Parasites gastro-intestinaux des moutons et risques d`infestation

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Parasites gastro-intestinaux des moutons et risques d`infestation
ARTICLE ORIGINAL
Parasites gastro-intestinaux des moutons et
risques d'infestation parasitaire des pâturages
en saison pluvieuse dans la région centrale
du Burkina Faso
° A.M.G. BELEM, °° Z.L. NIKIEMA, °°° L. SAWADOGO et °°°° Ph. DORCHIES*
° Université de Bobo-Dioulasso, IDR, 01 B.P. 3770 Ouagadougou 01, Burkina Faso
°° Institut de l’Environnement et de Recherches Agricoles (INERA), DPA, 01 B.P. 7192 Ouagadougou 01, Burkina Faso
°°° Université de Ouagadougou, FAST, 03 B.P. 7021 Ouagadougou 03, Burkina Faso
°°°° École Nationale Vétérinaire, 23, chemin des Capelles F-31076 Toulouse
* Auteur correspondant.
RÉSUMÉ
SUMMARY
Une étude menée simultanément dans les villages de Balkoui et de
Zagtouli, tous deux situés dans la région centrale du Burkina Faso, en région
climatique nord-soudanienne, a permis d'identifier les parasites du tractus
digestif de moutons, d'en évaluer les prévalences, les degrés d'infestation et
les risques d'infestation parasitaire des pâturages au cours de la saison pluvieuse. Des animaux traceurs et sentinelles (n = 24) ont été associés à des
animaux de ferme (n = 100) au pâturage et des coproscopies, des coprocultures et autopsies parasitaires ont été réalisées. Tous les animaux examinés
étaient infestés par l’un ou l’autre des parasites suivants : Haemonchus
contortus (95 %), larves du quatrième stade de développement ou L4
(89 %), Cooperia sp. (74 %), Trichostrongylus sp. (63 %), Moniezia sp. (47 %),
coccidies (36,9 %), Bunostomum trigonocephalum (26 %), Oesophagostomum sp. (16 %), Strongyloides sp. (14,1 %), trichures (1,1 %) et paramphistome (0,7 %). Les degrés moyens d'infestation parasitaire étaient de
1400 à 15180 parasites par animal. En général les prévalences étaient plus
importantes en août alors que les degrés d'infestation l’étaient en septembre
et octobre. Les charges parasitaires des pâturages élevées de 1677 à 3083
larves infestantes du troisième âge par kilogramme de matière sèche attestent de l'existence d'un risque d'infestation parasitaire important au cours de
toute la saison pluvieuse.
Sheep gastro-intestinal parasites and risk of parasite infection from
pasture during the rainy season in the central area of Burkina Faso.
By A.M.G. BELEM, Z.L. NIKIEMA, L. SAWADOGO and Ph.
DORCHIES.
A study carried on from two villages in the central area of Burkina Faso
allowed to identify sheep gastro-intestinal parasites, to estimate their prevalences and numbers, and to evaluate the risk of nematode infection from pasture during the rainy season. Tracer (n = 24) along with farm (n = 100) animals were grazed on the same pastures. Coproscopies, coprocultures, as
well as necropsies were performed. It turned out that all sheep examined
were infected with at least one type of parasite. Combining the results of
several laboratory techniques, it was possible to evaluate for the rainy season the following parasite prevalences : Haemonchus contortus (95 %),
fourth stage larvae or L4 (89 %), Cooperia sp. (74 %), Trichostrongylus sp.
(63 %), Moniezia sp. (47 %), coccidia (36,9 %), Bunostomum trigonocephalum (26 %), Oesophagostomum sp. (16 %), Strongyloides sp. (14,1 %),
trichures (1,1 %) and paramphistome (0,7 %). Mean parasite burdens on
individual sheep of the area ranged from 1400 to 15180. While parasites prevalences were more important in august, burdens peaked in september and
october. Over 1677 nematode infesting larvae per kg of grass dry matter
were numerated for the area, confirming a high risk of sheep contamination
during the rainy season.
MOTS-CLÉS : helminthes – coccidies – Burkina Faso –
épidémiologie – mouton.
KEY-WORDS : helminths – coccidia – Burkina Faso – epidemiology – sheep.
Introduction
fait ressortir clairement la nécessité d'améliorer la productivité.
Le Burkina Faso, comme d'autres pays sahéliens, a de
grandes potentialités en matière de production animale. Plus
de 90 % de la population burkinabè vit d'agriculture et d'élevage et dans l'économie nationale, les petits ruminants viennent en seconde position après les bovins. Au niveau des
familles, ils jouent un rôle alimentaire, monétaire et social de
premier ordre. Cependant, depuis une vingtaine d'années, des
périodes de sécheresse accompagnées d'un accroissement de
la population et d'un rétrécissement des aires de pâture ont
contribué à réduire l'essor de l'élevage [2]. Ces problèmes ont
Revue Méd. Vét., 2000, 151, 5, 437-442
Les infestations parasitaires du tractus digestif des petits
ruminants peuveut être à l'origine de pertes économiques
importantes [17, 12, 22] et jusqu’à présent il n’y a eu que peu
de recherches dans ce domaine au Burkina Faso. Il est
reconnu que la saison pluvieuse, favorable au développement
des larves infestantes sur les pâturages, constitue la période
d'explosion parasitaire particulièrement chez les ruminants
[19, 7]
438
BELEM (A.M.G.) ET COLLABORATEURS
Avant d'étudier les effets pathologiques spécifiques des
parasites gastro-intestinaux sur la productivité des petits
ruminants, il convient de disposer de données épizootiologiques sur la nature et les nombres de ces parasites. C’est
l’objet de cette étude qui visait d'une part à identifier et évaluer les charges parasitaires digestives des moutons au cours
de la saison pluvieuse, et d'autre part à mesurer le risque d'infestation des pâturages de la région centrale du Burkina Faso.
Matériels et méthodes
A) LIEU ET ANIMAUX D'ÉTUDE
Cette étude a été conduite à Balkoui et à Zagtouli, villages
péri-urbains de la capitale Ouagadougou, en région centrale
du pays, dans la zone éco-climatique nord-soudanienne avec
une pluviométrie moyenne annuelle de 600 à 800 mm au
cours de la saison pluvieuse de juin en septembre.
Dans chacun des villages, 50 moutons de ferme de race
Mossi des deux sexes, âgés de 3 mois à 9 ans ont été choisis
au hasard et identifiés. De plus, une fois par mois, d'août à
octobre 1996, 3 moutons traceurs ont été placés avec les animaux de ferme pendant un mois au paturâge et trois autres
moutons sentinelles ont été maintenus sur chaque site pendant les 3 mois. Les moutons sentinelles et traceurs, achetés
tous dans des élevages situés dans la région centrale du pays,
étaient des mâles de race Mossi, âgés de 3 à 4 mois. Avant
d'être placés dans les fermes d'élevage ils ont séjourné en station pour une période de 1 mois au cours de laquelle ils ont
été vaccinés contre la pasteurellose (PastovinND Laboratoire
Central Vétérinaire, Bamako, Mali), et traités contre les coccidies et les helminthes à l'aide respectivement de sulfadimidine et diaveridine (DarvisulND Pitman-Moore, Meaux,
France) et de fenbendazole (PanacurND Distrivet, Paris,
France). Le traitement au fenbendazole a été réalisé deux fois
à 3 semaines d'intervalle, la seconde administration a eu lieu
une semaine avant la mise au pâturage.
B) EXAMENS PARASITOLOGIQUES
1) Examens coprologiques
Tous les 15 jours, de juillet en octobre 1996 pour les animaux de ferme et d'août en octobre 1996 pour les traceurs et
sentinelles, des prélèvements de matières fécales ont été réalisés. La méthode de sédimentation à l'eau a été appliquée sur
3 grammes de selles pour la recherche des œufs lourds de trématodes [6]. Les œufs de nématodes, cestodes et les ookystes
de coccidies ont été recherchés et identifiés par une flottaison
avec la solution saturée de chlorure de sodium (technique
modifiée de Mc Master, [1]). Seuls les œufs de nématodes
ont été dénombrés.
Pour la coproculture, la totalité des matières fécales restant
après les coproscopies ont été mélangées avec de la sciure de
bois et maintenues humides dans un récipient à l'abri des
mouches et à la température ambiante du laboratoire (25 à
30°C) 14 jours. Les larves infestantes ont été récoltées par la
technique de Baerman [1]. Cent larves ont été identifiées
pour chaque échantillon.
2) Autopsies parasitaires
Les moutons traceurs mis au pâturage pour un mois, en
août, septembre ou octobre et les sentinelles pour 3 mois,
d'août à octobre, ont été sacrifiés à la fin de leur séjour à la
ferme pour la recherche des parasites du tractus digestif.
Après sacrifice de l'animal, les différentes parties du tube
digestif ont été rapidement isolées par des doubles ligatures
et sections selon la technique utilisée par BELEM et al [4].
Le rumen, le réseau et le feuillet ont été gardés ensemble. Le
contenu de chaque portion a été soigneusement récupéré
après plusieurs lavages à l'eau du robinet et un échantillon de
10 % a été prélevé et conservé dans du formol commercial à
une concentration de 10 %. Pour la récolte des parasites, un
quart de cet échantillon soit 2,5 % du volume initial a été utilisé. Toujours selon les techniques utilisées par BELEM et al.
[4] une digestion de la muqueuse de la caillette a été réalisée
à l'eau pendant 18 à 20 heures, suivie de la récolte d'un aliquote de 10 % dans lequel tous les parasites ont été prélevés
et dénombrés sauf les cestodes.
c) Détermination des infestations parasitaires des pâturages
Des surfaces d'environ 600 m2 ont été arbitrairement délimitées sur les aires de pâture à Balkoui et Zagtouli pour la
recherche des L3 de nématodes et les prélèvements d'herbe
ont été réalisés tous les 15 jours, de juillet à octobre 1996.
Chaque site d'étude a été parcouru en dessinant deux transectes en W [1]. Les échantillons d'herbe ont été pesés et soigneusement lavés à l'eau du robinet avec une petite quantité
de détergent [3] pour la récupération des larves infestantes.
Ensuite, les herbes ont été séchées à l'étuve à 85°C pendant
48 heures et leur poids sec a été déterminé. Les eaux de
lavage ont été récoltées, tamisées à 200 µm puis 38 µm. Le
contenu du tamis de 38 µm a été rincé avec de l’eau et formolé à 10 %. Par la suite, des échantillons de 0,5 % ont été
utilisés pour la récolte et l'identification des L3 de nématodes
présentes.
Résultats
A) RÉSULTATS DES EXAMENS COPROLOGIQUES
Tous les animaux examinés étaient polyparasités. Chez les
moutons de ferme (Tableau I), les œufs observés appartenaient aux 3 classes d'helminthes. Les nématodes étaient
représentés par des strongles, des Strongyloides sp. et des trichures. Les trématodes étaient du type paramphistome probablement Cotylophoron sp.. Des œufs de cestodes appartenant
au genre Moniezia sp. ont été trouvés ainsi que des ookystes
de coccidies (Eimeria sp.). Les prévalences moyennes pour
les deux villages (Tableau I) ont été par ordre décroissant de
83,1 % pour les strongles, 36,9 % pour les coccidies, 14,1 %
pour les Srongyloides, 7,5 % pour les cestodes, 1,1 % pour les
trichures et 0,7 % pour les paramphistomes.
Les examens coprologiques des traceurs et sentinelles ont
révélé une faune moins variée : œufs de strongles, de
Strongyloides, de cestodes et ookystes de coccidies.
Pour les 3 sentinelles maintenues sur les pâturages au cours
de toute la saison pluvieuse, les prévalences ont été de 100 %
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PARASITES GASTRO-INTESTINAUX DES MOUTONS DANS LA RÉGION CENTRALE DU BURKINA FASO
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ab Les prévalences pour chaque type de parasite correspondant à chacun des 2 villages sont statistiquement différentes ou non suivant qu’elles ont respectivement
une lettre différente ou non (par le test de Chi-carré) au risque de 5 %
TABLEAU I. — Prévalences et degrés moyens (± Ecart-types) d’infestation parasitaire (en OPG) des animaux de ferme basés sur les examens coprologiques.
pour les strongles et les coccidies, 75 % pour les cestodes et
66 % pour les Strongyloides.
Les prévalences mensuelles ont montré pour la plupart des
parasites un pic au mois d'août pour les animaux de ferme
comme pour les sentinelles. On note aussi d'une manière globale qu'à Balkoui les prévalences étaient plus élevées qu’à
Zagtouli sauf pour les coccidies.
Les degrés moyens d'infestation (Tableau I) ont été de
871 œufs de strongles par gramme de matières fécales,
695 pour les Strongyloides et 157 pour les trichures avec des
extrêmes variant de 50 à 14067 pour les strongles et 50 à
7750 pour les Strongyloides. Chez les moutons sentinelles,
les degrés moyens d'infestation ont été respectivement pour
les strongles et les Strongyloides, seuls nématodes retrouvés,
de 2229 et 225 OPG après le séjour d'août à octobre sur le
pâturage. Les coproscopies pour les strongles et les
Strongyloides étaient maximales en septembre pour les animaux de ferme (avec des OPG respectivement de 1561 et
292) comme pour les animaux sentinelles (avec des OPG respectivement de 5844 et 125). Les coprocultures ont révélé la
présence d’Haemonchus sp., Trichostrongylus sp. et Cooperia sp. à chaque mois de la période d'étude ; Bunostomum
sp. en août et septembre; et enfin Oesophagostomum sp. au
seul mois de septembre.
B) RÉSULTATS DES AUTOPSIES DES TRACEURS ET
SENTINELLES
Ils sont présentés au Tableau II. Aucun parasite n'a été
retrouvé dans les réseaux, rumens et feuillets. Dans la
caillette, ont été identifiés : Haemonchus contortus, TrichoRevue Méd. Vét., 2000, 151, 5, 437-442
strongylus axei et des larves du 4ème stade de développement
(L4), dans l'intestin grêle Trichostrongylus colubriformis,
Cooperia sp., Bunostomum trigonocephalum et Moniezia sp.
Un seul genre a été retrouvé dans le gros intestin : Oesophagostomum sp. Tous les animaux traceurs et sentinelles introduits sur les pâturages ont présenté une association parasitaire dont la récapitulation des charges moyennes figure au
tableau III.
Que la durée du séjour au pâturage ait été de un ou de trois
mois, il n’y a que peu de différences entre les populations
globales aussi bien pour les L4 en muqueuse que pour
H. contortus. Les différences apparaissent pour T. axei et
T. colubriformis et à un moindre degré pour Cooperia sp.
Chez les animaux traceurs introduits mensuellement,
H. contortus était dominant représentant 41,1 % du total avec
des populations moyennes de 700, 7290 et 230 parasites par
animal en août, septembre et octobre. Les autres nématodes
se répartissaient comme suit : L4 (27,1 % du total avec respectivement 220, 2460 et 2727 larves selon les mois),
Cooperia sp (440, 1410 et 333 parasites), Trichostrongylus
sp (40, 3820 et 233 parasites), B. trigonocephalum (60, 280 et
0 parasites) et d’Oesophagostomum sp (40, 40 et 0 parasites).
Les deux derniers genres n'ont été retrouvés qu'en août et
septembre.
Chez les sentinelles qui ont séjourné 3 mois au pâturage
d'août en octobre les Trichostrongylus axei avec 6100 vers
par animal étaient les plus nombreux représentant 47,4 % du
total, suivis d'Haemonchus contortus (3150 vers, 25,3 % du
total), des L4 (2887 soit 23,2 %), et de Cooperia sp. (380).
Bunostomum trigonocephalum et Oesophagostomum sp. ont
été observés aux mêmes degrés moyens d'infestation de
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BELEM (A.M.G.) ET COLLABORATEURS
*L4
: Larves du quatrième stade de développement ; * = T. axei ;
** = T. colubriformis
TABLEAU II. — Nombres moyens et prévalences globales de larves et adultes de parasites par site anatomique du tractus digestif des animaux sentinelles.
TABLEAU III. — Récapitulation des charges parasitaires chez les moutons traceurs et sentinelles (populations moyennes et % du total).
20 par animal. Pour l'ensemble des sentinelles, les degrés
moyens d'infestation les plus élevés ont été observés pour H.
contortus au mois de septembre. Comparativement aux
populations d'adultes, les L4 ont en général progressivement
augmenté d'août (15 %) à octobre (77 %) où elles étaient
même plus nombreuses que les adultes.
C) RÉSULTATS DES INFESTATIONS PARASITAIRES
DU PÂTURAGE
La plupart des L3 n'ont pas pu être identifiées (Tableau IV).
Les populations moyennes de L3 par kg de matières sèches
(MS) d'herbe ont progressivement augmenté au cours de la
période d’étude : Juillet (600 L3), août (1275 L3), septembre
(6400 L3) et octobre (7400 L3). A l'exception du mois de
juillet, ces quantités ont toujours été plus importantes à
Zagtouli où elles ont progressivement augmenté de juillet en
octobre, à Balkoui elles étaient plus nombreuses au début de
la période d'étude (juillet et août).
TABLEAU IV. — Quantités de larves infestantes L3 par kg de matière sèche
(MS) de fourrage.
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PARASITES GASTRO-INTESTINAUX DES MOUTONS DANS LA RÉGION CENTRALE DU BURKINA FASO
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Discussion
permettent de conclure que les animaux s'infestent d'une
manière similaire tout au long de la saison pluvieuse
Cette étude a permis d'identifier les différents parasites présents du tractus digestif des moutons en région centrale du
Burkina Faso, d'évaluer leurs prévalences et les degrés
moyens d'infestation. Les examens coprologiques ont révélé
des strongles, strongyloides, moniezia, coccidies, trichures,
et paramphistomes. Les animaux sentinelles et traceurs n’ont
pas contracté de trichures et de paramphistomes. Les coprocultures ont montré que les strongles étaient représentés par
ordre d'importance décroissante par Haemonchus contortus,
Trichostrongylus sp et Cooperia sp du mois de juillet au mois
d'octobre. En août et septembre, existent aussi des Bunostomum trigonocephalum à un niveau d'importance proche de
celle des Trichostrongylus sp., et en septembre quelques
Oesophagostomum sp. Les autopsies ont permis de confirmer
la nature des strongles présents : dans la caillette Haemonchus contortus , Trichostrongylus axei et des L4 ; dans l'intestin grêle Trichostrongylus colubriformis, et Cooperia sp.,
Bunostomum trigonocephalum et Moniezia sp. Un seul genre
est présent dans le gros intestin : Oesophagostomum sp. Les
parasites retrouvés dans cette étude ont été déjà signalés sur
les ruminants d'autres pays de l'Afrique de l'Ouest [17, 18,
19, 10, 11, 5, 7].
L'importance de la circulation des helminthes parmi les
animaux au pâturage en Afrique doit être soulignée comme
l'ont montré JACQUIET et col [9]. L'identification précise
des Hæmonchus spp devrait être systématiquement faite par
morphométrie ce qui n'a pu être réalisé dans ce travail. Cela
permettrait de distinguer les espèces propres aux petits ruminants, aux bovins ou aux camélins. Les parasites peuvent survivre comme adultes ou larves en hypobiose chez leur hôte
spécifique (H. contortus du mouton, H. placei du bétail et H.
longistipes du dromadaire) mais aussi chez des hôtes non
spécifiques (H. longistipes chez la chèvre, H. placei chez le
mouton etc.) Ces développements permettraient de mieux
cerner les risques d'infestation par l'identification des stratégies de survie des nématodes les plus fréquents et les plus
dangereux en Afrique.
La répartition des différents parasites des animaux traceurs, sentinelles et de ferme au cours de la période d'étude
permet de retenir par ordre d'importance décroissante les prévalences parasitaires suivantes pour la saison pluvieuse :
Haemonchus sp. (95 %), L4 (89 %), Cooperia sp. (74 %),
Trichostrongylus sp. (63 %), Moniezia sp. (47 %), coccidies
(36,9 %), Bunostomum sp. (26%), Oesophagostomum sp.
(16 %), Strongyloides sp. (14,1 %), et paramphistome
(0,7 %). Au niveau mensuel, les prévalences sont les plus élevées en août pour l'ensemble des parasites sauf pour les cestodes qui sont plus fréquemment retrouvés en septembre. A
l'exception des coccidies, les prévalences des parasites sur les
animaux de ferme sont significativement plus importantes à
Balkoui qu'à Zagtouli (par le test de comparaison statistique
de Chi-carré). En attendant des investigations plus poussées
pour l'expliquer, il faut noter des causes possibles liées à l'hydrographie et la topographie des aires de pâturage de chacun
des 2 villages.
La comparaison des coproscopies et les charges parasitaires chez les animaux sentinelles révèle une faible prolificité particulièrement pour les strongles. Les populations de
L4 des traceurs sont relativement faibles sauf pour ceux
introduits au mois d'octobre où le pourcentage global est de
77 %. Il serait souhaitable de poursuivre ces études en couvrant des périodes minimales d'une année pour mieux cerner
le rôle que peuvent jouer les L4 dans la stratégie de survie des
nématodes. Les degrés moyens d'infestation dans la région
centrale du Burkina sont élevés : 1400 à 25000 parasites
selon la période d'étude. Le maximum est observé au mois de
septembre. Si les prévalences des strongles sont plus fortes
dans le village de Balkoui, ce sont les degrés moyens d'infestation par contre qui sont les plus élevés à Zagtouli. Les
charges parasitaires des pâturages de 2864 L3/kg de MS en
juillet, 1677 en août, 1841 en septembre et 3083 en octobre,
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Conclusion
Dans le contexte des élevages d'animaux domestiques au
Burkina Faso où ces derniers subissent d'importants déplacements et des échanges fréquents de propriétaires, il s'avère
judicieux de combiner différents types d'examens et d'introduire l'utilisation d'animaux traceurs et sentinelles pour une
étude précise et complète de la faune parasitaire des animaux
et de leurs pâturages [21]. Eu égard aux degrés moyens d'infestation et aux prévalences élevés des parasites retrouvés sur
les moutons de la région centrale du Burkina, il serait souhaitable de réaliser des traitements particulièrement contre les
strongles, les cestodes et les coccidies. Ils pourraient se faire
comme préconisé par SOULSBY [15] à la fin de la saison
sèche pour réduire au maximum l'épandage d’œufs de parasites sur les pâturages, et à la fin de la saison pluvieuse pour
éliminer du tube digestif des animaux le maximum de parasites consommés avec l'herbe aux pâturages. Il faudra cependant être attentif aux relations strongles-coccidies comme
l'avait montré GRETILLAT [8]) qui avait observé l'extension
de la coccidiose après traitement des strongyloses des ruminants.
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