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LE PLUS GRAND
HEBDOMADAIRE
DES FAITS DIVERS
9e Année - N° 402
1 fr. 50
Le
jeudi
16
9
JUILLET
DIRECTEUR
Marius
AS/ACRE
DE/ JUHV
En Palestine, en Algérie, des pogroms ont commencé.
Et le peuple juif, au destin tragique, doit pleurer ses
morts au moment où il croyait retrouver une patrie.
Pages 2 et 3, le dramatique reportage de notre envoyé, Henri DANJOU
PAGES
1936
:
LARIQUE
A ]offa (à
gauche), des
soldats anglais, fouillent
un Arabe.
En Syrie, des
jeunes Juifs,
poignard au
poing, manifestent.
Des tirailleurs sénégalais protègent les marchandises
volées au
cours du sac
de boutiques
israélites.
courbe d'un défilé que domine un petit village arabe, le village de Lefta. Il allait voir,
comme il en avait l'habitude dans une Palestine qu'il croyait sienne, des clients à dix,
vingt kilomètres à la ronde, emportant sur
m dos un petit ballot de vêtements et
T'étoffes. Des Arabes l'avaient fusillé d'une
fenêtre, en se gaussant de lui, comme nous
tirons un lapin. Il était agenouillé dans son
sang, la tempe béante. Il n'avait même pas
crié. La décharge de plomb lui avait en
même temps crevé les yeux.
Les soldats anglais occupaient le village,
cherchaient à déloger les rebelles, sans les
trouver d'ailleurs, car ils étaient presque
tous partis dans la montagne, dans des
g.-ottes qu'ils connaissent bien et qui sont
inexpugnables. Le village était rempli
d'explosifs. Des avions anglais le mitraillaient, faisant sauter des maisons, déchaînant, de la montagne à la plaine, un épouvantable bruit de tonnerre.
Cela se passait à trois kilomètres de Jérusalem, c'est-à-dire à trois kilomètres d'une
grande ville de 150.000 habitants, qui est
remplie de soldats, de camions, de tanks, de
mitrailleuses, où il n'est pas rare d'être
fouillé, en plein jour, où personne ne circule plus dans les rues après sept heures
du soir. Et, tous les jours, sur cette même
route, on tentait de tuer un ou plusieurs
Juifs. Et tous les jours, toutes les voitures
juives étaient arrêtées par de grosses pierres et lapidées. Voilà ce qu'on commençait
à voir aux portes de Jérusalem.
Le même jour, à dix kilomètres de là, je
vis un camion anglais emporter deux autres
blessés juifs. Que s'était-il passé ?
Ils habitaient une petite maison dans la
plaine odorante d'oliviers. Comme tous les
Juifs qui croient pouvoir retrouver une patrie en Palestine, ils essayaient de faire
amitié avec les fellahs arabes — ces cousins
des Juifs, on s'en rend compte comme nulle
part ailleurs en Palestine. Deux fellahs frappèrent à leurs volets.
Les deux Juifs faisaient la sieste. L'un,
qui se nommait Wardi, se leva, ouvrit. En
Arabie, le droit à l'hospitalité est partout
sacré. Wardi demanda aux fellahs, s'ils
avaient faim ou s'ils avaient soif.
— Donne-nous de l'eau, dit l'Arabe qui
avait pour nom Nacache.
Wardi' prit deux gobelets, alla jusqu'à la
fontaine. Quand il revint, ses deux hôtes ne
lui laissèrent pas dépasser la porte. Ils tiQ - dessous : l'incendie
dévaste ïè , quartier
juif, è tel Aviv.
On relève, à
Jaffa, des
Juifs blessés
devant une
b arricade.
Le nombre
des veuves et
des orphelins
augmente de
jour en jour.
Palestine (de notre envoyé spécial).
Mort aux Juifs ! -
L
. vieil appel aux pogroms a de
nouveau retenti dans le monde.
A peine cessait-on de l'entendre
en Ukraine, en Pologne, à peine
paraissait-il moins cruel en Allemagne, que le voilà de nouveau claironné
par des foules hurlantes.
De l'Asie à l'Afrique, la fatalité qui a toujours pesé sur le peuple du malheur reprend
de nouveau son cours sanglant. On tue les
Juifs en Palestine, dans cette Palestine où
je viens de vivre de longues semaines rouges. 11 y aura bientôt trois mois que l'aube
se lève là-bas sur un assassinat collectif. On
les tue à Hebron, à Caïffa, à Gazza, à Jaffa,
à Jérusalem, sur le Golgotha même, sur ce
Golgotha où, jadis, les prêtres juifs crucifièrent un petit homme du nom de Jésus, un
pauvre fellah sémite qui promettait la paix
aux hommes et dont la mort fit germer de
si grandes moissons de sang !
Dans notre Algérie, dans notre Tunisie, le
massacre commence. Bagarres à Gafsa, bagarres à Constantine, à Bone, aux cris de
« Mort aux Juifs ». L'Arabie entière se sou-
lève ; les Juifs sont poursuivis dans les rues
à coups de pierres comme des pestiférés,
comme si toujours ils doivent être chargés
des grands péchés du monde. Il ne nous a
même pas manqué, près d'Alger, dans le
pays des Ouled-Naïds, le lynchage d'un Juif.
Il se nommait Félix Adia. Un Arabe voulait occuper la terre d'Adia. Pourquoi lui
fallut-il se défendre ? Il abattit l'Arabe d'un
coup de revolver, ce qui est rare de la
part d'un Juif, car les sémites n'ont pas le
goût naturel du sang ; car, même, ils en ont
l'horreur instinctive. On l'arrêta. Mais comme c'était jour de marché et qu'il y avait
grande affluence de populaire, la foule le
décapita sous les yeux des gendarmes.
Cadavres sur les routes
Mais il faut avoir vécu, comme je viens
de vivre, en Palestine, pour concevoir toute
l'horreur d'un pogrom qui ne peut guère être
assimilé qu'à un assassinat collectif.
Un jour, comme je partais de Jérusalem
Dour Jaffa, le grand port palestinien de la
Méditerranée, je trouvais sur ma route un
cadavre.
C'était le cadavre d'un tailleur juif, Félix
Hirchfeld. Hirchfeld était tombé dans la
2
raient tous les deux sur lui, attendant qu'iYf
tombât à genoux. Le compagnon de Wardi,
Isaac Hiely, se dressa et il souleva un fauteuil pour se protéger, accourant au secours
de sôn camarade blessé à mort. Les deux
Arabes l'enveloppèrent à son tour dans 1«£
feu de leurs armes jusqu'à ce que, privé de
forces, il eût roulé sur le plancher. De la
porte, ils continuèrent à tirer sur ce qu'ils*
croyaient être des cadavres. Mais les revol-|
vers s'enrayèrent. Wardi et Hiely n'étaient
que blessés ; faisant assaut d'énergie, ils'
firent mine de poursuivre leurs agresseurs.;
Les Arabes leur lancèrent encore un poignard à la tête puis s'enfuirent. Wardi et
Hiely réussirent à atteindre la route. Us
s'effondrèrent dans leur sang, appelant au
secours. Un chauffeur arabe passa dans un
camion, vit les deux blessés, ralentit, reconnut deux Juifs. Il cracha, ricana, lança sur
eux un vieil outil et continua sa route. Il
fallut qu'un camion de soldats passât là
pour que les malheureux fussent assistés.
— Que se passe-t-il donc ? me disait
Wardi.
Et je n'oublierai jamais la terreur de ses
yeux suppliants ? Ces Arabes étaient autrefois nos amis. Et jamais jusqu'ici des Arabes n'ont manqué aux lois sacrées de l'hospitalité !
Wardi arrivait des terribles terres de pogroms d'Ukraine. Il avait vu, quand il était
enfant, des soldats jeter par la fenêtre son
père, sa mère, sa plus grande soeur — une
Juive de dix-huit ans que les soldats violèrent avant de l'embrocher au bout de leurs
baïonnettes. Maintenant, il se croyait en sécurité en Palestine, la terre promise que
les Anglais ont juré de rendre aux Juifs !
Il ne comprenait pas que la malédiction antique le poursuivît là où Moïse a prophétisé,
au peuple élu, le repos.
Les nuits de Jaffa
Quand je les laissai, ils ne respiraient
presque plus. A trente kilomètres de là, il
était presque impossible d'entrer dans la
ville de Jaffa. On y avait saigné quatorze
Juifs ; on en avait blessé des centaines. Une
zone rouge de plusieurs kilomètres s'étendait sous les murs de la ville. C'était ce qui
restait du quartier juif. Dix mille pauvres
gens venus de Salonique avaient été lapidés
par les Arabes en furie ; leurs maisons
avaient été brûlées, évehtrées, rasées. Des
lits tordus, noircis par les flammes, jonchaient les ruelles. Les rues elles-mêmes
étaient creusées de grands trous ; les grands
trous d'où les Arabes avaient extrait de
grosses pierres afin de lapider les Juifs qui,
dans la nuit, fuyaient devant l'incendie,
n'emportant rien dans leurs bras nus que
leurs petits enfants.
Ces nuits de Jaffa, qui donc, sinon ceux
qui les ont vécues, pourrait en écrire le
tragique récit ? Elles préludèrent aux
grands massacres de Juifs de Palestine. Chaque nuit, tandis que les Juifs dormaient, des
Arabes portaient le feu et la mort. Ils
criaient :
— Chiens de Juifs !
Il n'y a point de réverbères dans les
vieux quartiers de Jaffa. Seules, les flammes
éclairaient le pogrom, des hommes, des femmes, des vieillards, des enfants nus qui
fuyaient sous les sarcasmes et les balles.
J'ai vu quelques-uns de ces dix mille maudits dans les cinémas, dans les usines de la
ville juive de Tel Aviv où ils campent. D'autres Juifs leUr ont apporté des matelas ou
de la paille. Ils ne se plaignent pas. Ils vous
regardent avec des yeux de chien battu,
c Est-ce Un ami ? Est-.ce un ennemi ? » s'interrogent-ils. Ils n'ont même plus le courage
de faire un geste d'amitié ou de défense.
Où iront-ils ? Dans quel pays ? Puisqu'ils ne
peuvent trouver la paix nulle part. On devine cette préoccupation sous leur front cuivré, dans leur cervelle où les événements
paraissent passer comme un film dont on a
brouillé les images. On a l'impression qu'ils
ne démandent plus rien que de vivre, fût-ce
dans un camp entouré de soldats, clôturé
par des barbelés, mais de vivre...
De la grand-mère à l'enfant...
J'étais à Caïffa quand, un jour, les Arabes
eurent l'idée de faire un exemple. Il y avait
dans leur quartier une vieille Juive, très
pauvre, et qui, comme tous les Juifs pauvres (car les autres ont de très belles villas)
n'avait trouvé à se loger que dans les taudis
arabes du port. Elle se trouva sur leur passage. Il y avait vingt ans qu'ils la connaissaient, mais ce jour-là seulement ils se, souvinrent qu'elle était juive.
Us l'empoignèrent. Toutes les femmes
arabes à Caïffa sont voilées ; elles ont la
tête recouverte d'un tissu épais qui ne laisse
pas deviner si elles sont jeunes ou vieilles.
Mais la vieille Sarah, comme toutes les Juives de Palestine, avait le visage découvert.
Ils commencèrent par la cribler de pierres,
visant ses yeux afin de la rendre aveugle.
Ils lui taillèrent ses robes à la hauteur des
cuisses, comme les soldats d'Attila faisaient
aux prisonnières que les hasards de la victoire destinaient a leurs plaisirs, puis ils la
collèrent contre un mur, la fusillèrent, cela
à quelques mètres d'une police impuissante.
J'ai vu beaucoup plus terrible, l'autre jour,
sur la route de Jéricho. La route de Jéricho commence à Jérusalem ; elle traverse
des montagnes nues, escarpées, impressionnantes ; elle aboutit à un vaste désert de
sable où souffle un vent brûlant, où la Mer
Morte fait briller des eaux asphaltiques. Au
milieu de cette route, tout près d'une auberge où la légende évangélique situe la
belle histoire du Bon Samaritain, un groupe
d'Arabes arrêtait une automobile.
Il ne pouvait y avoir qu'une automobile
anglaise ou des Juifs sur la route. Depuis la
révolte des Arabes contre les Juifs, les Araforit une grève qui en est à son soixante"ème jour et tous ceux qui circulent sont,
force anglaise, |les Araoes, minute par
minute, sèment dans les rues de longs clous.
Dès la nuit, il est interdit de circuler ; des
soldats peuplent l'ombre ; ils croisent la
baïonnette, arrêtent et fouillent les passants.
Un cri, un mouvement de révolte, ils
tirent. La nuit arabe commence. Fusillades,
explosion de bombes ! Le ciel se colore d'in| cendie. Un entrepôt, un garage, une maison
Ijuive brûlent. Les flammes illuminent les
remparts, découvrant la colline de Golgotha,
lui donnant un sens tragique. C'est poi;
gnant. Un soir où les flammes montaient,
un de nos compatriotes m'entraîna dans
une maison du quartier arabe où sa femme
(une Juive) et sa fille se terraient. Us
venaient de barricader leurs fenêtres ;
cependant ils tremblaient.
— Quand vont-ils nous tuer ? me disait-il.
Demain ? Plus tard ? Pourtant, nous les
connaissons depuis vingt ans ! Où aller ?
Nous n'avons plus le courage de partir.
Sur les routes, des autobus juifs circulent
| encore sous la protection de la police. Les
Juifs s'entassent derrière des retranchements de valises et de ballots, disant adieu
à leurs amis comme s'ils ne devaient plus
les revoir. Le convoi est de cinq ou six voitures ; il est précédé d'une estafette et d'une
"automitrailleuse ; un tank ferme la mai*che ;
un avion explore la route. Partout où il y
a un défilé, les balles pleuvent ; la caravane
ne traverse plus les villes ; de-ci de-là, la
route minée explose. Les voitures font dix
kilomètres à l'heure. Chaque jour, il y a des
blessés et des morts dans une de ces voitures ; les Juifs relèvent leurs blessés et
couvrent leurs morts d'un linceul. Il n'est
pas rare de voir sur les routes des autos
à leurs yeux, des mécréants ou des ennemis.
basculées, brûlées, des camions écartelés.
Ils pointèrent leurs fusils sur le policier
arabe qui conduisait la voiture et qui deLa chasse à l'homme
mandait qu'on le laissât passer.
J'étais, l'autre jour, dans la colonie juive
— Retourne, ou nous tirons ! dirent les
de Telmond, près de Tulkarm, où vivent
révoltés.
mille hommes. La nuit arriva. Une centaine
Le policier, suppliant, montrait dans la
de Juifs apparurent dans un grand chemin
voiture une Arabe au visage voilé, pleude sable rouge. Us étaient à cheval. Us porrante, et un petit de dix ans. L'enfant était
taient chacun un fusil en bandoulière et on
étendu sur des coussins ; il avait la tête
voyait sous leurs manteaux une double ranrecouverte de pansements ; ses petites
gée de cartouchières. Un Russe du nom de
mains pansées aussi donnaient l'impresTzavozitch vérifia leurs armes, leur dission de n'être plus qu'une plaie. Ce malheutribua des cartouches. Us allaient pendant
reux était tombé dans un feu, le matin
toute la nuit veiller sur le domaine, se
même. Le feu s'était communiqué à ses
relayant chacun de deux heures en deux
vêtements, en avait fait une torche vivante.
heures, vigiles dressés à la chasse à l'homme
Il devait souffrir horriblement, car il criait
et qui allaient rester debout jusqu'à l'aube.
désespérément, comme un chat qu'on
Dans ce camp, il y avait deux cents maiégorge.
sons, éparpillées aux quatre points cardi— Laissez-nous passer, cria le policier
naux du domaine. Partout, des tours domiarabe. L'enfant est de notre sang ; c'est un
naient les maisons : les postes nocturnes
Arabe. Il doit aller tout de suite à l'hôpital
des veilleurs. Partout des portes blindées ;
de Jérusalem, sinon il va mourir.
partout des meurtrières s'ouvraient dans les
murs. La nuit, pour aller d'une maison à
— Qui donc lui a prêté cette voiture,
l'autre, il fallait emprunter un labyrinthe
sinon un Juif ? hurla, tandis qu'il brandissouterrain.
sait sa carabine, le chef arabe du village.
Retourne, chien, ou nous t'abattons sur
Chaque nuit, il y avait là branle-bas de
place.
combat et cela depuis trois mois. Vingt
hommes étaient chargés des tours ; vingt
Par la fenêtre de l'auto, l'Arabe voilée,
d'une voix aiguë, déchirante, appelait du
secours, insultant, suppliant, rappelant dans
Même en Patous les mots qu'elle prononçait que le petit
lestine, terre
allait mourir. Rien n'y fit. Une volée de
pierres s'abattit sur la voiture ; plusieurs
promise, le
balles sifflèrent. La route était interdite, car peuple maudit
c'était jour de révolte arabe. L'enfant
ne cesse d'être
expira en chemin à proximité du camp
décimé par
anglais de Jéricho. Peu après, des soldats
les pogroms.
balayèrent la route, poursuivirent les rebelles ; il y eut deux blessés et un mort. Mais
un petit martyr arabe pouvait entrer maintenant dans le ciel des Juifs !
Je pourrais citer vingt exemples analogues, de ces exemples que la censure
anglaise interdit d'écrire ou de télégraphier
hors de Palestine, comme s'il ne fallait pas
qu'on sût, dans le monde, la vérité sur le
pogrom.
La terreur au pays juif
Un train, maintenant, en Palestine, ce
n'est plus seulement un train ; c'est aussi
une machine de guerre. Quelques minutes
avant le passage du convoi, une automotrice
chargée de soldats vérifie la voie. Tous ces
soldats sont armés ; -ils sont assis en rond
autour d'une mitrailleuse à plateau mobile,
pointée vers le ciel. Le train lui-même est
rempli de légionnaires anglais et de soldats
écossais. Des canons de fusils dépassent des
portières. Parfois, un pont saute ; la voie
explose ; une machine, des wagons roulent
dans un défilé, épaves d'où monte le feu et
sur quoi pleuvent des balles. Comme je passais à Tulkarm, l'autre soir, des ambulances
emportaient dix-sept blessés ; une bombe
arabe avait explosé dans leur wagon ; quatre d'entre les blessés hurlaient à fendre
l'âme. L'explosion les avait atteints aux yeux.
Il y avait là des Juifs et des Arabes coupables seulement d'avoir voyagé dans le
train anglais et juif. Ils étaient, on me
l'affirma, condamnés à la nuit perpétuelle.
L'explosion les avait rendus aveugles.
Dans les villes, la situation n'est pas
moins tragique. De grandes agglomérations
comme Jénine, Naplouse, sont occupées
jour et nuit, rue par rue: Jérusalem fait
penser à une place de guerre. Camps de
soldats partout, camions armés ; des avions
tournoient dans le ciel. Pour bloquer la
3
autres constituaient un corps de garde ;
vingt autres allaient et venaient de maison
en maison, surveillant les haies où des
assassins peuvent se cacher ; vingt autres
surveillaient les champs. U y avait enfin
ceux qui surveillaient les lignes téléphoniques, ceux qui servaient d'agents de liaison
avec les postes anglais du voisinage.
Les maisons elles-mêmes faisaient penser
à des bastions en plein vent : escaliers doubles et secrets permettant, en cas de siège,
aux habitants du rez-de-chaussée, de s'enfermer dans les étages ; les citernes où
l'eau, denrée précieuse et rare en Palestine, est contenue, étaient construites à l'intérieur des murs afin qu'elles ne fussent pas
percées pendant une attaque par des balles.
Il y avait déjà quatre blessés dans ce
camp. Quatre malheureux venus de Roumanie pour la moisson et qui avaient trouvé
en Palestine presque autant de balles que de
blé.
Je partis en pleine nuit avec Tzavozitch,
le chef du camp. Il s'en allait veiller avec
son plus jeune fils en face de la ville arabe
de Tulkarm. Toutes les nuits, les balles
pleuvaient sur sa tour de guetteur ; toutes
les nuits, des Arabes, profitant de l'ombre,
venaient dévaster les orangeries juives des
environs, incendier les meules de blé.
— Le monde saura-t-il jamais combien
de souffrances il nous a fallu supporter
avant de retrouver une patrie ? me disait-il.
Saura-t-il comme nous étions malheureux
en Ukraine, en Pologne, en Allemagne, avant
de pouvoir arriver dans cette Palestine où
nous vivons pourtant comme dans une forteresse assiégée ?
A quelques jours de distance, il prononçait presque les mêmes mots que Stefan
Lux, ce journaliste juif qui se tua en pleine
séance de la Société des Nations pour attirer l'attention de l'Europe sur les Juifs persécutés d'Allemagne.
On se croit revenu au Moyen Age, quand
les Juifs devaient se vêtir d'une robe rayée
de rouge et de jaune pour être plus facilement désignés à l'autodafé et au gibet. Heure
par heure, en Algérie, en Tunisie, en Palestine, on assassine ceux qui n'ont pas même
le droit de trouver une patrie.
Tragique destinée d'un peuple voué éternellement au malheur !
Henri DANJOU.
(Copyright by Henri Danjou et DÉTECTIVE pour
1936. Reproduction, même partielle, interdite.)
tt Cahuteh », la métairie de M. Sintas, où Saint-Guily, placé comme domestique par les
soins de la gendarmerie, fut l'obj et de la surveillance la plus étroite.
III
T
(1)
la campagne en faveur de
Lartigue tient en quinze points
précis, dont la réfutation est
éloquente.
Pour la clarté de l'enquête, je
me bornerai à les exposer simplement, en
faisant suivre chacun des points de critique
de la réponse que lui font, en bloc, ceux qui
sont assurés de la culpabilité du condamné,
et en les faisant précéder par la phrase de
l'acte d'accusation.
1° Acte d'accusation : On pouvait en
conclure, avec certitude, que le crime avait
été commis par un voisin.
Réfutation pour Lartigue : En dehors des
voisins, d'autres personnes pouvaient connaître les habitudes des vieillards.
Réplique contre Lartigue : Les époux
Domercq recevaient peu d'étrangers —
tous connus et bien connus, d'eux-mêmes—
en dehors des visites régulières de leur fils,
provoquées par leur crainte de Lartigue.
2"Acte d'accusation\j L'absence totale de
Byrrh dans l'estomac permet de conclure
qu'il n'y avait eu, dans l'exhibition des
trois verres, qu'une mise en scène.
Réfutation : La bouteille de Byrrh et les
trois verres portaient trace d'empreintes
très nettes, qui ont été reconnues comme
n'ayant pour origine l'un quelconque des
doigts de Lartigue ou de Saint-Guily.
Réplique : Nul n'a jamais dit que SaintGuily ait touché la bouteille ou les verres.
Lui-même nie les avoir aperçus. Pour LarOUTE
Réplique : Lartigue a remis ses armes
sur réquisition et non sur perquisition.
D'accord. Mais la balle « soeur » fut trouvée sur perquisition.
6* Acte d'accusation : Cette marque est
extrêmement rare et n'existe pas dans le
commerce.
Réfutation : Ces cartouches à marques
spéciales ne sont pas dans le commerce en
France. C'est possible. Mais elles ont été
largement distribuées aux soldats français,
pendant la guerre.
Réplique : Le seul habitant de Bellocq,
chez qui on trouve cette balle c seeur »,
chez qui on trouve une seule balle du même
modèle, c'est Lartigue...
7° Acte d'accusation : On trouve également cinq paires de gants.
Réfutation : La présence de gants chez
Lartigue ne prouve absolument rien, puisqu'aucun n'était taché de sang. C'étaient
de vieux gants, qui avaient appartenu à
son frère.
Réplique : Nous faisons crédit à Lartigue
d'assez d'intelligence pour croire que, ses
gants tachés de sang, il ne les remettrait pas
à leur place, avec les autres... Ce paysan,
qui possède cinq paires de gants, en possédait une sixième : celle qui a servi au crime
et qui a disparu.
8* Acte d'accusation ; Lartigue possédait
chez lui un véritable arsenal d'armes de
guerre.
Réfutation : Les armes trouvées chez
Lartigue y avaient été apportées, pour la
plupart, par son frère le capitaine.
Réplique : Mais Lartigue s'en servait. Son
frère ne lui avait pas laissé un revolver
complètement chargé. D'autre part, si le
revolver, donné à son frère, appartenait à
ce dernier, pourquoi aurait-il eu besoin de
lui demander de le lui c donner » ?
9" Acte d'accusation : Il manquait donc
précisément les deux armes qui avaient
servi au crime et qui, portant évidemment
des traces de sang, avaient été dissimulées.
Réfutation : L'enquête, diligentée au
Maroc, établit que le capitaine avait été,
il y a peu de temps, victime d'un vol, au
cours duquel avait disparu le pistolet recherché. Au surplus, lors de la perquisition
qui a été faite au domicile du capitaine, a
Tarbes, il a été découvert un pistolet de
même calibre, ainsi qu'un poignard, qui
n'avaient été signalés ni l'un ni l'autre.
Réplique : L'enquête au Maroc a établi
le vol, sur les dires du capitaine. Mais il
n'a jamais été question du revolver, au
cours de cette enquête. Le capitaine lui-même l'avoue. De plus, il ressort du témoi-
gnage du capitaine que ni le revolver ni
le poignard découverts à Tarbes ne lui venaient de son frère, puisque — au moment même où il abandonnait un revolver identique à Tarbes — il demandait à son frère de lui « donner > le revolver qui lui appartenait, en ayant vendu un
troisième, paraît-il.
10" Acte d'accusation : Une note d'engrais... qu'il avait payée le lendemain vendredi.
Réfutation : Le jour de l'enterrement des
époux Domercq, Lartigue aurait déclaré
que la note d'engrais, qu'il devait au fils
Domercq, il était allé la payer aux parents,
le vendredi, jour du crime. Comment expliquer que ce propos, tenu à haute voix et
dénié formellement par Lartigue, n'aurait
été entendu que par une seule personne,
parmi toutes celles présentes au repas, et
que cette personne soit, précisément, une
cousine germaine des victimes ?
Réplique : En ce qui concerne le degré
de parenté du témoin et des victimes, cette
question imprudente annihilerait totalement la plupart des témoignages en faveur
de Lartigue. En ce qui concerne le fait
qu'un propos tenu à haute voix, à son voisin de table, n'ait pas été entendu des autres personnes présentes, c'est un fait contrôlé que rien n'est plus discret qu'une
conversation de voisins de table dans le
bruit général.
11* Acte d'accusation : Quelques jours
après, 1" mars, Saint-Guily fit des révélations d'une exceptionnelle gravité, etc.
Réfutation : Lartigue se faisant accompagner par son domestique, à peu près idiot,
uniquement pour s'assurer un témoin ?
Réplique : Ce n'est pas pour s'assurer
un témoin que Lartigue emmena SaintGuily chez Domercq. Il emmène Saint-Guily
pour se faire ouvrir la porte que, la veille,
on refusa d'entre-bâiller, parce qu'il était
seul alors et qu'on a peur de lui.
12* Acte d'accusation : Saint-Guily... donnant congé à son maître.
Réfutation : Ce sont les policiers qui ont
accompagné Saint-Guily à la maison Lartigue, pour le règlement de ses gages, et qui
l'ont placé chez un propriétaire de la région, après l'avoir détenu, pendant dix
M. Sintas, propriétaire de la métairie.
ligue, il a pris la bouteille et les verres
entre ses doigts gantés, sans effacer les
empreintes et sans y ajouter les siennes.
3* Acte d'accusation : Lartigue avait dissimulé une absence.
Réfutation : Lartigue n'a jamais dissimulé l'absence qu'il avait faite.
Réplique : Lartigue n'a pas, en effet, dissimulé son absence. Mais il a oublié de dire
qu'il s'était absenté.
4* Acte d'accusation : D'importantes contradictions firent peser des doutes sur sa
sincérité.
Réfutation : Lesquelles ? Nous n'en connaissons pas.
Réplique : Nous les connaissons. Entr'autres, celles qui concernent le paiement
de la note de guano, la durée de son absence le vendredi soir, ses explications sur
le revolver.
5° Acte d'accusation : Une perquisition
fit découvrir un poignard, un pistolet automatique calibre 7 mm. 65 et 3 cartouches
de pistolet du même calibre.
Réfutation : C'est spontanément que, le
14 février, Lartigue remit, aux policiers, le
pistolet automatique, ainsi que les cartouches qu'il possédait.
(1) Voir Détective, depuis Je n» 400.
Dans la cuisine, le béret et la chaise indiquent l'endroit où fut découvert Domercq.
jours, à la caserne de gendarmerie de
Puyoo.
Réplique : Les policiers ont bien accompagné Saint-Guily chez Lartigue. Mais parce que Saint-Guily avait peur d'y revenir
seul. Les policiers n'ont pas fait « détenir »
Saint-Guily pendant dix jours : Saint-Guily
ne voulait plus revenir loger chez Lartigue
et, ne sachant, momentanément, où le placer, les gendarmes l'ont € recueilli » comme,
dans tous les coins de France, Un sanslogis, en règle avec la loi, peut demander
asile dans tous les postes de police et toutes
les gendarmeries. A plus forte raison, s'il
est témoin dans une affaire criminelle.
13* i4c/e d'accusation : Il est représenté
comme étant faux et sournois, et d'une extrême cupidité.
Réfutation : Allégations purement gratuites, reposant sur un rapport de police.
Réplique : Ce ne sont pas des appréciations louangeuses qui sauveront Lartigue, pas plus que les critiques défavorables
à son humeur ne l'ont fait condamner.
14* Réfutation pour Lartigue : L'information aurait dû s'attacher à faire préciser
quels étaient les vêtements que portait Lartigue au moment de son retour des champs
et ceux qu'il portait au moment de sa rencontre avec Périat. Avait-il changé de costume dans l'intervalle ? Si Lartigue avait
été l'auteur du crime, ses vêtements, ses
chaussures auraient été maculés de sang.
Ce sang aurait été remarqué par Périat.
Réplique contre Lartigue : Quand Périat
et Saint-Guily (cet « à peu près idiot »
examinant l'élégance vestimentaire de son
patron ?...) virent Lartigue, c'était le crépuscule. Périat, qui couchait sur la paille,
se rappelant le costume de Lartigue
Périat, au coin du feu, dans l'ombre de la
cuisine, ou sur la route, par une nuit noire,
voyant des taches de sang sur les vêtements
ou les chaussures de Lartigue
Lartigue,
le paysan aisé, « riche », aux cinq paires
de gants, aux meubles bourgeois, n'avoir
qu'un seul costume de travail : une veste,
une chemise, une flanelle, un pantalon, une
paire de sabots,- un chandail ?«.
Mais les derniers points de la critique
faite par les amis de Lartigue sont les plus
importants.
Lorsque Lartigue fut arrêté, il fut inculpé,
simultanément, comme auteur de deux vols
et d'une tentative de vol, avec effraction et
attentat à main armée.
En 1926 et 1927, on constatait, à Bellocq,
de mystérieux vols de vin.
L'enquête de la gendarmerie, les perquisitions s'avérèrent inutiles.
Un troisième vol est commis, entre le
27 janvier et le 1*" février 1927. Les perquisitions les plus minutieuses n'amènent
aucune découverte.
Or, le 28 février 1928, Saint-Guily, spontanément, s'accuse d'être l'auteur de ce troisième vol, avec son patron Lartigue. Cinq
mois après, le 6 juin, il renouvelle ses aveux.
Le 16 juin, on reconstitue ce vol. SaintGuily donne des indications importantes.
Mais il change encore les détails. Il était
difficile de retenir une inculpation, si faiblement basée, contre Lartigue. Elle fut
abandonnée, sanctionnée par un non-lieu,
le 8 décembre 1928, huit jours seulement
après la condamnation de Lartigue. Le
même non-lieu frappait l'inculpation pour
vol d'osier et celle de la tentative de vol.
Le vol d'osier fut dénoncé par Saint-Guily,
le même jour. Il aurait été commis à la fin
de décembre 1927.
La tentative de vol offre un caractère
plus grave. Le 3 septembre. 1927, vers
23 h. 15, un homme pénétrait dans la maison Pées-Mirande, à Bellocq. L'homme entra dans la cuisine, prit sur la cheminée
ooint-buffy, après le crime, se refusa à rentrer dans la vaste maison bourgeoise qu'habitait
son patron Lartigue, accusé par lui, et dont il prétendait redouter la vengeance.
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une lampe Pigeon, enleva le verre et le déposa sur la table. Il allumait la lampe, quand
il entendit un bruit et s'enfuit comme il
était venu. M. Pées-Mirande, qui rentrait chez
lui au même instant, appela son gendre, Pédezert, cousin de Lartigue. Les deux hommes
coururent à la grange, puis à l'écurie. Là,
Pédezert distingua nettement la jambe d'un
individu, disparaissant par la porte extérieure. Cinq minutes plus tard, il guettait
toujours devant le seuil de cette porte, lors-,
qu'un coup de feu éclata, sur le chemin qui
conduit au gave... A une quinzaine de mètres de la maison, le lendemain, les gendarmes trouvèrent une douille de cartouche
de pistolet automatique. Cette douille, du
calibre 7 mm. 65, portait les lettres S.F.M.
Soumise à l'identité judiciaire, rapprochée
des douilles de même calibre trouvées, après
l'assassinat, dans la cuisine de la maison
« Isaac », l'expert Bayle déclara que les
trois douilles avaient été éjectées par le
même pistolet.
Là, encore, les éléments d'information
manquaient. La plainte fut classée, par un
non-lieu.
Ces trois non-lieu constituent, pour les
partisans de l'innocence, une arme sûre.
Us estiment qu'il y a là un fait nouveau,
car ces inculpations étaient de nature à
impressionner défavorablement les jurés
contre Lartigue. Us affirment que le nonlieu, dans l'affaire de la tentative de vol,
suffit, à lui seul, pour établir l'innocence
de Lartigue, dans le meurtre des époux
Domercq.
A ces conclusions, les adversaires de la
thèse de l'innocence répliquent ainsi :
— Que Lartigue ait bénéficié d'un triple
non-lieu, n'implique pas nécessairement son
innocence. Le non-lieu précise simplement
l'impuissance qui atteint la justice, pour
établir la culpabilité, après avoir réuni tous
les éléments d'enquête possibles. Que SaintGuily se soit trompé, qu'il ait menti — admettons-le — dans ces histoires de vols
de vin et d'osier, n'est pas une preuve qu'il
ait menti pour l'assassinat de la ferme
Domercq. Le capitaine Lartigue a menti,
lui aussi. Et c'est un témoin plus sensé que
Saint-Guily, un officier, « un homme d'honneur et de devoir ». Ce n'est pas un imbécile. Saint-Guily contredit ses propos de
détail. Sur l'essentiel, il ne varie pas : Lartigue et lui ont volé, l'un suivant l'autre.
Quant à l'affaire Pédezert-Mirande, le syllogisme, qui consiste à innocenter Lartigue
d'un double crime par un coup manqué,
nous parait dénué de toute bonne foi.
Voici, maintenant, la plus éloquente
des réfutations. Et nous arrivons à cette
curieuse, à cette surprenante aventure des
rétractations de Saint-Guily.
Le docteur Girma nous le représente
comme un « débile mental avéré », ne
pouvant être considéré que comme c bien
peu responsable de ses actes ». « Il se livrait à la boisson chaque fois qu'il le pouvait. » Et toute sa vie, Saint-Guily a exercé
la c dure » profession de domestique agricole,
Quelle a été l'attitude de Saint-Guily, au
cours de l'information, concernant le double crime ?
Le 11 février, lendemain du double assassinat, spontanément, Saint-Guily déclare à
M. Bareille, receveur buraliste à Bellocq :
« Pendant qu'on assassinait les époux
Domercq, nous étions bien tranquillement à
la maison, Périat, mon maître et moi. »
Trois jours plus tard, lors de son premier
interrogatoire à la gendarmerie, Saint-Guily
déclare que, le 10 au soir, vers 6 heures,
Périat et Lartigue étaient sortis pendant
une heure, et qu' c au premier coup de
revolver, Périat s'était sauvé. »
« On se demande comment a été menée
l'enquête au début, qand on songe que le
procès-verbal, consignant cette déclaration, n'existe pas. » Le commissaire Arburu
l'a expliqué : « Je n'ai voulu retenir des
déclarations de Saint-Guily que ce qui paraissait conforme à la vérité et à la réalité des faits. » Voici ce que, dans son mémoire sur l'affaire, M' Cacher, défenseur
de Lartigue, répond :
« Quelle vérité ? Quelle réalité des faits ?
Celles, évidemment, qui répondaient à la
conception personnelle de l'enquêteur qui,
quelques jours avant, avait pris la responsabilité de l'arrestation de Lartigue.
« Quoi d'étonnant si, plus tard, lors du
deuxième transport du Parquet pour la reconstitution du crime, le malheureux SaintGuily — cerveau débile et affaibli par des
excès de vin — a pu repoduire, tant bien
que mal, des déclarations qui ont pu lui
être inspirées, à la fois par la peur et une
suggestion inconsciente ? »
La réponse de ceux qui sont convaincus
de la culpabilité de Lartigue est simple et
nette :
« L'essentiel du témoignage du docteur
Girma, c'est qu'on peut, malgré ses contradictions avérées, ajouter foi aux dires de
Saint-Guily sur ce qu'il a vu. Vous ne pouvez pas reprocher à Saint-Guily d'avoir varié sur l'essentiel.
« Toute sa vie est celle d'un domestique
terrien. Or, vous affirmez Saint-Guily capable seulement de travaux faciles et vous
présentez Lartigue demandant à Périat, pour
cette seule raison, de le remplacer, lui Lartigue, afin de traire les vaches !... Ce travail
qui exige un tel effort qu'un enfant de dix
ans est, aux champs, couramment chargé de
cette besogne !...
« Saint-Guily ivrogne ? Non. Quelle autre
distraction lui voulez-vous, à lui qui ne sait
ni lire ni écrire, sans amis, sans parents,
que ces chopines de blanc, dans les auberges ? Vous reprochez à Saint-Guily ses
ivresses ? A combien de paysans, le dimanche, à l'auberge, pourriez-vous faire ce
reproche !... Il vous est impossible d'établir
que Saint-Guily, au cours de son travail, se
soit jamais enivré.
« Et c'est vous, les moralisateurs, qui
considérez comme un témoignage qui doit
être pris en considération, celui d'un autre
ivrogne, c'est vous qui, pour appuyer l'une
de vos thèses, faites convoquer un soi-disant
témoin, que l'on dut entendre, pour vous
satisfaire, bien qu'il fût dans « un état
d'ivresse manifeste »?!
« Vous parlez des < souvenirs fragiles »
de Saint-Guily? Après sept ans, le récit que
fait Saint-Guily de la soirée du crime est.
encore et toujours, le même, sur les faits
principaux.
« Vous attaquez l'enquête policière? Mais,
au lieu de dénoncer sans ambages, vous
procédez constamment par allusions.
« Pourquoi, si Lagouardette, si SaintGuily ont été maltraités, menacés, endoctrinés par les policiers et les gendarmes,
comme vous Je dites, pourquoi n'accusezvous pas sans détours, nommément, ces
gendarmes, ces policiers ?
« Pourquoi attaquez-vous sans cesse le
commissaire Arburu, sans accusations précises, au lieu de vous attaquer à son chef,
seul responsable, le commissaire divisionnaire David, chef, aujourd'hui encore, de la
police mobile, à Bordeaux ?
« Vous parlez ironiquement de « maintes
reconstitutions du crime » ! Pourquoi ne
parlez-vous pas de celle où l'on interdit
l'entrée de la maison Domercq au commissaire Arburu chargé de l'enquête et au
commissaire divisionnaire David, qui dut
créer un incident pour obtenir d'assister
aux confrontations, tandis que le commissaire Arburu et ses collaborateurs, les inspecteurs de la Mobile, étaient obligés de
demeurer à l'extérieur ?... »
Et nous voici amenés au plus grave de
tous les incidents : les rétractations de
Saint-Guily.
J'en tirerai le récit complet des souvenirs
de Me Henri Cadier.
Placé, par les soins de la gendarmerie,
comme domestique, chez M. Sintas, propriétaire à Puyoo, Saint-Guily était resté c l'objet d'une surveillance singulière ».
Or, le 11 août 1929, Mme Lartigue a pu
rencontrer Saint-Guily, seul, sur la route qui
conduit à la métairie de M. Sintas.
Mme Lartigue parle, un moment, de choses
indifférentes, puis elle prononce le nom
de son mari. Saint-Guily reconnaît qu'il a
menti, s'excuse : « Us m'ont forcé à le dire,
mais je sais que ce n'est pas vrai. »
Mme Lartigue s'assure des témoins qui
pourront recueillir les rétractations de
Saint-Guily. Elle s'adresse à des personnes
étrangères à l'affaire : M. Sensenacq, employé à la Société Générale, à Salies-de-
Le lendemain du meurtre des époux Dôme» c, : Lartigue est à la gauche du gendarme.
Béarn, et M. Lassauguette, commissaire central en retraite, à Orthez.
La rencontre a lieu, le dimanche 8 septembre, aux environs de Salies. Saint-Guily
confirme ses rétractations du 11 août, jure
qu'il dit la vérité, en levant les bras à plusieurs reprises, ajoutant : « Faites marcher
l'affaire et je serai là ». Un témoin fortuit
assiste à la scène. C'est M. Laborde.
Plainte est portée contre Saint-Guily pour
faux-témoignage.
Or, le premier acte de la procédure d'information, c'est la visite des gendarmes qui
interrogent Saint-Guily, hors de la présence
de son avocat... Le 27 septembre seulement,
le juge d'instruction, contrairement à la
pratique courante, entend Saint-Guily, l'inculpé, seul. Les témoins ne sont entendus
qu'après sa déposition.
Lors de la visite des gendarmes, SaintGuily confirme ses précédentes déclarations,
conformes à celles du procès. Mais les dépositions des témoins lui donnent un démenti
formel. Il se trouble devant Mme Lartigue
et lui dit : « Tu as meilleure tête que moi...
Je ne me souviens plus... »
C'est un nouveau flagrant délit de mensonge, qui concerne le fond même de l'affaire.
Cependant, le 6 décembre, une ordonnance de non-lieu intervient.
Le réquisitoire du Procureur de la République indique que les dépositions de
Saint Gui,
'
Y
ce$sa
P°* * *« rétrocter.
Lassauguette et Sensenacq « sont démenties
par Saint-Guily ».
Quant aux déclarations de Laborde, « il
ne saurait en être fait état, controuvées en
grande partie par Castéra et dont la dernière a été faite sous l'empire d'une ivresse
manifeste ».
Il conclut que « de ces faits ne ressort
pas la preuve du faux témoignage », ajoutant qu' « il est compréhensible que SaintGuily, après avoir essayé d'échapper une
fois de plus aux tentatives intéressées des
amis de Lartigue, ait pu prononcer certaines paroles, rapportées par les témoins,
sous l'empire de la crainte..., qu'il est surprenant de constater que Saint-Guily soit
l'objet d'une plainte, de la part de ceux qui
essayèrent, au cours du procès criminel Lartigue, d'établir l'irresponsabilité de SaintGuily, le faux témoignage n'étant punissable
que lorsque la mauvaise foi et l'intention
dolosive sont établies... »
Par arrêt du 3 janvier 1930, la Chambre
des mises en accusation déclarait recevable
l'opposition de la dame Lartigue, mais la
rejetait au fond et confirmait l'ordonnance
de non-lieu du 6 décembre 1929...
(A suivre.)
Henry MERCADIER.
LE FOU AU
SainKEtienne
ide notre correspondant particulier).
dernier, vers 3 heures, des
cris inhumains montèrent du
mTàjjfi pavillon 19, de l'hôpital SaintKtienne, où iî y a un cabanon
pour les fous.
On hurlait dans le cabanon. Les cris
alternaient, cris de rage, cris de douleur.
Il semblait que le pavillon 19 fût devenu
une maison où l'on tue.
On se précipita. On avait isolé depuis
quelques heures un fou dangereux, récemment libéré d'un asile d'aliénés, Célestin
Four nier, un manœuvre de ferme, de
.'lf> ans, qui, quatre jours plus tôt, venait
de tuer un vieillard de 82 ans et de blesser quatre personnes.
Mais il était bien camisolé, à ce qu'il
semblait. Une étroite chemise de toile que
renforçait une ceinture aux larges crans
d'acier, emprisonnait ses bras derrière son
dos, tandis qu'un garrot le maintenait sur
un lit de fer. On avait enfermé avec lui,
depuis onze heures du matin, un malheureux gazé de guerre, Antoine Souzy, carlonnier de profession et qui, délégué des
ouvriers de son usine, paraissait atteint de
troubles mentaux à la suite des soucis
qu'il s'était volontairement donnés pendant les dernières grèves. Souzy, grand
blessé de guerre, était dans l'obligation de
prendre des soins constants. L'incohérence
de ses propos avait contraint sa femme
à appeler le médecin. On le mit en observation à l'hôpital et le psychiatre qui
l'examina lui enjoignit une cure de repos,
pour un traitement approprié, traitement
qui, affirmait le médecin, viendrait bientôt à bout de sa démence passagère.
('/était dans le cabanon où se trouvait
Célestin Fournier qu'on avait enfermé
Souzy, sans doute pour commencer à lui
faire prendre sa cure de repos ! C'était
de là que partaient les cris. Que se passait-il donc ? Souzy devenu délirant frappait-il le meurtrier enchaîné à côté de
lui ou bien Fournier s'était-il détaché ?
On ouvrit le cabanon. Par quel prodige
de force Fournier s'était-il libéré des liens
que deux hommes solides avaient à grand
peine réussi à nouer. Il avait le torse nu.
Ecumant, les yeux fous, tenant à deux
mains la camisole que complète, comme
je l'ai dit, une ceinture aux coins d'acier,
il frappait l'infortuné Souzy. Le malheureux, à demi inconscient, suppliant, s'était
jeté à ses pieds.
Toi aussi, tous, vous voulez me voler
mon trésor, vociférait Fournier. Je vais
l'apprendre à m'espionner, canaille !
Les infirmiers ouvrirent le cabanon.
L'image de la folie sanguinaire apparut
devant leurs yeux épouvantés.
— Je vous tuerai tous, criait Fournier.
Il fallut refermer le cabanon. Le fou,
déjà prêt à bondir dans le couloir, paraissait prêt à tenir parole.
On lui laissa sa proie. Dans quel état le
malheureux Souzy n'était-il pas ? Il avait
la tête à peu près fracassée ; son corps
dépouillé de ses vêtements n'était plus
qu'une plaie. Il continuait de gémir, avec
des cris d'enfant, de dément, essuyant
dans un geste machinal, le sang qui coulait
sur les yeux, lui empêchant de voir son
bourreau.
Quelques minutes plus tard, les infirmiers revinrent. Us s'étaient munis d'un
appareil spécial de protection. Ils arri■■KLDI
Des cris inhumains montèrent du pavillon 19:
c'était Célestin Fournier,
le fou au trésor, qui avait
déjà fait quatre victimes
è la ferme des Bassin et
qui venait de frapper son
compagnon de cabanon.
Ci-dessous, à gauche, Maria
Bassin; à droite, Marc
Bertal, commis de la ferme.
vaient en nombre. Us réussirent à s'approcher du fou, à le ceinturer, à le camisoler
de nouveau.
On enleva Souzy de la flaque rouge où,
hurlait toujours Fournier.
On enleva Souzy de la plaque rouge où,
maintenant, il paraissait dormir. Il ne
gémissait plus que faiblement. Transporte
dans un pavillon voisin, un médecin, le
docteur Signoux, tenta sur lui l'opération
du trépan. Souzy entra dans le coma. Il
expira peu de temps après, sans avoir
repris connaissance.
Maintenu dans son cabanon, Célestin
Fournier cessait de crier. Il ne pouvait
plus frapper, mais il essaya de mordre
ceux qui, un peu plus tard, lui apportèrent
un peu de pain et d'eau. Ils le frappèrent.
Il supplia :
— Mon trésor !...
Personne ne se serait probablement préoccupé de ce drame de la folie, si le méde-
cin n'ayant refusé le permis d'inhumer, le
Parquet n'avait ouvert une enquête. Avec
qui donc le malheureux Souzy avait-il été
enfermé ?
Le 20 juin, Fournier le fou arrivait au
hameau de Rigaudin, dans la commune de
Saint-Julien-en-Jasez (Loire), et entrait
dans la ferme des Bassin, où il avait précédemment travaillé avant d'entrer à
l'asile. Il paraissait calme. Il avait faim.
Les Bassin lui servirent un repas et lui
donnèrent un litre de vin.
Il les salua et partit à travers champs.
C'était un faux-départ. Il revint en se
cachant vers la ferme des Bassin et s'accroupit derrière un mur.
Il y resta jusqu'à ce qu'un commis de
la ferme passât : Marc Bertal, un père de
famille de 42 ans. Marc arrivait des
champs, sa faux sur l'épaule, en sifflotant.
A peine eut-il le temps de voir Fournier.
Le fou sortait de sa cachette, lui assénait un
coup de bouteille sur la tête, l'étendait,
s'emparait de sa faux. Marc, littéralement
assommé, restait étendu dans le champ.
Armé du manche de la faux, Fournier
se dirigea tranquillement vers la maison,
où on venait de le nourrir, Mme Benoîte
Bassin et sa fille Maria, celles qui avaient
servi le fou, étaient dans la cuisine, quand
ii entra. Il ne prononça pas une parole.
Il les frappa du manche de la faux, les
abattit de deux coups violents à la tête et
se retira paisiblement.
Benoîte Bassin et Maria avaient crié.
Une bonne mère de famille et ses enfants
qui se trouvaient à proximité, prirent fort
opportunément la fuite. Très calme en
apparence, Fournier marchait, allant à son
destin de meurtrier.
Déjà les gendarmes, alertés par Marc
Bertal, le cherchèrent. Il revint à la ferme.
Il trouva là un vieillard de 82 ans, le vieux
père Bassin, qui regardait les corps de sa
fille et de sa petite-fille, sans bien comprendre les événements. Fournier le
frappa de son bâton et comme le vieux
criait, il chercha un marteau dans une
boîte à outils et l'acheva d'un coup de
marteau.
Il avait abandonné son bâton. Armé
maintenant du marteau, il se dirigea vers
le hameau. Une vieille femme, Mme Barret,
se trouva sur le chemin du dément
furieux : il l'assomma comme il avait
assommé les Bassin.
On l'arrêta un peu plus tard dans la
maison de sa mère. Mâchoires serrées,
yeux hagards, Fournier continuait à brandir son arme sanglante et menaçait tous
ceux qui s'approchaient de lui. On eut
grand mal à s'en emparer. Conduit à la
gendarmerie, il murmura :
— J'allais à Rigaudin pour chercher un
trésor qui est caché derrière les buissons.
Je commençais à déterrer le trésor quand
j'ai vu qu'on me regardait. On voulait
m'empêcher de prendre mon bien. Le
domestique est passé, je l'ai frappé. Les
Bassin voulaient me voler, je les ai frappés
ensuite. Je tuerai tous ceux qui voudront
me nuire...
Il parlait d'une manière incohérente, on
l'enferma, comme je l'ai dit plus haut, dans
le cabanon de l'hôpital de Bellevue.
Les quatre victimes qu'il avait faites
étaient en danger de mourir. Le père Bassin était mort. On crut sans doute l'avoir
maîtrisé dans la camisole. On enferma le
malheureux Souzy, dans la prison d'hôpital où Fournier écumait encore.
La présence de Souzy ranima sa
colère. On sait la suite.
Mais est-il admissible qu'on ait enfermé
un infortuné dont on ne savait si la crise
serait longue, dans le cabanon d'un dément
furieux qui venait de tuer ?
Puisque Fournier a pu se décamisoler
c'est qu'on ne l'avait pas complètement
mis dans l'impossibilité de nuire. Quelles
responsabilités l'enquête établira-t-elle ?
L'opinion ne sera pas apaisée tant qu'elle
n'aura pas la certitude que les hôpitaux
ne seront plus des maisons où l'on peut
tuer.
Dans son cabanon, Fournier est maintenant tout entier occupé par son délire.
Son trésor, il le trouvera, murmure-t-il,
puisque tous ceux fqui se sont trouvé sur
son chemin ont péri;
Paul ROININ.
UNE ÉTRANGE HISTOIRE
Stationnant devant l'immeuble, M. Constantinesco n'aperçut aucun des agresseurs.
quartier de la
Muette dort profondément dans
Il
le silence nocturne. Il est deux
UilMra heures trente. Au commissariat
■■■■■ de la rue Bois-le-Vent, les quelques agents de service ne veillent que d'un
œil. La quiétude, le maussade éclairage du
poste les invitent au sommeil.
Soudain, un homme entre « en coup de
vent ». Le brigadier assoupi sursaute. Il
rectifie la position et grogne :
— - Que ce que c'est ?
— Je suis le concierge du numéro 4
de l'avenue Rodin, répond le tardif visiteur. Je viens pour un cambriolage, qui a
été commis tout à l'heure dans l'immeuble
dont je suis le gardien. Trois malfaiteurs
se sont introduits dans un appartement du
quatrième étage, chez une locataire polonaise : Mme Raffestin. Elle n'était pas là.
Mais sa sœur, Mme Tsinskiladze, qui avait
ouvert en entendant sonner, a été bâillonnée et ligotée par les trois bandits. Ensuite,
deux d'entre eux sont allés tout droit à la
cachette de la clef du coffret à bijoux,
dans l'armoire de la chambre de Mme Raffestin. Ils ont trouvé, avec la même facilité, la précieuse cassette, pourtant dissimulée derrière un manteau de cheminée.
Puis ils ont déguerpi en emportant tous
les bijoux, qui valaient une vraie fortune.
Fort ému par ce troublant récit, le brigadier expédia un de ses agents sur les
lieux de la mystérieuse agression. La victime, Mme Tsinskiladze, drapée dans son
peignoir multicolore, le reçut avec un air
c de circonstance », le sourcil froncé, les
traits crispés, la poitrine encore palpitante
d'épouvante et d'indignation. Mais, faute
de savoir un seul mot de français, elle ne
put exhaler, en guise d'explication, qu'un
soupir affligé, non moins harmonieux que
son nom.
— Proutschka kakatschine yeht-yeht !...
La petite bonne du logis, Catherine
Kaliola, vint au secours des deux interlocuteurs, qui se noyaient chacun dans le
jargon de l'autre. Elle compléta les renseignements fournis par le concierge, traduisant fidèlement le dramatique récit de
Mme Tsinskiladze.
Il était vingt-trois heures trente quand
celle-ci entendit le coup de sonnette. Elle
était, à ce moment-là, dans la salle à manger, attendant le retour de sa sœur, tandis
que le petit Rolland Raffestin et la femme
de chambre dormaient. Croyant que
Mme Raffestin avait oublié sa clef, Mme
Tsinskiladze alla ouvrir. Aussitôt, trois
nommes se précipitèrent sur elle. Le premier la poussa violemment vers un fauteuil de l'antichambre, l'empêchant d'appeler au secours en lui plaquant la main
'ARISTOCRATIQUE
sur la bouche. Il devait rester auprès d'elle,
gardien vigilant et taciturne, pendant que
ses compagnons visitaient l'appartement.
Ils allèrent tout d'abord dans la salle de
bains, se munirent de serviettes, à l'aide
desquelles ils bâillonnèrent et ligotèrent
la victime et l'attachèrent au fauteuil.
Puis, ils disparurent pendant cinq minutes,
effectuant dans ce bref délai leur fructueuse perquisition dans la chambre de
Mme Maffeslin. Le coup fait, ils déguerpirent en éteignant toutes les lumières de
l'appartement et en laissant, bien entendu,
ligotée dans le fauteuil, l'infortunée Mme
Tsinskiladze.
Après de difficiles efforts, elle parvint
pourtant à faire céder les liens qui l'attachaient au fauteuil. Elle vint à la porte de
la cuisine pour donner l'alarme à la domestique, occupant une chambre attenant
à cejfe pièce. Faute de pouvoir crier, à
cause du bâillon, elle donna des coups de
tête dans l'huis. En vain ! Catherine, dormant à poings fermés, n'entendit rien.
Mme Tsinskiladze réveilla alors son jeune
neveu qui, à son tour, alerta la bonne.
Celle-ci dégagea sa maîtresse de ses liens
et du bâillon et voulut aussitôt téléphoner
au concierge pour qu'il appelât la police.
La victime la dissuada de cette intention,
persuadée que, à cette heure-là. le bureau
de police ne répondrait pas.
— Attendons le retour de ma sœur, ditelle. Comme les bijoux volés lui appartiennent, laissons-lui le soin de porter
plainte...
Mais Mme JRaffestin n'étant pas encore
rentrée à deux heures du matin (elle ne
devait revenir du « cinéma » que deux
heures plus tard...), Mme Tsinskiladze finit
par céder aux instances de Catherine,
qui bouillait d'impatience de faire avertir
la police.
Cette rocambolesque déclaration ne laissait point d'être fort troublante. La connaissance parfaite des lieux dont avaient
témoigné les « gangsters »; la docilité de
la victime, cependant que les bandits prenaient le temps de chercher les liens et
le bâillon ; les longues tergiversations
avant d'alerter le commissariat constituaient un singulier enchaînement de faits
louches. De plus, Mme Tsinskiladze
qui
ne portait d'ailleurs aucune trace du serrage des liens — affirmait que l'émotion
ne lui avait pas permis de relever le signalement de ses agresseurs, encore que l'un
d'entre eux fût demeuré pendant quelque
dix minutes auprès d'elle. L'affaire se présentait donc comme une énigme particulièrement mystérieuse.
Il ne fallut cependant pas longtemps
pour qu'on pût établir des présomptions
fort claires. Elles se dégagèrent d'ellesmêmes des renseignements fournis par
plusieurs témoins sur les deux Polonaises
victimes du forfait.
est-il connu de beaucoup d'hôtes, parmi
lesquels il n'y a point que des gentleman.
De là à présumer que les deux cent cinquante mille francs de bijoux furent soustraits par d'indélicats visiteurs nocturnes, la déduction n'est que trop facile.
Elle expliqué par surcroît que la victime
ne se soit guère empressée de donner
l'alerte et qu'elle ne se soucie point de
fournir à la police le signalement de ses
agresseurs.
Même, prétendaient certains, il paraît fort probable que l'audacieuse agression n'a été qu'un tête-à-tête consenti par
la victime ; et dont son compagnon a tiré
partie. L'histoire rocambolesque qu'elle raconte n'est qu'un stratagème pour sauver
la face...
Un témoignage d'une particulière importance allait orienter l'enquête vers un
autre pôle troublant. Un de nos confrères,
M. Constantinesco, qui habite, précisément, le même immeuble que les deux Polonaises, attendait ce soir-là un visiteur qui
devait venir pour la première fois chez
lui. Craignant que celui-ci ne trouve point
l'appartement, les concierges étant endormis, le journaliste avait pris le parti d'attendre son ami dans sa voiture, en stationnement devant le n" i de l'avenue Rodin. Il demeura de vingt-trois heures à minuit trente dans cet observatoire de « première loge », duquel il surveillait attentivement la porte de l'immeuble.
Or, déclara-t-il spontanément aux enquêteurs, seuls quelques rares locataires
de la maison passèrent devant moi, pendant la faction que j'effectuais au moment
où se serait déroulée l'agression. Je n'ai
vu aucun trio d'hommes ni entrer dans
l'immeuble ni en sortir. Ainsi, on peut
non seulement penser que Mme Tsinskiladze n'a subi ni bâillonnement ni ligotage, mais encore que le vol lui-même n'est
pas plus réelDans ce cas, quel but aurait poursuivi
la plaignante ? Aurait-elle voulu s'appro-
prier les diamants, les bracelets de saphir,
les broches de platine, les dix-sept mille
francs d'économies de sa sœur, en imputant le forfait à d'imaginaires cambrioleurs '}
Mais l'attitude
de
Mine Raffestin
elle-même laisse libre cours g une troisième présomption. Outre qu'elle défend
son entourage avec une obstination qui
n'admet point d'analyse des faits, je fus
étrangement étonné de la trouver rapidement consolée de la disparition de ses
joyaux et de la grosse liasse de billets de
banque contenue dans la cassette dévalisée.
— On ne s'est que trop occupé de cette
affaire, me dit-elle. Heureusement, la police et les journaux commencent à s'en
désintéresser. J'en suis bien contente...
Cette confidence cousue dé fil blanc incline à croire que M. Constantinesco n'a
pas tort de douter de la réalité du vol.
Mme Raffestin qui est, comme nous l'avons
dit, en instance de divorce, a des intérêts
à débattre avec son mari. Ses bijoux, son
argent, entrent dans le partage des biens
de la communauté. Pour les mettre à l'abri,
rien de mieux qu'un cambriolage simulé.
Du moins, c'est une présomption qui, au
point où en est l'enquête, apparaît comme
étant la clef de cette affaire louche.
Noël PRICOT.
Mme Tsinskiladze
et sa sœur, Mme
Raffestin, dans
l'appartement
desquelles, assure
la plaignante, les
malfaiteurs se
sont introduits.
%%%
Epouse d'un riche marchand de chevaux bauceron, depuis un an en instance
de divorce, la jeune Mme Raffestin est
d'une nature éprise de plaisirs, à laquelle
s'allie le caractère le plus hospitalier. Sa
sœur, installée depuis trois mois auprès
d'elle, n'engendre pas non plus mélancolie. D'autant que, pendant qu'elle est éloignée de son mari, elle peut, à loisir, profiter de la vie ! Par leurs aimables dispositions, ces dames attirent les sympathies
d'un nombreux entourage, comme la
lumière attire les papillons... les papillons
de nuit, bien entendu! Ils viennent très
fréquemment à des heures indues, mais,
qu'ils soient blancs ou noirs, il n'en
reçoivent pas moins le meilleur accueil.
Mme Raffestin, qui n'est pour eux que
Mme Lola, et Mme Janina Tsinskiladze
leur accordent une hospitalité plus généreuse que circonspecte. Ainsi leur foyer
Mme Tsinskiladze, la victime bâillonnée, et Mme Raffestin, à qui appartenaient les bijoux, sortirent du commissariat sans avoir pu donner aux enquêteurs le moindre indice
susceptible de leur faciliter les recherches. De son côté, le concierge du somptueux immeuble de l'avenue Rodin déclara qu'il n'avait rien vu ni rien entendu de suspect.
y
POUR
LA
OULLENS. Le cœur se serre davantage à la
pensée qu'il s'agit, non pas même encore de
femmes mais d'enfants, de petites filles qui
ont appris, à l'âge où tant d'autres jouent
encore à la poupée, les souffrances d'une
maternité précoce, toutes les laideurs de l'amour de hasard et du péché qui laisse une marque affreuse.
Les tribunaux d'enfants envoient à la maison de préservation de Donllens d'abord les filles qui ont, comme
les garçons, commis quelque méfait ; ensuite les prostituées mineures que les marchands de chair vivante ont
jetées sur les trottoirs des grandes villes et que la police
des mœurs a arrêtées. Hélas, il est souvent déjà bien tard
el la plupart d'entre elles sont déjà, à seize ans, usées,
contaminées, malades, filles-mères.
La colonie est installée dans une ancienne citadelle,
dans la ville elle-même. Bien entendu, le personnel surveillant y est exclusivement féminin et à part le directeur,
le médecin chef et un aumônier, aucun homme ne pénètre chez les filles punies.
Punies ! Moins encore que chez les garçons, on sent
8
RÉDEMPT
ici la volonté de punir. On n'y reconnait que le désir de
corriger un destin injuste.
Il y a d'abord la maternité, une maternité modèle,
qu'envieraient bien des cliniques luxueuses. Chaque petite maman y a sa chambre qu'elle décore à son goût ;
elle y est, avec son bébé, admirablement soignée et
dorlotée.
L'infirmerie spécialisée voit tons les jours défiler les
malades qui subissent un traitement énergique et presque
toujours efficace.
Les malades partagent, comme les garçons dans les autres colonies, leur temps entre l'école, le travail et
les jeux.
L'instruction s'inspire des procédés les plus modernes.
Des séances de cinéma éducatif coupent les classes.
En principe, les petites cloîtrées sont là jusqu'à leur
majorité. Mais on s'efforce, si on estime qu'elles ont pris
assez de force morale, si leur conscience s'est suffisamment éveillée, de les rendre à leur famille, de les placer en apprentissage ou même de les marier. Et elles
apprennent souvent la douceur du pardon.
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Une ennemie des maisons closes
Mme Léon Brunschwig qui, avec
Mme Irène Joliot-Curie et Mme
Suzanne Lacorre, inaugura l'entrée
des femmes dans le gouvernement, a
consacré sa vie aux œuvres sociales.
Femme du philosophe, professeur à
la Sorbonne, elle est douée d'une
grande intelligence, mais aussi d'un
tempérament des plus combatifs.
C'est ainsi que Mme Brunschwig a
engagé une lutte ardente contre les
maisons closes. Elle s'est fait parmi
les « tenanciers > d'irréductibles ennemis.
Sa campagne contre la prostitution
autorisée donna lieu, l'année dernière, à un procès bien pittoresque
entre elle et une dame qui était partisan du maintien des « maisons »,
moins nuisibles, à son avis, à l'hygiène publique, que la prostitution
clandestine qui sévit dans les villes
où les établissements ont été supprimés...
Mme Brunschwig accusait son adversaire de mener une propagande
non désintéressée .
D'où plainte en diffamation : et ce
fut une audience cocasse que celle où
s'opposaient ces deux rivales, toutes
deux femmes d'âge, parfaitement dignes, discutant des b..., -de leurs
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LARTIGUE,
qui est sans
doute, comme notre journal récrivait la semaine dernière, < une affreuse erreur judiciaire », a enfin
commencé d'émouvoir la justice.
L'angoisse qui étreint, dans le pays de
Béarn, tant de braves gens, alors que d'autres,
nombreux et d'une égale loyauté, croient en
la culpabilité de Lartigue, s'est propagée jusque dans les hautes régions administratives.
Un premier résultat a été obtenu : Lartigue
vient d'être gracié de la peine des travaux
forcés, mais il lui reste à obtenir la levée de
l'interdiction de séjour et sa réhabilitation.
Laissons ce cas individuel pour nous occuper de la question même du c doublage ».
La question ne divise personne, elle réalise
l'accord unanime. Le « doublage » systématique est une monstruosité.
On en connaît le mécanisme; il est d'une
atroce simplicité.
Tout individu condamné à moins de huit
ans de travaux forcés est astreint, lorsqu'il a
subi cette peine, à rester dans la colonie pendant une durée égale à celle des travaux forcés. Sept ans de bagne représentent quatorze
ans de séjour en Guyane. A huit ans de travaux et au delà, la résidence est perpétuelle.
L'homme ne revient plus.
La loi n'avait pas voulu cela. Ce supplément terrible, dans bien des cas plus cruel
que le châtiment principal lui-même, a été
créé par des textes réglementaires, après la loi
de 1854.
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Bûche et Renée retenaient leur souffle.
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architecte, elle habitait maintenant chez
ses parents qui tenaient un hôtel à Montparnasse, rue de la Grande-Chaumière.
Ils convinrent d'un rendez-vous pour le
mardi suivant, à l'hôtel.
M. Bûche était enchanté de la rencontre. La cousine avait l'oeil frémissant des
veuves qui cherchent à pleurer le défunt
dans les bras d'un successeur. De fait,
le mardi, l'entretien prit tout de suite
une tournure agréable. La veuve commença par faire une halte au cabinet de
toilette ; comme on était « en famille »,
M. Bûche se crut autorisé à quitter son
veston, qu'il accrocha au porte-manteau,
dans un couloir, près de la porte. Et la
conversation se poursuivit sur le lit, dans
la plus stricte intimité.
Soudain, on frappa à la porte.
— Chut, dit la cousine, ne bougeons
pas !„.
Les coups retentirent à nouveau, répétés, violents.
A l'intérieur de la chambre, M. Bûche
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'AFFAIRE
UNE SAILLIE
et Renée — c'est le nom de la jeune
femme — retenaient leurs souffles. La
porte s'ouvrit.
Un immense gaillard, au teint bronzé,
aux yeux incendiés de colère, se posta
devant M. Bûche. Il avait un accent
étranger.
— Misérable ! que fais-tu avec ma
femme !
M. Bûche, dont les esprits étaient assez
troublés, fut tout de même surpris de ce
langage. Mais il ne cherchait pas à coordonner les épisodes de ce film étonnant.
L'homme - au - regard-sombre précisément avait l'air de s'adoucir un peu. II
baissa les bras, cessa de grincer des
dents et consentit à s'éloigner. M. Bûche
respira et Renée, séchant ses larmes, lui
dit :
— Tu vois... tout finit par s'arranger.
La partie de plaisir ainsi interrompue,
M. Bûche ne songea pas à la reprendre.
D'ailleurs, à son âge — cinquante-six
ans — on ne repart pas avec facilité dans
une course marquée par un semblable incident.
150
BON DE COMMANDE
</) [ perte de temps
L
LUCIEN
BÛCHE,
qui
cumule la profession d'agent
d'assurances et celle de marchand en bestiaux dans une
petite ville, près de ChâteauThierry, arpentait le boulevard Haussmann, le 20 avril, à la fin de l'après-midi.
M. Bûche se sentait l'âme tendre, un coeur
de printemps. Il venait de réaliser une
bonne affaire commerciale ; son portefeuille était gonflé de billets, quelque
chose comme 9.400 francs.
Soudain, une jeune femme l'interpella.
— Vous ne me reconnaissez pas ?...
C'était une lointaine cousineLucien
Bûche l'avait perdue de vue depuis plusieurs années. Il lui offrit un verre ; elle
raconta les épreuves de sa vie : veuve d'un
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Seine n'est pas tendre pour certains
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C'est ainsi qu'un certain Gaston
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trois mois de prison ferme et 20.000
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Quelques instants plus tard, cherchant
dans son portefeuille de quoi régler le
demi qu'il venait de prendre, M. Bûche
éprouva une violente émotion. Les 9.400
francs avaient disparu. Et cependant, il
était sûr de les avoir, en arrivant à l'hôtel avec la cousine.
Un soupçon lui vint, tardif. L'arrivée
du grand diable brun, si merveilleusement à point, n'était-elle pas combinée ?
D'un entôlage conçu selon les règles
n'aurait-il pas été la victime ? Mais, déposer une plainte, c'était, pour une récupération incertaine de l'argent, la certitude d'embêtements autrement graves.
C'était sa femme légitime — pas commode, l'épouse ! — mise au courant, les
ragots inévitables.
« ... Taisons-nous », pensa M. Bûche,
philosophe, décidé à ne plus suivre les
cousines-veuves à l'hôtel, quand il les
aurait retrouvées sur le trottoir. Il fit
donc le sacrifice de sa galette et se disposait à oublier la néfaste après-midi du
26 avril, lorsque, à quelques jours de là,
un matin, Mme Bûche, se plantant devant
son lit — il avait la grippe — brandit
sous ses yeux une lettre recommandée
adressée à son mari et qu'elle avait décachetée.
Signée du nom de Pechitch, la lettre
réclamait : « Comme suite à la visite
faite dans la chambre, rue de la GrandeChaumière, le versement immédiat de
5-000 francs, au bureau de poste rue Danton. Sinon, on serait dans l'obligation
Lendemain de Sweepstake
Deux raisons l'avaient inspiré : le désir de
purger la métropole pêndant un temps
d'épreuve, ou pour toujours, des indésirables;
ensuite, assurer l'exploitation agricole et industrielle de la Guyane grâce à une maind'œuvre qui se recruterait automatiquement.
On connaît le bilan de l'activité économique : un désastre. Une exploitation déficitaire,
en état de faillite continue. Et quant à la première raison, si elle est valable dans bien des
cas, elle est parfois horriblement injuste.
Autant l'on conçoit la nécessité de débarrasser la France des criminels endurcis dont le
relèvement est impossible, autant cet éloignement prolongé ou perpétuel est abominable
lorsqu'il s'applique à des hommes que I' « accident » a rendus un jour meurtriers.
Nous en connaissons; ils sont des centaines...
Les drames de la colère, les crimes passionnels qui ont été parfois jugés par un jury
impitoyable, sous l'effet d'une campagne de
presse, d'un revirement de l'opinion.
Bien souvent, la grâce leur a été accordée,
mais seulement pour les années de travaux
forcés qui leur restaient à accomplir; le doublage subsiste. Et la grâce, alors, n'a plus
qu'une valeur théorique, car ce qu'il faudrait,
c'est le retour de ces hommes amendés dans
un milieu sain où se réaliserait leur rachat
moral.
Nous protestons de toutes nos forces contre
l'automatisme du doublage, s'appliquant indistinctement aux sujets pourris et aux êtres qui ont
droit au pardon.
(Lire, pages 4 et 5, la suite de Venquête de
Henry Mercadier.)
ONÉREUSE
d'agir. » Phrase mystérieusement menaçante.
Plus moyen de cacher l'histoire à
Mme Bûche. Le marchand de bestiaux
i fut bien obligé d'avouer. En gros, éviI déminent, parce qu'il « gaza » sur les
1 détails. Mme Bûche décida aussitôt de
porter plainte. Elle accompagna son gros
Lucien chez le commissaire du quartier
de Notre-Dame-des-Champs et une enquête fut menée.
Les résultats en furent rapides et décisifs.
Les inspecteurs Massot et Meunier apprirent, en effet, que Renée — la pseudoveuve — n'avait jamais été veuve, qu'elle
avait habité l'hôtel en compagnie de son
amant, Ljubouni Zivanovic, un Yougoslave se disant correspondant c libre »
d'un journal de Belgrade et — précision
significative — que le couple avait déménagé le 27 avril, c'est-à-dire le lendemain du rendez-vous galant de M. Bûche.
Les policiers retrouvèrent la trace de
Zivanovic par le service des garnis : il
logeait dans un hôtel de la rue Champollion avec Renée Podela, « la cousine ».
On les arrêta presque aussitôt.
Zivanovic nia le vol. Un livret de
caisse d'épargne fut trouvé sur lui : il
avait déposé 5.000 francs le 28 avril.
Auparavant, il était sans le sou. Ce rapprochement des faits valait une preuve.
Renée Podela protesta. Et ses cris retentirent jusque dans la salle de la
10e Chambre correctionnelle où elle était
traduite, la semaine dernière, avec Zivanovic, elle l'entôleuse, lui le complice.
M. Bûche était assis au banc de la partie civile. Pas très fier, on s'en doute,
mais soutenu, presque à coups de poing,
par Mme Bûche qui n'entendait pas perdre l'argent et pâtir des fredaines de
l'époux coureur. Elle était prête à tout
entendre à l'audience, pourvu qu'elle mît
la main sur la galette.
M. Bûche se faisait aussi petit que le
lui permettaient ses quatre-vingt dix kilos et ses joues gonflées et cramoisies.
Une grosse boule rubiconde, un peu honteuse... Et Renée Podela, qui sentait venir le châtiment, se paya, comme on dit,
« sur la bête ».
— ... Espèce de dégoûtant, tu vas nier
Le N° 33.857, Série 16
attribué au cheval SIND
Les deux vierges
L'autre soir, au cours d'un dîner
que M. Jean Zay, notre jeune ministre de l'Education nationale, offrait
à quelques amis, on vint à parler de
ce rat d'église qui, dans un taudis de
la rue de Sèvres, entassait les chasubles, les ostensoirs, les statues, les
retables et les lutrins.
— Je l'ai très bien connu, déclara
M. Jean Zay. Il fut un de mes premiers clients. En 1929, je le défendis
devant le tribunal correctionnel d'Orléans.
Le juge d'instruction chargé de
cette affaire avait convoqué tous les
curés des paroisses, j'assistais à
cette cérémonie. Le doyen de NotreDame-de-C. entra le premier, désigna d'un doigt tremblant une admirable Vierge du xn" siècle : « Elle
ornait mon autel », déclara-t-il. —
« Reprenez-la donc », dit le juge.
Mais Lequeux intervint : « Cette
Vierge, je l'ai dérobée à R... La
vôtre, monsieur le Curé, c'est celleci... près de l'encrier... une Vierge
achetée, il y a cinquante ans au
plus, dans un magasin de Saint-Sulpice...'
« Le curé de R., quand il vint réclamer sa Vierge, adressa une action
de grâces à Dieu. « Ma Vierge du
xiii' siècle ! Un trésor inestimable ! »
disait-il. Mais Lequeux s'indigna :
« Du XIIe siècle, et non du xïiT ! »
Et il fit au curé un petit cours
d'archéologie.
« Le prêtre ne l'écoutait pas. Déjà
il avait mis la Vierge sous son bras.
Lequeux poussa un cri d'effroi.
« Monsieur le Curé, il pleut à verse.
Cette Vierge en bois peint, enveloppez-la soigneusement. » Et, s'emparant d'un Journal Officiel, lui-même,
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Lises cette simi .e lettre !
< Cher M isieuv BIRMAN,
iF* vous av lie demandé mon horoscope qui
indiquait le chiffre 7 comme étant bénéfique et
» jeudi, j'ai donc acheté mon billet le jeudi
7 mai et le numéro 33.857 Série 16. qui vient de
sortir à 500.000.
« Comme vous m'indiquiez que le 3e trimestre
1936 m'amènerait une rentrée d'argent inattendue
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suis heureux de ces réalisations de vos prophéties et vous en garde une reconnaissance émue. »
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que, depuis deux mois, toutes les semaines, on se retrouvait à l'hôtel ?
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pour la saillie du taureau... (hilarité.)
M. Bûche ne répondit pas.
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Ljubouni Zivanovic et Renée Podela, les
deux complices du fructueux entôlage.
rituelle vigueur le portefeuille, sinon les
vertus conjugales du marchand de bestiaux. Mc Thaon plaida pour Zivanovic et
Renée Podela.
Le tribunal frappa dur : à chacun des
inculpés 13 mois de prison et la restitution de 5.000 francs. Parce qu'un doute
subsistait sur le contenu exact du portefeuille.
A la porte de l'audience, sans plus attendre, on recueillit l'écho d'une mercuriale vinaigrée qu'adressa Mme Bûche à
son infidèle Lucien. jean MORIERES.
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LES BAGNES DU HO
v
ALCATRA2
du large, l'île n'est qu'un roc
décapé et ses plates bâtisses
blanches apparaissent comme un
énorme amas d'ossements qui
blanchissent sous le soleil torride.
Vue d'un avion ou des collines environnantes, elle offre la redoutable silhouette
d'un gigantesque cuirassé aux superstructures formidables ancré à quelque 2.500 mètres au nord des docks du port de Frisco.
Les vaisseaux qui se glissent à travers le
Portail d'Or sont partiellement recouverts
de son ombre monstrueuse.
A mille brasses, d'énormes panneaux flottants vous défendent d'approcher de la plus
terrible « Rig House » de l'Oncle Sam :
car ce bateau, à tout prendre, n'est' qu'une
prison.
On doit rester éloigné à 300 yards. Personne n'est admis à terre sans autorisation
du gouvernement.
Les Espagnols l'avaient nommée Alcatraz :
le Pélican ; car ces gros oiseaux de mer,
lourds et disgracieux, hantaient alors par
milliers ces falaises.
Mais bien des choses ont changé depuis
que les « conquistadores » castillans et les
vieux « padres > ont contemplé pour la
première fois cet îlot dans la baie de SanFrancisco. Les oiseaux qui y vivent aujourd'hui ont donné un autre nom à leur perchoir ; ils l'appellent « Le Roc ».
La prison fédérale n'y fut établie qu'en
octobre 1933 ; mais le Roc a servi dans le
passé de bagne militaire. Pendant la guerre
civile, ces récifs nus furent flanqués de
donjons où l'armée américaine enfermait
ses incorrigibles. Ce fut tour à tour le fort
de réclusion et la caserne disciplinaire
(l'équivalent des camps de concentration du
vieux monde), pour les civils déloyaux, au
temps de la guerre de Sécession, puis des
objecteurs de conscience de la Grande
Guerre jetés parmi les criminels et les « têtes dures » de l'armée américaine, faisant
l'apprentissage de la vie de bagnard à ce
contact hautement moralisateur... Comme
prison, Alcatraz a toute l'inexpugnabilité
que la nature et les hommes peuvent imaginer. Autour de ses rebords rocheux coulent des courants froids et des lames traîtresses que seuls des nageurs hardis peuvent tenter de traverser. S'ils sont prêts à
affronter les requins dont les gueules hideuses surgissent à tout moment à la surface, s'ils consentent à avoir deux chances
sur trois de périr broyés contre le briselames.
Plus de 250.000 dollars ont été dépensés
par le gouvernement pour la modification
et l'équipement de la « Rig House », de façon à rendre toute évasion impossible. Tout
un arsenal de fusils mitrailleurs, de bombes
lacrymogènes, de revolvers, est au service
d'une centaine de gardiens stationnés dans
l'île et commandés sous le régime de la discipline militaire par un ex-banquier, James
Johnston, une des « lumières » de WallStreet.
L'édifice principal, renfermant l'ensemble
des cellules, est bâti au sommet de la plus
grande surélévation d'Alcatraz. C'est une
construction grise et blanche d'acier et de
ciment armé — armé d'un alliage d'acier
si dur qu'il émousserait n'importe quel ciseau, n'importe quelle lime ou scie. Une
triple rangée de cellules superposées peut
« accommoder » 350 « pensionnaires ».
Chaque cellule est fermée avec un loquet
fort savant, contrôlé électriquement d'une
UE
Des passerelles de guetteurs surplombent le pénitencier et pas un geste des
condamnés du Roc ne peut
échapper aux gardiens.
HÉ
cabine — un box blindé, bien plutôt —
extérieure.
Enfermés comme des bêtes fauves dans
des cages métalliques, les prisonniers qui
projetteraient un « coup » n'auraient nulle
part où fuir, où se cacher, car même les
cellules les plus hautes voient l'espace qui
.les sépare du plafond coupé par un grillage de fer au-dessus d'elles. Les passages
transversaux sont visibles sur toute leur
longueur aux gigantesques gardiens, armés
jusqu'aux dents, qui jour et nuit parcourent
au pas cadencé les corridors surélevés construits au milieu de la salle, à mi-chemin entre le plancher et le plafond.
Entre l'entrée principale et la porte à
barreaux de fer ouvrant dans la salle des
cellules se trouve une cabine blindée, reliée par téléphone avec tous les points de
contrôle de la prison. Près dè là, une armoire tient à la disposition des gardiens
des revolvers automatiques et des fusils mitrailleurs qui peuvent tirer 600 coups à la
minute.
A des points d'observation d'où l'île tout
entière est visible, afin de rendre impossible une révolte intérieure ou un assaut extérieur, s'élèvent trois tours reliées par des
passerelles à la prison principale. La
< garde » y relève quatre fois par jour.
De la tour n" 1, un système de contrôle
électrique ouvre et ferme tous les portails
sur la route qui encercle l'île. Des < nids »
de mitrailleuses et de projecteurs s'apprêtent à faire respecter la « consigne » de
navigation interdisant aux navires et embarcations des particuliers d'approcher à
moins de 300 yards pendant qu'une station de radio à ondes courtes tient M. Johnston en communication constante avec les
l'I
'mtt\ *\
-
L
stations de garde côtière autour de la baie,
avec la police de San-Francisco et avec
l'embarcation de la patrouille pénitentiaire.
Toutes ces précautions ne sont certes pas
inutiles, car l'îlot est une super « Rig
House » pour « pensionnaires de marque ».
Alcatraz abrite maintenant les plus dangereux criminels du monde.
Prison inhumaine dans un site inhumain.
Nul n'y est amené à la suite d'une condamnation. C'est l'administration pénitentiaire
fédérale qui a transformé Alcatraz en « maison d'isolement ».
Un criminel est-il jugé indésirable dans
un autre pénitencier, craint-on qu'il ne fomente une révolte, que des amis vigilants
ne tentent un coup de force pour le délivrer? Aussitôt, son cas est signalé au Bureau
fédéral de Washington et, sous bonne escorte, l'homme est discrètement conduit —
enseveli — à Alcatraz.
La chose fut prévue en mars 1934 par un
arrêté fédéral qui prescrivait « le confinement de ceux des condamnés dont la présence dans les autres prisons peut être considérée comme) une menace pour les gardiens ou pour les autres prisonniers ».
Cette Bastille insulaire fut destinée à un
hôte de marque : John Dillinger, le premier « Ennemi public n" 1 ».
Furieux et humilié, le gouvernement américain voulait se venger de l'homme qui
l'avait tourné en ridicule. Quelque temps
auparavant, en effet, le terrible gangster,
véritable émule de Billy the Kid, des temps
héroïques du Texas, avait fait de la police
américaine la risée du monde entier en
s'évadant de la « Big House » de Columbus,
sous la seule menace de sa pipe, braquée
comme un revolver. Il avait même poussé
« l'humour » jusqu'à délivrer coup sur coup
ses compagnons « Babyface » Nelson et
Raymond Hamilton, non sans avoir mis le
siège à la prison de Little-Rock où s'ennuyait le second.
Mais la police fédérale n'eut pas le loisir
d'utiliser ses farouches préparatifs : un raid
de G-Men devait, quelque temps plus tard,
abattre Dillinger à la sortie d'un cinéma.
« Une chance pour lui... », dirent ses
acolytes pour qui mieux vaut la mort sans
phrases que la vie éternellement muette des
condamnés du Roc.
Le mystère du silence
A clientèle choisie, personnel de choix.
Les gardes-chiourmes d'Alcatraz sont choisis
avec soin parmi les plus intrépides et les
plus impitoyables des « fonctionnaires » des
autres pénitenciers fédéraux et ne viennent
sous le commandement de M. Johnston
qu'après trois mois de « stage » dans le
« bagne froid » de l'île Mac Neil, dans le
Pacifique nord. Rompus à tous les exercices,
vivant comme des sheriffs de la frontière
mexicaine, versés dans le code criminel,
prêts, en un mot, à user de tous leurs droits
de gardes-chiourmes, ils acquièrent le droit
d'appliquer la règle strict : d'Alcatraz à la
crème des mauvais garç ans. Aussi . c'est
monnaie courante dans les ?angs de préférer
le « troisième degré », le fouet des bagnes
du Sud, la < chaussette à «tlous » de l'Oregon à l'emmurement du Roc.
Ce sont les plus hautes autorités du monde
criminel qui ont introduit cette opinion :
l'un après l'autre, les Al Capone, « MachineGun » Kelly, Harold Fontaine, John Paul
Chase et bien d'autres ont été domptés, brisés, par M. Johnston et ses collaborateurs.
A l'île du Diable le corps dépérit sous la
,,=2 S! Si L
il
12
chaleur tropicale, A /ncatraz, c'est l'âme.
Ils sont là 259 « paladins du crime » —
261 depuis que le roi d'Angleterre obtint du
gouverneur Hiram Johnston la « grâce » du
kidnapper écossais James McKay et de son
« associé » américain, grâce qui se traduisit
par leur relégation à l'île du Pélican — 261
qu'un coup de gomme administratif a pour
jamais effacés des manchettes de journaux,
dont pourtant ils avaient été les héros redoutables.
Deux cent soixante et un muets.
Bouclés à 5 h. 30 dans leurs étroites cellules, ils en surgissent au coup de sifflet le
lendemain à 6 h. 30 pour^out aussitôt, se
voir enfermés soit à la cordonnerie, soit à
la blanchisserie, soit dans un autre atelier.
Trois repas coupent la journée. Dans la
grande et froide salle grise où 8 tables sont
alignées, comme partout ailleurs, des gardes,
sortes de colosses taciturnes, fusil mitrailleur au bras, font respecter la seule loi du
lieu : silence.
Ronne chère ou brouet infâme, il faut vider l'assiette si l'on veut avoir à manger le
lendemain.
Au plafond, d'élégantes vasques argentées
mettent une décoration imprévue. Mais ne
vous avisez point de presser le bouton qui
est à la portée de la main du gardien ! Vous
libéreriez de ces compotiers scintillants une
terrible vague de gaz lacrymogènes devant
quoi nulle révolte ne pourrait tenir plus de
deux minutes.
La discipline ne connaît point de relâchement. La première des règles à observer est
le silence, un silence absolu, funèbre. Les
prisonniers n'ont le droit de parler que pour
les besoins du service en s'adressant à un
gardien et jamais à un autre captif. Il n'est
pas étonnant dès lors que les plus terribles
gangsters du monde, les desperados les plus
farouches, se précipitent tous, le dimanche,
à l'office célébré à l'église d'Alcatraz y entendre enfin le son de la voix humaine qui
vient interrompre le silence horrible.
Les récréations du samedi sont, elles aussi, silencieuses. Défense de s'attrouper, défense de stationner.
Cela est si dense, si lourd — comme une
chape de plomb — qu'il faut aux condamnés
se libérer à tout prix de la folie qui les saisit lentement, et c'est un cri de dément, un
éclat de rire stupide et sans fin qui fait
tressaillir les emmurés vivants.
M. Johnston, averti, décrète la « mise en
trou » du coupable.
Un bruit de pas, une courte lutte et un
groupe de gardes-chiourmes entre, emportant
l'homme vers le cachot souterrain.
C'est une cave solitaire où la nourriture
est maigre et où « les possibilités d'introspection sont illimitées », dit M. Johnston
dans le meilleur argot pédant dont aiment à
se servir les gardiens des prisons américaines en s'adressant aux « novices ». Il ne
faut pas oublier qu'il y a en réalité deux
prisons à Alcatraz, car, au-dessous des nouveaux « buildings », il y a des donjons que
la lumière du jour ne pénètre jamais, pas
plus que le hurlement du vent ni le bruit
sourd des vagues qui viennent par gros
temps se briser contre les casemates. La légende relate que ces cellules souterraines —
le Trou, dans le Langage des condamnés
du Roc — sont les restes d'une prison bâtie
par les Espagnols bientôt après que la frégate de Don Esteban de Ayala entra dans le
Portail d'Or lors de son voyage de découverte. C'est là que Al Capone vient de temps
en temps « se calmer », attaché au roc, nu.
avec une lourde chaîne.
NDE
Il a pendant des semaines l'horrible sensation de ne pouvoir détendre ses membres,
dominer ses pensées. Car lui non plus, le
roi des bottlegers, le chef des dix mille
ennemis publics, n'arrive pas toujours à supporter la règle du silence et succombe parfois à de brusques accès de folie furieuse.
Et pourtant le pénitencier le plus parfait
n'est pas à l'abri d'une révolte, surtout lorsqu'il contient, comme Alcatraz, les plus hardis desperados des deux mondes. Pour beaucoup d'entre eux, un « coup », une mutinerie, une révolte n'avaient rien de nouveau.
M. Johnston et ses gardes-chiourmes, ses
micros, son « ceil électrique », son détecteur ne purent prévenir une révolte. Et c'est
à \A suite de cette révolte que les autorités
pénitentiaires américaines sont à se demander si Al Capone sortirait jamais vivant de
sa prison dans la baie de San Francisco.
Ceux qui pensent qu'une infortune commune peut unir les gangsters du calibre de
ceux de l'île du Pélican sont évidemment
dans l'erreur.
Les détenus qui avaient organisé la révolte
récente ont menacé de mort Al Capone parce qu'il avait refusé de participer à la rébellion. La dernière fois, il y a quelques jours,
ils essayèrent de le tuer.
Le premier « coup » heureux arriva en
1862 au cours de la guerre de Sécession,
lorsque trois détenus, partisans du général
Robert Lee, se débarrassèrent de leurs chaînes, se frayèrent une sortie de leur confinement, descendirent du donjon nord, au
moyen d'une corde, se faufilèrent à la faveur
de la nuit autour de l'île vers son unique
dock, s'emparèrent d'une barque et s'enfuirent. Alcatraz ne les revit jamais.
Six années plus tard, neuf prisonniers,
aidés par une sentinelle complice, forcèrent
la serrure d'un dépôt de barques, en volèrent
une, enlevèrent les rames et les folletières
(amarres) des autres, et s'échappèrent.
Quelques-uns d'entre eux furent capturés
plus tard sur la terre ferme.
Sous le couvert d'un brouillard épais, un
prisonnier essaya de s'échapper à la nage
en 1908, fut recueilli par un bateau de passage, qui avait entendu ses cris et put s'enfuir.
En 1912, deux prisonniers se cachèrent
sous l'une des constructions de 111e, où ils
furent éventuellement retrouvés, à demi
morts de faim.
En 1913, Moe Vogel, de South Bend (Indiana), atteignit à la nage la terre ferme.
Mais il fut ramené à l'île du Pélican chargé
de chaînes. Il avait bravé les lames meurtrières qui courent vers la sortie du Portail
d'Or, et, son pari contre la mort, il l'avait
gagné seulement pour perdre.
Mais le « coup » le plus savant, idéalement exécuté, vint en 1926, lorsque quatre
hommes quittèrent l'île sous escorte militaire, c'est-à-dire qu'ils s'échappèrent avec
toute l'assistance des plus hautes autorités
du département de la guerre.
Une règle concernant l'élargissement des
prisonniers spécifiait que les hommes dontla conduite avajt été exemplaire pouvaient
être relâchés avant la fin de leur condamnation, avec l'approbation du commandant de
la prison et du département de la guerre.
De tels élargissements pouvaient, naturellement, être ordonnés directement par le
département de la guerre, où l'on confectionnait alors sur place le rapport favorable
de l'administration du pénitencier par une
sorte de tour de passe-passe paperassier.
C'est sur cette routine bureaucratique que tablèrent les quatre prisonniers. Et ils ne se
trompèrent pas.
L'un d'eux était un « imprimeur » espert.
Travaillant si précautionneusement qu'il ne
fut jamais soupçonné, il établit les formules
d'élargissement. Un autre conjuré * pouvait
faire des merveilles avec une plume, n remplit les * imprimés » en parlant de lui-
même et de ses compagnons dans les plus
hauts terme.
La conduite des hommes était excellente,
disaient les « documents ». Il y avait toute
raison de les libérer. En bas il y avait le
nom du commandant pour l'attester. Un
autre « gracié » qui avait autrefois été un
employé postal trouva un ancien collègue qui
consentit à glisser les papiers dans le sac
postal.
Les officiers de San Francisco regardèrent l'enveloppe officielle de la prison et la
dépêchèrent au quartier général de l'armée.
Les papiers furent envoyés de bureau en bureau, apportés finalement au département
de la guerre à Washington, approuvés et
renvoyés à la prison.
Les officiers de l'armée à Alcatraz avaient
bien été quelque peu surpris lorsqu'ils reçurent les ordres d'élargissement, mais ils
savaient trop bien que ce n'était pas à eux
de raisonner ni de chercher le pourquoi des
choses. L' « horlogerie paperassière » se
déroula donc sans accroc et les quatre prisonniers, exprimant une joie innocente à ce
tournant inattendu de leurs fortunes, furent
conduits sous escorte militaire à l'embarcation de l'administration pénitentiaire, reçurent chacun un < complet », un feutre et les
5 dollars réglementaires. Une fois à San
Francisco, ils reçurent la liberté avec la bénédiction officielle et la recommandation
d'être sages.
Quelques heures plus tard, le complot fut
découvert, mais Alcatraz ne les revit jamais,
sauf 1' < imprimeur » dont les 5 dollars de
« gratification » causèrent la perte.
Dès qu'il fut libre, il alla c arroser » sa
réussite, cassa quelques vitres et fut capturé
lorsque, ayant pris un policeman pour un
garde avec lequel il avait des comptes à régler, il le gratina d'un oeil au beurre noir.
Pouvait-on le faire encore ? C'est la question désespérante qui ne cessait d'agiter l'esprit fiévreux du détenu Joe Rowers, la semaine dernière.
La cour de la prison est entourée d'un
mur de 7 mètres de haut; mais dehors, où
on envoie quelquefois travailler les prisonniers, il y a un mur de fil de fer de 2 mètres
de haut à peine. Derrière, une falaise, et,
20 mètres plus bas, la baie. S'il pouvait
grimper ce mur sans être atteint par les
balles, courir à la falaise et sauter ou glisser, il serait soit écrasé contre les rochers,
soit déchiqueté en dessous; ou, s'il tombait
dans l'eau, il serait criblé de balles de mitrailleuse à l'instant où il reviendrait à la
surface. Même s'il évitait les rocs et que
quelque cause inconcevable paralysât les
mitrailleuses, ses chances de se noyer dans
le mille d'eau rapide, froide, entre lui et le
rivage, seraient excellentes. Mais si un
homme est assez dur...
Sanford Bâtes, directeur fédéral des prisons, visitait M. Johnston lorsque Joe Bowers, spécialiste du pillage des trains, purgeant une condamnation de 25 ans, tenta la
chance, ou ce qu'il croyait en être une.
Deux cent soixante et un « paladins du rime », qu'un coup de gomme administratif a effacés des manchettes de journa.x, sont enfouis dans ces terribles cellules.
Un forçat rendit possible une évasion en
imprimant des fausses levées d'écrou.
A l'emmurement d'Alcatraz, « MachineCun » préfère n'importe quel supplice.
Arrêté par des balles
Désigné pour travailler à l'incinérateur
de la prison, Bowers courut verc la barrière de fil de fer de 2 mètres. Des gardes
lui crièrent de revenir. Il continua à courir, et les gardes tirèrent deux fois, sur le
sol. Comme il descendait de l'autre côté,
des balles l'atteignirent et il tomba pardessus la falaise.
San Francisco regarde avec horreur ces
compagnons du désespoir et leur sinistre
citadelle. Mais c'est avec une intense anxiété que l'Ile Royale américaine est observée jour et nuit de la fenêtre d'un appartement luxueux sur la colline de « Pacific
Heights », le Neuilly de Frisco. C'est là
qu'habite Mrs. Al Capone, Ja femme du
« Petit Caporal de Cicero ». A toutes les
heures, sa maison est gardée contre les
curieux.
Pendant le jour, elle regarde souvent avec
une longue vue les fourmis humaines se
mouvant sur l'île maudite.
La nuit, Alcatraz n'est qu'un catafalque
blanc sur l'immensité sombre du Pacifique.
John DOUGOULD.
M. Johnston passe en
revue ses gardeschiourmes, les plus
impitoyables des
Etats-Unis.
Parce qu'il refusa de
participer à une mutinerie, Al Capone
est menacé de mort
par ses co-détenus.
Vol au rendez-moi
La Tringletie et Louis le Bigle, sont restés
légendaires comme spécialistes de ce genre
de méfait. La Tringletie alertait la curiosité des badauds en regardant, au coin du
boulevard, l'étage le plus élevé de quelque
immeuble ou bien la voûte du ciel. Les
gens s'attroupaient, se questionnaient,
écoutaient avidement les explications de
La Tringletie, qui trouvait toujours quelque
histoire à raconter pour donner le temps à
Louis le Bigle de « faire » les poches ou
de couper les poignées de sacs à main.
Depuis, les deux compères sont allés rendre leurs comptes au diable ; mais ils ont,
comme dit l'autre, « fait des petits »...
Vols à l'étalage
Les vols à l'étalage relèvent également
d'une adresse machiavélique. D'autant
qu'ils sont, la plupart du temps, pratiqués
par des femmes. Munies d'un ample sac à
provisions, d'un vaste parapluie ou vêtues
d'un grand manteau où sont- ménagées des
poches profondes, elles s'approchent, de
l'air le plus innocent du monde, du comptoir ou de l'éventaire. Elles font mine de
;hoisir un objet, le plus éloigné du premier rang d'étalage. Elles le saisissent,
l'examinent, le remettent en place ostensiblement. Mais ce faisant, elles ont, de l'autre main, soustrait un fructueux butin.
C'est également dans les magasins que se
pratique cette filouterie. Mais surtout, dans
les bureaux de postes.
— Auriez-vous la monnaie de mille
francs ? demande le malfaiteur.
On la lui donne sous forme de dix coupures. Il les garde un moment en mains,
paraissant réfléchir gravement. Puis il se
ravise, rend la liasse qu'il vient de recevoir.
— Non, dit-il, je ne voudrais pas tant de
billets. C'est encombrant. Donnez-m'en
deux de cinq cents francs, je vous prie.
Le soir, en effectuant ses comptes, la
caissière s'écriera :
— II me manque trois cents francs ! Où
sont-ils passés, mon Dieu ?...
Le filou les a subtilisés pendant qu'il paraissait réfléchir en tenant en mains la
liasse des dix coupures. Et il va sans dire
que chaque fois que le cas se présente les
policiers, prévenus trop tard, ne peuvent,
comme ils disent, que faire une visite de
condoléances à la caissière infortunée...
Les bureaux de postes sont également
infestés de voleurs de sacs de dames. Cependant que, pour écrire un pneu, un mandat ou un télégramme, sa voisine a déposé
son sac à main sur le pupitre, le malfaiteur
fait mine de lire tranquillement son journal. Puis il le replie et le pose négligeamment sur le sac abandonné. Dès lors, ce
n'est plus qu'un jeu de s'approprier l'objet.
Un de ces écumeurs >de bureaux de postes,
arrêté après une longue filature, avoua qu'il
avait pu, en moins de six mois, voler plus
de quatre-vingts sacs à main, mal surveillés par leurs propriétaires.
Vols aux appareils automatiques
Par association d'idées, les vols dont les
bureaux de postes sont le théâtre nous font
penser à l'escroquerie aux appareils téléphoniques. Il s'agit des appareils automatiques. A l'aide d'une feuille de papier plusieurs fois repliée, le filou obstrue la fente
par laquelle s'échappent les pièces de monnaie qui sont rendues au client quand la
communication n'est pas obtenue. Ainsi,
les usagers ne peuvent récupérer leur argent, et les pièces non perçues s'accumulent dans l'appareil. Le soir, l'escroc effectue la récolte. Un fil de fer lui permet d'enlever le bouchon de papier. Une cataracte
de piécettes s'écoule, butin qui s'élève parfois à un montant considérable.
Les appareils de jeux automatiques fournissent aussi de fructueuses récoltes aux filoux ingénieux, pratiquant l'escroquerie
qu'ils intitulent : la iMncine. Ce méfait est
généralement pratiqué par trois individus.
Deux d'entre eux se placent de façon à dissimuler la manoeuvre du troisième. Celui-ci
mise au jeu avec de fausses pièces ou de
simples jetons fabriqués pour cet usage.
En y mettant le temps et la quantité de
faux jetons nécessaires, ces escrocs parviennent à vider les appareils de leur contenu, qu'ils revendent ensuite à bas prix.
La société propriétaire des grues électriques —- bien connues dans le monde entier — en fut, à Paris, dans la seule période hivernale 1934-1935, pour un préjudice de 46.000 francs, représenté par quatre-vingts kilos de jetons falsifiés...
Marcel CHARLES.
Vols à l'entôlage
encore un genre de méfaits
dont les victimes se comptent
plus particulièrement parmi
les ' nouveaux-débarquês, ceux
qui se trouvent « en garçons »
dans quelque grande ville.
Il leur en coûte parfois fort cher de rencontrer « l'âme sœur » d'un moment ou
d'une nuit, quand ils n'ont pas, au préalable, laissé en lieu sûr leur portefeuille
ou leurs bijoux — bague et montre.
L'entôlage le plus classique s'effectue
pendant le sommeil réparateur du partenaire de la prostituée, ou pendant qu'il se
remet en tenue décente, dans le cabinet
de toilette attenant à la chambre des ébats.
Quand il se réveille ou qu'il revient dans
la pièce où il a laissé sa compagne, stupeur ! La chambre... et les poches du veston sont vides. La victime, furieuse et penaude, n'a plus que la ressource d'emprunter quelques francs à son hôtelier pour télégraphier à sa femme : « Dépense imprévue. Besoin milje francs. Rentrerai demain.
Papa... »
Dans le coup du Padoc, dans celui de for
Porte, ou dans le coup du vestiaire, le tour
est joué avec une perfidie encore plus sournoise. Le premier méfait s'accomplit pendant que l'ardent voyageur se donne du
bon temps. Un complice, caché sous le lit,
profite du moment où la fête intime bat
son plein pour ramper jusqu'au veston qui
contient le portefeuille ou la montre en or
de la victime. Ou bien, il s'introduit par la
porte que le client a cru fermer soigneusement ; mais qui s'ouvre aisément grâce à
un déclic silencieux.
Dans le coup du vestiaire, c'est le fond
du placard, où les vêtements sont pendus,
qui s'ouvre par le couloir ou par la chambre voisine, pour permettre au filou de
s'approprier le butin.
Encore heureux quand la victime est
dévalisée sans douleur. Mais ce n'est pas
toujours le cas. Dans le coup de la cravate,
l'entôlage s'accompagne de sanglantes violences,. Soudain, pendant que le fougueux
client de la fille galante est dans le feu de
Faction, plusieurs agresseurs surgissent,
tombent à bras raccourcis sur la victime,
l'assomment, la ligotent avec sa cravate, la
laissent sans connaissance sur le lit.
Les « entôleurs » ne s'en prennent pas
qu'aux seules victimes lestées d'un portefeuille bien garni. Ils pratiquent, dans les
faubourgs, le coup de la Pastoche, dont
l'ouvrier muni de sa paye fait les frais.
Dans les petits cafés proches de l'usine ou
de l'atelier, la femme mal intentionnée
guette la proie. Elle l'aguiche, lui propose
une partie de billard, l'engage à suspendre
sa veste au porte-manteau pour jouer plus
à l'aise. L'instant d'après, le complice enIre à son tour dans l'estaminet et, tout en
feignant d'accrocher sa casquette, il explore d'une main rapide et spécialisée les
poches du vêtement abandonné.
'EST
##•
Dans les précédentes séries d'exemples
que nous avons présentés à nos lecteurs,
pour les mettre en garde contre les méfaits des filous en tous genres, nous nous
sommes, plus particulièrement, souciés d'a(1 I
Voir «
I>KTE<:TIVK
», depuis le r»° 400.
vertir les nouveaux venus dans la grand ville, infestée par la crapule. Mais ceux-là
mêmes qui se croient « à la coule » des
stratagèmes de la pègre malfaisante ne sont
pourtant pas à l'abri de ses coups néfastes.
Ainsi les spécialistes du coup du journal ou du coup du rasoir réussissent aussi
adroitement à dévaliser le Parisien le plus
subtil que le provincial le moins « dégourdi ». Ils opèrent surtout dans le métro ou
dans l'autobus. A la faveur de la compression des passagers, ils ont l'air d'essayer
de se ménager un peu d'espace cependant
que leurs mains tâtent hâtivement les
poches de la victime. La place du portefeuille étant repérée, une invisible lame de
rasoir, dissimulée entre deux doigts, lacère
le vêtement. Une petite bousculade, et le
filou se plaque contre le voisin.
— Pardon, monsieur !
— Y a pas de mal...
Dans l'instant de ce bref échange de civilités, le portefeuille est passé de la poche de l'un dans celle de l'autre.
Les pickpockets plus adroits n'ont pour
tout instrument de travail qu'un simple
journal. Ils le tiennent, d'une main, sous
le nez du vis-à-vis contre lequel ils sontpressés ; et ils paraissent profondément
plongés dans la lecture. Mais les autres
doigts « travaillent » pendant ce temps-là,
sans même .que la victime en sente le
contact.
Ce tour d'adresse d'une prodigieuse habileté se retrouve dans le Coup du monsieur qui regarde en l'air. Deux acolytes,
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