. Navigant entre les différentes périodes de l’histoire familiale, chacune venant renforcer l’édifice complexe de ce huis clos d’une grande intensité, le récit progresse à pas lents mais lourds de sens, maintenant l’attention du lecteur en alerte permanente. Si la récurrence de certains détails l’aiguille dans ses déductions, ce dernier comprend néanmoins que le bouc émissaire idéal (le petit ami de Lydia, avec lequel elle a été vue pour la dernière fois) semble bientôt évincé du jeu, l’étau se resserrant autour de la famille de la défunte, incapable de mesurer les fautes commises par le passé, autant de blessures imperceptibles sur son corps inerte. La violence finit par imprégner chaque ligne du roman Engendrée aussi bien par le dehors qu’à l’intérieur de cette maison, où chacun représente tour à tour un allié puis un ennemi pour l’autre, la violence, d’abord ténue, finit par imprégner chaque ligne du roman, jusqu’à son dénouement. Analysant les ressorts du malaise Celeste Ng nous livre un premier roman d’une maîtrise parfaite. Kevin day PHoto adolescent sur fond de haines raciales et de sexisme dans l’Amérique des années 1970, Céleste Ng livre un premier roman d’une maîtrise remarquable, subtile dans sa narration aussi bien que dans son style, d’une envoûtante délicatesse. L.F. Tout ce qu’on ne s’est jamais dit, Céleste Ng, trad. Fabrice Pointeau, Sonatine, 320 p., 19 €. 32 | personnalités JDD | 13 mars 2016 Frédéric Taddeï perso « Pendant dix ans, j’ai flâné » malades et non plus des médecins ? Mais je n’ai jamais la réponse au moment de poser la question. Enfant, il se délectait des « Histoires extraordinaires » de Pierre Bellemare sur Europe N° 1. Depuis qu’il a rejoint la station, l’intervieweur guette l’insolite dans la réponse de ses invités, en se gardant bien de dévoiler ses préférences culturelles IntervIew luDovic PErriN b l’ÉDucatioN sENtimENtalE Par respect pour mes invités, je ne dresse pas de liste de mes romans de l’année. Cela n’empêche, j’ai les mêmes œuvres fondatrices que tout le monde. Mais je m’y suis mis tard. À 12 ans, je méprisais les classiques au profit des livres d’« adulte ». Puis, j’ai lu Les Trois Mousquetaires à 20 ans. Et ça a été formidable, comme de découvrir Tolstoï, Dostoïevski, Flaubert, Stendhal… En musique, en peinture, ce fut pareil. Picasso, etc. Les Beatles ? Oui, même si ce n’est pas ce que j’aime le plus. @lpjdd b raDioscoPiE D’abord, il y a eu Pierre Bellemare et ses fameuses Histoires extraordinaires. Europe N° 1 était la radio de mes parents. Plus tard, à l’adolescence, j’ai découvert Jacques Chancel et Radioscopie sur France Inter. Même s’il y a eu encore le Pop Club de José Artur et Le Tribunal des flagrants délires de Claude Villers, cela reste ma référence. Chancel m’a appris qu’on ne peut pas interviewer les gens en dehors de ce que l’on est. On y met sa personnalité. Je me souviens d’avoir invité Chancel et Pivot dans une même émission pour comparer leurs styles. Le premier se plaçait au niveau de ses invités ; le second, plus modeste, en dessous, mais tous deux témoignaient d’une admiration formulée sans sarcasme. b attENtioN fragilE Je reçois une centaine d’invités par mois à la radio. Avant d’entrer en studio, je sais tout sur eux. Ça commence dès le matin avec trois livres à lire, un disque à écouter, un film ou un spectacle à voir pour le lendemain. Nous sommes le paradis Frédéric Taddeï, ici fin 2013, présente « Ce soir (ou jamais !) », chaque vendredi soir sur France 2. Yannick Labrousse des attachés de presse ! Mais je n’ai rien à vendre, je ne suis ni libraire ni critique, je me contente de recueillir une parole. Afficher mes goûts me paraîtrait déplacé, seul le reflet de l’époque m’intéresse. Pourquoi faiton désormais des films sur le deuil ? Pourquoi les héros sont-ils des gens b mEs uNivErsitÉs C’est vrai que j’ai eu une enfance terriblement heureuse. À une époque où, contrairement à ce que l’on croit, les gens s’inquiétaient déjà pour l’avenir, mes parents ne se faisaient aucun souci pour moi. Ils ont toujours respecté mes choix. Et moi, je ne voulais rien faire. Pendant dix ans, j’ai lu, flâné. Jusqu’à 25 ans, je me suis inscrit en première année de fac pour avoir la Sécurité sociale. Je ne passais pas les examens, je recommençais l’année suivante une autre première année. Et je reprenais mes lectures. J’ai fini par épuiser mon quota d’inscriptions. Et à 29 ans et demi, je me suis lancé. Mais aujourd’hui, c’est ce bagage qui me permet de passer d’un sujet à l’autre. Un concert contre le cancer Les sœurs Labèque, Marie-Agnès Gillot, Camille, Imany mais aussi des gars, Vincent Niclo ou le jeune phénomène Vianney, se produiront le 22 mars à l’Olympia dans le cadre du gala Toutes les femmes chantent contre le cancer, organisé par l’association Tout le monde contre le cancer. Casté par la violoniste Anne Gravoin, l’orchestre est exclusivement féminin pour cette soirée destinée à changer le regard sur la maladie. Le roi de papier Il y a l’homme d’affaires et les affaires de l’homme. En décembre 2009, Pierre Leroy, cogérant du groupe Lagardère (propriétaire du JDD), mettait en vente une partie de sa collection d’œuvres chez Sotheby’s : de Camille Claudel à Andy Warhol, une série d’objets rares chinés sur plusieurs décennies. Six ans plus tard, c’est la Bibliothèque nationale de France qui met à l’honneur le musée personnel de ce grand bibliophile à travers 111 pièces dominées par les figures de Sade et Camus. Manuscrits, imprimés, autographes, commentés notamment par Daniel Rondeau et Philippe Sollers dans l’ouvrage complémentaire Bibliothèques de bibliophiles. Pierre Leroy aux éditions de la BNF. Barbie se confie à Beigbeder b DE couPs DE fil EN aiguillE Cela a commencé par un coup de fil de Jean-François Bizot. Je venais de monter un journal, il m’a proposé de rejoindre Actuel. De là, je suis passé à Radio Nova puis Canal + m’a contacté. De là, Thierry Ardisson m’a appelé pour Paris Dernière. Puis, Jean-Pierre Elkabbach pour Europe 1 [Groupe Lagardère, propriétaire du JDD] et enfin Rachel Kahn pour Ce soir (ou jamais !). b frÉDÉric Et sEs sœurs Je les ai embarquées dans l’aventure. Sandrine s’occupe de la programmation de l’émission Europe 1 Social Club et travaille sur Ce soir (ou jamais !). Quant à Isabelle, elle m’aide sur les textes de D’art d’art. C’est comme pour les jeunes de banlieue, quand l’un trouve un boulot, les autres suivent. b taDDEï iNtimE Régulièrement, Paris Match ou Gala nous proposent, à ma femme et moi, une interview. C’est devenu un rituel. On nous demande si nous sommes toujours ensemble et nous répondons oui. Cela fait vingt ans. Dans ce métier, comme vous le savez, les années comptent triple. Là, c’est moi qui dois répondre aux questions. Ça ne me dérange pas, tout le monde sait avec qui je suis [l’actrice Claire Nebout]. Mais je dois avouer que l’exercice est assez difficile : à la fois vous devez répondre sur votre vie de couple et en même temps vous n’allez pas révéler toute votre vie intime. g Europe 1 Social Club, du lundi au jeudi, de 20 h à 22 h sur Europe 1. Ce soir (ou jamais !), tous les vendredis à 23 h 30 sur france 2. Barbie, Palais de Tokyo, 2015. Dr « Cela me fait très plaisir d’apprendre que vous aimiez jouer avec moi quand vous étiez petit. » C’est assez exclusif. Encore plus rare que Kate Moss, la poupée Barbie a accordé une interview à Frédéric Beigbeder pour le catalogue qui accompagne l’exposition « Barbie », qui se tient jusqu’au 18 septembre au musée des Arts décoratifs à Paris. Où l’on découvre l’apport de l’égérie de plastique (57 ans et 29 cm sur la pointe des pieds) au féminisme : « J’ai toujours été une femme active, une pionnière ! J’ai toujours travaillé : j’étais tout d’abord mannequin, puis dans les années 1960 j’ai été infirmière et hôtesse de l’air, alors qu’à l’époque la majorité des femmes ne travaillaient pas. » Pour son adaptation sur grand écran, elle se verrait bien incarnée par Gwyneth Paltrow (« une grande actrice à même de représenter les multiples facettes de ma personnalité »), Brigitte Bardot ou Laetitia Casta. Des femmes qui font entendre leur voix. l.P. téléVision | 33 jdd | 13 mars 2016 On aime Passionnément iiii Beaucoup iiif Bien iiff Un peu ifff Pas du tout ffff Jacques Brel L’homme qui voulait vivre sa vie Mardi, France 2 consacre une soirée spéciale au chanteur belge avec un documentaire inédit et le film « L’Emmerdeur » La sélection de la semaine pelle ce doc qui accorde une place importante à son intimité. Il a redoublé plusieurs fois mais Sa vie durant, il sera bigame : une écrivait certaines punitions en épouse à Bruxelles ; une maîtresse vers. Enfant, Jacques Brel était un à Paris. Parmi ses amantes, Suzanne cancre lumineux. Un jeune bourGabriello, pour qui il aurait écrit geois désireux de s’extirper de la Ne me quitte pas, ce qu’il ne confesdouillette monotonie de son quosera jamais, et l’ancienne clodette tidien. « Il faut choisir : priorité aux Maddly Bamy, rencontrée sur le rêves ou priorité à son petit confort », tournage de L’aventure, c’est l’avenassurera-t-il plus tard. Lui n’a pas ture, avec laquelle il traverse deux vraiment choisi : la liberté était océans en bateau. une nécessité. Il était d’humeur Difficile d’assumer le rôle du vagabonde, comme dirait Antoine pater familias quand sa soif d’ailBlondin. Un jour, une histoire déroule leurs ne peut être étanchée. Encore le fil de sa vie mouveaujourd’hui, ses filles mentée à travers un « Il faut ne lui en tiennent pas documentaire riche rigueur. L’une d’elles, en témoignages, choIsIr : prIorIté France, le suit dans notamment ceux aux rêves ou ses pérégrinations en de Juliette Gréco, voilier. Sans doute, Claude Lelouch, prIorIté à son Brel voulait réparer Gérard Jouannest, petIt confort » quelque chose en la ou ses filles, France et conviant au périple. Isabelle, que Laurent Mais se sentant Delahousse reçoit sur son plateau. de trop à cause de la présence de Maddly, elle finit par quitter le na« Je sais que je vais crever, vire. Quand le chanteur jette l’ancre mais ça ne fait rien » aux Marquises, un cancer le ronge depuis déjà plusieurs mois. Lorsqu’il débarque à Paris, peu de gens misent sur cet échaIl décide de s’installer dans ces las au physique ingrat et à la gesîles peu accessibles où, loin des patuelle empruntée. « Jacques Brel parazzis, il goûte à la tranquillité. est belge. Nous lui rappelons qu’il Là-bas, « le temps s’immobilise ». existe des trains pour Bruxelles », Il mène une vie simple, assure une écrit France Soir à propos de son liaison postale en avion, projette des premier disque. Mais l’artiste films aux insulaires et participe au s’entête, arpente les cabarets, développement de ce lieu délaissé. dort dans une chambre d’hôtel Les Marquisiens deviennent ses pitoyable sans manger à sa faim. amis. « Je sais que je vais crever, mais Le peu qu’il gagne, il l’envoie à sa ça ne fait rien. Aujourd’hui, on fait la femme, Thérèse Michielsen, dite fête », leur dit-il. Son état se dégrade. « Miche », restée en Belgique. En 1978, Jacques Brel est rapaJusqu’à ce qu’une chanson au trié en France, où il s’éteint des titre évocateur, Quand on n’a que suites d’une embolie pulmonaire. l’amour, l’emporte vers le succès. Il est enterré aux Marquises, près de Et, l’amour, Brel en a beaucoup à la tombe de Gauguin. Ses chansons, offrir en partage. elles, ne nous ont pas quittés. g Car libre, l’artiste l’est aussi Un jour, une histoire, mardi à 20.55 et L’emmerdeur, à 22.50, France 2. avec les femmes, comme le rapBaptiste thion a King-Kong iiii Entre deux trilogies de Héroic Fantasy, le Néo-Zélandais Peter Jackson s’essaie avec une maîtrise impressionnante au remake du chefd’œuvre de 1933. Beau, émouvant, époustouflant. 21.00, D8. naUFragés voLontaires. Lors de la première saison, 2,8 millions de spectateurs en moyenne avaient suivi les mésaventures des apprentis Robinson de The Island, sorte de Koh-Lanta sans compétition où les candidats se filment eux-mêmes. L’émission revient dès mardi sur M6. Et cette fois, ce ne sont plus seulement 15 hommes qui devront survivre en milieu hostile sans eau courante ni nourriture mais aussi 15 femmes. Chaque groupe sur son île. Le programme confrontera leurs réactions respectives. On est ravi d’apprendre qu’elles sont très différentes, ce dont personne ne se doutait. On découvre aussi, grâce aux précieuses interventions de Mike Horn, explorateur éclairant le public, que dans la jungle, la nuit tombe plus vite, qu’une petite blessure peut s’aggraver si elle n’est pas soignée ou qu’il vaut mieux dormir sur une plage qu’en forêt en compagnie des animaux sauvages. Et les serpents, c’est dangereux ? the island : seuls au monde, mardi à 20.55, M6. Un chanteur libre qui l’était aussi avec les femmes. QUINIO/STILLS/GAMMA/EyEdEA Ciné dimanChe gangsters. Les criminels les plus célèbres de Birmingham font leur grand retour sur Arte. Nous sommes désormais en 1922, et les Peaky Blinders (« visières aveuglantes ») ambitionnent d’étendre leurs activités à la capitale. C’est sans compter sur le mafieux londonien Darby Sabini, peu disposé à les voir empiéter sur son territoire. Entre rivalités, manipulations politiques et histoires familiales, cette seconde saison, toujours rythmée par une bande originale rock’n’roll, se révèle aussi classieuse que captivante, et bénéficie de la présence de Tom Hardy, parfait en voyou juif caractériel. peaky Blinders, jeudi à 20.55, arte. Cillian Murphy, Joe Cole et Paul Anderson. PrOd traFic. Beaucoup de documentaires ont déjà été tournés sur les narcotrafiquants. Avec Cartel Land, le réalisateur Matthew He i n e m a n s ’ i n t é re s s e a u x citoyens qui, abandonnés par les pouvoirs publics, les combattent armes à la main. Primé à Sundance et nommé aux Oscars, ce film aux qualités cinématographiques indéniables emploie les codes de la fiction pour offrir une plongée saisissante dans un univers d’une rare violence. Il suit les meneurs de deux milices de chaque côté de la frontière américano-mexicaine. Ces groupes paramilitaires recourent parfois à des méthodes analogues à celles des cartels. Un doc prenant, mais un peu sensationnaliste. Ba.t. cartel Land, mercredi à 21.00, canal +. a Blood Ties iiff Premier film américain, en tant que réalisateur, de Guillaume Canet. Une distribution prestigieuse (Clive Owen, Mila Kunis, Marion Cotillard...) pour un polar un brin décevant. 20.55, France 2. c La Nuit des généraux iiif Anatole Litvak met en scène un Peter O’Toole abject en général nazi. Grandiose. 20.45, Arte. c L’Échange iiif Clint Eastwood adapte une histoire vraie avec Angelina Jolie dans le rôle de la mère écorchée. 20.50, HD1. Votre soirée 17.15 Sept à huit. 20.00 Journal. 20.55 Le Transporteur iiff Film franco-américain de Louis Leterrier et Corey Yuen (2002). Un ex-militaire reconverti dans le crime tombe au beau milieu d’un règlement de comptes. Avec Jason Statham, Shu Qi, François Berléand. 22.45 Esprits criminels. 1.10 Les Experts: Manhattan. 18.00 Stade 2. 18.50 Vivement dimanche prochain: Best of. 20.00 Journal. 20.55 Blood Ties iiff Film américano-français de Guillaume Canet (2013). Un policier tente de remettre dans le droit chemin son frère aîné, récemment sorti de prison. Avec Clive Owen, Billy Crudup, Marion Cotillard. 23.05 Faites entrer l’accusé : Le Crime fou de Stéphane Moitoiret. 17.15 Personne n’y avait pensé ! 17.55 Le Grand Slam. 19.00 Le 19/20. 20.25 Zorro. 20.55 Les Enquêtes de Vera. Série britannique (2015). Eaux troubles ; Le Bon Samaritain. Avec Brenda Blethyn, Kenny Doughty. 0.00 Soir 3. 0.25 The Lost Moment iiff Film américain de Martin Gabel (1947). D8 21.00 King Kong iiii Film en coproduction de Peter Jackson (2005). W9 20.55 Murder. Série. NT1 20.55 La Proposition iiff F i l m a m é r i c a i n d’Anne Fletcher (2009). NRJ 12 20.55 S.O.S. ma famille a besoin d’aide. Magazine. HD1 20.50 L’Échange iiif Film américain de Clint Eastwood (2008). 6ter 20.55 Duplicity iiff Film américano-allemand de Tony Gilroy (2008). 16.40 Zapping de la semaine. 17.00 Intérieur sport. 18.10 Canal rugby club. 19.10 Canal Paris Première 20.45 Lie to football club. 20.55 Rennes-Lyon. Football. Ligue 1, 30e journée. me. Série. 22.55 Canal football club. 23.15 L’Equipe du dimanche. 0.00 Le Journal des jeux vidéo. TCM 20.55 Les Experts : Miami. Série. 18.35 C politique. 20.00 In Vivo, l’intégrale. 20.40 Le prix a-t-il un sexe ? Documentaire français de Camille Roperch FX 20.50 Gallowwalkers. (2016). Le collectif Georgette Sand a révélé qu’en plus de Téléfilm. différencier inutilement plusieurs produits de consommation courante qui s’adressent à une clientèle masculine ou féminine, des Gulli 20.50 Peau d’Âne. tarifs différents sont appliqués pour des biens identiques. 21.35 Film français de Jacques Demy Infidélité, mode d’emploi. 22.25 Les flingueurs ou la violence (1970). en politique. 23.20 La Grande Librairie. OCS Choc 20.40 Hell on Wheels. 19.15 Cuisines des terroirs. 19.45 Arte Journal. Série. 20.00 Karambolage. 20.15 Vox Pop. 20.45 La Nuit des généraux iiif Film franco-britannique d’Anatole Action 20.50 Deux Doigts Litvak (1967). Pendant la Seconde Guerre mondiale, plusieurs sur la gâchette ifff Film amécrimes sadiques sont perpétrés à l’encontre des prostituées. Avec ricain de Deran Sarafian (1994). Peter O’Toole, Omar Sharif. 23.05 Code(s) polar (1/3). Polar 21.00 Police frontière 16.30 66 Minutes : le doc. 17.20 66 Minutes. 18.40 iiff Film américain de 66 Minutes : grand format. 19.45 Le 19.45. 20.10 Tony Richardson (1982). E=M6. 20.55 Capital. Ma maison, ma mine d’or. Le logement représente la dépense la plus importante du budget des Paramount 20.40 L’Epée ménages français. 23.00 Enquête exclusive. Calais, immersion du vaillant ifff Film dans une poudrière ; Clandestins : ils traversent l’enfer pour britannique de Stephen Weeks venir vivre en France. (1984). session de rattrapage du Jdd aVec Le top des 3 programmes à revoir aujourd’hui sur Internet a Doc. Geneviève de Gaulle, Germaine Tillion France 2 a Série No Offence France 2 a Magazine Complément d’enquête Migrants... France 2 34 | JEUX JDD | 13 mars 2016 U d un microsillon d’avant les 45 tours a moitié morte en partie morte b d aux reflets changeants 10 quartier d’une capitale de l’est bravade s’alimente à la pompe la politique de la terre brûlée b c U corrige la maîtresse de ses fautes de liaison direction 14 évoque la réputation ou se noie la députation dans un grade verre d’eau en orient b profiter d’un don joué jazzy sous la carapace de la tortue U 15 verge dont la québécoise prend son pied plusieurs fois direction en transes jamais vilain, parfois coquin d d d d b d b battue au à goûter terme d’une avec le thé rencontre palpitante LE JOURNAL DU DIMANCHE est édité par : Hachette Filipacchi Associés SNC au capital de 78 300 €, siège social 149 rue Anatole France 92534 Levallois-Perret cedex. RCS Nanterre B 324 286 319. Associé : Hachette Filipacchi Presse. Renseignements lecteurs 01 41 34 63 40. Gérant-Directeur de la publication Philippe Pignol. Président d’honneur Daniel Filipacchi. éditeur édouard Minc. éditrice adjointe Anne-Violette Revel de Lambert. Communication Nawal Hocine, Anabel Echevarria. Ventes Frédéric Gondolo et Katia Parent 01 41 34 64 78. Diffusion Presstalis Réassortiments 06 68 08 16 67. Imprimé en France par Paris Offset Print Travail exécuté par les ouvriers syndiqués d b tue un projet dans l’œuf b prise à un innocent ou serre le coupable b l’un divise l’autre nistes qui veut gagner des millions de 6 à 9 part du lion 4 à la suite pour d’autres à la suite b d d b dis ici de partir et là où en fin de série en début de série d d s’écoule qui au kirghizistan, qui en russie b Y b d b junker et hidalgo hollande et hidalgo ? l’endroit idéal pour tailler une bavette b langage à la page du cercle des poètes disparus écrit en lettres de sang généraux vs général a d couple d bobine avec bébel dix moins une sudoku d b d b d truc du trictrac b b difficile faites suivant le genre b b solution des jeux Mots croisés 93120 La Courneuve, CIMP Toulouse, MOP Vitrolles, CILA Nantes, CIRA Lyon et Nancy Print. N° de Commission paritaire 0420 C 86 368. Numéro ISSN 0242-3065. Dépôt légal : à parution. © HFA 2015 Hachette Filipacchi Associés est une filiale de Lagardère Active SAS. Président du directoire Denis Olivennes Service abonnement CS 50002 – 59718 Lille Cedex 9. Tél. : 02 77 63 11 36 (France / Dom Tom et étranger). Tarif France Le JDD + Version Femina (Ile-de-France) : 1 an, 99 € ; JDD (hors Île-de-France) : 1 an, 79 €. Tarif étranger nous consulter. Abonnements au journal en ligne www.lejdd.fr Tirage du 6 mars 2016 : 244.210 exemplaires. cri du pigeon vertus a aux antago- Solution du numéro 3608 Publicité : Lagardère Publicité, 10, rue Thierry le Luron, 92300 Levallois-Perret. Tél. : 01 41 34 90 00. Fax : 01 41 34 90 01. Présidente Constance Benqué. Directeur général Philippe Pignol. Directrice de la publicité Frédérique Vacquier. Tél. : 01 41 34 92 46 b paire de boules Solution la semaine prochaine Directeur Jérôme Bellay. Directeur adjoint de la rédaction Patrice Trapier. Rédacteurs en chef François Clemenceau, Dominique de Montvalon, Cyril Petit (éditions), Guillaume Rebière, Brigitte Suffert (directrice artistique), Laurent Valdiguié. Secrétaire général adjoint Robert Melcher. Rédacteurs en chef adjoints Danielle Attali, Bruna Basini, Richard Bellet, Stéphane Joby, Pierre-Laurent Mazars, Nicolas Prissette, Didier Siberchicot. Chef du service photo Aurélie Chateau. b d U verticalement 1. Auto-défense. Dessins parlants. - 2. Amenée à viser la direction générale. Retourne en boîte après le travail. Emploi dans la distribution. 3. C’est du chinois dans une certaine mesure. Prennent un accent aigu. De quoi se noircir à l’œil. - 4. Se traite en surface. Bien élevé et particulièrement distingué. - 5. Remplaçant un accent aigu par un accent grave. Lustre d’étoffe. Visa pour la Russie. - 6. Spécialité norvégienne montée en neige. Un manque qui désole. Rappel des troupes. - 7. Dans les plus ou moins grandes largeurs. Epousée suivant les formes. Petit plat de terre. - 8. Fer de botte. Représente un tiers. Claque. - 9. Projeter contre. Base de transmission. - 10. Dégustées en trinquant. Sortie de sa coquille. Eau dans la botte. 11. Elles prennent l’eau de toutes parts. Chaussées pour la marche. 12. Pure malt. C’est égal. Rouge aux ongles. - 13. Lui-même. Incitent à entrer en scène. Le désespoir d’une maîtresse. - 14. Présentant de belles courbes. Accord final. - 15. Temps variables. Engagées sans assurance. Réduction patronale. b U horizontalement 1. Légion d’honneurs. Liberté de mouvement. - 2. Rapidement bourré. Chercher la petite bête. - 3. A été suffisamment attendu. Massé pour être d’attaque. Il suffit de passer le pont... - 4. A un point commun. Se montre discrètement indiscret. Cours de physique. - 5. Pratiques pour officier. Se montre pointilleux sur le règlement. - 6. Marché souterrain. Des histoires jamais sans histoire. Offre un bouquet dans le meilleur des cas. - 7. Prises dans une boucherie. La chasse est ouverte. Voie à grande circulation. - 8. Demande un minimum de tenue. Font lever les yeux au ciel. Permet de ménager sa monture. - 9. Joyeuse comédie. Martèlent en musique. 10. Symbole de contenance. Regardée les yeux dans les œufs. Se lance dans les airs. - 11. Manuel médical. Améliorant l’ordinaire. - 12. Fauteuil à bascule. On n’en revient pas ! Carte de crédit. - 13. Façon de procéder à une interpellation. Petit doigt. Rame dans la rue. - 14. Dorées à la poêle ou aux poils. Maux d’esprit. - 15. Des bouches et des bras. Travaillent pour des haricots. excluant ii dont un célèbre ii d 13 b d 11 12 d U 9 Y dont la brioche fait concurrence aux miches b voit comme une vertu de ne pas b la perdre 8 d d Keno Loto horizontalement 1. Satellites. Pode. - 2. Egaré. Favoriser. - 3. Mi. Ost. Palan. Si. - 4. Porteuses. Maman. - 5. Aisée. Etirer. - 6. Têts. Errer. Duce. - 7. Epées. Visas. Lot. - 8. Ria. Naïf. Narine. - 9. Neurone. Escient. - 10. Eu. Abusive. Grée. - 11. Ames. Lippue. - 12. Lover. Plâtre. Us. 13. Elan. Coin. Ouïr. - 14. Oléoduc. Ourlée. - 15. Aperçu. Ogresses. verticalement 1 . S e m p i t e r n e l l e. 2. Agio. Epieu. Olop. 3. Ta. Râteau. Avale. 4. Erotise. Ramener. 5 Lésés. Snober. Oc. 6. Tuée. Anus. CDU. - 7. If. Servies. Pou. - 8. Tape. Rif. Illico. - 9. Evasées. Evian. - 10. Sol. Transept. Or. - 11. Rami. Sac. Proue. - 12. Pinard. Rigueurs. 13. Os. Meulière. ILS. - 14. Désarçonné. Urée. - 15. Erin. Etêtées. Es. Mots fléchés Sudoku d e l a i e s 7 assure participe et une agent bonne liquidateur palindrome stabilité d le bateau du capitaine b fracasse 6 Y j u r b a n T i s T l e 5 d tempère bien des hardeurs T r v e e p n i T e r d u e r e o m o b o u r s e z 4 mets de l’eau ou nous saoûles filets réversibles a e d e 3 Y fond de commerce du colporteur h i n s v e u T s n T a o r y a e m f u s i r e s e f i f g h e n T o m o b l a l s e x 2 Y archi sauvent la compétent face en cas pour gérer d’attaque les cités frontale [email protected] s p e n T n e e s e s s a r T e m e n T 1 station d’essence Albert Varennes a n n n i e s e T e T T e e i x 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 mots fléchés i a n l i d u r i s b s T a c r g r e s e T r g i o r o s o n e o c v o r e n o i e u x n T [email protected] s c h a m v a d c e mots croisés Jean-Paul Vuillaume tendances | 35 jdd | 13 mars 2016 Les battants du petit matin gilles lansarD/DuoDecim Ski itinérant à travers la Savoie Sur l’espace diamant, on arpente une montagne douce et boisée de village en village. Idéal pour un court séjour MathILde gIard plainpicture/Fancy - plainpicture/heros images Se lever à l’aube pour méditer, faire du sport ou bien la fête… Voici le nouveau credo de ceux qui veulent réussir leur vie ou s’offrir du temps pour eux CharLotte Langrand @Chalangrand « L’avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt » : un nombre croissant de nos concitoyens ont décidé d’appliquer le dicton à la lettre. Debout parfois dès 5 heures, beaucoup sont devenus accros du petit matin. Ils ont été inspirés par la lecture de Miracle Morning, de Hal Elrod, un Américain qui a fait profession du développement personnel. En un été, le livre s’est vendu à 80.000 exemplaires ; il est sorti en France cette semaine (First Éditions). Son credo : s’offrir un « supplément de vie » en se levant aux aurores pour « dédier un moment de la journée à la personne que nous souhaitons devenir ». L’auteur l’affirme : aujourd’hui est « le » jour du changement. Celui où l’on décide de ne plus vivre une vie « médiocre », de se lever très tôt pour se fixer des objectifs, développer son potentiel, atteindre ses rêves (de réussite et de richesse, surtout). Hal Elrod déroule sa méthode miracle, sa « routine » pour obtenir « une vie notée 10 sur 10 ». Une fois debout, on enchaîne une liste d’actions : méditation, « affirmations positives », visualisation de sa journée et lecture de livres de développement personnel. Puis on avale un smoothie et c’est parti pour le travail, l’esprit clair et la volonté au firmament. Hal Elrod en est sûr, Oprah Winfrey, Bill Gates et même Albert Einstein n’auraient jamais appuyé sur la fonction « snooze » (rappel) de leur réveille-matin. Une parenthèse inespérée pour le bien-être Aux États-Unis, la recette a plu tout de suite, surtout sur la côte ouest. Les nouveaux convertis détaillent leurs matins sur le site My Morning Routine. « À 5 h 45, je vais à mon cours de yoga, écrit Jeff Morris, un des dirigeants de Tinder. Je suis à peine éveillé mais c’est un des moments favoris de ma journée. » Les sacrifiés de l’oreiller publient aussi Cours de sport ou de yoga, séances de sophrologie... : le menu bien-être des « before work ». avec fierté leur vie « prépetit déjeuner » sur les réseaux sociaux, sous les motsclefs #5am ou #earlystart. En France, le mouvement semble prendre… une autre tournure. Les lèvetôt hexagonaux voient plutôt dans cette tranche horaire une parenthèse inespérée pour leur bien-être. Un temps consacré à soi, pour réfléchir, méditer, faire du sport ou… la fête. Partout, les « before work » se multiplient. Le premier Daybreaker parisien a eu lieu fin janvier. Cette fête déguisée, avec yoga puis dancefloor de 6 à 9 h, s’est déjà tenue à New York, San Francisco, São Paulo… La tendance prend en régions. C’est en revenant de Londres, où elle a assisté à un Morning Glory, qu’Anne-Claire Loaëc a décidé d’organiser son premier Good Morning Rennes : 300 personnes ont participé à cette grande fête d’avant-travail, de 7 à 10 h. « Sans alcool, une fête est plus libre, les gens ne se jaugent pas comme la nuit, explique-t-elle. Notre seule ambition est d’apporter de la bonne humeur. Cela contribue au bien-vivre ensemble. » Au programme, un « réveil musculaire » avec de la gym suédoise puis un dancefloor avec DJ, un atelier d’autoréparation de vélos et bien sûr, un petit déjeuner « sain », plutôt orienté smoothies que viennoiseries. « C’est un horaire où l’on n’a pas d’excuses pour ne pas entreprendre quelque chose, poursuit Anne-Claire. On commence la journée par du positif, c’est plus agréable que de courir dès le réveil. » She is Morning est présent dans onze villes Les carrot cake et les jus détox font aussi partie du concept She is Morning. Adressé aux femmes, ce « before work » se fonde sur le bien-être et le développement personnel. « En rentrant du Brésil, où j’ai vécu, je ne voulais pas retomber dans la morosité française, avoue Charlotte Pignal, la fondatrice. En s’accordant du temps pour soi, on sait qui l’on est, et ce que l’on veut devenir. » De 6 h 30 à 9 h 30, s’enchaînent cours de yoga, séances de sophrologie et de coaching sur la communication positive ou la gestion du stress au travail. « Ces femmes actives veulent une bulle d’air pour elles, elles échangent beaucoup, constate Charlotte Pignal. Nous ne les culpabilisons pas, le réveil ne doit pas devenir une torture ! » Plébiscitée, She is Morning est présent dans onze villes françaises et va s’ouvrir aux hommes. Les dormeurs vont devoir préparer de solides excuses pour continuer leurs grasses matinées. g dormeur. il faut soit secouer l’appareil dans tous les sens pendant trente secondes (Wake N shake, shake awake Free), soit scanner un objet comme son bol de café (morning routine) ou aller photographier un endroit de son appartement (alarmy)… deux autres Au pied du Mont-Blanc La petite station du Val-d’Arly fait partie de l’Espace Diamant, qui fête ses 10 ans ce début 2016. On part en balade, au fil des liaisons, au milieu des sapins saupoudrés de neige et des chalets en bois, d’un village à l’autre, entre 1.000 et 2.000 m d’altitude : Praz-sur-Arly, Hauteluce, Crest-Voland… En panorama, le Mont-Blanc et le massif du Beaufortin. La station la plus récente du domaine, datant des années 1960, reste Les Saisies, fief du champion Franck Piccard, qui y possède un hôtel. Que l’on ne s’y trompe pas, cette montagne douce a son lot de pentes raides où tester sa dextérité, et, malgré son altitude moyenne, elle connaît un excellent enneigement. « Je pense que l’itinérance a un bel avenir : elle permet d’allier le ski de qualité à une certaine ruralité, dans une vallée habitée », prédit Jean-Yves Rémy, PDG du groupe Labellemontagne, à la tête de onze stations dont quatre sur ce territoire. Pour preuve, la coopérative du secteur, à Flumet, où se fournir en reblochon, beaufort et yaourts maison, ne cesse de se développer, avec des antennes jusqu’à Chamonix et Megève. g labellemontagne.com télex MSC Croisières fait le tour du monde La plus grande compagnie de croisières privées au monde va doubler sa flotte dans les six prochaines années. et les clients n’y feront « pas n’importe philippe chérel/maXppp quelle croisière », assure la nouvelle campagne de promotion de la marque. Ce nouveau positionnement fait l’objet de trois nouveaux films publicitaires mis en scène par le Britannique daniel Barber sur une bande-son d’ennio morricone. msccroisieres.fr Gastronomie : un virage à 180° des applis pour les réveils difficiles Les amoureux de L’oreiLLer vont souffrir. des applications pour smartphone donnent les moyens de les sortir du lit. Le supplice est simple : la sonnerie du téléphone ne s’arrête qu’à condition d’effectuer des actions qui réveilleraient n’importe quel gros La route des Gorges de l’Arly est coupée depuis plus d’un mois à la suite d’un gros éboulement. Une déviation est en place. Mais c’est dire l’aspect isolé, et préservé, du vieux village savoyard de NotreDame-de-Bellecombe, surplombé par son clocher à bulbe. À la Ferme de Victorine, on dîne sous les yeux des vaches Tarine et Abondance, installées de l’autre côté de la vitre. On ne sait pas trop qui regarde l’autre… Cette adresse réputée est une affaire de famille : parmi les huit frères et sœurs, James a créé le restaurant, deux frères gèrent la partie agricole et Raymonde, directrice de l’école de ski, fait le service la saison finie. Cette dernière ressemble étrangement à la photo en noir et blanc accrochée au mur, « mémé Victorine », la grand-mère… applis frôlent même le sadisme : alarm Clock xtrem s’arrête quand on résout un problème de maths et Better me utilise l’humiliation publique en postant sur Facebook un message à vos amis si vous restez au lit ! C.L. Changer de vie. Changer d’adresse. Changer de métier. un jour, tout le monde a caressé cette idée, et le monde de la gastronomie n’y échappe pas. Voici le thème du premier hors-série de la revue culinaire 180 °C : rencontrer ceux qui ont franchi le pas, qui ont plaqué leur boulot pour la boucherie, la boulangerie, l’agriculture, l’ostréiculture… de belles histoires de reconversions. 180 °C, hors-série no 1, 20 €. 36 | dimanchesport jdd | 13 mars 2016 FootBall Quatre jours après sa qualification européenne, le PSG peut décrocher son quatrième titre de champion de France consécutif, pelletée de records à la clé troyes Stade de l’Aube (14 h, beIN et Canal+ Sport) paris sG N MIcKaËl caron @CARONJDD e pas gagner à Troyes pour mieux soulever l’Hexagoal au Parc des Princes, dimanche prochain, contre Monaco ? Si cela lui a traversé l’esprit, ne comptez pas sur Laurent Blanc pour oser à haute voix ce genre de promesse de l’Aube. « Entrer sur un terrain sans avoir l’intention de gagner, ce n’est pas être un compétiteur, se fâchet-il. Nous laissons les calculs aux autres. » Être le premier à s’incliner chez la lanterne rouge serait une sorte de prouesse de plus pour cette équipe qui les accumule. Qualifié mercredi pour les quarts de finale de la Ligue des champions aux dépens de Chelsea (2-1), le PSG n’a pas encore le palmarès des grands d’Europe mais il en partage désormais certains records. S’il est couronné cet après-midi, il imitera le Bayern Munich d’il y a deux ans, qui avait remporté le titre le plus précoce dans un grand championnat européen, à huit journées de la fin. Mais c’était déjà le printemps… À l’échelle de la L1, le bientôt sextuple champion de France (comme Bordeaux et Reims) va effacer le grand Lyon de Gérard Houllier, consacré le 22 avril 2007. Effondrement de la concurrence « Certains s’interrogent sur l’écart entre Paris et les autres : fantastique ou pathétique ? Nous n’avons rien voir là-dedans, élude Blanc, qui a profité d’un moment libre, vendredi, pour se plonger dans les statistiques pendant que ses joueurs déjeunaient gaiement dans Paris. Nous sommes en tête depuis la première journée, ce sera difficile de refaire un tel parcours donc j’en suis très fier. On aurait très bien pu avoir un adversaire à nos trousses. Nous avons fait ce qu’il fallait, pas les autres. » S’il maintient sa moyenne actuelle de 2,55 points par match, le PSG finira avec au moins 97 points. Loin, très loin devant tous les autres. Ce serait une nette progression par rapport au record de 89 points amassés en 2013-2014. Il faut aussi lire cette courbe dans un contexte d’effondrement de la L’art et la manière Mercredi à Stamford Bridge, les Parisiens se sont qualifiés pour leur troisième quart de finale d’affilée en Ligue des champions. Javier Garcia/Bpi/icon Sport concurrence. À l’image de Monaco, qui aurait dû étirer le suspense de huit jours mais a failli vendredi soir contre Reims (2-2). Ces trois dernières saisons, le PSG n’avait été sacré qu’à la 36e (2013, 2014) ou la 37e journée (2015). L’écart avec le deuxième avait légèrement diminué, passant de 12 longueurs sur l’OM en 2013 à 8 sur Lyon l’an dernier. Cette fois, l’écart record entre le champion et son dauphin (17 points entre l’OL et Marseille en 2007), risque d’être pulvérisé. Ce soir, il pourrait grimper à 25 unités. Monaco (52 points) postule même au rang de pire deuxième depuis le retour à la victoire à trois points en 1995, détenu jusque-là par… le PSG (58 points en 1999-2000). L’hégémonie parisienne n’est pas anodine à l’heure où la compétition se resserre en Allemagne et en Italie, tandis que le spectacle est plus fou chaque week-end au sommet de la Premier League avec les trublions de Leicester. Seule la Liga est écrasée par l’intouchable Barça. Pour le PSG, on peut légitimement se demander si l’inertie des rivaux supposés ne va pas devenir pénalisante dans le money time de la Ligue des champions. Blanc interpelle les dirigeants du foot français Pas sûr que l’avalanche de records excite particulièrement les Parisiens. N’empêche, trois autres marques historiques sont à leur portée d’ici à la dernière journée, le 14 mai. Dans l’ordre de probabilité : le nombre de victoires en déplacement (12) risque d’être dépassé aujourd’hui, avant son propre total de 27 victoires établi en 2014 (23 à ce jour), voire la meilleure défense (15 contre 21 encaissés par l’OM en 1992). Seule la meilleure attaque reste hors de portée (68 buts contre 118 pour le RC Paris en 1960). L’arithmétique, Blanc s’en moque comme du dernier tatouage de Layvin Kurzawa, qui a eu les yeux plus gros que le ventre au lendemain de la qualification à Londres. Sa préoccupation est ailleurs : rester mobilisé d’ici au mois d’avril qui verra le PSG disputer son Des supporters en colère en plus D’un arrêté préfectoral, un arrêté du ministère de l’Intérieur défend aux supporters parisiens de se rendre à Troyes en dehors du déplacement officiel encadré par le PSG. Les autorités craignent que des fans en conflit avec la direction tentent de se regrouper et provoquent des incidents. Hier, des ultras, qui s’étaient vu annuler 500 places qu’ils avaient achetées, ont bloqué quelques minutes le bus des joueurs alors qu’il quittait le Camp des Loges. Fin de cycle, début de casse-tête Le cas Thiago Silva mis à part, le flou autour de l’avenir des premiers piliers de l’ère qatarienne incarne le dilemme auquel est confronté le PSG : faut-il étirer le cycle qui a fait basculer le club dans une autre galaxie ou passer au suivant ? Zlatan Ibrahimovic et Maxwell arrivent en fin de contrat en juin, Thiago Motta le sera dans un an. Le PSG, qui a élargi sa cellule de recrutement à quatre scouts pour mieux observer les stars de demain, doit anticiper mais beaucoup de paramètres entrent en jeu. b Maxwell vers la sortIe Prolongé il y a un an, le Brésilien dit avoir tranché son avenir. La logique serait qu’à bientôt 35 ans l’une des premières recrues de prestige de Leonardo – pour un des meilleurs rapports qualité/prix (4 M€) – raccroche. L’été dernier, en arrachant le Monégasque Layvin Kurzawa à prix d’or (24 M€), le PSG avait anticipé un futur départ. Mais l’international ne pourra pas occuper seul le couloir gauche. L’arrivée d’un nouveau joueur dépend du sort de Lucas Digne, prêté cette saison à l’AS Rome, qui n’a pas encore levé son option d’achat. Son agent, Mikkel Beck, refuse d’indiquer la tendance entre un séjour prolongé en Italie, où Rudi Garcia, qui l’avait fait venir, a été viré, et un retour à Paris. Il se contente de préciser que « le PSG suit son évolution » et est resté en contact avec lui pendant son prêt. Le contrat de Digne, acheté 15 M€ en 2013, court jusqu’en 2018. b Motta l’IrreMplaçaBle L’été dernier, il avait boudé et menacé de partir avant de prolonger son contrat jusqu’en 2017. L’Italo-Brésilien envisage désormais de terminer sa carrière au PSG, où il dispute sa quatrième saison à 33 ans. Mais le club doit songer à l’après tant ce métronome a posé son empreinte sur le jeu de possession prôné par Laurent Blanc. « Personne n’est irremplaçable, mais à son poste, il est dans le top 3 mondial, avance son conseiller, Alessandro Canovi. Peu jouent comme lui : Busquets au Barça, Xabi Alonso quart de finale de Ligue des champions (le tirage aura lieu vendredi), sa demi-finale de Coupe de France à Lorient, le 19, et la finale de Coupe de la Ligue contre Lille, quatre jours plus tard. « Notre calendrier est très compliqué, ose-t-il. J’espère qu’on aura un peu d’aide des dirigeants du foot français sur la programmation de nos matches mais je ne me fais pas d’illusion. » La ficelle est un peu grosse mais pas illégitime. g au Bayern ou Modric au Real. Des jeunes, c’est rare, car c’est un rôle qui demande beaucoup d’expérience. » Il y en a un, au moins, qui est bien connu des scouts parisien, comme de ceux de tous les grands clubs d’Europe : Rodrigo Bentancur, milieu uruguayen de 18 ans de Boca Juniors. Le Serbe Marko Grujic (Étoile Rouge), champion du monde des moins de 20 ans, a aussi le profil. b les Mystères D’IBra Meilleur joueur du championnat (23 buts et 10 passes), enfin décisif dans un grand match de Ligue des champions, le géant suédois réalise peut-être sa meilleure saison parisienne. En fin de contrat, il dit avoir tranché son avenir, mais garde son choix pour lui, comme son ami Maxwell. Contacté, son agent, Mino Raiola, ne souhaite plus s’exprimer sur le sujet. Le président Nasser Al-Khelaïfi donne rendez-vous en juin. Sa grande performance contre Chelsea a remis au goût du jour l’intérêt des clubs de Premier League quand le Milan AC rêve toujours d’un retour. En l’état, on voit mal comment le PSG pourrait se passer de lui, tant sur le terrain qu’en dehors. Paris a besoin d’une grande star pour nourrir son projet. Celles ayant son aura se limitent à Messi, Neymar et Cristiano Ronaldo. Les Barcelonais semblent indéboulonnables, le Madrilène un peu moins. M.c. (avec s.c.) football | sport | 37 jdd | 13 mars 2016 « À valeur égale, mieux vaut un Lyonnais » 30e journée Mandanda sauve l’OM de la cata MAXIME GONALONS Au club depuis seize ans, le capitaine incarne la forte identité locale de l’OL, sur le terrain et en dehors Rennes Roazhon Park (21 h, Canal+) Lyon LYON (RHÔNE) INTERVIEW MICKAËL CARON Maxime Gonalons, 27 ans depuis jeudi, est l’un des douze joueurs de l’OL nés dans la région lyonnaise. Fier de ses origines et de sa culture, qu’il aime partager avec les recrues, l’international (8 sélections) explique les spécificités d’un club qui a remis l’accent sur son ancrage local depuis la fin de sa longue période de domination. Et qui joue peut-être sa saison, ce soir à Rennes, la deuxième place en ligne de mire. Capitaine de l’OL depuis 2013, vous incarnez un club qui ne gagne plus. Dur ? tion a eu de beaux exemples. Mon premier souvenir de Gerland, c’est une victoire 6-1 contre Sedan [en 2002]. J’étais assis en virage nord supérieur. J’aime la bonne bouffe. Je suis allé chez Bocuse, Georges Blanc, Troisgros [trois restaurants étoilés]. On dit le vestiaire lyonnais difficile Il y a quatre ou cinq ans, j’ai commencé à goûter le vin. La côte-rôtie d’accès. Vous confirmez ? est un must, mais je ne m’arrête pas Au premier contact, le Lyonnais peut être perçu comme froid à la vallée du Rhône. J’ai une cave et méfiant. Mais on ne forme pas avec 500 bouteilles de bordeaux, un clan hostile aux nouveaux. bourgogne, champagne… Avec En début de saison, on a entendu Christophe Jallet, Clément Gren’importe quoi nier et Mathieu sur notre soiGorgelin [le deu« La côte-rôtie est disant mauvais xième gardien], on accueil ! Yoann un must, mais je va au marché des G o u rc u f f, p a r ne m’arrête pas à vins à Ampuis [au exemple, a eu du sud de Lyon]. On mal, mais c’était la vallée du Rhône » découvre les nouplus lié à sa perveautés. Je bois sonnalité réserun petit verre de vée. On a toujours temps en temps, essayé de le mettre à l’aise, et lui entre amis. À l’époque, j’allais aussi n’a jamais posé de problème. Ce pêcher avec Lisandro [López]. Je n’était pas un mauvais mec. ne fréquente pas que les Lyonnais ! On vous présente parfois comme On a quand même remporté un VRP de la région. une Coupe de France et un TroJe connais Lyon par cœur. Si un phée des champions [en 2012] ! nouveau me demande, j’ai plaisir à Le PSG domine partager l’adresse le championnat, d’un bon resto. mais ça n’em- « L’idée du Ici, on est plutôt pêche pas de vivre déracinement chauvin, car on a de grands motout ce qu’il faut ments et d’espérer ne m’effraie pas » pour bien vivre : reprendre le titre la culture et la gastronomie. La à l’avenir. Notre modèle n’est pas incompatible avec table soude un groupe. À la fin de le succès. Quand ça s’est compliqué l’été dernier, tout l’effectif a paréconomiquement il y a quatre ou tagé un repas à La Maison, un rescinq ans, le centre de formation a taurant proche de Gerland. Avec été remis en avant. Dans l’effectif, quelques-uns, nous avons découil y a aujourd’hui une moitié de vert une autre table il y Lyonnais. Mais on n’arrive pas en a un mois ou deux. On a besoin de équipe première parce qu’on est du cru. Il faut beaucoup plus que s’aérer et de parler d’autre chose. ça : talent, état d’esprit… On baigne dans un milieu particulier. Être un gone, c’est en avoir conscience sans oublier le monde en dehors du foot. L’idée générale évoque le Barça ou Arsenal… Comme chez eux, nous sortons presque tous du même moule. Comme Rémi Garde avant lui [entraîneur entre 2011 et 2014], Bruno Genesio est né à Lyon, il a été formé et a joué au club. Quand on parle de foot, on se comprend tout de suite, car nous sommes passés entre les mains des mêmes formateurs, à vingt ans d’intervalle. Lui et nous, c’est la même école. À valeur égale, mieux vaut un Lyonnais, car il existe un vécu commun et une vraie philosophie. Une identité visible aussi dans le jeu ? Fa i re d e s passes, conserver le ballon de manière efficace et bien servir les attaquants, sans les mettre en difficulté, c’est notre quotidien depuis l’âge de 15 ans. Les relances à la main d’Anto [Anthony Lopes], ça remonte loin. On le voit bien cette saison : nos buts partent d’actions bien construites. Nos principes ne datent pas d’hier. Ma généra- Il paraît que vous ne plaisantez pas avec la gastronomie et le vin ? Anthony BIBARD/ FEP/PAnoRAmIc Govou, Cris, Caçapa… Beaucoup d’anciens reviennent à Lyon. Pourquoi cet attachement ? Car l’OL est une maison et Jean-Michel Aulas a toujours ouvert la porte aux joueurs du passé. Il a toujours encouragé ce mouvement car c’est un président qui a de la reconnaissance. Et puis c’est une belle ville. Beaucoup d’anciens y ont investi et sont revenus y vivre ; Anthony Réveillère ou Jean-Alain Boumsong par exemple. C’est aussi l’opposition avec Saint-Étienne qui exacerbe l’identité lyonnaise ? On sait qu’il ne faut pas rater le derby car ce sont les deux matches les plus importants de notre saison, quoi qu’il arrive. Il y a une vraie rivalité, presque une frontière invisible. Je m’en nourris tant que ça reste du folklore. Mais des fans qui saccagent le mariage d’un supposé supporter adverse, ça va beaucoup trop loin. Un an et demi après votre transfert avorté à Naples, imaginez-vous faire toute votre carrière ici ? Pourquoi pas. Limite si je n’ai pas la clé du portail de Tola Vologe ! Je suis à l’OL depuis seize ans, c’est chez moi. Lorsque je suis devenu capitaine, ce n’était pas un rôle pour moi, car je ne l’avais été que quelques fois en CFA. Quand les résultats sont mauvais, il y a beaucoup à gérer : faire l’intermédiaire entre le président et le groupe, assister à des réunions. Ça pompe de l’énergie, on pense moins au terrain. Mais aujourd’hui, je connais les tenants et les aboutissants du rôle. Je pourrais même être capitaine dans une autre équipe. L’idée du déracinement ne m’effraie pas. g Steve Mandanda a réalisé neuf parades décisives. PIERRE PERUSSEAU/FEP/PAnoRAmIc Le meilleur des nuls Lorient 1 Marseille 1 Warris (34 ) e Isla (46e) Au Moustoir, un constat est forcément synthétique : Batshuayi épuise les meneurs de jeu. Cabella n’a pas caché sa mauvaise humeur quand l’attaquant belge est venu lui prendre le ballon des mains pour tirer un coup franc dans les nuages, avant de l’oublier dans la surface à la sortie d’un dribble qui aurait dû être décisif. Mené d’un seul but à la pause, l’OM était revenu, un peu miraculeusement, sur un tir chanceux d’Isla. Déjà en novembre, à Nantes, Batshuayi avait failli en venir aux mains avec Barrada qui lui avait reproché de ne penser qu’à lui. La tension monte dans le vestiaire tandis que l’encéphalogramme reste plat dans le jeu. « Je suis énervé ! Beaucoup de gens pensent que je me cache derrière des excuses mais c’est faux. Les joueurs doivent prendre leurs responsabilités. Ils se contentent de réagir. Leur première période est une honte ! », allume Michel. L’heure n’est plus aux artifices de communication sur l’invincibilité de cinq matches en cours mais au Guingamp constat alarmant. La zone rouge se rapproche dangereusement (six points d’avance sur Ajaccio) à force d’enchaîner les nuls, quinze au total en Ligue 1, record d’Europe ex aequo avec La Corogne. S’il ne navigue pas encore en eaux troubles, ce vilain OM le doit uniquement à un Mandanda phénoménal depuis plusieurs semaines. Hier encore, le capitaine abandonné par sa défense, amputée en cours de match de Mendy puis du catastrophique Rekik (sortis sur blessure), a sorti neuf parades, dont quelques horizontales spectaculaires. Furieux après Toulouse (1-1) dimanche dernier, il s’en est allé résigné, cette fois. Il y a de quoi. La première titularisation depuis son retour au mercato de son ami Thauvin n’a pas permis de le consoler. Il a sombré comme tous ses partenaires, sous le regard de Michel, debout pendant toute la partie mais désespérément passif. Au point de laisser sur le banc Fletcher, buteur le week-end dernier après avoir été réclamé pendant six mois. Tout ça pour ça. M.C. b Abou Diaby a rejoué pour la première fois depuis 15 mois, avec l’équipe réserve de l’OM contre Marignane (3-1). Il est resté près d’une heure sur le terrain. 2 Briand (7e), Privat (24e) Saint-Étienne 0 Ajaccio 1 Caen 0 Boutaïb (69 ) e Classement G N p bp bc diff. 1 Paris SG 74 29 23 5 1 68 15 53 2 Monaco 52 30 13 13 4 44 34 10 3 Nice 47 30 13 8 9 43 33 10 4 Lyon 45 29 13 6 10 45 31 14 5 Rennes 44 29 11 11 7 40 34 6 6 Caen 43 30 13 4 13 32 39 -7 7 Saint-Etienne 42 30 12 6 12 33 34 -1 41 29 10 11 8 27 28 -1 Pts J Montpellier 0 8 Nantes 9 Lille 40 30 9 13 8 25 24 1 Nice 2 10 Marseille 39 30 8 15 7 40 31 9 11 Angers 39 29 10 9 10 29 29 0 12 Lorient 39 30 12 9 41 42 -1 13 Bastia 39 30 11 6 13 28 31 -3 14 Bordeaux 38 30 11 10 38 48 -10 15 Montpellier 36 30 10 6 14 36 35 1 16 Guingamp 35 30 9 8 13 36 45 -9 17 Reims Germain (63 ), Plea (76 ) e e Toulouse Ben Yedder (5e, 50e sp), Braithwaite (87e sp), Trejo (90e) Bordeaux 4 0 9 9 33 30 8 9 13 34 43 -9 7 12 11 31 40 -9 Bastia 1 18 Gazélec-Ajaccio 33 30 19 Toulouse 26 30 5 11 14 32 48 -16 Lille 2 20 Troyes 14 29 2 8 Danic (90e+2) Boufal (37e), Amadou (59e) Vendredi Monaco-Reims Meilleurs buteurs 2-2 Aujourd’hui Nantes-Angers Stade de la Beaujoire (17 h, beIN) 31e journée 19 21 59 -38 Vendredi 18 mars Marseille-Rennes (20 h 30, beIN, Canal+ sport). Samedi 19 Saint-Étienne-Montpellier (17 h, Canal+) Lille-Toulouse; Caen-Troyes; Angers-Lorient; 23 buts : Ibrahimovic (Paris SG) ; 13 buts : Batshuayi (Marseille) ; 12 buts : Moukandjo (Lorient), Lacazette (Lyon), Cavani (Paris SG); Ben Yedder +2 (Toulouse) ; 11 buts : Ben Arfa (Nice) ; 10 buts : Delort (Caen), Germain +1 (Nice); 9 buts : Di Maria (Paris SG), Dembele (Rennes)... Reims-Guingamp (20 h, beIN) Lyon-Nantes (21 h, Canal+) Dimanche 20 Bordeaux-Bastia (14 h, beIN) Nice-Ajaccio (17 h, beIN) Paris SG-Monaco (21 h Canal+) 38 | sport Bolloré invite tous les présidents FOOT/dROITS TV Ce mardi s’annonce chargé pour les présidents de club. À midi, les quarante dirigeants de Ligue 1 et de Ligue 2 sont invités à déjeuner dans les locaux de Canal+ par Vincent Bolloré. Au menu : l’avenir du football français. Le 18 février dernier, Vivendi, la maison-mère de Canal+, a confirmé le principe d’un accord de distribution exclusive avec beIn Sports. Ce rapprochement inquiète le foot professionnel qui craint, à terme, une baisse des droits TV. Il y a deux ans, la rivalité entre les deux acteurs avait permis à la Ligue d’obtenir un montant record de 748,5 millions d’euros par an pour la période 2016-2020. Vincent Bolloré se chargera donc de rassurer les présidents alors que la situation économique et sportive de l’élite est préoccupante. Le communiqué de Thiriez Dans la foulée se tiendra le conseil d’administration de la LFP qui s’annonce sportif. La nomination de Didier Quillot au poste de directeur général doit y être proposée. L’ancien patron d’orange est le candidat choisi par le syndicat Première Ligue (tous les clubs de L1 sauf Guingamp), mais le vote de jeudi a été serré (une voix d’écart au second tour avec Robin Leproux) et provoque des remous. Ce qui raconte en creux les différents courants qui s’opposent au sein des instances, où les couteaux s’aiguisent dans une atmosphère de fin de règne. Frédéric Thiriez ne se représentera pas, mais a rappélé dans un communiqué publié hier que seul le CA de la Ligue était « souverain pour décider » de la nomination du DG. Manière de dire que rien n’était acté. Quant à la réforme de la gouvernance de la Ligue, qui doit accorder plus de pouvoir au directeur général au détriment du président, elle reste ouverte. S.C. (AVEC G.R.) Zidane a « mal » pour Nadal pOLÉMIquE Suite aux accusations de dopage formulées mardi par l’ancienne ministre Roselyne Bachelot, Zinédine Zidane est monté au créneau pour défendre Rafael nadal. « Je me sens mal. Tout ceux qui aiment le sport aiment Nadal, que l’on soit espagnol ou français. Depuis des années, il incarne des valeurs. Je lui conseille de mettre cette histoire de côté », a-t-il déclaré hier en conférence de presse alors que le Real Madrid a fustigé dans un communiqué des attaques « injustifiables » et « intolérables » contre son socio d’honneur. ZZ s’est par ailleurs dit « content » pour Karim Benzema, dont l’interdiction de rencontrer Mathieu Valbuena a été levée vendredi et qui devrait bientôt redevenir sélectionnable. « Nous avons parlé de ses ennuis, il savait qu’il devait se montrer patient […] Il est évidemment passé par des moments difficiles mais j’espère que ce sera bientôt terminé. » Blessé depuis deux semaines, Benzema doit reprendre l’entraînement collectif cette semaine. Il était à Paris hier... g JDD | 13 mars 2016 TéLEX FOOT Chelsea, par ici la sortie Après la Ligue de des champions, Chelsea quitte aussi la Coupe d’Angleterre. Battus 2-0 par Everton (doublé de Lukaku), les Blues s’arrêtent en quart de finale. Diego Costa a été exclu pour une tentative de morsure. Guirado, capitaine flamme RuGBY Le capitanat a transformé le talonneur, meilleur Bleu du Tournoi. on le sait grand combattant, on l’espère maintenant fin stratège Écosse Édimbourg (16 h, France 2) France STÉpHANE COLINEAu CYCLISME Thomas aux commandes Geraint Thomas (Sky) a pris le pouvoir dans Paris-Nice au terme de la 6e et avant-dernière étape, remportée au sanctuaire de la Madone d’Utelle par Ilnur Zakarin. Deuxième de l’étape derrière le Russe, le Britannique a surtout neutralisé les démarrages d’Alberto Contador, son principal rival pour la victoire finale. SKI Giraud-Moine déboule Marquée par la blessure au genou de Guillermo Fayed, l’équipe de France a retrouvé le sourire, hier à Kvitfjell (Norvège). Jamais monté sur un podium de Coupe du monde, Valentin Giraud-Moine a terminé 2e de la descente, 20 centièmes derrière l’Italien Dominik Paris. TENNIS Enquête sur un joueur italien Membre de l’équipe italienne de Coupe Davis, Marco Cecchinato est visé par une enquête de sa Fédération pour des soupçons de match arrangé lors d’un tournoi Challenger au Maroc, en octobre. La défaite de Cecchinato, alors 82e mondial, face à un jeune Polonais classé 338e, avait occasionné des flux de paris inhabituels. ATHLÉTISME Van Niekerk, sprinteur tout terrain @StephColineau Il y a ceux que le brassard tricolore inhibe. Hantise de ne pas être à la hauteur, pression écrasante. Et il y a ceux qu’il électrise. Guilhem Guirado est de ceux-là. Depuis qu’une étoffe symbolique est enroulée autour de son biceps, le Catalan est transfiguré. En plus d’assurer les fondamentaux de son poste (touche et mêlée), il plaque à tour de bras et perfore à toutes jambes. Au pays de Galles (19-10), on n’a vu parfois que lui sur le terrain. En Écosse, on serait surpris qu’il déçoive tant il monte en puissance. « C’est le Français qui a le plus progressé sur les trois premiers matches du Tournoi. Il en est le meilleur talonneur, et de loin », juge en expert Daniel Dubroca, lui-même ancien titulaire du poste et capitaine du XV de France entre 1986 et 1988. Se glisser rapidement dans la peau d’un leader, c’est du déjà-vu. « Raphaël Ibañez ou Philippe Dintrans, deux autres talonneurs capitaines, avaient très vite marqué leur territoire », rappelle Pierre Berbizier, ancien demi de mêlée, capitaine puis entraîneur des Bleus. Mais la voracité de Guirado au combat interpelle. Meriem Salmi, psychologue du sport, avance une hypothèse : « Les champions sont des hypersensibles. Le simple fait que Guy Novès lui ait témoigné sa confiance a pu le transcender. » Avant d’être intronisé à la surprise générale, sur les conseils appuyés de l’entraîneur des avants Yannick Bru, le discret Guirado, 29 ans et 41 sélections, avait occupé la fonction une saison, à Perpignan. Avec succès, déjà. « Mais les repères que Guilhem a acquis en club ne sont pas forcément applicables, souligne Dubroca. Les collègues de l’équipe de France ne répondent pas toujours aussi facilement que ceux de votre club, avec qui les liens sont plus anciens. » À Toulon, le capitanat est confié au troisième ligne sudafricain Juan Smith. Mais personne ne conteste le charisme de Guirado, considéré comme un leader d’un paquet d’avants composé de fortes personnalités. Déléguer davantage Le XV de France a connu des capitaines de jeu (Fabien Galthié), de vie (Philippe Saint-André), et de combat. Guirado se range dans cette dernière catégorie, comme les trois capitaines les plus capés de l’histoire bleue (Dusautoir, Pelous et Ibañez), ce qui dessine une tradition. Pour devenir un grand capitaine, ses pairs considèrent que c’est dans la FRANCE 15 Spedding 14 Fofana 13 Fickou 12 Mermoz 11 Vakatawa 10 Trinh-Duc 7 Camara 5 3 Slimani Maestri 2 Machenaud 9 Chouly Lauret 6 4 Flanquart Guirado (cap.) 1 Poirot dimension du jeu, celle des choix stratégiques, que Guirado devra progresser. En fin de match contre l’Irlande (10-9), alors que la France campait dans les 22 mètres du XV du Trèfle, il n’a pas souhaité assurer les pénalités qui s’offraient, leur préférant des mêlées. L’option s’est révélée payante, avec un essai synonyme de succès. Mais elle était risquée, révélait un tempérament trempé plutôt qu’un fin stratège. Plus ennuyeux, à Cardiff, les Bleus n’ont pas su modifier leur plan de jeu. « La France est restée dans un schéma à une passe, qui ne déstabilisait pas les Gallois, décrypte Berbizier. L’adversaire aurait davantage souffert si les Bleus avaient alterné en jouant au large. Mais ils ne l’ont jamais fait, ils se sont entêtés. » Une pierre dans le jardin du capitaine, qui doit peut-être apprendre à déléguer davantage, à trouver les bons relais dans son groupe, à savoir exactement ce que veut son demi de mêlée notamment. « Le talonneur a souvent la tête baissée, il ne voit pas tout, éclaire Philippe Dintrans, autre grand prédécesseur. Il donne beaucoup physiquement et n’est pas toujours lucide. J’avais donc des lieutenants de jeu chez les arrières. Ça va venir… Il est exemplaire. Or l’exemple rassemble. » g RAPHAel lejdd.fr Les meilleurs moments du match en vidéo PieRRe/ SiPA 8 L’Angleterre aura faim Avec un chrono de 9’’98 sur 100 m, réussi à Bloemfontein, le Sud-Africain Wayde van Niekerk est devenu le premier sprinteur de l’histoire à posséder des records personnels sous les 10 secondes sur 100 m, les 20 sur 200 m et les 44 sur 400 m. Van Niekerk s’alignera sur 400 m aux JO de Rio. T. Melville/ReUTeRS C’EST Un XV DE LA RoSE invaincu qui se présentera samedi prochain au Stade de France en clôture du Tournoi. Cinq mois après sa catastrophique Coupe du monde, il pourrait décrocher son premier Grand Chelem depuis 2003, une petite revanche. Les Anglais s’avanceront en favori, après leur victoire hier contre le Pays de Galles (25-21). Auteurs d’une première mi-temps tonitruante (19-0), ils ont par la suite montré des limites. Déstabilisés par l’exclusion temporaire de Cole (71e), ils ont encaissé deux essais gallois en trois minutes (74e, 77e), flirtant avec la défaite jusqu’à la sirène. L’Irlande a par ailleurs écrasé l’Italie (58-15). Classement : 1. Angleterre 8 ; 2. Pays de Galles 5 ; 3. France 4 ; 4. Irlande 3 ; 5. Ecosse 2 ; 6. Italie 0. sport | 39 jdd | 13 mars 2016 Daniel Herrero N ous, les gens d’Ovalie, sommes gourmands, parfois jusqu’à la goinfrerie ! D’ailleurs, l’allure du vaisseau FFR est plutôt aux pardessus ventripotents…J’ai les noms ! À leur époque, nos amateurs ne bâfraient que du cassoulet et de la soupe de phalanges. L’élite était de 80 clubs, le championnat long, les phases finales duraient plus que le carnaval de Dunkerque. Coqs Bleus de France et poulets label rouge des petites villes faisaient bon ménage. Les joueurs du XV de France ne jouaient qu’une poignée de matches, ce qui était largement suffisant pour qu’on les aime, et pour que Roger Couderc en perde la voix. Puis le rugby devint professionnel. Friqués et très riches formèrent le Top 14. Ceux-là joueraient quasiment tous les jours, toute l’année. Alors quand s’ajoutèrent les coupes d’Europe, ce fut l’excès, d’autant que les internationaux avaient à disputer une douzaine de matches par an. Il fallut donc inventer les doublons, ces jours terribles et piteux où les pièces d’or jouent avec l’équipe de France pendant que leurs doublures guerroient avec les clubs en championnat. Et là, ça ne va plus du tout. Jour de doublons, jour pour couillons ! Les clubs amputés de leurs internationaux perdent et explosent de colère. Pendant ces journées d’injustes doublons, le championnat tangue et vogue tel une barque négrière pendant que les matches du XV de France se dépouillent de leur lustre et de leur noblesse. Fête historique en Ovalie, un match de l’équipe nationale est relégué au rang de joute ordinaire. Ce week-end, le Racing et le Stade Français champion en titre ont joué leur peau et leur futur privés de leurs meilleurs talents ; Clermont et Brive, le Stade toulousain et Bordeaux se sont empoignés en des derbys chauds bouillants sans leurs internationaux… C’est triste ! Et pendant ce temps, l’équipe de France va batailler contre les Celtes d’Écosse dans une rencontre qui ne sera pas forcément d’un bien meilleur niveau, avec une palanquée de joueurs qui savent avoir fait cruellement défaut à leurs clubs. Dans ce système absurde, le XV de France entre en concurrence avec les meilleures équipes du championnat. On déprime à Toulouse, on s’étouffe à Paname, le burn-out guette un peu partout et les rêves de gloire s’envolent avec le départ des coqs partis servir la France. Du coup, entraîneurs et présidents sur les nerfs pleurent sur tous les toits et en deviennent presque vulgaires. Certes, quelques clubs qui ne comptent pas d’internationaux dans leurs rangs parviennent parfois à chaparder quelques bonnes perfs et salivent d’une joie frelatée lorsqu’ils affrontent les ténors décimés… Mais ces victoires-là sont vite relativisées, reléguées au rang des immoralités. Rugby de France, on est mal, on a mal. Tasser, entasser et superposer les matches comme des gougnafiers en cœur de saison casse les pioules (mélange de pieds et de c…) ! On fatigue les hommes qui jouent et les amoureux qui regardent en n’y comprenant plus rien. Sans parler des profanes qui s’inquiètent sur la santé mentale des gestionnaires du rugby français… Ces doublons agressent la morale sportive basée sur l’équité et le respect des hommes. L’heure sera bientôt à la cure d’amaigrissement. g Jour de doublons, jour pour couillons ! Le Racing enfonce son voisin TOP 14 Pour le Stade Français, c’est la double peine. Vaincu à domicile par le Racing (16-34), le champion en titre a vécu un derby humiliant et reste sous la menace des relégables Oyonnax et Agen. « Il faudra travailler comme des abrutis pour maintenir le club, car ce n’est pas rigolo à vivre », se désole l’arrière parisien Hugo Bonneval. Alors que Paris menait à la mi-temps (16-13), mauvaise stratégie et indiscipline, sanctionnée par deux cartons jaunes et un rouge, ont précipité sa chute. « C’est très dur car je ne sens pas une équipe qui a manqué d’engagement » souffle son entraîneur Gonzalo Quesada, privé de ses internationaux, comme son homologue du Racing. À l’inverse, les Racingmen, qui ont arraché le bonus offensif sur le fil, conservent la tête du championnat. « On ne se réjouit pas de la situation du Stade Français. Pour le Top 14 c’est important que les deux clubs soient en haut de l’affiche », assure leur co-entraîneur Laurent Labit. g 18e journée Vendredi Toulouse-Bordeaux-Bègles 13-13. Hier : Stade Français-Racing 92 16-34; Clermont-Brive 25-6; Castres-Agen 50-6; La Rochelle-Pau 35-16. Toulon-Grenoble 38-8. Aujourd’hui : Oyonnax-Montpellier Pts J G N P Diff 1 Racing 59 17 13 1 3 2 Clermont 58 17 11 1 5 197 3 Toulon 88 57 18 11 0 7 229 4 Bordeaux-Bègles 52 18 11 2 5 5 Stade Toulousain 48 17 9 2 6 165 6 Montpellier 45 16 10 0 6 16 7 Castres 43 17 9 0 8 55 8 La Rochelle 40 17 8 0 9 3 9 Brive 38 17 8 1 8 -22 10 Grenoble 33 17 7 0 10 -72 11 Pau 28 17 6 1 10 -184 12 Stade Français 26 17 6 0 11 -65 13 Agen 15 17 3 0 14 -202 14 Oyonnax 14 16 3 0 13 -278 70 Coup d’arrêt pour Fourcade BIATHLON On avait perdu l’habitude de voir Martin Fourcade « énervé » après une course. En l’occurrence, il y avait de quoi : après quatre médailles d’or aux Mondiaux d’Oslo, ses idées de grand chelem se sont évanouies dans un relais totalement manqué. Et lui n’y est pour rien. Dernier relayeur français, il a surtout été le dernier relayeur tout court à s’élancer. La Norvège, logiquement sacrée avec sa Dream Team (Bjoerndalen, les frères Boe, Svendsen), était déjà à plus de deux minutes. Privé d’enjeu et donc d’adrénaline, Fourcade a géré, grignoté deux places pour terminer à la 9e, loin des objectifs affichés. « Je n’allais pas me cramer. Ce qui me chagrine, c’est qu’on n’a jamais pris de plaisir dans cette course », déplorait le numéro un mondial. Les défaillances au tir de son frère Simon, de Desthieux et de Fillon Maillet étaient passées par là. Reste tout de même un week-end à bien finir et, surtout, une quête singulière : le grand chelem sur Grand chelem envolé pour Fourcade après le relais français. DPA/ABACA les courses individuelles. Jamais un biathlète, pas même Ole Einar Bjoerndalen, qui a décroché hier son 20e titre mondial, n’a réussi pareille razzia à ce niveau. Il faudra donc s’imposer dans la mass start (15 km), ce que Fourcade a fait une fois cette saison en Coupe du monde, pour quatre courses disputées dans la discipline. Là encore, les Norvégiens seront les plus sérieux contradicteurs. Emil Hegle Svendsen a annoncé la couleur : « Nous ne voulons pas voir Fourcade gagner encore. » D.B. dimancheparis jdd | 13 mars 2016 |i excLUSIF Les maires de la capitale et du Havre ainsi que le président de la Métropole Rouen-Normandie lanceront demain un appel à projets innovants, concernant une quarantaine de sites situés le long du fleuve. Le JDD en dévoile quelques-uns Reconquérir la Seine forte des agriculteurs. Nous les aiderons à s’installer », souligne Anne Hidalgo. Bertrand Gréco V ous avez aimé la saison 1 de « Réinventer Paris », ne ratez pas « Réinventer la Seine ». Cette fois, il ne s’agit plus seulement de proposer des sites parisiens à l’imagination fertile d’équipes pluridisciplinaires (promoteurs, architectes, urbanistes, paysagistes, artistes…) : leur terrain de jeu sera le fleuve, de Paris jusqu’au Havre, en passant par Rouen. Les trois métropoles se sont associées pour lancer ensemble un vaste « appel à projets innovants » concernant une quarantaine de sites sur les rives de la Seine et de ses canaux. Anne Hidalgo (PS), maire de la capitale et première vice-présidente de la Métropole du Grand Paris, Édouard Philippe (LR), député-maire du Havre à la tête de la communauté d’agglomération havraise, et Frédéric Sanchez (PS), président de la Métropole Rouen Normandie, présenteront demain, à Rouen, les contours de leur « initiative historique ». Ainsi que les sites identifiés, qui seront cédés ou loués aux lauréats à l’issue du concours, au printemps 2017. Le JDD en dévoile quelques-uns. « Le Havre est la façade maritime du Grand Paris » « Paris-Rouen-Le Havre, une seule et même ville, dont la Seine est la grande rue », a déclaré Bonaparte en 1802. En 2009, lors de la concertation internationale sur le Grand Paris, l’architecte Antoine Grumbach s’était fait le chantre de la « Seine métropole ». Plus récemment, les ports des trois villes se sont réunis en un seul établissement public baptisé Haropa. L’initiative des élus s’inscrit dans ce mouvement de « reconquête ». « L’incroyable mobilisation qu’a suscité “Réinventer Paris” – 800 réponses – nous a donné des idées, confie Anne Hidalgo. Le Grand L’espace 105 Rouen fait partie des sites fluviaux appelés à se métamorphoser. ThOmaS BOiviN Paris doit s’ouvrir davantage sur la mer. Notre démarche sera un formidable accélérateur. Un signal donné à l’international. » Même enthousiasme chez le juppéiste Édouard Philippe : « Nous travaillons en bonne intelligence avec Paris et Rouen. La Seine est notre patrimoine commun, que nous voulons tous valoriser. Le Havre, créé par François Ier il y a 499 ans, est la façade maritime du Grand Paris. Cette opération va permettre de faire émerger de nouveaux usages, auxquels nous n’avons peut-être pas encore pensé. » Frédéric Sanchez, lui, y voit « un exercice d’intelligence collective, une superbe opportunité de reconquête, une visibilité décuplée, pour vendre le fleuve Seine, avec Rouen comme centre de gravité ». Parmi une vingtaine de sites sélectionnés, la capitale imagine, par exemple, des constructions flottantes quai de Montebello (5e), au pied de Notre-Dame. JeanLouis Missika, l’adjoint chargé de l’urbanisme, envisage aussi la construction de trois « passerellescafés » au-dessus du fleuve. Ces ponts habités légers pourraient abriter des bars, des restaurants, voire des hôtels. Une « vitrine métropolitaine de l’agriculture urbaine » Mais attention, ces projets de franchissement de la Seine se heurtent pour l’instant à des questions de protection du patrimoine et à des obstacles réglementaires nécessitant une modification du PLU. La mairie voudrait vérifier auprès des investisseurs qu’il existe bien un modèle économique. « Pour l’heure, nous étudions les possibilités », résume Anne Hidalgo. L’édile parisienne préfère mettre en avant une parcelle de 5,9 hectares à Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne), propriété de sa régie Eau de Paris : elle prévoit de vendre l’ancienne usine de potabilisation de l’eau de Seine – à l’arrêt depuis 2010 –, sise dans la commune voisine, Joinville-le-Pont. L’emprise désaffectée comprend un bâtiment industriel monumental et une trentaine d’anciens bassins de filtration, alimentés par un canal. L’idée serait de transformer ce site en « vitrine métropolitaine de l’agriculture urbaine, alliant recherche et développement, production, commercialisation et consommation », dixit l’Hôtel de Ville. « Il y a une demande très Une douzaine de sites à Rouen et neuf au Havre Rouen et ses environs ont identifié une douzaine de sites, dont un ancien et beau chai ou le site historique – en friche – des Nouvelles Savonneries de France, près du Trait (76). Mais le site « premium », qui fait la fierté de Frédéric Sanchez se nomme Espace 105, quai Jean-de-Béthencourt, entre le pont Guillaume-le-Conquérant et la salle de spectacle Le 106. À l’emplacement d’un ancien hangar, l’emprise de 8.100 m² se situe « en vis-à-vis de la cathédrale de Rouen, à 600 m à vol d’oiseau ; c’est un site remarquable ». Sur cette façade fluviale du futur éco-quartier Flaubert (80 hectares, 17.000 habitants attendus) pourraient être construits « plusieurs milliers de mètres carrés » destinés à accueillir un programme mixte : bar, restaurant, espaces de loisirs, partie culturelle, voire des bureaux. Enfin, Le Havre met neuf sites à disposition, à l’instar d’un « cheminement terrestre » entre le quai de Southampton et la Pointe de Floride. Plus spectaculaire : en plein centre-ville, Édouard Philippe imagine des « constructions flottantes » sur les bassins Paul Vatine (4,4 ha), Vauban (7,8 ha) et de l’Eure (6,2 ha). Ces trois bassins, protégés par des écluses, se situent à proximité immédiate de la gare SNCF et du campus maritime universitaire (12.000 étudiants) en cours de construction. Le maire souhaite « animer la vie du quartier » et « diversifier les possibilités d’hébergement ». Des logements pour étudiants, lieux de fête ou espaces de coworking amarrés pourraient donc s’implanter « sur l’eau ». Là aussi, les propositions sont laissées à la libre imagination des porteurs de projets. g Valérie Pécresse veut « réinventer » l’Île-de-France InFo Jdd La présidente Lr de la région va lancer l’opération « dessine-moi le Grand Paris » de demain, sur le même modèle que « réinventer Paris », « réinventer la Seine » ou « Inventons la Métropole » Anne Hidalgo (PS) semble avoir lancé une mode : le succès rencontré par « Réinventer Paris » fait des émules. La semaine prochaine, la nouvelle présidente LR de la Région Île-de-France annoncera le lancement de l’opération « Dessine-moi le Grand Paris » de demain. À l’occasion de la séance plénière du conseil régional, les 17 et 18 mars, Valérie Pécresse soumettra au vote des élus une délibération – que le JDD s’est Valérie Pécresse, dans son bureau du conseil régional, à Paris. Éric DESSONS/JDD procurée – visant à organiser, « dès 2016, un appel à projets innovants de développement urbain, architectural et paysager couvrant l’ensemble du territoire ». « Anne Hidalgo a initié “Réinventer Paris”, mais il ne faut pas oublier la banlieue. Avec tous les maires d’Île-de-France, nous allons identifier plusieurs dizaines de sites sur lesquels nous proposerons de financer des concours architecturaux, avec l’idée d’avoir une histoire à raconter. Car notre Région doit sans cesse se réinventer », explique Valérie Pécresse au JDD. Ces sites, « laissés à la créativité absolue des architectes », pourront être vendus ou loués aux équipes lauréates, composées de promoteurs, d’architectes, d’urbanistes, de paysagistes… Travailler sur le rapport ville-nature Quelques pistes sont déjà avancées par la patronne de la Région : « Il s’agira notamment de travailler sur le rapport entre la ville et la nature, la végétalisation, sur le mode “ramène-moi la nature dans la ville”. Nous parlerons aussi des berges des fleuves, la Seine, la Marne et l’Oise. Ou encore des entrées de ville, des campus universitaires, de la “smart Région” de demain… Sans oublier les éco-quartiers : mon objectif est d’en financer 100 sur la mandature. » Les cahiers des charges seront présentés à l’été 2016. Et les équipes, « sélectionnées par un jury au premier trimestre 2017 ». L’initiative de Valérie Pécresse s’inspire largement de « Réinventer Paris », dont la présentation des 22 lauréats début février a été très médiatisée. Elle intervient au moment où Paris, Rouen et Le Havre lancent « Réinventer la Seine » (lire ci-dessus). Surtout, cette opération régionale risque de percuter de plein fouet l’« appel à projets innovants », baptisé « Inventons la Métropole », initié le 18 février par Patrick Ollier (LR), nouvellement élu à la tête de la Métropole du Grand Paris (MGP). Le députémaire de Rueil-Malmaison (92) a envoyé un courrier cette semaine aux 131 maires de la MGP, leur demandant de « se manifester en proposant un terrain ou un projet de démolition-reconstruction ». Que de réinventions ! B.G. b Une autre délibération régionale proposera, les 17 et 18 mars, la « création d’une biennale d’architecture et d’urbanisme ». elle se tiendrait « dès 2017 » dans un « lieu emblématique de l’Île-deFrance », comme le centre Pompidou ou la cité descartes, et remettra des prix aux meilleurs jeunes architectes, urbanistes et paysagistes franciliens. ii | paris JDD | 13 mars 2016 La Villette fait sa révolution LoiSirS Une exposition d’art contemporain monumental dans la Grande Halle fin mars, une fête autour du foot en juin : le nouveau président du parc déborde de projets MArie-Anne KLeiber @Makleiber Le patron de la Villette avait annoncé un « tsunami artistique » il y a quelques mois, et voici la première série de déferlantes sur le parc du 19e arrondissement. Des œuvres d’art contemporain monumentales vont investir, dans quelques jours, la Grande Halle et ses 14 m de hauteur. En avril, l’agent secret James Bond investira les lieux le temps d’une exposition. En juin, place à l’Euro 2016 avec un concept inédit de Foot foraine, mixant matchs insolites, manèges et une galerie d’art sur le ballon rond réunissant de grands noms tel Nicolas de Staël… Une alchimie détonante fondée sur le spectaculaire, le festif et les visions parfois acérées de notre monde par les artistes. La patte de Didier Fusillier, le nouveau directeur du parc parisien et de la Grande Halle. L’établissement public doté de 40 millions d’euros de budget annuel emploie 230 personnes, et a vendu 700.000 billets l’an passé. « Mon modèle revendiqué, c’est le Barbican à Londres : ce centre culturel propose des pièces de théâtre, des expositions, des concerts de musique classique et du rock. Des spectateurs en redingote y côtoient des punks. » Les 26 Folies biscornues toutes ouvertes en mai Cet homme de théâtre éclectique a auparavant dirigé la Maison des arts et de la culture de Créteil et Le Manège de Maubeuge pendant vingt ans. Il a également monté Lille 2004, puis la série des Lille 3000. Ces expositions d’art contemporain tous azimuts, tournées vers des ailleurs exotiques comme Bombay ou en 2015, Rio, Detroit ou Séoul, ont drainé à chaque fois des centaines de mil- Didier Fusillier, président de l’Établissement public du parc et de la Grande Halle de la Villette. En juin, une grande roue et des manèges seront installés dans le parc, comme en 1995 (à droite). Jacques GRaF/DIVeRGeNce POuR Le JDD ; aLaIN GOustaRD/La VILLette liers de visiteurs dans la métropole nordique. À Paris, ce quinquagénaire bouillonnant d’idées a conçu les aménagements de la rive gauche de la Seine, devenue piétonne en 2013. Son jardin flottant, ses jeux pour enfants ou les marches démontables au niveau du musée d’Orsay sont plébiscités par les badauds. Nommé en juin à la Villette après le départ de Jacques Martial, parti diriger le Memorial ACTe en Guadeloupe, l’homme-orchestre a obtenu, selon Le Canard enchaîné citant un rapport de l’Inspection des finances, un salaire plus élevé de 50 %. Lui est en train « de repenser le parc pour revenir à ce qu’il était quand Bernard Tschumi l’a conçu il y a plus de trente ans ». Les 26 Folies dessinées par l’architecte suisse – de petits bâtiments rouge vif aux formes biscornues – ponctuent les 55 hectares partagés entre des jardins, des prairies et des équipements culturels prestigieux comme la Philharmonie, la Cité des sciences ou le Zénith. La moitié de ces Folies sont actuellement fermées, mais toutes vont rouvrir en mai. « Elles ont été rénovées, elles sont à nouveau éclairées la nuit et le public va les redécouvrir, décrit Didier Fusillier. L’une d’entre elles accueillera une fabrique de miel venu des ruches de la Villette, car nous faisons du miel et aussi du vin ! » Essaimer en banlieue et en province D’autres Folies seront investies par des artistes le temps de l’événement 100 % (lire l’encadré), une autre servira de base pour des « makers », ces bricoleurs de génie utilisant des imprimantes 3D. Un pavillon, situé près de la Grande Halle, abritera à partir de mai, également, un nouvel espace dédié aux enfants, baptisé Little Villette, proposant des activités accessibles sans inscription. « Je suis aussi en train de voir si l’on pourra réserver un espace en plein air où le public pourra venir faire voler des drones. Je veux ouvrir encore davantage la Villette, ce parc urbain un peu fou, qui comprend un sous-marin et une bambouseraie, et en faire une planète artistique. C’est un endroit où l’on se sent bien, et où l’on fera des rencontres inattendues : les visiteurs se retrouveront confrontés à des œuvres artistiques, qui permettront à chacun d’échapper à sa propre vie. » Ne rien s’interdire, donc. Et déborder même des limites du parc, en essaimant en banlieue et en province, grâce à un projet de MicroFolie : un bâtiment rouge écarlate, facilement montable, et contenant une exposition construite avec des outils numériques (des lunettes oculus-rift, par exemple), que les villes intéressées achèteront. Sept institutions culturelles, dont le Louvre, le château de Versailles, le musée Picasso ou le Grand Palais, participent à ce projet. Le prototype sera présenté cet été. « Certains publics ne bougent pas, il faut aller vers eux. » g De l’art, De la GranDe Halle à la Halle aux cuirs pour la première fois, fin mars, la Grande Halle de la Villette accueillera un festival pluridisciplinaire baptisé « 100 % », proposant du théâtre, de la danse, du cirque et aussi de l’art contemporain. Dans cet espace immense, l’artiste français Xavier Veilhan montera sa Light machine, un mur d’images mouvantes comme des flammes. La sphère de 3 m de diamètre de l’Allemande Karine SmiglaBobinski devrait remporter un certain succès : cette balle géante, gonflée à l’hélium, est recouverte de picots, qui sont en fait des fusains. Lorsqu’elle rebondit contre les parois, elle y laisse des traces et l’on peut s’amuser à essayer de dessiner en la manipulant… Nicolas Montgermont et Cécile Beau monteront une antenne de 5 m de haut, qui captera les ondes émises par les planètes, un flux retranscrit sur un écran lumineux de 15 m de long. Après le festival 100 %, une autre halle, celle dite aux cuirs, qui aujourd’hui sert à stocker des décors sous le périph, devrait être ouverte au public et aux artistes, musiciens et plasticiens. M.A.-K. Festival 100 %, du 25 mars au 10 avril. rens. : 01 40 03 75 75. Un visage surgi du passé, enfoui à Saint-Maurice ScienceS Le corps embaumé et intact d’un jeune homme du XViie siècle a été retrouvé à Saint-Maurice il y a trente ans, lors de travaux. Après d’autres fouilles, et des analyses scientifiques, son parcours et son visage ont été reconstitués HerVé Guénot Avec sa grande faux, la Camarde n’a pas loupé Thomas Craven, un aristocrate anglais, qu’elle a fauché à 18 ans, alors qu’il séjournait à Paris en 1636, en lui envoyant l’une de ses plus sinistres créatures : la peste. Des hommes du XXIe siècle viennent de sortir de la nuit son visage, grâce à une reconstitution en 3D. Thomas Craven apparaît donc trois cent quatre-vingts ans après son décès dans l’éclat de sa jeunesse après une aventure exceptionnelle, historique et scientifique. « Reconstituer le visage de ce jeune homme après avoir achevé toutes les analyses – anthropologiques, ADN, pollens – représentait la dernière étape de notre étude », précise Djillali Hadjouis, archéologue et anthropologue au service archéologie du conseil départemental du Val-de-Marne. L’histoire commence en 1986 à Saint-Maurice (94). Des travaux d’aménagement rue du MaréchalLeclerc laissèrent apparaître un cercueil en plomb dont l’enveloppe de bois avait disparu. Rien d’étonnant : c’est le lieu de l’ancien temple de Charenton, qui était flanqué d’un cimetière. En 2005, des fouilles préventives sous la conduite de l’Inrap (Institut national de recherches archéologiques préventives) ont mis au jour 167 sépultures, et au final 250 individus. Le début d’un « Grand Tour » d’Europe Anthropomorphe, ce cercueil épouse les formes du corps. Soudée à lui, une plaque de cuivre porte une longue épitaphe en latin. Elle renseigne sur l’identité du jeune homme, et mentionne l’existence de son frère William. À l’évidence, c’est une tombe aristocratique : le corps est embaumé, et du coup, intact. Son frère était baron de Hamstead, et son père avait été lord-maire de Londres. Que pouvait bien faire Thomas Craven à Paris sous le règne de Louis XIII ? Après un séjour probable dans un collège de type Oxford ou Cambridge, le jeune protestant vient étudier à l’Académie de Benjamin : c’est là qu’il meurt comme l’indique son épitaphe. C’est une institution d’inspiration huguenote fréquentée par l’aristocratie où le futur maréchal de Turenne, lui aussi protestant, entra à 15 ans. Thomas réside à Paris, en compagnie de son précepteur, David Buchanan d’Écosse, comme le dit encore son épitaphe. Comme tous les jeunes gens bien nés, Thomas entamait là sans doute son « Grand Tour » d’Europe, Paris, Rome, les États allemands, Amsterdam. Mais la peste ne lui a pas laissé le temps de réaliser ce voyage formateur. En 1636, à Paris, elle reste à l’état endémique. « Nous avons pris deux de ses dents, et une dent au hasard sur six squelettes trouvés en 2005 : tous étaient positifs à la bactérie Yersinia Reconstitution du visage de Thomas Craven. PhILIPPe FROesch/VIsuaL FOReNsIc pestis », souligne Djillali Hadjouis. La reconstitution faciale a été terminée tout récemment. « Pour cela, nous utilisons d’abord des éléments scientifiques. Ainsi un nez se calcule à partir d’équations mises au point par le FBI. Pour la couleur des cheveux de Thomas, nous nous sommes inspirés de l’iconographie de son grand-père et de son père. Dans tous les cas, par éthique, nous reconstruisons le visage d’une personne bien portante », explique Philippe Froesch, directeur du studio Visual Forensic, du laboratoire d’anthro- pologie médicale de l’université de Versailles-Saint-Quentin. Le corps de Thomas Craven n’a pas été réclamé par ses descendants et appartient à l’État. Mais comme le squelette est identifié, la loi autorise à le réinhumer. Djillali Hadjouis milite pour cette solution. Il suffit d’obtenir l’autorisation du ministère de la Culture et de trouver un lieu d’inhumation et un pasteur pour donner une bénédiction lors des secondes obsèques de ce jeune homme dont l’épitaphe dit qu’il était doté de « rares talents ». g paris | iii jdd | 13 mars 2016 Bonnes taBles aurélie chaigneau Covoiturage de petite distance… ça vrombit TraNsporT Une demi-douzaine de start-up proposent du covoiturage au quotidien. La SNCF s’y est également mise Marie-aNNe KLeiBer la découverte de la semaine Miss Banh-Mi Sandwichs viets, croquant Deux jolies filles, derrière un comptoir, préparent des banh-mi (sandwichs vietnamiens) à la pelle face à un mur de fleurs multicolores. Dans du pain croustillant griffé Éric Kayser, les deux copines glissent toujours un mélange composé de carottes râpées, daikon (du radis chinois), mayo au soja maison, concombre, coriandre et piment oiseau pour les plus coriaces, auquel elles ajoutent 6/10 des garnitures toujours cuisinées, mijotées. Ce jour-là, dans le ginger moo, un délicieux sauté de veau au gingembre bien relevé précédé par des endives marinées au citron. Puis on attrape un cookie au passage en guise de dessert. Une chouette pause sur le pouce, en solo ou entre copines. Miss Banh-Mi, 5, rue Mandar (2e). Tarifs : banh-mi entre 8 € et 9,50 € environ ; formules de 9 à 15 € environ. Tlj sauf le dimanche de 12 h à 15 h (16 h le samedi). l’adresse du dimanche clásico argentino empanadas croustillantes Les empanadas, ce sont ces divins petits chaussons d’origine sud-américaine, farcis de viande, de poisson ou de légumes. Mais aussi au fromage/oignon, jambon/fromage, maïs et coriandre, saucisse de porc… À vous de choisir (4 € l’unité). Elles sont toutes servies bien chaudes, croustillantes et tendres dans un décor bois, blanc bleu. Et à défaut de l’employé, on trouve la empanada du mois : chèvre frais en janvier, carne picante (traduction : « viande piquante ») en février… Avant de croquer dedans, 6,5/10 on déguste un ceviche de poisson ou gambas (environ 10 €). On terminera par des glaces ou encore une crème au dulce de leche. Et on arrose le tout de bière argentine ou d’un bon cru, du pays évidemment. L’info utile : la maison livre les quartiers alentours (12e, 11e, 3e et 4e). Le potentiel de développement du covoiturage au quotidien fait rêver en Île-de-France, région où s’effectuent chaque jour plus de 15 millions de trajets en automobile, avec, bien souvent, une seule personne à bord. Une demi-douzaine de startup ont fleuri en moins de deux ans. Wayz-up, Citygoo, ou IDVroom, filiale de la SNCF espèrent réussir à fédérer d’importantes communautés de covoitureurs. Wayz-up annonce 35.000 membres – sur toute la France, avec 12.000 trajets quotidiens en Île-de-France – Citygoo 45.000 dans le Grand Paris, et Trajets occasionnels et courtes distances : une nouvelle façon de covoiturer. PhOTONONsTOP IDVroom 40.000 en Île-de-France, 100.000 sur tout l’Hexagone. Un éloignées, a eu pour conséquence de 10 à 20 km, pour un coût d’environ chiffre que la filiale entend multisaturer les parkings des gares. Des 10 € pour le passager covoituré. Les plier par 2,5 d’ici à la fin de l’année. places réservées aux covoitureurs – autres start-up privilégient des prix Cinq mille nouveaux clients s’ins2 à 10 emplacements – ont été créées moins élevés, d’environ 20 centimes crivent chaque mois depuis l’été dans 15 gares. Ce nombre devrait par kilomètre. dernier sur IDVroom. monter à 100 stations d’ici à 2017. Mais il faut pour atteindre l’équi« Nous devons réfléchir aux parlibre un grand nombre d’inscrits. cours de nos usagers de façon large, un phénomène de zapping Wayz-up fait payer les entreprises dans le transport cela ne se limite pas au train, explique pour le service : 25 sont clientes, Carole Tabourot, directrice adjointe « On constate que les personnes comme le Technocentre de Renault du marketing et des services chez inscrites sur notre site ne covoiturent à Guyancourt (78). « Pour que cela Transilien, sept clients sur dix utipas toute la semaine, les gens pamarche, il faut privilégier des zones, lisent trois modes de transport diffénachent différents moyens de transoù de nombreux conducteurs vont rents par jour. » En grande banlieue, port. S’il fait beau, ils peuvent marpouvoir proposer des trajets, estime surtout, où 87 % des foyers sont mocher ou faire du vélo, par exemple, Julien Honnart, cofondateur. Des torisés, le covoiturage est une piste décrit Claire Tabourot, il y a un études ont montré que 30 % des que la SNCF entend pousser, nophénomène de zapping aussi dans le salariés étaient prêts à covoiturer. tamment comme une offre en cas de transport. » Créé en 2014, Citigoo a Pour l’instant, nos 12.000 trajets en Île-de-France sont encore une grands travaux sur les lignes. Autre parié précisément sur l’occasionnel, raison : le succès du passe Navigo sur les sorties loisirs vers un parc goutte d’eau. Mais Blablacar a mis unique, dont le prix a baissé pour d’attraction, ou une grande surface du temps à s’imposer sur les longues lesLEvoyageurs d’ameublement, à une distance distances… » g pgi • BAG 13/03/2016 • Parution dude page Hauteur • FU • Q • Remise le 09/03/2016 1/4 deplus x 150 mm5,• les • 148zones JDD • Paris 12des Photo M. Gibert, non contractuelle. Merci à Alain Cordier pour Hortus Gallery.com. Miss Banh Mi, pour une pause vietnamienne sur le pouce. J. DE FONTENAY POUR LE JDD @Makleiber Clásico argentino, 27, rue de Cotte (12e). Fermé le lundi. Non stop le w.-e. de 12 h à 23 h. Tarifs : menu midi, 12,50 € ; soir de 26 à 39 €. Tél. : 01 56 06 95 14. retour à… l’établi Petits plats chaleureux et vins naturels Avant, L’Établi, c’était le Garde-Robe des Batignolles. Le nom a changé mais pas le décor rustique et chaleureux avec ces tables hautes en bois, son mur de bons pinards, son bar où l’on peut manger, boire un verre et aussi taper la causette avec une équipe supersympa. Les saucissons pendent du plafond. On vous prépare des jus de fruits frais si envie, des planches de charcuterie et/ou fromage top mais aussi quelques petits plats sans prétention, comme à la maison, par exemple, ce midi-là, un velouté courgettes, menthe et ricotta, parfait, suivi par une saucisse, salade et pommes de terre sautées. Le tout préparé derrière le bar. Les vitres s’embuent vite, on trinque aux vins naturels du patron et 7/10 à ses bons produits. Et on partage une burrata aux truffes (21 €), une coppa corse (15 €), une terrine d’Ardèche (13 €) ou encore une andouille de Sarzeau (13 €)… En dessert, une mousse au chocolat tout simplement. L’Établi, 2, rue Lamandé (17e). Fermé samedi midi et dimanche. Tarifs : menus midi 4 et 18 € à l’ardoise, 30 à 40 € environ (hb). Tél. : 01 44 90 05 04. PARIS 12e • PARIS 3e • PARIS 7e • PARIS 14e • PARIS 17e • ATHIS-MONS • COIGNIÈRES • DOMUS C. CIAL (1) /ROSNY-S/BOIS • HERBLAY/MONTIGNY-LES-C.(1) • ORGEVAL SAINTE-GENEVIÈVE-DES-BOIS • SURESNES • VAL D’EUROPE C. CIAL/SERRIS • VERSAILLES. (1) Magasin franchisé indépendant. OUVERTURES EXCEPTIONNELLES LES DIMANCHES 13 ET 20 MARS. iV | Paris | que faire aujourd’hui JDD | 13 mars 2016 En famille À l’extérieur À l’intérieur Ça CommenCe CouP De Cœur en famille famille d’artistes ViVe la pâtisserie ! littérature de la mer Chefs-d’œuVre Parce que l’expo « Valadon, Utrillo & Utter » rend hommage à ce trio d’artistes lumineux de Montmatre avec un parcours de 150 œuvres. Musée de Montmartre (18e), M° Abbesses. De 10 h à 18 h. Tarifs : 9,50 €, 7,50 € (réduit). museedemontmartre.fr Parce que les amateurs de pâtisserie vont se régaler au salon Sugar Paris. Ateliers, dégustations, démonstrations de décoration de gâteau, etc. Parc des expositions (15e), M° Porte-de-Versailles. De 9 h 30 à 18 h 30. Tarifs : 10 €, 8 € (réduit). salon-sugar.com Parce que la vingtaine d’auteurs de livres, BD et littérature jeunesse de la Pêche aux livres font partager leur passion pour la mer. Animations pour les enfants. Spectacle musical à 15 h. Musée de la Marine (16e), M° Trocadéro De 10 h à 18 h. Gratuit. musee-marine.fr Parce que l’exposition « L’Art et l’Enfant » rassemble une centaine de peintures sur le thème de l’enfance signées de Cézanne, Monet, Matisse, Picasso, etc. Musée Marmottan (16e), M° La Muette. De 10 h à 18 h. Tarifs : 11 €, 6,50 € (réduit). marmottan.fr Dernier jour 17e Michel Bouquet sur scène Théâtre Hébertot, M° Villiers. Reprise d’À tort ou à raison, avec Michel Bouquet, une pièce signée de Ronald Harwood, scénariste du film Le Pianiste. À Berlin, en 1946, l’histoire d’un chef d’orchestre accusé de compromission avec les nazis. 18e À 17 h. Tarifs : de 17 € à 50 €. theatrehebertot.com 9e Art et pop culture Halle Saint-Pierre, M° Abbesses. Dernier jour de l’expo organisée en collaboration avec la revue d’art HEY ! Modern Art & Pop Culture. À voir, les œuvres d’artistes issus de la culture non conventionnelle : arts de rue, surréalisme pop, art brut... cinéMA pop 3e De 12 h à 18 h. Tarifs : 8,50 €, 6,50 € (réduit). hallesaintpierre.org À partir de 14 h. Tarifs : de 5 € à 7 € par séance. gaite-lyrique.net 3e orchestre insolite Olympia (9e), M° Opéra. Par les producteurs du spectacle Stomp, L’Orchestre des objets trouvés transforme des objets du quotidien en instruments de musique. Un marimba fait de bouteilles d’eau, une harpe dans un cadre de lit, un plateau à thé à 12 cordes, etc. À 17 h. Tarifs : de 30 € à 50 €. olympiahall.com 13e AcroBAties sur glAce Zénith de Paris, M° Porte-de-Pantin. Holiday on ice est de retour. Au programme de cette édition de patinage artistique, Holiday on Ice Believe : chorégraphies, musique pop, acrobaties et effets pyrotechniques. À 15 h. Tarifs : de 40 € à 79 €. le-zenith.com lA BeAuté de gAinsBourg Galerie de l’instant, M° Saint-Sébastien-Froissart. Cette galerie située au 46, rue de Poitou expose une sélection de photos de Serge Gainsbourg, à l’occasion des 25 ans de la mort du chanteur. Des dizaines de clichés signés du photographe Tony Frank, qui l’a régulièrement suivi à partir de 1968. De 14 h 30 à 18 h 30. Gratuit. lagaleriedelinstant.com 20e AMBiAnce scAndinAve Nuba, M° Gare d’Austerlitz. Au sein de ce village éphémère, la Scandinavian Brocante accueille des boutiques de décoration et de design danois et suédois. Également, exposition-vente de photographies de la Norvégienne Yngvild Gotaas Torvik et brunch scandinave. concert swing La Bellevilloise, M° Gambetta. Initiation aux danses swing puis grand bal avec l’Olivier Franc Quintet. Cette formation de jazz est menée par un des héritiers de Sydney Bechet, dont il utilise le saxophone personnel. À partir de 18 h 30. Tarifs : 11,80 €. labellevilloise.com De 12 h à 23 h. Gratuit. lenuba.com dAnse et cirque. 15e théâtre, Monfort Théâtre, M° Porte-de-Vanves. 19e Gaîté lyrique, M° Réaumur-Sebastopol. Clôture du festival Film & Music Experience consacré au cinéma et à la pop culture. À noter la première diffusion française de The Decline of Western Civilisation II : The Metal Years, sur la scène metal de LA. solidAire 10e BrocAnte Point éphémère, M° Jaurès. de dAnse 11e Melting-pot Maison des métallos, M° Goncourt. Jusqu’au 3 avril, le festival Des(Illusions) explore les passerelles entre théâtre, danse et arts du cirque. Six créations comme Paris nous appartient, du Moukden Théâtre, portrait de la capitale et de ses mutations. Vêtements, accessoires de mode, livres et disques à petit prix en vente lors de cette nouvelle Friperie solidaire. Au profit de l’association Emmaüs. Cinq danseuses de claquettes, de hip-hop ou de danse contemporaine sont réunies pour le spectacle Sem’elles. Une production de la compagnie Hip Tap Project. À partir de 8 ans. À partir de 15 h. Tarifs : de 18 € à 28 €, de 12 € à 18 € (réduit). lemontfort.fr De 13 h à 17 h 30. Gratuit. pointephemere.org À 15 h. Tarifs : 14 €, 5 € (– 15 ans). maisondesmetallos.org en Île-de-franCe 77 78 78 théâtre jeune puBlic villAge d’AntiquAires soirée MozArt Salle Georges-Brassens, Menucourt. Jusqu’au 30 mars, le Festival de Tréteaux présente des pièces de théâtre pour tout public, dans tout le département. Aujourd’hui, la compagnie Théâtre en stock propose une version revisitée du Malade imaginaire de Molière intitulée Malade ? Mon œil ! À partir de 7 ans. À 15 h. Tarifs : de 5 € à 12 €. theatre-en-stock.com Île des Impressionnistes, Chatou. Cette nouvelle édition de la Foire de Chatou met le jardin à l’honneur avec le thème « Dedans/Dehors ». Vente d’objets design, meubles, décoration, œuvres d’art, etc. Navette gratuite depuis la gare RER de Reuil-Malmaison. De 10 h à 19 h. Tarif : 6 €. foiredechatou.com 91 opérA de rossini Église Saint-Martin, Sartrouville. Concert dédié à Mozart pour les derniers jours des Musicales de Saint-Martin. Au programme notamment, Petite Musique de nuit, Divertimento en ré majeur et Adagio et Rondo pour violon, par l’orchestre à cordes Les Virtuoses. Opéra de Massy. La rencontre entre l’Orient et l’Occident au XIXe siècle dans cet opéra-bouffe signé Gioacchino Rossini Une Italienne à Alger. Avec l’Orchestre de l’Opéra de Massy. À 16 h. Tarifs : 16 €, 12 € (réduit). musicales-de-saintmartin.com À 16 h. Tarif : de 75 € à 82 €. opera-massy.com JDD Communication Supplément réalisé en partenariat avec Franchise Expo Paris La franchise à portée de main Plus de 530 exposants, de 25 nationalités différentes, investissent la 35e édition de Franchise Expo Paris, pour faire découvrir un secteur économique ouvert et florissant L e modèle de la franchise s’installe dans le paysage, un peu partout en France. Et il s’adapte à des villes de toute importance : si 18 % des enseignes* ont conquis les agglomérations de plus de 100.000 habitants, la moitié d’entre elles rayonnent dans des communes de moins de 25.000 âmes. Les réseaux constituent aujourd’hui un atout pour redynamiser les centres-villes (lire l’interview, page 3). La franchise contribue à la création d’emplois Parmi les franchisés, 75 % sont d’anciens salariés. Ils ont réussi leur reconversion grâce à une formation sur mesure, quel que soit leur cursus initial (lire le portrait Easy Cash page 3). Cette opportunité attire particulièrement les femmes (40 % des franchisés), aspirant à une deuxième vie professionnelle quand les enfants grandissent (lire le portrait Shiva, page 3). Ainsi, l’âge moyen des chefs d’entreprise du secteur s’établit à 47 ans. On ouvre son point de vente, en moyenne, à 36 ans, mais la passion de l’entrepreneuriat n’attend pas toujours le nombre des années (lire le portrait Daniel Moquet Signe Vos Allées, page 2). Invoquant la qualité humaine du réseau et l’évolution du concept, 67 % des franchisés et 89 % des franchiseurs se déclarent optimistes, malgré le contexte économique actuel. Trois franchisés sur dix envisagent même d’investir dans un nouvel établissement. La franchise contribue à la création d’emplois, avec près de 8 salariés** par point de vente, un chiffre en progression par rapport à l’année précédente. Et plus d’un tiers des franchisés ont créé un emploi. Les secteurs les plus dynamiques restent la restauration, l’alimentaire, les services automobiles, le textile, le bâtiment, les services aux entreprises et à la personne. La qualité des relations humaines est un des facteurs clés pour expliquer ce succès (lire ci-dessous). Les têtes de réseau misent sur l’accompagnement et l’animation du réseau. Parmi les défis qu’ils ont à relever : l’innovation et la digitalisation, ainsi que des stratégies de communication qui passent désormais par les réseaux sociaux. Nicole Gex * Tous les chiffres sont issus de la 12e enquête annuelle de la franchise Banque Populaire en partenariat avec la Fédération française de la franchise et le CSA (2015). ** En équivalent temps plein. Ouidade SOuSSi Chiadmi/FFF Chantal Zimmer Déléguée générale de la Fédération française de la franchise « On peut changer de métier grâce à la transmission d’un savoir-faire » pas une assurance tous risques, mais il y a un accompagnement du franchiseur, elles se voient déchargées de certaines tâches. Ce qui constitue pour elles une deuxième chance de réussir leur vie professionnelle. Celles qui se lancent plus jeunes bénéficient de la maîtrise de leur emploi du temps. Quelles sont les clés de la réussite de la franchise ? Le système est bien maîtrisé. Aujourd’hui, le consommateur est avisé, informé et exigeant, il a besoin d’un commerce qui réponde à ses attentes. C’est le cas de la franchise, car elle allie le dynamisme de deux chefs d’entreprise. Les rôles sont bien définis pour que chacun soit le plus performant dans son domaine : le franchiseur sur le long terme et le franchisé au contact du client. Ils dialoguent et échangent leurs informations. Leur savoir-faire évolue grâce à l’intelligence collective au service de l’innovation. Et les franchiseurs font preuve de toujours plus de professionnalisme dans la sélection des franchisés, qui reste la clé de voûte de la réussite. En quoi la franchise est-elle une bonne voie pour une reconversion professionnelle ? Le salariat n’est plus une fin en soi. Pour donner du sens à sa vie, on peut, en s’appuyant sur une tête de réseau, devenir un chef d’entreprise indépendant et changer de métier grâce à la transmission d’un savoir-faire. La formation, initiale et permanente, est inhérente à la franchise. Le franchisé apprend tous les procédés liés au métier choisi, mais aussi l’organisation pour réitérer un modèle avec succès. De plus, cette méthode s’inscrit dans le code de déontologie européen de la franchise, un code des bons usages et des bonnes pratiques entre le franchiseur et le franchisé, c’est un cadre rassurant pour un porteur de projet. Pourquoi ce modèle attire-t-il les femmes ? Il répond à des problématiques bien féminines. Les femmes aspirent à créer des entreprises, mais elles sont confrontées à un choix entre leur vie professionnelle et leur vie familiale. Lorsqu’elles ont choisi de se consacrer à leurs enfants, elles risquent de se retrouver, à la quarantaine, sans activité professionnelle. La franchise leur permet d’apprendre un nouveau métier, dans un cadre sécurisant. Ce n’est Comment se développe la franchise aujourd’hui ? Elle s’ouvre sur de nouveaux marchés. Elle a professionnalisé des secteurs comme la restauration ou la coiffure et se développe aujourd’hui sur des niches, où il y a vacance, dans des domaines techniques et pointus. Et puis des groupes succursalistes viennent de plus en plus à la franchise pour pénétrer certains marchés. Quels sont, cette année, les points forts du salon ? Il est très international. Chaque année, le nombre de visiteurs et d’exposants étrangers augmente, ce qui a pour effet de dynamiser les entrepreneurs français. C’est une formidable plateforme pour s’ouvrir à l’international et chercher des marges de croissance à l’extérieur. D’ailleurs, la France est le pays qui exporte le plus de concepts de franchise. Nous tenons également beaucoup à la journée consacrée aux jeunes pour les attirer vers la création d’entreprise. Nous avons un grand projet d’implantation dans les quartiers défavorisés. Page 2 Franchise Expo Paris 2016 Communiqué Ils ont franchi le pas, à José Fernandes Del Arte L’appétit d’entreprendre L José Fernandes devant son troisième restaurant Del Arte, à Conflans-Sainte-Honorine. DR ongtemps avant d’ouvrir sa pizzeria, José Fernandes fréquentait Del Arte comme client : « La décoration est gaie, comme dans une trattoria à l’italienne, s’exclame-t-il. Il y en a pour tous les goûts : des pizzas, mais aussi des pastas, des salades et autres plats typiquement italiens. » Il s’en est souvenu lorsque, à 40 ans, il a souhaité voler de ses propres ailes, après vingt années passées chez McDonald’s. Il y avait gravi tous les échelons jusqu’à diriger l’équipe de contrôle de gestion, au siège. La restauration, une histoire qui, pour lui, remonte à loin. Il n’hésitait pas à donner un coup de main au restaurant que tenaient ses parents, à Courbevoie. « Je voulais une structure importante pour avoir une équipe, explique-t-il. J’aime le mana- gement, basé sur l’écoute et le respect de chacun. Quand on est directif, on n’avance pas. » « Nous sommes très soutenus par la structure » Ainsi, en mai 2012, il relance le restaurant de Mantes-la-Jolie – Buchelay, située sur une zone d’activité, qui sert jusqu’à 180 repas le midi. En première ligne, il sait insuffler une ambiance : « Nos principaux atouts sont la rapidité et l’accueil », estime-t-il. Un an plus tard, il relève un nouveau défi, en reprenant un restaurant, dans un secteur animé de Dreux, avec parfois 260 couverts le week-end. Il n’oubliera jamais la première fois qu’il a dû confier les clés de son premier établissement. « Il faut savoir recruter et déléguer. Je délègue beaucoup. J’aime voir grandir une équipe – j’emploie une quinzaine de personnes dans chaque restaurant. Ça me permet de prendre du recul, confie-t-il. Et puis, l’avantage de la franchise, c’est que nous sommes très soutenus par la structure. Nous sommes des entrepreneurs indépendants, mais sans être sur tous les fronts. » Son prochain challenge, l’ouverture en juin d’un troisième Del Arte, à Conflans-Sainte-Honorine, à proximité d’un cinéma, pour attirer un autre type de clientèle. « On ne l’imagine pas, mais tenir un restaurant reste une sacrée gymnastique », lâche-t-il dans un sourire. Il garde néanmoins du temps pour sa famille et pour taper dans un ballon avec ses copains. Nicole Gex Jules Regaudie Daniel Moquet Signe Vos Allées Le retour de l’enfant du pays I l avait hâte de démarrer. Jules Regaudie se souviendra toute sa vie de son premier chantier : le 24 février 2016, la rénovation d’une allée d’accès vers une maison, dans la campagne. Seule la pluie, avec laquelle il devra désormais composer, risque d’obscurcir l’horizon de ce jeune chef d’entreprise. Tout s’est joué deux ans plus tôt. Ce paysagiste doué, en charge de la création, dirigeait déjà une équipe, à 22 ans, chez un professionnel de Bordeaux, où il avait obtenu son BTS. Il décida, pour faire le point sur sa carrière, d’entreprendre un voyage en Australie. De ces six mois passés à Sydney pour apprendre l’anglais et pour réfléchir à la meilleure façon de s’installer à son compte, il a retenu un management « basé, nous dit-il, à 80 % sur la confiance », bien différent de celui pratiqué en Europe. « J’ai bénéficié de la notoriété du réseau » À son retour, c’est le contact « simple et vrai », comme il le qualifie, avec la famille de Daniel Moquet, franchiseur spécialiste de revêtements d’allées, de cours et de terrasses, qui l’a convaincu. Ce perfectionniste a apprécié aussi « la qualité du matériau exclusif, commercialisé par la marque et qu’elle est seule habilitée à poser ». Il a choisi de s’établir dans une ville moyenne par la taille, Brivela-Gaillarde, où il est né. Ses parents y sont implantés dans l’immobilier. « Ici, c’est chez moi, lance-t-il. Et j’ai bénéficié de la notoriété du réseau sur ma zone géographique. » « Aujourd’hui, mon entreprise, c’est mon bébé » Pourquoi opter pour une activité si spécifique ? Il s’en explique : « Habituellement, les paysagistes sont multitâches. Nous faisons de la maçonnerie, de l’électricité, des plantations. Ce concept de fabricant-poseur me plaisait. On ne peut pas exceller partout. Le vivant n’est pas une science exacte, j’ai renoncé au végétal, mais je conseille quand même mes clients dans ce domaine. » Jules Regaudie, paysagiste à Brive-la-Gaillarde, a choisi le franchiseur Daniel Moquet Signe Vos Allées, spécialiste dans l’aménagement d’allées. En six mois, il a déjà embauché deux poseurs et bientôt un troisième. DR Tout s’est enchaîné très vite. Il a créé un dépôt à Brive-laGaillarde. En septembre, il a suivi une formation d’un mois. En octobre, il lançait la commercialisation. « J’ai rempli mon carnet de commandes et j’ai embauché deux poseurs, qui ont été, eux aussi, formés par le réseau, précise-t-il. Un troisième nous rejoindra fin avril. » Jules Regaudie a apprécié le coup de pouce de son franchiseur en cette période de démarrage : « Pour faire face à la concurrence, nous disposons d’une boîte à outils, à nous de l’utiliser à bon escient. C’est sécurisé, cadré, bien carré. » Des mots qui résonnent dans l’esprit de ce passionné d’alpinisme en haute mon- tagne et de sports de glisse. Il trouve encore le temps de se confronter, une fois par semaine, à un mur d’escalade. « Aujourd’hui, mon entreprise, c’est mon bébé, reconnaît-il. J’y consacre toute mon énergie, et tout le temps qu’il faudra pour mettre le train sur les rails. » N.G. Franchise Expo Paris 2016 Communiqué votre tour ! Pierre Creuzet, directeur général de Centre-Ville en Mouvement Pierre Michel Easy Cash Une bonne occasion A près une visite au Salon de la franchise, en croisant scrupuleusement tous les critères importants à ses yeux, Pierre Michel a sélectionné Easy Cash. « Je ne connaissais pas l’enseigne, reconnaît-il, mais cela correspondait à ce que j’envisageais : animer une petite équipe, actuellement de neuf salariés. L’activité est plaisante et le secteur porteur. » Informatique, audio, vidéo, téléphonie, produits culturels et bijoux, Easy Cash se consacre à l’achat et à la vente pour les particuliers de tous ces produits d’occasion. De quoi convaincre ce quadragénaire, tenté par une reconversion après quinze années de salariat comme commercial en une quinzaine de sessions complémentaires d’un ou deux jours ciblées sur un produit ou un axe de management, gratuitement. Pierre Michel, qui s’est lancé dans le secteur de l’achat et de la vente de produits d’occasion, a ouvert un Easy Cash au Havre.DR fournitures de bureau puis dans l’impression. « Il faut acheter les produits à un prix suffisamment élevé pour être attractif et vendre au juste prix, en faisant du volume, grâce à une marge raisonnable », résumet-il. La formation compte beaucoup dans ce métier atypique. Pierre Michel a pu passer une semaine dans un magasin avant de se décider. Puis il s’est formé trois mois et a suivi À la recherche d’un bon emplacement, abordable, il a quitté, en 2012, son Essonne natale pour Le Havre. « Une double prise de risque, soulignet-il. Ma femme, assistante de direction, a dû quitter son emploi. Elle m’a aidé et depuis, tout naturellement, elle travaille avec moi. » Après trois premières années intenses, il considère la création d’entreprise en franchise comme le meilleur moyen de se reconvertir sans avoir l’impression de se lancer dans le vide. N.G. Reconversion réussie ! uand Marie-Cécile Daugy, professeure des écoles, quitte Lille, l’été 2012, pour s’installer à Anglet, berceau de sa famille maternelle, elle a mûri cette décision avec son mari, commercial itinérant, et ses quatre enfants. « Je voulais renouer avec mes racines au Pays Basque et créer mon entreprise. Ça me manquait, reconnaîtelle. Moi qui suis fille et petite-fille d’entrepreneur, il me fallait relever ce défi. » Née à Reims, elle s’est toujours tournée vers les autres : aux scouts, dans cette ville où elle a grandi, puis, étudiante à Paris, dans le milieu associatif auprès des handicapés ou à l’hôpital. Après un premier poste d’enseignante dans l’Oise, elle passe quinze ans à Lille dans des classes difficiles. Sa vocation d’évoluer au contact des enfants reste intacte, mais elle aspire au renouveau. Elle a expérimenté son goût pour la constitution d’un réseau en vendant des bijoux qu’elle fabrique « La franchise contribue au renouveau des centres-villes » Un « bon moyen de se reconvertir » Marie-Cécile Daugy Shiva Q Page 3 elle-même. « Je voulais m’inscrire dans un tissu local », précise-t-elle. Se consacrer au service à la personne lui a semblé une évidence, le choix du franchiseur aussi : « Shiva se concentre sur son cœur d’activité : le ménage, le repassage et la garde d’enfants, poursuit-elle. La modernité de sa charte graphique et son positionnement haut de gamme m’ont plu. Je n’avais pas le droit à l’erreur. Grâce à eux, le retour sur investissement est sûr. » Marie-Cécile Daugy, ancienne enseignante, se consacre désormais aux services à la personne. Depuis quatre ans, elle est à la tête d’une agence Shiva, à Anglet. DR « Mon activité a décollé très vite » Première clé de sa réussite, un local situé sur la principale artère de la côte basque, avec une vitrine en angle d’une grande visibilité, qu’elle ouvre en novembre 2012. « Je démarrais de zéro, raconte-t-elle. Pour frapper fort, j’ai choisi une communication coûteuse mais efficace : des affiches à l’arrière des bus. Mon activité a décollé très vite et le bouche-à-oreille a suivi. » Marie-Cécile emploie aujourd’hui une chargée de clientèle et une trentaine de personnes à temps partiel. Recrutement et formation restent les points cruciaux de son activité : « Nous travaillons dans l’humain, explique l’exenseignante, à l’écoute du client et de l’employé de maison. Nous les présentons au premier ren- dez-vous. Le discours sur notre offre est très professionnel, le travail accompli doit être en accord. » Avec l’aide du franchiseur, pour faire face aux aspects administratifs chronophages, elle propose un service clés en main, en développant dans son nouveau métier des trésors de pédagogie. N.G. C omment peut-on redynamiser les centres-villes ? Nous sommes une association d’élus et de parlementaires, appuyés par des experts. Nous œuvrons à la diversité commerciale et artisanale des centres-villes. Les élus doivent agir. S’il n’y a pas de volonté politique, le cœur des villes ne fonctionne pas. Il faut piétonniser, implanter des bancs publics et des espaces urbains à vivre, organiser des animations culturelles et commerciales. L’urbanisation ne cesse de s’intensifier, et, suite à la COP21, il est nécessaire de maîtriser ce processus, rendre les villes plus agréables et faire revenir les habitants dans le centre. Dans ce contexte, qu’attendez-vous des réseaux de franchise ? Nous recherchons le bon équilibre entre les marques nationales, les artisans et les commerces de bouche. Certaines enseignes ont le pouvoir de ramener les gens en centre-ville, en particulier les jeunes. Elles ne concurrencent pas le petit commerce. Il faut vivre avec son temps. Internet va continuer à exploser, les gens achèteront en ligne, mais ils reviendront aussi en cœur de ville. Les élus doivent connaître les enseignes de franchise : ce sont des locomotives recherchées. Et leurs clients peuvent acheter des produits locaux dans les boutiques voisines. Quel est selon vous le bon équilibre ? On dit que les cœurs de ville se ressemblent tous. J’en parcours beaucoup et je m’aperçois que c’est en train d’évoluer. Deux tiers d’enseignes nationales et un tiers de commerces locaux indépendants me semble constituer le bon équilibre. Pour attirer les consommateurs, il faut animer les rues. Nous voulons le renouveau des centres-villes, la franchise y contribue et les franchisés sont des entrepreneurs indépendants, ils peuvent décider de participer aux animations commerciales. Qu’attendez-vous de Franchise Expo Paris ? Depuis huit ans, nous y organisons le lundi des élus. L’occasion pour eux de repérer des concepts et de signaler les commerces qui manquent dans leur ville. À l’occasion de nos Assises*, nous proposons, avec la Fédération française de la franchise, un Centre-Ville Dating qui permettra à plus de 1.000 élus de rencontrer des franchiseurs. Les municipalités possèdent parfois des locaux commerciaux, elles peuvent proposer des loyers modérés à des enseignes qui les intéressent et donc à leurs futurs franchisés. Nos assises nationales permettent de faire de la pédagogie et mettent en relation les différents acteurs de la ville, pour la rendre attractive ! 11es Assises nationales du centre-ville, 9 et 10 juin 2016, à Rennes. centre-ville.org Page 4 Franchise Expo Paris 2016 530 exposants Communiqué INFOS PRATIQUES Le Salon de la franchise, c’est un programme sur mesure et des espaces concrets pour faire avancer votre projet. Franchise Expo Paris Du 20 au 23 mars 2016 Paris Porte de Versailles Hall 2.2 460 idées pour créer son entreprise Le Village création d’entreprises école de la franchise P T articipez à une formation futur franchisé animée par la FFF. Cet espace propose aussi des paroles de franchisés ou de franchiseurs qui viennent témoigner de leur propre expérience. ous les jours et gratuitement, des conférences animées par des entrepreneurs de haut niveau et les meilleurs spécialistes abordent toutes les modalités de la création d’entreprise. Aux côtés des professionnels qui sont là pour accompagner les créateurs, découvrez la librairie qui regorge d’ouvrages utiles à tous les porteurs de projet. Le Village financement Comment avoir un badge ? Commandez votre badge électronique dèsmaintenant sur franchiseparis.com Bénéficiez d’un badge gratuit grâce à votre journal avec le code promo suivant : FP16GG L’atelier du créateur R encontrez les banquiers et apprenez à les convaincre. Pour vous accompagner, 8 banques majeures sont présentes sur le salon. Allez les rencontrer et assistez à l’atelier financement pour maîtriser votre argumentaire face à votre banquier ! Horaires : de 9h30 à 19h (fermeture à 18h le mercredi 23 mars) E Sur Franchise Expo Paris, les enfants sont bienvenus le dimanche 20 mars et seront reçus à l’espace enfants par Bricks 4 Kidz P Le Village des experts t si vous deveniez franchiseur ? Chaque année, les professionnels confirmés par la FFF sont à votre disposition pour répondre à toutes les questions que vous vous posez pour devenir franchiseur. artagez vos problématiques avec d’autres porteurs de projets autour de tables rondes animées par des spécialistes de la création d’entreprises. Renseignements sur franchiseparis.com Chiffres-clés de la franchise Enquête de la Franchise d’hommes de femmes âge moyen à la 1ère ouverture en franchise et 47 ANS âge moyen des franchisés CURSUS UNIVERSITAIRE revenu annuel net moyen (32 876 €)* et CA médian 500K€ nombre moyen de salariés (équivalent temps plein) au sein d’un point de vente (6)* sont installés dans des villes de moins de 25 000 habitants et 18 % dans des villes de plus de 100 000 habitants durée moyenne des contrats de franchise (5,9 ans)* et 92 % reconduisent leur contrat (87 %)* Bac + 2 et plus SITUATION ANTÉRIEURE étaient des salariés (70 %)* Source : Enquête annuelle de la franchise Banque Populaire/FFF/CSA Source : Enquête annuelle de la franchise 2015,2015, Banque Populaire/FFF/CSA des franchisés déclarent mieux résister à la crise qu’un commerçant isolé des franchiseurs ont fait évoluer leur concept ces dernières années et 81 % des franchisés ont perçu cette évolution déclarent que Banque Populaire est la banque qui répond le mieux aux attentes des franchisés dans la réalisation de leurs projets * chiffres 2014 * Chiffres 2014 Le Journal du Dimanche/Hachette Filipacchi Associés RCS Nanterre, B 324 286 319, 149, rue Anatole-France, 92534 Levallois-Perret Cedex - ArtePrint, 79-83, rue des Frères-Lumière, 93330 Neuilly-sur-Marne