compte rendu - Saint-Paul-en

Transcription

compte rendu - Saint-Paul-en
Commune de
Thollon Les
Mémises
COMPTE RENDU
Mise en place d’une gestion durable du
massif forestier
du Mont Benand
Réunion d’information et d’échange
Du jeudi 04 juin 2015, 20h00 / Château de Blonay Saint-Paul en Chablais
Invités
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Propriétaires du massif du Mont Benand (892 invitations)
Habitants des communes de Saint Paul en Chablais, Lugrin et Bernex (invités par voie de presse)
Conseillers départementaux
Direction Départementale du Territoire
Office National de la Forêt
Communauté de Communes du Pays d’Evian
Fédération Départementale de la Chasse
Présents ou représentés :
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120 présents
Animation, intervention :
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M. le Maire de Saint-Paul en Chablais, Bruno GILLET
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M. le Maire de Bernex, Joseph TRINCAT
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M. le Maire de Lugrin, Jacques BURNET
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M. le Maire de Thollon, Régis BENED
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Jean Luc CHENAL, Coforêt
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Julien SALOU, Chambre d’Agriculture Savoie Mont-Blanc
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Bernadette JORDAN, Chambre d’Agriculture Savoie Mont-Blanc
En annexe, diaporama présenté et article paru dans « Le Messager » du 11 juin 2015.
Chambre d’Agriculture Savoie Mont-Blanc
40 rue du Terraillet – 73190 SAINT BALDOPH / 52 avenue des Iles - 74994 ANNECY CEDEX
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La salle du château de Blonay a rapidement fait le plein le jeudi 4 juin pour la réunion publique sur la desserte
du Mont Bénand. Situé aux limites des communes de Saint-Paul-en-Chablais, Lugrin, Bernex et Thollon,, ce
massif culmine à 1284 mètres d’altitude à l’ombre de la Dent d’Oche. Les 224 hectares qui le composent
appartiennent à une multitude de propriétaires, plusieurs centaines, qui étaient invités à Saint-Paul pour cette
première réunion d’information.
Bruno GILLET, Maire de Saint-Paul, a ouvert la réunion en remerciant les élus de Saint-Paul et de Lugrin qui ont
participé aux réunions et aux différentes visites de terrain : « Nous sommes à une transition de générations. Il
y a ceux qui s’intéressent, connaissent les bois, savent ce qu’est « un chable » et puis il y a tous ces héritiers
de bois qui ne connaissent plus l’exploitation ».
Les maires de Saint-Paul, Lugrin, Bernex et Thollon ont ensuite pris la parole pour présenter à l’audience la
démarche initiée il y a quelques mois de cela. Les élus locaux, la Chambre d’agriculture Savoie-Mont Blanc et la
société coopérative Coforêt ont formé un groupe de travail afin d’élaborer un avant-projet raisonnable au
regard de l’existant et des contraintes techniques du relief qui permettrait de relancer l’exploitation durable des
bois du Mont Bénand. Si la forêt, composée principalement d’épicéas, de sapins et de hêtres, est jugée belle et
en bon état, elle est vieillissante. Peu de coupes de jardinage ont été réalisées ces dernières années. Sa
pyramide des âges devrait retrouver un équilibre. On constate également un déficit de regénération.
Si, sur ce massif, les communes possèdent peu de forêt, elles soutiennent ce projet qui présente un réel intérêt
général et elles agissent en tant que facilitateur administratif.
En préalable, il est important de souligner les grands enjeux d’une gestion durable de la forêt en rappelant ses
rôles :
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Elle permet l’approvisionnement et le développement d’une économie forestière créatrice d’emploi
(gestion, exploitation des forêts, transformation et commercialisation des produits forestiers)
cf. ci-dessous « Potentiel et place de la forêt française dans l’ économie du pays »
Elle contribue à la préservation de la ressource en eau, à un environnement de qualité par le stockage
de carbone, le maintien de la biodiversité, la protection face aux risques naturels (chutes de pierres,
avalanches, risques torrentiels)
Elle maintient des espaces et un cadre de vie de qualité : qualité paysagère, espaces récréatifs
Historiquement et jusque dans les années 1970, les propriétaires qui étaient également agriculteurs
exploitaient eux même leurs parcelles, en coupes de jardinage. Même sur de petites surfaces, les bois récoltés
étaient facilement commercialisables auprès des scieries locales, même pour un lot d’une dizaine de m3. De
plus, la valeur commerciale de ces bois assurait un revenu significatif aux propriétaires.
Les arbres étaient découpés en billons de 4.00 m de long, écorcés en forêt et débardés par lançage, dans les
« châbles » et avec des chevaux.
Aujourd’hui, rares sont les propriétaires à exploiter eux même leurs coupes de bois. Et les entreprises
d’exploitation forestière ne peuvent se déplacer et ouvrir un chantier que si le volume total à traiter est
suffisant : de l’ordre de 150 à 200 m3. Donc bien au-delà de la récolte possible en coupe de jardinage, sur une
parcelle de 1766 m² (superficie moyenne des parcelles sur le massif).
Les techniciens de la chambre d’agriculture Julien Salou et Bernadette Jordan ont commencé par présenter un
état des dessertes et voies d’accès existantes dans ce massif.
Présentation de l’état de l’existant :
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3 km de pistes desservent le bas du massif (secteurs La Chapelle et La Rosière) et la partie sud est.
1,6 km de route forestière permettent de pénétrer dans le massif , avec une entrée à partir de La
Beunaz sur Saint-Paul (route de 600m) et une entrée à partir de Lugrin et Thollon (1000 m de route
entre Chez les Vesins et en Lain ).
Quant aux espaces de stockage, ils empiètent sur des exploitations agricoles et sont mal situés. En résumé,
l’exploitation des bois du Mont Bénand est aujourd’hui quasi-impossible.
Pour remédier ce problème un projet de desserte a été proposé au public par Jean Luc Chenal de Coforêt.
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D’un point de vue pratique :
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Deux portes d’entrées sont identifiées, côté SAINT PAUL EN CHABLAIS, par la route forestière existante,
jusqu’à l’antenne et côté THOLLON LES MEMISES et LUGRIN, par la route forestière de Lain,
A partir de ces portes d’entrées, l’équipement optimum serait un axe en route forestière empierré,
accessible aux camions grumiers, avec :
depuis SAINT PAUL EN CHABLAIS, un aménagement sur 1327 ml, en direction du torrent du
Dérochoir,
depuis LUGRIN, un aménagement sur 1862 ml ml, en direction du torrent du Dérochoir,
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Compte tenu des conditions de terrain et de relief, il n’est pas judicieux d’envisager la traversée du
torrent du Dérochoir avec un axe de desserte forestier,
Chaque route forestière doit être complétée avec des places de retournement pour les grumiers au
terminus de chaque axe et par quelques zones de dépôt de bois,
Les pistes de débardage existantes, notamment côté SAINT PAUL EN CHABLAIS seront raccordées à la
route à construire,
Une piste de débardage, de 549 ml est proposée, à partir de la route forestière et en direction de la
partie haute du massif.
Le coût des travaux proposés s’élève à 260 000 euros H.T.
Des aides à l'investissement sont proposées aux propriétaires réalisant les travaux de desserte de forêt.
Compte tenu des enjeux et des caractéristiques du massif et du projet en cause, ces aides devraient pouvoir
atteindre 80 % du coût des travaux.
L’autofinancement étant ainsi ramené à environ 55 000 € H.T.
L’investissement doit être mesuré à l’aune de l’état du marché du bois. En France, malgré d’importantes
réserves, la balance commerciale est négative, on importe des quantités importantes de bois pour satisfaire la
demande. Une production plus localisée permettrait de satisfaire cette demande qui devrait s’élargir vers
d’autres débouchés notamment les plaquettes de bois pour chaufferie.
B Jordan a complété la présentation de ce projet avec l’organisation à mettre en place. L’ASA (association
syndicale autorisée) permet aux propriétaires de se regrouper pour une gestion collective de la forêt concernée.
Cette concertation sera au final validée par la préfecture après consultation de tous les propriétaires et enquête
publique.
Ces derniers ont été invités à faire connaître leur intérêt à ce projet en donnant leur accord par écrit à la suite
de l’étude et également à participer au groupe de travail chargé de ce dossier.
Trois rendez-vous sont proposés aux propriétaires :
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Jeudi 11 juin 2015 de 8h30 à 12h, en mairie de Saint-Paul : Aide aux propriétaires à resituer /
visualiser leurs parcelles forestières grâce au repérage des parcelles cadastrales sur écran à partir d’un
logiciel,
Jeudi 11 juin 2015 de 14h à 18h, en mairie de Lugrin : Aide aux propriétaires à resituer /
visualiser leurs parcelles forestières grâce au repérage des parcelles cadastrales sur écran à partir d’un
logiciel
Samedi 04 juillet 2015, à 8h30, sur le terrain : RDV au parking de l’antenne au-dessus de La
Beunaz pour une visite du tracé
A partir du mois de septembre 2015, suite à ces rencontres et échanges avec les propriétaires, la commission
locale se réunira, afin de :
- préciser l’étude technico économique de la desserte forestière,
- réaliser l’étude environnementale,
- organiser le regroupement des propriétaires.
Cette nouvelle étape nécessitera plusieurs mois de travail.
Fait à Saint Paul en Chablais le 24 juin 2015
Bruno Gillet, Maire de Saint Paul
Ce compte rendu peut être consulté sur le site des mairies de Bernex, de Saint Paul en Chablais, de Lugrin et
de Thollon Les Mémises
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Potentiel et place de la forêt française dans l’économie du pays
En France :
(Extrait du rapport d’information du sénat sur l’enquête de la Cour des comptes relative aux soutiens à la filière forêt-bois,
2015)
« La forêt couvre 31 % du territoire français métropolitain, ce qui fait de la France le quatrième pays le
plus boisé d’Europe. La forêt française est diverse et en son sein cohabitent des forêts très différentes : le
million d’hectares du sud-est, garrigue de chênes verts, n’a rien à voir avec le million d’hectares de pins
maritimes du sud-ouest, qui est lui-même très éloigné des surface de taillis du Massif Central. Au total, la filière
forêt-bois française emploie environ 440 000 personnes et réalise un chiffre d’affaires de 60 milliards
d’euros par an, soit près de 3 % du PIB (données 2012).
Les forêts publiques, appartenant à l’État et aux collectivités territoriales, sont gérées et exploitées par
l’Office national des forêts (ONF).
Bien qu’elles n’occupent que 25 % de la surface forestière totale, elles fournissent 36 % du bois
commercialisé.
Les 75 % restants relèvent de forêts privées, détenues par 3,3 millions de propriétaires forestiers,
traduisant, comme le relève la Cour des comptes, un « extrême morcellement ». Il s’agit du premier facteur
de sous-exploitation des forêts privées, auquel peut s’ajouter une conjoncture économique difficile associé
à la volatilité du prix du bois. Les propriétés sont souvent de taille trop modeste pour pouvoir être exploitées de
manière rentable1. La Cour des comptes souligne que des propriétés plus grandes le pourraient, mais que les
revenus qui y sont attachés demeurent trop faibles par rapport aux investissements nécessaires - compte tenu
du cours du bois - et trop espacés dans le temps pour mobiliser l’intérêt de leur propriétaire.
L’expérience montre que la part des propriétaires qui récoltent du bois croît avec la taille de la
propriété. En 2011, un quart des propriétaires de forêts de plus de quatre hectares déclarent ne pas gérer
leurs bois, une moitié de ces forêts ne sont exploitées que pour les besoins personnels de leurs propriétaires et
un quart seulement, plutôt de grande taille, sont gérées dans un souci de mise en valeur et de rentabilité
économique.
Il résulte de ce contexte que 46,5 % de l’accroissement biologique annuel moyen des arbres en forêt privée a
fait l’objet d’une récolte de bois pendant la période 2005-2010, en tenant compte des chablis issus de la
tempête Klaus (le taux tombe à 40,5 % sans tenir compte de ces chablis). En forêt domaniale et dans les
forêts des collectivités, respectivement 74,7 % et 63,3 % ont été prélevés pendant la même période. Au
total, moins de la moitié (48 %) de la production biologique annuelle de l’ensemble des forêts françaises (86,4
millions de m3) a ainsi été prélevée en moyenne chaque année (de 2000 à 2011). Il convient donc de bien
distinguer la mobilisation commerciale du bois de l’accroissement biologique des forêts.
Le constat d’une sous-exploitation de la forêt française est récurrent depuis près de quarante ans …
…
Les taux de prélèvement de bois comparés en forêt publique et en forêt privée montrent que les marges de
manœuvre concernent surtout la forêt privée.
Par ailleurs, les forêts de feuillus, au sein desquels les chênes sont prédominants, occupent les deux tiers de la
forêt française. Or il est constaté un recul constant des débouchés pour ces espèces d’arbres. La composition de
la production biologique française de bois (60 % de feuillus, 40 % de résineux) offre peu de débouchés parce
que la majorité de nos espèces d’arbres ne correspond pas à la demande en bois des marchés les
plus porteurs, comme celui de la construction. En 2010, dernière année pour laquelle des statistiques
détaillées sont disponibles, 39,9 millions de m3 de bois ont été commercialisés, dont 66 % de résineux (cette
proportion passe à 75 % pour les grumes). La composition de la forêt française représente donc un autre
facteur de sous-exploitation, car il accroît le manque d’incitation à une gestion dynamique.
1 Les handicaps de la gestion isolée d’une petite parcelle sont en effet multiples : complexité des
investissements tels que la création de desserte ; faible attractivité des lots de bois de faible volume et des
chantiers de petite surface vis-à-vis des entrepreneurs de travaux et des exploitants forestiers ; inéligibilité aux
aides à l’investissement forestier… Les petits propriétaires forestiers ne sont pas en cause dans la faible
mobilisation de la ressource, surtout que leurs bois sont souvent des terres agricoles abandonnées parce que
pauvres ou inadaptées à l’exploitation. Chaque propriétaire ne peut donc pas être considéré comme un
professionnel potentiel de la filière.
…La filière forêt-bois contribue chaque année au déficit de la balance commerciale française, à hauteur
d’environ 10 %, soit six milliards d’euros, même si la situation tend, en apparence seulement, à s’améliorer (5,7 milliards d’euros en 2014). »
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Dans le Chablais : une forêt de résineux qui répond à la demande en bois construction
Traditionnellement, l’économie forestière a toujours été forte dans le Chablais. La forêt fournissait une part des
revenus des familles, en particulier le bois de chauffage, le bois de construction. Les scieries étaient
nombreuses, présentes dans quasiment toutes les communes. Si au cours des vingt dernières années, plus de
30 % d’entre elles ont disparu, on compte encore 12 scieries en activité.
Ces scieries de taille moyenne
de bois annuellement.
(5 à 25 000 m3 de bois sciés par an) scient globalement environ 120 000 m3
Ainsi, à ce jour, le territoire du Chablais affiche une densité de scieries supérieure à la moyenne
départementale.
En effet, le dynamisme de la construction dans le Chablais conforte ces scieries : les scieries font d’abord appel
au bois local qu’elles destinent aux artisans /constructeurs locaux. Elles sont en capacité de répondre à une
demande locale très spécifique en débits sur liste : c’est leur force.
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