brunomouron

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brunomouron
AUTOPSIE
B R U N O
M O U R O N
E T
P A S C A L
R O S T A I N
B R U N O
M O U R O N
E T
P A S C A L
R O S T A I N
AUTOPSIE
P R É F A C E
J E A N - P A U L D E M O U L E
BIBLIOGRAPHIE
JEAN-PAUL DEMOULE, « Une science au carrefour des disciplines :
L’archéologie du temps présent », La Science au présent 2011,
Boulogne-Billancourt, Encyclopaedia Universalis.
JEAN GOUHIER, Au-delà du déchet, le territoire de qualité,
Manuel de Rudologie, Presses universitaires de Rouen et du Havre, 2000.
WILLIAM RATHJE ET CULLEN MURPHY, Rubbish ! : The Archaeology of Garbage,
New York, HarperCollins, 1992.
L’ART DE LA POUBELLE
Concernant les stars, les fans pourront juger ici de la différence entre ce qu’ils auraient imaginé de la
poubelle de leurs idoles et ce qui s’y trouve réellement. Concernant le reste du monde, on pourra comparer l’hygiène
alimentaire des Français « riches » et celle des Français « pauvres » et comprendre entre autres leurs inégalités
devant l’obésité. On véri½era que la mondialisation est présente partout, jusque dans les poubelles les plus pauvres
du bout du monde. Bien sûr, l’archéologue ou le sociologue professionnel en voudrait plus, plus d’informations et de
localisation, plus de pays, plus de précision sociale, plus de système. Du moins est-ce un stimulant point de départ.
Ces poubelles sont aussi des œuvres d’art, dans leur composition et leur disposition photographiées,
mais aussi dans leur ½nalité. Il n’est pas surprenant que Bruno Mouron et Pascal Rostain aient été en relation avec
l’artiste plasticien Arman, lui qui ½geait dans la résine et verticalisait le contenu de réelles poubelles, telle cette Grande
Bouffe de deux mètres de haut et trois cents kilos, stèle et miroir à la mémoire de notre société de consommation.
Arman appartenait au mouvement des Nouveaux Réalistes, tout comme Daniel Spoerri qui enterra en avril 1983
à Jouy-en-Josas les tables, plats, couverts et mets d’un banquet de cent convives parmi les happy few de l’époque –
une performance intitulée Le Déjeuner sous l’herbe et qui fut quali½ée de « Pompéi mental ». J’ai mené en 2010, en
compagnie de l’artiste et de l’Institut national de recherches archéologiques préventives, la fouille de quelques mètres
de la tranchée du Déjeuner. Nous prolongions ainsi la performance de Spoerri, mais ce fut aussi un minutieux travail
archéologique, qui nous renseignait sur les manières de table de l’époque, mais également sur la pingrerie de certains
convives qui, sachant que leurs couverts personnels seraient inhumés, n’avaient apporté que des ustensiles bon
marché… Pour Daniel Spoerri comme pour Arman, il s’agissait de ré¾échir, en plasticiens comme en archéologues,
sur ce que nos sociétés abandonnaient et sur ce qu’il en resterait.
La fouille du Déjeuner avait de fait une dimension « rudologique », comme le travail de Bruno Mouron
et de Pascal Rostain. On intitule ainsi (du latin rudus, le décombre), depuis les travaux universitaires du géographe
Jean Gouhier à partir des années 1970, l’étude de la gestion des déchets dans nos sociétés. Il existe d’ailleurs un
enseignement of½ciel de rudologie à l’université du Mans. Les déchets ont la vie plus ou moins dure, et les gobelets
en plastique du Déjeuner étaient intacts près de trente années après leur enfouissement. L’importance du plastique
est frappante ici, dans les poubelles des stars comme dans celles des anonymes, et les archéologues du futur
quali½eront sans doute notre époque d’« Âge du Plastique ». Bruno Mouron et Pascal Rostain nous font voir en
artistes de quelles matières est faite notre vie quotidienne et ce qu’il en subsistera, en principe.
T E R R I T O I R E S
AL G ÉRIE
2009
F R A N Ç A I S
D ÉFAVO RIS ÉS
2008
F R AN Ç A IS AIS ÉS
2008

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