Les méthodes modernes d`élaboration et de mise en

Transcription

Les méthodes modernes d`élaboration et de mise en
Les méthodes modernes
d’élaboration et de mise en
œuvre de programmes de
sensibilisation des femmes
et des filles en matière
d’alphabétisation
Présenté par
Nicole MOSSO ABOUA
Publications de l’Organisation islamique pour l’Education, les Sciences et la Culture -ISESCO1435/2014
Dépôt légal : 2014 MO 3081
ISBN : 978-9981-26-604-9
Photocomposition, montage
et impression : ISESCO
Rabat - Royaume du Maroc
SOMMAIRE
Préface
Sigles et Abréviations
Introduction
7
9
11
PREMIERE PARTIE :
15
Qu’est-ce qu’un programme de sensibilisation des Femmes et des
Filles en matière d’alphabétisation
1. Approches définitionnelles
2. Caractéristiques essentielles d’un programme de sensibilisation
3. Facteurs de changement de comportement
15
17
22
25
DEUXIÈME PARTIE :
29
Processus d’élaboration et de mise en œuvre d’un programme de
sensibilisation pour les Femmes et les Filles
1. Analyse de la situation
2. Conception de la stratégie
3. Planification des activités
4. Mise en œuvre des activités
5. Suivi-évaluation des activités
29
31
36
50
52
52
TROISIÈME PARTIE :
57
Des stratégies et activités de sensibilisation des Femmes et des Filles
en matière d’alphabétisation
1. Stratégies et activités mass média
2. Stratégies et activités hors média
3. Stratégies et activités socio-traditionnelles
Conclusion
Bibliographie
57
59
64
71
73
79
5
Préface
L’étude sur les méthodes modernes d’élaboration et de mise en œuvre
de programmes de sensibilisation des femmes et des filles en matière
d’alphabétisation s’inscrit dans la politique de l’Organisation islamique pour
l’Education, les Sciences et la Culture (ISESCO), visant à assurer le droit à
l’éducation à toutes les forces vives de la société, hommes aussi bien que femmes,
conformément à un des principes islamiques qui fait de l’acquisition du savoir,
un devoir pour tous les musulmans.
En fait, sur le plan mondial en général et dans le monde islamique en particulier,
on constate une forte disparité entre hommes et femmes dans l’accès à
l’alphabétisation. Ainsi, depuis des décennies, les deux tiers des analphabètes du
monde sont des femmes.
Consciente de cette situation déplorable et tenant compte du rôle capital de
l’alphabétisation pour l’insertion socio-économique des femmes et des filles
dans leurs communautés, à travers cette étude, l’ISESCO consolide ses efforts,
afin d’assurer une meilleure intégration de la population féminine aux activités
d’alphabétisation et d’éducation non formelle. En fait, dans le domaine de
l’alphabétisation, la sensibilisation de cette population vise à favoriser sa plus
grande participation aux activités. A ce titre, divers moyens de communication
répondant à la multiplicité des besoins/demandes de formation, reflétant les réalités
socio-économiques et culturelles spécifiques des femmes et des filles devront être
soigneusement planifiés et mis en œuvre, en vue de leur mobilisation. Dans ce
cadre, la présente étude fait l’option de l’approche multimédia comme processus
interactif, prônant l’utilisation des moyens et techniques de communication
modernes prenant en compte la dimension genre, dans un processus participatif,
permettant aux femmes et aux filles d’acquérir de nouvelles connaissances,
attitudes et comportements favorables à la fréquentation régulière des centres
d’alphabétisation.
Réalisée à l’intention des personnes ressources et des promoteurs des
programmes et projets d’alphabétisation, après l’explication du concept de
sensibilisation en relation avec celui de la communication, l’étude présente de
façon circonstanciée le processus de planification, de mise en œuvre et de suiviévaluation d’un programme de sensibilisation au profit des femmes et des filles
en matière d’alphabétisation. Ainsi, au niveau de la planification, l’étude examine
les éléments relatifs à l’étude du milieu pour en dégager les caractéristiques
principales avant l’intervention, la conception de la stratégie de sensibilisation
7
en fonction du public cible primaire dont les changements d’opinions, d’attitudes
et de comportements sont recherchés et du public cible secondaire chargé de
conduire ces changements. L’étude examine aussi l’élaboration et la mise en œuvre
du plan relatif au programme de sensibilisation, à travers le choix des méthodes
et des supports appropriés, ainsi que le suivi-évaluation en tant qu’activité de
soutien et instrument de régulation des activités de communication.
En outre, l’étude présente différentes stratégies et activités de sensibilisation des
femmes et des filles en matière d’alphabétisation, à travers les voies médiatiques,
hors-média, ainsi que socio-traditionnelles, en vue d’obtenir des résultats
quantitatifs et qualitatifs appréciables.
En somme, pour insuffler de l’efficacité au système de sensibilisation, la présente
étude préconise une communication qui s’articule autour des besoins et intérêts de
la population féminine, tout en privilégiant les méthodes actives et participatives
plaçant les auditrices au centre de la communication. Dans ce sens, l’Organisation
nourrit des attentes pour des campagnes de sensibilisation efficaces et efficientes
en faveur de l’alphabétisation des femmes et des filles rurales et urbaines.
Puisse le Tout-Puissant nous accorder succès et nous guider sur le bon chemin.
Dr Abdulaziz Othman Altwaijri
Directeur général de
l’Organisation islamique pour l’Education,
les Sciences et la Culture
(ISESCO)
8
SIGLES ET ABRÉVIATIONS
ADEA
Association pour le Développement de l’Education en
Afrique
CAC
Changement d’Attitude et de Comportement
CCC
Communication pour le Changement de Comportement
CONFINTEA
Conférence internationale sur l’Education des Adultes
CME
Campagne Mondiale pour l’Education
CREAA
Conseil Régional pour l’Education en Afrique
Direction de la Lutte Contre l’Analphabétisme
Direction Nationale de l’Alphabétisation Fonctionnelle
et de la Linguistique Appliquée
Décennie des Nations Unies pour l’Alphabétisation
Éducation pour tous
Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et
l’Agriculture
Réseau des femmes africaines pour le développement
et de la communication
Organisation islamique pour l’Education, les
Sciences et la Culture
Indice de Développement Humain
Mutilations Génitales Féminines
Nouvelles Technologies de l’Information et de la
Communication
Organisation Non Gouvernementale
Objectifs du Millénaire pour le Développement
Programme des Nations Unies pour le Développement
Organisation des Nations Unies pour l’Education, la
Science et la Culture
République Démocratique du Congo
Radio France Internationale
Télévision
DLCA
DNAFLA
DNUA
EPT
FAO
FEMNET
ISESCO
IDH
MGF
NTIC
ONG
OMD
PNUD
UNESCO
RDC
RFI
TV
9
Introduction
L’éradication de l’analphabétisme dans le monde islamique fait partie des
objectifs prioritaires de l’Organisation islamique pour l’Education, les Sciences
et la Culture (ISESCO).
Elle se fonde sur le principe d’égalité de chance dans l’apprentissage entre les
hommes et les femmes consacré par l’islam. Le « Rapport transnational sur les
réalisations de l’ISESCO dans le domaine de l’alphabétisation dans les Etats
membres »1 en donne l’illustration à travers le Hadith qui souligne que « la quête
du savoir est une obligation pour tout musulman et toute musulmane ».
Ce même rapport, dans sa page introductive, affirme qu’en islam : « l’acquisition
du savoir est considérée comme un devoir religieux et moral qui incombe à tout
musulman et toute musulmane. Dans cette optique, le premier verset coranique
révélé (Sourate Al-Alaq) est un appel à l’alphabétisation. Il est ainsi libellé:
1.«Lis au nom de ton Seigneur qui a créé,
2. Qui a crée l’homme d’une adhérence.
3. Lis ! Ton Seigneur est le Très Noble,
4. Qui a enseigné par la plume (le calame)
5. A enseigné à l’homme ce qu’il ne savait pas.»
A cet égard, l’ISESCO, depuis sa création en 1982, a inscrit des programmes
d’alphabétisation dans chacun de ses Plans d’action.
En outre, s’inscrivant dans le cadre de l’équité et de la justice sociale et compte
tenu des nombreux avantages de l’alphabétisation, l’ISESCO en fait un des points
angulaires sur lequel sont axés les efforts de développement socio-économique
des Etats membres.
L’importance de l’alphabétisation est également soulignée dans plusieurs textes
au niveau des instances mondiales. A ce propos, la résolution des Nations Unies
proclamant la Décennie des Nations Unies pour l’Alphabétisation (DNUA)
stipule dans son préambule que « l’alphabétisation est d’une importance cruciale
pour l’acquisition par chaque enfant, jeune et adulte, des compétences de base
leur permettant de faire face aux problèmes qu’ils peuvent rencontrer dans la
vie. Elle représente une étape essentielle de l’éducation de base qui est un moyen
1) Rapport présenté au Kenya, Nairobi, 5-7 Novembre 2008. Renforcement de la coopération et de
l’échange sud-sud dans le cadre du LIFE et de la CONFINTEA VI.
11
indispensable de participation effective à l’économie et à la vie de la société au
XXIe siècle… »
Quant au « Rapport mondial de suivi sur l’éducation pour tous 2011 », il en
fait un rappel en ces termes : « L’alphabétisme ouvre la voie à des revenus plus
élevés, à une meilleure santé et à des chances plus grandes dans la vie. Elle donne
aux individus les moyens de participer activement à la vie de leur communauté et
de bâtir un avenir plus sûr pour leur famille.
Pour l’enfant, avoir des parents alphabètes confère d’énormes avantages en
termes d’accès à l’éducation et d’acquis d’apprentissage.
À l’inverse, l’analphabétisme enferme les individus dans le piège de la pauvreté
et d’une vie restreinte en chances, sans compter qu’il compromet la prospérité
nationale.»2
En ce qui concerne l’influence de l’alphabétisation sur le développement, l’Indice
de Développement Humain (IDH) révèle que le développement des pays reste
tributaire de la qualité de leurs ressources humaines. Plus elles sont bien informées
et formées, mieux elles participent au progrès social. Ainsi, aucun développement
humain durable ne peut se faire sans des ressources humaines de qualité.
Cependant, malgré les nombreux avantages que l’alphabétisation pourrait
procurer aussi bien aux individus qu’aux différents pays, les données relatives à
ce secteur montrent que beaucoup reste à faire.
En effet, dans le rapport mondial de suivi de l’EPT 2011, en 2008, il y avait un peu
moins de 796 millions d’adultes analphabètes, soit 17 % environ de la population
d’adultes mondiale dont près des deux tiers d’entre eux sont des femmes.
Ce même rapport révèle qu’au vu des chiffres mondiaux, les femmes ont beaucoup
moins de chances que les hommes d’être alphabètes, ce qui reflète les inégalités
passées et présentes en termes d’accès aux possibilités d’éducation.
Cette situation risque de s’aggraver avec la récession économique qui contribue
à la détérioration des conditions de vie des populations et pourrait entraver les
efforts visant à réaliser l’Education pour tous ainsi que les Objectifs du Millénaire
pour le Développement.
Pour changer ces donnes, le rapport mondial sur l’Education pour tous de 20103
recommande qu’« il faudra mettre bien plus fortement l’accent sur l’inégalité
2) Rapport mondial de suivi sur l’EPT 2011, La crise cachée : les conflits armés et l’éducation, p. 72.
3) Rapport mondial de suivi sur l’EPT 2010, atteindre les marginalisés, Chapitre 2 - Vers les six
objectifs de l’EPT : le point sur les progrès, p. 19.
12
et sur les groupes sociaux les plus marginalisés » et que « l’égalité entre les
sexes demeure un domaine prioritaire en raison de la persistance du désavantage
institutionnalisé des filles et des femmes.»
Aussi l’alphabétisation des femmes et des filles constituent-t-elle une priorité du
fait qu’elles font non seulement partie des groupes les plus défavorisés, mais
qu’en plus, leur éducation est d’une importance cruciale dans le traitement de la
question plus générale de l’inégalité de genre.
Cependant, plusieurs programmes de sensibilisation en matière d’alphabétisation ont
été entrepris à l’endroit de la population féminine, sans atteindre les résultats escomptés.
Les causes de l’échec de ces actions de sensibilisation sont entre autres :
• la non prise en compte de la spécificité des différentes populations cibles ;
• l’insuffisance des activités d’information, de sensibilisation et d’animation ;
• le mauvais ciblage des personnes sensibilisées;
• l’insuffisance ou l’absence d’appui technique et de formation en techniques
de communication, pourtant nécessaire aux structures locales existantes;
• la non implication effective des populations féminines aux différentes étapes
de la planification des activités de sensibilisation ;
• le développement de la communication à sens unique durant les actions de
sensibilisation ;
• la faible exploitation des mass média ;
• la rareté de documents de références spécifiques4 susceptibles d’aider les
personnes ressources intervenant dans le secteur de l’alphabétisation des
femmes et des filles à planifier leurs interventions en matière de sensibilisation.
Ainsi, pour corriger ces différents dysfonctionnements, ces lacunes, en vue
de donner un nouvel élan à l’alphabétisation et à l’éducation non formelle des
femmes et des filles, il s’avère nécessaire d’étudier: « Les méthodes modernes
d’élaboration et de mise en œuvre de programmes de sensibilisation des femmes
et des filles en matière d’alphabétisation ».
L’objectif de cette étude consiste donc à donner un référentiel aux personnes
ressources en alphabétisation, dans l’optique de renforcer leurs capacités de
mobilisation au service de l’alphabétisation et de l’éducation non formelle de la
population féminine.
4) De nombreux documents sur la communication pour le changement de comportement en matière
de santé et de nutrition sont largement diffusés et disponibles, contrairement à ceux concernant
le secteur de l’alphabétisation.
13
Dans une telle vision, comment peut-on mener à bien l’alphabétisation des
femmes et filles ? Mieux, comment élaborer les programmes de sensibilisation
pour que l’éducation de base des adultes touche le maximum de femmes et de
filles analphabètes ?
Pour répondre à ces préoccupations, l’étude s’articulera autour de trois grandes
parties.
La première propose une esquisse de définition des termes clés de l’analyse,
à savoir la notion communicationnelle autour de laquelle se développent le
programme de sensibilisation et les méthodes modernes applicables aux femmes
et aux filles en matière d’alphabétisation.
Le deuxième volet porte sur le processus de planification d’un programme de
sensibilisation des femmes et des filles en matière d’alphabétisation, s’appuyant
sur les méthodes modernes de communication.
Le troisième aspect de l’étude met en exergue des stratégies et des activités
de sensibilisation en vue d’obtenir des résultats quantitatifs et qualitatifs en
alphabétisation.
14
PREMIERE PARTIE :
QU’EST-CE Q’UN PROGRAMME DE SENSIBILISATION DES FEMMES ET DES FILLES EN MATIERE
D’ALPHABETISATION ?
Un programme de sensibilisation fondé sur les méthodes modernes fait partie
des axes stratégiques de la communication. En tant que tel, il se réfère aux
caractéristiques de la Communication pour le Changement de Comportement
(CCC).
Pour mieux l’appréhender, il serait nécessaire de définir trois notions essentielles
que sont : la communication, la sensibilisation et les méthodes modernes. Les
caractéristiques essentielles d’un programme de sensibilisation et le contexte
déterminant le cadre de cette communication sont également à envisager.
1. APPROCHES DÉFINITIONNELLES
• Le terme « communication »
Provenant du latin « communicare », qui signifie « mettre ou avoir en commun »,
le mot communication se définit, dans le dictionnaire Larousse, comme l’action
d’être en rapport avec autrui, en général par le langage.
En d’autres termes, il renvoie à l’échange verbal entre un locuteur et un
interlocuteur dont il sollicite une réponse. C’est également l’action de mettre en
relation, en liaison, en contact, des choses, faire passer quelque chose.
Autrement dit, il s’agit de faire partager à quelqu’un un sentiment, un état ou à
entrer en contact avec quelqu’un, en lui faisant part de sa pensée, de ses sentiments.
Pour qu’il y ait communication, six éléments essentiels doivent être pris en considération : l’émetteur, le récepteur, le message, le canal, le contexte et le feed-back.
- L’émetteur : c’est celui qui émet le message, c’est la source ;
- Le récepteur : c’est celui qui reçoit le message ;
- Le message : c’est le contenu de la communication. Il peut prendre plusieurs
formes dans le processus de communication: il peut être gestuel, verbal,
dansé, écrit ou chanté. En outre, il peut relever du paralangage tels que : les
mimiques du visage, les regards, la façon de se tenir, la tenue vestimentaire…
- Le canal : c’est le moyen de transmission ;
- Le feed-back ou rétroaction : c’est la réaction du récepteur du message vers
l’émetteur ou le retour de l’information à l’émetteur ;
- Le contexte : c’est le référent qui définit le cadre de cette communication.
Les activités de communication peuvent prendre plusieurs formes et poursuivre
des objectifs généraux variés tels :
17
- Susciter des changements d’attitudes et de comportements
Un programme de communication peut faire réagir, faire prendre conscience
d’une réalité ignorée, attirer l’attention d’une ou de plusieurs personnes sur
un sujet. Il s’agit dans le cas de notre étude, de rendre les femmes réceptives à
l’alphabétisation. Ce type de communication est appelé la sensibilisation.
- Générer une dynamique d’actions collectives
Un programme de communication peut favoriser les échanges au sein de la communauté,
faciliter l’émergence d’un consensus au sein d’un groupe et susciter les actions
collectives nécessaires à la solution du problème de l’alphabétisation des femmes.
Il peut également vouloir développer des partenariats entre différents acteurs qui
travaillent dans le domaine de l’éducation des femmes, les mobiliser et les inciter
à prendre des actions concrètes en faveur de l’éducation des femmes. Ce type de
communication est appelé mobilisation sociale.
- Influencer les décideurs
Un programme de communication peut viser à influer sur les mécanismes de
prise de décision. Il s’agit dans ce cas d’agir sur les décideurs ou ceux qui les
influencent pour créer un environnement légal, politique et social propice à
l’alphabétisation des femmes. Ce type de communication est appelé plaidoyer.
- Convaincre par le marketing
Un programme de communication peut vouloir promouvoir une idée, pour
vendre des produits et services, non pas en vue de faire des profits du point de
vue commercial, mais en vue de contribuer au bien être individuel et collectif. Ce
type de communication est appelé marketing social.
- Se faire connaître et apprécier
Un programme de communication peut contribuer à faire connaître et apprécier,
à susciter un climat de sympathie propice à la réalisation des projets en matière
d’alphabétisation des femmes. Dans ce type d’action, la structure initiatrice ou de
mise en œuvre du programme se fait connaître et présente le programme. Ce type
de communication est appelé communication institutionnelle.
La communication vue sous ces différents aspects, est donc un processus interactif
comprenant des participants au processus désignés par les termes émetteurs/
sources et récepteurs/destinataires.
Elle est donc un processus dynamique au cours duquel s’opère un échange de
messages entre un individu (émetteur) et une ou plusieurs personnes (récepteur).
Ces rôles peuvent être inversés par l’action du feed-back.
18
Ainsi, la communication consiste à envoyer et à recevoir des messages au moyen
des symboles (langage parlé ou écrit) et des manifestations physiques (mimiques,
gestes).
Elle se réalise dans l’optique d’atteindre des objectifs parmi lesquels nous
retenons comme objet de réflexion, la sensibilisation.
• L’expression « programmes de sensibilisation »
Un programme de sensibilisation réfère à un ensemble d’actions de communication
qui vise à rendre une personne ou un groupe sensible, intéressé, réceptif par
rapport à un fait social donné, et à influencer pour provoquer un changement.
Il est nécessaire lorsque la majorité des gens ignore cette question ou ne s’y
intéresse pas.
Dans le cadre de l’alphabétisation, la sensibilisation consiste à faire comprendre
aux femmes et aux filles l’importance et les enjeux d’apprendre à lire, à écrire, en
les mettant en rapport avec leurs activités quotidiennes.
En outre, il convient d’expliquer à la personne les problématiques, de diffuser
des informations, de partager des idées, des connaissances, des perceptions sur
l’alphabétisation des femmes et des filles.
Ce qui lui permettra de décider elle-même, en toute connaissance de cause, de
participer à l’activité d’alphabétisation.
Pour y arriver, la sensibilisation s’appuie sur plusieurs approches : la
responsabilisation, l’injonction ou la persuasion et la participation.
- L’approche responsabilisante recherche la prise de conscience par les
individus de ce qui est bon pour eux.
Elle fonctionne sur le principe de réfléchir par soi même plutôt que d’obéir
simplement. Ainsi une décision ne peut être assumée positivement que si elle a
été prise volontairement, après une réflexion individuelle et personnelle.
Elle met la cible en position de reconnaître qu’elle a le pouvoir et la capacité de
prendre des décisions, d’agir, d’en assumer les conséquences et de demander de
l’aide quand elle en a besoin.
Elle met à cet effet, à la disposition du public cible, non pas des modèles « clés
en main » mais des éléments lui permettant de faire les choix les plus appropriés
à leur situation, à partir de l’expérience des individus ou du groupe.
- L’approche injonctive ou persuasive, a pour objectif la modification
systématique de l’opinion et des comportements des individus et des groupes.
Elle utilise des mécanismes et un ensemble de biais cognitifs et sociaux qui visent
19
notamment à engager la cible, à activer en elle certaines émotions et à capter son
attention sur certaines informations pour la pousser à l’action désirée.
Pour ce faire, elle se caractérise par l’emploi de « figures esthétiques ou
émotionnelles » en vue de captiver l’attention, susciter l’intérêt, convaincre et
produire une forte impression sur un auditoire.
- L’approche participative vise l’implication des individus et des groupes aux
activités d’élaboration et de mise en œuvre des stratégies de sensibilisation. Elle
préconise une implication active du public cible aux processus décisionnels et
opérationnels. Elle permet à la cible d’être à la fois partie prenante et bénéficiaire
du processus de communication.
L’approche participative favorise l’expression de toutes les voix et contribue ainsi
à parvenir à un consensus ou, tout au moins, à une décision commune après que
toutes les perspectives aient été exprimées. Ces trois types d’approche impliquent
différents domaines de communication qu’il importe de relever.
En effet, entre humains, la pratique de la communication est indissociable de la
vie en société. La science de la communication en tant qu’étude de cette pratique
englobe un champ très vaste que l’on peut diviser en plusieurs niveaux :
- La Communication interpersonnelle
La communication interpersonnelle regroupe les interactions entre êtres humains
qui permettent d’échanger des informations, des idées et des émotions. La
communication interpersonnelle est fondée sur l’échange de personne à personne,
chacune étant à tour de rôle l’émetteur et/ou le récepteur dans une relation de face
à face: la rétroaction est censée être facilitée sinon quasi-systématique.
La communication interpersonnelle est verbale ou non-verbale. Pour l’école de
Palo Alto, « on ne peut pas ne pas communiquer ». Que l’on se taise ou que l’on
parle, tout est communication. Nos gestes, notre posture, nos mimiques, notre façon
d’être, notre façon de dire, notre façon de ne pas dire, toutes ces choses « parlent »
à notre récepteur.
- La Communication de groupe
La communication de groupe part de plus d’un émetteur s’adressant à une
catégorie d’individus bien définis, par un message (communication) ciblé sur leur
compréhension et leur culture propre.
Elle est apparue avec les formes modernes de culture, souvent axées sur la culture
de masse (société de consommation), dont la publicité ciblée est la plus récente
et la plus manifeste.
20
Les effets de la communication de groupe se situent entre ceux de la communication
interpersonnelle et ceux de la communication de masse. La communication de
groupe est aussi complexe et multiple, car elle est liée à la taille du groupe, la
fonction du groupe et la personnalité des membres qui la composent.
- La Communication de masse
Dans la communication de masse, un émetteur (ou un ensemble d’émetteurs liés entre
eux) s’adresse à un ensemble de récepteurs disponibles plus ou moins bien ciblés.
Là, la compréhension est considérée comme la moins bonne, car le bruit est fort,
mais les récepteurs bien plus nombreux. Elle dispose rarement d’une rétroaction,
ou alors très lente.
Les médias de masse ou « Mass Media » concernent la radio, la télévision,
l’affichage, les journaux, le cinéma, l’internet. L’absence de réponse possible en
fait un outil idéal de la propagande.
Aujourd’hui, les Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication
(NTIC) et en particulier internet abaissent à un niveau sans précédent le coût de
communication et au surplus rendent la rétroaction possible.
• L’expression « les méthodes modernes de sensibilisation »
Les méthodes modernes de sensibilisation permettent d’utiliser les moyens et
techniques de communication, dans un processus interactif et participatif, pour
permettre aux populations d’acquérir de nouvelles connaissances, attitudes et
croyances favorables à la fréquentation et au maintien des femmes dans les centres
d’alphabétisation. La communication dans l’approche moderne implique une
influence entre les individus en présence et valorise l’aspect cognitif et relationnel.
Dans cette perspective, le récepteur devient co-producteur de sens à travers le
feed-back. Ce phénomène de réciprocité montre qu’une communication renvoie
à une interaction bilatérale entre l’émetteur et le récepteur.
En plus de l’insertion du feed-back qui renvoie à une boucle de rétroaction entre
l’émetteur et le récepteur, la notion de contexte apparaît comme un élément
capital dans la communication.
Le contexte réfère à l’étude préalable du milieu naturel. Il prend en considération
les besoins et l’intérêt de l’individu. Il privilégie les méthodes active et participative
qui placent l’auditeur au centre de la communication.
Aussi, il permet aux deux parties d’échanger et d’assurer la compréhension par la
rétro-information, en créant par la même occasion les conditions d’égalité entre
les interlocuteurs.
21
Finalement, cette forme de communication diverge d’avec la méthode traditionnelle
qui se présente comme un système linéaire et un mécanisme sans encrage social.
C’est une communication à sens unique dans la mesure où seul l’émetteur agit. En
émettant, le récepteur s’informe mais, il n’y a pas de rétroaction.
En effet, il a été donné de constater qu’une quantité de messages de sensibilisation
en matière d’alphabétisation, circule sans objectifs apparents pouvant atteindre
un ou des publics.
Bien souvent, la raison réside dans le fait que le destinataire se conçoit comme
une entité fictive ou un public passif qui a les mêmes préoccupations. A contrario,
la communication dite moderne conçoit que les individus appartiennent à des
groupes qui évoluent eux-mêmes dans un contexte social. Ce qui suppose que,
de nos jours, la prise en compte de la notion de contexte et de phénomène de
réciprocité entre les individus en situation de communication doit être un
des facteurs éminents dans le processus d’élaboration d’un programme de
sensibilisation en matière d’alphabétisation.
Qu’est-ce qui détermine désormais ce programme ?
2. CARACTÉRISTIQUES ESSENTIELLES D’UN PROGRAMME DE
SENSIBILISATION
Un programme efficace de sensibilisation des femmes et des filles dans le domaine
de l’alphabétisation s’appuie sur des méthodes modernes d’élaboration et de mise
en œuvre de projet de communication.
Il vise à organiser des stratégies permettant à des filles ou des femmes analphabètes
d’accéder au stade de l’alphabétisation. Convaincre ces cibles de passer d’un état
initial à un état nouveau, requiert un système de communication dont les objectifs
opérationnels sont :
- stimuler un comportement favorable à l’alphabétisation des filles et des femmes ;
- débloquer des résistances ;
- faire adhérer à une vision de l’importance de l’alphabétisation pour les filles
et les femmes ;
- convaincre de la nécessité de se faire alphabétiser et de poursuivre la formation
dans le cadre d’un apprentissage tout au long de la vie ;
- attirer l’attention d’une ou plusieurs personnes sur le sujet de l’alphabétisation.
Ce type de communication devra, pour y parvenir, se montrer persuasif, participatif
en tenant compte du processus de Changement d’Attitude et de Comportement
(CAC). De même, ce programme doit impliquer la question de genre.
22
• Une communication persuasive
Un programme de sensibilisation pertinent se reconnaît essentiellement à son
caractère persuasif. De ce fait, la connaissance des cibles est un atout qui sera
exploité pour élaborer les messages.
Ainsi, les campagnes de sensibilisation sur un sujet comme l’alphabétisation des
femmes et des filles doivent encourager le public à réfléchir à la question et à la
manière dont celui-ci les touche personnellement.
Cette réflexion leur permettra d’exprimer leur position en connaissance de cause,
à l’occasion des discussions et des débats suscités sur la question. Ceci sera bien
plus constructif que de leur indiquer simplement ce qui est «bon » ou «mauvais ».
Pour éviter de dire aux gens que faire, les messages devront être diffusés le plus
largement possible, de manière à permettre aux membres de la communauté toute
entière de réunir suffisamment d’informations pour forger leur propre opinion sur
la question.
Tout sera mis en œuvre pour influencer le public cible à aller dans le sens souhaité,
d’où la pertinence des messages qui seront livrés aux populations et leur caractère
attrayant.
• Une communication basée sur la pleine participation de toutes
les parties concernées
Il est crucial d’impliquer à toutes les étapes du processus d’élaboration et de
mise en œuvre de la sensibilisation, les différents acteurs identifiés pour aboutir à
l’alphabétisation des femmes et des filles.
Pour réussir la sensibilisation et favoriser un changement durable, il faudrait que
les comportements à promouvoir soient compris, acceptés, voulus et désirés par
les personnes concernées.
Ainsi, la participation des individus, du groupe ou de la communauté à la
phase d’identification des problèmes demeure importante. Ceci favoriserait
leur engagement dans la recherche de solutions et dans l’adoption de nouveaux
comportements. On instaure ici un mécanisme qui va permettre un échange
d’informations et éventuellement des négociations sur ce qui peut se dire et se
faire.
La population représentée va pouvoir y puiser un certain nombre d’informations
qui peuvent être utiles en fonction de leurs intérêts particuliers.
On peut alors observer des ajustements et des négociations mutuelles, permettant
d’accroître la crédibilité des messages aux yeux des populations et obligeant
23
en quelque sorte les professionnels à tenir compte d’un certain nombre d’idées
émises.
L’un des intérêts de la participation des bénéficiaires est de constituer un outil de
sensibilisation qui a du sens dans la culture locale. Faire participer les bénéficiaires
permet également de reconnaître explicitement leur pouvoir d’influencer le
déroulement et les résultats de l’intervention.
Du côté des populations, cela permet de rompre avec l’image négative de l’éducation
souvent ressentie comme une forme d’imposition de savoir ou de contrôle.
En outre, la sensibilisation des hommes est très importante, car ceux-ci jouent un
rôle de choix en matière d’approbation et d’autorisation pour l’accès des femmes
et des filles à l’alphabétisation.
Il serait également utile d’envisager, en marge de la sensibilisation des femmes,
le développement du matériel de promotion et des actions de sensibilisation
s’adressant plus particulièrement aux hommes, pour les persuader.
• Une communication prenant en compte le genre
Les différentes étapes du processus de sensibilisation devront prendre en compte
les avis de tous, sans minimiser la contribution des femmes et des filles. Elles
devront prendre en compte les besoins et intérêts stratégiques des femmes et des
filles ainsi que ceux des hommes.
En outre, l’on doit faire en sorte de ne pas véhiculer des stéréotypes défavorables
à l’alphabétisation des femmes et des filles.
Un programme de communication qui prend en compte les besoins spécifiques
et intérêts stratégiques de tous, ne doit pas promouvoir des stéréotypes, tant en
ce qui concerne la définition des objectifs, le choix des stratégies et des outils de
communication, que le contenu des messages et la mise en œuvre des activités.
• Une communication tenant compte du processus pour le
changement d’attitude et de comportement
Le changement de comportement est la modification des manières de faire d’un
individu ou d’un groupe d’individus. La modification du comportement humain
suit généralement un processus progressif dont il faut tenir compte dans toute
intervention de communication qui vise un changement d’attitude.
Dans ce processus, les étapes à suivre sont interdépendantes. Il est donc
indispensable de connaître pour chaque public-cible, à quelle étape du changement
de comportement il se trouve, afin d’envisager une stratégie d’action efficace. Dans
le processus de changement, les étapes suivantes sont communément observées :
24
1. Perception et prise de conscience
L’individu se rend compte que le problème existe et est grave : Il se pose la
question : suis-je concerné?
2. Connaissance
A-t-il une connaissance réelle du problème ? Sinon, il va m’informer sur les causes, les
conséquences, les moyens de prévention, le nouveau comportement proposé.
3. Intention
L’individu a des raisons ainsi que l’intention ferme et positive de s’engager à
adopter le nouveau comportement. Il a l’intention d’agir dans le sens souhaité. Il
se rend compte que certains contenus des programmes d’alphabétisation peuvent
répondre à son besoin personnel, alors, il décide de se renseigner à ce propos.
4. Action
L’individu pratique le nouveau comportement. Il entreprend effectivement des
actions aboutissant à l’alphabétisation des femmes et des filles telles que s’inscrire
et participer aux activités d’alphabétisation.
5. Évaluation, maintien, confirmation
L’individu a tiré les bénéfices, avantages ou inconvénients de la nouvelle action et
a des gens qui le soutiennent ou l’empêchent d’adopter le nouveau comportement
par rapport à l’environnement social favorable ou défavorable.
6. Renforcement
L’individu se fait l’avocat de la cause. Il adopte un comportement favorisant
l’alphabétisation des femmes et des filles. Il se transforme en source d’informations
et de connaissances pour les autres. Il conseille l’alphabétisation à d’autres en
soutenant des programmes similaires dans la communauté.
Par ailleurs, tout changement de comportement implique un certain nombre de
facteurs à prendre en compte.
3. FACTEURS DE CHANGEMENT DE COMPORTEMENT
La décision d’un individu de modifier ou non son comportement est fonction de
différents facteurs qui peuvent favoriser ou constituer un frein au changement
souhaité. Ces facteurs sont à la fois externes et internes.
25
• Les facteurs externes
Ils relèvent de l’environnement dans lequel vit l’individu, tels que la culture et le
milieu social :
• La culture
C’est l’ensemble des normes, rites, valeurs, convictions et habitudes d’une société.
Toute société a sa propre culture, ses valeurs, ses croyances, ses habitudes, sa
manière de voir les choses et dont nous devons tenir compte dans la vie courante.
• Le milieu social
Toute société met en place un système de stratification sociale des différentes
classes qui sont représentées par des groupes homogènes dont les membres
partagent le même système de valeurs, de mode de vie, d’intérêts et de
comportements (les jeunes, les femmes, les personnes âgées…).
De plus, l’individu est influencé par de nombreux groupes de référence auxquels
il appartient (voisins, amis, collègues, associations…).
Ces groupes favorisent les relations interpersonnelles et jouent un rôle très
important dans la construction de son comportement. Ils exercent une pression
telle que l’individu tend à se conformer suivant un mode de vie donné.
Le comportement de l’individu est également influencé par les membres de la
famille. Ceux-ci inculquent à l’individu des valeurs (subjectives parfois) qui
conditionnent sa conduite en société. Par ailleurs, ils exercent une influence dans
sa prise de décision.
• Les facteurs internes
Ils concernent la situation sociale et psychologique de l’individu.
Ce sont des facteurs qui conditionnent son comportement. Ils influencent
directement les décisions de l’individu.
Au nombre de ceux-ci, notons les caractéristiques personnelles, les connaissances,
la perception, les croyances et les attitudes.
• Les caractéristiques personnelles
Ces caractéristiques renvoient à l’âge, au sexe, au niveau d’instruction, à la
situation matrimoniale, à l’occupation professionnelle et bien d’autres.
• Les connaissances
Elles concernent l’ensemble d’informations dont dispose l’individu à propos d’un
sujet quelconque. C’est un préalable à tout changement de comportement individuel.
26
• La perception
Elle fait référence au processus par lequel un individu choisit, organise et interprète
des éléments d’informations externes pour construire une image cohérente du
monde qui l’entoure.
• Les croyances
Les croyances correspondent à un élément de connaissance descriptive qu’un
individu entretien à l’égard d’un objet.
• Les attitudes
Les attitudes résument les évolutions positives ou négatives, les réactions
émotionnelles et les prédispositions à agir. C’est une orientation que l’on se
donne vis-à-vis d’un objet ou d’une idée.
Toutefois, pour qu’il y ait une bonne communication, il faut éviter un maximum
d’obstacles. Il s’agit, entre autres :
- Des obstacles liés à l’émetteur :
o non maîtrise du sujet ;
o mauvais accueil ;
o non respect des autres ;
o mauvaise attitude ;
o méconnaissance du public ;
o timidité ;
o mauvaise diction ;
o non disponibilité ;
o impatience.
- Des obstacles liés au récepteur :
o refus du message ;
o mauvaise perception du message ;
o méfiance ;
o absence de feed-back ;
o non disponibilité : préoccupation ;
o impatience, distraction ;
27
o préjugés.
- Des obstacles liés au canal
o canal indirect ;
o canal inadapté.
- Des obstacles liés au message :
o confus et imprécis ;
o compliqué ;
o inapproprié ;
o mal formulé ;
o trop long ou trop court ;
o message tabou ou délicat.
- Des obstacles liés au contexte
o sujet vague ;
o circonstances défavorables ou inappropriées au sujet ;
o sujet inadapté au contexte, aux circonstances.
En résumé, un programme de sensibilisation des femmes et des filles en matière
d’alphabétisation, repose sur la communication. Cet échange entre animateur
(émetteur) et apprenante (récepteur) doit au préalable faire l’objet d’étude du
milieu, des besoins de l’enseignée. Toutefois, la prise en compte de ces facteurs
internes et externes, ne doit pas se réaliser de façon hasardeuse, elle suit un
processus graduel visant à élaborer le programme de sensibilisation.
28
DEUXIEME PARTIE :
PROCESSUS D’ELABORATION ET DE MISE EN
ŒUVRE D’UN PROGRAMME DE SENSIBILISATION
POUR LES FEMMES ET LES FILLES
Un programme de sensibilisation, comme nous l’avons défini dans le premier
volet de l’analyse, ne s’improvise pas. Il devra s’appuyer sur les méthodes
modernes, suivant un certain nombre de principes :
- possède des objectifs opérationnels orientés vers la transformation d’une
situation ;
- tient compte du processus pour le changement d’attitudes et de comportements ;
- inclut les différentes entités de la communauté de sorte à ne pas laisser un
groupe en marge du processus ;
- favorise la pleine participation de toutes les parties concernées ;
- prend en compte le genre ;
- développe des stratégies de persuasion ;
- réduit au maximum les obstacles liés à la communication.
En outre, le processus de planification du programme de sensibilisation devra
comporter les étapes suivantes :
• l’analyse de la situation ;
• la conception de la stratégie;
• la planification de la stratégie ;
• la mise en œuvre ;
• le suivi et l’évaluation.
1. ANALYSE DE LA SITUATION
L’analyse de la situation permet de connaître le point de départ : la matrice sur
laquelle l’on va intervenir pour que la sensibilisation soit opérationnelle. L’intérêt
de cette étude consiste à évaluer l’évolution de la situation et à apprécier les
résultats obtenus.
Toutefois, il importe de relever que l’analyse de cette situation s’effectue par
rapport à une étude préalable du milieu de référence.
Le recueil de ces informations découle des faits sur les personnes, sur les groupes
et sur les communautés vivant dans le milieu où l’on doit intervenir.
Ces renseignements s’obtiennent à partir d’observations, d’interviews et de
recherches documentaires :
31
- l’observation, équivaut à regarder et à écouter les populations sur une période
donnée ;
- l’interview implique des échanges et discussions avec les populations ;
- la recherche documentaire correspond à la lecture des dossiers et documents
traitant de la situation de l’alphabétisation des femmes et des filles dans la
localité concernée.
Ainsi, l’analyse de la situation se réalise grâce à des recueils d’informations sur les causes
de l’analphabétisme des femmes et des filles, leur manque d’intérêt pour les activités
d’alphabétisation et l’abandon des centres ainsi que le contexte de l’intervention.
• Recherche des causes du problème
Dans notre champ d’intervention, le problème se situe au niveau du désintérêt
pour l’alphabétisation qui se traduit par la non participation des femmes et des
filles aux activités d’alphabétisation et à leur abandon des centres.
Un problème se situe toujours dans un cadre beaucoup plus large que celui de son
champ d’impact immédiat. Il peut être dû à des contraintes existantes au niveau
national, ou être le résultat du fonctionnement institutionnel, ou encore trouver
son origine au sein des ménages et des collectivités. C’est pourquoi il doit être
examiné à tous les niveaux (macro, intermédiaire, terrain).
Quelques causes de l’analphabétisme féminin sont présentées dans la communication
« Progrès réalisés par la CME pour réaliser l’éducation des filles : défis et réponses»,
lors de la première conférence des femmes de l’internationale de l’éducation 5.
Selon l’auteure de la communication, l’éducation des filles en Afrique est tributaire
de l’environnement social, culturel, économique et politique. Les rapports sociaux
en Afrique, basés sur le patriarcat relègue la fille à un statut inférieur voire une
chose qui peut faire l’objet de toutes sortes de transactions. La construction
sociale donne tous les pouvoirs à l’homme. Cette supériorité maintient la fille et
plus tard la femme dans une condition de subordination acceptée. L’éducation
source d’émancipation est dès lors mal perçue par les filles. L’auteure souligne
que dans certains milieux, l’idée du rôle de la fille en tant que chargée des tâches
ménagères et de la reproduction continue par faire son chemin. La fille n’a donc
pas besoin d’aller à l’école pour accomplir cette mission.
Pour la conférencière Assibi Napoe, les obstacles culturels qui font de la fille,
«membre de la famille de l’autre» la privent également de son droit à l’éducation.
5) Première conférence mondiale des femmes de l’internationale de l’éducation, 22-24 janvier
2011, Bangkok Thaïlande ; Communication de Assibi Napoe sur « Progrès réalisés par la CME
pour réaliser l’éducation des filles : défis et réponses ».
32
Certaines pratiques traditionnelles constituent également des freins à l’éducation
des filles ou à leur maintien dans le système, notamment : les mariages précoces
ou forcés, les rites initiatiques tels que l’internement dans les couvents, les
Mutilations Génitales Féminines (MGF), l’échangisme.
Le phénomène du travail et du trafic des enfants se situe en première ligne des
obstacles à l’atteinte des objectifs de l’Education pour tous (EPT) dans plusieurs
pays. Les filles sont exploitées comme domestiques ou prostituées et parfois elles
se retrouvent avec les garçons dans les champs de cacaoyers et de caféiers.
Les filles sont également utilisées comme des aides ménagères dans leur propre
famille ou des bonnes pour suppléer au besoin d’argent de la famille.
Enfin, comme cause de l’analphabétisme féminin, elle relève l’inexistence des
politiques volontaristes en faveur de l’éducation des filles qui se traduit par une
allocation budgétaire insuffisante pour l’éducation, le manque de politiques et
d’infrastructures d’allègement des tâches domestiques telles que les crèches, les
subventions pour les appareils électroménagers, un vide juridique dans certains
pays africains sur la violence faite aux filles dans les écoles, des déclarations
politiques sans mesures d’accompagnement .
L’atelier de l’ISESCO sur « l’élaboration et la mise en œuvre des programmes de
sensibilisation»6, a aussi permis d’identifier quelques causes de la non participation
des filles et des femmes aux activités d’alphabétisation, entre autres : les pesanteurs
socioculturelles, les considérations économiques et institutionnelles.
a) Les pesanteurs socioculturelles
• le manque de perception des bienfaits de l’alphabétisation ;
• le manque de confiance en soi ;
• la surcharge des travaux domestiques ;
• l’exode rural ;
• les maternités rapprochées (santé de la mère et de l’enfant) ;
• les réticences des maris ;
• le mariage précoce et forcé ;
• la prédominance des animateurs sur les animatrices.
6) Atelier régional organisé par l’ISESCO au profit des cadres féminins œuvrant dans le domaine
de l’alphabétisation sur « l’élaboration et la mise en œuvre des programmes de sensibilisation»,
Lomé-Togo (15-19 décembre 2008)
33
b) Les considérations économiques
• l’insuffisance des structures d’accueil ;
• l’insuffisance de financement.
c) Les considérations institutionnelles
• les formateurs et techniciens peu qualifiés ;
• la négligence de la post-alphabétisation : formation continue ;
• la non implication des femmes dans le processus de mise en œuvre des
programmes ;
• l’inadaptation des contenus des programmes d’alphabétisation aux besoins
des femmes ;
• le mauvais choix des langues et l’insuffisance du suivi-évaluation.
Il convient, après avoir recensé les causes du problème dans la localité visée,
d’identifier les aspects du problème qui peuvent être résolus directement par
des interventions de communication. Il faut souligner que les interventions de
communication peuvent avoir plus d’impact sur les facteurs liés à un manque de
connaissances, à des attitudes, à des croyances négatives, à un manque de savoirfaire.
• Etude du contexte de l’intervention
Faire une étude du contexte de l’intervention permet d’avoir une idée claire de
l’existant en termes de comportement pratiqué, de niveau des connaissances,
des représentations sociales et des croyances motivant les comportements, les
facteurs environnementaux influençant ces comportements, etc. L’étude peut
porter sur les aspects suivants :
• Historique des actions de sensibilisation à l’éducation et à
l’alphabétisation des femmes et des filles :
• des actions de sensibilisation ont-elles déjà été réalisées par d’autres
associations, ONG, institutions, ministères ?
• Comment le thème a-t- il déjà été abordé ?
• Quels messages, quels outils, quel impact dans le cadre de ce projet ?
• Organisation de la société ou du groupe :
• Quelle est la place des femmes et des filles dans la société ou le groupe ?
• Disposent-elles d’un pouvoir décisionnel ?
34
• Quelles sont les lois, les institutions, les associations, les structures qui
influent sur le problème de l’analphabétisme des femmes et des filles ?
• Dans quel sens et avec quelle force influent-elles sur le problème : représententelles des obstacles supplémentaires à contourner ou à lever ? constituent-elles
des appuis potentiels ?
• Quels rôles l’environnement culturel et religieux joue-t-il dans le problème
étudié, et dans quelle mesure est-il à prendre en considération ?
• Principaux canaux de communication :
• Quels sont les ressources pour la communication existant au sein de la
communauté ?
• Quels sont les moyens de communication utilisés par les populations ?
• Quels sont les canaux les plus utilisés ?
• Quels sont les moyens traditionnels de communication ?
• Qui sont les personnes influentes recherchées au niveau de la société ?
• Quelles sont les langues de communication ou la langue principale ?
• Parties prenantes :
• Parties prenantes institutionnelles :
• Quels sont les organismes et groupements publics, privés ou associatifs
pouvant être impliqués dans la planification et l’exécution de la stratégie
comme ressources ou bénéficiaires ? (description de leur mission, ressources,
expériences, localisation, motivation, etc.)
• Cible potentielle :
• Quelles sont ses caractéristiques démographiques, socioculturelles, socioéconomiques ?
• Quels sont ses statuts et rôles ?
• Quelles sont ses connaissances, croyances, attitudes, représentations sociales
ou mentales et pratiques liées au problème ?
• Quelles sont ses habitudes de communication ?
35
• Atouts/opportunités et obstacles/contraintes, susceptibles
d’influencer l’exploitation de la communication.
• Atouts/opportunités
Comme atouts ou opportunités, on peut citer la proximité des structures
techniques d’alphabétisation, l’existence d’équipement approprié, la disponibilité
des médias ou du personnel de terrain, le dynamisme des ONG ou des
associations traditionnelles, l’existence d’un programme de développement ou
d’alphabétisation financé, des attitudes favorables au sein de la population, etc.
• Obstacles/contraintes
Comme obstacles et contraintes, on peut trouver l’expérience négative d’un projet
d’alphabétisation, des valeurs culturelles tenaces, défavorables à l’éducation des
femmes et des filles, un accès difficile aux médias modernes pour la majorité
des membres de la population cible, un personnel mal formé ou peu motivé, des
moyens financiers limités, etc.
2. Conception de la stratégie
Une stratégie est la manière dont on s’y prend pour atteindre un ou des
objectifs opérationnels fixés. Elle s’appuie sur une combinaison d’interventions
de communications capables de susciter des changements en matière de
connaissances, d’opinions, d’attitudes, de croyances ou de comportements au
niveau de la population visée, en vue de résoudre le problème du manque d’intérêt
des femmes pour l’alphabétisation. Concevoir une stratégie de sensibilisation
consiste à déterminer les éléments de base suivants :
• les cibles ;
• les objectifs de communication ;
• les types d’approches ;
• les messages clés ou idées de messages ;
• les canaux et supports de communication.
• Identification des Publics cibles
La population cible d’une intervention se compose de groupes qu’il convient de
distinguer, afin d’adapter son action à chacun d’eux. Elle peut être segmentée
en deux groupes essentiels que sont le public cible primaire et le public cible
secondaire.
36
- Public cible primaire
Il se compose des personnes dont on veut modifier les conduites, celles qui doivent
adopter une opinion, une attitude ou un comportement. Il s’agit des femmes et des
filles ayant dépassé l’âge scolaire chez qui l’on veut accroître l’intérêt pour les
activités d’alphabétisation menées dans leur communauté.
- Public cible secondaire
Il se compose des personnes qui peuvent influencer les cibles primaires. Ce sont
entre autres, les dirigeants communautaires, les chefs religieux, les agents des
médias, les personnalités du monde du spectacle ou du sport, les figures publiques
populaires, les enseignants, les agents des ministères ayant du personnel sur le
terrain, les associations de droits de l’homme et droits de la femme, les groupes
de tontine, les maris, les chefs de famille, les associations communautaires, les
femmes néo alphabètes…
De ce public, il y a lieu d’identifier les groupes prioritaires à cibler, pour ne pas
gaspiller les ressources et pour ne pas éparpiller les efforts.
• Formulation des objectifs
- L’objectif général
Cet objectif est d’amener des femmes et des filles à s’intéresser aux activités
d’alphabétisation.
- Les objectifs opérationnels
Tout objectif de communication devrait viser une étape du processus de
changement/adoption de comportement chez la cible.
Les objectifs opérationnels sont les applications concrètes de l’objectif général. Il
s’agit des résultats escomptés dans le cadre de l’action de sensibilisation. Ils doivent :
• formuler de façon précise les différentes étapes du processus de changement
de comportement ;
• servir de guide pour formuler les objectifs ;
• se décliner avec des verbes tel que : connaître, approuver, savoir, autoriser,
s’inscrire, convaincre, etc ;
• inclure la définition claire des groupes cibles ; exemple : Les responsables
des tontines, les filles descolarisées du département, les chefs de famille, etc ;
• identifier les étapes pertinentes du processus comportemental ;
• préciser le degré de changement recherché ;
37
• être objectivement vérifiables.
Exemple : D’ici la campagne d’alphabétisation de décembre 2013, amener
50% des membres des associations féminines de la commune à adhérer au club
alphabétisation de leur quartier.
• Choix des stratégies et des activités
Cette étape consiste à déterminer les types d’approches les plus appropriées
pour chaque cible. Il s’agit d’énumérer les méthodes ou approches propres ou
connexes à la communication que l’on estime appropriées pour toucher chaque
cible et provoquer les changements attendus.
L’on peut retenir par exemple :
l’approche participative communautaire : la méthode qui permet de
reconnaître la communauté comme partenaire actif. Il s’agit de laisser la
communauté prendre les décisions, proposer les solutions qui cadrent avec
ses capacités et agir pour changer la situation. L’intervenant n’est qu’un
facilitateur chargé de faire l’animation à travers des causeries éducatives,
des exposés…
o
la communication interpersonnelle : un échange qui se déroule dans un
contexte de face à face. Elle implique une présence physique des interlocuteurs,
au même endroit et dans le même temps. Elle permet de recueillir des
informations en vue de résoudre certaines pesanteurs socioculturelles.
En outre, la communication interpersonnelle établit des échanges avec les
communautés à travers les visites à domicile, les focus causeries…
o
o le conseil : il réfère à des suggestions, des avis sur ce qu’il convient de faire. Ces
recommandations peuvent se réaliser à travers des documentaires, des passageplateau, des rencontres d’informations, des ateliers…
l’éducation par le divertissement : une méthode didactique pour s’occuper
agréablement. Cette méthode éducative peut s’effectuer à partir de la musique ou
le théâtre, dans lesquels se font les intermèdes de danses et de chants.
o
o l’éducation par les pairs : une approche de proximité qui implique des personnes
de mêmes conditions sociales, de mêmes catégories. Cette méthode garantit une
certaine facilité de communication au sujet de questions délicates.
• Élaboration des messages
Le message est la formulation d’une idée, d’un concept à transmettre à un certain
public. Le contenu des messages doit découler de façon logique des objectifs de
communication fixés et des changements souhaités au niveau de chaque cible,
38
tout en tenant compte de ses connaissances, attitudes et/ou pratiques vis-à-vis du
problème à résoudre. Il doit se référer à certains critères :
• Au plan du contenu, le message doit comporter certains des éléments suivants:
quel est le changement attendu et quel est l’intérêt pour la cible de réaliser ce
changement (le quoi et le pourquoi) ?
o
o où aller,
à quel moment et que faut-il faire ou savoir pour réaliser le comportement
(le où, le quand et le comment) ?
o la source qui crédibilise ce message aux yeux de la cible comme le chef religieux,
la responsable de l’association, les agents du Ministère de l’Education, l’artiste
chanteur ...
• Au plan de ses caractéristiques, le message doit être :
o
cohérent avec l’objectif de modification de la conduite ;
o précis et énoncer clairement l’action spécifique à entreprendre ;
o attrayant en soulignant les avantages pour le public cible d’adhérer à son propos,
les bénéfices personnels qu’en tireront les personnes à qui l’on s’adresse ;
o court et simple : seulement quelques idées-clés .
Le choix de l’orientation qui sera donnée à chaque message est crucial, car il
permet d’accroître les chances d’influencer la cible visée. Le choix doit être fondé
sur ce que l’on sait des caractéristiques de la cible, ses croyances et des leçons
apprises. L’orientation du message peut porter sur les critères suivants :
• message émotionnel : il fait appel aux émotions telles que l’amour, l’anxiété, la
sécurité, etc.
Ex : L’alphabétisation des femmes pour éviter les erreurs graves dans les soins
de vos enfants !
• message rationnel : il fait appel à l’argumentation logique, aux preuves.
Ex : Les deux tiers des femmes sont analphabètes.
• message positif : on montre qu’il y a une solution ou une issue favorable possible
à la situation.
Ex : Il n’est pas tard, chaque femme, chaque fille peut apprendre à lire, à écrire
et calculer.
• message négatif : on présente une situation sombre et menaçante au cas où la
cible ne suivrait pas l’action recommandée.
39
Ex : Une femme qui ne sait pas lire et écrire, partage ses secrets avec tout le
village !
• appel au groupe ou à la masse : il sollicite la pression du groupe ;
Ex : Ne laissons pas nos femmes et nos filles dans l’obscurité ; encourageons les
à s’inscrire au centre d’alphabétisation.
• appel individualisé : il fait référence à des arguments personnalisés.
Ex : Une femme commerçante alphabétisée peut lire ses factures et faire sa
comptabilité.
• message humoristique : l’humour rend le message plaisant tout en permettant
de faire passer un contenu sérieux.
Ex : C’est bête d’être analphabète mais ce n’est pas bête d’être alphabète !
• message sérieux : il incarne la rigueur, sans fioritures.
Ex : Une femme qui sait lire et écrire est une lumière pour sa famille
• message à point de vue unique : c’est un message unilatéral.
Ex : L’alphabétisation des femmes et des filles favorise le développement.
• message à plusieurs points de vue : il se présente sous forme de débat ou de
confrontation d’idées.
Ex : L’alphabétisation des femmes ne fait pas tout le développement mais il est
mieux de faire le développement avec des femmes alphabétisées.
• message à conclusion définitive : il contient la conclusion que l’on veut faire
passer.
Ex : Une femme alphabétisée est autonome !
• message à conclusion ouverte : on laisse la cible tirer sa propre conclusion et se
faire son opinion.
Ex : Apprends-moi à lire, à écrire et à calculer, tu m’auras tout donné
• message répétitif : on prévoit que le message soit répété plusieurs fois.
Ex : Moi femme alphabétisée, je lis les ordonnances de ma famille !
Moi femme alphabétisée, je suis le travail scolaire des enfants !
• message unique : c’est un message émis une fois.
Ex : Alphabétiser la femme et la fille, c’est prendre le chemin du développement
durable
40
• Pré-tester les messages
C’est faire des essais avec un échantillon représentatif des cibles. On peut réunir
des groupes pour tester des messages destinés à une communication avec le
public.
Cette étape est très importante, car elle permet d’éviter et de corriger les erreurs
qui pourraient faire échouer toute l’activité de communication. Les critères
suivants peuvent guider le pré-test :
- l’attention : le message retient-il l’attention?
- la compréhension : le message est-il clairement compris?
- l’intérêt personnel : le public visé se sent-il concerné par le message ?
- la crédibilité : le message ou sa source est-il perçu comme crédible ?
- l’acceptabilité : la façon de présenter le message est-elle perçue comme
acceptable, n’offense-t-elle personne ?
• Choisir les canaux et supports de communication
- Les canaux de communication
Le canal est la voie empruntée pour véhiculer le message. Les types de canaux
exploités pour véhiculer le message sont les suivants :
• le canal institutionnel : structures publiques et privées reconnues, telles que
le système politico-administratif, le système éducatif, les réseaux des agents de
développement, les ONG, les associations, etc.
• le canal médiatique : organes médiatiques et nouvelles technologies de la
communication tels que la télévision, la radio, la presse écrite, l’affichage et
internet.
• le canal socio-traditionnel ou socio-culturel : leaders d’opinion (chefs
coutumiers, notables, cadres, intellectuels, etc.), autres réseaux informels
(voisinage, regroupements divers), moyens, formes et moments privilégiés de
communication traditionnels, populaires et interpersonnels (travaux champêtres,
veillées, causeries, baptêmes, marchés, mariages, funérailles, etc.).
Chaque canal de communication a sa propre spécificité. Il convient donc de
rechercher une combinaison qui permette d’atteindre tous les objectifs de
l’intervention auprès de tous les public cibles.
41
Tableau 1 : Avantages et inconvénients de chaque canal7
CANAL
Institutionnel
Mass-média
Socio- traditionnel
AVANTAGES
INCONVÉNIENTS
• Touche l’ensemble du
territoire ;
• Caractère formel et global
car hiérarchique ;
• Existence d’un réseau de
cadres de terrain ;
• Bonne organisation et
structuration.
• Risque d’une connotation
politique ;
• Rejet possible si le système
administratif est mal perçu ;
• Possible lourdeur ;
• Ne concerne que peu le
secteur non gouvernemental.
• Touche toute la population ;
• Est attrayant et plaît au
public ;
• Pénètre les endroits les plus
enclavés ;
• Dispose d’une gamme variée
de supports.
• Difficulté de cibler les
messages ;
• Coûts très élevés de
production et équipement
coûteux ;
• Nécessité d’avoir des
spécialistes.
• Correspond aux valeurs
traditionnelles de la
communauté ;
• Pénètre la communauté dans
sa logique interne ;
• Peu coûteux dans ses
supports ;
• Reproductible par les acteurs
du monde rural.
• Demande une identification
précise des circuits au
préalable ;
• Ne se révèle pas facilement ;
• Peut être manipulé par les
leaders ;
• Méfiance/loi du silence.
7) Guide méthodologique d’élaboration d’une stratégie de communication multimédia, Organisation
des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture, Rome, 2002, p. 24.
42
- Les supports de communication
Le support de communication renvoie à l’instrument sur lequel on choisit de fixer
le message pour le transmettre à la population cible. Le support de communication
se distingue du canal dans le sens où il dure, il est pérenne, il est un objet palpable
sur lequel se matérialise le message. L’analyse est axée autour de trois types de
supports de communication :
* Les supports relatifs à la communication de masse/de groupe ;
* Les supports liés à la communication interpersonnelle ;
* Les supports utilisés dans la communication institutionnelle.
A ce titre, les exemples des supports de communications sont résumés dans le
tableau suivant :
43
Tableau 2 : Résumé des supports de communication8
Supports utilisés dans
la communication
par les mass-médias
- la bande sonore ;
- le film ;
- la bande vidéo ;
- la cassette audio ;
- l’affiche ;
- la brochure ;
- le magazine ;
- les banderoles ;
- les brochures illustrées;
- les bandes dessinées;
- les graphiques muraux;
- les affiches ;
- le théâtre radio ;
- les villageois ;
- les vidéos,…
Supports utilisés dans
la communication
interpersonnelle
Supports utilisés dans
la communication
institutionnelle
- le Film fixe ;
- la Cassette ;
- le Son ;
- la Boîte à images ;
- les Planches mobiles ;
- la maquette de
démonstration ;
- la cassette vidéo ;
- le tableau ;
- les jeux ;
- les dépliants;
- le sketch
- la pièce de théâtre ;
- les contes et proverbes ;
- la voix ;
- les pagnes ;
- les banderoles ;
- les calendriers illustrés ;
- la photographie (posters
et album-photo) ;
- les autocollants ;
- les gadgets (sacs,
allumettes, casquettes, teeshirts)
- réunions ;
- notes d’informations ;
- visites inter-villageoises.
8) Ce tableau a été élaboré à partir de l’inventaire des outils de communication au Niger dans « La
situation de la communication pour le développement au Niger » produit par le Département
du Développement Durable de la FAO, Chapitre X. Les outils de communication de proximité
au Niger, pages 99-101.
44
Il est indispensable de disposer de données suffisantes sur la manière dont les
audiences (groupes cibles) ont l’habitude d’obtenir des informations. Ceci permet
de sélectionner les canaux et supports de communications les plus appropriés et
les plus efficaces.
La réussite d’une entreprise d’éducation du public résulte généralement de la
combinaison de l’action de différents médias. Cette combinaison multimédia
consiste à organiser l’utilisation concomitante de divers canaux de communication
ayant chacun sa spécificité.
On peut parler de synergie, dans la mesure où il s’agit d’augmenter l’impact de
l’intervention globale, par une utilisation de plusieurs médias possédant chacun
sa puissance particulière. Ces médias vont se renforcer mutuellement, si bien
que leur impact d’ensemble sera plus élevé que la somme des impacts de chacun
d’eux pris séparément.
45
46
Vidéo
++
+
+
++
+
++
Agents
de terrain
+
++
Théâtre
Villageois
++
+
+
Affichages
++
+
+
++
Presse écrite
+
++
Population
urbaine
+
+
+
++
Leaders
villageois
++
++
+
++
++
++
Autorités
++
+
+
+
Ecoliers
+
+
++
++
++
+
Grand
public
9
Radio
Télévision
Femmes Hommes
Moyens de
en
en
communication
milieu
milieu
de masse / de
rural
rural
groupe
Tableau 3 : Exemple
de fiches d’adéquation des médias au
public
+ = Très adapté ++ = moins adapté
9) Guide méthodologique d’élaboration d’une stratégie de communication multimédia, Organisation
des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture Rome, 2002, p. 37.
+ = Très adapté ++ = moins adapté
47
+
++
+
++
Boîte à image
Brochures
+
++
Flanellographie
++
++
++
++
Cassette-son
++
++
+
Population
urbaine
+
++
++
+
++
++
++
Femmes Hommes
en
en
milieu
milieu
rural
rural
Contact personnel
Film-fixe
Démonstrations
pratiques
Moyens de
communication
interpersonnelle
++
++
++
++
++
++
+
Agents
de terrain
+
+
+
++
+
Leaders
villageois
+
++
+
Autorités
++
++
++
++
++
++
Ecoliers
+
Grand
public
+ = Très adapté ++ = moins adapté
48
Visites intervillageoises
Notes
d’informations
Réunions
+
+
Femmes Hommes
Moyens de
en
en
communication
milieu
milieu
institutionnelle
rural
rural
Population
urbaine
+
++
++
++
++
+
Leaders
villageois
Agents
de terrain
++
++
Autorités
+
Ecoliers
Grand
public
Le choix des médias et des supports devra s’appuyer sur les critères suivants :
• les coûts (coûts d’utilisation des médias, de formation de personnesrelais, achat et production de supports) : l’utilisation de ce média est-elle
financièrement supportable ?
• L’accessibilité : dans quelle proportion le public cible a-t-il accès à ce média ?
• La commodité d’utilisation (compte tenu des compétences acquises par les
intervenants) : ce média sera-t-il facile à utiliser ? Nécessite t-il- d’autres
ressources électriques, carburant, groupes électrogènes ?
• L’adéquation par rapport à la cible : Ce canal convient-il à la culture ou au
niveau d’instruction de l’audience ?
• La crédibilité (de chaque type de média envisagé, dans le contexte de mise
en œuvre de l’intervention) : Est- il considéré par la cible comme digne de
confiance ? Ce média est-il crédible ?
• Le degré de participation du public : ce média favorise-t-il la participation?
• La permanence de la diffusion du message : ce média favorise-t-il une
diffusion durable du message ?
• L’adéquation aux objectifs de l’intervention : ce média est-il approprié à la
poursuite de nos objectifs ? Quels sont les avantages et inconvénients des
différents médias?
• La couverture : Ce média peut-il permettre de desservir une vaste zone
géographique, où se trouve mon public cible ?
• La valeur d’attention : Le support retenu a-t-il une chance de retenir
l’attention du groupe cible ? Jouit-il d’un grand attrait des populations ? La
production des supports de sensibilisation exige une collaboration étroite
entre plusieurs personnes opérant dans différents secteurs.
C’est pourquoi les rôles des différents partenaires devraient être clairement
établis. Le spécialiste en alphabétisation restera garant du contenu des messages.
Celui-ci interviendra pour rectifier les messages incorrects. Aussi, peut-il exercer
le rôle de coordonnateur de l’opération. Les créatifs interviendront pour formuler
les messages, puis pour proposer leur traduction sur des supports appropriés. En
dernier recours, le groupe de planification peut accepter ou refuser le support
proposé, après avoir obtenu les résultats du pré-test de celui-ci.
49
L’on doit se souvenir que la cible primaire est analphabète. Par conséquent, les
supports qui leur sont destinés doivent être basés sur l’oralité ou les illustrations
simples et compréhensibles.
Il faudrait à l’étape de la production du matériel, associer des représentantes et
représentants des groupes auxquels on s’adresse. Le pré-test permet de s’assurer
que les concepts et le matériel sont biens adaptés aux cibles.
3. Planification des activités
Cette étape permet de préparer des activités. Elle consiste à réfléchir et décider à
l’avance ce que l’on veut faire. En d’autres termes, c’est se demander :
- Comment procéder ?
- Quand agir ?
- Pendant combien de temps ?
- Qui accomplira quoi ?
Pour ce faire, il est recommandé d’élaborer un plan de gestion du programme de
sensibilisation, un plan de formation si nécessaire et le budget.
• Un plan de gestion du programme de sensibilisation
Le plan de communication indique l’ensemble des marches à suivre pour produire
et diffuser les messages nécessaires à la conduite du projet.
Ce plan permet de spécifier les ressources humaines, matérielles et financières
dont on aura besoin pour exécuter chaque activité prévue.
Il convient donc d’énumérer l’ensemble des activités prévues, objectif par objectif
et pour chacune des activités, de déterminer les ressources nécessaires. A ce titre,
on pourrait avoir un tableau de planification des activités de type suivant :
50
Tableau 4 : Exemple
de fiches d’adéquation des médias au
public
Objectifs
Activités
Périodes
Lieux
Ressources
humaines
Ressources
matérielles
Personnes
responsables
• Un plan de formation
Il permet d’avoir des ressources humaines de qualité. Ainsi, les différents
personnels qu’on utilise pour exécuter les activités de terrain sont formés, ce qui
leur permet d’accomplir adéquatement leurs tâches.
Il est important que toutes les personnes qui interviennent dans la conception
et la mise en œuvre d’un programme de sensibilisation pour promouvoir
l’alphabétisation des femmes partagent la même vision.
• Le budget
Il permet de connaître l’ampleur financière des activités. Chaque activité doit être
budgétisée.
Pour évaluer le coût de la stratégie, il faut inventorier les activités et les ressources
nécessaires pour les exécuter et évaluer toutes les catégories de dépenses :
• Activités de recherche et de suivi-évaluation (salaires / honoraires, frais de
déplacement, fournitures, traitement et analyse des données, publication
des rapports, ateliers de restitution des résultats, etc.) ;
• Formation (honoraires, matériel de formation, frais d’organisation, prise en
charge des participants, transport, etc.) ;
• Production et diffusion de matériel (atelier de conception, honoraires/
salaires des techniciens, droits d’auteur, cachets d’artistes, déplacements,
fongibles, frais de reproduction, frais de distribution et de diffusion, etc.) ;
• Activités de communication sur le terrain (équipement, déplacement, salaires,
frais de terrain, coût de la logistique pour les réunions ou manifestations
publiques), etc.
51
4. Mise en œuvre des activités
La phase de mise en œuvre consiste à produire à grande échelle les supports, à
former les intervenants et à réaliser la sensibilisation.
• Produire à grande échelle les supports
Les supports dont l’élaboration a été assurée durant la phase de formulation sont
produits sur une large échelle au niveau de la mise en œuvre.
• Former les intervenants
Il peut s’avérer nécessaire de programmer la formation des acteurs qui seront
impliqués dans l’exécution de la stratégie, afin de les doter des connaissances,
attitudes et compétences nécessaires à l’accomplissement efficace de leur rôle.
Tous ces intervenants, qu’ils soient des cadres du niveau central ou intermédiaire,
du personnel de terrain, des bénéficiaires, des professionnels, des médias, des
communicateurs traditionnels ou des artistes et créateurs doivent connaître les
messages et la façon de les transmettre.
Ils doivent également être informés de leurs rôles dans la stratégie d’ensemble.
• Réaliser la sensibilisation
Les différentes activités de sensibilisation avec la population peuvent alors
commencer. Elles sont mises en œuvre selon des modalités fixées lors des étapes
précédentes, selon un calendrier donné et compte tenu des ressources disponibles.
5. Suivi-évaluation des activités
La phase de suivi-évaluation doit être considérée comme une activité de soutien,
comme un instrument de régulation des activités de communication. Ce sont des
processus qui ramènent au programme les résultats des analyses intermittentes.
• Le suivi
Il consiste à surveiller et analyser de façon périodique ou continue le déroulement
des activités prévues dans le plan de travail pour:
• S’assurer que le plan élaboré est exécuté comme prévu ;
• Détecter les écarts éventuels ;
• Identifier les difficultés rencontrées ;
• Percevoir les contraintes et opportunités non prévues, afin de fournir à temps
les apports nécessaires et d’effectuer les corrections qui s’imposent ;
• Vérifier que les ressources et les activités permettent d’obtenir les résultats escomptés.
52
Exemple : vérifier que les microprogrammes de radio sont diffusés selon le
rythme prévu.
• L’évaluation
L’évaluation consiste à mesurer, à un moment donné, les réalisations d’une
intervention et à les comparer avec les prévisions en vue de déterminer si les
objectifs ont été atteints. Elle permet donc d’apprécier l’utilité, l’efficacité et
l’efficience des activités, bref la performance, et si possible de les expliquer.
L’évaluation d’un programme de sensibilisation peut porter sur différents aspects,
notamment le processus, les résultats et l’impact.
Les résultats peuvent permettre de corriger l’intervention pendant son déroulement
ou d’en tirer les leçons et les conséquences à son achèvement. Elle peut se
faire au début de l’intervention (ante), à un moment précis de son déroulement
(intermédiaire) ou à la fin (terminale, post).
Par ailleurs, elle peut être interne (faite par des personnes ayant participé à tout
ou une partie de l’intervention), externe (confiée à des spécialistes extérieurs à
l’intervention), conjointe ou participative (mixte).
On procède généralement à l’évaluation d’une intervention dans une double
perspective :
• pour voir si les objectifs sont atteints ;
• pour voir si les processus se déroulent conformément aux attentes de tous
les partenaires :
• La population concernée elle-même : elle doit être invitée à participer au
processus d’évaluation, car les actions à évaluer la concernent directement.
Elle est donc intéressée au premier chef par la réussite ou l’échec de ces
actions.
• Les acteurs de l’intervention de communication, tant dans sa phase
préparatoire que dans sa mise en œuvre, vont jouer un rôle important dans
le processus d’évaluation. Ils y seront d’autant plus impliqués que cette
évaluation va les aider à améliorer leurs prestations.
• Les évaluateurs, spécialistes de la question, ou réputés tels, internes ou
externes à l’équipe de planification, vont apporter leur concours technique
à la réalisation de cette évaluation.
• Les commanditaires : généralement, les bailleurs de fonds ou les pouvoirs
publics souhaitent obtenir les résultats de l’évaluation des actions qu’ils ont
promues. Ils sont donc eux aussi des partenaires à part entière.
53
L’évaluation se réalise à l’aide de plusieurs moyens qui peuvent être :
• collecte de statistiques ;
• revue de documents ;
• analyse de contenu des supports et moyens de communication ;
• contrôle régulier du matériel à des points de distribution types; press book
• visite de terrain;
• réunions, rencontres, séminaires périodiques ;
• discussion de groupe dirigée; enquête par questionnaire auprès d’un
échantillon; panel; entretien individuel ou de groupe, observation ;
• rapports internes, rapports annuels d’institutions, rapports d’étude ou de
recherche ;
• statistiques disponibles dans les services, les programmes ou les institutions;
recensements généraux de la population ;
• médias par l’analyse de contenu ;
• textes: lois, décrets, arrêtés, directives, programmes, protocoles, etc.
• bordereaux de livraison...
L’évaluation du processus, des résultats et de l’impact consiste à apprécier les effets
obtenus grâce aux activités et aux produits en termes de changements au niveau de la
population cible, du programme de développement concerné et de l’environnement.
• Évaluation des résultats : l’on s’intéresse aux progrès réalisés par rapport aux
objectifs de l’intervention et à ses conséquences en termes de connaissances,
attitudes et pratiques;
Exemples d’indicateurs de processus et de produits :
• nombre de causeries animées ;
• nombre d’agents formés appliquant correctement la technique du conseil ;
• matériel produit répondant aux normes de qualité requises ;
• nombre d’émissions réalisées ;
• diffusion des messages effectuée dans les délais prévus ;
• pourcentage de la cible exposée aux messages ;
• évaluation de l’impact : il s’agit des changements qui affectent le programme
de développement ou son environnement suite aux résultats obtenus par la
54
mise en œuvre de la stratégie de communication tels que le nombre de
nouveaux centres crées, le taux de scolarisation des filles.
Exemples d’indicateurs de résultats ou d’impact :
• pourcentage de la cible favorable à l’ouverture d’un centre d’alphabétisation
dans le marché ;
• pourcentage d’hommes ayant autorisé leurs épouses à participer aux activités
d’alphabétisation ;
• adoption d’une législation favorable à l’alphabétisation des femmes et des
filles.
En somme, pour qu’un programme de sensibilisation des femmes et des filles en
matière d’alphabétisation soit opérationnel, il doit être élaboré en tenant compte
de plusieurs médias possédant leurs spécificités et apports.
L’usage des supports et canaux multimédias devra se faire selon un processus de
planification qui se décline en cinq phases :
• la phase d’analyse de la situation ;
• la phase de la conception de la stratégie ;
• la phase de la planification ;
• la phase de la mise en œuvre ;
• la phase de suivi et de l’évaluation.
La prise en compte de ces différentes phases assure la continuité et la consolidation
des acquis, de sorte qu’à la fin de la formation, l’alphabétisée ne retombe pas dans
l’illettrisme.
Cependant, il est important de cibler des stratégies et activités de sensibilisation
des femmes et des filles pertinentes pour que l’alphabétisation de la population
féminine ne soit pas un phénomène de seconde zone.
55
TROISIEME PARTIE :
DES STRATÉGIES ET ACTIVITÉS
DE SENSIBILISATION DES FEMMES
ET DES FILLES EN MATIÈRE
D’ALPHABÉTISATION
Une grande variété de stratégies et activités existent pour développer la
sensibilisation du public ; celle-ci peut être mise à profit pour promouvoir
l’alphabétisation auprès des femmes et des filles. Cet art de mettre en œuvre
habilement des activités pour atteindre les femmes et les filles analphabètes, peut
s’opérer de trois manières :
• la voie médiatique ;
• la voie non médiatique ;
• la voie socio-traditionnelle.
1. Stratégies et activités mass média
Le paysage médiatique offre une opportunité de communication appréciable qui
permet de faire la sensibilisation des populations sur l’alphabétisation.
La stratégie média permet une diffusion large et collective d’informations ou
d’opinions, quel qu’en soit le support. On peut entreprendre, dans ce cadre, des
activités à travers la radio interactive, la télévision, la publicité.
• Radio interactive
Les émissions radio peuvent servir pour la sensibilisation des femmes et des filles.
La démocratisation, le pluralisme et les politiques de déréglementation dans de
nombreux pays en développement, ainsi que la baisse des coûts des émetteurs FM,
se sont traduits par la prolifération des stations de radios communautaires locales.
Ces stations de radio créées par des particuliers, des associations, des communautés
locales et des organisations commerciales, religieuses et politiques permettent à de
nombreux villages isolés et villes de pays en développement de communiquer.
Pour nombre de ces communautés rurales, les émissions de radios sont souvent
le seul moyen efficace de transmettre des informations importantes à un large
public. Elles s’occupent des questions liées au quotidien de leurs auditeurs et
favorisent le développement local.
Elles sont un vecteur important de motivation et d’éducation des femmes qu’elles
sensibilisent à la problématique homme-femme et à l’exercice de leurs droits.
Ces émissions leur offrent aussi l’occasion de prendre le micro pour soulever des
questions qui les intéressent.
La radio qu’elle soit rurale, communautaire ou nationale, peut être utilisée pour
donner la parole aux communautés et à leurs membres pour s’exprimer sur
l’alphabétisation des femmes et des filles.
59
- Les entretiens individuels ou en groupe
La radio peut enregistrer des entretiens individuels ou en groupe portant sur la
question de l’alphabétisation des femmes et des filles. Elle peut aussi organiser des
débats dans les langues locales ou la langue officielle tenant compte des traditions
culturelles. Des tables rondes peuvent aussi être organisées entre des personnes
ressources ou avec l’auditoire. Ceci fera apparaître d’éventuelles divergences
d’opinions sur les questions traitées.
A ce titre, dans le cadre de la célébration de la Journée internationale de
l’alphabétisation, la radio OKAPI a invité le Professeur Pierre GABEMBO, chargé
du programme éducation à l’Organisation des Nations Unies pour l’Education, la
Science et la Culture (UNESCO) en RDC en sa qualité de spécialiste, à intervenir
sur la situation de l’alphabétisation au Congo . Au cours de cette émission, elle a
ouvert l’antenne aux auditeurs pour se prononcer sur la situation de l’alphabétisation
dans leur milieu de vie et poser leurs questions ou préoccupations 10.
- Les émissions publiques de variétés
L’enregistrement d’émissions publiques de variétés peut servir également pour la
sensibilisation de la communauté.
Au cours de ces émissions, des jeux et concours peuvent être organisés. Les éléments
radiophoniques seront repris dans le cadre de microprogrammes, qui, diffusés
régulièrement sur l’antenne, vont populariser des messages simples prononcés
spontanément par des personnes appartenant à la population visée, à travers le
programme de sensibilisation sur l’alphabétisation des femmes et des filles.
Tout au long de l’émission publique de variétés, différents groupes peuvent
intervenir dans le cadre des rythmes et chants populaires, en tant qu’interprètes,
et introduire dans le texte de leurs chants des messages de sensibilisation sur
l’alphabétisation.
- Les reportages
Les reportages peuvent être faits dans des centres d’alphabétisation en vue de
donner à l’opinion publique une idée claire des programmes des centres. Des
communautés modèles également peuvent être présentées à travers des émissions
radiophoniques. Tous ces enregistrements seront diffusés par épisodes successifs,
en fonction de la programmation. Les avantages de ce type d’émissions sont ainsi
mis en évidence par une auditrice de Kodialanida au Mali : «La radio nous a aidé
à comprendre l’importance de l’alphabétisation pour nos activités commerciales.
Cela a encouragé les femmes à y consacrer plus de temps. Au départ, nous
10) La parole aux auditeurs sur radio OKAPI EN RDC. Quelle est la situation de l’alphabétisation
dans votre milieu? 7 septembre 2012.
60
travaillions chacune de notre côté, mais en écoutant les programmes radio, nous
avons eu l’idée de nous réunir en une association…»11
• Les émissions télévisées
Le Programme d’action de la Conférence de Beijing a identifié l’énorme potentiel
des mass-médias dans la promotion de la femme et la parité homme-femme. Il
affirme que «la télévision a le plus fort impact sur les jeunes et, à ce titre, peut
influencer les valeurs, attitudes et perceptions des femmes aussi bien de manière
positive que négative».
La télévision est un outil prestigieux, puissant, qui donne des moyens d’agir, aide à
sensibiliser le public, à stimuler le débat et à accroître les connaissances. Elle n’est
généralement pas accessible aux communautés isolées, mais elle devient une réalité
de plus en plus tangible dans les milieux ruraux de nombreux pays en développement.
La télévision peut être utilisée pour créer des modèles sociaux de comportements
favorables à l’alphabétisation des femmes et des filles.
A cet effet, plusieurs formats12 d’émissions peuvent être produits selon le publiccible.
- Les débats télévisés
Un reportage suivi d’un débat entre un journaliste et un ou plusieurs experts
du domaine peuvent permettre une meilleure compréhension de la situation
et emmener à adopter un comportement favorable à l’alphabétisation de la
population féminine.
La cérémonie de commémoration de la Journée internationale des volontaires à
Bamako au Mali, en décembre 2007, a porté sur le secteur de l’alphabétisation.
A cette occasion, un débat télévisé sur l’alphabétisation qui a mis en exergue
les nombreuses entraves à l’alphabétisation des populations féminines, a été
organisé.
- Les feuilletons et les séries télévisées
Les feuilletons et les séries télévisés permettent une bonne sensibilisation
quand ils connaissent un succès. Ils finissent par installer des attitudes dans la
communauté par identification aux acteurs.
Les séries télévisées traitent souvent des conflits de classes et mettent en
scène des personnages qui se démènent pour échapper à une situation telle que
l’analphabétisme ou la pauvreté.
11) Le Courrier de l’UNESCO, n° 170 (juillet-août 1998).
12) C’est la manière spécifique dont les éléments de production sont organisés : un débat, un
reportage, un feuilleton, un concours, un spot, etc.
61
En introduisant un problème de société important dans le scénario, tel
l’alphabétisation des filles, le feuilleton passe du statut de simple divertissement
à celui de divertissement éducatif.
Un tel programme télévisé peut faire évoluer les comportements et multiplier les
inscriptions dans les cours d’alphabétisation.
• La publicité
La publicité est onéreuse mais permet d’atteindre un large public. Dans le cadre de
la sensibilisation du grand public sur la question de l’alphabétisation des femmes
et des filles, des spots télévisés, des encarts dans les journaux et magazines, s’ils
sont accompagnés de photos, d’images ou autres illustrations peuvent persuader
l’opinion.
Au Maroc, la Direction de la lutte contre l’analphabétisme a réalisé, en octobre
2012, une large campagne de sensibilisation de quarante jours incluant des
spots publicitaires sur les principales chaînes de télévisions nationales, la radio,
l’affichage et la presse écrite.
• La relation presse
Les journaux, les magazines, la radio, la télévision, le cinéma fournissent l’un des
plus efficaces moyens de parvenir à un large public cible. La collaboration avec
les médias, pour un coût raisonnable, permet de faire passer efficacement des
messages auprès d’un public cible important.
Les personnes chargées de la sensibilisation peuvent fournir aux médias des
informations intéressantes et bien étayées par des travaux de recherche, que les
médias sont à leur tour en mesure de mettre en valeur.
Ceux-ci à leur tour vont sensibiliser en rendant le message plus crédible. Pour
rechercher l’appui des médias et leur implication pour la sensibilisation des
femmes et des filles dans le domaine de l’alphabétisation, il s’avère nécessaire
d’organiser des ateliers de sensibilisation, des visites de terrain et des séances de
sensibilisation à l’endroit des journalistes ; ceci, dans le but de développer une
base de connaissances adéquate sur la situation de l’alphabétisation des femmes
et des filles.
Une fois que la sensibilisation des journalistes est réalisée et leur intérêt suscité, il
faut rechercher leur implication de façon régulière et complète dans les activités.
Ceux-ci à leur tour porteront l’information sur l’alphabétisation des femmes au
public, à travers leurs articles sous forme de dossiers, de documentaires, de textes
accompagnés de photos, publiés dans des magazines et des suppléments, des
éditoriaux et articles d’opinion.
62
Les articles portant sur des témoignages de lectrices nouvellement alphabétisées
ou de courts portraits ou anecdotes à leur sujet, les récits de réussites individuelles
grâce à l’alphabétisation peuvent être pour d’autres femmes un puissant
encouragement à s’inscrire à des cours d’alphabétisation.
L’impact de l’alphabétisation de la femme rurale sur la scolarisation des filles a
fait l’objet d’un atelier qui s’est tenu du 6 au 8 décembre 2006 à Dosso (Niger),
organisé par l’ONG VIE Kande Ni Bayra. A la fin de cette activité, le Bulletin
Dimitra13, partenaire de l’activité, en a fait un large écho dans un format dossier
pour sensibiliser les lecteurs sur la question.
• Encarts dans les médias de masse
Les spots radio et télévisés véhiculant des messages diffusés à la fois dans les
langues locales et officielles peuvent emmener les populations cibles à s’intéresser
aux activités d’alphabétisation.
Les modèles s’appuyant sur les témoignages pourraient être plus porteurs quand
les cibles peuvent s’identifier aux personnages présentés. Les journaux locaux et
les magazines féminins peuvent servir également pour des encarts publicitaires.
• Les réseaux sociaux
Les réseaux sociaux sont des plates-formes interactives via l’internet. Ils permettent
à leurs membres d’établir ou d’intégrer des réseaux d’amis ou de connaissances
professionnelles et de participer à la vie de ces réseaux à travers la mise à disposition
d’outils et interfaces de présentation, de communication et d’interaction.
Par ce canal, les individus et les communautés créent et partagent des informations
sur la situation de l’alphabétisation des femmes et des filles dans une localité
donnée. Les médias sociaux peuvent se présenter sous différentes formes, comme
les forums d’internet, les blogues, les images et vidéos.
Ils peuvent avoir une incidence sur le niveau de connaissances, les attitudes et
le comportement des cibles secondaires devant influencer les cibles primaires.
Ainsi, dans le cadre de sa volonté de valoriser et faire connaître les success
stories concernant des néo-alphabètes au Maroc, la Direction de la Lutte Contre
l’Analphabétisme (DLCA) a fait réaliser un reportage sur l’une des femmes du
projet, Fadma Aglif, et l’a diffusé sur son site 14.
13) Dimitra est un projet d’information et de communication participative qui contribue à améliorer
la visibilité des populations rurales, particulièrement des femmes.
14) http://www.alphamaroc.com/dlca
63
2. Stratégies et activités hors média
La communication hors média désigne l’ensemble des actions de communication
qui ne passent pas par les médias traditionnels, presse, TV, affichage, radio,
cinéma, journaux. Elle fait référence à l’événementiel, au parrainage sportif ou
culturel des foires, expositions, salons …
• Les supports imprimés
- Les messages dans la vie quotidienne
Cette stratégie permet de façon permanente de sensibiliser les populations, en
utilisant comme support les objets et l’environnement immédiat, pour véhiculer
les messages sur l’alphabétisation des femmes et des filles. Dans ce cadre, les
messages imprimés peuvent être des slogans, des informations statistiques, des
conseils, des photos et dessins, etc.
Les messages peuvent être imprimés sur des sacs de jute, les papiers ou sachets
d’emballage, les tee-shirts, les bus, les taxis, les enseignes de magasins, les
vitrines, les portes clés, les stylos, les tasses, les parasols, les ustensiles de cuisine,
les calendriers, les cartes postales, les pagnes, les matériels de bureau et tout
autres objets utilisés ou rencontrés dans la vie quotidienne.
L’un des plus grands avantages de cette stratégie est que les messages sont
fréquemment rencontrés du fait qu’ils soient sur des supports usuels. Plus les
gens voudront les utiliser et plus ils se souviendront du message de la campagne.
- Les affiches et affichettes
Ce type de supports à placarder dans les lieux publics ou à distribuer sont
attrayants et sont généralement illustrés d’images. Sa distribution peut coïncider
avec de grandes manifestations, les événements communautaires, les foires, etc.
Ainsi, en Côte d’Ivoire, lors de la 47ème Journée internationale de l’alphabétisation,
le Service Autonome de l’Alphabétisation et de l’Education Non Formelle a
organisé une campagne d’affichage dans les marchés, les centres de santé, salons
de coiffure et les services publics de la commune de Marcory, devant abriter la
manifestation officielle, avec comme icône une femme en apprentissage.
• Sensibilisation par le divertissement
- Le théâtre
La pièce de théâtre met en scène la vie des gens. Elle accroche ainsi le spectateur
par son côté imaginaire, tout en lui délivrant un message édifiant.
La pièce de théâtre permet au spectateur de réfléchir à son comportement, en
s’identifiant à un personnage qui se trouve dans une situation problématique bien
64
connue. Le spectateur peut ainsi trouver, dans la pièce de théâtre, un modèle de
comportement qu’il adoptera ensuite dans sa vie quotidienne.
L’identification est d’autant plus aisée que les spectateurs sont proches des
acteurs, physiquement et psychologiquement. On peut faire appel à des acteurs
professionnels ou tout au moins à de brillants amateurs pour traduire les messages
qu’on veut transmettre.
Le scénario devra être élaboré de sorte à permettre au spectateur de s’amuser,
mais aussi de tirer une leçon par rapport à la problématique de l’alphabétisation
de la population féminine.
Les spectateurs seront invités à participer soit pendant, soit après la représentation.
Cette participation accroît considérablement leur possibilité d’apprendre quelque
chose pendant le spectacle.
- Le théâtre forum
Le théâtre forum est un genre de représentation qui implique la participation
active du public cible.
Dans un premier temps, les acteurs jouent la pièce. Ensuite, les acteurs reprennent
quelques séquences négatives de la pièce.
Des éléments du public sont invités à jouer le rôle des mauvais personnages et
rejouer en s’efforçant de transformer positivement les situations révoltantes, le
reste du public apprécie ces situations ou les rejette.
Enfin, des spécialistes répondent aux questions du public cible et apportent des
informations complémentaires.
- Les films et les vidéos
La projection des films portant sur le thème peut capter l’attention de la cible et
l’emmener à se rallier à la cause de l’alphabétisation.
En laissant parler les images, les ambiances, mais aussi plus directement les
personnes qui vivent certaines situations, le film apparaît souvent important pour
toucher la sensibilité des spectateurs.
Au Mali, la Direction Nationale de l’Alphabétisation Fonctionnelle et de la
Linguistique Appliquée (DNAFLA) a organisé une caravane de l’alphabétisation
dont l’objectif était d’améliorer le circuit de distribution des documents de post
alphabétisation en 1994, dans les régions de Ségou et de Mopti. À la vente des
brochures fut associée la projection de films permettant de mieux informer les
populations sur les avantages de l’alphabétisation.
65
- La chanson
Elle accentue encore cette note de gaîté, d’autant plus qu’elle encourage la
participation de tous et qu’elle facilite la mémorisation des messages. Des artistes
traditionnels sont souvent en mesure de traduire des messages complexes dans
des formes qui peuvent être facilement comprises par les populations rurales et
les populations peu alphabétisées.
Ils ont l’avantage supplémentaire de mélanger le message avec les médias de
divertissement populaire.
Des chansons peuvent être enregistrées et diffusées en utilisant les médias
modernes, notamment la radio, pour atteindre un large public.
En Côte d’Ivoire, l’artiste chanteur de reggae Larry Cheik appelé l’ami de
l’Education Nationale, a composé un titre « Savoir lire et écrire » dont se sert
la structure nationale pour sensibiliser lors des différentes campagnes et des
manifestations d’alphabétisation.
En somme, le divertissement émeut les populations de manière plus efficace
qu’une argumentation logique. Le divertissement a un très bon rapport coût –
efficacité, si l’on considère son impact et son degré d’influence sur les individus.
• L’événementiel
L’événementiel peut porter sur des manifestations, des rassemblements et des
activités publiques. Ce type d’activités permettent de toucher beaucoup de
personnes, car elles sont participatives, instructives et attirent des personnes de
tous les horizons.
- Les manifestations publiques et les rassemblements
Les manifestations publiques et les rassemblements dans un lieu bien choisi,
impliquant les femmes ont l’avantage de réunir différents groupes sociaux ;
l’objectif étant d’attirer l’attention et l’appui des observateurs et des spectateurs.
Au cours de ces rassemblements, la musique, les chants, la danse, le théâtre et
d’autres activités peuvent être intégrées à l’événement pour capter l’intérêt des
spectateurs. Certaines organisations confectionnent pour les manifestants, des
tee-shirts, des dépliants, des pagnes sur lesquels sont portés des messages, des
images et des slogans, afin de sensibiliser la population.
Lorsque les acteurs du programme ne disposent pas des moyens nécessaires
pour organiser leur propre manifestation, ils devront envisager de s’associer
à l’organisation d’un événement sur un sujet analogue, comme les droits des
femmes ou l’éducation des jeunes et des adultes, de manière à sensibiliser un
66
public susceptible de s’intéresser déjà aux questions liées à l’alphabétisation des
femmes et des filles.
- Les journées commémoratives
Les évènements peuvent être initiés et mis en œuvre lors de la commémoration
d’évènements nationaux et internationaux tels : la Journée Internationale des
Droits de l’Homme, la Marche Mondiale des Femmes, la Journée Internationale
de l’Alphabétisation, les Journées Nationales de l’Education, etc.
Ainsi, dans le cadre de la Semaine Mondiale d’Action en faveur de l’Education
pour tous 2011 sur le thème « l’Education des femmes et des filles », les différents
comités nationaux ont organisé des évènements ayant essentiellement porté sur
des déclarations, des activités sportives et récréatives, des jeux-concours, des
compétitions et des représentations théâtrales.
• La stratégie des Porte voix
- Les personnalités et célébrités
Des stratégies invitant des personnalités populaires connues de la télévision, de la
musique, du cinéma, des formes traditionnelles de divertissement, du sport, de la
religion à s’impliquer dans des campagnes de sensibilisation du public, pourraient
être un moyen efficace pour promouvoir l’alphabétisation des femmes et des filles.
Ces personnalités peuvent être des porte-parole efficaces et des défenseurs de
causes populaires, car elles sont suivies et adulées par les populations.
Elles sont des porte-voix, des ambassadeurs de bonne volonté qui mettent leur
renommée et leur charisme généreusement au service de la cause pour laquelle
elles ont été mandatées. Un avantage principal de cette stratégie est qu’elle permet
d’atteindre un public acquis à leur cause.
C’est à ce titre que dans le cadre de la célébration de la Journée Internationale de
l’Alphabétisation 2012, le chanteur ASALFO du célèbre groupe Magic Système
a été nommé Ambassadeur de bonne volonté par l’UNESCO.
Dans une interview accordée à Radio France Internationale (RFI) le 6 septembre
2013 , il annonce en quoi consiste sa mission: « En tant qu’artiste, je vais plus
m’investir dans la communication et la sensibilisation (...). On m’a nommé, en
tant que chanteur, ma mission première est de me servir de mes activités pour
faire passer tous les messages».
- Les pairs éducateurs
La stratégie pairs- éducateurs consiste à outiller les représentants de la communauté
ou d’un groupe en vue de sensibiliser les autres membres de leur communauté sur
67
la question de la fréquentation et du maintien des femmes dans les centres. On
suppose que ces pairs partagent les mêmes vécus et sont confrontés aux mêmes
problèmes que le groupe cible.
Ceux-ci en se chargent d’informer et de former les autres. Ils accroissent ainsi
l’impact du programme d’alphabétisation et suscitent une plus grande prise de
conscience au niveau de leurs communautés.
- Les témoignages
La stratégie des témoignages pour sensibiliser les femmes et l’opinion publique
sur l’importance des cours d’alphabétisation s’appuie sur les femmes néoalphabètes qui attestent des gains qu’elles ont tirés de l’alphabétisation.
A ce titre, l’exemple de Nana Karidja, formée dans les centres d’alphabétisation,
a été utilisé pour la sensibilisation au niveau national, en 2012, en Côte d’Ivoire.
Cette jeune dame âgée de 25 ans a une histoire édifiante puisqu’elle est, aujourd’hui,
titulaire d’un baccalauréat G. Entrée dans un centre d’alphabétisation, en 2003, à
l’âge de 13 ans, elle y a appris à lire, écrire et calculer.
Elle ne va pas s’arrêter en si bon chemin et continue jusqu’à l’obtention, cette
année, de son baccalauréat G.
• Organisation de concours
Un concours peut être une excellente occasion de sensibiliser le grand public.
Toutes sortes de concours où les participantes se mesurent les unes aux
autres, peut représenter et/ou attirer l’attention sur l’intérêt et l’importance de
l’alphabétisation pour les femmes.
Ce type de manifestation contribue à sensibiliser les spectateurs qui jugent ou
regardent les créations des participantes.
- Concours de lecture
Le concours de lecture, loin de son aspect compétitif, apparaît comme une action de
coopérer, d’aider. Il s’agit de mettre à la disposition des apprenantes, voire de toute
la communauté, des manuels de lecture, des journaux, des revues ; ce qui favorisera
des occasions de lire et d’écrire à travers des échanges de correspondances, la
narration d’histoires vécues ou encore des sketchs organisés.
Ce type de concours entend mettre en lumière l’importance de l’alphabétisation
ainsi que l’impact positif de l’alphabétisation dans la vie de chaque apprenante.
Il peut s’effectuer à travers la mise en place de salles de lecture dans les centres
d’apprentissage de sorte à susciter l’intérêt des femmes et des filles non inscrites
dans les activités d’alphabétisation.
68
- Prix pour la presse
Ce type de prix vise les objectifs suivants :
• Encourager les journalistes à écrire et à publier dans la presse des articles
sur l’alphabétisation.
• Inciter les organismes de presse africains à ouvrir dans leurs colonnes des
rubriques sur cette thématique.
• Stimuler le développement d’un réseau de journalistes spécialisés dans la
couverture des sujets touchant l’alphabétisation des femmes et des filles.
L’Association pour le Développement de l’Education en Afrique (ADEA) est
persuadée qu’un des moyens efficaces d’appuyer le développement d’une
éducation de qualité est d’encourager la communication sur ce thème.
A ce titre, elle a institué un prix qui récompense les meilleurs articles sur
l’éducation parus dans la presse africaine. Cette expérience peut être reproduite à
l’échelle nationale, régionale ou locale.
• Communication face-à-face
- La causerie-éducative
La causerie est une technique d’animation de groupe. C’est un moyen de
communication interpersonnelle pour promouvoir les échanges entre les membres
d’un groupe, en vue d’atteindre des buts fixés.
Pour avoir des échanges assez approfondis sur le thème, il est important que le
nombre de personnes qui compose le groupe soit raisonnable.
C’est pourquoi il est conseillé d’avoir un nombre qui va de quinze (15) à vingt-cinq
(25) personnes. Les animations sont donc à organiser en petits groupes qui ont les
mêmes préoccupations, le même niveau ou la même classe d’âge : les discussions
seront plus denses et auront plus de chance d’intéresser les participants.
L’organisation de telles réunions nécessite une planification méticuleuse et une
grande vigilance dans la gestion des débats, si l’on veut parvenir à l’adhésion et
au consensus recherchés.
A la fin des débats, l’animateur devra faire ressortir les messages clés, en
montrant les aspects positifs. Il devra lire les messages et expliquer si c’est
vraiment nécessaire, sans reprendre l’animation.
- L’exposé-discussion
L’exposé-discussion porte sur un thème clairement défini. L’animateur doit
connaître le niveau de familiarité de son auditoire par rapport au sujet de l’exposé.
69
Pendant l’exposé, il doit être attentif aux réactions de l’auditoire, de façon à y
adapter son discours.
Les objectifs de l’intervention devront être clairs pour chaque personne qui
conduit un exposé-discussion. A-t-on pour but de modifier des attitudes, de
partager des savoirs?
La démarche sera différente. L’exposé doit suivre un fil conducteur construit à
l’avance.
Après l’exposé, la deuxième étape consiste à donner la parole à l’auditoire pour
débattre ensemble des sujets abordés, pour analyser les problèmes spécifiques
vécus par la communauté et pour trouver avec les participants des solutions
adaptées au milieu.
La troisième étape sera de s’engager ensemble à mettre en œuvre de nouvelles
façons de faire : c’est l’étape de la décision, avec le groupe.
L’exposé-discussion peut être enrichi de diverses manières. Les supports de
communication, visuels ou audio-visuels, sont un premier moyen d’enrichissement.
En outre, il existe d’autres supports : le tableau, l’écran sur lequel on projette des
transparents (à l’aide d’un rétroprojecteur).
Dans l’exposé-discussion, l’exposé ennuyeux des causeries traditionnelles et
conventionnelles cède la place à des réunions participatives et intéressantes, d’où
chacun peut sortir avec des données sur l’alphabétisation des femmes et des filles
ainsi que quelques résolutions sur la conduite à tenir par rapport à cette situation.
- La vidéo-animation
La vidéo, lorsqu’elle est utilisée dans le cadre d’animations en relation directe
avec le public, dépasse les possibilités de la télévision.
En effet, au-delà des qualités intrinsèques de l’outil télévisuel :
- elle permet l’interaction entre le présentateur et son public ;
- elle autorise le feed-back, la reformulation, le retour en arrière, le ralenti,
l’arrêt sur image, etc. ;
- elle permet de décortiquer le message, pour en retirer toute la substance, pour
le réinterpréter et pour l’adapter.
Le coût élevé de la production vidéo comparativement à d’autres supports
(diapositives, affiches, boîtes à images, etc.) devrait conduire les acteurs de la
sensibilisation en matière d’alphabétisation à rechercher des programmes existants,
correspondants aux objectifs de l’activité et aux attentes du public cible.
70
Dans le cadre de la vidéo-animation, la production de bandes vidéo représentant des
oulémas (érudits en religion) donnant des conférences sur la conception islamique
de l’alphabétisation pourrait être d’un apport appréciable dans la mobilisation
sociale des communautés musulmanes.
3. Stratégies et activités socio-traditionnelles
Les populations rurales vivant dans des villages isolés, sans accès aux moyens
modernes de communication, font appel depuis des générations à la tradition
orale et aux formes classiques de communication pour le divertissement et le
partage du savoir et des informations.
• La tradition orale
Les formes de communication de la tradition orale telles que les poésies, proverbes,
chants, récits, danses et pièces de théâtre peuvent contribuer efficacement à la
sensibilisation des femmes.
• Réseaux de communication propres aux femmes
Au sein de leurs communautés, les femmes participent activement aux réseaux
de communication sociale, à l’aide de systèmes de communication qui leur
sont propres pour l’échange d’informations, le partage des connaissances et la
diffusion de stratégies de survie et d’entraide.
Ces réseaux devraient être exploités en faveur de l’alphabétisation. Il s’agit
entre autres : des réunions familiales, des réunions de tontine, des rencontres des
associations traditionnelles et religieuses, des festivités locales, des jours de marché.
• Les autorités traditionnelles et religieuses
Elles constituent les catalyseurs des activités de communication du niveau
opérationnel. Ces acteurs de la communication sociale, identifiés au préalable par
zone et en fonction de leurs compétences/habiletés en communication, seront mis
à contribution pour la diffusion des messages.
71
CONCLUSION
L’éducation et la formation de la population constituent une base essentielle et un
enjeu majeur pour le développement durable d’un pays. En effet, le progrès social
demeure tributaire de la qualité des ressources humaines. Mieux elles sont bien
formées et informées, meilleur sera le processus de développement.
Dans ce cadre, se justifie la préoccupation de faire face au défi actuel de la
marginalisation des femmes et des filles dans l’alphabétisation.
En fait, les femmes représentent une force vive dans le développement en ce sens
que dans de nombreux pays, elles ont montré leur capacité à mobiliser leur énergie
et leur force de travail pour tirer le meilleur parti des ressources disponibles et
produire des résultats tangibles et durables.
Promouvoir l’alphabétisation en leur sein, servira de catalyseur pour le
développement dans la mesure où elles représentent également des éléments
essentiels de socialisation des nouvelles générations.
Dans une telle perspective, l’alphabétisation apparaît comme un outil
d’autonomisation qui permet aux femmes d’accéder à d’autres savoirs, d’améliorer
leur vie et d’échapper à la pauvreté, pour participer activement à la vie politique,
sociale et économique.
Toutes ces considérations devraient militer pour une action urgente et prioritaire
en faveur de l’alphabétisation des femmes rurales et urbaines.
Malheureusement, de nombreux pays continuent d’éprouver des difficultés pour
que le genre ne soit plus un obstacle à l’éducation des femmes et des filles. Ainsi,
de nombreuses entraves liées aux préjugés, attitudes et comportements empêchent
celles-ci de participer aux activités d’alphabétisation et de s’y maintenir.
Ainsi, la sensibilisation et l’éducation du grand public se présentent comme deux
aspects fondamentaux, pour faire évoluer les normes culturelles et sociales qui
perpétuent les pratiques néfastes.
Notre étude sur : « Les méthodes modernes d’élaboration et de mise en œuvre
de programmes de sensibilisation pour les femmes et les filles en matière
d’alphabétisation », en axant ses travaux sur la Communication pour le
Changement des Comportements, se veut une proposition de solutions, pour
lever des obstacles à l’alphabétisation de la population féminine.
La sensibilisation des femmes et des filles sur laquelle se fonde l’analyse
devient un processus interactif destiné à créer, à l’aide des différents canaux de
communication, des messages visant à encourager des comportements positifs et
appropriés.
75
Elle a été réalisée dans la vision des méthodes modernes de la communication
basée sur l’approche multi média.
Cette méthode favorise la communication à tous les niveaux, permet aux
populations d’identifier et de hiérarchiser leurs propres problèmes, d’y rechercher
des solutions collectives et de renforcer leur sentiment d’appartenance à des
activités qu’elles ont elles-mêmes décidé d’entreprendre.
A cet égard, la réussite d’un projet de sensibilisation est tributaire d’un nombre
important de paramètres, entre autres :
• une démarche logique qui facilite la progression et le travail de définition
des problèmes, des objectifs et des stratégies de l’intervention ;
• la définition d’objectifs clairs et réalistes qui s’inscrivent dans la politique
de programmation et auxquels toutes les parties prenantes adhèrent ;
• la pertinence des activités réalisées dans le cadre du projet en fonction des
résultats à obtenir ;
• la planification des actions à entreprendre par les différentes parties
concernées ainsi que leur articulation ;
• le suivi régulier et l’évaluation de l’intervention ;
• la flexibilité du plan d’actions, afin de l’adapter aux changements de contexte
ou à l’évolution des données issues du projet ;
• la responsabilité de tous les partenaires et parties prenantes dès l’élaboration
du projet jusqu’à son évaluation ;
• la communication et la coopération entre toutes les parties concernées au
sein d’équipes de travail qui facilitent la participation et l’appropriation de
la réflexion par l’ensemble des participants ;
• la qualité et l’engagement des participants, le sérieux des études préparatoires,
l’exactitude des données disponibles ;
• le lancement d’une campagne de sensibilisation coordonnée et de longue
durée plutôt qu’une vaste campagne de courte durée dans laquelle les gens
risquent d’oublier les enjeux, une fois la campagne terminée.
La prise en compte des différentes étapes et des exemples proposés peuvent
permettre la mise en place de stratégies de sensibilisation originales pertinentes,
adaptées et réalistes.
La présente étude en a proposé quelques-unes tirées des expériences diverses
provenant des organisations de la société civile, des Etats et d’initiatives
76
individuelles, susceptibles de contribuer à améliorer la participation des femmes
et leur maintien dans les activités d’alphabétisation.
Elle intervient dans un contexte de définition des futurs objectifs internationaux
de l’éducation et pour la conception de mécanismes propres à assurer que tous les
partenaires tiennent leurs promesses de réduire de moitié le taux d’analphabétisme,
notamment celui des femmes, et d’atteindre les objectifs du millénaire pour le
développement en 2015 .
L’urgence de faire en sorte que les engagements collectifs pris en l’an 2000, à
Dakar, par les Etats et la communauté internationale soient tenus, impose de trouver
des solutions novatrices pour proposer des alternatives de mobilisation efficaces
à l’endroit des groupes marginalisés dans les programmes d’alphabétisation,
ainsi que des programmes d’alphabétisation et d’éducation non formelle plus
nombreux et de meilleure qualité.
Préserver des formes locales traditionnelles de communication et le changement
social ne sont pas incompatibles. Ces formes traditionnelles de communication
peuvent se révéler des filières importantes pour faciliter l’apprentissage,
l’évolution des comportements, la participation et le dialogue à des fins de
développement.
En somme, les programmes de sensibilisation devraient exploiter toutes les
infrastructures et les canaux médiatiques tant modernes que traditionnels
disponibles dans un pays, et les orchestrer de façon synergique.
Aussi, l’usage simultané des modes d’informations traditionnels et modernes dans
le domaine de l’alphabétisation apparaît-elle comme le gage d’une sensibilisation
efficace.
77
BIBLIOGRAPHIE
1. A.J.TUDESQ, « L’Afrique noire et ses télévisions », Paris, Anthropos/INA,
1992, 340 pages.
2. Agence Fonds Social Européen, « la gestion du cycle de projet expliquée aux
porteurs de projets », Bruxelles, Novembre 2006, 31 pages.
3. Association Tanmia, « Guide pour l’intégration du genre dans les projets de
développement », volume 2, 2006, 43 pages.
4. DVV Publication, « Education des Adultes et Développement : Education de
base dans la pratique, la post alphabétisation - cas du Mali ». Numéro 57, 2011.
5. FAO, « Guide méthodologique d’élaboration d’une stratégie de communication
multimédia », Rome, 2002, 44 pages.
6. FAO, « Guide technique Gestion du cycle de projet. Organisation des
Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture, Programme d’analyse
socioéconomique selon le genre », Rome, 2002. 89 pages.
7. FAO, « La situation de la communication pour le développement au Niger.
Produit par le Département du développement durable, Chapitre X, les outils
de communication de proximité au Niger », Rome, 2003, 179 pages.
8. FAO, « La voix des femmes pour le changement : La communication et la
femme rurale », 1999, http://www.fao.org/docrep/X2550F/X2550F00.htm,
consulté en Décembre 2012.
9. Hugues KONE, Jacques Habib SY, « La communication pour le développement
durable en Afrique, Presses Universitaires de Côte d’Ivoire », 1995, 469 pages.
10. IE, « Première conférence mondiale des femmes de l’internationale de
l’éducation », 22-24 janvier 2011, Bangkok Thaïlande ; Communication de
Assibi Napoe sur « Progrès réalisés par la CME pour réaliser l’éducation
des filles : défis et réponses ».
11. ISESCO, « Rapport transnational sur les réalisations de l’ISESCO dans le
domaine de l’alphabétisation dans les Etats membres », Kenya, Nairobi, 5-7
Novembre 2008.
12. ISESCO, Rapport de l’atelier régional au profit des cadres féminins œuvrant
dans le domaine de l’alphabétisation sur « L’élaboration et la mise en œuvre
des programmes de sensibilisation», Lomé - Togo (15-19 décembre 2008).
13. J.B. ADOTEVI, « Information et participation populaire au développement »,
in la participation populaire au développement en Afrique Noire, Paris, Khartala,
1984, 448 pages.
81
14. Le Matin, «Tordre le cou à l’ignorance et à l’analphabétisme http://www.
maghress.com /fr/lematin.
15. Midzi Davidson David, « Education des Adultes et Développement »
Éditions Numéro 57, « Education de base dans la pratique : la campagne
d’alphabétisation du Zimbabwe », 2011, http://www.iiz-dvv.de,consulté en
Janvier 2013.
16. Ministère de l’Education Nationale de la République de Côte d’Ivoire, « Module
sur les thèmes relatifs au genre pour l’éducation non formelle », sous la direction
de Yvette KOUASSY », 2007, 34 pages.
17. MONDJANANI A. C., « La participation populaire au développement en
Afrique noire », Paris, IPD : KARTHALA, 1984, 448 pages.
18. NTAMAG-NDJEBET Cécile N., SOWAMED « Training Session », Octobre
2008, Rabat -Maroc, 19 pages.
19. PNUD, « Manuel d’Intégration Systématique de l’Approche Genre (ISAG) »,
Septembre 2006, 98 pages.
20. Radio OKAPI, « La parole aux auditeurs sur radio OKAPI en RDC. Quelle
est la situation de l’alphabétisation dans votre milieu ? », 7 septembre 2012,
http://radiookapi.net/.
21. Réseau de Développement et de Communication des Femmes Africaines
(FEMNET), « Formation de formateurs sur le recentrage des problèmes liés
à la parité entre les sexes, Séminaire de formation pour les pays africains
anglophones Kampala, Ouganda », 10-16 décembre, 2000.
22. RFI, « Salif-traore-a-salfo-nouvel-ambassadeur-bonnevolonté, unesco »,
http://www.rf.fr/afrique/.
23. S .COHEN, « Elaboration de stratégies d’IEC pour les programmes de
population », New York, FNUAP, 1993.
24. UNESCO, « Atteindre les marginalisés, Chapitre 2 - Vers les six objectifs de
l’EPT : le point sur les progrès » 2010.
25. UNESCO, Rapport mondial de suivi sur l’EPT, « La crise cachée : les conflits
armés et l’éducation », 2011.
26. UNESCO, « Le défi mondial de l’alphabétisation. Bilan de l’alphabétisation
des jeunes et des adultes à mi-parcours de la Décennie des Nations Unies
pour l’alphabétisation » 2003-2012, 80 pages.
27. UNESCO, BREDA, « Alphabétisation des femmes, expériences, Conseil
régional pour l’Education en Afrique (CREAA) », Sénégal, 1995, 62 pages.
82
28. UNESCO, Rapport consécutif au « Renforcement de la coopération et de
l’échange sud-sud dans le cadre du LIFE et de la CONFINTEA VI », Kenya,
Nairobi, 5-7 Novembre 2008.
29. UNESCO, « Le Courrier de l’UNESCO », n° 170 (juillet-août 1998), 82
pages.
30. W.J.F.SYAD, « La communication traditionnelle en Afrique », in revue
française de communication, Hiver, 1980, pp. 35-45.
83