La logistique du froid a sa licence professionnelle
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La logistique du froid a sa licence professionnelle
LM223_P214/215_Formation 3/12/07 17:52 CARRIÈRES Page 214 ET FORMATIONS La logistique du froid a sa licence professionnelle Le Bac +3 délivré par l’Université de Marne-la-Vallée (Seine-et-Marne) prépare, en un an, au métier de “manager de la chaîne du froid”. REPÈRES Nom : Licence professionnelle logistique option “management de la chaîne du froid - transport et logistique”. Date de création : 2006. Niveau : Bac +3. Formation initiale à temps plein ou en alternance. Formation continue. Durée du cursus : 1 an. Lieu des cours : IUT de Champs-sur-Marne (Seine-etMarne). Public : titulaires d’un Bac + 2 en transport et logistique, commerce, gestion, froid et climatisation, d’une licence scientifique ou d’un titre professionnel de niveau III de la filière transport et gestion. Effectif par promotion : 15 en moyenne. Frais d’inscription : 361, 57 euros (sécurité sociale incluse). Responsable de la formation : Fathi Tajouri Contact : [email protected] Web : www.univ-mlv.fr 214 L a création en 2006 de la licence professionnelle “management de la chaîne du froid”, cursus de niveau Bac +3 délivré dans les locaux du département “génie thermique et énergie” de l’IUT de Champs-sur-Marne (Université de Marne-la-Vallée),en Seineet-Marne, correspond à une demande des entreprises d’embaucher des spécialistes de la logistique du froid. “La progression des volumes de produits froids transportés ainsi que l’évolution des réglementations et des normes professionnelles créent des besoins de recrutement de personnel qualifié disposant à la fois de connaissances techniques sur le froid, de savoir-faire en transport et en logistique ainsi que de compétences en management du personnel”, souligne Fathi Tajouri, responsable de la licence professionnelle. Cours techniques et pointus Pour former les étudiants à cette triple compétence, trois grands modules de 130 à 180 heures chacun composent le programme de la licence. Après une remise à niveau obligatoire de 50 heures, destinée à harmoniser les connaissances d’étudiants qui peuvent avoir des parcours de formation hétérogènes, un premier chapitre de 130 heures, baptisé “chimie alimentaire et technique du froid”, a pour objectif d’apporter aux étudiants une culture scientifique de la chimie alimentaire et une compréhension de ses phénomènes, de son vocabulaire et de ses procédures spécifiques. Ces cours techniques et pointus, qui touchent à des disciplines comme la microbiolo- LOGISTIQUES MAGAZINE • DÉCEMBRE 2007 • N°223-224 En plus de cours délivrés par les enseignants du département “génie thermique et énergie”, le programme comprend des interventions de chercheurs de laboratoires spécialisées comme l’Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa). gie, la parasitologie et la thermodynamique, sont délivrés par des chercheurs de laboratoires et d’organismes nationaux spécialisés sur le sujet, à l’instar de l’Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa), de l’Institut de recherche pour l’ingénierie de l’agriculture et de l’environnement (Cemagref) et du Centre Technique Interprofessionnel des Fruits et Légumes (CTIFL). Leurs interventions sont complétées par des enseignements plus académiques, délivrés par des maîtres de conférences de l’Université de Marne- “La progression des volumes de produits froids transportés ainsi que l’évolution des réglementations créent des besoins de recrutement de personnel qualifié en logistique frigorifique”, FATHI TAJOURI, RESPONSABLE DE LA LICENCE PROFESSIONNELLE la-Vallée et des professeurs du département “génie thermique” de l’IUT. Le deuxième volet du programme (130 heures) est consacré, pour sa part, au transport et à la logistique. Les cours sont confiés pour leur majorité à des professeurs du BTS de transport du lycée de Tremblay-enFrance (Seine-Saint-Denis),lequel est partenaire de la licence professionnelle depuis sa création. Les enseignants dressent d’abord un portrait de la fonction et du marché du transport et de la logistique avant d’aborder le sujet sous l’angle de la méthodologie LM223_P214/215_Formation 3/12/07 et de la réglementation. Les étudiants se familiarisent ainsi avec les concepts de Supply Chain Management (SCM), de kanban, de Juste à Temps (JAT), d’Échanges de Données Informatisés (EDI), de qualité et de traçabilité. Le cursus met également l’accent sur le management et la communication. Un cours de 180 heures permet aux étudiants d’approfondir leurs connaissances en droit social, en gestion du personnel et de peaufiner leurs techniques de négociation commerciale. Visites des installations du Cemagref La licence fait la part belle aux travaux pratiques, mieux adaptés au petit effectif d’étudiants (12 élèves l’an passé ; 15 cette année) qu’accueille la licence professionnelle. “Les cours ne sont pas assurés dans de grands amphithéâtres mais dans des petites salles. On travaille par séances de 4 heures, réparties équitablement entre les cours à proprement parler et les travaux dirigés”, indique Fathi Tajouri. En outre, le cursus est émaillé de visites d’entreprises. Par exemple, les étudiants de la promotion 2006-2007 ont visité la cuisine collective d’un lycée, les installations du Cemagref ainsi que les entrepôts frigorifiques de la société lilloise Cardon Logistique. L’occasion pour eux de découvrir in situ les chambres froides et autres machines utilisées pour la production du froid. Par ailleurs, 300 heures de l’emploi du temps sont réservées à la recherche et au travail en équipe. Ainsi, les étudiants de l’année dernière ont planché, par petits groupes de trois ou quatre, sur des sujets tels que le “transport frigorifique maritime” ou le “transport de fleurs”. Autre temps fort de la scolarité des étudiants: le stage en entreprise. Celui-ci commence en février et se déroule sur 12 semaines. L’an passé, le distributeur de surgelés Picard, le logisticien DHL ainsi que le spécialiste de la location de camions frigorifique Le Petit Forestier 17:53 Page 215 P R O F I L Lilas Loulou, agent d’exploitation à l’agence Petit Forestier d’Emerainville (Seine-et-Marne) “Grâce à la licence, j’étais déjà familiarisée avec les termes techniques utilisés dans le froid” Lilas Loulou est l’une des six candidates féminines à avoir intégré la première promotion de la licence professionnelle “management de la chaîne du froid”, délivrée par l’Université de Marnela-Vallée. Mais, contrairement à ses camarades, nombreuses à avoir opté pour la poursuite d’études, l’étudiante a choisi de se lancer dans la vie active. Sitôt après l’obtention de son diplôme, elle profite en effet des vacances d’été pour effectuer un remplacement en CDD chez Petit Forestier, une entreprise spécialisée dans la location de véhicules frigorifiques que la jeune femme connaît bien pour y avoir effectué un stage de trois mois durant son cursus de licence. CDI à temps plein Lilas Loulou trouve aussitôt sa place dans cet univers technique où les agents d’exploitation et les commerciaux côtoient des mécaniciens et des carrossiers en charge de l’entretien des véhicules. “Quand je suis arrivée dans l’entreprise, je n’ai pas eu l’impression de plonger dans l’inconnu car, grâce à la licence, j’étais déjà familiarisée avec les ont ouvert leurs portes aux étudiants de Champs-sur-Marne. Lobbying auprès des entreprises En revanche, les sociétés qui, à l’instar de Picard, ont accepté de prendre un étudiant en apprentissage, font figure d’exception. “Les entreprises n’ont pas joué le jeu”, regrette Fathi Tajouri. Ce n’est pourtant pas faute de candidats. En effet, selon le responsable de la licence, “les deux tiers, termes techniques utilisés dans le froid”. Bien intégrée, Lilas Loulou réussit à transformer son “job” saisonnier en CDI à temps plein. Depuis septembre 2007, elle est agent d’exploitation à l’agence Petit Forestier d’Emerainville (Seine-et-Marne), une petite structure à taille humaine, idéale pour se préparer à ses futures fonctions de manager. Équilibre entre carrière et vie de famille Dès le mois de janvier prochain, la jeune femme sera en effet promue chef d’exploitation et gérera une flotte de 300 véhicules clients. Une évolution plus rapide que celle qu’elle avait prévue initialement. “Je pensais mettre trois ans pour accéder à ce poste”, confie la jeune diplômée. Ravie de cette opportunité, Lilas Loulou garde néanmoins la tête froide quant à son évolution professionnelle. “Je n’ai pas envie de précipiter les choses. Je préfère démarrer sur des bases solides et acquérir une bonne expérience plutôt que de faire de grands projets qui ne se réaliseront voire les quatre cinquièmes des étudiants souhaitent suivre la formation en alternance”. Pour remédier à cette situation préoccupante, les équipes pédagogiques ont entrepris un travail de lobbying auprès des prestataires logistiques spécialisés et des entreprises des secteurs pharmaceutiques, médicaux et agroalimentaires, susceptibles de recruter des spécialistes du transport et de la logistique du froid. Si cette démarche porte ses fruits, elle permettrait aussi à CV EXPRESS Âge : 21 ans Salaire brut mensuel : 1 600 € Formation initiale : BTS Transport-Logistique pas”. Pour l’avenir, la jeune femme tient aussi à maintenir un équilibre entre sa carrière et sa vie de famille. Par exemple, elle ne se voit pas travailler toute sa vie de 7 heures du matin à 18h30 le soir pour 2 000 euros bruts par mois, comme ce sera le cas dans un mois, lorsqu’elle aura pris ses fonctions de chef d’exploitation. M.-N. -F la licence professionnelle de retrouver sa vocation initiale: à savoir une insertion immédiate des étudiants sur le marché du travail. Une orientation à laquelle les jeunes diplômés de la licence professionnelle “management de la chaîne du froid” n’adhèrent apparemment pas puisqu’à l’issue de leur formation, la moitié d’entre eux n’a pas opté pour la recherche d’un emploi mais pour la poursuite d’études en master. Marie-Noëlle Frison N°223-224 • DÉCEMBRE 2007 • LOGISTIQUES MAGAZINE 215