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1 _M m b 1 k ■ iiri cw ivi U ■■ ■ ■L ■ ■ ■ 1 I TT #^^P 11# ■m#I P" 1 LE PLUS GRAND HEBDOMADAIRE DES FAITS DIVERS 9e Année - N° 402 1 fr. 50 Le jeudi 16 9 JUILLET DIRECTEUR Marius AS/ACRE DE/ JUHV En Palestine, en Algérie, des pogroms ont commencé. Et le peuple juif, au destin tragique, doit pleurer ses morts au moment où il croyait retrouver une patrie. Pages 2 et 3, le dramatique reportage de notre envoyé, Henri DANJOU PAGES 1936 : LARIQUE A ]offa (à gauche), des soldats anglais, fouillent un Arabe. En Syrie, des jeunes Juifs, poignard au poing, manifestent. Des tirailleurs sénégalais protègent les marchandises volées au cours du sac de boutiques israélites. courbe d'un défilé que domine un petit village arabe, le village de Lefta. Il allait voir, comme il en avait l'habitude dans une Palestine qu'il croyait sienne, des clients à dix, vingt kilomètres à la ronde, emportant sur m dos un petit ballot de vêtements et T'étoffes. Des Arabes l'avaient fusillé d'une fenêtre, en se gaussant de lui, comme nous tirons un lapin. Il était agenouillé dans son sang, la tempe béante. Il n'avait même pas crié. La décharge de plomb lui avait en même temps crevé les yeux. Les soldats anglais occupaient le village, cherchaient à déloger les rebelles, sans les trouver d'ailleurs, car ils étaient presque tous partis dans la montagne, dans des g.-ottes qu'ils connaissent bien et qui sont inexpugnables. Le village était rempli d'explosifs. Des avions anglais le mitraillaient, faisant sauter des maisons, déchaînant, de la montagne à la plaine, un épouvantable bruit de tonnerre. Cela se passait à trois kilomètres de Jérusalem, c'est-à-dire à trois kilomètres d'une grande ville de 150.000 habitants, qui est remplie de soldats, de camions, de tanks, de mitrailleuses, où il n'est pas rare d'être fouillé, en plein jour, où personne ne circule plus dans les rues après sept heures du soir. Et, tous les jours, sur cette même route, on tentait de tuer un ou plusieurs Juifs. Et tous les jours, toutes les voitures juives étaient arrêtées par de grosses pierres et lapidées. Voilà ce qu'on commençait à voir aux portes de Jérusalem. Le même jour, à dix kilomètres de là, je vis un camion anglais emporter deux autres blessés juifs. Que s'était-il passé ? Ils habitaient une petite maison dans la plaine odorante d'oliviers. Comme tous les Juifs qui croient pouvoir retrouver une patrie en Palestine, ils essayaient de faire amitié avec les fellahs arabes — ces cousins des Juifs, on s'en rend compte comme nulle part ailleurs en Palestine. Deux fellahs frappèrent à leurs volets. Les deux Juifs faisaient la sieste. L'un, qui se nommait Wardi, se leva, ouvrit. En Arabie, le droit à l'hospitalité est partout sacré. Wardi demanda aux fellahs, s'ils avaient faim ou s'ils avaient soif. — Donne-nous de l'eau, dit l'Arabe qui avait pour nom Nacache. Wardi' prit deux gobelets, alla jusqu'à la fontaine. Quand il revint, ses deux hôtes ne lui laissèrent pas dépasser la porte. Ils tiQ - dessous : l'incendie dévaste ïè , quartier juif, è tel Aviv. On relève, à Jaffa, des Juifs blessés devant une b arricade. Le nombre des veuves et des orphelins augmente de jour en jour. Palestine (de notre envoyé spécial). Mort aux Juifs ! - L . vieil appel aux pogroms a de nouveau retenti dans le monde. A peine cessait-on de l'entendre en Ukraine, en Pologne, à peine paraissait-il moins cruel en Allemagne, que le voilà de nouveau claironné par des foules hurlantes. De l'Asie à l'Afrique, la fatalité qui a toujours pesé sur le peuple du malheur reprend de nouveau son cours sanglant. On tue les Juifs en Palestine, dans cette Palestine où je viens de vivre de longues semaines rouges. 11 y aura bientôt trois mois que l'aube se lève là-bas sur un assassinat collectif. On les tue à Hebron, à Caïffa, à Gazza, à Jaffa, à Jérusalem, sur le Golgotha même, sur ce Golgotha où, jadis, les prêtres juifs crucifièrent un petit homme du nom de Jésus, un pauvre fellah sémite qui promettait la paix aux hommes et dont la mort fit germer de si grandes moissons de sang ! Dans notre Algérie, dans notre Tunisie, le massacre commence. Bagarres à Gafsa, bagarres à Constantine, à Bone, aux cris de « Mort aux Juifs ». L'Arabie entière se sou- lève ; les Juifs sont poursuivis dans les rues à coups de pierres comme des pestiférés, comme si toujours ils doivent être chargés des grands péchés du monde. Il ne nous a même pas manqué, près d'Alger, dans le pays des Ouled-Naïds, le lynchage d'un Juif. Il se nommait Félix Adia. Un Arabe voulait occuper la terre d'Adia. Pourquoi lui fallut-il se défendre ? Il abattit l'Arabe d'un coup de revolver, ce qui est rare de la part d'un Juif, car les sémites n'ont pas le goût naturel du sang ; car, même, ils en ont l'horreur instinctive. On l'arrêta. Mais comme c'était jour de marché et qu'il y avait grande affluence de populaire, la foule le décapita sous les yeux des gendarmes. Cadavres sur les routes Mais il faut avoir vécu, comme je viens de vivre, en Palestine, pour concevoir toute l'horreur d'un pogrom qui ne peut guère être assimilé qu'à un assassinat collectif. Un jour, comme je partais de Jérusalem Dour Jaffa, le grand port palestinien de la Méditerranée, je trouvais sur ma route un cadavre. C'était le cadavre d'un tailleur juif, Félix Hirchfeld. Hirchfeld était tombé dans la 2 raient tous les deux sur lui, attendant qu'iYf tombât à genoux. Le compagnon de Wardi, Isaac Hiely, se dressa et il souleva un fauteuil pour se protéger, accourant au secours de sôn camarade blessé à mort. Les deux Arabes l'enveloppèrent à son tour dans 1«£ feu de leurs armes jusqu'à ce que, privé de forces, il eût roulé sur le plancher. De la porte, ils continuèrent à tirer sur ce qu'ils* croyaient être des cadavres. Mais les revol-| vers s'enrayèrent. Wardi et Hiely n'étaient que blessés ; faisant assaut d'énergie, ils' firent mine de poursuivre leurs agresseurs.; Les Arabes leur lancèrent encore un poignard à la tête puis s'enfuirent. Wardi et Hiely réussirent à atteindre la route. Us s'effondrèrent dans leur sang, appelant au secours. Un chauffeur arabe passa dans un camion, vit les deux blessés, ralentit, reconnut deux Juifs. Il cracha, ricana, lança sur eux un vieil outil et continua sa route. Il fallut qu'un camion de soldats passât là pour que les malheureux fussent assistés. — Que se passe-t-il donc ? me disait Wardi. Et je n'oublierai jamais la terreur de ses yeux suppliants ? Ces Arabes étaient autrefois nos amis. Et jamais jusqu'ici des Arabes n'ont manqué aux lois sacrées de l'hospitalité ! Wardi arrivait des terribles terres de pogroms d'Ukraine. Il avait vu, quand il était enfant, des soldats jeter par la fenêtre son père, sa mère, sa plus grande soeur — une Juive de dix-huit ans que les soldats violèrent avant de l'embrocher au bout de leurs baïonnettes. Maintenant, il se croyait en sécurité en Palestine, la terre promise que les Anglais ont juré de rendre aux Juifs ! Il ne comprenait pas que la malédiction antique le poursuivît là où Moïse a prophétisé, au peuple élu, le repos. Les nuits de Jaffa Quand je les laissai, ils ne respiraient presque plus. A trente kilomètres de là, il était presque impossible d'entrer dans la ville de Jaffa. On y avait saigné quatorze Juifs ; on en avait blessé des centaines. Une zone rouge de plusieurs kilomètres s'étendait sous les murs de la ville. C'était ce qui restait du quartier juif. Dix mille pauvres gens venus de Salonique avaient été lapidés par les Arabes en furie ; leurs maisons avaient été brûlées, évehtrées, rasées. Des lits tordus, noircis par les flammes, jonchaient les ruelles. Les rues elles-mêmes étaient creusées de grands trous ; les grands trous d'où les Arabes avaient extrait de grosses pierres afin de lapider les Juifs qui, dans la nuit, fuyaient devant l'incendie, n'emportant rien dans leurs bras nus que leurs petits enfants. Ces nuits de Jaffa, qui donc, sinon ceux qui les ont vécues, pourrait en écrire le tragique récit ? Elles préludèrent aux grands massacres de Juifs de Palestine. Chaque nuit, tandis que les Juifs dormaient, des Arabes portaient le feu et la mort. Ils criaient : — Chiens de Juifs ! Il n'y a point de réverbères dans les vieux quartiers de Jaffa. Seules, les flammes éclairaient le pogrom, des hommes, des femmes, des vieillards, des enfants nus qui fuyaient sous les sarcasmes et les balles. J'ai vu quelques-uns de ces dix mille maudits dans les cinémas, dans les usines de la ville juive de Tel Aviv où ils campent. D'autres Juifs leUr ont apporté des matelas ou de la paille. Ils ne se plaignent pas. Ils vous regardent avec des yeux de chien battu, c Est-ce Un ami ? Est-.ce un ennemi ? » s'interrogent-ils. Ils n'ont même plus le courage de faire un geste d'amitié ou de défense. Où iront-ils ? Dans quel pays ? Puisqu'ils ne peuvent trouver la paix nulle part. On devine cette préoccupation sous leur front cuivré, dans leur cervelle où les événements paraissent passer comme un film dont on a brouillé les images. On a l'impression qu'ils ne démandent plus rien que de vivre, fût-ce dans un camp entouré de soldats, clôturé par des barbelés, mais de vivre... De la grand-mère à l'enfant... J'étais à Caïffa quand, un jour, les Arabes eurent l'idée de faire un exemple. Il y avait dans leur quartier une vieille Juive, très pauvre, et qui, comme tous les Juifs pauvres (car les autres ont de très belles villas) n'avait trouvé à se loger que dans les taudis arabes du port. Elle se trouva sur leur passage. Il y avait vingt ans qu'ils la connaissaient, mais ce jour-là seulement ils se, souvinrent qu'elle était juive. Us l'empoignèrent. Toutes les femmes arabes à Caïffa sont voilées ; elles ont la tête recouverte d'un tissu épais qui ne laisse pas deviner si elles sont jeunes ou vieilles. Mais la vieille Sarah, comme toutes les Juives de Palestine, avait le visage découvert. Ils commencèrent par la cribler de pierres, visant ses yeux afin de la rendre aveugle. Ils lui taillèrent ses robes à la hauteur des cuisses, comme les soldats d'Attila faisaient aux prisonnières que les hasards de la victoire destinaient a leurs plaisirs, puis ils la collèrent contre un mur, la fusillèrent, cela à quelques mètres d'une police impuissante. J'ai vu beaucoup plus terrible, l'autre jour, sur la route de Jéricho. La route de Jéricho commence à Jérusalem ; elle traverse des montagnes nues, escarpées, impressionnantes ; elle aboutit à un vaste désert de sable où souffle un vent brûlant, où la Mer Morte fait briller des eaux asphaltiques. Au milieu de cette route, tout près d'une auberge où la légende évangélique situe la belle histoire du Bon Samaritain, un groupe d'Arabes arrêtait une automobile. Il ne pouvait y avoir qu'une automobile anglaise ou des Juifs sur la route. Depuis la révolte des Arabes contre les Juifs, les Araforit une grève qui en est à son soixante"ème jour et tous ceux qui circulent sont, force anglaise, |les Araoes, minute par minute, sèment dans les rues de longs clous. Dès la nuit, il est interdit de circuler ; des soldats peuplent l'ombre ; ils croisent la baïonnette, arrêtent et fouillent les passants. Un cri, un mouvement de révolte, ils tirent. La nuit arabe commence. Fusillades, explosion de bombes ! Le ciel se colore d'in| cendie. Un entrepôt, un garage, une maison Ijuive brûlent. Les flammes illuminent les remparts, découvrant la colline de Golgotha, lui donnant un sens tragique. C'est poi; gnant. Un soir où les flammes montaient, un de nos compatriotes m'entraîna dans une maison du quartier arabe où sa femme (une Juive) et sa fille se terraient. Us venaient de barricader leurs fenêtres ; cependant ils tremblaient. — Quand vont-ils nous tuer ? me disait-il. Demain ? Plus tard ? Pourtant, nous les connaissons depuis vingt ans ! Où aller ? Nous n'avons plus le courage de partir. Sur les routes, des autobus juifs circulent | encore sous la protection de la police. Les Juifs s'entassent derrière des retranchements de valises et de ballots, disant adieu à leurs amis comme s'ils ne devaient plus les revoir. Le convoi est de cinq ou six voitures ; il est précédé d'une estafette et d'une "automitrailleuse ; un tank ferme la mai*che ; un avion explore la route. Partout où il y a un défilé, les balles pleuvent ; la caravane ne traverse plus les villes ; de-ci de-là, la route minée explose. Les voitures font dix kilomètres à l'heure. Chaque jour, il y a des blessés et des morts dans une de ces voitures ; les Juifs relèvent leurs blessés et couvrent leurs morts d'un linceul. Il n'est pas rare de voir sur les routes des autos à leurs yeux, des mécréants ou des ennemis. basculées, brûlées, des camions écartelés. Ils pointèrent leurs fusils sur le policier arabe qui conduisait la voiture et qui deLa chasse à l'homme mandait qu'on le laissât passer. J'étais, l'autre jour, dans la colonie juive — Retourne, ou nous tirons ! dirent les de Telmond, près de Tulkarm, où vivent révoltés. mille hommes. La nuit arriva. Une centaine Le policier, suppliant, montrait dans la de Juifs apparurent dans un grand chemin voiture une Arabe au visage voilé, pleude sable rouge. Us étaient à cheval. Us porrante, et un petit de dix ans. L'enfant était taient chacun un fusil en bandoulière et on étendu sur des coussins ; il avait la tête voyait sous leurs manteaux une double ranrecouverte de pansements ; ses petites gée de cartouchières. Un Russe du nom de mains pansées aussi donnaient l'impresTzavozitch vérifia leurs armes, leur dission de n'être plus qu'une plaie. Ce malheutribua des cartouches. Us allaient pendant reux était tombé dans un feu, le matin toute la nuit veiller sur le domaine, se même. Le feu s'était communiqué à ses relayant chacun de deux heures en deux vêtements, en avait fait une torche vivante. heures, vigiles dressés à la chasse à l'homme Il devait souffrir horriblement, car il criait et qui allaient rester debout jusqu'à l'aube. désespérément, comme un chat qu'on Dans ce camp, il y avait deux cents maiégorge. sons, éparpillées aux quatre points cardi— Laissez-nous passer, cria le policier naux du domaine. Partout, des tours domiarabe. L'enfant est de notre sang ; c'est un naient les maisons : les postes nocturnes Arabe. Il doit aller tout de suite à l'hôpital des veilleurs. Partout des portes blindées ; de Jérusalem, sinon il va mourir. partout des meurtrières s'ouvraient dans les murs. La nuit, pour aller d'une maison à — Qui donc lui a prêté cette voiture, l'autre, il fallait emprunter un labyrinthe sinon un Juif ? hurla, tandis qu'il brandissouterrain. sait sa carabine, le chef arabe du village. Retourne, chien, ou nous t'abattons sur Chaque nuit, il y avait là branle-bas de place. combat et cela depuis trois mois. Vingt hommes étaient chargés des tours ; vingt Par la fenêtre de l'auto, l'Arabe voilée, d'une voix aiguë, déchirante, appelait du secours, insultant, suppliant, rappelant dans Même en Patous les mots qu'elle prononçait que le petit lestine, terre allait mourir. Rien n'y fit. Une volée de pierres s'abattit sur la voiture ; plusieurs promise, le balles sifflèrent. La route était interdite, car peuple maudit c'était jour de révolte arabe. L'enfant ne cesse d'être expira en chemin à proximité du camp décimé par anglais de Jéricho. Peu après, des soldats les pogroms. balayèrent la route, poursuivirent les rebelles ; il y eut deux blessés et un mort. Mais un petit martyr arabe pouvait entrer maintenant dans le ciel des Juifs ! Je pourrais citer vingt exemples analogues, de ces exemples que la censure anglaise interdit d'écrire ou de télégraphier hors de Palestine, comme s'il ne fallait pas qu'on sût, dans le monde, la vérité sur le pogrom. La terreur au pays juif Un train, maintenant, en Palestine, ce n'est plus seulement un train ; c'est aussi une machine de guerre. Quelques minutes avant le passage du convoi, une automotrice chargée de soldats vérifie la voie. Tous ces soldats sont armés ; -ils sont assis en rond autour d'une mitrailleuse à plateau mobile, pointée vers le ciel. Le train lui-même est rempli de légionnaires anglais et de soldats écossais. Des canons de fusils dépassent des portières. Parfois, un pont saute ; la voie explose ; une machine, des wagons roulent dans un défilé, épaves d'où monte le feu et sur quoi pleuvent des balles. Comme je passais à Tulkarm, l'autre soir, des ambulances emportaient dix-sept blessés ; une bombe arabe avait explosé dans leur wagon ; quatre d'entre les blessés hurlaient à fendre l'âme. L'explosion les avait atteints aux yeux. Il y avait là des Juifs et des Arabes coupables seulement d'avoir voyagé dans le train anglais et juif. Ils étaient, on me l'affirma, condamnés à la nuit perpétuelle. L'explosion les avait rendus aveugles. Dans les villes, la situation n'est pas moins tragique. De grandes agglomérations comme Jénine, Naplouse, sont occupées jour et nuit, rue par rue: Jérusalem fait penser à une place de guerre. Camps de soldats partout, camions armés ; des avions tournoient dans le ciel. Pour bloquer la 3 autres constituaient un corps de garde ; vingt autres allaient et venaient de maison en maison, surveillant les haies où des assassins peuvent se cacher ; vingt autres surveillaient les champs. U y avait enfin ceux qui surveillaient les lignes téléphoniques, ceux qui servaient d'agents de liaison avec les postes anglais du voisinage. Les maisons elles-mêmes faisaient penser à des bastions en plein vent : escaliers doubles et secrets permettant, en cas de siège, aux habitants du rez-de-chaussée, de s'enfermer dans les étages ; les citernes où l'eau, denrée précieuse et rare en Palestine, est contenue, étaient construites à l'intérieur des murs afin qu'elles ne fussent pas percées pendant une attaque par des balles. Il y avait déjà quatre blessés dans ce camp. Quatre malheureux venus de Roumanie pour la moisson et qui avaient trouvé en Palestine presque autant de balles que de blé. Je partis en pleine nuit avec Tzavozitch, le chef du camp. Il s'en allait veiller avec son plus jeune fils en face de la ville arabe de Tulkarm. Toutes les nuits, les balles pleuvaient sur sa tour de guetteur ; toutes les nuits, des Arabes, profitant de l'ombre, venaient dévaster les orangeries juives des environs, incendier les meules de blé. — Le monde saura-t-il jamais combien de souffrances il nous a fallu supporter avant de retrouver une patrie ? me disait-il. Saura-t-il comme nous étions malheureux en Ukraine, en Pologne, en Allemagne, avant de pouvoir arriver dans cette Palestine où nous vivons pourtant comme dans une forteresse assiégée ? A quelques jours de distance, il prononçait presque les mêmes mots que Stefan Lux, ce journaliste juif qui se tua en pleine séance de la Société des Nations pour attirer l'attention de l'Europe sur les Juifs persécutés d'Allemagne. On se croit revenu au Moyen Age, quand les Juifs devaient se vêtir d'une robe rayée de rouge et de jaune pour être plus facilement désignés à l'autodafé et au gibet. Heure par heure, en Algérie, en Tunisie, en Palestine, on assassine ceux qui n'ont pas même le droit de trouver une patrie. Tragique destinée d'un peuple voué éternellement au malheur ! Henri DANJOU. (Copyright by Henri Danjou et DÉTECTIVE pour 1936. Reproduction, même partielle, interdite.) tt Cahuteh », la métairie de M. Sintas, où Saint-Guily, placé comme domestique par les soins de la gendarmerie, fut l'obj et de la surveillance la plus étroite. III T (1) la campagne en faveur de Lartigue tient en quinze points précis, dont la réfutation est éloquente. Pour la clarté de l'enquête, je me bornerai à les exposer simplement, en faisant suivre chacun des points de critique de la réponse que lui font, en bloc, ceux qui sont assurés de la culpabilité du condamné, et en les faisant précéder par la phrase de l'acte d'accusation. 1° Acte d'accusation : On pouvait en conclure, avec certitude, que le crime avait été commis par un voisin. Réfutation pour Lartigue : En dehors des voisins, d'autres personnes pouvaient connaître les habitudes des vieillards. Réplique contre Lartigue : Les époux Domercq recevaient peu d'étrangers — tous connus et bien connus, d'eux-mêmes— en dehors des visites régulières de leur fils, provoquées par leur crainte de Lartigue. 2"Acte d'accusation\j L'absence totale de Byrrh dans l'estomac permet de conclure qu'il n'y avait eu, dans l'exhibition des trois verres, qu'une mise en scène. Réfutation : La bouteille de Byrrh et les trois verres portaient trace d'empreintes très nettes, qui ont été reconnues comme n'ayant pour origine l'un quelconque des doigts de Lartigue ou de Saint-Guily. Réplique : Nul n'a jamais dit que SaintGuily ait touché la bouteille ou les verres. Lui-même nie les avoir aperçus. Pour LarOUTE Réplique : Lartigue a remis ses armes sur réquisition et non sur perquisition. D'accord. Mais la balle « soeur » fut trouvée sur perquisition. 6* Acte d'accusation : Cette marque est extrêmement rare et n'existe pas dans le commerce. Réfutation : Ces cartouches à marques spéciales ne sont pas dans le commerce en France. C'est possible. Mais elles ont été largement distribuées aux soldats français, pendant la guerre. Réplique : Le seul habitant de Bellocq, chez qui on trouve cette balle c seeur », chez qui on trouve une seule balle du même modèle, c'est Lartigue... 7° Acte d'accusation : On trouve également cinq paires de gants. Réfutation : La présence de gants chez Lartigue ne prouve absolument rien, puisqu'aucun n'était taché de sang. C'étaient de vieux gants, qui avaient appartenu à son frère. Réplique : Nous faisons crédit à Lartigue d'assez d'intelligence pour croire que, ses gants tachés de sang, il ne les remettrait pas à leur place, avec les autres... Ce paysan, qui possède cinq paires de gants, en possédait une sixième : celle qui a servi au crime et qui a disparu. 8* Acte d'accusation ; Lartigue possédait chez lui un véritable arsenal d'armes de guerre. Réfutation : Les armes trouvées chez Lartigue y avaient été apportées, pour la plupart, par son frère le capitaine. Réplique : Mais Lartigue s'en servait. Son frère ne lui avait pas laissé un revolver complètement chargé. D'autre part, si le revolver, donné à son frère, appartenait à ce dernier, pourquoi aurait-il eu besoin de lui demander de le lui c donner » ? 9" Acte d'accusation : Il manquait donc précisément les deux armes qui avaient servi au crime et qui, portant évidemment des traces de sang, avaient été dissimulées. Réfutation : L'enquête, diligentée au Maroc, établit que le capitaine avait été, il y a peu de temps, victime d'un vol, au cours duquel avait disparu le pistolet recherché. Au surplus, lors de la perquisition qui a été faite au domicile du capitaine, a Tarbes, il a été découvert un pistolet de même calibre, ainsi qu'un poignard, qui n'avaient été signalés ni l'un ni l'autre. Réplique : L'enquête au Maroc a établi le vol, sur les dires du capitaine. Mais il n'a jamais été question du revolver, au cours de cette enquête. Le capitaine lui-même l'avoue. De plus, il ressort du témoi- gnage du capitaine que ni le revolver ni le poignard découverts à Tarbes ne lui venaient de son frère, puisque — au moment même où il abandonnait un revolver identique à Tarbes — il demandait à son frère de lui « donner > le revolver qui lui appartenait, en ayant vendu un troisième, paraît-il. 10" Acte d'accusation : Une note d'engrais... qu'il avait payée le lendemain vendredi. Réfutation : Le jour de l'enterrement des époux Domercq, Lartigue aurait déclaré que la note d'engrais, qu'il devait au fils Domercq, il était allé la payer aux parents, le vendredi, jour du crime. Comment expliquer que ce propos, tenu à haute voix et dénié formellement par Lartigue, n'aurait été entendu que par une seule personne, parmi toutes celles présentes au repas, et que cette personne soit, précisément, une cousine germaine des victimes ? Réplique : En ce qui concerne le degré de parenté du témoin et des victimes, cette question imprudente annihilerait totalement la plupart des témoignages en faveur de Lartigue. En ce qui concerne le fait qu'un propos tenu à haute voix, à son voisin de table, n'ait pas été entendu des autres personnes présentes, c'est un fait contrôlé que rien n'est plus discret qu'une conversation de voisins de table dans le bruit général. 11* Acte d'accusation : Quelques jours après, 1" mars, Saint-Guily fit des révélations d'une exceptionnelle gravité, etc. Réfutation : Lartigue se faisant accompagner par son domestique, à peu près idiot, uniquement pour s'assurer un témoin ? Réplique : Ce n'est pas pour s'assurer un témoin que Lartigue emmena SaintGuily chez Domercq. Il emmène Saint-Guily pour se faire ouvrir la porte que, la veille, on refusa d'entre-bâiller, parce qu'il était seul alors et qu'on a peur de lui. 12* Acte d'accusation : Saint-Guily... donnant congé à son maître. Réfutation : Ce sont les policiers qui ont accompagné Saint-Guily à la maison Lartigue, pour le règlement de ses gages, et qui l'ont placé chez un propriétaire de la région, après l'avoir détenu, pendant dix M. Sintas, propriétaire de la métairie. ligue, il a pris la bouteille et les verres entre ses doigts gantés, sans effacer les empreintes et sans y ajouter les siennes. 3* Acte d'accusation : Lartigue avait dissimulé une absence. Réfutation : Lartigue n'a jamais dissimulé l'absence qu'il avait faite. Réplique : Lartigue n'a pas, en effet, dissimulé son absence. Mais il a oublié de dire qu'il s'était absenté. 4* Acte d'accusation : D'importantes contradictions firent peser des doutes sur sa sincérité. Réfutation : Lesquelles ? Nous n'en connaissons pas. Réplique : Nous les connaissons. Entr'autres, celles qui concernent le paiement de la note de guano, la durée de son absence le vendredi soir, ses explications sur le revolver. 5° Acte d'accusation : Une perquisition fit découvrir un poignard, un pistolet automatique calibre 7 mm. 65 et 3 cartouches de pistolet du même calibre. Réfutation : C'est spontanément que, le 14 février, Lartigue remit, aux policiers, le pistolet automatique, ainsi que les cartouches qu'il possédait. (1) Voir Détective, depuis Je n» 400. Dans la cuisine, le béret et la chaise indiquent l'endroit où fut découvert Domercq. jours, à la caserne de gendarmerie de Puyoo. Réplique : Les policiers ont bien accompagné Saint-Guily chez Lartigue. Mais parce que Saint-Guily avait peur d'y revenir seul. Les policiers n'ont pas fait « détenir » Saint-Guily pendant dix jours : Saint-Guily ne voulait plus revenir loger chez Lartigue et, ne sachant, momentanément, où le placer, les gendarmes l'ont € recueilli » comme, dans tous les coins de France, Un sanslogis, en règle avec la loi, peut demander asile dans tous les postes de police et toutes les gendarmeries. A plus forte raison, s'il est témoin dans une affaire criminelle. 13* i4c/e d'accusation : Il est représenté comme étant faux et sournois, et d'une extrême cupidité. Réfutation : Allégations purement gratuites, reposant sur un rapport de police. Réplique : Ce ne sont pas des appréciations louangeuses qui sauveront Lartigue, pas plus que les critiques défavorables à son humeur ne l'ont fait condamner. 14* Réfutation pour Lartigue : L'information aurait dû s'attacher à faire préciser quels étaient les vêtements que portait Lartigue au moment de son retour des champs et ceux qu'il portait au moment de sa rencontre avec Périat. Avait-il changé de costume dans l'intervalle ? Si Lartigue avait été l'auteur du crime, ses vêtements, ses chaussures auraient été maculés de sang. Ce sang aurait été remarqué par Périat. Réplique contre Lartigue : Quand Périat et Saint-Guily (cet « à peu près idiot » examinant l'élégance vestimentaire de son patron ?...) virent Lartigue, c'était le crépuscule. Périat, qui couchait sur la paille, se rappelant le costume de Lartigue Périat, au coin du feu, dans l'ombre de la cuisine, ou sur la route, par une nuit noire, voyant des taches de sang sur les vêtements ou les chaussures de Lartigue Lartigue, le paysan aisé, « riche », aux cinq paires de gants, aux meubles bourgeois, n'avoir qu'un seul costume de travail : une veste, une chemise, une flanelle, un pantalon, une paire de sabots,- un chandail ?«. Mais les derniers points de la critique faite par les amis de Lartigue sont les plus importants. Lorsque Lartigue fut arrêté, il fut inculpé, simultanément, comme auteur de deux vols et d'une tentative de vol, avec effraction et attentat à main armée. En 1926 et 1927, on constatait, à Bellocq, de mystérieux vols de vin. L'enquête de la gendarmerie, les perquisitions s'avérèrent inutiles. Un troisième vol est commis, entre le 27 janvier et le 1*" février 1927. Les perquisitions les plus minutieuses n'amènent aucune découverte. Or, le 28 février 1928, Saint-Guily, spontanément, s'accuse d'être l'auteur de ce troisième vol, avec son patron Lartigue. Cinq mois après, le 6 juin, il renouvelle ses aveux. Le 16 juin, on reconstitue ce vol. SaintGuily donne des indications importantes. Mais il change encore les détails. Il était difficile de retenir une inculpation, si faiblement basée, contre Lartigue. Elle fut abandonnée, sanctionnée par un non-lieu, le 8 décembre 1928, huit jours seulement après la condamnation de Lartigue. Le même non-lieu frappait l'inculpation pour vol d'osier et celle de la tentative de vol. Le vol d'osier fut dénoncé par Saint-Guily, le même jour. Il aurait été commis à la fin de décembre 1927. La tentative de vol offre un caractère plus grave. Le 3 septembre. 1927, vers 23 h. 15, un homme pénétrait dans la maison Pées-Mirande, à Bellocq. L'homme entra dans la cuisine, prit sur la cheminée ooint-buffy, après le crime, se refusa à rentrer dans la vaste maison bourgeoise qu'habitait son patron Lartigue, accusé par lui, et dont il prétendait redouter la vengeance. de Dmparînir ir » uily igue plarae, ansider utes s'il >nté exgralice. préirtibles foriser Larmps rencosvait ses ang. it. îriàt >t » son crélille, s?... e la ïire, ents gue, ires voir este, une ique plus ilpé, vols n et t>cq, quis le quinent >ontroi*inq eux. rtntites. Hait faifut lieu, nent Le pour vol. uily, i fin 1ère vers tnaieninée une lampe Pigeon, enleva le verre et le déposa sur la table. Il allumait la lampe, quand il entendit un bruit et s'enfuit comme il était venu. M. Pées-Mirande, qui rentrait chez lui au même instant, appela son gendre, Pédezert, cousin de Lartigue. Les deux hommes coururent à la grange, puis à l'écurie. Là, Pédezert distingua nettement la jambe d'un individu, disparaissant par la porte extérieure. Cinq minutes plus tard, il guettait toujours devant le seuil de cette porte, lors-, qu'un coup de feu éclata, sur le chemin qui conduit au gave... A une quinzaine de mètres de la maison, le lendemain, les gendarmes trouvèrent une douille de cartouche de pistolet automatique. Cette douille, du calibre 7 mm. 65, portait les lettres S.F.M. Soumise à l'identité judiciaire, rapprochée des douilles de même calibre trouvées, après l'assassinat, dans la cuisine de la maison « Isaac », l'expert Bayle déclara que les trois douilles avaient été éjectées par le même pistolet. Là, encore, les éléments d'information manquaient. La plainte fut classée, par un non-lieu. Ces trois non-lieu constituent, pour les partisans de l'innocence, une arme sûre. Us estiment qu'il y a là un fait nouveau, car ces inculpations étaient de nature à impressionner défavorablement les jurés contre Lartigue. Us affirment que le nonlieu, dans l'affaire de la tentative de vol, suffit, à lui seul, pour établir l'innocence de Lartigue, dans le meurtre des époux Domercq. A ces conclusions, les adversaires de la thèse de l'innocence répliquent ainsi : — Que Lartigue ait bénéficié d'un triple non-lieu, n'implique pas nécessairement son innocence. Le non-lieu précise simplement l'impuissance qui atteint la justice, pour établir la culpabilité, après avoir réuni tous les éléments d'enquête possibles. Que SaintGuily se soit trompé, qu'il ait menti — admettons-le — dans ces histoires de vols de vin et d'osier, n'est pas une preuve qu'il ait menti pour l'assassinat de la ferme Domercq. Le capitaine Lartigue a menti, lui aussi. Et c'est un témoin plus sensé que Saint-Guily, un officier, « un homme d'honneur et de devoir ». Ce n'est pas un imbécile. Saint-Guily contredit ses propos de détail. Sur l'essentiel, il ne varie pas : Lartigue et lui ont volé, l'un suivant l'autre. Quant à l'affaire Pédezert-Mirande, le syllogisme, qui consiste à innocenter Lartigue d'un double crime par un coup manqué, nous parait dénué de toute bonne foi. Voici, maintenant, la plus éloquente des réfutations. Et nous arrivons à cette curieuse, à cette surprenante aventure des rétractations de Saint-Guily. Le docteur Girma nous le représente comme un « débile mental avéré », ne pouvant être considéré que comme c bien peu responsable de ses actes ». « Il se livrait à la boisson chaque fois qu'il le pouvait. » Et toute sa vie, Saint-Guily a exercé la c dure » profession de domestique agricole, Quelle a été l'attitude de Saint-Guily, au cours de l'information, concernant le double crime ? Le 11 février, lendemain du double assassinat, spontanément, Saint-Guily déclare à M. Bareille, receveur buraliste à Bellocq : « Pendant qu'on assassinait les époux Domercq, nous étions bien tranquillement à la maison, Périat, mon maître et moi. » Trois jours plus tard, lors de son premier interrogatoire à la gendarmerie, Saint-Guily déclare que, le 10 au soir, vers 6 heures, Périat et Lartigue étaient sortis pendant une heure, et qu' c au premier coup de revolver, Périat s'était sauvé. » « On se demande comment a été menée l'enquête au début, qand on songe que le procès-verbal, consignant cette déclaration, n'existe pas. » Le commissaire Arburu l'a expliqué : « Je n'ai voulu retenir des déclarations de Saint-Guily que ce qui paraissait conforme à la vérité et à la réalité des faits. » Voici ce que, dans son mémoire sur l'affaire, M' Cacher, défenseur de Lartigue, répond : « Quelle vérité ? Quelle réalité des faits ? Celles, évidemment, qui répondaient à la conception personnelle de l'enquêteur qui, quelques jours avant, avait pris la responsabilité de l'arrestation de Lartigue. « Quoi d'étonnant si, plus tard, lors du deuxième transport du Parquet pour la reconstitution du crime, le malheureux SaintGuily — cerveau débile et affaibli par des excès de vin — a pu repoduire, tant bien que mal, des déclarations qui ont pu lui être inspirées, à la fois par la peur et une suggestion inconsciente ? » La réponse de ceux qui sont convaincus de la culpabilité de Lartigue est simple et nette : « L'essentiel du témoignage du docteur Girma, c'est qu'on peut, malgré ses contradictions avérées, ajouter foi aux dires de Saint-Guily sur ce qu'il a vu. Vous ne pouvez pas reprocher à Saint-Guily d'avoir varié sur l'essentiel. « Toute sa vie est celle d'un domestique terrien. Or, vous affirmez Saint-Guily capable seulement de travaux faciles et vous présentez Lartigue demandant à Périat, pour cette seule raison, de le remplacer, lui Lartigue, afin de traire les vaches !... Ce travail qui exige un tel effort qu'un enfant de dix ans est, aux champs, couramment chargé de cette besogne !... « Saint-Guily ivrogne ? Non. Quelle autre distraction lui voulez-vous, à lui qui ne sait ni lire ni écrire, sans amis, sans parents, que ces chopines de blanc, dans les auberges ? Vous reprochez à Saint-Guily ses ivresses ? A combien de paysans, le dimanche, à l'auberge, pourriez-vous faire ce reproche !... Il vous est impossible d'établir que Saint-Guily, au cours de son travail, se soit jamais enivré. « Et c'est vous, les moralisateurs, qui considérez comme un témoignage qui doit être pris en considération, celui d'un autre ivrogne, c'est vous qui, pour appuyer l'une de vos thèses, faites convoquer un soi-disant témoin, que l'on dut entendre, pour vous satisfaire, bien qu'il fût dans « un état d'ivresse manifeste »?! « Vous parlez des < souvenirs fragiles » de Saint-Guily? Après sept ans, le récit que fait Saint-Guily de la soirée du crime est. encore et toujours, le même, sur les faits principaux. « Vous attaquez l'enquête policière? Mais, au lieu de dénoncer sans ambages, vous procédez constamment par allusions. « Pourquoi, si Lagouardette, si SaintGuily ont été maltraités, menacés, endoctrinés par les policiers et les gendarmes, comme vous Je dites, pourquoi n'accusezvous pas sans détours, nommément, ces gendarmes, ces policiers ? « Pourquoi attaquez-vous sans cesse le commissaire Arburu, sans accusations précises, au lieu de vous attaquer à son chef, seul responsable, le commissaire divisionnaire David, chef, aujourd'hui encore, de la police mobile, à Bordeaux ? « Vous parlez ironiquement de « maintes reconstitutions du crime » ! Pourquoi ne parlez-vous pas de celle où l'on interdit l'entrée de la maison Domercq au commissaire Arburu chargé de l'enquête et au commissaire divisionnaire David, qui dut créer un incident pour obtenir d'assister aux confrontations, tandis que le commissaire Arburu et ses collaborateurs, les inspecteurs de la Mobile, étaient obligés de demeurer à l'extérieur ?... » Et nous voici amenés au plus grave de tous les incidents : les rétractations de Saint-Guily. J'en tirerai le récit complet des souvenirs de Me Henri Cadier. Placé, par les soins de la gendarmerie, comme domestique, chez M. Sintas, propriétaire à Puyoo, Saint-Guily était resté c l'objet d'une surveillance singulière ». Or, le 11 août 1929, Mme Lartigue a pu rencontrer Saint-Guily, seul, sur la route qui conduit à la métairie de M. Sintas. Mme Lartigue parle, un moment, de choses indifférentes, puis elle prononce le nom de son mari. Saint-Guily reconnaît qu'il a menti, s'excuse : « Us m'ont forcé à le dire, mais je sais que ce n'est pas vrai. » Mme Lartigue s'assure des témoins qui pourront recueillir les rétractations de Saint-Guily. Elle s'adresse à des personnes étrangères à l'affaire : M. Sensenacq, employé à la Société Générale, à Salies-de- Le lendemain du meurtre des époux Dôme» c, : Lartigue est à la gauche du gendarme. Béarn, et M. Lassauguette, commissaire central en retraite, à Orthez. La rencontre a lieu, le dimanche 8 septembre, aux environs de Salies. Saint-Guily confirme ses rétractations du 11 août, jure qu'il dit la vérité, en levant les bras à plusieurs reprises, ajoutant : « Faites marcher l'affaire et je serai là ». Un témoin fortuit assiste à la scène. C'est M. Laborde. Plainte est portée contre Saint-Guily pour faux-témoignage. Or, le premier acte de la procédure d'information, c'est la visite des gendarmes qui interrogent Saint-Guily, hors de la présence de son avocat... Le 27 septembre seulement, le juge d'instruction, contrairement à la pratique courante, entend Saint-Guily, l'inculpé, seul. Les témoins ne sont entendus qu'après sa déposition. Lors de la visite des gendarmes, SaintGuily confirme ses précédentes déclarations, conformes à celles du procès. Mais les dépositions des témoins lui donnent un démenti formel. Il se trouble devant Mme Lartigue et lui dit : « Tu as meilleure tête que moi... Je ne me souviens plus... » C'est un nouveau flagrant délit de mensonge, qui concerne le fond même de l'affaire. Cependant, le 6 décembre, une ordonnance de non-lieu intervient. Le réquisitoire du Procureur de la République indique que les dépositions de Saint Gui, ' Y ce$sa P°* * *« rétrocter. Lassauguette et Sensenacq « sont démenties par Saint-Guily ». Quant aux déclarations de Laborde, « il ne saurait en être fait état, controuvées en grande partie par Castéra et dont la dernière a été faite sous l'empire d'une ivresse manifeste ». Il conclut que « de ces faits ne ressort pas la preuve du faux témoignage », ajoutant qu' « il est compréhensible que SaintGuily, après avoir essayé d'échapper une fois de plus aux tentatives intéressées des amis de Lartigue, ait pu prononcer certaines paroles, rapportées par les témoins, sous l'empire de la crainte..., qu'il est surprenant de constater que Saint-Guily soit l'objet d'une plainte, de la part de ceux qui essayèrent, au cours du procès criminel Lartigue, d'établir l'irresponsabilité de SaintGuily, le faux témoignage n'étant punissable que lorsque la mauvaise foi et l'intention dolosive sont établies... » Par arrêt du 3 janvier 1930, la Chambre des mises en accusation déclarait recevable l'opposition de la dame Lartigue, mais la rejetait au fond et confirmait l'ordonnance de non-lieu du 6 décembre 1929... (A suivre.) Henry MERCADIER. LE FOU AU SainKEtienne ide notre correspondant particulier). dernier, vers 3 heures, des cris inhumains montèrent du mTàjjfi pavillon 19, de l'hôpital SaintKtienne, où iî y a un cabanon pour les fous. On hurlait dans le cabanon. Les cris alternaient, cris de rage, cris de douleur. Il semblait que le pavillon 19 fût devenu une maison où l'on tue. On se précipita. On avait isolé depuis quelques heures un fou dangereux, récemment libéré d'un asile d'aliénés, Célestin Four nier, un manœuvre de ferme, de .'lf> ans, qui, quatre jours plus tôt, venait de tuer un vieillard de 82 ans et de blesser quatre personnes. Mais il était bien camisolé, à ce qu'il semblait. Une étroite chemise de toile que renforçait une ceinture aux larges crans d'acier, emprisonnait ses bras derrière son dos, tandis qu'un garrot le maintenait sur un lit de fer. On avait enfermé avec lui, depuis onze heures du matin, un malheureux gazé de guerre, Antoine Souzy, carlonnier de profession et qui, délégué des ouvriers de son usine, paraissait atteint de troubles mentaux à la suite des soucis qu'il s'était volontairement donnés pendant les dernières grèves. Souzy, grand blessé de guerre, était dans l'obligation de prendre des soins constants. L'incohérence de ses propos avait contraint sa femme à appeler le médecin. On le mit en observation à l'hôpital et le psychiatre qui l'examina lui enjoignit une cure de repos, pour un traitement approprié, traitement qui, affirmait le médecin, viendrait bientôt à bout de sa démence passagère. ('/était dans le cabanon où se trouvait Célestin Fournier qu'on avait enfermé Souzy, sans doute pour commencer à lui faire prendre sa cure de repos ! C'était de là que partaient les cris. Que se passait-il donc ? Souzy devenu délirant frappait-il le meurtrier enchaîné à côté de lui ou bien Fournier s'était-il détaché ? On ouvrit le cabanon. Par quel prodige de force Fournier s'était-il libéré des liens que deux hommes solides avaient à grand peine réussi à nouer. Il avait le torse nu. Ecumant, les yeux fous, tenant à deux mains la camisole que complète, comme je l'ai dit, une ceinture aux coins d'acier, il frappait l'infortuné Souzy. Le malheureux, à demi inconscient, suppliant, s'était jeté à ses pieds. Toi aussi, tous, vous voulez me voler mon trésor, vociférait Fournier. Je vais l'apprendre à m'espionner, canaille ! Les infirmiers ouvrirent le cabanon. L'image de la folie sanguinaire apparut devant leurs yeux épouvantés. — Je vous tuerai tous, criait Fournier. Il fallut refermer le cabanon. Le fou, déjà prêt à bondir dans le couloir, paraissait prêt à tenir parole. On lui laissa sa proie. Dans quel état le malheureux Souzy n'était-il pas ? Il avait la tête à peu près fracassée ; son corps dépouillé de ses vêtements n'était plus qu'une plaie. Il continuait de gémir, avec des cris d'enfant, de dément, essuyant dans un geste machinal, le sang qui coulait sur les yeux, lui empêchant de voir son bourreau. Quelques minutes plus tard, les infirmiers revinrent. Us s'étaient munis d'un appareil spécial de protection. Ils arri■■KLDI Des cris inhumains montèrent du pavillon 19: c'était Célestin Fournier, le fou au trésor, qui avait déjà fait quatre victimes è la ferme des Bassin et qui venait de frapper son compagnon de cabanon. Ci-dessous, à gauche, Maria Bassin; à droite, Marc Bertal, commis de la ferme. vaient en nombre. Us réussirent à s'approcher du fou, à le ceinturer, à le camisoler de nouveau. On enleva Souzy de la flaque rouge où, hurlait toujours Fournier. On enleva Souzy de la plaque rouge où, maintenant, il paraissait dormir. Il ne gémissait plus que faiblement. Transporte dans un pavillon voisin, un médecin, le docteur Signoux, tenta sur lui l'opération du trépan. Souzy entra dans le coma. Il expira peu de temps après, sans avoir repris connaissance. Maintenu dans son cabanon, Célestin Fournier cessait de crier. Il ne pouvait plus frapper, mais il essaya de mordre ceux qui, un peu plus tard, lui apportèrent un peu de pain et d'eau. Ils le frappèrent. Il supplia : — Mon trésor !... Personne ne se serait probablement préoccupé de ce drame de la folie, si le méde- cin n'ayant refusé le permis d'inhumer, le Parquet n'avait ouvert une enquête. Avec qui donc le malheureux Souzy avait-il été enfermé ? Le 20 juin, Fournier le fou arrivait au hameau de Rigaudin, dans la commune de Saint-Julien-en-Jasez (Loire), et entrait dans la ferme des Bassin, où il avait précédemment travaillé avant d'entrer à l'asile. Il paraissait calme. Il avait faim. Les Bassin lui servirent un repas et lui donnèrent un litre de vin. Il les salua et partit à travers champs. C'était un faux-départ. Il revint en se cachant vers la ferme des Bassin et s'accroupit derrière un mur. Il y resta jusqu'à ce qu'un commis de la ferme passât : Marc Bertal, un père de famille de 42 ans. Marc arrivait des champs, sa faux sur l'épaule, en sifflotant. A peine eut-il le temps de voir Fournier. Le fou sortait de sa cachette, lui assénait un coup de bouteille sur la tête, l'étendait, s'emparait de sa faux. Marc, littéralement assommé, restait étendu dans le champ. Armé du manche de la faux, Fournier se dirigea tranquillement vers la maison, où on venait de le nourrir, Mme Benoîte Bassin et sa fille Maria, celles qui avaient servi le fou, étaient dans la cuisine, quand ii entra. Il ne prononça pas une parole. Il les frappa du manche de la faux, les abattit de deux coups violents à la tête et se retira paisiblement. Benoîte Bassin et Maria avaient crié. Une bonne mère de famille et ses enfants qui se trouvaient à proximité, prirent fort opportunément la fuite. Très calme en apparence, Fournier marchait, allant à son destin de meurtrier. Déjà les gendarmes, alertés par Marc Bertal, le cherchèrent. Il revint à la ferme. Il trouva là un vieillard de 82 ans, le vieux père Bassin, qui regardait les corps de sa fille et de sa petite-fille, sans bien comprendre les événements. Fournier le frappa de son bâton et comme le vieux criait, il chercha un marteau dans une boîte à outils et l'acheva d'un coup de marteau. Il avait abandonné son bâton. Armé maintenant du marteau, il se dirigea vers le hameau. Une vieille femme, Mme Barret, se trouva sur le chemin du dément furieux : il l'assomma comme il avait assommé les Bassin. On l'arrêta un peu plus tard dans la maison de sa mère. Mâchoires serrées, yeux hagards, Fournier continuait à brandir son arme sanglante et menaçait tous ceux qui s'approchaient de lui. On eut grand mal à s'en emparer. Conduit à la gendarmerie, il murmura : — J'allais à Rigaudin pour chercher un trésor qui est caché derrière les buissons. Je commençais à déterrer le trésor quand j'ai vu qu'on me regardait. On voulait m'empêcher de prendre mon bien. Le domestique est passé, je l'ai frappé. Les Bassin voulaient me voler, je les ai frappés ensuite. Je tuerai tous ceux qui voudront me nuire... Il parlait d'une manière incohérente, on l'enferma, comme je l'ai dit plus haut, dans le cabanon de l'hôpital de Bellevue. Les quatre victimes qu'il avait faites étaient en danger de mourir. Le père Bassin était mort. On crut sans doute l'avoir maîtrisé dans la camisole. On enferma le malheureux Souzy, dans la prison d'hôpital où Fournier écumait encore. La présence de Souzy ranima sa colère. On sait la suite. Mais est-il admissible qu'on ait enfermé un infortuné dont on ne savait si la crise serait longue, dans le cabanon d'un dément furieux qui venait de tuer ? Puisque Fournier a pu se décamisoler c'est qu'on ne l'avait pas complètement mis dans l'impossibilité de nuire. Quelles responsabilités l'enquête établira-t-elle ? L'opinion ne sera pas apaisée tant qu'elle n'aura pas la certitude que les hôpitaux ne seront plus des maisons où l'on peut tuer. Dans son cabanon, Fournier est maintenant tout entier occupé par son délire. Son trésor, il le trouvera, murmure-t-il, puisque tous ceux fqui se sont trouvé sur son chemin ont péri; Paul ROININ. UNE ÉTRANGE HISTOIRE Stationnant devant l'immeuble, M. Constantinesco n'aperçut aucun des agresseurs. quartier de la Muette dort profondément dans Il le silence nocturne. Il est deux UilMra heures trente. Au commissariat ■■■■■ de la rue Bois-le-Vent, les quelques agents de service ne veillent que d'un œil. La quiétude, le maussade éclairage du poste les invitent au sommeil. Soudain, un homme entre « en coup de vent ». Le brigadier assoupi sursaute. Il rectifie la position et grogne : — - Que ce que c'est ? — Je suis le concierge du numéro 4 de l'avenue Rodin, répond le tardif visiteur. Je viens pour un cambriolage, qui a été commis tout à l'heure dans l'immeuble dont je suis le gardien. Trois malfaiteurs se sont introduits dans un appartement du quatrième étage, chez une locataire polonaise : Mme Raffestin. Elle n'était pas là. Mais sa sœur, Mme Tsinskiladze, qui avait ouvert en entendant sonner, a été bâillonnée et ligotée par les trois bandits. Ensuite, deux d'entre eux sont allés tout droit à la cachette de la clef du coffret à bijoux, dans l'armoire de la chambre de Mme Raffestin. Ils ont trouvé, avec la même facilité, la précieuse cassette, pourtant dissimulée derrière un manteau de cheminée. Puis ils ont déguerpi en emportant tous les bijoux, qui valaient une vraie fortune. Fort ému par ce troublant récit, le brigadier expédia un de ses agents sur les lieux de la mystérieuse agression. La victime, Mme Tsinskiladze, drapée dans son peignoir multicolore, le reçut avec un air c de circonstance », le sourcil froncé, les traits crispés, la poitrine encore palpitante d'épouvante et d'indignation. Mais, faute de savoir un seul mot de français, elle ne put exhaler, en guise d'explication, qu'un soupir affligé, non moins harmonieux que son nom. — Proutschka kakatschine yeht-yeht !... La petite bonne du logis, Catherine Kaliola, vint au secours des deux interlocuteurs, qui se noyaient chacun dans le jargon de l'autre. Elle compléta les renseignements fournis par le concierge, traduisant fidèlement le dramatique récit de Mme Tsinskiladze. Il était vingt-trois heures trente quand celle-ci entendit le coup de sonnette. Elle était, à ce moment-là, dans la salle à manger, attendant le retour de sa sœur, tandis que le petit Rolland Raffestin et la femme de chambre dormaient. Croyant que Mme Raffestin avait oublié sa clef, Mme Tsinskiladze alla ouvrir. Aussitôt, trois nommes se précipitèrent sur elle. Le premier la poussa violemment vers un fauteuil de l'antichambre, l'empêchant d'appeler au secours en lui plaquant la main 'ARISTOCRATIQUE sur la bouche. Il devait rester auprès d'elle, gardien vigilant et taciturne, pendant que ses compagnons visitaient l'appartement. Ils allèrent tout d'abord dans la salle de bains, se munirent de serviettes, à l'aide desquelles ils bâillonnèrent et ligotèrent la victime et l'attachèrent au fauteuil. Puis, ils disparurent pendant cinq minutes, effectuant dans ce bref délai leur fructueuse perquisition dans la chambre de Mme Maffeslin. Le coup fait, ils déguerpirent en éteignant toutes les lumières de l'appartement et en laissant, bien entendu, ligotée dans le fauteuil, l'infortunée Mme Tsinskiladze. Après de difficiles efforts, elle parvint pourtant à faire céder les liens qui l'attachaient au fauteuil. Elle vint à la porte de la cuisine pour donner l'alarme à la domestique, occupant une chambre attenant à cejfe pièce. Faute de pouvoir crier, à cause du bâillon, elle donna des coups de tête dans l'huis. En vain ! Catherine, dormant à poings fermés, n'entendit rien. Mme Tsinskiladze réveilla alors son jeune neveu qui, à son tour, alerta la bonne. Celle-ci dégagea sa maîtresse de ses liens et du bâillon et voulut aussitôt téléphoner au concierge pour qu'il appelât la police. La victime la dissuada de cette intention, persuadée que, à cette heure-là. le bureau de police ne répondrait pas. — Attendons le retour de ma sœur, ditelle. Comme les bijoux volés lui appartiennent, laissons-lui le soin de porter plainte... Mais Mme JRaffestin n'étant pas encore rentrée à deux heures du matin (elle ne devait revenir du « cinéma » que deux heures plus tard...), Mme Tsinskiladze finit par céder aux instances de Catherine, qui bouillait d'impatience de faire avertir la police. Cette rocambolesque déclaration ne laissait point d'être fort troublante. La connaissance parfaite des lieux dont avaient témoigné les « gangsters »; la docilité de la victime, cependant que les bandits prenaient le temps de chercher les liens et le bâillon ; les longues tergiversations avant d'alerter le commissariat constituaient un singulier enchaînement de faits louches. De plus, Mme Tsinskiladze qui ne portait d'ailleurs aucune trace du serrage des liens — affirmait que l'émotion ne lui avait pas permis de relever le signalement de ses agresseurs, encore que l'un d'entre eux fût demeuré pendant quelque dix minutes auprès d'elle. L'affaire se présentait donc comme une énigme particulièrement mystérieuse. Il ne fallut cependant pas longtemps pour qu'on pût établir des présomptions fort claires. Elles se dégagèrent d'ellesmêmes des renseignements fournis par plusieurs témoins sur les deux Polonaises victimes du forfait. est-il connu de beaucoup d'hôtes, parmi lesquels il n'y a point que des gentleman. De là à présumer que les deux cent cinquante mille francs de bijoux furent soustraits par d'indélicats visiteurs nocturnes, la déduction n'est que trop facile. Elle expliqué par surcroît que la victime ne se soit guère empressée de donner l'alerte et qu'elle ne se soucie point de fournir à la police le signalement de ses agresseurs. Même, prétendaient certains, il paraît fort probable que l'audacieuse agression n'a été qu'un tête-à-tête consenti par la victime ; et dont son compagnon a tiré partie. L'histoire rocambolesque qu'elle raconte n'est qu'un stratagème pour sauver la face... Un témoignage d'une particulière importance allait orienter l'enquête vers un autre pôle troublant. Un de nos confrères, M. Constantinesco, qui habite, précisément, le même immeuble que les deux Polonaises, attendait ce soir-là un visiteur qui devait venir pour la première fois chez lui. Craignant que celui-ci ne trouve point l'appartement, les concierges étant endormis, le journaliste avait pris le parti d'attendre son ami dans sa voiture, en stationnement devant le n" i de l'avenue Rodin. Il demeura de vingt-trois heures à minuit trente dans cet observatoire de « première loge », duquel il surveillait attentivement la porte de l'immeuble. Or, déclara-t-il spontanément aux enquêteurs, seuls quelques rares locataires de la maison passèrent devant moi, pendant la faction que j'effectuais au moment où se serait déroulée l'agression. Je n'ai vu aucun trio d'hommes ni entrer dans l'immeuble ni en sortir. Ainsi, on peut non seulement penser que Mme Tsinskiladze n'a subi ni bâillonnement ni ligotage, mais encore que le vol lui-même n'est pas plus réelDans ce cas, quel but aurait poursuivi la plaignante ? Aurait-elle voulu s'appro- prier les diamants, les bracelets de saphir, les broches de platine, les dix-sept mille francs d'économies de sa sœur, en imputant le forfait à d'imaginaires cambrioleurs '} Mais l'attitude de Mine Raffestin elle-même laisse libre cours g une troisième présomption. Outre qu'elle défend son entourage avec une obstination qui n'admet point d'analyse des faits, je fus étrangement étonné de la trouver rapidement consolée de la disparition de ses joyaux et de la grosse liasse de billets de banque contenue dans la cassette dévalisée. — On ne s'est que trop occupé de cette affaire, me dit-elle. Heureusement, la police et les journaux commencent à s'en désintéresser. J'en suis bien contente... Cette confidence cousue dé fil blanc incline à croire que M. Constantinesco n'a pas tort de douter de la réalité du vol. Mme Raffestin qui est, comme nous l'avons dit, en instance de divorce, a des intérêts à débattre avec son mari. Ses bijoux, son argent, entrent dans le partage des biens de la communauté. Pour les mettre à l'abri, rien de mieux qu'un cambriolage simulé. Du moins, c'est une présomption qui, au point où en est l'enquête, apparaît comme étant la clef de cette affaire louche. Noël PRICOT. Mme Tsinskiladze et sa sœur, Mme Raffestin, dans l'appartement desquelles, assure la plaignante, les malfaiteurs se sont introduits. %%% Epouse d'un riche marchand de chevaux bauceron, depuis un an en instance de divorce, la jeune Mme Raffestin est d'une nature éprise de plaisirs, à laquelle s'allie le caractère le plus hospitalier. Sa sœur, installée depuis trois mois auprès d'elle, n'engendre pas non plus mélancolie. D'autant que, pendant qu'elle est éloignée de son mari, elle peut, à loisir, profiter de la vie ! Par leurs aimables dispositions, ces dames attirent les sympathies d'un nombreux entourage, comme la lumière attire les papillons... les papillons de nuit, bien entendu! Ils viennent très fréquemment à des heures indues, mais, qu'ils soient blancs ou noirs, il n'en reçoivent pas moins le meilleur accueil. Mme Raffestin, qui n'est pour eux que Mme Lola, et Mme Janina Tsinskiladze leur accordent une hospitalité plus généreuse que circonspecte. Ainsi leur foyer Mme Tsinskiladze, la victime bâillonnée, et Mme Raffestin, à qui appartenaient les bijoux, sortirent du commissariat sans avoir pu donner aux enquêteurs le moindre indice susceptible de leur faciliter les recherches. De son côté, le concierge du somptueux immeuble de l'avenue Rodin déclara qu'il n'avait rien vu ni rien entendu de suspect. y POUR LA OULLENS. Le cœur se serre davantage à la pensée qu'il s'agit, non pas même encore de femmes mais d'enfants, de petites filles qui ont appris, à l'âge où tant d'autres jouent encore à la poupée, les souffrances d'une maternité précoce, toutes les laideurs de l'amour de hasard et du péché qui laisse une marque affreuse. Les tribunaux d'enfants envoient à la maison de préservation de Donllens d'abord les filles qui ont, comme les garçons, commis quelque méfait ; ensuite les prostituées mineures que les marchands de chair vivante ont jetées sur les trottoirs des grandes villes et que la police des mœurs a arrêtées. Hélas, il est souvent déjà bien tard el la plupart d'entre elles sont déjà, à seize ans, usées, contaminées, malades, filles-mères. La colonie est installée dans une ancienne citadelle, dans la ville elle-même. Bien entendu, le personnel surveillant y est exclusivement féminin et à part le directeur, le médecin chef et un aumônier, aucun homme ne pénètre chez les filles punies. Punies ! Moins encore que chez les garçons, on sent 8 RÉDEMPT ici la volonté de punir. On n'y reconnait que le désir de corriger un destin injuste. Il y a d'abord la maternité, une maternité modèle, qu'envieraient bien des cliniques luxueuses. Chaque petite maman y a sa chambre qu'elle décore à son goût ; elle y est, avec son bébé, admirablement soignée et dorlotée. L'infirmerie spécialisée voit tons les jours défiler les malades qui subissent un traitement énergique et presque toujours efficace. Les malades partagent, comme les garçons dans les autres colonies, leur temps entre l'école, le travail et les jeux. L'instruction s'inspire des procédés les plus modernes. Des séances de cinéma éducatif coupent les classes. En principe, les petites cloîtrées sont là jusqu'à leur majorité. Mais on s'efforce, si on estime qu'elles ont pris assez de force morale, si leur conscience s'est suffisamment éveillée, de les rendre à leur famille, de les placer en apprentissage ou même de les marier. Et elles apprennent souvent la douceur du pardon. Un remède à faire chez soi Contreles Cheveux Gris ACCORDÉONS Instruments de musique ! 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Une ennemie des maisons closes Mme Léon Brunschwig qui, avec Mme Irène Joliot-Curie et Mme Suzanne Lacorre, inaugura l'entrée des femmes dans le gouvernement, a consacré sa vie aux œuvres sociales. Femme du philosophe, professeur à la Sorbonne, elle est douée d'une grande intelligence, mais aussi d'un tempérament des plus combatifs. C'est ainsi que Mme Brunschwig a engagé une lutte ardente contre les maisons closes. Elle s'est fait parmi les « tenanciers > d'irréductibles ennemis. Sa campagne contre la prostitution autorisée donna lieu, l'année dernière, à un procès bien pittoresque entre elle et une dame qui était partisan du maintien des « maisons », moins nuisibles, à son avis, à l'hygiène publique, que la prostitution clandestine qui sévit dans les villes où les établissements ont été supprimés... Mme Brunschwig accusait son adversaire de mener une propagande non désintéressée . D'où plainte en diffamation : et ce fut une audience cocasse que celle où s'opposaient ces deux rivales, toutes deux femmes d'âge, parfaitement dignes, discutant des b..., -de leurs avantages et de leurs inconvénients respectifs. TRÈS IMPORTANT - Les prix de nos catalogues (Edition Mars 1936) sont toujours en vigueur. N°416 ducat. Chambre moderne à doucines " STYLMOD ", palissandre des Indes verni : 1 armoire démontable, 3 portes dont une avec grande glace, portes et côtés à doucines, largeur i^GO, socle à doucines ; 1 lit de milieu, grand dossier avec 2 tables de chevet attenantes, 2 tiroirs, largeur ITS fr i— totale 1m90, 2 pieds socle. L'ensemble sacrifié à. 2.450 Reprise en compte de vos meubles au plus haut cours. GALERIES BARBÉS (Ne pas confondre ! la seule entré* de nos magasins estas N* 55) Succur.ales : ALGER 26 Rue Michelet « BORDEAUX 90-92-94. 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Un premier résultat a été obtenu : Lartigue vient d'être gracié de la peine des travaux forcés, mais il lui reste à obtenir la levée de l'interdiction de séjour et sa réhabilitation. Laissons ce cas individuel pour nous occuper de la question même du c doublage ». La question ne divise personne, elle réalise l'accord unanime. Le « doublage » systématique est une monstruosité. On en connaît le mécanisme; il est d'une atroce simplicité. Tout individu condamné à moins de huit ans de travaux forcés est astreint, lorsqu'il a subi cette peine, à rester dans la colonie pendant une durée égale à celle des travaux forcés. Sept ans de bagne représentent quatorze ans de séjour en Guyane. A huit ans de travaux et au delà, la résidence est perpétuelle. L'homme ne revient plus. La loi n'avait pas voulu cela. Ce supplément terrible, dans bien des cas plus cruel que le châtiment principal lui-même, a été créé par des textes réglementaires, après la loi de 1854. ■ I | | EXPRESS' CHEZ TOUS LES BONS DROGUISTES ET MARCHANDS DE COULEURS Vente en gros : S" des Et" B0UQUAIN - 172. B* de Créteil - S' Maur-des-Fosses Pour 88 OO francs nous vous garantissons de l'EAU CHAUDE pendant t/l ( 5 années bouilloires chauffe-eau FILTHOCHO est le seul appareil de ce prix ne nécessitant aucune installation. Un robinet d'eau froide, une prise de courant, et c'est tout. FILTHOCHO donne instantanément de l'eau bouillante. FILTHOCHO débite litres à l'heure. de 50 Consommation de courant fiante. à grâce à... insigni- AUCUN DANGER En un mot c'est pour vous le confort, la rapidité, l'économie, car son prix est dérisoire, en proportion de* •• services »... et il est garanti 5 années, i PRIX IMPOSE : 88 francs franco A l'intérieur de la chambre, M. Lucien Bûche et Renée retenaient leur souffle. Veuillez m'adresser un FILTROCHO type 1'". avec sa garantie de 5 ans Ci-loin' 88 fr. en mandat-chèque Non-. . ... . .>.,:**;;, architecte, elle habitait maintenant chez ses parents qui tenaient un hôtel à Montparnasse, rue de la Grande-Chaumière. Ils convinrent d'un rendez-vous pour le mardi suivant, à l'hôtel. M. Bûche était enchanté de la rencontre. La cousine avait l'oeil frémissant des veuves qui cherchent à pleurer le défunt dans les bras d'un successeur. De fait, le mardi, l'entretien prit tout de suite une tournure agréable. La veuve commença par faire une halte au cabinet de toilette ; comme on était « en famille », M. Bûche se crut autorisé à quitter son veston, qu'il accrocha au porte-manteau, dans un couloir, près de la porte. Et la conversation se poursuivit sur le lit, dans la plus stricte intimité. Soudain, on frappa à la porte. — Chut, dit la cousine, ne bougeons pas !„. Les coups retentirent à nouveau, répétés, violents. A l'intérieur de la chambre, M. Bûche . Adresse FILTR0CH0 à adresser à Filtrocho, Byron, à Paris (8*;. i, rue Lorc ECOLE INTERNATIONALE L'IVROGNERIE DÉTECTIVES Le buveur invétéré PEUT ÊTR'Î GUÉRI EN 3 JOURS s'il y consent. On peut aussi le ruérir à son insu. Une fois guéri, c'est pour la vie. Le moyen est doux, agréable et tout à fait inofTensif. Que ce soit un fort buveur ou non, qu'il le soit depuis peu ou depuis fort longtemps, cela n a pas d'importance. C'est un traitement qu on fait chez soi, approuvé par le corps mcdi.-ai et dont l'efficacité est prouvée par des légions d'aï testations. Brochures et renseignements sont envoyés gratis et franco. Ecrivez confidentiellement » : DE ET DE REPORTERS SPÉCIALISÉS (Cours par correspondance) Brochure gratuite sur demande 34, nie La-Bruyère (IX*) - Trinité 85-18 'AFFAIRE UNE SAILLIE et Renée — c'est le nom de la jeune femme — retenaient leurs souffles. La porte s'ouvrit. Un immense gaillard, au teint bronzé, aux yeux incendiés de colère, se posta devant M. Bûche. Il avait un accent étranger. — Misérable ! que fais-tu avec ma femme ! M. Bûche, dont les esprits étaient assez troublés, fut tout de même surpris de ce langage. Mais il ne cherchait pas à coordonner les épisodes de ce film étonnant. L'homme - au - regard-sombre précisément avait l'air de s'adoucir un peu. II baissa les bras, cessa de grincer des dents et consentit à s'éloigner. M. Bûche respira et Renée, séchant ses larmes, lui dit : — Tu vois... tout finit par s'arranger. La partie de plaisir ainsi interrompue, M. Bûche ne songea pas à la reprendre. D'ailleurs, à son âge — cinquante-six ans — on ne repart pas avec facilité dans une course marquée par un semblable incident. 150 BON DE COMMANDE </) [ perte de temps L LUCIEN BÛCHE, qui cumule la profession d'agent d'assurances et celle de marchand en bestiaux dans une petite ville, près de ChâteauThierry, arpentait le boulevard Haussmann, le 20 avril, à la fin de l'après-midi. M. Bûche se sentait l'âme tendre, un coeur de printemps. Il venait de réaliser une bonne affaire commerciale ; son portefeuille était gonflé de billets, quelque chose comme 9.400 francs. Soudain, une jeune femme l'interpella. — Vous ne me reconnaissez pas ?... C'était une lointaine cousineLucien Bûche l'avait perdue de vue depuis plusieurs années. Il lui offrit un verre ; elle raconta les épreuves de sa vie : veuve d'un 55, Boul. Barbès - PARIS (is-) ■ ■ SUPPRIMEZ LE "DOUBLAGE" (ONSIEUR Société Anonyme au Capital de 10.010.000 francs entièrement versés. Maison fondée en 1895 Magasins ouverts toute la journée, y compris le samedi Fermés le dimanche Le tribunal correctionnel de la Seine n'est pas tendre pour certains guérisseurs, non pourvus du diplôme. C'est ainsi qu'un certain Gaston Gross, qui faisait de la < chiropractie » en massant et désarticulant les vertèbres, vient d'être condamné à trois mois de prison ferme et 20.000 francs de dommages-intérêts. #•# vcfoe viiUe JÎmpcJef Se fait également en noyer ramageux verni. Le triomphe de la médecine Remèdes WOODS,Ltd., 10, Archer Str. (219 FA), Londres W1 10 Quelques instants plus tard, cherchant dans son portefeuille de quoi régler le demi qu'il venait de prendre, M. Bûche éprouva une violente émotion. Les 9.400 francs avaient disparu. Et cependant, il était sûr de les avoir, en arrivant à l'hôtel avec la cousine. Un soupçon lui vint, tardif. L'arrivée du grand diable brun, si merveilleusement à point, n'était-elle pas combinée ? D'un entôlage conçu selon les règles n'aurait-il pas été la victime ? Mais, déposer une plainte, c'était, pour une récupération incertaine de l'argent, la certitude d'embêtements autrement graves. C'était sa femme légitime — pas commode, l'épouse ! — mise au courant, les ragots inévitables. « ... Taisons-nous », pensa M. Bûche, philosophe, décidé à ne plus suivre les cousines-veuves à l'hôtel, quand il les aurait retrouvées sur le trottoir. Il fit donc le sacrifice de sa galette et se disposait à oublier la néfaste après-midi du 26 avril, lorsque, à quelques jours de là, un matin, Mme Bûche, se plantant devant son lit — il avait la grippe — brandit sous ses yeux une lettre recommandée adressée à son mari et qu'elle avait décachetée. Signée du nom de Pechitch, la lettre réclamait : « Comme suite à la visite faite dans la chambre, rue de la GrandeChaumière, le versement immédiat de 5-000 francs, au bureau de poste rue Danton. Sinon, on serait dans l'obligation Lendemain de Sweepstake Deux raisons l'avaient inspiré : le désir de purger la métropole pêndant un temps d'épreuve, ou pour toujours, des indésirables; ensuite, assurer l'exploitation agricole et industrielle de la Guyane grâce à une maind'œuvre qui se recruterait automatiquement. On connaît le bilan de l'activité économique : un désastre. Une exploitation déficitaire, en état de faillite continue. Et quant à la première raison, si elle est valable dans bien des cas, elle est parfois horriblement injuste. Autant l'on conçoit la nécessité de débarrasser la France des criminels endurcis dont le relèvement est impossible, autant cet éloignement prolongé ou perpétuel est abominable lorsqu'il s'applique à des hommes que I' « accident » a rendus un jour meurtriers. Nous en connaissons; ils sont des centaines... Les drames de la colère, les crimes passionnels qui ont été parfois jugés par un jury impitoyable, sous l'effet d'une campagne de presse, d'un revirement de l'opinion. Bien souvent, la grâce leur a été accordée, mais seulement pour les années de travaux forcés qui leur restaient à accomplir; le doublage subsiste. Et la grâce, alors, n'a plus qu'une valeur théorique, car ce qu'il faudrait, c'est le retour de ces hommes amendés dans un milieu sain où se réaliserait leur rachat moral. Nous protestons de toutes nos forces contre l'automatisme du doublage, s'appliquant indistinctement aux sujets pourris et aux êtres qui ont droit au pardon. (Lire, pages 4 et 5, la suite de Venquête de Henry Mercadier.) ONÉREUSE d'agir. » Phrase mystérieusement menaçante. Plus moyen de cacher l'histoire à Mme Bûche. Le marchand de bestiaux i fut bien obligé d'avouer. En gros, éviI déminent, parce qu'il « gaza » sur les 1 détails. Mme Bûche décida aussitôt de porter plainte. Elle accompagna son gros Lucien chez le commissaire du quartier de Notre-Dame-des-Champs et une enquête fut menée. Les résultats en furent rapides et décisifs. Les inspecteurs Massot et Meunier apprirent, en effet, que Renée — la pseudoveuve — n'avait jamais été veuve, qu'elle avait habité l'hôtel en compagnie de son amant, Ljubouni Zivanovic, un Yougoslave se disant correspondant c libre » d'un journal de Belgrade et — précision significative — que le couple avait déménagé le 27 avril, c'est-à-dire le lendemain du rendez-vous galant de M. Bûche. Les policiers retrouvèrent la trace de Zivanovic par le service des garnis : il logeait dans un hôtel de la rue Champollion avec Renée Podela, « la cousine ». On les arrêta presque aussitôt. Zivanovic nia le vol. Un livret de caisse d'épargne fut trouvé sur lui : il avait déposé 5.000 francs le 28 avril. Auparavant, il était sans le sou. Ce rapprochement des faits valait une preuve. Renée Podela protesta. Et ses cris retentirent jusque dans la salle de la 10e Chambre correctionnelle où elle était traduite, la semaine dernière, avec Zivanovic, elle l'entôleuse, lui le complice. M. Bûche était assis au banc de la partie civile. Pas très fier, on s'en doute, mais soutenu, presque à coups de poing, par Mme Bûche qui n'entendait pas perdre l'argent et pâtir des fredaines de l'époux coureur. Elle était prête à tout entendre à l'audience, pourvu qu'elle mît la main sur la galette. M. Bûche se faisait aussi petit que le lui permettaient ses quatre-vingt dix kilos et ses joues gonflées et cramoisies. Une grosse boule rubiconde, un peu honteuse... Et Renée Podela, qui sentait venir le châtiment, se paya, comme on dit, « sur la bête ». — ... Espèce de dégoûtant, tu vas nier Le N° 33.857, Série 16 attribué au cheval SIND Les deux vierges L'autre soir, au cours d'un dîner que M. Jean Zay, notre jeune ministre de l'Education nationale, offrait à quelques amis, on vint à parler de ce rat d'église qui, dans un taudis de la rue de Sèvres, entassait les chasubles, les ostensoirs, les statues, les retables et les lutrins. — Je l'ai très bien connu, déclara M. Jean Zay. Il fut un de mes premiers clients. En 1929, je le défendis devant le tribunal correctionnel d'Orléans. Le juge d'instruction chargé de cette affaire avait convoqué tous les curés des paroisses, j'assistais à cette cérémonie. Le doyen de NotreDame-de-C. entra le premier, désigna d'un doigt tremblant une admirable Vierge du xn" siècle : « Elle ornait mon autel », déclara-t-il. — « Reprenez-la donc », dit le juge. Mais Lequeux intervint : « Cette Vierge, je l'ai dérobée à R... La vôtre, monsieur le Curé, c'est celleci... près de l'encrier... une Vierge achetée, il y a cinquante ans au plus, dans un magasin de Saint-Sulpice...' « Le curé de R., quand il vint réclamer sa Vierge, adressa une action de grâces à Dieu. « Ma Vierge du xiii' siècle ! Un trésor inestimable ! » disait-il. Mais Lequeux s'indigna : « Du XIIe siècle, et non du xïiT ! » Et il fit au curé un petit cours d'archéologie. « Le prêtre ne l'écoutait pas. Déjà il avait mis la Vierge sous son bras. Lequeux poussa un cri d'effroi. « Monsieur le Curé, il pleut à verse. Cette Vierge en bois peint, enveloppez-la soigneusement. » Et, s'emparant d'un Journal Officiel, lui-même, avec des soins pieux, emmaillota la belle statue. gagne 500.000 fr par le Fakir BIRMAN Photo H. Seuniac, l'heureux sortant au bar de son restaurant. Lises cette simi .e lettre ! < Cher M isieuv BIRMAN, iF* vous av lie demandé mon horoscope qui indiquait le chiffre 7 comme étant bénéfique et » jeudi, j'ai donc acheté mon billet le jeudi 7 mai et le numéro 33.857 Série 16. qui vient de sortir à 500.000. « Comme vous m'indiquiez que le 3e trimestre 1936 m'amènerait une rentrée d'argent inattendue et une amélioration sensible de ma situation, je suis heureux de ces réalisations de vos prophéties et vous en garde une reconnaissance émue. » Signé : H. SEUNJAC. Henri SEUNIAC. restaurateur. 20, rue du Croissant, 20 PARIS (2*). que, depuis deux mois, toutes les semaines, on se retrouvait à l'hôtel ? M. Bûche n'osait pas regarder sa femme, laquelle, très digne, fixait le président Rebrassier, pour se donner une contenance. — Et que tu ne me donnais, vieux radin — poursuivait Renée — que quarante francs. Pas même ce que tu payes pour la saillie du taureau... (hilarité.) M. Bûche ne répondit pas. — C'est son tarif, monsieur le président, précisa Renée Podela en interpellant directement M. Rebrassier : quarante francs. Jamais il ne m'a donné davantage. Mais je jure que je ne l'ai pas volé... Me Charles Fruh défendit avec une spi- Le Fakir BIRMAN sera très heureux d'adresse» aux lecteurs de ce journal qui lui en feront la demande un horoscope d'essai. Pour cela, envoyez nom, prénoms, date de naissance, adresse et S francs en. timbrrs-ptpste pour frais à Fakir BIRMAN (service /45>, ou consultez4e de ht à 19 h.. 14, rue de Berne, Paris-iT. 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Vue d'un avion ou des collines environnantes, elle offre la redoutable silhouette d'un gigantesque cuirassé aux superstructures formidables ancré à quelque 2.500 mètres au nord des docks du port de Frisco. Les vaisseaux qui se glissent à travers le Portail d'Or sont partiellement recouverts de son ombre monstrueuse. A mille brasses, d'énormes panneaux flottants vous défendent d'approcher de la plus terrible « Rig House » de l'Oncle Sam : car ce bateau, à tout prendre, n'est' qu'une prison. On doit rester éloigné à 300 yards. Personne n'est admis à terre sans autorisation du gouvernement. Les Espagnols l'avaient nommée Alcatraz : le Pélican ; car ces gros oiseaux de mer, lourds et disgracieux, hantaient alors par milliers ces falaises. Mais bien des choses ont changé depuis que les « conquistadores » castillans et les vieux « padres > ont contemplé pour la première fois cet îlot dans la baie de SanFrancisco. Les oiseaux qui y vivent aujourd'hui ont donné un autre nom à leur perchoir ; ils l'appellent « Le Roc ». La prison fédérale n'y fut établie qu'en octobre 1933 ; mais le Roc a servi dans le passé de bagne militaire. Pendant la guerre civile, ces récifs nus furent flanqués de donjons où l'armée américaine enfermait ses incorrigibles. Ce fut tour à tour le fort de réclusion et la caserne disciplinaire (l'équivalent des camps de concentration du vieux monde), pour les civils déloyaux, au temps de la guerre de Sécession, puis des objecteurs de conscience de la Grande Guerre jetés parmi les criminels et les « têtes dures » de l'armée américaine, faisant l'apprentissage de la vie de bagnard à ce contact hautement moralisateur... Comme prison, Alcatraz a toute l'inexpugnabilité que la nature et les hommes peuvent imaginer. Autour de ses rebords rocheux coulent des courants froids et des lames traîtresses que seuls des nageurs hardis peuvent tenter de traverser. S'ils sont prêts à affronter les requins dont les gueules hideuses surgissent à tout moment à la surface, s'ils consentent à avoir deux chances sur trois de périr broyés contre le briselames. Plus de 250.000 dollars ont été dépensés par le gouvernement pour la modification et l'équipement de la « Rig House », de façon à rendre toute évasion impossible. Tout un arsenal de fusils mitrailleurs, de bombes lacrymogènes, de revolvers, est au service d'une centaine de gardiens stationnés dans l'île et commandés sous le régime de la discipline militaire par un ex-banquier, James Johnston, une des « lumières » de WallStreet. L'édifice principal, renfermant l'ensemble des cellules, est bâti au sommet de la plus grande surélévation d'Alcatraz. C'est une construction grise et blanche d'acier et de ciment armé — armé d'un alliage d'acier si dur qu'il émousserait n'importe quel ciseau, n'importe quelle lime ou scie. Une triple rangée de cellules superposées peut « accommoder » 350 « pensionnaires ». Chaque cellule est fermée avec un loquet fort savant, contrôlé électriquement d'une UE Des passerelles de guetteurs surplombent le pénitencier et pas un geste des condamnés du Roc ne peut échapper aux gardiens. HÉ cabine — un box blindé, bien plutôt — extérieure. Enfermés comme des bêtes fauves dans des cages métalliques, les prisonniers qui projetteraient un « coup » n'auraient nulle part où fuir, où se cacher, car même les cellules les plus hautes voient l'espace qui .les sépare du plafond coupé par un grillage de fer au-dessus d'elles. Les passages transversaux sont visibles sur toute leur longueur aux gigantesques gardiens, armés jusqu'aux dents, qui jour et nuit parcourent au pas cadencé les corridors surélevés construits au milieu de la salle, à mi-chemin entre le plancher et le plafond. Entre l'entrée principale et la porte à barreaux de fer ouvrant dans la salle des cellules se trouve une cabine blindée, reliée par téléphone avec tous les points de contrôle de la prison. Près dè là, une armoire tient à la disposition des gardiens des revolvers automatiques et des fusils mitrailleurs qui peuvent tirer 600 coups à la minute. A des points d'observation d'où l'île tout entière est visible, afin de rendre impossible une révolte intérieure ou un assaut extérieur, s'élèvent trois tours reliées par des passerelles à la prison principale. La < garde » y relève quatre fois par jour. De la tour n" 1, un système de contrôle électrique ouvre et ferme tous les portails sur la route qui encercle l'île. Des < nids » de mitrailleuses et de projecteurs s'apprêtent à faire respecter la « consigne » de navigation interdisant aux navires et embarcations des particuliers d'approcher à moins de 300 yards pendant qu'une station de radio à ondes courtes tient M. Johnston en communication constante avec les l'I 'mtt\ *\ - L stations de garde côtière autour de la baie, avec la police de San-Francisco et avec l'embarcation de la patrouille pénitentiaire. Toutes ces précautions ne sont certes pas inutiles, car l'îlot est une super « Rig House » pour « pensionnaires de marque ». Alcatraz abrite maintenant les plus dangereux criminels du monde. Prison inhumaine dans un site inhumain. Nul n'y est amené à la suite d'une condamnation. C'est l'administration pénitentiaire fédérale qui a transformé Alcatraz en « maison d'isolement ». Un criminel est-il jugé indésirable dans un autre pénitencier, craint-on qu'il ne fomente une révolte, que des amis vigilants ne tentent un coup de force pour le délivrer? Aussitôt, son cas est signalé au Bureau fédéral de Washington et, sous bonne escorte, l'homme est discrètement conduit — enseveli — à Alcatraz. La chose fut prévue en mars 1934 par un arrêté fédéral qui prescrivait « le confinement de ceux des condamnés dont la présence dans les autres prisons peut être considérée comme) une menace pour les gardiens ou pour les autres prisonniers ». Cette Bastille insulaire fut destinée à un hôte de marque : John Dillinger, le premier « Ennemi public n" 1 ». Furieux et humilié, le gouvernement américain voulait se venger de l'homme qui l'avait tourné en ridicule. Quelque temps auparavant, en effet, le terrible gangster, véritable émule de Billy the Kid, des temps héroïques du Texas, avait fait de la police américaine la risée du monde entier en s'évadant de la « Big House » de Columbus, sous la seule menace de sa pipe, braquée comme un revolver. Il avait même poussé « l'humour » jusqu'à délivrer coup sur coup ses compagnons « Babyface » Nelson et Raymond Hamilton, non sans avoir mis le siège à la prison de Little-Rock où s'ennuyait le second. Mais la police fédérale n'eut pas le loisir d'utiliser ses farouches préparatifs : un raid de G-Men devait, quelque temps plus tard, abattre Dillinger à la sortie d'un cinéma. « Une chance pour lui... », dirent ses acolytes pour qui mieux vaut la mort sans phrases que la vie éternellement muette des condamnés du Roc. Le mystère du silence A clientèle choisie, personnel de choix. Les gardes-chiourmes d'Alcatraz sont choisis avec soin parmi les plus intrépides et les plus impitoyables des « fonctionnaires » des autres pénitenciers fédéraux et ne viennent sous le commandement de M. Johnston qu'après trois mois de « stage » dans le « bagne froid » de l'île Mac Neil, dans le Pacifique nord. Rompus à tous les exercices, vivant comme des sheriffs de la frontière mexicaine, versés dans le code criminel, prêts, en un mot, à user de tous leurs droits de gardes-chiourmes, ils acquièrent le droit d'appliquer la règle strict : d'Alcatraz à la crème des mauvais garç ans. Aussi . c'est monnaie courante dans les ?angs de préférer le « troisième degré », le fouet des bagnes du Sud, la < chaussette à «tlous » de l'Oregon à l'emmurement du Roc. Ce sont les plus hautes autorités du monde criminel qui ont introduit cette opinion : l'un après l'autre, les Al Capone, « MachineGun » Kelly, Harold Fontaine, John Paul Chase et bien d'autres ont été domptés, brisés, par M. Johnston et ses collaborateurs. A l'île du Diable le corps dépérit sous la ,,=2 S! Si L il 12 chaleur tropicale, A /ncatraz, c'est l'âme. Ils sont là 259 « paladins du crime » — 261 depuis que le roi d'Angleterre obtint du gouverneur Hiram Johnston la « grâce » du kidnapper écossais James McKay et de son « associé » américain, grâce qui se traduisit par leur relégation à l'île du Pélican — 261 qu'un coup de gomme administratif a pour jamais effacés des manchettes de journaux, dont pourtant ils avaient été les héros redoutables. Deux cent soixante et un muets. Bouclés à 5 h. 30 dans leurs étroites cellules, ils en surgissent au coup de sifflet le lendemain à 6 h. 30 pour^out aussitôt, se voir enfermés soit à la cordonnerie, soit à la blanchisserie, soit dans un autre atelier. Trois repas coupent la journée. Dans la grande et froide salle grise où 8 tables sont alignées, comme partout ailleurs, des gardes, sortes de colosses taciturnes, fusil mitrailleur au bras, font respecter la seule loi du lieu : silence. Ronne chère ou brouet infâme, il faut vider l'assiette si l'on veut avoir à manger le lendemain. Au plafond, d'élégantes vasques argentées mettent une décoration imprévue. Mais ne vous avisez point de presser le bouton qui est à la portée de la main du gardien ! Vous libéreriez de ces compotiers scintillants une terrible vague de gaz lacrymogènes devant quoi nulle révolte ne pourrait tenir plus de deux minutes. La discipline ne connaît point de relâchement. La première des règles à observer est le silence, un silence absolu, funèbre. Les prisonniers n'ont le droit de parler que pour les besoins du service en s'adressant à un gardien et jamais à un autre captif. Il n'est pas étonnant dès lors que les plus terribles gangsters du monde, les desperados les plus farouches, se précipitent tous, le dimanche, à l'office célébré à l'église d'Alcatraz y entendre enfin le son de la voix humaine qui vient interrompre le silence horrible. Les récréations du samedi sont, elles aussi, silencieuses. Défense de s'attrouper, défense de stationner. Cela est si dense, si lourd — comme une chape de plomb — qu'il faut aux condamnés se libérer à tout prix de la folie qui les saisit lentement, et c'est un cri de dément, un éclat de rire stupide et sans fin qui fait tressaillir les emmurés vivants. M. Johnston, averti, décrète la « mise en trou » du coupable. Un bruit de pas, une courte lutte et un groupe de gardes-chiourmes entre, emportant l'homme vers le cachot souterrain. C'est une cave solitaire où la nourriture est maigre et où « les possibilités d'introspection sont illimitées », dit M. Johnston dans le meilleur argot pédant dont aiment à se servir les gardiens des prisons américaines en s'adressant aux « novices ». Il ne faut pas oublier qu'il y a en réalité deux prisons à Alcatraz, car, au-dessous des nouveaux « buildings », il y a des donjons que la lumière du jour ne pénètre jamais, pas plus que le hurlement du vent ni le bruit sourd des vagues qui viennent par gros temps se briser contre les casemates. La légende relate que ces cellules souterraines — le Trou, dans le Langage des condamnés du Roc — sont les restes d'une prison bâtie par les Espagnols bientôt après que la frégate de Don Esteban de Ayala entra dans le Portail d'Or lors de son voyage de découverte. C'est là que Al Capone vient de temps en temps « se calmer », attaché au roc, nu. avec une lourde chaîne. NDE Il a pendant des semaines l'horrible sensation de ne pouvoir détendre ses membres, dominer ses pensées. Car lui non plus, le roi des bottlegers, le chef des dix mille ennemis publics, n'arrive pas toujours à supporter la règle du silence et succombe parfois à de brusques accès de folie furieuse. Et pourtant le pénitencier le plus parfait n'est pas à l'abri d'une révolte, surtout lorsqu'il contient, comme Alcatraz, les plus hardis desperados des deux mondes. Pour beaucoup d'entre eux, un « coup », une mutinerie, une révolte n'avaient rien de nouveau. M. Johnston et ses gardes-chiourmes, ses micros, son « ceil électrique », son détecteur ne purent prévenir une révolte. Et c'est à \A suite de cette révolte que les autorités pénitentiaires américaines sont à se demander si Al Capone sortirait jamais vivant de sa prison dans la baie de San Francisco. Ceux qui pensent qu'une infortune commune peut unir les gangsters du calibre de ceux de l'île du Pélican sont évidemment dans l'erreur. Les détenus qui avaient organisé la révolte récente ont menacé de mort Al Capone parce qu'il avait refusé de participer à la rébellion. La dernière fois, il y a quelques jours, ils essayèrent de le tuer. Le premier « coup » heureux arriva en 1862 au cours de la guerre de Sécession, lorsque trois détenus, partisans du général Robert Lee, se débarrassèrent de leurs chaînes, se frayèrent une sortie de leur confinement, descendirent du donjon nord, au moyen d'une corde, se faufilèrent à la faveur de la nuit autour de l'île vers son unique dock, s'emparèrent d'une barque et s'enfuirent. Alcatraz ne les revit jamais. Six années plus tard, neuf prisonniers, aidés par une sentinelle complice, forcèrent la serrure d'un dépôt de barques, en volèrent une, enlevèrent les rames et les folletières (amarres) des autres, et s'échappèrent. Quelques-uns d'entre eux furent capturés plus tard sur la terre ferme. Sous le couvert d'un brouillard épais, un prisonnier essaya de s'échapper à la nage en 1908, fut recueilli par un bateau de passage, qui avait entendu ses cris et put s'enfuir. En 1912, deux prisonniers se cachèrent sous l'une des constructions de 111e, où ils furent éventuellement retrouvés, à demi morts de faim. En 1913, Moe Vogel, de South Bend (Indiana), atteignit à la nage la terre ferme. Mais il fut ramené à l'île du Pélican chargé de chaînes. Il avait bravé les lames meurtrières qui courent vers la sortie du Portail d'Or, et, son pari contre la mort, il l'avait gagné seulement pour perdre. Mais le « coup » le plus savant, idéalement exécuté, vint en 1926, lorsque quatre hommes quittèrent l'île sous escorte militaire, c'est-à-dire qu'ils s'échappèrent avec toute l'assistance des plus hautes autorités du département de la guerre. Une règle concernant l'élargissement des prisonniers spécifiait que les hommes dontla conduite avajt été exemplaire pouvaient être relâchés avant la fin de leur condamnation, avec l'approbation du commandant de la prison et du département de la guerre. De tels élargissements pouvaient, naturellement, être ordonnés directement par le département de la guerre, où l'on confectionnait alors sur place le rapport favorable de l'administration du pénitencier par une sorte de tour de passe-passe paperassier. C'est sur cette routine bureaucratique que tablèrent les quatre prisonniers. Et ils ne se trompèrent pas. L'un d'eux était un « imprimeur » espert. Travaillant si précautionneusement qu'il ne fut jamais soupçonné, il établit les formules d'élargissement. Un autre conjuré * pouvait faire des merveilles avec une plume, n remplit les * imprimés » en parlant de lui- même et de ses compagnons dans les plus hauts terme. La conduite des hommes était excellente, disaient les « documents ». Il y avait toute raison de les libérer. En bas il y avait le nom du commandant pour l'attester. Un autre « gracié » qui avait autrefois été un employé postal trouva un ancien collègue qui consentit à glisser les papiers dans le sac postal. Les officiers de San Francisco regardèrent l'enveloppe officielle de la prison et la dépêchèrent au quartier général de l'armée. Les papiers furent envoyés de bureau en bureau, apportés finalement au département de la guerre à Washington, approuvés et renvoyés à la prison. Les officiers de l'armée à Alcatraz avaient bien été quelque peu surpris lorsqu'ils reçurent les ordres d'élargissement, mais ils savaient trop bien que ce n'était pas à eux de raisonner ni de chercher le pourquoi des choses. L' « horlogerie paperassière » se déroula donc sans accroc et les quatre prisonniers, exprimant une joie innocente à ce tournant inattendu de leurs fortunes, furent conduits sous escorte militaire à l'embarcation de l'administration pénitentiaire, reçurent chacun un < complet », un feutre et les 5 dollars réglementaires. Une fois à San Francisco, ils reçurent la liberté avec la bénédiction officielle et la recommandation d'être sages. Quelques heures plus tard, le complot fut découvert, mais Alcatraz ne les revit jamais, sauf 1' < imprimeur » dont les 5 dollars de « gratification » causèrent la perte. Dès qu'il fut libre, il alla c arroser » sa réussite, cassa quelques vitres et fut capturé lorsque, ayant pris un policeman pour un garde avec lequel il avait des comptes à régler, il le gratina d'un oeil au beurre noir. Pouvait-on le faire encore ? C'est la question désespérante qui ne cessait d'agiter l'esprit fiévreux du détenu Joe Rowers, la semaine dernière. La cour de la prison est entourée d'un mur de 7 mètres de haut; mais dehors, où on envoie quelquefois travailler les prisonniers, il y a un mur de fil de fer de 2 mètres de haut à peine. Derrière, une falaise, et, 20 mètres plus bas, la baie. S'il pouvait grimper ce mur sans être atteint par les balles, courir à la falaise et sauter ou glisser, il serait soit écrasé contre les rochers, soit déchiqueté en dessous; ou, s'il tombait dans l'eau, il serait criblé de balles de mitrailleuse à l'instant où il reviendrait à la surface. Même s'il évitait les rocs et que quelque cause inconcevable paralysât les mitrailleuses, ses chances de se noyer dans le mille d'eau rapide, froide, entre lui et le rivage, seraient excellentes. Mais si un homme est assez dur... Sanford Bâtes, directeur fédéral des prisons, visitait M. Johnston lorsque Joe Bowers, spécialiste du pillage des trains, purgeant une condamnation de 25 ans, tenta la chance, ou ce qu'il croyait en être une. Deux cent soixante et un « paladins du rime », qu'un coup de gomme administratif a effacés des manchettes de journa.x, sont enfouis dans ces terribles cellules. Un forçat rendit possible une évasion en imprimant des fausses levées d'écrou. A l'emmurement d'Alcatraz, « MachineCun » préfère n'importe quel supplice. Arrêté par des balles Désigné pour travailler à l'incinérateur de la prison, Bowers courut verc la barrière de fil de fer de 2 mètres. Des gardes lui crièrent de revenir. Il continua à courir, et les gardes tirèrent deux fois, sur le sol. Comme il descendait de l'autre côté, des balles l'atteignirent et il tomba pardessus la falaise. San Francisco regarde avec horreur ces compagnons du désespoir et leur sinistre citadelle. Mais c'est avec une intense anxiété que l'Ile Royale américaine est observée jour et nuit de la fenêtre d'un appartement luxueux sur la colline de « Pacific Heights », le Neuilly de Frisco. C'est là qu'habite Mrs. Al Capone, Ja femme du « Petit Caporal de Cicero ». A toutes les heures, sa maison est gardée contre les curieux. Pendant le jour, elle regarde souvent avec une longue vue les fourmis humaines se mouvant sur l'île maudite. La nuit, Alcatraz n'est qu'un catafalque blanc sur l'immensité sombre du Pacifique. John DOUGOULD. M. Johnston passe en revue ses gardeschiourmes, les plus impitoyables des Etats-Unis. Parce qu'il refusa de participer à une mutinerie, Al Capone est menacé de mort par ses co-détenus. Vol au rendez-moi La Tringletie et Louis le Bigle, sont restés légendaires comme spécialistes de ce genre de méfait. La Tringletie alertait la curiosité des badauds en regardant, au coin du boulevard, l'étage le plus élevé de quelque immeuble ou bien la voûte du ciel. Les gens s'attroupaient, se questionnaient, écoutaient avidement les explications de La Tringletie, qui trouvait toujours quelque histoire à raconter pour donner le temps à Louis le Bigle de « faire » les poches ou de couper les poignées de sacs à main. Depuis, les deux compères sont allés rendre leurs comptes au diable ; mais ils ont, comme dit l'autre, « fait des petits »... Vols à l'étalage Les vols à l'étalage relèvent également d'une adresse machiavélique. D'autant qu'ils sont, la plupart du temps, pratiqués par des femmes. Munies d'un ample sac à provisions, d'un vaste parapluie ou vêtues d'un grand manteau où sont- ménagées des poches profondes, elles s'approchent, de l'air le plus innocent du monde, du comptoir ou de l'éventaire. Elles font mine de ;hoisir un objet, le plus éloigné du premier rang d'étalage. Elles le saisissent, l'examinent, le remettent en place ostensiblement. Mais ce faisant, elles ont, de l'autre main, soustrait un fructueux butin. C'est également dans les magasins que se pratique cette filouterie. Mais surtout, dans les bureaux de postes. — Auriez-vous la monnaie de mille francs ? demande le malfaiteur. On la lui donne sous forme de dix coupures. Il les garde un moment en mains, paraissant réfléchir gravement. Puis il se ravise, rend la liasse qu'il vient de recevoir. — Non, dit-il, je ne voudrais pas tant de billets. C'est encombrant. Donnez-m'en deux de cinq cents francs, je vous prie. Le soir, en effectuant ses comptes, la caissière s'écriera : — II me manque trois cents francs ! Où sont-ils passés, mon Dieu ?... Le filou les a subtilisés pendant qu'il paraissait réfléchir en tenant en mains la liasse des dix coupures. Et il va sans dire que chaque fois que le cas se présente les policiers, prévenus trop tard, ne peuvent, comme ils disent, que faire une visite de condoléances à la caissière infortunée... Les bureaux de postes sont également infestés de voleurs de sacs de dames. Cependant que, pour écrire un pneu, un mandat ou un télégramme, sa voisine a déposé son sac à main sur le pupitre, le malfaiteur fait mine de lire tranquillement son journal. Puis il le replie et le pose négligeamment sur le sac abandonné. Dès lors, ce n'est plus qu'un jeu de s'approprier l'objet. Un de ces écumeurs >de bureaux de postes, arrêté après une longue filature, avoua qu'il avait pu, en moins de six mois, voler plus de quatre-vingts sacs à main, mal surveillés par leurs propriétaires. Vols aux appareils automatiques Par association d'idées, les vols dont les bureaux de postes sont le théâtre nous font penser à l'escroquerie aux appareils téléphoniques. Il s'agit des appareils automatiques. A l'aide d'une feuille de papier plusieurs fois repliée, le filou obstrue la fente par laquelle s'échappent les pièces de monnaie qui sont rendues au client quand la communication n'est pas obtenue. Ainsi, les usagers ne peuvent récupérer leur argent, et les pièces non perçues s'accumulent dans l'appareil. Le soir, l'escroc effectue la récolte. Un fil de fer lui permet d'enlever le bouchon de papier. Une cataracte de piécettes s'écoule, butin qui s'élève parfois à un montant considérable. Les appareils de jeux automatiques fournissent aussi de fructueuses récoltes aux filoux ingénieux, pratiquant l'escroquerie qu'ils intitulent : la iMncine. Ce méfait est généralement pratiqué par trois individus. Deux d'entre eux se placent de façon à dissimuler la manoeuvre du troisième. Celui-ci mise au jeu avec de fausses pièces ou de simples jetons fabriqués pour cet usage. En y mettant le temps et la quantité de faux jetons nécessaires, ces escrocs parviennent à vider les appareils de leur contenu, qu'ils revendent ensuite à bas prix. La société propriétaire des grues électriques —- bien connues dans le monde entier — en fut, à Paris, dans la seule période hivernale 1934-1935, pour un préjudice de 46.000 francs, représenté par quatre-vingts kilos de jetons falsifiés... Marcel CHARLES. Vols à l'entôlage encore un genre de méfaits dont les victimes se comptent plus particulièrement parmi les ' nouveaux-débarquês, ceux qui se trouvent « en garçons » dans quelque grande ville. Il leur en coûte parfois fort cher de rencontrer « l'âme sœur » d'un moment ou d'une nuit, quand ils n'ont pas, au préalable, laissé en lieu sûr leur portefeuille ou leurs bijoux — bague et montre. L'entôlage le plus classique s'effectue pendant le sommeil réparateur du partenaire de la prostituée, ou pendant qu'il se remet en tenue décente, dans le cabinet de toilette attenant à la chambre des ébats. Quand il se réveille ou qu'il revient dans la pièce où il a laissé sa compagne, stupeur ! La chambre... et les poches du veston sont vides. La victime, furieuse et penaude, n'a plus que la ressource d'emprunter quelques francs à son hôtelier pour télégraphier à sa femme : « Dépense imprévue. Besoin milje francs. Rentrerai demain. Papa... » Dans le coup du Padoc, dans celui de for Porte, ou dans le coup du vestiaire, le tour est joué avec une perfidie encore plus sournoise. Le premier méfait s'accomplit pendant que l'ardent voyageur se donne du bon temps. Un complice, caché sous le lit, profite du moment où la fête intime bat son plein pour ramper jusqu'au veston qui contient le portefeuille ou la montre en or de la victime. Ou bien, il s'introduit par la porte que le client a cru fermer soigneusement ; mais qui s'ouvre aisément grâce à un déclic silencieux. Dans le coup du vestiaire, c'est le fond du placard, où les vêtements sont pendus, qui s'ouvre par le couloir ou par la chambre voisine, pour permettre au filou de s'approprier le butin. Encore heureux quand la victime est dévalisée sans douleur. Mais ce n'est pas toujours le cas. Dans le coup de la cravate, l'entôlage s'accompagne de sanglantes violences,. Soudain, pendant que le fougueux client de la fille galante est dans le feu de Faction, plusieurs agresseurs surgissent, tombent à bras raccourcis sur la victime, l'assomment, la ligotent avec sa cravate, la laissent sans connaissance sur le lit. Les « entôleurs » ne s'en prennent pas qu'aux seules victimes lestées d'un portefeuille bien garni. Ils pratiquent, dans les faubourgs, le coup de la Pastoche, dont l'ouvrier muni de sa paye fait les frais. Dans les petits cafés proches de l'usine ou de l'atelier, la femme mal intentionnée guette la proie. Elle l'aguiche, lui propose une partie de billard, l'engage à suspendre sa veste au porte-manteau pour jouer plus à l'aise. L'instant d'après, le complice enIre à son tour dans l'estaminet et, tout en feignant d'accrocher sa casquette, il explore d'une main rapide et spécialisée les poches du vêtement abandonné. 'EST ##• Dans les précédentes séries d'exemples que nous avons présentés à nos lecteurs, pour les mettre en garde contre les méfaits des filous en tous genres, nous nous sommes, plus particulièrement, souciés d'a(1 I Voir « I>KTE<:TIVK », depuis le r»° 400. vertir les nouveaux venus dans la grand ville, infestée par la crapule. Mais ceux-là mêmes qui se croient « à la coule » des stratagèmes de la pègre malfaisante ne sont pourtant pas à l'abri de ses coups néfastes. Ainsi les spécialistes du coup du journal ou du coup du rasoir réussissent aussi adroitement à dévaliser le Parisien le plus subtil que le provincial le moins « dégourdi ». Ils opèrent surtout dans le métro ou dans l'autobus. A la faveur de la compression des passagers, ils ont l'air d'essayer de se ménager un peu d'espace cependant que leurs mains tâtent hâtivement les poches de la victime. La place du portefeuille étant repérée, une invisible lame de rasoir, dissimulée entre deux doigts, lacère le vêtement. Une petite bousculade, et le filou se plaque contre le voisin. — Pardon, monsieur ! — Y a pas de mal... Dans l'instant de ce bref échange de civilités, le portefeuille est passé de la poche de l'un dans celle de l'autre. Les pickpockets plus adroits n'ont pour tout instrument de travail qu'un simple journal. Ils le tiennent, d'une main, sous le nez du vis-à-vis contre lequel ils sontpressés ; et ils paraissent profondément plongés dans la lecture. Mais les autres doigts « travaillent » pendant ce temps-là, sans même .que la victime en sente le contact. Ce tour d'adresse d'une prodigieuse habileté se retrouve dans le Coup du monsieur qui regarde en l'air. Deux acolytes, 14 Un cadeau de DÉTECTIVE P. ACHAHD Ces dames du Central. Nous, les chiens. A. ARMANDY : Les réprouvés. M. AYME : Aller et retour. M. BEDEL Molinofi, Indre-et-Loire. Philippine. P. BÉNARD Malikoko. Ces messieurs de BuenosAyres. H. BÉRAUD : La gerbe d'or. M. BERGER : Les Dieux tremblent. A. BERNIS : Les nuits du Ycmg-Tsé. P. BONARDI : Les rois du Maquis. R. BOUCARD Les femmes et l'espionnage. F. BOUTET :, Crimes d'aujourd'hui et d'autrefois. P. BRULAT : La vie de Rirette. I. CAMP t Vin nouveau. F. CARCO : La belle Amour. Rien qu'une femme. Vérotschka l'étrangère. Prisons de femmes. M. CHOISY : Un mois chez les hommes. H. COIN : Quatre espions parlent. COLETTE t L'Ingénue libertine. La vagabonde. CONRAD : Typhon. DOYLE Conan : Les aventures du brigadier Gérard. Les débuts de Sherlock Holmès. CURNONSKY : Le café du commerce. M. DEKOBRA : La biche aux yeux cernés. Le geste de Phryné. J. DELTEIL ; Le Vert-Galant. L. DELLUC : Le roman de la manucure. Ch. DERENNES t Gaby, mon amour. Nique et ses cousines. DESCAVES : Hans le fossoyeur. Jean d'ESME : Les Dieux rouges. Les maîtres de la brousse. Thi-Ba, fille d'Annam. R. DUNAN : Extraordinaire aventure de la Papesse Jeanne. M. ET.DER : Thérèse, ou la bonne éducation. R. ESCHOLIER : Cantegril. FABIANO : Les îles où l'on meurt d'amour. FERRI-PISANI ; L'amour en Amérique. Avec ceux de la Légion. Lucile, jeune fille américaine. Souvenirs d'un gangster. G. de LA FOUCHARDIÈRE : Le bistro de la Chambre. G. de LA FOUCHARDIÈRE «t Alain LAUBREAUX : Aventures cocasses de Boulot aviateur. P. FRONDA1E : Auprès de ma blonde. La côte des Dieux. Deux fois vingt ans. Iris, perdue et retrouvée. A. GALOPIN : L'homme au complet gris. R. GEIGER : Histoires juives. GALTIER-LABOISSIÈRE : La bonne vie. A. GIDE : La symphonie pastorale. HOTCHKISS : Le mystère de Scm-Francisco. ISWOLSXY : La jeunesse rouge d'Inna. JACQUES-CHARLES : Le roman d'une figurante. J. KESSEL : Le coup de grâce. Les nuits cruelles. Terre d'amour. Belle de jour. La steppe rouge. Les Captifs. KESSEL et ISWOLSKY : Les Rois aveugles. KIPLING : Un beau dimanche anglais. J. de LACRETELLE : L'enfance d'une courtisane. Silbermann. Jeanne LANDRE : La gargouille. Nouvelles aventures d'Echalote. M. LARROUY : Leurs petites Majestés. Le trident. FORCE SANTÉ VIGUEUR par L CHOISISSEZ dans la liste ci-contre 5 volumes reliés QUE VOUS RECEVREZ contre 30 francs La reliure ———— —— Le port à domicile vous sont offerts par DÉTECTIVE Bulletin de commande à adresser à PRESSE et PROPAGANDE Veuillez m'adresser franco contre trente francs, que vous trouverez ci-joint (I) en chèque, chèque postal ou mandat, les cinq volumes reliés suivants : I a.. 3 _ _.. _. 4. 5. Nom et prénoms Domicile Département „ PRESSE ET PROPAGANDE 1, RUE LORD-BYRON - PARIS (*) Compte chèque postal : Seine 455.528 ( I) Rayer les mentions inutiles. Différence de port en sus pour l'étranger. à ses lecteurs H. LAVEDAN : Leur cœur. M. LEVEE. : L'Epouvante. J. LONDON : L'appel de la forêt. A. LONDRES ; Adieu Cayenne. Au bagne. Le chemin de Buenos-Ayres. A. LOOS : Les hommes préfèrent les blondes. Mais ils épousent les brunes. Jean LORRAIN : La Maison Philibert. P. LOUYS : Aphrodite. Archipel. Les aventures du roi Pausole. Les chansons de Bilitis. La Femme et le Pantin. MAC ORLAN : La Bandera. La tradition de minuit. La cavalière Eisa. Rues secrètes. L.-P. MARGUERITTE : Pensionnat de jeunes filles. J. MARÈZE : L'apprenti gigolo. MARTET : Dolorès. A. MAUROIS : Bernard Quesnay ? SOMERSET-MAUGHAM : L'archipel aux sirènes. L'envoûte. La passe dangereuse. Le sortilège malais. P. MORAND : 1900. Fermé la nuit. A. MERCIER : La vengeance de Kâli. P. MILLE et DEMAISON : La femme et l'homme nu. P. MORAND : Ouvert la nuit. S. NORMAND : La maison de laideur et de lésine. Ch. et H. OMESSA : Anaïtis, fille de Carthage. G. OUDARD : Le désir de l'amour. J. PEYRÉ : L'Escadron blanc. H. PIERHOMME : Le bandit vierge. M. POHLOCK : Panique. M. PRÉVOST : L'accordeur aveugle. L'américain. Féminités. Pierre et Thérèse. La princesse d'Erminge. R. PUJOL : Le resquilleur sentimental. M. QUERLIN : Les ventres maudits. RECOULY : Joffre. Le Mémorial de Foch. P. de RÉGNIER : La vie de Patachon. ROSNY Aîné : Le fils légitime. ROSNY Jeune : La courtisane passionnée. La courtisane triomphante. J.-H. ROSNY Jeune : Les folles passions de Pauline Borghèse. L. ROUBAUD : Les enfants de Caîn. F. ROZ : La lumière de Paris. J.-T. SAMAT : Camard Gardian. Sangar taureau. T. SANDRE : Le corsaire Pellot. Nicolas SÉGUR : La Chair. STEVENSON : Les aventures de David Balfour. Catriona. L'île aux trésors. Le reflux. SAINT-SORNY : L'île d'amour. G. SOULAGES : Le malheureux petit voyage. G. SUAREZ : Clemenceau. TRISTAN BERNARD : Amants et voleurs. P. VALDAGNE : Ce bon Monsieur Poulgris. H. VAN OFFEL : Le tatouage bleu. C. VAUTEL : L'amour à la parisienne. H.-G. WELLS : Monsieur Barnstaple chez les Hommes-Dieux. Les roues de la chance. Le trésor dans la forêt. WILLY : Ginette la rêveuse. WILLY et COLETTE WILLY : Claudine à l'école. Claudine à Paris. Claudine s'en va. G. WODEHOUSE : La petite garçonnière. XXX. : Bonnes histoires. Histoires de fumoir. Histoires parisiennes. Les nouveaux mémoires de Casanova. 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