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12-a-Morin_Mise en page 1 21/09/12 16:13 Page99 L’entraide informelle dans les failles du droit Marie-Laure Morin* L A solidarité, dans la crise durable contemporaine, se transforme et poursuit une histoire marquée par de nombreux renouvellements. À la fin du XIXe siècle et au cours du XXe siècle, elle a accompagné le développement du travail salarié pour permettre d’assurer la protection des travailleurs contre les risques du travail (les accidents du travail) mais aussi les risques sociaux de ceux qui n’ont que leur travail pour vivre. La solidarité, qui est au fondement de l’État-providence, a ainsi permis l’accès des salariés à la citoyenneté sociale. Elle a pris alors la place de formes d’entraide collective plus anciennes (société de secours mutuel, entraide agricole ou familiale etc.), dans une nouvelle équation où le financement de la solidarité est collectif et garanti par l’État, et où la protection est individuelle. Aujourd’hui que l’État social, comme le contrat de travail, est attaqué de toute part, pour de multiples raisons liées aux transformations des organisations productives, à la mondialisation et surtout au poids exorbitant de la sphère financière, l’idée de solidarité est à la source de pratiques nouvelles, dont témoigne par exemple le concept d’économie sociale et solidaire, ignoré il y a quinze ans. Si le capital est mobile, les hommes ne le sont pas, soit que les États dressent des barrières, soit que les personnes ellesmêmes privilégient les solutions locales. Dans ce contexte, de multiples formes d’actions associatives de proximité mettent en œuvre des formes nouvelles de solidarité pour recréer du lien social. * Ancien conseiller à la Cour de cassation, ancienne directrice de recherche au CNRS. 99 Octobre 2012