Regards latins // du 28 Janvier au 8 Février

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Regards latins // du 28 Janvier au 8 Février
Regards latins // du 28 Janvier au 8 Février
CALENDRIER // sommaire
Ouverture Festival Salamandra de Pablo Agüero
Pathé Évreux à 20h
P°4
Samedi 29/1
Cinéma
Journée Cinéma Douglas Sirk Animée par Carole Desbarats
Le Temps d’aimer, le temps de mourir Pathé Évreux
P°5
Mirages de la vie à 17h30
Vendredi 28/1
Cinéma
à 14h
Lundi 31/1
Cinéma
El Gaucho de Andrés Jarach
Médiathèque d’Évreux à 20h Mardi 1/2
Cinéma
Nostalgia de la lúz de Patricio Guzmán
Pathé Évreux à 20h
P°7
Mercredi 2/2
Animation
La petite fabrique à Flip Book par Pauline Saïdi
Médiathèque d’Évreux de 10h à 17h
P°8
Cinéma
Mystères de Lisbonne de Raoul Ruiz
Pathé Évreux à 19h30
P°9
Jeudi 3/2
Cinéma
La Colorina de Fernando Guzzoni
Médiathèque d’Évreux à 20h P°10
Théâtre | Cinéma
Sin Sangre Cie Teatrocinema
Th.Gd Forum de Louviers à 20h30
P°11
Vendredi 4/2
Danse
Travelling (Paysage) de Dominique Boivin
MdQ Madeleine Évreux à 19h
P°12
Cinéma
La Sociedad del semaforo de Rubén Mendoza
Pathé Évreux à 20h
P°13
Samedi 5/2
Conférence
Cinéma
Conférence
Daouda fait son cinéma
Wall E de Andrew Stanton «Autour de Pixar» par Hervé Aubron Médiathèque d’Évreux de 10h30 à 12h
Pathé Évreux à 14h
Médiathèque d’Évreux à 16h P°8
P°14
P°14
Ciné-Spectacle Profondo Rosso par le Surnatural Orchestra
Pathé Évreux à 20h30
P°15
Lundi 7/2
Cinéma
Batalla de Chile de Patricio Guzmán (1
Médiathèque d’Évreux à 20h
P°16
Mardi 8/2
Cinéma
Cinéma
Batalla de Chile de Patricio Guzmán (2nde et 3ème part.)
Post Mortem de Pablo Larrain
Médiathèque d’Évreux à 14h30
Pathé Évreux à 20h
P°16
P°17
Exposition des machines
de fabrication et d’illusion
Médiathèque d’Évreux
P°8
Du mardi 25/1 Exposition
au samedi 12/2 2
ère
part.)
P°6
L’Amérique
latine
en son miroir :
le temps de
la réflexion
Regarder le cinéma depuis les autres arts, c’est questionner ce qui en constitue la
matière première. Au lapidaire «la vérité, 24 fois par seconde» de Godard, Sin Sangre
répond ingénument série B, mélodrame et trucage, avec l’écran pour matrice, et
l’artifice comme horizon. L’artifice s’affirme réalité, investit des formes nouvelles,
explose avec un appétit gourmand chez Ruiz le bonimenteur et s’insinue jusque
dans les formes plus âpres des Mendoza, Larrain et Agüero, dont la mise en scène
assoiffée de réel choisit justement de se déployer dans des mondes baroques et
clos tout droit sortis de Goya.
Le monde est une scène ?
Au-delà du lieu commun d’une certaine Hispanité baroque, l’artifice opère ce
décentrement du regard, plus que jamais nécessaire quand une démocratie s’est
construite sur un pacte de silence. Les artistes font le pari que les masques diront
ce qu’ils prétendaient cacher, et l’étonnante proposition du Surnatural Orchestra
y répond : pari gagné.
Décentrement baroque jusque dans le documentaire de Patricio Guzmán, dont le
regard apaisé, scrutant l’Histoire du Chili à travers le cosmos, réconcilie réalité et
artifice pour nous redire à quel point la matière première du cinéma, c’est d’abord
la lumière. n
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côté ciné Vendredi 28 janvier
> Pathé Évreux / 20h
Soirée d’ouverture
Salamandra
De Pablo Agüero
Argentine | Date sortie France 2010 | couleurs | 1h31
Avec Dolores Fonzi / John Cale / Joaquin Aguila
Scénario écrit au Moulin d’Andé
Présenté à Cannes dans la sélection de la Quinzaine des réalisateurs
En présence du réalisateur
El Bolson : une vallée isolée où viennent se perdre les damnés de la terre, à
la suite du plus célèbre d’entre eux, Butch Cassidy. Sortant de prison après
la dictature, Alba, 30 ans, y emmène Inti—son fils qu’elle ne connaît pas.
Pablo Agüero tourne à El Bolson, où il a grandi à l’ombre de la dictature,
entre épaves de hippies et habitants de passage. Mais il y a dans Salamandra plus qu’une veine autobiographique, que le pittoresque des gueules
cassées, que l’époque infusant en filigrane un lieu hors du temps : Pablo
Agüero est un grand cinéaste.
Sa caméra pleine d’allant, brute et rock, plane très haut en restant collée
à la matière. Alambics hypnotiques, ses longs plans mobiles distillent
une musique âpre, mélangeant sciemment des non-acteurs prodigieux avec
l’électrisante Dolorès Fonzi, (figure importante du cinéma argentin) et le
mythique John Cale (le pilier du Velvet Underground y est impérial en hippie
échoué). Il y a du Goya et du rock dans ce beau premier film, mais il y a
surtout un regard : une grande maturité pour trouver ce point de vue singulier de l’enfance, ce détachement innocent ou malsain qui contemple sans
a priori, loin des clichés du grotesque, une réalité sordide, belle et baroque.
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Samedi 29 janvier
> Pathé Évreux / de 14h à 22h30
Journée Cinéma
Douglas Sirk
Animée par Carole Desbarats
Le temps d’aimer, le temps de mourir
Ancienne directrice des études à la Femis, enseignante, critique aux Cahiers du
Cinéma, auteur de nombreux essais et ouvrages de référence sur le cinéma,
Carole Desbarats explore depuis peu les rapports entre pédagogie et nouveaux
médias au sein de l’Ecole Normale Supérieure.
14h : Le temps d’aimer, le temps de mourir
États-Unis | 1958 | noir et blanc | 2h12
Mirages de la vie
Revenant du front russe en 1944, Ernst trouve Elisabeth entre les ruines.
Pressés de s’unir dans un monde crépusculaire, ils construisent un bonheur
précaire entre les bombardements et la fin du nazisme.
L’un des plus beaux film sur la brièveté du bonheur : après des années
d’exil loin des siens, Sirk tourne, hanté par la disparition de son fils (sans
doute mort sur le front russe). Il y capte ce qui survit, à l’image de ce titre
auquel il tenait : «un temps pour vivre» devient «le temps d’aimer».
DOUGLAS SIRK : Le prince du mélodrame
17h30 : Mirages de la vie
«Des larmes et de la vitesse…». Sa caméra subtile et emportée,
élégiaque et tranchante, a la verve flamboyante d’un Nicholas
Ray et l’amour de l’acteur.
Comme dans Sin Sangre, cinémascope et grands espaces
donnent aux drames les plus intimes «la vérité du plaisir
derrière la convention des larmes».
États-Unis | 1959 | noir et blanc | 2h04
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Deux femmes, l’une blanche (Lana Turner), l’autre noire (Juanita Moore),
dans l’Amérique des années 50 engoncée dans les conventions et une
ségrégation de fait. Un film profondément juste sur le racisme insidieux
mais aussi une peinture réussie des aspirations contemporaines des
femmes à la liberté. Le chant du cygne du mélodrame, de Hollywood,
livrant ses derniers feux par la main de l’un de ses maîtres.
côté ciné LUNDI 31 JANVIER
> Médiathèque / 20h
EL GAUCHO
d’Andrés Jarach
France – Argentine | 2009 | couleur | 1h30 | documentaire | VOSTF
En présence du réalisateur
El Gaucho, un film signé Andrés Jarach – une bande-son signée
Müller et Makarov (les fondateurs du Gotan Project).
Explorant l’Argentine rurale des Gauchos, immense, ils filment,
recueillent les Milongas, pour tresser une aura mythique de western crépusculaire autour de la figure singulière d’Andrés Retamal.
Ce dresseur magnifique à la beauté minérale survit en écumant
les rodéos les plus reculés, en débourrant les chevaux les plus
teigneux, traînant derrière lui un gamin qui place déjà ses pas
dans les sabots de son père.
Portrait à la gloire de la noblesse tellurique de ces hommescentaures, El Gaucho est surtout un film émouvant parce qu’il
sait saisir sans pathos la tendresse dans les silences, l’amour qui
se tient timidement sur le seuil de la paternité, la complicité de
ces deux taiseux forgés sur le même moule du cheval.
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côté ciné Mardi 1er février
> Pathé Évreux / 20h
Soirée Ciné +
Nostalgie
de la lumière
Nostalgia de la luz
De Patricio Guzmán
France – Chili | 2010 | couleur | 1h30 | documentaire | VOSTF
Au Chili, le désert d’Atacama est le paradis des astrologues et l’enfer
des mères de disparus : l’absence d’humidité, qui permet de lire
l’espace comme un livre ouvert, a pour effet de momifier les corps
des opposants assassinés et cachés là sous la dictature. Tournant
son regard vers le cosmos pour scruter son histoire et remonter le
temps, l’auteur du magistral Batalla de Chile ouvre un nouvel espace
de réflexion documentaire. Il prend littéralement de la hauteur - non
pour relativiser mais pour toucher ce qu’il y a de plus profondément
humain en chacun. Les femmes creusant la terre sous les télescopes
ne furent jamais si poignantes que dans ce dispositif simple, presque
scientifique. Jamais le scandale du pacte de silence scellé par la
démocratie chilienne n’a semblé plus criant que dans le silence
intersidéral.
À la prodigieuse beauté des images spatiales répond la force des
témoignages. Un sentiment d’éternité saisit le spectateur, certain que
la détermination de cette femme à chercher durera autant que la
galaxie la plus lointaine.
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Du mardi 25 janvier / au samedi 12 février > Médiathèque d’Évreux
Exposition des machines de fabrication de films d’animations et d’illusions
Un Praxinoscope, un phénakistiscope ainsi que d’autres instruments optiques et mécaniques sur l’illusion d’images animées, spécialement
fabriqués pour l’occasion par David Ferré et Nicolas Diologent à partir d’objets de récupération.
«Globularium NDPG #1» installation optique de NiKoDio : boîtes dans lesquelles on peut observer des cellules géantes, organiques et vivantes
à partir d’aquarelles animées.
Mercredi 2 février
Samedi 5 février
> Médiathèque d’Évreux
> Médiathèque d’Évreux
De 10h à 12h et de 14h à 17h
À partir de 6 ans – Entrée libre
De 10h30 à 12h
Rencontre – Atelier
avec Pauline Saïdi
C’est dans les albums de Munari, Komagata ou encore Mari que
Pauline Saïdi trouve son inspiration : des livres «qui n’ont l’air de
rien mais qui donnent de l’air». (Elisabeth Lortic, Les Trois Ourses.)
C’est dans cet esprit qu’elle a voulu offrir la possibilité à chacun
de construire sa propre histoire, à partir de choses simples, suscitant la curiosité et l’envie de créer.
Atelier
«La petite fabrique à flip book» est un atelier qui permet de
créer sa propre image animée. Appelé également «feuilletoscope» ou «cinéma de poche», le flip book est constitué d’images
assemblées en un petit livre qui tient dans la main. Lorsqu’on le
feuillette avec le pouce, une séquence animée apparaît…
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Rencontre
avec David Ferré
et Nicolas Diologent
Daouda fait son cinéma
Daouda Abou Daoud M’Dadou, grand Illusionniste, fera la démonstration, en costume de scène, de l’origine du cinéma d’animation
jusqu’à nos jours, histoire revisitée par son filtre très personnel
(30 mn).
NiKoDio, réalisateur, prendra la suite pour expliquer concrètement la réalisation d’un film d’animation en présentant son film
Uzine, la revanche de Mr Staach avec les éléments du décor qui
lui ont servi au tournage, photos, line-tests et projection du film
(40 mn).
côté ciné Mercredi 2 février
> Pathé Évreux / 19h30
Mystères
de Lisbonne
de Raul Ruiz
Chili – France – Portugal | 2010 | couleur | 4h26
Avec Maria Joa Basto, Clotilde Hesmes, Adriano Luz, Léa Seydoux
Mystères de Lisbonne (n. m. pl.) : chef d’œuvre troussant sur un
siècle les destins d’un prêtre-soldat, d’un séducteur, d’un semiorphelin, de jolies femmes éconduites ou tyrannisées. Mais
un chef d’œuvre signé Raul Ruiz ne se prend pas au sérieux : son
goût de l’artifice, du romanesque, du plan séquence élégant et
du trucage à vue métamorphose chaque scène en un nouveau
coup de dés, éperonné par l’esprit libertin, alerte et parieur de
Camilo Branco.
On ne pouvait en effet rêver plus belle rencontre que celle du plus
français des réalisateurs chiliens avec le Balzac portugais :
les lents et sensuels mouvements de caméra constitutifs du style
de l’un sont l’écrin rêvé pour sertir la langue d’une musicalité et
d’une précision renversantes de l’autre. Sans crainte de se perdre
dans une attitude esthétisante, la générosité visuelle astucieuse,
inventive et baroque de Ruiz nous offre 4h30 de pur bonheur.
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côté ciné Jeudi 3 février
> Médiathèque / 20h
Avant-première nationale
La Colorina
De Fernando Guzzoni
Chili | 2008 | DVCAM couleur | 66 mn | VOSTF
En présence du réalisateur
Stella Diaz Varin : poétesse, muse, idéaliste. Le croisement
improbable et saisissant de Marguerite Duras, Dolores Ibarurri et
Sid Vicious, une femme extraordinaire sur laquelle les dictatures
de Videla et Pinochet usèrent en vain leurs crocs, qui refusa
toujours l’exil et dont la superbe dépenaillée a subjugué depuis
1950 tout ce que le Chili a compté de grands artistes, depuis
Pablo Neruda jusqu’à Jodorowsky.
Effaré de relire toute l’histoire de son pays à la lueur de cette figure
de poétesse rimbaldienne, rock n’roll, féministe et alcoolique, le
jeune réalisateur Fernando Guzzoni dresse un documentaire
inventif et fasciné.
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côté scène Jeudi 3 février
> Théâtre du Grand Forum à Louviers / 20h30
Théâtre | Cinéma
Sin Sangre
d’Alessandro Baricco | Mise en scène de Zagal
Compagnie Teatrocinema
Spectacle en espagnol surtitré
Production : Compagnie Teatrocinema (Chili).
Coproduction : Festival Santiago a Mil (Chili), Centre Dramatique Le Manège.
Mons (Belgique) / Avec le soutien de FONDART – Gouvernement du Chili et
de Banco Estado (Chili) / Production déléguée de l’exploitation en Europe :
Scène Nationale de Sète et du Bassin de Thau.
Avec le soutien de l’ONDA.
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Roca, surnommé la Hyène, a commis des crimes pendant la guerre.
Il doit payer pour cela. Retiré dans sa ferme avec ses deux enfants Nina
et Manuel, il vit dans la hantise d’une vengeance imminente. Ce jour-là
arrive. Roca prend néanmoins le temps de cacher la fillette sous le plancher.
Pendant le massacre, l’un des tueurs, Tito, la débusque mais se tait.
Cinquante ans plus tard, Tito et Nina se retrouvent, seuls rescapés de la
tragédie lointaine…
Dense, riche, profond, Senza Sangue est l’un des récits les plus durs de
l’écrivain italien Alessandro Baricco. Cette histoire de vengeance dans
une Amérique du sud désenchantée, fragmentée comme peut l’être la
mémoire, brouille les pistes entre victimes et bourreaux et interroge sur
la possibilité du pardon, sans se complaire dans un réalisme morbide.
Ce court roman, premier volet d’une trilogie de la compagnie chilienne
Teatrocinema, a été adapté pour la scène dans un époustouflant trompel’œil où théâtre et cinéma fusionnent pour plonger le spectateur dans un
univers inédit, où le réel se mêle au virtuel.
Une virtuosité technologique au service du jeu théâtral et de la gravité
du propos.
côté scène Vendredi 4 février
> Maison de quartier de La Madeleine / 19h
Danse
Travelling (Paysage)
Chorégraphie de Dominique Boivin
Compagnie Beau Geste
Travelling sur le corps d’un danseur afin de le transformer peu à peu en
un paysage onirique et fantastique.
Coproduction : Beau Geste, Scène Nationale Évreux Louviers.
Aide à la production : Théâtre des Chalands, Val-de-Reuil ;
DICRéAM – CNC ; Pôle Image Haute-Normandie.
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En 2001, lors de la création de Casse-Noisette pour le Ballet de l’Opéra
national de Lyon, j’ai réalisé un travelling en installant une caméra
miniature sur un train électrique qui circulait dans un décor constitué
de jouets.
La captation, très proche du sol, le frôlement des objets, le hors échelle
qui en résultaient m’ont donné l’envie d’utiliser à nouveau ce procédé
pour filmer un danseur et créer ainsi une pièce où chorégraphie et
images seraient étroitement liées. Aborder le corps et le mouvement
par un angle de vue particulier, les transformer en paysage, jouer du
détail pour en découvrir la poésie ou la crudité, cheminer pas à pas,
flâner autour d’un bras, faire une étape dans le creux de la main, faire
danser un visage…
La transmission des images d’une danse qui se construit sous nos
yeux permet une double lecture, frontale pour le public qui regarde le
danseur évoluer sur la scène et décentrée par la projection des images
captées par la caméra. Le travail pictural fait autour de l’image filmée
contribue à ce voyage onirique dans un monde de chair et d’imaginaire.
Dominique Boivin
côté ciné Vendredi 4 février
> Pathé Évreux / 20h
Inédit // Avant-première nationale
La Sociedad
del Semaforo
de Rubén Mendoza
Colombie | couleur | 110 mn | VOSTF
En présence du réalisateur
Bogota : quand le feu rouge stoppe la circulation, mendiants,
truqueurs et bonimenteurs prennent d’assaut les voitures. Cette
communauté de parias menace à tout moment d’imploser, surtout
à la perte de son mentor. Et de l’implosion à l’insurrection... Un
dispositif simple : Mendozza rassemble non-acteurs, acrobates
dans la rue, pour un tournage happening in situ avec en ligne
de mire l’esthétique du hip-hop, du street-art, revue à la sauce
colombienne.
Un cinéma de rue qui — à l’inverse de tentatives similaires en
France — plie mais ne cède pas au tropisme du clip ou au confort
du cinéma de genre. Car ce film carbure à l’inépuisable sève de
ses non-acteurs. Leur énergie désespérée à exister entre deux
feux verts sort le film de la métaphore – et cette communauté
minuscule reprenant brièvement possession d’un petit territoire
s’incarne soudain comme le petit théâtre terrifié d’une condition
humaine noyée sous les flux tendus.
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Samedi 5 février
Projection précédée des films réalisés
par les classes A3 Cinéma du Lycée Sédar Senghor
> Pathé Évreux / 14h
Autour de Pixar
Wall E
d’Andrew Stanton
Film d’animation | 2008 | 1h37 | VOSTF
Wall-e, robot seul sur la Terre surpolluée qu’il est censé nettoyer,
découvre un matin la photosynthèse et l’amour...
> Médiathèque d’Évreux / 16h
Conférence
Si Disney a forgé son style sur l’anthropomorphisme, Pixar en a
fondamentalement changé la conception : les créatures de Pixar,
en effet, ne se laissent plus spontanément coloniser par les codes
humains. Terminators compatissants, elles peinent à nous cacher
qu’elles se séparent de nous, que le game over de notre espèce
est imminent, qu’elles entendent vivre de manière autonome. Les
fables ont-elles encore besoin de nous ? Des ordinateurs stridulant
dans le désert, tout à la fois le creuset et l’horizon de Pixar.
Hervé Aubron, critique aux Cahiers du Cinéma, enseignant à la
Sorbonne et rédacteur en chef du Magazine Littéraire a écrit,
entre autres, sur Lynch, Werner Herzog et Pixar.
2
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côté scène Samedi 5 février
> Pathé Évreux / 20h30
Ciné-Spectacle
Profondo Rosso
d’après le film de Dario Argento
par le Surnatural Orchestra
Film interdit au public de – de 16 ans
Résidence avec le soutien de l’ONDA
l’orchestre est soutenu par la DRAC IDF
l’orchestre fait partie des Grands-Formats
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Profondo Rosso, film plutôt méconnu en France, est le summum
du giallo, genre policier horrifique des années 70 italiennes dont
Dario Argento s’est fait le chef de file. Avec ce film, le réalisateur
italien allie style et virtuosité technique, essaimant les références
cinématographiques et picturales. Mais derrière la fiction divertissante se cache quelque chose de latent, un film plus profond. Celui
de l’Italie et de ses «années de plomb». Allégeant le film de l’essentiel de sa partie sonore, le Surnatural Orchestra s’amuse avec les
références et établit des histoires parallèles et des surtextes venant
altérer ou commenter le récit (textes de Pasolini, communiqués des
Brigades rouges, extraits d’interviews d’Argento…).
L’orchestre «met en scène» le film, pour en exprimer la profondeur cachée tant optique qu’historique. La musique de l’orchestre est ainsi
complétée par les interventions d’un comédien et d’une danseuse.
À travers ces différents langages, se créent des espaces visuels
et sonores où poétique et politique s’entrechoquent, offrant au
spectateur l’occasion de se perdre entre fiction et réalité.
côté ciné Lundi 7 février 20h
et Mardi 8 février 14h30
> Médiathèque d’Évreux
Batalla de Chile
de Patricio Guzmán | 6h diffusé en 2 temps
France - Cuba | 1975 – 1979 | Documentaire | VOSTF
7/2 : 1) L’insurrection de la Bourgeoisie 1h38
8/2 : 2) Le coup d’état militaire 1h26 3) Le pouvoir populaire 1h40
Victoire et défaites du Gouvernement Allende, mouvements populaires : jusqu’au coup d’état du 11 septembre 1973 et une longue
incarcération dans le tristement célèbre Estadio nacional, Patricio
Guzmán a filmé le Chili.
En exil, il exfiltre ses bobines clandestinement en Europe pour y édifier
ce monument du film documentaire, La Batalla de Chile : un triptyque
qualifié par Variety de «film politique le plus important de l’histoire du
cinéma». Interdit au Chili jusqu’à il y a peu, Batalla de Chile trouve
son écho dans toute l’œuvre de Patricio Guzmán. Les titres précédents
( Chile, La Memoria obstinada ) parlent d’eux-mêmes : entre une
jeunesse qui voit en Pinochet «le premier vainqueur du communisme,
le précurseur de la chute du mur de Berlin» et l’émotion profonde
d’exilés aux souvenirs forcément divergents, Patricio Guzmán interroge avec talent ces mécanismes subtils de la mémoire et confronte
le spectateur au choix de l’amnésie volontaire ou du culte du passé.
La forme de ses films - archives revivifiées par un montage brillant ressuscitant inlassablement les dérapages de l’Histoire - répond pour lui.
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côté ciné Mardi 8 février
> Pathé Évreux / 20h
Avant-première nationale
Post Mortem
de Pablo Larrain
Mexique – Chili – Allemage | 2010 | couleur | 1h38 | VOSTF
En présence du réalisateur (sous réserve)
Santiago, le 11/9/1973 : un médecin légiste amoureux recherche
le corps d’une stripteaseuse, tandis que les corps s’amoncellent
à la morgue...
Résumer un film de Pablo Larrain, c’est craindre un regard cynique
et douteux sur l’histoire douloureuse du Chili. Or, avec ce médecin
légiste qui authentifiera le suicide d’Allende, Pablo Larrain opère
au contraire une main basse sur ce qui aurait pu n’être qu’un biopic
malin, et creuse son sillon : une mise en scène froide, éprouvante,
où l’humain dans l’Histoire n’est qu’un accident dans le chaos.
Alfredo Castro (son comédien fétiche) déploie son inquiétante
carcasse d’insecte dans les rues d’un Santiago en état de siège
et la réalité ne fera sens que Post Mortem. Un titre qui résume
la position de Pablo Larrain — né pendant la dictature — et qui
dissèque son Histoire avec une précision maniaque, une rigueur
d’entomologiste appliquée à ses personnages «borderline», pour
des films inconfortables. Pablo Larrain aime prendre le spectateur à froid — ce qui rend l’expérience de ses films si singulière.
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Réalisateurs, metteurs en scène, chorégraphe, orchestre, critiques, artistes…
Ils viennent au festival Ciné scènes
Pablo Agüero, réalisateur argentin
Salamandra le 28/1 à 20h – Pathé Évreux
Carole Desbarats, critique et ancienne directrice
des études à la Fémis
Journée Cinéma Douglas Sirk le 29/1 à 14h – Pathé Évreux
Andrés Jarach, réalisateur argentin
El Gaucho le 31/1 à 20h - Pathé Évreux
Pauline Saïdi, artiste plasticienne
Atelier La petite fabrique à flip book le 2/2 de 10h à 17h
Médiathèque d’Évreux
*Fernando Guzzoni, réalisateur et producteur chilien
La Colorina le 3/2 à 20h – Médiathèque d’Évreux
Compagnie Teatrocinema, compagnie chilienne,
ex La Troppa (fondée par Zagal et Laura Pizzaro)
Sin Sangre le 3/2 à 20h30 – Théâtre du Grand Forum
Dominique Boivin, danseur et chorégraphe
Création Travelling le 4/2 à 19h
Maison de quartier de La Madeleine
*Rubén Mendoza, réalisateur colombien
La Sociedad del semaforo le 4/2 à 20h
Pathé Évreux
David Ferré, réalisateur
Daouda fait son cinéma le 5/2 à 10h30
Médiathèque d’Évreux
Nicolas Diologent, réalisateur
Uzine, la revanche de Mr Staach le 5/2 à 10h30
Médiathèque d’Évreux
Hervé Aubron, rédacteur en chef adjoint
au Magazine littéraire, critique de cinéma
Conférence autour de Pixar le 5/2 à 16h
Médiathèque d’Évreux
Surnatural Orchestra, collectif de musiciens
Profondo Rosso le 5/2 à 20h30 – Pathé Évreux
Pablo Larrain, réalisateur, producteur et scénariste chilien
Post Mortem le 8/2 à 20h – Pathé Évreux
* Ces réalisateurs ont été sélectionnés par la prestigieuse Cinéfondation du festival de Cannes
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Côté Ciné Pathé Évreux
Le film à l’unité
Abonnés
Où a lieu le Festival
Ciné-Scènes 2011 ?
Non abonnés
Salamandra
La Nostalgie de la lumière
Mystères de Lisbonne
La Sociedad del semaforo
Wall E
Post Mortem
Journée Cinéma
Le temps d’aimer…
Mirages de la vie
Pass 6 films (au choix)
À Évreux :
Pathé Évreux / Quartier Tilly, rue du 7e chasseur
Maison de quartier de la Madeleine / place Kennedy
Médiathèque / Square Georges Brassens
6 e
7 e
À Louviers :
Théâtre du Grand Forum / Boulevard de Crosne
12 e | 8e
12 e | 8e
Film à l’unité : Film à l’unité :
6 e
7 e
Administration : 02 32 78 85 20
Renseignements et réservations :
Billetterie Évreux : 02 32 78 85 25 |
[email protected]
Billetterie Louviers : 02 32 25 23 89 |
[email protected]
24 e
www.scene-nationale-evreux-louviers.fr
Côté Scène
Sin Sangre
Travelling (Paysage)
Profondo Rosso
Animation
Conférence Hervé Aubron
Atelier - Animation
Médiathèque
Films : El Gaucho,
La Colorina, Batalla de Chile
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12 e | 8 e | 4 e
15 e | 10 e | 5 e
8 e | 4 e
10 e | 5 e
12 e | 8 e | 4 e
15 e | 10 e | 5 e
Gratuit
Directeur : Philippe Dereuder
Programmation et rédaction cinéma : Thomas Rio
Coordination : Laurène Blanckaert
Édition : Nathalie Ochal
Conception et réalisation graphique : Restez vivants !
Organisé par la Scène Nationale Évreux Louviers
Évreux | Théâtre Évreux (en mairie) – Place Charles de Gaulle 27000 Évreux
Louviers | Théâtre du Grand Forum – Boulevard de Crosne 27400 Louviers
www.scene-nationale-evreux-louviers.fr
Licences 1-27869, 2-27870, 3-27871 www.restezvivants.com
Regards Latins // Du vendredi 28 janvier au mardi 8 février 2011

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