PRESSE - Europa

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PRESSE - Europa
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COSEIL EUROPÉE
LE PRÉSIDET
Bruxelles, le 1er mars 2012
(OR. en)
EUCO 36/12
PRESSE 85
PR PCE 30
Discours d'acceptation
du président du Conseil européen, M. Herman Van Rompuy
Je suis très honoré que vous ayez tous décidé de me demander d'assurer un second mandat
en tant que président du Conseil européen.
C'est avec plaisir que j'accepte. C'est un privilège de servir l'Europe en des moments si
décisifs; c'est aussi une grande responsabilité. Je veux tous vous remercier pour la
confiance que vous m'accordez. Je considère qu'il s'agit d'un vote de confiance vis-à-vis
de la manière dont nous avons travaillé ensemble.
Je vous remercie aussi de m'avoir invité à présider les réunions du sommet de la
zone euro et accepte votre proposition. Et je suis particulièrement reconnaissant à
Helle Thorning-Schmidt, et aussi à Jean-Claude Juncker, qui vous ont consultés ces
dernières semaines et qui viennent de présider votre débat qui a conduit à ma réélection.
La fonction de président du Conseil européen à plein temps ayant à peine plus de deux ans,
j'espère que vous me permettrez, à ce moment charnière entre deux mandats, de partager
quelques réflexions sur ce rôle, en m'appuyant sur mon expérience et en me projetant dans
l'avenir.
Il est évident que la crise de la dette souveraine, qui est survenue peu de temps après ma
prise de fonction, est le point de départ. Elle a façonné notre travail et le rôle que j'ai joué.
Je me suis efforcé de tirer le meilleur parti du fait que mon mandat s'inscrit dans la durée,
ce qui nous a permis de maintenir le cap dans des conditions difficiles.
D'une certaine manière, mon travail consiste à être le gardien de la confiance, c'est-à-dire à
faire régner une compréhension mutuelle entre nous, qui sommes réunis autour de cette
table, en sachant que notre devoir à tous est de préserver la confiance des citoyens dans
l'Union.
PRESSE
Dirk De Backer - Porte-parole du président - ( +32 (0)2 281 9768 - +32 (0)497 59 99 19
Jesús Carmona - Porte-parole adjoint du président - ( +32 (0)2 281 9548 / 5150 - +32 (0)475 65 32 15
[email protected] http://www.consilium.europa.eu/
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Permettez-moi un petit retour en arrière: lorsque j'ai été élu pour la première fois,
un collègue m'a demandé, non sans une pointe d'ironie, ce que je ferai entre les quatre
réunions annuelles du Conseil européen prévues par le traité! Eh bien, au moins
aujourd'hui nous le savons… Le rôle a été façonné avant tout par les événements,
par la crise de la dette souveraine.
Cette crise est sans précédent, par son intensité et son ampleur. En pleine tempête, il nous
a fallu réparer notre navire. Des décisions radicales s'imposaient. Nous avons tenté de nous
attaquer aux causes profondes de la crise, chacun s'employant à réduire les dettes et les
déficits dans son pays. Nous nous sommes efforcés de rendre nos économies plus
compétitives, de nous entraider et de rester unis. Quelques-uns de nos anciens collègues
ont mis l'intérêt commun de l'Europe, et l'intérêt à long terme de leur pays, au-dessus de
leur popularité nationale, ce qui a même coûté leur poste à certains. Leur courage et leur
sens de l'État méritent notre estime.
Au cours de cette période, nous avons pris conscience de notre degré d'interdépendance et
nous en tirons à présent les enseignements. La marche a été longue, du "groupe de travail
sur la gouvernance économique", que vous m'avez demandé de présider il y a deux ans,
au traité budgétaire, qui sera signé demain. L'Union européenne est désormais beaucoup
mieux équipée pour faire face à la crise que nous traversons et pour empêcher que des
situations analogues ne se reproduisent à l'avenir.
Face à ces défis, nous avons également dû adapter les méthodes de travail de l'Union.
Cela a non seulement servi, dans l'immédiat, à maîtriser la crise, mais je suis convaincu
que cela permettra également à l'Union d'accomplir, à l'avenir, son destin politique.
En tant que gardien de l'unité des 27, j'ai toujours eu à cœur de faire en sorte que tous les
États membres - c'est-à-dire les 27, même lorsque les débats ne concernaient que
les 17 États membres de la zone euro - et toutes les institutions soient impliqués. Mon but
est que nous prenions des décisions que chacun d'entre nous peut soutenir et défendre dans
son propre pays. Cela demande du temps, mais aussi et surtout de la confiance.
Je me suis efforcé de mettre en place des relations de confiance avec vous tous, ici et dans
vos capitales, avec les acteurs institutionnels à Bruxelles, en particulier avec le président
de la Commission, ainsi qu'avec nos partenaires dans le monde.
En tant que président du Conseil européen, je considère qu'il est de mon devoir de
permettre à cette institution de remplir son rôle, qui est de définir les orientations et les
priorités politiques générales de l'Union, d'animer nos travaux, de faciliter la cohésion et
le consensus. Et également, à notre niveau, d'assurer la représentation extérieure de
l'Union, notamment au sein du G8 et du G20.
Au cours de mon deuxième mandat, j'ai l'intention de rester fidèle à mon style et à mes
méthodes de travail. J'ai toujours agi en respectant l'esprit du traité et je continuerai à
le faire. Comme vous le savez, je m'intéresse surtout aux résultats. Je mettrai à profit le
caractère continu de mon mandat pour faire en sorte que les décisions prises autour de
cette table portent leurs fruits et pour veiller à ce que nous respections tous nos
engagements individuels et collectifs.
Tournons-nous maintenant vers l'avenir: je ne surprendrai personne en disant que
l'économie figurera en tête de ma liste de priorités. Notre économie est vitale pour nous.
Sans une base économique forte, nos modèles sociaux et nos États-providence sont en péril
et nous sommes incapables de jouer un rôle sur la scène mondiale.
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Nous cueillons déjà les premiers fruits des travaux que nous avons entrepris pour stabiliser
la zone euro, par exemple une certaine baisse des taux d'intérêt. Mais cela ne suffit pas.
Tous ensemble, nous devons remettre l'Europe sur la voie d'une croissance structurelle et
de la création d'emplois. En exploitant toutes les possibilités qu'offre notre vaste marché.
En utilisant le budget central de l'UE pour promouvoir la compétitivité et l'emploi.
En investissant dans l'innovation, l'éducation et les technologies vertes, alors même que
nous réduisons les déficits.
Nous devons offrir des perspectives positives pour l'emploi et la prospérité, dans un esprit
d'équité et de justice. Nous devons convaincre les citoyens européens que les sacrifices qui
leur ont été demandés en ces années de crise n'ont pas été vains, mais qu'ils produiront des
résultats, que la zone euro en sortira plus forte: telle doit être notre principale
préoccupation. Ce n'est qu'ainsi que nous gagnerons le cœur et l'esprit des Européens.
Il ne faut jamais plus qu'une crise de cette nature puisse se reproduire. Tel doit être notre
legs aux générations futures. Pendant longtemps, le mot "Europe" a été signe d'espoir et a
incarné la paix et la prospérité. Cette équation a été mise à mal pendant la crise. C'est mon
rôle, c'est notre rôle, de faire en sorte que l'Europe redevienne un symbole d'espoir.
D'un avenir meilleur pour tous.
N'oublions pas qu'en raison de sa prospérité et de sa stabilité sans égales, notre continent
conserve toute sa force d'attraction. La Croatie adhérera bientôt à l'Union et la Serbie a pris
des décisions courageuses pour obtenir le statut d'État candidat. La vocation européenne
des Balkans occidentaux est un thème qui m'est cher. Sans exagérer l'importance des
moyens dont nous disposons, nous devons unir nos efforts chaque fois que nos intérêts et
nos valeurs - en particulier les valeurs démocratiques - sont en jeu et, en premier lieu,
dans notre voisinage immédiat. C'est là que commence notre crédibilité.
Le printemps arabe en témoigne: ces aspirations sont présentes dans le monde entier.
L'action décisive de l'Europe en Libye a montré que nous pouvions modifier le cours des
événements. Dans des régions de tensions telles que la Syrie ou l'Iran, les 27 restent unis et
montrent même la voie à suivre. Ici aussi, l'Europe doit rester un symbole d'espoir.
Je considère comme un privilège de continuer à travailler pour l'Europe à ce moment
crucial. D'aucuns disent que cette crise mine les fondements de notre Union. Pour ma part,
je constate tout autre chose autour de cette table: une conscience de notre responsabilité
commune, la volonté politique de poursuivre notre route ensemble.
Je sais que, tout comme moi, vous êtes profondément convaincus que l'euro et l'Union sont
des projets qui ne connaîtront pas de retour en arrière parce qu'ils vont dans le sens des
idéaux d'un continent pacifique, prospère et démocratique et en sont l'expression. Il est
de notre devoir de poursuivre cet effort historique.
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