Loup blanc Pierre-Luc Granjon, 2006
Transcription
Loup blanc Pierre-Luc Granjon, 2006
Loup blanc Pierre-Luc Granjon, 2006 Sources : - Les enfants de cinéma : http://www.enfants-de-cinema.com/ - Site image : http://site-image.eu/ http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/IMG/pdf/06_Leloupblanc_fiche.pdf Blog de Pierre-Luc Granjon http://pierrelucgranjon.blogspot.fr/ Synopsis Le Loup blanc raconte l'histoire d'un petit garçon qui apprivoise un loup. Mais les parents de l'enfant le capturent et le décapitent à l'aide d'une hache. Le garçon et son frère s'enfoncent dans la forêt pour enterrer la tête de l'animal sous le regard d'une horde de loups. Note d'intention Analyse : un conte aux allures de cauchemar Le loup est un personnage central de l’univers du conte, du Petit chaperon rouge à Pierre et le loup... Avec Le Loup blanc c’est dans un univers bien étrange que le réalisateur, concepteur et dessinateur Pierre-Luc Granjon emmène le spectateur. Toutes ses images paraissent recouvertes d’un voile sombre : même le lapin blanc est ici gris. La mise en couleurs des décors consiste en une série d’aplats crayonnés. Cette technique du crayon de couleur – à la différence de la gouache ou de l’aquarelle - suscite l’impression d’être face à une matière rêche, chargée. Le corps et les visages des personnages sont dépeints à travers des expressions et des traits à la fois très simplifiés - comme taillés avec des allumettes - et très austères puisque les visages sont déformés et la carnation des protagonistes particulièrement diaphane. Seuls les yeux brillent comme de petits diamants. Les décors extérieurs suggèrent que l’action se déroule dans un hameau situé au milieu de deux collines très pentues. Il s’agit d’une campagne idyllique, riche et généreuse, un décor de conte de fée. Or du village et de ses habitants, nous ne verrons rien. La maison s’avère isolée, adossée à une forêt sombre, parsemée d’arbres immenses aux troncs serpentins. Pierre-Luc Granjon nous plonge dans un conte aux allures de cauchemar. La tonalité dramatique suggérée par cet univers graphique est néanmoins contrebalancée par la musique du film. Au début, une valse jazzy nous introduit non pas dans un drame mais dans une tranche de vie, bucolique et bon enfant. Avec l’entrée en scène du violon commence une symphonie mélodique autour du jeu des deux frères : le violon et le piano épousant le même phrasé rythmique et jouant ensemble comme des enfants, comme des frères. La musique dont on entend les premières notes dès le générique apporte ici un supplément d’âme ; c’est elle qui comme une voix-off va guider le spectateur dans ses émotions. Élisa Lepage, CPD arts visuels, École et cinéma, 2013-14 1 Motif : l’inversion Le film s’ouvre sur quatre personnages. Les deux frères, le père et la mère forment une famille heureuse. Pourtant tout au long du film, on va s’apercevoir qu’il existe deux mondes imperméables. La rencontre du loup déclenche un enfantillage : les enfants vont garder leur aventure secrète. Les deux frères se comprennent, s’associent, se protègent contre les parents et imaginent des expressions / des codes qui leur sont propres. Leur rencontre avec le loup les confronte à un animal trois fois plus gros qu’eux, une bête décrite comme dangereuse et assoiffée de sang dans la plupart des contes pour enfants. Le réalisateur joue avec les connotations traditionnelles du conte de fée pour mieux en apprivoiser les codes. Élisa Lepage, CPD arts visuels, École et cinéma, 2013-14 2 Pierre et le loup Suzie Templeton, 1996 Sources : - Les enfants de cinéma : http://www.enfants-de-cinema.com/ - Site image : http://site-image.eu/ Site officiel de Suzie Templeton http://www.suzietempleton.com/ Pour télécharger le livret vert : http://site-image.eu/index.php?page=film&id=431&partie=pointsDeVue Synopsis Pierre vit dans la campagne russe avec son grand-père. Esseulé, le jeune garçon cherche des compagnons de jeu, il se laisse entraîner par un canard et part s'amuser sur le lac gelé où il rencontre un oiseau et un chat. Le grand-père rattrape Pierre et le sermonne, il redoute que le garçon rencontre le loup et décide de l'enfermer dans sa chambre. Mais Pierre parvient à s'échapper. Il finit par rencontrer le loup, et contre toute attente réussit à l'apprivoiser et à le capturer. Pierre et son grand-père livrent le loup aux chasseurs qui veulent le tuer. Pierre décide alors de le laisser s'échapper. Le film se termine par un regard intense entre le loup et le petit garçon, marque de respect et de gratitude. Note d'intention Nouvelle vision Le conte musical de Sergueï Prokofiev Pierre et le Loup se prête naturellement à l'adaptation cinématographique. En 1946, Disney en avait produit une, d'autres ont été réalisées depuis, pour la télévision notamment. Celle de Suzie Templeton se distingue des précédentes par la noirceur de son atmosphère. Située dans la Russie contemporaine, dans un paysage de campagne désolé, aux abords d'un bourg sans qualité, il s'ouvre sous les auspices d'une grande dureté. Une séquence d'introduction, silencieuse, présente les personnages. Pierre, petit garçon solitaire, vit dans une maison en bois chez son grand-père, qui l'élève à la dure. Vêtu d'un vieil anorak orangé, seule note de couleur avec le bleu glacial de ses yeux dans un paysage enneigé dominé par les teintes grises et marron, il rêve de la forêt qui se déploie de l'autre côté de la cloison de bois, derrière la maison. Élisa Lepage, CPD arts visuels, École et cinéma, 2013-14 3 Alors que Pierre tente de faire sauter le cadenas accroché à la porte, son grand-père arrive, l'air menaçant, l'agrippe rudement par l'épaule et l'expédie en ville faire des courses. Accablé par le poids de sa triste existence, Pierre s'exécute et se retrouve dans un environnement guère plus accueillant. Dans une architecture massive et froide héritée de la période soviétique, un forain aux airs de Raspoutine le toise durement, avant de lui offrir un ballon bleu. Deux chasseurs désœuvrés l'entraînent dans une impasse, le rudoient, avant de le jeter dans une poubelle, en le menaçant du bout de leur fusil. De retour à la maison avec ses amis le canard et l'oiseau, Pierre parvient à faire céder la porte. Lumière merveilleuse et lancement de la musique, les violons de Pierre, le passage vers le monde du rêve est mis en scène de manière simple et limpide. Le loup va arriver, le grand-père ensuite, avec son vieux chat, pour les sauver, et ils rentreront tous en ville en vue d'y vendre le dangereux animal. Mots clé Animation, animal, loup, mélancolie, marionnettes, musique, parents/grand-père, peur Élisa Lepage, CPD arts visuels, École et cinéma, 2013-14 4 Le petit fugitif Morris Engel, 1953 Sources : - Les enfants de cinéma : http://www.enfants-de-cinema.com/ - Site image : http://site-image.eu/ Pour télécharger le livret vert : http://site-image.eu/index.php?page=film&id=386 Résumé À Brooklyn, Joey Norton, 7 ans, pâtit des brimades de Lennie, son grand frère (12 ans). La lecture de cartoons excite l'imagination de Harry et Charley, copains de Lennie, pour le faire disparaître. Le trottoir, la chaussée, les zones indéterminées composent leur cadre de vie. C'est l'été, le temps des vacances, Lennie doit chaperonner Joey. Quel fardeau ! Leur mère se rend au chevet de leur grandmère. Elle confie à l'aîné la garde du cadet. Corvée qui contrarie son projet de fêter son anniversaire à Coney Island avec ses comparses. Le lendemain, les deux frères retrouvent Harry et Charley sur un terrain vague. Harry tient la carabine de son père. Il assiste Joey pour mettre en joue son frère et tirer sur lui à "balles réelles". Lennie s'écroule théâtralement, comme doit mourir un gangster romantique. Harry promet au criminel la chaise électrique. Joey n'a pas le choix. Première planque : un cagibi, chez lui. Le téléphone sonne. Joey sort de sa retraite, prend des dollars glissés sous l'appareil, laissés par la mère, et, armé de deux colts, tel un homme à abattre dans un film R.K.O, s'enfuit en franchissant la fenêtre guillotine qui donne sur un passage. La gare, un flic !, filer dans son dos, une rame, sauvé ! Coney Island au bout de sa fugue. Vertige de sa foule. Tournis de ses attractions. La nuit arrive, Joey hors-la-loi dort à la belle étoile. Un manège de poneys satisfait sa passion des chevaux. Son propriétaire s'alarme de revoir son lonesome fugitive. Il veut l'engager, son nom, son adresse ? L'annuaire, une cabine, Lennie décroche, accourt, plus là, décollé ! Pas de temps à perdre, en vain ! 15h, messages écrits à la craie, sait-on jamais. 15h45, du Parachute, Lennie le repère avec un ballon… qui s'envole. 17h15, toujours rien. Un orage vide la plage. Joey s'avance sur le sable en quête de bouteilles vides. Lennie le voit, l'appelle, s'élance, il n'est pas mort, c'était une blague. 18h, la maison, réussi !, à l'heure pour le feuilleton à la télévision. Le suspens-time continue. Sécher Joey, le changer avant le retour de la mère. Ils regardent trop la télévison, elle va les emmener à Coney Island dimanche. Synopsis Un quartier populaire de Brooklyn, dans les années 50. La mère confie à Lennie la garde de son petit frère, Joey, car elle doit se rendre au chevet de leur grand-mère. Agacé de devoir veiller sur son petit frère alors qu'il avait prévu de passer le week-end avec ses copains dans un parc d'attractions à Coney Island, Lennie fait une farce de mauvais goût à Joey. Persuadé d'avoir causé la mort de son grand frère, le petit garçon s'enfuit à Coney Island, immense plage new-yorkaise dédiée aux manèges et à l'amusement. Il va passer une journée et une nuit d'errance au milieu de la foule et des attractions foraines. Élisa Lepage, CPD arts visuels, École et cinéma, 2013-14 5 Note d'intention Le Petit Fugitif est un film important dans l’histoire du cinéma indépendant, il a été réalisé dans des conditions économiques très modestes en faisant appel à des comédiens non professionnels et à une équipe technique réduite. Les historiens et les critiques de cinéma pensent que la Nouvelle vague française n’aurait pas eu lieu si ce film n’avait pas existé ! Et Alain Bergala le qualifiera même de « chaînon manquant du cinéma moderne », entre le néoréalisme italien et la Nouvelle Vague française. Ce film, très populaire aux États-Unis - son équivalent français pourrait être Les 400 coups de François Truffaut - est une immersion très réaliste dans un quartier de New-York qui se situe au bord de la mer : Coney Island. En suivant les déambulations du jeune Joey, au milieu des manèges d'une immense fête foraine, le spectateur découvre une véritable tranche de vie de l’américain moyen des années 50. Le Petit Fugitif est un film d’aventures très atypique où le principe d’identification joue à fond ! Un petit bijou de cinéma réaliste qui ne manquera pas d’émouvoir les plus jeunes spectateurs ! Mots clé Cadet/aîné, cinéma indépendant, Coney Island, fugue, mensonge Élisa Lepage, CPD arts visuels, École et cinéma, 2013-14 6 Un animal, des animaux Nicolas Philibert, 1994 Sources : - Les enfants de cinéma : http://www.enfants-de-cinema.com/ - Site image : http://site-image.eu/ Site officiel de Nicolas Philibert http://www.nicolasphilibert.fr/ Pour télécharger le livret vert : http://site-image.eu/index.php?page=film&id=76 Synopsis Au début du film, un carton situe l'action : « Ce film a été tourné à Paris entre 1991 et 1994, au cours des travaux de rénovation de la Galerie de Zoologie du Muséum d'Histoire naturelle. Créée à la fin du XIX° siècle, celle-ci était fermée depuis 1965». En fait, sur un plan narratif, il est difficile de parler d'autres « actions » que de celles qui préludent à la réouverture de la Grande galerie de Zoologie à son public. Un animal, des animaux commence avec un camion qui traverse la campagne et transporte des animaux naturalisés debout sur la plateforme arrière ; il se termine avec des plans du bâtiment enfin prêt et une série de gros plans d'animaux qui nous regardent, nous spectateurs qui sommes leur hors champ. Ils nous attendent. Entre temps, en s'appuyant sur quelques personnages principaux (en particulier, un taxidermiste et la Conservatrice en chef), le film nous aura fait suivre les diverses opérations qui auront été nécessaires avant la réouverture de la Galerie : les travaux du bâtiment lui-même qui vont du creusement de fondations jusqu'au ponçage des parquets, et ceux qui assurent la remise en état des animaux naturalisés, de l'époussetage et du rempaillage jusqu'à leur désempaquetage en passant par toutes les étapes de la mise en espace par la scénographie, jusqu'aux dernières finitions et à l'attente suspendue de l'ouverture. Note d'intention En 1991, la Galerie de Zoologie du Muséum d'Histoire Naturelle renaît de ses cendres. Grâce aux travaux de rénovation, les lieux et leurs étranges occupants (dinosaures, baleines, papillons, singes, etc.) recouvrent la vie, après un sommeil de plusieurs décennies. Nicolas Philibert, présent sur le chantier dès le début, suit les opérations jusqu'à leur terme. Tel un visiteur privilégié partageant l'intimité du musée, il accompagne du regard la gestation de la galerie, et témoigne à sa manière d'un petit théâtre où se côtoient différentes espèces. En effet, le cinéaste regarde les hommes et les machines chargés de la restauration comme autant de variétés différentes d'animaux travailleurs. A chacun sa fonction : taxidermiste, architecte, éclairagiste, scénographe… De l'autre côté, du haut d'une vie figée dans l'éternité, les animaux empaillés contemplent le mouvement incessant de leurs Élisa Lepage, CPD arts visuels, École et cinéma, 2013-14 7 baby-sitters humains. Isolés dans de superbes gros plans dignes de ceux jadis réservés aux stars hollywoodiennes, ils interrogent d'un regard-caméra la futilité de l'activité humaine avec une sorte de condescendance souveraine. Nicolas Philibert a en fait réalisé un rêve d'enfant : sauver l'être par l'apparence, transformer cet immense cimetière en un féerique studio de cinéma où l'illusion est conforme à ce que souhaitait le critique et théoricien André Bazin : " croire à la réalité des événements tout en les sachant truqués. " Mots clé animaux, film documentaire, musée, plans fixes Élisa Lepage, CPD arts visuels, École et cinéma, 2013-14 8