Le bilongo

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Le bilongo
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Les années d’insouciance
Hé, Marc ! Tu te joins à nous ?
A une table du Restaurant Universitaire, un groupe de garçons fait de grands signes pour attirer son attention.
Immobile et l’air soucieux, dans le brouhaha général des conversations, la bouteille d’eau minérale en équilibre
instable sur le plateau qu’il porte a deux mains tout en cherchant du regard une hypothétique place libre, Marc
repère enfin les signes et appels de ses amis. En se dirigeant prestement vers leur table, son sourire est revenu. Il
n’aime vraiment pas la solitude, et manger seul est d’une tristesse !
Salut les métèques ! dit il joyeusement en s’approchant de la table. Il est vrai que le groupe d’amis de Marc est
plutôt cosmopolite. Maghreb, Asie, Europe du nord, Afrique, tous dont le point commun est d’être étudiants en
France.
Léonard, un africain, tape du plat de la main sur la chaise libre à coté de lui en disant :
- Allez, viens poser la ton derrière blanc !
- Et oui pt’it gars, c’est ce qui arrive quand on se le lave souvent ! dit Marc
- Et tu crois qu’on a l’eau courante dans nos misérables logements d’étudiants ? Lui répond Truong, un
asiatique.
Insouciance et rigolades de carabins, bien que peu d’entre eux fassent médecine, c’est l’état d’esprit qui prévaut
dans le groupe.
Il leur arrive cependant d’être sérieux, ils se mettent alors à parler librement des coutumes, traditions, habitudes
alimentaires, et autres caractéristiques l’origine de chacun.
Architecture, droit, médecine, physique, biologie, un grand nombre d’orientations diverses caractérise et accroît la
disparité du groupe.
Sans être un imbu de culture, la variété des origines associée à celle des différents domaines d’étude intéresse Marc,
il y trouve, à l’instar de ses amis, une richesse culturelle que seul un environnement estudiantin peut proposer. Ils
ont une autre caractéristique commune, tous rêvent d’une belle carrière professionnelle dans l’un ou l’autre des pays,
d’origine ou pas, et tous, nourrissent un vœu secret d’excellence.
Marc Eschevin est d’origine modeste. Ses brillantes études, ont fait que ses parents le voient promis à un bel avenir,
c’est une famille soudée, il se sait aimé de ses parents et il à naturellement la volonté de ne pas les décevoir. Il les a
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souvent entendu faire leur comptabilité sur la table de la salle à manger, et y prévoir la part budgétaire des études de
leur fils, ce n’est pas un secret, pas nom plus ostentatoire.
Marc sait donc déjà, et c’est implicite pour eux, que ses débuts professionnels coïncideront plus ou moins avec la
perte de revenus subie par ses parents lors de leur retraite. Son tour viendra de prendre le relais et sur son salaire
prévoir un poste budgétaire dédié à ses parents Il a choisi son orientation professionnelle en fonction de plusieurs
critères : son goût prononcé pour les sciences de la terre, son souhait de découvrir d’autres horizons, et son attente
de revenus confortables, caractéristique majeure du bel avenir qu’espèrent ses parents.
Marc sait aussi que sur le tard de leur vie, son succès professionnel les remplira de fierté et qu’ils pourront dire :
- Notre fils ? Oh il a bien réussi vous savez !
Il a déjà entendu ces propos de la bouche d’amis à ses parents et il sait ce que ces mots contiennent de satisfaction
du devoir accompli.
Il sera donc géologue pétrolier. Il a prévu la FAC, puis une spécialisation à l’IFP (Institut Français des Pétroles) et
ENSPM, au terme de quoi il présentera sa candidature auprès d’une grande compagnie pétrolière.
Le but est fixé, sa vie d’étudiant n’est qu’une des étapes, qu’il vit intensément en mixant l’assiduité à ses études, les
grands débats avec ses amis, et l’insouciance de sa jeunesse.
Evidement, étant éloigné d’eux pour ses études, Marc réserve régulièrement un peu de temps pour rendre visite à ses
parents, ou l’évocation de leurs santé, le succès des études, le potager de papa, les tricotages de maman et leur
essais, leur souhait d’être un jour grands parents, après les études bien sur, et c’est déjà le moment de repartir.
Quelques activités sportives de footing, VTT, piscine et autres, le plus souvent accompagné de ses amis, complètent
son emploi du temps décidément bien chargé.
Encore un matin ordinaire bien rempli d’un footing dans le crachin de petit matin, suivi d’une douche et d’un saut
dans son jean, la main en peigne dans les cheveux pour se coiffer après l’enfilage du pull à même la peau, puis les
cours de 10 à 12 et la queue au RU le plateau à la main. Et c’est la , au terme de cette matinée ordinaire, que la vie
de Marc va changer.
« Mademoisele Amandine Fougerol,
C’est avec plaisir que nous accusons réception de votre lettre de motivations, qui a retenu toute notre attention. Nous
avons en effet une prospective à six ans pour la rénovation et l’élargissement de notre gamme de produits
cosmétique, dont l’étude sera à charge de notre laboratoire de recherche de Toulouse, qui débutera ses travaux une
année au préalable.
Pour cette charge de travail, Nous aurons besoin de renforcer notre équipe de chercheurs en particulier en chimie
organique. Nous retenons donc votre candidature de principe, qui pourra se concrétiser, si vous le souhaitez, au
terme de vos études. Une orientation vers cette spécificité serait pour nous un plus évident qui influerait sur notre
offre de rémunération et conditions de travail.
Nous reviendrons vers vous avant la fin de vos études pour une confirmation de votre orientation et de votre souhait
de rejoindre nos équipes.
Veuillez croire, Mlle Fougerol, à l’expression de notre considération.
-
OUAIS ! Et voila, c’est quasiment dans la poche ! Je vais faire partie de l’équipe de recherche pour la
création d’une ligne de cosmétique ! Le rêve !
J’ai intérêt à bien bosser, je vais orienter mes études dans la direction qui les intéresse, ce qui n’est pas un
problème parce que ça m’intéresse plus qu’eux, et en plus le prof de cette spécialité est super sympa.
Amandine parle toute seule, incapable de museler son enthousiasme. Elle a décidé de ne rien dire encore à ses
parents, pour le cas ou, à terme, l’embauche ne se ferait pas. Tant qu’ils aient une surprise, autant qu’elle soit bonne.
Ses parents, tous deux pharmaciens et propriétaire d’une grosse pharmacie, ont été un peu déçus de voir leur fille
unique s’orienter vers la chimie plutôt que la pharmacie. Ils auraient été bien sûr contents de voir leur enfant leur
succéder, mariée idéalement a un gentil garçon pharmacien lui aussi. Mais Amandine a toujours aimé la chimie,
depuis toute petite, et ils n’ont pas eu le cœur de contrarier cette vocation naissante. Elle le sait, elle les aime aussi
pour ça. Cette façon de tout faire pour son épanouissement et son bonheur.
C’est donc en droite ligne avec ses aspirations qu’elle s’est inscrite à la Fac de chimie. Ses parents lui ont permis de
prendre un logement plus que confortable, et elle suit ses cours avec assiduité, convaincue que quelques petites
années d’effort pour une vie professionnelle intéressante et lucrative, ce n’est pas cher payé.
Bien sûr elle a craqué pour un étudiant trop mignon. Mais elle a pris soin de ne jamais dévoiler l’emplacement de sa
« retraite » dans sa volonté de rester sans contraintes chez elle. Même ses quelques amies féminines ne savent pas ou
elle loge, de toutes façons, certaines d’entre elles sont plus intéressées par le sexe opposé que par les formules de
chimie. Amandine ne souffre donc pas du tout de sa solitude choisie. Elle pense néanmoins que si elle rencontre le
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grand amour, ses convictions pourront changer. C’est peut être une résurgence de l’enfance, petite fille elle rêvait du
beau chevalier sur son cheval blanc qui l’emportait loin …
Le grand amour ! Elle est sûre que ça existe ! Pas l’amour que maman a pour papa, sans doute qu’ils s’aiment, se
respectent, on lit la tendresse quand il se regardent, mais le Grand Amour, c’est sûrement autre chose et s’il passe
elle le reconnaîtra, et le saisira, convaincue de la rareté de ce type de passage.
L’étudiant trop mignon ? Non c’est pas lui, c’est évidement pas lui, il n’est la que pour pimenter un peu la
monotonie de sa vie d’étudiante, et lui éviter de passer pour une extra-terrestre auprès des autres filles. Ella a séduit
le plus mignon, son statut est donc démontré, les autres filles lui fichent la paix concernant ses sursauts de solitude,
lui soupçonnant une vie sentimentale occulte qu’elle s’est bien gardée de démentir. C’est avec ce ciment qu’elle a
construit les murs qui sauvegardent sa tranquillité.
D’ailleurs, sa pseudo réputation de relations ardentes hors périmètre de la Fac, va lui permettre de larguer aisément
le mignon, mignon mais insupportable, sans intérêt, hypochondriaque, ignorant que sa seule maladie est le radinisme
aigu dont il souffre atrocement.
Impossible de ne pas le rencontrer au restaurant universitaire qu’elle fréquente, il y arrive de bonne heure et attends
devant la porte l’heure du dernier service pour la retrouver,… Et avoir un ticket restau gratuit en disant qu’il pense
tellement à elle qu’il oublie tout, même son ticket !
Amandine à donc décidée de changer de restaurant quitte à marcher davantage. Elle ignore encore que cette décision
va être riche de conséquence.
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L’amour
Marc, ainsi que d’ordinaire cherche des yeux son groupe d’amis, qui, comme d’habitude ont du arriver avant lui,
sans doute même, avant le gros de la cohue.
Ainsi que de coutume, la bouteille instable sur son plateau, l’esprit et les yeux totalement absorbés par sa recherche,
il avance à la manière d’un somnambule, lorsqu’il est heurté violemment par quelqu’un qui lui fait carrément perdre
équilibre.
Le voila assis dans les débris de son repas, face à une fille en situation analogue !
Ils se regardent muettement un instant, aussi surpris l’un que l’autre, puis Marc dit :
- Le manque de mots, le choc des plateaux !
- Le fracas de ma rencontre du premier type ! Répond Amandine
Ils rient, s’aident mutuellement à se relever, se rajustent, ramassent rapidement les débris et se regardent encore.
Aussi petite et fluette que lui grand et athlétique, blonde que lui brun, regard scandinave dans regard andalou.
Marc rompt le silence :
- On va jeter les débris, reprendre la queue, un autre plateau et manger ensemble je te paye l’autre repas, si je
peux passer un jour de jeune, ce n’est manifestement pas ton cas ! Rencontre du premier type disais-tu ?
- Ok pour l’un, oui pour l’autre, c’est la première fois que je viens dans ce RU et tu es ma première rencontre
masculine. Mais je note que dans le quartier il ne ferait pas bon en faire de nombreuses.
- Sois sans crainte, dans le quartier la qualité compense la quantité.
- Tiens voila justement deux places face à face qui se libèrent !
Une fois installés, ils se regardent encore sans mot dire. Une fois de plus Marc parle le premier :
- Je suis Marc Eschevin prochainement géologue et je te trouves jolie.
- Je suis Amandine Fougerol prochainement chimiste et je te trouves séduisant aussi.
Ils rient encore. Ella a oublié sa solitude il a oublié ses copains.
Leur conversation s’engage comme celle d’amis longtemps séparés qui ont tant de choses à se dire. Et le temps
passe bien vite.
- Marc, J’ai cours à deux heures !
- Zut ! Moi seulement à trois, je pensais qu’on aurait un peu plus de temps à nous !
- De temps à nous ? Sommes nous déjà dans une communauté de temps ?
- Et pourquoi pas ? Je suis un rapide moi, au footing le matin je suis toujours le premier !
- Et tu cours tout seul n’est-ce pas ?
- Voila ! j’étais sûr que tu devinerais !
- Plus sérieusement, moi aussi j’aimerais bien te revoir. Ce soir après les cours ? Je termine à cinq heures !
- Mais moi je termine à sept heures, c’est peut être un peu tard ?
- Il y a un petit troquet « chez lulu » place Marcel Proust. Retrouvons nous à 19 heures 30 pour y manger un
morceau tu y sera mon invité à titre de réciprocité de ce repas-ci.
- D’accord ! Place Marcel Proust bonne idée pour des gens qui sont à la recherche du temps perdu loin l’un de
l’autre. On s’embrasse ?
- On s’embrasse, et à tout à l’heure.
Et ils se sont séparés après deux bises amicales aussi sages que retentissantes.
Les cours ont été longs. Amandine est rentrée dans son studio, décidée à se faire belle avant de retrouver Marc.
Elle l’aime bien son refuge du dernier étage d’un vieil immeuble très propre dans un quartier tranquille près de la
Fac, elle peut y recevoir dans la pièce principale dont le balcon sans vis a vis donne sur un petit square.
Une chambre séparée, cabinet de toilette et wc , complètent les quatre pièces du logement qui, bien que classé
studio, est assez spacieux.
Au cours de sa première visite avec l’agence, elle a flashé sur ce studio.
Bien que d’un loyer un peu lourd pour une étudiante, ses parents bien nantis, et qui par ailleurs lui octroient un
argent de poche largement suffisant pour lui permettre quelques écarts, lui ont bien affirmé leur position.
Après la seconde visite avec ses parents, son père a dit :
- Pas de bonnes études dans de mauvaises conditions ! De surcroît, je préfère largement payer davantage que
de savoir ma fille dans un logement insalubre d’un quartier mal famé ! Ici c’est parfait. Prends le et ne te
préoccupe pas du prix, caution loyers et charges me seront directement imputés. Ta réussite dans tes études
doit être ta seule préoccupation comme elle est la notre !
- Merci Papa, je suis si contente.
- Nous t’aiderons à le meubler et l’aménager a ajouté sa mère.
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C’est ainsi que les choses se sont passées, et aujourd’hui, après quelques mois d’habitation, elle s’y sent totalement
chez elle, consciente de sa situation privilégiée d’avec la majorité des autres étudiants.
Elle se dit avoir bien eu raison de n’avoir parlé de son logement à aucun des autres et surtout à ce garçon de sa fac
qui l’a tellement poursuivi de ses assiduités qu’elle s’est laissée aller à un flirt quelque temps avant de prendre
conscience que son étroitesse d’esprit interdisait toute plaisanterie, son mercantilisme lui faisait sortir le porte
monnaie à toutes occasions, un emmerdeur mignon ! Souhaitant rompre cette liaison et ne plus le revoir elle a décidé
de prendre ses repas à un autre RU. Quelle bonne idée ! C’est ce qui lui a fait rencontrer Marc, qui lui a paru drôle,
l’esprit vif, la conversation intéressante, et généreux malgré une mise laissant à supposer qu’il est passablement
désargenté.
Elle est arrivée « chez Lulu » un peu en avance, pour briser le mythe de la femme éternellement en retard, et choisir
une table dans un coin tranquille.
Marc est arrivé essoufflé.
- Je suis en retard ?
- Non, c’est moi qui étais en avance, tu es juste à l’heure.
- Ouf, j’ai couru, le cours m’a paru interminable, en plus il s’est terminé quinze minutes après l’heure ! Puis-je
te dire que mes pensées pour toi m’ont tellement rendu distrait qu’il va falloir que je re-potasse tout le
cours ?
- Détend toi, et ne brûles pas les étapes. Nous nous connaissons depuis très peu et je te soupçonne de vouloir
rapidement conclure.
- Tu à raison de le croire, mais ne croie pas mes intentions mauvaises. Tu me plais, je ne peux pas le cacher,
mais je peux comprendre que la réciprocité n’y soit pas.
- Détrompe toi, elle y est. Mais je souhaite tant que nous soyons en bons termes que je préfère que nous
fassions connaissance peu à peu pour ne pas qu’une grosse déception puisse rompre cette relation de bons
termes. Je sais être sensible à la déception de quelqu’un, et dans ce cas passer rapidement de l’intérêt au
mépris. C’est tout ce que je ne souhaite pas nous concernant.
- J’entends tes arguments, je saurai me montrer patient.
Ils avaient prévu de ne pas rentrer tard pour pouvoir travailler, mais ils ont finalement tant discuté que Lulu à du les
faire partir !
Ils se sont séparés sur le trottoir, après un baiser esquissé sur les lèvres.
- On se voit demain au RU ?
- Oui j’ai déjà faim tant il me tarde d’y être !
Amandine est rentrée émerveillée de cette seconde rencontre, se disant, il est beau, il est droit, il est solide, il a
l’esprit pétillant, il est sûr de lui, il est … Que n’est il pas d’ailleurs ?
Marc, de son coté pensant : Elle est jolie, gracieuse, gaie, vive d’esprit. Ah ! Elle sait ce qu’elle veut et s’en donner
les moyens. Serais-ce la femme de ma vie ?
Le lendemain ils se sont retrouvés mais ont dû patienter pour avoir deux places face à face.
Aucun des deux n’a évoqué leur sentiment intime de l’autre, ils ont repris leur conversation de la veille, parlant de
tout
Les sujets avec un égal intérêt, chacun a écouté, et, sans doute, intégré l’avis de l’autre, sa compatibilité avec son
propre avis, ces choses la se font automatiquement, sans vraiment y penser, quasi inconsciemment, Amandine aurait
dit, « la réponse à certains réactifs permet de connaître la composition ».
Ensuite ils ont parlé de l’avenir, la vision de chacun le concernant Amandine a dit :
- Vas y Mac toi d’abord !
- D’accord, Humm. Comment je vois mon avenir ? Se pourrait-il que tu … Non c’est un mauvais départ, tu
vas encore m’accuser d’impatience ! Pour être sûr que tu appréhendes bien ce que j’ai à en dire, et te
permettre lorsque ton tour viendra d’être également explicite à mon égard, je vais décomposer ma prévision
d’avenir en trois volets , non quatre : l’estudiantin, le professionnel, l’affectif et le social.
- Ouh la ! c’est pas de l’a peut près, à la va comme je te pousse ! Va y, la concision, j’aime ça !
- L’estudiantin. C’est aujourd’hui, tout près, demain… Je finis ma fac de géologie, ensuite j’intègre L’IFP,
puis ENSPM. Ceux sont des écoles spécialisées dans les pétroles au sens large, exploration, production,
raffinage, applications diverses des produits constitutifs qui sont nombreux. Il y a aussi un gros secteur
chimie dans les traitements de ces produits, c’est un message !
- Attend mon tour avant de tenter d’orienter mes choix !
- Humm… Je poursuis par le professionnel. Toutes ces étapes constituent le cursus idéal pour intégrer une
compagnie pétrolière en tant qu’ingénieur géologue. J’ai déjà écrit à une société qui se déclare
potentiellement intéressée par mon parcours. Cette profession suppose des déplacements pour travailler sur
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le terrain, mais une grande partie de ces géologues travaillent aussi en sédentaires dans des laboratoires
centraux. Je prévois débuter ma carrière en déplacement sur le terrain, en raison des salaires plus élevés, et
ensuite me sédentariser pour m’occuper de la famille que j’espère avoir à ce moment. Ce qui m’amène au
volet affectif.
- Décidément, c’est au carré jusque dans le timing, a tu noté aussi le jour ou il te faudra tomber amoureux, le
jour précis ou ta relation sexuelle avec ton partenaire devra être à but procréatif ect … ?
- Ne te mets pas en colère pour ça ce n’est qu’un schéma de principe, je peux autoriser même de m’octroyer
des dérogations !
- Je ne suis pas en colère Marc, tout simplement prise en flagrant délit d’impatience moi aussi, en essayant de
m’intégrer dans ton schéma. Poursuis sans tenir compte de ma réflexion.
- Bon. Affectif donc. Amoureux c'est-à-dire n’est ce pas ?
- Oui, oui. Continue
- Je m’autorise à tomber amoureux n’importe quand entre étudiant et professionnel, tu vois c’est large.
- Alléluia !
- Mystique ? Amoureux donc. Ce que je vais dire est un peu terre à terre, mais l’amour et l’eau fraîche c’est
pour les dictons, en réalité, pour vivre pleinement l’amour à deux, et davantage encore à plus, il faut du
pognon ! Moi aujourd’hui j’en ai à peine pour vivre sans tralala dans une chambre d’étudiant de six mètres
carrés. Voila c’est dit ! Non ! Ne m’interromps pas s’il te plait j’embraye sur le social pour revenir sur
l’amour ensuite.
Je poursuis mes études grâce aux finances de mes parents qui ne sont pas très argentés et se privent pour
moi. Mon père a presque l’age de la retraite, mais a prévu d’attendre la fin de mes études pour cesser de
travailler, son allocation retraite ne lui permettant plus ensuite cette ponction sur ses revenus. Mes premiers
salaires seront donc en partie pour eux, pour qu’ils puissent enfin vivre à l’aise.
Sans transition, retour sur l’amour. Voila donc pourquoi je ne prévois la vie à deux dans le nid d’amour qu’à
mon premier salaire. Je n’ai aucune expérience des femmes, mais je crois savoir qu’une femme souhaite
vivre son amour dans un petit confort douillet, avec pouponnage des enfants, à l’image des oiseaux par
exemple.
Penses tu qu’un amour ou la femme en haillons et les gosses affamés se jetteraient au cou du papa infoutu de
gagner sa vie puisse être un amour éternel ?
A toi maintenant.
Amandine ne répond pas, elle regarde ses mains, décontenancée par le discours de Marc, qui est tellement…
Pragmatique. Et puis sa gorge est serrée et elle ne veut pas laisser paraître son trouble. Marc la regarde et s’inquiète
« ça y est j’ai peut être tué le poussin dans l’œuf, mais tant pis cette fille ne mérite pas qu’on joue avec elle, et moi je
n’ai peut être pas les moyens de me permettre un amour à éclosion court terme, et sans doute pas la possibilité de lui
demander de m’attendre quatre ou cinq ans. »
- Tu as vu ? nous sommes les derniers ! Viens sortons et poursuivons notre discussion en marchant un peu, je
n’ai pas de cours cet après-midi.
- Pas de cours, nom plus, d’accord on marche.
Marc a perçu le trouble d’Amandine au son de sa voix moins assurée que d’habitude, mais n’a rien dit et ils sont
sortis, puis ont marché cote a cote dans les rues. Amandine à inconsciemment pris la direction de son studio, et Marc
l’a suivie pensant faire une promenade au petit bonheur des rues.
Amandine s’est raclé la gorge et a dit :
- Ecoute moi Marc, Ecoutes moi attentivement et, à ton tour, sans m’interrompre.
- Pas de problèmes.
- Je vais suivre ton canevas en quatre points : l’estudiantin, le professionnel, l’affectif et le social.
L’estudiantin. Je termine mes études de chimie qui doivent se finaliser par ma soutenance de thèse, ensuite je
postule. Comme toi, j’ai pris les devants et je suis en relation avec un laboratoire de fabrication de produits
cosmétiques qui se dit intéressé par mon profil pour grossir les rangs de son équipe de recherche, a condition
que l’orientation de mes études soit compatible avec leurs besoins dans la projection de cinq ans, ce qui est le
cas, j’en ai pris bien soin.
Professionnel. Voila je serai sans doute ingénieur chimiste chez eux.
Affectif. Je n’ai rien prévu, rien planifié, si je suis amoureuse d’un garçon, vraiment amoureuse, je
n’attendrai pas, je me donnerai les moyens d’aimer et me faire aimer, qu’importe le cadre, l’argent, le
confort. L’amour, le vrai, est quelque chose qu’on peut rechercher toute sa vie sans le trouver et finir par se
contenter d’une liaison de raison que chacun trompera à tours de bras ! Le coté matériel, ne compte pas pour
moi. Il est vrai que je ne suis pas dans la même situation que toi, mes parents sont très aisés et prodigues de
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leurs biens à mon égard. J’ai toujours vécu dans l’aisance, et suis, de ce fait, d’un avis contraire du tien, que
je peux comprendre néanmoins.
Social. Mon mari que j’aime et qui m’aime, nos enfants conçus et élevés dans l’amour, un joli logement ou
une villa assez proche de mon boulot, et toutes les satisfactions de la vie sans compter, ce que me permettra
certainement mon salaire. Je n’ai aucun droit de critique, je suis une privilégiée, je sais, mais mon père me
répète toujours, notre bonheur, maman et moi c’est de te savoir heureuse. Et par ailleurs, toute notre bonne
volonté ne suffirait pas à entamer sérieusement nos avoirs, et notre devoir est de t’en faire profiter.
- Bon, et alors, quelles sont tes conclusions nous concernant. Assez de tourner autour du pot, tu me plais, tu le
sais, d’autre part je ne te crois pas indifférente à mon égard. Allons nous passer outre ces attirances
communes ?
Nos différences de statut socio financier vont-elles nous tenir éloignés l’un de l’autre ? Finalement je ne vois
guère que ça comme différence fondamentale de points de vue.
- Marc, tu as raison, je ressens de l’attirance pour toi. Laissons faire les choses, laissons agir les attirances
auxquelles tu fais allusion.
- Mais pourras tu m’attendre ?
- Attendre quoi ?
- Amandine, on n’est pas encore « sorti ensemble » mais je ne souhaite pas restreindre mes relations avec toi à
ce seul niveau, je n’imagine pas que nous commencions une histoire pour la clore à la fin de l’année, tu sais
que pour suivre mon plan de formation, je devrai me déplacer.
- Marc, Marc, ne réfléchis pas trop, encore une fois laissons faire les choses. Viens.
Amandine a tendu la main à Marc, l’a attiré vers elle, s’est hissée sur la pointe des pieds, et l’a embrassé
longuement.
Marc lui a rendu son baiser, a levé la tête, jeté un regard circulaire en découvrant qu’ils étaient seuls dans un square,
a repris Amandine dans ses bras, et à provoqué à son tour un long baiser passionné.
Ils se sont fixés les yeux dans les yeux. Puis Amandine a repris ma main de Marc et lui a dit Viens, suis moi, nous
allons chez moi.
Marc l’a regardée un instant surpris, et a dit :
- Chez toi, et qui parlait de brûler les étapes ? Allez, on y va !
Ils ont traversé le square, et sont entrés dans le petit immeuble. Amandine a dit fièrement :
- Au rez-de-chaussée c’est un cabinet de dentiste et sa salle d’attente. Au premier, c’est un avocat, au second,
un couple de chercheurs au CNRS, au troisième c’est le propriétaire, au quatrième il y a deux studios, le
gauche est inoccupé, le droit c’est moi, c’est nous.
En haut du palier, Amandine a précédé Marc en direction droite de couloir, et lui a ouvert sa porte.
- Entres, qu’en penses tu ?
- C’est magnifique, le grand luxe suranné, la déco du hall d’entrée, ce que j’ai vu de l’escalier et l’ascenseur,
ton appartement, car on ne peut pas dire qu’il s’agit d’un studio !
Je vois bien en plus que tout a été refait au dernier cri de la technique, ton coin cuisine est petit mais
parfaitement équipé …
- Viens !
Amandine l’a pris par la main et dirigé vers la chambre, et lui a dit :
- C’est ici que notre histoire pourra réellement commencer.
- Marc l’a regardée un peu ébahi.
- Vite en besogne, ce n’est pas pour me déplaire, mais les convenances….
- Deux informations pour ta gouverne : Un je ne suis pas une oie blanche, sans vouloir te décevoir. Deux : Je
ne t’ai pas dit que c’était pour maintenant. Je te montre simplement ce qui sera le site du véritable départ de
notre amour, si ce sentiment devient comme je le souhaite, notre sentiment commun.
- Ah bon. Oui, ce que je veux dire, que j’ai d’ailleurs déjà dit, il me semble ne pas souhaiter que notre relation
soit une simple passade, y compris si elle va au delà du simple flirt. Je vois ton cadre de vie, mais tu ne
connais pas le mien. J’habite une chambre d’étudiant, c’est un foutoir de six mètres carrés qui contient toutes
mes affaires à même le sol pour la plupart. Si nos relations deviennent plus sérieuses, je n’ai qu’un taudis à te
faire partager, ce qui te ferait une vieille différence d’avec ton appartement !
- Arrête, je sais, j’avais déjà compris. Ce n’est pas du tout ce à quoi je pensais. Le jour ou nous serons prêt à
partager le même lit, tu abandonnera ta chambre pour vivre ici avec moi.
- Attends ! Je suis Marc, pas Mac, n’ai pas pour habitude de me faire entretenir par une femme, et ne souhaite
pas prendre cette habitude !
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Je suis bien surprise, toi qui a un tel esprit d’analyse, de te voir une si courte vue.
Tu payes ta chambre, tu payes tes repas, tu paye tes déplacements, et si tu viens ici, tu continueras à payer, et
par le truchement de l’économie d’échelle, nous pourrons vivre mieux toi et moi, mon raisonnement tiendrait
la route même si nous étions des étrangers. Vivons mieux à budget égal, il n’est pas questions que l’un
entretienne l’autre et vice versa, car moi nom plus je ne souhaite pas vivre à tes dépens. Mais comme tu le
disais, on se connaît encore peu, et il n’est peut être pas bon de brûler les étapes. Tu as le temps d’y penser,
dis toi simplement que ça me ferait très plaisir, nous pourrions nous installer pour travailler nos cours
ensemble…Sache que j’en rêve déjà.
Les jours ont passé, Marc a réfléchi, il s’est peu à peu auto convaincu. Il a revu Amandine régulièrement bien sûr,
mais le sujet n’a pas été franchement abordé, juste quelques allusions discrètes, ou peut êtres perfides, Il est sûr
qu’elle a senti qu’il faiblissait dans ses convictions.
Un jour il a dit à Amandine :
- J’aimerais te faire rencontrer mes copains, je sais que tu préfères la tranquillité aux rencontres nouvelles,
surtout si tu ne les as pas choisies, mais depuis que je te connais, je ne les vois plus et je ne voudrais pas
qu’ils puissent m’en vouloir d’un tel abandon.
- Tu me demandes un gros effort tu sais ! tes copains, a priori ils ne m’intéressent pas, même si ils sont
sûrement très sympas ! Mais je veux te faire plaisir, j’accepte donc. Mais de ton coté quel est l’effort que tu
peux consentir pour me faire plaisir.
Marc a regardé Amandine dans les yeux. Des yeux qui étaient plus expressifs qu’un long discours. Il a soupiré et a
dit :
- Puisque tu me fais plaisir, je vais t’annoncer une chose que je te sais attendre, et qui va te faire très plaisir !
Je vais aménager chez toi, et nous ferons bourse commune, dans tous les sens du terme si tu peux me
permettre une expression triviale !
- Quand ?
- Nous pourrons les rencontrer au RU dès demain si tu veux.
- Non, pas ça je sais qu’on pourra les voir n’importe quel jour. Tu me fais marcher ! Quand aménagera tu dans
mon studio !
- Dés le prochain jour ou nous n’aurons pas de cours ni toi ni moi !
- OK Samedi prochain tu déménages.
- D’accord, et d’accord pour voir mes copains demain ?
- OK.
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Salut les petitous , je vous présente Amandine, la personne dont je préfère la compagnie plutôt que la votre,
et ne me dites pas que j’ai tort !
- Ouh, Mais que non ! tu as au contraire grandement raison ! Bonjour mademoiselle Amandine.
- Amandine tout court, les amis de Marc, peuvent aussi être mes amis !
Le regard de Marc a furtivement croisé celui d’Amandine, et son appréciation a été immédiatement perçue.
Elle s’est gaiement prêtée aux discussions des copains de Marc, et s’y est montrée intéressée et intéressante.
Léonard, l’africain, ne l’a quasiment pas quittée des yeux, et il a dit à Marc en aparté :
- Te rends-tu compte de la chance que tu as d’être aimé d’une fille comme elle ! J’ai vu ses regards vers toi,
elle t’aime et c’est une fille brillante et splendide. Marc, crois moi, gardes la !
- Mais tu n’as donc pas vu que c’est elle qui a une chance inouïe de connaître un super mec comme moi ?
Non, toute plaisanterie à part, je sais que tu as raison, est saches que j’ai précisément l’intention de la
garder !
Le Bilongo.
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Enfin seuls
Le samedi est enfin arrivé ! Marc s’est fait prêter une camionnette par une connaissance d’un de ses amis. Il a eu
vite fait de charger son barda aidé d’Amandine. L’organisation du studio d’Amandine a été plus coriace ! Malgré la
surface habitable, les meubles destinés au rangement se sont révélés d’une faible capacité pour tous les deux, et leur
a imposé un tri sérieux. Amandine à facilement obtenu de Marc qu’il se sépare d’un certain nombre de vêtements
qu’elle lui a dit n’être pas terribles.
- Je t’offrirai un nouveau jean à la mode, et aussi une chemise et un pull corrects.
- Ca y est, tu commences. Souviens toi de nos accords, bourse commune. Si notre avoir commun permet
l’achat de vêtements, ce devra être aussi bien pour toi que pour moi.
- Oui je sais, mais un cadeau d’anniversaire ou une quelconque autre occasion…
- Crois tu que je serai heureux de recevoir des cadeaux en sachant que je ne peux pas en offrir moi-même ?
- D’accord. Pas de querelles pour une chose si peu importante. Je t’impose de te séparer d’une partie de ta
garde robe, il m’a paru normal d’en remplacer une partie. Mais je n’insiste pas.
Ils sont sortis tous deux main dans la main aller faire des courses pour les provisions des petits déjeuners et des
repas du soir. Ils ont tous deux aimé se retrouver en situation de couple. La caissière a annoncé le montant et
Amandine à sorti le porte monnaie choisi pour être le réceptacle des finances communes. Marc avait dit :
- Respect des grands principes ! Quand un gars sort avec une fille, c’est lui qui paye. Mais dans un vrai
couple, c’est la femme qui tient les cordons de la bourse.
- D’accord, je m’occuperai donc du budget et des dépenses, mais je ferai appel à toi pour partager les mises de
fond pouvant être nécessaires pour boucler éventuellement certains mois !
- Mais cela va sans dire madame !
Amandine a pensé intérieurement qu’il lui serait facile d’y ajouter des sommes personnelles sans rien dire. Bien sûr
ça peut ressembler à une forme de petite trahison à la parole donnée, mais il n’a pas grand-chose le pauvre, et elle à
tout. Après tout, la société elle-même n’a elle pas prévu d’aider les personnes momentanément dans le besoin ?
Les jours et les semaines ont passé, leur première relation amoureuse a été merveilleuse. Le début de leur histoire,
comme avait dit Amandine. Un début fabuleusement prometteur !...
Le temps n’a rien changé à leur relation passionnelle. Le souci de leur avenir respectif, et désormais commun dans
leurs souhaits, leur a fait poursuivre leurs études avec sérieux, plus encore peut être que par le passé. Ils ont pris
l’habitude de s’installer tous les deux près du balcon, chacun face à l’autre sur la table débarrassée tour à tour des
assiettes et des livres. Il est arrivé qu’ils se demandent un renseignement ou un autre, bien que leurs études soient
différentes. Ils ont aussi gardé un peu de temps pour des promenades se tenant par la taille ou la main dans la main.
Ils ont rapidement pris l’habitude de fréquenter les promenades du bord du fleuve, dont les chemins débouchaient
qui sur des jardins aménagés bruyant de cris et rires d’enfants sur les balançoires ou autres jeux publics, qui sur des
guinguettes emplies du brouhaha des discussions de consommateurs. Puis à nouveau leurs pas les conduisaient dans
le creux des chemins ou le soleil filtrait parfois faiblement au travers des frondaisons touffues, et ou seul le
piaillement des oiseaux venait troubler le silence. Le bonheur, c’est tout ça ! Se sentir aimé et partager intimement
les instants de la vie, les activités, les préoccupations, les corps, et les silences feutrés.
Tous deux ont spontanément refermé la vie autour d’eux. On dit communément seuls au monde ? Voila ils étaient
seuls au monde.
Les mois ont passé rapidement entre études, amour, ballades en amoureux, et, un soir, en arrivant au studio, Marc a
dit :
- Tu sais, en rentrant de la fac, j’ai rencontré Léonard. Tu te souviens ? L’africain.
- Ah oui Léonard, un gentil garçon.
- Oh il m’a demandé des nouvelles en précisant que c’était juste une façon de parler parce que ne nous voyant
plus il supposait que nous filions le parfait amour.
- Et que lui as-tu répondu ?
- Qu’il avait raison bien sûr. Il m’a dit aussi que ça lui ferait plaisir de nous revoir, il se sent bien seul. Les
asiatiques,Truong et son copain, ont terminé leurs études et ont décidé de revenir dans leur pays. L’allemand
Andréas a lui aussi terminé, et a été embauché dans une société Marseillaise. Bref, il m’a dit que le groupe
n’est plus ce qu’il était.
- C’est dommage, il y avait une bonne ambiance dans ce groupe, comme tu me l’as dit et que je l’ai vu moimême.
- Oui, je suis bien avec toi et n’ai aucune envie de changer, mais j’avoue que ça me ferait plaisir de les revoir.
- Et bien passons prendre le repas de midi, demain à ton RU, si ça te fait plaisir.
Le Bilongo.
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Et tous deux, le lendemain, se sont trouvés à l’endroit même de leur rencontre cherchant des yeux le groupe d’amis.
Amandine a trouvé la première.
- Regardes la bas, ce n’est pas ton ami Léonard ?
- Ah oui ! Tu as raison. Il est apparemment tout seul, et il y a de la place près de lui, les autres ne sont sans
doute pas encore arrivés. Rejoignons le si tu veux.
- Vite d’autres personnes arrivent ils risquent de prendre les places libres.
- Salut Léonard, tu est arrivé en avance ! Les autres ne sont pas encore la ?
- Oh ! Bonjour Marc, bonjour Amandine, que ça me fait plaisir de vous voir ! Asseyez vous, je vous attend, je
viens à peine de commencer mon repas.
- Non, non, poursuis ton repas tranquille, on va te rattraper, va !
- Tranquille ? Ah ça pour être tranquille, voila plusieurs jours que je mange seul, parfois cette solitude me
donne envie de tout laisser tomber, tu sais.
- Allez, Tu es le copain de Marc, et donc le mien aussi, tu te souviens ? tu n’es donc pas seul, tiens, après le
repas je vous offre le café à tous les deux, moi je n’ai cours qu’à trois heures, et Marc à Quatre. Et toi ?
- Pas de cours pour moi cet après midi.
- Et bien voila acceptons donc l’offre d’Amandine, ainsi tu pourras tout nous raconter, nous nous avons peu de
choses à dire, sinon qu’on s’aime, et aussi qu’on s’aime !
- Je sais, et je ne crains pas de dire que je vous envie. Si je pouvais moi aussi rencontrer une fille bien !
- Sois patient mon vieux, le jour viendra, ce sont des choses qui arrivent spontanément sans qu’on les
sollicitent.
Allez, parle nous un peu des autres.
- Ben, comme je t’ai dit, les Asiatiques sont partis, l’Allemand aussi, le Russe Sergei, que j’aimais bien, est
parti lui aussi alors qu’il lui restait encore deux ans. Il a eu de gros problèmes dans sa famille, et il doit
trouver du travail, il est seul désormais pour faire vivre sa famille.
- C’est bête, deux années de plus et il était diplômé, ça lui aurait permis de trouver un emploi intéressant et
bien rémunéré.
- C’est ce que je lui ai dit, mais il m’a répondu le savoir déjà, et que sa famille ne pourrait pas rester deux ans
sans ressources. Bref, comme tu vois je suis seul depuis. Le reste du groupe s’est totalement dispersé. C’est
d’ailleurs ce qu’on m’apprend en génie mécanique, on sort quelques petites pièces et l’énorme machine
industrielle cesse de fonctionner !
- Allez, Léonard. Toi qui étais rieur te voilas bien triste. Amandine te l’a dit nous sommes la, c’est vrai que
nous ne sortons pas souvent, mais tu sais que tu a notre amitié. Ce que tu fais en ce moment s’appelle
« broyer du noir » et tu deviens morose ! Tu vas finir par changer d’identité !
- Ah ! En tout cas ! Tu ne changes pas toi. Oui je vais changer d’identité, une identité anglaise par exemple.
Vous dites rosbif ?
- Ah,Ah,Ah ! Oui rosbif morose, voila qui t’irait bien !
Amandine et Marc, ont peu à peu réussi à remonter le moral de Léonard. Au café ils riaient tous les trois de bon
cœur.
Léonard a pris Marc par l’épaule.
- J’aimerai bien vous revoir, de temps en temps, je comprends que vous préfériez vivre votre amour tranquille,
je le ferai sans doute aussi, mais je demande cette faveur, parce que vous êtes mes seuls amis. Je connais un
restaurant Africain un peu exceptionnel, qui sert des plats proche de l’authentique, vous qui ne connaissez
pas l’Afrique, je vous y invite. Ce sera un grand plaisir pour moi de vous faire connaître la nourriture de chez
moi.
Marc a regardé Amandine qui a répondu :
- D’accord Léonard, nous fixerons un jour ou nos emplois du temps nous le permettent à tous les trois. Mais à
la condition qu’a ton tour, tu acceptes notre invitation plus tard.
- Alors la aucun problème. Si Marc est aussi d’accord. Oui ? Bon c’est dit je vais vous noter mon emploi du
temps pour les deux semaines qui viennent, à vous de fixer la date pour le repas africain, que je le sache à
l’avance, je passerai réserver et leur parler, je voudrais que vous soyez conquis par les parfums de l’Afrique !
Tous trois ont fixé la date, les dates même, puisque le repas offert par Marc et Amandine à pu être fixé aussi. Ils se
sont embrassés en se quittant, Léonard avait les larmes aux yeux
- Merci, merci de votre amitié !...
En rentrant, chez eux, le soir, après les cours, Marc a questionné Amandine
Le Bilongo.
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Vraiment ? Ça ne t’embête pas de voir Léonard deux fois dans les trois semaines à venir ? Tu sais les
africains aiment ce genre de fêtes entre amis, le fait de débuter une fréquence de repas peut nous conduire à
le renouveler régulièrement.
- Pas de problèmes pour moi. Je sais que ça te fait plaisir, et en ce qui me concerne, je le trouve sympa,
intéressant, il est poli et respectueux en plus, non, pas de problèmes pour moi.
- Mais si vu veux que nous voyons une copine à toi, ce serait avec plaisir, il n’y a pas de raison que toi seule
fasse des efforts pour moi. Et puis peut être que nous pourrions caser Léonard !
- Tu sais, mes copines comme tu dis, ne présentent pas d’intérêt, te connaissant, tu ne les apprécierait pas plus
que moi, et d’ailleurs je crois qu’en dehors d’un plan sexe peut être, elles ne seraient pas intéressées par
Léonard, pas plus que lui ne serait sans doute intéressé pas elles, ce sont des filles superficielles, que le genre
de discussions que nous avons, ennuie.
A moins que…Il y en a peut être une qui pourrait être intéressée pour rencontrer Léonard, parce qu’elle
adore les voyages, les pays exotiques, enfin ce genre de choses.
- Ce n’est pas du tout un souhait de devenir entremetteur qui me motive, mais tu vois, j’aime bien Léonard, et
de le voir abattu comme ça, seul, sans motivation, ça me fait de la peine, et si nous pouvions améliorer les
choses pour lui, ce serait sympa. Naturellement il n’est pas question pour autant d’y aliéner notre amour ou
quoi que ce soit de notre tendresse ou complicité même de notre intimité tranquille.
- Mais c’est bien comme ça que le l’entend, moi aussi j’aime bien Léonard, je sais en plus ton amitié pour lui,
et si on peut lui venir en aide ce sera avec plaisir, sous réserve que ce soit sans préjudice de nous-mêmes et
de nos sentiments. Je vais même aller un peu plus loin que toi, si Léonard « accroche » avec cette fille, nous
aurons un couple d’amis, ce qui est plus plaisant pour nous que un, ou une amie célibataire, et qu’en plus,
s’ils s’entendent bien, ils n’auront pas le désir de nous voir sans arrêt.
- Bon nous en discuterons avec Léonard, lors de notre soirée au restau africain. Après tout il n’est peut être
pas intéressé par une rencontre induite par des tiers, et pourra préférer se débrouiller tout seul dans ce
domaine.
Le jour fixé est enfin arrivé, Marc et Amandine sont arrivés en avance au rendez vous fixé avec Léonard, ne sachant
pas ou se trouvait le restaurant africain. En l’attendant, Amandine à raconté à Marc, qu’elle avait eu l’occasion de
discuter avec Sylvie, la copine friande d’exotisme, et qu’une rencontre avec leur ami africain n’était pas pour lui
déplaire.
- Peut être pourrons nous inviter Sylvie au repas ou nous avons invité Léonard ?
- Bonne idée, mais avant de l’inviter, tâtons le terrain avec Léonard. Tiens le voila.
Salut Léonard !
- Vous êtes déjà la ? Je suis en retard ?
- A peine un peu, mais c’est nous qui étions en avance.
- Bon allons y sans perdre de temps alors.
Et en chemin Léonard a préparé ses amis au dépaysement culinaire qu’ils allaient vivre. Mais c’était peu dire. A
peine arrivés, ils ont été plongé dans une ambiance inconnue pour eux, d’abord, la musique, une rumba congolaise,
dont le rythme les a saisi, puis les odeurs épicées, le sol fait de sable, les tables rondes un peu basses séparées les
unes des autres par des bacs contenant diverses végétation à dominance de bambous nains, quelques palmiers de ci
de la, des tabourets pour assise, et le passage de plusieurs serveurs pieds nus, en pantalons corsaire et chemise
bigarrées qui esquissaient des pas de danse tout en portant les plats . Enfin un d’eux leur a désigné une table, en
s’adressant à Léonard dans une langue étrangère et inconnue d’eux.
Installés, Léonard leur a expliqué qu’il avait discuté avec le serveur en mouncoutouba, la langue parlé au Congo
dans la région de Pointe Noire, tandis qu’a Brazzaville, la capitale congolaise, le langage usuel était le lingala.
- J’ai commandé le menu, en choisissant pour vous, en sélectionnant les plats les plus typiques de ma région
natale, la vallée du kouilou, proche de Pointe Noire. Le plat de résistance sera du poulet à la moemba
accompagné de sakasaka.
- Tu m’avais souvent parlé de l’Afrique, sans préciser de quelle région tu étais natif. Qu’est ce que la moemba,
et le sakasaka ?
- La moemba est une sauce épaisse et très huileuse obtenue en écrasant des fruits qui ont l’aspect de dates, et
le sakasaka est consommé comme un légume, c’est des feuilles de manioc fraîches et hachées, qui, une fois
cuites, ressemblent à des épinards en ayant un goût très différent bien sur.
Des serveurs dansants et souriants leur ont porté des assiettes l’une contenant des sortes de petits beignets, l’autre
une boule d’un blanc nacré et marbré, ainsi qu’une bouteille contenant un liquide blanchâtre.
Au regard interrogateur d’Amandine et Marc, Léonard a expliqué
Le Bilongo.
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-
Tout ça c’est du manioc. La boule la, c’est l’équivalent du pain, c’est fait de racines de manioc broyées
qu’on roule dans une feuille d’un arbre particulier et qu’on laisse un peu maturer. Ce qui ressemble à des
petits beignets, c’est fait avec du foufou c'est-à-dire de la farine obtenue en faisant sécher au soleil les racines
de manioc broyées et pilées. La boisson dans la bouteille la, c’est du vin de palme, c’est fait avec la sève
d’une variété particulière de palmier qu’on fait fermenter.
Ils ont goûté ou mangé selon le cas les différentes choses apportées, partagés entre curiosité, plaisir et dégoût, tant il
est vrai que certains plats étaient très relevés, pilipili avait expliqué Léonard, d’autres d’un goût écoeurant, ou d’une
odeur jugée nauséabonde…Parfois les deux.
Le bilan du repas achevé a été sans conteste dépaysant ! Léonard s’est montré volubile et très intéressant dans ses
explications passionnées, et ses récits africains.
La digestion a par contre été plus redoutable, et, au café, sachant le trou qu’un pareil repas faisait dans le budget de
léonard, ainsi que dans leurs viscères, ils lui ont avoués, en prenant soin de ne pas le vexer qu’ils ne mangeraient pas
ça tous les jours.
- Il faut y être habitué, bien sur ! Moi aussi, mes premiers repas français ont été une révolution alimentaire,
mais depuis j’ai appris à bien aimer ça. L’essentiel est : Avez-vous passé une bonne soirée ?
- Oui Léonard excellente, grâce à toi. Le prochain repas sera chez nous, et comme prévu je cuisinerai les
spécialités de ma région que Marc apprécie tant. Mais j’aurai également une surprise, je préfère t’en parler
d’abord pour être sure que ce ne soit pas pour toi une mauvaise surprise.
- Mais si tu m’en parles d’abord, ce ne sera plus une surprise !
- C’est vrai mais tant pis. Je pense inviter aussi une copine à moi, et je voudrais être sure que ça ne t’embête
pas avant de lui proposer l’invitation.
- Elle est jolie comme toi ?
- Comme moi je ne sais pas, mais elle est pas mal.
- Aucun problème pour moi, au contraire, invites la !
Deux semaines ont passé rapidement, la première constituée d’étude et de jeune, passage obligé pour une reprise de
transit intestinal normal, la seconde constituée d’études intensives en raison de l’approche de la fin de l’année de
fac. La veille de la date fixée pour l’invitation de Léonard et de Sylvie, Ils ont été faire des courses, rangé
l’appartement, et Amandine à commencé à préparer des plats aidée de Marc en apprenti cuisinier qui s’est appliqué
aux sauces en suivant attentivement ses directives.
Léonard est arrivé un bouquet de fleurs à la main.
- C’est pour toi Amandine, peut être que Marc ne t’en offre jamais ?
- Détrompes toi mon cher, il m’arrive de lui en offrir aussi figures toi !
- Ah.Ah. Tu prend la mouche ! serais tu jaloux ? Malheureusement il n’y a pas de quoi tu sais ! Et la copine,
elle est en retard ?
- Non on lui a donné rendez vous plus tard que toi, pour que tu te sentes plus à l’aise quand elle arrivera. Elle,
elle est toujours à l’aise n’importe quant n’importe ou !
- Oh la la ! Merci de votre sollicitude !
- Tiens quand on parle du loup… Je crois que c’est elle qui frappe à la porte. Salut Sylvie, entres vite, je vais
te présenter notre ami Léonard.
- Bonjour Léonard.
- Bonjour Sylvie.
Le temps de l’apéritif, et déjà Sylvie et Léonard partageaient une discussion active, elle voulant tout savoir sur
l’Afrique, lui voulant tout lui dire dans le détail.
Amandine à servi des avocats au crabe, accompagnés d’une sauce préparée par Marc, puis ont suivi les magrets de
canard qui ont donné lieu à l’ouverture d’un petit Madiran
- Tu vas me goûter ça Léonard, c’est sans prétention, mais c’est tout de même autre chose que ton vin de
palme !
- N’attend de moi aucun commentaire ! je suis déjà convaincu, la cuisine Française est la meilleure du monde,
quand à la cuisine africaine, elle, est inconnue. J’en suis désolé, mais ces différentes réputations ne sont sans
doute pas le fuit du hasard.
- Q’en dis tu Sylvie ?
- Je ne dis rien, j’écoute Leonard et je suis sous le charme !
- Mais c’est normal, Léonard est un grand séducteur.
- Arrêtez, vous allez me faire rougir, ce qui m’est très difficile !
Dans une ambiance très décontractée, le repas a été jugé exquis, la soirée inoubliable aux dires des deux nouveaux
amis, qui ont fini par repartir fort tard et ensemble.
Le Bilongo.
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Plus d’un mois s’est passé sans qu’Amandine et Marc ne revoient Sylvie et Léonard.
- Tu avais raison Amandine, l’amour ça isole, je suis bien contant d’avoir avec toi, contribués à faire le
bonheur de deux amis.
- Oui, et par ailleurs, nous pourrons mettre à profit notre isolement des amis pour mettre un dernier coup de
collier. Nous terminons tous deux notre année de Fac, ce qui va nous séparer, puisque tu va devoir intégrer
L’IFP tandis que moi je vais rempiler une année de plus à la Fac.
- Nous allons nous renseigner, il y a sans doute une Fac de chimie à Lyon nous aurons juste à changer de
logement.
- Ecoute, j’y ai déjà réfléchi, je ne tiens pas à changer de Fac, comme tu le sais j’ai ici la chance d’avoir les
profs des matières complémentaires que je souhaite posséder pour donner suite favorable à l’emploi que me
propose ce laboratoire de cosmétiques. Je t’en ai déjà parlé !
Et puis, ce sera l’occasion de tester la solidité de notre amour, avant de nous engager plus avant, peut être
pour la vie ? Qui sait, tu vas peut être faire d’autres rencontres qui te feront m’oublier.
- T’oublier ? Il y a franchement peu de chances ! Est-ce que toi-même tu n’auras pas d’autres aventures ?
- Voila nous n’en savons rien ni toi ni moi, malgré que moi aussi ça me paraisse improbable. Mais encore une
fois, si nous passons cette étape de séparation avec le même souhait d’être ensemble, nous pourrons alors
envisager un engagement plus solide.
- Je sais que tu as raison, mais cette séparation me fait un peu peur. Ben oui, j’ai peur de te perdre même si ça
fait fleur bleue. D’un autre coté je sais que je réussirais ma qualification, car j’ai la volonté de m’y mettre
avec acharnement, et que je serai embauché, car j’ai l’intension de harceler de courriers les services de
recrutement.
Je serai dont trop occupé pour « courir la prétentaine ». J’espère simplement que tu feras pareil de ton coté.
Au terme de cette étape, comme tu dis, nous aurons un boulot, et un salaire. Nous pourrons donc envisager
de nous engager définitivement, trouver la maison de tes rêves, et envisager une descendance !
- Reste le problème d’affectation. Si tu intègres une boite aux antipodes de la mienne, nous seront confrontés
à un fameux problème !
- Bon pour te tranquilliser, je vais te confier mon rêve secret ! Je ne voulais pas t’en parler, parce que
contrairement à toi qui est quasi sure d’une embauche Toulousaine, c’est en tout cas ce que tu m’avais dit,
moi je vise une embauche à ELF, sur leur site de Boussens, et connaissant ton goût pour la campagne,
j’envisageais de trouver une jolie villa dans un des villages entre les deux sites qui ne sont qu’a une
soixantaine de kilomètres l’un de l’autre.
- Oh oui ce serait fantastique !
Et l’année s’est terminée. La mort dans l’âme, Marc a fait son maigre bagage, et pris l’autobus pour la gare. Seul. Il
a dit à Amandine qu’il n’aimait pas les adieux de gare, Ils ont promis de s’écrire souvent, de tout se dire, y compris
les choses délicates, Elle lui a proposé de le rejoindre à l’occasion de vacances, Il est resté évasif, il pense que son
budget ne pourra pas permettre nourriture, logement, plus voyages. . .
Ils se sont tous deux lancés à corps perdu dans leurs études. Chacun de son coté a beaucoup pensé à l’autre. Ils se
sont en effet beaucoup écrits, racontant leur quotidien, leurs amis étudiants, leurs problèmes de logement.
Evidement chaque courrier apportait son lot de mots tendres, expressions d’amour, vide créé par l’absence de
l’autre…
D’abords très longs, les semaines ont fini par passer rapidement, puis les mois, Amandine a commencé la
préparation de sa thèse, Marc a passé plusieurs examens blancs, facultatifs, mais lui permettant de vérifier son
niveau de connaissances, tous ont démontré un excellent niveau. Il s’est ouvert à ses profs principaux de son
intention de postuler à Elf Aquitaine, par chance, deux d’entre eux enseignaient ponctuellement dans des stages
internes au sein même de cette société, dans son centre de formation précisément situé à Boussens. Ils lui ont
conseillé de remplir le formulaire, en lui promettant de parler de lui au responsable du recrutement de leur DRH.
Au cours du dernier trimestre, il a lu assidûment les Avis de Poste A Pourvoir du groupe, tout en particulier ceux
correspondant à une affectation Boussinoise…
Le Bilongo.
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Le CDI,
Marc mon chéri, je te fais part d’une grande nouvelle pour moi. Je soutiens ma thèse dans quinze jours. J’aimerais
tant que tu y assistes, te savoir la m’aidera à me sentir plus sereine, me permettra un meilleur résultat. Je sais que ta
rigueur budgétaire ne te permet pas de trop déraper aussi je te propose un prêt couvrant les frais de voyage. Si tu y
tiens, tu pourras me rembourser à ton premier salaire. Je t’en prie réponds vite à ma lettre.
Marc a relu deux fois ce passage. Il savait que la période des soutenances allait débuter, mais la, ça sa précise. Il va
y aller bien sûr, d’ailleurs il bout d’impatience de lui annoncer sa grande nouvelle à lui. Il a postulé à un APAP qui
correspondait à son profil, et il a reçu une réponse ! Sa candidature est retenue parmi plusieurs autres, et il doit
passer des tests psychotechniques, touts frais couverts par le groupe, au terme desquels, une des candidatures sera
retenue.
Le tout restant subordonné à la réussite à ses prochains examens auprès de IFP , les avis favorables le concernant,
joints à sa candidature, n’étant pas suffisants pour déterminer sa capacité à répondre aux besoins du poste.
Il a décidé de ne pas en parler pour le moment, d’abord pour que Amandine ne soit pas déstabilisée par trop
d’impatience à reprendre une vie à deux, dans une période au cours de laquelle toutes ses capacités devaient rester
orientées vers la maîtrise de son sujet, ensuite pour éviter de faire miroiter une position professionnelle qui est pour
le moment encore douteuse. Ses tests sont prévus à la fin du mois, il a donc le temps de prendre deux jours
d’absence, un pour assister à la thèse, l’autre pour ses envies de câlins exacerbés par une longue absence. Mais ça
aussi il lui en fera la surprise.
Et voila ! Le train retour vers les heureux souvenirs du passé. Marc reconnaît les paysages de temps à autre, au fait,
est ce qu’Amandine aura changé. Peut être vas elle me trouver changé ? Tant de questions sans réponses ont gommé
le temps, toujours dans ses pensées, il est brutalement interrompu par l’entrée du train en gare. Le train roule encore
sur son erre en longeant les quais, et soudain il la voit. Oui elle est la ! Elle est venue l’attendre ! Il prend son sac, se
précipite vers une des portes et l’ouvre à peine le train arrêté. Il se précipite vers cette silhouette qui cherche du
regard.
Elle l’a vus, et elle aussi vient à sa rencontre. Ils se sont étreints sans un mot, échangeant un long baiser sans tenir
compte de la foule qui passait autour d’eux.
Ensuite, ils ont rejoints le hall de la gare, l’arrêt de bus, direction le studio d’Amandine. Et tout ce temps, ils ont
parlé, vite, avidement, tant de choses à dire qui n’entre pas dans des courriers.
Amandine à trouvé Marc, un peu fatigué les traits tirés. Marc a trouvé Amandine encore plus jolie qu’avant.
- Voici le programme que je te propose. On va casser une graine dans bistrot sympa, ensuite on rentre, on
prend un acompte raisonnable sur nos arriérés de tendresses, et on dort de bonne heure. Demain, lever de
bonne heure, petit dej, douche, et tu prends une grosse heure à me présenter ta thèse, que j’écouterai en
silence. Ensuite on ira à ton lieu de soutenance, afin d’y arriver de bonne heure pour éviter le stress de
l’urgence. Q’en dit tu ?
- C’est un programme presque identique au mien. Sauf le repas à la maison en tête à tête et pas dans un
bistrot, tout est déjà prêt. Ensuite je soutiens brillamment ma thèse, on rentre, et on solde le reste des arriérés
de câlins tout le reste de la journée, en faisant des breaks pour manger des sandwiches qui sont prêts aussi.
Et ils ont ri tous les deux de constater leur raisonnement si synchrone sans en avoir jamais parlé avant.
Elle avait raison. Sa thèse a été brillante, Marc en a été convaincu dès la présentation privée qu’elle lui a faite, et
malgré sa connaissance limitée en chimie, mais ensuite, il a bien observé l’attitude des membres du jury au cours de
la véritable soutenance, et ils lui ont paru favorablement impressionnés par les concisions, clarté et pertinence de sa
présentation.
En sortant, il l’a dit à Amandine qui s’est contentée de répondre
- Les dés sont jetés, nous verrons bien leur résultat le moment venu. Pour le moment concentrons nous sur la
suite de notre programme…
- Tu a raison, d’autant qu’après il me faudra repartir, et solder moi aussi mes études, j’espère aussi
brillamment que toi !
Ils ont scrupuleusement suivi leur programme personnel de cette journée, et se sont une nouvelle fois quittés, plus
amoureux que jamais.
Et le temps a passé, avec des courriers pour seuls contacts. Un jour, la lettre d’Amandine a annoncé son embauche
prochaine dans le laboratoire cosmétique toulousain. C’est vrai, c’était prévu, mais en théorie seulement. Et la, de
voir ses projets se concrétiser, Marc a été fier de la détermination gagnante de sa copine. De son épouse ?
Peu de temps après il a lui-même reçu des résultats favorables aux tests psychotechniques de pré embauche,
devançant de peu ses examens qui à leur tour, et sans surprises ont étés aisément réussis. Restait l’attente de la
confirmation d’embauche.
Le Bilongo.
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C’est dans cette attente qu’il a rejoint Amandine dans le studio transitoire qu’elle avait trouvé à Muret, après
l’abandon du sien avec un évident regret.
Ils ont repris leur organisation de cofinancement, et en dehors de l’environnement nouveau pour eux, ils ont retrouvé
l’espace intérieur et leur ameublement presque identiques.
Marc a pris l’habitude d’accompagner Amandine à son travail, acheter le journal pour suivre les petites annonces
immobilières, et rentrer a Muret par le bus, en faisant une nouvelle fois le trajet inverse le soir… Jusqu’au soir ou il
lui a dit :
- C’est la dernière semaine que je t’accompagne !
- C’est vrai, tous ces trajets en bus ce n’est pas marrant pour toi ! Dès la fin du mois, j’achèterai une voiture
d’occasion.
- Oui, moi aussi d’ailleurs, nous n’auront pas les mêmes destinations, j’embauche à Boussens la semaine
prochaine !
- Oh mon chéri c’est super ! Il faudra rapidement ensuite trouver une jolie maison. Avec nos deux salaires
nous pourrons mous le permettre.
- Tu sais il y a déjà quelque temps que je suis à la recherche de la maison idéale, armé de la carte routière, j’ai
relevé plusieurs annonces dans les villages entre Toulouse et Boussens, mais jusqu'à présent, sans savoir ce
qu’allait être notre budget ! Mis maintenant nous connaissons tous deux ton salaire, voici l’offre du mien.
- Quoi, c’est moi la plus instruite et c’est toi le mieux rémunéré ! Et pas qu’un peu !
- Tu croyais que le sexisme de l’emploi était une invention communiste ?
- Bon, donc je me répète, il faudra trouver une jolie maison !
- Mais oui, patience, nous en trouverons une, le temps de reprendre ma liste, nous allons contacter les agences
pour pouvoir visiter prochainement, et nous choisirons celle qui te conviendra le plus. Si elle te plait elle me
plaira aussi. Je connais bien les critères, un coin tranquille dans la campagne, un grand jardin, et plusieurs
chambres pour nos nombreux enfants. Le temps d’être dans nos meubles, nous allons programmer notre
mariage, et de suite après lancer la fabrication ne notre nombreuse descendance.
- Oh Marc mon chéri !....
Les débuts professionnels les ont pas mal occupés tous deux. La décision, le choix et l’achat de deux voitures, les
cartes grises et assurances, ont grignoté quelques semaines supplémentaires. Ils ont utilisés de nombreux samedis
pour de non moins nombreuses visites immobilières sans être vraiment séduits. Tout ce temps, ils sont restés dans
leur appartement en se convaincant qu’un choix précipité leur interdirait de trouver une maison qui leur plaise
vraiment.
Mais leur patience a fini par être récompensée. Ils sont tous deux tombés immédiatement amoureux d’un ancien
moulin, presque totalement rénové avec beaucoup de goût, au fond d’une propriété de six hectares et disposant de
droits d’eau. C’était bien sûr pas très raisonnable. Un peu loin de tout, un peu grand avec les quatre chambres
aménagées et deux aménageables, l’immense salle de séjour à majestueuse cheminée dans la partie surplombant la
rivière, la grande cuisine intégrée vieux chêne, la salle à manger monastère, deux salles de bains, un trop grand
bureau des dépendances contiguës, dont une partie aménagées en salle de jeux, et l’autre destinée par les anciens
propriétaires à l’aménagement d’une piscine intérieure non réalisée. Un peu trop cher aussi pour leur budget
naissant, mais qu’importe ils ont tout de même conclu !
- Le moulin est très isolé, tu es sure que tu ne vas pas t’y ennuyer ?
- Marc, d’abord je travaille et serai donc absente l’essentiel du temps. Ensuite il y aura d’autres petits travaux
pour mettre la propriété à nos marques, il faudra prévoir l’entretien du chemin qui mène de la route au
moulin.
Et pour conclure, après une semaine des bruits de la ville, le silence et la solitude seront plutôt les bienvenus.
- Tu sais on pourrait donner suite à la proposition du gars de l’agence, concernant le jeune paysan qui cherche
des prairies pour ses vaches. On lui laisse mettre ses vaches dans la prairie du bord de route, et en contre
partie, il entretient le chemin d’accès et tond la périphérie du moulin. En plus ça fera une présence à la
propriété.
- Tu as raison on vas faire comme ça.
L’aménagement du moulin et son organisation se sont finalement mieux passés que prévu. Entre usage de la prairie
et droits de pêche en aval du moulin, tous les entretiens extérieurs ont été couverts, et ils ont bénéficié en plus de la
sympathie du village proche.
- Maintenant passons à l’étape suivante : Le mariage !
- Si tu es vraiment aussi sûr que moi de tes sentiments, prenons date !
- Ce n’est pas une certitude pour moi, c’est tout simplement une évidence.
donnons nous le temps de tout aménager, de prévenir nos familles sans précipitation, d’en parler au maire et
Le Bilongo.
- Page15
au curé du village, et d’attendre les beaux jours pour pouvoir organiser un grand dîner champêtre dans le
jardin face au moulin, au bord de la rivière. Que dirait tu de fin juillet ?
- Tu es décidément un organisateur accompli ! Ton programme me semble parfait, Nous commanderons ma
robe et ton costume, et nous commanderons aussi le traiteur pour le repas, pour les deux, il vaut mieux s’y
prendre tôt… Nous avons deux mois, c’est largement suffisant.
Les parents d’Amandine, Sylvie et François, sont venus passer un gros week-end au moulin. Ils sont arrivés le
vendredi en fin d’après midi, peu de temps après le retour du travail du jeune couple. Marc leur a tout de suite plu.
Son attitude franche et dynamique, ne mâchant pas ses mots, a été très appréciée du père d’Amandine, un invisible
lien de sympathie réciproque s’est immédiatement construit entre eux, et le tutoiement s’est rapidement imposé. Le
moment le plus difficile de leurs discussions prolongées tard dans la nuit, a été d’ordre financier. La volonté
inébranlable de François de financer l’achat de tout le mobilier nécessaire, ainsi que la totalité des frais inhérents au
mariage, quels qu’ils soient, Amandine ayant pour ordre de lui centraliser l’ensemble des factures de l’un et l’autre.
Sa volonté et ses arguments ont fini par faire céder Marc, et le reste du week-end s’est passé à inventorier le
complément d’ameublement nécessaire. François en a profité pour choisir la chambre qu’ils occuperaient lors de
leur visites avec son épouse : Une des chambres non aménagée. Marc s’est contenté de lui dire
- Crois tu que ton choix m’étonne ?
- Que veux tu les goûts ne se commandent pas !
Martial et Christine, les parents de Marc les ont rejoints le dimanche après midi. Avant l’arrêt de leur voiture,
François à pris l’épaule de Marc en lui disant d’un air complice.
- Fais moi un dernier plaisir ! Pas d’histoire de fric avec tes parents !
- Tu connais leur situation ?
- Amandine m’en a parlé. Comprend moi. La vie à fait que je dispose de sommes totalement superflues à mon
confort de vie, participer financièrement à votre propre départ dans la vie ne représente donc aucun sacrifice
pour moi. Je sais qu’il n’en est pas de même pour tes parents, voila pourquoi je te demande de rester discret
pour éviter que s’établisse de gène entre nous.
- Ce que tu ignores c’est que pour mes parents ce n’est pas un sujet tabou, et il se peut que mon père évoque le
problème, la franchise à tous égards doit rester la règle, c’est le meilleur moyen pour ne pas créer la gène que
tu évoquais.
Les parents se sont rencontrés, la franchise souhaitée par Marc, a été le filigrane de leurs conversations, une
ambiance chaleureuse s’est rapidement instaurée au cours du repas du soir réunissant toute la famille pour une
première fois.
Le lendemain matin, après un rapide déjeuner, Amandine et Marc sont partis travailler, l’un vers l’est l’autre l’ouest.
En revenant le soir, ils ont étés surpris de voir leurs parents encore au moulin.
- Comme vous n’êtes jamais là, nous avons tous les quatre décidé de rester une bonne semaine, J’ai informé la
pharmacie de notre absence, Martial à demandé à sa boite de grouper ses RTT. Nous avons tous décidé de
profiter de ces premiers beaux jours. Christine et Sylvie ont prévu de flâner et bronzer, et nous avons mission
Martial et moi, de partir dès demain acheter salon de jardin, parasols, relax … Et matériel de pêche.
- Il oublie de te dire qu’il ne connaît rien à la pêche, alors nous avons réparti les rôles, il apporte le
financement du matériel, moi j’apporte la pédagogie.
Et comme des larrons en foire, les parents ont pris de vraies vacances au moulin pendant les journées d’absence
professionnelles des enfants. L’exceptionnel beau temps de ce mois de mai, leur a permis de préparer des barbecues
et profiter du salon de jardin chaque soir de la semaine, au grand régal des enfants, qui arrivaient pour se doucher, se
changer, et rejoignaient leurs aînés, juste pour l’apéritif suivi de grillades de poisson plus ou moins copieuses selon
les prises de la journée.
Restés en relations après cette semaine inoubliable, les parents sont tous les quatre revenus quinze jours avant la
date du mariage.
- Bonjour, nous avons décidé de passer quelque temps avec vous pour vous aider aux préparatifs du mariage,
et nous aider tous ensemble à se préparer psychologiquement à votre prochaine union. Tu n’as pas changé les
cannes à pêche de place ?
- La pêche, ça favorise le recueillement !
Les épousailles ont été suivies du banquet champêtre auquel a assisté une partie du village, l’autre partie ayant
trinqué à l’occasion du vin d’honneur servi, juste après la cérémonie, sur le perron de la mairie.
La fête s’est poursuivie tard dans la nuit, et le lendemain vers midi, de nombreux invités, revenus pour finir les
restes selon la tradition, ont assistés au départ des jeunes mariés, pour leur voyage de noces…
A leur retour, Amandine et Marc, ont retrouvé le moulin propre, meublé, travaux achevés.
- Regardes, un miracle s’est accompli pendant notre insouciante absence.
Le Bilongo.
- Page16
-
Oui. Je connais les prénoms des auteurs du miracle. Appelons les pour les remercier.
Bonjour, c’est nous ! Nous venons juste de rentrer, et de constater votre efficacité pendant notre absence, un
grand merci à vous, je vais appeler les parents de Marc pour les remercier aussi, car nous avons cru
reconnaître aussi les marques de leur passage.
- Ne te mets pas en peine, ils sont la. Je te les passe si tu veux, tu sais nous sommes très occupés à préparer
notre voyage en Italie, notre voyage au Tyrol pour janvier est déjà bouclé, et l’Italie ce n’est que pour après
le départ en retraite de Martial !
- Bon, je vois le genre d’affliction que vous procure la perte de vos enfants ! Ca nous fait beaucoup plaisir,
amusez-vous bien, et de grosses bises à vous quatre.
Le moulin a longtemps été témoin privé de la vie heureuse et amoureuse du couple.
Le Bilongo.
- Page17
L’ ACD
-
Bonsoir mon amour, j’ai une nouvelle à t’annoncer, à la fois bonne et mauvaise. Prépares nous un apéritif
exceptionnel, pendant que j’allumes la cheminée.
- Bonne nouvelle, et mauvaise nouvelle ! Ca m’inquiètes déjà.
Marc a attendu que le bois commence à crépiter dans l’âtre, et a annoncé.
- Je dois effectuer une mission en ACD au Congo.
- En ACD ?
- Affectation courte durée.
- C'est-à-dire ? Combien de temps, et quand ?
- Au début du mois prochain, et pour une durée de deux mois pouvant se prolonger d’une semaine ou deux.
- Le Congo ! Décidément c’était écrit. Depuis la fac tu côtoies l’Afrique. Ce n’est donc pas vraiment une
surprise, dès le départ tu avais prévu qu’une partie de ta carrière serait expatriée.
- Oui c’est vrai, et professionnellement, c’est une opportunité d’évolution et de salaire, mais ça m’embête de
te laisser seule, surtout ici, loin de tout.
- Attends ! Je ne suis plus une gamine, j’aime la tranquillité, la solitude ne me pèse pas, et deux mois c’est
tellement vite passé ! Au contraire, il vaut peut être mieux que tes absences se produisent avant que nous
n’ayons d’enfants, parce qu’après, ta présence serait plus opportune.
- Tu as raison, et je suis vraiment soulagé de voir comment tu prends la nouvelle. J’avais peur de te voir la
prendre mal. En fait, la société qui m’emploie, propose des missions à l’étranger prioritairement aux
célibataires, ce qui était mon statut lors de mon embauche. Les hommes mariés sont secondairement
sollicités, et les pères de famille le sont moins encore, et ils peuvent demander à travailler sédentairement.
Malgré le contrat de mobilité dont nous sommes tous signataires, une tacite entente et une orientation
professionnelle particulière, permettent la sédentarisation.
La date du départ est rapidement arrivée. Un matin ils ont tous deux partis, elle avec sa voiture vers son laboratoire,
lui vers l’aéroport de Blagnac en taxi.
- Ne craignez rien, nous avons le temps, depuis des années je n’ai jamais fait rater son avion à un gars de la
boite.
- Vous en avez transporté beaucoup ?
- Oh oui, je ne fais quasiment que ça ! Où allez-vous sans indiscrétion ?
- Congo.
- Tiens hier j’ai transporté un de vos collègues en partance pour le Nigeria. Peut être le connaissez-vous ?
- Vous savez, je ne suis pas très vieux dans la société, nous sommes sept cent personnes à Boussens, je ne
connais pas tout le monde !
Le billet en main, Marc consulte les affichages de départ. C’est la première fois qu’il se trouve dans un hall
d’aéroport, et il est un peu perdu. Bon, il a repéré le numéro et l’heure de son vol, et celui du comptoir
d’enregistrement.
Après le queue, son tour est arrivé, il a enregistré ses bagages, s’est dirigé vers la salle d’embarquement, après le
passage des portiques et tapis de contrôle des bagages à main.
Ça y est le voila dans l’avion, coté hublot, direction Paris Charles de Gaulle.
Paris. Ré embarquement, vol international, Paris Brazzaville, transit N’Djaména.
Marc regarde autour de lui. L’air d’indifférence générale des autres passagers, lui laisse supposer qu’il est le seul à
voyager vers l’Afrique pour la première fois. Il se détend, et s’absorbe dans la lecture d’un roman qu’il a amené.
Le repas servi par l’hôtesse, il n’a pas tardé à s’endormir.
Le transit à N’Djaména a été plus que stressant. L’armée locale redoutant des attentats, tous les passagers ont été
contraints de ne pas quitter leur siège tandis que des soldats armés de kalachnikov, arpentaient le couloir central de
l’avion. La climatisation à l’arrêt, la chaleur est graduellement devenue étouffante, sous le regard impassible et
hautain des militaires africains a peine sortis de l’adolescence.
Bonjour l’Afrique !
Les militaires sortent, la porte se ferme, les turbines démarrent, l’air frais revient. Merci civilisation !
Posé à Brazzaville, les passagers sont conduits dans le bâtiment de l’aéroport. En dehors de la chaleur, les
installations ne caractérisent pas l’endroit, ce pourrait être aussi bien quelque part en europe. Il est séparé, avec
d’autres personnes, du reste du groupe, direction la salle de transit. Il doit reprendre le vol local Lina Congo, vers
Pointe Noire.
Son vol est annoncé, il embarque avec d’autres dans un DC9 hors d’âge, passablement malodorant.
Et voilà l’aéroport de Pointe Noire, une pensée de son vieil ami Léonard, lui traverse l’esprit.
Le Bilongo.
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Le hall des arrivées est des plus pittoresques, une marée humaine se presse partout. Il est abordé par un Africain
portant un panonceau Elf Congo. Il est la pour le transporter à l’hôtel, et lui prend d’office son passeport et disparaît
avec.
Moment de stupeur ! Plusieurs minutes après il revient en affirmant que tous les papiers sont faits, et lui dit de
l’accompagner à la livraison des bagages. Marc reconnaît sa valise, son accompagnateur la prend et se dirige vers la
douane d’un pas décidé, pose la valise sur la table de contrôle, et partage des invectives à voix forte avec le
douanier, sans en lâcher la poignée. Il lui fait signe en disant.
- C’est bon la ! ya rien à déclarer. Je t’amène à l’hôtel. Tiens ton passeport.
Marc suit comme un somnambule étouffé de chaleur.
Dans l’hôtel Migitel, on lui donne sa clé de chambre, et il y monte par l’escalier en portant sa valise.
Il entre, c’est propre, il est moite. Il pose sa valise et branche le gros climatiseur, qui se met à émettre air tiède et
cliquetis persistant. Choisir entre vacarme et asphyxie ? Va pour vacarme !
Il n’a même pas faim. Une douche et au lit. Deux blattes de forte taille habitent le bac de douche, il les écrase, sort
les morceaux avec un kleenex, et prend sa douche. Le sommeil le saisit aussitôt que couché.
Comme à son habitude, il se lève de bonne heure, se prépare, et descend prendre son petit déjeuner. On lui informe
qu’il est servi dans la case au milieu du jardin. En effet, les bâtiments de l’hôtel isolent un jardin central très arboré
et aux diverses plantes luxuriantes, traversé par une allée cimentée conduisant à une grande pièce circulaire carrelée
et sans fenêtres couverte d’un toit végétal supporté par une impressionnante charpente de bois brut.
Juste à côté, un arbre haut de plus de huit mètres, au tronc sombre et trapu, étale son feuillage épais ajoutant à la
fraîcheur de l’endroit. Il reconnaît les feuilles, c’est un caoutchouc ! Une plante en pot, chez nous !
Il se sert au self installé près de l’entrée, en suivant deux autres clients de l’hôtel. Il observe que ces personnes
prennent des pilules disposées en vrac dans un panier d’osier. Il les interroge. Ce sont des cachets de nivaquine pour
se prémunir du palu, lui est il répondu. Il en prend aussi, les suit, et s’installe à la même table qu’eux. Il découvre
rapidement que ces gens sot aussi des gens d’Elf. Au cours de la discussion, il apprend que presque tout l’hôtel est
occupé par du personnel du groupe. Lui doit se rendre au laboratoire de géologie du kilomètre 4, et un des convives
lui propose de l’y conduire.
Dès son arrivée, le responsable du laboratoire, lui présente les locaux qui lui ont étés réservés pour son travail, puis
l’accompagne au bureau des véhicules de service, dirigés par un africain se plaignant de n’avoir plus beaucoup de
voitures disponibles. Après palabres, un Suzuki 4X4 lui est attribué, et, en sortant, le responsable du laboratoire lui
dit
- Entre les voitures qu’il loue pour en faire des taxis, et celles qui sont démontées pour en vendre les pièces
détachées, il prétend toujours qu’il n’a plus de véhicules à fournir.
- Mais ce ne sont pas des voitures appartenant à Elf Congo ?
- Si, mais ce genre de trafic, est impossible à stopper. Il est étroitement surveillé, mais il y a des gens
politiquement influents qui en profitent, et il nous est moins préjudiciable de fermer un peu les yeux que de
s’y opposer formellement.
Malgré les récits que son ami Léonard lui avait fait de l’Afrique, Marc était éberlué à tout instant d’une foule de
choses importantes ou futiles, il avait le sentiment de vivre sur une autre planète.
Les « carottes », des prélèvements de roches du sous-sol en forme de long tube provenant du forage maritime en
cours et sur lesquelles il devait travailler, n’étaient pas encore arrivées à terre. On l’avait informé du fait qu’ils ne les
auraient pas au laboratoire avant plusieurs jours. Il avait donc décidé, en attendant, de rencontrer l’ingénieur
Africain qui avait fait une étude de ce forage. Ne pouvant le trouver, il s’était renseigné dans un bureau voisin du
sien.
- Mais il est absent la, il a fui, vraiment, il est en ce moment à Brazza même pour ses taxis.
- Ses taxis ? mais il n’est pas employé à plein temps ici ?
- Mais si, mais il cafouille avec les taxis, avec le poisson même, alors il s’absente souvent du bureau en tout
cas.
Pour occuper son temps, il avait pensé interroger le responsable du laboratoire, pour connaître le délai d’expédition
vers la France d’une partie des échantillons intéressant d’autres études complémentaires en laboratoire central.
- Ouh ! Tu sais que les échantillons ne sont pas encore arrivés ici. Toi, tu dois travailler sur une partie de ces
échantillons, quant à l’autre partie, celle destinée à être expédiée en France, et bien elle n’est pas prête de
partir, nous n’avons pas de caisses d’expédition.
- Bon, mais il doit être facile d’en faire fabriquer.
- Et non, l’usine de fabrication de contre-plaqué, proche d’ici d’ailleurs, est en rupture de stock de bois à
dérouler.
- Mais avec toutes les forêts qui nous entourent !
Le Bilongo.
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-
Tu as raison, mais l’Afrique ! Il faut que l’essence des tronçonneuses soit amenée sur le chantier, que ces
tronçonneuses fonctionnent, que les camions de transport soient opérationnels, et qui ne perdent pas les roues
dans les trous de la piste. Tu imagines la complexité d’une telle organisation ?
- Non, c’est vrai, je ne l’imagine pas !
Dépité, Marc, a souhaité profiter de sa voiture de service et son inaction forcée pour visiter un peu la ville,
accompagné du laborantin africain qui avait mission se l’aider dans ses travaux et en conséquence inactif aussi.
Sous les indications de son passager, il conduit prudemment, évitant les carrioles au lourd chargement hétéroclite
dont la pénible poussée occupe tant leur propriétaire que la direction devenue secondaire, n’est plus vraiment
contrôlée.
Les enfants ou adultes, qui traversent soudainement et sans précautions, les groupes qui marchent sur la rue sans
raison apparente, la horde de taxis dont le délabrement fait craindre une absence de freinage.
Tout à sa conduite, près d’un carrefour, il est brusquement arrêté par son accompagnateur
- Arrêtes la ! Tu ne dois pas passer, il faut faire le tour des matitis !
- Les matitis ?
- Oui les matitis, c’est les branches la par terre, Ca veut dire que dessous ya un gros trou dans la route
vraiment.
Dans un nuage de poussière, et crissement continu de pneus, ils sont doublés par un camion qui roule en « crabe » à
l’évidence l’alignement des roues ne forment plus un rectangle régulier mais un quadrilatère déformé, pourtant il
semble être neuf.
- Tu as vu comment roule ce camion ?
- Oui, il y en a plusieurs comme ça, ils sont tombés au déchargement du bateau en tout cas.
- Au fait. Tu connais le kouilou ?
- Ah oui, c’est le fleuve qu’on traverse au pont du bas kouilou, pour aller à Madingo c’est beaucoup après
Diosso
- C’est loin ?
- C’est un peu loin, il faut passer par lundi.
- Lundi ?
- Ya le carrefour des sept jours de la semaine, au début de la cité Africaine de Pointe-Noire, ici on est dans le
quartier blanc.
- Et un peu loin, c’est combien ?
- Ca peut être trois heures en tout cas.
- Trois heures, bon ce sera pour une prochaine fois alors.
- Tu pourras aller bientôt. Ca va être les trois glorieuses.
- Les trois glorieuses ?
- Mais oui vraiment. C’est trois jour la fête du Congo démocratique et populaire.
Une dizaine de jours sont passés, toujours pas d’échantillons, mais ils sont attendus d’un jour à l’autre.
Marc, pour s’occuper, a réalisé quelques petits travaux au laboratoire, relisant les comptes rendus, il est étonné de la
forte teneur en carbonates des sédiments analysés depuis quelque temps, il souhaite soigneusement vérifier
l’étalonnage du calcimètre. L’emballage des doses de test est neuf ! Le test effectué donne 157% ! Il corrige donc
l’étalonnage de l’appareil, et informe de la nécessité de réduire de 1/3 les teneurs en carbonates de tous les
échantillons des analyses précédentes.
Un soir, au restaurant du Migitel, un compatriote lui dit
- tu sais que dès demain commencent les trois glorieuses, date anniversaire de la victoire des combats de la
libération ?
- Je sais ce que sont les trois glorieuses, je ne me souvenais pas que c’était pour demain.
- Oui, personne ne pourra travailler, alors on va sortir des tables devant, sur le trottoir, pour assister au défilé
qui passera juste en face de nous.
Ainsi fut fait. Attablés sur le trottoir, un groupe d’européens attendait en buvant de la bière. Marc les a rejoint.
- Ils ne sont pas encore passés ?
- Non. Bientôt. C’est d’abord l’armée qui défile, ensuite le reste des activités professionnelles civiles.
Le barman surnommé Kadaf, qui faisait la navette des nombreux services, s’est soudain accroupi. Un sifflement
strident s’est amplifié, et sont passés deux vieux Migs 19, relativement bas.
- N’aie pas peur Kadaf ! Il n’y a vraiment pas de raison d’avoir peur.
- Mais si, vraiment ! C’est des africains qui pilotent la!
- Ouah ! et bien ! on l’a échappé belle !
Le Bilongo.
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Puis sont passés les chars, pulvérisant le goudron déjà bien mal en point, et faisant se réfugier les consommateur à
l’intérieur, pour échapper à l’intense fumée noire projetée par les échappements.
- Tu crois qu’ils pourront rejoindre la caserne ?
Quatre vieux GMC suivaient les chars, chacun portant huit hommes casqués, en bel uniforme, et fusil tenu droit
entre leur jambes. Soudain le cortège s’est arrêté, moteurs au ralenti. Peu de temps après, ils ont eu la bonne idée de
couper les moteurs. Un char en panne arrêtait l’avancement de la colonne martiale. Ecrasés de chaleur, plusieurs
soldats sont descendus des camions, en short et pieds nus faisant contraste avec leu belle veste d’uniforme. Ils sont
prestement remontés à leur place sous les hurlements d’un officier leur reprochant de bafouer l’image de l’armée du
Congo démocratique et populaire.
Le reste de l’armée à suivi, marchant au pas sans enthousiasme, leur maintien dégingandé rappelant plus une danse
lascive qu’une rigueur militaire.
Il va sans dire que l’hilarité des consommateurs que nous étions allait crescendo.
Les militaires étaient suivis de deux africains tenant une corde de part et d’autre de la rue pour matérialiser la
séparation entre les défilés civil et militaire.
Les transpalettes énormes du port, sans doute ceux qui faisaient tomber les camions, ont suivi en long cortège,
rangés par paires, et précédent les modèles plus petits. Les chauffeurs rivalisant de vélocité dans d’improbables
manœuvres de lever/descente des bras porteurs, rotation sur place, marche arrière/marche avant et gardant
naturellement cette dernière dominante. Puis ce sont les marchands de poissons, poussant leur étals et accompagnés
de femmes dandinant leurs opulentes poitrines et fesses au son d’une musique inaudible pour nous. Ils ont été suivis
par des couturiers poussant de vielles machines Singer portées sur des planches à roulettes. Les fabricants de
cercueil ont suivi à leur tour, dans deux pick-up portant chacun un cercueil dont l’occupant ouvrait et fermait le
couvercle présentant à chaque ouverture un sourire ravi à la population.
Les rires des consommateurs du Migitel, tiraient les larmes de certains. Le nombre conséquent de canettes de bières
vides accumulées sur les tables, témoignait à l’évidence de leur ferveur pour ce spectacle de carnaval.
Le reste du défilé perdant de son intérêt, ils sont repartis un a un, et Marc à suivi.
Le soir, un repas de fête était proposé par l’hôtel. Tout le monde y a participé dans une ambiance surchauffée dont
les alcools et vins suivant les bières ont contribué à maintenir la pression tard dans la nuit. Les chansons paillardes
en canon, ont clôturées la soirée, et aux premières lueurs de l’aube quelqu’un a dit
- Maintenant au lit, une surprise nous attend pour faire du bien au corps.
Marc est également monté dans sa chambre le pas mal assuré, avec le sentiment d’avoir absorbé plus d’alcool que
dans tout le semestre précédent.
Il est entré aussitôt sous la douche, recherchant fraîcheur et dégrisement. Furtivement une ombre noire l’y a rejoint,
et lui prenant le savon des mains, l’a langoureusement savonné en frottant son corps contre le sien.
Il n’a pas même eu le réflexe de s’y opposer…
Tard le matin, complètement réveillé, il a constaté que l’africaine était toujours dans son lit, endormie. Le souvenir
de la nuit lui est revenu, et avec lui, celui de la sensualité de sa noire compagne nocturne qui ne l’a quasiment pas
laissé dormir.
Il est descendu déjeuner, confus de sa situation, et souhaitant que l’affaire ne s’ébruite pas. Fort heureusement, les
autres convives restaient muets le nez dans leur tasse. Libations plus débridées que les siennes ? Nuits semblables à
la sienne ? Les deux ?
Il a décidé de partir seul vers la vallée du kouilou. Le plein du Susuki, des sandwiches et boisson, l’appareil photo,
et il a suivi la route vers la cité africaine, pris lundi, et suivi tout droit n’ayant aucune autre possibilité. La route est
rapidement devenue une piste de terre qu’il suivait en évitant les plus grosses ornières. Il a dépassé la hauteur du
village de pêcheurs bordant le bois des singes. Il a du ralentir un bon moment plus tard à cause d’un attroupement
barrant la piste. Un camion en panne y était arrêté, l’attroupement était seulement constitué des voyageurs qui
avaient profité du départ du camion déjà en surcharge, pour grimper sur son chargement. Ils attendaient la fin de la
réparation, observant les deux africains qui avaient entrepris la dépose du pont, et dont on voyait les engrenages
posés à même la poussière du sol. Même très lent, le passage de Mac a soulevé une poussière capable de les y
ensevelir.
Poursuivant sa route, il s’est arrêté plusieurs fois pour photographier, de magnifiques cheminées de fées dans les
gorges de Diosso, des bambous aux tiges de la taille d’un corps d’homme, des baobabs…
Plus loin il s’est arrêté au sanctuaire de Tcimpounga pour une courte visite, reprenant sa route, il a vu des
termitières géantes, puis est arrivé dans Tchissanga , un gros village qu’il a traversé lentement, moundélé !
Moundélé ! Criaient une multitude de gosses débraillés en poursuivant la voiture. Plus loin il a pris quelques photos
au sanctuaire de chimpanzés,
Le Bilongo.
- Page21
Quel exotisme, quelle luxuriance, quelle démesure des plantes ! Il a ensuite poursuivi la piste conduisant à
l’embouchure du fleuve, qu’il a fini par atteindre. Il a franchi le pont Kouilou, et poursuivi un peu en direction de
Tchizondi, puis est descendu sur la plage sauvage.Une longue langue de sable étincelant contrastant avec les eaux
claires de la mer Une plage déserte et rectiligne de plus de trente kilomètres avant la plage de Tchibota, et que la vue
perd ensuite !. Il a engagé le 4X4 sur le sable et s’est installé sur la plage pour son repas. L’endroit est désert, le
silence n’est troublé que par le ressac et le bruit des oiseaux venant de la forêt proche. Il est bien. Malgré lui, il
pense à sa nuit de folie avec sa partenaire noire, à son incroyable expertise sexuelle. Il s’arrache à se souvenir pour
s’imposer celui du corps d’Amandine, son sourire, son amour, leur intimité, le moulin qui isole leur tendresse du
reste du monde…
Un petit bain et retour. L’eau, peu profonde, est presque tiède. Il se laisse sécher sur la plage, charge ses affaires et
démarre le Suzuki.
A l’identique de l’aller, le chemin de retour se fait plus rapidement. Il ne veut pas rentrer trop tard, avant la nuit qui
tombe brusquement vers six heures. Sur la piste, un énorme nuage de poussière se présente, il croise un camion
surchargé de bagages et d’hommes, c’est le camion en panne de ce matin ! Ils sont décidément incroyablement
adroits !
La traversée du bidonville de la cité africaine, et retour par lundi, vers l’avenue de la gare et le Migitel.
Vite une douche pour éliminer la couche de poussière ocre qui le couvre.
Il est sous la douche, et le rideau s’ouvre. La même ombre noire, et la même scène de lavage érotique se reproduit, il
repousse faiblement sa partenaire, qui vient rapidement au bout de sa résistance. Elle a une telle dextérité pour
affoler ses sens ! Elle le sèche, tout en lui prodiguant de savantes caresses buccales, et l’entraîne vers le lit.
C’est inouï, contrairement a ses farouches intentions, il viens de passer une nouvelle nuit avec sa partenaire dont il a
juste appris qu’elle se prénommait Félicité, en se disant que pour les soins du corps d’un homme, elle portait bien ce
prénom vieille France.
Le matin, il lui dit
- Je ne veux plus te revoir ici !
- Mais moi je veux te revoir, je veux encore beaucoup ton gros makata !
- Non, plus jamais ! En plus, je ne veux pas avoir de mauvaise réputation ici, a l‘hôtel ou il y a beaucoup de
gens de ma société !
- Mais je peux te donner beaucoup du plaisir ! j’ai une copine qui vit dans la maison d’un blanc, c’est une
grande maison y peut me loger, y peut te loger aussi.
- S’il peut te loger, vas y sans hésitation.
- C’est un peu loin sur la cote sauvage, tu dois m’amener, tu travailles pas aujourd’hui !
De mauvaise grâce, il l’a faite redescendre par l’entée du personnel, qu’elle connaissait bien à l’évidence. Suivant
ses indications, il à rejoint une grosse villa isolée face à la mer et aux fortes vagues de la cote sauvage.
Elle a sonné, une voix à répondu en français avec un fort accent italien.
- Qui c’est ?
- Félicité ! je suis avec un ami.
- Félicité ? Ah oui Félicité entres ma chérie. Fais le tour par le jardin vers la véranda.
Marc a suivi Félicité traversant un jardin en friche, avant d’aboutir à une véranda donnant sur la mer. Un homme
jeune, vêtu d’un seul short, déjeunait sur une table encombrée de victuailles et où il y avait deux bols.
- Bonjour, asseyez-vous tous les deux. Je suis Luigi, italien, ingénieur chez Agip tu sais le Groupe Eni SpA.
Il a tendu la main à Marc, et tapoté les fesses de Félicité, avant que tous deux ne s’assoient.
- Salut, je suis Marc, ingénieur chez Elf.
La discussion s’est aussitôt établie, dégageant une franche et réciproque sympathie. Marc à appris de Luigi, qu’il
était résident permanent par choix, et habitait cette grande villa de fonction, en finançant une partie du loyer afin d’y
être seul ou avec des amis choisis plutôt que de cohabiter avec deux familles expatriées, la villa étant prévue pour
trois.
Que son travail était extrêmement bien rémunéré, et que pour lui la dolce vita était le vrai sens de la vie.
Qu’il était porté sur les fêtes, l’alcool et le sexe, et qu’il avait bien connu Félicité en diverses occasions.
Sue ces entrefaites, une fille noire complètement nue et mouillée s’est approchée de la table tenant une serviette à la
main. Elle a embrassé Félicité, glissé la main dans le short de Luigi, et s’est approchée de Marc portant sa toison
pubienne à hauteur de son visage avant de l’embrasser et de repartir ondulant langoureusement les fesses.
- C’était Antonia, ma principale maîtresse du moment qui est bien copine avec Félicité. Les autres passent, mais elle,
elle reste. Ca fait plusieurs mois qu’elle vit avec moi. Elle s’occupe de tout ici comme une vraie épouse qui me
tolère d’autres partenaires en participant volontiers, elle ne fait pas d’histoire non plus pour faire plaisir à mes amis,
a t’il conclu avec un clin d’œil.
Le Bilongo.
- Page22
Marc était dans un état second, réticent mais attiré par cette vie de plaisirs. Sans le vouloir, il a accepté quant Luigi
lui a proposé de passer quelque temps chez lui. Il lui a affirmé que la maison était aussi grande que discrète dans cet
endroit désert, et qu’il pouvait selon ses choix, s’y isoler, ou participer aux fêtes quasi journalières.
- Ecoutes Luigi, c’est sympa de ta part, j’accepte ton hospitalité, mais je veux rester libre de venir ou rester à
l’hôtel, si l’envie m’en prend. Je veux aussi participer aux frais lorsque je viendrai.
- Tout ce que tu veux, mon ami ! Tu n’as pas besoin de prévenir, tu viens, tu part, fais à ton aise, moi j’adore
les surprises. Je comprend en plus, que Félicité à l’intension de rester ici, c’est très bien, elle aidera Antonia
à s’occuper de la maison, j’ai un gardien, mais la maison étant très isolée, il vaut mieux qu’il y ait du monde.
C’est un pêcheur africain qui passe prendre les commandes pour le poisson, mais aussi la nourriture en
général.
Antonia s’occupe de tout même de le payer. Elle sait qu’au moindre problème, elle retourne aussitôt vers le
bidonville de la cité dont elle est issue. Ici elle manque de rien, elle passe des heures à se passer des crèmes
sur le visage et le corps, fume mes cigarettes, et accessoirement nettoie la maison et prépare les repas
presque toujours sur la terrasse, qui la nuit, est éclairée avec des lampes qui attirent et tue les moustiques.
- Y a il des gens qui viennent sur la plage ?
- Ici ? Jamais ! C’est trop loin de la plage des blancs, et les noirs qui vont à la plage, partagent plus volontiers
celle des blancs, qui est beaucoup plus près de la ville. Je suis sur que même mes collègues ignorent la vie
que je mène, et je ne fais rien pour l’ébruiter, mes quelques amis sont tous employés dans des boites
différentes, et tous désireux de rester discrets. Tu es mon premier Elf, et je compte sur toi pour une totale
discrétion. Je demande à mes amis de porter les alcools vins et bière, et eau minérale, parce que le pêcheur
Africain ne porte pas de boissons, et qu’avec ce qui se consomme ici, je passerai vite pour un poivrot au
super marché. C’est leur participation aux frais comme ce sera la tienne si tu veux.
Marc a bien tenté de rester à l’hôtel, se faisant au début une règle de n’aller chez Luigi que le week-end, mais,
l’inexorable attirance de ces fêtes, suivies de débauches sexuelles, ont graduellement raréfié son séjour hôtelier. Il
appréciait aussi ces soirées tranquilles sur les transats de la véranda, buvant de la bière fraîche en écoutant les airs
dixieland, ou New-Orleans qu’affectionnait Luigi, tandis que les filles agaçaient les regards en se promenant nues.
Félicité lui avait demandé de l’argent, pour s’acheter des vêtements et des produits de beauté, en prétextant que
Luigi donnait des sous à Antonia pour la même raison, ce qui s’avéra être vrai. Marc avait fini par complètement
quitter l’hôtel, et, à la place, percevait une indemnité journalière pour nourriture et logement. Il prit donc l’habitude
de lui donner régulièrement une partie de cet argent.
Il avait observé la fierté de Félicité qui comme Antonia, toisait avec dédain les autres filles pouvant passer à la
maison. Elle se sentait chez elle, avait sa chambre, sa douche, qu’elle ne partageait qu’avec lui.
- Ca ne t’embête pas me voir avec d’autres filles ?
- Non, je m’en fiche, comme ça tu ne peux pas te lasser de moi, je fais comme Antonia, c’est elle qui fait venir
les filles, pour les amis de Luigi, mais même pour lui. Si elle faisait pas comme ça, Luigi il aurait marre
d’elle. Il avait une autre copine avant, elle a fui, maintenant Antonia elle restera toujours avec lui, il ne peut
plus la quitter.
Marc n’avait pas trop prêté attention à cette conversation, les jours filaient, partagés entre son travail, et les soirées
de farniente, lentement possédé par la douce torpeur d’une telle vie, il n’était plus du tout pressé de voir se terminer
sa mission. Il prenait soin, néanmoins, d’envoyer régulièrement des courriers à sa femme, encouragé par de
sporadiques vague à l’âme et remords.
Peu à peu, son travail s’est achevé, il a traîné un peu pour rédiger le compte rendu, et a fini par clore sa mission
auprès des hiérarchies locales. Il a organisé avec la complicité de Luigi, une soirée spéciale pour fêter son départ.
Quelques amis de Luigi on été invités, Techmip, sodexho, shell, un parterre professionnel varié. La fête a été aussi
réussie que mémorable.
- Tu vas regretter le Congo mon ami. L’Afrique, ça te prend, et ça ne te lâches plus. Tu reviendras.
- Oui j’aurai sans doute des occasions de revenir.
- En tout cas, il ne pourra pas rester longtemps loin de moi, il pourra pas m’oublier.
- Mais non, Félicité je ne pourrai pas t’oublier !
En faisant un clin d’œil à Luigi, il tapotait les fesses de Félicité.
- Saches que si tu reviens, ma porte te sera ouverte, je suis ici pour toujours sans doute, et j’ai beaucoup
apprécié ton amitié. Si tu veux je t’amènerai à l’aéroport.
- Super ! Si ça ne te déranges pas, tu pourras aussi m’accompagner pour rendre la voiture d’abord, ensuite
direction l’aéroport.
Sur la route de « l’aviation », Luigi conduisait d’une main sûre en klaxonnant sans complexes aux abords des
encombrements divers. Marc lui a confié.
Le Bilongo.
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-
Maintenant que nous sommes seuls, je ne peux parler franchement. J’ai, moi aussi, beaucoup apprécié ton
amitié Luigi. Ton sens de l’hospitalité également. Mais je penses assez improbable de revenir bientôt au
Congo. Vois-tu, j’ai beaucoup aimé ce séjour, en grande partie grâce à toi, mais si je comprends ton choix de
vie ici au Congo, au fond je crois ne pas souhaiter avoir le même. Je suis très content de rentrer et de revoir
bientôt ma femme, mon vrai chez moi.
- Marc confidence pour confidence. J’ai choisi de vivre ici, pour la liberté pour ne pas dire libertinage, qu’ici
je peux me permettre, mais pas seulement. Lors de mon premier séjour, j’ai eu des relations sexuelles avec
des africaines. De retour au pays, par franchise, je l’ai dit à ma femme, j’étais marié à l’époque. Elle s’est
fâchée, et a voulu divorcer. Je suis resté seul plusieurs années, c’est la période la plus triste de mon
existence. A ce moment ma boite cherchait un cadre supérieur pour le Congo, en affectation de longue durée.
J’ai proposé ma candidature pour une durée indéterminée aussi longue soit elle, en contrepartie d’une
évolution rapide vers la direction de la filiale. C’est aujourd’hui mon poste, grassement payé. Je pourrais
presque vivre avec mes seules indemnités d’éloignement, de risque et d’inconfort, ce qui est grotesque pour
les deux derniers postes d’ailleurs.
Je ne regrette rien, j’ai tout ce que je désire. Mais je te mets en garde. De retour en France, ne parles jamais à
personne du détail de ta vie ici. Ca ne peut que t’être préjudiciable. Laisses au Congo, ce qui appartient au
Congo.
- Je te donne raison, c’est d’ailleurs la décision que j’avais prise. Ma boite à des besoins d’expatriation vers le
Gabon, le Nigeria, l’Angola, le Burundi et autres pour ne parler que de l’Afrique, et c’est pour cette raison
qu’une nouvelle affectation au Congo est peu probable. Mais si elle m’est proposée j’accepterai sans doute.
Au revoir, Luigi, mon amitié te reste acquise, et peut être, un jour, sais on jamais, nous nous reverrons…..
Le vieux DC9 Lina Congo, s’est posé, Marc y est monté à destination de Brazza, son transit, avant l’embarquement
sur Boeing 747 en direction de Paris. Adieu Afrique !
Le Bilongo.
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Fatal retour
-
Oh, bonjour mon amour !
Ah, ma chérie, il y a si longtemps que je rêve de te tenir dans mes bras.
Il n’y a pas longtemps que suis rentrée au moulin, j’arrive du travail, et je n’ai pas fait de courses, je ne
savais pas que tu rentrerais ce soir, et je crains qu’il n’y ait pas grand-chose à manger !
- C’est toi que je veux manger !
Marc a entraîné Amandine dans leur chambre...
- Crois tu qu’il ne soit pas trop tard pour aller manger un morceau dans un petit restau ?
- Mais non ! Tu sais en ton absence, j’ai pris la liberté d’aller souvent au restaurant le soir, je déprimais seule à
la maison. Alors je vais t’emmener dans un restau sympa qui ferme à pas d’heure, et où on mange bien !
- Le patron ne risques pas d’être étonné de te voir avec un nouveau partenaire ?
- Que tu es bête ! il ne m’a jamais vue que seule si tu veux le savoir ! Il m’a même dit que beaucoup de ses
clients auraient volontiers passé la soirée avec moi. Non, moi c’est seulement l’ambiance, le monde, la
musique qui m’intéressait. Dis donc, et toi combien de maîtresse a tu eues ?
- Des maîtresses ? Mais il n’y a que des négresses là bas tu sais ! et après la journée de boulot, vite au dodo.
Mais j’au eu plusieurs week-ends ou j’ai pu me balader et visiter le pays. J’ai d’ailleurs pris plein de photos,
que je te montrerai. Allons à ton restau, nous discuterons là bas, je veux savoir tous les détails de ta vie, de
ton job…
Ils ont passés une exellente soirée, en se tenant les mains entre chaque plat. Amandine lui a raconté, le moulin, le
passage des parents revenus du Tyrol, l’agriculteur qui a tout tondu proprement au cours de son absence, le montant
du crédit qui avait été réduit à la suite d’un remboursement partiel de capital, ses travaux de recherches qui
avançaient bien, de ses collègues qui étaient sympa avec elle, après l’avoir boudée en raison de sa position dans
l’équipe malgré son jeune âge et son inexpérience de l’industrie que son grand savoir livresque ne compensait pas.
Marc a raconté l’Afrique, la nonchalance des autochtones, l’explosion végétale, la taille des arbres et plantes, la
misère de certaines familles, l’impensable ballet de taxis normalement destinés à la casse chez nous, le défilé des
trois glorieuses, l’épouvantable capharnaüm du vol Lina Congo, qui transporte de tout, même des animaux. Le sans
gêne des grosses mamas qui écartent les occupants d’un banc déjà complet en les poussant de leur gros derrière…
- Au fait, j’ai reçue la visite de Léonard. Il m’a téléphoné un soir vers sept heures, en disant qu’il était à
Toulouse pour la semaine, et qu’il serait très content de nous voir. Je lui ai dit que tu étais au Congo, il ne me
croyait pas ! Il m’a demandé s’il pouvait passer sans s’imposer, pour voir notre nouvelle maison, et discuter
un peu. Il est courtois, tu sais, il m’a dit que si je trouvais scabreux de recevoir sa visite en ton absence, il
passerait un peu plus tard. Je lui ai dit que nous étions au vingtième siècle, et que j’étais majeure, alors il est
passé dimanche dernier, en m’apportant le gros bouquet de fleurs qui est dans le séjour maintenant un peu
fané. Nous avons discuté, et il est reparti deux heures après en refusant de rester dîner avec moi. Il m’a laissé
ses coordonnées et son téléphone, en disant qu’il serait ravi de discuter avec toi de ton séjour Africain. Tu
devrais l’appeler un jour.
- Ce fameux Léonard, tu sais que j’ai une où deux fois pensé à lui quand j’ai visité la vallée du Kouilou, je
crois que c’était sa région d’origine. Oui je l’appellerai.
Ils sont ensuite rentrés au moulin, pour une nuit de repos, et sont repartis le lendemain vers leurs activités salariées,
reprenant tranquillement, d’un jour à l’autre, leurs habitudes privées et professionnelles.
Un jour, Marc s’est plaint d’avoir beaucoup de fièvre. Deux cachets d’aspirine avant de se mettre au lit l’a
convaincu, ainsi qu’Amandine que les prémices de cette petite grippe allait passer dès le lendemain.
Il allait mieux en effet le lendemain. Mais, dans la matinée, au bureau, la fièvre l’a repris lui générant une forte
transpiration et des nausées. Il a repris de l’aspirine, mais le malaise à persisté. A l’infirmerie de sa boite, ils lui ont
administrés quelques cachets supplémentaires sans amélioration apparente. Sur les conseils du médecin du travail, il
est rentré chez lui pour se reposer.
La fièvre s’est graduellement accentuée les jours suivants, ainsi que les nausées qui se sont suivies de vomissements,
accompagnant un fort mal de tête. Le diagnostic du médecin généraliste venu le consulter au moulin à la demande
d’Amandine, à rejoint celui du médecin du travail.
- Vous revenez d’Afrique ? Pas de doute alors, vous avez le paludisme. Ce n’est pas très grave, nous avons les
moyens de bien traiter ce problème. Humm, vous avez déjà les urines très sombres.
Au cas ou le traitement serait un peu tardif, vous allez avoir sporadiquement des fièvres pouvant être fortes,
accompagnées de céphalées, et une alternance de frissons et transpirations abondantes.
Je vais vous donner en plus, un traitement contre l’anémie et les problèmes hépatiques.
Les accès de crise surviennent en principe le soir. Il se peut que le matin vous soyez en forme. Je vais vous
Le Bilongo.
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établir une ordonnance de repos, mais selon comment vous vous sentez, vous pourrez reprendre votre
activité professionnelle, votre employeur est prévenu du fait qu’il vous sera peut être nécessaire de rentrer
intempestivement chez vous. Le paludisme est considéré dans votre société comme une maladie
professionnelle. Je passerai vous voir régulièrement, en cas de crise grave, ce sera l’hospitalisation mon
vieux, et des traitements plus forts sous perfusion.
- Mais comment ai-je pu attraper ça ?
- Comme tout le monde par la piqûre de moustiques tropicaux, les anophèles femelles.
- Je ne me souviens pas avoir été piqué, de plus j’ai pris de la nivaquine.
- Tous les jours et régulièrement ?
- Oui, mentit Marc en pensant aux soirées de chez Luigi.
- Alors ça aura largement amoindri le coup, car, comme vous le savez, ça n’empêche pas l’infection.
Il y a trois cent millions de personnes frappées annuellement par cette maladie dans le monde. L’Afrique est
le continent épidémiologique majeur. Vous savez, passer à travers les mailles d’un tel filet est du pur hasard.
Il appartient aux personnes séjournant la bas de s’en prémunir en utilisant la pharmacopée. La chloroquine,
l'association chloroquine-proguanil, la méfloquine, la doxycycline et l'association atovaquone-proguanil.
Sont des traitements efficaces pour la prévention.
A l’écoute du médecin Amandine s’est affolée
- Tu ne vas pas aller travailler ! Restes te reposer, il te faudra appeler le docteur en urgence a la moindre
récidive !
- Je ne sais pas, je vais voir.
Marc à tenté d’aller travailler, mais il a souvent été obligé de revenir, ses collègues et hiérarchies, ont fini par lui
proposer de s’amener du travail à la maison, afin de pouvoir se reposer si nécessaire.
En effet, le traitement ne semblait pas apporter trop d’amélioration, au contraire. En dehors de la raréfaction des
crises, ne se produisant que tous les deux jours, celles-ci étaient en même temps plus violentes à chaque fois. Des
diarrhées épuisantes accompagnait alors des séquences de transpiration et grelottement, le tout avec le sentiment
d’avoir la tête prise dans un étau.
Un soir, Amandine a reçu un appel téléphonique de Léonard.
- Léonard ? Bonsoir, tu sais Marc est rentré, mais il a attrapé le palu au Congo, et il est très souffrant.
- Q’a dit le médecin ?
- Il lui a donné un traitement de cheval, sans effets apparents pour le moment, il a dit que si aucune évolution
n’apparaît, il faudra l’hospitaliser au pavillon des maladies tropicales à Purpan. Léonard, j’ai peur qu’il ne
guérisse pas !
- Ne t’en fais pas il va guérir ! Il y a des gens qui finissent par guérir sans aucun soin, alors lui qui est bien
soigné ! Demandes lui si je peux passer le voir. Seulement si ça lui fait plaisir !
- Ne quittes pas, je lui demande.
Marc, c’est Léonard au téléphone, il demande s’il peut passer te voir.
- Oui, avec plaisir, mais qu’il passe de préférence quant je serai bien, aujourd’hui, n’est vraiment pas le jour,
demain et après demain ça ira sans doute mieux pour recommencer le jour suivant. Voies avec lui s’il peut
respecter ce rythme.
- Quand compte-tu passer Léonard ?
- Demain ? C’est possible ?
- Oui demain, je pense qu’il ira mieux.
Le lendemain il a rappelé pour confirmer sa visite.
- C’est toi Marc ?
- Salut Léonard, oui c’est moi.
- Quand puis-je passer pour ne pas te fatiguer.
- Quand tu veux, aujourd’hui c’est relâche, ça va mieux. Amandine n’est pas la, elle est partie travailler.
Quant Léonard est arrivé, ils ont parlé de tout, mais surtout bien sûr du problème de santé de Marc, qui lui a détaillé
les symptômes et les séquences qui le laissaient épuisé.
Léonard a écouté silencieusement, interrompant son ami que pour poser un certain nombre de questions précises.
Au bout d’un moment il lui a dit.
- Tu sais Marc nous sommes amis, tu peux tout me dire.
- Comment tout ?
- Je connais l’Afrique, rappelles toi, j’y suis né ! Est-ce que tu n’as pas eu d’aventures ? Répond moi
franchement, c’est très important !
Le Bilongo.
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-
Si c’était le cas, c’est ma vie privée Léonard. Est-ce que je te demande ce que tu fais avec Sylvie ou
d’autres ?
- Avec Sylvie je ne fais rien depuis bien longtemps, les autres je peux te le dire, simples relations sexuelles
sans lendemain. Mais je ne parle pas de ton cœur, mais de ta santé.
- Quel rapport entre ma santé et mes relations sexuelles dans l’hypothèse ou j’aurai pu en avoir ?
- Peut être tout précisément ! Je t’en prie raconte moi tout, je te garantie ma discrétion, personne d’autre que
moi ne sera informé de ce que tu me dira, je t’en donne ma parole !
- Ben… Oui j’ai connu des africaines. Mais pas un mot à Amandine ! C’était à une fête, j’avais bu…
- Marc, je ne suis pas ton confesseur, peu importe les circonstances. As-tu connu une ou plusieurs africaines,
ou plus précisément est-tu resté longtemps avec la même personne ?
- Quelle différence ?
- La différence ? Le bilongo, ça te dit quelque chose ?
- Le bilongo ? Non, rien. Pourquoi ?
- Ecoutes moi attentivement. Le bilongo est une sorte d’envoûtement qu’une personne fait faire à une autre
pour s’assurer sa présence permanente à ses cotés.
- Un envoûtement ?
- Enfin c’est pas mystique, c’est plutôt physique. A la demande de quelqu’un et contre rétribution, un féticheur
Africain peut fabriquer une sorte de poison, et, en parallèle, un contre poison. C’et le bilongo. Le féticheur,
est un expert de différentes plantes ou autres ingrédients il peut fabriquer un poisons spécial et qui agit pour
provoquer une réaction bien particulière. On dit que l’anophèle, n’est pas responsable de tous les palus. La
personne qui a payé pour avoir ce bilongo, fait ingérer le poison en l’incluant dans la nourriture de celle
qu’elle veut s’attacher. Elle lui donne régulièrement ensuite le contre poison de la même façon. Comme ça,
quand la victime bilongotée quitte l’autre, elle ne reçoit plus le contre poison et tombe malade plus ou moins
gravement.
- Tu penses donc que j’ai été bilongoté.
- Comme tu ne m’as pas donné de détail de tes relations, je n’en sais rien, mais c’est possible, tu me dis que
ton traitement médical ne fait rien, c’est ce qui m’y fait penser.
Alors, Marc a tout raconté à Léonard, n’omettant aucun détail en insistant sur ceux susceptibles d’attirer le soupçon.
La vie chez Luigi, l’attitude de propriétaire des deux filles, la réflexion de Félicité lors de son départ disant qu’il ne
pourrait pas vivre loin d’elle, etc.….
Il a tout de même conclu en disant que s’il était bilongoté, comment comprendre que Luigi ne l’était pas.
- Mais il l’est peut être, mais, si c’est le cas, ne quittant jamais ni le Congo ni la même fille, il reçoit
régulièrement le contre poison, et n’en ressent donc pas les effets.
- Peut être as-tu raison, comment savoir ?
- Je crois que la preuve peut être facile. Si ton traitement n’agit pas, ta maladie va empirer, retournes au Congo
avant qu’il ne soit trop tard, retrouves cette fille, en lui faisant croire que tu resteras toujours avec elle. Elle
cherche simplement la sécurité de vie avec ton fric et la considération des autres parce qu’elle est la femme
d’un blanc qui vit comme des blancs. Sachant comment serait sa vie sans ça, on peut le comprendre.
Si, en l’ayant retrouvée, ta guérison est soudaine, c’est que tu étais bilongoté !
- Bon mais si c’est ça et qu’elle me guérit, crois tu qu’elle me donnera la formule du contre poison ?
- Sûrement pas, se serait se condamner, elle n’admettra même pas qu’elle t’a bilongoté, elle se ferait lyncher si
son affaire se savait. Ce sont des pratiques qui existent mais que tout le monde réprouve.
Il y a pire, si entre temps elle a trouvé un autre souteneur, elle aura abandonné son projet d’évolution sociale
avec toi, et jeté le contre poison, et la tu est foutu !
Il ne te restera que l’hospitalisation sur place à l’hôpital Cicié, que je connais bien, qui pourra certainement
te soulager si tu as le palu, mais sûrement pas te guérir, si tu es bilongoté.
- Et si je retrouve le féticheur ?
- Sais-tu combien il y a de féticheurs à Pointe Noire ? Même si tu le retrouvais il n’admettra jamais avoir fait
un bilongo sur toi, et refusera même d’en faire un pour toi. Ta copine et toi êtes pour lui des clients perdus.
Et si tu demandes à un autre féticheur, et qu’il veuille te guérir, il n’est pas sûr qu’il trouve le détail de la
fabrication de ton poison, il y a plusieurs centaines de recettes possibles, peut être davantage !
- Ce que tu me dis la n’est pas très réconfortant, tout cela semble sans issue. A t’entendre, la seule solution
pour rester en bonne santé, c’est de faire comme Luigi, passer ma vie au Congo avec Félicité. Ce n’est
pourtant pas ça que je souhaite, j’aime Amandine, je veux vivre en France, avec elle !
Le Bilongo.
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-
Ne t’emballes pas Marc, c’est a moi aujourd’hui de te sortir de l’impasse, comme tu as fait pour moi
autrefois spontanément. Je crois que tu devrais procéder par étapes, sans en parler à personne surtout pas à
Amandine, tu briserais ton ménage !
- Je t’écoute.
- D’abord, continue de te soigner, et, s’il le faut, passes directement l’étape supérieure : Hospitalisation. Là le
traitement sera plus efficace, et si c’est le paludisme, car au stade ou nous nous trouvons, rien ne prouve que
ce soit autre chose, il pourra te guérir. Si ce traitement hospitalier ne te guérit pas, il va peut être espacer tes
crises. Aujourd’hui, tu a deux jours de répit avant ta crise. Même se cette cadence persiste, il ne te faut qu’un
jour de voyage pour retourner au Congo. C’est donc jouable. Reste le fric. Si ta boite ne peut pas te renvoyer
pour une nouvelle mission, il faudra financer le voyage. On n’en a pas parlé, parce que face à ta maladie, ce
n’est pas très important, mais j’ai un bon job d’ingénieur en électronique à l’aérospatiale de Toulouse. Je suis
très bien payé, et vivant seul, j’ai les moyens de pouvoir t’aider.
- Oh Léonard, je sais que tu es un véritable ami. Mais il faut plutôt que je tente d’obtenir une nouvelle
mission, même de courte durée.
- Marc, sois raisonnable ! Tu as peut être vraiment le palu, et dans ce cas, tu vas guérir à l’hôpital ! Donnes toi
un délai confortable, une quinzaine ou une vingtaine de jours de traitement hospitalier, Si aucune
amélioration n’apparaît, on passera à la phase deux, retour au Congo. Je t’ai parlé de l’Hôpital Cicié de
Pointe Noire. J’ai un ami d’enfance, Gustave N’Mangué, qui a fait ses études en France comme moi, et qui y
a été affecté comme médecin spécialisé dans les maladies tropicales. Dès que tu seras hospitalisé, je passerai
te voir, et me renseigner sur ton médecin traitant. Je téléphonerai ensuite à mon ami, le médecin Africain, en
lui demandant de faire un courrier à son homologue Français, pour lui dire qu’il dispose d’un protocole de
soins bien adapté à ton cas. A ce moment la, tu pourras toi-même demander a ton médecin traitant de te faire
un courrier favorable à ton départ au Congo et tu pourra t’en servir pour solliciter à ta boite une nouvelle
affectation là bas. Tu peux argumenter en évoquant leur responsabilité de ton état de santé, et de ta certitude
d’être mieux soigné là bas. Je ferai un virement sur le compte de mon ami médecin, qui pourra
t’approvisionner en fric sur place, pour t’éviter de tirer de l’argent sur ton propre compte, ce qui donnerait
des soupçons à Amandine. Et, sur place, tu mettras tout en œuvre pour trouver une solution durable.
- Je crois que tu as raison, je vais scrupuleusement suivre ton plan. Coté fric, je te rembourserai sois sans
crainte, et pour Amandine j’ai ta parole de ne rien lui dire.
- Marc, Amandine ne saura rien si tu ne lui dis rien toi-même. Laisse de coté le fric. Réglons les problèmes par
ordre d’importance. Ta santé d’abord ! Je ne veux pas t’alarmer, mais que ce soit Palu ou bilongo, si tu
n’arrive pas à résoudre le problème, c’est peut être ta vie qui vas se jouer !
Léonard est parti, et marc a téléphoné à son généraliste, en lui disant son souhait d’hospitalisation devant le manque
d’effet de son traitement en cours.
- Ok, c’est une très sage décision. Je rédige un mot à l’équipe du pavillon des maladies tropicales de Purpan, je les
appelle pour les prévenir de votre arrivée, et je vous envoie un VSL dès demain matin pour vous y conduire.
Le lendemain, Marc à directement été conduit dans une chambre, ou une infirmière lui a installé une perfusion, en
lui disant que le médecin passerait le voir dans un petit moment.
Un jeune et dynamique médecin est venu peu de temps après, il lui a dit avoir été informé dans le détail par un mot
de son généraliste, et lui a posé d’autres questions concernant certains aspects particuliers concernant ses sensations,
la fréquence de ses accès, leur violence Etc.…
En début d’après midi, Léonard et passé.
- Ca y est j’ai le nom du chef de service, c’est le jeune médecin qui est passé te voir ce matin, je sais tout par
la secrétaire qui est africaine, et m’a aménagé une entrevue avec lui. Tu vois, ça peut servir ! Je vais dès
aujourd’hui téléphoner à l’hôpital Cicié. Le courrier de mon ami arrivera sous une dizaine de jours.
- Tu crois qu’il acceptera de rédiger cette lettre.
- D’autant plus facilement que c’est vrai, ils ont mis au point un excellent protocole de soins approprié au
paludisme qui est la maladie la plus fréquente en Afrique. C’est ton médecin ici qui me l’a dit quand je lui ai
parlé de ta possibilité de te faire soigner là bas. Alors en fait, ce courrier, sera l’acceptation de mon ami pour
une prise en charge.
C’est directement ton médecin d’ici qui recevra le courrier, et qui t’en parlera.
- Oh Léonard, tu es d’une redoutable efficacité.
- Oublie tout ça pour le moment, soigne-toi, et attend que ton toubib te donnes le feu vert pour écrire, ou
mieux téléphoner, à ta boite. Il est notoire que dans ta boite, la santé du personnel, ce n’est pas rien, et que,
après tout, tu n’aurais pas le palu si ils ne t’avaient pas envoyé au Congo !
Le Bilongo.
- Page28
Tu expliqueras tout ça à Amandine. Ne lui dis pas que je suis dans le coup, sinon elle me questionnerait, et, comme
tu sais qu’elle a le pouvoir de me déstabiliser, il me serait difficile de ne rien lui dire. Sachant que je suis au courant
de rien, elle ne questionnera pas !
L’état de Marc est resté stationnaire pendant quinze jours, affaibli pendant deux jours, puis le soir du troisième une
série de violentes crises d’une vingtaine de minutes toutes les deux ou trois heures, avec un graduel apaisement au
petit jour suivant, le laissant complètement épuisé.
Un matin, le jeune médecin est passé le voir.
- Apparemment, le traitement que je vous fais suivre, n’apporte pas d’amélioration patente. Bon, il est peut
être encore un peu tôt pour en juger, mais je dois vous informer du fait que j’ai reçu un courrier de mon
homologue Congolais, responsable des maladies épidémiologiques tropicales de l’Hôpital Cicié de Pointe
Noire, et qui est, semble il, un ami à vous. Je sais que lui et son équipe a mis au point un traitement contre le
paludisme jugé très efficace. Sachez que non seulement je ne m’opposerai pas à un transfert là bas, dans la
mesure ou cela vous est possible. Mais que je suis disposé à l’appuyer.
- Je pense que ce sera possible, je vais appeler ma société, et ferai suivre un courrier de demande de mutation,
que j’accompagnerai d’une argumentation médicale que vous voudrez bien rédiger.
- Pas de problèmes, je vous confierai également une lettre à l’attention du médecin de Cicié, pour l’informer
du détail du traitement que je vous ai fait suivre ici.
Le soir même, Marc a téléphoné à Amandine.
- Bonsoir ma chérie, tu vas bien ?
- Moi oui mais toi ?
- Depuis ton dernier appel, toujours pas d’amélioration.
- Mais il n’y a que quinze jours sois patient ça va évoluer plus tard.
- Peut être mais peut être pas. Le médecin qui me soigne ici, estime que je serai mieux soigné à l’hôpital Cicié
de Pointe Noire.
- Quoi ? Pointe Noire au Congo ?
- Oui, cet hôpital dispose d’une équipe de médecins qui ont mis au point un traitement très efficace, c’est ce
que m’a affirmé le médecin qui me traite ici, et il va me faire une lettre de recommandation.
- Oh mon chéri, si cela doit te guérir, il ne faut pas hésiter. Je peux m’occuper de te réserver une place,
prendre ton billet d’avion… Dis moi ce que je peux faire !
- Non. Attends. Je vais demander à ma boite une mutation provisoire la bas, après tout, ils sont responsable du
fait que j’ai attrapé cette saleté de paludisme. Je vais leur proposer une alternance travail/hospitalisation, je
pense qu’ils ne me refuseront pas. C’est donc ma boite qui fournira le billet. Je te tiendrais au courant pour
que tu me fasses juste passer une valise de mes affaires.
Marc a téléphoné à sa hiérarchie de la société, en précisant qu’il ferait suivre une demande de mutation
accompagnée d’une préconisation médicale de Purpan.
- Ok, Marc. Ne t’en fais pas. Je me rapproche de la filiale de Pointe Noire, pour te trouver un job temps partiel, et je
signe ta mutation. Envoies tout de même le courrier dont tu parles pour la justification administrative. Tu auras ton
ordre de mission et ton billet par ton chauffeur de taxi qui te contactera pour savoir quel jour tu veux partir, je
suppose le premier jour ou tu te sentiras mieux. Ce sera donc à toi d’organiser ton voyage. Ne te fais pas de souci,
Marc et soigne toi bien pour nous revenir en pleine forme !
Quatre jours plus tard, le taxi a appelé, peu après l’appel d’Amandine.
- Bonjour monsieur Eschevin, je suis votre taxi qui doit vous transporter à l’aéroport. J’ai eu votre femme, je
dois passer à votre domicile pour récupérer votre valise avant de venir vous prendre directement à Purpan.
Dites moi simplement quel jour vous souhaitez voyager.
- Mail il faudra réserver l’avion !
- Pas de problèmes vous avez un billet open aller retour, je ferai pour vous la confirmation à l’enregistrement,
j’ai l’habitude vous savez, depuis que je transporte des gens de chez vous !
- Bon d’accord, venez me prendre mardi matin.
Amandine est venue le voir.
- Mon chéri c’est la dernière fois que je te voie avant longtemps, j’aurai préféré que ce soit à la maison, et que
tu sois en pleine forme. Mais ce n’est que partie remise, nous nous réserverons un long week-end de
retrouvailles et d’amour quand tu rentreras guéri !
- Léonard m’a téléphoné pour avoir de tes nouvelles, il m’a dit qu’il t’avais appelé et même qu’il était passé te
voir, mais que tu ne lui donnais jamais aucun détail, alors il souhaitait en obtenir de moi.
- Au revoir ma chérie, je pars demain comme tu le sais, par le vol de sept heure quarante cinq, et je ne verrai
pas Léonard, mais si il te contactes, donne lui mes amitiés, et dis lui que je vais guérir au Congo.
Le Bilongo.
- Page29
Ne te fais pas de souci, je suis désolé de t’imposer une autre séparation si proche de la première, tu sais
j’avais envisagé de rester un bon moment avant de repartir de brèves périodes en mission à l’étranger. Ca fait
partie de mon boulot, plus tard, ma carrière lancée, je demanderai à rester sédentaire.
Amandine lui serrait les mains et le regardant les larmes aux yeux.
- Ne pleure pas Amandine, ce n’est qu’une petite période, et ma maladie va s’en voler !
- Ce n’est pas que pour ça, je suis bouleversée pour plusieurs raisons. Je ne voulais pas t’en parler pendant ta
maladie, pensant que ça allait durer peu de temps et que tu serais guéri au bout de quinze jours ou trois
semaines d’hôpital, mais voyant la tournure des choses, et ta probable absence on long moment, plusieurs
mois peut être, je ne peux plus me taire, je dois t’en parler.
- Parler de quoi ma chérie ?
- Parler de nous et de notre future famille. Je suis enceinte !
Le Bilongo.
- Page30
La preuve
(Marc revenu au Congo est soudainement guéri)
Le vol Toulouse/Paris s’est déroulé sans encombre, et malgré son état un peu comateux, Marc a trouvé le voyage
rapide. L’embarquement sur le vol UTA pour Brazza, avec son mince bagage, ne s’est pas mal passé nom plus.
Mais durant le vol, au cours de la nuit, il a été obligé d’occuper les toilettes très régulièrement. Ses fréquentes
dysenteries, associées à son faible appétit, lui avaient fait perdre plusieurs kilos, et la majeure partie de son énergie,
dont il ne manquait pourtant pas avant.
Le transfert sur Lina Congo a été plus pénible, Cette soudaine touffeur, après le climat doux de la France, lui a
extirpé une abondante transpiration malsaine. Le contrôle de police et le passage en douane, toujours opéré par
l’africain dévolu à cette tâche pour le compte du groupe, s’est rapidement passé, malgré un regard suspicieux des
policiers, qui ont demandé à l’accompagnant
- Mais, cet homme n’est pas malade au mois ! Sinon il faut le faire passer par les services vétérinaires !
- Mais non vraiment, il est pas malade, il est fatigué, il a beaucoup bougé. Beaucoup de voyages.
Décalage horaire a expliqué Marc redoutant de perdre des heures de palabres inutiles avec les services vétérinaires,
qui auraient en plus peut être refusé son permis de séjour. Enfin arrivé dans le vieil avion, il s’est littéralement traîné
jusqu'à son siège. Le vol intérieur, heureusement rapide s’est posé enfin sur l’aéroport de Pointe Noire.
La bonne organisation du service d’assistance aux employés du groupe, a démontré une nouvelle fois son efficacité.
C’est une ambulance qui attendait Marc sur le parking, suffisamment éloignée pour ne pas éveiller les soupçons du
service de santé de l’aéroport. Son chauffeur est venu le chercher aux arrivées, muni du panonceau Elf Congo, pour
l’accompagner jusqu'à cette ambulance en lui précisant
- Tu ne dois pas montrer que tu est malade, autrement, on va perdre beaucoup de temps. Je dois te conduire
directement à l’hôpital Cicié tu es attendu.
Et le chauffeur à adroitement et rapidement rejoint l’hôpital, ou Marc a été immédiatement installé dans une
chambre, ou une infirmière noire lui installé une perfusion avec une rare douceur.
- Vous voyez bien qu’on vous attendait. Le docteur a ordonné déjà votre traitement, je le commence de suite.
- Ah et bien vous êtes très efficaces ! Quand pourrai-je voir le docteur ?
- Ce soit c’est tard, un peu. Il doit passer demain. Il faut essayer de dormir maintenant.
- Je n’ai pas mangé en arrivant.
- Mais il y a a manger la dedans aussi.
- Bon, dormir ce n’est pas ce qui me sera le plus difficile !
Le lendemain le docteur est passé.
- Bonjour, mon ami ! Je suis Gustave N’Mangué, un ami de Léonard votre ami. Comme on dit les amis de mes
amis sont mes amis. J’ai obligation de très bien vous soigner, et de faire en sorte de vous laisser sortir, dès
que vous le souhaiterez, en réalité, cette chambre est la votre, il vous suffira de dire aux infirmières que vous
voulez sortir ou que vous revenez. Léonard semble persuadé que après deux ou trois sorties vous irez
rapidement beaucoup mieux. Je sais que vous connaissez bien Pointe Noire, et Léonard, m’a dit de vous
donner ma voiture personnelle pour que vous soyez libre e vous déplacer.
- Ah, Léonard est vraiment un excellent ami. Mais comment ferez vous si j’utilise votre voiture ?
- Il y a une voiture de service pour l’hôpital, que j’utiliserai. Je ne peux pas vous prêter celle la parce qu’ elle
est réservée aux médecins de Cicié. Je tiens également de l’argent à votre disposition. Je peux soit vous
donner tout si vous avez un endroit sûr , sinon le laisser dans mon coffre ici à l’Hôpital, et vous en donner au
coup par coup.
- Oui cette seconde solution serait plus sûre.
- Pas de problèmes je serai donc votre docteur et votre banquier !
- Léonard m’a parlé longuement de vous et de votre problème. Ne vous offusquez pas, c’est moi qui lui ai
imposé de me donner tous les détails, car d’après ce que je sais de vos traitements en France, mon avis, bien
que réservé, rejoindrait plutôt celui de Léonard. Soyez sans crainte, mon statut de scientifique ici m’interdit
formellement de croire à de pareilles choses, pour autant que mes origines me laissent sans ignorance de ces
pratiques. Je serai donc aussi muet qu’une tombe concernant la possible origine de vos troubles. Si tout cela
se confirme, vous guérirez miraculeusement, ce qui sera porté au bénéfice de l’efficacité de mon traitement.
Voici donc dans cette enveloppe, les clés, les papiers de la voiture, et une somme de cinquante mille francs
CFA. Vous repasserez soit pour reprendre les soins, soit pour prendre de l’argent. Personne ici n’est au
courant en dehors de moi, donc quelle qu’en soie la raison vous réintégrez votre chambre, si vous vous
sentez guéri, refusez la perfusion aux infirmières et réclamez moi. Personne ne vous posera de question, j’ai
donné des ordres en conséquence. Au revoir, et bonne chance !
- Merci Gustave, me permettez-vous de vous appeler Gustave ?
Le Bilongo.
- Page31
- Bien sûr Marc, Aucun problème. Rappelez- vous, les amis de mes amis…
- Je sais, et ça vaut aussi pour moi.
- Au revoir Marc ! Au fait la voiture c’est la bleue sur le parking de devant
Le médecin parti, Marc a eu une pensée pour Léonard. Quels sont les amis que j’ai qui auraient fait tout ça pour
moi ? En dehors de lui je ne vois personne, peut être Luigi ? C’est en tout cas ce que j’espère !
Marc a du attendre le surlendemain pour envisager une sortie. Il a demandé simplement à l’infirmière de la mijournée de lui sortir la perfusion, car il voulait sortir.
- Oui monsieur, nous sommes au courant que vous avez l’autorisation permanente de sortie. Je vous sors la
perf de suite. Est ce que vous revenez ce soir ?
- Peut être pas, je ne sais pas encore.
- Si vous rentrez tard, il faut faire appeler l’infirmière de nuit du service du docteur N’Mangué.
- D’accord. Merci.
Il s’est habillé, est descendu et a immédiatement trouvé la Ford bleue. C’était la seule voiture bleue du parking !
Il a pris aussitôt la direction de la cote sauvage, mais s’est avisé en chemin qu’en pleine journée, Luigi ne serait pas
chez lui. Tant pis il passerait quand même à la maison voir si les filles étaient là.
Sur place, la maison semblait vide. Le gardien s’est approché en lui disant.
- Bonjour monsieur Marc, ya persone a la maison, je crois, il faut sonner pour voir.
Il a sonné plusieurs fois sans obtenir de réponse. Il s’est alors décidé de retrouver les bureaux d’Agip. Il a
opportunément été arrêté par la milice, avant que les papiers lui soient demandés, il a questionné le jeune milicien
- Je cherche les bureaux de Agip. J’ai rendez vous avec le directeur et le commissaire politique dans les
bureaux d’agip.
- En tout cas, je vais te conduire, même. Je monte à coté.
Une connaissance du commissaire politique ! Le jeune milicien ne doutait pas de l’importance de cet homme qui
avait rendez-vous avec le commissaire politique, celui qui dirigeait tous les miliciens, même les policiers !
Marc est donc rapidement arrivé devant les prestigieux locaux. Et a demandé à l’accueil.
- Je souhaite rencontrer le directeur, monsieur Luigi, je ne me souviens pas de son nom.
- Oui Monsieur Luigi De Angello, qui devons nous annoncer ?
- Annoncez la visite de son ami Français Marc.
- Monsieur De Angello ? Un monsieur Marc est ici pour vous voir. Un Français… Très bien, il monte de suite.
- Monsieur Marc ? Monsieur De Angello vous attend dans son bureau au sixième et dernier étage. Vous
trouverez l’ascenseur, au fond du hall à droite.
A peine arrivé à l’étage, la porte du seul bureau du palier s’est ouverte faisant apparaître Luigi en costume.
- Ouh ! J’ai failli ne pas te reconnaître !
- Moi nom plus ! Tu as suivi un régime amaigrissant ? Entres vite et raconte moi !
Marc, après lui avoir demandé s’il pouvait parler librement, a raconté en détail toute son aventure médicale à son
ami Luigi qui l’a écouté sans l’interrompre. A la fin du récit il a simplement dit.
- Les salopes ! Ca ce n’est pas impossible. J’ai entendu parler du bilongo, mais je pensais que c’était du
folklore !
- Tu sais que tu est peut être toi aussi bilongotté !
- Je ne pense pas et je vais te dire pourquoi. J’ai foutu Antonia dehors, à la suite d’une inexplicable dépense
importante. Je l’avais prévenu qu’au moindre problème elle dégageait. Elle est restée plus de quinze jours,
venant régulièrement sonner à ma prote, en disant que ce n’était pas elle, qu’elle m’aimait etc…
Je ne répondais pas, je voulais lui faire comprendre qu’il ne faut jamais bafouer les règles que j’ai établies.
A la fin je l’ai laissée rentrer, pour s’expliquer.
Si j’avais été bilongotté, j’aurais eu des symptômes pendant cette période, ce qui n’a pas été le cas.
Par contre, Antonia m’a dit qu’elle m’avait pris l’argent pour le donner à sa copine Félicité, ta copine aussi
d’ailleurs, parce qu’elle a beaucoup insisté, lui disant qu’elle avait besoin de cet argent pour bien s’habiller,
et pour séduire un américain d’Exxon, puisque son fiancé Français, qui aurait dû revenir, ne revenait
finalement pas. Tu sais Marc, que j’ai connu Félicité avant toi. Je ne sais pas pourquoi je n’ai jamais
accroché avec elle. Elle est belle, c’est vrai, mais je lui ai toujours trouvé un air sournois, je t’assure que ce
n’est pas un sentiment conjoncturel de ma part. Je ne t’en ai pas parlé avant, puisque tu semblais si bien avec
elle, et que de toutes façons je savais que tu ne resterais pas. Que comptes tu faire ? Tu as un plan ?
- Oui, comme tu dis j’ai un plan. Je vais la retrouver, simuler de l’attirance pour elle, et lui dire que je veux la
reprendre. J’espère de cette façon, qu’elle me donnera à nouveau le contre poison. Bref, je verrai si je vais
mieux à la suite de ça, car pour le moment je soupçonne le bilongo, mais je n’ai pas de preuve formelle, il se
peut finalement que j’aie seulement contracté une forme résistante de paludisme.
Le Bilongo.
- Page32
-
Mais il faut que tu te dépêche de la retrouver, comme je te dis, elle est maintenant branchée sur un yankee, et
n’a peut être pas conservé le contre poison te concernant.
- C’est vrai, mais peut être aussi, si ce sont ces méthodes, qu’elle a utilisé la même formule pour cet autre
pauvre bougre, et à ce moment elle doit avoir un stock de contre poison.
- Bon écoute Marc. Dis moi ce que je peux faire pour t’aider. Si tu veux je peux te faire un contrat de
consultant free lance, pour te donner un salaire et une voiture de fonction. Bien sûr, ma maison est la tienne,
je vais de donner le double des clés.
- Tu sais, j’ai déjà un ordre de mission de ma boite, pour un job un peu bidon d’ailleurs, ils ont compris ma
situation médicale, et m’ont confié cette mission complaisante, que je pourrai faire durer un bon mois. J’irai
chercher une voiture de service à Elf Congo, et je rendrai celle de Gustave, le toubib de Cicié, auprès de qui
je peux avoir du rab de fric en plus des indemnités journalières. Pour le moment, j’accepte par contre les clés
de ta maison. Si je n’ai pas d’amélioration, je reviendrai à l’hôpital, mais si je vais bien, j’y amènerai
Félicité, avec ton accord, pour qu’elle reprenne la vie d’avant, je penses que ça va faciliter les choses.
- Bonne idée. Je vais faire revenir Antonia, et on va reprendre notre vie pèpère.
- Non Luigi, je ne veux pas t’obliger à reprendre Antonia !
- Tu ne m’obliges à rien, je te l’ai dit, je lui ai ouvert ma porte de temps à autre, jusqu’ici je ne la croyais pas.
Mais si elle n’est pas coupable, comme il le semble, je suis au contraire content qu’elle revienne. Son
passage au purgatoire lui aura de toutes façons fait du bien, et elle aussi sera contente de reprendre la vie
d’avant. Elles risquent seulement de moins bien s’entendre toutes les deux, et c’est mieux ainsi, elles seront
moins enclines à comploter. Comme avant mon vieux, comme au début, tu entrera et sortira à ton rythme.
Saches seulement que ta présence me fera plaisir. Ah si ! j’y pense ! Si tu ne trouves pas Félicité, je
demanderai à Antonia ou elle est, je crois qu’elle connaît le yankee en question. Et puis elle n’a peut être pas
définitivement conclu avec ce yankee !
Marc, se sentant à peut près bien, a décidé d’aller aux bureaux de Elf Congo, pour débuter officiellement sa mission,
récupérer la semaine d’indemnités et la voiture de service, en passant au Kilomètre 4 pour reprendre aussi un
bureau, en expliquant que son travail nécessitait de fréquentes absences pour des échantillonnages sur le terrain. Il a
demandé à un laborantin de l’accompagner pour, ramener la voiture de Gustave à l’hôpital, et l’a ramené ensuite au
Kilomètre 4.
Il a passé le reste de la journée à roder dans les rues aux endroits où il pensait rencontrer Félicité, le coude à la
fenêtre, en espérant être vu d’elle ou de quelqu’un la connaissant, le sigle sur la voiture permettant une identification
facile.
Le soir, à la nuit tombée, se sentant toujours à peut près bien, il a décidé de passer et rester dans la maison de Luigi.
- Ah. Marc, mon ami, te voila ! Antonia ! Viens voir qui nous arrive !
- Antonia est la ?
- Et oui, elle vient d’arriver. C’est l’Afrique ça il suffit de penser à quelque chose, et ça se produit ! En réalité
j’ai seulement dit au gardien de la maison, a midi, que je serai content de revoir Antonia ! Il m’a dit que
monsieur marc était revenu.
Tu peux être sûr de voir rappliquer Félicité bientôt !
- Oh Marc, je suis contente de te voir !
- Salut Antonia, moi aussi ça me fait plaisir !
- Tu sais Antonia ! c’est un peu grâce à Marc si tu es revenu. C’est lui qui m’a dit que je ne trouverai pas une
fille mieux que toi !
- Ah, je sais vraiment, c’est pour ça que je l’aime !
- Et bien si tu m’aimes, tu pourrais m’aider à retrouver ma Félicité !
- Mais elle sait que tu es la ! moi aussi je savais que tu étais revenu, on t’a vu dans ta voiture rouge ! Mais elle
peut pas venir !
- A cause de son américain ? Tu vois nous aussi on sait des choses !
- A cause de l’américain, oui, a cause de toi aussi ! Elle a peur que tu la veuille plus, que tu sois en colère
contre elle. Que tu la frappes.
- Mais non, je ne suis ni jaloux de l’américain, ni en colère contre elle. Je ne vais pas la frapper, je vais la
caresser. En plus je veux lui faire un joli cadeau, j’aimerai seulement qu’on recommence à vivre ici tous les
quatre comme avant. Ca te plairait pas toi Antonia ?
- Ah si ! Vraiment !
- Ecoutes, demain et après demain je ne serai peut être pas la, je dois bouger pour le travail. Mais après je serai
revenu, Félicité sera déjà la, j’espère, Luigi est d’accord pour qu’elle revienne de suite dans la chambre
qu’on avait avant, elle pourra m’y attendre.
Le Bilongo.
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-
Oui je suis d’accord, on va reprendre notre vie d’avant. Félicité va revenir, et toutes les deux vous nous
préparerez un repas de fête quand Marc reviendra, pour fêter son retour. Après on restera tranquille à boire le
digestif, le soir, sur les transats de la terrasse, et vous passerez toutes nues, comme avant, pour nous énerver
un peu !
- Ah ! Tu es un délinquant toi ! d’accord, je suis contente, je vais chercher Félicité pour lui dire de laisser
l’américain, on lui amènera une autre fille jolie qu’on connaît
- C’est ça ! On pourra même l’essayer avant pour être sûr qu’il ne soit pas déçu !
- Oh. Délinquant, mais tu l’a déjà essayée !
Marc est allé se coucher dans la chambre occupée lors de son dernier séjour. Il se sentait un peu vaseux, mais
rassuré par l’environnement familier, et la perspective de bientôt sortir de ce mal infernal. Se remémorant ce
qu’avaient dit Luigi et Antonia, il était de plus en plus persuadé que le paludisme n’était pour rien dans sa santé
déliquescente.
Le lendemain, sentant les prémices de sa rechute, il partit directement à l’hôpital, et réintégra aussitôt sa chambre
sans éveiller le moindre soupçon ni générer de questions.
- Bonjour, monsieur Marc, vous préférez manger, ou je vous remets la perfusion maintenant. Si vous vous
sentez mal, la perfusion, c’est mieux, ya un tranquillisant dedans.
- Oui, la perfusion. Ca va m’aider à passer la période pénible que je sens arriver !
Peu après, il s’est endormi. Ce ne sont que les premiers accès de dysenterie qui l’ont réveillé. Rétif à l’usage de
bassin, il s’est fait suivre dans les toilettes, le mât sur roulettes portant les poches de sa perfusion ainsi que les
tubulures aboutissant à l’aiguille scotchée sur son avant bras. Ce type d’expédition s’est renouvelé une bonne partie
de la nuit, ce qui, ajouté aux alternances de transpiration et de grelottement, l’ont laissé exténué.
Ce n’est que le surlendemain que le mieux s’est fait ressentir. Il a alors appelé l’infirmière en lui disant que ça allait
mieux, et qu’il voulait sortir la perfusion.
- Vous sentez le traitement faire effet ?
- Oui je crois que je commence à m’approcher de la guérison.
La perfusion sortie, il s’est douché, coiffé soigneusement, et s’est habillés de vêtements qu’il savait plaire à Félicité.
Il a quitté l’hôpital sans avoir vu Gustave. En sortant, il a dit à la secrétaire qu’il allait mieux, et qu’il repasserait
bientôt. Reprenant l’avenue Charles de Gaulle, il a refait le plein, puis est reparti en passant devant le Migitel, et la
rue du Kilomètre 4 , contre toute attente le chemin le plus court pour aller à la maison de Luigi, sur la côte sauvage
loin après le wharf.
Aux abord de la maison, un écho de musique lui a appris qu’Antonia devait sûrement être la. Il était trop tôt encore
pour que Luigi y soit aussi. Peut être y trouverait-il Félicité ?
- Bonjour, Marc, tu pouvais entrer sans sonner, c’est chez toi ici ! En t’entendant arriver, Félicité est vite
montée dans la chambre, tu dois attendre un peu, et monter. Tu lui dira pas que je te l’ai dit !
Marc est monté dans la chambre, et a la lumière laissée par les volets mi-clos, il a vu Félicité, nue, offerte, simulant
le sommeil. Malgré la fatigue et la perte de vigueur, l’ancien atavisme s’est violemment emparé de lui, il s’est
déshabillé et s’est allongé auprès d’elle. ..
Après des ébats jugés trop brefs par sa partenaire, il a dit.
- On pourra recommencer tout à l’heure, je suis trop fatigué pour l’instant, tu vois bien, j’ai beaucoup maigri,
et j’ai moins de forces qu’avant !
- Mais tu dois manger pour reprendre tes forces, même ton makata a maigri, c’est mauvais, je vais te faire du
manger.
- On peut attendre que Luigi soit revenu pour manger, non ?
- Mais je vais te préparer un bouillon, après tu mangeras avec ton ami Luigi. Il faut beaucoup manger pour
grossir.
Marc a avalé le bouillon préparé par Félicité, en ayant le sentiment plonger dans une fontaine de jouvence. Buvant
doucement, il a essayé de discerner les différents goûts, en ne détectant rien de particulier. Pourtant, voyant
l’insistance de Félicité à lui faire prendre ce bouillon avant le repas, qui ne tarderait pas par ailleurs, il était
convaincu d’absorber le contre poison. Le potage achevé, il est resté attentif aux changements pouvant intervenir
dans son organisme.
- C’était bon ?
- Excellent, peut être pourrai-je en avoir un autre ?
- Mais maintenant on va bientôt manger, tu pourrais perdre l’appétit, avec Antonia, on a préparé du poisson. Il
est bien frais, c’est le pêcheur qui vient de l’amener. Il est content de revenir, Antonia lui a dit que tu avais
beaucoup maigri, alors il a choisi les meilleurs poissons pour toi !
Luigi est arrivé, il a pris l’apéritif que Marc a refusé, et lui a demandé des nouvelles de sa santé.
Le Bilongo.
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-
Alors, est ce que l’air de Pointe Noire te fait du bien ! Les pollutions de France t’ont fait perdre l’appétit,
mais ici, tu vas reprendre du poil de le bête ! Il parait que nous avons une grillade de poissons bien frais ? Ça
va être bon pour toi. Tu en prendras copieusement on te surveillera ! Pas vrai les filles ?
- Ah oui vraiment, on va bien s’occuper de lui, il va bien manger, bien se reposer, et il va redevenir costaud
comme avant !
Le repas à été apprécié de tous, Marc à bien mangé, surpris de reprendre appétit, il a même accepté un peu de vin.
Luigi l’observait discrètement au cours de la conversation, essayant de saisir quelque métamorphose de son ami.
- Un petit café ?
- Avec plaisir !
- Super ! Les filles, portez-nous le café sur la véranda, je crois que je partirai au bureau en retard, vous nous
laisserez seuls on doit parler travail avec Marc, ce sont des choses confidentielles.
Les filles sont sorties en papotant, et Luigi, après un coup d’œil de vérification
- C’est bon, elles ne peuvent pas nous entendre. Alors Marc comment tu te sens !
- Ecoutes franchement mieux. Pourtant, si, comme je le crois, le contre poison était dans le bouillon que
Félicité m’a fait boire une petite heure avant le repas, ça ne fait maintenant que trois heures que je l’ai
absorbé. Je n’ose pas encore croire à une guérison aussi fulgurante !
- La salope ! c’était donc vrai ! Comment peux tu faire pour coucher avec quelqu’un qui t’a empoisonné ?
- Et bien d’abord, ce n’est pas finalement un effort aussi difficile que ça, et ensuite, je ferais l’amour avec un
hippopotame si je savais que ça puisse me guérir ! Mais ne nous affolons pas, le cours de l’après midi, et de
la soirée confirmera ou pas ce sentiment de mieux être.
- Mais si c’est ça et que tu es guéri, tu envisages de rester pour toujours ? Obtenir de Félicité qu’elle te donnes
un contre poison définitif ?
- Rester pour toujours, je te le dis de suite, non ! Je n’obtiendrai rien de Félicité, elle niera cette histoire de
bilongo, en fait je pense qu’elle ne le dira à personne, il parait qu’une fille qui fait ça, est perçue par les
autres comme une pestiférée.
- A juste raison d’ailleurs.
- Non je pense même qu’il serait dangereux pour moi de seulement lui en parler. le mot seul de bilongo doit
être proscrit de nos conversations en sa présence. Je vais simplement essayer de faire une analyse chimique
fine des composants des potages qu’elle me donnera dans le futur, je n’ai pas pu lui en faire m’en donner
d’autre
aujourd’hui. L’autre piste étant de demander à Antonia si elle connaît des sorciers, des féticheurs plutôt,
évidement ne lui poser la question que si je suis sûr qu’elle ne le dira pas à Félicité.
- C’est de la haute voltige ton affaire ! Il va falloir du temps pour obtenir l’information ou pour trouver le
féticheur. Et même si tu le trouves, est ce qu’il te guérira !
- Il paraît que lui nom plus ne m’avouera jamais avoir fait un bilongo sur moi, c’est pour ça que cette piste
n’est pas très sûre, pourtant ! La dernière possibilité est de voir les ingrédients, ou le produit qu’elle utilise.
Après tout, en dehors de son sac, elle n’a pas grand-chose pour transporter quoi que ce soit sans qu’on ne
puisse rien voir ! Mais la aussi, si elle se sent découverte, elle risque de détruire le contre poison, et alors la
fini pour moi. Je veux y aller très prudemment. J’ai prévu de lui laisser croire à non amour indéfectible, et
que mon séjour ici va durer longtemps, peut être toujours. Si ça marche, peut être relâchera-elle sa vigilance,
ou peur être de donnera-elle un contre poison définitif, pour n’avoir plus à gérer le problème.
Pendant que Luigi partait au bureau, Marc à proposé à félicité d’aller avec elle acheter le cadeau qu’il lui avait
promis. Antonia à voulu venir. Ils sont donc partis tous les trois vers la ville. Elles se comportaient comme des
collégiennes, et, se concertant, elles ont décidé de l’achat d’un bijou.
- Félicité peut dépenser combien ?
- Je veux lui faire plaisir et qu’elle comprenne qu’elle ne manquera de rien avec moi. En même temps, je veux
voir si elle est raisonnable, comme une épouse, ou si elle ne sait pas compter, comme une poule de luxe dont
un homme se sert, mais ne peut pas garder.
- Finalement, un bijou, c’est quoi ? Je préfèrerai autre chose, quelque chose qui montre que je suis pas
n’importe quelle fille perdue. Mais je ne sais pas quoi !
- Moi je sais, j’ai une idée. Tu n’as jamais été en France, mais tu as vu des films. Tu sais quelle est la grande
différence entre une africaine de la cité et une femme du monde à Paris ?
Devant son regard brillant d’excitation, Marc a laissé durer le suspens.
- Elle conduit !
- Mais il faut apprendre, prendre des leçons !
Le Bilongo.
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-
Mais oui, ne me dis pas que tu ne te sen pas capable d’apprendre à conduire, il y a beaucoup d’africaines qui
conduisent non ?
- Il y a la femme du commissaire politique, il y a la femme du chef de l’aviation, celle du directeur du port,
peut être y en a d’autres, je sais pas.
- Et alors, tu es plus bête qu’elles ? Et moi je suis un âne, à coté du directeur du port ?
- C’est pas ça !
- Qu’est ce que c’est alors ?
- C’est que je sais pas lire bien !
- Ce n’est pas la peine de savoir lire, pour passer le permis. Ecoutes je te paye les leçons, jusqu’au permis. Si
tu apprends mal, ça me coûtera très cher, mais tant pis je tiendrai ma parole. Si tu travailles bien, et qu’il ne
me faille pas trop d’argent, je te donnerai une voiture ! Attention pas une neuve ! Je ne suis pas Sassou
N’Guesso !
- Bon d’accord je vais m’inscrire.
- Je viendrai t’inscrire moi-même. Pas aujourd’hui je me sens encore un peu trop fatigué, mais dès que je serai
reposé et en pleine forme, nous irons t’inscrire. Je dirai à l’auto école que si tu ne fais pas vite des progrès
chez eux, je t’inscrirais dans une autre école. Comme ça, ils te feront vite faire des progrès. Et tu seras
bientôt comme la femme du commissaire politique.
Je t’accompagnerai tous les jours, sinon, ils ne vont jamais te donner le permis.
Marc, a observé l’air ravi de Félicité, mais aussi la mine boudeuse d’Antonia sans doute un peu jalouse.
Il était très content de son stratagème, imposer une situation ou Félicité serait pour un bon moment sous sa
dépendance, le tout, subordonné à sa complète guérison.
Ils sont rentrés tous les trois à la maison de Luigi, et Félicité à aussitôt voulu aller se doucher, et se passer des
crèmes corporelles. Marc en a profité pour demander à Antonia de lui porter une bière sur la véranda, en se disant, si
j’ai envie d’une bière, c’est que je vais beaucoup mieux !
Antonia lui a porté la bière, il l’a attrapée par la main, l’a faite asseoir à coté de lui sur le même transat.
- Mais Félicité va être jalouse de nous voir comme des amoureux.
- Non ! Interdit ! Pas de jalousie entre nous quatre ! Crois tu que Luigi serait jaloux de te voir là, contre moi ?
- Luigi ? Il serait même content de nous voir couchés ensemble !
- Tu sais que je suis ton ami. Tu sais que c’est moi qui ai dit à Luigi de te reprendre, il te l’a dit lui-même. Tu
ne dois pas avoir de secret pour moi, tu sais que je dirais rien sans que tu soie d’accord.
- Oui Marc, je sais tout ça !
- Bon, j’ai vu que tu n’étais pas contente de voir que Félicité saurait bientôt conduire.
- C’est vrai, tu as raison, je crois que j’étais un peu jalouse.
- Tu vois ! pas de jalousie entre nous quatre ! Si je suis sûr de pouvoir te dire un secret sans que tu le répètes à
personne, même pas à Luigi, et si je suis sûr de pouvoir compter sur ton aide mais en secret, je perlerai à
Luigi pour qu’il te paye aussi le permis.
- Oh Marc, tu es vraiment mon ami, je te jure, je dirai ton secret à personne.
- Bon je te le dis, et dans dix jours, si je sais que tu n’en a pas parlé, je décide Luigi à te payer les cours
d’auto-école. Voila. Je suis pédé.
- Mais, je te crois pas la, tu vas qu’avec les femmes !
- C’est ce que je te dis, je suis pédé en cachette, personne ne le sais il n’y a que toi maintenant ! Et si tu ne dis
pas, personne ne le saura !
Antonia s’est levée, un leu ébahie, mais lascivement comme à son habitude. Marc lui a tapoté les fesses
amicalement, et ils ont échangé un regard complice. C’est un test facile, avec un véritable enjeu. Si je vois qu’elle
garde en effet le secret, je pourrai lui parles de bilongo et de féticheur.
Le soir, Luigi est arrivé, et ne s’est intéressé qu’à la forme de Marc, en plus naturellement des fesses d’Antonia
- Ah, Marc, je vois que l’air Congolais te réussit bien ! Je vais prendre une douche, et si le cœur t’en dit, les
filles vont nous servir un petit apéro sur la véranda, on discutera, pendant qu’elles feront le repas, et ce sois
un petit farniente dans les transats, avec un petit verre à la main pendant que les filles dansent nues devant
nous. Comme au bon vieux temps. Qu’en dit tu ? Au fait ou est Félicité ?
- Je dis d’accord à ton programme, si tu savais depuis combien de temps de rêve de passer une soirée tranquile
comme ça, en paix avec mon organisme ! Félicité ? Il y a plus de deux heures qu’elle monopolise la salle de
bains.
- Votre salle de bains ? Tu vas voir, je vais l’en sortir moi !
Et avec un clin d’œil, il est monté vers la salle de bains, et peu de temps après, Félicité a crié
Le Bilongo.
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-
Dis donc Antonia, viens t’occuper de Luigi, il est entré, et m’a mis son makata dans les fesses avant de
passer sous la douche !
- Ca veut dire qu’il les trouve jolies ! Je me dérange pas !
Elle a regardé Marc en lui disant sournoisement.
- Je me dérangerai pas nom plus si toi tu me faisais pareil !
Le repas et la soirée se sont passés conformément au programme, incluant les danses lascives et dénudées. Tard dans
la nuit ils sont enfin montés se coucher, et Marc à dit à Félicité.
- Je me sens mieux, mais ce n’est pas encore ça. J’espère que j’irai encore mieux demain, et si je reprends bien
des forces, on pourra aller t’inscrire à l’auto école !
Les jours suivants, plus de nausée, plus de dysenterie, plus de maux de tête, plus d’alternance sueurs/grelottements.
Guéri ! Il sentait l’énergie, lui revenir, et pour la première fois depuis bien longtemps, était confiant de son avenir.
Bien sûr, il n’avait pas la solution définitive, pas encore, dans ses courriers à Amandine qui s’étaient beaucoup
espacés en raison de sa santé, il ne pouvait pas encore lui annoncer sa guérison totale. Il lui dirait seulement que le
traitement commençait à être efficace, pour lui donner de l’espoir, ce qui dans son état, était plus favorable, que de
rester rongée d’inquiétude pour lui.
En pensant à Amandine, il avait honte de la vie de débauche il recommençait à être son quotidien. .. Et puis la vie
reprenait son rythme. Il était passé à l’hôpital, et avait demandé un rendez-vous pour consultation externe auprès du
docteur N’Mangué. Gustave l’avait reçu dans son cabinet.
- Je vois au premier coup d’œil que vous allez bien ! C’était donc bien ça ! Vous avez trouvé une solution
définitive ?
- - Non hélas provisoire seulement, je suis maintenant à la recherche de la solution définitive mais je penses
que ce sera long !
- Bon je ne vous verrai don plus ici, je vais annoncer votre guérison, en précisant qu’une rechute reste
envisageable. Il ne faut pas fermer les portes. Je suppose que vous aurez besoin d’argent pour votre
recherche ?
- Oui, je vais en prendre un peu, mais j’ai une autre solution pour avoir de l’argent, vous pourrez rendre le
reste de celui-ci à Léonard, Je vais lui téléphoner pour le mettre au courant, c’est la moindre des choses.
Au fait, vous ne ferez pas de publication sur la France ?
- Non ! Ce genre de guérison impressionne les patients, et les aide à avoir confiance dans notre l’hôpital. Cette
information n’a d’intérêt que localement.
Si vous rentrez, guéri, c’est vous qui ferez la promotion Française de notre hôpital !
- Naturellement. Pour le moment, je vais prendre congé en vous remerciant chaleureusement pour tout, et je
dirai à Léonard que ses choix d’amis sont exceptionnels !
Marc à quitté Gustave sur les rires de cette plaisanterie, et quitté Cicié, d’un pas victorieux, congratulé par les
infirmières qu’il a croisé.
La quinzaine est passée, Après avoir conduit Félicité à l’auto école, Marc est revenu à la maison retrouvant Antonia
laissée seule. Elle était vêtue d’un déshabillé transparent, s’est approchée de lui , a pris sa main, et l’a conduite sur
ses fesses.
- Tu vois, je n’ai rien dessous !
Caressant ses fesses dures, il a répondu.
- Pas besoin de toucher pour le voir !
- Mais vraiment ! je vois en te touchant qu’une femme peut faire bander un pédé ! tu crois que j’en ai parlé ?
- Non je sais que tu n’as rien dit. C’est bien ! je crois que je peux te faire confiance. Je vais te dire un autre
grand secret, et ensuite je parlerai à Luigi. Tu pourras rejoindre Félicité à l’auto école, comme tu es plus
maligne qu’elle, tu pourras facilement la rattraper. Rhabilles toi pour parler sinon je crois qu’on pourra pas.
- Tu sais bien que Luigi, il s’en fiche, peut être il serait content de savoir que tu me fais l’amour !
- Je sais, mais pour le moment je voudrais surtout te parler sérieusement.
- Voila, je met le Jean, et le polo. Je t’écoute.
- Antonia, est ce que tu connais des féticheurs ?
- Des féticheurs ? Oui mais pourquoi ?
- Je voudrais rencontrer des féticheurs, parce que je m’intéresse à la magie.
- Mais tu peux demander à Félicité, elle en connaît elle aussi !
Le silence gêné de Marc, n’a pas échappé à Antonia. Elle n’a rien dit nom plus pendant un moment et a repris
- Tu veux pas en parler à Félicité ! Il y a un problème avec elle !
- Antonia, tu m’a vu quand je suis revenu, comme j’étais très maigre ! j’arrivais juste de l’hôpital ! J’étais
malade Antonia, très malade ! Pendant longtemps !
Le Bilongo.
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C’est une maladie qui m’a pris quand je suis reparti en France la dernière fois. Les médecins Français m’ont
soigné, ensuite j’ai été a l’hôpital en France Je suis revenu ici, à Pointe Noire, directement a l’hôpital Ciciè,
je retrouve Félicité, et je vais un peu mieux le jour même, deux ou trois jours après ça va beaucoup mieux,
une semaine après je suis complètement guéri, et en pleine forme. Comment c’est possible !
Antonia a regardé Marc dans les yeux de son regard épouvanté. Avant de répondre
- Le bilongo ? Félicité t’a bilongoté ?
- Tu m’as promis de n’en parler à personne ! jures-moi le maintenant !
Après un long moment de silence, elle a pris les mais de Marc avec les larmes aux yeux.
- Je te le jure Marc ! Mais j’aurai jamais cru que Félicité était mauvaise, elle a le démon au corps ! On ne peux
pas faire ça à un homme, c’est un grand péché !...
Surtout il faut rien dire, si elle sait que tu est au courant, ça peut être dangereux pour toi !
- Je sais, c’est pour ça que je t’ai demandé de jurer. J’ai confiance en toi, on n’est pas amant, mais on est amis,
je suis ton ami, tu dois m’aider. Il faut que je trouve ce produit qui me soigne, soit en demandant à un
féticheur, soit en trouvant l’endroit ou Félicité cache le contre poison. Pour les deux choses, j’ai besoin que
tu m’aides, mais tu ne dois ni le dire ni risquer qu’elle sache que tu es au courant.
Tu dois faire comme avant, quand vous étiez copine.
- Je ne peux pas être copine avec le démon !
- Antonia, si tu ne fais pas cet effort, je risque de mourir !
- Non ! Tu ne peux pas mourir, si tu n’est plus la, Luigi ne me gardera pas, je suis de Fouta ma famille est très
pauvre, je ne peux pas retourner la bas, je ne pourrai plus trouver de mari africain, ils me voudront pas
maintenant. Je vais rester amie avec Félicité, mais je t’aiderais à trouver le remède. Mais ça peut être très
long !
- Ecoutes n’en parles à personne, même pas à Luigi. Ce sera notre secret à tous les deux Je vais aller chercher
Félicité à l’auto-école. Antonia, si tu m’aimes, tu ne dois pas avoir une attitude différente avec Félicité, et ne
parler de rien, jamais, à personne !
- Oui je t’aime Marc, je suis ton amie, je ne ferai rien voir à Félicité, tu peux me faire confiance ! Personne ne
saura rien ! On va se protéger tous les deux.
Félicité est revenue à la maison, ne parlant que du permis de conduire, et du genre de voiture qu’elle aurait, toute à
son excitation, elle n’a pas remarqué de différence de comportement. Luigi est arrivé, les filles ont préparé le repas,
Marc a profité d’être seul sur la véranda avec Luigi, pour rapidement l’informer du fait qu’il avait mis Antonia au
courant de la situation, en lui disant qu’il l’accompagnerait au bureau, pour pouvoir discuter plus en détail et
librement. Le repas à peine terminé, ils ont dit qu’ils partaient au travail tous les deux. Dans le bureau de Luigi, en
prenant un café préparé par sa secrétaire, Marc lui a expliqué tout en détail.
- Humm… C’est très risqué, tu ne crains pas que Antonia te trahisse ?
- Non ! A qui crois tu qu’elle en parlerait le plus facilement dans son entourage.
- … Après réflexion, à moi sans doute, tu sais elle a coupé les ponts depuis qu’elle est avec moi, et je ne lui
connais pas de relation d’intimité sauf peut être avec toi, je sais qu’elle t’aime beaucoup.
- T’a elle dit que j’étais pédé ?
- Que tu es pédé ? ben, non elle ne me l’a pas dit ! Tu es pédé ?
- Mais non, j’avais dit ça à Antonia pour tester sa discrétion. Tu vois qu’elle ne t’en a pas parlé, et n’en a parlé
à personne. Maintenant tu me diras si elle te parle de bilongo, et si elle ne t’en parle pas, aucun danger
qu’elle en parle à d’autres !
D’autre part, tu sais que j’ai inscrit Félicité à l’auto école pour lui faire passer le permis, pour qu’elle ait
besoin de moi durablement, sachant que sans moi elle ne l’aura jamais, elle pense que je vais cafouiller pour
qu’elle l’obtienne.
- Oui, je sais, c’est une curieuse mais excellente idée.
- Et bien Antonia rêve aussi d’avoir une voiture ! Je lui ai dit que je t’en parlerai. Je veux lui prouver que sa
confiance en moi n’est pas mal placée. Donc si ça ne t’embête pas, je vais le lui payer à elle aussi.
- Tu es fou Marc ! C’est moi qui vais le lui payer. Et c’est moi qui fournirait les voitures pour les deux filles, il
me suffira de réformer des véhicules en bon état, et d’en acheter des neuves pour ma boite en remplacement.
Si j’avais su qu’Antonia rêvait de passer le permis, je le lui aurais offert moi aussi. Je comprends que ça
représente pour elle une vraie émancipation d’avec ses origines. Le problème, c’est que j’aime bien Antonia,
je suis bien avec elle, j’aurai du mal à en trouver une autre aussi fiable, mais je n’ai pas véritablement
d’amour pour elle. Je crois que je ne pourrais pas être vraiment amoureux d’une africaine. C’est culturel, je
pense. Non, en plus, je ne veux pas être amoureux, l’amour c’est douloureux.
j’ai choisi cette vie parce qu’elle me plaît, je suis un épicurien, les africaines m’attirent pour leurs
Le Bilongo.
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performances sexuelles, sans plus. C’est pourquoi je ne souhaite pas créer trop de liens avec Antonia, je
n’aurai pas envie de la garder quand elle sera vieille ! Elle ne ferait plus bander, et moi je veux bander Marc,
Baiser, manger, boire, et écouter de la bonne musique, c’est ça l’amour de ma vie !
- Je ne veux pas te donner de conseils, mais rend toi à l’évidence, qui est le mieux placé pour te ramener des
jolies filles pas farouches ? Elle ! Qui participe volontiers à tes ébats multiples ? Elle ! En plus elle s’occupe
efficacement de la maison, ne te voles pas, si tu te souviens de l’histoire avec Félicité ou elle étai finalement
non coupable. Regardes tien, tu prendrai le risque de lâcher Antonia pour trouver une Félicité bis ? Si tu
savais l’horreur que lui fait sa copine d’avoir utilisé le bilongo ! En ce qui me concerne, et à ta place, même
vieille, je la garderai, n’oublie pas que quand elle sera vieille, tu le seras aussi, et en pouvant t’amener des
jolies petites jeunes, elle pourra longtemps te faire bander, alors que si tu comptes sur ta seule séduction…
- Tu a peut être raison, puisqu’on en est aux confidences, ce qui me ferait bander, c’est que toi aussi tu la
sautes. Peut être parce que de savoir qu’elle t’excite aussi, c’est me confirmer mon bon choix ?
- Luigi, si je ne l’ai pas déjà fait, c’était seulement par amitié pour toi. Elle est plus belle que Félicité, je la
crois plus experte encore, et sachant ce dont Félicité est capable…Alors si en plus ça te fait plaisir ! Je te
l’échangerai volontiers contre Félicité de temps à autre !
- Et bien marché conclu ! En plus ça incitera sans doute Antonia à t’aider plus efficacement. Reste que je ne
sais pas comment Félicité prendrait la chose ! Elle a pourtant déjà été ma maîtresse comme tu le sais, mais
depuis qu’elle est avec toi, même pour, plaisanter, elle ne me laisse pas l’approcher.
- Je lui parlerai, je lui dirais comme toi, que ça m’existerait de savoir qu’elle couche avec toi, même peut être
tous les quatre ensemble, tu sais, finalement, il y a des soirs ou sur la véranda, on n’était pas loin de ça !
- Alors la ! moi je serais inconditionnellement partant !
Marc à profité de l’après midi pour passer à son bureau du kilomètre 4, travailler un peu sur sa synthèse des forages
off shore Congolais, un travail de complaisance…Il n’est rentré que le soir en même temps que Luigi.
Sur la véranda, Au repas du soir, Luigi à annoncé qu’il offrait l’inscription à l’auto école à Antonia.
- C’est Marc, tu sais, qui m’a convaincu. Tu peux être très gentille avec lui !
De son coté, Félicité s’est déclarée ravie que sa copine l’accompagne, comme ça elle aurait une aide pour apprendre,
ce n’était pas facile !
- Et vous aurez chacune une Fiat quand vous aurez la permis, c’est moi qui vous les offrirait. Ce qui fait que
toi aussi Félicité tu pourras être très gentille avec moi !
Les jours se sont suivis, les relations des deux couples s’étaient beaucoup resserrés. Les soirées de relation à quatre,
n’avaient pas tardé à n’être pas rares. Luigi avait avoué à Marc, qu’il ne risquait rien de Félicité, tant que
officiellement elle restait la femme de Marc, et qu’il était aiguillonné par le double sentiment d’avoir une relation
risquée, et de savoir sa femme faire l’amour avec son ami !
Parfois les couples échangés montaient se coucher. C’est à ces occasions que Marc pouvait librement parler à
Antonia.
- Alors, tu a vu quelque chose ?
- Non, elle peut pas te mettre quelque chose dans tes aliments, je la surveille toujours quand on fait le repas, je
ne l’ai jamais vue mettre quelque chose dans ton assiette nom plus. En plus, tous les aliments sont préparés
ensemble, si elle y mettait quelque chose, on en mangerait tous les quatre ! Dans ton verre nom plus, c’est
toujours moi qui te met ton verre propre, et tu te sers à la bouteille ou a la carafe a table comme nous.
Si tu veux, je peux aller voir des féticheurs pour leur dire que j’ai mon ami qui est bilongoté sans dire que
c’est un blanc. Il faut que tu trouves une excuse pour passer une journée avec moi, sans Félicité, pour
m’amener pas loin de la case des féticheurs.
Un des jours suivants, à table, Marc a annoncé à Luigi
- Je dois aller travailler au terminal pétrolier de Djéno, je partirai demain matin, et j’y passerai toute la
journée. Tu pourras amener les filles à l’auto école ?
- Oh Marc, si tu va à Djéno, je veux venir avec toi, j’irai pas au permis, j’irai voir ma famille, tu me laissera
dans mon village Fouta, sur la route après Djéno, et tu me reprendra le soir.
- D’accord. Donc je t’emmènerai seule au permis Félicité.
- Oui mais si elle a pas la permis tant pis pour elle !
Le lendemain donc, Marc est parti avec Antonia, mais pas vers Djéno…
Il l’a laissée au fond de la rue jeudi de la cité. Elle est partie à pied, et il l’a attendue plus de deux heures !
A son retour elle lui a dit
- Il ne veut pas faire ce genre de magie, je lui ai dit que je donnerai de l’argent, il n’a pas voulu quand même.
Je lui ai dit que c’était pour débilongoter mon ami, il a dit qu’il ne pouvait rien faire. On doit aller plus loin
après Pointe Noire, et Loandjili dans un petit village pas loin de Pointe indienne.
Le Bilongo.
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En attendant une nouvelle fois Antonia, à l’entrée du village, Marc constituait l’attraction locale. Les enfants
lui tournaient autour, certains s’enhardissaient à monter dans la voiture. Marc leur a demandé en regardant
une étendue d’une terre rouge sèche et poussiéreuse, dont les herbes jaunies et écrasées au sol laissaient
apparaître de nombreux bouts de bois fichés en terre.
- Qu’est ce que c’est ces bouts de bois ?
- C’est un champ de manioc en tout cas.
- Comment on fait pour le planter ?
- On prend un grand manioc, on le coupe en petits bouts et on les plante dans la terre.
- Mais la terre elle est ni travaillée, ni arrosée, ça ne peut pas pousser !
- Ca pousse, quand on a planté les bois, le féticheur il vient, il fait les incantations, et ça pousse. L’esprit du
féticheur, il surveille toujours le champ jusqu'à que ça pousse. Il est très fort le féticheur !
Antonia est revenue, et a raconté à Marc, sa visite au féticheur du village en lui disant.
- Il ne peut pas te soigner, l’autre féticheur m’avait dit tout de suite qu’il ne faisait pas cette magie, , celui-ci il
,a bien réfléchi d’abord, et il m’a exactement dit. C’est ton ami, le Français, qui est bilongoté. C’est un autre
féticheur qui a fait le bilongo. Je ne peux pas m’opposer à lui. Tu veux me donner de l’argent ? Mais même
pour beaucoup d’argent, je ne peux pas rechercher la magie d’un autre pour la casser. Aucun féticheur ne
ferait cela !
- Comment sait il que je suis Français ?
- C’est un féticheur, Marc, il peut tout savoir. Il peut même savoir que je couche avec toi des fois. Mais tu
vois, je crois qu’aucun féticheur ne voudra te soigner, il faut trouver une autre solution.
- Mais il y a longtemps que je suis la, et ma boite peut me demander de rentrer bientôt ! Je retomberai malade
dès que je reviendrai en France !
Ils sont rentrés, au soir, vers la maison de Luigi. Félicité à aussitôt dit, Tu m’as manquée Marc, on mange vite et on
va se coucher ! Marc a obtempéré, et a fait de gros efforts d’imagination pour donner beaucoup d’amour à cette fille,
dominant son sentiment de répulsion. Le lendemain, il a accompagné les filles à l’auto école, et est passé, comme
convenu, voir Luigi dans son bureau.
- Le temps passe, je crains de plus en plus que ma boite me demande de revenir, je ne pourrai pas longtemps
cacher ma guérison, les gens de la boite que je côtoie ici risquent de faire remonter l’information, et il vaut
mieux, je crois que je les en informe moi-même, après tout, ma mission de complaisance cachait mon besoin
de soins médicaux, maintenant que je suis guéri, je me dois de les en avertir.
Alors j’ai pensé à quelque chose. J’envisage de passer d’une situation précaire, à une situation plus stable
dans le temps. Est ce que ta proposition de contrat de consultant tient toujours ?
- Mais bien sûr voyons, Et il ne s’agit pas de complaisance ! J’ai réellement besoin ce quelqu’un de ton profil.
Bon c’est vrai qu’il s’agit d’une étude géologique sans urgence, mais je n’ai personne pour la faire ! On peut
discuter de tes conditions de travail, ton salaire, ta voiture de fonction etc… Mais tu as un plan ? quel est ton
plan !
- Et bien voila. J’écris à ma boite, pour confirmer ma fin de mission, que j’aurai préalablement annoncée ici à
la filiale, comme il se doit. Mais je profite de ce courrier pour solliciter un congé sans solde, pouvant se
migrer en une année sabbatique, Je vais en France, pour rencontrer ma hiérarchie, signer les modifications de
mon contrat, en vérifiant qu’il me soit possible de récupérer mon poste en fin de congés. Tout ça, je pourrais
le faire d’ici, par courrier. Mais surtout, je veux aller voir Amandine, ma femme, pour lui avouer mon
empoisonnement, et lui expliquer ma situation. Je ne sais vraiment pas comment elle prendra la chose, mais
je ne peux décemment pas lui dire ça dans mes courriers.
- Mais, si tu vas en France, tu vas rechuter !
- C’est l’autre partie de mon plan ! Je vais essayer de faire croire à Félicité que mon boulot m’impose de me
rendre régulièrement sur le terrain pour plusieurs jours, je lui demanderai de me préparer dans des thermos,
ces bouillons qu’elle sait que j’adore. En trois ou quatre opérations d’absence, je pourrai, je pense, lui faire
admettre d’emporter un stock d’une semaine ou dix jours, surtout si je lui dis que c’est une longue période,
parce que je préfère finir le travail d’un coup, que faire encore plusieurs séjours, le délai de route me faisant
perdre deux jours à chaque fois. Nul doute naturellement que les bouillons me fassent rester en bonne santé,
puisque il ne s’agit que d’une absence provisoire. Je ferai le voyage en France à cette dernière occasion.
- Oui je l’avais compris, ce n’est pas mal ficelé, ton truc. Comme tu le sais déjà, tu as mon appui, ton contrat
sera prêt, et te laissera un bon salaire, et du temps libre pour trouver la solution définitive.
Je vois que tu te lèves pour partir, tu ne me déranges pas tu sait ! Tiens si tu as un petit moment de plus, je
vais te faire conduire dans ce qui sera ton nouveau bureau. Je ne t’y conduis pas moi-même, ce sera la
nouvelle petite secrétaire de l’accueil qui s’en chargera. Tu ne l’as pas vue en entrant ?
Le Bilongo.
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-
Non ! En fait je n’ai pas fait attention.
C’est un canon ! Elle est gentille, intelligente, extrêmement jolie, et a apparemment un corps de rêve !
Ne bouges pas, je l’appelle, tu me diras ce soir ce que tu en penses.
Mathilde ? Monsieur De Angello ! Pouvez vous monter pour conduire Monsieur Eschevin dans un des
bureaux libres, vous lui laisserez choisir le sien, et vous le ferez équiper de ce dont il aura besoin, ordinateur,
fax, vous verrez avec lui, il rejoindra notre société d’ici trois à cinq semaines.
Il a fait un clin d’œil à Marc, en lui disant
- N’oublie pas, regardes la bien tu me diras si tu la trouves bandante !
- Aucun souci !
La secrétaire a accompagné Marc, et ils ont visité trois bureaux, et il a choisi le bureau d’angle au quatrième, le seul
donnant sur les parterres gazonnés et plantes tropicales d’un des deux jardins flanquant de part et d’autre l’entée
principale. Après avoir laissé ses instructions pour les équipements, il est reparti vers son bureau du kilomètre 4 afin
d’y rédiger son courrier de demande de congé sabbatique, en estimant avoir terminé son travail sous quinzaine.
Le soir, comme à leur habitude, au frais sur la véranda tandis que les filles débarrassaient et faisaient la vaisselle, ils
ont parlé
- Alors ?
- La petite secrétaire ?
- Bien sûr, mais aussi ton bureau, tes démarches, et tout ça !
- Bon ! La secrétaire, tu as raison, c’est un canon ! J’ai compris en plus qu’elle parlait plusieurs langues !
- Oui, Italien, bien sûr, mais aussi Français, tu l’as vu, Anglais et Allemand !
- Impressionnant, mais si tu veux mon avis elle sera mois facile que celles à qui tu est habitué ! Pour le bureau,
c’est parfait, il est presque aussi beau que le tien !
- Merde, il faut alors que je déménage !
- Coté démarches, j’ai écrit à la boite et le courrier et parti en même temps que mes lettres pour Amandine et
pour Léonard dont je t’ai déjà parlé. Il me reste à parler à Félicité de mon travail sur le terrain….
Le lendemain soir, au cours du repas :
- J’ai une nouvelle désagréable, mon boulot m’oblige à aller à Brazza pour plusieurs périodes d’une semaine,
vous ne me verrez que le week-end !
- Mais tu vas faire ça pendant longtemps ?
- Non ! Rassures toi Félicité, deux fois, peut être trois. Ce n’est pas très embêtant. Ce qui va le plus me
manquer, c’est tes fameux bouillons, tu parles, à l’hôtel, a Brazza, ils ne m’en feront pas des comme ça !
- Mais ça ne peux pas se conserver longtemps, après il risque de devenir mauvais ! il faut pas qu’il prenne
l’air.
- Et dans un thermos ? bien fermé à l’abri de la lumière ?
- Pour une semaine ça peut aller mais pas plus !
- Et bien c’est bon ! Une semaine ça suffit !
….
Marc a passé sans aucun problème les deux semaines de séjour, en visitant la région, et logeant au Malonda lodge. Il
en a profité pour réfléchir sur la suite à venir, Coté boite, une journée suffira deux, au pire. Une soirée à prévoir avec
Léonard, pour le remercier de vive voix. Il lui a écrit, plusieurs fois, mais ce qu’il a fait pour lui impose une mise au
courant des détails point par point.
La grosse difficulté, ce sera Amandine ! Elle est à son deuxième mois de grossesse, elle doit être d’une extrême
sensibilité. Lui dire qu’il a eu des aventures sexuelles avec une africaine, sera déjà dur à passer, bien sûr il n’est pas
question de lui parler des parties à quatre ou des échanges de partenaire. Ca c’est son jardin secret. Non la grosse
difficulté sera de lui avouer qu’il lui ment depuis plusieurs mois, et surtout qu’elle a conçu son enfant avec un
homme qui sortait du lit d’une autre. Lui dire qu’avec elle c’est de l’amour, avec les africaines c’est du sexe, c’est
vrai bien sûr, mais ça empire les choses, ça a l’air de vouloir faire des comparaisons…Au surplus lui dire que je
repars au Congo pour trouver la solution de soin ou guérison définitifs, ce sera le pompon ! Je crains de briser notre
ménage.
Après tout, inversons les rôles ! Je suis en France, je m’occupe de la maison, je travaille, et j’attend sagement le
retour de ma femme, pendant qu’elle baise et partouze à tours de bras avec des africains, chez une copine obsédée
du cul ! Bien sûr ! Vu comme ça, ça change furieusement le décor. Je crois que je ne pourrai pas l’accepter, je ne
peux donc pas lui en vouloir si elle ne veut plus me voir. J’ai déconné, je paye, c’est réglo.
Mais je vais tout de même essayer…
Le coup de la soupe en thermos marche très bien, les premiers symptômes, ne se font ressentir qu’après plusieurs
jours, je me donne un délai maxi de dix jours de séjour en France avant de revenir…
Le Bilongo.
- Page41
L’aveu
Heureusement que j’ai pris soin d’écrire à Amandine pour lui estimer une date de mon retour, a en juger par son
excitation quant je l’ai appelée de Paris, avant de prendre le vol de Toulouse. Si elle n’avait pas été prévenue qui sait
ce qu’elle aurait dit ! Il lui tarde de me prendre dans ses bras, il lui tarde de me voir dans notre lit ! La pauvre, si elle
savait l’information qu’apporte le salaud que je suis !
Le taxi doit me prendre à l’aéroport, et m’amener directement au moulin… Comment lui dire !...
Le taxi est arrivé, et en sa présence, Amandine n’a fait qu’une bise a Marc. Mais à peine le taxi reparti, elle l’a pris
dans ses bras et l’a embrassé fougueusement.
- Oh mon chéri, si tu savais ce que tu m’a manqué, encore plus que la première fois. Tu es vraiment guéri !
c’est un vrai miracle, je te vois si en forme, tu étais devenu comme un squelette mon pauvre chéri, ils sont
décidément très forts, ces médecins du Congo, Léonard me l’avait bien dit, de ne pas me faire du souci, il
était sûr qu’ils te guériraient. Assez de bavardages, nous avons mieux à faire. Viens ! nous allons vite
rattraper nos absences de tendresses. Mes fréquents rêves érotiques faits en pensant à toi, n’ont pas compensé
ton absence. Je suis pressée de passer du rêve à la réalité !
- Amandine, mon amour, attend, je ne peux pas faire ça !
- Que tu es bête, deux mois de grossesse, n’empêchent pas les relations sexuelles, je dirai au contraire !
- Non, ce n’est pas ça ! Amandine, il faut que je te parle, j’ai déjà largement trop tardé.
- Me parler ? et de quoi !
- D’une chose grave que j’ai faite.
- Parle ! quoi !
- Et bien voila. Lors de mon premier séjour, on a fait une fête à mon hôtel, j’étais saoul, et j’ai eu des relations
sexuelles avec une africaine.
Non ne m’interromps pas, c’est déjà si dur à dire !
Mais au lieu de cesser là ce genre d’expérience, j’ai continué de coucher avec elle. Elle à dû s’enticher de
moi, et pour me garder, elle m’a empoisonné, en me donnant du contre poison tous les jours. Je ne suis rendu
compte de rien, C’est à mon retour en France, manquant de contre poison, que ma maladie s’est déclarée. Ce
n’était pas le paludisme, mais de cet empoisonnement dont j’étais malade, sans le savoir à ce moment là.
C’est Léonard qui a suspecté l’empoisonnement et qui m’a proposé de repartir au Congo pour guérir, si
j’étais resté à Purpan, ils n’auraient pas pu me guérir, et mon état se serait aggravé peut être jusqu'à la mort.
C’est pour me soigner que je suis reparti à Pointe Noire.
- Tu est un salaud, tu me dégoûtes, tes histoires sexuelles m’écoeurent, mais en plus tu m’a menti ! menti
pendant des mois ! Et tu m’as fait un bébé avec ton sexe malpropre et ton sang empoisonné ! Et ce salaud de
Léonard savait et ne m’a rien dit ! Je te hais, fous le camp d’ici, je ne veux plus te voir !
Marc s’est enfui vivement sous les jets de vaisselle, à pris sa voiture, et est reparti en pleurant chercher un hôtel pour
la nuit…
Le soir même, désespéré, il a téléphoné à Léonard depuis sa chambre.
- Oui ?
- Léonard ? C’est moi Marc, Léonard, j’ai tout dit à Amandine, elle ne veut plus me voir !
- Ou est tu ?
- Je suis dans un hôtel, à Muret.
- Ne restes pas seul ! viens ici, chez moi, tu connais mon appartement ? On va boire un verre et tu vas me
raconter tout ça, tranquillement ! Ce n’est pas la fin du monde, ressaisis toi ! je t’attends !
…
Marc à eu de la peine à trouver l’adresse, est monté dans l’appartement de son ami, qui avait préparé des amuse
gueule, et deux verres de whisky, et à tout raconté dans le détail, sans rien omettre.
- Ce n’est peut être qu’une passade de fureur, je crois qu’à sa place je t’aurai cassé la geule ! Mais le temps va
passer la dessus, elle va peut être finir par te pardonner. Qu’aurait tu fait à sa place, y as-tu pensé ?
- Bien sûr que j’y ai pensé ! Je suis un salaud, c’est vrai, elle a raison ! Mais maintenant que faire !
- Du calme, analysons froidement la situation. Ton temps de séjour est compté, et tu dois repartir avant
rechute !
Règle tes affaires, retournes au Congo, trouves la solution définitive pour ta santé, et laisses passer le temps.
D’ici une semaine ou deux, elle aura laissé retomber la pression. Tu lui feras alors une lettre pour lui
demander pardon, et tu verras bien le résultat. Entre temps, je passerai la voir, elle m’en veut moi aussi de lui
avoir caché la vérité, mais elle ne refusera pas de me recevoir. J’essaierai d’arranger les choses…
Le Bilongo.
- Page42
Après la nuit passée chez Léonard, Marc est directement reparti pour Boussens demander son congé sans solde. Le
chef du personnel l’a reçu et l’a informé du fait que son courrier avait été pris en considération.
- Vous devez nous dire quelles sont vos intentions durant cette période pouvant courir sur un an.
- J’ai une offre de consultant chez Agip ENI.
- Attention vous devez impérativement, ainsi que prévu dans votre contrat, vous engager à ne rien divulguer
de nos activités opérationnelles ! Vous allez nous signer votre engagement à discrétion.
- Pas de problèmes, en réalité je dois travailler sur la synthèse de leurs puits de production, pour une
évaluation d’exploration concernant l’un de leur récent permis qui se trouve, comme vous le savez, sur une
zone du plateau continental totalement différente du point de vue structural.
Documents établis, Marc est passé dans un laboratoire porter un gros échantillon du bouillon de Félicité en
demandant une analyse fine de tous les constituants, résultats à lui faxer à son bureau D’Agip ENI à Pointe Noire.
Ensuite il est directement reparti vers l’aéroport de Blagnac pour voir les prochains départs possibles, et prendre une
chambre sur place….
Marc était déjà au Congo, quand Léonard est passé au moulin après avoir téléphoné.
Le Bilongo.
- Page43
La déchirure
-
Je ne sais pas pourquoi je te reçois Léonard, tu m’a menti, toi aussi, tout le monde me ment !
Amandine, ais-je le droit de trahir un ami et casser un ménage, qui suis-je pour me permettre de décider de la
vies de tiers contre leur volonté. Je ne peux que te dire le détail de ce que t’a déjà dit Marc, et à Marc, ce que
me dira Amandine sans rien y ajouter ni soustraire, et en évitant toute interprétation.
Marc a beaucoup réfléchi à sa bêtise. Il y a réfléchi en essayant de se mettre à ta place. Je te propose d’en
faire autant, qu’aurait tu fait, si une aventure comme la sienne t’était arrivée, tu lui aurait tout avoué, alors
qu’il aurait été si facile de le laisser dans l’ignorance ?
Après tout, tu aurais pu penser que tu n’as jamais trompé ton amour, juste une simple histoire de sexe.
- Non ! sûrement pas. D’abord parce que je l’aimais et que par respect de cet amour, je n’aurai jamais accepté
une relation sexuelle, ensuite par honnêteté, je l’aurait immédiatement averti de mon dérapage, en le laissant
décider si il voulait me garder ou pas, au lieu de me mettre à nouveau dans son lit en lui mentant !
C’est facile pour vous, les hommes, vous avez une pulsion, et vous l’assouvissez, c’est normal ! Une femme
à une pulsion, elle doit la refouler sous peine d’être une traînée ! Ne me regarde pas comme ça Léonard !
Oui les femmes aussi ont des pulsions figure toi ! Pour moi aussi la longue attente de Marc, suivie de sa
maladie et d’une nouvelle absence, ont favorisé de fréquentes pulsions, et si tu veux le savoir, j’ai eu souvent
recours à la masturbation ! Ca te choque ! Je le vois ! Et bien oui, même enceinte on peut avoir des pulsions !
Mais maintenant, je suis une femme sans entraves, et j’ai l’intension de me libérer. Moi aussi je vais me
permettre de prendre mon plaisir librement ! Je serai même heureuse de lui faire le mal qu’il m’a fait, et qu’il
en souffre bien !
Bon on pourra en parler en dînant, tu n’a pas mangé je suppose ? Nous allons nous préparer un petit dîner en
tête à tête. Demain c’est le week-end, personne ne travaille, tu ne resterais pas dormir ici ? Ca m’embête de
rester seule. Viens je vais te montrer la chambre d’amis, elle est en face de la notre, enfin de la mienne
maintenant.
Après le repas, Léonard est allé chercher des affaires dans sa voiture pour les monter dans la chambre. En
remontant, il est passé devant la chambre d’Amandine et a remarqué la porte entrouverte, il a jeté un regard
machinal et l’a aperçue les seins nus, vêtue d’une culotte sexy, cette vision lui provoquant une vive érection. Il avait
toujours secrètement désiré Amandine, et cette proximité, cette intimité, affolait ses sens.
Ses affaires posées dans la chambre, il a rejoint la salle de bains pour un brin de toilette. Il a pris une douche, et se
brossait les dents une serviette autour des reins, lorsque Amandine est entrée une serviette également autour du
corps. Elle est nonchalamment passé derrière lui, et a laissé tomber sa serviette devant la porte de la douche, avant
d’y enter laissant un instant apparaître ses fesses au regard de Léonard. Celui-ci ne perdant pas ensuite du regard les
formes apparaissant aléatoirement au travers du verre cathédrale de la porte.
La douche s’est arrêtée, Amandine lui a demandé de lui attraper sa serviette en entrebâillant la porte. Il a davantage
ouvert la porte de la douche, la serviette d’Amandine à la main, mais au lieu de la saisir, elle est restée, nue sous son
regard, le sien fixant la virilité de Léonard, dont la serviette ne dissimulait pas l’évidente vigueur. Elle a saisi son
sexe en sortant de la douche encore mouillée….
Il l‘a prise dans ses bras, et l’a portée et déposée sur le lit…
Au matin, ils se sont réveillés, un peu fatiguée de leur trop courte nuit. Léonard a dit alors.
- J’ai honte de moi. Je regrette de m’être laissé aller.
- Et bien pas moi ! après toutes ces nuits de solitude ! Il y a déjà quelque temps que j’ai envie de toi, depuis
ma dispute avec Marc en fait, en plus, j’ai pensé qu’après sa trahison je pouvais me permettre de lui asséner
une double trahison. La mienne et la tienne !
- Tu vas le lui dire ?
- Plutôt deux fois qu’une !
- Tu vas me faire perdre un véritable ami.
- Tu y auras gagné une maîtresse ! Et puis l’amitié des hommes ! Tu pleures la perte d’un véritable ami, mais
tu n’hésites pas à sauter sa femme !
Une curieuse entente s’est installée dans le couple nouvellement constitué, une relation basée sur le sexe et
l’indépendance. Chacun de son coté a continué sa vie, ne se retrouvant qu’après rendez-vous pour une étreinte sans
conviction chez l’un ou chez l’autre.
Le courrier de Marc est arrivé. Seule dans sa maison elle l’a lu plusieurs fois, les larmes aux yeux, voulant croire à
la sincérité de sa déclaration d’amour, et de ses regrets de n’être qu’un homme inexorablement mené par sa libido.
Elle même, une femme, n’avait elle pas été victime d’une similaire faiblesse ?
Elle a un instant imaginé une réconciliation… Mais cette renaissance de sentiments a fini par être balayée par son
Le Bilongo.
- Page44
désir de vengeance ! Un soir, Rageusement elle a commencé son courrier de réponse qu’elle a posté dès le
lendemain en partant au travail, pour être sure d’aller au bout de sa détermination.
Les journées de travail, les retours dans sa maison solitaire, se sont suivies dans la morosité. Elle a bien pris la
mesure de sa situation. Le sexe avec Léonard ? Décevant, le mythe de l’africain au sexe impressionnant et aux
performances hors normes, légendes ! Léonard est un beau garçon, mais au gabarit et prouesses sans commune
mesure avec celles de Marc ! A la recherche de son seul plaisir, Léonard, n’est pas le partenaire capable de combler
une femme. Pourquoi s’est elle offerte à lui, car c’est bien ce qui s’est passé ? Les mois de frustration pendant
l’absence et la maladie de Marc, la libido exacerbée par son état, le phantasme des prouesses d’un noir, le désir de
vengeance ? C’est probablement ce dernier sentiment qui a prédominé. Mais maintenant, que faire, nos relations
sexuelles ne m’apportent ni vrai désir, ni vraie satisfaction. Par ailleurs, sa manière très particulière de voir la vie,
est aux antipodes de mes propres conceptions, et ses discutions, de longs discours alambiqués, pour un propos vide
de sens, ou pour démontrer une vérité qui n’existe que pour lui, lorsqu’elle à essayé de soutenir un de ses idéaux, il
n’a pas été intéressé, et s’est contenté de rester inattentif, en pensant ostensiblement à autre chose. Gentil mais trop
superficiel. A qui bon de poursuivre une relation sans intérêt ? Elle s’est décidée, a téléphoné à Léonard pour lui dire
qu’elle ne souhaitait pas poursuivre leur relation, et que leur seul point commun finalement était d’avoir connu
Marc. Léonard, a paru plutôt soulagé, en évoquant le remords qui le rongeait. Cet appel a été leur dernière relation,
Amandine n’a plus revu Léonard.
Elle s’est peu à peu abandonnée au culte du souvenir, a ressorti les albums de photos, regardé avec attendrissement
ce beau garçon qui l’avais rendue si heureuse, et qui était le papa de son bébé qu’elle ne ressentait pas encore, mais
qu’elle savait dans son ventre. Finalement, elle se rendait compte que les écarts de Marc, comme les siens, étaient
trop peu de choses pour pouvoir entamer une si profonde et indélébile tendresse ! Dans un moment de fureur, elle
avait envoyé ce courrier sans lequel tout pouvait être possible…Maintenant il lui fallait assumer le Moulin sans
Marc, la vie toute entière sans Marc. Après la lecture de son courrier, il ne voudrait plus la revoir, et ne lui écrirait
plus c’était évident ! Mais si elle lui envoyait une autre lettre, en lui racontant réellement sa vie et lui avouant la
persistance de son amour. Le peu d’importance de son errance vide de sentiments, incapable d’occulter le souvenir
de son bonheur avec lui. Peut être que…
Les jours, les mois ont passé sans qu’elle se décide, redoutant que cette lettre soit un message dans le vide lui
enlevant tout espoir. Elle s’est consacré à son travail, a eu et fréquenté des amis et amies, célibataires ou en couple,
qui lui on fait passer quelques bon moments, mais aucune autre liaison, l’entretien du moulin, les promenades
solitaires dans son parc, et les photos souvenir ont occupés l’essentiel de son temps libre. Les courriers à ses parents
se sont espacés, ceux cis lui reprochant sa rupture d’avec Marc, sans jamais l’exprimer vraiment. C’était disaient ils,
une ombre qui a assombri leur amitié avec les parents de Marc… Finalement c’était elle qui se sentait fautive.
Le Bilongo.
- Page45
Jours de sabbat
Au retour de Marc, l’organisation de la maison de Luigi avait quelque peu changé. Mathilde y avait déjà ses
habitudes !
Retrouvant leurs coutumières soirées sur la véranda, et en présence des filles Luigi a répondu aux interrogations de
Marc
- Ca se passe très bien. Mathilde s’entend bien avec Félicité et Antonia, et elle apporte un regard neuf sur
l’érotisme. Pour exemple, un soir que j’avais décidé d’entretenir Félicité pendant ton absence pour que tu la
retrouves en pleine forme, Antonia et Mathilde ont passé la nuit ensemble, et Antonia m’a dit que c’était
aussi bien qu’avec moi ! Dur pour l’ego !
Et toi comment s’est passé ton séjour à Brazza ?
- Comme tu le vois, mieux que prévu, puisque je suis resté moins que prévu.
Du coup, espérant en avoir du frais revenant, j’ai jeté ton reste de bouillon Félicité, tu avais raison, il est
moins bon au bout de quelques jours. Et en plus du bouillon, j’espère profiter des leçons que t’a données
Luigi en mon absence, et j’espère aussi que vous me donnerez l’occasion de mieux connaître Mathilde ! De
préférence avec Antonia !
- Ah voila comment j’aime que mon ami s’exprime.
Et Marc est immédiatement retombé dans la vie sulfureuse qui lui avait fait perdre Amandine. Mais étais-ce
irrémédiablement perdu ?
- Bon comme prévu ton contrat est prêt, ton bureau presque prêt, pour le moment ton siège est en tissu, mais
les trois fauteuils en cuir, le tien et deux autres pour tes visiteurs, vont bientôt arriver. Quel est le rythme de
travail que tu as prévu ?
- Je dois encore à mon ancienne boite un résultat de travail sur Djéno, je pense faire un mi-temps chez toi.
Mais peut être pourrons nous discuter de tout ça demain au bureau, et pour le moment se passer un vieux
jazz et demander aux filles de danser en tenues légères, ou sans tenue, ni retenue même. J’aurai l’occasion de
voir Mathilde, sans son tailleur du bureau ?
- Merveilleuse idée, faisons ça. Mais attention, la Mathilde d’ici est une nympho, mais celle du bureau est une
personne responsable de l’accueil, et de l’image de la société. Alors hors d’ici la stricte correction et le
vouvoiement reprennent leurs droits !
Les glaçons tintaient dans les verres, la musique se distillait autour de la véranda, les filles ondulaient lascivement
en suivant la lente cadence caractéristique de Count Basie, quand Mathilde s’est approchée de Marc, et, découvrant
sa toison intime tout prés de son visage, lui a dit.
Puis-je faire quelque chose pour votre service Monsieur Eschevin ?....
Le lendemain Luigi et Marc sont partis ensemble, Marc devant récupérer une voiture de service en fin de matinée.
Le contrat a été signé, et Marc ne devant travailler que le matin pour conserver ses après midi libres en prétextant le
travail sur Djéno, mais en réalité pour enquêter sur les féticheurs ainsi qu’il en avait informé Luigi, s’est étonné du
montant de son salaire.
- Je travaille à mi-temps, et je touche bien davantage qu’a temps plein autrefois, comment est ce possible !
- Ne crois pas qu’il s’agisse de copinage Marc, plusieurs personnes d’ici savent que nous sommes en très bons
termes, mais ils ignorent que tu vis chez moi, et les choses doivent rester ainsi. Ca vas te surprendre, mais
j’ai dans la boite une réputation de rigueur et d’intégrité, d’austérité même. Si je peux t’aider à titre
personnel, ce sera avec plaisir, même pour de grosses sommes, mais dans le cadre de la boite, tout est le plus
strictement réglo. Ton contrat est un contrat standard proposé aux consultants. Ce qui te le fais paraître élevé,
c’est qu’il inclue toutes indemnités. Eloignement, pénibilité climatique, risques infectieux, hébergement,
indemnités d’habillement, et autres. Mais surtout précarité d’emploi, qui fait à elle seule quarante pour cent
de ton salaire. En effet, à la fin de ton travail, si les travaux opérationnels ne nécessitent pas d’aide
extérieure, ton contrat prend fin sans préavis. Rassures-toi, à mi temps, tu auras juste le temps de terminer
avant la fin de ton congé sabbatique.
- Mais je vois que les indemnités d’hébergement sont très élevées et mon logement c’est chez toi !
- Mais les alcools restent à ta charge ! je te le rappelle ! Moi je ne peux pas me permettre de passer pour un
poivrot ! Blague à part, tu es chez toi dans ma maison, sans limites de date, et à titre gracieux. C’est une bien
modeste participation d’un ami, à aider un autre dans sa recherche de guérison. Et encore une fois, le contrat
prévoit ce poste, c’est un contrat standard !
- Et bien avec les salaires que vous proposez, les consultants vont coûter une fortune à ta boite !
- Mais non ! tu es le seul !
Le Bilongo.
- Page46
Plusieurs jours après, Marc se sentait serein, installé dans son bureau définitivement installé, téléphone,
informatique, somptueux bureau de bois exotique massif, fauteuils de cuir pleine fleur, dignes d’un ministre, pots de
plantation exotique, plus une Fiat Croma comme voiture de service, un salaire de directeur, et un travail somme
toutes intéressant, juste avant midi, Luigi, est descendu le voir avant de partir déjeuner.
- Alors est-tu bien dans tes meubles ?
- Bien ? je suis installé comme un pacha ! tu me gâtes trop !
- Je ne te gâte pas, Marc, tu occupes pour la durée de ton séjour chez nous, un bureau créé pour accueillir les
consultants gros calibre.
- Mais tu n’e a pas d’autres et n’en a jamais eu !
- Il faut être prévoyant, il se peut qu’il y en ai d’autres, et un bon gestionnaire d’entreprise se doit de dépenser
la totalité de ses budgets d’investissement ! Nous allons partir pour déjeuner ? je pars le premier, attends un
peu et prend l’avenue Charles de Gaulle, on n’est pas réputé habiter ensemble je te le rappelles.
- Je n’ai pas oublié rassures toi. Juste un mot avant que tu partes. Est-ce que Antonia t’a dit quelque chose de
nos manigances ?
- Pas un mot ! elle m’a toujours servi la même version que celle réservée à Félicité. Tu avais raison on peut
réellement lui faire confiance, et à un point que je n’aurai jamais soupçonné !
- Excellent, je vais essayer de trouver un moment seul avec elle pour refaire la manip de visite de ses parents à
Fouta, j’ai essayé de rencontrer des féticheurs, en interrogeant des passants, personne ne veut donner cette
réponse à un blanc il faut que Antonia m’introduises !
- J’ai compris, et bien tu commenceras par l’introduire toi-même dès ce soir, et moi je reprendrai Félicité avec
Mathilde si elle vient. Je me méfie de cette Félicité, j’ai l’impression d’avoir un serpent dans le lit, c’est
excitant et inquiétant à la fois, et parfois entre stimulation et terreur, la frontière est ténue.
- Monsieur Eschevin ? C’est Mathilde de l’accueil au téléphone, on vient de me prévenir que vous avez du
courrier à retirer aux bureaux de Elf Congo au kilomètre 4.
- Merci Mathilde, savez-vous si un coursier peut le prendre, ça m’ennuie d’aller les voir, je peux néanmoins
les prévenir préalablement au passage du coursier,
- Pas de problèmes, je vais faire le nécessaire, mais à cette heure ci ce ne sera pas possible, les bureaux sont
fermés, mais vous l’aurez vers quinze heures trente.
- Ce sera parfait Mathilde Merci !
Luigi est reparti en fin de conversation en lui faisant un clin d’œil, et levant le pouce en l’air.
Ils se sont retrouvés un peu plus tard pour le repas, ont informées les filles de leur prévision d’organisation pour le
soir, et sont ensuite tous deux revenus au bureau à quelques minutes d’intervalle Marc ayant décidé d’y passer pour
récupérer son courrier. A peine arrivé dans son bureau, Marc à remarqué l’arrivée d’un fax pendant son absence. Les
résultats des analyses du bouillon, et déception…Les noms de plusieurs éléments n’avaient pas de corrélation avec
des produits d’alimentation, et ces noms scientifiques ne lui rappelaient rien, si Amandine avait été là ! Il a donc
souligné les éléments inconnus, y a ajouté un mot manuscrit pour demander à quels produits alimentaire ils
s’apparentaient et a renvoyé le fax à l’expéditeur.
Plus tard, nouvel appel de Mathilde.
- Monsieur Eschevin ? Le coursier est là avec votre courrier, peut il vous le monter sans vous déranger ?
- Oui Mathilde, il peut venir de suite, merci.
C’était un courrier d’Amandine en réponse au sien, d’une brièveté et d’une violence dont il l’aurait cru incapable !
« Bonjour Marc, j’ai bien noté que ta préférence des africaines, t’a tout fait abandonner, ta femme, ton enfant à
venir, ta maison qui sera désormais la mienne, et même ta dignité. Ton ignoble mensonge a fait définitivement se
séparer nos routes. C’est donc en toute franchise, bien que je ne te doive rien, que je t’informe que moi aussi je suis
désormais branché afrique. Ton copain Léonard est devenu mon amant, et ma traversée du désert sexuel que
j’imaginais initialement combler avec toi, a été copieusement remplie du sexe de Leonard, tu n’imaginerais pas sa
vigueur, son endurance, et le flot de ses éjaculations ! Je n’ai peut être pas perdu au change ! Enfin, j’aurai un
enfant blanc qui aura un papa noir, lequel aura eu le courage de prendre la famille que son ami avait laissée dans
l’adversité sentimentale.
Ce courrier constitue une courtoise réponse au tien, et sera le dernier, maintenant, mes nouveaux jeux sexuels,
inventifs et violents, nous conduisent, avec Léonard, à essayer toutes les positions, dans tous les endroits du moulin,
alors j’ai mieux à faire qu’à gratter du papier. »
La lecture du courrier a laissé Marc effondré. La pure Amandine, et l’ancien ami sincère ! Inouï ! Il l’a
métamorphosée, jamais elle n’aurait écrit ce genre de choses. En plus, il a tout dit du détail de sa vie à Léonard, qui
maintenant va se faire un plaisir de lui raconter, si ce n’est déjà fait.
Le Bilongo.
- Page47
Sa sérénité du matin a laissé place à une soudaine déprime. Il est reparti vers la maison de Luigi, et s’est amené une
bouteille de whisky dans la chambre, lorsque Antonia est passée le voir, la bouteille était déjà a moitié vide.
- Arêtes Marc, tu va être malade ! Je vois que tu est triste, rappelles toi ce que tu m’a dit, on est amis, on peut
tout se dire en confiance. Raconte moi tes problèmes, c’est à cause de moi, parce que je n’ai pas trouvé la
cachette de Félicité ?
- Non tu n’y es pour rien ! j’ai reçu une terrible nouvelle, et maintenant je ne suis pas sûr d’avoir toujours
envie de guérir !
- Aucune terrible nouvelle peut t’empêcher de rester vivant. Il faut que tu trouves la solution. Je vais t’aider, et
je compte aussi sur ton aide, les amis c’est fait pour ça, c’est toi-même qui l’as dit. Je ne t’ai jamais trahi, ne
ma laisse pas tomber. Maintenant qu’il y a Mathilde, je compte moins pour Luigi, je ne peux pas t’aimer
comme un mari à cause de Félicité, Une est plus jeune et plus belle que moi, l’autre à triché pour te garder, et
moi qu’est ce que je vais devenir ? Arêtes de boire, j’ai besoin de toi, on va te guérir, et après tu n’aura plus
besoin de Félicité, et tu pourra me prendre ?
- Antonia, je t’aime plus que Félicité, parce que j’ai confiance en toi, et évidement pas en elle. Tu est à Luigi,
même si tu couches de temps en temps avec moi. Tu es belle et tu lui plais encore. Lui il veut du sexe et des
femmes qui l’excitent, tu sais faire ça, et je ne crois pas qu’il te laissera tant que tu sais l’exciter.
Mais tu m’as aidé et tu m’aideras encore, je ne l’oublierai pas, et si je peux me libérer de Félicité, je te
prendrai si tu n’es plus avec Luigi.
Laisses moi boire, j’ai besoin d’oublier. Demain tu viendras avec moi, comme la dernière fois, en prétextant
d’aller voir ta famille. Je veux rencontrer à nouveau le féticheur du petit village avant Pointe indienne. Tu lui
diras que je voudrais le rencontrer parce que je m’intéresse à la magie africaine, malgré que je sois blanc, si
je peux discuter avec lui, je suis sûr d’arriver à le convaincre de me soigner.
- Demain tu ne pourras même pas te lever si tu continues à boire.
Il a regardé la bouteille en murmurant « tu a sans doute raison », elle lui a doucement sortie des mains, s’est levée la
poser sur la table, et a quitté la chambre. Marc a vaguement entendu couler la douche, et l’a vue revenir et
s’approcher du lit pour s’y allonger contre lui, il a senti son corps frais et parfumé, et aussi les caresses sur son corps
auxquelles il s’est abandonné…
Le Bilongo.
- Page48
Le féticheur
L’après midi, Marc est parti avec Antonia. Ils ont quitté la maison sous le regard de reproches de Félicité. Ils ont
roulé en direction de Pointe indienne, dépassé Diosso, et sont arrivés au petit village du féticheur. Antonia, a amené
Marc vers la case du féticheur. Il était absent, et ils ont dû attendre un grand moment son retour.
- M’boté ? (bonjour)
- N’guékélé ? (comment vas-tu ?)
- Mon kélé m’boté (je vais bien)
- Je suis venue te voir avec un ami blanc là.
- Oui, le Français !
- Oui, bonjour, je m’appelle Marc !
- Il voudrait bien voir comment tu fais la magie.
- Mais ma magie, intéresse un blanc ?
- Oui la magie africaine m’intéresse beaucoup parce que…
- Je sais pourquoi ma magie t’intéresse. Je sais aussi que tu n’y crois pas beaucoup ! Alors pour que ma magie
fonctionne, il faut y croire vraiment beaucoup. Il te faut du temps, c’est encore trop tôt.
- Mais si j’y crois, j’ai même de bonnes raisons d’y croire !
- Le connais tes raisons, mais toi, qu’est ce que tu connais de la magie ?
- … Rien, mais c’est pour ça que ce m’intéresse. Qu’est ce que je pourrai y connaître si tu ne me la montres
pas !
- Tu devras revenir souvent, tu devras être patient, je peux te montrer certaines choses de ma magie, mais il
faut que les gens qui viennent me voir, soient d’accord pour être soignées en présence d’un blanc. Ta copine
t’aime beaucoup, c’est bien, et c’est pour ça que je vais te montrer ma magie, mais tu dois venir seul pour me
voir, on va parler, tu vas attendre beaucoup.
- D’accord sans hésitation. Quand veux-tu que je vienne ?
- Tu viens !
Après cette étrange discussion, ils sont repartis, vers Loango et Pointe Noire. Marc s’est arrêté a Loango pour boire
avec Antonia, une bière tiède, mais aussi pouvoir parler, ce que le bruit de la voiture sur la piste, ne permettait pas
facilement.
- Q’est ce que tu en penses ?
- C’est un vieux féticheur, il est très connu, on dit qu’il est plus fort que beaucoup d’autres. Je suis sure que ce
n’est pas lui qui a fait le bilongo pour Félicité, d’abord parce qu’il est trop loin, et que félicité a du aller seule
pour voir le féticheur, et elle n’a pas de voiture.
- Elle a pu s’y faire accompagner.
- On ne peut pas se faire accompagner chez un féticheur pour qu’il fasse un bilongo !
- Pourquoi pas, on a bien été voir l’autre, nous.
- Mais c’est pas pareil, un bilongo, c’est grave ! Félicité elle peut être tuée si on sait qu’elle fait faire des
bilongos !
- Autrement dit, si je guéris, Félicité est en danger ?
- Oui ! Et elle le sait, c’est pourquoi elle ne te le dira jamais, même si maintenant, elle sait peut être que tu as
compris. Elle te tient, tu ne peux pas la lâcher.
- Et si je guéris ?
- Normalement on guérit pas !
- Mais alors c’est inutile que je perde mon temps avec le vieux féticheur !
- Tu vois, il a raison, tu ne crois pas vraiment ! pour trouver ce que tu as, c’est une magie difficile. S’il trouve,
il pourra te guérir ! Il t’a dit de venir longtemps, parce qu’il veut te voir, longtemps pour comprendre ce que
tu as il va rien te dire, mais il va chercher en toi pendant qu’il te parles. Tu devra lui donner de l’argent, il n’a
que sa magie pour vivre, si il passe beaucoup de temps avec toi, il peut pas gagner d’argent. Tu dois y aller le
plus souvent possible pour avoir toutes tes chances.
- Je peux y aller tous les après midi.
- C’est bien.
- Félicité, elle va bientôt passer le permis.
- A oui ? Et toi ?
- Moi aussi, mais je crois qu’on va l’avoir toutes les deux. Le patron de l’auto école m’a dit que Luigi est allé
le voir, je sais qu’il va gagner plus si on a le permis que si on va au cours.
- Ah, ce Luigi ! quand il veut quelque chose !
Le Bilongo.
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-
Mais c’est pas bien, Félicité elle sait déjà que tu m’aimes plus qu’elle, elle m’a disputée pour ça l’autre jour.
Quand elle aura son permis et sa voiture, est-ce qu’elle ne va pas cesser de te donner le produit pendant un
moment pour que tu comprenne que tu peux pas la lâcher ? …
Marc a assidûment passé ses après midis à la case du vieux féticheur. L’essentiel, du temps, il a attendu, en ayant
quelques occasions de discuter avec lui. Un jour le féticheur s’est assis a coté de lui, il lui a alors demandé.
- Comment tu as fait pour connaître la magie ?
- Mon père était féticheur, et avant lui, son père. Il m’a appris à communiquer avec les anciens, c’est ça le plus
important. Pour connaître la magie il faut comprendre beaucoup de choses, un homme seul ne peut pas en
savoir assez, il faut demander l’avis et les connaissances de tous les anciens féticheurs de ma famille ou des
autres qui veulent me parler.
- Mais ces féticheurs sont vivants ?
- Ils sont pas vivants, mais ils me parlent quand même, je crois que c’est difficile de comprendre pour un
blanc. Mais bientôt tu verras, demain je dois guérir un homme qui a du mal au bras. Il a mis des produits de
blanc pour se guérir tout seul, mais maintenant il vient me voir parce qu’il ne peux pas guérir, le produit des
blancs a fait grandir son mal. Il sait que tu sera la.
Le lendemain, Marc est arrivé tôt à la case. Il a vu le féticheur, et a attendu longtemps dehors. L’homme est enfin
arrivé, soutenu par un autre et accompagné de plusieurs personnes de sa famille. Tous sont rentrés dans la case à la
suite du féticheur, qui est ressorti au bout d’un instant pour dire a Marc d’entrer avec eux.
Assis par terre, dans l’obscurité et la fournaise de la case sans fenêtres, il a observé attentivement la séance.
Le vieux féticheur était assis au milieu d’un amas de différentes plantes, d’une innombrable variétés différentes,
rangées en plusieurs tas, de plusieurs couches chacun. A coté de lui, une vieille bassine d’aluminium, à demi pleine
d’eau et équipée d’une bougie allumée en son centre constituait la seule source de lumière en dehors des maigres
infiltrations de soleil. Lui faisant face, plusieurs statuettes de personnages, dont certaines étaient bicéphales à faces
opposées.
La famille était groupée d’un coté de la case, derrière le malade, Marc était installé de l’autre coté.
L’homme malade, avait une énorme tumeur sur l’avant bras. Laide, desquamée rougeâtre et suintante.
Le féticheur, après un grand moment de silence, a commencé à chanter de mystérieuses mélopées d’une vois éraillée
méconnaissable, brusquement stoppée pour une prostration silencieuse.
De temps à autre et de façon inattendue, il reprenait ses éprouvantes mélopées à donner le frisson, suivies du
brusque silence pesant. Plus tard, il a saisi tour à tour, différentes statuettes en chantant à chacune une bribe de
mélopée en utilisant pour chacune une voix et une intonation différentes. Il s’est absorbé alors d’une longue
prostration silencieuse, puis s’est soudainement levé avec une souplesse inattendue, et a quitté la case en disant à
Marc de le suivre. Marc s’est levé douloureusement, ses jambes anesthésiées d’ankylose, et l’a rejoint le féticheur
dehors tandis que malade et famille restaient à l’intérieur.
- Tu n’as rien entendu ?
- Ben si, je t’ai entendu chanter.
- Mais tu n’a entendu personne que moi !
- Et biens non ! les autres n’ont rien dit, qu’y avait il à entendre ?
- Les ancêtres quand ils ont parlé, tu n’a pas entendu !
- Non.
- Ils ont parlé, ils m’ont dit ce qu’était le mal de l’homme. Je t’ai fait sortir, parce que la famille ne peut pas
entendre ça ! On va revenir maintenant, pour chercher le remède.
Les mélopées suivies de silence, et les interrogations des statuettes ont repris, ajoutées cette fois par le choix de
plantes dont il jetait une pincée dans l’eau de la bassine. Il posait la main sur les tas de plantes, interrogeant chaque
statuette par une mélopée aux accents changeants, se laissant apparemment guider par leurs inaudibles réponses. Il
s’arrêtait soudain et restait immobile et silencieux à observer le comportement de flottaison des végétaux ajoutés.
Puis satisfait, il reproduisait la scène pour poursuivre ses investigations.
Enfin, il s’est levé, puis est sorti en faisant signe à Marc de le suivre une nouvelle fois dehors.
- On va rester un peu ici, je crois avoir trouvé le remède, dans ce cas le mal doit sécher. Alors je saurai que le
remède est bon, et je préparerai la magie pour lui sortir tout a fait le mal.
Perplexe, Marc n’a pas répondu, ils sont restés un grand moment silencieux, le féticheur a dit
- On va rentrer, le mal est sec, l’homme peut repartir, il reviendra demain.
Il est rentré, Marc l’a entendu perler, et il est ressorti suivi de l’Homme et sa famille. Lorsqu’il est passé près de lui,
Marc a vu le mal moins rouge, moins enflé, mais surtout totalement sec ! Il est reparti en précisant qu’il reviendrait
demain. Et durant le trajet de retour, il a repensé à l’incroyable résultat obtenu du féticheur sans aucun contact avec
le mal de l’homme.
Le Bilongo.
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A la maison il n’a parlé de rien. Evidement. Mais le lendemain, après avoir travaillé le matin et pris le repas avec
Luigi, il est vite revenu à la vers la case, mais, avant d’y arriver, il a croisé l’homme, a pied, seul. Il l’a salué, et
l’homme lui a dit
- Ca y est, je suis guéri, je dois garder ce pansement trois jours, mais mon bras n’est plus rouge, et je n’ai plus
mal déjà.
Marc a vu ensuite le féticheur et lui a raconté avoir croisé l’homme.
- Oui il est guéri dans trois jour son bras sera comme l’autre. C’est ça la magie africaine, c’est plus fort que les
remèdes des blancs. Les blancs ils inventent toujours de nouvelles choses, ils se trompent, c’est dans le
passé, mais pas dans le futur qu’il faut chercher la solution. Et c’est pour ça que les blancs ne comprennent
pas notre magie, quant tu seras prêt à comprendre, je te guérirai aussi ! Il faut attendre.
Les semaines se sont suivies, Marc à rencontré le féticheur tous les jours, recevant peu a peu ses avis sentencieux
- Il faut se servir de la nature, la nature peut faire le mal, mais elle peut ensuite faire le bien. Une plante te fait
mal, une autre te guérit. Toute la vie vient des plantes, si un animal ou un homme te fait du mal, les plantes
vont te guérir.
Demain je vais soigner une femme qui est très malade, elle est restée très longtemps dans l’hôpital Cicié à
Pointe Noire, parce que sa famille ne croyait pas à la magie. Mais une femme est venue me voir, elle m’a dit
qu’elle aimait trop sa sœur pour la laisser mourir, alors je dois la guérir.
Le lendemain, Marc était la. Il a vu arriver une délégation familiale, précédents trois hommes qui transpostaient une
jeune femme inconsciente, un à chaque épaule, un autre tenant les jambes. Ils sont tous entrés à la suite du vieux
féticheur, la femme a été couchée à coté de la bassine, la famille occupant plus de la moitié de la case, et lui à la
place qui lui était dévolue.
Les séances d’incantation, d’interrogation de statuettes, la prostration se sont longuement poursuivies. Cette fois ci
ils ne sont pas ressortis, ils sont restés plusieurs heures dans la fournaise enfumée, et la moiteur des corps. Marc
sentait la sueur lui ruisseler dans le dos. Le vieux féticheur, a poursuivi avec le choix des végétaux, il a ensuite
écrasé une sélection de végétaux entre deux pierres plates qu’il avait près de lui contre l’un des tas. Il a mis la
poudre obtenue dans la bassine également en montrant du doigt à l’attention de Marc, les formations géométriques
de l’évolution de la préparation pulvérulente en flottation.
Ils sont enfin sortis, Marc avait le sentiment de s’être douché tout habillé, et l’air du dehors l’a fait frissonner.
- Cette femme a un poison dans le corps. Je dois lui sortir et elle guérira. Tu vas m’aider. Le poison ne doit pas
sortir à l’air Je dois le sortir de son corps et le mettre dans un autre corps vivant a la place. On y va
Marc l’a suivi passablement préoccupé, le vieux féticheur a parlé. Une des personnes est sortie, tandis que d’autres
dénudaient totalement le corps de la jeune femme toujours inerte. Il a ensuite repris ses incantations longuement, a
rajouté des feuilles sèches dans la bassine, plus tard il a installées des brindilles en équilibre sur les feuilles toujours
en flottation. La personne qui était sortie est revenue et a donné un œuf au vieux sorcier, qui l’a pris, l’a mouillé
dans l’eau de la bassine, l’a essuyé sur un pan de son boubou et l’a posé près de lui.
Il a donné ensuite à Marc une vieille lame de rasoir en lui demandant de pratiquer des légères incisions dans la chair
de la jeune femme symétriquement sur chaque poignets, chaque épaule, sous chaque seins, de part et d’autre de son
pubis, sur ses cuisses, ses genoux et ses chevilles.
Marc s’est exécuté à contrecoeur, avec le sentiment de pratiquer l’immolation terminale d’une personne ayant déjà
presque quitté la vie. Chacune des incisions à émise du sang s’en écoulant lentement. Le sorcier à donné l’œuf à
Marc en lui demandant d’en mouiller des parties chaque fois différentes sur chacune des incisions, en lui
recommandant de ne pas toucher le sang empoisonné avec ses doigts. Il a exécuté la demande sur les quatorze
points, un exercice répugnant et très délicat. Le vieux sorcier a pris l’œuf, utilisant l’emplacement précis des doigts
de Marc pour y mettre les siens, et a entrepris de recouvrir totalement sa coquille tachée de sang, d’une pellicule de
cire provenant de la bougie.
Il a ensuite posé l’œuf dans l’eau de la bassine, et l’a laissé flotter un long moment en l’observant. Il l’a essuyé une
nouvelle fois a son boubou, à déposé un grand papier par terre, et a demandé à Marc de casser l’œuf dessus en
prenant garde de ne pas en toucher le contenu. Marc a donc tapé l’œuf délicatement par terre plusieurs fois avant
d’arriver à le casser sans dommages pour lui, et en a déposé le contenu sur le papier. L’albumine s’y est étendue et
le jaune est resté intact en prenant une curieuse forme oblongue.
- Il n’y a rien dans l’œuf !
- Il faut ouvrir le jaune, dans l’œuf, la partie vivante c’est le jaune, c’est lui qui deviendra un poussin.
Le vieux sorcier à pris une baguette de bois de son tas végétal, et, sous le regard attentif de Marc, a crevé le jaune et
l’a étendu en y rassemblant son contenu sur le papier. Une grosse aiguille à coudre oxydée, plusieurs brins de fils
extrêmement petits, une sorte de minuscule crochet et quatre petites boules grises. Le féticheur est sorti avec le
papier entraînant Marc derrière lui.
Le Bilongo.
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-
Tu as vu, et c’est toi qui as sorti tout ça !
Mais c’est toi qui l’y a mis !
Je n’ai rien mis moi-même, ça a quitté le corps de la fille pour rentrer dans l’œuf. Il y avait les cheveux du
moundélé, la griffe du serpent qui vole, les quatre plombs et la grande aiguille qui obligeait le jaune a rester
ovale parce qu’elle était trop grande.
- Le serpent qui voles ?
- Oui il s’appelle Rhamphiophis c’est un cousin de la variété asiatique il est très petit, sa griffe lui faisait des
blessures dans les intestins, après les cheveux du moundélé, c’est le blanc tu sais, quand ils sont coupés très
court, ils restent comme des petites aiguilles qui peuvent pas se digérer et perforent les intestins, un peu tous
les jours. Les boules c’est les jours que la fille avait de vie avant que l’aiguille lui transperce le cœur.
- Maintenant tu vas me payer une mousse, la bas au bout du village, la fille est guérie, ils vont la laver et
l’habiller on doit les laisser tranquilles. On va rester ici, ils vont passer devant pour revenir.
Ils ont discuté un moment, puis le groupe familial est arrivé entourant la jeune femme qui, bien que très faible,
marchait !
Marc était stupéfait ! Elle s’appuyait sur l’épaule d’un des hommes certes, mais elle marchait !
Un autre des hommes s’est approché, a pris la main du féticheur, l’a embrassée dévotement, et a rejoint les autres.
Ils les ont regardés disparaître, et le vieux féticheur s’est levé en disant à Marc,
- Tu peux repartir maintenant.
Marc s’est levé, alors, le féticheur, lui a posé une de ses mains dans les reins, l’autre sur le ventre en restant
immobile et le regardant dans les yeux un long moment sans ciller.
- Tu seras bientôt prêt. Sois encore un peu patient.
Il est parti sans se retourner, abandonnant Marc, resté ébahi…
- Salut Marc, Félicité et Antonia sont déjà arrivées, elles préparent un apéritif spécial elles vont passer le
permis demain, fais comme si tu n’étais pas au courant, elles veulent te faire la surprise. J’ai prévu d’aller
voir ça, la conduite se fait en suivant la route de l’aviation. Tu viendras ?
- Bien sûr Luigi, je viendrai, si elles l’ont, on fera une fête au retour.
- Si elles l’ont, mais elles vont l’avoir ! elles ont si bien travaillé !
- Je sais. Antonia m’a dit que tu étais passé à l’auto école !
- Un africain discret ! Tu parles, il fallait s’y attendre ! Il n’y a que Antonia qui sache rester discrète !
Le jour du permis est arrivé, Sur la zone de terrain réservé aux permis de toutes catégories, et également dans le
grand bâtiment servant de salle d’examen, les six candidats étaient accompagnés d’une trentaine de personnes,
parents, voisins, amis, venus les soutenir dans leurs épreuves. Il faut dire que le spectacle valait le déplacement.
L’examen se faisait comme à l’école primaire, l’examinateur interrogeait verbalement et tour à tour chacun des
différents candidats, en validant ou pas leur réponse. Les réponses jugées justes étaient suivies d’une salve
d’applaudissement des accompagnants et des autres candidats.
C’est dans cette joyeuse ambiance que se trouvaient Luigi et Marc, seul blancs de l’assistance, mais produisant
pourtant les applaudissements les plus nourris.
Les questions d’intelligence et de réflexion ont constitué le clou du spectacle.
- Examinateur : Combien de roues a une voiture ?
- Candidat : Quatre roues monsieur !
- Examinateur : C’est mauvais, la ! Y a cinq roues vraiment, il doit toujours avoir la roue de secours en plus !
- Accompagnants : bouh ! bouh ! mauvais !
- Examinateur : Qu’est ce qui est très dangereux pour un homme qui conduit !
- Candidat : La femme monsieur ! Car quand une jolie femme passe dans la rue, le conducteur la regarde et
peut provoquer l’accident
- Examinateur : C’est bon, la ! C’est gagné en tout cas !
- Accompagnants : C’est bon, bravo ! Bravo !
- Examinateur : En conduisant, vous passez sur un petit pont, ou il y a votre mère qui marche à droite, et tous
vos frères et sœurs qui marchent à gauche. Que faites vous ?
- Candidat : Je dois écraser ma mère monsieur, il vaut mieux faire une victime et épargner un groupe de
personnes !
- Examinateur : C’est bon, la ! C’est aussi gagné vraiment !
- Accompagnants : C’est bon, bravo ! Bravo !
Les épreuves de conduite ont suivi l’examen, après des manœuvres à l’intérieur du terrain du permis, chaque
candidat ayant satisfait à l’examen et aux manœuvres a fait un petit tour sur la route de l’aviation.
Marc et Luigi, ont suivi Félicité et Antonia tour à tour, dans leur propre voiture.
Le Bilongo.
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Tout s’est bien passé, les filles ont obtenu leur permis, elles n’avaient plus qu’à passer au service des cartes
grises la semaine suivante, pour prendre leur triptyque rose.
Elles sont revenues à la maison dans la voiture de Luigi et Marc, folles de joie ! Luigi est directement allé au
restaurant le plus chic de Pointe Noire, ou une table pour quatre était réservée. Les garçons, immaculés, et
empressés, les ont fait prendre place, s’adressant aux filles avec déférence, ce qui les faisait gonfler de fierté.
Après le repas, chacune d’elle a conduit. Félicité du restaurant à la gare, Antonia, de la gare à la maison…
Dés le lendemain, ainsi que les jours suivants, Marc est reparti voir le vieux féticheur. Il recevait des gens,
parfois, et Marc assistait à la séance, Ils discutaient tous les deux, une grande partie du temps restant.
Un jour au cours d’une de leur discussion, assis sur un tronc à coté de la case, le vieux féticheur lui a simplement
dit
- Viens.
Marc l’a suivi, ils se sont arrêtés un peu plus loin, à l’extérieur du village, et la, le féticheur à remis ses mains sur ses
reins et son ventre en les appuyant assez fort et fixant son regard. Il s’est ensuite mis à marmonner d’une voix
extrêmement grave, sans le quitter des yeux. Soudain Marc a été pris d’une violente nausée, et a vomi une chose
gluante rouge sombre de la grosseur d’un demi poing, qu’il a expulsé dans la poussière devant lui, secoué de
spasmes.
- Regardes la. C’est ton bilongo qui est la ! Tu dois l’écraser avec ta chaussure.
Marc l’a soigneusement écrasé en frottant le pied dans la poussière pour décoller cette masse gluante de sa semelle.
Des frissons lui parcourant l’échine.
- qu’est ce que c’était ?
- Je te l’ai dit, c’était ton bilongo !
- Mais comment savais tu que j’étais bilongoté ?
- C’est fini, tu peux partir maintenant, elle ne te tient plus. C’est maintenant elle qui aura des problèmes.
Marc a tenté d’en savoir plu, il l’a interrogé, mais le féticheur, s’est contenté de lui sourire d’un air énigmatique
avant de repartir vers sa case. Marc l’a suivi, est rentré a sa suite dans la case, et a glissé une liasse de billets sous le
bassine, il a serré la main du vieillard, ils se sont regardés silencieusement, et Marc est reparti sans un mot…
Luigi et Marc ont profité de l’absence des filles, qu’ils avaient accompagnées chercher leur permis, pour convoyer
les deux Fiats et les garer dans le jardin de la maison. Lorsqu’ils les ont ramenées, et qu’elles on vu les voitures, une
bruyante manifestation de joie mêlée de pleurs les a saisies, et elle ont caressé les carrosseries avec émerveillement.
- Les papiers à votre nom sont dans les boites à gants, la voiture rouge est pour Félicité, et la bleue pour
Antonia, je sais que c’et vos couleurs préférées. Maintenant, vous allez monter pour vous faire très belles,
pendant que Marc et moi, nous prendrons un verre sur la véranda. Après on reviendra au restaurant chic,
mais chacune de vous prendra son homme dans sa voiture !
Marc a profité de l’absence des filles, pour raconter sa dernière visite au féticheur. Luigi l’a regardé avec stupeur.
- Il t’a extirpé le bilongo ?
- C’est ce qu’il m’a dit, une chose répugnante, rougeâtre, gluante, il m’a dit que j’étais libéré désormais, et que
la femme allait avoir des problèmes !
- Mais il savait pour Félicité ?
- Mais non ! pas du tout !
- Mais comment as il su ?
- Je n’en sais rien, mais tu sais, je lui ai vu faire tellement de choses surprenantes, que je ne m’étonne plus de
rien !...
Les deux fiats se sont garées, un peu maladroitement, en face de l’entrée de l’établissement, les garçons les ont fait
s’installer avec plus de cérémonie que la fois précédente, donnant aux filles du « je vous en prie madame » qui les
remplissait de fierté une nouvelle fois. Elles étaient des dames ! Des grandes dames qui conduisaient leurs amis
blancs !
A la fin du repas, Antonia a payé le serveur en laissant un généreux pourboire. Et ils sont repartis, les filles dans une
attitude de dignité.
Marc et Luigi se sont installés une nouvelle fois sur la véranda, le verre a la main, un léger fond de swing, baignant
la nuit.
- A ta guérison mon ami !
- Merci Luigi, a ma guérison, si elle est réelle !
- Parce que tu n’en es pas sûr ?
- Tu le serais, toi, à ma place ?
- Non, sans doute pas, tu a raison.
Le Bilongo.
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-
Demain, après le repas, je vais brutalement annoncer que je vais repartir en France pour toujours, en fait, je
vais habiter au Malonda lodge, encore une fois pendant quinze jours ou trois semaines le temps d’être sûr de
n’avoir plus besoin de contre poison, je viendrai au bureau, en garant ma voiture dans un coin du parking
qu’on ne voit pas depuis la route, on se verra donc tous les jours. Je travaillerai toute la journée pour
m’avancer au cas ou je devais m’absenter plus tard. Je te donnerai une lettre pour Antonia, que tu lui
passeras dans l’intimité. Elle y mettra le temps, mais elle le lira, tu l’aideras si nécessaire. Elle est pour
beaucoup dans ma guérison, tu le sais.
Si je me vois rechuter, je rapplique aussitôt à la maison !
- Ok, mais moi, je suis sur que tu est guéri !
Marc a annoncé son départ, et s’est aussitôt levé, a pris son sac préparé le matin pendant que Félicité était sous la
douche, a fait une bise à tous, y compris à Luigi, et a quitté la maison. Sous le regard effaré des filles.
A peine Marc parti, félicité a dit.
- Il est parti trop brusquement, il a du oublier des choses, il va avoir des problèmes.
- Si il a oublié des vêtements, il en achètera d’autres !
Félicité n’a pas répondu, elle a gardé un air boudeur en disant qu’il aurait pu lui en parler hier, ou alors, il a reçu
quelque chose ce matin…
Les jours sont passés sans problèmes, Marc allait tous les jours au bureau, et passait un moment dans celui de Luigi
prendre un café vers dix heures. Ils discutaient de choses et d’autres, de la santé de Marc, des prouesses de Mathilde,
comparées avec celles de Antonia. Luigi affirmant que Mathilde était essentiellement lesbienne et ferait un mauvais
coup seule, mais qu’avec Antonia c’était un tandem divin !
- Par contre, Félicité est très préoccupée, elle devient hargneuse avec les autres, elle est à peine courtoise avec
moi, si tu vas vraiment bien et qu’elle continue comme ça, je l’éjecte ! Elle gardera la voiture, je n’en fous,
mais elle dégagera.
Elle ne fait presque plus rien dans la maison, c’est Antonia qui prépare les repas, Mathilde l’aide quand elle
vient, mais elle ne vient toujours pas tous les jours.
- Finalement, qu’elle ne fasse pas du tout de repas serait mieux ! Attendons si tu veux bien encore une
semaine, pour être sûr que je sois tiré d’affaire. Et après tu peux la faire dégager, je le ferai moi-même quand
je reviendrai, si tu préfères.
- Non, pas de problèmes, tu donnes le feu vert, et elle dégage !
Dix jours plus tard, un matin, au café dans son bureau, Marc a dit à Luigi, que pour lui tout allait bien, et qu’il
rentrerait à la maison en fin de semaine.
- Pas de regrets ? J’éjecte Félicité, il me tarde, elle est odieuse ! Cet après midi, elle ne sera plus a la maison !
C’et le lendemain matin, dans son trajet du Malonda lodge au bureau, que Marc a été arrêté par un grave accident au
carrefour de Mpaka à l’entrée de Pointe Noire. Un gros camion de chantier avait quasiment écrasé une Fiat rouge
qui lui avait coupé la route. Marc est descendu de voiture et s’est approché. Un corps sans vie était coincé entre
portière toit et volant, une flaque de sang avait coulé sur la route. Marc a immédiatement reconnu le corps, il savait
d’ailleurs avant de la voir. Félicité !
Il a rejoint sa voiture, le froid dans le dos. Du chagrin ? Peut être un peu. Mais un sentiment de délivrance ? Oui
certainement ! Mais quel gâchis !
Il a annoncé la nouvelle à Luigi qui lui a répondu
- C’est malheureux, mais c’est une heureuse issue finalement ! La voiture était assurée à mon nom, je donnerai
l’argent de son remboursement à Antonia, ce sera l’héritage de sa copine ! Je l’ai mise dehors hier, elle avait
compris, je pense que pour son bilongo, c’était foutu ! Quelle autre issue avait elle ? Recommencer à
bilongoter un autre, l’américain est parti, mais elle en aurait accroché un autre ?
A midi ils sont rentrés tous les deux à la maison, et Marc a annoncé la nouvelle à Antonia.
- Ca devait arriver, c’est la malédiction de ceux qui font faire des bilongos, le vieux féticheur te l’avait dit, tu
me l’a écrit ! Il devait lui arriver malheur ! Maintenant tu n’as plus de copine, je vais m’occuper de toi, je
vais te consoler de caresses !
- Mais non, et moi alors ?
- Toi tu as Mathilde !
- Mais Mathilde et toi, toutes les deux, c’est mieux !
- Et bien, à ce moment, on fera tous les quatre en même temps, on va pas laisser Marc tout seul quand même !
- Génial !
Et les jours se sont poursuivis ainsi dans la douce débauche si chère à Luigi, mais que Marc commençait à apprécier.
Un matin, alors qu’elle avait quitté peu avant son lit, Mathilde à appelé Marc
Le Bilongo.
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-
Monsieur Eschevin ? On m’informe que vous avez du courrier à votre ancien bureau du kilomètre quatre.
Dois-je faire la même procédure que la dernière fois ?
- Oui Mathilde, faites comme la dernière fois, ce sera parfait.
C’était un courrier d’Amandine ! Marc n’aurait jamais envisagé de recevoir un courrier d’Amandine ! Il a hésité
avant de l’ouvrir en pensant « Ce salaud de Léonard, maintenant qu’il a pris ma femme, il voudra prendre ma
maison. Je suppose qu’Amandine doit m’écrire pour ça ! Elle est enceinte de presque cinq mois, ce n’est donc pas la
naissance du bébé qu’elle m’annonce ! »…
Le Bilongo.
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Retrouvailles
Il a enfin ouvert l’enveloppe.
«Mon chéri.
Je t’appelle mon chéri parce que pour moi tu l’es encore ! Il est probable que pour toi je ne sois plus rien, après la
lecture de mon dernier courrier, ce serait légitime. Je ne me souviens plus précisément ce que je t’y ai dit, mais
c’étaient des mots cinglants, dictés par ma fureur de découvrir ta trahison, ton mensonge.
Le temps a passé, et je ne peux plus te reprocher grand-chose maintenant que j’ai fait pareil.
J’ai été la maîtresse de Léonard, pour te faire mal, sans aucun sentiments ni aucune satisfaction sexuelle au delà des
premiers jours. Comme toi, je t’ai trompée, et comme toi, je t’ai menti en te laissant croire que je refaisais ma vie
avec lui. C’est avec toi que je voudrais la refaire. Il y a maintenant plus de deux mois que je vis seule, et que je passe
des jours à penser a toi ! Mais je ne dors pas seule, j’ai mis ta photo sur la table de nuit, et tous les soirs je m’endors
sous la protection de ton regard.
Tu vas être papa d’une fille, et j’aimerais tant qu’elle voie son papa à sa naissance ! Même, si tu ne dois pas revenir
avec moi, ça me ferait beaucoup plaisir que tu assistes à sa naissance. Pas pour t’imposer sa paternité, non,
seulement pour que tu la voie. Peut être que ton état de santé nécessite que tu restes au Congo, à l’époque ou on se
fréquentait,
Léonard m’avait parlé de ton retour là bas, et de tes raisons d’y séjourner, que je connaissais déjà d’ailleurs. C’est
une chose effroyable pour moi de te savoir contraint d’y vivre pour te maintenir en bonne santé. Si tu est donc dans
l’impossibilité de venir, peut être pourra tu m’écrire une gentille lettre que je lui lirai ? C’est en tout cas dans cet
espoir que je t’envoie toute ma tendresse.
Je t’aime Marc, Je t’aime toujours ! »
La lecture de la lettre, l’a ému aux larmes. Il l’a relue plusieurs fois, n’interrompant sa lecture que pour essuyer ses
larmes et se moucher. Il est resté une bonne partie de l’après midi à penser à ce revirement de situation
extraordinaire.
Il était guéri de son bilongo, il était libéré de Félicité, il avait retrouvé l’amour d’Amandine ! Il était libre de ses
choix désormais. Entre la vie crépusculaire, bien que plaisante, de débauche sans avenir qu’il vivait ici, et la vie
avec Amandine et son bébé au moulin et en France !
Marc a appelé Luigi dans son bureau.
- Luigi, c’est moi. Est tu très occupé ?
- Oui, mais de choses que je peux remettre ! Tu veux monter ?
- Oui, je dois te parler d’une information majeure que je reçois ! Mais ça risque d’être long.
- Pas de problèmes. Montes !...
- Installes toi, je vais me servir un whisky, je t’en sers un ? Mon bar de bureau ne contient que d’excellents
purs malts de 25 ans d’âge tu sais !
- Avec plaisir, c’est un peu tôt, mais ça m’aidera à avaler, tant la nouvelle dont je veux te parler m’a laissé la
gorge sèche !
Marc a tout raconté à Luigi. En complétant les choses qu’il savait déjà, mais par bribes. Il lui a demandé
- Et quelle décision va tu prendre ? à ta place je serai déjà dans l’avion.
- Celle de prendre l’avion précisément. Tu es mon ami, je t’aime bien, je suis bien chez toi, mais ça ! Ca pèse
davantage encore ! Je vais mettre les bouchées doubles pour terminer le travail que tu m’a confié, faire en
sorte de tenir ma promesse à Antonia, de ne pas la laisser tomber, et partir.
- Marc, apporte vite une conclusion à ton étude, elle n’est pas d’une grande importance, moi seul peut en
juger, et pars au plus vite. Antonia est avec moi. En tout cas pour le moment.
- Justement, j’ai promis à Antonia une situation pérenne. Si tu changes de goût, elle n’a aucune garantie. J’ai
eu une idée, elle qui aime beaucoup les vêtements, je vais lui acheter une boutique mode, grâce à toi j’ai pas
mal de fric, je lui dois bien ça, et pour toi, ça ne changera rien. Tu n’aura cas lui dire de trouver une petite
bonne craquante pour la remplacer aux fourneaux.
- Ah Marc ! Tu à toujours des idées extravagantes mais géniales ! Elle ira dans son commerce avec sa voiture
madame ! On fait cinquante, cinquante. Tu as apporté l’idée, tu vas trouver le commerce, je me contenterai
d’apporter le fric !
- Mon, Luigi. C’est le prix de ma guérison !
- Parfaitement, c’est un gros boulot d’investigation ! mais tu vas y arriver ! Marc je gagne trois fois ton salaire,
le fric n’est vraiment pas un problème pour moi ! Gardes le tien, tu gâtera ta fille en pensant à tonton Luigi !
Le Bilongo.
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Antonia a été enthousiasmée par le projet de commerce, plusieurs jours durant, elle a parcouru Pointe Noire avec
Marc, pour trouver un local, en lui demandant comment il fallait faire pour la marchandise, les commandes etc…?
Et Marc lui en a expliqué les grandes lignes…
Un jour, il s’est arrêté devant une boutique chic, et y a fait rentrer Antonia. La vendeuse s’est aussitôt approchée.
- Bonjour, messieurs dames, c’est pour madame je penses, je vais vous montrer notre collection de mode,
chemisier ? Robe ?
- Bonjour, non, rien de tout ça, nous avons rendez vous avec madame Massamba, la propriétaire, dans une
demi heure. Je suis arrivé en avance juste pour que vous fassiez visiter le magasin à la nouvelle propriétaire
ici présente !
L’affaire à été rondement menée, Il a du expliquer à Antonia, qu’il avait appris par la chambre de commerce, les
difficultés de madame Massamba, qui avait fait de trop gros emprunts qu’elle ne pouvait couvrir, ayant tout financé
à crédit. Que elle n’avait pas de crédit, puisque la totalité était payée par Luigi qui l’aimait assez pour ça ! Elle
devait garder la vendeuse, qui en fait s’occupait de tout depuis bien longtemps, et elle ne serait que patronne !
Eperdue de remerciements, elle à embrassé Marc.
- C’est à Luigi qu’il faut faire ça !
- Je lui ferai, crois moi, il ne manquera de rien, mais sans toi, je ne serai pas patronne ! Je suis maintenant à
l’abri quoiqu’ il arrive ! Tu as tenu plus que ta promesse. Je sais que tu dois partir bientôt, moi je ne
t’oublierai pas !
Les semaines suivantes, Marc a bouclé son étude d’une conclusion plus que succincte, que Luigi à trouvé parfaite et
a mise dans son coffre du bureau.
Il a dit au revoir a tous au cours d’une soirée coutumière sous la véranda, arrosée du champagne qu’il avait apporté,
et au matin, Luigi et Antonia l’ont accompagné à l’aéroport…
A Toulouse Blagnac, il a récupéré sa voiture au parking longue durée, et,après le règlement d’une note salée, est
parti vers l’hôtel du lac à Boussens , ou il a pris une chambre.
Dés son arrivée dans la chambre, il a pris rendez vous par téléphone avec le chef du personnel de Elf à Boussens,
qu’il a rencontré dès le lendemain.
- Bonjour, j’ai l’intension de cesser mes congés sans solde, et de reprendre le travail.
- Pas de problèmes, juste quelques papiers à remplir. Quant comptez vous reprendre ?
- Au début du mois prochain, si c’est possible.
- Ok , Je m’occupes de commencer les papiers sans vous, allez voir votre ancienne hiérarchie, je crois savoir
que votre ancien poste est vacant, mais faite vous le confirmer avec lui, et repassez signer les documents
avant de partir, je remplirai la partie affectation avec vous à cette occasion.
- Oui d’autant plus que je souhaite obtenir un poste sédentaire.
- Avec vos déboires de santé laissés par votre dernière mission, je m’en doutais un peu figurez vous, ça vous
étonne ? avant de vous recevoir, j’ai lu votre dossier, bien sûr !
- Rassurez vous, plus rien ne m‘étonne désormais.
Son ancienne hiérarchie s’est déclarée ravie de le revoir, lui a confié un nouveau travail, lui a fait affecter un bureau.
Il est passé signer les documents contractuels, a repris sa voiture, est passé régler sa chambre d’hôtel, et, rapidement
est reparti vers le moulin faisant juste un crochet chez un fleuriste acheter un énorme bouquet.
Il est arrivé au moulin, et, trouvant les portes fermées a attendu dans la voiture.
Amandine est arrivée et l’a découvert la, son gros bouquet à la main. Submergée d’émotion, elle s’est précipitée sur
lui en écrasant les fleurs.
- Oh mon chéri, je t’aime tant !
- Moi aussi mon amour je t’aime, je t’ai toujours aimée !
- Tu sais, je regrette de
- Chut ! Le passé est mort, nous n’en parleront plus ! l’avenir est a nous, ne parlons que de ça ! viens vite me
montrer ton petit ventre et me présenter notre bébé…
Le lendemain, Amandine a téléphoné qu’un évènement s’était produit et qu’elle n’irait au travail que la semaine
suivante.
Ils ont passé toute la semaine d’amour, et choisi le prénom du bébé : Angélique.
Ils se sont promenés le long de la rivière coulant sous le moulin, se tenant par la taille, sereins du bonheur
retrouvé…
Le Bilongo.
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Le vendeur de masques
Ils ont multiplié les ballades, toujours ensembles et enlacés, un jour, en cherchant un meuble ancien aux puces de
Toulouse, ils sont passés devant un marchant de fétiches et de masques africain.
- Regardez monsieur et madame, j’ai la des véritables masques d’Afrique, c’est une vraie affaire, je vends pas
cher, c’est joli dans une maison, et ça porte bonheur !
- Ah non alors ça ne porte sûrement pas bonheur !
- Ah mais si ça porte bonheur, vous ne connaissez pas l’Afrique !
- Non, nous ne connaissons pas l’Afrique, et ne souhaitons pas la connaître davantage ! gardez vos
marchandises, nous ne sommes pas intéressés !
Le Bilongo.
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