AGRIGENTE SICILE
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AGRIGENTE SICILE
SICILE AGRIGENTE La richesse d’Agrigente s’est traduite par un ensemble de constuctions exceptionnel, mais aussi par une vie culturelle intense qui a attiré de nombreux artistes et penseurs de l’antiquité. Une tradition toujours entretenue par de grands auteurs contemporains natifs de la ville. LES TEMPLES, DES MAISONS POUR LES DIEUX Un colosse : l’Olympieion C’est le plus grand des temples de Sicile. Son architecture est unique dans le monde grec. C’est un grand rectangle édifié sur une base de 56 m de large sur 113m de haut, entouré de demi-colonnes doriques prises dans les murs, en alternance avec des statues d’hommes (télamons - voir dessin). Il est difficile de se représenter l’aspect qu’aurait dû avoir le temple une fois terminé. Mais son immensité ne fait aucun doute : 14 demi-colonnes de 18 m de haut et 4 m de diamètre sur la longueur, 7 sur la largeur, entre lesquelles s’encastrent à mi-hauteur des figures masculines (télamons) de 8m de haut qui soutenaient l’entablement. Soit un bâtiment d’environ 14 étages de haut sur la surface d’un terrain de football : époustouflant ! 113m DES TEMPLES HAUTS EN COULEUR “Par ailleurs on ignore pas que tous les temples grecs, y compris le Parthénon de marbre pentélique, étaient entièrement colorés, jusqu’aux figures des métopes, des frontons et des cellas ou naos, avec la couleur des yeux, celles des chevelures, la carnation des visages et même les ornements et broderies des vêtements... Il ne nous reste donc des temples d’Akragas que les lignes architecturales, leur plus grande noblesse ; mais leur ensemble étendait sur le ciel une longue frise multicolore, à dominante sans doute d’ocre rouge et de bleu...” A. T’Sterstevens, Sicile, Iles Eoliennes, Sardaigne, 1957 Trop vaste pour être couvert, ce temple, dont la construction fut commencée vers 480 av JC (ou peut-être même avant), n’était toujours pas terminé lors de la destruction de la ville par les Carthaginois en 406 av JC. Il était dédié à Zeus Olympien. Des tremblements de terre ont achevé sa destruction.Au milieu du 18e siècle, certains blocs de pierre ont été prélevés et utilisés pour la construction du môle du port de Porto Empédocle. Il reste aujourd’hui un amoncellement de blocs dont la taille laisse songeur : une homme tiendrait dans la cannelure d’une colonne ! Une curiosité : le temple d’Athéna Recouvert par une église fondée au 12e s. (Santa Maria dei Greci); on peut encore en voir le stylobate (soubassement) et 7 colonnes prises dans les murs de l’église. Un temple délaissé : San Biago A l’est de la ville, l’église de San Biago, du 12e s, recouvre un petit temple dédié à Démeter, à côté d’un sanctuaire original dissimulé près d’une source et consacré aux divinités chthoniennes (de la terre). Un émerveillement : la terrasse des temples - Le temple d’Hercule : de structure plus allongée que les autres, c’est le plus ancien (fin du 6e s av JC). Le temple d’Héra Lacina : essai de restitution - Le temple de Héra Lacinienne (460 av JC) a été partiellement reconstitué au 18es. Le temple de la Concorde (440 av JC) est l’un des mieux conservé du monde grec car il a été transformé en église et n’a pratiquement jamais cessé d’être un lieu de culte.. Un site mystérieux : le sanctuaire des divinités chthoniennes A proximité du temple L, un ensemble cultuel archaïque a été retrouvé avec des tré sors (édifices abritant les offrandes privées ou publiques des cités), des autels souvent associés par deux : un rond et un carré, et des enceintes du 7e s. av JC qui ne correspondent pas à des types grecs connus. Il s’agit certainement d’un sanctuaire indigène adopté par les Grecs et consacré à Démeter et Perséphone. Un temple hors les murs : l’Asclepieion Situé près d’une source qui avait la réputation de soigner, il était dédié au dieu guérisseur Asclépios. C’est le dernier des temples édifiés à Agrigente (fin du 5e s.av JC. Plan du sanctuaire des divinités chthoniennes LES HOMMES Pindare (518 - vers 438 av JC) Ce poète grec a souvent chanté Agrigente comme une ville où l’on aimait avec la même ferveur les dieux et la Beauté. Phalaris v dans l’antiquité le tyran est celui qui prend ou exerce le pouvoir de façon illégitime et le mot n’a pas la valeur péjorative actuelle. Certains tyrans furent bienfaisants et honorés ; d’autres, comme Phalaris, furent détestables. Le premier tyran v connu de l’histoire l’a surtout été pour sa cruauté. On raconte qu’il fit construire par le sculpteur Périlaos un taureau de bronze où il faisait cuire ses ennemis. Les cris des victimes imitant le mugissement de l’animal le remplissaient d’aise. Mais il serait mort rôti à son tour dans son taureau… Empédocle (vers 490 - 435 av JC) Né à Agrigente d’une famille puissante et riche, il parcourt le monde grec. Il fut à la fois homme politique, poète, médecin, prophète guérisseur, ingénieur (appelé par Sélinonte pour lutter contre une épidémie, il fit construire des canalisations pour drainer l’eau des marais et assainir la ville). Il est le premier à soutenir la thèse des 4 éléments : toute chose naît de la combinaison de l’eau, de l’air, du feu et de la terre; théorie qui fut adoptée jusqu’à l’époque de la chimie moderne. Il mourut en se précipitant dans le cratère de l’Etna pour accéder à l’immortalité et, selon la légende, le volcan ne rejeta qu’une de ses sandales. Luigi Pirandello (1867-1936) Auteur de nouvelles et de pièces de théâtre (“Six personnages en quête d’auteur”, “Chacun sa vérité”, etc.). Premier prix Nobel de littérature en 1934; humaniste ironique et angoissé. Son œuvre est profondément marquée par la réalité sicilienne. Il souhaita que son corps fût brûlé et ses cendres scellées dans une simple pierre, près de “la mer africaine”, sous un immense pin solitaire. Le tombeau de Pirandello à Caos Leonardo Sciascia (1921 - 1990) Né tout près d’Agrigente, cet auteur fécond puise son inspiration dans son île natale. Il invente un genre nouveau, le conte policier, dans lequel il n’est pas difficile de voir une dénonciation de la mafia (“Le jour de la Chouette”,“ A chacun son dû”...). Plusieurs de ses écrits ont été portés à l’écran avec succès. Andrea Camilleri Ce metteur en scène de théâtre et de télévision, né à Agrigente en 1925, est venu sur le tard à l’écriture. Mais son style très personnel, mêlant langue savante, langue courante et dialecte sicilien lui a valu une renommée fulgurante en Italie ces dernières années.A travers ses livres, c’est une Sicile au quotidien que l’on découvre, soit celle de la fin du 19e s(“L’opéra de Vigata”, “La disparition de Judas”...), soit celle d’aujourd’hui à travers les enquêtes du commissaire Montalbano (“La forme de l’eau”,“Le voleur de goûter”...). Texte, conception, réalisation : Magali & Claude CHARPENTIER, Michèle GOZARD - Edition 2003