Question à: Monique Bourdin. Quoi de neuf sur le chat?

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Question à: Monique Bourdin. Quoi de neuf sur le chat?
Question à: Monique Bourdin. Quoi de neuf sur le chat? - Libération
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QUOI DE NEUF
SUR LE CHAT?
QUESTION À MONIQUE BOURDIN, DOCTEUR VÉTÉRINAIRE INSERM, consultant des troubles du
comportement à l'école vétérinaire de maison-alfort.
Le premier congrès européen organisé à Paris, en novembre dernier, a fait salle comble. Le chat y tenait la
vedette, preuve que la clientèle féline n'est plus «le parent pauvre» des consultations vétérinaires. Considéré
comme l'animal de compagnie idéal, il a même «détrôné» le chien aux Etats-Unis et dans la plupart des pays
européens. En matière de comportement félin, subsistent de nombreuses zones d'ombre mais des études
récentes sur les phéromones (des «messages chimiques») ont révélé la façon dont le chat «gère» son
territoire. Trois grands groupes ont été recensés. En premier lieu, les phéromones de «marquage», présents
dans les urines, dont un félin va baliser son territoire de jeu, de chasse ou de reproduction, pour signaler sa
présence. Que signifient ces messages? En code-chat: «Je suis castré», ou alors «mon activité sexuelle est
nulle», ou bien «tu peux entrer, je suis sympa», «je suis un mâle entier», «attention, je suis bagarreur», «je
cherche une femelle»...
Les phéromones de «familiarisation», eux, sont sécrétés par le frottement de la face et dotés d'une fonction
d'apaisement. Il ne faut pas confondre le frottement sur les jambes, accompagné d'un miaulement, avec une
quelconque demande de caresse. Il ne s'agit, pour le chat, que d'un marquage olfactif de plus, on ne peut plus
banal. Comme Minet possède de chaque côté de la tête, de la commissure des lèvres à la base des oreilles, des
glandes qui sécrètent des phéromones, il va se frotter partout. Une façon pour lui de se rassurer en sentant
son odeur, odeur qui domine celles rapportées de l'extérieur. Il peut aussi déposer ces substances sur d'autres
chats ou chiens. Et quand ce n'est pas suffisant, le pipi fera le reste. Mais finies les mauvaises odeurs. Une
découverte révolutionnaire vient de voir le jour qui va ravir les propriétaires et «feinter» les chats. On la doit
au Dr Patrick Pageat (1) qui a eu l'idée d'analyser la composition de ces sécrétions et qui a mis au point un
produit chimique proche de ces phéromones. Le produit attend d'être commercialisé en bombe.
Les phéromones «d'alarme», enfin, correspondent au «champ d'isolement» du chat, dit «perché», le plus
souvent sur une étagère. Non seulement l'animal marque son territoire par des griffades, verticales et bien
visibles, à l'attention de son maître, mais dans le même temps, les glandes sudoripares plantaires (insérées
dans les coussinets plantaires) émettent des messages chimiques à l'adresse, eux, des chats «étrangers».
Mieux vaut, pour ces derniers, montrer patte blanche avant d'entrer. Attention: le dégriffage, contrairement à
l'idée répandue, est une véritable mutilation de la troisième phalange. Il existe dans le commerce des «étuis»
protège-griffe permettant de sauver les objets précieux et au chat de poursuivre ses activités griffantes.
Quant aux chats agressifs qui, en général, vivent en milieu clos, s'ennuient, considèrent tout mouvement
comme une attaque, et se déchaînent au crépuscule en griffant et mordant le bas des jambes (un
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comportement typique de prédation), l'idéal est de leur donner un jouet, mais la bonne vieille
«godassothérapie» (lancement d'une charentaise) donne toutefois d'excellents résultats. Le Dr Patrick Pageat
a démontré que ces chats agressent surtout les enfants et les gens âgés, en particulier les parkinsoniens, sujets
à des mouvements désordonnés.
Les chats-lécheurs, dits suceurs de laine, qui avalent sans répit des textiles ou du cuir, et les «caressésmordeurs», qui ne se laissent frotter que quelques minutes avant de se transformer en bêtes féroces sans
prévenir, n'ont tout simplement pas été socialisés. En fait, un «bon chat» est celui dont le «développement
tactile» a commencé pendant la période de gestation de sa mère. Foetus, il a perçu les caresses qu'a reçues
maman chat. Plus on la caresse, plus le chaton s'adapte. La période charnière se situe entre 3 et 8 semaines.
Mais passées les huit premières semaines, c'est terminé.
Restent les chats continuellement manipulés, notamment par des enfants. Ils finissent par développer le
syndrome du «chat-jouet» et, par manque de sommeil, se retrouvent tout perturbés. Il ne faut pas «réveiller
le chat qui dort.» Selon des études dermatologiques, il y aurait une corrélation entre le cerveau et la peau.
L'un et l'autre ont la même origine embryologique: l'ectoderme. Le «dedans» (le cerveau) et le «dehors» (la
peau) sont faits du même tissu et ainsi, tout choc affectif enregistré par le cerveau peut se communiquer à la
peau. L'exemple, chez l'homme, est le psoriasis qui serait l'équivalent d'une crise de colère ou de fureur
rentrée. Le psoriasique «crie» avec sa peau. Chez l'animal, il en va de même. Dans des situations
conflictuelles, le chat se lèche. Il faut lui soigner non la peau, mais le psychisme. Bref, quand on dit «bien dans
sa peau, bien dans sa tête» (2), c'est vraiment le portrait craché du chat...
Recueilli par Germaine AZIZ (1) Voir Libé du 1er novembre 1994.
(2) Titre d'un livre du Dr Pomey-Rey, paru aux éditions du Centurion (1989).
AZIZ Germaine
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