ex. celsior-dimanche - la Cité internationale de la bande dessinée et

Transcription

ex. celsior-dimanche - la Cité internationale de la bande dessinée et
iiiiiiiiiiii
NOUVELLE SÉRIE : N° 57
,
i .jiiii''iiiiii'''iiiimiMiiuiu>iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiimiiiiiiiiiiii<>ii>'
12 «3
centimes
■■■'''■"■■'■■■■■■■■■■■■■■'■■■■■■■■■■■■■■■■■■■■■■(■■■■■■■■■■■■■■■■■■■■■■■■■■■■■■■■■■■■■■■■■■■■■■■■■n
LE 30 MARS 1924
■>■■■■■•■
EX. CELSIOR-DIMANCHE
IIIIIIIMIIIIIIMIIIIIIIIIIIIIIIIII!IIII!!IIIIIIIII
iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiniiniiii
imiiiiii;
MiiiiiiiliiTiiiiiiliitiiiiiiiniiiiiiiiiiiMiiiiliiii
iiiiiiiimsif
iiiiiiiiiiiitiiiiiiiiiiiini
iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiEiMiiiiiiiriiiniiiripiiiiiiiiMiiiiiiiitillllii
liiiiiiiiiuiiiiiiiitiiiiiMiiiiiiiiiiiiiiiiiiiini
LES GLANEURS DE BRUYÈRE AUX HALLES
Chaque matin, aux Halles, après la fermeture, on peut voir
quelques braves gens venir ramasser, pour les revendre
ensuite, les brindilles de bruyère dont le sol est jonché.
TROIS PETITES SŒURS, VEDETTES DE L'ÉCRAN
LE BARBIER DU BORD DE LA SEINE
La plus jeune a cinq ans et demi, la cadette, sept ans
et demi, l'aînée, dix ans. Liliane, Evelyne et Huguette
Hefti figurent dans le prologue du film tiré de On ne
badine pas avec l'amour : Rosette, Camille et Perdican.
Les deux aînées, en outre, y dansent la pavane. Toutes
ont déjà " des planches ", car ces trois gracieuses fillettes ont joué au théâtre Cora Laparcerie et au théâtre
Femina. C'est la première fois, croyons-nous, que trois
sœurs aussi jeunes sont réunies sur le même film.
Parmi les petits artisans qui exercent à Paris des métiers
pittoresques, il n'en est peut-être pas de plus amusant
que ce barbier du bord de la Saine, installé ordinairement
dans les environs du pont de l'Archevêché. Dès'qu'il a
gagné quelque argent, notre homme disparaît pour ne
revenir que les poches vides. Mais il possède tout de
même son public fidèle, et le voici en plein travail,
coupant les cheveux d'un "client", tandis qu'un autre,
qu'il vient de raser, se lave k la fontaine voisine.
DU HAUT DU DOME DE SAINT-PAUL
Ce document montre l'étrange perspective, qu'un photographe audacieux a obtenue du haut des 90 mètres de la
coupole de la cathédrale Saint-Paul, à Londres. De cette
hauteur, on distingue, taches noires, quelques fidèles assis.
L'INSTANT PRÉCIS DE L'ACCIDENT
FACE AU CHEVAL, EN PLEIN GALOP
Il n'a pas dû, non plus, manquer de sang-froid l'opérateur qui a pu fixer ce cheval, en pleine course,
au moment ou U ^te l'obstacle. En tout cas, l'effet
saisissant quon rechert^vu a ^ pleinement atteint.
UN PARTERRE FLEURI... DE LÉGUMES
Au cours d'une visite des délégués des Halles de Paris
aux maraîchers français de Casablanca, ces derniers ont
imaginé cet amusant parterre tout fleuri de légumes.
Voici un accident émouvant d'une course de motocyclettes. Le réservoir de l'une d'elles ayant pris feu, on voit
le conducteur, en pleine vitesse, rouler sur le sol, tandis
que brûle, avec une épaisse fumée, sa machine en débris.
DIMANCHE-ILLUSTRÉ
niiiMir
VENTE
AU
miiiiuiiiimiïimuiiiiii
MIIIIHIIIIIIII
IIIIIIMIIHHIIUUIUH
*2
tmmmmt
roui
liniiiiiii»
TARIF DES
EST EN
VENTE
PARTOUT DÈS
LE
SAMEDI
iiiiuiiitH
ABONNEMENTS
France, Colonies,
Régions occupées
Belgique
Etranger.
Compte chèque postal n° 5970. — 20, rue d'Enghien, Paris (Xe)
0.25
0.30
0.50
LE 30 MARS 1924
iiii|iïii»iuiM«Hi|iiiiiiiiiiiiiniiiiniiiimiiiiniHiHHi
DIMANCHE-ILLUSTRE (Excelsior-Dimanche)
NUMERO
France, Colonies, Régions occupées
Belgique
Etranger
■■■■■■
3 moi»
6 moi«
3.50
6.50
4 fr.
8 fr.
6.75 13 fr.
Un an
12 fr.
15 fr.
25 fr.
CALCULER VITE ET BIEN
/ v
est indispensable pour se. faire apprécier
dans une foulo d'emplois, et aussi pour
établir ou vérifier factures, devis, mémoires, feuilles de paye, prix de revient,
prix de vente, escompte, rabais, commissions, intérêts, comptes de banque,
comptes de ménage, etc. Demandez à
l'Ecole Universelle, 59, boulevard Exeimans, Paris (16°), sa brochure gratuite
numéro 4077, qui vous donnera le moyen
de devenir bon calculateur en quelques
semaines, moyennant un3 heure par jour
de travail-altrayant, chez vous, sans déplacement. Pas de théorie fastidieuse ;
rien que des exercices pratiques.
" Une force insoupçonnée
transforme son attitude ".
en
□
Par la grande
aisance qu'il donne
aux organes vitaux
FRANCE ET PARIS
330
DÉPOTS
JUVÊMIL
PRIX
aide puissamment
Comptoir
de 6 à 20 ans
à l'œuvre
de la Nature,
32 fr. à 55 fr.
7,
rue
de
bien
cette
boite...
PRINTEMPS,
La froidure paresseuse
De l'hi«er a fait son temps,
Voici la saison joueuse
Du délicieux printemps.
YOISELLERIE
du- Vieux-Colombier,
7
-
Paris
suivant l'âge
et à l'éclosion
Spécialité
de la fière beauté.
OISEAUX DE TOUS PAYS
d'otseaux rares. — Cages, grains, accessoires.
Le délicieux printemps n'est pas sans présenter de réels dangers (mur les tempéraments
affaiblis ou simplement fatigués.
La douée et capiteuse tiédeur de ses premiers
effluves provoque dans tout le corps certains
troubles, dus précisément au travail qui s'opère
dans la nature.
Le printemps, c'est la saison où les faiblesses
de l'organisme s'accusent. C'est la saison des
troubles de l'estomac, des lourdeurs de tète,
de l'insomnie, des douleurs. Il importe à ce
moment de faire une cure de Pilules Pink pour
renforcer la résistance de l'organisme, renouveler et pu ri lier le sang.
La cure des Pilules Pink est, par excellence,
la cure printanière qui reconstitue les forces,
donne de l'appétit, calme et dissipe les malaises.
C'est la bonne cure de santé qui procure le bienêtre physique et le contentement de vivre.
Toutes Pli^s et au Dépôt t Phcie P. Barret,
23, rue Ballu, Paris. 4,50 la boîte, 24 1rs les
0 boîtes, plus 0,50 du taxe parboîte IE. C.seineus.ooa,
SAVON ROOOLL
Exposition et vente : 35, rue Le Peletier, Paris
Demandez Solive illustrée, contre 0. fr. 25
Ccrseterie Spéciale de France, Chslles (S.-et-M.)
embellit
le
TEINT
PRIX
M
I
2 fr. 50
B
exigez la
de
base de Crème Rodoll, Lanoline, Seurre
CHOIS
adoucit merveilleusement Pépidcrmg.
Recommandé par les médecins pour la toilette
des épidémies délicats des Dames et des Bébés.
chez
votre fournisseur
fi blanchît el
de tous modèles et toutes marques
M GILBERT
^nt^îoEutigie S
C
AVON «RODOLL»
Dépôt Paris : Paiita, 67, ru*» de Provence
115 et 113, rue de Vaugirard
!9-2iJ
Nord-Sud : station Falguière (Sigur
Agrandissements. - Nouveaux magasins. - Les
plus vastes satles d exposition. 2 étages. Salle
de concert.
Les pianos GILBERT, les meilleur?, a prli
modérés. Paiement eu 12 mois.
OCCASIONS
riANOS
EN
MAGASINS
DROITS,
ETAT
:
NEUF
Melodian, a cordes croisées.
Gaveau, jrrand modèle.
Pleyel, peut modèle.
Evard, iiaJIiss. verni.
PIANOS A QUEUE, ETAT NEUF
Erard
queue, palissandre.
Pleyel l/l queue, style Louis XV.
Steinway l/s queue.
Chickennçj,
modèle.
Eald.vin. (.Tima eonrerl.
Orgues de salon, Mustel. Melodian,
\fi
grand
Bspri.E de pœios usagés aux meilleures coiidilips;
Si r.r.i
lîSAi.i. :
1,
MAISON
rue Madame (Mclro; St-Sulplce)
FONDÉE
EN
SAVON DENTIFRICE VICIER
Ayez toujours avec vous,Madame,
La Poudre Nildé en boîte-tamis,
" la poudre parfaite dans la
boîte pratique ".
La boîte-tamis ne laisse passer
sur la houppe que le nuage nécessaire
pour rafraîchir et enjoliver le visage.
Elle assure ainsi également une grande
économie et une propreté absolue.
La Poudre Nildé, extrêmement
fine, délicieusement parfumée, se fait
dans les nuances suivantes : rachel,
naturelle, rose, basanée, blanche.
Toutes les boîtes contiennent une houppe.
1840
Réparation - Location
5iiHilflliilHin!lli!flii:i!iillllilll!iif!illHllillllll!:ili!llllilllllii:illliiii
le M ctlleur Antitwtiaue.W.i 2. i' Bonne-Nouvelle. F»ri».U.C.76025
CHEMINS DE FER DE L'ÉTAT
L'administration des Chemins de fer de l'Etat met
en vente actuellement dans ses gares de Paris el 1res
prochainement dans ses gares de banlieue et de province, un nouveau
Guide général officiel
illustré
de 421 pages, au prix de 2 francs l'exemplaire.
Le public y trouvera réunis en un volume élégant,
liés artistiquement présenté, illustré de nombreuses
p h i e s.
tous
Jes
renseignements
indispensables aux voyages et au tourisme.
phologra
PENDULES
EN 1852
(La petite boîte plate pour le sac.... 2l
(taxe compriseALa boîte moyenne: 3*90; la gde boîte: 6f
PRIX
ES VENTE TOUTES
BONNES PARFUSIERIKS OU FRANCO
CONTRE MANDAT.
Parfumerie Nildé, 51, Rue du Rocher, Paris
« « » • • • » t 111 • • > » • t «itt *i.ti •.
(8e)
LE GRAND MAGAZINE
VEN1E fc'i ACHA 1
CINÉMATOGRAPHIQUE FRANÇAIS
;mmiiiiimiiuiiiniiiiiiii
IIIIIIIIHIIIIIIIIIIIIHIIIH
iiiim.'iiiini
ittiiiiiiiiimiiiiiiiiiiiiiiiiniiiii
TOUS FONDS DE COMMERCE
PUBLIE DANS SON NUMÉRO DU 1" AVRIL
ACTUELLEMENT EN VENTE PARTOUT
AU PRIX DE 50 CENTIMES
KCCES,
|
'ENFANT DES HALLES j
4- grands films
lllEIIlIllintlIIIIIIIIIlIKUlIltlHIIIllllllllllllHIIDItlII-
Un curieux ciné-roman en huit chapitre; de H. MACOC,
m's à l'écran pat RENÉ LEPRINCE.
IA PETITE ANNONCE CLASSÉE
D'EXCELSIOR
§
î
EST
LE
PLUS
COURT
CHEMIN
LES JEUX OLYMPIQUES I
A CHAMONLX
Le premier film des Olympiades de 1924.
ON NE BADINE PAS AVEC L'AMOUR
La délicieuse comédie tirée du chef-d'œuvre d
DE MUSSET, air GASTON RAVEL.
On
LE
DES
STARS...
PHÉNOMÈNE
ATTENDEZ.
QUE
VOUS
IMPRESSIONS
— JE
ET
Portez sans retard
la nouvelle
M. G LASER
le grand Spétiali»te de Paris
7^,
—
loiiiiiiiiiiiiiiiiitiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiuiii"
iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiim
L'AMEU-
SURIMPRES-
Photographies
uunuuuiiuiiMuiiUHuiiuiuuuuuuuiiiuiiuijuui
Ciiilillllll:ll!!lllll!llliiilll!!!!!!lllllll!illl!li!llililii!illllll!l!iii;mt!!Ul
Boulevard SèbaJiopdt
La plus îolide
La plus perfectionnée
La plus élégante
iff
Klle remplace merveïileusemenl le Corset.
LE
ET NOUS.
72
Madame !
DEMANDE
LEUR
SUIS
SIONS. — NOTRE ÉCRAN GAI. — NOS LECTEURS...
En tout:
LA
Qualités supérieures. — Prix modères
DÉPÔT a PARIS, 8, rue de Valenciennes(X')
r» tîwui élastique
BLEMENT ET LES DÉCORS AU STUDIO. — SANDRA
MILOWANOFF. —
ET
lOUï,. AC'I h£>
= Mêtio: (ian du Notd = h. il. V.l'artt
FEL'ILLADS.
D'APRÈS
SOURIT.
1
1)1:
VERLEYE, CI.
licencié en lettres et en t'itit
1S5, bcul. Magenta. Tél. ; Trudame 03-83
Le.. PETITES ANNONCES CLASSÉES D'EXCELSIOR sont reçue» : A " EXCrLSIOR-PUBL CITÉ".
11, loulcva.d des lulicrs (inUce el «sccliu particuliert S.N.P.) de 9 h. du malin à midi tl de 14 h. a 18 heures.
rtimiiiimiimiiiiiimiiiiiiiiiiiii
NEZ. — MAD FRICKSON
L'OFFRE
|
|
COUHIRE, ARTICLES DE LUXE
CEINTURE-MAILLOT
tr curer a dans le même numéro :
CARACTÈRE
ENTRE
|
|
LltiCERIE,
HLDACï Wi\
ALFRED
L'ORPHELIN DE PARIS
Grand drame en six épisodes de Lotis
DE
IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII>;
EJE HESG01R.D
EN
SOCIÉTÉ,
A
LA
su H1EE
NOCE,
Elle combat l'obésité et
toutes les aflectiqns
tic
l'abdomen
et de l'estomac
PARTOUT
Demandez le NOUVEAU CATALOGUE 1924 de Farces désopilantes, Attrapes Surprises
pour toutes réunions. Tours de carte3, Physique amusante, Cliansons et Monologues anriens et nouveaux tSOOO titres), Masie. Hypnotisme pratique (résultais garantis), Prestidigitation. Harmonicas, Lampes électrique» perpétuelles. AMUSEMENTS DE TOUTES
SORTES, Scienics occultes. Librairie ultra-comique et spéciale : P.mr apprendre seul
toutes les danses, Ai t de se faire aimir. Secrets pour gagner t'.c l'argent dans toutes les
professions. Sports, .leux. Pouvoir de la volouté assurant la réussite en tout, etc.v etc.
Ce pBî'ERUE CATALOGUE ILLUSTRÉ 120 pages, 200 dessins désopilants, 20 000 lignes
de lecture procurera à TOCS des milliers d'heures joyeuses. — Envoi sur denMwfo
accompagnée de UN fr. Maison GOBIN, 9, ooul. St-Martin, PARIS (3'). Seine 23S.421
^3^
s£TR
Albuin de* Ceintures-Maillots gratis «rr
demande. Exposition et application tous
le» joun par Dames, spécialistes, de 8 à 7 h. (Dimanches
et Fêtes de 8 i 12 h.) dans les nouveaux Salor* de
.:4A. 4 w^-V^RR:*t>iJ^TOnQLO>ARisr;-SRS
ilHifiimi
LE 30 MARS 1924
iiiiiiiniiiiitiitiiiiiiniiiiiiniinitMiniiniiiiiHiiiiiHiiuniHHiiiHiiiiiMiiiiiiiiiiiiiiMiiitiiHiiiitiiiii
3
iiuifiiiittiiitiiiitiiiiiiiiiiiiiiiiiiitfiiiiiiiiiiiiiiiitnffMitiiiiiiiitnitiiDitiiiiiiiiiiitui
NO
E
N" 57
mimir
DlMANCHE-lLLUS
REFLEXIONS DU DIMANCHE
ENTRE NOUS
D
médecins, M. David Harris, de
Londres, et le docteur Crile, de NewYork, viennent de déclarer la guerre
à Morphée, le vrai maître des dieux, puisqu'il
soumet Jupiter lui-même à sa loi.
— Dormir, affirment ces docteurs, c'est
perdre du temps et Time ts money ! De plus,
c est la vie même. S'endormir, c'est mourir
un peu... Supprimons le sommeil et nous
vivrons, en réalité, quinze ou vingt ans de
plus.
Le sommeil est, paraît-il, le résultat d'un
véritable affaiblissement cérébral Notre
cerveau est fatigué, nous devenons " vaseux "
et voilà pourquoi nous avons envie de dormir.
Nos deux savants ont donc pensé que s'il
était possible de recharger notre substance
grise, tout comme on recharge une pile électrique, nous laisserions passer le " marchand
de sable" et ne songerions plus à nous
mettre au lit. Poser le problème, c'était le
résoudre, surtout pour des savants américains... Grâce à un peiit appareil électrochimique qui s'applique sur les tempes, vous
pourrez, désormais, vous moquer du dieu
Morphée et passer autant de nuits blanches
que vous voudrez dans votre bureau, dans
votre laboratoire ou dans les cabarets de
Montmartre.
Quant à moi, j'aime autant vous le dire tout
de suite, je n'achèterai pas cet appareil somnicide. Je tiens, en effet, Morphée pour le
plus bienfaisant, pour le plus aimable, pour
le plus charmant des dieux...
Je suis, en effet, de l'avis des Arabes qui
disent :
— Il vaut mieux être assis que debout,
couché qu'assis et endormi qu'éveillé !
Morphée chasse nos soucis et nos chagrins,
il égalise les conditions sociales et rend
même plus heureux le vagabond qui ronfle
sur son banc que le millionnaire qui se
retourne sur son lit de plumes sans trouver
le sommeil...
La Belle au Bois dormant hit réveillée,
après cent ans de léthargie, par le Prince
charmant qu'elle épousa... Le conte finit là,
mais j'imagine que, par la suite, -la zizanie
se mit dans le ménage : c'est souvent ainsi
que se terminent les romans d'amour.
Si bien qu'un jour, la Belle qui, au bois,
avait tant dormi, dit à son mari :
— Ah ! pourquoi êtes-vous venu me
déranger ? j'étais si heureuse au pays des
songes !
EUX
L
A plus indispensable de toutes les défenses
est celle-ci : Ne vous vengez point.
Le temps le plus inutilement gaspillé
est celui passé à se venger.
Et ce n'est pas seulement une perte de temps,
mais aussi de matière cérébrale, de force nerveuse,
de vitalité, de richesse de l'âme et de réserve de vie.
Le désir de vengeance est la plus dangereuse
des passions qui puissent asservir l'être humain.
Lorsque vous désirez blesser qui vous a blessé, vous
souhaitez une chose qui vous irrite pendant que vous
l'espérez, vous désappointe quand vous l'obtenez,
et vous rend ensuite mécontent de vous-même.
Vous ne pouvez espérer traverser la vie sans rencontrer des gens qui vous blesseront. Il y aura ceux
qui vous railleront, ceux qui vous trahiront, ceux
qui vous duperont, ceux qui vous envieront, sans
compter tout l'essaim mesquin, malicieux, méchant
el venimeux des guêpes el des moustiques humains.
Si vous vous mettez à les poursuivre et à les
punir, il ne vous restera plus de temps pour faire
autre chose.
Si vous les laissez préoccuper votre esprit,
Votre paix intérieure en sera empoisonnée ; votre
caractère s'aigrira, et c'en sera fait de votre
sommeil. Vos heures de loisir elles-mêmes ne
seront plus que mécontentement.
Oubliez !
L'essentiel n'est même pas ici de pardonner
l'offense, c'est de l'oublier.
Avancez !
Il y a trop à faire dans la vie pour perdre son
temps à lutter contre des abeilies.~La vie est trop
riche pour qu'on y introduise la pauvreté de la
haine. Laissez passer ! Avancez !
Votre ennemi a besoin d'une correction, c'est
certain. Mais qu'est-ce que cela peut vous faire ?
La question qui vous intéresse est celle-ci : De quoi
a"ez-vous besoin ? Vous avez besoin de repos
d'esprit, de calme et de contentement; el les
pensées de vengeance ne peuvent que vous troubler.
Lorsqu'un homme vous fait tort, laissez-le
simplement tomber. Qu'il disparaisse de votre
vie l Adieu ! Il ne manque pas de gens plus
intéressants que lui. Pour ce qui nous concerne,
il est un citoyen indésirable, et nous ne voulons
plus avoir rien de commun avec lui. Au suivant !
Pourquoi redresser les torts ? Ils se redressent
toujours automatiquement, mieux que nous ne
saurions le faire.
Nous ne nous rendons pas compte de l'activité
naturelle, automatique, égalisante du monde
spirituel. Elle est plus précise qu'une invention
mécanique. Lorsqu'un homme fait le mal, il
obtient le mal, un jour ou l'autre inévitablement.
Ne vous inquiétez donc pas de lui. A quoi bon
vous tourmenter ?
Dans quelles profondeurs de souffrance le
désir de revanche n'a-l-il pas plongé le monde !
Que de corps mutilés n'a-l-on pas entassés déjà
sur les autels de la vengeance !
Lorsque le Christ a parlé de tendre l'autre
joue, il ne prêchait pas_ un impossible idéalisme,
mais le simple bon sens.
Les gens qui arrivent spirituellement sont ceux
qui oublient.
Voici une devise que vous pourriez peindre
sur votre mur afin de la voir tous les jours, au
plafond de votre chambre afin de la voir quand
vous vous éveillez la nuit, dans votre esprit afin
que vos pensées la lisent au passage, dans votre
cœur, où elle exercera une influence apaisante
sur toutes vos émotions : une injure ne peut
blesser que si l'on s'en souvient.
La plus noble vengeance est donc d'oublier.
SOYONS AU COURANT...
... des nouvelles taxes sur les automobi'es
Sénat vient d'adopter les dispositions
L volée?
par la Chambre, en ce qui concerne
E
les taxes qu'auront à payer les automobilistes. A compter du premier |our du trimestre suivant la promulgation de la loi liscale, les droits sont ainsi fixés :
Sommes à payer annuellement :
1° Motocyclettes avec sidecars : par motocyclette avec sidecar. 60 francs ;
2° Cyclecars : par cycîcoar, 120 francs;
3° Voitures automobile? assujetties à un
tarif de transport arrêté pai une autorité publique : par cheval-vapeur ou fraction de cheval-vapeur, avec minimum d'imposition de
5 chevaux-vapeur, 36 francs ;
4" Véhicules automobile? antres que ceux
figurant dans les trois catégorie? précédentes :
du premier au dixième cheval-vapeur avec
minimum d imposition de 5 chevaux-vapeur :
du premier au dixième cheval-vapeur. 36 tr :
au-dessus du dixième cheval-vapeur 44 fr.
Pour les voitures servant au transport des
personnes, les chevaux-vapeur au-dessus du
TL y a sur terre de nobles êtres. Ils forment la vingtième sont taxés à raison de 52 Irancs psr
cheval-vapeur.
véritable aristocratie de l'humanité.
Le véritable aristocrate est au-dessus de la
nature. Il ne craint ni les événements ni le destin. ... du prochain accueil que réserve Paris
Il ne craint pas ce que l'Univers peut lui faire. aux souverains de Roumanie
Il est au-dessus de lui-même. S'écouter soi-même
E roi et la reine de Roumanie dont on a
est le fait du commun.
annoncé la venue à Paris seront reçus,
Il est au-dessus de son corps. Ses plaisirs
habituels ont passé définitivement du plan de le 10 avril prochain à l'Hôtel de Ville. Cette
son corps au plan de son âme et de son esprit. réception, à laquelle assistera le président
Il est au-dessus de sa réputation. Il ne se vante de la République, accompagné de M'"1' Millepas. Il ne recherche ni l'attention ni la louange. rand. sera entourée du plus grand éclat. On a
Il est au-dessus de ses plaisirs. Il peut les prévu le même cérémonial que pour la réception du président Masaryk. La décoration
accepter, il ne se laisse jamais conduire par eux.
Il est au-dessus de ses chagrins. Le désastre de la salle Saint-Jean, où seront reçus les souou l'injustice en s'abattant sur lui n'arriveront verains à leur arrivée, et celle du salon des
Arcades, où auront lieu les présentations,
pas à lui donner de l'amertume.
Il est au-dessus des choses. Il évite le luxe, s'annoncent comme devant être particulièrevulgaire et injuste. Il est caractérisé par une noble ment réussies.
simplicité.
Il ne doit jamais rien â personne il n'est ... d'un renouseau du sport hippique en
jamais plat devant ses supérieurs, ni dur avec ses France
inférieurs il n'est jamais follement enthousiaste et
E concours hippique annuel bat son plein
jamais pessimiste, il n'est jamais dégoûté de la
à Pans présentement, et donne lieu à des
vie et jamais effrayé de la mort.
démonstrations, à des exercices fort suivis et
FRANK CRÂNE.
appréciés. Les amazones s'y sont montrées
en certain nombre, et 1 on y a même vu un garçonnet de neuf ans accomplir, sans étriers, des
prouesses que pouriai! envier plus d'un cavalier adulte. Il est à remarquer que ce concours
hippique a attiré une loule plus considérable
que son prédécesseur. Les chevaux semblent
exercer un renouveau d'attrait qui se maniVENDREDI 4 AVRIL
LUNDI 31 MARS
feste, d'ailleurs, un peu partout. îl est de bon
Lever du soleil : 5 h. 33 - coucher : 18 h. 18. Lever du soleil : 5 h. 24 - coucher : 18 h. 24. ton de savoir monter à cheval comme il redeLever de la lune : 3 h. 59 - coucher : 14 h. 15. Lever de la lune : 5 h. 49 - coucher : 18 h. 37. vient à 1J mode d'avoir son attelage au bois.
N'est-ce pas bien caractéristique dans ce siècle
fN médecin psychiatre de mes amis
Le jour croît : 3 m. matin ; 1 m. soir.
Le jour croit : 2 m. matin ; 1 m. soir.
de l'automobile, et n'était-ce pas intéressant
prétend que nous ne consacrons pas
Saint AMBROISE : 95e jour + 271.
à noter ?
Saint BENJAMIN : 91e jour + 275.
assez d'heures à ce repos complet qu'est le
sommeil.
SAMEDI 5 AVRIL
... des dernières actualités de l'aviation
— Trop de nos contemporains et de nos MARDI 1er AVRIL
N sait que, récemment, quatre aviateurs
contemporaines, m'a-t-il déclaré, se couchent Lever du soleil : 5 h. 31 - coucher : 18 h. 20. Lever du soleil : 5 h. 22 - coucher : 18 h. 26
militaires américains sont partis de Santaà des heures indues et se lèvent alors que Lever de la lune : 4 h. 30 - coucher : 15 h. 22. Lever de la lune : 6 h. 14 - coucher : 19 h. 40.
Monica pour accomplir le tour du monde et
Le jour croit : 2 m. matin ; 2 m. soir.
n'est pas terminé, dans l'organisme, le travail
Le jour croit : 2 m. matin ; 2 m. soir.
font route actutilernent sur le Pacifique et
de reconstitution pour lequel la nature exige
Sainte IRÈNE : 96e jour + 270.
les îles Aléoutiennes. Lt voici qu'à leur tour
e jour + 274.
Saint
HUGUES
:
92
du calme et du temps. Nous dormons mal,
Paris : Au Gaumonl Palace, à 14 heures, trois aviateurs anglais prennent leur vol de
nous ne dormons pas assez, et comme nos
Paris : Salle des Ingénieurs Civils, soirée grand gala de l'Aviation française suivie d'une l'aérodrome de Calshot, près de Southampton,
existences sont de plus en plus fiévreuses,
pour réaliser la même performance. C est un
de propagande en faveur de la boxe française. tombola..
tourmentées, compliquées, épuisantes, nous
itinéraire de près de 37.000 kilomètres qu'il
tombons du tournis dans le tracassin et, de
faut couvrir, après avoir disposé minutieuseDIMANCHE
6
AVRIL
MERCREDI 2 AVRIL
ment des relais et des points de secours, munis
là, dans la neurasthénie finale.
11 y a du vrai, certes, dans cette expli- Lever du soleil : 5 h. 29 - coucher : 18 h. 21. Lever du soleil : 5 h. 20 - coucher : 18 h. 27. de tout le matériel nécessaire à la marche et à
cation de la névrose universelle. Si tant de Lever de la lune : 4 h. 58 - coucher : 16 h. 28. Lever de la lune : 6 h. 40 - coucher : 20 h. 42. la réparation des Appareils, lesquels sont des
hydravions.
Le jour croît : 2 m. matin ; I m. soir.
gens sont perpétuellement de mauvaise
Le jour croît : 2 m. matin ; 1 m. soir.
Peut-on ne pas payer un tribut d'admirae
humeur, c'est parce qu'ils considèrent
PASSION : 97 jour + 269.
tion
et de sympathie aux hommes audacieux
e
Morphée comme un dieu subalterne et ne Saint FRANÇOIS DE PAULE : 93 jour + 273.
Réouverture de l'hippodrome de Long- qui vont entreprendre un tel voyage au nom
fréquentent son temple silencieux que le
du progrés ?
champs.
moins possible. On les voit plutôt chez JEUDI 3 AVRIL
Course
cycliste
Paris-Roubaix.
Plutus où il y a toujours un monde énorme
des nouvelles inventions de T. S. F.
Lever du soleil : 5 h. 27 - coucher : 18 h. 23.
Lens : importante manifestation sportive
et où personne, en dépit de la fable, ne
Lever de la lune : 5 h. 24 - coucher : 17 h. 33. avec le concours du boxeur Carpenlier, au
ES amateurs, chaque jour plus nombreux,
songe à sommeiller.
Le jour croît : 2 m. matin ; 2 m. soir.
qui s'adonnent à la téléphonie sans fil,
profit d'un monument à élever aux morts de
Les avides, les ambitieux, les méchants
savent qu'il n'est guère possible, actuellement,
e jour + 272.
la
ville.
Saint
RICHARD
:
94
aussi, ne dorment guère... Le sommeil est
de faire de la réception en haut-parleur sans un
une des preuves de l'innocence, une des
appareil à lampes.
récompenses de la vertu, une des formes
Voici qu'un chercheur, depuis longtemps
f
de la santé morale et physique.
connu pour ses remarquables travaux, l'abbé
AUJOURD'HUI
DIMANCHE
30
MARS
Nous ne redeviendrons raisonnables que
Tauleigne, à qui le Comité de la fondation
Carnegie attribua en octobre dernier sa grande
lorsque nous nous serons détendu les nerfs
Au Trocadéro : à 9 h. 30, solennité à la mémoire du président Wi'.son. — Egliss
médaille d'argent, vient d'imaginer un nouveau
et reposé l'esprit en écoutant les conseils
Saint-Lou:s des Invalides : à 10 h. 30, service solennel pour les morts ds
récepteur ultra-sensible, avec lequel il est
de la bonne, calme et sage Nuit.
l'Ar.ronne. — Course de côte motocycliste à Argenteuil.
facile d'entendre sans lampes ni accumulateurs
JEAN STYLO.
J les radio-concerts en haut-parleur.
L
L
LA SEMAINE PROCHAINE
* * *
O
L
tamilillli
DIMANCHE-ILLUSTRÉ
tiiiiiiiiillllllflllIlttflGIlllllllllllltlllflltllliilillieiiita9lllllfllllllltli:illitllciinin:itllllBi
4
Hii:nMn.!iiiniiMniiniuniPMiiHiJi:tMi!niiHi:MiiiM!iMn:ininiiu:iii:uiiMii!itt[iilliMinilliiilii
£,E 30 MARS 1924
HUlli
LA SEMAINE QUI VIENT DE S'ÉCOULER
13e Semaine de t Année — Reste à courir 39 semaines
LE
F R A N r
A
LONDRES
L'EXPRESS DE BALE
LE CABINET POINCARÉ
DEMISSIONNAIRE EST LES ENTRETIENS ENTRE TAMPONNE UN TRAIN LA BAISSE DE LA LIVRE
BIENTOT RECONSTITUÉ MM. MAC DONALD DE MARCHANDISES S'EST POURSUIVIE AU
COURS DE LA SEMAINE
La catastrophe cui s'est produ tz
ET DE SAINT-AULAIRE
A la suite d'un vote sur la loi
des pensions, M. de Lasteyrie
avait été mis en minorité.
M
matin, à la suite d'un vote
sur la loi des pensions, avant lequel !e
ministre des Finances avait posé la
question de confiance, le cabinet, mis en minorité par 271 voix contre 264, dut démissionner.
M. Poincaré, avec la
plupart des membres du cabinet, se rendit chez le président
de la République. Ce dernier insista auprès
du président du Conseil pour que le cabinet
se représenlât le jour même devant la Chambre. M. Poincaré rédigea la lettre de démission du cabinet.
Rappelé le soir à l'Elysée, M. Poincaré
remit au lendemain la réponse à la demande
qui lui était faite de reconstituer le cabinet.
L.a réponse de M. Poincaré fut affirmative.
Et le cabinet fut remanié comme il avait été
prévu, après que le président du Conseil eut
pris l'avis de différentes personnalités poli-
L
tiques.
M. VON KOESCH AU QUAI D'ORSAY
ERCREDI
LE PRIX DES DENRÉES
La hausse du franc a déjà eu pour résultat
de provoquer dans les prix de gros de certaines
marchandises, notamment des denrées alimentaires, une baisse sensible.
M. Naudin, préfet de police, vient de prescrire aux services de surveillance de la préfecture de vérifier, dans tous les quartiers de la
capitale, si les prix affichés pour la vente au
détail sont en concordance avec les prix de
gros.
Des sanctions seront prises contre les contrevenants.
LA GRÈCE EST EN RÉPUBLIQUE
Mardi dernier, i Assemblée nationale grecque
a voté la déposition de la dynastie cl l'établissement de la République.
La ligne de conduite du nouveau gouvernement consiste dans l'application des traités
et la consolidation de la paix, et en conséquence dans l'entente amicale avec tous les
pays étrangers. E lle tend, en particulier, au rétablissement d'étroites relations d'amitié et
de confiance avec les trois grandes puissances,
à l'amélioration de nos rapports amicaux avec
l'Etat des Serbes, Croates et Slovènes au
resserrement plus étroit de nos relations amicales avec la Roumanie, au développement des
bonnes relations avec les deux pays voisins
ainsi qu'avec l'Albanie.
CN ARRÊTE TROIS ESC RDC S
On a arrêté dimanche trois aigrefins dont on
suivait la piste depuis quelques jours et qui
ont commis pour plus de 2 millions d'escroqueries
Ils achetaient des marchandises sans les
payer, les revendaient rapidement à bas prix
et s enfuyaient. Le procédé étail simple. L'un
d'eux, nommé Lambrecht, avait été arrêté
i) y a quelques semaines ; mais il ne dénonça
pas ses complices, Eugène Cliaize et Deminique Parodi. qui devaient cependant être
arrêtes peu après. Les escroqueries commises
à Versailles Saint Ouen.PariS. Turin atteignent
près de 2.500.000 francs.
UNE BIJOUTERIE CAMBRIOLÉE
BOULEVARD HAUSSMANN
Dans la nuit de lundi à mardi, un cambriolage
a été commis boulevard Haussmann 11 bis.
Des bandits se sont introduits dans la boutique
de bijouterie de M. lsaac Tillèse et ont dérobé
pour 400.000 francs de valeurs et bijoux.
Quand le bijoutier vint, à 7 h. 30 du matin,
il put constater que les malfaiteurs étaient
parvenus à soulever le rideau de fer qui clôt
le magasin, à découper une glace pour se (aire
un passage, et à éventrer à la dynamite le coffrefort contenant des bijoux et des valeurs.
Le magasin avait déjà été dévalisé il v a six
ans, ce qui n'avait pas engagé le bijoutier à
s'assurer contre un nouveau vol.
entre Metz et Strasbourg a fait
neuf morts et 15 blessés.
La question de la sécurité
a été envisagée.
à 11 h. 30 a eu lieu, au Foreign
Office, entre MM. Mac Donald Premier anglais, et le comte de SaintAulaire, ambassadeur de France, un entretien
diplomatique dont on connaît les grandes lignes.
Le comte de Saint-Aulaire a insisté sur
l'impossibilité où se trouve le gouvernement
français de renoncer aux gages productifs qu'il
a saisis, à moins que les alliés ne s'entendent
pour leur substituer des garanties aussi efficaces dans le règlement d'ensemble, dont les
comités d'experts s'efforcent de ieter les bases.
Au sujet de la question de la sécurité, le
comte de Saint-Aulaire a montré que la stabilité du règlement que préparent les experts en
matière de réparations, dépendra essentiellement du degré de sécurité que l'on saura donner
à 1 Europe.
UNDI
L'ambassadeui d'Allemagne, M. von Hoescbs'est rendu, samedi après-midi, au ministère
des Affaires étrangères, où il a eu un entretien
avec M. de Peretti de La Rocca, au sujet des
affaires courantes.
Il a été question des otages allemands qui
furent arrêtés, sur l'ordre du gouvernement
français à la nouvelle de l'arrestation du capitaine français d'Armont. attiré dans un guetapens hors du territoire suisse, et qui vient
d'être condamné à douze ans de travaux
forcés par la haute-cour de Leipzig.
LE PROFESSEUR QUIDDE
REMIS LN LIBERTÉ
D'après les décisions prises par le tribunal
populaire de Munich, le professeur Quidde
a été remis provisoirement en liberté. L'enquête
ouverte contre lui se poursuit.
UN DISCOURS DU CHANCELIER MARX
L
UNDI, à 2 h. 2 du matin,
le train international numéro 2 allant de Calais à
Bâle, et qui part de Metz à 1 h. 45 pour
arriver à Strasbourg à 3 h. 19, a tamponné
le train de marchandises 6028 qui s était
garé sur une ligne secondaire pour le laisser
passer.
L'express était composé de trois voitures
directes Calais-Bâle, d'un wagon-lits OstendeConstantinople, et de diverses voitures en
provenance d'Ostende ou du Luxembourg et à
destination de Milan, Bâle ou Strasbourg. Il
avait été aiguillé sur la voie de gauche et avait
trouvé son disque ouvert. Régulièrement, ce
train prend la voie de droite.
L'Ostende-Bâle s'engagea sur cette voie et
heurta les wagons de queue du train de marchandises. La locomotive de 1 express se
coucha sur le côté gauche. Le fourgon à bagare;
et celui des postes, ainsi que les deux voitures
de troisième classe qui venaient ensuite, furent
complètement broyés. Quant au train tramponné, une dizaine de wagons contenant du
charbon furent mis en miettes.
On retrouva neuf cadavres. Ceux de
MM. Jean-Baptiste Camous, soldat à la
50e section technique de télégraphie militaire
à Nice ; Gustave-Modeste Carrez, cavalier au
3e hussards, à Strasbourg ; Nicolas Dutreux,
mécanicien du chemin de fer du dépôt de
Halsbergen ; Henri Baer, serrurier du chemin
de fer, 63; rue du Maréchal-Foch, à Hayange ;
Jean Weiss, cultivateur à Schleithal (BasRhin) ; Mme Noémie Lambert, née Dumont.
marchande foraine, née à Joigny (Yonne),
mai? dont on ignore encore le domicile ;
M. Camille Ruckly, conducteur du train tamponneur, demeurant à Strasbourg; M. Lamberger, chauffeur aux Sablons qui a succombé
à l'hôpital de Sainte-Blandme, à Metz, où il
avait été transporté.
Les blessés sont au nombre de quinze.
Trois d entre eux se trouvaient dans le train
de marchandises ; tous les autres dans le
rapide.
L aiguilleur Farny a été arrêté. Il dormait
au moment du passage de l'express.
A ELBERFELD
Le chancelier Marx, qui est soumis à la
réélection comme membre du Reichstag. a
ouvert la période électorale en prononçant
à Elberfeld un très important discours.
11 y a dit que c'est en exécutant ses obligations que le peuple allemand arrivera à
s'affranchir. Le Dr Marx a fait particulièrement
ressortir que ces charges sont bien lourdes,
mais il n'engage pas les Allemands à les éluder.
Et il ajouta que l'on se pénètre d autant plus
de la nécessité d'une politique d'exécution que
l'on se rapproche des territoires occupés.
Ce discours semble indiquer que les Allemands commencent à envisager avec netteté
la situation créée par leur résistance. Les
paroles du chancelier et celles prononcées
le même jour par M. Stresemann à Darmstadt
sont dans une nets conciliante, qui paraît
s accorder avec les 1 ruits qui courent sur le
contenu du rapport des ex ertj.
ïJi MORT DU GÉNÉRAL NIVELLE
La devise anglaise
au-dessous de 80 francs.
L
A livre, qui clôturait mercredi après Bourse
à 84,50 et qui s'inscrivait à ce cours jeudi
matin, revenait l'après-midi à 84,13 et
accentuait encore son recul, après Bourse,
pour finir à 83,97.
Le dollar, qui oscillait la veille de 19,63 à
19,72, enregistrait, de son côté, un léger fléchissement. Il clôturait en Bourse à 19,60 et
finissait, à dix-huit heures environ, à 19,55.
Au cours de la huitaine, la livre continuait
son mouvement de baisse, arrêté pendant
quelques heures à l'annonce de la crise ministérielle. La baisse reprenait le lendemain d'ailleurs, et l'on atteignait jeudi matin au taux
de 79,50, qui passait, vendredi matin, à 79.
Le dollar, de son côté, pour moins rapide
que soit la baisse de son cours, faisait cependant, vendredi matin 18,38.
C'est, on le voit, au cours de cette dernière
semaine, une baisse de quelques francs1 sur
la livre et de plus de un franc sur le dollar.
MEMENTO
POLITIQUE
21 mars — 6323 millions, chiffre des nouveaux
impôts acceptés par les Assemblées. Il est en excédent de
89 millions sur les chiffres prévus.
ÉTRANGER
21 mars — Les employés des tramways et autobus
de Londres se mettent en grève.
LÉGION
D'HONNEUR
22 mars. — Le champion de l'aviation, Sadi Lecointe,
est promu officier de la Légion d'honneur.
NÉCROLOGIE
21 mart. — Le peintre Cormon, blessé au cours de
la journée par un taxi, rue de Rome, meurt dans la
nuit : il aval! soixante-dix-huit ans
22 mars. — M Jean Cazelles, sénateur du Gard,
meurt à Paris.
FAITS
DIVERS
23 mars. — A la direction des Domaines et du Timbre
du département de !a Seine, rue de la Banque on vole
310.000 francs en timbres de 300 francs.
24 mars — Deux malfaiteurs, qui avalent dévalisé un
Russe el lui avaienl vole 103 francs, sont arrêtes rue de
la Roquette Ce son! les nommés Bletry et Leblanc
— On arrête, rue Aubert, un ingénieur lithuanien qui
tentait de changer un faux billet de 20 dollars.
Quelques jours après le général Pellé. le
général Nivelle, qui fut, après le généra) Joffre,
commandant en chef des armées françaises,
est mort samedi à son domicile de la rue de la
Tour.
SPORIS
On se souvient du rôle qu'il joua et de la
21 mars — Le Conseil de la Fédération Irança'sc de
malchance qu il connut au printemps de 1917, rugby suspend Lasserre, capitaine de l'équipe de France,
et qui lui valut d'être très discuté; quelques pour un mois. Motil : une letrre de Lasserre à le Fédésemaines après, il était remplacé comme géné- ration estimée blessante pour celle dernière
22 mars. — Au camp d'Avord, un avion militaire
ralissime par le général Pétain.
Les obsèques du général Nivelle ont été capote. L adiudant Tessyeux et un civil de ses amis,
célébrées, mercredi, au temple de l'Étoile, M Pajot,' sont tués
— Le concours hippique commence au Grand Palais
avenue de la Grande-Armée. Sur la tombe du
des Champs-Elysées.
chef disparu, M. Maginot prononça un dis— Le Cross des Cinq Nations est gagné par l'Anglecours, au cours duquel il dit quelle reconnais- terre : le premier français, Mandés, se classe sixième.
sance la France devait garder à l'ancien géné— A Rome, le maître Français d'escrime Haussy
ralissime.
est battu de une louche par l'épéiste ital'en Sassone.
Le maréchal Focli assistait à fa rencontre, en compagnie
du prince héritier d'Italie et de M Mussolini.
LA RÉORGANISATION DES CADRES
23 mars — Le coureur allemand Witlig lait ses
débuts au vélodrome Bufialo où il est acclamé.
DE L'ARMÉE
• — A Berlin, !e stayer français Miquel est. lu' aussi,
UN DISCOURS DE M. MUSSOLINI
La Chambre a discuté et adopté mardi matin l obiet d'ova lions
L Aviron bayonnais bat. en rugby le Racing.
A b occasion de la célébration du cinquième le projet de loi sur l'organisation des cadres des
par 11 points à 6.
anniversaire de la fondation du fascisme. réserves de l'armée de terre.
25 mars — L'aviateur Plenderleith, pilotant un avion
M. Mussolini a prononcé, au théâtre Costantzo,
Les expressions : officiers de complément
amphibie portant M Mac Laren, chef d'expédition, et
et
V assimilés
disparaissent entièrement. le sergent Andrews, quitte Southampton pour la preun grand discours politiciue :
" La liberté n'est pas un droit, a-t-il dit, Il n'y aura plus que des officiers de réserve. mière étape d'un tour du monde aérien 11 atterrit dans
mais un devoir. Lorsque dans un pays il est La possession de leur grade leur est garantie de le brouillard au Havre II atteignait le lendemain Lyon.
permis de faire campagne pour la liberté, c est façon précise. Leurs positions, calquées sur
la meilleure preuve que la liberté existe. Le celles de l'officier de l'armée active, sont netteLOIS ET DÉCRETS D'INTÉRÊT GÉNÉRAL
gouvernement n'est pas inquiet. Après les élec- ment définies : ils pourront être dans les cadres,
PARUS A L' " OFFICIEL
tions, le gouvernement fera fonctionner le Par- hors cadres, en disponibilité, admis à l'honoralement pourvu que le Parlement fonctionne. riat. etc. ; ils pourront accéder à tous les grades
25 mars — Arrêté du sous-secrétaire d'Etal des Postes
On allégera les charges fiscales du peuple italien. jusqu'à el y compris celui de lieutenant-colonel ; aux termes duquel les limbrts spéciaux des ]tux OlymOn doit e Iler vers l'équilibre budgétaire. On l'identification pour la solde sera complète en piques de 1924 seront mis en vente dans les bureaux de Poste,
du
avril au 31 juillet inclus.
allégera aussi la pression politique. Mais il période d'activité.
La principale innovation consiste dans la
faut que nos adversaires se résignent au lait
création d'un cadre nouveau, celui des " assiaccompli.
OJ peut-on vendre ses bijoux dans les
" Qui n'est pas avec nous, conclut M. Musso- milés spéciaux , qui ne vaut qu'à l'égard du
meilleures conditions ?
lini, est contre nous. Il faut aller de l'avant. Il personnel spécial de l'établissement ou du service
auquel
appartient
le
gradé,
étant
entendu
faut faire l'Italie grande, voilà le but du fasONSULTEZ M. Mazer. qui achète tous
que l'emploi civil, occupé en temps de paix par
cisme auquel nous ne faillirons pas.
bijoux, brillants, perles, or, argenterie, etc.,
" Au cas cù la nécessité l'imposerait, toutes un officier de réserve, ne lui donne pas le droit
à des prix inconnus. Bureau d'acliats,
les chemises noires se lèveraient et nous ferions d'écarter un emploi dans les unités combat- 48
rue Richer, au deuxième étage. To»'es
ce que nous n'avons pas fait en octobre 1922. " tantes.
expertises gratuites (12" année).
C
HIIIIIIIII
L£
30
MARS 1924
uuiiiiniiiiii
n
iiiniiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiuiiiiiiiiiiiiiiiuiiiiiiiiii
LES
5
ROMANS
•■■■■■uiuiiiiiHMiiiiiiiiHiiiiiiiiHiiiiHiiiiiiiiuiiiiiiiiiuiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii
DE
LA
DIMANCHE-ILLUSTRÉ
mimn»
VIE
LE PEINTRE REMBRANDT
PRINCE DES TÉNÈBRES
par
FUMCK-BEENTÂ
Ce peintre unique, ce maître prestigieux de l'ombre et de
la lumière, dont les tableaux sont autant de merveilles,
méritait de trouver sa place ici, car sa vie, comme son
œuvre, fut d'un intérêt puissant et sans cesse renouvelé.
La postérité nous dit ce que fut l'artiste. L'historien
Funch\-Brentano Va nous dire ce qu'était l'homme.
REMBRANDT,
par lui-même
s'accorde aujourd'hui à considérer
Rembrandt comme le plus grand
peintre que le monde ait connu : la
magie de la lumière répandue dans
ses tableaux est enchanteresse ; c est
un soleil divin, qui a brillé dans son
génie, car vous le chercheriez en vain dans les
jeux de la nature. Ce titre " prince des ténèbres " lui a été donné par ses contemporains, et à propos de son œuvre la plus
célèbre, la fameuse Ronde de nuit.
Rembrandt naquit en Hollande, à Leyde, le
15 juillet 1606, sur les bords du Rhin. Son
père était meunier et sa mère fille d'un boulanger. La Hollande sortait de ses grandes
luttes contre l'Espagne pour son indépendance,
et allait entrer dans une ère de prospérité
admirable, singulièrement favorable aux arts.
Le moulin paternel se dressait sur les bords
du Rhin, proche de son embouchure et, de cet
emplacement, était appelé " van Riju ", c'està-dire " du Rhin ", désignation qui devint le
nom de famille de notre artiste, car " Rembrandt " était son prénom.
Enfant de dix ou douze ans, le petit Rembrandt se lia d'amitié avec le fils d'un brodeur
du voisinage, nommé Jean Liévens. Ce dernier
avait de grandes dispositions pour le dessin et
trouvait son plaisir à crayonner, du matin au
soir, dans l'atelier paternel où des figures de
rêve naissaient du métier du brodeur, parmi les
fleurs et les verdures décoratives : aussi l'atelier
Liévens devint-il pour l'enfant du meunier
un lieu de délices où se forma sa vocation.
Rembrandt et Liévens apprirent de compagnie le métier de peintre qui était alors un
métier véritable, soumis à toute la réglementation des corporations ouvrières. La ville de
Leyde possédait quelques artistes de valeur et,
à la foire annuelle, les deux jeunes gens,
Rembrandt et Liévens, vendaient pour quelques stuivers — nous dirions pour quelques
sous — les gravures sorties de leur presse, en
une petite baraque en plein vent, semblable à
celles que nous voyons sur les boulevards à
l'approche de Noël et du jour de l'An. Un
tableau que les jeunes artistes firent en collaboration, la Présentation au Temple, aujourd'hui
conservé au Musée de La Haye, attira sur eux
l'attention des connaisseurs. Liévens fut
appelé à la cour du roi d'Angleterre et Rembrandt fui mandé à Amsterdam pour une commande importante, la célèbre Leçon d'ahatomie,
également conservée aujourd'hui au Musée de
La Haye.
N
Leçon d'anatomie, peinte par Rembrandt à vingt-six ans, se composait en
réalité d'une série de portraits groupés autour du
professeur de chirurgie Nicolas Tulp, faisant
une démonstration à ses élèves sur le cadavre
d'un supplicié. Le succès en fut prodigieux.
Tout le monde, disent les contemporains,
voulait avoir des portraits ou des tableaux à la
façon de Rembrandt. Nombreuses furent les
personnalités qui vinrent poser devant le
chevalet de l'artiste, et, entre autres, une jeune
et charmante Frisonne — on veut dire : originaire du pays de Frise : Saskia van Vilenburgh. Vilenburgh se traduirait en français
par " le château aux hiboux ". Elle appartenait à une famille noble et riche. Son père,
conseiller à la cour de Frise, avait assisté aux
derniers moments de Guillaume le Taciturne,
assassiné par Gérard le Bourguignon. Le
modèle s'éprit de son peintre et le peintre de
son modèle, si bien qu'ils devinrent mari
et femme le 26 juin 1634. Le fils du meunier
de Leyde épousait une jeune fille charmante,
d'une des plus belles familles du pays et qui
lui apportait en dot 40.000 florins, près d'un
million de francs d'aujourd'hui.
Rembrandt et Saskia firent très bon ménage.
Ils s'aimaient beaucoup. Le peintre a immortalisé les traits de sa femme en dix chefsd'œuvre. Le ménage était dans une large
aisance : Rembrandt, au milieu d'une répu-i
G
mm
J
tation grandissante, gagnait beaucoup d'argent,
quand, tout à coup, dans la vie de notre artiste,
le ciel s'obscurcit pour tourner rapidement
aux plus affreux orages.
Rembrandt travaillait dans la solitude, il
était d'un abord farouche. Il peignait et gravait
en grand mystère, avec des procédés qui
n'appartenaient qu'à lui. C'était, tout autour
de lui, un arsenal d'outils bizarres, de brosses
singulières, de burins et de calâmes inconnus,
de chiffons et de petits tampons imbibés
d'essences mystérieuses pour les frottis, de
vernis aux reflets étranges et dont la senteur
vous prenait à la gorge quand on entrait. Sale,
le plus souvent, sa longue blouse noire, la
culotte même zébrées de couleurs diverses,
car, dans l'ardeur du travail, il y essuyait ses
brosses pour plus de commodité. On eut dit
un alchimiste. Au reste, il fréquentait des personnages aux allures suspectes et qui ne
" disaient rien de bon " aux bourgeois rangés,
paisibles et ordonnés, qui composaient la
société d'Amsterdam. Ajoutez que l'intérieur
même de Rembrandt apparaissait comme un
taudis d'antiquaire : tableaux, gravures, vieux
meubles, glaces vénitiennes, bibelots de toutes
sortes et quelques-uns des plus singuliers,
armures ciselées et damasquinées, velours et
brocarts, cuirs d'Orient et de Cordoue, animaux empaillés, pierres hrillantes, coquillages
aux formes tarabiscotées. Le tout en désordre
et rempli de poussière.
Dans l'acquisition de ce bric-à-brac formidable, mêlé d'œuvres'd'art précieuses et de
merveilleux tableaux, Rembrandt dépensait
des sommes considérables. D'autre part, l'artiste
avait la manie de la spéculation, des spéculations les plus compliquées et les plus aventureuses, comme notre grand Balzac, avec
lequel il a eu d'ailleurs bien des rapports.
Rembrandt va jusqu'à équiper des vaisseaux
qui font le commerce des mers.
La famille de Saskia commence par lui faire
des procès, lui reprochant de dilapider la dot
de sa femme. Rembrandt, habile à peindre,
est inhabile aux finesses du Palais. Des quatre
enfants que lui donne sa jeune femme, les trois
premiers meurent l'un après l'autre ; seul, le
dernier, un garçon, Titus, survit : encore sa
santé est-elle délicate. Enfin, le 19 juin 1647,
Saskia elle-même descend dans la tombe ; elle
avait à peine trente ans. Rembrandt perdait sa
femme chérie, qui avait été le rayon de son
foyer, il la perdait l'année même où il produisait sa fameuse Ronde de nuit, son œuvre la plus
célèbre, la plus importante, la plus intéressante
sans aucun doute. Mais autant les Leçons d'anatomie avait eu de succès, autant la Ronde de
nuit suscita de critiques et d'attaques violentes.
" Prince des ténèbres " l'appelait-on, dans un
esprit de dénigrement, pour critiquer et sa
vie bizarre, cachée, mystérieuse et les ombres
de ses tableaux, sombres et profondes d'où la
lumière jaillissait comme d'une région inconnue.
La compagnie des arquebusiers, qui avait
fait la commande, et son jeune capitaine,
Banning Coq, firent entendre les protestations
les plus vives et, par un de ces revirements
auxquels la faveur du public n'est que trop
sujette, elle se détourna de l'artiste, encensé
jusqu'à ce jour, pour faire place au dénigrement, au dédain, à l'abandon.
Rembrandt a choisi pour nourrice à son petit
garçon une certaine Geertghe Direx, une demifolle, qui se répandra sur son maître en calomnies perfides, dans la vue de se faire épouser, ce
qui produira un nouveau procès dont Rembrandt sortira, il est vrai, à son honneur.
ETTE
UN CHEF-D'ŒUVRE DE REMBRANDT : L'ERMITE EN PRIÈREJ
REMBRANDT ET SA FEMME
Au cours du procès on avait entendu la
déposition d'une jeune paysanne de vingtdeux ans, Henriette Stoffels ; elle deviendra la
compagne de Rembrandt et lui sera une
femme dévouée, bonne et aimante. A Titus,
elle servira de seconde mère. Rembrandt
reproduira, sous les aspects les plus divers, la
douce et bonne expression de son regard, le
charme de son tranquille sourire.
TVTOUS arrivons ainsi à l'année 1656, date terI ^ rible dans la vie du grand artiste. Les navires
que Rembrandt avait frétés sont pris par des
corsaires ; ses créanciers l'acculent à la faillite.
En pleine rue, devant une porte d'auberge,
tout ce que Rembrandt possède de précieux :
les œuvres d'art, les tableaux, les estampes,
les meubles de valeur sont mis à l'encan et ses
propres œuvres. Le tout est enlevé à vil prix et
ne couvre pas la moitié de la créance. La
maison même où il demeure est vendue.
Rembrandt, chassé de chez lui, cherche asile
d auberge en auberge : il est pauvre, il est
l'être pitoyable sur lequel s'acharne la société.
Mais, dans la déroute, l'artiste de génie se
retrouve tout entier. II n'a plus d'autres
modèles que Henriette et Titus, et lui-même.
II est dans la misère, dans le dénûment mais,
sous son pinceau, Henriette, Titus et luimême se parent d'atours resplendissants ;
Henriette devient une princesse des pays
fabuleux, Titus un jeune seigneur couvert d'or
et de brocart, lui-même apparaît en prince,
en boïard ou en roi.
Et le vide se fait de plus en plus grand
autour de lui. Rubens vient en Hollande. II
tient à rendre visite à tous ses confrères, les
peintres hollandais ; il n'en néglige qu'un,
le plus grand, un peintre beaucoup plus grand
que lui-même, il ne néglige que Rembrandt.
Et voici qu'Henriette meurt en 1663; Titus,
qui, sous la direction de son père, promettait
de devenir un peintre de talent, meurt en
1668. Rembrandt reste seul en tête-à-tête avec
son génie, indomptable, indompté, car il peint
toujours et_ d'un pinceau de plus en plus
puissant. N'ayant plus de modèle, il se peint
lui-même, ridé, attristé, désenchanté, avec ses
grands yeux profonds qui vous regardent
jusqu'au cœur. Enfin le pauvre grand homme
meurt lui-même, le 8 octobre 1669, à soixantetrois ans. Un inventaire dressé à son décès constate que " Rembrandt van Riju, peintre sur le
Rozengracht (canal aux roses), ne laisse rien
qui lui appartienne, sauf ses vêtements de laine
et de toile et ses instruments de travail ".
L'œuvre de Rembrandt est immense, il n'en
est pas qui puisse lui être comparée : plus de
600 tableaux, plus de 1.500 dessins, 275 eauxfortes. De lui date la peinture moderne : il est
le véritable créateur de la gravure à l'eau-forte
telle qu'on la pratique aujourd'hui. Nous ne
dirons pas que les œuvres du grand artiste, qui
mourut dans la misère, se couvrent d'or :
car il y faudrait des superpositions de pièces
d'or, pour réaliser les sommes où ils sont poussés
dans les ventes publiques. Et, comme ses
tableaux et ses estampes, la vie même du plus
grand de tous les peintres nous apparaît comme
un chef-d'œuvre, en une constante et indéfectible poussée vers le mieux. A travers tant
d'épreuves, de soubresauts, d'angoisse et de
secousses violentes, d'inconséquences aussi, et
de caprices d'enfant et d'infortunes parfois
méritées, l'artiste n'a jamais laissé fléchir son
rude effort vers l'idéal qu'il avait devant les
yeux. D'année en année, sans arrêt, sans
reflux, l'œuvre se déroule avec la puissance
d'un grand fleuve, pour arriver à la fin de son
cours, en une ampleur, une magnificence et
un calme comparables à ceux du Rhin immense,
au bord duquel le peintre était né, qui lui avait
donné son nom, et qui terminait sa longue
carrière en se perdant avec une majesté
souveraine dans les flots de l'Océan.
FUNCK-BRENTANO.
nu»
DIMANCHE-ILLUSTRÉ
imiiiHiniiHi
iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiniiiiii
LES
Dinaiiiiiiiiinii
i
miiitii
g
M
ll
,l,HI
'iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiitiiiiiiiiiiiiimiiiMiiiiii»i<iii>'i""i'>' <' ""
CONTES
'
LE 30 MARS 1924
•■■■mmn
D'ACTION
LE RAID DU CAPORAL SWEENEY, DESERTEUR
par
J
'vAIS attraper cinq ans, cinq ans au
moins.
La terreur, imprécise jusqu'alors,
commença de prendre corps.
— Cinq ans ! Cinq ans ! murmurait, à la cadence de son pas, le
caporal Sweeney.
Cinq ans ! Cinq ans ! semblaient répéter
les pas de l'autre prisonnier, ceux de l'homme
de garde et ceux du jeune lieutenant, tandis
qu'ils se dirigeaient, par la route des Chinois,
vers le poste de police du camp américain.
Le caporal s'aperçut qu'il bredouillait tout
haut, quand l'autre prisonnier lui dit, avec un
geste furieux :
— Je le sais bien, et moi aussi, j'en aurai
iour cinq ans. Mais, nom de..., je risquerai
e paquet, je vais filer !
— Tu es le pire idiot de tout Pékin, si tu
fais cela, répondit le càporal. Et où qu'c'est
que tu voudrais aller ? Y a pas d'endroit où...
11 se tut brusquement et tourna la tête.
L'homme de garde et le lieutenant étaient
sur leurs tarions, mais, dans le brouhaha de
cette artère encombrée, leur conversation
n'avait pas été entendue. La foule agitée se
précipitait d'un mur à l'autre, comme un torrent dans une vanne de moulin : c était un
grouillement de marchands chinois s enfuyant
en désordre devant un convoi de wagons allemands, tandis que, dans leur sillage, une troupe
de lanciers bengalis s'avançaient à grand fracas
insouciant. Le caporal murmura de nouveau
à l'homme qui grondait tout bas, près de lui :
— Y a rien à faire. On est sûr d'être pincé
avant Tientsin. Pense plus à ça, espèce de
toqué...
Un cri à son oreille lui fit faire un saut de
côté, et il vit l'homme de garde, bousculé par
le flanc d'un chameau porteur, perdre l'équilibre, tandis qu'une rove de charrette le frap>ait par derrière. Le fusil chargé tomba sur
e trottoir aux larges dalles inégales. L'autre
prisonnier, au fracas de la chute, comprit que
c'était la chance qu'il cherchait, et, sans même
songer à faire un crochet dans une des tortueuses ruelles voisines, il s'élança en plein
milieu de la route des Chinois, et la foule saisissant, comme d'instinct, ce qui se passait,
s'ouvrit devant lui, éparpillée par l'épouvante.
Le jeune lieutenant fit sauter son revolver
de l'étui et tira, au jugé, à trente pas, sans beaucoup s'inquiéter s'il y aurait un Chinois à
portée de son projectile. • Au coup de feu, le
fugitif sembla trébucher, puis se reprendre ;
il courut encore quelques pas, se faisant de
plus en plus petit, et s'affaissa dans la boue
immonde du ruisseau. Le lieutenant, immobile, l'œil encore fixé sur le canon du revolver,
considérait sa victime ; l'homme de garde
avait ramassé son fusil boueux et, subitement
Ï
{
RALPH
D.
PAINE
de Pékin, sans arme et sans le sou comme
il était, avec, pour bagage, cinq mots de chinois, un triple sort le guetterait : ou bien il
mourrait de faim, lentement, ou il se ferait
Ralph Paine nous ramène au temps de l'insurrection des
ramasser par un avant-poste étranger, ou bien
Boxers chinois. Le caporal Sweeney, qui fait partie
il tomberait parmi des indigènes hostiles. Il
était aussi incapable de quoi que ce fût qu'un
du corps expéditionnaire américain, n'est pas, tant s'en
homme abandonné sur un radeau en plein
Océan. Les peines qui l'attendaient, s'il était
faut, d'une honnêteté à toute épreuve. Mais on lira ses
pris ou s'il se rendait, lui paraissaient pires
aventures avec intérêt et leur fin logique non sans émotion.
que n'importe quelle mort, car le caporal
Sweeney avait été un bon soldat, habitué à
la rude vie au grand air.
J
La honte le torturait, et il souffrait tour à
tour chacun des destins qui le menaçaient.
ému, près de s'évanouir, il regardait ce sol- feutre. Il revint vers le lieutenant, exténué Cependant, après avoir grelotté trois heurts
dat de son régiment devenu, en un instant, et fort désappointé. L'officier était penché dans sa trappe, il eût accueilli de grand cœur
quelque chose qui avait l'air d'un rouleau de au-dessus du corps de l'autre prisonnier, et la plus petite chance de fuite à l'air libre, loin
couvertures plié en deux sous les pieds de la sur sa figure jeune et haute en couleur se lisait des murs de cette cité de cauchemar.
j
populace chinoise.
un vif chagrin.
Vers minuit, le caporal Sweeney, épuisé,
Ils avaient, tous deux, oublié le caporal,
— J'ai trouvé une charrette vide, dit-il tomba dans le coma, mauvaise caricature du
et celui-ci, près d'eux, assistait à la pitoyable à l'homme de garde. Aidez-moi à porter ce sommeil. Un grattement à la porte en papier
tragédie, les poings crispés. On eût dit qu'ils pauvre diable jusqu'au camp. Il n'a plus besoin et un susurrement d'une voix de fausset le
posaient tous les trois pour un tableau mili- de médecin. Quant à Sweeney, il ne peut pas réveillèrent. D'un bond il fut sur ses pieds
taire. Mais,, presque aussi vite que la mort fuir bien loin. II se cache dans la section amé- et il lança dans le noir son poing, qui passa
qui avait délivré le prisonnier en fuite, il était ricaine et je vais faire téléphoner par le maré- au travers du fragile panneau et atteignit
passé sur celui qui restait comme un désir chal-prévôt de l'état-major ; la garde balayera quelque chose qui céda et qui se mit à gémir :
frénétique de courir. Il savait combien toute le district de bout en bout. L'homme sera
— O.w.w... Â-i-i ! Moi, maître, You Han.
possibilité de liberté était éloignée, combien capturé avant demain matin.
Ça va, y a moyen va bien.
désespérément petites étaient les chances de
Le déserteur étendit son bras musculeux,
ne pas être repris, mort ou vif. Mais le refrain
saisit une poignée de vêtements flottants et
des " cinq ans ! cinq ans ! " lui martelait le
ramena le visiteur à l'intérieur d'un geste
crâne. L'occasion naquit du sacrifice involonA même réflexion vint à l'esprit du fugitif, brusque. Puis, essayant d'étouffer sa voix
taire de son compagnon.
quand, le cœur battant, les jambes molles, rauque :
Le caporal n'avait pas conscience de vou— Oh ! mon gentil petit gars aux yeux
il entra dans une petite cour, très loin au
loir ce qu'il faisait : quelque chose l'entraî- c œur de la ville chinoise, et qu'il se laissa tomber allongés. Et comment que tu m'as déterré ?
nait à toute vitesse ; il fit demi-tour et enfila dans le fond d'une chambre obscurcie par Jusqu'à présent, je ne m'étais jamais senti
la première ruelle qui se présenta devant lui. la fumée. On était si près dé la chute du jour envie d'embrasser un Chinois, pourtant. MainUn joug de colporteur lui heurta si fort l'épaule, que le maître du logis, ne reconnaissant pas tenant, tu vas me sortir de là, ou bien je te
qu'il se crut atteint par la balle qu'il attendait ; ce brusque visiteur, se recula avec un cri du casse les reins sur mon genou. J'suis flambé,
les cris d'un marchand de sucreries, à l'entrée petit brasero, dont il essayait de ranimer la cette fois ! Vas-tu me vendre pour avoir la
de la ruelle, lui parurent la clameur de la pour- chaleur pour la nuit.
récompense ?
suite ; mais le lieutenant et l'homme de garde
Le gamin, un gosse abandonné, mourant
— C'est moi... moi encore... revenu. Le
ne s'étaient retournés que pour voir la traînée soldat américain... Ne me dénonce pas, si de faim, que le caporal avait ramassé dans le
de Chinois culbutés, qui indiquait le sillage des hommes viennent me chercher, fit le capo- pillage d'un village pendant la marche sur
du prisonnier fugitif. L'homme de garde bon- ral hors d'haleine.
Pékin, essaya de dire ce qu'il savait en un anglais
dit à sa poursuite, mais il donna bientôt du
Le Chinois fit oui de la tête sans prononcer indigène pénible, interrompu fréquemment
front contre un mur. Entre le mur et la route un mot et se glissa dehors. Sweeney faisait par les exclamations de son maître. 11 avait
des Chinois, trois allées débouchaient à droite, des efforts pour reprendre sa respiration ; appris que le caporal était en retard d'un jour,
et à gauche; au hasard, il courut^.vers la plus l'odeur du gaz de charbon le suffoquait. Il fit au camp, et il était parti ce jour-là de grand
proche.
un trou dans le mur de papier huilé et aspira matin, pour le retrouver. Puis était venue
Quelque part, au delà des maisons entassées, à pleins poumons l'air pur de la nuit froide. la tragédie, la fuite, dont les nouvelles étaient
on entendait le claquement de pieds chaussés C'était de ce taudis qu'il était parti la veille, arrivées au camp avec le cadavre du soldai
de cuir, dont le staccato précipité indiquait quand, après avoir bu pas mal de bière japo- Smathers. You Han avait entendu le nom de
la piste du déserteur. Mais le poursuivant ne naise, il avait acheté et mis sous son bras un Sweeney répété dans les conversations surexciput trouver d'issue pour contourner ou tra- demi-litre de samshu, breuvage .meurtrier tées de la compagnie, et, bribe par bribe, il
verser l'obstacle. Quand il entra enfin dans qui rend fou et qui avait été la cause 8e la chute s était fait une idée de ce qui était arrivé. Il
la rue qu'il cherchait à atteindre, il n'y avait du caporal Sweeney. Et maintenant, le malheu- avait fouillé les cantines, les maisons de thé,
plus en vue le moindre manteau bleu dans la reux essayait de se rappeler ce qui s'était passé les tripots, du camp au mur de la ville tartare,
foule, et le seul bruit qu'on perçût était le bruit dans les vingt-quatre heures qui avaient pré- jusqu'à ce qu'il eût enfin retrouvé la piste,
ouaté des chaussures indigènes à semelles de cédé sa marche ignominieuse sur la route des grâce aux indications des groupes au coin des
Chinois, aux côtés de l'autre prisonnier. Il rues sur le " fou de soldat échappé ".
savait qu'il avait dépassé la durée de sa permission, mais ce n'était rien en comparaison
de l'esclandre qu'il avait causé à la cantine de
la rue des Légations. Un officier américain
E caporal arrêta court le récit, car il ne
était entré, attiré par le bruit, et le caporal se
tenait guère à entendre l'histoire de sa
revoyait confusément en train de couvrir
chute dans cet abîme sans fond ; d'un
d'injures et d'affreux jurons son officier supé- autre côté, il mourait d'envie de savoir de quelle
rieur et se débattant pour aller " lui démolir façon il allait en sortir. You Han avec lui,
la figure ". Puis il s'était enfui et avait été
c'était l'espoir reconquis du plein air, de la
ramassé un peu plus tard par le lieutenant campagne, où l'on marche librement au hasard,
qui avait tiré, au retour vers le camp, sur le sol- sans s'inquiéter de ce qu'il y a au bout de la
dat Smathers et l'avait tué.
route. Il n'avait pu songer sans frémir à fuir,
Le caporal quitta le trou du mur en papier seul parmi des millions de mystérieux étranet s'allongea sur le plancher, la blouse bleue gers. You Han, chien fidèle, était le compad'un Chinois roulée en guise d'oreiller pour gnon rêvé pour un soldat américain toujours
poser sa pauvre tête endolorie.
disposé à commander. Le petit Chinois ne
— Et cinq ans de plus pour tentative de comprenait pas la conduite du soldat, mais, au
fuite, grogna-t-il péniblement. Moi qui avais lieu d'en être choqué, il en ressentait une vive
deux beaux engagements derrière moi ; et admiration. A cette heure, son seigneur venait
les galons qu'j'devais avoir dans six mois... d'accomplir un acte encore plus extraordinaire
Oui, une ceinture. J'n'ai jamais passé au conseil que d'habitude, puisque la mort seule pouvait
de guerre. Et tout ça par la faute de ce damné en être la conséquence. Et puis, You Han
samshu. Aussi, c'est bien fait. Est-ce qu'un savait ce qu'était le samshu, et il faisait au
chrétien devrait faire l'imbécile avec les liqueurs démon sa part. Seul, le ton nouveau, l'humilité
des païens. Ils vont me tirer d'ici en un rien de la demande, presque une supplication,
de temps. Sainte Vierge ! Où est-ce que je inquiétait le petit esclave. Le caporal Sweeney
pourrais bien aller ?
secoua ses épaules pour jeter à terre le manteau
Le soldat déshonoré se retourna, tandis de peur qui le faisait frissonner depuis trop
qu'une nouvelle crainte l'assommait.longtemps, et d'une voix encore mal assurée,
— Le porc de Boxer qui tient cette bou- avec de petites toux convulsives pour retrouver
tique d empoisonneur, il va me " vendre " son souffle, il donna des ordres à You Han :
dès qu'il entendra parler de cette histoire,
' - Toi trouver charrette Pékin. Vite, vite,
là-bas sur la route des Chinois.
vite, chop, chop, dépêche, sabee ? As-tu de
La peur panique lui entra dans le sang et l'argent sous tes robes de femme ?
dans les moelles, et il se débattit contre elle
You Han eut un sourire épanoui, qui lui
dans le noir. Il ne savait de quel côté se tour- coupa la figure en deux avec un bruit de parner. Impossible de se cacher parmi les Chinois, chemin qu'on déchire ; il plongea dans un
en ville, et quant à prendre ouvertement la repli et un tintement d'argent fut la réponse.
route, c'était la capture sans phrase à Tientsin Puis il disparut, et le déserteur, instantanéLe jeune lieutenant fit sauter son revolver de l'étui et tira, au jugé, à trente pas,
ou à Taku, à supposer qu'il pût fuir aussi loin ment, fut submergé par le flot amer de ses
tans beaucoup s'inquiéter s'il u aurait un Chinois à portée de son projectile.
vers la côte. S'il s'en allait au hasard autour terreurs de toiites espèces. 11 lui sembla qu il
* * *
L
* * *
L
iinimiiii
LE 30 MARS 1924
i
uiiiinmni
mliwiimutmi
mmiinwiiiiiiiu
IIIIIIMIH
m
"\
ituiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiuiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiuniuiiiiiiiiiiiiMiiiiiiiiiiiiiiniiiii
DIMANCHE-ILLUSTRÉ
'""""»
s'écoulait des_ années avant qu'il entendît.Petits essais malins, pour le reconquérir à luidans la cour, les clameurs aiguës d un essieu ' même. Au premier pas dans cette voie, il cria :
rouillé de charrette, accompagnées d'un bruit " Toi y moyen regarder voir, maître 1 ' et
de harnais. You Han se glissa dans la soupente, il tira de dessous la charrette Un fusil Krog
puis, traînant presque je caporal jusqu'à la avec sa baïonnette et sa cartouchière. A cette
charrette, il l'aida à grimper à quatre pattes vue, le déserteur redressa les épaules, bomba
sous la capote d'étoffe, avec ces mots :
la poitrine et, dans son élan de gratitude, il
;— Charrette appartenir cousin ; pas payé talocha si fort son "bienfaiteur que le pauvre
lui. Vous, restez au fond. Nous va campagne. gosse en eut la tête meurtrie pendant tout le
Comme la charrette avançait en cahotant reste du jour.
dans l'allée, l'homme caché sous la bâche enten— Nuit dernière, quand cherché charrette,
dit au loin, faiblement, le bruit de sabots de moi trouvé moyen courir au camp, pleurnicha
la cavalerie sur la terre gelée. Ils approchaient, You Han ; trouvé fusil dans tente de maître.
et le fugitif s'aplatit sous une pile d'étoffes Tout noir. Sentinelle, poum ! pas touché.
ouatées ; la sueur lui roulait en grosses gouttes Ça bon, remercié le diable.
sur la figure. Quelques instants après, il dis— Bien ! mon beau p'tit bijou d'Asie à
tinguait jusqu'au cliquetis des sabres et au vingt-quatre carats I T'es la plus jolie ébauche
craquement du cuir des selles ; la patrouille d'homme blanc qu'on ait jamais, par érreur,
enfila une rue de côté, si près de la charrette reliée en cuir jaune. Maintenant, il m' semble
cahotée que le déserteur entendit nettement que, dans le temps, j'ai été un homme. Passela voix d'un cavalier du 6e :
moi un chiffon et un peu de cette vieille graisse
— On gèle par cette sale nuit ; tout ça pour de cuisine ; laisse-moi de la place sur la charaller fourrer son nez dans tous les trous à rats rette, je vais faire mon ménage à fond.
de Pékin et retrouver ce fichu animal de John
You Han grimaça un sourire et entonna,
Sweeney. Je me demande comment il a pu sur un air de complainte, une interminable
en arriver à ce point-là.
chanson où il était question d'une jeune fille
La réponse se perdit, car le cœur du déser- nommée " Petite brise grasse de printemps
teur battait si fort contre ses côtes et faisait parfumé ", qui vivait dans le " village du magisun bruit tel qu'il empêchait d'entendre jus- trat sage et bienveillant ". La ballade s'élevait
qu'au fracas de la cavalerie. You Han mit la de plus en plus aiguë, tandis que le chanteur
mule au galop sans dire un mot, sauf une fois, regardait le caporal marcher en avant d'un
en se penchant sur la voiture :
pas balancé, le fusil bien posé sur l'épaule
— Samshu, pas bon, maître. Plus jamais ! dans son creux accoutumé, le dos aussi droit
Boire de l'eau. Ça aller bien.
qu'une planche. You Han fut encore plus
joyeux quand son maître fit demi-tour sur
£ fc *
le talon et lui cria avec, dans la voix, la rudesse
du terrain de manoeuvres :
u jour, la charrette avait passé le mur
— Ferme ça, gringalet ! L'essieu de la charextérieur de Pékin, se dirigeant vers rette chante mieux que toi I
l'ouest à l'aventure, ainsi qu'un vaisUne aigre bise soufflait du nord, de la SibéEn se traînant sur les poignets, l'enfant
loucha à nouveau le cnpora! et
seau désemparé sur des mers inconnues.
rie, tandis que le soleil brillait, haut dans un
essaya de smdever cette lourde masse, puis de lui parler dans un gémissement inarticulé.
Le. conducteur fit comprendre au déser- ciel sans nuages. Le déserteur oublia presque
teur que le dernier avant-poste étranger était complètement sa lassitude et se surprit à siffler You Han et un peloton de coureurs du Yamen le caporal John Sweeney gratta sa tête fraîpassé et qu'il allait pouvoir descendre et mar- le " rassemblement ", mais il s'arrêta court qu'il reconnut au gland rouge de leur chapeau chement tondue et se creusa l'esprit sur sa
avec- un gémissement.
cher sans crainte.
plat. Ils montaient de petits rats de poneys propre identité, Tandis qu'il se pelotonnait
Vers la chute du jour, le mur d'enceinte tout efflanqués, et derrière, une foule de villa- sur le " kang " de briques chaudes, c'était
r A demi gelé, meurtri par les heurts et les
secousses — la charrette n'était pas suspendue d'un village se silhouettait comme une île geois, à pied, et une horde de petits enfants un déserteur assez réconcilié avec son sort.
et le toit n'était pas élevé — affamé, harassé, rocheuse sur la plaine unie. You Han arrêta braillards. L'Américain saisit son fusil et,
'■— Ça m'en bouche un coin de croire que
le soldat descendit de son ignominieuse ca- un passant déguenillé et, le traitant diploma- embusqué derrière la charrette, il hésitait c'est vrai ! Epatant, il y avait encore des michette et, péniblement, sans prononcer une tiquement de " remarquable frère aîné ", il entre s enfuir ou faire feu. Les cris aigus de racles en magasin, murmura-t-il tout endormi.
parole, marcha le long de la route aux larges lui arracha quelques renseignements : ce qu'ils You Han le rassurèrent. Puis il fut emporté
ornières. A un moment, You Han, quittant voyaient là était une grande ville, résidence par une foule pleine d'admiration, dont les
la route, dirigea l'attelage à travers les cours du gouverneur du district. La chanson du dos se courbaient en signe de respect et d'homd'un temple en ruines et l'arrêta à l'abri d'un village du magistrat bienveillant et sage avait mage ; il n'était pas jusqu'aux moutards minusUSTE à l'aurore, il se réveilla. On entendait
autel de marbre.
suggéré à You Han une inspiration dont l'au- cules qui ne tombassent sur leur petit nez
une clameur confuse dans la cour, des voix
— Nous manger, maintenant, dit-il.
dace lui coupait la respiration. Mais il s'y camard en essayant de " faire kotow ".
et des bruits de chevaux se hâtant et s'agiL'idée du déjeuner ranima un peu le cœur accrocha sans broncher, et quand ils furent
Les boutiquiers laissaient là leurs marchan- tant. Puis le papier du mur à treillis se perça et
du caporal. 11 ne savait d'où le repas allait à un mille de la porte du mur, il dit au déser- dises, les vieillards, sur les seuils, étaient leur un doigt brun passa au travers.Toutes les tervenir, mais il en avait fini avec les étonne- teur :
pipe de leur bouche, tandis que la procession reurs du réfugié lui revinrent en escadrons
ments, et le petit Chinois avait le plein com— Toi attendre, moi aller regarder voir. emplissait les petites rues ét que le déserteur, renforcés. Le fusil à la main, il ouvrit violemmandement de la misérable expédition. You
à cheval, tel un héros, arrivait au Yamen. Dans ment la porte. Un troupeau de marchands
* * *
Han se glissa dans la charrette et sortit un
la cour, d'autres serviteurs attendaient pour de poneys se formait pour le départ matinal
fourneau à charbon de bois, du poisson séché,
conduire le bienveillant général étranger aux vers Pékin, et un palefrenier, le visage collé
des pommes de terre et une théière.^
A mule se mit à paître sur le bord de la appartements préparés pour lui. Il y avait du au mur, essayait d'attraper un aperçu du noble
— Li y a moyen cousin à moi. Li tient bouroute ; le caporal s'étendit de son long à feu dans le " kang " de briques — plate-forme étranger. C'était tout. Mais le déserteur revit
tique, payer plus tard, dit l'enfant avec ce
côté, et la brave petite silhouette, vêtue de où l'on couche — et à la disposition du nouvel la chambre enfumée dans la " ville chinoise ".
qu'on aurait pu prendre pour un clignement cotonnade bleue, continua le chemin jusqu'à la hôte, empilés sur une table, des poulets, des Il revit les cavaliers du 6e le frôler presque dans
malicieux de paupières.
ville. You Han songeait que tout lui était étran- œufs, des fruits, des pommes de terre, ainsi sa fuite. Le convive illustre redevenait le fugiYou Han reprit la marche sans consulter ger, là-bas, et cela lui serrait le cœur. Il passa qu'une robe doublée de fourrure. You Han tif courant sans savoir où la peur des " cinq
son maître. Pendant plusieurs milles la char- le mur d'enceinte, découvrit le " Yamen " disparut et le fugitif s'assit, muet d'étonne- ans, cinq ans au moins " le conduirait.
rette côtoya le pied d'anciennes fortifications ; du gouverneur du district, et ce dignitaire ment. Bientôt You Han revint annoncer que
D'un coup de pied, il remit debout You
l'homme rongeait son frein en silence ; le consentit gracieusement à voir l'importun le magistrat serait inexprimablement heu- Han, qui dormait, et la charrette fut sous presgamin roulait de vastes projets dans son cer- pèlerin. You Han fit son " kotow " en la pré- reux de recevoir le personnage de marque sion aussitôt que la mule eut mangé.
veau placide. You Han allait s'apprêter à jeter sence émotionnante du dignitaire, dans la dans la soirée, et la seule raison, s'il ne l'avait
— Nous ne sommes qu'à trente milles de
à son grand ami quelques mots de consolation, chambre d'audience toute dorée, et d'une pas invité à dîner, c'est qu'il savait que son Pékin, grondait le caporal. Et la cavalerie caraquand le déserteur, qui marchait un peu en voix balbutiante parfois, mais monotone et hôte préférerait sa nourriture préparée par cole, pille, pacifie et distribue des bénédicavant, s'arrêta net, les pieds dans ses empreintes aiguë, il s'acquitta du discours qu'il avait com- son propre domestique, selon les règles étran- tions à main armée ! Je m'trotte jusqu'à ce
et s'accroupit comme s'il avait vu un serpent posé dans la charrette.
gères. Comme dans un beau rêve, le déser- que je tombe : tel est mon ultimatum.
à sonnettes. La mule baie renâcla et s'éventa
" Un illustre et très honorable général des teur dîna, servi par trois domestiques qui se
Tout le jour ils se hâtèrent, allant droit
avec ses oreilles, ainsi qu'un lapin. A deux soldats étrangers vient visiter votre belle cité. disputaient avec You Han l'honneur de lui devant eux ; la mule chancelait dans les brancents mètres de là, les rubans d'acier d'une Je ne suis que son serviteur indigne et trois passer chaque plat. Puis il brossa ses jambières cards et les pèlerins étaient prêts à se laisser
ligne de chemin de fer coupaient la route et fois méprisé. Ce héros vaillant et inexprima- poussiéreuses, son uniforme bleU, ét fit venir choir sur le bord de la route quand ils s'arrêdisparaissaient dans une tranchée sablonneuse. blement distingué est un Américain, 1 un de un barbier.
tèrent, pour passer la nuit, dans une taverne
Instinctivement, le caporal Sweeney chercha ceux qui protègent sans jamais piller ni déUn peu plus tard, l'hôte fut accueilli comme de village. You Han était trop las pour orgades yeux les fils télégraphiques, dont la ligne truire. II désire étendre la paix et son pouvoir un personnage de rare distinction par le vieux- niser une nouvelle réception. Le déserteur,
incurvée et bourdonnante se détacha sur le de protection jusqu'à votre Céleste Présence. monsieur enroulé dans ses robeè de soie rouge, dans un demi-sommeil fiévreux, parlait tout
ciel. Il fut, soudain, ramené à la route des Il veut savoir si vous avez été molesté par l'une qui gouvernait et pressurait le district. Le haut.
Chinois, et il entendit le coup de revolver au de ces armées de démons étrangers. Il les en caporal s'éleva merveilleusement à la hauteur
Enervé, les pieds saignants, il reprit la piste
jugé du prompt petit lieutenant, et il revit punira immédiatement si tel est votre Auguste de là situation." Tous deux mélangèrent à la dès l'aurore du troisième jour ; You Han suila culbute du soldat Smathers.
Plaisir. Mon maître, dans sa bienveillance perfection leurs mutuelles assurances de res- vait, inquiet. Le dése.rteur, à tout moment,
— Qu'est-ce que fait par ici c t imbécile infinie, a laissé ses soldats, ses canons, ses pect, de cordialité et de protection. Ils cau- se retournait, jetant des regards d'effroi derde chemin d'fer ? Est-ce qu'ils le construisent chevaux derrière lui, de peur d'effrayer le sèrent laborieusement par l'intermédiaire dou- rière lui. Demain lui apparaissait comme une
à mesure pour me r'pincer ? Allons-y, pas pays qui l'entoure et qui est déjà plongé dans teux de You Han débordé, rebondissant des terrible menacé, tandis que le souvenir du
gymnastique. Y a donc pas moyen de s' sauver la crainte de ces fils de l'enfer qui ne combattent ambages du iangagè du mandarin à des ins- passé le poussait à une fuite sans répit. Le
de nulle part ?
que pour détruire. Il envoie le salut d'un chef tructions-dans le goût suivant :
camp, avec la camaraderie de tous les jours,
Il envoyait des volées de questions à You à un autre chef. Voici sa carte. "
— Dis au père Qiiat'z'yeux que je suis avec les hommes en bleu et en kaki ; la routine
Han, comme si un appareil à ressort les lui
i ou Han se cognait le front sur le plancher, l'ambassadeur particulier de Georges Washing- de ses années de régiment ; les rues de Chieût arrachées. Le gamin, interloqué, s'appji- en guise de ponctuation, tout en observant ton et du général Grant et que, lorsque je cago, qui avaient vu ses années d'enfance;
quait à répondre :
avidement, du coin de l'œil, l'effet produit frappe du pied, un million de braves soldats le père et la mère qui étaient fiers de ses
— Route du Diable va à Pao-ting-fu ; puis par son discours, encourageant ou non. Puis tremblent de tout leur cœur ; mais que je sais prouesses ; tous les chaînons. de ses trente
va à Pékin. Y a pas appartenir à soldat améri- il plaça devant le magistrat l'étiquette criarde reconnaître les grands esprits quand je les années passées, c'était comme si cela n'eût
cain. Appartient li Anglais.
d'un paquet de tabac militaire, sur laquelle rencontre ; aussi ai-je la poitrine gonflée d'or- jamais existé.
Ils traversèrent les rails en courant, comme des héros en bleu et kaki posaient noncha- gueil d'être assis comme ça près de lui et
You Han entra en se dandinant dans le vilsi le métal leur eût brûlé les pieds, et le déser- lamment pour un " baptême du feu ". Les de pouvoir causer avec son " Importance ", lage qui suivit, démarche inspirée par le souteur, à coups de fouet, mit la mule au galop serviteurs officiels, attroupés à portée de la d'homme à homme. Fourre-lui ça, dur. et venir du Yamen du magistrat, mais il eut des
jusqu'à ce qu'un coude de. la route leur eût voix, aperçurent une lueur d'amusement ferme.
ennuis avec le brimeur du village. II n'y avait
caché cette preuve inattendue d'une civili- étonné au travers des énormes lunettes de leur
Le gouverneur envoyait des volées de ques- pas à se tromper sur l'apparence de ce trucusation qu'ils fuyaient à l'aveuglette. A son chef. Forts de cet indice, ils aidèrent You tions et le déserteur parait les fragments que lent bandit. Ses vêtements étaient dans un
propre étonnement, dans l'après-midi le capo- Han, tout tremblant, à se remettre sur ses You Han était capable de faire passer. Une désordre étudié, et sa queue, mal nattée, était
ral Sweeney redevint homme. Ils avaient passé pieds, et bientôt ils s'agitèrent à qui mieux escorte militaire jusqu'au prochain village enroulée autour de son cou, pour montrer
la zone dévastée par les alliés chrétiens, et mieux dans la cour, stimulés par des ordres lui fut offerte, mais il la refusa avec emphase. qu'il avait soif de combat. 11 fut blessé du
les villages étaient vivants et populeux. You précipités.
Il ne cherchait pas l'ostentation en public.
port avantageux de l'étranger, et tous deux
Han avait deviné la honte qui couvait dans
Une demi-heure plus tard, le déserteur
Une fois rentré dans son appartement, après
l'esprit de son maître et il songeait à faire de vit approcher une procession conduite par un supplément de gâteaux, de vin et de tabac,
(Lire la vile page 15.)
A
J
L
miiiiii
DIMANCHE-ILLUSTRÉ
«iiiiiiiiuiiiiiiiiiiiniiiiiiiiuiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiimi
8
, ,M,,, ,,,,,,,,,,,, ,,,,,,, ,,,,
l■•■■■l^l^lll^I^lln•l^n■^IJIt^I^Imln■•■^■•^^■«•'■"■•■■ ■■
*
*
■
,,,,,,,,, ,,
"*
**
tprésident de club
£T BONNE D "ENFANT.
Copyright par Dimanche-Illustré, Chicago Trilune.
POUR
L F
*
ENFANTS
iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiuiiiEimiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii
9
"■■■■■■■■■■■■■■■■■■■■imiiiiiiiiiiHiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiimiiniiiiimiiiHiiiii
DIMANCHE-ILLUSTRÉ
m»»
Copyright par Dimanche-Illustré, Chicago Tribune.
DIMANCHE-ILLUSTRÉ
immiiHUiHirtmi
imniMH
i
inium
imiiiiii
i
nîHHiiirii
10
'
"»"'
iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiniiiiimiiinmiiiiiniiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii
LE 30 MARS 1924
'iminmr
JE VOUDRAIS BIEN SAVOIR...
Si un abonné du téléphone peut faire
connaître son absence à ses correspondants par l'intermédiaire de l'administration et être lui-même averti des
communications qui lui ont été faites ?
C
.iiiiiimiiiiimiiiiiiiiiiiiiiiiii
|
|
1
■■■ftiiniin
IIIIIIIEIIIIIIIIIMIIIII
minium
i
iiniinii
■■iimiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiniiimiiK
Cette rubrique est ouverte à tous nos lecteurs. Elle leur
permettra de se tenir en contact constant avec leur journal,
qui les renseignera volontiers sur tous les faits d'un intérêt
général et d'ordre documentaire ou pratique.
§
|
|
double faculté résulte de l'article 42
:
de la loi du 27 décembre 1923, qui a
I
réorganisé le service des abonnés absents, |r,
MIIMIIIIIMIIIIIIII!
iiiiiiiilliliiiiiiliuli
r
mur
llllilil
I
~
i
iiMiiiiiiiiiiiiiiiiili,
iniinilin
Il
créé par décret en date du 3 octobre 1913.
La participation à ce service confère à l'abonné
Les impôts directs, en février dernier, ont plébiscite et constitua, autour de la petite
la faculté de faire connaître à ceux de ses corproduit 476.851.500 francs; ceux de février zone sarde du traité de Turin, une autre zone
respondants qui le demandent pendant son
1923 ayant donné 296.376.100 francs, soit une plus vaste, dite zone d'annexion, créant un
absence tout ou partie de ces trois indications :
plus-value de 180.475.400 francs.
régime analogue. Une convention entre la
la durée de son absence, sa nouvelle adresse,
Pour les deux premiers mois de l'exercice, France et la Suisse, en date du 14 juin, amél'adresse ou le numéro d'appel de la personne
le produit des impôts directs a atteint 874 mil- liora ce régime en accordant la franchise à
qu'il a chargée de le remplacer. Elle donné
lions 998.600 francs,
certaines catégories de produits agricoles.
lieu au paiement d'une taxe de 1 fr. 25 par
Cette convention douanière fut dénoncée par
jour d'absence. Des abonnements peuvent
la France le 18 décembre 1918 et les preêtre concédés, à raison de 10 francs par mois,
mières négociations datent du mois d'avril 1919.
20 francs par trimestre, 60 francs par an.
Chaque ordre de renvoi au service des abon- Si des réunions de courses hippiques
nés absents, donné au poste central par l'abonné furent données où le jeu n'était pas autoqui s'absente, donne lieu à la perception d'une risé?
Si l'on envisage l'accélération de la transtaxe supplémentaire de 0 fr. 25.
mission
des télégrammes?
L'abonné à ce service a, en outre, la faculté
ONSIEUR GoBLET, alors qu'il était ministre
de demander, avant chacune de ses absences :
de l'Intérieur, fit interdire les paris
'ÉCOULEMENT des télégrammes a été retardé
1° que les numéros d'appel des corresponsur les champs de courses et traquer
récemment par le mauvais temps. Nomdants qui l'ont appelé lui soient communiqués les bookmakers qui les offraient. Ces derbre de lignes ont été interrompues par
niers,
poursuivis
et
traduits
en
justice,
furent,
dès sa rentrée. (11 est perçu une taxe de 25 cenle vent ou la neige ; l'isolement des lignes est
times par dix numéros d'appel enregistrés) ; les uns condamnés, les autres acquittés, le
également si faible que, les jours de grande
2° que lui soient adressées par poste, ou trans- "délit" qu'ils avaient commis étant assez mal
humidité, des interruptions se produisent,
mises par téléphone, dès sa rentrée, les com- défini.
qui immobilisent plusieurs lignes.
Mais l'hippodrome, privé de jeu, fut déserté,
munications dictées à cet effet par ses corresTous ces inconvénients seraient supprimés
et
le
préfet
de
la
Seine
ayant
déclaré
au
Conseil
pondants et comprenant, au maximum, vingt
si l'on pouvait rendre souterraines les lignes
mots. Chacune de ces communications donne municipal que la suppression des paris était
aériennes, ainsi que cela a été réalisé en Anglelieu à une taxe supplémentaire de 0 fr. 50. une atteinte portée à la liberté individuelle,
terre. La marche des télégrammes se ferait
Pour le réseau de Paris, les abonnements et que la diminution des recettes causait un
sans à-coups, et un temps considérable serait
de cette espèce ne peuvent être acceptés actuel- préjudice grave à l'élevage, un moyen fut trouvé gagné dans la transmission. La transformation
de
laisser
le
public
libre
de
jouer
:
les
sociétés
lement que pour les postes reliés au bureau
est malheureusement longue et fort coûcentral de Scgur. Pour participer au service de courses furent autorisées à exploiter à leur
teuse, et on ne saurait l'envisager à l'heure
des abonnés absents, les abonnés doivent avoir propre compte le pari mutuel sur les hippoactuelle.
une provision téléphonique, ou en effectuer dromes.
C'est cette autorisation qu'on demanda
une. Les abonnements mensuels peuvent partir
récemment d'élargir, en supprimant la partie S'il est incorrect d'écrire comte, comd'une date quelconque.
" sur les hippodromes " pour la remplacer
par une formule qui eût autorisé le jeu " offi- tesse, marquise de... et s'il est des titres
devant lesquels monsieur ou madame est
ciel " en tous lieux.
ETTE
* * *
* * *
M
Si jn gib er abandonné devient la propriété de celui qui le trouve ?
L
coutume admet que toute chose sans
propriétaire peut devenir la propriété
de celui qui la trouve, sans que l'on puisse
l'accuser de vol. La jurisprudence a sanctionné
!a coulume en matière de chasse, en décidant
que le lait de ramasser un animal mort abandonné ne pouvait constituer un délit de chasse.
A
ft & *
Si l'on parle plus, en Belgique, le français que le flamand?
sait que la Belgique est officiellement
bilingue et que tout texte, toute inscription se publient à la fois en français
et en flamand. On tient ainsi, en dehors de
toute querelle de parti, les 'deux langues pour
également importantes dans la vie de la nation.
Cette égalité se retrouve, à peu de chose
près, dans les documents statistiques. Ceux-ci
établissent, en effet, que, parmi les habitants
âgés de plus de quinze ans :
O
N
obligatoire?
* *'*
678.554 Belges parlent les deux langues;
57.279 parlent le français et l'allemand ;
39.870 parlent le français, le flamand et
l'allemand ;
18.385 ne parlent que l'allemand;
6.251 parlent le flamand et l'allemand..
* * *
Quel est, en un mois, le total des impôts
payés par les contribuables ?
D
des documents officiels, l'ensemble
des recouvrements budgétaires opérés
pendant le mois de février dernier —
non comprises les recettes de l'Administration
des Pcsles — s'est élevé à 1.980.335.500 francs.
Dans ce total, 1.820.089.600 francs représentent le produit des recettes normales et
permanentes, et le reste, soit 160.245.900 francs,
celui des ressources exceptionnelles, recettes
d ordres et produits divers.
Le produit des recettes normales et permanentes est en augmentation de 484.884.200 fr.
sur celui du mois de février 1923 : 1 million
335205.400 francs.
APRÈS
U
adresse peut être ainsi libellée :
comte... marquis..., mais le titre de duc
D'où vient le nom de " mendiants " que
crée une exception. On doit écrire :
l'on applique à un dessert ?
monsieur le duc... Il est, cependant, toulours plus poli de faire précéder le titre du
N disait autrefois les quatre mendiants, à
cause des quatre grands ordres men- mot monsieur ou madame. Il y a là une question
diants que le moyen âge a vus naître et de nuance qui relève des relations.
Quand une dame écritàuneautredame titrée,
qui étaient : les Franciscains, les Dominicains,
le titre suffit sur l'enveloppe, sauf pour l'exceples Carmes et les Augustins.
Les Franciscains avaient un froc ou robe de tion déjà indiquée : madame la duchesse...
Dans le corps de la lettre, à moins qu'elle
couleur grise ; les Dominicains, de teinte écrue ;
les Carmes, de couleur brune, et les Augustins. ne soit adressée par quelqu'un appartenant
de couleur noire. Or. le raisin sec, les noisettes, à une classe sociale différente, le monsieur ou
les amandes et les figues rappelaient ces couleurs madame suffit, sauf en ce qui concerne les titres
et le nom leur fut donné par analogie. C'était de duc et de duchesse. Ce n'est que familièrement que l'on peut écrire mon cher duc.
une image parlante d'autrefois.
Enfin, on ne dit pas ; monsieur le prince,
On cessa peu à peu de dire les quatre mendiants et, aujourd'hui, le pluriel tend à faire madame la princesse, mais prince, princesse.
Mais c'est en vain que l'on chercherait des
place au singulier.
On dit, en effet, un mendiant par abréviation, règles très précises à ce sujet dans les manuels
comme on dit un crème pour un café-crème, et de bienséance épistolaire de savoir-vivre et
l'on oubliera l's du pluriel que l'unité n'appelle les codes récents de la civilité puérile et honpas. alors que l'apparent désaccord dans un nête.
crème subsiste, parce qu'il est nécessaire d'éviter une confusion.
NE
O
1.896.003 ne parlent que le français :
1.874.722 ne parlent que le flamand.
La proportion est de 41,47 % pour les habitants de langue française ; de 41,07 % pour
les habitants de langue flamande.
Le reste se répartit ainsi qu'il suit :
L
ft *
Quand ont été instituées les zones franches entre la Franze et la Suisse ?
L
zone franche de douanes du pay; de
Gex, ou zone gessienne, remonte au traité
de Paris du 29 novembre 1815 et, au
delà, à une tradition datant du temps de
Henri IV. Elle permettait aux populations
gessiejmes de commercer librement avec
Genève.
Un article du traité passé à Turin, le 26 mars
1816, entre la Sardaigne et la Suisse rappela
le protocole du 3 novembre 1815 relativement
aux douanes dans le voisinage de Genève et du
lac et créa la zone sarde ou savoyarde. Le
gouvernement de Genève s'engageait à prendre
" les précautions nécessaires pour que la contrebande ne puisse être favorisée par les habitants
du canton ". Cet article rétablissait d'anciennes
dispositions, dont la plus connue était réglée
par le traité de Saint-Julien de 1603.
Le régime institué par les traités de Paris et
de Turin en faveur des régions genevoise,
gessienne et savoyarde leur était si favorable
qu'en 1860, après Solférino, Magenta et la
paix de Villafranca, lorsque la Savoie, ancienne
province des Etats sardes, fut annexée à la
France, les Savoyards des vallées de la Dranse
et de l'Arve, jusqu'à Chamonix, en réclamèrent
le bénéfice. Napo'.éon III eut recours à un
A
le briquet dit oxygéné jouit d'un véritable succès
pendant les dix dernières années de la Restauration.
On l'appelait aussi briquet Fumade, du
nom de son fabricant..Il se composait d'un étui
cylindrique à deux compartiments. Celui de dessus contenait des allumettes au chlorate de potasse; celui de dessous, une petite fiole renfermant de l'amiante imbibé d'acide sulfurique,
dans lequel on le trempait pour avoir du feu ou
essayer. C'était là le début des allumettes
chimiques, qui substituèrent à la fiole le frottoir.
* * *
Ce qu'est le mazout et s'il peut servir au
chauffage des cuisinières?
L
mazout, ou huile lourde, est le sousproduit ou déchet des pétroles et essences
distillés, et il est employé par l'industrie
depuis une vingtaine d'années.
On sait que son utilisation a trouvé un champ
plus large depuis la guerre, et qu'il remplace
le charbon sur de grands paquebots, comme
le Paris. Les Compagnies de chemins de fer
ont étudié des types de locomotives qui le font
tenir, par un progrès évident, comme production de chaleur, facilité de ravitaillement,
absence de fumée, etc.
Des appareils au mazout (un au moins) ont
fonctionné, pour la première fois dans le domaine culinaire, à l'Exposition de Copenhague,
et celui qui le vit à l'œuvre a donné cette appréciation dans la Revue culinaire : " Nous avons
pu servir cinq cents couverts, sans être ennuyés
une seule minute par le fourneau. " Le chauffage par le mazout est très rapide et il se règle
facilement.
E
£ £ ift
S'il est vrai qu'un académicien a raillé
autrefois la lenteur avec laquelle était
exécutée la revision du dictionnaire ?
O
a souvent reproché à l'Académie sa
lenteur, qui a donné lieu à de nombreuses anecdotes. En effet, un des
premiers membres de l'illustre assemblée a
écrit sur ce sujet une épigramme restée célèbre.
L'auteur en est l'abbé François Le Metel de
Boisrobert, qui fut un des fondateurs de
l'Académie, dont il occupa le sixième fauteuil.
Boisrobert était un des poètes familiers de la
cour du grand Cardinal ; sa renommée égale
celle de Chapelain. Et voici en quels termes il
railla ses collègues et lui-même dans une
épître à l'académicien Balzac :
N
Voilà comment nous nous divertissons
En beaux discours, en sonnets, en chansons .'
Et la nuit vient, qu'à peine on a su faire
Le tiers d'un mot pour le vocabulaire.
J'en ai vu tel, aiix Avents commencé.
Qui vers les Rois n'était guère avancé.
Pour dire tout, enfin, dans cette épître,
L'Académie est comme un vrai chapitre ;
Chacun à part promet d'y faire bien,
Mais, tous ensemble, ils ne tiennent plus rien,
Mais, tous ensemble, ils ne font rien qui vaille.
Depuis six ans dessus l'F on travaille;
Elle destin m aurait fort obligé
S'il m'avait dit : Tu vivras jusqu'au G.
!
Et la chronique ajoute que les académiciens
furent les premiers à rire de cette innocente
plaisanterie.
* £ *
Comment on se procurait du feu avant
le règne des allumettes chimiques ?
D'où vient le geste qui fait mettre les
doigts en fourchette pour conjurer le
N avait les allumettes soufrées aux deux
bouts, qui, ne pouvant engendrer le feu sort?
O
elles -mêmes, devaient être approchées
de l'âtre ou de l'amadou en combustion.
Les "premières allumettes à friction ou congrèves nous vinrent d'Allemagne, vers 1833.
I! fallait les frotter énergiquement entre les
plis d'une feuille de papier de verre. Les
insuccès étaient fréquents, on se brûlait souvent
les doigts ou les habits. Et beaucoup de gens
préféraient le briquet, dont l'usage n'allait
pas lui-même sans inconvénients.
Le Manuel des Frileux, publié à la fin du
Premier Empire, donnait à ses lecteurs le
moyen d'entretenir son silex, de garder son
amadou bien au sec, et indiquait, pour le
surplus, à quel procédé on avait recours dans
bien des cas : Tous les jours on voit des personnes qui, soit en se levant le matin, soit en rentrant le soir chez elles, éprouvent le plus grand
embarras pour avoir du feu. Vainement elles
recourent à leur amadou, plus vainement encore
elles battent leur pierre à fusil à coups redoublés.
On voit bien jaillir des milliers d'étincelles, mais
point de feu. Après une grande demi-heure
d'efforts infructueux, on jette tout d'impatience
et l'on se voit obligé d'aller quêter de la lumière
chez les voisins, qui souvent ne sauraient s'en
procurer eux-mêmes.
Après ces briquets précaires, vinrent les
briquets chimiques qui ne l'étaient guère moins ;
P
échapper au " mauvais œil ", ou pour
s'assurer que le sort ne vous sera pas
contraire, on dirige souvent contre la
chose redoutée la main, dont seuls l'index et
l'auriculaire sont étendus. Les trois autres
doigts sont repliés. Le geste est très commun
en Italie. Il vient d'Esthonie, où, lorsque le
vent menace d'emporter les foins, les paysans
ont l'habitude de jeter sur le sol des fourchettes.
Ces fourchettes, selon eux, empêchent le vent
de disperser les récoltes.
'est cette habitude
qui a amené au geste de la main en fourchette.
OUR
C
* * *
Quelle est l'origine de l'expression :
" Monter sur ses grands chevaux ? "
E
est à rapprocher de cette autre :
C'est son cheval ou son grand cheval de
bataille, et toutes deux datent du temps
de la chevalerie, lorsque les hommes de
guerre méritaient de petits chevaux ou palefrois
pour la route et de grands chevaux ou destriers
pour le combat. " Je vous vois montée sur
vos grands chevaux ", dit Mmo de Sévigné.
Il n'est pas douteux que l'expression a donné
naissance à l'expression s'emballer, qui la résume
à merveille.
LLE
Illlllllllll
LE 30 MARS 1924
"
■IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIUIIIIIII
\\
IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIMIIIIIIIIIIIIIMIIIIIII
III
Illlllllllllllllllllll
Illlll
DIMANCHE-ILLUSTRÉ
»•■•••■!•
PROFITONS DE NOS LOISIRS DU DIMANCHE
POUR NOUS INSTRUIRE UN PEU
MONGE
G
que Napoléon devait
nommer plus tard comte de Péluse, était
fils d'un humble marchand forain, dont
le centre d'opérations se trouvait à Beaune. Le
grand mathématicien naquit donc en cette ville
en 1746. Son père put le faire entrer au collège
des Oratoriens, qui
furent frappés de l'intelligence précoce de
l'enfant et se chargèrent de son éducation.
Un officier du génie
s'intéressa aussi à- lui
pour lui avoir vu inventer, à l'âge de quàtorze ans, une pompe
à incendie et exécuter un plan de Beaune.
Il le fit entrer à l'école
militaire de Mézières.
Là, le jeune Monge,
quelque temps après
MONGE
son arrivée, remit à ses
professeurs un devoir de calcul sur un problème de fortifications; qui leur parut si
court que, sans le lire, ils blâmèrent l'élève.
Mais celui-ci expliqua sa méthode. C'était une
simplification extrêmement claire des opérations que l'on faisait jusqu'alors. Monge
gagna aussitôt la considération de ses maîtres
et fut nommé, à dix-neuf ans, suppléant d'un
des examinateurs de mathématiques, qu'il remplaça peu après. En 1780, Turgot, qui avait
fondé une chaire d'hydraulique au Louvre,
l'appela à Paris, et le temps de Monge se partagea, par périodes de six mois, entre Mézières,
où il continuait à donner ses cours, et la capitale.
En 1783, membre de l'Académie des sciences,
il devient examinateur des élèves de la marine,
ce qui lui vaut, au début de la Révolution,
d'être pris comme ministre de la Marine par
l'Assemblée législative. Il rend son portefeuille
en avril 1793. Il reprend alors ses travaux
personnels; pour peu de temps, car le voici
apportant à la défense nationale l'appui de sa
science. Il dirige, en effet, les recherches de
procédés nouveaux pour activer la préparation
des poudres et des armes et obtient d'excellents
résultats. Cependant, il enseigne à l'École
Normale la découverte capitale qu'il vient de
faire : celle de la géométrie descriptive.D'autre
part, il fonde l'École Polytechnique et y fait
un cours sur la théorie des surfaces. En 1795,
il va à Rome, se lie avec Bonaparte qui lui
accorde son amitié, amitié qui ne se démentira plus jamais. Monge est mis à la tête de
l'expédition scientifique qui accompagne le
général en Egypte. Toutes les recherches effectuées au cours de cette campagne, il les dirige ;
il explore les ruines de Péluse, il organise
l'Institut du Caire, dont il devient président.
A son retour à Paris, il reprend son poste à
l'École Polytechnique. L'empire le fait comte,
sénateur, grand cordon de la Légion d'honneur.
Monge meurt en 1818.
Parmi les œuvres nombreuses qu'il a laissées,
il faut citer, outre la Géométrie descriptive, le
Dictionnaire physique et les Leçons sur le calorique et l'électricité. Monge, qui a découvert
diverses équations et plusieurs lois mathématiques, a été surtout un simplificateur.
ASPARD
MONGE,
A A A
LE GIBET DE MONTFA UCON
I
y a plusieurs siècles, la justice était plus
sévère que de notre temps, et tel voleur, qui
s'en tire aujourd'hui avec quelques mois
de prison, eût été, au cours du moyen-âge,
parfaitement pendu. Aussi ne suffisait-t-il pas
d'une unique potence pour exécuter les sentences judiciaires dans une ville comme Paris.
Il existait plusieurs lieux de supplice et le gibet
de Montfaucon, propre aux pendaisons par
série. Ce gibet, auquel, en tout temps, était
accrochée une brochette de patients, dressait
son profil sinistre au bout de la rue du Faubourg-Saint-Martin, sur une butte située entre
L
PENDAISON AU GIBET DE MONTFAUCON
la rue des Morts et de la Butte-Chaumont, non
loin de l'emplacement où a été construit l'hôpital Saint-Louis. Au bout d'une rampe de
pierre, que fermait, à l'entrée, une solide porte
de fer, s'élevait une plate-forme rectangulaire
faite de gros quartiers de roc et dont les dimensions atteignaient 14 mètres de long sur 10 m.
de large. Cette plate-forme supportait seize
piliers carrés, en pierre, que réunissaient au
sommet et à mi-hauteur des poutres de
bois.
De ces poutres pendaient des chaînes de fer,
dont chacune attendait un condamne. Les deux
étages ainsi faits du gibet permettaient d'exécuter une soixantaine d'hommes à la fois. Au
centre de ce gigantesque appareil de justice,
avait été creusée une excavation où l'on
jetait les cadavres, que venaient dévorer les
corbeaux.
A quelques mètres en avant de Montfaucon,
s'élevait une croix, devant laquelle le condamné
était confessé par des Cordeliers dont il recevait
l'extrême-onction. Au préalable, d ailleurs, le
patient avait déjà fait halte au couvent des
Filles-Dieu dans lequel, suivant une antique
coutume, il recevait du pain et du vin.
Au XIIIE siècle, le gibet existait déjà. Au
XVIIIE, on ne l'utilisait plus guère. Il fut désaffecté en-1761 et on fit disparaître ses derniers
vestiges en 1790.
La plupart des condamnés de marque pendus
à Montfaucon sont des financiers accusés de
malversations, crimes sévèrement châtiés autrefois. Les surintendants ou "trésoriers Enguerrand de Marigny, Gérard de la Guette, Pierre
Rémy, Sembleçay, Jacques de Beau, Jean
Foucher, notamment, y trouvèrent la mort.
A A A
FREDERICK LEMALTRE
U
rôle a fait Frédérick Lemaître du jour
au lendemain, lui taillant, à vingt-trois
ans, une célébrité telle qu'aucun comédien n'en connut de semblable. Jusque là, il
s'était vu refuser l'entrée de l'Odéon à sa
►
sortie du Conservatoire, et avait dû débuter sur une scène
de dernier ordre, à
quatre pattes, affublé
d'une crinière fauve
dans le rôle d'un lion.
Un court passage à
l'Odéon, enfin ouvert
à ses espérances, le
montra fort médiocre
dans la tragédie. Mais
le 2 juillet 1823, il était
à l'Âmbigu, jouant
l'Auberge des Adrets,
FREDERICK LEMAÎTRE
pièce qui fut sifflée le
premier soir. Le lendemain de cette première, Frédérick Lemaître,
transformant complètement son rôle, créait le
fameux Robert Macaire, si longtemps la joie de
nos pères : étonnant personnage en haillons qui
prend des allures de dandy pour manger un
petit pain d'un sou, être hybride dont le calme
grotesque et la dignité sinistre joints à tant
de cynisme devaient plus tard inspirer si
puissamment Daumier. Frédérick Lemaître
devenait du coup la gloire du boulevard. Après
Robert Macaire, il joua triomphalement une
infinité de rôles tant à l'Ambigu qu'à la PorteSaint-Martin, qu'à la Renaissance, où il créa
notamment Ruy Blas, de Victor Hugo .Demeuré l'enfant chéri du succès, il se permit
toutes les libertés. Un soir, il aperçoit sur la
scène un bouton de cuivre : "A quoi peut servir
cette machine ? — N'y touchez pas, crie un
machiniste. C'est le régulateur du gaz. — Bah !
Le gaz a un régulateur. Il est bien heureux
le gaz. Voyons cela." Et Frédérick tourne le
bouton ; la salle entière est plongée dans
l'obscurité ; ce sont des hurlements furieux,
mais quand les spectateurs savent que c'est
une plaisanterie de leur idole, ils lui font une
ovjation.
Frédérick Lemaître, très grassement payé,
était la terreur du directeur dont il assurait
les recettes. Celui-ci, presque chaque soir,
était obligé de l'envoyer chercher dans le restaurant où l'acteur s'était livré à des repas
pantagruéliques. Et chaque fois la même scène
se reproduisait. " Le rideau va se lever, diable !
disait notre homme affectant l'étonnement,
je n'ai pas un centime en poche. Apportez mon
addition au directeur et dites-lui qu'on me
retient en otage. " Le directeur payait comme
il payait à l'entr'acte les différences de jeu que
faisait Frédérick au café voisin. " Monsieur,
on frappe les trois coups, venait-on lui dire.
— Eh ! que voulez-vous que j'y fasse. Impossible de m'en aller. Il faut que je regagne ou
aue je paye. Dette de jeu, dette d'honneur. "
N
Le public attendait, il fallait que la caisse du
théâtre s'exécutât.
Pourtant avant de mourir, en 1856, à cinquante-six ans, — il était né avec le siècle —
Frédérick Lemaître, malgré ces gratifications
forcées jointes à ses gros cachets, était tombé
dans une profonde misère.
A A A
DAVOUST
ARMl
es
-
■|3
l grands lieufenants de Napoléon
I
qui, pour la plupart, n'étaient que des
héros, Davoust apparaît comme ayant
valu mieux qu'un entraîneur d'hommes. II
possédait les qualités nécessaires aux stratèges, avait l'esprit cultivé et un sens critique
l'empêchant d'être ébloui par la fortune ; mais
l'exposant aussi aux disgrâces du maître. Il
appartenait à la noblesse de l'ancien régime,
et sortit à dix-huit ans ;—■ il était né en 1770 —
de l'école militaire de Paris comme souslieutenant au régiment de Champagne-cavalerie. Son tempérament qui le portait à l'étude,
le fit défavorablement juger par un sien oncle,
officier-major dans la même unité, qui avait
coutume de dire : " Mon neveu Davoust ne
fera jamais rien dans la vie militaire. Aû lieu
de travailler sa théorie, il s'occupe de Montaigne, de Rousseau et d'autres farceurs. "
Il adopta les idées révolutionnaires, ce qui
lui valut la défaveur de ses camarades et d'être
accusé par eux d'avoir provoqué une mutinerie
dans le régiment. Il fut destitué, mais entra
comme volontaire à l'armée du Nord ; exclu
pour sa qualité de noble, en 1793, il reprit du
service l'année suivante. Au siège de Luxembourg, le voilà général de brigade, s'étant
toujours courageusement montré face à l'ennemi. Il suit Marceau sur le Rhin, Bonaparte
en Egypte, y reste après le départ du chef et est
le seul général qui refuse de signer la capitulation du Caire. Il revient en France pour
assister, comme divisionnaire, à la campagne
d'Italie de 1800. Ses admirables états de service lui font obtenir le bâton de maréchal
à la première fournée.
Commandant de
l'aile gauche de l'armée du Rhin, il se
montre encore une
fois si brillant qu'il
reçoit le titre de général des grenadiers
à pied dé la garde.
L'année suivante, il
montre tant de valeur
héroïque et d'habileté
stratégique à Auerstaedt, où il bat l'armée
prussienne, que 1 Empereur le fait duc et
DAVOUST
ne lui épargne pas son
admiration pour sa foudroyante poursuite de
l'ennemi.
Nommé gouverneur du grand-duché de
Varsovie, il est soupçonné de chercher une
couronne. "Ne désirez-vous pas être reine,
demande ironiquement l'Empereur à la femme
de Davous't. — Je ne désire que ce que désire
le maréchal et il tient trop à rester Français pour
être roi de quelque autre pays ", répond-elle
fièrement. Davoust, écœuré de la malveillance de ses camafades, quitte son commandement et revient à l'armée. A Eckmuhl, il se
couvre encore de tant de gloire que Napoléon
fait de lui un prince.
En 1812, il est chargé d'organiser la Grande
Armée qui va pénétrer en Russie et se tire
magnifiquement de cette tâche, bien qu'il soit
opposé aux desseins de l'Empereur.
En 1814, il défend Hambourg avec une telle
énergie que lorsque Paris est déjà pris, il se bat
encore.
Au retour de Louis XVIII, il négocie le
ralliement des armées de la Loire aux Bourbons ; mais défend noblement son camarade
Ney.
Aussi, lui supprime-t-on son titre de maréchal qui ne lui est rendu qu'en 1817. Deux
ans après, il acceptait la pairie. Il vécut
jusqu'en 1823, cessant de faire parler de lui,
mais toujours suspect aux maîtres de l'Etat.
ayant crié : "A boire, à boire ! " son père,
émerveillé, s'écria, désignant le gosier de
l'enfant : " que grand tu as ". Parole dont les
assistants firent aussitôt Gargantua. Le nouveau-né but tant, en effet, que de suite il fallut
réquisitionner pour son usage " dix et sept mille
neuf cent treize vaches de Pantille et de Brehemond ". Sa garde-robe fut difficile également
à monter, car rien
que pour sa chemise
il fallut lever 900 aulnes de toile et pour son
pourpoint 813 aulnes
de satin blanc ; le reste
à l'avenant. On comprend fort bien, dans
ces conditions, que
lorsque Gargantua
s'en vint à Paris pour
terminer ses études, il
put, sans mal, décrocher les cloches de
Notre-Dame pour en
faire sonnettes au cou
GARGANTUA
de sa jument, ellemême, bête gigantesque qui avait dû être
amenée d'Afrique " par mer, en troys carracques et un brigantin " en tout quatre navires. Tel il avalait aisément d'une lampée le
contenu d'un foudre de vin, tel Gargantua
s'ingurgitait à haute dose toute la science des
pédagogues, tel aussi il s'assimilait tous les
jeux de force et d'adresse des gentilshommes,
ce qui lui permit de vaincre tous ses ennemis.
A A A
LA BATAILLE D'IÉNA
C
ETTE grande bataille aj-vfjrec celle
d'Auerstaedt, livrée par Davoust le même jour
(14 oçtobre 1806), mit fin à la puissance
militaire de la Prusse, est un admirable exemple
de la maîtrisa avec laquelle Napoléon savait
surprendre £'ennemi et profiter de l'effet produit par cette surprise.
L'armée prussienne marchait, séparée en "
deux corps, l'un commandé par le prince
de Hohenlohe, l'autre par le duc de Brunswick
et le roi. Le plan de l'Empereur était d'enserrer les troupes adverses et, pour son exécution,
il avait détaché les maréchaux Bernadotte
et Davoust vers Auerstaedt, les chargeant de
rabattre l'ennemi vers lui. Davoust, qui ne
commandait Que trois divisions, se heurta
aux forces dé Brunswick, très supérieures
aux siennes, mais engagea la bataille sans même
l'appui de Bernadotte, qui refusa de lui porter
secours. Cependant, à la même heure, Napoléon,
près d'Iéna, était lui-même aux prises avec
les Prussiens. La veille, il avait appris que le
corps de Hohenlohe filait sur la rive gauche
de la Saale, se croyant protégé sur son flanc
par le plateau abrupt d'Iéna. L'Empereur,
au cours de la nuit, fait escalader ce plateau
par sa garde, qui campe sans lumière et sans
bruit dans un espace si étroit que les hommes
ne peuvent tous se coucher. L'artillerie est
amenée sur les hauteurs, au prix de mille difficultés, Napoléon, lui-même, dirigeant l'opération, une lanterne sourde à la main. Dès l'aube,
malgré un brouillard épais, l'armée française
descend du plateau par les ravins, attaque les
Prussiens sur leurs flancs. Une bataille acharnée
commença, à l'issue de laquelle le corps de
Hohenlohe fut presque entièrement détruit.
Ses débris refluèrent vers Auerstaedt, espérant
rallier l'armée commandée par le duc de Brunswick et le roi. Mais celle-ci, taillée en pièces par
la résistance héroïque de Davoust, ayant perdu
la plupart de ses chefs, dont Brunswick, battait en retraite, comptant, de son côté, réparer
ses pertes avec les troupes de Hohenlohe. La
rencontre de ces deux armées en déroute eut
pour résultat une effroyable panique. Les Prussiens, si fiers de leurs régiments, n'en possédaient plus un, à peine une poussière de
fuyards que talonnait en tous sens notre cavalerie. Onze jours après Iéna, les Français entraient triomphalement à Berlin. Ils avaient mis
juste le temps qu'il faut à un bon marcheur.
A A A
GARGANTUA
E
créant Gargantua, Rabelais a enrichi
l'humanité de la fiction, vite devenue
fameuse, d'un géant glouton, certes, et
franc buveur, mais de belle humeur, de rude
bon sens et dont la personnalité démesurée a
aidé son auteur à mieux critiquer les pédagogues, les seigneurs et les institutions de son
temps, voire toutes les faiblesses humaines.
Son nom lui vint de ce que, dès sa naissance,
N
LA BATAILLE D'IÉNA
«ennui
DIMANCHE-ILLUSTRÉ
LA
■•
•■<
■•■■■•■■•■•■■■•■•■■••■■■■■■•••'■■■■""•"■•••■••••••■"■■""■■••■■■>
•■•■■•<■■•>
12
■■■■■<■■■■
SEMAINE
IMHIIMUIHH
IIHIWWI
intumminmiiiiiiiiM
muninm
m
L£ 30 MARS 1924
WWM»,
C 0 MI Q U E
LE FOSSILE DE JOHN T. HALLAM
avant d'entreprendre son nativement sa carcasse, ce qui lui permettait
premier voyage en France, le milliar- de ramper et de voler tour à tour ; il possédait
daire John T. Hallam, désireux de deux pattes qui, en cas de besoin, se transfors'assurer une réception éclatante, résolut de maient en nageoires ; on pouvait présumer
que des ailes les recouvraient, le reste du corps
se faire précéder par un don magnifique.
Il manda un mâtin son secrétaire Percy étant protégé par des écailles. Des faibles
éléments dont il disposait, le professeur tirait
Stradford.
— Je veux, lui dit-il, envoyer un cadeau ensuite les hypothèses les plus ingénieuses
au Muséum d'histoire naturelle de Paris. Je sur le caractère et les habitudes de 1' " ornithone regarde pas à la dépense. Allez m'acheter saure " ; c'était, à son avis, un monstre redoutable, en dépit de son volume relativement
un fossile, mort ou vivant.
Ancien tueur de bœufs devenu roi des peu important ; tapi dans les anfracluosités de
salaisons, Hallam ne possédait, on le voit, que rochers, il devait fondre sur ses victimes et
des données assez vagues sur la paléontologie ; les étouffer dans les replis de ses vertèbres ;
mais, comme il était riche, il se croyait infail- mais, en raison de l'exiguïté de son appareil
lible et il n'admettait point que l'on discutât buccal, il ne pouvait les dévorer, et il se bornait
ses ordres. Stradford se garda de lui adresser à leur sucer le sang. Il avait dû succomber
dans sa lutte contre les autres fauves, dont était
la moindre objection.
Il visita d'abord les marchands d'antiquités : peuplée la terre à cette époque lointaine, et
on lui offrit des bureaux Empire, des horloges disparaître depuis plus longtemps qu'eux.
Louis XVI, des bahuts Renaissance, voire des Voilà pourquoi on avait tardé à découvrir
crocodiles empaillés qu on lui affirma contem- son existence.
L'article du professeur Quickwell fut reproporains des Pharaons ; il ne trouva point de
fossiles, les monstres antédiluviens n'étant pas duit dans les journaux du monde entier ; ils
annoncèrent en même temps qu acheté par
classés parmi les objets d'ameublement.
A tout hasard, il parcourut les magasins le milliardaire John T. Hallam, 1' " ornithosaure " était offert par lui au Muséum d'hisde nouveauté : on n'y tenait pas l'article.
Ce fut alors qu'il rencontra Archibald toire naturelle çje Paris.
L'installation du fossile eut lieu en grande
Gark ; en d'autres circonstances, il l'eût évité :
cet ancien camarade d'école, s'ctant sans pompe ; à l'issue de la cérémonie, le ministre
succès essayé dans tous les métiers, ne l'abor- de l'Instruction publique décora John T. Hallam. De retour à son
dait jamais que la main
hôtel, le milliardaire
tendue ; mais il avait
dut se montrer sur le
besoin d'un confident.
balcon aux étudiants
— Eh bien ! vieux
qui étaient venus l'acgarçon, s écria Clark,
clamer.
quand Stradford lui
Fatigué par les ovaeut avoué son ennui,
tions, il allait goûter
vous pouvez dire que
quelque repos, quand
vous en avez une chanon lui dit qu'Archibald
ce de me rencontrer !
Clark insistait pour être
— Vous connaissez
reçu.
un fossile ? fitStradford
— Que venez-vous
précipitamment.
faire à Paris ? lui de— Je n'en ai pas
mande-t-il, surpris par
dans mes relations imcette visite inattendue.
médiates ; mais je me
— Vous avouer que
charge de vous en proje vous ai mystifié,
curer un, si vous y
répondit humblement
mettez le prix.
Clark. L' " ornitho— Vos conditions
saure " n'existe pas. Je
seront les nôtres.
— Il me faut dix mille dollars, dont cent l'ai fabriqué pièce à pièce avec des os de
côtelettes et de gigot, auxquels j'ai su, grâce
payables de suite.
à une préparation chimique, donner un air
— Et quand aurons-nous l'objet?
— Dans un mois au plus tard, répondit décent de vétusté. Excusez-moi de ne. pas
vous fournir de plus amples détails, je les
Clark.
Stradford lui versa la somme. A peine réserve pour l'article où je me propose de
venait-il de se séparer de lui, que Clark regretta confesser publiquement ma supercherie. Je
regrette de vous mettre en posture un peu
de s'être engagé imprudemment.
Sans doute, il avait empoché une avance ridicule, M. Quickwell et vous. Mais je ne
qui, d'ores et déjà, constituait un bénéfice net ; puis garder sur la conscience un secret qui
mais, en cas d'échec, il s aliénait à jamais un m étouffe. J'ai des remords.
homme qui l'avait plusieurs fois tiré de situaJohn T. Hallam prit son carnet de chèques :
tions critiques ; or, où pourrait-il dénicher un
— C'est combien pour les apaiser?
— Dix mille dollars, répondit Clark placifossile?
Il médita profondément, puis sourit : il dement.
tenait le moyen de sortir d'embarras.
— Vous êtes line canaille, lui dit Hallam
— Ma chère Winnie, dit-il à sa femme en signant.
en rentrant, je vous apporte la fortune.
— Je m'en doutais, répliqua l'autre. Mais
Et il jeta sur la table de la salle à manger il eût été plus charitable de ne pas me le faire
remarquer.
deux côtelettes.
Il sortit, mais il revint la semaine d'après
Winnie le considéra, interloquée ; elle le
Crut irrémédiablement fou quand il lui déclara : et les suivantes, harcelé de nouveaux remords
" Dorénavant, on vous en livrera vingt par quand il avait dépensé tout son argent. Paris
l'entraînait à des frais insoupçonnés, et il se
jour et aussi cinq gigots ! "
Quatre semaines plus tard, il annonçait à tirait trop aisément, grâce à Hallam, des
difficultés de l'existence pour ne point se
Stradford :
presser d'y retomber.
— J'ai réussi.
Stradford l'introduisit chez son patron :
Dès lors, au milieu des honneurs dont on
■— Montrez-moi votre fossile, lui ordonna l'accablait, John T. Hallam vécut dans l'anHallam.
goisse perpétuelle du scandale qui éclaterait
— Je ne l'ai pas sur moi, répondit Clark, au cas où il refuserait de se laisser rançonner
il se trouve dans un terrain que je possède au par Clark.
— Mon cher, dit-il un jour à Clark, qui
Connecticut.
— Il est grand?
se présentait une fois de plus en quémandeur
— Vingt pieds. C'est une belle bête.
menaçant, voulez-vous me permettre de vous
Le lendemain, à la prière d'Hallam, le adresser une proposition? Puisque vous avez
savant professeur Quickwell, titulaire de la fabriqué un " ornithosaure ", en fabriqueriezchaire de paléontologie à l'Université de vous d'autres?
Columbia, partait au Connecticut, accompagné
— Sans doute, répliqua Clark, un peu
de Clark ; au nord-ouest de cet État, dans une étonné.
— Alors, continua Hallam, regagnez avec
forêt, un squelette venait d'être exhumé,
celui d'un spécimen de la faune préhistorique. moi l'Amérique, vous êtes désormais mon assoClark toucha ses dix mille dollars.
cié et, tous deux, nous créons une industrie...
Le fossile était d'une espèce inconnue
L'usine de produits antédiluviens que Clark
jusqu'à ce jour ; le savant l'identifia en s'inspi- dirige à Indianapolis, pour le compte de John
rant de la méthode inventée par Cuvier, et T. Hallam, est maintenant en pleine activité ;
il exposa dans une grande revue scientifique on y reconstitue, en série, les échantillons les
le résultat de ses recherches : l'animal antédilu- plus variés de la faune et de la flore préhistovien qui venait d'être découvert avait été à riques.
la fois, selon lui, oiseau et reptile ; il fallait,
Archibald Clark est devenu millionnaire,
par conséquent, le baptiser du nom d'" orni- et John T. Hallam espère tripler son capital
thosaure " ; autant qu'on en pouvait conjec- primitif en réalisant sous peu lè trust des
turer, il était de forme allongée ; des os très fossiles.
GABRIEL TIMMORY.
robustes et des os très frêles composaient alter-
Q
UN
VENDEUR
OBSTINE
— Mes échantillons ont l'air de l'intéresser
davantage; la semaine dernière,
tancé beaucoup plus loin l
(Dessin inédit de R,
il m'avait
CHANCÎL.)
LES PROVERBES
—
savez
—
chien
Vous vous effrayez, mon ami. Vous
bien que chien qui aboie ne mord pas.
Je le sais bien, parbleu ! mais votre
le sait-il aussi ?
(Dessin inédit de KELEN.)
— Hé ! mon brave homme, la rivière est-elle
profonde à cet endroit ?
— Mais non, monsieur, vous voyez ben
au les canards n'ont de l'eau que jusqu'au
Ventre.
(Detsin inédit de R. CAZANAVE.)
MAMAN. —
Je crains que Jeannette ne soit
malade I
Pourquoi?
MAMAN. — Parce qu'il y a si longtemps
qu elle n a rien m que cela commence à m inquiéter i
tCenin inédit de S.-M. BEKTINJ
PAPA. —
UELQUES mois
LA BONNE RAISON
— Pourquoi viens-lu en retard ?
— Mon père avait besoin de moi.
— // ne pouvait pas employer quelqu'un
d'autre ?
— Oh ! non alors l
— Pourquoi ça ?
— // m'a donné la fessée.
(Dessin inédit de JlSFER.)
UN HOMME QUI MANQUE D AVENIR..;
— Ce n'est pas étonnant que tu n'arrives
jamais à rien, tu es trop bohème : lu ne couches
jamais deux fois sous le même pont l
(Dessin inédit de J.-P. GoDREUIL)
A QUELQUE CHOSE MALHEUR EST BON...
— Goujons ? Friture... Ça marche ?...
— Non, non, mon vieux, je travaille pour
une maison de chaussures /...
(Dessin inédit de E.-M. Plu)
QUELQUES NOTIONS DE VITICULTURE
— ... A quel moment doit-on cueillir le
raisin ?
— Quand le propriétaire de la vigne est
absent, m'sieu l
(Dessin inédit de L. BiLLOT.J
'
LE 30 MARS 1924
■»
■»» iiiiiiiiiiiiiiii[iiiiiiiiUMi!iitiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiifiiiii:iti(iiiiiiiiiiiiiiiiiiiu
SUITE
9
\I
DU
13
CORBEAU
iiiaiiiif iiiriiiiiif f iiiiiiiiiif iiiiitf itiiiiijiiiiiviiiiiiiicinitiiciiif iiim;iiiif if iimiiif fiitiiii
ET
DU
RENARD.
1
(Dessin inédit de
iniîitiu
A-UN SAINF-OGAN.)
Mku. Àrr<
LE
BONNES
DIMANCHE - ILLUSTRÉ
COW-BOY
DÉSHONORÉ...
LANGUES
DU
- On m'a dit, est-ce vrai ?... que la petite
madame Dupont n'a plus la tête à elle !
— Comment
TAC
AU
TAC
encore t Qu'aoez-Vous
fait
— Oh ! chère amie, on a exagéré... Il n'y
a guère que ses cheveux qui ne lui appartiennent
des deux sous que je vous
jour ?
pas
— Pardonnez-moi, ma bonne dame, on est
faible, j les ai perdus aux courses.
/...
(Dessin inédit de
GASTON MAS.)
ai donnés l'autre
(Dessin inédit de
UN
MALIN
DANS
— Si tu es bien sage, Toto, tu auras un
beau jeton de deux francs tout neuf.
— Dis papa ! t'aurais pas plutôt un billet
de cinq francs tout sale. (Dessin inéd. de MAX
Damnation I... et dire, que Les Jreinquets de la ville vous montent des 100 chevaux /...
GIDY.)
(Dessin inédit de
SOUPAULT.)
LES
MATCHES
MAT.)
MODERNES...
— Le monsieur du premier qui a souvent
des marques de coups, c'est donc un boxeur ?...
— Non, y parait que c'est un arbitre de
rugby...
(Dessin inédit de A. JA3D1.N.)
RAPPROCHEMENT
ENGAGEMENT
— Savoir encaisser, monsieur le professeur, mais ça me connaît!...
— Vous (tes boxeur ?...
J'ai un passé, monsieur...
Oui... mais peu d aventr.
(Dessin inédi. de
DH'.HMJ
— Non, li: suis caissier /...
tDessin inédit ds A'.i£N3 B.livorj
«■■■■■i
DIMANCHE-ILLUSTRÉ
liHilhnimiiiii
iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiniiniiiiimiiiiiiiiiiiiiiiiiii
IIHI
14
iiwiiiiiiiiiiii
1111111111
LE 30 MARS 1924
iiiiHiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiMiuiiiuiniiiiiiiuiiiiniiiiMiiiiiiiiWiiiiiiiiiiii.
luiimiHj
BRIC-A-BRAC
T
UNE COLLECTION ORIGINALE
qui récemment nous
charma tant au Casino Municipal, vient
de révéler que. depuis vingt ans, elle accorde
tous ses soins à une collection vraiment originale.
Jusqu'ici, elle avait bien pris garde de n'en
rien dire. Des imitateurs se seraient empressés
d'entrer avec elle en concurrence.
A présent qu'elle a réuni des documents
uniques, elle peut sortir de sa discrétion.
11 s'agit d'une collection de mains.
Rien n'est plus caractéristique que la main
d'un homme ou d'une femme.
Miss Lo'ie Fuller possède notamment, en
moulages, les mains de Voltaire, de Victor
Hugo, de Balzac, d'Alexandre Dumas père,
d'Alexandre Dumas bis, de Flammarion, de
Sarah Bernhardt, des maréchaux Joffre, Foch
et Pérsbing, des reines de Belgique et de
Roumanie...
A chacun des modèles est adjointe une
petite notice expliquant ce que les lignes de
cette main révèlent du caractère du personnage.
Miss Fuller a promis de faire prochainement une exposition de sa collection dans le
musée de Vancouver.
L'Officiel des Spectacles (Nice).
M
ISS
LoiE FuLLER,
LE CHEVAL L AVAIT DEVINÉ
popularité extrême dont jouit en Angleterre le prince de Galles n'est nullement
■ ntamée par les mésaventures de ce cavalier
casse-cou. On rit avec indulgence de ces chutes,
• ,ont la victime, grâce à sa bonne étoile, se tire
toujours à peu près indemne. On fait à ce sujet
d'innocentes plaisanteries, témoin l'anecdote
suivante, qui se raconte à Londres :
Lors du dernier voyage du prince au Canada
— ce n'était pas une visite officielle — un vieux
fermier considérait dans un journal illustré
une photographie du royal écuyer.
— Ma parole ! s'exclama-t-il, voilà encore
le prince qui quitte son cheval plus vite qu'il
ne le voudrait ! Et quand il prétend voyager
incognito, encore !
— Oui, répliqua promptement un voisin,
mais on ne peut pas tromper un cheval !
Sketch.
L
A
RÉMINISCENCES
il n'était que poète symboliste et
A qu'ilquplaçait
les vers sous l'égide du
LORS
Diadumène, M. Pierre Benoît habita quelque
temps chez Léo Larguier, dans une petite
chambre de la provinciale et si charmante
rue de l'Estrapade, tout en haut de la montagne
Sainte-Geneviève.
Le chantre des Isolements se souvient-il
que son ami Pierre avait écrit sur la porte de
leur commun domicile :
Ici demeurent Léo trisle
Et Pierre que l'on dit Benoît
Un autre poète. Pierre Olivier de la Fayette,
venant un |our en visite rue de /Estrapade,
aperçut l'inscription el y ajouta — non pas sans
rime ni raison, mais pour la rime et la raison,
— ce troisième vers :
Ces grands hommes sont à l'étroit.
Le Fleuve.
UN ACTE POUR QUARANTE SOUS
tous côtés, de petits théâtres, des théâD triculets
se mentent.. Certains s'en
E
étonnent, mais la chose n'est pas nouvelle :
Ouvrez YAlmanach des Spectacles de 1791, et
vous lirez ceci :
" Le Théâtre des Muses ou de l'Estrapade, rue de l'Estrapade, à côté du "Panthéon ".
Bâti et dirigé par un tourneur de chaises, qui
achète des pièces moyennant quarante sous
l'acte...
Vous entendez : quarante sous l'acte. L'histoire ne dit pas, malheureusement, si ce tourneur de chaises a fait fortune.
La Renaissance.
LE BEURRE N'AIME PAS LA LUMIÈRE
Revue internationale de
L agricoles
rend compte d'un
renseignements
récent travail
de M. F. Lauterwald, paru dans le MolhereiZeilung, sur cette question encore mal connue.
L auteur estime que la lumière a une action
nuisible sur le beurre, beaucoup plus puissante
que les praticiens ne le croient communément.
11 suffit d'exposer à la vive lumière solaire,
pendant dix minutes, un échantillon de beurre
fin pour qu'il prenne un aspect et un goût
sébacés. M. Lauterwald conseille donc le proA
D
U V E L L
PARTOUT
Finalement, le Congrès vota une résolution
cédé suivant : pétrir le beurre dès qu'il a été
retiré de la baratte, le saler, le mettre dans les invitant les pays intéressés à poursuivre de
moules, le porter immédiatement dans la nouvelles recherches concernant l'influence du
chambre à beurre, qui doit être obscure, fraîche, riz poli sur la diffusion du béribéri ".
bien aérée, l'y laisser égoutter jusqu'au jour
Le Courrier Colonial.
suivant, le pétrir de nouveau, le mettre eh
baril et en fermer le couvercle. Il faut supprimer l'usage d'exposer, dans les magasins, le L'ALCOOL ET LES COCHONS
beurre en vitrine ; il doit y être tenu aussi à
E bon poète Raoul Ponchon vient d'assister
l'obscurité. Il en est de même dans les maisons.
à une conférence antialcoolique. 11 était
Les pots qui renferment le beurre doivent être allé là, disait-il, pour s'instruire.
jaunes, rouges ou gris, jamais verts, bleus ou
Le conférencier, après avoir exposé les
incolores.
méfaits de l'alcool, procéda à une expérience.
L'Alsace.
Il injecta à un cobaye une forte dose d alcool.
Après avoir bien crié, le cobaye se tut et rendit
LA MONTAGNE SCULPTÉE
I ame.
— Parbleu ! assura Ponchon, je le disais
LEXANDRE LE GRAND rêvait de donner sa
bien : l'alcool n'est pas lait pour les cochons.
forme au mont Athos. Les Américains
La Parole Libre.
vont réaliser un rêve analogue. Stone Mountain, en Géorgie, va être taillée de manière
à immortaliser les figures du général Lee et PAROLES
des grands chefs de son armée. Stone MouniSs MARY CASSATT connaît les misères d'un
tain (Montagne de pierre) porte bien son
grand âge. Elle est presque aveugle. Mais
nom ; c'est une colline arrondie formée d'un cet âge, quel est-il? Ne le lui demandez pas.
bloc monolithe de granit poli par les âges,
— Je n'ai jamais avoué mon âge à personne,
long de 1.500 mètres, haut de 213. La dit-elle, pas même à ma mère !
silhouette du général Lee aura la hauteur d'un
Le Bulletin de la Vie artistique.
bâtiment de seize étages. Le grand Sphinx
d'Egypte disparaîtrait derrière la tête seule
de cette gigantesque image, et il s'en faut ERGOFHOBIE
de trente mètres pour que la grande pyramide
OUS ne savez pas peut-être ce que c'est
de Chéops atteigne à la hauteur du cheval
que l'ergophobie ? Mais vous allez
du général.
l'apprendre. L'Amérique, à laquelle nous
Le sculpteur Gutzon Borglum, qui a entre- devons tant de choses, va remédier à cette
pris ce travail colossal, compte qu'il faudra lacune de vos connaissances. A vrai dire, ce
dix ans pour l'achever. Il a fallu de longues beau mot a été inventé par un médecin amérecherches pour résoudre tous les problèmes ricain pour désigner une maladie qui, bien que
que posait une entreprise aussi étrange. Par vieille, n'avait jamais été découverte.
exemple, comment dessiner sur la montagne
Par contre, vous avez tous entendu parler de
ces silhouettes géantes? On eut l'idée de la paresse, que vous considérez comme un
photographier la maquette de plâtre du monu- vice ou tout au moins comme un défaut. Quelle
ment qui, outre les généraux, compte une erreur est la vôtre ! Le docteur dont nous
foule de personnages, deux mille au total ; parlons, ayant examiné dans les hôpitaux
les clichés furent reportés sur verre et, de new-yorkais vingt-deux mille patients, est
nuit, des projections lumineuses, faites de arrivé à cette conclusion, que la paresse n existe
très loin, esquissèrent, sur le flanc de Stone pas, mais bien une maladie : l'horreur du
Mountain, les figures héroïques,, magnifiées travail, à laquelle il a donné ce beau nom
dans la proportion nécessaire. Des aides, d'ergophobie.
montés sur des écha audages suspendus par
Que de gens vont être dans la joie ! On ne
des câbles d'acier, en tracèrent les contours pourra plus les traiter de paresseux, de fainéants,
par un trait de couleur et. de jour, des ouvriers de tire-au-flanc... •
vêtus de cuir, ballottés dans des sièges suspen— Comment ! diront-ils avec scandale.
dus, se mirent à percer d'innombrables trous Mais, monsieur, je suis ergophobe !
pour fixer le tracé.
Et voilà un péché capital qui dégringole de
■Sundatj Times.
son socle !
Apprenons donc tous que, dorénavant,
nous devrons soigner la paresse... pardon !...
PÉNÉTRATION ALLEMANDE EN RUSS E
l'ergophobie... de notre prochain.
UR le total d'un millier de demandes de
Berliner Tageblatt.
concessions formulées par des étrangers et
que doit examiner le Conseil des Commissaires UN HOMME PRESSÉ
du Peuple, il en est plus de 350 qui émanent
ce dîner littéraire il avait été empoisonnant.
de sujets et de sociétés allemands.
Il n'avait parlé que de lui, de ses œuvres,
Pour 60 concessions agricoles, forestières,
minières, industrielles ou commerciales ac- de ses prix. Quand il avait fatigué ses voisins
cordées déjà par les Soviets à des firmes étran- avec les histoires de son passé, puis de son
gères, on en compte plus de la moitié à des présent, il les entreprenait sur son avenir.
Entre la poire et le fromage il disparut
entreprises allemandes. L'Angleterre vient
soudain.
ensuite.
— Où est-il ? demanda un des convives
La Correspondance Rhénane.
inquiet.
Alors, son plus intime ami, un peu gêné :
LE CINQUIÈME MASQUE DE NAFOLÉON
— Il est parti pour le Panthéon : il ne
pouvait plus attendre...
L est, présentement, en Amérique. On sait
Candide.
qu'après la mort de l'Empereur à SainteHélène, le docteur Antomarchi avait moulé
LA ROBE BLANCHE
les traits de l'homme du destin.
Cinq épreuves de ce moulage avaient été
ES jeunes mariées savent-elles que c'est à
tirées. Deux sont au Louvre, une au British
l'une des plus jolies reines de France
Muséum de Londres, la quatrième appartient qu'-!les doivent la virginale blancheur de leui
à un riche Anglais, M. Lawrence Hutton.
robe nuptiale ?
On avait perdu toute trace du cinquième
La première robe de mariage blanche lut.
masque. Or, il avait passé les mers, puisque en effet, portée par Marie Stuart en 1558,
M. ,Jay Morton vient d'en faire don à la lorsqu'elle épousa François II, et ce n'est qu'à
Société historique de Chicago.
la fin du XVII ' siècle que l'usage s'en généralisa.
La jolie reine écossaise n'avait même pas
L'Evénement.
osé rompre trop complètement avec la tradition, car à sa robe de brocart blanc elle avait
LE RIZ POLI
ajouté un superbe manteau de cour de velours
E " béribéri " est une maladie tropicale de Perse bleu pâle, dont de nombreux pages
qui affecte les mangeurs de riz. Ils en portaient la traîne, longue de six mètres.
souffrent plusieurs années, ils en meurent.
Le Péle-Mêle.
On affirme, sans en être très sûr, que c'est
surtout le riz trop bien décortiqué qui pro- LES BELLES RÉCEPTIONS
voque la maladie.
E prince de Galles, nonobstant ses dernières
Au cours du dernier Congrès de médecine
malchances en sport hippique, va bientôt
tropiehle, qui s'est tenu à Singapore, un Américain qui parlait au nom des Philippines*pro- recommencer son métier de globe-trolter. Déjà
posa simplement d'interdire l'exportation et la l'Afrique du Sud s'apprête à le recevoir brilvente du riz poli. Bien entendu, les repré- lamment. Le Conseil municipal de la ville de
sentants de tous les pays exportateurs de riz Cap avait d'abord décidé de consacrer aux
s'élevèrent contre celte proposition, justifiée fêtes de cette réception une somme de trois
simplement par une hypothèse, que rien, jus- mille livres. Mais il fut bientôt évident que ces
qu'à présent, n'avait permis de confirmer.
subsides ne suffiraient pas pour exécuter les
L
A
M
V
S
A
projets grandioses des édiles, la seule illumination de la ville devant coûter déjà mille
livres. Cinq autres mille livres ont donc été
votées, qui s'ajouteront aux premières, et toute
la populalion se réjouit des festivités par
lesquelles sera accueilli le prince. On parle entre
autres d un divertissement enfantin monstre,
auquel prendaient part des milliers d'écoliers.
Le Natal est heureux parce que le prince
passera à Durban trois jours, au lieu de deux,
et que justement sa visite coïncidera avec
les fêtes célébrant le centenaire du port. A
Maritzbourg, enfin. Son Altesse Royale, au
lieu d'assister simplement au jeu de polo donné
en son honneur, sera priée d'y prendre part.
77ie African World.
UN PROGRAMME
j'étais Dictateur, certains jours de triomS i phe
social, je descendrais de mon trône
éphémère et, agenouillé, publiquement je
remercierais la mère vénérable entre toutes les
femmes, le vieil ouvrier, le grand citoyen,
l'inventeur utile, le savant, dignes de l'admiration des foules. Et je serais sincère.
Si j'étais Dictateur, la poitrine découverte,
face à la Haine, à la Calomnie, à l'Erreur,
j'accomplirais mon œuvre sans défaillance,
sourd à l'ambition, dédaigneux des honneurs,
parfois impitoyable mais juste.
Et, ma tâche achevée, je me retirerais,
humble de cœur, soumis aux lois de la Loi
naturelle, ne cherchant aucune autre satisfaction
que celle de terminer ma vie dans l'oubli el la
paix que l'aurais bien méritée.
Le Francisme.
NOUVEAU DÉLUGE
IL
y a une vingtaine d'années, un Ecossais
1 se présenta au comte Balfour, premier lord
du Trésor britannique, et lui offrit de prédire
le temps pour deux shillings et six pence.
Le comte ayant accepté et payé, le prophète lui dit qu'il allait pleuvoir pendant
soixante-douze jours d'affilée.
— C'est impossible, dit le comte Balfour,
puisqu'il ne fallut que quarante jours de pluie
pour provoquer le déluge.
— Très juste, répliqua le prophète. Mais,
dans ce temps-là, il n y avait pas d égoûts !
Evening Cbronicle.
fiAàNTiEN DU
tu
iA«i'AL0N
AO
pat l'emploi des
BANDES PERFECTPLV
BREVlltf S G D G <Dé.W
/ '4i*e im rie à la ptyrtvè de ions. fïobitie\ <f(
m i tu m n m iwa ntinle f/Vïn/»/m\p> r" r I rï. 50
t m ,
uèlra
E'n vente : Magasins Nouveautés, rayon Mercerie
—
Notice gratis
BANDES PERFECTPLY
85. rae d'Aboukir, PARIS
MAISONS ■BOIS
Depuis 1.9GO fr.
•ive<
(ariiil^s <te puiriiietil
I
L
1
NOUVEAUX TYPES 1924
D & N ROLLAND Frères
K t /»/#»'/ U) n
pgnmi tt t*n l e
:
193, avenue du Général-Michel-Bizot, PARIS
<<"f(iif<'/<4
Si—rait r n
ntitvo
ÏUI
itman u
MANUFACTURE DE CUIVRERIE.
yA&USSEMEnîS
CH. rKWSSËAU &CIOô.RUE Sr MÀUR.IÔa
L
PARIS,! XI
VER NON C PAMi
L
TOUTEuCUÏVRERIE
MAGASINS.
MOINS
roui
POU
» INSTALLATION/"
BANQUES.
COURANTES
ET
MUSÉE/
CYMAISE»
TRAVAUX DE CUtVREQIE SUft
PIAH3
minium
LE 30 MARS 1924
mmii
i
LE RAID DU CAPORAL SWEENEY, DÉSERTEUR
(Suite du texte de la page 7).
en vinrent aux mains et il en cuisit pour le
visage de You Han : le courage n'est pas toujours récompensé. Mais le caporal vint à la
rescousse et infligea au brimeur la plus colossale raclée de sa carrière. Le village assemblé
lui fit un succès, car beaucoup avaient souffert
de cette engeance, et l'on festoya le héros chez
le chef du village, avec des mets compliqués
et beaucoup d'effusion. On pressa les voyageurs de rester et de faire, de la ville, leur
patrie pour toujours.
Etait-il vraiment parmi ce peuple qu'on lui
avait toujours appris à mépriser à cause de
son inhumanité. Et il sembla au déserteur,
plein d'espoir, qu'il pénétrait dans un chemin
nouveau.
— Je commence à croire, dit-il à You Han
que j'pourrais bien me fixer dans un de ces
villages perdus, au moins jusqu'à ce que les
troupes aient quitté la Chine, au printemps.
Et il ne serait pas impossible qu'à moi tout
seul je prisse une ou deux villes d assaut. Encore
un jour de marche et j'risque le coup. Je m'fais
Chinois ; je deviendrai un citoyen plein de
dignité, un notable, et je prendrai un brevet
de grand-père en l'honneur de tous ]es mioches
de mon nouveau patelin !
Au moment de se mettre en route, on s'aperçut que l'essieu de la charrette s'était fendu
et qu'il fallait le réparer pour éviter un désastre
au premier passage accidenté. Le caporal était
dans une impatience frénétique d'aller plus
loin, encore plus loin. S'il avait le malheur
de s'arrêter, pensait-il, c'en était fait de lui.
Le plus prochain village était à dix milles.
Pour y parvenir, il fallait traverser un vaste
désert de terre désolée sur laquelle rien ne
vivait, rien ne poussait. Du toit de tuiles de
la taverne, le soldat apercevait une énorme
étendue ressemblant à un lac, depuis les murs
du village jusqu'à la ligne d'horizon. Cela lui
sourit, et il eut un long soupir de soulagement.
Cette barrière entre lui et l'armée et il était
sauvé : il se sentait, dans sa fièvre, à la frontière du pays de la sécurité. You Han était
entouré par un groupe de citoyens qui, avec
volubilité, lui persuadaient d'attendre deux
jours qu'un nouvel essieu pût être taillé à même
un tronc d'arbre. Mais le déserteur mit fin
à la conférence en criant à brûle-pourpoint :
— Fiche-moi la charrette là, charge la mule,
et nous enverrons chercher l'arche de Noé
quand nous serons arrivés là-bas. Sur la mule,
le bagage du petit campement !
Quand la mule baie, à la remorque du gamin,
eut passé, en boitant, la porte du mur à demi
écroulé, ses sabots menus s'enfoncèrent jusqu'au boulet dans le sable blanc. La piste des
roues de charrette, serpentant à travers la
plaine, étincelait au soleil aveuglant. Au bout
d'une heure, le village ne faisait plus qu'une
tache brune à moins de deux milles de là. Le
déserteur faisait des réflexions pleines d'amertume, mais il y avait quand même de la gaieté
au milieu de ses jurons, tandis qu'il marchait
péniblement en avant du gamin et de la mule.
Chaque fois qu'ils s'arrêtaient pour se reposer,
il causait à You Han sans s'inquiéter si l'enfant
comprenait un mot sur cinq. Ils semblaient
tous deux seuls au monde ; leurs destins lamentable; n'avaient jamais, à aucun moment de
leur fuite, été aussi étroitement liés ; et l'espoir
gisait au-delà de cette dernière barrière que
leur opposait un destin devenu singulièrement
clément.
— Tu auras toute la semaine prochaine
pour retirer le sable de tes imbéciles de chaussures, fit observer le caporal, et mes ampoules
seront soignées par le chirurgien en chef du
canton. Aimes-tu les poulets et les pardessus
en soie ? Par le diable, mon fiston, nous sommes
sur le chemin d'avoir à la pelle toutes les commodités de la vie.
iiiiiiiiiniiiiiiiiiiiiii
iiiuiiuiiHiiiuiiniii
i
15
min
MIIHIIIIHIIIU
IIIIIIIIIIIHI
■
IIIIIIIIIHIIHIIIIIIIIIIIUIIII
Au bout de trois heures, ils n'étaient pas
encore à mi-chemin, et la courte après-midi
d'hiver commençait à rougir. La plaine désolée
commençait à se moutonner de petites collines de sable mouvant, entre lesquelles le
sentier de loin en loin se perdait. L'air était
de cristal, sans un souffle de vent, et du haut
d'une des collines blanches, le caporal apercevait la silhouette tremblante d'un temple
surmonté d'une tour qui lui servait de point
de direction. Ils n'arrêtèrent cette marche
forcée que pour un bout de souper et une
rapide accolade à la bouteille à eau du paquetage, à laquelle furent admis tour à tour les
hommes et la mule.
La lune se leva, mais avant qu'elle fût audessus des dunes imprécises de sable, le ciel
se macula de bouts de nuages courant en tous
sens. Le vent furieux qui les avait poussés
les devança et se mit à arracher au sol des bouffées de sable et à jouer avec, d'une crête à
l'autre. Les voyageurs se frottaient les yeux
en poursuivant péniblement leur marche vers
l'ouest, prenant leur direction d'après les
traces des charrettes encore visibles et d'après
la lune derrière eux.
— Nous sommes plus d'à moitié chemin,
criait le caporal, et ce serait idiot de se perdre
dans ce mouchoir de poche de désert !
Puis le ciel gris se referma, et les tourbillons de sable bondirent à leur rencontre...
Le souffle terrifiant effaçait la piste des roues
comme si elle n'avait été qu'une trace de doigt.
' Toute espèce de conversation était impossible ; à la fin, le déserteur murmura à la tempête, d'une voix de cauchemar :
— Ah ! une maison ! une maison !... Ç'en
est fait de moi !.,. Excusez-moi si je n'ai pas
pris ma dernière purge comme un homme !
P't'être que tu vas bientôt t'arrêter de souffler.
Mon Dieu I Pardonnez à ma pauvre âme de
poltron ! J'ai jamais voulu mal faire. Mais
pourquoi diable ai-je amené ce pauvre idiot
de You Han dans cette affaire-là ?
Le déserteur tomba en avant sur les mains
et sur les genoux et son fusil s'enterra quelque
part près de lui. Il saisit la queue de You Han,
de peur de se trouver séparé. Alors, la mule
se poussa impétueusement contre eux, les
oreilles en avant, ses grosses lèves tendues,
et se mit à trompetter à grand fracas.
— Li croire saura trouver, li savoir beaucoup, murmura faiblement You Han.
La mule entraîna brusquement l'enfant
suspendu à sa corde ; le caporal, derrière,
tombait, glissait, puis, au bout de quelques
pas, tous s'arrêtèrent : les trois créatures, accrochées l'une à l'autre, ne pouvaient pas aller
plus loin. You Han s'abattit en un petit tas,
et le caporal s'écroula la face contre terre.
L'enfant avait attaché la longe autour de
son poignet, et la mule, dans son impatience,
lui imprimait de telles saccades que la pauvre
forme, abandonnée dans le sable, semblait
faire des gestes de détresse. Le caporal ne
remuait plus : d'un suprême effort, You Han
se rapprocha un peu de lui ; la mule suivit
en protestant.
Et le rideau ondulant de sable se referma
sur les trois formes.
L n'y avait plus ni collines, ni chemin, mais
Après un moment de prostration suivi
seulement un brouillard de sable tourbillond'efforts suprêmes, You Han parvint à se
nant.
Le déserteur et l'enfant se couvrirent la mettre à genoux et, avec ses dents, dénoua
figure de leurs mains, de leurs vêtements ; la sangle de la mule ; le paquetage tomba.
ils se sentirent perdus, lancés à la dérive, inca- En se traînant sur les poignets, l'enfant toucha
pables du moindre acte qui pût les sauver. à nouveau le caporal et essaya de soulever
L'étouffante tempête de sable était si dense, cette lourde masse, puis de lui parler dans
que c'est à peine s'ils pouvaient voir, à Un pas un gémissement inarticulé. Le déserteur tenta
d'eux, la mule qui tirait au bout de sa corde de se relever et n'y parvint que quand il eut
d'entrave. Les dunes se soulevaient avec un compris confusément que le petit voulait lui
gémissement plaintif, et dans le hurlement faire enfourcher la mule, ou tout au moins
du vent au-dessus d'eux, on distinguait comme l'accrocher à sa remorque avec la longe ; il
un bruit aigu de râpes, munies de dents innom- tenta, en vain, de se relever. L'effort le réveilla
et, repoussant la mort qui pesait déjà sur ses
brables et meurtrières.
Le caporal et You Han, à tâtons, s'arrê- épaules, il se dressa en oscillant sur un genou
tèrent contre le flanc d'une colline, pensant et poussa You Han vers la mule, au-dessus
y trouver un abri, mais l'inondation de sable d'eux. D'une voix râpeuse comme si sa langue
les y enfouit promptement jusqu'aux genoux. eût été en papier de verre, le déserteur réussit
Le vent les poursuivait, les aspirait, s'achar- à dire :
— Monte sur la mule ! Plus de village
nait à leur chasse. De petits morceaux de silex
s'enlevaient par couches et leur piquaient le chinois pour moi. Tu vaux plus que moi ;
visage, comme des volées incessantes de petits toi et la mule vous valez mieux que moi.
plombs. Ils ne pouvaient pas plus penser à ce Tu ne veux pas? Tiens, attrape ça !
Le déserteur frappa du poing la mâchoire
qu'il fallait faire que ne le peut un nageur
de l'enfant qui se débattait, et le coup fut
précipité dans un déversoir.
Pouvait-on vraiment penser mourir sur une appliqué avec la dernière étincelle de la force
si médiocre scène ? Le déserteur, cependant, passée du caporal Sweeney.
You Han s'affaissa, tout mou, comme s'il
au bout de peu de temps, se rendit clairement
compte de ce qui se passerait s'ils restaient, avait reçu un coup de feu : alors le fugitif de
ne fût-ce qu'une heure, exposes à une telle la justice militaire se raidit et essaya de soulever
dans ses bras le petit corps léger, mais n'y
tempête.
Ils avaient perdu leur direction et luttaient put réussir. Par trois fois il recommença.
Alors, comme la mule reculait, il s'affaissa
simplement pour respirer.
You Han en était à sa première tempête contre elle et laissa tomber le gamin en travers
au désert ; il ne se produit jamais rien de tel de son dos, comme un ballot d'étoffes. Puis
dans son pays, au bord du Pei-Ho. Aussi bre- l'homme saisit le sangle qui traînait sous
douillait-il tout ce qui lui revenait de prières, ses pieds dans le sable, la passa par-dessus
et comptait-il de toutes ses forces sur la science You Han, et la serra de toutes ses forces
de son maître, qui le tirerait certainement de avant de se laisser retomber dans le sable
tourbillonnant. La mule fit un pas ou deux
cette terreur affreuse de mourir gelé.
L'homme et 1 enfant eurent bientôt le corps avec son fardeau en trébuchant, elle se sentit
raidi par le froid et le cerveau complètement libre et en un instant, sa silhouette boiteuse
engourdi. Ni l'un ni l'autre n'avait jamais rien disparut aux yeux du déserteur.
A moins de cent mètres de là, une caravane
enduré de comparable à cette tourmente. Ils
trébuchaient d'une colline sur une autre, tom- de chameaux avait campé pour se défendre
bant, se relevant, tombant à nouveau, se rele- contre l'orage, et les conducteurs Mongoliens,
vant de plus en plus lentement, tandis que la engoncés dans leurs fourrures, tout près de
petite mule courageuse essayait en "vain de leurs animaux, virent arriver une petite mule
baie, moitié portant, moitié traînant le corps
tourner la croupe à la bourrasque.
d'un jeune Chinois. Lorsqu'ils eurent coupé
les liens qui l'attachaient, ils s'aperçurent
qu'il respirait encore.
Il resta longtemps évanoui : le jour et la
fin de la tourmente de sable étaient venus
avant qu'il fût en état de parler, et les chameaux
avec leur démarche de roulis, étaient déjà
en colonne de route. Les conducteurs à la
peau brune se moquaient de l'histoire racontée
par l'étranger en délire, quand tout à coup,
le chameau qui porte une sonnette et qui
marche en tête de la caravane fit un écart
devant quelque chose d'à moitié enterré
dans le sable. You Han, ses forces retrouvées,
repoussa les hommes du Nord avides de voir,
et de ses propres mains il dégagea une forme
vêtue du bleu militaire, et un visage d'Irlandais aux traits nets qui portait l'expression
d'une paix immense.
I
RALPH
D.
PAINE.
(Adapté par Jacques des Gâchons.)
SITUATIONS
POUR
iiiiiiiiiiiiiiniii
DIMANCHE-ILLUSTRÉ
«iinaii
VARIÉTÉS
UME GRÈV
BRAS CROISÉS EM Î4(B1
L
22 juillet 1461 mourait, en son château
de Mehun-sur-Yèvres, le roi Charles VII.
Son corps fut ramené à Paris ; avant
de l'entrer en ville, on l'arrêta d'abord dans
l'église Saint-Nicolas-des-Champs, puis il fut
conduit à Notre-Dame où se déroula une
pompeuse cérémonie funèbre. De là, il ne
s'agissait plus que de le mener à Saint-Denis
selon la tradition.
Les membres d'une corporation, celle des
porteurs de sel, connus sous le nom d'/iainouards, avaient le curieux privilège de porter
sur leurs épaules le corps des rois.
Ces hainouards, dit un chroniqueur du
temps, sont officiers au fait de la saunerie de
Paris, au nombre de vingt-quatre, qui sont
en possession d'ainsi porter les corps des
défunts rois, afin de faire voir que leur mémoire,
ainsi que le sel se conserve toujours. "
Dans le transport du corps de Charles VII,
ces hainouards se conduisirent assez mal.
Tout alla bien jusqu'au lieu dit la Croixaux-Fiens. Cet endroit, situé sur la chaussée
d'Aubervilliers, bornait la banlieue de SaintDenis du côté de Paris. Là, les hainouards
laissèrent le corps sur le chemin et ne voulurent aller plus loin, prétendant qu'il leur était
dû la somme de dix livres parisis pour continuer jusqu'à Saint-Denis. Et Charles VII
resta en panne. " Demeura le corps à ce sujet
assez long espace de temps, sans avancer "
dit la chronique.
Il fallut que Tanneguy Duchâtel. grand
écuyer du roi défunt, promit aux porteurs de
leur payer le salaire réclamé. Cessant alors
leur grève inopiné, les hainouards reprirent
leur funèbre et royal fardeau. Ils arrivèrent
à Saint-Denis sans encombre, mais à la nuit,
avec un retard considérable.
E
PAUL SUD.
Le Gérant :
Paris. —
HÉMERY,
imprimeur,
H
LE PAGE.
rue d'Enghien.
18.
Compt
et jiour cela, ne négligez rien nui puisse vous
ailler a réussir,
Etes-yous certain de mettre en enivre toutes
les qualités dont vous êtes effectivement doue?
Etes-vous sûr de ne pas laisser échapper une
occasion d'améliorer votre existence?
i
On p'eitt savoir ce qu'on vaut cl on peut ausmenter
sa puissance.
La Psychologie a fait des iirojrrès suffisants
pour permettre l'établissement d'une méthode
mentifique a pratique «le perfectionnement de
soi-même. Cette méthode, qui s'enrichit tous les
jours d expériences nouvelles, existe depuis trente
mis et eomjite plus d'un million d'adeptes : c'est
le SYSTÈME PELMAN. Brochures explicatives et
preuves sont fournies gratuitement pur 1 1 vs 11 eu e
PELMAN, 89 n, rue Boissy-d'Anglas, Paris (8«). "
POUR LA
PUBLICITE ■•^««'.^
,
régie exclusive
XCELSIOR-PUBLIÇITÉ
des annon.-e. d/•.rcclstoi « eu Dimanche-lllasl ré (ExaUm-Omand*). 11 boulev d-a
Italien., Paria ( 2). Lcuv. 33-46, Gui. 25-3';. 39-49. 12-45, Ce.n. 60-13.
SUPPRESSION DE L'ANTENNE Eî AUDITION
PARFAITE DE TOUS LES CONCERTS ?M Ï.S.F.
Les Etablissements (1. M. /'., dont les postes
récepteurs de T. S. V. sont si appréciés prmr leur
puissance et leur parjbite clarté, viennent de
mettre sur le marché une nouveauté sensationnelle
LE COLLECTOR "
s'adaplant sur tous les récepteurs en utilisant,
en remplnccment de Vencombrante antenne, n'importe quelle canalisai ion métallique : eau, »m,
chauffage central, balcon etc. : son prix minimum
de 40 francs le met à la portée de tons, Ses résultats sont garantis, Manuel pratique de T. S, l<\
pour amateurs, 5 IV. 50. Notice détaillée et catalogue des pièces détachées, 0 IV. -Jj.
Etablissements G. M. P., 35, rue de Rome, Paris.
mmm
li FAUT CHOI/ifSH IL/4
CUSCUTINB
LAXATIF
DÉI'UP.VriI'
CONSTIPATION
PAU FAIT coulro Î0
et ses coaîquesces
Migraines, maux d'estomac, de l'inreitin
..' sang vicié, Vital i fr. 50. II. <,'. .s'wie $WJ$'
I Chez FOULON. ISS, h'g Saint-Mail in. Piti} et pharmacies".
JEUNES GENS, JEUNES FILLES ET ADULTES
sont obtenues très rapidement en s'adressant aux ÉCOLES PIGIER
Rue de Rivoli, 53 - Boulevard Poissonnière, 19 - Rue de Rennes. 147 - PARIS R. C. setm u.oit
*
DIMANCHE-ILLUSTRÉ
1,1,1
lllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllll
IIIHIIUIIIIII
16
IIIIIIIIIHIIIHIIIIIII
IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIHll
I
llllllllllllll
lliliiiiiiiiiiiiiiiuillllll
LE 30 MÂRS1924
■<■>
n
UNE SPLENDIDE VISION D'EFFORT ATHLÉTIQUE ET DE VOLONTÉ : LA CÉLÈBRE ÉQUIPE D'AVIRON DE CAMBRIDGE EN PLEINE ACTION
Tout le monde connaît, de réputation tout au moins, la célèbre équipe d'aviron de l'Université de Cambridge, rivale d'Oxford, et dont les victoires ne se comptent plus. Voici
cette équÎDe qui reprend son entraînement en vue des prochaines régates. Mais nous
attirons spécialement l'attention sur l'extraordinaire expression d'énergie, de force, qui
éclaire le visage des hommes, tandis que, crispés sur leur aviron, ils tendent toute leur
volonté vers la victoire future. Cette discipline dans l'effort n'est-elle pas admirable?
LA COTE 60 RECONSTITUÉE A L'EXPOSITION DE WEMBLEY
L'AIEULE DE LA BICYCLETTE ACTUELLE
Chez nos voisins d'outre-Manche, on travaille fiévreusement à la grande exposition qui
doit s'ouvrir, à Wembley, en avril prochain. On y verra, en réduction, la reconstitution
très fidèle de la côte 60 de l'ancien front français où tant de nos alliés tombèrent. Cette
carcasse de bois sera recouverte de façon à simuler le sol, ses accidents, ses tranchées.
Le principe de la bicyclette moderne n'est pas très ancien. Ce n'est qu'en 1839, qu'un
forgeron écossais, Mac Millan, inventa ce dispositif qui comprenait un pédalier rudim3ntaire entraînant la marche des roues. Mac Millan mourut obscur, mais ses compatriotes
réclament aujourd'hui pour lui la paternité de cette invention, tant améliorée depuis.
UN TOUT JEUNE BOXEUR... DÉJÀ CÉLÈBRE
LA REPOPULATION CHEZ LES BOAS-CONSTRICTORS
En Amérique, il existe des clubs athlétiques où les enfants de la société viennent faire leurs
premières armes, comme ceux que nous voyons ici dans une salle de Washington. Et le
jeune boxeur, à gauche (x), est déjà célèbre, sinon par ses exploits sur le ring, du moins
par son nom, car c'est Teddy Roosevelt, petit-fils de l'ancien président des Etats-Unis.
On n'a pas souvent l'occasion de voir une pareille nichée de serpents. Se douterait-on que
la repopulation fût si fructueuse chez eux? Cette " maman boa ", qui appartient à un
jardin zoologique d'Australie, peut en être satisfaite, mais elle forme avec sa progéniture
un assemblage assez effrayant, qui rappelle certains monstres fabuleux de l'antiquité.