JDD - entree

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JDD - entree
www.lejdd.fr I 13 mars 2016 I N° 3609 I 2 € (JDD + Version Femina)
Trois jours pour stopper Vent de
Donald Trump
panique
Pédophilie
Pages 10-11
MichaEl B. ThOMaS/aFP
dans le
diocèse
de Lyon
Pages 14-15
Loi travaiL
Hollande veut
créer la surprise
b Le Président devrait réécrire avant demain plusieurs
dispositions du projet El Khomri b Apprentis,
3’:HIKKSF=VUWUUU:?d@q@k@j@a";
licenciement économique, prud’hommes...
Ce qui pourrait changer
M 00851 - 3609 - F: 2,00 E
François Hollande
et Myriam El Khomri,
à Moissy-Cramayel,
(Seine-et-Marne), jeudi.
HAMILTON/REA
chriSTOPhE GalliNEau
DESSONS Eric/JDD
SiMON PrOcTEr
Jean-Pierre raffarin
Exclusif
Eddy Mitchell
Page 8
Page i du cahier Paris
Page 29
Les inquiétudes
d’un ancien
Premier ministre
France métropolitaine : 2 €
Pages 2 à 4
De Paris au Havre,
«Je fais de la gym
40 projets pour
et j’ai levé le pied
« réinventer » la Seine sur la clope»
2|
L’événement
jdd | 13 mars 2016
RéfoRme Le chef de l’État et le Premier ministre décident aujourd’hui des retouches
au projet de loi travail, contesté par les syndicats et les organisations lycéennes et étudiantes
Le couple exécutif
à l’épreuve de la rue
C
Nicolas PRissette
@NicolasPri7
e week-end est décisif
pour la loi travail, l’avenir de Manuel Valls et
la fin du quinquennat
de François Hollande.
Le chef de l’État et le Premier
ministre vont, aujourd’hui, décider des retouches au projet de
loi réformant le Code du travail.
Eux seuls, sans la ministre Myriam
El Khomri, ni Emmanuel Macron,
qui a laissé ses recommandations
par écrit vendredi. Et après les
ultimes coups de fil auprès des
négociateurs syndicaux et patronaux, qui anticipent une longue
attente du verdict dans la soirée
ou lundi matin…
Aux prises avec une tension
sociale sans équivalent depuis
2012, et les plus importants
mouvements de rue depuis le
« mariage pour tous », le couple
exécutif semble prêt à revoir les
points les plus sensibles du projet
de loi : le plafond des indemnités
prud’homales, la définition des
licenciements économiques, le
temps de travail dans les PME, etc.
(lire ci-dessous). Autant de gestes
qui s’adresseront, selon les cas, à la
CFDT, à la CGC, aux organisations
de jeunes, etc.
« Le principal problème,
ce sera les jeunes »
Manuel Valls est « totalement
déterminé à bâtir, dans le dialogue,
une réforme réussie en décrochant
un accord qui sera le fruit d’un compromis exigeant et intelligent avec
tous les réformistes », expliquet-on à Matignon. Le Premier
ministre, qui joue son image de
réformateur, livrera officiellement
ces arbitrages demain après-midi
aux syndicats, au patronat et aux
étudiants lors d’une réunion à
Matignon prévue pour durer
au moins deux heures et demie.
Avec l’espoir, donc, d’apaiser la
CFDT et ses alliés, qui ont réuni
quelques centaines de personnes
hier à Paris, ainsi que les étudiants
Ce qui va changer
b la fiN du baRème
aux PRud’hommes
Le projet de loi prévoit un plafonnement des dommages et intérêts versés en cas de licenciement
abusif, qui limiterait les décisions
du juge aux prud’hommes. Tous les
syndicats réclament son retrait. Le
gouvernement envisage d’y renoncer. Subsisterait un barème indicatif,
tel qu’il a été prévu par la loi Macron,
dont le décret d’application n’a pas
encore été publié. Il serait plus élevé
que celui prévu initialement dans
le projet de loi. Un autre barème,
applicable lors des audiences de
conciliation, serait, lui, révisé pour
rendre cette procédure plus attractive, selon La Tribune.
b les liceNciemeNts
écoNomiques moiNs ciblés
Le gouvernement voulait limiter
le licenciement économique au seul
périmètre de l’établissement, sans
tenir compte de son appartenance à
un groupe. La situation économique
de l’entreprise en France serait, finalement, retenue. Par ailleurs, la
mauvaise santé de l’entreprise serait
évaluée sur un temps plus long.
b le foRfait jouRs soumis
aux syNdicats
Le texte El Khomri prévoit que
les patrons de PME peuvent proposer de leur propre chef un contrat
en forfait jours à leurs salariés. Ce
régime dérogatoire aux 35 heures est
actuellement possible à condition
qu’un accord l’autorise. Il concerne
essentiellement les cadres dans les
grandes entreprises, car les petites
n’ont pas les structures sociales
pour négocier. Le gouvernement
pourrait finalement soumettre ces
forfaits-jours dans les PME à l’aval
d’un syndicaliste mandaté pour valider le cadre légal avec l’employeur.
b la mesuRe suR
les aPPReNtis abaNdoNNée
Le projet initial élargissait la
durée du travail autorisée pour
les apprentis, jusqu’à des journées
de dix heures et des semaines de
quarante heures, dans l’objectif de
correspondre aux horaires réels de
certaines entreprises. Cette partie
sera abandonnée.
b le cPa eNRichi
Le « compte personnel d’activité » (CPA), qui réunira à l’avenir
les droits individuels à la formation
et les points pénibilité, devrait être
complété par les comptes épargnetemps des salariés qui en disposent,
bien que le Medef soit arc-bouté
contre cette idée. Présenté comme
la « grande réforme sociale » du quinquennat, le CPA est supposé être la
future pierre angulaire de la sécurisation des parcours professionnels
pour les salariés.
b l’exteNsioN
de la gaRaNtie jeuNes
C’est une revendication de la
Fage. Le syndicat étudiant réformiste veut étendre cette « garantie jeunes » aux 900.000 jeunes
sans qualification. Ce contrat d’un
an entre un jeune et une mission
locale qui l’aide dans son accès à
l’emploi est financé par une initiative européenne. Les jeunes
touchent 461,26 € par mois. François
Hollande a annoncé, hier, à l’issue
d’un sommet des leaders européens
sociaux-démocrates à l’Élysée que
la France avait « la volonté d’aller
le plus loin possible » pour étendre
cette « garantie jeunes ». g
et lycéens, plus nombreux cette
seurs de la réforme, on se convainc
semaine à battre le pavé.
que leur mobilisation est relative, en pointant
L e g o u v e rnement compte
90 lycées bloqués
achever la divi- Pour Matignon,
sur 2.500. « Il faut
sion syndicale, sa- le projet
insister sur le fait
chant que la CGT
que les jeunes ne
et FO refusent « sera le fruit
sont pas soutenus
de négocier (lire d’un compromis
par les syndicats
p. 3). Sauf que les
réformistes », soudiscussions avec exigeant et
ligne un ministre.
la CFDT se sont intelligent avec tous Mais l’Unef veut
très nettement
« amplifier » la
mobilisation et
durcies en fin de les réformistes »
les leaders étusemaine, au point
diants affichent
de susciter une
certaine tension au sein de l’exéculeur détermination (lire p. 4).
tif. « Il ne suffit pas d’un ajustement
sur une seule mesure », a tonné
Le Medef demande à Valls
de tenir bon
Laurent Berger hier après-midi.
Ce n’est pas l’unique front. « Si
Les concessions et avancées sur
nous parvenons à convaincre les
la table du chef de l’État désamorréformistes, le principal problème,
ceront-elles le mouvement ? Elles
ce seront les jeunes », s’inquiète un
suscitent d’ores et déjà la désapministre, résumant une crainte
probation du patronat, qui appelle
partagée par tous ses collègues.
le couple exécutif à tenir le cap des
Les étudiants vont redescendre
réformes. Dans son interview au
dans la rue jeudi. Parmi les défenJDD, le négociateur du Medef,
Alexandre Saubot, président de
l’UIMM et de l’Unédic, considère
qu’un renoncement ne serait « pas
acceptable ». Il écarte aussi la surtaxation des CDD, évoquée cette
semaine par le gouvernement pour
tenter de calmer, entre autres, la
grogne de FO, très sensible à cette
mesure. Reste qu’une telle disposition n’est pas du ressort de l’exécutif mais des partenaires sociaux
dans le cadre des négociations en
cours sur l’assurance-chômage.
Les Républicains dénoncent
d’avance le recul de Hollande
et Valls et la fin des ambitions
réformatrices de la gauche au
gouvernement (lire ci-dessous).
« J’entends déjà les commentaires
de lundi soir », raille Jean-Marie Le
Guen, secrétaire d’État chargé des
relations avec le Parlement. « La
CGT trouvera cela inadmissible
car nous n’aurons pas renoncé, et
la droite dira que nous avons tout
abandonné. » Il lui faudra aussi
convaincre la majorité. L’incendie
est loin d’être éteint. g
Trois risques politiques
cécile amaR, chRistiNe ollivieR,
Nicolas PRissette
l’image RéfoRmiste
de valls eN PéRil
« J’irai jusqu’au bout »,
avait prévenu Manuel Valls fin
février. Cette semaine, le Premier ministre a appelé à un
« compromis ambitieux » après
avoir reçu tous les leaders pour
évoquer les aménagements à la
loi El Khomri, un texte dont il a
piloté la communication depuis
l’annonce, au printemps 2015, de
la commande du rapport Combrexelle sur le Code du travail.
Lors de ces rendez-vous avec
les partenaires sociaux, le chef
du gouvernement s’est montré
« très attentif », selon l’un des
participants, quand Emmanuel
Macron, à ses côtés, argumentait
en faveur des mesures. « Pour son
avenir et vis-à-vis de la gauche, il
a tout à gagner à passer un compromis avec les
réformistes », analyse un ministre.
« Sinon, il apparaît comme celui
qui braque, il reste
sur une vision entrepreneuriale, il ne
représente qu’une
ultraminorité au
parti. » Sa voie est
« étroite », craint le député PS
Christophe Caresche, qui soutient sa ligne. « S’il recule, on dira
qu’il a cédé. S’il ne bouge pas, il
risque les mouvements sociaux. »
Comme le note Frédéric Dabi,
directeur adjoint à l’Ifop, « les
Français apprécient son autorité
et sa cohérence le protège, mais
il est de plus en plus comptable à
leurs yeux du bilan du Président ».
Valls a récusé la semaine dernière dans le JDD tout chantage
à la démission en cas de renoncement majeur sur la réforme
El Khomri. « Il n’y aura pas une
feuille de papier à cigarette avec le
chef de l’État », promet un poids
lourd du gouvernement.
la majoRité,
au boRd de l’exPlosioN
Ils auront une première idée
de la réaction des leurs demain
soir. Le gouvernement a décidé
de participer au « séminaire du
groupe socialiste sur la réforme
du Code de travail », la séance de
câlinothérapie devra être conséquente pour calmer un groupe de
plus en plus divisé. « S’ils disent
aux parlementaires “le texte est à
prendre ou à laisser”, ça ne marchera pas. Ce ne sont pas que les
Frondeurs qui sont remontés, il y a
aussi de nombreux
députés proches du
Président », prédit
un dirigeant de la
majorité.
Car avant la
loi El Khomri,
la déchéance de
nationalité a déjà
laissé des traces
durables. De
nombreux députés socialistes
savent bien que leurs électeurs
sont dans la rue, déçus par un
quinquennat qui prend une
voie de plus en plus libérale.
Et dans le reste de la majorité,
l’ambiance est encore pire. Le
patron d’EELV, David Cormand,
l’avoue : « Au-delà même de cette
La loi
El Khomri,
« encore une
grosse daube »,
tacle Sarkozy
loi, une frustration et une colère
existent. Et l’exécutif ne peut
plus rien faire en vrai, les nuages
s’amoncellent et la capacité de
conviction du Président est très
faible. Ce n’est plus une histoire
de tableaux Excel dont on change
les chiffres. »
la dRoite,
eN embuscade
La réforme du Code du travail, la droite est pour. Elle considère, à l’image d’Alain Juppé, que
le projet El Khomri est « plutôt
d’inspiration libérale ». Les ténors
de l’opposition l’assurent donc
bruyamment : si le texte parvenait « en l’état » jusqu’à l’Assemblée nationale, ils le voteraient.
Avec d’autant plus d’enthousiasme qu’ils sont convaincus…
de ne jamais avoir à le faire.
À un peu plus d’un an de la
présidentielle, la droite se prépare déjà avec gourmandise à
fustiger une reculade de François Hollande face à la rue et
aux « conservatismes ». « Dans
le meilleur des cas, la montagne
accouchera d’une souris », prédit
ainsi Nicolas Sarkozy. « Encore
une grosse daube », a-t-il jugé
plus crûment lors d’une réunion interne au sujet du projet
de réforme. « Et si on pouvait
éviter de dire qu’on soutient un
projet alors qu’il n’a même pas
été présenté en Conseil des ministres… », a-t-il ajouté, agacé par
les prises de position favorables
des candidats à la primaire. Face
aux blocages, François Fillon a
déjà mis François Hollande au
défi de recourir à un référendum
sur « la libération du travail ». g
l’événement | 3
jdd | 13 mars 2016
Hollande et l’effet de surprise
avec le même exemple concret que
le Medef a présenté à Myriam
El Khomri. Aubry avait refusé,
El Khomri a accepté. Mais FranCéCilE AmAr
çois Hollande a tranché. « Cette
e changement, c’est
mesure sera supprimée » a-t-il
confié, ces jeunes travailleront
maintenant. Ou plutôt
le changement, c’est
huit heures par jour et trente-cinq
demain. Aujourd’hui,
heures par semaine. Mais ce n’était
François Hollande
pas un élément essentiel.
va réécrire la loi El Khomri. Ou
Rien ne dit que l’opération
de magie « la loi El Khomri est
plutôt, comme il l’a répété à tous
ses interlocuteurs, il va l’écrire.
finie, vive la loi travail » suffira à
« Le texte va être
calmer la rue, ni
même la CFDT.
présenté demain
pour la première « Même reformulé,
Car François Holfois, c’est un texte ce texte
lande a décidé de
remettre la fin de
nouveau. C’est
le seul texte qui est une bombe
son quinquennat
comptera », confie à fragmentation »
entre les mains
du patron de ce
un des rares mis
Un dirigeant de la majorité
dans la boucle par
syndicat dont il a
un Président qui
été adhérent à la
rêve d’un effet de surprise pour
Cour des comptes. En pariant pour
en finir avec un mouvement qu’il
que cela suffise.
n’avait pas vu venir.
« On est totalement dans les
Une chose est sûre, l’aspect
mains des organisations réformistes,
« travail des enfants » disparaîmais Laurent Berger a une marge de
tra. En 1991, le CNPF avait essayé
manœuvre très réduite. Si jamais il
de vendre à Martine Aubry, jeune
dit demain : “Ce n’est pas assez”, on
ministre du Travail socialiste, l’alfait quoi ? Si François ne cède pas,
longement de la journée de travail
c’est cuit. Si Berger dit : « On desdes apprentis de huit à dix heures
cend dans la rue”, c’est cuit. Même
Aujourd’hui, le Président
va écrire la nouvelle mouture
de la loi El Khomri
L
reformulé, ce texte est une bombe
à fragmentation : il y a le danger
des jeunes, le danger des syndicats
réformistes, le danger du patronat, le
danger de l’immobilisme », raconte,
désabusé, un poids lourd de la majorité. « Hollande va essayer demain
d’avoir un accord avec la CFDT. Il
va falloir mettre du lourd, ils n’ont
aucune raison de se faire tuer pour
rien », prédit un autre.
Hollande n’a rien d’un « baron
noir », tout d’un baron rose
François Hollande a envoyé
Manuel Valls au front, c’est le
Premier ministre qui a mené les
discussions avec les syndicats.
Le chef de l’État a choisi la prudence, ne voulant pas offrir un saut
qualificatif à un mouvement qui
démarre seulement en discutant
directement avec les opposants à la
loi. Hollande n’a rien d’un « baron
noir », tout d’un baron rose, qui n’a
jamais vraiment aimé la rue.
Un patron de la majorité
veut y croire : « Il s’en sort par
le haut. Il reformule la partie sur
les prud’hommes en relevant le
barème et surtout en ne le rendant
plus qu’indicatif, il encadre la
définition des licenciements éco-
l’AVErtissEmEnt d’AlExis tsiPrAs
François Hollande l’avait invité, hier, à l’Élysée,
au sommet des leaders sociaux-démocrates
européens qu’il organisait. Mais le Premier ministre
grec, alexis Tsipras, a choisi d’arriver à Paris dès
vendredi, et il a profité d’une rencontre avec
ses « vrais » camarades pour dire ce qu’il pensait
de la loi el Khomri. « À chaque fois qu’on a instauré
ce genre de politique de flexibilité, les résultats ont été
catastrophiques. En aucun cas, cela ne renforce
la compétitivité de nos économies […] Sinon,
le Bangladesh aurait la meilleure économie du monde.
Cette logique a été imposée en Grèce […] et cela
a ramené au Moyen Âge les relations du travail.
Tous ceux qui veulent imposer ce genre de réforme
doivent réfléchir et peut-être étudier le cas grec. »
lejdd.fr Notre reportage
nomiques, il essaie d’introduire
des éléments nouveaux, le droit à
la formation, il charge le compte
personnel d’activité et il espère que
ça passe. S’il ne donne rien, il y aura
un million de personnes dans la rue
à la fin du mois et il n’est pas dans
cette option. S’il ne sort pas par le
haut, les gens comprendront qu’il
n’est pas candidat. Il faut fermer
les deux portes, celle de la rue et
celle de la fragmentation de son
camp. » L’une après l’autre. Première réponse demain. g
JEudi À Moissy-Cramayel,
près de Paris, François Hollande
a visité l’entreprise Forsee Power,
spécialisée dans les batteries
et le stockage d’énergie.
VEndrEdi À Matignon,
Manuel Valls, Myriam El Khomri
et Emmanuel Macron
ont reçu les syndicats lycéens
et étudiants dans le cadre
des négociations sur la réforme
du Code du travail.
VEndrEdi Myriam El Khomri,
ministre du Travail, visite
la mission locale des Ulis
dans l’Essonne.
HAMILTON/REA ; C.MORIN/IP3/
MAXPPP ; É. BAudET/dIvERgENCE ;
CHRIsTOPHE MORIN/IP3/MAXPPP
4 | l’événement
JDD | 13 mars 2016
« Renoncer serait suicidaire »
iNterView Président de l’UIMM et négociateur social du Medef, Alexandre Saubot demande
à Manuel Valls de maintenir la réforme
IntervIew
Nicolas Prissette
Angleterre, car ces pays ont fait les
réformes nécessaires. Et pendant ce
temps-là, en France, il a augmenté
de 600.000 personnes.
@NicolasPri7
Cette loi est enfin une réforme
au service de l’emploi. Je suis chef
d’entreprise, je vous assure qu’elle
nous conduira à davantage embaucher en CDI. J’entends aussi les
investisseurs étrangers, qui voient
notre pays beaucoup plus favorablement. Le gouvernement doit
conserver son ambition, saluée
par les plus grands économistes.
Si nous devions finir par un grand
marchandage, article par article,
c’est l’emploi qui serait perdant et
les jeunes et les moins qualifiés qui
seraient sacrifiés.
J.-C. TARDIVON/SIPA
Manuel Valls s’apprête à modifier,
demain, le projet de loi travail que
vous soutenez. l’acceptez-vous ?
rien n’est modifiable dans ce texte
pour le patronat ?
À moins d’accepter le chômage
et le sort fait à nos jeunes, ce qui
n’arrivera pas, aucun renoncement
ne nous paraît acceptable. Il faut
conserver à ce texte toute sa cohé-
les syndicats demandent le retrait
du barème des indemnités
aux prud’hommes, ils contestent
la mesure des licenciements
économiques. cela peut-il
être négocié ?
rence, son ambition et son efficacité, afin que le CDI redevienne la
norme. Cette réforme touche au
quotidien des Français, l’inquiétude est donc légitime. L’enjeu est
d’expliquer et de convaincre pour
l’intérêt général.
Vous demandez au gouvernement
de tenir bon ?
Le renoncement serait suicidaire
pour notre pays. Ne rien faire quand
on compte plus de 5 millions de chômeurs est inacceptable et égoïste.
Regardez nos voisins, le chômage a
baissé de 400.000 personnes depuis
2012 en Allemagne, de 800.000 en
estimer que le texte sera « efficace »
pour « améliorer la situation
économique des très petites et moyennes
entreprises » et un pourcentage
identique considère qu’il ne favorisera
pas « la création d’emplois ». « Les
assouplissements passent par la
négociation, or la plupart de nos
entreprises ne sont pas en capacité de
le faire », explique Pierre Burban,
les jeunes qui manifestent
déplorent la précarité du travail.
Que leur proposez-vous ?
La précarité, c’est d’abord de ne
pas avoir de travail. Aujourd’hui,
85 % des recrutements se font en
CDD et la moitié des CDD sont
occupés par des jeunes. C’est donc
notre jeunesse qui a le plus à gagner
avec ce texte. Un modèle social qui
exclut durablement ses jeunes n’est
pas un modèle qu’il me semble souhaitable de sanctuariser.
Un chef d’entreprise n’embauche pas pour licencier mais
pour se développer. Quand il y a
des difficultés, elles ne doivent pas
mettre en péril la survie de l’entreprise et de tous ses
le gouvernement
emplois. Le texte
favorable
« Le gouvernement est
apporte simpleà une taxation
ment de la clarté.
des cDD.
doit conserver
S’agissant des liQue répondezson ambition »
cenciements écovous ?
nomiques, qui est
S’il suffisait
d ’e m p i l e r l e s
mieux placé qu’un
chef d’entreprise pour dire si l’enrègles, les obligations et d’augmentreprise va mal ? Quant au barème
ter les impôts pour réduire le chômage, nous serions aujourd’hui au
des prud’hommes, le texte aboutit à
plein-emploi. C’est pourquoi nous
verser jusqu’à 25 mois de salaire, en
cumulant indemnités conventionsommes fermement opposés à cette
proposition.
85 % Des Petits PatroNs Ne s’estiMeNt Pas coNcerNés
Eux aussi coNtEstENt la loi El Khomri.
Les artisans, commerçants et professions
libérales y voient pour l’essentiel un
projet favorable aux grandes
entreprises, beaucoup moins à leurs
TPE. Les fédérations patronales UPA et
UNAPL ont commandé un sondage à
Harris Interactive* . Selon cette étude,
que dévoile le JDD, les petits patrons et
indépendants sont seulement 39 % à
nelles et indemnités prud’homales :
qui peut trouver cela scandaleux ?
secrétaire général de l’UPA. « C’est une
loi Medef », renchérit le docteur Michel
Chassang, président de l’UNAPL. En
effet, 85 % des sondés ne s’estiment
« pas concernés » par les possibilités
« d’aménagements au Code du travail ».
* sondage réalisé du 8 au 10 mars
auprès d’un échantillon de 638 personnes
représentatives des chefs d’entreprises
de moins de 20 salariés.
Jugez-vous que le texte est équilibré
entre flexibilité pour l’entreprise
et sécurité pour le salarié ?
La loi est beaucoup plus équilibrée qu’on ne le dit. Ce projet n’enlève aucun droit à aucun salarié. Le
droit français protège plus les salariés que les autres droits européens,
et pourtant nous avons davantage
de chômeurs. Je me demande si
tout le monde a bien conscience
de la responsabilité qui est la nôtre
à l’endroit des plus fragiles, auxquels
il faut penser avant tout. g
Les syndicats en ordre dispersé
les réformistes (cFDt, cGc…)
pourraient obtenir satisfaction
sur plusieurs points.
les contestataires (cGt, Fo…)
manifesteront jeudi
Sa parole, demain à la sortie de
Matignon, sera décisive. Laurent
Berger dira s’il juge que le gouvernement l’a entendu, ou pas. Le secrétaire général de la CFDT a qualifié
de « verrues » les articles du projet
de loi relevant selon lui de « la doxa
libérale », qui suscitent la mobilisation de son syndicat. Il réclame
l’abrogation du plafonnement des
dommages et intérêts pour les licenciements abusifs, une autre définition du licenciement économique,
le recours à un accord syndical dans
les TPE pour les forfaits-jours, etc.
Les autres centrales réformistes
(CGC, CFTC, Unsa) sont sur la même
longueur d’onde, avec l’addition de
leurs revendications spécifiques.
Elles ont rassemblé hier, avec la Fage
(étudiants), quelques centaines de
personnes, place de la République
à Paris. Ce camp ne réclame pas le
retrait du texte mais sa modification. En lui donnant gain de cause
sur plusieurs points demain, le gouvernement va tenter d’éteindre leur
mouvement et de réduire le front
syndical aux seuls contestataires. La
partie n’est pas gagnée pour l’exécutif.
À la CFDT, Laurent Berger est déterminé à obtenir une victoire sur toutes
ses revendications. Certaines de ses
Hier,
place de la
République à Paris,
un membre
de la CFDT défile
contre la loi
El Khomri.
Ils étaient quelques
centaines
à manifester.
JOëL SAGET/AFP
troupes veulent l’abandon du projet,
notamment les adhérents lillois et la
métallurgie. À la CGC, la présidente
Carole Couvert réclame l’abrogation
du référendum d’entreprise et des
mesures qui allègent la médecine du
travail. Elle entend aussi obtenir le
droit de négocier dans les entreprises
où son syndicat est l’unique interlocuteur de la direction.
« Le point d’orgue de la
contestation sera le 31 mars »
Les centrales contestataires
(CGT, FO, Sud, Solidaires) en-
tendent, elles, amplifier leur mobilisation. Elles descendront dans la rue
jeudi, pour se joindre aux étudiants
et lycéens (Unef, FIDL, UNL), avec
l’espoir de dépasser le décompte
de mercredi (220.000 manifestants
selon la police, jusqu’à 500.000
selon les organisateurs). « Le gouvernement comme le Medef résument
le dialogue social à leurs propres propositions », grince Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT.
Une autre journée de défilés est
déjà fixée au 31 mars, qui devrait à
nouveau réunir l’ensemble de ces
opposants au texte El Khomri, fût-il
remanié. « C’est le point d’orgue
prévu, il peut se passer beaucoup de
choses d’ici là », explique un leader
contestataire. La fédération des
fonctionnaires CGT a déposé un
préavis de grève de quinze jours
courant entre ces deux dates, pour
parer à toute éventualité. Toutes
les organisations syndicales, réformistes et contestataires, doivent
se retrouver vendredi pour faire
le point. À moins que, d’ici là, certaines estiment avoir obtenu satisfaction. N.P.
Dialogue de
sourd avec
les jeunes
Manuel Valls s’est décidé
à recevoir vendredi
les leaders étudiants
et lycéens. Mais le courant
n’est pas passé du tout
cécile aMar
À en croire ceux qui ont milité
à l’époque, à 20 ans, Manuel
Valls ne savait pas retourner
une AG. À en croire celles et
ceux qui ont discuté avec lui
vendredi, à 53 ans, il ne sait pas
retourner une organisation de
jeunesse.
« Le message qu’il nous a
envoyé, c’était que le contenu du
projet de loi ne serait pas discuté
avec les jeunes. Le rendez-vous
a duré plus d’une heure. Parfois,
on avait le sentiment qu’il se
demandait pourquoi les jeunes
s’occupaient de la définition du
licenciement économique ou
des accords d’entreprise sur le
temps de travail. Je ne sais pas
ce qu’ils annonceront demain,
mais ce ne sont pas les revendications des jeunes qui bougeront », assène le président
de l’Unef, William Martinet.
« Je me doutais bien que
le gouvernement n’allait pas
reculer dès ce rendez-vous, c’est
au fond un rendez-vous qui n’a
pas servi à grand-chose. On est
passé du “c’est absurde que la
jeunesse se soit mobilisée” à
“on la reçoit, elle s’est mobilisée” mais pas vraiment plus »,
abonde Samya Mokthar, présidente de l’Union nationale
lycéenne (UNL), qui a été
reçue en compagnie des autres
organisations lycéennes.
« On a besoin qu’on se
penche sur nos problèmes »
Les organisations de jeunesse analyseront la nouvelle
version de la loi El Khomri telle
qu’elle sera présentée demain
par le Premier ministre, mais
d’ores et déjà elles préparent
la suite, dans la rue. « C’est
énervant. Pour le pouvoir,
les jeunes sont au mieux une
réserve électorale, au pire une
menace quand on descend dans
la rue, mais quand on discute
du fond de nos revendications,
on ne nous écoute pas. Tous
les signaux qu’on reçoit nous
confortent dans l’idée qu’il faut
continuer à se mobiliser. On appelle à massifier les assemblées
générales et à faire en sorte qu’il
y ait le plus de monde possible
dans la rue jeudi et le 31 mars
avec les centrales syndicales »
prévient William Martinet,
qui n’a eu aucun contact avec
François Hollande, pourtant
adhérent du syndicat étudiant
dans sa jeunesse. Les lycéens
n’ont pas plus l’oreille de ce
président qui avait fait de la
jeunesse sa priorité.
« Ce projet de loi cristallise
une angoisse des jeunes. On a
besoin d’être pris en compte,
qu’on se penche sur nos problèmes. On en a marre d’être
méprisés. Je ne sais pas ce qui
fera taire cette colère », analyse Samya Mokthar. On verra
cette semaine si l’étincelle El
Khomri s’éteint. Ou si elle
s’enflamme vraiment. g
6 | instantanés
JDD | 13 mars 2016
Les indiscrets
Le top 5 twitter
royal fustige
« l’ostracisme » de Fabius
Pierre Gattaz veut penser positif
La présidente de la COP21, Ségolène Royal, qui poursuit
sa « diplomatie environnementale » en rencontrant trois
présidents africains cette semaine (le Congolais Joseph
Kabila, le Gabonais Ali Bongo et le Nigérian Muhammadu
Buhari) se félicite de la « bonne coopération » avec
le ministre des Affaires étrangères, Jean-Marc Ayrault. À
l’entendre, rien à voir avec l’« ostracisme » de Laurent Fabius.
Le président du Medef, Pierre Gattaz, présentera son quatrième
ouvrage au Salon du livre. La France de tous les possibles (Débats publics) est, selon son auteur, une œuvre de recul. Il y présente sa vision d’entrepreneur et de citoyen convaincu que le
pays des impossibles et des blocages peut inverser la tendance
et prendre le chemin des « trente audacieuses ». Comment ? En
capitalisant sur tous ses atouts et en redonnant aux Français
une vision enthousiasmante. Un penser positif qui couvre tous
les aspects du vivre-ensemble, jusqu’au pacte républicain.
1 Le 9 mars, la militante féministe
Caroline De Haas, à l’origine de la
pétition à plus d’un million de
signatures contre la loi travail, se félicite
de la mobilisation de la rue (plus de
200.000 manifestants, selon la police ;
400.000, selon les syndicats).
@carolinedehaas
Même les chiffres de la police sont
impressionnants, c’est dire !
#loitravailnonmerci
Breton superstar
2 L’actrice Sophie Marceau exprime
Juppé dans le QG
de chirac
3 L’étape en montagne mercredi au
Le cadeau de mariton…
4 Il ne faut pas plus de 140 caractères
sa désapprobation à l’annonce
de l’attribution de la Légion d’honneur
au prince héritier d’Arabie saoudite.
@SophieMarceau
Voilà pourquoi j’ai refusé la Légion
d’Honneur.
Thierry Breton, PDG d’Atos et ancien ministre des
Finances, a fait un tabac devant la commission
des Affaires étrangères du Sénat en présentant
son projet européen de sécurité et de défense.
Il a même été applaudi. Pas si fréquent !
cours de Paris-Nice a été annulée en
raison de la neige. Le sprinter français
Arnaud Démare s’amuse à imaginer
Martin Fourcade en vainqueur. Le
biathlète, qui bat tous les records aux
Championnats du monde, ironise.
@martinfkde
@ArnaudDemare sage décision pour
l’étape ! Pour le pronostic j’ai pas assez
de balles pour crever tous vos pneus !
Convié par le Club d’Iéna et son fondateur,
Louis Vogel, Alain Juppé, candidat à
la primaire, y participera mardi à un débat
sur « L’État fort » au 30, avenue d’Iéna
à Paris, dans les locaux où Jacques Chirac
avait installé son QG de campagne lors
de la présidentielle de 1995.
Hervé Mariton a offert mercredi son livre (Le Printemps
des libertés, Archipel) à Nicolas Sarkozy. « Il m’a souhaité
une grande réussite pour mon
livre. Il n’en est pas encore à
me souhaiter une grande réussite pour ma candidature à la
primaire… »
… et son coup
de gueule
Libéral pur jus, Hervé Mariton juge
« totalement irresponsable » l’augmentation
de l’indice des fonctionnaires sans
augmentation du temps du travail. Il souhaite
en tout cas que, à la différence de ce
qui prévaut en pareil cas, « l’indemnité
parlementaire ne suive pas ».
rugy courtise cosse
Député de Loire-Atlantique et coprésident du
groupe écologiste à l’Assemblée (avec Cécile
Duflot), François de Rugy n’a pas été « surpris », dit-il, de l’éviction brutale d’Emmanuelle
Cosse d’Europe Écologie-Les Verts : « C’est une
preuve de plus de la dérive sectaire que j’avais
dénoncée. Pensez que la sénatrice Esther
Benbassa s’est réjouie de cette éviction en disant
qu’il était plus que temps de désherber ! »
Emmanuelle Cosse a été invitée à participer le
26 mars à l’Assemblée à une réunion de Écologistes !, « le pôle écologiste de la majorité ».
chorégies : audrey azoulay monte au Front
La ministre de la Culture entre dans la bataille contre l’extrême droite. Hier après-midi, Audrey
Azoulay a téléphoné à Christian Estrosi, le président de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur pour
l’avertir de sa décision concernant le Festival d’art lyrique d’Orange, ville dirigée par Jacques
Bompard (Ligue du Sud). Le directeur général des Chorégies a démissionné à la suite de la prise de
la présidence du festival par une adjointe de Bompard. Raymond Duffaut a qualifié cette nomination
de « coup de force », ce que dément le maire. La ministre de la Culture ne laissera pas faire. « Après
échange avec Christian Estrosi, tant que les choses ne seront pas revenues à la normale aux Chorégies,
je suspendrai nos relations avec la manifestation », prévient Audrey Azoulay. E.dESSOnS/Jdd
Geoffroy Didier
s’attaque au logement social
Vice-président chargé du Logement dans l’équipe Pécresse
en Île-de-France, Geoffroy Didier va dévoiler cette semaine
sa politique en présence d’Emmanuelle Cosse, la ministre du
Logement, qui occupait précédemment ce poste à la Région.
Didier veut « casser les ghettos urbains » en stoppant le
financement du logement social là où « il y en a trop ».
Jack Lang émissaire au Japon
À la demande du président de la
République, Jack Lang sera à Tokyo mardi
pour remettre les insignes de commandeur
de la Légion d’honneur à Issey Miyake. Le
styliste, 77 ans, fait l’objet d’une grande
rétrospective dans son pays. « Un monument de la création contemporaine, l’un des hommes les plus
remarquables que le monde de la culture ait connu au
XXe siècle », a déjà écrit Lang dans son discours.
à suivre cette semaine
Lundi
Réunion des
ministres de
l’Agriculture
de l’Union
européenne sur
le soutien aux prix
du lait réclamé par la
France. g Inauguration
de l’institut de recherche
Pierre-Gilles de Gennes.
g Séminaire, à huis clos,
des parlementaires PS
et du gouvernement à
propos du projet de loi
El Khomri.
g Salon européen
de l’éducation.
g Semaine de
la presse et
des médias à
l’école. g Réouverture
du restaurant Le
Petit Cambodge, l’un
des lieux attaqués
par les terroristes le
13 novembre. g Annonce
par le maire de Bordeaux
Alain Juppé (photo) de
l’architecte qui construira
Le sénateur Luc Carvounas
vient d’écrire à son ami Manuel
Valls. Alors que les buralistes
s’inquiètent de l’arrivée du
« paquet neutre » le 20 mai,
Carvounas souhaite que les cigarettiers ne soient plus autorisés à livrer davantage de cigarettes que ce que les marchés
réclament. Il s’agit de tarir la
source des trafics de tabac organisés par les fabricants.
Selon les calculs du sénateur, la
France recouvrerait ainsi
chaque année 3 milliards
d’euros de pertes fiscales et
les buralistes récupéreraient
250 millions de recettes.
5 L’annonce de la mort du producteur
des Beatles, George Martin,
bouleverse certains fans de Games of
Thrones, la saga de… George RR
Martin. Ce dernier se veut rassurant.
@GRRMspeaking
Je ne suis pas encore mort.
Le top 5 Google
tendances de recherches du 4 au
11 mars (plus fortes progressions)
Tous les sujets
France
Personnalités
politiques
1. Journée
des femmes
2. Bertrand
Chameroy
3. Marie-Laure
Picat
4. Olivia Inglis
5. PSG-Montpellier
1. François
Hollande
2. Nicolas Sarkozy
3. Manuel Valls
4. Emmanuel
Macron
5. Nathalie
Kosciusko-Morizet
Nos classements et analyses sur lejdd.fr
retrouvez à suivre cette semaine ce matin entre 6 h et 10 h dans Week-end Première sur
la plus haute tour à
ossature en bois de
France.
Mardi
Cinquième anniversaire
du début de la guerre
civile en Syrie.
g Ouverture du Mipim,
au palais des festivals
à Cannes, le plus grand
salon des professionnels
de l’immobilier.
g Trophées des Français
de l’étranger. g Première
PHILIPPE WOJAZER/REUTERS ; IBO/SIPA ; PJB/SIPA ; BERnARd BISSOn POUR LE Jdd ; PARSPIx/ABACA
L’ami de valls
et les buralistes
à Roselyne Bachelot pour critiquer
l’attitude du cardinal Philippe
Barbarin, accusé d’avoir couvert
des prêtres pédophiles.
@R_Bachelot
Mgr Barbarin défilait contre le mariage
homosexuel au motif de protéger
les enfants. Il devrait garder ses forces
pour de meilleurs combats !
à Lyon de l’opéra
Benjamin, dernière nuit,
de Régis Debray et Michel
Tabachnik.
Mercredi
Conférence internationale
à Bali sur les conséquences
environnementales de
la culture de l’huile de
palme.
Jeudi
Conseil européen jusqu’à
vendredi à Bruxelles.
g Ouverture du
36e Salon du livre porte de
Versailles avec la Corée du
Sud à l’honneur. g Salon
mondial du tourisme.
Vendredi
L’écrivain Édouard Louis
assigné pour atteinte à la
présomption d’innocence
et à la vie privée à la suite
de son roman Histoire de
la violence. g Centième
édition de la Foire de
Lyon. g Festival de jazz
Banlieues bleues en
Seine-Saint-Denis.
national des harkis au
mémorial de Rivesaltes.
Samedi
Dimanche
150e anniversaire de
la fondation Apprentis
d’Auteuil, qui accompagne
30.000 jeunes en difficulté.
g France-Angleterre
au Stade de France,
dernière journée du
Tournoi des
VI Nations de
rugby.
g Rassemblement
Congrès de l’UDI.
g Discours d’Ali Khamenei
(photo) dans le cadre
du Nouvel An iranien.
g Journée de la
francophonie.
g Dans le cadre
du Printemps du
cinéma, séances
à 4 € jusqu’au
mardi suivant.
8|
Politique
jdd | 13 mars 2016
LES RÉPUBLICAINS Ex-Premier ministre, président de la commission des affaires étrangères
du Sénat, Jean-Pierre Raffarin, qui a rallié Juppé, se dit « inquiet » pour la France
« Le silence de Mme Le Pen
est tactique »
peuvent mener l’agitation qu’ils
voudront. La sagesse sera toujours dans le camp du Sénat.
INTERVIEW
DOMINIQUE DE MONTVALON
@Demontvalon1
ET CHRISTINE OLLIVIER
@Chr_Ollivier
J
Le président de l’UDI
Jean-Christophe Lagarde déplore
l’absence de discussion avec
Les Républicains et affirme que,
dans ces conditions, la primaire
aurait lieu sans les centristes…
ean-Pierre Raffarin, qui
milite plus que jamais
pour que les centristes
participent à la primaire
des 20 et 27 novembre,
ne cache pas son inquiétude face
à l’état du pays (un pouvoir « trop
faible », une opposition « trop
incertaine », des élections « trop
lointaines ») et à l’état d’une Europe divisée face à « la montée des
nationalismes et des populismes ».
L’élu de la Vienne, qui enterre de
facto la réforme constitutionnelle
sur la déchéance de nationalité,
évoque « une situation excessivement dangereuse ». Il n’exclut pas
à terme « des troubles ».
La primaire sans les centristes
perdrait beaucoup de son intérêt
stratégique. Je suis naturellement sur la ligne d’Alain Juppé.
Le centre a une responsabilité :
placer un candidat républicain
de la droite et du centre devant
Mme Le Pen au premier tour de
l’élection présidentielle. Le combat contre le Front national nous
impose l’unité, et nous impose
donc de trouver les modalités
d’un accord entre la droite et le
centre, pour que les primaires
garantissent à notre candidat
l’accès au second tour.
La France est-elle au bord
d’une explosion sociale ?
Je suis inquiet. Le pays
gronde, en raison du double
échec – politique et économique
– du pouvoir, mais aussi en raison du sentiment profond que la
politique ne traite pas les vrais
sujets des Français.
La France est-elle irréformable
ou le gouvernement se trompe-t-il,
avec le projet de loi El Khomri,
de calendrier et de méthode ?
Jean-Pierre Raffarin, vendredi, dans son bureau au Sénat. Éric dessons/Jdd
ploi un sujet de l’état d’urgence,
et de rechercher l’unité nationale
pour ce combat.
Vous aviez justement proposé
Je sais par expérience que le
au gouvernement, après les
temps de la réforme, c’est générégionales, d’élaborer ensemble
ralement le début d’un quinquenun plan contre le chômage…
nat. Aujourd’hui,
Le gouverneà l a ve i l l e d e
ment a privilégié,
l’élection pré- Loi Travail : « On
dans sa réponse à
s i d e n t i e l l e e t confond réforme
l’inquiétude des
comme ce fut le
Français, la réforme constitucas dans le quin- et manœuvre »
tionnelle plutôt
quennat précédent – je pense
que la lutte pour
à la TVA sociale –, on confond
l’emploi. C’est, je pense, l’erreur
réforme et manœuvre.
du quinquennat.
Était-il nécessaire de réformer
le Code du travail ?
Il est vital de réformer le Code
du travail et nous ne pouvons que
soutenir cette ambition. Mais il
est surtout vital de faire de l’em-
Pour François Fillon, la primaire doit
permettre de choisir entre « un
changement puissant » – lui – et
« un changement prudent »,
visant à l’évidence Juppé. C’est sur
ces bases que se jouera la primaire ?
Des lycéens et des étudiants
prévoient de redescendre dans
la rue dès cette semaine pour
contester le projet El Khomri…
Ces manifestations révèlent la
grave crise de la gauche française.
Elle est sans espoir. Dans notre
situation économique et de sécurité, personne ne peut se réjouir
du désordre. Car c’est dans le
désordre que naissent les plus
graves menaces. Le pays aurait
besoin de la paix sociale pour
mieux lutter contre le terrorisme.
La situation est donc excessivement dangereuse. Le pouvoir
est trop faible, l’opposition trop
incertaine et les élections trop
lointaines pour que nous soyons
rassurés.
Que pensez-vous de la façon
dont François Hollande
gère la situation ?
La situation politique affaiblit considérablement la parole
du président. Même quand il est
juste, il est faible. Notamment sur
la question européenne, l’absence
de vision et de discours du gouvernement français est coupable.
L’Europe, c’est nous. Que ce soit
pour les réfugiés, pour l’agriculture ou pour tous les autres
sujets de l’espace européen, la
puissance française fait défaut.
Comment jugez-vous la manière
dont l’Europe fait face à la crise
des réfugiés, et notamment de
ses négociations avec la Turquie ?
Cela ne me semble pas maîtrisé, tout me semble imposé. Nous
sommes opposés à l’entrée de la
Turquie dans l’Union européenne
mais nous avons toujours dit que
nous souhaitions un accord de
bon voisinage avec la Turquie.
Ce serait l’occasion de bâtir cette
nouvelle donne de relation entre
l’Union européenne et la Turquie.
Or, on sent que c’est Angela Merkel qui mène la course.
Malgré les appels de Manuel Valls
à un vote conforme, les sénateurs
semblent décidés à réécrire
Je pense que la situation de
la France en 2017 sera particulièrement grave. Je ne crois pas
que nous allons connaître douze
mois paisibles dans la période
à venir, aussi bien sur le plan
de la politique intérieure que
L’Assemblée nationale et
de la politique étrangère. Dans
la majorité socialiste ont créé
ce contexte de doutes, voire de
sur ce texte la
troubles, ce qui
comptera, c’est
confusion. Ils ont
à la fois le courefusé la ligne « La sagesse sera
tracée par Fran- toujours dans
rage et l’éthique
çois Hollande
de responsabiau Congrès. Le le camp du Sénat »
lité. C’est sur ces
Sénat se doit
deux valeurs que
de revenir aux
se fera le choix
fondamentaux
des Français.
du texte. Ce travail est à l’honLe parti LR semble s’acheminer
neur du Sénat. Le Sénat crée de
vers la distribution des investitures
la cohérence là où l’Assemblée
aux législatives d’ici au mois de
nationale a créé du désordre.
juin, via un compromis entre les
l’article 2 de la révision
constitutionnelle sur la déchéance
de nationalité. Approuvez-vous
cette démarche qui peut conduire
de facto à l’enterrement
de la réforme ?
Le président du groupe PS
à l’Assemblée, Bruno Le Roux,
dit déjà que la droite sénatoriale
portera la responsabilité d’un
échec du Congrès…
C’est le pyromane qui se rêve
en pompier !
Mais les Français pourront-ils
comprendre que cette réforme
institutionnelle finisse
dans le mur ?
C’est la responsabilité de
l’exécutif. Nous avons vécu un
drame national le 13 novembre,
un Congrès à Versailles le
16 novembre. Le président de la
République nous a alors proposé,
dans un grand moment d’émotion nationale, de poursuivre
l’unité sur l’état d’urgence et la
déchéance de nationalité. Sur cet
esprit du 16 novembre, le Sénat
est aujourd’hui à la hauteur de
ses responsabilités. Qui trahit cet
esprit de consensus du Congrès ?
C’est la majorité socialiste à l’Assemblée, ce n’est pas le Sénat. Ils
différents candidats à la primaire.
Approuvez-vous cette approche ?
On comprend que les députés
sortants demandent une investiture anticipée par rapport à ce qui
se passe habituellement. Pour les
autres, il serait nécessaire qu’ils
adhèrent aux orientations, par
définition courageuses et graves,
qui sortiront de la primaire. On
le voit aujourd’hui : un désaccord
entre la majorité et le président
signifie le blocage.
La menace FN s’est-elle atténuée
ou renforcée ?
Le relatif silence actuel de
Mme Le Pen est tactique. Sa campagne silencieuse reste active sur
le terrain. Elle est alimentée par
l’actualité : celle des chômeurs,
celle des réfugiés. Il faut rester
extrêmement vigilant car ce
silence n’est pas un affaiblissement. Comme partout en Europe,
la montée des nationalismes et
des populismes annnonce celle
des haines et des tensions. g
Politique | 9
jdd | 13 mars 2016
Le FN en embuscade
LégisLatives partieLLes
trois élections doivent désigner
les successeurs de valérie
pécresse, Xavier Bertrand
et gérald Darmanin
Jean-François Copé, hier, à Meaux. Éric DESSONS/jDD
Copé
veut « cheffer »
Lr Le maire de Meaux
a donné hier le coup d’envoi
officiel de sa campagne
pour la primaire de la droite
Christine OLLivier
@Chr_Ollivier
« Il a une drôle d’idée d’être candidat.
Il n’a pas vu ses sondages ? Il n’a pas
vu son image ? » Crédité pour l’heure
de 3 % des voix, Jean-François Copé
pratique l’autodérision. Mais sa candidature à la primaire de novembre,
elle, est très sérieuse, insiste-t-il.
D’ailleurs, les parrainages de parlementaires nécessaires, « je les ai.
Je ne suis pas un amateur ». « Aujourd’hui, je suis à 3 %, c’est exact.
Mais novembre, c’est tellement loin.
Il peut se passer tant de choses et je
suis tellement déterminé… »
Copé a donné hier le coup d’envoi de sa campagne dans sa ville
de Meaux (Seine-et-Marne), avant
de partir pour un tour de France
qui le conduira dans une cinquantaine de départements d’ici à juillet.
Une tribune installée en plein air
devant le monument en hommage
aux combattants de la bataille de la
Marne en 1914, quelque 500 sympathisants, une poignée de parlementaires, des tartines de brie et du
cidre en guise d’apéro pour un budget total de 12.000 € : on était très
loin du show d’un Bruno Le Maire
la semaine précédente devant
2.000 personnes à Aubervilliers
(Seine-Saint-Denis). Au moins le
candidat a-t-il de la chance : c’est
sous un grand soleil qu’il a pris la
parole. « Cela fait partie de l’alignement des planètes », sourit-il.
De la bataille de la Marne, Copé a
tiré foi dans les « miracles » et repris,
en guise de slogan de campagne, le
mot de Joffre face à l’avancée des
armées allemandes : « On ne recule
plus. » Car la « droite décomplexée »
qu’il entend incarner, c’est « la droite
qui ne reculera plus », celle dont « la
main ne tremble pas quand il s’agit
de prendre des décisions difficiles ».
« Notre pays a besoin d’un chef » et
« un chef, c’est fait pour cheffer »,
résume-t-il, reprenant une expression chère à Jacques Chirac. « Avec
moi, la France sera gouvernée ».
« Je n’ai jamais été membre
d’un gouvernement Sarkozy »
S’il a « mis en garde » les Français
contre la « la droite Donald Trump »,
« populiste » et « racoleuse », Copé
s’en est surtout pris à la « droite
qui recule tout le temps », dénonçant « l’obsession du compromis »
qui « généralement se termine de
la même manière : pas de réformes,
pas de résultats et on perd l’élection
présidentielle ». Une pierre dans le
jardin de Nicolas Sarkozy. D’autant
que le député-maire de Meaux a
aussi moqué « l’hypocrisie » de ceux
qui « disent […] “On aurait tellement
voulu changer les choses. On avait
promis de le faire… On vous promet :
la prochaine fois on le fera !”» « Je
n’ai jamais été membre d’un gouvernement Sarkozy, rappelle-t-il en
privé. C’est une vraie différence »
(avec ses rivaux).
Au passage, il a aussi souligné
une « divergence » avec « Nicolas
Sarkozy ou François Fillon » : il
est hostile au référendum. « Qui
peut comprendre que trois ou cinq
mois après [la présidentielle], on
redemande au peuple français de se
prononcer sur un programme pour
lequel on vient déjà d’être élu ? Sauf
à vouloir se donner une dernière
chance de ne pas l’appliquer… » g
Les invités politiques du dimanche
g gérard Larcher (Lr) :
Le Grand Rendez-vous, Europe 1/
Le Monde/iTélé, à 10 heures.
g Yannick Jadot (eeLv) :
30 Minutes pour convaincre,
Judaïques FM, à 10 h 30.
g Jean-François Copé (Lr) :
Bureau politique, LCI, à 10 h 30.
g Bruno Julliard (ps) : Agora,
France Inter/L’Obs, à 12 heures.
g Daniel Cohn-Bendit (député
européen : Générations d’idées,
Public Sénat, à 12 heures
et 19 heures.
g Jean-François Copé (Lr) : 12/13
Dimanche, France 3, à 12 h 10.
g philippe Martinez (Cgt) : Le Grand
Jury, RTL/Le Figaro/LCI, à 12 h 30.
g Benjamin Lucas (MJs), William
Martinet (unef), Laurence parisot
(ifop) : Le Supplément, Canal+,
à 12 h 55.
g hervé Mariton (Lr) :
Forum, Radio J, à 14 h 20.
g rachida Dati (Lr),
stéphane gatignon (écologistes !):
BFM Politique, BFM TV/Le Parisien
Aujourd’hui en France/RMC,
à 18 heures.
g Laurent Berger (CFDt) :
18 h Politique, iTélé, à 18 heures.
g Jean-Luc Mélenchon (pg) :
C politique, France 5, à 18 h 35.
g Marie-anne Chapdelaine (ps) :
Grand Écran, LCP Assemblée
nationale, à 20 h 30.
g nicolas Bay (Fn) : Soir 3,
France 3, à 23 h 55.
Trois mois après les régionales, les
électeurs sont à nouveau appelés
aux urnes aujourd’hui et dimanche
prochain dans les Yvelines, l’Aisne
et le Nord pour élire les successeurs
à l’Assemblée nationale de Valérie
Pécresse, Xavier Bertrand et Gérald
Darmanin. Élus respectivement
présidents et vice-président de leur
région, ils ont tous trois renoncé à
leur mandat national pour se consacrer à leurs nouvelles fonctions.
L’« effet Bertrand »
La droite part favorite de ces
scrutins, mais le Front national
espère créer la surprise à Tourcoing et surtout à Saint-Quentin.
Sur fond d’impopularité du gouvernement, de divisions et d’abstention qui s’annoncent élevée, ces
législatives partielles sont aussi
un test pour la gauche alors que
se profilent déjà des duels LR/FN
pour le second tour.
Dans la 2e circonscription de
l’Aisne, Julien Dive (LR) espère
profiter d’un « effet Bertrand »,
après la victoire de l’ancien ministre face à Marine Le Pen aux
régionales. Alors que la gauche se
présente éparpillée entre cinq candidats, dont la socialiste Anne Ferreira, le principal danger pour le
porte-drapeau de la droite viendra
de la candidate FN Sylvie Saillard,
dans un département où le Front
national est fortement implanté.
À Tourcoing-nord (10 e circonscription du Nord), le maire
de la commune voisine de Roncq,
Vincent Ledoux (LR), fait aussi
figure de favori pour succéder à
Gérald Darmanin. Soutenu par
les ténors du parti, dont Nicolas
Sarkozy, il va devoir affronter la
candidate FN Virginie Rosez. Là
aussi, la gauche est divisée, avec
pas moins de quatre candidats (PS,
PCF, EELV, MRC).
Dans les Yvelines, Pascal Thévenot (LR), également soutenu par
l’UDI et le MoDem, espère succéder à Valérie Pécresse. Mais, dans
cette circonscription acquise à la
droite, la concurrence du divers
droite Didier Blanchard (DVD) et
de Benjamin La Combe, proche
de La Manif pour tous, pourrait le
contraindre à un second tour. C.O.
Les sièges de députés de Gérald Darmanin, Valérie Pécresse et Xavier Bertrand sont remis
en jeu aujourd’hui et dimanche. WiTT/SiPA ; Éric DESSONS/jDD
Polémiques
sur les noms
des régions
vivien vergnauD
@Vergnaud
ADIEU Nord-Pas-de-Calais-Picardie ! Les habitants de la nouvelle
région sont consultés ce week-end
pour choisir entre « Hauts-deFrance », « Nord-de-France » ou
« Terres-du-Nord ». Trois noms
proposés par des lycéens. La décision sera officialisée demain en
séance plénière du conseil régional
présidé par Xavier Bertrand.
Une consultation citoyenne
identique commence demain en
Alsace-Champagne-Ardenne-Lorraine et durera jusqu’au 1er avril : il
faut voter pour « Acalie » (issu de
l’acronyme Acal), « Rhin-Champagne » ou « Nouvelle-Austrasie »
(nom du royaume franc-oriental
jusqu’en 751).
Dans les deux cas, le nouveau
nom n’efface pas l’ancien, qui restera en « sous-titre ». Qu’importe,
moins de 24 heures après ces annonces, les polémiques sont déjà là.
Dans l’Est, beaucoup regrettent le
terme « Grand-Est », favori dans les
sondages, mais non-retenu par le
groupe de travail. Dans un vote sur
le site du quotidien local L’UnionL’Ardennais, environ 60 % des internautes qui se sont exprimés disaient
hier n’aimer aucun des trois noms.
Dans le Nord, où « Hauts-deFrance » est favori, Le Courrier
picard a lancé un appel au boycott
de la consultation dans un édito
intitulé « La Picardie outragée ».
Pour les autres régions, rien n’a
été établi. Des propositions seront
faites d’ici à juin pour Aquitaine-Limousin-Poitou-Charentes et, avant
la mi-avril, pour Midi-PyrénéesLanguedoc-Roussillon. g
10 |
InternatIonal
jdd | 13 mars 2016
États-unis Les primaires de mardi dans cinq États seront
décisives pour les adversaires du milliardaire ultraconservateur
s’ils veulent lui barrer la route de la Maison-Blanche
Contre Trump,
la guerre est déclarée
« Oui, Trump est un fasciste »,
affirme clairement au JDD le maire
de Miami, Tomás Regalado. À près
ascisme ». Le mot a
de 70 ans, cet Américain né à Cuba,
été lâché lundi matin
est un parrain du jeune sénateur de
par l’éditorialiste du
Floride et candidat républicain à la
Washington Post
primaire Marco Rubio, qu’il a vu
Dana Milbank. Moins
naître en politique. Rubio a participé
d’une semaine avant les incidents de
à la première campagne municipale
vendredi soir, qui ont opposé les partidu maire avant de se lancer à son
cipants au meeting de Donald Trump
propre compte et devenir président
à Chicago à des centaines de manifesde la Chambre des Représentants
tants associatifs venus protester contre
du Sunshine State à 29 ans puis
la xénophobie du
sénateur dix ans
candidat milliar- « Pendant quatre
plus tard. Regadaire, Milbank
lado argumente :
avait donc enfoncé cents ans, ce pays
« Quand Trump
parle le langage
le couteau dans la était à 80 % blanc,
de la haine pour
plaie. Face à la
s’en prendre aux
colère des mani- demain ce sera
festants et aux l’inverse. Ce n’est pas musulmans, aux
Mexicains, aux
risques d’incidents
graves, Trump a normal de défier ainsi femmes ou aux
handicapés, ce
annulé son mee- l’équilibre ethnique
ting, ce qui a dén’est pas pour procuplé la rage de d’un pays »
mouvoir la race
ses partisans. Les Ann Coulter, essayiste,
aryenne, mais ça
insultes racistes soutien de Donald Trump
me fait peur. Ce
ont fusé dans le
populisme-là, je
stade de l’université où devait se tenir
l’ai bien connu avec Fidel Castro ou
le rassemblement.
Hugo Chávez quand ils s’en prenaient
Milbank avait été estomaqué par
aux riches. » Le maire de Miami,
qui a vu grandir cette immense
cet autre meeting, samedi 5 mars à
ville hispanique à l’image d’une
Orlando, au cours duquel Donald
Amérique qui se métisse de jour
Trump avait demandé à la foule
présente de lui faire allégeance à
en jour, se souvient de l’époque où
main levée. Puis par ces remarques
certains endroits publics de sa ville
répétées et insistantes du milliardaire
étaient « interdits aux Cubains et aux
justifiant la violence de ses partisans
chiens ». Il ne veut pas revenir en
lorsque ses meetings sont perturbés
arrière.
par des opposants, la plupart du
temps noirs ou latinos. Trump fas« Trump est un gagnant »
ciste ? Violent ? Est-il encore temps de
Voilà un avis qui est évidemment loin d’être partagé par les
l’éliminer de la compétition ? Avant
qu’il ne soit trop tard ?
électeurs de Trump, à qui les der-
F
MiaMi, Fort LauderdaLe (FLoride)
Envoyé spécial
François CLeMenCeau
@Frclemenceau
«
Des supporters du candidat républicain Ted Cruz à Coral Gables (Floride), jeudi.
angel Valentin /POlaris POur le Jdd
niers sondages donnent 15 points
d’avance en moyenne en Floride
pour la primaire de mardi. Jeudi, à
quelques heures du débat télévisé
qui devait opposer les quatre candidats républicains à Miami, la grande
prêtresse du conservatisme américain, l’essayiste et pamphlétaire
Ann Coulter, était en ville. Venue
faire la promotion de son dernier
livre, Adiós, América. Le plan de la
gauche pour nous emmener vers l’enfer du tiers-monde. Dans une librairie élégante de Coral Gables, elle
dédicace son livre à des policiers
en uniforme ou à des gars baraqués
aux cheveux ras. Comme Erik,
45 ans, casquette Trump vissée
sur le crâne. Le gaillard est entrepreneur dans les travaux publics :
« Trump est un gagnant, il fait du
business dans le monde entier. Et
sur les immigrés, il a raison. Moi, j’ai
dû en embaucher des dizaines pour
Le marathon de l’investiture républicaine : 1.237 délégués pour gagner
Nombre de délégués acquis
au 12 mars 2016
459
152
360
Ted Cruz
Donald Trump
54
Marco Rubio
John Kasich
États votants mardi 15 mars (nombre de délégués à élire)
Washington
Oregon
Dakota du
Nord
Montana
Idaho
Wyoming
Californie
Utah
Minnesota
Vermont
Wisconsin
Dakota du
Sud
Colorado
Nouveau
Arizona Mexique
New York
Iowa
Géorgie
Texas
Alaska
Louisiane
Hawaï
Porto Rico
Maine
Massachusetts
Michigan
Rhode Island
Illinois
Ohio Pennsylvanie
Connecticut
(69) Indiana (66) West
New Jersey
Missouri
Kansas
Virginia
Delaware
Kentucky
(52)
Virginie
Maryland
Tennessee
Oklahoma Arkansas
District of Columbia
Nebraska
Nevada
New
Hampshire
Alabama
Caroline du Nord (72)
Caroline du Sud
Floride (99)
Mississippi
Source : AP/New York Times
mes chantiers mais je vois bien qu’ils
veulent toucher les allocations et ne
pas payer d’impôts. » Ce raccourci,
que contestent les élus démocrates
et le patronat américain, n’est rien
à côté de ce qu’entrevoit Ann Coulter. « Je suis triste pour ces gens
qui souffrent dans leur pays, mais
je suis surtout triste pour ceux qui
souffrent dans mon pays, confie-elle
au JDD. Le quart de la population
mexicaine est déjà entrée chez nous
et c’est pourquoi j’espère que Trump
ne sera pas stoppé. Il faut d’abord
nous sauver nous-mêmes, si on ne le
fait pas, on est morts. Pendant quatre
cents ans, ce pays était à 80 % blanc,
demain, ce sera l’inverse. Ce n’est
pas normal de défier ainsi l’équilibre
ethnique d’un pays. »
Des pro-Trump, il y en a partout en Floride. Surtout lorsqu’on
remonte de Miami vers le nord.
Comme à Fort Lauderdale, l’une
des villes qui a le plus souffert de la
crise des subprimes de 2008. Barry
Goldkind est agent immobilier. « Je
suis né démocrate dans une famille
juive de Washington, raconte-t-il.
Mon père a débarqué sur les plages
de Normandie après avoir fui les
pogroms de Pologne dans les années
1930… Voilà d’où vient mon patriotisme. Mais je me suis rendu compte,
après avoir voté pour Clinton puis
Gore en 2000, qu’ils nous avaient
menti sur le terrorisme. Depuis le
11-Septembre, je vote donc républicain. Lorsque j’ai pris ma carte chez
eux, j’avais les larmes aux yeux. »
Et Trump ? N’est-ce pas lui que
la plupart des organisations juives
du pays ont dénoncé pour ne pas
s’être distancé immédiatement du
soutien que lui apportait récemment l’un des chefs du Ku Klux
Klan ? « Trump n’est pas antisémite.
Sa fille s’est convertie au judaïsme,
il est de New York et il a présidé la
parade d’Israël sur la 5e Avenue. »
Avant de conclure : « Avec tous ces
musulmans qui s’installent chez
nous et qui considèrent leur maison
ou leur mosquée comme une terre
Comme ici à Chicago (Illinois), vendredi, où la police a fait
visant Trump sans le nommer, a appelé les candidats à
d’islam, il nous faut un nationaliste
à la Maison-Blanche. »
« Si Rubio perd la Floride... »
Dans le camp Rubio, la grande
question est donc de savoir comment
arrêter Trump à temps. Le jeune sénateur a déjà appelé ses troupes dans
l’Ohio à soutenir le gouverneur local,
John Kasich, le petit dernier dans
la course aux délégués. S’il gagne
dans son propre fief, il empêchera
Trump de rafler les 66 délégués
qu’offre cet État pour la convention
de l’été prochain qui se déroulera
justement dans l’Ohio, à Cleveland.
Et en Floride ? Les militants proRubio s’activent comme des fous
La course de
ELLE AuRAIT PEuT-êTRE
préféré que son adversaire
« socialiste » s’effondre plus tôt.
Mais Hillary Clinton a retenu
les leçons de son échec en 2008
face à Barack Obama : à l’époque,
elle avait tout misé sur une victoire rapide alors qu’Obama
avait adopté la stratégie de la
tortue. « Bernie gagne certaines
primaires, j’en gagne d’autres,
ce qui compte, c’est d’avoir la
majorité des délégués pour la
Convention », a-t-elle donc assuré
mercredi soir lors de son débat
télévisé de Miami avec Sanders.
Le mode de scrutin proportionnel des primaires démocrates
ralentit le rythme d’acquisition
des délégués, mais à ce stade,
l’ancienne secrétaire d’État en a
deux fois plus que son concurrent
et n’entend pas s’arrêter en si bon
chemin. Elle est donnée gagnante
en Floride et dans l’Ohio, dans
l’Illinois (l’État de Barack Obama,
ce qui en fait un véritable test sur
la popularité du président dans
son propre camp après deux
mandats), en Caroline du Nord,
InternatIonal | 11
jdd | 13 mars 2016
Dilma Rousseff
joue sa survie
Dilma Rousseff à Rio de Janeiro, jeudi. RiCARDO MORAeS/ReuteRS
BRésil l’opposition appelle à une manifestation nationale
aujourd’hui pour demander la démission de la présidente
brésilienne, engluée dans le scandale Petrobras
Rio de JaneiRo (BRésil)
CorrespondanCe
adèle smith
évacuer la salle, les derniers meetings de Donald Trump ont été émaillés d’incidents. Ces violences ont choqué jusqu’au président Barack Obama, qui,
cesser les « insultes et les railleries de cour d’école ».
ChRiS SweDA/AP/SiPA
pour faire gagner leur champion.
Daniela Ferrara, 18 ans, fait du porteà-porte depuis deux semaines. Elle
s’identifie à Rubio. Elle a débarqué
avec sa famille de Cuba à Miami à
l’âge de 3 ans. « Nous sommes arrivés ici sans un sou, comme Rubio, et
il a fallu refaire notre vie. Rubio va
réunifier le parti et construira des
ponts, pas des murs. Si Trump obtient
la nomination, c’est la fin du parti.
Et s’il est président, ce sera la fin de
l’Amérique comme superpuissance. »
Chris Willis, 35 ans, activiste conservateur, rentre lui aussi de tournée
électorale dans le nord de la Floride. « Trump ne fait que cracher de
la haine et il ridiculise le parti. Rubio
n’est pas stupide. C’est l’outsider qu’on
ne voit pas venir, toutes ses élections
passées l’ont prouvé. » C’est vrai que
Rubio l’a toujours emporté jusqu’à
présent en partant de rien, mais en
attendant mardi, tout le monde est
d’accord sur le pronostic : si Trump
rafle les 99 délégués de Floride et
en profite pour gagner au passage
la Caroline du Nord, le front qui se
coalise contre lui aura vraiment
intérêt à se renforcer.
« Si Rubio perd la Floride, je
ne vois pas comment il peut continuer », commente Gregory Koger,
professeur de sciences politiques à
l’université de Miami. « Il manque
d’argent. Les Super PAC [comités
lenteur de Hillary Clinton
et elle est au coude-à-coude avec
Sanders dans le Missouri.
Comme Obama en 2008 et
2012, Hillary a beaucoup investi
sur le vote des minorités et notamment sur le vote latino, capital en
Floride avec l’électorat d’origine
cubaine et portoricaine. « C’est
notre moment à nous les Latinos »,
confie au JDD Julian Castro, le
jeune ministre du Logement d’origine mexicaine de Barack Obama
et bien placé pour devenir candidat à la vice-présidence sur le
« ticket » de Hillary à la Convention. « Depuis 2012, trois millions
Partisans de Bernie Sanders à Coral Gables (Floride), jeudi. Angel VAlentin /POlARiS POuR le JDD
électoraux sans limites de dépense
et théoriquement sans relation
directe avec un candidat en particulier] peuvent aider à faire de la
publicité négative contre Trump,
mais ce ne sont pas eux qui financent
les avions, les hôtels, les ouvertures
de permanence et les locations de
stade. » Or il reste plus d’une vingtaine d’États qui doivent voter d’ici
au mois de mai. Trump a non seulement toutes les outrances pour
illustrer son argumentaire populiste
mais également la fortune nécessaire
pour le défendre, la sienne. g
lejdd.fr « Bureau ovale, saison 3 », la
campagne présidentielle par épisodes
de jeunes Latinos ont fêté leurs
18 ans, ce qui s’ajoute à l’électorat
déjà existant, qui atteint presque les
30 millions », poursuit-il. Avant de
mettre en avant l’hypothèse d’un
duel Trump-Clinton : « Il nous
provoque, mais s’il veut vraiment
déporter tous les immigrés sans papiers, cela suscitera un sursaut dans
notre communauté. » Ce qui reste
à démontrer. Pour Henry Muñoz,
trésorier du Parti démocrate,
« Trump attire plus de monde que
nous vers les urnes parce que c’est
une star de la téléréalité. Mais s’il
obtient la nomination, la menace
qu’il représente sera telle que cela
motivera puissamment les gens
pour aller voter contre lui. » Et le
patron des sondages de la campagne de Hillary, Joel Benenson,
de commenter : « On gagnera en
2016 parce qu’on est plus unis que
les Républicains et qu’ils sont complètement déconnectés des réalités
sur l’immigration et les questions
de société. Cela devrait galvaniser les électeurs dans les États qui
comptent. » À l’image de la Floride
et de l’Ohio… F.C. (à miami)
réduction de peine avec la justice
dans l’affaire Petrobras.
Pour Dilma Rousseff, les ennuis
ne s’arrêtent pas là. Elle est aussi
confrontée au délitement de son
propre camp. Le grand allié centriste de sa coalition, le Parti du
mouvement démocratique brésilien (PMDB), parti au cœur des
transitions politiques depuis la fin
de la dictature, s’est réuni hier en
congrès national à Brasilia pour
définir sa stratégie. Il a finalement
décidé de reporter sa décision sur
la procédure de destitution lancée
en 2015 contre la présidente pour
maquillage des comptes publics.
Mais de nombreux députés ont
d’ores et déjà averti qu’ils ne la
soutiendraient plus. Le Tribunal
fédéral suprême doit fixer mercredi le calendrier de la procédure
de destitution.
C’est le week-end de tous les dangers pour Dilma Rousseff, en plein
naufrage politique. Galvanisée par
les déboires de l’ex- président Lula
et les récentes révélations liant
pour la première fois la chef de
l’État brésilienne au vaste scandale
de corruption Petrobras, l’opposition a appelé les Brésiliens à descendre dans la rue aujourd’hui
pour réclamer sa démission. Des
risques de confrontation ne sont
pas écartés. Sur la défensive,
Dilma Rousseff a exclu vendredi
tout départ. Mais, signe de son
impuissance, elle a appelé à l’aide
son mentor, en proposant à Lula
un poste dans son gouvernement.
Elle ne pouvait choisir pire
moment, l’icône de la gauche est
au cœur de la tempête. Déjà soupçonné d’être l’un des « principaux
« Sept à huit personnes
vont lâcher le morceau »
bénéficiaires » du système Petrobras et humilié la semaine dernière
Il y a quelques semaines encore,
par une brève interpellation, il
les chances de survie politique de
est aussi accusé de blanchiment
la présidente semblaient intactes
d’argent, faux et usage de faux
mais désormais, les paris sont
dans une autre affaire, et menacé
ouverts. « Je doute qu’elle reste au
de prison. Même si une partie de
pouvoir jusqu’aux Jeux olympiques
l’opinion reste persuadée de l’ins[en août] », prévient Gabriel Petrus,
trumentalisation de la justice par
consultant politique au cabinet Bardes médias réputés hostiles au Parti
ral M. Jorge, selon lequel la classe
politique semble désormais « plades travailleurs, la formation de
Lula et Dilma
cer la survie du
Rousseff, les
système démocra« Je doute qu’elle
accusations
tique brésilien aude corruption reste au pouvoir
dessus de celle de
se font chaque
la présidente ». Il
jour un peu jusqu’aux JO »
estime que la soplus précises Gabriel Petrus, consultant politique ciété brésilienne,
à l’encontre de
qui soutient
l’enquête contre
l’ex-président.
De quoi attiser l’exaspération d’une
Petrobras, est également « prête à
population touchée de plein fouet
sacrifier Lula et Dilma au nom de la
par une grave crise économique.
lutte contre la corruption ».
Lula a habilement choisi la straté« La situation est très grave à la
gie du martyr. Lui comme sa profois pour Lula et Dilma Rousseff, »
tégée nient les accusations.
assure de son côté David Fleischer,
professeur à l’université de Brasilia.
Révélations chocs
D’après le politologue, l’enquête
Les médias brésiliens multicontre Petrobras promet de nouplient quant à eux les révélations
veaux rebondissements dans les
chocs. Après avoir affirmé le 3 mars
semaines à venir, lorsque les lanque la présidente avait manipulé
gues de personnalités politiques et
l’enquête contre Petrobras, l’hebhommes d’affaires proches de Lula
domadaire Istoé revient à la charge
et Dilma Rousseff arrêtés récemce week-end en assurant qu’elle a
ment vont se délier. « Sept à huit
reçu des pots-de-vin liés au barrage
personnes entrées ou sur le point
de Belo Monte pour financer ses
d’entrer en négociation de réduction
campagnes électorales. Des accude peine avec la justice vont lâcher
sations fondées sur les révélations
le morceau, comme le sénateur
Delcídio do Amaral, affirme-t-il.
supposées d’un sénateur du parti
au pouvoir, Delcídio do Amaral,
Il faut s’attendre à des révélations
lequel serait en négociation de
accablantes. » g
12 | InternatIonal
JDD | 13 mars 2016
« Mutti » fait de la résistance
AllemAgne Fragilisée par la crise des réfugiés, Angela Merkel pourrait être sanctionnée lors des élections organisées
aujourd’hui dans trois Länder. Mais il en faudra plus pour déboulonner la chancelière
tout le temps, pourquoi elle a choisi
l’ouverture. »
Pour l’instant, les candidats qui
s’en sortent le mieux sont ceux qui
dévient du cours officiel du parti.
En Rhénanie-Palatinat, la tête de
liste, la puissante Julia Klöckner,
souvent présentée comme une potentielle future chancelière, a fait
campagne autour d’un plan alternatif très strict sur les conditions
d’intégration des réfugiés. Elle a
reçu le soutien de Horst Seehofer
(CSU), le patron des Bavarois, l’un
des principaux frondeurs chez les
chrétiens-démocrates. En SaxeAnhalt, le ministre- président
CDU, Reiner Haseloff, a, lui, osé
un slogan digne de l’extrême
droite : « Nos gens, notre patrie ! »
Ce soir, incontestablement, cette
motion-là, que la chancelière était
parvenue à étouffer au congrès de
décembre, sera renforcée.
Berlin (AllemAgne)
CorrespondanCe
Hélène KoHl
Suivra-t-elle la soirée électorale
depuis le siège de la CDU ? Ou
dans son bureau, au 7e étage de
la chancellerie ? Angela Merkel
prendra-t-elle acte des premières
tendances en tant que présidente
des conservateurs ou dans ses habits de chef de gouvernement ? La
posture qu’elle adoptera ce soir
donnera le ton des prochains
mois.
En tant que présidente du
parti chrétien-démocrate, elle
trouvera, sans doute, motif à satisfaction. Certes, dans le BadeWurtemberg (Sud), on annonce
une débâcle pour les conservateurs (– 10 points par rapport à
2011). Mais la victoire est acquise
en Saxe-Anhalt (Est). Enfin, la
CDU pourrait rafler ce soir au
SPD (sociaux-démocrates) son
bastion de Rhénanie-Palatinat
(ouest). C’est la première leçon à
tirer de ce triple scrutin régional :
ne jamais sous-estimer la puissance du fédéralisme allemand.
Les derniers sondages, contradictoires d’une région à l’autre,
sont autant de mises en garde à
ceux qui penseraient trop vite que
se joue ce dimanche une répétition générale des législatives de
2017. Angela Merkel, en fine tacticienne, a fait les comptes. L’équilibre au Bundesrat, la chambre des
Länder, restera inchangé. À court
terme, aucune conséquence pour
l’inébranlable dame de fer.
Apparition d’une extrême droite
comme ailleurs en Europe
Mais la chancelière pourrat-elle ignorer la valeur symbolique
de ce premier rendez-vous électoral depuis le début de la crise des
réfugiés ? Aujourd’hui, 12,7 millions d’Allemands se rendent aux
urnes ; quatre sur cinq déclaraient
Hier, à Haigerloch, Angela Merkel est venue prêter main forte à Guido Wolf, tête de liste CDU du Bade-Wurtemberg, où l’on vote
aujourd’hui. KAI PFAFFENBACH/REUTER
début mars que la question de
l’accueil et l’intégration des
migrants allait influencer leur
vote. Seule tendance commune
aux trois Länder : une forte poussée de la contestation, portée par
le parti Alternative pour l’Allemagne (AfD), qui s’attend à un
dimanche triomphal (les sondages
le donnent à 19 % dans l’Est).
La formation populiste, qui
flirte avec les thèmes des néonazis
du NPD, a fait campagne contre
les migrants, contre l’Europe et
surtout contre Angela Merkel.
« La chancelière a mené la CDU
de plus en plus à gauche. Donc
il y a une place maintenant sur
l’échiquier politique pour ce type
de parti, souligne le politologue
Matthias Jung. C’est l’apparition
d’une extrême droite telle qu’on
la connaît dans les autres pays
d’Europe de l’Ouest. » Quelles
que soient les performances de
la CDU ce soir, la chancelière
va donc encaisser une profonde
défaite. Une défaite morale : celle
d’avoir créé les conditions d’une
installation durable de l’extrême
droite en Allemagne.
À la CDU, les doutes sont de
retour. « Si on perd le lien avec le
peuple, on perd notre identité »,
confie ainsi un cadre du parti,
qui montre des e-mails reçus ces
dernières semaines. Les candidats
sur le terrain et les élus locaux
lui racontent être bombardés
de messages de haine. « Un vieil
homme est venu chez moi pour me
dire qu’il fallait fusiller la chancelière ! », témoigne, de son côté,
Henryk Wichmann, député CDU
de Templin (Nord-Est), la circonscription natale d’Angela Merkel.
« Même ici, sur ses terres, les gens
ont désormais l’impression de ne
plus la comprendre. Beaucoup
sympathisent avec l’AfD. » Très
chrétien, Wichmann fait partie de
ceux qui soutiennent bec et ongles
la ligne de la chancelière. En ce
mercredi enneigé, Wichmann a
rendez-vous avec le pasteur de sa
paroisse rurale : « Il est de notre
devoir de mieux expliquer, partout,
Un soutien inespéré
à gauche
Mais « infléchir sa ligne maintenant embrouillerait encore plus
les Allemands », souligne l’élu
local Henryk Wichmann, en
contact avec une base composée essentiellement de militants
vieillissants qui ont besoin « d’être
rassurés ». Il renvoie à la dernière
intervention télévisée de la chancelière, il y a deux semaines. Angela Merkel avait frappé par sa
détermination, sa combativité. Sa
popularité était d’ailleurs repartie
à la hausse. Malmenée dans son
propre camp, elle peut encore
compter sur un large soutien de
la part de la gauche : selon un
sondage publié dans le Spiegel,
79 % des électeurs Verts, 62 % des
électeurs SPD et 46 % des électeurs d’extrême gauche jugent son
travail très satisfaisant ! Même si
elle était poussée à organiser des
élections anticipées, l’heure de la
fin de règne n’a pas sonné. g
Les mystérieux fichiers de Daech
Authentiques ou pur montage ?
Beaucoup de questions
entourent encore les documents
qui révéleraient les noms
de 22.000 combattants
de l’organisation état islamique
KAren lAjon
@karenlajon
« Nom : Abou Goma al-Almani
[Abou Goma l’Allemand]. Lieu
de naissance : Allemagne. Ville de
résidence : Francfort. Métier : soldat dans l’armée allemande. Niveau
de charia : débutant. Nom de la
mère : caché. Point d’entrée : Azaz
[frontière turco-syrienne]. Date
d’entrée : le 7 juillet 2013. Lettre de
recommandation : Abou Sohail alChiChani [Abou Sohail le Tchétchène]. Affaires laissées : portable
et 200 euros. Niveau d’obéissance
aux ordres : néant. Groupe sanguin :
néant. Lieu du meurtre : néant. »
Cette fiche de renseignements
de combattant de l’organisation État islamique est l’une des
22.000 récupérées par Sky News.
Selon la chaîne britannique, elles
ont été fournies par un déserteur
de Daech, qui, avant de fuir, aurait
copié sur une clé USB ces informations explosives. Les journalistes de
Sky News les auraient transmises
à la justice de leur pays. Les précieux questionnaires auraient été
remplis par des ressortissants de
plus de 55 nationalités. Selon le site
basé au Qatar Zaman Alwasl, de
nombreux doublons limiteraient
en fait le total de ces fiches à 1.700
noms. Seize Français y figureraient,
dont les trois terroristes qui ont
tué 90 personnes au Bataclan le
13 novembre. Selon les médias
allemands, le nom d’Abdelhamid
Abaaoud, l’un des principaux organisateurs des attaques de Paris, est
également cité mais seulement en
tant que « garant » pour l’entrée en
Syrie d’un autre djihadiste français.
« L’important,
c’est que l’on parle de vous »
Dès la sortie des documents,
mercredi 9, des voix se sont élevées
pour mettre en doute leur authenticité. Logo peu conforme, erreurs
grammaticales, formulations douteuses… En France, certains spécialistes se sont également interrogés sur cette question, « lieu du
meurtre », selon eux incompatible
avec la sémantique djihadiste qui
privilégie l’expression « martyr ».
Mais pour cet autre spécialiste,
qui réside en Égypte, cette question formulée ainsi renvoie, au
contraire, à la genèse de l’organisation : « Elle a été fondée par
d’anciens officiers laïcs du renseignement de Saddam Hussein, tournés vers un terrorisme dépourvu de
connotation religieuse. La preuve
que la religion est devenue plus tard
un instrument, et non pas une réelle
croyance. » La police allemande
a jugé jeudi que la liste des combattants allemands de Daech était
« probablement authentique ».
Fiches de
renseignements
de combattants
de l’EI
récupérées
par la chaîne
britannique,
Sky News. AFP
Côté français, on affirmait hier
que ces fichiers n’étaient parvenus
ni au ministère de l’Intérieur ni à
la justice. Bernard Cazeneuve s’est
contenté, vendredi, de dire qu’il
fallait rester « très prudent » quant
à l’authenticité de ces documents.
L e c o m m e n t a i r e, p o s t é
vendredi sur son compte Facebook, d’un djihadiste actuellement en Syrie, tendrait cependant
à les crédibiliser. Hani Dahab, un
Égyptien, ancien de Daech passé
au Front Al-Nosra, branche syrienne d’Al-Qaida, expliquait dans
un langage imagé ce qu’il pensait
du scoop de Sky News. Voici ces
mots : « Le microscope qu’on a
utilisé pour surveiller les moudjahidine ne peut pas vous faire
du mal. Il vous fait, au contraire,
grand honneur. L’important, c’est
que l’on parle de vous, même quand
on vous abandonne ou que l’on vous
trahit. Continuez la route du djihad
et ne regardez pas ces accidents de
parcours. » g
Autour du monde | 13
jdd | 13 mars 2016
Tunisie
Les autorités
peuventelles contrer
la menace
djihadiste?
La chasse à l’homme continue à Ben Guerdane.
Six jours après l’attaque djihadiste sur cette ville
située à 35 km de la frontière libyenne, l’armée
tunisienne continue de ratisser les environs à la
recherche de membres du commando. Lundi, au
moins une cinquantaine d’hommes armés ont occupé le centre-ville pendant une heure avant d’en
être délogés par l’armée. Le bilan est lourd : 7 victimes civiles, 13 parmi les forces de l’ordre ainsi que
17 blessés ; 49 terroristes ont été abattus et 9 capturés. La plupart sont Tunisiens et certains ont
affirmé appartenir à l’organisation État islamique
(EI). L’assaut n’a pas été revendiqué.
Cette offensive a choqué le pays, qui se pose
désormais une question : les autorités mobilisentelles les moyens suffisants pour faire face aux djihadistes ? En moins d’un an, c’est la quatrième attaque
d’ampleur qui frappe la Tunisie. Auparavant, il y a
eu celle du musée du Bardo à Tunis, dont le premier
anniversaire sera célébré vendredi, celle de l’hôtel
de Sousse en juin et l’attentat-suicide contre un bus
de la garde présidentielle en novembre (plus de
70 victimes). C’est dans ce contexte que s’inscrivent
les événements de Ben Guerdane. Fin février, un
membre de l’EI capturé en Libye déclarait dans
une vidéo que « 200 combattants [allaient] attaquer
À Ben Guerdane, jeudi. CHINE NOUVELLE/SIPA
la ville ». Le 2 mars, les forces tunisiennes avaient
déjà abattu 5 terroristes à 12 km de Ben Guerdane.
Combattants « made in Tunisia »
Ils auraient pénétré en Tunisie depuis la
Libye, où le groupe terroriste compterait près de
5.000 combattants. « Ceux qui ont attaqué lundi
font partie du même groupe, indique un policier sur
place. On a trouvé des véhicules abandonnés près de
la frontière, c’est très probablement les leurs. » Les
djihadistes auraient donc passé clandestinement la
frontière, montrant les limites de la mesure annoncée par Tunis l’été 2015 : le « système d’obstacles »
érigé face à la Libye. Constituée d’une tranchée et
d’un monticule de sable, cette barrière est longue
de 200 km. Reste à y installer un mécanisme de
surveillance électronique, qu’Allemands et Américains pourraient contribuer à mettre en place.
Sans ce dispositif, la frontière au milieu du Sahara
reste une passoire.
Cet assaut montre aussi que le pays, pourtant
placé sous état d’urgence depuis plus de trois mois,
pèche en matière de renseignements. D’autant
que cette attaque est d’un genre nouveau, comme
l’explique Michael Béchir Ayari, de l’International Crisis Group : « Elle s’apparente à une tentative
insurrectionnelle, coordonnée par une cinquantaine
de membres de cellules dormantes de l’EI à Ben Guerdane. » Ce qui confirme qu’il y a bien un djihadisme
made in Tunisia. Selon l’ONU, ce pays est l’un des
plus gros pourvoyeurs de djihadistes : plus de
5.500 Tunisiens sont partis combattre à l’étranger,
dont 1.000 à 1.500 en Libye. Une partie d’entre eux,
en prison avant 2011, a profité de l’amnistie générale
lors de la révolution.
Camille Dubois (à Tunis)
Htin Kyaw
à Naypyitaw
(Birmanie),
le 1er février.
dernière heure
SOE ZEyA TUN/
REUTERS
syrie Le chef de la diplomatie
syrienne, Walid Mouallem, a affirmé
hier que la délégation gouvernementale n’attendra pas plus de « vingtquatre heures » l’arrivée de la délégation de l’opposition aux pourparlers
de paix, qui doivent débuter demain
à Genève. Il a réaffirmé que le sort du
président Bachar El-Assad demeurait
une « ligne rouge ». La relance de
ces discussions est rendue possible
par une « cessation des hostilités » en
Syrie qui, selon États-Unis, est « en
général » respectée.
REUTERS
Corée du nord Le régime a
perdu en début de semaine un de ses
70 sous-marins, victime d’une avarie
alors qu’il était en opération au
large de la côte orientale de la Corée
du Nord, a-t-on appris hier par les
médias américains. Fébrile depuis le
début des manœuvres menées par
les troupes sud-coréennes et américaines, les plus importantes jamais
effectuées, Pyongyang a menacé hier
de lancer un « blitzkrieg » contre ces
forces ennemies et de « libérer toute
la Corée du Sud et Séoul ».
REUTERS
1.300
C’est le nombre de femmes violées entre avril
et septembre 2015 par le camp gouvernemental
dans l’État unity, au soudan du sud.
Un rapport de l’ONU publié vendredi dénonce « une situation
des droits de l’homme parmi les plus horribles dans le monde »,
alors que le pays a sombré dans une guerre civile.
Le Leader de La semaine
On le présente souvent comme son
« chauffeur personnel ». Mais Htin Kyaw,
ami d’enfance d’Aung San Suu Kyi, est
plus que ça : un intellectuel renommé,
diplômé d’Oxford, fils d’un célèbre
écrivain birman, rare compagnon de
dissidence à avoir pu lui rendre visite
pendant ses quinze années d’assignation
à résidence… et qui lui a effectivement
servi de chauffeur les fois où elle a pu
sortir de chez elle. Sauf coup de théâtre,
cet économiste de 69 ans devrait devenir,
dans quelques jours, le premier président
démocratiquement élu de Birmanie, après
cinquante ans d’une
dictature militaire qui a
Membre de la garde ruiné le pays.
Grande gagnante des
rapprochée et
chauffeur personnel élections législatives
d’Aung San Suu Kyi, du 8 novembre,
cet économiste l’ancienne dissidente
de 69 ans devrait Aung San Suu Kyi a
être élu président négocié pendant des
de Birmanie mois avec les militaires
pour contourner un
article de la Constitution héritée de
la junte, interdisant la fonction de
président à quiconque a des enfants
de nationalité étrangère – ses deux fils
sont britanniques. En vain. La Dame
de Rangoun a finalement renoncé à ses
ambitions présidentielles, jeudi, et choisi
ce fidèle pour la remplacer.
« Discret » et « intègre », Htin Kyaw
n’a pas encore fait d’apparition publique.
Il est quasiment certain d’être élu au
Parlement, où le parti d’Aung San Suu
Kyi, la Ligue nationale pour la démocratie
(NLD), est majoritaire. Reste à savoir
comment le pouvoir s’exercera au
quotidien entre « Mère Suu », dont la
rigidité est dénoncée jusque dans son
parti, et son homme lige… Aung San Suu
Kyi compte tirer les ficelles sans occuper
de fonctions officielles, à la manière
d’une Sonia Gandhi en Inde, et changer
le système pour accéder au pouvoir d’ici
à deux ans. À moins qu’elle ne devienne
ministre des Affaires étrangères ? Elle
devra en tout cas batailler avec les
puissants militaires, qui nommeront
trois ministres clés (Défense, Intérieur et
Frontières) au sein du gouvernement.
Htin Kyaw
Venezuela L’opposition, vainqueure des législatives du 6 décembre, a
enclenché hier un « mouvement de pression populaire » pour tenter de faire partir le président Nicolás Maduro, avec des manifestations organisées à Caracas et
dans 15 des 23 États du pays. La vaste coalition de la Table de l’unité démocratique (MUD) cherche à appuyer deux procédures légales lancées cette semaine
pour écourter le mandat du chef de l’État : un référendum révocatoire et une
modification de la Constitution pour raccourcir son mandat.
La phrase
« il ne doit y avoir aucune concession à la Turquie
en matière de droits de l’homme ou de critères
de libéralisation des visas »
François hollande, hier, avant le sommet ue-Turquie sur la question des migrants de jeudi et vendredi à Bruxelles
Camille neveux
@camille_neveux
14 |
société
jdd | 13 mars 2016
pédOphilie Alors que les témoignages de victimes du père Bernard Preynat se multiplient,
des retombées de cette affaire. Le cardinal Barbarin a appelé à la rescousse un cabinet de gestion
Le diocèse de Lyon sous pression
P
anique dans le diocèse de
Lyon. Depuis la mise en
examen le 27 janvier du
père Bernard Preynat, qui a
déjà reconnu l’agression de
13 jeunes garçons devant le juge (dont
trois viols), c’est tout l’archevêché qui
vacille, le cardinal Barbarin en tête.
Après des aveux en 1991, le père Preynat a en effet poursuivi son ministère
dans plusieurs paroisses de la Loire et
du Rhône. Et ce jusqu’au 31 août 2015.
Cette affaire pose la question du traitement de la pédophilie au sein de
l’Église française. « Nul ne sait ce que
cache la vie des paroisses », ironise un
fin connaisseur de l’institution pronostiquant un effet boule de neige.
Déjà, des témoignages évoquant des
affaires de pédophilie dans d’autres
régions affluent sur le blog ouvert
par l’association des victimes du père
Preynat, La parole libérée.
« On a l’oeil sur lui »
Pour l’heure, c’est la gestion du
dossier Preynat par le primat des
Gaules, Mgr Barbarin, qui est sous
les feux de l’actualité. Deux cabinets
d’avocats – dont celui de l’ancien premier adjoint de Raymond Barre à
Lyon, André Soulier –, et une agence
spécialisée dans la gestion de crise,
Vae Solis, n’ont pas réussi à inverser
la pression. L’un des conseils en stratégie de cette dernière, Guillaume
Didier, ancien vice-procureur reconverti dans la communication, a été
appelé à la rescousse par le cardinal
il y a une quinzaine de jours.
Ordonné prêtre en 1977, Philippe
Barbarin était encore vicaire dans
des paroisses de la région parisienne au moment des faits, avant
1991. Le cardinal a d’ailleurs déclaré
dans les colonnes de La Croix qu’il
n’avait entendu parler de Preynat
qu’en 2007-2008, cinq ans après
sa nomination comme archevêque
de Lyon. « C’est peu précis, relève
Emmanuelle Haziza, avocate de
l’un des plaignants, mon client espère
qu’il ne cherche pas uniquement à se
protéger derrière la prescription. »
Le parquet de Lyon, qui a ouvert le
4 mars une enquête préliminaire
suite à plusieurs plaintes, veut savoir comment l’Église a géré le cas
Preynat, aussi bien à Lyon qu’à
Rome. Six personnes, dont le
cardinal Barbarin, sont dans le
collimateur des plaignants, et de
nombreuses questions restent en
suspens.
Exemples d’incohérences : en
2011, Laurent Duverger, l’une des
victimes lyonnaises, est reçu par
l’un des vicaires du cardinal. Ce
dernier lui déclare alors : « On a
l’œil sur lui [Preynat], il n’est plus
Didier et Christian, frères abusés
témOiGnaGe ils ont aujourd’hui
46 et 50 ans. l’un a subi des
attouchements, l’autre a été
violé par le père preynat, auquel
ils ont été confrontés il y a
quelques semaines. le « père »
était un ami de la famille…
lYOn (rhône)
ENVOYÉE SPÉCIALE
marie-christine taBet
@mc_tabet
« Lorsque l’église de notre paroisse
a été volée et souillée, le cardinal
Barbarin a célébré une messe de
réparation… Aujourd’hui, j’attends
qu’il le fasse pour demander pardon à chacune des victimes du pédophile. » Le 21 janvier, Michelle,
74 ans, a écrit à Mgr Barbarin. Elle
a glissé l’enveloppe dans la boîte
aux lettres de l’archevêché pour
être sûre qu’elle lui parvienne.
Mais elle attend toujours une
réponse. Mère de quatre enfants
et catholique pratiquante, cette
paroissienne n’a pourtant pas
perdu la foi : « Quand on traverse
de telles épreuves, elle se renforce
au contraire. » Pour l’instant,
Michelle se sent incapable de
pardonner. Comme sa fille Florence, elle a fait cesser ses prélèvements mensuels au denier
du culte.
Ses deux fils, Christian l’aîné,
aujourd’hui âgé de 50 ans, et
Didier le cadet, 46 ans, ont été
abusés par le prêtre pédophile ;
le premier violé, le second victime d’attouchements. Ils avaient
alors entre 9 et 15 ans. En janvier,
Bernard Preynat, confronté aux
deux frères, a confirmé l’intégralité de leurs déclarations,
sans discuter. À ce jour, il a reconnu 13 agressions sexuelles,
pour la plupart prescrites, dont
trois viols. Les anciens scouts
du groupe Saint-Luc (GSL) ont
déjà collecté 55 témoignages
crédibles. Bernard Preynat avait
Michelle et son fils Christian (à gauche), une des nombreuses victimes du père Bernard, à Lyon vendredi. De 1971 à 1991, le prêtre a accueilli des milliers d’enfants au sein du groupe scout Saint-Luc (à droite),
fondé GSL en 1971 avec 24 garçons. Vingt ans durant, la structure a accueilli chaque année
plus de 400 enfants, dont les plus
jeunes avaient 7 ans.
En 1991, il y avait bien eu
des rumeurs...
Michelle appartient à un
monde qui fuit l’exposition et la
publicité. Il faut avoir été invité
à pénétrer dans la cour de graviers pour découvrir derrière
de hauts murs décrépis l’imposante demeure du xixe siècle, le
vaste jardin, la volière de pigeons
paons, la piscine. Cette maison
sur les hauteurs de la colline qui
prie, Fourvière, elle y est née et y
a élevé sa famille dans un milieu
dont elle a décidé de transgresser
les codes pour raconter le calvaire de ses deux fils.
Pour elle, l’affaire Preynat
débute en 2010. Son mari, un
important chef d’entreprise, était
mort depuis sept ans. Un soir,
Didier vient lui annoncer que
son mariage va mal. Une digue
lâche. Il lui révèle que le père
Bernard, le charismatique patron
des scouts de Saint-Luc, a abusé
de lui lorsqu’il était enfant. Sonnée, Michelle lui rétorque que
« c’est impossible, qu’il l’a mariée
en 1995 » ! Le « père », comme elle
le désigne encore, avait laissé un
bon souvenir dans la famille. Un
homme de caractère doué d’un
sens de l’organisation peu commun. Il avait emmené les enfants
en Corse, en Grèce, à Rome…
Grâce à lui, certains avaient eu
le bonheur de visiter les jardins
du pape au Vatican. Et puis, il y
avait les processions aux flam-
Février 2015 : le vatican demande des « mesures disciplinaires »
Pourquoi le cardinal BarBarin a-t-il tardé pour
suspendre le père Bernard Preynat ? La réponse de Rome
sur le « cas Preynat » est tombée au tout début du mois
de février 2015. Or le primat des Gaules n’a pris son
décret de suspension que le 30 mai 2015. La lettre signée
par l’archevêque espagnol Luis Ladaria Ferrer, consultée
par le JDD, est pourtant très claire. Le secrétaire
de la Congrégation pour la doctrine de la foi, en fonction
depuis 2008, demande au cardinal « de prendre
les mesures disciplinaires qu’il juge nécessaires » et précise
que la situation rend pour Preynat « impossible toute
pastorale le mettant en contact avec des enfants ».
Le jésuite espagnol enjoint cependant l’archevêque
à « éviter tout scandale ». Le prêtre, qui fera une tournée
d’adieux dans les paroisses du doyenné que lui a confié
le diocèse en 2013, n’a finalement quitté sa cure qu’à la
fin du mois d’août 2015. Il dira à ses ouailles qu’il rentre
à Lyon pour des problèmes cardiaques… m-c.t.
beaux, les pique-niques. Michelle
Michelle écrit alors un courrier
le conviait fréquemment à déjeuau cardinal Decourtray pour souner. À la fin du repas, le chef de
tenir Preynat.
famille lui remettait souvent un
chèque, qu’il ponctuait d’une
Le prêtre choisissait ses proies
formule de gratitude : « Avec
parmi les jeunes scouts
tout ce que vous faites pour nos
En 2010, Michelle ne peut
enfants… »
croire que cet homme, ancien auJu s q u ’e n 1 9 9 8, B e r n a rd
mônier du collège, se soit servi de
Preynat était là pour les fêtes de
son fils, Didier, comme d’un objet
famille. Leurs noces d’argent en
sexuel. Puis elle s’est souvenue de
1989, la célébration du mariage
cet enfant brillant dont le comporde Florence en juin 1991, le baptement avait brutalement changé,
tême de la première petite-fille
de ses médiocres résultats scoen 1992… Convive agréable issu
laires, des mensonges, des ongles
de la bonne société stéphanoise,
rongés et du lit qu’il mouillait
le « père » était
fréquemment.
parfait, si ce n’est
Michelle sort
cette entêtante « Le père Bernard
d’une enveloppe
odeur de ciga- était un vieux
jaunie le compterillo. En 1991, il
rendu dactylogray avait bien eu salaud »
phié d’un psychod e s r u m e u r s Christian
logue consulté à
l’époque : « On a
conduisant à son
l’impression que
départ précipité.
Michelle était alors allée voir le
son image de marque s’est abîmée
[…]. Il est en phase de régression. »
curé de la paroisse, le père PlaPersonne n’avait alors compris.
quet, pour en avoir le cœur net.
« Il m’a dit que ce n’était rien, qu’il
Lorsque toute la famille est
avait juste eu un geste déplacé, une
mise au courant, en 2010, Chrissimple caresse dans le dos. Je l’ai
tian, le frère aîné entré au groupe
cru, se souvient-elle. Il m’a dit
Saint-Luc en 1976 à l’âge de 11 ans,
que le prêtre allait partir chez les
lâche : « Le père Bernard était un
Petites Sœurs des pauvres et qu’il
vieux salaud. » Sa sœur Florence
ne serait plus en contact avec des
est d’autant plus en colère qu’elle
enfants, mais qu’il n’y avait vraise souvient avoir croisé le prêtre
ment rien de grave. » Rassurée,
à Ars (Ain) le 8 mai 2008 et à
société | 15 *
jdd | 13 mars 2016
l’Église s’inquiète
de crise
au contact d’enfants. » Pourtant, en
2008 (lire ci-dessous), le prêtre accompagnait des enfants de chœur
à Ars, dans l’Ain, pour une journée
diocésaine ! Deux ans plus tard,
il était nommé doyen de douze
paroisses. Une « distinction » sans
« conséquence opérationnelle », se
défend aujourd’hui l’archevêché.
« Mais qu’ont pu faire les douze
autres prêtres du doyenné pour
qu’on ait choisi de distinguer Preynat », s’emporte Christine, la mère
d’Éric, une autre victime. M.-C.T.
qu’il avait fondé. rollanD QuaDrini pour le JDD
Lourdes, en juin de la même année.
À chaque fois, il encadrait des
groupes d’enfants. Elle prend alors
immédiatement contact avec une
avocate de l’officialité – le tribunal
ecclésiastique du diocèse –, qui se
renseigne et conseille d’écrire au
cardinal. Didier ne peut pas. Fin
du premier épisode.
En 2015, Didier découvre qu’il
n’est pas seul. Pendant vingt ans,
Preynat, prédateur sexuel hors
norme, a choisi ses proies parmi
les jeunes scouts. Les récits se
ressemblent. Des caresses sous la
tente prodiguées ou exigées, des
baisers sur la bouche, l’odeur, les
mots tendres, « c’est notre secret »,
« tu es mon petit garçon… » Il participe à la création de l’association
de victimes.
Michelle a un mauvais pressentiment. Elle appelle son fils
aîné, Christian. « Il m’en a fait
tellement. Je ne peux pas raconter », confie-t-il avant d’écrire, lui
aussi, son histoire sur le blog de
l’association. Dans une première
version, il raconte les attouchements. Dans une seconde, le viol.
Quelques jours après la publication
de son histoire, Christian raconte
en janvier son histoire devant un
enquêteur, capitaine de la police
judiciaire. Celui-ci le confronte
à Preynat, qui demande pardon.
Pour la première fois. g
Un prof face aux théories
complotistes
MANIPULATION Illuminati,
Reptiliens, versions
« alternatives » des attentats
du 11-Septembre ou de
« Charlie »… Face aux thèses
délirantes souvent véhiculées
par Internet, l’Éducation nationale
tente de réagir
Ce mardi, Franck
Schwab, professeur
d’histoire-géo au
lycée Henri-Loritz
de Nancy, évoque
avec sa classe
de seconde
« la nécessité
de s’informer »
face aux discours
conspirationnistes.
NANCy (MeURThe-eT-MOSeLLe)
EnvoyéE spécialE
MARIe QUeNeT
« Les Illuminati, vous connaissez ? »
Après une demi-heure de cours, la
question agit comme un coup de
fouet. Les élèves de seconde répondent au quart de tour : « C’est
une théorie du complot à propos de
ceux qui gouvernent le monde »,
définit l’un. « Ils ont un symbole :
une pyramide avec un œil », précise
un brun assis au dernier rang. « Il y
a plusieurs artistes américains, par
exemple Jay Z ! », avance un troisième. Ce mardi, Franck Schwab,
professeur d’histoire-géo au lycée
Henri-Loritz de Nancy, profite du
cours d’enseignement moral et
civique pour faire de la prévention.
Selon un sondage Ipsos, près
d’un jeune sur quatre croit aux
Illuminati ! Avec Internet, les discours complotistes prennent de
l’ampleur. Le ministère de l’Éducation y consacrait d’ailleurs une
journée d’étude, en février : « Les
attentats ont servi de révélateur. Nous
avons besoin de “vacciner” les jeunes
contre ces tentatives de manipulation mentale », indique-t-on Rue de
Grenelle. Un groupe de travail doit
proposer de nouveaux outils pour la
rentrée 2016. « Depuis cinq-six ans,
je sens l’influence d’Internet sur mes
élèves, confirme Franck Schwab. Je
me rends compte, notamment quand
j’enseigne la Shoah, qu’ils sont influencés par d’autres sources. »
« C’est une vision totalement
farfelue de l’Histoire »
Cet enseignant de 55 ans a
donc décidé, pour la première fois,
d’aborder le conspirationnisme en
classe. « Les Illuminati ont-ils une
existence réelle ? », questionne-til. « Ce sont que des trucs nuls, pas
prouvés », tranche un lycéen. Un
autre ado semble plus hésitant :
« C’est plutôt une théorie, parce
qu’on n’en est pas sûrs. »
« Historiquement, c’est une
société secrète qui a existé en Bavière
pendant huit ans, jusqu’en 1785 »,
Mathieu Cugnot
pour le JDD
reprend le prof. Prétendre que ce
groupe s’est maintenu, cherche à
imposer sa domination et tire les
ficelles des grands événements
– Révolution française, Première
Guerre mondiale, assassinat de Kennedy… –, « c’est une vision totalement
farfelue de l’Histoire ». Mais rien ne
sert d’argumenter : « Avec ces théories-là, on n’a jamais le dernier mot,
poursuit l’enseignant. J’essaie plutôt
de montrer comment elles sont fabriquées et pourquoi. Elles ont toujours
un objectif politique. »
Alors il interroge les ados : « Quel
est l’intérêt de diffuser ce type d’histoire ? », « Quels coupables cherchet-on à désigner ? » Leçon à retenir :
« Ces théories peuvent séduire par
leur côté simpliste. Imaginer des
superméchants contrôlant la planète,
c’est le niveau zéro de la pensée. » Les
thèses complotistes pullulent sur
Internet. Les lycéens citent une multitude d’exemples. Certains les font
rire, comme celui des Reptiliens, ces
extraterrestres qui gouverneraient
secrètement la planète, à laquelle
Barack Obama ou le chanteur Justin Bieber appartiendraient. Il y a
aussi les vidéos de Sylvain Durif, un
olibrius qui raconte ses expériences
paranormales sur YouTube. Ou ces
images visant à prouver le satanisme
de Coca-Cola en pliant l’étiquette
pour faire apparaître la figure d’un
démon.
Plus inquiétant, beaucoup ont
déjà été confrontés – sans y croire
– aux versions alternatives du
11-Septembre, réfutant l’existence
d’avions kamikazes. « C’est vrai,
monsieur, que 3.000 juifs ne sont
pas venus travailler dans les tours
jumelles ce jour-là ? », demande cependant un élève. Ou les doutes distillés sur Internet après la fusillade à
Charlie Hebdo sur le policier abattu
sur le trottoir, les papiers d’identité
oubliés par un des terroristes ou la
couleur de leur voiture…
Des enfants perdus dans la masse
d’informations sur le Net
Ce mardi, en demi-groupe,
Franck Schwab projette un petit film
pioché dans le « top ten » « attentats
de Paris » sur YouTube. Les événements du 13 novembre y sont présentés comme un « complot perpétré par les juifs et l’État » ! La vidéo
s’attarde sur les exercices de secours
organisés le matin même – « C’est
bizarre », lâche un élève –, parle de
soutien de la France à Daech… Tout
est soigneusement mis en scène. « Ils
répètent beaucoup la même chose, à
la manière des sectes. C’est un lavage
de cerveau », observe Norwan. « Ils
essaient de nous embrouiller avec une
musique qui stresse, qui renforce le
bruit des balles », analyse Théophile.
Dans ce lycée de centre-ville, fréquenté par les classes moyennes, ces
32 lycéens ne gobent pas ces mensonges mais sont parfois troublés :
le rabbin, « il a vraiment dit cela ? »,
« Daech, en fait, c’est financé par
qui ? » Franck Schwab prévient :
« Ces vidéos cherchent à faire naître
le doute. Si vous vous posez des questions, ils ont gagné. »
Au tableau, le premier point de
son cours est inscrit à la craie : « nécessité de s’informer. » Pas toujours
facile. Taper « François Hollande »
sur le moteur de recherche Google et
l’ordinateur propose près de 66 millions de sites : « Ces enfants sont
confrontés à une énorme masse d’informations sans aucune hiérarchie,
ils peuvent être perdus. » D’autant
que beaucoup n’ont plus confiance
dans les politiques. La photo du
Président ? « C’est qui lui ? », ironise
un élève. Celle de Nicolas Sarkozy ?
La classe ricane : « Il a quelques problèmes avec la justice… »
Cette génération Internet se
méfie aussi des journaux, radios et
autres médias classiques. « Ils sont
contrôlés », avance une lycéenne.
« Ils censurent selon leur bord politique », juge un costaud. Franck
Schwab rectifie : « Les médias traditionnels peuvent avoir une sensibilité de droite ou de gauche, mais ils
ne racontent pas n’importe quoi. Ils
ont besoin de rester crédibles. » Sur
le Net, il invite donc à hiérarchiser
les sources. YouTube, Wikipédia,
Larousse, Le Nouvel Ordre mondial
ou Europe 1, toutes ne se valent pas.
La sonnerie retentit, les élèves
s’éclipsent. « Ces gamins ont des
armes pour décoder les informations, mais ce type de vidéo peut les
faire douter, soupire M. Schwab. Les
professeurs d’histoire ont plus que
jamais un rôle à jouer. » g
Paris, Rouen et Le Havre « réinventent » la Seine
exCLUSIF Une quarantaine de sites,
le long du fleuve, seront présentés
demain pour réaménagement
BeRTRANd GRÉCO
Après le succès de l’opération « Réinventer Paris », la capitale s’associe
cette fois à Rouen et au Havre pour
une initiative présentée comme
« historique » et baptisée, comme il
se doit, « Réinventer la Seine ». Les
trois métropoles s’apprêtent à lancer,
de concert, un « appel à projets innovants » concernant une quarantaine
de sites sur les rives de la Seine et
de ses canaux. La maire de Paris,
Anne Hidalgo (PS), le député-maire
du Havre à la tête de la communauté
d’agglomération havraise, Édouard
Philippe (LR), et le président de
la métropole Rouen Normandie,
Frédéric Sanchez (PS), présenteront demain les sites identifiés, qui
seront cédés ou loués aux équipes
lauréates à l’issue d’un concours, au
printemps 2017.
« Nous travaillons en bonne intelligence avec Paris et Rouen », indique
le juppéiste Édouard Philippe. « La
Seine est notre patrimoine commun,
que nous voulons tous valoriser.
Le Havre, créé par François Ier il y a
499 ans, est la façade maritime du
Grand Paris. Cette opération va permettre de faire émerger de nouveaux
usages, auxquels nous n’avons peut-
être pas encore pensé. » Frédéric
Sanchez, lui, y voit « une superbe
opportunité de reconquête » et « une
visibilité décuplée, pour “vendre” le
fleuve Seine, avec Rouen comme centre
de gravité ». Anne Hidalgo, elle, en
est persuadée : « Notre démarche sera
un formidable accélérateur. Un signal
donné à l’international. »
Constructions flottantes
et passerelles-cafés
À Paris, des passerelles-cafés
pourraient faire leur apparition au-dessus du fleuve. Et des
constructions flottantes au pied de
Notre-Dame. À Ivry-sur-Seine, une
ancienne usine de potabilisation
de l’eau de la Seine, propriété de
la Ville, a vocation à devenir une
vitrine métropolitaine de l’agriculture urbaine de 5,9 hectares.
À Rouen, l’emplacement de l’ancien
hangar 105 est disponible pour la
construction de plusieurs milliers
de mètres carrés à définir, en visà-vis de la cathédrale. Au Havre,
les bassins Paul-Vatine, Vauban et
de l’Eure pourraient accueillir des
constructions flottantes, logements
étudiants, lieux de fête ou espaces
de coworking amarrés. Ce sera
aux porteurs de projets d’avoir de
l’imagination. g
Lire les détails dans le cahier Paris.
16 | société
JDD | 13 mars 2016
La grande arnaque
des forains du Forex
EnquêtE Deux juges parisiens sont aux trousses d’anciens forains reconvertis dans une juteuse arnaque : la spéculation
via Internet sur le Forex, le marché des devises. Ils auraient déjà dépouillé des centaines de victimes
ChristEl DE taDDEo
@chdetaddeo
Un ancien pilote, un assureur, un
commandant de police à la retraite,
ou encore un aristocrate de 81 ans
qui a perdu à lui seul 1,3 million
d’euros. À ce jour, une centaine de
victimes ont déjà été identifiées dans
ce dossier d’escroquerie au trading
sur Internet pour un préjudice minimum de 105 millions d’euros ; elles
seraient beaucoup plus nombreuses.
Les particuliers étaient démarchés via Internet et par téléphone
pour le compte de sociétés censées
spéculer sur le marché des changes
(Forex) ; longtemps réservé aux
banques et aux spécialistes de la
finance, ce marché ouvert 24 h sur
24 est accessible à tous les investisseurs depuis une dizaine d’années.
Derrière les indicatifs parisiens ou
londoniens des sociétés et de leurs
représentants, des call centers basés
en Israël où des commerciaux appâtaient les futures victimes avec la
promesse d’un rendement de 20 à
30 % voire de 88 % pour certains
produits en garantissant le capital
à 100 % lors de la première année.
Les faux opérateurs de marché faisaient croire à leurs clients qu’ils
investissaient sur des plateformes
de trading en réalité fictives. Deux
de ces prétendus traders ont pu être
identifiés et mis en examen.
Un seul compte client
pour au moins 17 sites de Forex
Dans ce dossier complexe instruit par les juges du pôle financier
Aude Buresi et Guillaume Daïeff,
seules cinq personnes ont été mises
en examen pour l’instant, à commencer par les deux responsables
d’un site communautaire qui faisaient la publicité des sites frauduleux contre rémunération. « Ils ne
savaient pas qu’ils avaient à faire à
des escrocs », insiste Me Éric Deprez,
l’avocat de l’un d’eux. À première
vue, les sites mis en cause n’ont
aucun lien entre eux. Pourtant, ils
fonctionnent un peu selon le principe des poupées russes. Certains
utilisent le même numéro de TVA,
une boîte postale et des numéros
de téléphone identiques, voire des
comptes bancaires communs… Avec,
comme prestataire de solutions dépaysées, la société France Offshore,
qui fait déjà l’objet d’une information judiciaire pour blanchiment
de fraude fiscale et blanchiment
d’escroquerie en bande organisée.
➊ L’internaute clique, il est redirigé
Sites escrocs (appartenant à des sociétés Offshore)
Publicité
OU
Bforex/4XP/Aston/Sisma/Tradaxa...
Proposent de juteux investissements
Site d’infos et de conseils
sur le marché des devises
Commissions
➋
➌Ilà paie
une
banque
européenne
Numéro de téléphone français
ou anglais, fausse adresse
à Londres
Virement
bancaire
Worldpay
Call center en Israël
Il est contacté,
mis en confiance
AllCharge
AlgoCharge
ING
Pays-Bas
Faux trader qui promet 20 à 30 %
de bénéfices
Plateformes de trading virtuelles
est en fait transféré
➍ L’argent
via des plateformes
escrocs
➎ Les
récupèrent l’argent
de paiement
Worldpay
sur les comptes
de leurs sociétés offshore
dans des paradis fiscaux
(Belize, Seychelles, îles Vierges
britanniques)
HSBC Londres,
Barclays Londres,
Royal Bank of Scotland
Paris...
Raiffeisen Bank
Suisse,
Roumanie
TBC Bank
Géorgie
TBI Bank
Bulgarie
La brigade financière a aussi
et deux aux Seychelles. Au nom de
découvert un seul compte client
Yigal Félix H.
pour au moins 17 sites de Forex et
Mis en examen pour « démarleurs dérivés. Un compte au nom
chage financier illicite », « fournide Yigal Félix H. Ce Franco-Israéture de service d’investissements
lien de 44 ans avait déjà fait l’objet
sans agrément » et « escroquerie
d’une note de Tracfin à la suite d’un
en bande organisée », Yigal Félix H.
signalement sur des opérations
minimise son implication. Il ne
financières atypiques à destinaserait qu’un « gérant de paille » à
tion d’une des sociétés aujourd’hui
7.000 shekels mensuels, soit 1.400 €.
mises en cause, Aston Invest. Dans
Mais les enquêteurs ne semblent
une note que le JDD a pu consulpas dupes. Contacté par la police
ter, l’organisme
sur son portable
de lutte contre Les sites mis en
en 2013, il indique
le blanchiment
résider à Londres
indique qu’Aston cause fonctionnent
et communique
une adresse sur
Invest « se livre un peu selon
Finchel Road :
régulièrement
à des pratiques le principe des
celle que les faux
commerciales
courtiers de sa
poupées
russes
irrégulières et des
prétendue société
escroqueries en
de trading donnaient à leurs clients ! L’ancien
interdisant à ses clients de retirer
forain, qui vendait du cuir dans
des fonds ou en utilisant frauduleusement leurs données bancaires ».
les foires « et les salons internationaux », prétend s’être « autoformé
La société ferait partie d’un réseau
plus vaste, « dont le contrôle serait
sur l’analyse du marché des devises ».
exercé par un même groupe d’indiviAux enquêteurs qui l’ont interpellé
dus ». Tracfin a aussi identifié trois
dans l’appartement d’un de ses
amis aux Lilas (Seine-Saint-Decomptes bancaires : un en Géorgie
lEs banquEs Dans lE CollimatEur
« Ces esCroqueries ne seraient pas possibles sans
l’intervention des banques », martèle Me Hélène FeronPoloni, qui représente 15 victimes du dossier. Fin janvier,
l’avocate spécialisée dans le contentieux financier au côté
des épargnants et des emprunteurs a assigné la Royal
Bank of Scotland (RBS) de Paris. « Les victimes sont
rassurées de voir que les sommes sont virées sur des
comptes en France ou dans des banques européennes
connues comme la Barclays ou HSBC à Londres », rappelle
Me Féron-Poloni. L’information judiciaire a d’ailleurs été
élargie aux prestataires de paiements qui auraient permis
le transfert de 200 millions de dollars entre investisseurs
et escrocs. Récemment, deux sociétés ont été placées
sous le statut de témoin assisté : Worldpay, établissement
de paiement agréé par les autorités financières
britanniques, et la société immatriculée à Hongkong
Seroph Ltd, détentrice des prestataires de paiement
israéliens AllCharge et AlgoCharge, bien introduits sur les
sites de poker.
Selon une source proche de l’enquête, le président de
Seroph Ltd, l’Israélien Sarel Tal, aurait déjà eu des démêlés
avec la justice autrichienne dans un dossier d’arnaque au
Viagra portant sur plus de 8 millions d’euros.
Pour Me Feron-Poloni, « les banques doivent vérifier la
régularité des virements sous peine de contribuer à la
prolifération des activités criminelles sur Internet ». C.D.t.
Bank
Haopalim
Israël
DBS Bank
Singapour
nis), Yigal Félix H. assure qu’il est
fauché. Appréhendé en possession
de onze cartes de crédit dont six en
cours de validité – il explique être
« un fou des cartes », qu’il aime bien
« pouvoir montrer ». Cet amateur de
poker avait aussi en sa possession
six cartes de casinos ou de cercles
de jeu. Confronté à des transcriptions d’écoutes téléphoniques, il
s’autoproclame « roi du mytho ».
Son ex-femme qui lui dit qu’il va
avoir des problèmes avec « les
conneries » qu’il a faites, que « tous
les mecs du CO2 » vont tomber ?
« Elle se fait des films. » Pourtant,
la société italienne Maestrale, qu’il
a montée, a fait l’objet d’une alerte
Europol pour avoir fraudé la TVA
carbone en 2011. « Les jumeaux »
qui lui auraient volé « 3 bâtons »
(3 millions) ? Encore « du mytho ».
Une source proche du dossier
parle de « grand banditisme »
« Les jumeaux », Jimmy et Samuel S., auraient pourtant mis Félix
sur ce mauvais coup. « J’avais besoin d’argent. Ils m’ont proposé d’être
gérant de cette boîte dont ils m’ont
dit qu’elle était clean », a assuré Yigal
Félix H. aux enquêteurs. Dans le
bureau de la juge Buresi, il a expliqué que « les frères devaient s’occuper de la partie Moyen-Orient » et
lui de la partie française. Jimmy
et Samuel, il les connaît « très bien
depuis longtemps ». Comme lui,
ce sont d’anciens forains. Samuel
a un auriculaire droit sectionné
au niveau de la première phalange
et une cicatrice qui descend de
l’épaule jusque sur le bras. Jimmy,
qui a eu jusqu’à trois boutiques de
vêtements de cuir à Bordeaux et
une à Cannes, a quitté la France
quand il a été convoqué par le juge
Daïeff dans le cadre de Crépuscule,
un important dossier de fraude à la
taxe carbone. Il réside à Tel-Aviv
avec une ancienne danseuse russe
et leur fils.
Une source proche du dossier
parle de « grand banditisme » avec
« des réseaux difficiles à identifier et
des circuits financiers complexes ».
Camilla Pariso, juriste de l’association de victimes Aven Europe, est
désabusée : « On a des escrocs qui
prennent la nationalité israélienne
pour ne pas risquer l’extradition et
qu’on laisse filer quand on les a sous
la main. » Les deux seuls prétendus
traders identifiés et mis en examen
ont quitté le territoire. Le premier,
Albert F., travaille depuis mai 2013
pour une société de gestion de portefeuilles en banlieue de Tel-Aviv.
Chez 4XP, il a notamment collaboré avec Jonathan S., alias Laurent
Richard, impliqué dans un crime
de haine contre un taxi palestinien
en 2007 en Israël au côté de son
frère, ancien membre du Betar.
Albert F. était aussi en contact
avec Yohan Z., désigné comme
l’informaticien des escroqueries
aux encarts publicitaires.
Quant au second trader, Jérémie C., il a été interpellé en novembre dans la suite avec jacuzzi
sur la terrasse d’un hôtel de luxe
parisien avec sa maîtresse. Dans le
coffre-fort de la chambre, 6.000 €
en billets de 50 €. D’après les déclarations de ce joueur de poker de
33 ans, « lorsque vous essayez de
quitter ce genre de société, on ne
vous laisse pas vraiment partir ».
Après s’être acquitté d’une caution
de 80.000 €, Jérémie C. a lui aussi
violé le contrôle judiciaire qui lui
interdisait de quitter le territoire
pour retourner en Israël. Convoqué
par la juge Buresi le 14 janvier, il ne
s’est pas présenté. g
société | 17
jdd | 13 mars 2016
Elles voulaient faire
« comme au Bataclan »
télex
Paris
Benoît Magimel
en garde à vue
tERRORISME Deux adolescentes ont été mises en
examen pour avoir projeté un attentat contre
une salle de spectacle parisienne
StéPhAnE JOAhny
« […] Sur la scène du Casino de
Paris, le 23 mars prochain, de
nombreux artistes, chanteurs,
danseurs, comédiens, viendront
témoigner leur soutien et leur
attachement à Paris… Les profits seront redistribués à l’Institution nationale des Invalides
pour l’amélioration de la prise
en charge des victimes du 13 novembre 2015. » Est-ce à cause de
cet événement qu’elles avaient
ciblé le Casino de Paris ou bien
avaient-elles choisi cette salle
de spectacle parisienne au hasard ? L’objectif annoncé était
en tout cas de faire comme au
Bataclan : tuer tout le monde à la
kalachnikov. Des armes qu’elles
pensaient pouvoir dénicher à
Molenbeek, en Belgique, d’où
sont venus une partie des assassins du 13 novembre.
Ces menaces, repérées par les
agents de la Direction générale
Les parrains
de la coke du
19e écroués
DROgUE Sept trafiquants
présumés de cocaïne ont été
placés en détention. Un dossier
pimenté par deux tentatives
d’homicide
Il y a presque un an, il était donné
pour mort. En avril 2015, les autorités néerlandaises s’interrogeaient en effet sur l’identité de
cet homme noir d’une trentaine
d’années retrouvé criblé de balles
près d’une sortie d’autoroute dans
la banlieue de Breda et qui ne parlait pas un mot de hollandais.
Depuis, Ciabou T. a bien récupéré. Le Parisien a été mis en examen vendredi et écroué en compagnie de six autres complices,
dont un Marseillais, à l’issue d’une
longue enquête des policiers de
l’Office des stups, qui les soupçonnent notamment d’importer
de la cocaïne depuis le Pérou, avec
un certain Faid O. aux commandes.
Règlements de compte
L’équipe « tenait » une bonne
partie du business de la drogue
dans le 19e arrondissement parisien, depuis son fief du secteur
Crimée-Place des Fêtes, avec de
confortables rentrées d’argent à
la clé. L’un des mis en cause s’était
ainsi fait intercepter l’an dernier
alors qu’il tentait de gagner la
Belgique en voiture avec plus de
500.000 € en liquide… De quoi
faire des jaloux ? Outre la tentative d’assassinat de Ciabou T. en
avril 2015, un autre « flingage »
apparaît en toile de fond de ce
dossier de trafic de stupéfiants :
celui d’un jeune Français, fin janvier, dans une rue de Schaerbeek,
en Belgique. S.J.
de la sécurité intérieure (DGSI),
n’ont pas dépassé le stade de
l’échange de messages enflammés sur les réseaux sociaux. Elles
ont toutefois entraîné l’ouverture
d’une enquête préliminaire et
l’interpellation, mercredi dans
le Nord, en région parisienne et
près de Lyon, de quatre jeunes
filles, dont deux sœurs. Quatre
jeunes converties récemment
à la religion musulmane qui, à
l’exception des deux sœurs, ne
s’étaient jamais rencontrées.
Le Casino de Paris était la cible des jeunes filles radicalisées. AlAIn ApAydIn/AbAcApress.com
La plus jeune se revendique
de Daech
Dans son communiqué, le parquet de Paris parle d’un « projet
intellectuel : aucune arme ni substance de nature explosive n’ont été
découvertes ». Deux des quatre
mineures, âgées de 15 et 17 ans,
ont été mises en examen vendredi
pour « association de malfaiteurs
dans le cadre d’une entreprise
terroriste ». La plus jeune a été
incarcérée en raison de sa radicalité, n’hésitant pas à glorifier les
attentats et à se revendiquer de
l’organisation État islamique. Des
vérifications sont en cours pour
tenter d’établir des liens avec le
théâtre irako-syrien.
Cette affaire semble indirectement à l’origine de la déferlante
de rumeurs d’attentat imminent
qui a inondé les smartphones pari-
siens vendredi soir. Prévenue par
la DGSI, la préfecture de police
(PP) a, procédure classique, diffusé une note interne rappelant à
la vigilance dans les secteurs visés
en novembre. Une note qui a fuité
avant d’être déformée et amplifiée.
« Ne propagez pas les rumeurs, pour
tout renseignement, consultez les
sites officiels », a communiqué hier
la PP sur son compte Twitter. g
Alerte mondiale aux Pink Pandas
LUXE Ils se glissent dans le flux
grandissant des touristes chinois
pour mieux voler, sans violence,
les plus beaux bijoux.
Décryptage d’un phénomène
en pleine expansion
Leur dernier signalement remonte
à la fin janvier au Japon. C’est un
salon professionnel de Tokyo qui
en a fait les frais. Quatre bijoux
envolés, remplacés par de bagues
fantaisie d’imitation parfaite. Deux
mandats d’arrêt internationaux ont
été lancés contre deux ressortissants
chinois, membres présumés des…
Pink Pandas.
C’est la PJ française qui est à
l’origine de cette appellation, clin
d’œil évident au gang des Pink Panthers, basé en ex-Yougoslavie, qui a
longtemps écumé les bijouteries de
luxe d’Europe et du monde lors de
raids armés et spectaculaires. Pas de
violence mais un mode opératoire
récurrent chez ces Chinois (leur
nombre est estimé à une cinquantaine) qui auraient escamoté pour
plus de 10 millions d’euros de bijoux
en quelques années.
Le phénomène est apparu à la fin
des années 2000, avec des vols épars
de bijoux à travers l’Europe. Bien
souvent deux clients asiatiques qui,
après avoir jeté leur dévolu sur une
bague ou un diamant, réussissent à
remplacer l’original par une copie,
laissent un acompte et promettent
de revenir plus tard pour régler et
récupérer le paquet cadeau. Quand
la supercherie est découverte, il s’est
souvent écoulé plusieurs heures et
les policiers se retrouvent, pour
démarrer leur enquête, avec le signalement d’un Asiatique et une photo
en contre-plongée fournie par une
caméra de surveillance.
« Comment réagir ?, s’interroge
un policier spécialisé. Ce sont des
gens qui débarquent de nulle part,
Les faits se sont déroulés
vendredi après-midi. Une
marche arrière. Une dame
âgée renversée. Et un départ
précipité avant l’arrivée de
la police. L’acteur Benoît
Magimel, 41 ans, s’est rendu
de lui-même au
commissariat du
16e arrondissement vendredi
soir. Il n’en était pas sorti
hier soir. En plus des
blessures involontaires,
la police lui reproche
l’absence de points sur son
permis et le soupçonne
d’être positif à la cocaïne.
L’acteur avait reçu le César
du meilleur acteur dans un
second rôle pour
La Tête haute il y a deux
semaines.
Oléron
Le corps retrouvé
est celui d’Alexia
Les analyses ADN ont
confirmé que le corps
retrouvé jeudi sur
l’île d’Oléron
(Charente-Maritime),
dans un trou d’eau
et dissimulé sous des
végétaux, est bien celui
d’Alexia, une lycéenne
de 15 ans disparue
le 1er février, a indiqué hier
le parquet de La Rochelle.
Une information judiciaire
pour homicide volontaire
sera ouverte demain.
Calais
Militants d’extrême
droite interpellés
En janvier 2015, deux Chinois ont volé une bague estimée à plus de 20 millions d’euros
dans une boutique Cartier à Tokyo. Interpol
qui en une journée peuvent faire
des repérages sur une quinzaine de
boutiques et qui le lendemain se sont
envolés pour l’autre bout du monde,
généralement depuis un aéroport
autre que celui par lequel ils sont
arrivés. » À l’été 2014, les experts
du Sirasco (Service d’information,
de renseignement et d’analyse stratégique de la criminalité organisée)
se penchent sur la question : s’agit-il
de faits isolés ou d’un seul et même
groupe organisé ?
Un Chinois intercepté à Roissy
À force de recoupements,
d’examens des cas d’arrestations
en flagrant délit, d’échanges avec
les professionnels et les services
de police étrangers, le Sirasco est
arrivé à la conclusion qu’il s’agissait d’une seule et même équipe,
basée dans la province chinoise du
Hunan, a priori hors du contrôle
des triades et qui semble travailler
« à la commande ». « Ils se greffent
au flux grandissant des touristes
chinois », résume Cécile Augeraud,
chef du Sirasco. On pensait qu’il n’y
avait que des hommes, on comprend
maintenant que des femmes et des
jeunes les accompagnent. C’est un
phénomène en pleine expansion. En
Europe, des pays comme la Slovaquie
sont désormais touchés. Dubai et les
Émirats sont régulièrement visés.
Tout comme les États-Unis, l’Amérique du Sud, l’Afrique du Sud et bien
sûr l’Asie… »
Le travail des policiers français
et la diffusion à l’international,
relayée par Europol et Interpol,
de signalements de suspects a
porté ses fruits cet été au Japon
avec l’arrestation de deux Pink
Pandas qui avaient dérobé un solitaire dans une boutique Cartier de
Tokyo. Même chose en France l’an
passé où le réflexe « Pink Panda »
a permis d’intercepter à Roissy, au
départ d’un vol pour Hongkong,
un Chinois de 48 ans auteur d’une
tentative de vol de montre Omega
chez Chaumet, à Paris, et d’un
autre à Amsterdam. Yao Xingzou
attend son procès. Il sera le premier à être jugé avec l’étiquette
Pink Panda. S.J.
Quatorze personnes ont été
interpelées hier matin après
un rassemblement non
déclaré de militants
du groupuscule d’extrême
droite Génération identitaire
manifestant contre
la présence des migrants
à Calais.
Par aillleurs, la préfecture
du Pas-de-Calais a indiqué
que les deux tiers de la zone
sud de la « jungle » (un peu
plus de 5 des 7,5 hectares)
ont été démantelés depuis
le 29 février. La fin
de l’opération est prévue
cette semaine.
Art
Vente record
pour trois bouddhas
Un ensemble de sculptures
de trois bouddhas datant de
la dynastie Ming (XVe siècle)
a été vendu aux enchères
hier à Bordeaux pour
la somme « record »
de 6,2 millions d’euros.
Ces trois bronzes dorés,
provenant d’une collection
privée, ont été acquis par
un collectionneur asiatique
présent dans la salle,
selon la maison de ventes
Briscadieu.
18 | sciences
JDD | 13 mars 2016
Tracer l’or pour lutter contre l’orpaillage clandestin
Déforestation, pollution au mercure des cours d’eau…
les conséquences de l’exploitation clandestine de l’or sont un
fléau pour la Guyane, où 10 tonnes du précieux métal seraient
produites illégalement chaque année, soit 5 à 10 fois plus que
l’or provenant des mines déclarées. « Le mercure est un neurotoxique puissant, un poison très violent pour
l’homme et les êtres vivants en général, et il est très
difficile de s’en débarrasser », constate florent
taberlet, chargé du programme terrestre
du WWf en Guyane.
Comment, dès lors, distinguer l’or sorti d’une
mine « officielle » de celui tiré de l’orpaillage
illégal ? C’est à cette question qu’a tenté de
répondre le projet tao (traçabilité analytique
de l’or en Guyane), qui associe le WWf et le
Bureau de recherches géologiques et minière
(BrGM). en précisant les caractéristiques physico-chimiques
de l’or guyanais selon les sites d’extraction, il vise à déterminer l’origine géographique de celui-ci. une première sur le
continent sud-américain.
pour mener cette étude, une trentaine d’échantillons d’or ont
été analysés par le BrGM. le microscope optique indique notamment, à partir de la forme des grains
d’or, si le métal a subi un traitement au mercure,
et donc si son origine est illégale ; dans ce cas, les
grains présentent des bordures en forme de
chou-fleur. le microscope électronique à
balayage identifie précisément les microinclusions minérales (sulfures de plomb, de fer,
a Pépite d’or provenant
minéraux de cobalt, grains de quartz…). la couleur, elle, reflète des différences de composition chimique, avec des variations de teneur en cuivre et en argent, par exemple. Différents
critères qui, croisés, ont permis de définir des zones d’activité
minières ayant des signatures physico-chimiques propres.
« Les spécificités trouvées nous ont permis d’établir la carte
d’identité des sites de prélèvements », explique thierry auger,
minéralogiste au BrGM, permettant ainsi de trouver un lieu
d’extraction à partir de l’analyse des grains.
« Il revient maintenant à la puissance publique de décider d’aller
ou non vers l’élaboration d’une signature de l’ensemble des sites
d’orpaillage », poursuit thierry auger. une banque d’échantillons de référence permettant d’identifier tous les gisements
d’or guyanais pourrait ainsi voir le jour. un outil précieux dans la
lutte contre les garimpeiros arpentant la forêt.
d’un gisement alluvionnaire. BRGM
RichaRd Bellet
Le patient dirige les opérations
Première mondiale au CHU d’Angers, où une intervention sur le cerveau a été réalisée sur un patient éveillé portant un casque
de réalité virtuelle. Sa tumeur était proche de ses connexions visuelles
JUliette Demey
@juliettedemey
C’est une opération bluffante. La
scène se déroule au bloc opératoire :
un patient éveillé, portant un casque
de réalité virtuelle, parle avec l’équipe
médicale pendant que le chirurgien
lui retire une tumeur cérébrale… Elle
a eu lieu fin janvier au CHU d’Angers,
dans le cadre du projet de recherche
Cervo, lancé par le service de neurochirurgie du Pr Philippe Menei et le
laboratoire Interactions numériques
santé handicap (INSH) dirigé par le
Dr Évelyne Klinger à l’ESIEA (École
d’ingénieurs du monde numérique),
à Laval.
La chirurgie cérébrale éveillée,
pratiquée dès les années 1950, a été
oubliée avec les progrès de l’anesthésie, rappelle Philippe Menei. « Elle
est possible car le cerveau est notre
seul organe insensible, même si les
vaisseaux ou les méninges ne le sont
pas. » En France, une dizaine d’hôpitaux y ont recours. Depuis 2005,
le CHU d’Angers a effectué près de
150 interventions sur des patients
éveillés, notamment des enfants.
L’intérêt ? Pouvoir réaliser une carte
des fonctions cérébrales. En plaçant
des électrodes sur certaines zones,
les chirurgiens peuvent stimuler les
neurones et localiser les circuits des
fonctions à épargner.
Mieux prévoir les
dommages potentiels
Jusqu’à présent, ils testaient surtout la motricité et le langage. « On
peut désorganiser, activer ou inhiber
ces neurones de manière à déclencher
un mouvement chez le patient ou à
provoquer des troubles du langage »,
explique le chirurgien. On repère ainsi
les aires cérébrales actives. Pour le
langage, un neuropsychologue ou un
orthophoniste parlent avec le patient
opéré. « On lui demande, par exemple,
de nommer des images (une vache, une
échelle…) avec une phrase type : “Ceci
est…” Si le chirurgien touche la zone
impliquée, des troubles apparaissent.
Un manque de mots ou des paraphasies,
l’emploi d’un mot pour un autre. »
En cartographiant en direct les
zones concernées, qui varient d’un
patient à un autre, on prévoit mieux les
dommages potentiels. La technique
bénéficie en outre des progrès dans la
compréhension de l’organisation du
langage dans le cerveau. La répartition
en deux grandes zones dans l’hémisphère gauche (l’une antérieure dédiée
à la production, l’autre postérieure
dédiée à la compréhension) était réductrice : « Il s’agit plutôt de multiples
points organisés en réseau, localisés
en grand nombre dans ces deux zones
mais parfois aussi ailleurs ! On peut
ainsi traiter des lésions inopérables
auparavant et éviter des séquelles sur
le langage. »
L’équipe d’Angers a voulu aller plus
loin et explorer la fonction visuelle.
C’est là que la réalité virtuelle intervient. Philippe Menei, passionné par
la convergence nanotechnologies, biotechnologies, informatique et sciences
cognitives (NBIC), et Évelyne Klinger,
qui s’intéresse à l’usage de la réalité
virtuelle dans la prise en charge du
handicap, ont convergé en 2014 vers le
projet pluridisciplinaire Cervo. Celuici a abouti, en janvier, à l’opération de
ce patient doté d’un casque Oculus.
« À notre connaissance, cette utilisation
de la réalité virtuelle en neurochirurgie pour tester en direct une fonction
cérébrale est une première mondiale.
Jusqu’ici, on l’a plutôt utilisée pour
favoriser la détente de patients lors
d’opérations orthopédiques », précise
Évelyne Klinger.
« On teste la cognition
visuelle »
Cette fois, l’homme de 61 ans
souffrait d’une tumeur située près
de ses connexions visuelles. Il avait
déjà perdu la vision d’un œil à la suite
d’une maladie ophtalmologique, « il
n’était pas question de causer des
troubles supplémentaires », précise
Philippe Menei. L’équipe du CHU
d’Angers l’a endormi le temps d’immobiliser sa tête entre deux pointes
dans une têtière et d’ouvrir sa boîte
crânienne. « Quand le cerveau est
exposé, on réveille le patient. Ils apprécient d’être actifs dans l’acte, ils
savent tout ce qui se passe », ajoute
le Pr Menei.
Avec l’aide de l’orthoptiste Sophie
Hue, l’équipe du labo INSH (dont des
élèves encadrés par un ingénieur expert, Marc Le Renard) a mis au point
des applications qui reproduisent
dans ces lunettes de réalité virtuelle
le système encombrant utilisé en
cabinet d’ophtalmologie. Au cours
de l’opération, le patient fixe un repère central et doit signaler s’il voit
apparaître des points lumineux sur
l’écran de ses lunettes. La fréquence
étant rapide, les médecins réagissent
à la moindre anomalie. « On teste le
champ visuel mais aussi la cognition
visuelle, plus complexe : c’est la façon
dont on explore l’espace en balayant
de gauche à droite et de haut en bas »,
détaille Philippe Menei.
L’objectif est d’améliorer cet outil,
avec un système de eye tracking,
qui suit les pupilles, ou de le rendre
capable d’évaluer d’autres fonctions
comme la cognition spatiale. Évelyne
Klinger développe par ailleurs la
réalité virtuelle pour la rééducation cognitive de patients atteints
de lésions cérébrales après un AVC,
un trauma crânien ou une maladie
de Parkinson. g
b Le patient
éveillé, auquel
on retire une
tumeur au
cerveau, porte
un casque de
réalité virtuelle.
Il peut ainsi
communiquer
avec les
médecins
(ici, au CHU
d’Angers) qui,
grâce aux
informations
qu’il fournit,
n’endommagent
pas les
connexions
visuelles proches
de sa tumeur.
CHU AnGeRs
et esIeA/AFP
@richardbellet1
Rosetta dévoile les secrets
des comètes...
La mission Rosetta, partie à la
rencontre de la comète 67P/
Churyumov-Gerasimenko, a permis de
trancher une très ancienne question,
celle de la nature des glaces des
comètes. Et nous a ainsi donné leur
âge. Deux grandes hypothèses
s’affrontaient jusqu’ici : celle d’une
glace cristalline, où les molécules d’eau
sont arrangées de manière périodique,
et celle d’une glace amorphe, où les
molécules d’eau sont désordonnées. La
première vient de l’emporter, et c’est le
spectromètre de masse Rosina,
embarqué sur Rosetta, qui a permis de
trancher. L’analyse de ses données par
une équipe du laboratoire
d’astrophysique de Marseille (CNRS/
Aix-Marseille université) démontre en
effet que les glaces à l’intérieur de la
comète y sont essentiellement sous
forme cristalline. Une découverte
capitale qui permet de dater la
naissance des comètes : elles ne
seraient pas apparues dans le milieu
interstellaire avant la formation du
système solaire, mais seraient issues de
la nébuleuse primitive de celui-ci. Elles
auraient donc le même âge que lui.
...et ExoMars décolle
ReUteRs
Une fusée russe Proton doit lancer
demain depuis Baïkonour, au
Kazakhstan, la mission ExoMars 2016,
initiée par l’Agence spatiale européenne
(ESA). Deux objectifs : trouver les traces
d’une forme de vie sur la planète rouge
et apprendre à se poser sur elle. La
mission suivante, ExoMars 2018,
chargée d’envoyer un robot forer le sol
de la planète, pourrait, elle, être
décalée de deux ans. ExoMars 2016
emporte une sonde détectrice de traces
de gaz, TGO, et un atterrisseur,
Schiaparelli. La sonde, qui se mettra en
orbite autour de la planète rouge, va
rechercher des traces de méthane dans
son atmosphère. La détection de ce gaz,
déjà découvert en toutes petites
quantités en 2004 par Mars Express,
peut être le signe d’une vie
micro-organique sur Mars. À condition
toutefois que le méthane soit d’origine
biologique et non le résultat d’un
processus géologique. L’atterrisseur,
lui, se séparera de l’orbiteur TGO
le 19 octobre. Mais Schiaparelli, qui ne
dispose pas de panneaux solaires, ne
survivra que deux à quatre jours sur
la planète rouge.
économie
jdd | 13 mars 2016
| 19
L’État mauvais actionnaire
GouVernanCe Dette abyssale et démissions au sommet
d’EDF et à la SNCF, naufrage d’Areva : où vont
les fleurons des entreprises publiques françaises ?
Le site de Hinkley Point occupe
environ 20 ha près de la ville de
Bridgwater, au sud-ouest de l’Angleterre.
ChriS ratCliffe/Getty imaGeS
C
Bruna BaSini
@BrunaBasini
’est un procès en incompétence. Celui d’un
État actionnaire, mauvais gestionnaire, empêtré dans ses contradictions : de régulateur, de garant de
l’intérêt général et d’employeur. Son
portefeuille de participations lesté
de quelque 80 sociétés et confié à
l’Agence des participation de l’État
(APE) fait grise mine. Les entreprises cotées qui le composent ont
perdu 29 % de leur valeur en un an
et ne valent plus qu’une soixantaine
de milliards d’euros. Surtout, ses
plus gros tickets font face à des défis
sans précédent : dettes pour toutes,
investissements astronomiques
pour EDF et la SNCF, pertes abyssales pour Areva. Et de douter de la
capacité de l’État à gérer leur destin
dans un contexte de finances publiques tendues. « Le gouvernement
navigue à vue, il tue ses plus beaux
actifs à coups de décisions contradictoires et Emmanuel Macron a le
culot de dire qu’il s’inscrit dans la
grammaire des affaires », critique un
fin connaisseur du secteur public.
Un investissement de 15 milliards
d’euros pour l’énergéticien
Chez EDF, rien ne va plus. Au
point que Thomas Piquemal, son
grand argentier, mettant en cause
la faisabilité du projet nucléaire
britannique de Hinkley Point, a
donné sa démission. Le gouvernement soutient l’opération. Un investissement de 15 milliards d’euros
pour l’énergéticien, confronté à des
engagements vertigineux de plus de
100 milliards sur le parc français,
à une dette de 37 milliards et une
capitalisation tombée à 21 milliards.
Alors que sa clientèle d’entreprises
a fondu de 30 % et que les prix de
marché s’effondrent, il ne parvient
pas à obtenir des pouvoirs publics
des hausses de tarifs pour ses
28 millions de clients particuliers.
Areva, lui, est devenu un actif en
perdition que l’État s’est engagé à
renflouer avec des coïnvestisseurs
chinois et japonais.
Plus de ponction à la SNCF
Vendredi, le patron de la SNCF,
Guillaume Pepy, présentait les
résultats 2015 : – 12 milliards
d’euros par le jeu de dépréciations. Après deux ans de baisse
du nombre de passagers, le TGV
reprend pourtant des couleurs.
Mais le groupe n’a pas achevé sa
fusion « extrêmement complexe »,
dixit Pepy, avec le gestionnaire du
réseau RFF. Un Meccano industriel
et financier dont les effets laissent
sceptique, notamment depuis l’annonce du départ de Jacques Rapoport. La démission du patron de
SNCF Réseau intervient alors que
le gouvernement va réduire son
soutien financier à l’entretien du
réseau : 1.500 chantiers doivent être
lancés. Seul lot de consolation pour
les deux principaux « fleurons » de
l’APE : le dividende de 1,8 milliard
d’euros d’EDF en faveur du Trésor sera payé en actions ; pour la
SNCF, le gouvernement s’est engagé
depuis 2014 à cesser toute ponction.
(aVeC SyLVie andreau)
Thierry Breton Le PDG d’Atos, et ancien ministre de l’Économie,
livre au JDD sa conception du rôle de l’État
« C’est aux entreprises d’avoir
une vision stratégique »
actionnaire, agit aussi en prescripteur de missions de service public
et en régulateur. Il est plusieurs
parties prenantes à lui seul. Mais
en acceptant ses fonctions, le chef
d’une entreprise publique connaît
parfaitement la règle du jeu.
avec edF, SnCF ou areva, l’État
a-t-il une vision stratégique ?
EDF et la SNCF fonctionnent
dans un environnement concurrentiel régulé depuis Bruxelles.
Areva a lourdement failli du
mauvais management de ses dirigeants. Mais c’est aux entreprises
d’avoir une vision et au conseil
d’administration, dont l’État s’il
y siège, d’en valider la pertinence
et non l’inverse. L’État stratège, je
ne sais pas ce que c’est, sinon un
émetteur de règles à faire respecter par les autorités de régulation
et qui a la nécessité d’œuvrer à
l’intérêt général.
Le gouvernement soutient
la participation d’edF au projet
de Hinkley Point. est-ce
raisonnable ?
Je n’ai pas à juger de la pertinence d’une telle décision. Cet
investissement de 15 milliards
sur dix ans représente une diversification stratégique en Europe. Le groupe a fait approuver
un plan décennal d’investissement de 110 milliards. Consacrer 15 % de l’enveloppe aux
EPR britanniques me semble
à portée de main.
« Consacrer 15 %
des investissements
aux EPR
britanniques me
semble à portée
de main d’EDF »
L’État n’envoie-t-il pas des
signaux contradictoires quand
il réclame des dividendes
et refuse des hausses de tarifs ?
Les injonctions contradictoires sont le lot quotidien des
chefs d’entreprise, a fortiori à la
tête des groupes publics. C’est
extrêmement complexe pour un
dirigeant car l’État, qui est votre
L’État n’est-il pas acculé
aujourd’hui à ne jouer que
les pompiers, comme chez
Vallourec et areva ?
Non. L’État doit faire tourner
ses participations au mieux de ses
intérêts patrimoniaux. Je déplore
qu’il n’ait pas su le faire entre 2007
et 2012, période durant laquelle il
n’a rien vendu. Aujourd’hui, nous
pouvons profiter d’une abondance
de liquidités à taux zéro, voire négatifs. Cela crée une opportunité
exceptionnelle pour les investissements de long terme. Pour financer
des projets de modernisation de
pans entiers de notre économie en
matière de transport, de transition
énergétique, de réseau haut débit
en créant des fonds d’infrastructure. C’est l’idée que je défends
à travers la création d’un fonds
européen de sécurité et de défense.
ProPoS reCueiLLiS Par B.B.
photo ÉriC DeSSonS/JDD
« EDF doit faire la centrale nucléaire de Hinkley Point »
Pierre Gadonneix
Président d’honneur d’edF
et du Conseil mondial
de l’énergie
Quel hiatus ! Quel
aveuglement ! Je
reste stupéfait de la frilosité
qui se manifeste à propos
des EPR de Hinkley Point, alors que
la France reste en matière d’énergie un exemple mondialement reconnu. Il y a quelques jours encore,
j’ai entendu le responsable d’une
conférence internationale expliquer
que notre politique énergétique historique reste une référence qui a
permis de concilier réduction des
émissions de C02, indépendance
énergétique et électricité à bas
prix. Au début des années 2000, j’ai
reçu le témoignage d’admiration du Premier ministre
chinois envers la France qui
avait su construire plus de
58 tranches en quinze ans,
soit le double de ce que faisait alors la Chine.
Sipa
Malgré cela, notre pays ne
bruisse que de remises en cause de
cette politique et d’incompréhensibles polémiques se focalisent sur
Hinkley Point. Ce projet est une
preuve de la pertinence de notre
modèle et l’opportunité historique
de redonner à la filière nucléaire
française tous les atouts pour
gagner une compétition internationale féroce. Comme tout programme industriel de cette taille,
il y a des risques. Mais ils sont par-
faitement maîtrisés : ce projet est
arrivé à pleine maturité, aux plans
financier comme technologique.
S’en priver serait un gâchis : si EDF
et Areva ne construisent pas Hinkley Point, d’autres le feront, les
Coréens peut-être, les Russes sans
doute. La filière nucléaire française
aurait perdu ses chances de rivaliser au niveau mondial.
Un gâchis inadmissible
Seuls six pays et opérateurs
peuvent prétendre développer
un modèle nouveau de centrale :
la France, les États-Unis, le Japon,
la Corée, la Russie et la Chine. Aujourd’hui, la France n’est engagée
que dans quatre des 70 réacteurs en
construction dans le monde, dont
plus de la moitié en Chine, Russie
et Inde. Après Flamanville et avant
le renouvellement à venir du parc
français, Hinkley Point est le seul
projet accessible en Europe pour
EDF et Areva qui, sans nouveau
projet industriel, n’auront plus
d’activité de construction d’usines
nouvelles pendant plus de dix ans,
perdront leurs compétences et cesseront d’attirer les talents.
Le gâchis serait d’autant plus
inadmissible que tout concourt
à soutenir le lancement de ces
réacteurs. Le programme technologique est abouti : les équipes
d’EDF et d’Areva, fortes de leurs
compétences enfin réunies, ont les
moyens d’y parvenir dans les meilleures conditions. Les pouvoirs
publics soutiennent activement
le projet, et c’est essentiel puisque
son financement passe nécessairement par l’engagement de l’État.
Les investissements lourds que doit
mettre en œuvre EDF impliquent
une visibilité à moyen terme que
seule la puissance publique peut
assurer à travers la régulation et
des contributions financières partagées. Les gouvernements britanniques successifs ont le courage
de s’engager à long terme sur des
tarifs économiquement sains. La
Commission européenne vient de
donner son feu vert… Bref, qu’attend-on pour mettre en œuvre
ce projet qui donnera à la filière
nucléaire française les clés
de l’avenir ?
20 | économiE
JDD | 13 mars 2016
Une présidente
pour le CAC40
La présidente du conseil
d’administration du groupe
Sodexo, Sophie
Bellon,
franchira
un nouveau
plafond
de verre,
le 21 mars.
L’entrée du
groupe de
restauration
collective au
Le chiffre
sein du CAC40 propulsera la
seule femme à cette fonction
au sein de l’indice. Parmi les
entreprises du SBF120,
Sodexo faisait déjà figure
d’exemple en matière de
parité. Le groupe a réservé
aux femmes 38 % des postes
dans son conseil
d’administration et 43 %
au sein du comité exécutif.
L’aînée de Pierre Bellon,
fondateur du groupe créé
à Marseille en 1966, a été
nommée PDG en janvier. S.A.
90
C’est en
euros le
montant
de la taxe
imposée
sur une
tonne d’huile de palme.
Elle pourrait être adoptée
cette semaine à l’Assemblée
nationale lors de l’examen
du projet de loi sur la
biodiversité. L’huile de palme
est accusée de provoquer
la déforestation dans
certains pays tropicaux.
Coulisses
Elle est également pointée
dans la lutte contre l’obésité.
Une première tentative de
taxation a échoué en 2013
dans le cadre du projet
de loi santé. La surtaxe
ne concernera pas l’huile
de palme issue des filières
durables. L’Indonésie et la
Malaisie, les deux principaux
pays exportateurs de cette
matière première agricole,
sont vent debout contre
l’initiative française.
M.N.
Alain Vidalies donne
rendez-vous aux taxis
C’est reparti pour un tour.
Demain matin, le Syndicat
des exploitants de transport
de personnes (SETP) invite
les VTC à manifester à
l’aéroport de Roissy « pour
défendre la profession ».
D’autres syndicats appellent à
protester à la fin du mois.
En parallèle, le
gouvernement cherche à
déminer le conflit. Dans
une dizaine de jours, Alain
La Fnac est en quête
de partenaires
OPA La contre-proposition
de Conforama pour racheter
Darty force l’enseigne culturelle
à nouer des alliances
MARIE NICOT ET MATTHIEU PECHBERTY
@marie_nicot
@mpechberty
Le suspense monte d’un cran. Cette
semaine, le Sud-Africain Steinhoff, propriétaire de Conforama,
devrait déposer une offre ferme
pour racheter Darty à la barbe de
la Fnac. Début mars, Steinhoff a
créé la surprise avec une promesse
alléchante pour les actionnaires de
Darty : mettre sur la table 858 millions d’euros. Un atout majeur face
à la Fnac, qui a proposé fin 2015
un système complexe d’échanges
d’actions et du cash à hauteur de
seulement 95 millions d’euros.
Pour l’instant, The Takeover
Panel, gendarme anglais des fusions,
n’impose pas de date limite à Steinhoff pour se déclarer. « Tant mieux,
analyse un proche du dossier Darty.
Le temps joue pour nous. Nos résultats se sont améliorés. Ils veulent tous
nous manger. Attendons… » Un avis
qui n’est pas partagé par un spécialiste de l’enseigne d’électroménager :
« Les situations d’incertitude sont
préjudiciables aux équipes. »
Seule certitude, le géant sudafricain a jusqu’à vendredi pour
formaliser une seconde OPA lancée sur le distributeur britannique
Home Retail en concurrence avec
Sainsbury’s. Avec 20 milliards
Bruno LEVESquE / iP3/maXPPP
d’euros de capitalisation et 9,8 milliards d’euros de chiffre d’affaires,
ce groupe encore méconnu du
grand public semble capable de
mener deux opérations d’envergure de front.
Proposer plus de cash
aux actionnaires
La Fnac a tenu un conseil
d’administration lundi dernier,
une information démentie par
le groupe, qui préfère souligner
qu’Alexandre Bompard, patron de
la Fnac, a passé la semaine à sillonner la Silicon Valley, rencontrant
Tim Cook, président d’Apple. Les
dirigeants de l’enseigne culturelle
ont passé en revue les différentes
options stratégiques pour contrer
l’assaut de Steinhoff. Le constat
est simple : pour tenter de rafler
la mise, il est impératif d’améliorer l’offre en versant davantage de
numéraire. « Il faudrait proposer pas
loin de 50 % de cash pour convaincre
les actionnaires de Darty », estime
une source proche du groupe.
Limitée en trésorerie, la Fnac
réfléchit à une alliance avec un
partenaire qui apporterait du financement. Trois options seraient
sur la table. La première consisterait à se rapprocher d’un pro de
la distribution : les noms de Carrefour ou encore du site chinois
Alibaba circulent. Sans convaincre.
« Aucune discussion n’est en cours,
jure un proche du PDG Alexandre
Bompard. Les problèmes soulevés
par le gendarme antitrust sont
lourds. » Le rachat de Darty étant
déjà scruté par l’Autorité de la
concurrence, l’arrivée d’un autre
partenaire industriel risquerait
d’être retoquée.
La deuxième option viserait à
s’allier à un fonds d’investissement.
« Sauf que leurs exigences de rendement sont très élevées », ajoute ce
proche de la Fnac. Enfin troisième
option, des banques viendraient soutenir le projet. L’enseigne devra aussi
convaincre son principal actionnaire
Artémis (Kering) de remettre au
pot pour financer une éventuelle
surenchère. Le groupe de la famille
Pinault pourrait symboliquement
accompagner l’opération. g
Bernard Demeure associé au sein du cabinet Oliver Wyman
« La moitié des enseignes en Europe
fusionneront d’ici à 2025 »
CyriL BrunEau
ViSuaL PrESS agEnCy
Elle ose
Le duel entre la
Fnac et Conforama pour le
contrôle de
Darty est-il le
signe d’un mouvement de concentration ?
Les distributeurs établis
font face à une forte pression
concurrentielle et aux nouvelles formes de commerce
en ligne. Les rapprochements
deviennent inévitables. Dans
l’alimentaire, on assiste depuis
2014 à la création de grandes
alliances à l’achat : Système UAuchan, deux groupes qui ont
annoncé vouloir aller plus loin
avec des échanges d’enseignes,
Intermarché-Casino et Carrefour-Cora. Dans le non-alimentaire, le mouvement va
s’amplifier. Les rapprochements
entre enseignes nationales et
européennes vont s’accélérer.
La moitié d’entre elles disparaîtront d’ici à 2025.
Internet pousse-t-il
à la consolidation ?
Amazon et ses rivaux augmentent les exigences du
consommateur. La livraison
de produits alimentaires frais
en moins de deux heures est
une réalité. Au cœur de Paris,
UberEats apporte vos repas en
moins de dix minutes !
Pour rivaliser, les enseignes
établies doivent continuer à
améliorer les prix, la variété
de l’offre et la proximité qui ont
historiquement fait leur succès.
Elles doivent aussi faciliter le
parcours d’achat. Par exemple,
avant de s’offrir un smartphone,
le consommateur compare les
modèles sur le site, vérifie les
stocks du magasin près de son
domicile, et se déplace pour
payer et emporter son achat.
Cette stratégie dite multicanale ou omnicanale exige des
investissements importants. Les
risques d’échec sont réels. Ce
virage technologique pousse au
rapprochement entre enseignes.
Est-ce la fin des magasins ?
C’est tout le contraire. On
voit des sites de commerce en
ligne tels le chinois Alibaba
ou l’américain Zappos dans la
chaussure ouvrir des magasins
physiques. Même Amazon a
inauguré l’année dernière sa
première librairie à Seattle.
PrOPOs recueillis Par Marie NicOt
Vidalies, secrétaire d’État
chargé des Transports,
réunira les représentants
des taxis pour mettre en
œuvre le plan établi par
le médiateur Laurent
Grandguillaume. Le député
PS a proposé ses solutions
pour établir « une concurrence
saine » : contrôles accrus pour
protéger le consommateur,
création d’un fonds d’aide aux
taxis en difficulté, formation
et identification des
chauffeurs… M.N.
Stéphane
Le Foll et
Phil Hogan,
le commissaire
européen à
l'Agriculture,
le 2 mars
à Paris.
ThomaS
BrEgarDiS/
maXPPP
Bruxelles au chevet
de l’agriculture
CRISE Demain, Stéphane Le Foll
négociera des mesures
d’urgence pour juguler la
surproduction de porc et de lait
Les agriculteurs ont rangé les
tracteurs sans que la crise ne soit
réglée. Les manifestations auront
tout de même alerté Phil Hogan,
commissaire européen à l’Agriculture, qui réunit demain un Conseil
des ministres de l’Agriculture des
Vingt-huit. La France espère que
des mesures seront prises « pour
stabiliser puis réduire » la surproduction qui est à l’origine de
la chute des cours. Stéphane Le
Foll milite pour un relèvement des
niveaux de stockage en poudre de
lait et viande de porc, et une limitation temporaire de la production.
La levée de l’embargo russe sur le
porc reste au programme, complétée
d’un dispositif de soutien à l’export.
Au niveau national, le ministre de
l’Agriculture défendra la nécessité
de signaler l’origine des viandes
et du lait dans les produits industriels. « Nous souhaitons que l’Europe
autorise à titre dérogatoire la France
à étiqueter l’origine sur les produits
transformés », précise au JDD Xavier
Beulin, le président de la FNSEA.
Contrairement au sommet
exceptionnel de septembre, le
ministre français a plus de chances
de convaincre. Il assure avoir rallié
une majorité de gouvernements
européens à sa cause. Au fil des
jours, la France et l’Allemagne
ont décidé d’une « position commune ». L’Espagne, la Belgique,
l’Autriche, l’Italie et la Slovénie
partagent désormais la vision franco-allemande. Pourtant rien n’est
acquis. L’Irlande, le Royaume-Uni,
la Suède et le Danemark refusent
toute idée d’intervention. M.N.
Tabac : un délai de six mois
pour le paquet neutre
GAGNé DE HAUTE LUTTE, le
paquet neutre sera mis en place
chez les buralistes à compter du
20 mai 2016. Selon nos informations, les décrets d’application de
la loi santé de Marisol Touraine
sur ce paquet, ainsi que sur les
capsules et les cigarettes mentholées, devraient être signés en fin
de semaine et publiés la semaine
suivante. Le texte prévoira un
délai d’écoulement des stocks de
six mois pour les paquets « non
neutres » et de trois mois pour les
cigarettes mentholées.
Déstockages massifs ?
Un délai, semble-t-il, plus
strict que ceux de la directive
européenne, fixés à un an. Et un
temps jugé raisonnable face au
risque de recours contentieux de
la part des buralistes et fabricants.
Cela donnera aussi aux cigarettiers la souplesse nécessaire pour
livrer les nouveaux paquets à
Logista, qui approvisionne quelque
28.000 points de vente en France,
et aux débitants d’écouler leurs
stocks ou de renvoyer leurs invendus. Si ce décalage ne la choque
pas, Michèle Delaunay, ancienne
ministre déléguée aux Personnes
âgées et à l’Autonomie, aujourd’hui
présidente de l’Alliance contre le
tabac, redoute des déstockages
massifs : « Nous n’allons pas mégoter sur le délai car l’attente fut
longue et le combat difficile mais je
suis sûre que les fabricants vont en
profiter pour vendre un maximum
de paquets. Et ce que l’on veut, c’est
un paquet à 10 €. »
BRUNA BASINI
business | 21
jdd | 13 mars 2016
Jeudi,
Alain Mikli
pose dans
le restaurant
parisien
qu’il a créé
avec son associé,
le boucher
Alain Desnoyer.
Nicolas MaRQUEs/
KR iMagEs PREssE
Martini joue
la carte vintage
ALCOOL L’apéritif italien
tente un retour à ses racines
pour recruter de nouveaux
consommateurs
SyLvIe AndReAu
Les mille et une vies
d’Alain Mikli
PORTRAIT L’ancien lunetier des stars fait attelage depuis deux ans avec
le boucher Hugo Desnoyer, pour en faire une marque
BRunA BASInI @BRunABASInI
Viandard Alain Mikli, l’ancien lunetier des stars ? Lui qui habillait
les visages d’Andy Warhol, Grace
Jones ou Kanye West à coup de
montures chics en acétate, s’est
mis en tête de parer la marque
Hugo Desnoyer, le boucher haute
couture, comme on pare une épaule
d’agneau sur le billot. « Je veux
savoir si j’ai réussi par hasard, par
accident ou par compétence en allant
sur un territoire totalement neuf »,
explique l’entrepreneur effréné.
S’offrir un essai bœuf la soixantaine rugissante venue. Racines
arméniennes nichées derrière son
vrai nom – Miklitarian – il reçoit
lunetté dans le nouveau restaurant
parisien qu’il vient de lancer avec
son protégé et partenaire. Installé
dans une encoignure de la halle
Secrétan, en plein cœur du 19e arrondissement, le lieu, ambiancé
peau de vache, détonne. Le menu
propose des pièces chères d’un kilo
à partager et des tapas carnées à
des prix d’entrée de gamme. « Le
mobilier a un vécu, on l’a relooké.
Et on est là où on ne nous attendait
pas », ponctue cet adepte du décalé.
Les deux hommes qui se
connaissent depuis près de vingt
ans veulent diffuser leur concept
vers des palais lointains et transformer le patronyme du boucher
en marque mondiale. Mikli a vendu
la sienne en 2013 au géant de l’optique Luxottica pour 100 millions
d’euros. Une belle cagnotte que
l’entrepreneur qui ne voulait pas
devenir « un exilé fiscal » a décidé
de réinvestir en France. Il a placé
10 millions d’euros dans l’aventure
Desnoyer et tout désossé. « On a
revu chaque étape de la vie de l’animal, sélectionné les éleveurs, imposé
des règles sanitaires et alimentaires.
Notre concept, c’est de l’herbe à
l’assiette », résume-t-il.
Huit projets en attente
Baptisée Boucherie & Cow, leur
société commune prévoit d’essaimer des établissements de Londres
à Séoul en passant par New York,
Shanghaï ou Dusseldorf, énumère
Alain Mikli, qui espère lever à
cette fin 10 à 30 millions de plus.
Avec déjà une boucherie en ligne,
les restaurants de Paris et Tokyo,
deux corners aux Galeries Lafayette
(Haussmann et Marseille) et un bur-
ger le mois prochain dans le marché
Saint-Germain à Paris, le duo met les
bouchées doubles et imagine encore
des implantations éphémères dans
des foires ou des lieux touristiques.
L’ancien lunetier, petit dormeur,
a l’envie d’aller vite et veut consacrer 90 % de son temps à terme à
ce projet, parmi huit autres. Entre
deux business plans, il se ressource
dans sa propriété des Yvelines et
en Balagne (Corse). Mais toujours
en vitesse, tant sa frénésie d’entreprendre reste forte. « Aujourd’hui,
tous mes projets visent le confort,
le bien-être et le partage », dit-il.
On y trouve les Businova, des bus
citadins silencieux à faible consommation avec beaucoup de lumière
et d’espace, actuellement en test à
Toulouse. Des écouteurs qui transmettent un son hi-fi sans vous couper du monde. Une jeune pousse de
reconnaissance faciale, Wisimage,
qui propose de se maquiller en réalité augmentée, et est prête à équiper demain des robots humanoïdes.
Une application d’ambiance musicale qui crée de la musique libre de
droit d’auteur. Et peut-être demain
une nouvelle marque de lunettes…
vachement belles. g
Une low cost long-courrier
dans le ciel français
AéRIen Air Caraïbes a renoncé à
racheter Corsair, mais lance une
compagnie à bas coût
La famille Dubreuil n’est pas
du genre à renoncer facilement
à ses projets. Après la cinglante
déconvenue qui les avait poussés
à renoncer au rachat de Corsair,
il y a un an, les propriétaires d’Air
Caraïbes annonceront jeudi le lancement d’une nouvelle compagnie
aérienne française et, promettentils, la première low cost long-courrier. Elle serait baptisée French
Blue, croit savoir La Tribune, et
proposerait des destinations loisirs à bas coût, vers la République
dominicaine notamment.
Marc Rochet, le président d’Air
Caraïbes, avait levé le voile sur son
La Républicaine dominicaine
devrait être la première destination
de French Blue. PaNoRaMic
projet en juin lors de l’assemblée
générale de la compagnie antillaise.
Il annonçait alors attendre la livraison d’un Airbus A330 neuf pour
juin 2016, ce qui correspondrait
au lancement de la nouvelle compagnie, depuis l’aéroport d’Orly,
d’où opère Air Caraïbes. Il esti-
mait que les conditions salariales
ne permettaient pas de faire du low
cost depuis la France, mais promettait de tout faire pour obtenir le
pavillon français. Avec 1,2 million
de passagers transportés l’an passé,
Air Caraïbes revendique 32 % de
part de marché sur les juteuses
liaisons métropole-Antilles. En
France, XL Airways exploite déjà
un modèle proche de celui que
s’apprête à lancer le spécialiste
des Antilles. En Europe, Norwegian mais surtout Eurowings, filiale
de Lufthansa, ont déjà investi le
long-courrier à bas coût. S.A.
La petite ville de Pessione, près
de Turin, est en ébullition. L’usine
historique de Martini qu’elle abrite
reçoit aujourd’hui le gratin du
Piémont et les pilotes de l’écurie
de Formule 1 Williams, aux couleurs de la marque. Le champion
de l’apéritif veut revenir dans la
course. Il lancera en septembre
une nouvelle bouteille, au design
vintage, censé rappeler toutes les
valeurs du Martini : dolce vita,
moments partagés entre amis…
Le groupe Bacardi, qui a repris
Martini en 1993, a profité du passage de ses champions en Italie,
avant la reprise de la saison de
F1, pour dévoiler sa stratégie
produit. Il y a quelques jours, une
première étape de cette opération
« retour aux sources » s’était déjà
traduite par la mise sur le marché
d’une nouveauté… vieille comme
la marque, créée en 1862. Cette
gamme de vermouth « Riserva
Speciale » affichera 18° d’alcool
alors que Martini, pour être plus
« facile » à boire et surtout moins
frappé fiscalement, était passé à
14°. Une descente qui l’avait exclu
de l’appellation vermouth et donc
de la composition des cocktails
pour puristes.
En concurrence avec un autre
italien, Aperol
Le nouveau Martini, version
2016, est lui censé reconquérir des
consommateurs pour qui apéritif ne
rime plus forcément avec vin cuit
et qui sont allés chercher l’ivresse
dans d’autres types de produits. Pour
l’usine de Pessione, le changement
de bouteille et la nouvelle étiquette
sont une révolution. «Même les plus
vieux salariés ne se rappellent pas
la dernière fois que la bouteille a été
modifiée de la sorte», assure Paolo
Perego. Le président pour l’Europe
de Bacardi-Martini ne veut pas dra-
matiser la situation de la
filiale italienne. « Je dirais
que notre marché est plutôt stable sur ces cinq
dernières années, avec
2 milliards de verres vendus par an », analyse-t-il.
Les chiffres des ventes
sont moins encourageants sur le marché
français, le premier au
monde pour la marque.
Ceux de la grande distribution révèlent une nouvelle érosion du marché
des apéritifs l’an dernier.
Il représente cependant
toujours 40 % du secteur des spiritueux, soit
1,5 milliard d’euros. Un
volume qui justifie que
Bacardi-Martini secoue
les glaçons. « Quand on
gère une marque de plus
de 160 ans, il nous faut
être capable de recruter
de nouveaux consommateurs », reconnaît Paolo
Perego, qui mise gros sur
sa nouvelle bouteille.
Martini vise donc
une sortie en douce du
créneau de l'apéritif Nouveau
où il se retrouve coincé package
depuis quelques années
pour un
et surtout, depuis peu, retour en
en concurrence avec un force. DR
autre italien, Aperol.
Distribué en France par
la maison Philippe de Rothschild,
l'alcool à base de gentiane fait un
tabac dans sa version cocktail, le
spritz, et prend des consommateurs à la marque de Pessione. Le
groupe Bacardi-Martini a donc lui
aussi imaginé allonger sa boisson,
pour tenir la distance quand les
soirées s'éternisent. Après avoir
tenté le mélange avec le prosecco,
le vin mousseux italien dont les
ventes ont bondi de 177 % en 2015,
sous l'effet Spritz, la marque s'est
accoquinée avec Schweppes.
Elle espère faire de son martinischweppes la nouvelle boissson
de l'été. g
22 | regards
Rouge vif
Anne Roumanoff
@anne_roumanoff
Et si on
modifiait
le code
du couple ?
JDD | 13 mars 2016
Le couple était en crise. Les célibataires,
qui étaient de plus en plus nombreux, étaient
surnommés les « sans-couple ». Il y en avait
tant qu’on avait du mal à les comptabiliser
précisément. Ils étaient régulièrement
convoqués à l’agence Pôle couple, où des
conseillers spécialisés était censés les aider à
retrouver un partenaire. On leur proposait des
ateliers de réécriture de CV amoureux où l’on
apprenait aux inscrits à valoriser leurs
expériences passées. On pouvait y faire des
bilans de compétences relationnelles pour les
orienter vers des couples plus en adéquation
avec leurs aspirations profondes.
Le souci, c’est qu’il n’y avait pas
de concordance entre l’offre et la demande.
Beaucoup de demandeurs de couple
cherchaient un couple à durée indéterminée
mais il y avait surtout des offres de couple à
durée temporaire ou même de couple à temps
partiel. Parfois les offreurs de couple avaient
des exigences folles : ils demandaient des
qualifications très poussées, espérant trouver
une personne à la fois très jeune et très
expérimentée qui serait aussi bien malléable
qu’ultracompétente.
Souvent, les quinquagénaires
expérimentés étaient impitoyablement exclus
du marché du couple. Ils le disaient eux-mêmes
avec fatalisme : « À mon âge, je sais que j’ai très
peu de chances de retrouver un couple à durée
indéterminée, c’est pour ça que je multiplie les
missions d’intérim, ça me permet de rester dans
le bain de la séduction. » Quant aux plus jeunes,
leur CV amoureux était ponctué de courtes
expériences avec de multiples partenaires, ce
qui donnait une impression d’incohérence et
d’instabilité les empêchant d’avoir accès à un
couple stable.
du couple plus fluide multiplierait forcément
le nombre de mariages, ce qui est, vous le
reconnaîtrez, un raisonnement un peu curieux.
La nouvelle loi prévoyait des mesures
controversées comme la possibilité de faciliter
le licenciement amoureux à la moindre
difficulté relationnelle et le plafonnement des
indemnités de rupture de couple. Certains
hurlèrent : si cette mesure passait, non
seulement le nombre de « sans-couple »
augmenterait mais les plus fragiles seraient
pénalisés, cette loi n’était pas une avancée mais
un retour en arrière.
Le gouvernement décida de faire de
la diminution du nombre de « sans couple »
sa priorité absolue. Comme souvent en France,
quand on essaie de changer quelque chose, on
nomme une commission chargée de réfléchir
au problème. Sa conclusion fut la suivante : si
les gens avaient de plus en plus peur de
s’engager dans un couple à durée indéterminée,
c’est à cause des contraintes que cela induisait.
Il était donc indispensable de modifier le code
du couple, de l’alléger pour inciter à s’engager
dans une union à long terme. Faciliter la
séparation et le divorce en rendant la sortie
D’autres rétorquèrent qu’au contraire
cette loi avait été conçue pour permettre aux
jeunes de sortir de la précarité amoureuse et
qu’il était urgent d’adapter le code du couple
aux exigences du monde moderne comme
l’avaient déjà fait de nombreux pays européens.
On envisagea même de taxer les couples
temporaires afin de forcer les gens à s’engager
dans des unions durables. La vérité, c’est que
pour se lancer dans une union durable, on a
besoin d’une chose impalpable qui ne pourra
jamais être décrétée par une loi, car elle est
impalpable : la confiance dans l’avenir. g
« Voilà mon dernier mot ! »
Au dernier jour de son procès,
mercredi, la pilote d’hélicoptère
ukrainienne a adressé un bras
d’honneur à ses juges russes en
entonnant l’hymne de son pays.
Jugée pour le meurtre de deux
journalistes en Ukraine, Nadia
Savtchenko a réaffirmé son
innocence et annoncé qu’elle
poursuivrait sa grève de la faim
et de la soif au moins jusqu’à
la date du verdict, les 21 et
22 mars. « Peut-être que je
vivrai jusque-là… Les enjeux sont
élevés et je n’ai rien à perdre. »
Plusieurs États réclament
la libération immédiate de
Nadia Savtchenko devenue
une héroïne en Ukraine.
YURY MALTSEV/AFP
La photo
de la
semaine
Opinion
Guillaume
Lepecq
Fondateur d’AGIS consulting (Paris)
L’argent
liquide
est notre
avenir
Je pense que l’argent liquide n’existera probablement plus dans dix ans. » Lorsque j’ai lu
ces propos d’un patron d’une banque allemande, je
me suis dit : encore un banquier qui rêve éveillé…
Mais lorsque j’ai entendu dirigeants et hauts fonctionnaires reprendre l’idée, je m’en suis inquiété.
Une société carrément sans argent liquide,
c’est une boîte de Pandore qui s’ouvre. Le ministre
autrichien des Finances pense que les citoyens ont
« le droit constitutionnel de payer en argent liquide ».
En revanche, au Danemark, en Norvège ou en
Suède, l’industrie
bancaire essaye
d’imposer une
société illusoire et
risquée du « toutpaiement électronique ». Ce « meilleur des mondes »
de PayPal, Google
Wallet, Amazon,
Visa, MasterCard
ou ApplePay pose
pourtant problème.
J’estime que l’argent liquide est notre avenir.
Le billet de banque ne contient aucune donnée
personnelle à voler. C’est un produit « high-tech »
et sécurisé, où se croisent une vingtaine de dispositifs d’authentification… Il est économe en
réseaux électroniques et en papier – alors que
nos paiements électroniques usent et abusent des
réseaux et des tickets de preuve. Et puis le billet
de banque est à l’abri des bugs.
Certains croient que supprimer l’argent liquide
servirait à lutter contre le terrorisme ou le blanchiment. Cela fait bien longtemps que Daech ou
la mafia recourent à des mécanismes financiers
sophistiqués. L’argent liquide, c’est pour les petits
malfrats. Mais s’il faut supprimer l’argent liquide
parce qu’ils l’utilisent, il faut aussi supprimer la
voiture et le téléphone.
Si je m’inquiète, c’est que cette idée folle nous
fera vivre plusieurs cauchemars en même temps.
Le cauchemar de la privatisation de l’argent : ce
bien public passera dans les mains des opérateurs
privés, américains surtout, qui accéderont à notre
dernier espace de vie privée, celui de nos achats. Et
sans la concurrence des billets de banque, l’industrie du paiement
pourra organiser
et tarifer le marché du paiement à
sa main.
Le cauchemar
de la taxe sur les
comptes bancaires
avec de simples
taux d’intérêt
négatifs… Pour y
échapper, certains
remplaceront leurs billets disparus par des achats
de diamants ou d’or. Quant aux citoyens de pays
en crise à travers le monde, ils ne pourront plus
placer leurs économies à l’abri dans un coffre.
Le cauchemar de la fin du lien social. Payer
en monnaie physique est un acte d’échange et
de confiance, de personne à personne. C’est un
acte de civilisation et de culture. Pour sauver les
émetteurs de cartes, pour donner de nouveaux
débouchés aux plates-formes Internet et aux fintech, pour consoler les banques, allons-nous laisser
escamoter nos billets, comme l’ont fait Suédois et
Danois ? Nos voisins et amis allemands résistent
déjà. Mais je n’entends rien en France. g
Supprimer le cash contre
le terrorisme ? Cela fait bien
longtemps que Daech recourt
à des mécanismes financiers
sophistiqués
Déchiffrage
Axel de Tarlé
La fin des
hypermarchés
L
’hypermarché ne cesse de perdre
du terrain. Les ventes ont reculé de
3 à 4 % l’an dernier, selon les chiffres
du magazine spécialisé Linéaires. Chez
Carrefour, l’hypermarché ne représente
plus que 52 % des ventes, contre 65 %
il y a dix ans. Le modèle de l’hyperconsommation est à bout de souffle. Les
rayons interminables et les caddies qui
débordent ne font plus rêver personne.
Le consommateur a soif de qualité et de
petite quantité.
On vOIt même apparaître des magasins
qui ne vendent plus rien, plus de marchandises ! Cette vague nous vient des
États-Unis. La boutique est devenue
un simple showroom où le consommateur vient prendre des conseils, tester
le produit, avant de le commander
éventuellement pour une livraison à
domicile. Decathlon a ouvert une première boutique de ce genre à côté de
Lille. Quelque 22.000 références y sont
simplement exposées. Avantage : zéro
stock. Le vendeur ne perd pas de temps à
réapprovisionner les rayons, il est entièrement tourné vers le client.
Le cOmmerçAnt se réapproprie ainsi son
métier de commerçant : la satisfaction
du client. Avec l’essor du big data, on
s’oriente même vers un accueil ultrapersonnalisé où le client est reconnu
et se voit proposer des objets propres
à son univers. Imaginez une boutique
de vêtement, où l’on vous accueille avec
une tasse de votre thé vert favori, des
vêtements à votre goût, que vous pouvez
essayer dans une cabine qui diffuse votre
musique préférée, puis vous repartez les
mains vides, après avoir commandé en
boutique. Plus besoin de voiture !
c’eSt tOut de même plus sexy que des
fringues vendues en vrac, dans l’hypermarché de la ZAC Nord « Euro 2000 »
avec son parking de 4.000 places !
Le monde de l’hyperconsommation
« 10 paquets achetés/10 paquets offerts » touche à sa fin. La boutique est
de retour. Un message d’espoir pour de
nombreuses villes moyennes qui ont vu
leur centre-ville vampirisé par la zone
commerciale. g
jdd | 13 mars 2016
Erik Orsenna
Le chasseur
de regrets
En écrivant le « livre de son père »,
le romancier se dévoile en remontant
aux origines de sa filiation : l’amour
des mots, des femmes et de la musique,
des histoires folles et vraies
I
Ludovic Perrin
@lpjdd
l ressemblait à Clark Gable. L’œil
qui frise autant que la moustache.
Il s’est écroulé dans les alignements de menhirs à Carnac. Puis
il est mort. Erik Orsenna, son fils
aîné, qui a dû se rebaptiser du nom d’une
ville imaginaire pour prendre son envol
(Orsenna, dans Le Rivage des Syrtes, de
Julien Gracq) lui consacre un roman.
Dans L’Origine de nos amours, l’écrivain
économiste, qui s’est fait connaître sur
les problématiques d’équilibres NordSud et de redistribution des richesses,
y explique combien il est difficile de
grandir à l’ombre d’un menhir.
Claude Arnoult avait tout bon : la fine
moustache et l’allure subséquente, la maîtrise des courants, le sens des histoires et
le goût du danger. Il était beau, champion
d’aviron et savait inventer des récits de
pirates s’échouant au large des Caraïbes.
Il a fini ses jours dans une charmante
résidence près d’un centre commercial
jouxtant le parc de Versailles.
Le fils a une moustache plus touffue.
Il s’est toujours trouvé trop petit, trop
médiocre pour remporter la moindre
médaille. « Je l’ai toujours connu incapable
d’être aimé pour ce qu’il
est, surpris que l’on
puisse tomber amoureux de lui », explique
son amie Catherine
Clément.
Les honneurs ont
servi de compensation.
Le fils de gaulliste gauchiste s’est distingué
comme conseiller sous
François Mitterrand à
34 ans, Prix Goncourt à
41 ans, coscénariste du film Indochine à
45 ans (cinq César, un oscar et un Goya)
et membre de l’Académie française à
51 ans dans le siège d’un autre amoureux
de la mer, le commandant Cousteau. Les
parents ont assisté à l’intronisation du
petit génie de la famille. Ils avaient 73
et 74 ans. Le fils les avait réunis à nouveau. Cela vaut bien tous les podiums
olympiques.
de sa femme. La mère d’Erik. « Erik s’est
toujours montré discret sur ses parents ; je
n’en sais presque rien sinon qu’il a été très
choqué par leur divorce », relate Catherine Clément.
Dès lors, un dialogue s’est engagé
entre le père et le fils. Chaque premier
dimanche du mois durant trente-quatre
ans, ils se sont retrouvés pour déjeuner
à La Flottille, un genre de guinguetteprès du château de Versailles. Le viceprésident de la Fédération française
d’aviron s’inquiétait pour les amours
houleuses de son fils. Pourquoi ça ne
marchait pas alors que tout le reste lui
réussissait ? Il a été très heureux d’apprendre à la fin de sa vie que son aîné, ce
garçon qui s’est dépeint en veuf éploré
dans La Chanson de Charles Quint, avait
enfin trouvé un équilibre sentimental.
Isabelle est cardiologue, elle est la troisième femme d’Erik Orsenna. « Nous
parlions d’amour, c’est étrange entre un
père et un fils, mais nous nous arrêtions
au bord de l’intime. »
Erik Orsenna avait 8 ans lorsqu’il
s’est rendu pour la première fois de
l’autre côté du miroir. Avec son père,
comme toujours. Le dirigeant de la petite entreprise de jouets
proche de la faillite s’entraînait sur le circuit automobile de Montlhéry.
La mère interdisait que
son fils montât dans ces
bolides de fou. Mais
un jour, Erik rompit la
promesse : cheveux au
vent, chevaux dedans,
150 km/h à bord d’une
DB. En rentrant, Erik
mentit. Et un monde
s’entrouvrit. « C’était
fabuleux. Ce jour-là,
j’ai compris que je pouvais avoir deux
vies, être l’enfant sage de ma mère et
aussi un autre. » Sa mère, monarchiste
continuant à rêver des rois de France,
lui avait transmis le sens de la rigueur.
Son père lui donna ce grain de folie. Erik
Arnoult, le conseiller d’État, serait aussi
Erik Orsenna le romancier.
Le père parlait plus que le fils. Parce
qu’il fallait raconter. Le père savait que
le fils saurait écrire et transmettre au
plus grand nombre. Erik Orsenna a
longtemps cru que tout était inventé. Il
découvrit finalement qu’un des ancêtres
paternels avait effectivement débarqué
en 1838 dans la vieille ville de Trinidad,
à Cuba, un petit tailleur pour dames, le
premier séducteur de la branche paternelle. Les femmes, comme chacun sait,
sont les plus belles histoires du monde.
Ce n’est pas Erik Orsenna qui dira
le contraire : il peut se planter des
heures entières devant une agence
immobilière pour s’imaginer dans
« Nous parlions
d’amour, c’est
étrange entre
un père et un fils,
mais nous nous
arrêtions au bord
de l’intime »
« Chez Erik, l’écriture
est toujours liée à un danger »
Bretagne, été 1975. La radio diffuse
un titre de Gérard Manset, Il voyage en
solitaire, cette chanson parlant d’un paradis où il n’y a pas de place pour se garer.
Erik Orsenna a fait le trajet jusqu’à l’île
de Bréhat, le pays de son enfance, pour
se réfugier dans les bras de son père. Il
divorce de sa première femme, Nathalie.
Sitôt arrivé sur l’archipel de l’Arcouest,
il apprend que son père est tout aussi
inconsolable : il se sépare pareillement
Erik Orsenna, le 22 février, chez lui, à Paris. Gilles BassiGnac/DiverGence pour le JDD
1947
Naissance à Paris
1974
Loyola’s Blues,
premier roman
(Seuil)
1975
Thèse en sciences
économiques :
« Les Mécanismes
de la création en
économie ouverte »
1981
Ministère de la
Coopération auprès
de Jean-Pierre
Cot, puis plume et
conseiller culturel de
François Mitterrand
1988
L’Exposition coloniale,
prix Goncourt
2016
L’Origine de
nos amours (Stock)
une autre maison, un autre univers,
une autre famille. Ce lutin reporter
incarnerait à merveille Tintin si celuici était sexualisé. « Mon père regardait
les passantes. Pour l’allure, mais aussi
parce que chacune rend possible une
histoire, des lieux, un voyage. » Son
amie Catherine Clément : « Chez Erik,
l’écriture est toujours liée à un danger.
Souvenez-vous qu’il a traversé le Sahel
sous escorte pour écrire Madame Bâ. »
Quel danger y a-t-il dans L’Origine de
nos amours ? Le père est mort, la mère
partie dans les limbes d’Alzheimer. Il
reste son frère et sa sœur à qui il a dédié
ce « livre de leur père » : l’un psychiatre
(Thierry, deux ans et demi de moins) ;
l’autre mère de quatre enfants (Juliette,
douze ans plus jeune), qui a sacrifié une
brillante carrière chez Europe Assistance, tous aussi différents qu’on peut
l’être dans une même famille.
Tout l’intéresse, il a écrit
sur tout et partout
Erik Orsenna est un drôle de type,
jonglant entre ses expéditions aux quatre
coins du globe et le consulting en entreprise (Engie), tout aussi capable de pousser la chansonnette sur un air de salsa
ou de coucher un texte avec un Grand
Corps Malade ou bien Oxmo Puccino.
Il a écrit une préface pour l’Airbus 380
comme il a fait une bio très personnelle de
Pasteur. Tout l’intéresse. Il a écrit sur tout
et partout, même dans le voilier d’Isabelle
Autissier sur l’Antarctique.
Dans sa maison parisienne de la
Butte-aux-Cailles, ses deux bureaux
se font face : à droite celui dédié aux
romans ; à gauche celui consacré aux
ouvrages plus scientifiques. Exactement comme les deux hémisphères d’un
cerveau humain, la raison (maternelle)
à gauche ; la fantaisie (paternelle) à
droite. Quand il retrouve sa Bretagne,
sur l’archipel de Molène, juste en face
de Bréhat, d’où il observe son enfance,
c’est dans une cabane qu’il se réfugie
au fond du jardin.
Il écrit dès 4 heures du matin, à
l’heure de sa naissance. C’est là et aussi
ailleurs que lui est revenue l’histoire de
son père. Il travaillait sur la biographie
d’un amiral chinois du XVe siècle, Zheng
He, quand sur un vol retour de Chine,
il a vu sa vie défiler devant ses yeux :
une tempête secouait la carlingue. « Je
me suis dit “Petit mec, c’est le moment
ou jamais…” J’avais longtemps retardé
l’échéance, mais ça y est, maintenant je
me sens apaisé. J’ai raconté », dit-il près
d’un piano.
Depuis la disparition de Claude
Arnoult, Erik Orsenna ne s’est plus
contenté des histoires de papa, il a
décidé d’effleurer l’ivoire. Sans rien
connaître à la musique, ni au solfège.
Jusque-là, c’était le domaine réservé
de son frère cadet, guitariste classique
ayant longtemps joué Bach avant de se
recentrer sur son activité de psychiatre.
La place était donc libre. La musique,
c’était les ancêtres de Cuba. La lignée
paternelle. Une flopée de premiers prix
de conservatoire. Chaque jour, l’insatiable Orsenna se met à son piano. À
69 ans, ce « chasseur de regrets » a élargi
son champ des possibles. Les mots et
les notes. Des histoires à chaque fois. g
24 | météo
regards
JDD | 13 mars 2016
« Le vent dans tes cheveux blonds / Le soleil à l’horizon / Quelques mots
d’une chanson / Que c’est beau, c’est beau la vie »
Au jeu
de go, la
machine
a battu
hier le
champion
du monde
sud-coréen
Lee Sedol
pour
la 3e fois.
Extrait de « C’est beau la vie » (1963)
Hommage à Jean Ferrat,
décédé le 13 mars 2010
3
9
1
12
0 Lille
10
Abbeville
0
11
Cherbourg
3
12
Brest
Dimanche 13 mars
Indice de confiance 5/5
0
12
Rennes
0
12
Nantes
1
11
Paris
Tours
Clermont-Ferrand
0
9
Bordeaux
2
13
4
12
Lundi 14
5/5
1
Nord 10
Sud
2
14
Jeudi 17
3/5
1
Nord 11
Sud
3
12
Biarritz
Toulouse
1
12
Mardi 15
5/5
Ensoleillé
- 10°/0°
1°/5°
Nancy Strasbourg
0
2
10
10
Dijon
Besançon
1
1
10 10
Lyon
Grenoble
2
3
11
12
9
16 Nice
Marseille
5
Bastia
14
9
14
Mercredi 16
3/5
1
Nord 11
Sud
3
16
4
Nord 10
Sud
4
13
Vendredi 18
3/5
Samedi 19
3/5
1
Nord 12
Sud
3
14
2
Nord 11
Sud
3
15
Éclaircies
6°/10°
Yonhap /
REUTERS
Nuageux 11°/15°
Couvert 16°/20°
Pluie
21°/25°
26°/30°
Orages
Neige
31°/35°
36°/40°
Éclairage
Par Jean-Gabriel Ganascia*
Le vainqueur, c’est l’homme
qui a créé AlphaGo
La victoire de l’intelligence
artificielle
La série de victoires du programme AlphaGo sur le champion
du monde sud-coréen Lee Sedol
marque un jalon dans l’histoire
de l’intelligence artificielle. Le
go, une activité très populaire en
Asie, qui requiert ruse, créativité
et astuce, n’est pas n’importe quel
jeu. Le but, c’est de dessiner et de
circonscrire des territoires afin de
prendre les pions de l’adversaire.
C’est le plus long et le plus complexe des jeux de stratégie, raison
pour laquelle, dans ce domaine,
l’humain a longtemps résisté aux
assauts de la machine. Aux échecs,
la partie est pliée depuis 1997,
lorsque l’ordinateur Deep Blue
d’IBM a battu Garry Kasparov.
Il y a une différence d’échelle
énorme : aux échecs, le nombre
de combinaisons possibles est
de l’ordre de 1070, ce qui est déjà
beaucoup, presque autant que de
particules dans l’univers. Mais au
jeu de go, qui se joue sur un tablier
quadrillé de 19 lignes et autant de
colonnes, c’est 10170 ! Autre élément de complexité, aux échecs,
on peut compter les pièces prises
à l’adversaire, quantifier la stratégie. Au jeu de go, on ne sait pas
comment faire pour quantifier les
figures répertoriées, l’ensemble de
motifs que les joueurs apprennent
avec le temps.
Des réseaux de neurones
Plusieurs facteurs expliquent
les succès d’AlphaGo. D’abord,
ces dernières années, l’augmentation de la puissance de calcul
des ordinateurs et l’existence de
gigantesques bases de données sur
lesquelles entraîner les machines.
Ensuite, l’utilisation des méthodes
statistiques dites de Monte-Carlo,
qui ont permis de faire une espèce
d’échantillonnage et de mieux
évaluer les positions sur le damier.
Mais le point central, c’est l’apprentissage profond. Une vieille
idée qui consiste à acquérir des
compétences à partir d’exemples.
Pour cela, le logiciel mobilise des
réseaux de neurones formels, mis
au point par des informaticiens et
des mathématiciens, qui imitent
le fonctionnement du cerveau
humain. Dès leur invention en
1943, ces neurones artificiels ont
été capables de réaliser toutes les
fonctions logiques, à condition de
superposer plusieurs couches de
ces unités informatiques. Depuis
cinq ans, les réseaux de neurones
sont de nouveau en vogue. Des
couches plus nombreuses de cellules permettent un apprentissage
profond. Le logiciel a utilisé cette
technique de deux manières. Premièrement en progressant à partir d’un grand nombre de parties
déjà jouées, les coups décisifs et
leur issue. Deuxièmement, la machine a joué contre elle-même ou
contre d’autres programmes des
centaines de milliers de parties
pour s’améliorer.
Le succès de Google
AlphaGo est un programme de
DeepMind, une filiale de Google
spécialisée dans l’intelligence
artificielle. Avec la machine, le
géant américain qui a beaucoup
investi dans le domaine depuis
deux ans, est l’autre vainqueur
du duel. Quel coup de pub extraordinaire ! Le jeu lui donne une
image sympa mais derrière, il y
a toute une logique économique.
L’apprentissage profond est une
technique générique, utilisable
dans beaucoup d’autres secteurs :
la reconnaissance de formes pour
la voiture autonome, la publicité adaptative, l’interprétation
des requêtes sur le moteur de
recherche, etc.
La machine et l’homme
Depuis l’invention du concept
d’ordinateur au XIXe siècle, on
se demande si la machine ne va
pas prendre le pouvoir sur nous,
avec la crainte de se retrouver
dans la position du démiurge face
à son double. La même question
s’est reposée lorsqu’a été mis au
point le premier ordinateur électronique en 1946 et encore, en
1955, au moment où a été énoncé
le concept d’intelligence artificielle (utiliser les machines pour
étudier l’intelligence). Il s’agit
d’une fausse question. C’est nous
qui attribuons l’intelligence à la
machine, au moyen d’une projection faite sur elle. Elle n’est pas
intelligente indépendamment de
nous ! Elle est seulement autonome, au sens technologique du
terme : une chaîne se substitue
à l’homme de la prise d’information à l’action. Mais elle n’a
pas d’autonomie au sens philosophique, elle n’est pas capable
d’émotions. Le joueur sud-coréen
Lee est plus triste de perdre que
le logiciel heureux de gagner. Le
grand gagnant, c’est Demis Hassabis, le fondateur de DeepMind.
En ce sens, on vient d’assister au
triomphe de l’intelligence scientifique, humaine.
ProPos recueillis Par
anne-laure Barret
* Professeur en informatique à
l’université Pierre-et-Marie-Curie
à Paris, auteur de « L’Intelligence
artificielle » (Le Cavalier bleu)
dimancheculture
jdd | 13 mars 2016
| 25
Daniel Auteuil incarne formidablement André Bamberski, qui s’est battu
pendant vingt-sept ans pour faire condamner l’assassin de sa fille
« Je m’identifie au père,
pas au justicier »
IntervIew
DAnielle AttAli
Ç
@danielleattali
a fait un bail qu’on le croise,
qu’on l’écoute, qu’on le
regarde. On peut presque
dire qu’on a grandi avec lui.
Daniel Auteuil, il ne nous en
voudra pas, c’est une partie
de notre patrimoine cinématographique. Il a quasiment tout fait,
de la grosse rigolade aux drames les
plus subtils ou saisissants. Le grand
écart. Sympathique, souriant mais
réservé, un peu moins peut-être
avec le temps, il est aussi le père et
le grand-père d’une tribu de trois
enfants sur laquelle il aime veiller.
À 66 ans, il avoue ne plus avoir la
même énergie qu’à 30 ans, mais n’a
pas envie de se « ménager ». « Autour de moi, les gens s’inquiètent de
ma santé parce qu’au théâtre, où je
suis actuellement dans la pièce de
Florian Zeller, j’ai l’air d’un hystérique pendant deux heures. »
Viol et injections
Pas près de rendre les armes
donc. Son dernier film, Au nom
de ma fille, de Vincent Garenq,
est de ces scénarios implacables
où un homme ordinaire surmonte
tous les obstacles et triomphe.
Sauf qu’ici il s’agit d’une histoire
vraie hallucinante. D’ailleurs de
mémoire de magistrat, on n’a jamais vu ça. Pendant vingt-sept ans,
André Bamberski, comptable de
son métier, s’est battu contre l’institution pour obtenir justice ! Ni le
temps, ni les échecs, ni l’inertie
des Allemands, des juges voire
des politiques de l’époque, encombrés de diplomatie, pas plus que
ceux qui lui conseillaient de jeter
l’éponge ont eu
raison de sa quête :
faire condamner le médecin
allemand Dieter
Krombach, beaupère de sa fille
Kalinka, 14 ans,
découverte morte
en 1982 après des
injections et sans
doute violée. Son
combat s’achèvera en 2009 par
le kidnapping et
la livraison à la police de Mulhouse de cet homme contre lequel
un mandat d’arrêt international
courait depuis des années. Quant
aux dix plaintes pour viol dans son
pays, elles ont toutes été classées.
Il n’en fallait pas plus à Daniel Auteuil pour se jeter, lui aussi, dans
la bataille et devenir l’incroyable
André Bamberski. Rencontre.
Daniel Auteuil incarne un père
meurtri et épris de justice, qui ne
cessera de mener le combat contre
le bourreau de sa fille. PROD
Qui peut avoir l’énergie de mener
une lutte aussi longue ? Quand
Bamberski apprend la mort de sa
fille, il s’effondre, puis le rapport
d’autopsie arrive, le scandalise et
provoque une colère qui ne le lâchera plus. Son entêtement va faire
de lui un personnage héroïque,
extraordinaire. Je
pense que la mort
« J’assume tous
d’un enfant est
la chose la plus
les films que
qui soit.
J’ai tournés, même terrible
Peut-on jamais en
faire le deuil ?
si pour certains
J’ai parfois eu le
sentiment d’avoir
perdu du temps
avec des cons »
Ce n’est pas la première fois que
Vincent Garenq vous propose un film.
Pourquoi avoir dit oui cette fois ?
À l’époque, j’avais refusé Présumé coupable, sur l’affaire d’Outreau. Je trouvais le scénario trop
noir. Ici, c’est vraiment différent.
Qu’est-ce qui vous
a intéressé ici,
l’histoire ou
le personnage ?
Les deux. Dans
cette affaire, tout
me fascine. Elle
va très au-delà du
fait divers, on est dans une tragédie grecque. Il y a aussi la mère qui
quitte son mari pour épouser celui
qui deviendra l’assassin de sa fille.
Ça donne le vertige. Pendant ces
années, elle pense que son ex-mari
s’acharne par jalousie. Krumbach a
été condamné à quinze ans de prison en France, peine qu’il purge toujours. Mais sur le tournage, à Lindau,
en Allemagne, on s’est aperçu que
les gens ne voulaient toujours pas
croire à sa culpabilité. Il a pourtant
violé plusieurs jeunes filles.
Bamberski n’a-t-il pas en partie
gâché sa vie dans cette lutte ?
Totalement. Il a renoncé à
beaucoup de choses. Je m’identifie
au père, pas au justicier. Je crois
que j’aurais été incapable de faire
ce qu’il a fait. D’ailleurs, si un scénariste inventait son histoire, on
lui dirait qu’il a trop d’imagination.
Personne n’est obstiné à ce point.
Lui a pourtant prouvé le contraire.
De quoi avez-vous parlé quand
vous l’avez rencontré ?
Heureusement, il est venu sur le
tournage presque à la fin. Comme
il est aussi peu disert que moi, il n’a
pas dit grand-chose… Et moi non
plus. Surtout, qu’aurais-je pu lui
demander ? Tout me paraît indécent. Il a regardé une scène puis on
a déjeuné. Là, il a confié que cette
histoire était désormais derrière
lui. Ça m’a soulagé de l’entendre.
Je n’ai pas parlé de sa fille.
n’y a-t-il pas une complexité
particulière à incarner un
personnage réel encore vivant ?
Bien sûr, il y a une responsabilité à la fois du metteur en scène,
Vincent Garenq, et de moi-même.
Il faut avoir suffisamment de rigu-
Au nom de ma fille iiif
De Vincent Garenq, avec Daniel Auteuil,
Sebastian Koch, Marie-Josée Croze.
1 h 27. Sortie mercredi.
Comment résumer en 1 h 27 près
de trente années de la vie et de
la quête d’André Bamberski,
parti tel un don Quichotte des
temps modernes réclamer justice
à l’institution judiciaire pour
confondre Dieter Krombach, qui
eur pour être à la hauteur. Quand
j’ai joué Claude Berri dans le film
qu’il dirigeait, L’un reste, l’autre
part, il m’a très vite décomplexé.
Pour André Bamberski, j’ignore
la vision qu’il peut avoir du film.
Je ne voulais surtout pas le trahir.
Quand vous vous retournez sur
votre carrière, ça
vous inspire quoi ?
Non. J’assume tous les films
que j’ai tournés, même si pour
certains j’ai parfois eu le sentiment d’avoir perdu du temps avec
des cons. On peut se tromper, ce
n’est pas grave, on ne se lance pas
dans ce genre d’aventure pour
gagner.
Parmi les 85 films
à votre actif,
quels sont les
trois qui vous
ont finalement
construits ?
Que je suis « cette affaire
encore ce jeune va très au-delà
homme qui a
grandi à Avignon du fait divers,
et qui est monté on est dans
Forcément,
à Pa r i s p o u r
Les Sous-Doués,
devenir Gérard une tragédie
de Claude Zidi,
Philipe. La pas- grecque »
qui a tissé un lien
sion est toujours
avec le public de
là. Évidemment, le temps a passé,
génération en génération, comme
les jeux sont faits, mais j’ai envie
une chanson de Claude François.
Jean de Florette, de Claude Berri,
d’en profiter encore plus, avant que
ça s’arrête. On aura toujours bepour tout ce qu’il représente. Et
soin d’un vieux dans un film pour
Claude Sautet de Quelques jours
faire un truc.
avec moi et Un cœur en hiver. Ils
Justement, au regard de votre
m’ont donné accès à différentes
parts de moi-même. g
parcours, des regrets ?
avait tué sa fille de 14 ans ? Cette
histoire vraie ne pouvait qu’atterrir
entre les mains de Vincent Garenq,
dont le précédent film, L’Enquête,
décryptait brillamment l’affaire
Clearstream, qui a broyé le
journaliste Denis Robert. Dans les
deux cas, des hommes seuls contre
tous. Ici, la réalisation tendue, entre
passé et présent, a su trancher pour
ne s’intéresser qu’à l’essentiel sans
vider le film de sa substance
émotionnelle. On suit cette affaire
incroyable mais vraie comme un
thriller à rebondissements. Au
casting impeccable, Daniel Auteuil
apporte ce supplément d’âme que
possèdent les grands acteurs. Il
incarne avec force et dignité ce père
blessé et entêté, véritable héros
d’une tragédie antique transposée
dans le monde d’aujourd’hui. D. A.
26 | culture | cinéma
JDD | 13 mars 2016
On aime Passionnément iiii Beaucoup iiif Bien iiff Un peu ifff Pas du tout ffff
Les Ogres, tambour battant
Un film très vivant avec l’énergie débordante du théâtre itinérant et de la famille Fehner
En sallEs
mErcrEdi
Jodorowsky’s
Dune iiif
ALExIS CAMPIoN
De Frank Pavich. 1 h 25.
« Je voulais être cohérente pour parler de gens qui mélangent famille,
travail, amour, amitié. Dans cette
histoire où l’on ne cesse d’abolir les
frontières, il fallait qu’on soit tous
un peu funambules… » Remarquée
pour son premier long métrage,
Qu’un seul tienne et les autres suivront, Léa Fehner a relevé un pari
fou mais essentiel pour accomplir
son deuxième opus, Les Ogres :
celui de faire jouer sa propre famille dans une histoire purement
fictive mais dont chaque péripétie
rappelle furieusement leur vraie
vie de saltimbanques. Ses parents,
François Fehner et Marion Bouvarel, sa sœur Inès, ses neveux et
d’autres de ses proches vivent en
effet à l’année au rythme de l’Agit,
la compagnie de théâtre itinérant
au sein de laquelle, du côté de Toulouse, la cinéaste a grandi et forgé
son regard sur le monde…
Le plus grand film de
science-fiction n’existe pas.
Il n’a jamais été tourné. En
1975, le producteur Michel
Seydoux donne carte blanche
à Alejandro Jodorowsky pour
adapter au cinéma Dune, le
roman de Frank Herbert.
Ambitieux, le réalisateur
chilien convoque les plus
prestigieux artistes de
l’époque : Moebius au
story-board ; H.R. Giger, futur
créateur d’Alien, au design ;
Pink Floyd à la musique ;
Orson Welles et Mick Jagger
au casting. Mais effrayés, les
studioPs américains
déclineront les uns après les
autres. Un documentaire
passionnant. S.B.
Appétit de vivre
Portée sur l’écriture plutôt
que sur l’art dramatique (« Je suis
piètre comédienne »), Léa Fehner
déborde de souvenirs de cet univers dont elle s’est échappée pour
choisir le cinéma. Si elle y revient
caméra au poing, ce n’est pas tant
pour régler ses comptes que pour
se surprendre, se chercher. « Sur
mon premier film, je voulais tout
Les Ogres iiif
De Léa Fehner, avec Adèle Haenel, Marc
Barbé, François et Inès Fehner, Marion
Bouvarel. 2 h 24. Sortie mercredi
Dans le sud de la France, de villes en
villages, une troupe de comédiens
tous à la fois acrobates, danseurs,
musiciens, régisseurs et cuistots,
jouent un spectacle azimuté sous
leur modeste chapiteau. Toutes
générations confondues, ils campent
dans leurs caravanes, soudés pour le
meilleur et pour le pire le temps de la
tournée : parades enjouées, soirées
The Lady
in The Van iiff
De Nicholas Hytner, avec Maggie
Smith et Alex Jennings. 1 h 44.
Une troupe de comédiens de toutes les générations sillonne la France de villes en villages. prod
bien faire, correspondre au milieu
du cinéma. Et j’ai beaucoup souffert !
Pour celui-ci, je sentais qu’il fallait
que je réinvente tout, que j’accepte la
prise de risque comme un moteur. »
C’est en 2010, au moment de
l’anniversaire des 20 ans de la compagnie de ses parents, qu’elle imaéchevelées, drames, coucheries,
naissances. Leur exubérance
contamine tout le film, lui donne sa
force, son côté festif, fiévreux et
excessif, parfois appuyé et tiré sur la
longueur mais toujours assumé avec
tact par une caméra amoureuse
sachant danser autour des déprimes,
des tensions, de la monstruosité.
De quoi composer un voyage plein
d’allure et d’allant, mené tambour
battant au fil d’une narration
maîtrisée, habitée par de beaux
acteurs tous au taquet. AL.C.
gine son film. « Ils traversaient une
année horrible, l’un des membres
de la troupe venait de perdre son
enfant. Pourtant, ils célébraient,
faisaient la fête. En les voyant
dépasser tout ça avec une énergie
outrancière, j’ai eu envie de capter
cet appétit de vivre. »
Les ouvriers de joie
Elle échafaude alors un scénario
« bien loin de la biographie, plutôt
ouvert à l’imaginaire », où « la dramaturgie des sentiments l’emporte
sur celle des événements ». Elle y
transcrit l’énergie solaire d’un collectif engagé emportant tout sur
son passage, y compris les drames
individuels… « Ils ne sont pas dans la
sacralisation, plutôt dans le plaisir de
partager ce qui va disparaître. Pour
eux, flamber et affronter la précarité
fait partie du jeu. »
une réalité qui rejaillit sur sa
méthode de travail lorsque Léa
No Land’s Song iiff
Documentaire d’Ayat Najafi.
1 h 31. Sortie mercredi.
Le « Marseille » de Kad Merad
De et avec Kad Merad, Patrick Bosso,
Venantino Venantini, Judith El Zein,
Anne Charrier. 1 h 39. Sortie mercredi.
Au CAnAdA, Paolo possède sa
petite entreprise, part à la pêche
avec son fils, loin de sa famille et
de la cité phocéenne, quittée pour
d’obscures raisons vingt-cinq ans
plus tôt. Jusqu’au jour où son frère
Joseph l’appelle et lui demande de
rentrer d’urgence à Marseille pour
voir leur père, victime d’un accident
de voiture. Paolo s’exécute bien décidé à ne pas s’éterniser dans sa ville
natale… Après Monsieur Papa (2011),
Kad Merad signe son deuxième long
métrage, où sans angélisme ni clichés, le comédien croque avec tendresse le métissage de Marseille, sa
joie de vivre, son énergie turbulente
et bavarde. À la manière du cinéma
italien des années 1960, le film oscille entre humour et drame, sans
verser dans le pathos ni la comédie
potache. À noter, la prestation de Patrick Bosso en ouvrier sur les chantiers navals qui crache ses poumons
le soir en cachette. Autre surprise,
Venantino Venantini (Les Tontons
flingueurs) en père devenu amnésique et mutique. un film touchant
sur la paternité, la filiation et la quête
de racines. E.M.
SARA nAJAFI, sœur du réalisateur, est compositrice. À Téhéran,
de 2011 jusqu’à l’avènement de Hassan Rohani, en 2013, elle a remué
ciel et terre dans le but d’organiser un concert avec de grandes
voix iraniennes (Parvin namazi,
Sayeh Sodeyfi) et étrangères (Emel
Mathlouthi, Élise Caron, Jeanne
Cherhal). Mais les chanteuses solo,
si magnifiques soient-elles, sont
interdites de scène en Iran… Sous
forme de journal filmé, ce documentaire révèle la logique insaisissable, aberrante et usante, de la
censure imposée par une misogynie délirante. En caméra cachée ou
sous forme d’entretien faussement
naïf, il nous confronte ainsi aux paroles surréalistes de l’administra-
Alex Jennings et Maggie Smith. prod
signé par le véritable Alan
Bennett raconte comment
l’artiste a retrouvé l’inspiration
au contact d’une vieille dame
peu ordinaire, incarnée par
l’irréductible Maggie Smith,
81 ans. Une histoire entre rires
et larmes, so British. S.B.
A Perfect Day iiff
Femmes
interdites
Kad Merad
et Patrick
Bosso. prod
Marseille iiff
Fehner décroche une résidence
d’écriture de trois semaines allouée
par la région Midi-Pyrénées. « Cela
m’a permis d’aboutir le scénario, en
intégrant les idées apportées par les
comédiens en répétition. La scène du
départ de ma sœur est née de là. »
une façon de fabriquer le film qui
rejoint le savoir-faire de la troupe.
« Oui, dans un jeu équilibriste entre
des situations très écrites et des torsions amenées par des situations plus
inattendues, des improvisations. »
Pour caractériser ses parents,
à la fois administrateurs, auteurs
et comédiens de leur compagnie,
Léa Fehner aime emprunter une
expression au théâtre iranien,
entendue dans la bouche d’Ariane
Mnouchkine : les ouvriers de joie.
« Cela résume parfaitement ce côté
physique, concret et engagé, mais
aussi très simple. Le partage de
joie est un carburant qui réveille,
décrasse et donne du courage. » g
1970, à Londres, l’écrivain
Alan Bennett se lie d’amitié
avec Miss Shepherd, une SDF
solitaire et grincheuse.
Il découvre qu’elle fut
ambulancière pendant la
Seconde Guerre mondiale…
Inspiré d’une histoire vraie,
ce drame dont le scénario est
De Fernando León de Aranoa,
avec Benicio Del Toro. 1 h 45.
Jeanne Cherhal et
Élise Caron. prod
tion et des édiles barbus. S’il prend
la forme d’un parcours exaspérant
en plus d’être abracadabrant, régime autoritaire oblige, le défi de
cette chronique nous réserve tout
de même quelques découvertes
poignantes et musicales
L’Oiseau de l’aube, hymne saluant Qamar, une artiste de légende
qui brisa les tabous dans les années
1920, soulève les cœurs. de même,
on s’émeut de l’apparition de ce
théâtre décrépi en plein bazar, lui
aussi témoin d’une époque plus
libre dont se souviennent les
gens du quartier. Quant au final
enchanté, trop court sinon trop
beau pour être vrai, il prouve que
cette aventure d’exception valait
la chandelle. AL.C.
En ex-Yougoslavie, deux
volontaires américains,
Mambru et B, viennent aider
les populations locales à lutter
contre la contamination de
l’eau potable. Débarque une
ingénieure française, nouvelle
recrue pleine de bonne
volonté, qui ne sait pas
vraiment dans quel monde
de fous elle met les pieds.
À la façon de M.A.S.H.,
de Robert Altman, le cinéaste
espagnol met en scène une
bande de Pieds Nickelés aussi
incontrôlables qu’attachants,
qui manient un humour
souvent décalé pour oublier
les tragédies humaines
dont ils sont témoins. Rire
et émotions s’entremêlent
le temps d’une grande
vadrouille rocambolesque
dans les Balkans, inspirée
de faits réels. Benicio Del Toro
et Tim Robbins sont
irrésistibles en
mercenaires-missionnaires
désabusés. B.T.
cinéma | culture | 27
jdd | 13 mars 2016
Un enfant pas
comme les autres
Jeff Nichols revisite « E.T. » dans « Midnight Special »,
un drame intimiste teinté de science-fiction
Michael Shannon incarne un père prêt à tout pous son fils. Prod
STéphaNiE BElpêchE
@StephBelpeche
Sa cote ne cesse de grimper à Hollywood. Pourtant, Jeff Nichols
reste farouchement indépendant.
Même s’il collabore désormais
avec les plus prestigieux studios, le réalisateur américain de
37 ans, originaire de Little Rock
(Arkansas), n’est pas du genre à
faire des concessions. Surtout en ce
qui concerne l’univers particulier
qui habite ses films. En 2011, Take
Shelter raconte comment un bon
père de famille enferme les siens
dans un abri antitornade, persuadé
que la fin du monde est imminente.
Un an plus tard, Mud retrace l’amitié entre deux adolescents et un
homme au passé trouble, vivant au
bord du Mississippi. Aujourd’hui, il
assure que « Midnight Special est né
d’une vision fulgurante : une coursepoursuite en voiture, deux hommes
roulant à vive allure et phares éteints
de nuit sur une route déserte. »
Un voyage initiatique
L’image le hante. « J’ai pensé
aux blockbusters que j’allais voir
dans les salles en plein air durant les
années 1980 : E.T. et Rencontres du
Midnight Special iiif
De Jeff Nichols, avec Michael Shannon,
Joel Edgerton, Kirsten Dunst,
adam Driver, Sam Shepard et Jaeden
lieberher. 1 h 51. Sortie mercredi.
Les chaînes de télévision diffusent
l’information en boucle : au Texas,
un enfant de 8 ans a été enlevé par
deux hommes armés. En réalité,
Roy, le père d’Alton, et un ami
policier qui lui prête main-forte, ont
soustrait le petit à la communauté
religieuse qui l’élevait au rang de
prophète. Car Alton a une aptitude
particulière : une lumière
aveuglante sort de ses yeux…
Cinq ans après Take Shelter, Jeff
Nichols retrouve le magnétique
troisième type, de Steven Spielberg,
Starman, de John Carpenter… » Des
références qui ont forgé son goût
pour la science-fiction. « Je voulais retrouver le même mystère et le
même émerveillement. » Additionnés à un voyage initiatique avec
un père et son enfant dans un État
du Sud où lui-même a grandi sous
un ciel immense et des plaines à
perte de vue. « On parle mieux de
ce qu’on connaît, même si cela rend
cannibale. »
Pour la secte, un nouveau messie
Midnight Special met en scène,
au Texas, un petit garçon de 8 ans,
Alton, doté de facultés exceptionnelles. Ses parents, face à l’évidence, doivent le laisser voler de
ses propres ailes. « Je me réfère
à mon expérience et à mon fils de
5 ans et demi. Pendant les semaines
qui ont suivi sa naissance, il a été
très malade : fièvre et convulsions.
Ma femme et moi étions terrifiés.
J’ai pris conscience que je n’avais
aucun contrôle sur la santé ni sur sa
capacité de réussir dans la vie. Quel
individu deviendrait-il plus tard ? Je
croyais pouvoir tout maîtriser, son
environnement, ses fréquentations
Michael Shannon pour un drame
surnaturel à l’atmosphère
envoûtante avec un scénario
elliptique captivant, une mise en
scène qui prend progressivement
de l’ampleur et une interprétation
au cordeau. Influencé par les films
de science-fiction des années 1980
et par la mythologie du superhéros,
le réalisateur s’en affranchit pour
traiter de manière métaphorique
la relation parent-enfant,
la croyance, la perception,
l’émancipation, le travail du deuil.
Une œuvre intelligente et
inclassable, dont la mélancolie
imprègne durablement
les mémoires. S.B.
et ses aspirations. J’ai constaté que
cette entreprise était vouée à l’échec.
Que mon rôle consistait à faire sa
connaissance, à l’aider à devenir
un adulte. »
Le personnage d’Alton demeure
inexpliqué : s’agit-il d’un être supérieur, d’un extraterrestre, d’un
sauveur ou d’une arme redoutable ?
« Comme il n’est pas à sa place, il s’affaiblit. Les parents n’ont pas d’autre
choix que d’accepter sa différence, le
soutenir et le laisser partir. Quand
on a ramené notre fils de l’hôpital,
j’avais placé des micros partout dans
sa chambre pour écouter sa respiration et ses mouvements. Si tranquille,
on aurait cru qu’il se trouvait dans
une dimension parallèle. Cette petite
entité n’avait aucune conscience de
notre angoisse. » Alton est pris en
charge un temps par les membres
d’une secte vivant en autarcie.
« Celui qu’ils considèrent comme un
nouveau messie accomplit vraiment
des prodiges. Cela sert leur dogme,
mais ne les met pas dans le droit
chemin pour autant. »
« Loving », au Festival de Cannes ?
Et Jeff Nichols de se souvenir
d’un événement survenu récemment au Texas. « Il existe une Église
fondamentaliste mormone dont le
gourou a été arrêté par le FBI pour
pédophilie. Les enfants n’avaient
pas d’acte de naissance, les parents
étaient incapables de donner leur
âge. Tout le monde mentait. Ils
ont été retirés à leur famille. » Un
autre fait divers lui a inspiré son
prochain film, Loving, qui pourrait être sélectionné au Festival de
Cannes. « Ma femme m’a menacé
de divorcer si je ne le faisais pas.
À la fin des années 1950, Mildred
et Richard Loving, elle noire et lui
blanc, se sont battus pendant dix
ans pour que leur union soit reconnue par l’État de Virginie. Dans le
climat politique actuel, c’est le meilleur moyen d’aborder la question du
racisme et de l’égalité des droits. » g
28 | culture | cinéma | musique
JDD | 13 mars 2016
Une journée en enfer
Triple 9 iiff
De John Hillcoat, avec Casey Affleck,
Kate Winslet. 1 h 55. Sortie mercredi.
StépHAnie BelpêCHe
@StephBelpeche
Aux ÉtAts-unis, la police a recours à un code d’urgence si un officier se retrouve à terre : le 999. une
fois l’alerte lancée, tous les membres
des forces de l’ordre des environs
interrompent leurs actions en cours
pour se rendre sur la scène de crime
et arrêter le responsable. il ne reste
plus personne pour surveiller la ville
livrée à elle-même.
incroyable mais vrai. Ancien
militaire, Matt Cook s’est servi
de cette procédure peu ordinaire
comme point de départ du scénario
Triple 9, aujourd’hui porté à l’écran
par John Hillcoat (La Route). « Ils
ont été formés pour veiller les uns sur
les autres et faire preuve d’une loyauté infaillible au sein de leur groupe,
souligne le réalisateur australien.
Cela va à l’encontre de l’efficacité et
de l’assistance aux autres citoyens
en danger, mais ils ne peuvent pas
s’en empêcher. Ils se déplacent par
centaines même si l’affaire est résolue
avant leur arrivée. »
Une chaleur oppressante
un ex-agent des forces spéciales
(Chiwetel Ejiofor) recrute une
équipe de flics corrompus pour
exécuter une série de braquages
commandités par la mafia russe.
Entraînés à ce type d’opération, ils
en anticipent les moindres rebondissements. tout se déroule sans
accroc jusqu’au jour où un inspecteur intègre (Casey Affleck) est
chargé de l’enquête.
Règlements de comptes à Atlanta. prod
Triple 9 ne mise pas sur l’originalité de son intrigue tentaculaire. Plutôt sur l’atmosphère poisseuse qui
règne dans les bas-fonds d’Atlanta,
où évoluent des personnages en perdition. ils ne sont pas aimables mais
on éprouve cependant de l’empathie pour eux en sachant qu’il n’y a
pas d’espoir ni de rédemption. Ce
thriller crépusculaire se savoure
pour son interprétation, son image
granuleuse et son rythme lent. une
approche plus impressionniste que
musclée.
« Je voulais restituer le côté ténébreux d’Atlanta, qui joue un rôle
à part entière dans le film. Quand
j’allais au cinéma plus jeune, j’adorais me transporter dans un monde
inconnu qui m’absorbait complètement. Tous mes sens étaient en éveil
grâce à la multitude de détails. triple
9 devait suivre cet exemple pour que
le spectateur puisse quasiment sentir
les odeurs des ruelles abandonnées.
Atlanta abrite plusieurs communautés ethniques qui génèrent des
tensions. Il règne une chaleur qui
oppresse les gens et révèle leur véritable nature. » John Hillcoat s’est
beaucoup inspiré de Jean-Pierre
Melville. « Il a imaginé des figures
charismatiques aux interrogations
existentielles qui choisissent une voie
sans retour possible. Au glamour,
je préférais la crédibilité. Après un
hold-up, certains pourraient prendre
leur retraite à l’étranger. Mes malfaiteurs ne sont pas motivés par l’argent
mais par l’adrénaline. » g
Le village des damnés
Évolution iiif
De lucile Hadzihalilovic, avec Julie-Marie
parmentier. 1 h 21. Sortie mercredi.
sous l’oCÉAn, des poissons multicolores frétillent le long du corail,
recouvert d’anémones agitées par
le courant. Au milieu des rochers
flotte le cadavre d’un enfant colonisé par une étoile de mer. ses yeux
sont encore ouverts. Cette vision de
cauchemar, fulgurante, ouvre Évolution, de lucile Hadzihalilovic, qui
a fait le buzz dans les festivals où il a
été présenté. sur une île isolée, des
femmes, toutes vêtues à l’identique,
élèvent des petits garçons âgés de
11 ans dans un village de maisons
blanches. nicolas pense qu’on lui
ment. Celle qui le nourrit chaque
jour est-elle vraiment sa mère ? Au
coucher, il doit avaler un étrange
médicament qui le rend malade.
ses copains suivent le même traitement. l’un après l’autre, ils sont
conduits à l’hôpital, dont ils ne
reviennent pas…
Évolution provoque délibérément le contraste en situant l’horreur dans une photographie sublime
et une atmosphère hypnotique. le
film laisse planer le mystère en estompant la frontière entre imaginaire et réalité, en disséminant avec
subtilité ses indices pour aborder la
question de l’émancipation, de la
manipulation génétique, de l’hybridation et du cycle de la vie en mouvement perpétuel. insolite, poétique et
dérangeante, cette œuvre ne donne
pas toutes ses clés, au spectateur de
s’interroger et d’interpréter librement ce qu’il voit. Dans des décors
minimalistes, on ignore l’identité des
personnages, mais cela n’empêche
pas de s’y attacher. lucile Hadzihalilovic s’est appuyée sur une anecdote
personnelle. « J’ai été hospitalisée à
11 ans pour une appendicite. Je me
plaignais de douleurs au ventre. Ils
l’ont examiné et ouvert. »
« J’ai mis dix ans à monter
ce projet »
la réalisatrice voulait un traitement le plus organique possible.
« On appartient au règne animal.
J’avais envie d’abolir les barrières, et
d’exprimer une perméabilité entre les
espèces. La science va beaucoup plus
loin que la fiction ! » Elle a tourné
à lanzarote, une île volcanique et
désertique de l’archipel des Canaries, pendant vingt-cinq jours avec
un budget restreint. « J’ai mis dix
ans à monter ce projet. En France,
le fantastique est considéré par les
financiers comme impur, sale et bête.
Mon histoire n’entrait pas dans les
codes d’un genre qui s’adresse en
priorité aux ados. Mais je n’ai jamais
baissé les bras. » S.B.
Amandine Maissiat sera en concert le 11 avril et le 11 mai, au Carreau du Temple, à Paris. prod
Un amour
de Maissiat
Révélée en 2012, la chanteuse
poursuit sa route sur le fil
de la pop et de la poésie
AlexiS CAMpion
de David Hamilton. « Les mythes,
dit Maissiat, je trouve ça fascinant,
cela met direct en marche l’imagination. Les tableaux anciens et
les vieilles pierres me font aussi
cet effet-là. » Pas étonnant que
cette grande rêveuse native de
lyon, qui dès l’âge de 8 ans a su
qu’elle deviendrait chanteuse (« il
n’y avait pourtant aucun terreau
artistique dans ma famille »), ait
choisi de vivre seule avec son piano
blanc dans un appartement lumineux, quelque part dans la cité
ancienne d’Avignon. « J’y baigne
dans un décor fort. M’en imprégner
m’aide à me détacher du réel, à créer
d’autres dimensions par lesquelles
mes chansons me viennent, même
si elles sont, aussi, influencées par
du vécu. »
À la première écoute de Tropiques,
en 2012, c’était une évidence. Avec
Grand Amour, son deuxième opus
solo, c’est une confirmation. Amandine Maissiat, silhouette brune
longiligne reconnaissable à ses
chapeaux de mec et à ses beaux
pianos, a tout d’une grande. une
voix remarquée, un style remarquable quand bien même son
timbre et son naturel mélancolique rappellent illico Françoise
Hardy, qu’elle a fini par rencontrer
lors d’un passage à la radio, et avec
qui elle entretient, en pointillé, un
échange épistolaire amical. on
pense aussi à Barbara pour les
notes déliées, l’épure enchanteRomantisme extrême
resse de certains airs. il y a encore
si elle affirme qu’elle se sent
Alain Bashung au détour d’autres
désormais prête à quitter la Cité
impulsions, pas moins romandes papes pour explorer d’autres
tiques mais plus
solitudes du côté
pop et un brin
de l’italie, Mais« Les mythes,
synthétiques.
siat admet qu’elle
À 33 ans, Mais- je trouve ça
a tout de même
siat affirme sa
besoin de Paris, où
personnalité à la fascinant,
elle se sent soutefois singulière et ceLa met direct
nue par ses amis et
héritière de beaux
où, à petites doses,
artistes, auteure en marche
elle fait son plein
de textes et mu- L’imagination »
d’agitation. « En
fait, mes deux
siques bien trempremiers albums
pés, nous ouvrant
se sont construits comme ça, au
l’imaginaire sur des paysages profonds, tantôt vertigineux. il faut
gré d’allers et retours entre Paris,
dire que son propos ici est le très
les concerts, et cet isolement dont
grand amour. Dans son cas, d’un
j’ai besoin pour me concentrer, penseul souffle, il enlace une certaine
ser, avancer. » une forme de va-etdroiture à une pointe de sauvagerie
vient qui colle à son Grand Amour,
qu’elle a façonnée à ses débuts, sur
partagé entre des chansons d’un
scène lorsqu’elle tenait le micro au
romantisme extrême, et d’autres
sein de subway, un groupe rock
pas moins abandonnées mais plus
underground exclusivement fémirythmées sinon plus communes,
nin aujourd’hui dissout.
à l’instar de son Swing Sahara.
« Quelque chose de groove et de
Clichés érotiques
très vivant, j’en ai besoin aussi. L’un
Autant de facettes et de mysn’empêche pas l’autre. Avec un titre
tères savamment mis en scène mais
comme swing sahara, qui me fait
pas incompatibles avec les inspirapenser aux exotismes énigmatiques
tions poétiques qu’elle revendique
de Marguerite Duras, je n’ai pas l’imsur Grand Amour : Les Chansons de
pression de rompre l’unité du disque,
Bilitis, du poète symboliste Pierre
plutôt de l’affermir. » g
louÿs, ami de Debussy, mais aussi
Grand Amour iiif
les clichés érotiques et brumeux
CD de Maissiat (Cinq7), sortie vendredi.
musique | culture | 29
jdd | 13 mars 2016
« Si Hollande et Valls sont
de gauche, moi, je suis curé »
Dans la foulée de son dernier album, Eddy Mitchell s’offre une série de concerts au Palais des Sports. Rencontre…
entières. C’est fini depuis que je
me suis fait interdire de casino en
1983. Ça ne nous empêche pas de
nous voir. Christophe, c’est un fou
furieux. Il peut passer des mois à
expérimenter un son sur ses pianos
extraordinaires.
Éric MandEl
L’interview touche à sa fin quand
une voix familière interpelle Monsieur Eddy. « Il faudrait enlever de
notre vocabulaire le mot “adieu” »,
lance Charles Aznavour en faisant
son entrée dans le bar de l’hôtel
Raphael. L’interprète de La Bohème, spécialiste mondialement
reconnu des adieux répétés à la
scène, taquine Eddy Mitchell sur
son actualité : une série de concerts
au Palais des Sports de Paris, décidée quatre ans après l’annonce
officielle de la fin de ses tournées
à travers la France. L’affection
est évidente entre le parrain de la
chanson et le crooner-rocker, un
possible duo est évoqué, puis Monsieur Charles s’éclipse sur une note
malicieuse : « Je t’embrasse et aux
prochains adieux. » Place à Eddy.
les tournées à travers la France,
c’est donc bel et bien fini…
Oui, c’est derrière moi. Ce qui
m’a motivé pour ces concerts, c’est
mon dernier album, Big Band.
Jouer avec un groupe de jazz de
22 musiciens, c’est un écrin musical classieux, un rêve de gosse
quand je fantasmais sur les grands
orchestres de Nat King Cole, Frank
Sinatra ou Dean Martin… Pour ne
pas assommer le public pendant
deux heures et demie avec douze
soufflants, on va aussi prévoir des
séquences plus intimes pour mes
classiques country-rock.
Vous affichez une belle forme
à 74 ans…
À vos heures perdues, vous n’avez
pas envie de renouer avec votre
passion première ?
Eh oui, je suis un dessinateur
frustré. J’aurais bien aimé entrer
aux Beaux-Arts. Je n’en avais pas
les moyens. J’ai récemment retrouvé mon premier dessin publié dans
le magazine Risque-Tout. C’était
un cow-boy attaché à un poteau
de torture, il venait d’être scalpé
par un Indien et il lui balançait :
« Pendant que vous y êtes faites-moi
donc la barbe. » J’avais 14 ans, et
j’avais une vision du rêve américain
assez burlesque.
On vous taxe souvent de passéiste…
Eddy Mitchell au Paradis Latin,
en juin 2015. SIMON PROCTER
le temps humilié et humiliant. Mon
cœur balance à gauche. Mais quelle
gauche ? Et ce n’est pas le gouvernement actuel. Si Hollande et Valls
sont de gauche, moi, je suis curé.
Et votre ami Sarkozy ?
Nous ne sommes pas intimes
au point de parler d’amitié. Je
l’ai bien connu quand j’habitais à
Neuilly. Ces derniers temps, j’ai du
mal à le comprendre. Il enchaîne
bêtise sur bêtise, il se rattrape aux
branches et il n’y arrive pas. Je n’ai
pas l’impression qu’il ira au bout
de la présidentielle…
Je fais de la gym trois fois par
En revanche, vous avez été proche
semaine, avec un coach, sinon je
de Mitterrand.
n’en fous pas une. Je marche quand
Il fut le seul homme politique
même régulièrement,
que j’ai publiqueseul et vite, je trace.
ment soutenu. Je
«
Les
chanteurs
J’ai aussi levé le pied
lui trouvais, outre
sur la clope. Je me de La nouveLLe
son intelligence,
donne le droit à dix génération
beaucoup d’hucigarettes par jour.
mour. Lors d’une
Hors de question sont charmants,
réception à l’Élyd’arrêter, sinon vous mais vocaLement
sée, il s’était appron’avez plus de voix.
ché de moi pour
c’est riquiqui.
me dire : « Mais
En 2011, vous disiez
vous, Eddy, est-ce
avoir envie de vous
où
sont
Les
que vous avez du
consacrer au cinéma…
mal à vous faire
J’ai laissé tomber. grandes voix ? »
Je n’ai rien lu de très
comprendre ? Parce
intéressant. On me
que moi, j’ai un mal
proposait d’être manager d’équipe
fou. » J’avais trouvé ça formidable,
de foot. J’ai déjà donné, merci, au
venant d’un président de la Répurevoir. Il y avait aussi ce projet comblique. En revanche, j’ai refusé la
plètement aberrant avec des potes,
Légion d’honneur qu’il voulait me
Jugnot, Lhermitte. Je devais jouer
refiler. J’ai bien fait quand on voit
un pilote automobile, cela aurait été
à qui on la donne aujourd’hui, noun grand rôle de composition vu
tamment à des princes saoudiens
que je n’ai même pas mon permis
coupeurs de tête.
de conduire. Je suis trop distrait.
On vous sent désabusé
En voiture comme à vélo, je suis
par la politique...
un danger public.
J’ai voté pour la première fois
Vous avez écrit des chansons sur le
de ma vie en 2002, au second tour
de l’élection présidentielle, pour
blues des cadres licenciés, la société
faire barrage au FN. Sans même
de consommation et les petites
parler de leur idéologie abjecte,
gens, ceux qui sont pris à la gorge
leur programme économique
par les crédits…
La colère sociale gronde et elle
comme sortir de l’euro est ridicule.
est justifiée. Les Français se senIls essaient de se donner une image
tent trahis. François Hollande a
respectable, personne n’est dupe.
été comme une bouffée d’air frais
Ils ont viré le père ? La belle affaire.
pour des millions de gens. Et il ne
C’est dans les gènes.
se passe rien. Je n’ai rien contre lui
Vous écoutez les chanteurs de
personnellement, mais il fait de la
la nouvelle génération, Biolay,
peine, ce garçon. Hollande est tout
christine and The Queens…
Oui, ils sont charmants, mais
vocalement c’est riquiqui. Où sont
les grandes voix ? En général, ils
font très bien leur truc, mais pour
moi, un chanteur, ça doit chanter, irradier. Là, ça murmure, ça
susurre des soucis existentiels et
nombrilistes.
plus visiblement. Il est annoncé
depuis deux ans. Il peut sortir dans
deux mois comme dans quatre ans…
Michel, c’est un artiste que j’aime
beaucoup, un type hors du commun, un Martien, on ne sait pas s’il
est vrai, s’il est escroc. Il a écrit des
chansons absolument splendides.
Je ne suis pas pressé, et lui non
C’est un copain. On avait la passion commune de la bobine et du
poker. On jouait pendant des nuits
Parlons des vétérans alors.
le nouvel album de Polnareff,
vous l’attendez avec impatience ?
Et christophe ?
En réalité, j’aime le présent. Je
n’ai pas le temps d’être nostalgique.
C’est un point commun que j’ai avec
Johnny. Quand on se voit, on parle
de restaurants, de musique ou de
films, jamais à se remémorer les
bons souvenirs. Pas le genre de la
maison. g
En concert au Palais des Sports de Paris
(75015). du 15 au 27 mars
et du 1er au 3 avril.
À voir : Eddy Mitchell, iItinéraires,
14 mars, 20.50, France 3 et
retransmission en direct du concert
du 1er avril dans 150 cinémas en France.
30 | culture | lire
JDD | 13 mars 2016
Doan Bui
Connaît-on jamais quelqu’un ?
La grande reporter part sur les traces de son père, victime d’une aphasie, et découvre plusieurs secrets de famille
Marie-laure DelOrMe
u
n week-end automnal. La
nouvelle tombe : le père a été
victime d’un AVC (accident
vasculaire cérébral) dans le
pavillon familial de la banlieue du Mans. Les cinq enfants font
bloc autour de leurs parents. Le père
se réveille au bout de trois jours. Il
est paralysé de tout le côté droit et
il ne parlera plus. Le mot est lâché :
aphasie. Nous sommes en 2005 et il
a près de 65 ans. La journaliste Doan
Bui, Prix Albert Londres en 2013
pour un reportage sur les migrants
tentant de rejoindre l’Europe, est
l’une de ses quatre filles. Elle réalise,
face à ce père sans mots, qu’elle sait
peu de chose sur lui.
Ses parents ont traversé nombre
d’épreuves en quittant le Vietnam
et en devenant des « immigrés »
en France. La chute de Saigon, en
avril 1975, a marqué la fin de l’espoir.
Ils ne retourneront plus vivre au
Vietnam. Le père a exercé comme
médecin anatomiste ; la mère a veillé
sur sa famille. Les cinq enfants ont
été élevés dans la culture du silence
et dans le culte du travail. Ne pas
se plaindre, relever ses manches.
Un seul mot d’ordre : se taire et se
tenir. Ne pas perdre la face. Doan
Bui décide alors d’enquêter, à pas de
velours, sur sa famille paternelle et
découvre ce qu’elle n’aurait jamais
dû découvrir. « Connaît-on jamais
quelqu’un ? » Car toute une partie de
la littérature naît de ce lieu commun
sans cesse réactivé par l’expérience
de la vie : on ne connaît jamais personne. Le Silence de mon père est un
livre sur l’immigration, sur le secret,
sur le retour.
La journaliste Doan Bui est née en 1974. D’origine vietnamienne, elle a grandi au Mans. Éric dessons/Jdd
ser, en plus, aux immigrés alors que
les Français veulent passer à autre
chose. Pour preuve, elle la renvoie
aux commentaires sur ses articles
dont ceux de Loulou 32 (« Si vous
Un père taiseux
les aimez tellement les Africains dans
et une mère bavarde
les bateaux, prenez-les chez vous. »)
Doan Bui raconte une enfance
ou de Francis 35 (« Vous en avez pas
auprès d’un père taiseux et d’une
marre madame bui de pleurnicher,
mère bavarde. Ils se réunissent tous
hou là, la gôoooche, les bobos, poliautour des programmes populaires
tiquement correct, vous me débecde la télévision. Buffy contre les vamtez. »). Le Silence de mon père est un
pires ou La Grande Vadrouille. La
récit grave, joyeux, drôle.
future grande reporter de L’Obs, éleL’exil a brisé son père et galvanisé
vée dans une famille chiraquienne,
sa mère. Elle disait à ses enfants :
apprendra vite à faire la différence
« Mais moi, je pourrais tuer pour
entre Télé 7 Jours
vous. » Elle disait,
e t Té l é ra m a .
aussi : « Nous, on
L e s p a r e n t s Sa famille
n’est pas des boat
désirent, pour vietnamienne
people, quand
leurs enfants,
même ! » Les cinq
des diplômes, des treSSée de SilenceS enfants sont nés
titres, des récom- qui enfin dénoue
en France. Ils ne
penses. L’ENA ou
pas la
leS nœudS un à un parlent
langue de leurs
Polytechnique
semblent des
parents. Le père
voies idéales pour devenir président
continue à manger vietnamien. La
ou, à la rigueur, ministre. Ils sont
nourriture reste, pour les exilés, le
les premiers Asiatiques à s’installer
lien le plus évident avec leur pays. Au
au Mans. Doan Bui connaît par cœur
centre du récit, plusieurs secrets de
tous les clichés les concernant. En
famille. Il ne faut pas les dévoiler car
une phrase : les Asiatiques ne posent
on avance pas à pas avec l’auteure.
jamais de problème, eux, car ils sont
Son père est arrivé en France, en
1961, à l’âge de 19 ans. Il a laissé
fourbes mais travailleurs. « La plus
invisible des minorités visibles, celle
derrière lui sa famille avec un sentiqui s’efface même dans la phrase dement de honte. Doan Bui cherche et
venue slogan : Black-Blanc-Beur. » Ils
trouve des réponses dans le dossier
sont ce qu’on appelle de « bons immide naturalisation. Quelle fut, alors,
grés » car on en entend si peu parler.
sa vie à Paris ? Son histoire et puis,
La mère sera déçue que Doan Bui
soudainement, une autre histoire. Le
devienne journaliste pour s’intéresportrait du père devient le portrait
Le père de Doan Bui (le deuxième
à gauche) et sa famille. dr
d’un inconnu. Mais il y a tant d’erreurs dans ces dossiers. Sans doute
s’agit-il d’une bévue de plus. Elle ne
veut pas voir ce qu’elle voit ; elle ne
veut pas savoir ce qu’elle sait. Doan
Bui va vivre un drame personnel et
s’enfermer, comme son père, dans
le silence. Faut-il aller de l’avant,
comme on le répète ? Il faut voir, il
faut savoir. Elle va repartir en arrière
lors de deux voyages à l’étranger.
L’aînée de la fratrie s’envole seule
puis avec les siens, au Vietnam, sur
les traces de sa famille paternelle.
Poser des questions aux autres
et raconter la vie des autres
Elle a hérité de son père la myopie, l’asthme, le silence. Face à son
aphasie, la fille éprouve angoisse
et colère. Son père : un honnête
homme, un homme honnête. Il se
faisait toujours doubler dans les
files d’attente sans jamais rien dire.
Doan Bui est journaliste. On la paye
pour dire. Les règles de marbre de
la profession : qui ? quand ? quoi ?
où ? Poser des questions, c’est son
métier. Raconter des vies, c’est son
métier. Mais c’est poser des questions aux autres et raconter la vie des
autres. Des inconnus se sont livrés
à elle, mais son père est resté muet
devant elle. Alors, ce livre est pour
lui, pour elle, pour eux. Sa famille
vietnamienne tressée de silences
qui enfin dénoue les nœuds un à un.
À travers son père, ce sont de tous
les immigrés dont elle parle et à travers tous les immigrés, c’est de son
père dont elle parle. Ses lieux. Les
ruelles de Hanoï, le Paris estudiantin, la banlieue du Mans. Être sans
cesse écartelé. Sa voix est la leur.
Les pages sur le retour au Vietnam
sont parmi les plus fortes. Le passé
et l’avenir, les racines, la richesse
des ancêtres. Aller de l’avant sans
rien oublier à l’arrière. C’est sur
ces terres que reviennent les mots
perdus de la mémoire morte. Et ce
récit de respect et de rires acquiert
alors un sens nouveau. Les derniers
secrets semblent comme portés par
la brise tiède de Hanoï : les disparus
peuvent compter sur nous et nous
pouvons compter sur les disparus. g
Le Silence de mon père,
Doan Bui, L’Iconoclaste,
260 p., 19 €
(en librairies le 21 mars).
sélection
JDD
5 livres français
Outre-Terre,
de Jean-Paul Kauffmann
(Équateurs)
la renverse,
d’Olivier Adam
(Flammarion)
envoyée spéciale,
de Jean Echenoz (Minuit)
le silence de mon père,
de Doan Bui, (L’Iconoclaste)
Histoire de la violence,
d’Édouard Louis (Seuil)
5 livres éTrangers
l’amie prodigieuse, vol 2,
d’Elena Ferrante,
(Gallimard)
la route étroite vers
le nord lointain,
de Richard Flanagan
(Actes Sud)
City on fire,
de Garth Risk Hallberg (Plon)
eileen,
d’Ottessa Moshfegh
(Fayard)
Tous les vivants,
de Jayne Anne Philips (L’Olivier)
Liste composée par Anne-Julie Bémont,
Alexandre Fillon, Laëtitia Favro,
Augustin Trapenard, Nicolas Demorand,
Ilana Moryoussef, Marie-Laure Delorme
lire | culture | 31
jdd | 13 mars 2016
Un assassin
très précoce
Marc Dugain Fin de partie
être un assassin », se dit Antoine,
effondré, terrorisé, après son
Bernard Pivot
geste. Mais si, il suffit d’un
de l’académie Goncourt
malheureux enchaînement, d’un
@bernardpivot1
accès de colère, d’une pulsion
de revanche. Le chien Ulysse
a été renversé par une voiture.
Son maître, le voisin d’Antoine,
e prix Goncourt n’est
le père de Rémi, au lieu de le
pas une assurance sur de
soigner, l’achève d’un coup de
futurs best-sellers. Aucun
fusil. Sous les yeux horrifiés du
prix littéraire ne donne la certigarçon. Inconsolable, il se réfutude que les livres qui suivront
gie dans sa cabane dans les bois.
l’ouvrage couronné obtiendront
Il casse tout, et quand survient
le même succès auprès du
Rémi, il se venge sur lui d’un
public. Un écrivain lauréat
coup de bâton fatal.
est comme un boxeur qui, à
Commencent alors trois jours
chaque match, remet son titre
de panique pour le jeune
en jeu. Même les Prix Nobel de
assassin qui vit avec sa mère
littérature, quoique nantis d’une
et qui a dissimulé le corps de
gloire universelle, font de nousa victime dans une profonde
veau rouler les dés. Il n’existe
excavation de la forêt. Projet de
pas dans la librairie, comme
fuite, tentative de suicide, peurs
dans d’autres commerces, des
jours et nuits entretenues par
indices officiels de satisfaction.
une imagination à la fois logique
C’est pourtant de cet indice que
et délirante… Ce que réussit
dépendra l’envie d’acheter et de
parfaitement à décrire Pierre
lire les livres à venir du même
Lemaitre, c’est
auteur.
l’atmosphère
Pour certains
Le Goncourt 2013, «ténébreuse
» qui
lauréats du
règne dans la
Goncourt, même Pierre Lemaitre,
petite ville de
très anciens, la
revient avec un
Beauval après
confiance des
la disparition
lecteurs est
roman noir qui
de Rémi. Les
restée forte.
tient en haLeine
hypothèses,
Leur nouvel
les doutes,
opus est attendu. où Le PLus
les racontars,
Il ne tarde pas à
oriGinaL et
les histoires
entrer dans les
anciennes, les
listes de bestmonstrueux,
vieilles inimitiés,
sellers. Il en est
c’est L’âGe
les rivalités
ainsi, par ordre
chronologique,
des ProtaGonistes d’enfants et
d’adultes, le
pour Didier
climat social
Decoin, Patrick
plombé par la probable fermeModiano, Tahar Ben Jelloun,
ture d’une usine, un suspect
Erik Orsenna, Amin Maalouf,
relâché…
Didier Van Cauwelaert, Andreï
La première battue qui
Makine, Patrick Rambaud,
a rassemblé gendarmes et
Paule Constant, Jean Echenoz,
habitants de Beauval n’a rien
Jean-Christophe Rufin, Laurent
donné. Il était heureusement
Gaudé, Michel Houellebecq.
interdit aux mineurs d’y particiOn observe cependant entre
per. Sinon, comment Antoine
eux de grandes disparités.
aurait-il pu ne pas en être ? Il
Certains siègent maintenant à
n’y aura pas de seconde battue.
l’académie Goncourt, d’autres
Nous sommes dans les derniers
ont rejoint l’Académie française,
jours de décembre 1999. Une
comme Andreï Makine, élu il y
immense tempête traverse la
a dix jours. Les prix Renaudot
France. La ville est saccagée
et Femina sont aussi de bons
par les vents, submergée par les
tremplins pour rebondir dans les
eaux. On a désormais d’autres
cénacles de la notoriété.
soucis en tête que la disparition
Qu’en sera-t-il de Pierre
d’un enfant…
Lemaitre, Prix Goncourt 2013
Douze ans après… Le destin a
pour Au revoir là-haut ? Deux
plus d’un tour dans son sac et la
ans et demi après, il publie un
liberté elle-même n’est pas sans
roman Trois Jours et une vie. Il
pièges ni chaînes. Autrement
est peu probable qu’il obtienne
dit, Antoine, devenu médecin, a
le même faramineux succès de
tout à craindre de l’imagination
vente, plus de 600.000 exemde Pierre Lemaitre et de son
plaires en édition normale. Mais
écriture très efficace.
son indice de satisfaction après
Au revoir là-haut aura une
lecture du Goncourt étant, me
suite. Elle aura pour titre
semble-t-il, élevé, ce n’est pas
Couleurs de l’incendie, d’après
trop s’aventurer que pronosun vers d’Aragon. Comme
tiquer un joli succès dans les
quelques-uns de ses prédéceslibrairies. D’autant que ce roman
seurs du prix Goncourt, Pierre
noir possède tout ce qu’il faut
Lemaitre entrera-t-il un jour
pour éveiller la curiosité et tenir
dans une académie pour s’y
en haleine des lecteurs passionasseoir dans un fauteuil ou s’y
nés de faits divers à suspense.
servir d’un couvert à son nom ? g
Encore que nous sachions
d’emblée qui a tué, comment et
pourquoi. Ce qui est original et
monstrueux, c’est l’âge des proTrois Jours et une vie,
tagonistes. Antoine, l’assassin, a
Pierre Lemaitre, Albin
12 ans ; Rémi, la victime, en a 6.
Michel, 285 p., 19,80 €.
« On ne peut pas avoir 12 ans et
Laëtitia Favro
L
Dans le dernier volet de son
imposante trilogie, Marc Dugain
abat les cartes de sa fresque
politique entamée en 2014
Sous les ors de l’Élysée, Launay ne
songe déjà plus à sa victoire à l’élection présidentielle mais se rêve en
homme de la VIe République, en
père de nouvelles institutions, et
prépare son second mandat. Contre
l’avis de son meilleur ennemi Lubiak, qu’il a nommé ministre d’État
pour le garder à l’œil, il entreprend
de réformer la Constitution via
un référendum censé asseoir sa
popularité tout en affaiblissant
son rival de toujours. Une lutte à
mort s’engage alors entre les deux
hommes qui, faisant jouer les
alliances secrètes, les tractations
douteuses et les copinages de tout
acabit, semblent prêts aux extrémités les plus condamnables pour
faire pencher la balance du pouvoir
en leur faveur. Dans l’ombre, c’est
toute une pantomime d’intermédiaires qui prend vie, parmi lesquels
on retrouve Volone, le président
du groupe Arlena, intimement lié
à Lubiak ; Corti, le chef de la DGSI ;
Lorraine, l’espionne que Launay
entend bien éliminer ; Terence, le
journaliste d’investigation dont le
journal est en passe d’être racheté
par Volone ; un prince émirati soupçonné de financer le terrorisme islamique ; et, bien entendu, la CIA,
qui ne se prive pas de surveiller
tout ce petit monde. Sans oublier
le discret docteur Stambouli qui, en
L’auteur de
« Ultime Partie ».
C.Hélie/Gallimard
confident du Président, cristallise
les doutes inhérents à la fonction.
« Pour assumer ce métier, il faut
vivre dans la duplicité à une altitude
où l’oxygène se fait rare. »
Tragédie antique
Si, en comparaison de L’Emprise, où le jeu des alliances se
mettait en place, Quinquennat
prenait le temps de développer
la psychologie des personnages
récurrents, le dernier volet de cette
imposante trilogie mêle remarquablement les deux aspects, alternant
moments de tension dignes des
meilleurs romans d’espionnage et
réflexion désabusée sur un monde
où la morale et les scrupules ne
semblent pas les bienvenus. Pris
dans les rouages d’un système qui
ne fait pas de cadeaux, sacrifiant au
besoin l’individu à la raison d’État,
les protagonistes deviennent les
acteurs d’une tragédie antique
dont le nœud gordien réside en
une faiblesse, l’orgueil propre à
l’homme, souvent exacerbé chez le
politique. D’une plume dégouttant
de cynisme, Marc Dugain s’inspire de la scène française et de ses
problématiques (transparence de
la justice, essoufflement du bipartisme, défiance des masses envers
les élites) sans tomber dans les
écueils de la caricature, et achève
avec maestria cette fresque impitoyable des arcanes du pouvoir
dont on attend désormais l’adaptation sur nos écrans. g
Ultime Partie, Marc
Dugain, Gallimard,
272 p., 19,50 €
(en librairie, le 17 mars).
Celeste Ng La jeune fille et la mort
Une famille vacille à la suite
de la disparition d’un de
ses enfants, dans une amérique
des années 1970 qui connaît
sexisme et racisme
3 mai 1977. Lorsque la famille Lee
s’attable pour le petit déjeuner, ce
matin-là, personne ne se doute encore que Lydia, 16 ans, est morte, et
sera retrouvée quelques jours plus
tard gisant dans le lac voisin. S’agitil d’un suicide, d’un accident, d’un
meurtre ? À mesure que l’enquête
avance, chacun tente de comprendre la disparition de la jeune
fille, convoquant des souvenirs qui,
au contraire de souder cette famille
meurtrie, l’étiolent davantage. Des
souvenirs montrant comment la
mère, Marilyn, reportait son ambition déçue de devenir médecin sur
les frêles épaules de sa fille, l’assommant de devoirs supplémentaires et
de cours particuliers. Comment le
père, James, né de parents chinois
immigrés aux États-Unis, ayant
toute sa vie souffert de racisme
en dépit de sa réussite professionnelle, voyait dans sa progéniture,
métisse aux yeux bleus, un espoir
d’intégration.
Comment son frère, Nathan, et
sa sœur, Hannah, disparaissaient
devant cette élève modèle quoique
solitaire qui cristallisait toute l’attention de leurs parents, au point
de devenir invisibles. Peu à peu, les
frustrations trop longtemps étouffées fissurent l’harmonie apparente
de cette famille, sans histoire aux
yeux de la paisible communauté
de Middlewood, mais que l’on
découvre au fil des pages gangrenées de non-dits. Navigant entre les
différentes périodes de l’histoire
familiale, chacune venant renforcer l’édifice complexe de ce huis
clos d’une grande intensité, le récit
progresse à pas lents mais lourds
de sens, maintenant l’attention du
lecteur en alerte permanente.
Si la récurrence de certains détails l’aiguille dans ses déductions,
ce dernier comprend néanmoins
que le bouc émissaire idéal (le petit
ami de Lydia, avec lequel elle a été
vue pour la dernière fois) semble
bientôt évincé du jeu, l’étau se resserrant autour de la famille de la
défunte, incapable de mesurer les
fautes commises par le passé, autant
de blessures imperceptibles sur son
corps inerte.
La violence finit par imprégner
chaque ligne du roman
Engendrée aussi bien par le
dehors qu’à l’intérieur de cette
maison, où chacun représente tour
à tour un allié puis un ennemi pour
l’autre, la violence, d’abord ténue,
finit par imprégner chaque ligne du
roman, jusqu’à son dénouement.
Analysant les ressorts du malaise
Celeste Ng
nous livre
un premier
roman
d’une
maîtrise
parfaite.
Kevin day
PHoto
adolescent sur fond de haines raciales et de sexisme dans l’Amérique
des années 1970, Céleste Ng livre
un premier roman d’une maîtrise
remarquable, subtile dans sa narration aussi bien que dans son style,
d’une envoûtante délicatesse. L.F.
Tout ce qu’on ne s’est
jamais dit, Céleste Ng,
trad. Fabrice Pointeau,
Sonatine, 320 p., 19 €.
32 | personnalités
JDD | 13 mars 2016
Frédéric Taddeï
perso
« Pendant dix ans, j’ai flâné »
malades et non plus des médecins ?
Mais je n’ai jamais la réponse au
moment de poser la question.
Enfant, il se délectait des
« Histoires extraordinaires » de
Pierre Bellemare sur Europe N° 1.
Depuis qu’il a rejoint la station,
l’intervieweur guette l’insolite
dans la réponse de ses invités,
en se gardant bien de dévoiler
ses préférences culturelles
IntervIew
luDovic PErriN
b l’ÉDucatioN sENtimENtalE
Par respect pour mes invités, je
ne dresse pas de liste de mes romans
de l’année. Cela n’empêche, j’ai les
mêmes œuvres fondatrices que tout
le monde. Mais je m’y suis mis tard.
À 12 ans, je méprisais les classiques
au profit des livres d’« adulte ». Puis,
j’ai lu Les Trois Mousquetaires à
20 ans. Et ça a été formidable,
comme de découvrir Tolstoï, Dostoïevski, Flaubert, Stendhal… En
musique, en peinture, ce fut pareil.
Picasso, etc. Les Beatles ? Oui, même
si ce n’est pas ce que j’aime le plus.
@lpjdd
b raDioscoPiE
D’abord, il y a eu Pierre Bellemare
et ses fameuses Histoires extraordinaires. Europe N° 1 était la radio
de mes parents. Plus tard, à l’adolescence, j’ai découvert Jacques
Chancel et Radioscopie sur France
Inter. Même s’il y a eu encore le
Pop Club de José Artur et Le Tribunal des flagrants délires de Claude
Villers, cela reste ma référence.
Chancel m’a appris qu’on ne peut
pas interviewer les gens en dehors
de ce que l’on est. On y met sa personnalité. Je me souviens d’avoir
invité Chancel et Pivot dans une
même émission pour comparer
leurs styles. Le premier se plaçait
au niveau de ses invités ; le second,
plus modeste, en dessous, mais tous
deux témoignaient d’une admiration formulée sans sarcasme.
b attENtioN fragilE
Je reçois une centaine d’invités
par mois à la radio. Avant d’entrer
en studio, je sais tout sur eux. Ça
commence dès le matin avec trois
livres à lire, un disque à écouter, un
film ou un spectacle à voir pour le
lendemain. Nous sommes le paradis
Frédéric Taddeï, ici fin 2013, présente « Ce soir (ou jamais !) », chaque vendredi soir
sur France 2. Yannick Labrousse
des attachés de presse ! Mais je n’ai
rien à vendre, je ne suis ni libraire ni
critique, je me contente de recueillir
une parole. Afficher mes goûts me
paraîtrait déplacé, seul le reflet de
l’époque m’intéresse. Pourquoi faiton désormais des films sur le deuil ?
Pourquoi les héros sont-ils des gens
b mEs uNivErsitÉs
C’est vrai que j’ai eu une enfance
terriblement heureuse. À une
époque où, contrairement à ce que
l’on croit, les gens s’inquiétaient
déjà pour l’avenir, mes parents ne se
faisaient aucun souci pour moi. Ils
ont toujours respecté mes choix. Et
moi, je ne voulais rien faire. Pendant
dix ans, j’ai lu, flâné. Jusqu’à 25 ans,
je me suis inscrit en première année
de fac pour avoir la Sécurité sociale.
Je ne passais pas les examens, je
recommençais l’année suivante
une autre première année. Et je
reprenais mes lectures. J’ai fini par
épuiser mon quota d’inscriptions.
Et à 29 ans et demi, je me suis lancé.
Mais aujourd’hui, c’est ce bagage
qui me permet de passer d’un sujet
à l’autre.
Un concert contre
le cancer
Les sœurs Labèque, Marie-Agnès
Gillot, Camille, Imany mais aussi
des gars, Vincent Niclo ou le jeune
phénomène Vianney, se produiront
le 22 mars à l’Olympia dans le cadre
du gala Toutes les femmes chantent
contre le cancer, organisé par
l’association Tout le monde contre
le cancer. Casté par la violoniste
Anne Gravoin, l’orchestre est
exclusivement féminin pour cette
soirée destinée à changer le regard
sur la maladie.
Le roi de papier
Il y a l’homme d’affaires
et les affaires de l’homme.
En décembre 2009, Pierre Leroy,
cogérant du groupe Lagardère
(propriétaire du JDD), mettait en
vente une partie de sa collection
d’œuvres chez Sotheby’s : de Camille
Claudel à Andy Warhol, une série
d’objets rares chinés sur plusieurs
décennies. Six ans plus tard, c’est la
Bibliothèque nationale de France qui
met à l’honneur le musée personnel
de ce grand bibliophile à travers 111
pièces dominées par les figures
de Sade et Camus. Manuscrits,
imprimés, autographes, commentés
notamment par Daniel Rondeau
et Philippe Sollers dans l’ouvrage
complémentaire Bibliothèques
de bibliophiles. Pierre Leroy
aux éditions de la BNF.
Barbie se confie
à Beigbeder
b DE couPs DE fil EN aiguillE
Cela a commencé par un coup de
fil de Jean-François Bizot. Je venais
de monter un journal, il m’a proposé
de rejoindre Actuel. De là, je suis
passé à Radio Nova puis Canal + m’a
contacté. De là, Thierry Ardisson
m’a appelé pour Paris Dernière.
Puis, Jean-Pierre Elkabbach pour
Europe 1 [Groupe Lagardère, propriétaire du JDD] et enfin Rachel
Kahn pour Ce soir (ou jamais !).
b frÉDÉric Et sEs sœurs
Je les ai embarquées dans l’aventure. Sandrine s’occupe de la programmation de l’émission Europe
1 Social Club et travaille sur Ce
soir (ou jamais !). Quant à Isabelle,
elle m’aide sur les textes de D’art
d’art. C’est comme pour les jeunes
de banlieue, quand l’un trouve un
boulot, les autres suivent.
b taDDEï iNtimE
Régulièrement, Paris Match ou
Gala nous proposent, à ma femme
et moi, une interview. C’est devenu
un rituel. On nous demande si nous
sommes toujours ensemble et nous
répondons oui. Cela fait vingt ans.
Dans ce métier, comme vous le
savez, les années comptent triple.
Là, c’est moi qui dois répondre aux
questions. Ça ne me dérange pas,
tout le monde sait avec qui je suis
[l’actrice Claire Nebout]. Mais je dois
avouer que l’exercice est assez difficile : à la fois vous devez répondre
sur votre vie de couple et en même
temps vous n’allez pas révéler toute
votre vie intime. g
Europe 1 Social Club, du lundi au jeudi,
de 20 h à 22 h sur Europe 1.
Ce soir (ou jamais !), tous les vendredis
à 23 h 30 sur france 2.
Barbie, Palais de Tokyo, 2015. Dr
« Cela me fait très plaisir
d’apprendre que vous aimiez jouer
avec moi quand vous étiez petit. »
C’est assez exclusif. Encore plus rare
que Kate Moss, la poupée Barbie
a accordé une interview à Frédéric
Beigbeder pour le catalogue
qui accompagne l’exposition
« Barbie », qui se tient jusqu’au
18 septembre au musée des Arts
décoratifs à Paris. Où l’on découvre
l’apport de l’égérie de plastique
(57 ans et 29 cm sur la pointe des
pieds) au féminisme : « J’ai toujours
été une femme active, une
pionnière ! J’ai toujours travaillé :
j’étais tout d’abord mannequin,
puis dans les années 1960 j’ai été
infirmière et hôtesse de l’air, alors
qu’à l’époque la majorité des
femmes ne travaillaient pas. »
Pour son adaptation sur grand
écran, elle se verrait bien incarnée
par Gwyneth Paltrow (« une grande
actrice à même de représenter
les multiples facettes de ma
personnalité »), Brigitte Bardot
ou Laetitia Casta. Des femmes
qui font entendre leur voix. l.P.
téléVision | 33
jdd | 13 mars 2016
On aime Passionnément iiii Beaucoup iiif Bien iiff Un peu ifff Pas du tout ffff
Jacques Brel
L’homme qui
voulait vivre sa vie
Mardi, France 2 consacre une soirée spéciale
au chanteur belge avec un documentaire inédit
et le film « L’Emmerdeur »
La sélection
de la semaine
pelle ce doc qui accorde une
place importante à son intimité.
Il a redoublé plusieurs fois mais
Sa vie durant, il sera bigame : une
écrivait certaines punitions en
épouse à Bruxelles ; une maîtresse
vers. Enfant, Jacques Brel était un
à Paris. Parmi ses amantes, Suzanne
cancre lumineux. Un jeune bourGabriello, pour qui il aurait écrit
geois désireux de s’extirper de la
Ne me quitte pas, ce qu’il ne confesdouillette monotonie de son quosera jamais, et l’ancienne clodette
tidien. « Il faut choisir : priorité aux
Maddly Bamy, rencontrée sur le
rêves ou priorité à son petit confort »,
tournage de L’aventure, c’est l’avenassurera-t-il plus tard. Lui n’a pas
ture, avec laquelle il traverse deux
vraiment choisi : la liberté était
océans en bateau.
une nécessité. Il était d’humeur
Difficile d’assumer le rôle du
vagabonde, comme dirait Antoine
pater familias quand sa soif d’ailBlondin. Un jour, une histoire déroule
leurs ne peut être étanchée. Encore
le fil de sa vie mouveaujourd’hui, ses filles
mentée à travers un « Il faut
ne lui en tiennent pas
documentaire riche
rigueur. L’une d’elles,
en témoignages, choIsIr : prIorIté France, le suit dans
notamment ceux aux rêves ou
ses pérégrinations en
de Juliette Gréco,
voilier. Sans doute,
Claude Lelouch, prIorIté à son
Brel voulait réparer
Gérard Jouannest, petIt confort »
quelque chose en la
ou ses filles, France et
conviant au périple.
Isabelle, que Laurent
Mais se sentant
Delahousse reçoit sur son plateau.
de trop à cause de la présence de
Maddly, elle finit par quitter le na« Je sais que je vais crever,
vire. Quand le chanteur jette l’ancre
mais ça ne fait rien »
aux Marquises, un cancer le ronge
depuis déjà plusieurs mois.
Lorsqu’il débarque à Paris,
peu de gens misent sur cet échaIl décide de s’installer dans ces
las au physique ingrat et à la gesîles peu accessibles où, loin des patuelle empruntée. « Jacques Brel
parazzis, il goûte à la tranquillité.
est belge. Nous lui rappelons qu’il
Là-bas, « le temps s’immobilise ».
existe des trains pour Bruxelles »,
Il mène une vie simple, assure une
écrit France Soir à propos de son
liaison postale en avion, projette des
premier disque. Mais l’artiste
films aux insulaires et participe au
s’entête, arpente les cabarets,
développement de ce lieu délaissé.
dort dans une chambre d’hôtel
Les Marquisiens deviennent ses
pitoyable sans manger à sa faim.
amis. « Je sais que je vais crever, mais
Le peu qu’il gagne, il l’envoie à sa
ça ne fait rien. Aujourd’hui, on fait la
femme, Thérèse Michielsen, dite
fête », leur dit-il. Son état se dégrade.
« Miche », restée en Belgique.
En 1978, Jacques Brel est rapaJusqu’à ce qu’une chanson au
trié en France, où il s’éteint des
titre évocateur, Quand on n’a que
suites d’une embolie pulmonaire.
l’amour, l’emporte vers le succès.
Il est enterré aux Marquises, près de
Et, l’amour, Brel en a beaucoup à
la tombe de Gauguin. Ses chansons,
offrir en partage.
elles, ne nous ont pas quittés. g
Car libre, l’artiste l’est aussi
Un jour, une histoire, mardi à 20.55
et L’emmerdeur, à 22.50, France 2.
avec les femmes, comme le rapBaptiste thion
a King-Kong
iiii Entre
deux trilogies de
Héroic Fantasy, le
Néo-Zélandais Peter
Jackson s’essaie
avec une maîtrise
impressionnante
au remake du chefd’œuvre de 1933.
Beau, émouvant,
époustouflant.
21.00, D8.
naUFragés voLontaires. Lors
de la première saison, 2,8 millions de spectateurs en moyenne
avaient suivi les mésaventures
des apprentis Robinson de The
Island, sorte de Koh-Lanta sans
compétition où les candidats se
filment eux-mêmes. L’émission
revient dès mardi sur M6. Et cette
fois, ce ne sont plus seulement
15 hommes qui devront survivre
en milieu hostile sans eau courante ni nourriture mais aussi
15 femmes. Chaque groupe sur
son île. Le programme confrontera leurs réactions respectives.
On est ravi d’apprendre qu’elles
sont très différentes, ce dont personne ne se doutait. On découvre
aussi, grâce aux précieuses interventions de Mike Horn, explorateur éclairant le public, que
dans la jungle, la nuit tombe
plus vite, qu’une petite blessure peut s’aggraver si elle n’est
pas soignée ou qu’il vaut mieux
dormir sur une plage qu’en forêt
en compagnie des animaux
sauvages. Et les serpents, c’est
dangereux ?
the island : seuls au monde,
mardi à 20.55, M6.
Un chanteur libre qui l’était aussi avec les femmes. QUINIO/STILLS/GAMMA/EyEdEA
Ciné dimanChe
gangsters. Les criminels les
plus célèbres de Birmingham font
leur grand retour sur Arte. Nous
sommes désormais en 1922, et les
Peaky Blinders (« visières aveuglantes ») ambitionnent d’étendre
leurs activités à la capitale. C’est
sans compter sur le mafieux londonien Darby Sabini, peu disposé
à les voir empiéter sur son territoire. Entre rivalités, manipulations politiques et histoires
familiales, cette seconde saison,
toujours rythmée par une bande
originale rock’n’roll, se révèle
aussi classieuse que captivante,
et bénéficie de la présence de
Tom Hardy, parfait en voyou juif
caractériel.
peaky Blinders, jeudi à 20.55, arte.
Cillian Murphy, Joe Cole et Paul
Anderson. PrOd
traFic. Beaucoup de documentaires ont déjà été tournés
sur les narcotrafiquants. Avec
Cartel Land, le réalisateur Matthew
He i n e m a n s ’ i n t é re s s e a u x
citoyens qui, abandonnés par les
pouvoirs publics, les combattent
armes à la main. Primé à Sundance
et nommé aux Oscars, ce film aux
qualités cinématographiques
indéniables emploie les codes de
la fiction pour offrir une plongée
saisissante dans un univers d’une
rare violence. Il suit les meneurs
de deux milices de chaque côté
de la frontière américano-mexicaine. Ces groupes paramilitaires
recourent parfois à des méthodes
analogues à celles des cartels. Un
doc prenant, mais un peu sensationnaliste. Ba.t.
cartel Land, mercredi à 21.00, canal +.
a Blood Ties iiff Premier film américain, en tant que réalisateur, de Guillaume
Canet. Une distribution prestigieuse (Clive
Owen, Mila Kunis, Marion Cotillard...) pour
un polar un brin décevant. 20.55, France 2.
c La Nuit des généraux iiif Anatole
Litvak met en scène un Peter O’Toole abject
en général nazi. Grandiose. 20.45, Arte.
c L’Échange iiif Clint Eastwood adapte
une histoire vraie avec Angelina Jolie dans le rôle
de la mère écorchée. 20.50, HD1.
Votre soirée
17.15 Sept à huit. 20.00 Journal. 20.55 Le
Transporteur iiff Film franco-américain
de Louis Leterrier et Corey Yuen (2002). Un ex-militaire reconverti
dans le crime tombe au beau milieu d’un règlement de comptes.
Avec Jason Statham, Shu Qi, François Berléand. 22.45 Esprits
criminels. 1.10 Les Experts: Manhattan.
18.00 Stade 2. 18.50 Vivement dimanche prochain: Best
of. 20.00 Journal. 20.55 Blood Ties iiff Film américano-français de Guillaume Canet (2013). Un policier tente
de remettre dans le droit chemin son frère aîné, récemment sorti
de prison. Avec Clive Owen, Billy Crudup, Marion Cotillard. 23.05
Faites entrer l’accusé : Le Crime fou de Stéphane Moitoiret.
17.15 Personne n’y avait pensé ! 17.55 Le Grand Slam.
19.00 Le 19/20. 20.25 Zorro. 20.55 Les Enquêtes de Vera.
Série britannique (2015). Eaux troubles ; Le Bon Samaritain. Avec Brenda Blethyn, Kenny Doughty. 0.00 Soir 3. 0.25 The
Lost Moment iiff Film américain de Martin Gabel (1947).
D8 21.00 King Kong iiii
Film en coproduction de
Peter Jackson (2005).
W9 20.55 Murder. Série.
NT1 20.55 La Proposition
iiff F i l m a m é r i c a i n
d’Anne Fletcher (2009).
NRJ 12 20.55 S.O.S. ma famille
a besoin d’aide. Magazine.
HD1 20.50 L’Échange iiif
Film américain de Clint
Eastwood (2008).
6ter 20.55 Duplicity iiff
Film américano-allemand
de Tony Gilroy (2008).
16.40 Zapping de la semaine. 17.00 Intérieur
sport. 18.10 Canal rugby club. 19.10 Canal Paris Première 20.45 Lie to
football club. 20.55 Rennes-Lyon. Football. Ligue 1, 30e journée. me. Série.
22.55 Canal football club. 23.15 L’Equipe du dimanche. 0.00
Le Journal des jeux vidéo.
TCM 20.55 Les Experts : Miami.
Série.
18.35 C politique. 20.00 In Vivo, l’intégrale. 20.40 Le prix
a-t-il un sexe ? Documentaire français de Camille Roperch FX 20.50 Gallowwalkers.
(2016). Le collectif Georgette Sand a révélé qu’en plus de Téléfilm.
différencier inutilement plusieurs produits de consommation courante qui s’adressent à une clientèle masculine ou féminine, des Gulli 20.50 Peau d’Âne.
tarifs différents sont appliqués pour des biens identiques. 21.35 Film français de Jacques Demy
Infidélité, mode d’emploi. 22.25 Les flingueurs ou la violence (1970).
en politique. 23.20 La Grande Librairie.
OCS Choc 20.40 Hell on Wheels.
19.15 Cuisines des terroirs. 19.45 Arte Journal. Série.
20.00 Karambolage. 20.15 Vox Pop. 20.45 La
Nuit des généraux iiif Film franco-britannique d’Anatole Action 20.50 Deux Doigts
Litvak (1967). Pendant la Seconde Guerre mondiale, plusieurs sur la gâchette ifff Film amécrimes sadiques sont perpétrés à l’encontre des prostituées. Avec ricain de Deran Sarafian (1994).
Peter O’Toole, Omar Sharif. 23.05 Code(s) polar (1/3).
Polar 21.00 Police frontière
16.30 66 Minutes : le doc. 17.20 66 Minutes. 18.40 iiff Film américain de
66 Minutes : grand format. 19.45 Le 19.45. 20.10 Tony Richardson (1982).
E=M6. 20.55 Capital. Ma maison, ma mine d’or. Le
logement représente la dépense la plus importante du budget des Paramount 20.40 L’Epée
ménages français. 23.00 Enquête exclusive. Calais, immersion du vaillant ifff Film
dans une poudrière ; Clandestins : ils traversent l’enfer pour britannique de Stephen Weeks
venir vivre en France.
(1984).
session de rattrapage du Jdd aVec
Le top des 3 programmes à revoir aujourd’hui sur Internet
a Doc.
Geneviève de
Gaulle, Germaine Tillion
France 2
a Série
No Offence
France 2
a Magazine
Complément
d’enquête
Migrants...
France 2
34 | JEUX
JDD | 13 mars 2016
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un microsillon
d’avant les
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a moitié
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morte
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profiter
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pied plusieurs
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jamais vilain,
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battue au
à goûter terme d’une
avec le thé rencontre
palpitante
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d
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tue
un projet
dans l’œuf
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prise à un
innocent
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coupable
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b
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faites
suivant
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b
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solution des jeux
Mots croisés
93120 La Courneuve, CIMP Toulouse, MOP
Vitrolles, CILA Nantes, CIRA Lyon et Nancy Print.
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cri du
pigeon
vertus
a aux
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b
paire de
boules
Solution la semaine prochaine
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en chef François Clemenceau, Dominique
de Montvalon, Cyril Petit (éditions), Guillaume
Rebière, Brigitte Suffert (directrice artistique),
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Secrétaire général adjoint Robert Melcher.
Rédacteurs en chef adjoints
Danielle Attali, Bruna Basini, Richard Bellet,
Stéphane Joby, Pierre-Laurent Mazars,
Nicolas Prissette, Didier Siberchicot.
Chef du service photo Aurélie Chateau.
b
d
U
verticalement
1. Auto-défense. Dessins parlants.
- 2. Amenée à viser la direction générale. Retourne en boîte après le
travail. Emploi dans la distribution. 3. C’est du chinois dans une certaine
mesure. Prennent un accent aigu.
De quoi se noircir à l’œil. - 4. Se
traite en surface. Bien élevé et particulièrement distingué. - 5. Remplaçant un accent aigu par un accent
grave. Lustre d’étoffe. Visa pour la
Russie. - 6. Spécialité norvégienne
montée en neige. Un manque qui
désole. Rappel des troupes. - 7. Dans
les plus ou moins grandes largeurs.
Epousée suivant les formes. Petit
plat de terre. - 8. Fer de botte. Représente un tiers. Claque. - 9. Projeter contre. Base de transmission.
- 10. Dégustées en trinquant. Sortie
de sa coquille. Eau dans la botte. 11. Elles prennent l’eau de toutes
parts. Chaussées pour la marche. 12. Pure malt. C’est égal. Rouge aux
ongles. - 13. Lui-même. Incitent à
entrer en scène. Le désespoir d’une
maîtresse. - 14. Présentant de belles
courbes. Accord final. - 15. Temps
variables. Engagées sans assurance.
Réduction patronale.
b
U
horizontalement
1. Légion d’honneurs. Liberté de
mouvement. - 2. Rapidement bourré. Chercher la petite bête. - 3. A été
suffisamment attendu. Massé pour
être d’attaque. Il suffit de passer le
pont... - 4. A un point commun. Se
montre discrètement indiscret.
Cours de physique. - 5. Pratiques
pour officier. Se montre pointilleux
sur le règlement. - 6. Marché souterrain. Des histoires jamais sans
histoire. Offre un bouquet dans le
meilleur des cas. - 7. Prises dans
une boucherie. La chasse est ouverte. Voie à grande circulation. - 8.
Demande un minimum de tenue.
Font lever les yeux au ciel. Permet
de ménager sa monture. - 9. Joyeuse
comédie. Martèlent en musique. 10. Symbole de contenance. Regardée les yeux dans les œufs. Se lance
dans les airs. - 11. Manuel médical. Améliorant l’ordinaire. - 12.
Fauteuil à bascule. On n’en revient
pas ! Carte de crédit. - 13. Façon
de procéder à une interpellation.
Petit doigt. Rame dans la rue. - 14.
Dorées à la poêle ou aux poils. Maux
d’esprit. - 15. Des bouches et des
bras. Travaillent pour des haricots.
excluant
ii dont un
célèbre ii
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13
b
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U
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Y
dont la
brioche fait
concurrence
aux miches
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voit comme
une vertu
de ne pas b
la perdre
8
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Keno
Loto
horizontalement
1. Satellites. Pode. - 2.
Egaré. Favoriser. - 3.
Mi. Ost. Palan. Si. - 4.
Porteuses. Maman. - 5.
Aisée. Etirer. - 6. Têts.
Errer. Duce. - 7. Epées.
Visas. Lot. - 8. Ria. Naïf.
Narine. - 9. Neurone. Escient. - 10. Eu. Abusive.
Grée. - 11. Ames. Lippue.
- 12. Lover. Plâtre. Us. 13. Elan. Coin. Ouïr. - 14.
Oléoduc. Ourlée. - 15.
Aperçu. Ogresses.
verticalement
1 . S e m p i t e r n e l l e. 2. Agio. Epieu. Olop. 3. Ta. Râteau. Avale. 4. Erotise. Ramener. 5 Lésés. Snober. Oc. 6. Tuée. Anus. CDU. - 7.
If. Servies. Pou. - 8. Tape.
Rif. Illico. - 9. Evasées.
Evian. - 10. Sol. Transept.
Or. - 11. Rami. Sac. Proue.
- 12. Pinard. Rigueurs. 13. Os. Meulière. ILS.
- 14. Désarçonné. Urée.
- 15. Erin. Etêtées. Es.
Mots fléchés
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mots croisés Jean-Paul Vuillaume
tendances | 35
jdd | 13 mars 2016
Les battants du
petit matin
gilles lansarD/DuoDecim
Ski itinérant à travers
la Savoie
Sur l’espace diamant, on arpente une montagne
douce et boisée de village en village. Idéal pour
un court séjour
MathILde gIard
plainpicture/Fancy - plainpicture/heros images
Se lever à l’aube pour méditer, faire du sport ou bien la fête… Voici le nouveau
credo de ceux qui veulent réussir leur vie ou s’offrir du temps pour eux
CharLotte Langrand
@Chalangrand
« L’avenir appartient à ceux qui se lèvent
tôt » : un nombre croissant de nos concitoyens ont décidé d’appliquer le dicton
à la lettre. Debout parfois dès 5 heures,
beaucoup sont devenus accros du petit
matin. Ils ont été inspirés par la lecture
de Miracle Morning, de Hal Elrod, un
Américain qui a fait profession du développement personnel.
En un été, le livre s’est vendu à
80.000 exemplaires ; il est sorti en France
cette semaine (First Éditions). Son
credo : s’offrir un « supplément de vie »
en se levant aux aurores pour « dédier
un moment de la journée à la personne
que nous souhaitons devenir ». L’auteur
l’affirme : aujourd’hui est « le » jour du
changement. Celui où l’on décide de ne
plus vivre une vie « médiocre », de se
lever très tôt pour se fixer des objectifs,
développer son potentiel, atteindre ses
rêves (de réussite et de richesse, surtout).
Hal Elrod déroule sa méthode miracle, sa « routine » pour obtenir « une
vie notée 10 sur 10 ». Une fois debout, on
enchaîne une liste d’actions : méditation,
« affirmations positives », visualisation de
sa journée et lecture de livres de développement personnel. Puis on avale un
smoothie et c’est parti pour le travail,
l’esprit clair et la volonté au firmament.
Hal Elrod en est sûr, Oprah Winfrey, Bill
Gates et même Albert Einstein n’auraient
jamais appuyé sur la fonction « snooze »
(rappel) de leur réveille-matin.
Une parenthèse inespérée
pour le bien-être
Aux États-Unis, la recette a plu tout
de suite, surtout sur la côte ouest. Les
nouveaux convertis détaillent leurs
matins sur le site My Morning Routine.
« À 5 h 45, je vais à mon cours de yoga,
écrit Jeff Morris, un des dirigeants de
Tinder. Je suis à peine éveillé mais c’est
un des moments favoris de ma journée. »
Les sacrifiés de l’oreiller publient aussi
Cours de sport ou de yoga, séances de sophrologie... : le menu bien-être des « before work ».
avec fierté leur vie « prépetit déjeuner »
sur les réseaux sociaux, sous les motsclefs #5am ou #earlystart.
En France, le mouvement semble
prendre… une autre tournure. Les lèvetôt hexagonaux voient plutôt dans cette
tranche horaire une parenthèse inespérée pour leur bien-être. Un temps
consacré à soi, pour réfléchir, méditer,
faire du sport ou… la fête. Partout, les
« before work » se multiplient. Le premier Daybreaker parisien a eu lieu fin
janvier. Cette fête déguisée, avec yoga
puis dancefloor de 6 à 9 h, s’est déjà tenue
à New York, San Francisco, São Paulo…
La tendance prend en régions. C’est
en revenant de Londres, où elle a assisté à
un Morning Glory, qu’Anne-Claire Loaëc
a décidé d’organiser son premier Good
Morning Rennes : 300 personnes ont participé à cette grande fête d’avant-travail,
de 7 à 10 h. « Sans alcool, une fête est plus
libre, les gens ne se jaugent pas comme la
nuit, explique-t-elle. Notre seule ambition est d’apporter de la bonne humeur.
Cela contribue au bien-vivre ensemble. »
Au programme, un « réveil musculaire »
avec de la gym suédoise puis un dancefloor avec DJ, un atelier d’autoréparation
de vélos et bien sûr, un petit déjeuner
« sain », plutôt orienté smoothies que
viennoiseries. « C’est un horaire où l’on
n’a pas d’excuses pour ne pas entreprendre
quelque chose, poursuit Anne-Claire. On
commence la journée par du positif, c’est
plus agréable que de courir dès le réveil. »
She is Morning est présent
dans onze villes
Les carrot cake et les jus détox font
aussi partie du concept She is Morning.
Adressé aux femmes, ce « before work »
se fonde sur le bien-être et le développement personnel. « En rentrant du Brésil,
où j’ai vécu, je ne voulais pas retomber
dans la morosité française, avoue Charlotte Pignal, la fondatrice. En s’accordant
du temps pour soi, on sait qui l’on est, et ce
que l’on veut devenir. » De 6 h 30 à 9 h 30,
s’enchaînent cours de yoga, séances de
sophrologie et de coaching sur la communication positive ou la gestion du
stress au travail. « Ces femmes actives
veulent une bulle d’air pour elles, elles
échangent beaucoup, constate Charlotte
Pignal. Nous ne les culpabilisons pas, le
réveil ne doit pas devenir une torture ! »
Plébiscitée, She is Morning est présent
dans onze villes françaises et va s’ouvrir
aux hommes. Les dormeurs vont devoir
préparer de solides excuses pour continuer leurs grasses matinées. g
dormeur. il faut soit secouer l’appareil
dans tous les sens pendant trente
secondes (Wake N shake, shake awake
Free), soit scanner un objet comme
son bol de café (morning routine) ou
aller photographier un endroit de son
appartement (alarmy)… deux autres
Au pied du Mont-Blanc
La petite station du Val-d’Arly fait partie de
l’Espace Diamant, qui fête ses 10 ans ce début 2016.
On part en balade, au fil des liaisons, au milieu des
sapins saupoudrés de neige et des chalets en bois,
d’un village à l’autre, entre 1.000 et 2.000 m d’altitude : Praz-sur-Arly, Hauteluce, Crest-Voland… En
panorama, le Mont-Blanc et le massif du Beaufortin.
La station la plus récente du domaine, datant des
années 1960, reste Les Saisies, fief du champion
Franck Piccard, qui y possède un hôtel.
Que l’on ne s’y trompe pas, cette montagne douce
a son lot de pentes raides où tester sa dextérité,
et, malgré son altitude moyenne, elle connaît un
excellent enneigement. « Je pense que l’itinérance
a un bel avenir : elle permet d’allier le ski de qualité
à une certaine ruralité, dans une vallée habitée »,
prédit Jean-Yves Rémy, PDG du groupe Labellemontagne, à la tête de onze stations dont quatre sur ce
territoire. Pour preuve, la coopérative du secteur,
à Flumet, où se fournir en reblochon, beaufort et
yaourts maison, ne cesse de se développer, avec des
antennes jusqu’à Chamonix et Megève. g
labellemontagne.com
télex
MSC Croisières fait le tour du monde
La plus grande compagnie
de croisières privées au
monde va doubler sa flotte
dans les six prochaines
années. et les clients n’y
feront « pas n’importe
philippe chérel/maXppp
quelle croisière », assure la
nouvelle campagne de promotion de la marque. Ce
nouveau positionnement fait l’objet de trois nouveaux
films publicitaires mis en scène par le Britannique
daniel Barber sur une bande-son d’ennio morricone.
msccroisieres.fr
Gastronomie : un virage à 180°
des applis pour les réveils difficiles
Les amoureux de L’oreiLLer vont
souffrir. des applications pour
smartphone donnent les moyens de
les sortir du lit. Le supplice est simple :
la sonnerie du téléphone ne s’arrête
qu’à condition d’effectuer des actions
qui réveilleraient n’importe quel gros
La route des Gorges de l’Arly est coupée depuis
plus d’un mois à la suite d’un gros éboulement. Une
déviation est en place. Mais c’est dire l’aspect isolé,
et préservé, du vieux village savoyard de NotreDame-de-Bellecombe, surplombé par son clocher
à bulbe. À la Ferme de Victorine, on dîne sous les
yeux des vaches Tarine et Abondance, installées
de l’autre côté de la vitre. On ne sait pas trop qui
regarde l’autre… Cette adresse réputée est une affaire
de famille : parmi les huit frères et sœurs, James a
créé le restaurant, deux frères gèrent la partie agricole et Raymonde, directrice de l’école de ski, fait
le service la saison finie. Cette dernière ressemble
étrangement à la photo en noir et blanc accrochée
au mur, « mémé Victorine », la grand-mère…
applis frôlent même le sadisme :
alarm Clock xtrem s’arrête quand
on résout un problème de maths
et Better me utilise l’humiliation
publique en postant sur Facebook
un message à vos amis si vous restez
au lit ! C.L.
Changer de vie. Changer d’adresse. Changer
de métier. un jour, tout le monde a caressé cette idée,
et le monde de la gastronomie n’y échappe pas.
Voici le thème du premier hors-série de la revue
culinaire 180 °C : rencontrer ceux qui ont franchi
le pas, qui ont plaqué leur boulot pour la boucherie,
la boulangerie, l’agriculture, l’ostréiculture…
de belles histoires de reconversions.
180 °C, hors-série no 1, 20 €.
36 |
dimanchesport
jdd | 13 mars 2016
FootBall Quatre jours après sa qualification européenne, le PSG peut décrocher
son quatrième titre de champion de France consécutif, pelletée de records à la clé
troyes
Stade de l’Aube (14 h, beIN et Canal+ Sport)
paris sG
N
MIcKaËl caron
@CARONJDD
e pas gagner à Troyes
pour mieux soulever l’Hexagoal au
Parc des Princes,
dimanche prochain,
contre Monaco ? Si cela lui a traversé l’esprit, ne comptez pas sur
Laurent Blanc pour oser à haute
voix ce genre de promesse de
l’Aube. « Entrer sur un terrain sans
avoir l’intention de gagner, ce n’est
pas être un compétiteur, se fâchet-il. Nous laissons les calculs aux
autres. » Être le premier à s’incliner
chez la lanterne rouge serait une
sorte de prouesse de plus pour cette
équipe qui les accumule.
Qualifié mercredi pour les
quarts de finale de la Ligue des
champions aux dépens de Chelsea (2-1), le PSG n’a pas encore le
palmarès des grands d’Europe
mais il en partage désormais certains records. S’il est couronné cet
après-midi, il imitera le Bayern
Munich d’il y a deux ans, qui avait
remporté le titre le plus précoce
dans un grand championnat européen, à huit journées de la fin.
Mais c’était déjà le printemps… À
l’échelle de la L1, le bientôt sextuple champion de France (comme
Bordeaux et Reims) va effacer le
grand Lyon de Gérard Houllier,
consacré le 22 avril 2007.
Effondrement de la concurrence
« Certains s’interrogent sur l’écart
entre Paris et les autres : fantastique
ou pathétique ? Nous n’avons rien voir
là-dedans, élude Blanc, qui a profité
d’un moment libre, vendredi, pour
se plonger dans les statistiques pendant que ses joueurs déjeunaient
gaiement dans Paris. Nous sommes
en tête depuis la première journée,
ce sera difficile de refaire un tel parcours donc j’en suis très fier. On aurait
très bien pu avoir un adversaire à nos
trousses. Nous avons fait ce qu’il fallait, pas les autres. »
S’il maintient sa moyenne
actuelle de 2,55 points par match,
le PSG finira avec au moins
97 points. Loin, très loin devant
tous les autres. Ce serait une nette
progression par rapport au record
de 89 points amassés en 2013-2014.
Il faut aussi lire cette courbe dans
un contexte d’effondrement de la
L’art et la manière
Mercredi à Stamford Bridge, les Parisiens se sont qualifiés pour leur troisième quart de finale d’affilée en Ligue des champions. Javier Garcia/Bpi/icon Sport
concurrence. À l’image de Monaco,
qui aurait dû étirer le suspense de
huit jours mais a failli vendredi soir
contre Reims (2-2).
Ces trois dernières saisons,
le PSG n’avait été sacré qu’à la
36e (2013, 2014) ou la 37e journée
(2015). L’écart avec le deuxième
avait légèrement diminué, passant
de 12 longueurs sur l’OM en 2013 à
8 sur Lyon l’an dernier. Cette fois,
l’écart record entre le champion
et son dauphin (17 points entre
l’OL et Marseille en 2007), risque
d’être pulvérisé. Ce soir, il pourrait grimper à 25 unités. Monaco
(52 points) postule même au rang
de pire deuxième depuis le retour
à la victoire à trois points en 1995,
détenu jusque-là par… le PSG
(58 points en 1999-2000).
L’hégémonie parisienne n’est
pas anodine à l’heure où la compétition se resserre en Allemagne
et en Italie, tandis que le spectacle
est plus fou chaque week-end au
sommet de la Premier League avec
les trublions de Leicester. Seule la
Liga est écrasée par l’intouchable
Barça. Pour le PSG, on peut légitimement se demander si l’inertie des
rivaux supposés ne va pas devenir
pénalisante dans le money time de
la Ligue des champions.
Blanc interpelle les dirigeants
du foot français
Pas sûr que l’avalanche de records excite particulièrement les
Parisiens. N’empêche, trois autres
marques historiques sont à leur
portée d’ici à la dernière journée, le
14 mai. Dans l’ordre de probabilité :
le nombre de victoires en déplacement (12) risque d’être dépassé
aujourd’hui, avant son propre total
de 27 victoires établi en 2014 (23 à
ce jour), voire la meilleure défense
(15 contre 21 encaissés par l’OM en
1992). Seule la meilleure attaque
reste hors de portée (68 buts contre
118 pour le RC Paris en 1960).
L’arithmétique, Blanc s’en
moque comme du dernier tatouage de Layvin Kurzawa, qui a
eu les yeux plus gros que le ventre
au lendemain de la qualification à
Londres. Sa préoccupation est ailleurs : rester mobilisé d’ici au mois
d’avril qui verra le PSG disputer son
Des supporters en colère
en plus D’un arrêté préfectoral, un arrêté du ministère de l’Intérieur
défend aux supporters parisiens de se rendre à Troyes en dehors du
déplacement officiel encadré par le PSG. Les autorités craignent que des
fans en conflit avec la direction tentent de se regrouper et provoquent
des incidents. Hier, des ultras, qui s’étaient vu annuler 500 places qu’ils
avaient achetées, ont bloqué quelques minutes le bus des joueurs alors
qu’il quittait le Camp des Loges.
Fin de cycle, début de casse-tête
Le cas Thiago Silva mis à part, le
flou autour de l’avenir des premiers
piliers de l’ère qatarienne incarne
le dilemme auquel est confronté
le PSG : faut-il étirer le cycle qui a
fait basculer le club dans une autre
galaxie ou passer au suivant ? Zlatan
Ibrahimovic et Maxwell arrivent
en fin de contrat en juin, Thiago
Motta le sera dans un an. Le PSG,
qui a élargi sa cellule de recrutement à quatre scouts pour mieux
observer les stars de demain, doit
anticiper mais beaucoup de paramètres entrent en jeu.
b Maxwell vers la sortIe
Prolongé il y a un an, le Brésilien dit avoir tranché son avenir. La
logique serait qu’à bientôt 35 ans
l’une des premières recrues de
prestige de Leonardo – pour un
des meilleurs rapports qualité/prix
(4 M€) – raccroche. L’été dernier,
en arrachant le Monégasque Layvin Kurzawa à prix d’or (24 M€), le
PSG avait anticipé un futur départ.
Mais l’international ne pourra pas
occuper seul le couloir gauche.
L’arrivée d’un nouveau joueur dépend du sort de Lucas Digne, prêté
cette saison à l’AS Rome, qui n’a pas
encore levé son option d’achat. Son
agent, Mikkel Beck, refuse d’indiquer la tendance entre un séjour
prolongé en Italie, où Rudi Garcia,
qui l’avait fait venir, a été viré, et
un retour à Paris. Il se contente de
préciser que « le PSG suit son évolution » et est resté en contact avec
lui pendant son prêt. Le contrat de
Digne, acheté 15 M€ en 2013, court
jusqu’en 2018.
b Motta l’IrreMplaçaBle
L’été dernier, il avait boudé et
menacé de partir avant de prolonger son contrat jusqu’en 2017. L’Italo-Brésilien envisage désormais
de terminer sa carrière au PSG,
où il dispute sa quatrième saison
à 33 ans. Mais le club doit songer
à l’après tant ce métronome a posé
son empreinte sur le jeu de possession prôné par Laurent Blanc.
« Personne n’est irremplaçable, mais
à son poste, il est dans le top 3 mondial, avance son conseiller, Alessandro Canovi. Peu jouent comme
lui : Busquets au Barça, Xabi Alonso
quart de finale de Ligue des champions (le tirage aura lieu vendredi),
sa demi-finale de Coupe de France
à Lorient, le 19, et la finale de Coupe
de la Ligue contre Lille, quatre jours
plus tard. « Notre calendrier est très
compliqué, ose-t-il. J’espère qu’on
aura un peu d’aide des dirigeants du
foot français sur la programmation
de nos matches mais je ne me fais
pas d’illusion. » La ficelle est un peu
grosse mais pas illégitime. g
au Bayern ou Modric au Real. Des
jeunes, c’est rare, car c’est un rôle qui
demande beaucoup d’expérience. »
Il y en a un, au moins, qui est bien
connu des scouts parisien, comme
de ceux de tous les grands clubs
d’Europe : Rodrigo Bentancur,
milieu uruguayen de 18 ans de
Boca Juniors. Le Serbe Marko
Grujic (Étoile Rouge), champion
du monde des moins de 20 ans, a
aussi le profil.
b les Mystères D’IBra
Meilleur joueur du championnat (23 buts et 10 passes), enfin décisif dans un grand match de Ligue
des champions, le géant suédois
réalise peut-être sa meilleure saison
parisienne. En fin de contrat, il dit
avoir tranché son avenir, mais garde
son choix pour lui, comme son ami
Maxwell. Contacté, son agent, Mino
Raiola, ne souhaite plus s’exprimer
sur le sujet. Le président Nasser
Al-Khelaïfi donne rendez-vous en
juin. Sa grande performance contre
Chelsea a remis au goût du jour l’intérêt des clubs de Premier League
quand le Milan AC rêve toujours
d’un retour. En l’état, on voit mal
comment le PSG pourrait se passer de lui, tant sur le terrain qu’en
dehors. Paris a besoin d’une grande
star pour nourrir son projet. Celles
ayant son aura se limitent à Messi,
Neymar et Cristiano Ronaldo. Les
Barcelonais semblent indéboulonnables, le Madrilène un peu moins.
M.c. (avec s.c.)
football | sport | 37
jdd | 13 mars 2016
« À valeur égale, mieux
vaut un Lyonnais »
30e journée Mandanda sauve l’OM de la cata
MAXIME GONALONS Au club depuis seize ans, le capitaine incarne la forte
identité locale de l’OL, sur le terrain et en dehors
Rennes
Roazhon Park (21 h, Canal+)
Lyon
LYON (RHÔNE)
INTERVIEW
MICKAËL CARON
Maxime Gonalons, 27 ans depuis
jeudi, est l’un des douze joueurs
de l’OL nés dans la région lyonnaise. Fier de ses origines et de sa
culture, qu’il aime partager avec
les recrues, l’international (8 sélections) explique les spécificités
d’un club qui a remis l’accent sur
son ancrage local depuis la fin de
sa longue période de domination.
Et qui joue peut-être sa saison, ce
soir à Rennes, la deuxième place
en ligne de mire.
Capitaine de l’OL depuis 2013,
vous incarnez un club
qui ne gagne plus. Dur ?
tion a eu de beaux exemples. Mon
premier souvenir de Gerland, c’est
une victoire 6-1 contre Sedan [en
2002]. J’étais assis en virage nord
supérieur.
J’aime la bonne bouffe. Je suis
allé chez Bocuse, Georges Blanc,
Troisgros [trois restaurants étoilés].
On dit le vestiaire lyonnais difficile
Il y a quatre ou cinq ans, j’ai commencé à goûter le vin. La côte-rôtie
d’accès. Vous confirmez ?
est un must, mais je ne m’arrête pas
Au premier contact, le Lyonnais peut être perçu comme froid
à la vallée du Rhône. J’ai une cave
et méfiant. Mais on ne forme pas
avec 500 bouteilles de bordeaux,
un clan hostile aux nouveaux.
bourgogne, champagne… Avec
En début de saison, on a entendu
Christophe Jallet, Clément Gren’importe quoi
nier et Mathieu
sur notre soiGorgelin [le deu« La côte-rôtie est
disant mauvais
xième gardien], on
accueil ! Yoann un must, mais je
va au marché des
G o u rc u f f, p a r ne m’arrête pas à
vins à Ampuis [au
exemple, a eu du
sud de Lyon]. On
mal, mais c’était la vallée du Rhône » découvre les nouplus lié à sa perveautés. Je bois
sonnalité réserun petit verre de
vée. On a toujours
temps en temps,
essayé de le mettre à l’aise, et lui
entre amis. À l’époque, j’allais aussi
n’a jamais posé de problème. Ce
pêcher avec Lisandro [López]. Je
n’était pas un mauvais mec.
ne fréquente pas que les Lyonnais !
On vous présente parfois comme
On a quand même remporté
un VRP de la région.
une Coupe de France et un TroJe connais Lyon par cœur. Si un
phée des champions [en 2012] !
nouveau me demande, j’ai plaisir à
Le PSG domine
partager l’adresse
le championnat,
d’un bon resto.
mais ça n’em- « L’idée du
Ici, on est plutôt
pêche pas de vivre déracinement
chauvin, car on a
de grands motout ce qu’il faut
ments et d’espérer ne m’effraie pas »
pour bien vivre :
reprendre le titre
la culture et la
gastronomie. La
à l’avenir. Notre
modèle n’est pas incompatible avec
table soude un groupe. À la fin de
le succès. Quand ça s’est compliqué
l’été dernier, tout l’effectif a paréconomiquement il y a quatre ou
tagé un repas à La Maison, un rescinq ans, le centre de formation a
taurant proche de Gerland. Avec
été remis en avant. Dans l’effectif,
quelques-uns, nous avons découil y a aujourd’hui une moitié de
vert une autre table il y
Lyonnais. Mais on n’arrive pas en
a un mois ou deux.
On a besoin de
équipe première parce qu’on est
du cru. Il faut beaucoup plus que
s’aérer et de parler
d’autre chose.
ça : talent, état d’esprit… On baigne
dans un milieu particulier. Être
un gone, c’est en avoir conscience
sans oublier le monde en dehors
du foot.
L’idée générale évoque le Barça
ou Arsenal…
Comme chez eux, nous sortons
presque tous du même moule.
Comme Rémi Garde avant lui
[entraîneur entre 2011 et 2014],
Bruno Genesio est né à Lyon,
il a été formé et a joué au club.
Quand on parle de foot, on se
comprend tout de suite, car nous
sommes passés entre les mains
des mêmes formateurs, à vingt ans
d’intervalle. Lui et nous, c’est la
même école. À valeur égale, mieux
vaut un Lyonnais, car il existe un
vécu commun et une
vraie philosophie.
Une identité
visible aussi
dans le jeu ?
Fa i re d e s
passes, conserver le ballon de
manière efficace
et bien servir les attaquants, sans
les mettre en difficulté, c’est notre
quotidien depuis l’âge de 15 ans.
Les relances à la main d’Anto
[Anthony Lopes], ça remonte loin.
On le voit bien cette saison : nos
buts partent d’actions bien
construites. Nos principes ne
datent pas d’hier. Ma généra-
Il paraît que vous ne plaisantez
pas avec la gastronomie et le vin ?
Anthony BIBARD/
FEP/PAnoRAmIc
Govou, Cris, Caçapa… Beaucoup
d’anciens reviennent à Lyon.
Pourquoi cet attachement ?
Car l’OL est une maison et
Jean-Michel Aulas a toujours ouvert la porte aux joueurs du passé.
Il a toujours encouragé ce mouvement car c’est un président qui a de
la reconnaissance. Et puis c’est une
belle ville. Beaucoup d’anciens y
ont investi et sont revenus y vivre ;
Anthony Réveillère ou Jean-Alain
Boumsong par exemple.
C’est aussi l’opposition avec
Saint-Étienne qui exacerbe
l’identité lyonnaise ?
On sait qu’il ne faut pas rater le
derby car ce sont les deux matches
les plus importants de notre saison,
quoi qu’il arrive. Il y a une vraie
rivalité, presque une frontière invisible. Je m’en nourris tant que ça
reste du folklore. Mais des fans
qui saccagent le mariage d’un
supposé supporter adverse,
ça va beaucoup trop loin.
Un an et demi après
votre transfert
avorté à Naples,
imaginez-vous
faire toute
votre carrière
ici ?
Pourquoi
pas. Limite si je
n’ai pas la clé du portail de Tola Vologe !
Je suis à l’OL depuis
seize ans, c’est chez
moi. Lorsque je suis
devenu capitaine, ce
n’était pas un rôle
pour moi, car je ne
l’avais été que quelques
fois en CFA. Quand les
résultats sont mauvais,
il y a beaucoup à gérer :
faire l’intermédiaire entre
le président et le groupe,
assister à des réunions.
Ça pompe de l’énergie,
on pense moins au terrain. Mais aujourd’hui,
je connais les tenants et
les aboutissants du rôle.
Je pourrais même être
capitaine dans une autre
équipe. L’idée du déracinement ne m’effraie pas. g
Steve Mandanda a réalisé neuf parades décisives. PIERRE PERUSSEAU/FEP/PAnoRAmIc
Le meilleur des nuls
Lorient
1
Marseille
1
Warris (34 )
e
Isla (46e)
Au Moustoir, un constat est forcément synthétique : Batshuayi
épuise les meneurs de jeu. Cabella
n’a pas caché sa mauvaise humeur
quand l’attaquant belge est venu lui
prendre le ballon des mains pour
tirer un coup franc dans les nuages,
avant de l’oublier dans la surface à
la sortie d’un dribble qui aurait dû
être décisif. Mené d’un seul but à
la pause, l’OM était revenu, un peu
miraculeusement, sur un tir chanceux d’Isla. Déjà en novembre, à
Nantes, Batshuayi avait failli en venir
aux mains avec Barrada qui lui avait
reproché de ne penser qu’à lui.
La tension monte dans le vestiaire tandis que l’encéphalogramme
reste plat dans le jeu. « Je suis énervé ! Beaucoup de gens pensent que je
me cache derrière des excuses mais
c’est faux. Les joueurs doivent prendre
leurs responsabilités. Ils se contentent de réagir. Leur première période
est une honte ! », allume Michel.
L’heure n’est plus aux artifices de
communication sur l’invincibilité
de cinq matches en cours mais au
Guingamp
constat alarmant. La zone rouge
se rapproche dangereusement (six
points d’avance sur Ajaccio) à force
d’enchaîner les nuls, quinze au total
en Ligue 1, record d’Europe ex aequo
avec La Corogne.
S’il ne navigue pas encore en
eaux troubles, ce vilain OM le doit
uniquement à un Mandanda phénoménal depuis plusieurs semaines.
Hier encore, le capitaine abandonné
par sa défense, amputée en cours de
match de Mendy puis du catastrophique Rekik (sortis sur blessure),
a sorti neuf parades, dont quelques
horizontales spectaculaires. Furieux
après Toulouse (1-1) dimanche dernier, il s’en est allé résigné, cette fois.
Il y a de quoi. La première titularisation depuis son retour au mercato
de son ami Thauvin n’a pas permis
de le consoler. Il a sombré comme
tous ses partenaires, sous le regard
de Michel, debout pendant toute la
partie mais désespérément passif.
Au point de laisser sur le banc Fletcher, buteur le week-end dernier
après avoir été réclamé pendant six
mois. Tout ça pour ça. M.C.
b Abou Diaby a rejoué pour la
première fois depuis 15 mois, avec
l’équipe réserve de l’OM contre
Marignane (3-1). Il est resté près
d’une heure sur le terrain.
2
Briand (7e), Privat (24e)
Saint-Étienne
0
Ajaccio
1
Caen
0
Boutaïb (69 )
e
Classement
G
N
p bp bc diff.
1 Paris SG
74 29 23
5
1
68 15 53
2 Monaco
52 30 13 13
4
44 34 10
3 Nice
47 30 13
8
9
43 33 10
4 Lyon
45 29 13
6
10 45 31 14
5 Rennes
44 29 11 11
7
40 34
6
6 Caen
43 30 13
4
13 32 39
-7
7 Saint-Etienne
42 30 12
6
12 33 34
-1
41 29 10 11
8
27 28
-1
Pts
J
Montpellier
0
8 Nantes
9 Lille
40 30
9
13
8
25 24
1
Nice
2
10 Marseille
39 30
8
15
7
40 31
9
11 Angers
39 29 10
9
10 29 29
0
12 Lorient
39 30
12
9
41 42
-1
13 Bastia
39 30 11
6
13 28 31
-3
14 Bordeaux
38 30
11 10 38 48 -10
15 Montpellier
36 30 10
6
14 36 35
1
16 Guingamp
35 30
9
8
13 36 45
-9
17 Reims
Germain (63 ), Plea (76 )
e
e
Toulouse
Ben Yedder (5e, 50e sp),
Braithwaite (87e sp), Trejo (90e)
Bordeaux
4
0
9
9
33 30
8
9
13 34 43
-9
7
12 11 31 40
-9
Bastia
1
18 Gazélec-Ajaccio 33 30
19 Toulouse
26 30
5
11 14 32 48 -16
Lille
2
20 Troyes
14 29
2
8
Danic (90e+2)
Boufal (37e), Amadou (59e)
Vendredi Monaco-Reims
Meilleurs buteurs
2-2
Aujourd’hui
Nantes-Angers
Stade de la Beaujoire (17 h, beIN)
31e journée
19 21 59 -38
Vendredi 18 mars
Marseille-Rennes (20 h 30, beIN, Canal+ sport).
Samedi 19
Saint-Étienne-Montpellier (17 h, Canal+)
Lille-Toulouse; Caen-Troyes; Angers-Lorient;
23 buts : Ibrahimovic (Paris SG) ; 13 buts :
Batshuayi (Marseille) ; 12 buts : Moukandjo
(Lorient), Lacazette (Lyon), Cavani (Paris SG); Ben
Yedder +2 (Toulouse) ; 11 buts : Ben Arfa (Nice) ;
10 buts : Delort (Caen), Germain +1 (Nice);
9 buts : Di Maria (Paris SG), Dembele (Rennes)...
Reims-Guingamp (20 h, beIN)
Lyon-Nantes (21 h, Canal+)
Dimanche 20
Bordeaux-Bastia (14 h, beIN)
Nice-Ajaccio (17 h, beIN)
Paris SG-Monaco (21 h Canal+)
38 | sport
Bolloré invite
tous les
présidents
FOOT/dROITS TV Ce mardi s’annonce chargé pour les présidents
de club. À midi, les quarante dirigeants de Ligue 1 et de Ligue 2 sont
invités à déjeuner dans les locaux
de Canal+ par Vincent Bolloré. Au
menu : l’avenir du football français. Le 18 février dernier, Vivendi, la maison-mère de Canal+, a
confirmé le principe d’un accord
de distribution exclusive avec beIn
Sports. Ce rapprochement inquiète
le foot professionnel qui craint, à
terme, une baisse des droits TV.
Il y a deux ans, la rivalité entre
les deux acteurs avait permis à la
Ligue d’obtenir un montant record
de 748,5 millions d’euros par an
pour la période 2016-2020. Vincent Bolloré se chargera donc de
rassurer les présidents alors que la
situation économique et sportive
de l’élite est préoccupante.
Le communiqué de Thiriez
Dans la foulée se tiendra le
conseil d’administration de la
LFP qui s’annonce sportif. La
nomination de Didier Quillot au
poste de directeur général doit
y être proposée. L’ancien patron
d’orange est le candidat choisi par
le syndicat Première Ligue (tous
les clubs de L1 sauf Guingamp),
mais le vote de jeudi a été serré
(une voix d’écart au second tour
avec Robin Leproux) et provoque
des remous. Ce qui raconte en
creux les différents courants qui
s’opposent au sein des instances,
où les couteaux s’aiguisent dans
une atmosphère de fin de règne.
Frédéric Thiriez ne se représentera pas, mais a rappélé dans un
communiqué publié hier que seul
le CA de la Ligue était « souverain
pour décider » de la nomination
du DG. Manière de dire que rien
n’était acté. Quant à la réforme
de la gouvernance de la Ligue,
qui doit accorder plus de pouvoir
au directeur général au détriment
du président, elle reste ouverte.
S.C. (AVEC G.R.)
Zidane a « mal »
pour Nadal
pOLÉMIquE Suite aux accusations
de dopage formulées mardi par
l’ancienne ministre Roselyne Bachelot, Zinédine Zidane est monté
au créneau pour défendre Rafael
nadal. « Je me sens mal. Tout ceux
qui aiment le sport aiment Nadal,
que l’on soit espagnol ou français.
Depuis des années, il incarne des
valeurs. Je lui conseille de mettre
cette histoire de côté », a-t-il déclaré
hier en conférence de presse alors
que le Real Madrid a fustigé dans un
communiqué des attaques « injustifiables » et « intolérables » contre
son socio d’honneur.
ZZ s’est par ailleurs dit
« content » pour Karim Benzema,
dont l’interdiction de rencontrer
Mathieu Valbuena a été levée vendredi et qui devrait bientôt redevenir
sélectionnable. « Nous avons parlé
de ses ennuis, il savait qu’il devait se
montrer patient […] Il est évidemment passé par des moments difficiles
mais j’espère que ce sera bientôt terminé. » Blessé depuis deux semaines,
Benzema doit reprendre l’entraînement collectif cette semaine. Il était
à Paris hier... g
JDD | 13 mars 2016
TéLEX
FOOT
Chelsea,
par ici la sortie
Après la Ligue de des
champions, Chelsea quitte
aussi la Coupe d’Angleterre.
Battus 2-0 par Everton
(doublé de Lukaku), les
Blues s’arrêtent en quart de
finale. Diego Costa a été
exclu pour une tentative de
morsure.
Guirado,
capitaine flamme
RuGBY Le capitanat a transformé le talonneur, meilleur Bleu du Tournoi.
on le sait grand combattant, on l’espère maintenant fin stratège
Écosse
Édimbourg (16 h, France 2)
France
STÉpHANE COLINEAu
CYCLISME
Thomas aux
commandes
Geraint Thomas (Sky) a pris
le pouvoir dans Paris-Nice
au terme de la 6e et
avant-dernière étape,
remportée au sanctuaire de
la Madone d’Utelle
par Ilnur Zakarin.
Deuxième de l’étape
derrière le Russe,
le Britannique a surtout
neutralisé les démarrages
d’Alberto Contador, son
principal rival pour
la victoire finale.
SKI
Giraud-Moine
déboule
Marquée par la blessure au
genou de Guillermo Fayed,
l’équipe de France a retrouvé
le sourire, hier à Kvitfjell
(Norvège). Jamais monté sur
un podium de Coupe du
monde, Valentin
Giraud-Moine a terminé
2e de la descente,
20 centièmes derrière
l’Italien Dominik Paris.
TENNIS
Enquête sur
un joueur italien
Membre de l’équipe
italienne de Coupe Davis,
Marco Cecchinato est visé
par une enquête de sa
Fédération pour des
soupçons de match
arrangé lors d’un tournoi
Challenger au Maroc, en
octobre. La défaite de
Cecchinato, alors
82e mondial, face à un
jeune Polonais classé
338e, avait occasionné des
flux de paris inhabituels.
ATHLÉTISME
Van Niekerk,
sprinteur tout
terrain
@StephColineau
Il y a ceux que le brassard tricolore
inhibe. Hantise de ne pas être à la
hauteur, pression écrasante. Et il y
a ceux qu’il électrise. Guilhem Guirado est de ceux-là. Depuis qu’une
étoffe symbolique est enroulée
autour de son biceps, le Catalan est
transfiguré. En plus d’assurer les fondamentaux de son poste (touche et
mêlée), il plaque à tour de bras et
perfore à toutes jambes. Au pays de
Galles (19-10), on n’a vu parfois que
lui sur le terrain. En Écosse, on serait
surpris qu’il déçoive tant il monte
en puissance.
« C’est le Français qui a le plus progressé sur les trois premiers matches
du Tournoi. Il en est le meilleur talonneur, et de loin », juge en expert
Daniel Dubroca, lui-même ancien
titulaire du poste et capitaine du XV
de France entre 1986 et 1988. Se glisser rapidement dans la peau d’un
leader, c’est du déjà-vu. « Raphaël
Ibañez ou Philippe Dintrans, deux
autres talonneurs capitaines, avaient
très vite marqué leur territoire »,
rappelle Pierre Berbizier, ancien demi de mêlée, capitaine puis entraîneur des
Bleus. Mais la voracité
de Guirado au combat interpelle.
Meriem Salmi,
psychologue du
sport, avance une
hypothèse : « Les
champions sont des
hypersensibles. Le
simple fait que Guy
Novès lui ait témoigné sa confiance
a pu le transcender. » Avant d’être
intronisé à la surprise générale, sur
les conseils appuyés
de l’entraîneur des
avants Yannick Bru, le
discret Guirado, 29 ans et
41 sélections, avait occupé la fonction une saison, à Perpignan. Avec
succès, déjà. « Mais les repères que
Guilhem a acquis en club ne sont
pas forcément applicables, souligne
Dubroca. Les collègues de l’équipe
de France ne répondent pas toujours
aussi facilement que ceux de votre
club, avec qui les liens sont plus
anciens. » À Toulon, le capitanat
est confié au troisième ligne sudafricain Juan Smith. Mais personne
ne conteste le charisme de Guirado,
considéré comme un leader d’un
paquet d’avants composé de fortes
personnalités.
Déléguer davantage
Le XV de France a connu des
capitaines de jeu (Fabien Galthié),
de vie (Philippe Saint-André), et de
combat. Guirado se range dans cette
dernière catégorie, comme les trois
capitaines les plus capés de l’histoire
bleue (Dusautoir, Pelous et Ibañez),
ce qui dessine une tradition. Pour
devenir un grand capitaine, ses
pairs considèrent que c’est dans la
FRANCE
15 Spedding
14 Fofana 13 Fickou 12 Mermoz 11 Vakatawa
10 Trinh-Duc
7
Camara
5
3
Slimani
Maestri
2
Machenaud
9
Chouly
Lauret
6
4
Flanquart
Guirado (cap.)
1
Poirot
dimension du jeu, celle des choix
stratégiques, que Guirado devra
progresser.
En fin de match contre l’Irlande
(10-9), alors que la France campait
dans les 22 mètres du XV du Trèfle,
il n’a pas souhaité assurer les pénalités qui s’offraient, leur préférant
des mêlées. L’option s’est révélée
payante, avec un essai synonyme de
succès. Mais elle était risquée, révélait un tempérament trempé plutôt
qu’un fin stratège. Plus ennuyeux, à
Cardiff, les Bleus n’ont pas su modifier leur plan de jeu. « La France est
restée dans un schéma à une passe,
qui ne déstabilisait pas les Gallois, décrypte Berbizier. L’adversaire aurait
davantage souffert si les Bleus avaient
alterné en jouant au large. Mais
ils ne l’ont jamais fait, ils se
sont entêtés. »
Une pierre dans le jardin du capitaine, qui doit
peut-être apprendre à
déléguer davantage, à
trouver les bons relais
dans son groupe, à
savoir exactement
ce que veut son
demi de mêlée
notamment. « Le
talonneur a souvent la tête baissée, il ne voit pas
tout, éclaire
Philippe Dintrans, autre
grand prédécesseur. Il donne beaucoup physiquement et
n’est pas toujours lucide.
J’avais donc des lieutenants de jeu chez les arrières. Ça va venir… Il est
exemplaire. Or l’exemple
rassemble. » g
RAPHAel
lejdd.fr Les meilleurs
moments du match en vidéo
PieRRe/
SiPA
8
L’Angleterre aura faim
Avec un chrono de 9’’98
sur 100 m, réussi
à Bloemfontein,
le Sud-Africain Wayde
van Niekerk est devenu
le premier sprinteur de
l’histoire à posséder des
records personnels sous
les 10 secondes sur 100 m,
les 20 sur 200 m et
les 44 sur 400 m.
Van Niekerk s’alignera sur
400 m aux JO de Rio.
T. Melville/ReUTeRS
C’EST Un XV DE LA RoSE invaincu qui se présentera
samedi prochain au Stade de France en clôture du Tournoi. Cinq mois après sa catastrophique Coupe du monde,
il pourrait décrocher son premier Grand Chelem depuis
2003, une petite revanche.
Les Anglais s’avanceront en favori, après leur victoire
hier contre le Pays de Galles (25-21). Auteurs d’une première mi-temps tonitruante (19-0), ils ont par la suite
montré des limites. Déstabilisés par l’exclusion temporaire
de Cole (71e), ils ont encaissé deux essais gallois en trois
minutes (74e, 77e), flirtant avec la défaite jusqu’à la sirène.
L’Irlande a par ailleurs écrasé l’Italie (58-15).
Classement : 1. Angleterre 8 ; 2. Pays de Galles 5 ;
3. France 4 ; 4. Irlande 3 ; 5. Ecosse 2 ; 6. Italie 0.
sport | 39
jdd | 13 mars 2016
Daniel
Herrero
N
ous, les gens d’Ovalie,
sommes gourmands, parfois
jusqu’à la goinfrerie ! D’ailleurs,
l’allure du vaisseau FFR
est plutôt aux pardessus
ventripotents…J’ai les noms !
À leur époque, nos amateurs
ne bâfraient que du cassoulet et
de la soupe de phalanges. L’élite
était de 80 clubs, le championnat
long, les phases finales duraient
plus que le carnaval de Dunkerque. Coqs Bleus de France et
poulets label rouge des petites
villes faisaient bon ménage.
Les joueurs du XV de France
ne jouaient qu’une poignée de
matches, ce qui
était largement
suffisant pour
qu’on les aime, et
pour que Roger
Couderc en
perde la voix.
Puis le rugby
devint professionnel. Friqués
et très riches
formèrent le Top
14. Ceux-là joueraient quasiment
tous les jours, toute l’année.
Alors quand s’ajoutèrent les
coupes d’Europe, ce fut l’excès,
d’autant que les internationaux
avaient
à disputer une douzaine
de matches par an.
Il fallut donc inventer les
doublons, ces jours terribles et
piteux où les pièces d’or jouent
avec l’équipe de France pendant
que leurs doublures guerroient
avec les clubs en championnat.
Et là, ça ne va plus du tout.
Jour de doublons, jour pour
couillons ! Les clubs amputés de
leurs internationaux perdent et
explosent de colère.
Pendant ces journées
d’injustes doublons, le championnat tangue et vogue tel une
barque négrière pendant que
les matches du XV de France se
dépouillent de leur lustre et de
leur noblesse. Fête historique
en Ovalie, un match de l’équipe
nationale est relégué au rang de
joute ordinaire.
Ce week-end, le Racing et
le Stade Français champion en
titre ont joué leur peau et leur
futur privés de leurs meilleurs
talents ; Clermont et Brive, le
Stade toulousain et Bordeaux se
sont empoignés en des derbys
chauds bouillants sans leurs
internationaux… C’est triste !
Et pendant ce temps, l’équipe
de France va batailler contre les
Celtes d’Écosse dans une rencontre qui ne sera pas forcément
d’un bien meilleur niveau, avec
une palanquée de joueurs qui
savent avoir fait cruellement
défaut à leurs clubs.
Dans ce système absurde,
le XV de France entre en
concurrence avec les meilleures
équipes du championnat. On
déprime à Toulouse, on s’étouffe
à Paname, le burn-out guette
un peu partout
et les rêves de
gloire s’envolent
avec le départ
des coqs partis
servir la France.
Du coup, entraîneurs et présidents sur les
nerfs pleurent
sur tous les toits
et en deviennent
presque
vulgaires.
Certes, quelques clubs qui ne
comptent pas d’internationaux
dans leurs rangs parviennent
parfois à chaparder quelques
bonnes perfs et salivent d’une
joie frelatée lorsqu’ils affrontent
les ténors décimés…
Mais ces victoires-là sont vite
relativisées, reléguées au rang
des immoralités.
Rugby de France, on est mal,
on a mal.
Tasser, entasser et superposer les matches comme des gougnafiers en cœur de saison casse
les pioules (mélange de pieds et
de c…) ! On fatigue les hommes
qui jouent et les amoureux qui
regardent en n’y comprenant
plus rien. Sans parler des
profanes qui s’inquiètent sur
la santé mentale des gestionnaires du rugby français…
Ces doublons agressent
la morale sportive basée
sur l’équité et le respect des
hommes. L’heure sera bientôt
à la cure d’amaigrissement. g
Jour de
doublons,
jour pour
couillons !
Le Racing enfonce son voisin
TOP 14 Pour le Stade Français, c’est
la double peine. Vaincu à domicile
par le Racing (16-34), le champion
en titre a vécu un derby humiliant et
reste sous la menace des relégables
Oyonnax et Agen. « Il faudra travailler comme des abrutis pour maintenir
le club, car ce n’est pas rigolo à vivre »,
se désole l’arrière parisien Hugo
Bonneval. Alors que Paris menait à
la mi-temps (16-13), mauvaise stratégie et indiscipline, sanctionnée par
deux cartons jaunes et un rouge, ont
précipité sa chute. « C’est très dur
car je ne sens pas une équipe qui a
manqué d’engagement » souffle son
entraîneur Gonzalo Quesada, privé
de ses internationaux, comme son
homologue du Racing.
À l’inverse, les Racingmen, qui
ont arraché le bonus offensif sur le
fil, conservent la tête du championnat. « On ne se réjouit pas de la situation du Stade Français. Pour le Top
14 c’est important que les deux clubs
soient en haut de l’affiche », assure
leur co-entraîneur Laurent Labit. g
18e journée
Vendredi
Toulouse-Bordeaux-Bègles 13-13.
Hier : Stade Français-Racing 92 16-34;
Clermont-Brive 25-6; Castres-Agen 50-6;
La Rochelle-Pau 35-16. Toulon-Grenoble
38-8.
Aujourd’hui : Oyonnax-Montpellier
Pts
J
G
N
P Diff
1 Racing
59
17
13
1
3
2 Clermont
58
17
11
1
5 197
3 Toulon
88
57
18
11
0
7 229
4 Bordeaux-Bègles 52
18
11
2
5
5 Stade Toulousain 48
17
9
2
6 165
6 Montpellier
45
16
10
0
6
16
7 Castres
43
17
9
0
8
55
8 La Rochelle
40
17
8
0
9
3
9 Brive
38
17
8
1
8
-22
10 Grenoble
33
17
7
0 10 -72
11 Pau
28
17
6
1 10 -184
12 Stade Français
26
17
6
0 11 -65
13 Agen
15
17
3
0 14 -202
14 Oyonnax
14
16
3
0 13 -278
70
Coup d’arrêt
pour Fourcade
BIATHLON On avait perdu l’habitude de voir Martin
Fourcade « énervé » après une course. En l’occurrence, il y avait de quoi : après quatre médailles d’or
aux Mondiaux d’Oslo, ses idées de grand chelem se
sont évanouies dans un relais totalement manqué.
Et lui n’y est pour rien. Dernier relayeur français, il
a surtout été le dernier relayeur tout court à s’élancer. La Norvège, logiquement sacrée avec sa Dream
Team (Bjoerndalen, les frères Boe, Svendsen), était
déjà à plus de deux minutes. Privé d’enjeu et donc
d’adrénaline, Fourcade a géré, grignoté deux places
pour terminer à la 9e, loin des objectifs affichés. « Je
n’allais pas me cramer. Ce qui me chagrine, c’est qu’on
n’a jamais pris de plaisir dans cette course », déplorait
le numéro un mondial. Les défaillances au tir de son
frère Simon, de Desthieux et de Fillon Maillet étaient
passées par là.
Reste tout de même un week-end à bien finir et,
surtout, une quête singulière : le grand chelem sur
Grand chelem envolé pour Fourcade après le relais français. DPA/ABACA
les courses individuelles. Jamais un biathlète, pas
même Ole Einar Bjoerndalen, qui a décroché hier
son 20e titre mondial, n’a réussi pareille razzia à ce
niveau. Il faudra donc s’imposer dans la mass start
(15 km), ce que Fourcade a fait une fois cette saison
en Coupe du monde, pour quatre courses disputées dans la discipline. Là encore, les Norvégiens
seront les plus sérieux contradicteurs. Emil Hegle
Svendsen a annoncé la couleur : « Nous ne voulons
pas voir Fourcade gagner encore. » D.B.
dimancheparis
jdd | 13 mars 2016
|i
excLUSIF Les maires de la capitale et du Havre ainsi que le président de la Métropole
Rouen-Normandie lanceront demain un appel à projets innovants, concernant
une quarantaine de sites situés le long du fleuve. Le JDD en dévoile quelques-uns
Reconquérir la Seine
forte des agriculteurs. Nous les
aiderons à s’installer », souligne
Anne Hidalgo.
Bertrand Gréco
V
ous avez aimé la saison 1
de « Réinventer Paris »,
ne ratez pas « Réinventer
la Seine ». Cette fois, il
ne s’agit plus seulement
de proposer des sites parisiens à
l’imagination fertile d’équipes pluridisciplinaires (promoteurs, architectes, urbanistes, paysagistes,
artistes…) : leur terrain de jeu sera
le fleuve, de Paris jusqu’au Havre,
en passant par Rouen. Les trois
métropoles se sont associées pour
lancer ensemble un vaste « appel
à projets innovants » concernant
une quarantaine de sites sur les
rives de la Seine et de ses canaux.
Anne Hidalgo (PS), maire de
la capitale et première vice-présidente de la Métropole du Grand
Paris, Édouard Philippe (LR), député-maire du Havre à la tête de
la communauté d’agglomération
havraise, et Frédéric Sanchez (PS),
président de la Métropole Rouen
Normandie, présenteront demain,
à Rouen, les contours de leur « initiative historique ». Ainsi que les
sites identifiés, qui seront cédés
ou loués aux lauréats à l’issue
du concours, au printemps 2017.
Le JDD en dévoile quelques-uns.
« Le Havre est la façade
maritime du Grand Paris »
« Paris-Rouen-Le Havre, une
seule et même ville, dont la Seine
est la grande rue », a déclaré Bonaparte en 1802. En 2009, lors de la
concertation internationale sur le
Grand Paris, l’architecte Antoine
Grumbach s’était fait le chantre
de la « Seine métropole ». Plus
récemment, les ports des trois
villes se sont réunis en un seul établissement public baptisé Haropa.
L’initiative des élus s’inscrit dans
ce mouvement de « reconquête ».
« L’incroyable mobilisation qu’a
suscité “Réinventer Paris” – 800
réponses – nous a donné des idées,
confie Anne Hidalgo. Le Grand
L’espace 105 Rouen fait partie des sites fluviaux appelés à se métamorphoser. ThOmaS BOiviN
Paris doit s’ouvrir davantage sur
la mer. Notre démarche sera un
formidable accélérateur. Un signal
donné à l’international. »
Même enthousiasme chez
le juppéiste Édouard Philippe :
« Nous travaillons en bonne intelligence avec Paris et Rouen. La Seine
est notre patrimoine commun,
que nous voulons tous valoriser.
Le Havre, créé par François Ier il y
a 499 ans, est la façade maritime
du Grand Paris. Cette opération
va permettre de faire émerger de
nouveaux usages, auxquels nous
n’avons peut-être pas encore
pensé. » Frédéric Sanchez, lui,
y voit « un exercice d’intelligence
collective, une superbe opportunité de reconquête, une visibilité
décuplée, pour vendre le fleuve
Seine, avec Rouen comme centre
de gravité ».
Parmi une vingtaine de sites
sélectionnés, la capitale imagine,
par exemple, des constructions
flottantes quai de Montebello
(5e), au pied de Notre-Dame. JeanLouis Missika, l’adjoint chargé
de l’urbanisme, envisage aussi la
construction de trois « passerellescafés » au-dessus du fleuve. Ces
ponts habités légers pourraient
abriter des bars, des restaurants,
voire des hôtels.
Une « vitrine métropolitaine
de l’agriculture urbaine »
Mais attention, ces projets
de franchissement de la Seine se
heurtent pour l’instant à des questions de protection du patrimoine
et à des obstacles réglementaires
nécessitant une modification du
PLU. La mairie voudrait vérifier
auprès des investisseurs qu’il existe
bien un modèle économique. « Pour
l’heure, nous étudions les possibilités », résume Anne Hidalgo.
L’édile parisienne préfère
mettre en avant une parcelle de
5,9 hectares à Ivry-sur-Seine
(Val-de-Marne), propriété de sa
régie Eau de Paris : elle prévoit de
vendre l’ancienne usine de potabilisation de l’eau de Seine – à l’arrêt
depuis 2010 –, sise dans la commune voisine, Joinville-le-Pont.
L’emprise désaffectée comprend
un bâtiment industriel monumental et une trentaine d’anciens bassins de filtration, alimentés par
un canal. L’idée serait de transformer ce site en « vitrine métropolitaine de l’agriculture urbaine,
alliant recherche et développement,
production, commercialisation et
consommation », dixit l’Hôtel de
Ville. « Il y a une demande très
Une douzaine de sites à Rouen
et neuf au Havre
Rouen et ses environs ont identifié une douzaine de sites, dont un
ancien et beau chai ou le site historique – en friche – des Nouvelles
Savonneries de France, près du
Trait (76). Mais le site « premium »,
qui fait la fierté de Frédéric Sanchez se nomme Espace 105, quai
Jean-de-Béthencourt, entre le
pont Guillaume-le-Conquérant
et la salle de spectacle Le 106.
À l’emplacement d’un ancien
hangar, l’emprise de 8.100 m² se
situe « en vis-à-vis de la cathédrale
de Rouen, à 600 m à vol d’oiseau ;
c’est un site remarquable ». Sur cette
façade fluviale du futur éco-quartier Flaubert (80 hectares, 17.000
habitants attendus) pourraient
être construits « plusieurs milliers de mètres carrés » destinés à
accueillir un programme mixte :
bar, restaurant, espaces de loisirs,
partie culturelle, voire des bureaux.
Enfin, Le Havre met neuf sites à
disposition, à l’instar d’un « cheminement terrestre » entre le quai de
Southampton et la Pointe de Floride. Plus spectaculaire : en plein
centre-ville, Édouard Philippe
imagine des « constructions flottantes » sur les bassins Paul Vatine
(4,4 ha), Vauban (7,8 ha) et de
l’Eure (6,2 ha). Ces trois bassins,
protégés par des écluses, se situent
à proximité immédiate de la gare
SNCF et du campus maritime universitaire (12.000 étudiants) en
cours de construction. Le maire
souhaite « animer la vie du quartier » et « diversifier les possibilités
d’hébergement ». Des logements
pour étudiants, lieux de fête ou
espaces de coworking amarrés
pourraient donc s’implanter « sur
l’eau ». Là aussi, les propositions
sont laissées à la libre imagination
des porteurs de projets. g
Valérie Pécresse veut « réinventer » l’Île-de-France
InFo Jdd La présidente Lr
de la région va lancer
l’opération « dessine-moi
le Grand Paris » de demain,
sur le même modèle
que « réinventer Paris »,
« réinventer la Seine » ou
« Inventons la Métropole »
Anne Hidalgo (PS) semble avoir
lancé une mode : le succès rencontré par « Réinventer Paris »
fait des émules. La semaine prochaine, la nouvelle présidente LR
de la Région Île-de-France annoncera le lancement de l’opération
« Dessine-moi le Grand Paris » de
demain. À l’occasion de la séance
plénière du conseil régional, les
17 et 18 mars, Valérie Pécresse
soumettra au vote des élus une
délibération – que le JDD s’est
Valérie Pécresse, dans son bureau du
conseil régional, à Paris. Éric DESSONS/JDD
procurée – visant à organiser,
« dès 2016, un appel à projets innovants de développement urbain,
architectural et paysager couvrant
l’ensemble du territoire ».
« Anne Hidalgo a initié “Réinventer Paris”, mais il ne faut pas
oublier la banlieue. Avec tous les
maires d’Île-de-France, nous allons
identifier plusieurs dizaines de sites
sur lesquels nous proposerons de
financer des concours architecturaux, avec l’idée d’avoir une histoire à raconter. Car notre Région
doit sans cesse se réinventer »,
explique Valérie Pécresse au JDD.
Ces sites, « laissés à la créativité
absolue des architectes », pourront
être vendus ou loués aux équipes
lauréates, composées de promoteurs, d’architectes, d’urbanistes,
de paysagistes…
Travailler sur le rapport
ville-nature
Quelques pistes sont déjà
avancées par la patronne de la
Région : « Il s’agira notamment
de travailler sur le rapport entre
la ville et la nature, la végétalisation, sur le mode “ramène-moi la
nature dans la ville”. Nous parlerons aussi des berges des fleuves,
la Seine, la Marne et l’Oise. Ou
encore des entrées de ville, des
campus universitaires, de la “smart
Région” de demain… Sans oublier
les éco-quartiers : mon objectif est
d’en financer 100 sur la mandature. » Les cahiers des charges
seront présentés à l’été 2016. Et
les équipes, « sélectionnées par un
jury au premier trimestre 2017 ».
L’initiative de Valérie Pécresse
s’inspire largement de « Réinventer Paris », dont la présentation
des 22 lauréats début février a été
très médiatisée. Elle intervient
au moment où Paris, Rouen et
Le Havre lancent « Réinventer
la Seine » (lire ci-dessus). Surtout, cette opération régionale
risque de percuter de plein fouet
l’« appel à projets innovants »,
baptisé « Inventons la Métropole », initié le 18 février par Patrick Ollier (LR), nouvellement
élu à la tête de la Métropole du
Grand Paris (MGP). Le députémaire de Rueil-Malmaison (92) a
envoyé un courrier cette semaine
aux 131 maires de la MGP, leur
demandant de « se manifester en
proposant un terrain ou un projet
de démolition-reconstruction ».
Que de réinventions ! B.G.
b Une autre délibération régionale
proposera, les 17 et 18 mars, la
« création d’une biennale d’architecture
et d’urbanisme ».
elle se tiendrait « dès 2017 » dans
un « lieu emblématique de l’Île-deFrance », comme le centre Pompidou
ou la cité descartes, et remettra des
prix aux meilleurs jeunes architectes,
urbanistes et paysagistes franciliens.
ii | paris
JDD | 13 mars 2016
La Villette fait sa révolution
LoiSirS Une exposition d’art contemporain monumental dans la Grande Halle fin mars, une fête autour du foot en juin :
le nouveau président du parc déborde de projets
MArie-Anne KLeiber
@Makleiber
Le patron de la Villette avait annoncé un « tsunami artistique »
il y a quelques mois, et voici la
première série de déferlantes sur
le parc du 19e arrondissement.
Des œuvres d’art contemporain
monumentales vont investir, dans
quelques jours, la Grande Halle
et ses 14 m de hauteur. En avril,
l’agent secret James Bond investira
les lieux le temps d’une exposition.
En juin, place à l’Euro 2016 avec
un concept inédit de Foot foraine,
mixant matchs insolites, manèges
et une galerie d’art sur le ballon
rond réunissant de grands noms
tel Nicolas de Staël…
Une alchimie détonante fondée
sur le spectaculaire, le festif et les
visions parfois acérées de notre
monde par les artistes. La patte
de Didier Fusillier, le nouveau
directeur du parc parisien et de
la Grande Halle. L’établissement
public doté de 40 millions d’euros
de budget annuel emploie 230 personnes, et a vendu 700.000 billets
l’an passé. « Mon modèle revendiqué, c’est le Barbican à Londres : ce
centre culturel propose des pièces
de théâtre, des expositions, des
concerts de musique classique et du
rock. Des spectateurs en redingote
y côtoient des punks. »
Les 26 Folies biscornues
toutes ouvertes en mai
Cet homme de théâtre éclectique a auparavant dirigé la Maison
des arts et de la culture de Créteil et Le Manège de Maubeuge
pendant vingt ans. Il a également
monté Lille 2004, puis la série des
Lille 3000. Ces expositions d’art
contemporain tous azimuts, tournées vers des ailleurs exotiques
comme Bombay ou en 2015, Rio,
Detroit ou Séoul, ont drainé à
chaque fois des centaines de mil-
Didier Fusillier, président de l’Établissement public du parc et de la Grande Halle de la Villette. En juin, une grande roue et des manèges
seront installés dans le parc, comme en 1995 (à droite). Jacques GRaF/DIVeRGeNce POuR Le JDD ; aLaIN GOustaRD/La VILLette
liers de visiteurs dans la métropole nordique. À Paris, ce quinquagénaire bouillonnant d’idées
a conçu les aménagements de la
rive gauche de la Seine, devenue
piétonne en 2013. Son jardin flottant, ses jeux pour enfants ou les
marches démontables au niveau
du musée d’Orsay sont plébiscités par les badauds. Nommé en
juin à la Villette après le départ
de Jacques Martial, parti diriger
le Memorial ACTe en Guadeloupe,
l’homme-orchestre a obtenu, selon
Le Canard enchaîné citant un rapport de l’Inspection des finances,
un salaire plus élevé de 50 %.
Lui est en train « de repenser
le parc pour revenir à ce qu’il était
quand Bernard Tschumi l’a conçu
il y a plus de trente ans ». Les 26
Folies dessinées par l’architecte
suisse – de petits bâtiments rouge
vif aux formes biscornues – ponctuent les 55 hectares partagés
entre des jardins, des prairies et
des équipements culturels prestigieux comme la Philharmonie,
la Cité des sciences ou le Zénith.
La moitié de ces Folies sont actuellement fermées, mais toutes
vont rouvrir en mai. « Elles ont
été rénovées, elles sont à nouveau
éclairées la nuit et le public va les
redécouvrir, décrit Didier Fusillier.
L’une d’entre elles accueillera une
fabrique de miel venu des ruches de
la Villette, car nous faisons du miel
et aussi du vin ! »
Essaimer en banlieue
et en province
D’autres Folies seront investies par des artistes le temps de
l’événement 100 % (lire l’encadré),
une autre servira de base pour des
« makers », ces bricoleurs de génie
utilisant des imprimantes 3D. Un
pavillon, situé près de la Grande
Halle, abritera à partir de mai, également, un nouvel espace dédié
aux enfants, baptisé Little Villette,
proposant des activités accessibles
sans inscription.
« Je suis aussi en train de voir si
l’on pourra réserver un espace en
plein air où le public pourra venir
faire voler des drones. Je veux ouvrir
encore davantage la Villette, ce parc
urbain un peu fou, qui comprend un
sous-marin et une bambouseraie, et
en faire une planète artistique. C’est
un endroit où l’on se sent bien, et
où l’on fera des rencontres inattendues : les visiteurs se retrouveront
confrontés à des œuvres artistiques,
qui permettront à chacun d’échapper à sa propre vie. »
Ne rien s’interdire, donc. Et déborder même des limites du parc,
en essaimant en banlieue et en province, grâce à un projet de MicroFolie : un bâtiment rouge écarlate,
facilement montable, et contenant
une exposition construite avec des
outils numériques (des lunettes
oculus-rift, par exemple), que les
villes intéressées achèteront. Sept
institutions culturelles, dont le
Louvre, le château de Versailles,
le musée Picasso ou le Grand
Palais, participent à ce projet. Le
prototype sera présenté cet été.
« Certains publics ne bougent pas,
il faut aller vers eux. » g
De l’art, De la GranDe Halle à la Halle aux cuirs
pour la première fois,
fin mars, la Grande Halle de
la Villette accueillera un festival
pluridisciplinaire baptisé
« 100 % », proposant du théâtre,
de la danse, du cirque et aussi
de l’art contemporain. Dans cet
espace immense, l’artiste français
Xavier Veilhan montera sa Light
machine, un mur d’images
mouvantes comme des flammes.
La sphère de 3 m de diamètre
de l’Allemande Karine SmiglaBobinski devrait remporter un
certain succès : cette balle géante,
gonflée à l’hélium, est recouverte
de picots, qui sont en fait
des fusains. Lorsqu’elle rebondit
contre les parois, elle y laisse
des traces et l’on peut s’amuser
à essayer de dessiner en la
manipulant… Nicolas
Montgermont et Cécile Beau
monteront une antenne de 5 m
de haut, qui captera les ondes
émises par les planètes, un flux
retranscrit sur un écran lumineux
de 15 m de long. Après le festival
100 %, une autre halle, celle dite
aux cuirs, qui aujourd’hui sert
à stocker des décors sous
le périph, devrait être ouverte
au public et aux artistes,
musiciens et plasticiens. M.A.-K.
Festival 100 %, du 25 mars au 10 avril.
rens. : 01 40 03 75 75.
Un visage surgi du passé, enfoui à Saint-Maurice
ScienceS Le corps embaumé
et intact d’un jeune homme
du XViie siècle a été retrouvé
à Saint-Maurice il y a trente ans,
lors de travaux. Après d’autres
fouilles, et des analyses
scientifiques, son parcours
et son visage ont été reconstitués
HerVé Guénot
Avec sa grande faux, la Camarde
n’a pas loupé Thomas Craven, un
aristocrate anglais, qu’elle a fauché à 18 ans, alors qu’il séjournait à
Paris en 1636, en lui envoyant l’une
de ses plus sinistres créatures : la
peste.
Des hommes du XXIe siècle
viennent de sortir de la nuit son
visage, grâce à une reconstitution
en 3D. Thomas Craven apparaît
donc trois cent quatre-vingts ans
après son décès dans l’éclat de sa
jeunesse après une aventure exceptionnelle, historique et scientifique. « Reconstituer le visage de
ce jeune homme après avoir achevé
toutes les analyses – anthropologiques, ADN, pollens – représentait
la dernière étape de notre étude »,
précise Djillali Hadjouis, archéologue et anthropologue au service
archéologie du conseil départemental du Val-de-Marne.
L’histoire commence en 1986
à Saint-Maurice (94). Des travaux
d’aménagement rue du MaréchalLeclerc laissèrent apparaître un cercueil en plomb dont l’enveloppe de
bois avait disparu. Rien d’étonnant :
c’est le lieu de l’ancien temple de
Charenton, qui était flanqué d’un
cimetière. En 2005, des fouilles préventives sous la conduite de l’Inrap
(Institut national de recherches archéologiques préventives) ont mis
au jour 167 sépultures, et au final
250 individus.
Le début d’un « Grand Tour »
d’Europe
Anthropomorphe, ce cercueil
épouse les formes du corps. Soudée à lui, une plaque de cuivre porte
une longue épitaphe en latin. Elle
renseigne sur l’identité du jeune
homme, et mentionne l’existence de
son frère William. À l’évidence, c’est
une tombe aristocratique : le corps
est embaumé, et du coup, intact.
Son frère était baron de
Hamstead, et son père avait été
lord-maire de Londres. Que pouvait
bien faire Thomas Craven à Paris
sous le règne de Louis XIII ? Après
un séjour probable dans un collège
de type Oxford ou Cambridge, le
jeune protestant vient étudier à
l’Académie de Benjamin : c’est là
qu’il meurt comme l’indique son
épitaphe. C’est une institution
d’inspiration huguenote fréquentée par l’aristocratie où le futur
maréchal de Turenne, lui aussi
protestant, entra à 15 ans.
Thomas réside à Paris, en compagnie de son précepteur, David
Buchanan d’Écosse, comme le dit
encore son épitaphe. Comme tous
les jeunes gens bien nés, Thomas
entamait là sans doute son « Grand
Tour » d’Europe, Paris, Rome, les
États allemands, Amsterdam. Mais
la peste ne lui a pas laissé le temps
de réaliser ce voyage formateur.
En 1636, à Paris, elle reste à l’état
endémique. « Nous avons pris deux
de ses dents, et une dent au hasard sur
six squelettes trouvés en 2005 : tous
étaient positifs à la bactérie Yersinia
Reconstitution du visage de Thomas Craven. PhILIPPe FROesch/VIsuaL FOReNsIc
pestis », souligne Djillali Hadjouis.
La reconstitution faciale a été
terminée tout récemment. « Pour
cela, nous utilisons d’abord des éléments scientifiques. Ainsi un nez se
calcule à partir d’équations mises
au point par le FBI. Pour la couleur
des cheveux de Thomas, nous nous
sommes inspirés de l’iconographie de
son grand-père et de son père. Dans
tous les cas, par éthique, nous reconstruisons le visage d’une personne
bien portante », explique Philippe
Froesch, directeur du studio Visual
Forensic, du laboratoire d’anthro-
pologie médicale de l’université de
Versailles-Saint-Quentin.
Le corps de Thomas Craven
n’a pas été réclamé par ses descendants et appartient à l’État. Mais
comme le squelette est identifié, la
loi autorise à le réinhumer. Djillali
Hadjouis milite pour cette solution.
Il suffit d’obtenir l’autorisation du
ministère de la Culture et de trouver
un lieu d’inhumation et un pasteur
pour donner une bénédiction lors
des secondes obsèques de ce jeune
homme dont l’épitaphe dit qu’il était
doté de « rares talents ». g
paris | iii
jdd | 13 mars 2016
Bonnes taBles
aurélie chaigneau
Covoiturage de petite
distance… ça vrombit
TraNsporT Une demi-douzaine de start-up proposent du covoiturage
au quotidien. La SNCF s’y est également mise
Marie-aNNe KLeiBer
la découverte de la semaine
Miss Banh-Mi
Sandwichs viets, croquant
Deux jolies filles, derrière un
comptoir, préparent des banh-mi
(sandwichs vietnamiens) à la
pelle face à un mur de fleurs
multicolores. Dans du pain
croustillant griffé Éric Kayser,
les deux copines glissent
toujours un mélange composé
de carottes râpées, daikon
(du radis chinois), mayo au soja
maison, concombre, coriandre
et piment oiseau pour les plus
coriaces, auquel elles ajoutent
6/10
des garnitures toujours
cuisinées, mijotées.
Ce jour-là, dans le ginger moo,
un délicieux sauté de veau au
gingembre bien relevé précédé
par des endives marinées au
citron. Puis on attrape un cookie
au passage en guise de dessert.
Une chouette pause sur le
pouce, en solo ou entre copines.
Miss Banh-Mi, 5, rue Mandar (2e).
Tarifs : banh-mi entre 8 € et 9,50 €
environ ; formules de 9 à 15 €
environ. Tlj sauf le dimanche
de 12 h à 15 h (16 h le samedi).
l’adresse du dimanche
clásico argentino
empanadas croustillantes
Les empanadas, ce sont ces
divins petits chaussons d’origine
sud-américaine, farcis de viande,
de poisson ou de légumes.
Mais aussi au fromage/oignon,
jambon/fromage, maïs et
coriandre, saucisse de porc…
À vous de choisir (4 € l’unité).
Elles sont toutes servies bien
chaudes, croustillantes et tendres
dans un décor bois, blanc bleu.
Et à défaut de l’employé, on
trouve la empanada du mois :
chèvre frais en janvier, carne
picante (traduction : « viande
piquante ») en février…
Avant de croquer dedans, 6,5/10
on déguste un ceviche
de poisson ou gambas
(environ 10 €). On terminera
par des glaces ou encore une
crème au dulce de leche. Et on
arrose le tout de bière argentine
ou d’un bon cru, du pays
évidemment. L’info utile :
la maison livre les quartiers
alentours (12e, 11e, 3e et 4e).
Le potentiel de développement du
covoiturage au quotidien fait rêver
en Île-de-France, région où s’effectuent chaque jour plus de 15 millions
de trajets en automobile, avec, bien
souvent, une seule personne à bord.
Une demi-douzaine de startup ont fleuri en moins de deux ans.
Wayz-up, Citygoo, ou IDVroom,
filiale de la SNCF espèrent réussir
à fédérer d’importantes communautés de covoitureurs. Wayz-up
annonce 35.000 membres – sur
toute la France, avec 12.000 trajets
quotidiens en Île-de-France – Citygoo 45.000 dans le Grand Paris, et
Trajets occasionnels et courtes distances : une nouvelle façon de covoiturer. PhOTONONsTOP
IDVroom 40.000 en Île-de-France,
100.000 sur tout l’Hexagone. Un
éloignées, a eu pour conséquence de
10 à 20 km, pour un coût d’environ
chiffre que la filiale entend multisaturer les parkings des gares. Des
10 € pour le passager covoituré. Les
plier par 2,5 d’ici à la fin de l’année.
places réservées aux covoitureurs –
autres start-up privilégient des prix
Cinq mille nouveaux clients s’ins2 à 10 emplacements – ont été créées
moins élevés, d’environ 20 centimes
crivent chaque mois depuis l’été
dans 15 gares. Ce nombre devrait
par kilomètre.
dernier sur IDVroom.
monter à 100 stations d’ici à 2017.
Mais il faut pour atteindre l’équi« Nous devons réfléchir aux parlibre un grand nombre d’inscrits.
cours de nos usagers de façon large,
un phénomène de zapping
Wayz-up fait payer les entreprises
dans le transport
cela ne se limite pas au train, explique
pour le service : 25 sont clientes,
Carole Tabourot, directrice adjointe
« On constate que les personnes
comme le Technocentre de Renault
du marketing et des services chez
inscrites sur notre site ne covoiturent
à Guyancourt (78). « Pour que cela
Transilien, sept clients sur dix utipas toute la semaine, les gens pamarche, il faut privilégier des zones,
lisent trois modes de transport diffénachent différents moyens de transoù de nombreux conducteurs vont
rents par jour. » En grande banlieue,
port. S’il fait beau, ils peuvent marpouvoir proposer des trajets, estime
surtout, où 87 % des foyers sont mocher ou faire du vélo, par exemple,
Julien Honnart, cofondateur. Des
torisés, le covoiturage est une piste
décrit Claire Tabourot, il y a un
études ont montré que 30 % des
que la SNCF entend pousser, nophénomène de zapping aussi dans le
salariés étaient prêts à covoiturer.
tamment comme une offre en cas de
transport. » Créé en 2014, Citigoo a
Pour l’instant, nos 12.000 trajets
en Île-de-France sont encore une
grands travaux sur les lignes. Autre
parié précisément sur l’occasionnel,
raison : le succès du passe Navigo
sur les sorties loisirs vers un parc
goutte d’eau. Mais Blablacar a mis
unique, dont le prix a baissé pour
d’attraction, ou une grande surface
du temps à s’imposer sur les longues
lesLEvoyageurs
d’ameublement,
à une distance
distances… » g
pgi • BAG
13/03/2016
• Parution dude
page Hauteur
• FU • Q • Remise le 09/03/2016
1/4 deplus
x 150 mm5,• les
• 148zones
JDD • Paris 12des
Photo M. Gibert, non contractuelle. Merci à Alain Cordier pour Hortus Gallery.com.
Miss Banh Mi, pour une pause vietnamienne sur le pouce. J. DE FONTENAY POUR LE JDD
@Makleiber
Clásico argentino, 27, rue de Cotte
(12e). Fermé le lundi. Non stop le
w.-e. de 12 h à 23 h. Tarifs : menu
midi, 12,50 € ; soir de 26 à 39 €.
Tél. : 01 56 06 95 14.
retour à…
l’établi
Petits plats chaleureux
et vins naturels
Avant, L’Établi, c’était le
Garde-Robe des Batignolles.
Le nom a changé mais pas
le décor rustique et
chaleureux avec ces tables
hautes en bois, son mur de
bons pinards, son bar où
l’on peut manger, boire un
verre et aussi taper la
causette avec une équipe
supersympa. Les saucissons
pendent du plafond. On vous
prépare des jus de fruits frais si
envie, des planches de charcuterie
et/ou fromage top mais aussi
quelques petits plats sans
prétention, comme à la maison,
par exemple, ce midi-là, un
velouté courgettes, menthe et
ricotta, parfait, suivi par une
saucisse, salade et pommes de
terre sautées. Le tout préparé
derrière le bar. Les vitres
s’embuent vite, on trinque aux
vins naturels du patron et 7/10
à ses bons produits. Et on
partage une burrata aux
truffes (21 €), une coppa corse
(15 €), une terrine d’Ardèche
(13 €) ou encore une andouille
de Sarzeau (13 €)… En dessert,
une mousse au chocolat tout
simplement.
L’Établi, 2, rue Lamandé (17e).
Fermé samedi midi et dimanche.
Tarifs : menus midi 4 et 18 €
à l’ardoise, 30 à 40 € environ (hb).
Tél. : 01 44 90 05 04.
PARIS 12e • PARIS 3e • PARIS 7e • PARIS 14e • PARIS 17e • ATHIS-MONS • COIGNIÈRES • DOMUS C. CIAL (1) /ROSNY-S/BOIS • HERBLAY/MONTIGNY-LES-C.(1) • ORGEVAL
SAINTE-GENEVIÈVE-DES-BOIS • SURESNES • VAL D’EUROPE C. CIAL/SERRIS • VERSAILLES. (1) Magasin franchisé indépendant.
OUVERTURES EXCEPTIONNELLES LES DIMANCHES 13 ET 20 MARS.
iV | Paris | que faire aujourd’hui
JDD | 13 mars 2016
En famille
À l’extérieur
À l’intérieur
Ça CommenCe
CouP De Cœur
en famille
famille d’artistes
ViVe la pâtisserie !
littérature de la mer
Chefs-d’œuVre
Parce que l’expo « Valadon, Utrillo &
Utter » rend hommage à ce trio d’artistes
lumineux de Montmatre
avec un parcours de 150 œuvres.
Musée de Montmartre (18e),
M° Abbesses.
De 10 h à 18 h. Tarifs : 9,50 €, 7,50 €
(réduit). museedemontmartre.fr
Parce que les amateurs de pâtisserie vont
se régaler au salon Sugar Paris. Ateliers,
dégustations, démonstrations de
décoration de gâteau, etc.
Parc des expositions (15e),
M° Porte-de-Versailles.
De 9 h 30 à 18 h 30. Tarifs : 10 €,
8 € (réduit). salon-sugar.com
Parce que la vingtaine d’auteurs de livres,
BD et littérature jeunesse de la Pêche aux
livres font partager leur passion pour la
mer. Animations pour les enfants.
Spectacle musical à 15 h.
Musée de la Marine (16e), M° Trocadéro
De 10 h à 18 h.
Gratuit. musee-marine.fr
Parce que l’exposition « L’Art et l’Enfant »
rassemble une centaine de peintures sur le
thème de l’enfance signées de Cézanne,
Monet, Matisse, Picasso, etc.
Musée Marmottan (16e),
M° La Muette.
De 10 h à 18 h. Tarifs : 11 €, 6,50 €
(réduit). marmottan.fr
Dernier jour
17e
Michel Bouquet sur scène
Théâtre Hébertot, M° Villiers.
Reprise d’À tort ou à raison,
avec Michel Bouquet, une pièce
signée de Ronald Harwood,
scénariste du film Le Pianiste.
À Berlin, en 1946, l’histoire
d’un chef d’orchestre accusé
de compromission avec les nazis.
18e
À 17 h. Tarifs : de 17 € à 50 €.
theatrehebertot.com
9e
Art et pop culture
Halle Saint-Pierre, M° Abbesses.
Dernier jour de l’expo organisée
en collaboration avec la revue d’art
HEY ! Modern Art & Pop Culture.
À voir, les œuvres d’artistes issus
de la culture non conventionnelle :
arts de rue, surréalisme pop,
art brut...
cinéMA pop
3e
De 12 h à 18 h. Tarifs : 8,50 €, 6,50 €
(réduit). hallesaintpierre.org
À partir de 14 h. Tarifs : de 5 € à 7 €
par séance. gaite-lyrique.net
3e
orchestre insolite
Olympia (9e), M° Opéra.
Par les producteurs du spectacle
Stomp, L’Orchestre des objets trouvés
transforme des objets du quotidien
en instruments de musique. Un marimba
fait de bouteilles d’eau, une harpe
dans un cadre de lit, un plateau à thé
à 12 cordes, etc.
À 17 h. Tarifs : de 30 € à 50 €.
olympiahall.com
13e
AcroBAties sur glAce
Zénith de Paris,
M° Porte-de-Pantin.
Holiday on ice est de retour.
Au programme de cette édition
de patinage artistique, Holiday
on Ice Believe : chorégraphies,
musique pop, acrobaties et effets
pyrotechniques.
À 15 h. Tarifs : de 40 € à 79 €.
le-zenith.com
lA BeAuté de gAinsBourg
Galerie de l’instant,
M° Saint-Sébastien-Froissart.
Cette galerie située au 46, rue de Poitou
expose une sélection de photos de Serge
Gainsbourg, à l’occasion des 25 ans
de la mort du chanteur. Des dizaines
de clichés signés du photographe Tony Frank,
qui l’a régulièrement suivi à partir de 1968.
De 14 h 30 à 18 h 30. Gratuit.
lagaleriedelinstant.com
20e
AMBiAnce scAndinAve
Nuba, M° Gare d’Austerlitz.
Au sein de ce village éphémère,
la Scandinavian Brocante accueille
des boutiques de décoration et
de design danois et suédois. Également,
exposition-vente de photographies
de la Norvégienne Yngvild Gotaas Torvik
et brunch scandinave.
concert swing
La Bellevilloise, M° Gambetta.
Initiation aux danses swing
puis grand bal avec l’Olivier Franc
Quintet. Cette formation de jazz
est menée par un des héritiers
de Sydney Bechet, dont il utilise
le saxophone personnel.
À partir de 18 h 30. Tarifs : 11,80 €.
labellevilloise.com
De 12 h à 23 h. Gratuit. lenuba.com
dAnse et cirque.
15e théâtre,
Monfort Théâtre, M° Porte-de-Vanves.
19e
Gaîté lyrique,
M° Réaumur-Sebastopol.
Clôture du festival Film & Music
Experience consacré au cinéma et à
la pop culture. À noter la première
diffusion française de The Decline of
Western Civilisation II : The Metal
Years, sur la scène metal de LA.
solidAire
10e BrocAnte
Point éphémère, M° Jaurès.
de dAnse
11e Melting-pot
Maison des métallos, M° Goncourt.
Jusqu’au 3 avril, le festival Des(Illusions) explore les
passerelles entre théâtre, danse et arts du cirque.
Six créations comme Paris nous appartient, du Moukden
Théâtre, portrait de la capitale et de ses mutations.
Vêtements, accessoires de mode, livres
et disques à petit prix en vente
lors de cette nouvelle Friperie solidaire.
Au profit de l’association Emmaüs.
Cinq danseuses de claquettes, de hip-hop
ou de danse contemporaine sont réunies
pour le spectacle Sem’elles. Une production
de la compagnie Hip Tap Project. À partir de 8 ans.
À partir de 15 h. Tarifs : de 18 € à 28 €, de 12 € à 18 € (réduit).
lemontfort.fr
De 13 h à 17 h 30. Gratuit.
pointephemere.org
À 15 h. Tarifs : 14 €, 5 € (– 15 ans).
maisondesmetallos.org
en Île-de-franCe
77
78
78
théâtre jeune puBlic
villAge d’AntiquAires
soirée MozArt
Salle Georges-Brassens,
Menucourt.
Jusqu’au 30 mars,
le Festival de Tréteaux
présente des pièces de
théâtre pour tout public,
dans tout le département.
Aujourd’hui, la compagnie
Théâtre en stock propose
une version revisitée du
Malade imaginaire de
Molière intitulée Malade ?
Mon œil ! À partir de 7 ans.
À 15 h. Tarifs : de 5 € à
12 €. theatre-en-stock.com
Île des Impressionnistes,
Chatou.
Cette nouvelle édition
de la Foire de Chatou
met le jardin à l’honneur
avec le thème
« Dedans/Dehors ».
Vente d’objets design,
meubles, décoration,
œuvres d’art, etc.
Navette gratuite depuis
la gare RER de
Reuil-Malmaison.
De 10 h à 19 h. Tarif : 6 €.
foiredechatou.com
91
opérA
de rossini
Église Saint-Martin,
Sartrouville.
Concert dédié à Mozart
pour les derniers jours des
Musicales de Saint-Martin.
Au programme
notamment, Petite
Musique de nuit,
Divertimento en ré majeur
et Adagio et Rondo pour
violon, par l’orchestre à
cordes Les Virtuoses.
Opéra
de Massy.
La rencontre entre
l’Orient et l’Occident
au XIXe siècle
dans cet opéra-bouffe
signé Gioacchino
Rossini Une Italienne
à Alger.
Avec l’Orchestre
de l’Opéra de Massy.
À 16 h. Tarifs : 16 €, 12 €
(réduit). musicales-de-saintmartin.com
À 16 h. Tarif : de 75 €
à 82 €.
opera-massy.com
JDD Communication
Supplément réalisé en partenariat avec Franchise Expo Paris
La franchise à portée de main
Plus de 530 exposants, de 25 nationalités différentes, investissent la 35e édition de
Franchise Expo Paris, pour faire découvrir un secteur économique ouvert et florissant
L
e modèle de la franchise s’installe
dans le paysage, un peu partout en
France. Et il s’adapte à des villes de
toute importance : si 18 % des enseignes*
ont conquis les agglomérations de plus de
100.000 habitants, la moitié d’entre elles
rayonnent dans des communes de moins
de 25.000 âmes. Les réseaux constituent
aujourd’hui un atout pour redynamiser les
centres-villes (lire l’interview, page 3).
La franchise contribue
à la création d’emplois
Parmi les franchisés, 75 % sont d’anciens
salariés. Ils ont réussi leur reconversion
grâce à une formation sur mesure, quel
que soit leur cursus initial (lire le portrait
Easy Cash page 3). Cette opportunité attire
particulièrement les femmes (40 % des franchisés), aspirant à une deuxième vie professionnelle quand les enfants grandissent (lire
le portrait Shiva, page 3). Ainsi, l’âge moyen
des chefs d’entreprise du secteur s’établit
à 47 ans. On ouvre son point de vente, en
moyenne, à 36 ans, mais la passion de l’entrepreneuriat n’attend pas toujours le nombre
des années (lire le portrait Daniel Moquet
Signe Vos Allées, page 2).
Invoquant la qualité humaine du
réseau et l’évolution du concept, 67 % des
franchisés et 89 % des franchiseurs se
déclarent optimistes, malgré le contexte
économique actuel. Trois franchisés sur
dix envisagent même d’investir dans un
nouvel établissement. La franchise contribue à la création d’emplois, avec près de
8 salariés** par point de vente, un chiffre en
progression par rapport à l’année précédente.
Et plus d’un tiers des franchisés ont créé un
emploi. Les secteurs les plus dynamiques
restent la restauration, l’alimentaire, les services
automobiles, le textile, le bâtiment, les services
aux entreprises et à la personne. La qualité des
relations humaines est un des facteurs clés
pour expliquer ce succès (lire ci-dessous). Les
têtes de réseau misent sur l’accompagnement
et l’animation du réseau. Parmi les défis qu’ils
ont à relever : l’innovation et la digitalisation,
ainsi que des stratégies de communication qui
passent désormais par les réseaux sociaux.
Nicole Gex
* Tous les chiffres sont issus de la 12e enquête
annuelle de la franchise Banque Populaire en
partenariat avec la Fédération française de la
franchise et le CSA (2015).
** En équivalent temps plein.
Ouidade SOuSSi Chiadmi/FFF
Chantal Zimmer Déléguée générale de la Fédération française de la franchise
« On peut changer de métier
grâce à la transmission d’un savoir-faire »
pas une assurance tous risques,
mais il y a un accompagnement
du franchiseur, elles se voient
déchargées de certaines tâches.
Ce qui constitue pour elles une
deuxième chance de réussir leur
vie professionnelle. Celles qui se
lancent plus jeunes bénéficient
de la maîtrise de leur emploi du
temps.
Quelles sont les clés de la réussite
de la franchise ?
Le système est bien maîtrisé.
Aujourd’hui, le consommateur
est avisé, informé et exigeant, il a
besoin d’un commerce qui réponde
à ses attentes. C’est le cas de la
franchise, car elle allie le dynamisme de deux chefs d’entreprise.
Les rôles sont bien définis pour
que chacun soit le plus performant
dans son domaine : le franchiseur
sur le long terme et le franchisé au
contact du client. Ils dialoguent
et échangent leurs informations.
Leur savoir-faire évolue grâce à
l’intelligence collective au service
de l’innovation. Et les franchiseurs
font preuve de toujours plus de
professionnalisme dans la sélection des franchisés, qui reste la clé
de voûte de la réussite.
En quoi la franchise est-elle une
bonne voie pour une reconversion
professionnelle ?
Le salariat n’est plus une fin
en soi. Pour donner du sens à sa
vie, on peut, en s’appuyant sur
une tête de réseau, devenir un
chef d’entreprise indépendant
et changer de métier grâce à la
transmission d’un savoir-faire. La
formation, initiale et permanente,
est inhérente à la franchise. Le
franchisé apprend tous les procédés liés au métier choisi, mais
aussi l’organisation pour réitérer
un modèle avec succès. De plus,
cette méthode s’inscrit dans le
code de déontologie européen
de la franchise, un code des bons
usages et des bonnes pratiques
entre le franchiseur et le franchisé, c’est un cadre rassurant
pour un porteur de projet.
Pourquoi ce modèle attire-t-il
les femmes ?
Il répond à des problématiques
bien féminines. Les femmes
aspirent à créer des entreprises,
mais elles sont confrontées à
un choix entre leur vie professionnelle et leur vie familiale.
Lorsqu’elles ont choisi de se
consacrer à leurs enfants, elles
risquent de se retrouver, à la quarantaine, sans activité professionnelle. La franchise leur permet
d’apprendre un nouveau métier,
dans un cadre sécurisant. Ce n’est
Comment se développe
la franchise aujourd’hui ?
Elle s’ouvre sur de nouveaux
marchés. Elle a professionnalisé
des secteurs comme la restauration ou la coiffure et se développe
aujourd’hui sur des niches, où il
y a vacance, dans des domaines
techniques et pointus. Et puis des
groupes succursalistes viennent
de plus en plus à la franchise pour
pénétrer certains marchés.
Quels sont, cette année,
les points forts du salon ?
Il est très international.
Chaque année, le nombre de visiteurs et d’exposants étrangers
augmente, ce qui a pour effet
de dynamiser les entrepreneurs
français. C’est une formidable plateforme pour s’ouvrir à l’international et chercher des marges de
croissance à l’extérieur. D’ailleurs,
la France est le pays qui exporte
le plus de concepts de franchise.
Nous tenons également beaucoup
à la journée consacrée aux jeunes
pour les attirer vers la création
d’entreprise. Nous avons un grand
projet d’implantation dans les
quartiers défavorisés.
Page 2
Franchise Expo Paris 2016
Communiqué
Ils ont franchi le pas, à
José Fernandes
Del Arte
L’appétit d’entreprendre
L
José Fernandes devant son troisième restaurant Del Arte, à Conflans-Sainte-Honorine. DR
ongtemps avant d’ouvrir sa pizzeria, José
Fernandes fréquentait
Del Arte comme client :
« La décoration est gaie,
comme dans une trattoria
à l’italienne, s’exclame-t-il.
Il y en a pour tous les goûts :
des pizzas, mais aussi des
pastas, des salades et autres
plats typiquement italiens. »
Il s’en est souvenu lorsque,
à 40 ans, il a souhaité voler
de ses propres ailes, après
vingt années passées chez
McDonald’s. Il y avait gravi
tous les échelons jusqu’à
diriger l’équipe de contrôle
de gestion, au siège. La restauration, une histoire qui,
pour lui, remonte à loin. Il
n’hésitait pas à donner un
coup de main au restaurant
que tenaient ses parents,
à Courbevoie. « Je voulais
une structure importante
pour avoir une équipe, explique-t-il. J’aime le mana-
gement, basé sur l’écoute et
le respect de chacun. Quand
on est directif, on n’avance
pas. »
« Nous sommes
très soutenus
par la structure »
Ainsi, en mai 2012, il
relance le restaurant de
Mantes-la-Jolie – Buchelay,
située sur une zone d’activité, qui sert jusqu’à 180
repas le midi. En première
ligne, il sait insuffler une
ambiance : « Nos principaux
atouts sont la rapidité et
l’accueil », estime-t-il. Un
an plus tard, il relève un
nouveau défi, en reprenant un restaurant, dans
un secteur animé de Dreux,
avec parfois 260 couverts
le week-end. Il n’oubliera
jamais la première fois qu’il
a dû confier les clés de son
premier établissement.
« Il faut savoir recruter et
déléguer. Je délègue beaucoup. J’aime voir grandir
une équipe – j’emploie une
quinzaine de personnes dans
chaque restaurant. Ça me
permet de prendre du recul,
confie-t-il. Et puis, l’avantage de la franchise, c’est
que nous sommes très soutenus par la structure. Nous
sommes des entrepreneurs
indépendants, mais sans
être sur tous les fronts. »
Son prochain challenge, l’ouverture en juin
d’un troisième Del Arte, à
Conflans-Sainte-Honorine,
à proximité d’un cinéma,
pour attirer un autre type
de clientèle. « On ne l’imagine pas, mais tenir un restaurant reste une sacrée
gymnastique », lâche-t-il
dans un sourire. Il garde
néanmoins du temps pour
sa famille et pour taper dans
un ballon avec ses copains.
Nicole Gex
Jules Regaudie
Daniel Moquet Signe Vos Allées
Le retour
de l’enfant du pays
I
l avait hâte de démarrer.
Jules Regaudie se souviendra toute sa vie de son premier chantier : le 24 février
2016, la rénovation d’une allée
d’accès vers une maison, dans la
campagne. Seule la pluie, avec
laquelle il devra désormais
composer, risque d’obscurcir l’horizon de ce jeune chef
d’entreprise. Tout s’est joué
deux ans plus tôt. Ce paysagiste
doué, en charge de la création,
dirigeait déjà une équipe, à
22 ans, chez un professionnel
de Bordeaux, où il avait obtenu
son BTS. Il décida, pour faire le
point sur sa carrière, d’entreprendre un voyage en Australie.
De ces six mois passés à Sydney
pour apprendre l’anglais et pour
réfléchir à la meilleure façon
de s’installer à son compte,
il a retenu un management
« basé, nous dit-il, à 80 % sur la
confiance », bien différent de
celui pratiqué en Europe.
« J’ai bénéficié de
la notoriété du réseau »
À son retour, c’est le contact
« simple et vrai », comme il le
qualifie, avec la famille de
Daniel Moquet, franchiseur
spécialiste de revêtements
d’allées, de cours et de terrasses, qui l’a convaincu. Ce
perfectionniste a apprécié
aussi « la qualité du matériau
exclusif, commercialisé par
la marque et qu’elle est seule
habilitée à poser ». Il a choisi
de s’établir dans une ville
moyenne par la taille, Brivela-Gaillarde, où il est né. Ses
parents y sont implantés dans
l’immobilier. « Ici, c’est chez
moi, lance-t-il. Et j’ai bénéficié
de la notoriété du réseau sur ma
zone géographique. »
« Aujourd’hui, mon
entreprise, c’est mon bébé »
Pourquoi opter pour une
activité si spécifique ? Il s’en
explique : « Habituellement, les
paysagistes sont multitâches.
Nous faisons de la maçonnerie, de l’électricité, des plantations. Ce concept de fabricant-poseur me plaisait. On
ne peut pas exceller partout.
Le vivant n’est pas une science
exacte, j’ai renoncé au végétal,
mais je conseille quand même
mes clients dans ce domaine. »
Jules Regaudie, paysagiste à Brive-la-Gaillarde, a choisi le franchiseur Daniel Moquet Signe Vos Allées, spécialiste dans
l’aménagement d’allées. En six mois, il a déjà embauché deux poseurs et bientôt un troisième. DR
Tout s’est enchaîné très vite.
Il a créé un dépôt à Brive-laGaillarde. En septembre, il a
suivi une formation d’un mois.
En octobre, il lançait la commercialisation. « J’ai rempli
mon carnet de commandes et
j’ai embauché deux poseurs, qui
ont été, eux aussi, formés par
le réseau, précise-t-il. Un troisième nous rejoindra fin avril. »
Jules Regaudie a apprécié
le coup de pouce de son franchiseur en cette période de
démarrage : « Pour faire face à
la concurrence, nous disposons
d’une boîte à outils, à nous de
l’utiliser à bon escient. C’est
sécurisé, cadré, bien carré. »
Des mots qui résonnent
dans l’esprit de ce passionné
d’alpinisme en haute mon-
tagne et de sports de glisse.
Il trouve encore le temps de
se confronter, une fois par
semaine, à un mur d’escalade.
« Aujourd’hui, mon entreprise,
c’est mon bébé, reconnaît-il.
J’y consacre toute mon énergie, et tout le temps qu’il faudra pour mettre le train sur
les rails. »
N.G.
Franchise Expo Paris 2016
Communiqué
votre tour !
Pierre Creuzet,
directeur général
de Centre-Ville
en Mouvement
Pierre Michel
Easy Cash
Une bonne occasion
A
près une visite au
Salon de la franchise, en croisant
scrupuleusement tous les
critères importants à ses
yeux, Pierre Michel a
sélectionné Easy Cash.
« Je ne connaissais pas
l’enseigne, reconnaît-il,
mais cela correspondait
à ce que j’envisageais :
animer une petite équipe,
actuellement de neuf
salariés. L’activité est
plaisante et le secteur
porteur. » Informatique,
audio, vidéo, téléphonie, produits culturels
et bijoux, Easy Cash se
consacre à l’achat et à
la vente pour les particuliers de tous ces
produits d’occasion. De
quoi convaincre ce quadragénaire, tenté par
une reconversion après
quinze années de salariat
comme commercial en
une quinzaine de sessions
complémentaires d’un ou
deux jours ciblées sur un
produit ou un axe de management, gratuitement.
Pierre Michel, qui s’est lancé dans le secteur de l’achat et de la
vente de produits d’occasion, a ouvert un Easy Cash au Havre.DR
fournitures de bureau
puis dans l’impression.
« Il faut acheter les
produits à un prix suffisamment élevé pour être
attractif et vendre au
juste prix, en faisant du
volume, grâce à une marge
raisonnable », résumet-il. La formation compte
beaucoup dans ce métier
atypique. Pierre Michel
a pu passer une semaine
dans un magasin avant
de se décider. Puis il s’est
formé trois mois et a suivi
À la recherche d’un
bon emplacement, abordable, il a quitté, en 2012,
son Essonne natale pour
Le Havre. « Une double
prise de risque, soulignet-il. Ma femme, assistante
de direction, a dû quitter
son emploi. Elle m’a aidé
et depuis, tout naturellement, elle travaille avec
moi. » Après trois premières années intenses,
il considère la création
d’entreprise en franchise comme le meilleur
moyen de se reconvertir
sans avoir l’impression
de se lancer dans le vide.
N.G.
Reconversion réussie !
uand Marie-Cécile
Daugy, professeure
des écoles, quitte
Lille, l’été 2012, pour
s’installer à Anglet, berceau de sa famille maternelle, elle a mûri cette
décision avec son mari,
commercial itinérant, et
ses quatre enfants. « Je
voulais renouer avec mes
racines au Pays Basque et
créer mon entreprise. Ça
me manquait, reconnaîtelle. Moi qui suis fille et petite-fille d’entrepreneur, il
me fallait relever ce défi. »
Née à Reims, elle s’est
toujours tournée vers les
autres : aux scouts, dans
cette ville où elle a grandi,
puis, étudiante à Paris,
dans le milieu associatif
auprès des handicapés
ou à l’hôpital. Après un
premier poste d’enseignante dans l’Oise, elle
passe quinze ans à Lille
dans des classes difficiles.
Sa vocation d’évoluer
au contact des enfants
reste intacte, mais elle
aspire au renouveau. Elle
a expérimenté son goût
pour la constitution d’un
réseau en vendant des
bijoux qu’elle fabrique
« La franchise
contribue au
renouveau des
centres-villes »
Un « bon moyen
de se reconvertir »
Marie-Cécile Daugy
Shiva
Q
Page 3
elle-même. « Je voulais
m’inscrire dans un tissu
local », précise-t-elle.
Se consacrer au service
à la personne lui a semblé
une évidence, le choix
du franchiseur aussi :
« Shiva se concentre sur
son cœur d’activité : le
ménage, le repassage et
la garde d’enfants, poursuit-elle. La modernité
de sa charte graphique
et son positionnement
haut de gamme m’ont plu.
Je n’avais pas le droit à
l’erreur. Grâce à eux, le
retour sur investissement
est sûr. »
Marie-Cécile
Daugy,
ancienne
enseignante,
se consacre
désormais
aux services
à la
personne.
Depuis
quatre ans,
elle est
à la tête
d’une agence
Shiva,
à Anglet.
DR
« Mon activité a
décollé très vite »
Première clé de sa
réussite, un local situé
sur la principale artère
de la côte basque, avec
une vitrine en angle d’une
grande visibilité, qu’elle
ouvre en novembre 2012.
« Je démarrais de zéro, raconte-t-elle. Pour frapper
fort, j’ai choisi une communication coûteuse mais
efficace : des affiches à
l’arrière des bus. Mon activité a décollé très vite et le
bouche-à-oreille a suivi. »
Marie-Cécile emploie
aujourd’hui une chargée de clientèle et une
trentaine de personnes
à temps partiel. Recrutement et formation
restent les points cruciaux de son activité :
« Nous travaillons dans
l’humain, explique l’exenseignante, à l’écoute
du client et de l’employé
de maison. Nous les présentons au premier ren-
dez-vous. Le discours
sur notre offre est très
professionnel, le travail
accompli doit être en
accord. » Avec l’aide du
franchiseur, pour faire
face aux aspects administratifs chronophages,
elle propose un service
clés en main, en développant dans son nouveau
métier des trésors de
pédagogie.
N.G.
C
omment peut-on
redynamiser les
centres-villes ?
Nous sommes une association d’élus et de parlementaires, appuyés par des
experts. Nous œuvrons à la
diversité commerciale et artisanale des centres-villes. Les
élus doivent agir. S’il n’y a pas
de volonté politique, le cœur
des villes ne fonctionne pas.
Il faut piétonniser, implanter des bancs publics et des
espaces urbains à vivre,
organiser des animations
culturelles et commerciales.
L’urbanisation ne cesse
de s’intensifier, et, suite à
la COP21, il est nécessaire
de maîtriser ce processus, rendre les villes plus
agréables et faire revenir les
habitants dans le centre.
Dans ce contexte,
qu’attendez-vous des
réseaux de franchise ?
Nous recherchons le bon
équilibre entre les marques
nationales, les artisans et
les commerces de bouche.
Certaines enseignes ont
le pouvoir de ramener les
gens en centre-ville, en particulier les jeunes. Elles ne
concurrencent pas le petit
commerce. Il faut vivre avec
son temps. Internet va continuer à exploser, les gens
achèteront en ligne, mais ils
reviendront aussi en cœur
de ville. Les élus doivent
connaître les enseignes de
franchise : ce sont des locomotives recherchées. Et
leurs clients peuvent acheter des produits locaux dans
les boutiques voisines.
Quel est selon vous le bon
équilibre ?
On dit que les cœurs de
ville se ressemblent tous.
J’en parcours beaucoup et
je m’aperçois que c’est en
train d’évoluer. Deux tiers
d’enseignes nationales et un
tiers de commerces locaux
indépendants me semble
constituer le bon équilibre.
Pour attirer les consommateurs, il faut animer les rues.
Nous voulons le renouveau
des centres-villes, la franchise
y contribue et les franchisés
sont des entrepreneurs indépendants, ils peuvent décider
de participer aux animations
commerciales.
Qu’attendez-vous de
Franchise Expo Paris ?
Depuis huit ans, nous y
organisons le lundi des élus.
L’occasion pour eux de repérer des concepts et de signaler
les commerces qui manquent
dans leur ville. À l’occasion de
nos Assises*, nous proposons,
avec la Fédération française de
la franchise, un Centre-Ville
Dating qui permettra à plus
de 1.000 élus de rencontrer
des franchiseurs. Les municipalités possèdent parfois des
locaux commerciaux, elles
peuvent proposer des loyers
modérés à des enseignes qui
les intéressent et donc à leurs
futurs franchisés. Nos assises
nationales permettent de faire
de la pédagogie et mettent en
relation les différents acteurs
de la ville, pour la rendre attractive !
11es Assises nationales
du centre-ville, 9 et 10 juin 2016,
à Rennes. centre-ville.org
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Franchise Expo Paris 2016
530 exposants
Communiqué
INFOS
PRATIQUES
Le Salon de la franchise, c’est un programme sur mesure
et des espaces concrets pour faire avancer votre projet.
Franchise Expo Paris
Du 20 au 23 mars 2016
Paris Porte de Versailles
Hall 2.2
460 idées pour créer son entreprise
Le Village
création
d’entreprises
école de
la franchise
P
T
articipez à une formation futur
franchisé animée par la FFF. Cet
espace propose aussi des paroles
de franchisés ou de franchiseurs qui
viennent témoigner de leur propre
expérience.
ous les jours et gratuitement, des conférences animées par
des entrepreneurs de haut
niveau et les meilleurs spécialistes abordent toutes
les modalités de la création
d’entreprise. Aux côtés des
professionnels qui sont là
pour accompagner les créateurs, découvrez la librairie
qui regorge d’ouvrages utiles
à tous les porteurs de projet.
Le Village
financement
Comment avoir un badge ?
Commandez votre badge
électronique
dèsmaintenant sur
franchiseparis.com
Bénéficiez d’un badge
gratuit grâce à votre
journal avec le code promo
suivant : FP16GG
L’atelier
du créateur
R
encontrez les banquiers et apprenez à les convaincre. Pour vous
accompagner, 8 banques majeures
sont présentes sur le salon. Allez les rencontrer et assistez à l’atelier financement
pour maîtriser votre argumentaire face
à votre banquier !
Horaires :
de 9h30 à 19h
(fermeture à 18h le
mercredi 23 mars)
E
Sur Franchise Expo Paris,
les enfants sont bienvenus
le dimanche 20 mars et
seront reçus à l’espace
enfants par Bricks 4 Kidz
P
Le Village
des experts
t si vous deveniez franchiseur ? Chaque année, les professionnels confirmés par la FFF sont à votre disposition
pour répondre à toutes les questions que vous vous
posez pour devenir franchiseur.
artagez vos problématiques avec d’autres
porteurs de projets
autour de tables rondes
animées par des spécialistes
de la création d’entreprises.
Renseignements sur
franchiseparis.com
Chiffres-clés de la franchise
Enquête de la Franchise
d’hommes
de femmes
âge moyen à la 1ère ouverture
en franchise et 47 ANS âge
moyen des franchisés
CURSUS UNIVERSITAIRE
revenu annuel net moyen (32 876 €)*
et CA médian 500K€
nombre moyen de
salariés (équivalent
temps plein)
au sein d’un point
de vente (6)*
sont installés dans
des villes de moins
de 25 000 habitants
et 18 % dans des villes
de plus de 100 000
habitants
durée moyenne des contrats
de franchise (5,9 ans)*
et 92 % reconduisent leur
contrat (87 %)*
Bac + 2 et plus
SITUATION ANTÉRIEURE
étaient des salariés
(70 %)*
Source : Enquête
annuelle
de la franchise
Banque
Populaire/FFF/CSA
Source : Enquête
annuelle
de la franchise
2015,2015,
Banque
Populaire/FFF/CSA
des franchisés déclarent
mieux résister à la crise
qu’un commerçant isolé
des franchiseurs ont fait évoluer
leur concept ces dernières
années et 81 % des franchisés
ont perçu cette évolution
déclarent que Banque
Populaire est la banque
qui répond le mieux
aux attentes des franchisés
dans la réalisation de
leurs projets
* chiffres 2014
* Chiffres 2014
Le Journal du Dimanche/Hachette Filipacchi Associés RCS Nanterre, B 324 286 319, 149, rue Anatole-France, 92534 Levallois-Perret Cedex - ArtePrint, 79-83, rue des Frères-Lumière, 93330 Neuilly-sur-Marne

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