L`AME • La Bouée des Jeunes • Le Gîte • Les Moutatchous

Transcription

L`AME • La Bouée des Jeunes • Le Gîte • Les Moutatchous
L’A.M.E. • La Bouée des Jeunes • Le Gîte • Les Moutatchous • Le C.D.R.E.
2013
2
Rapport d’activité 2013
Textes : Cadres et personnels des établissements / Crédits Photographiques : Etablissements du GAP et Stocklib - Image de couverture Stocklib
Valérie Garber pour le Gîte « Ferme de Morbeque », Catherine Hamel pour la Bouée des Jeunes, Elisabeth Hermant pour le Service Prévention, Cathy Roman pour les Moutatchous, Marie Trépout pour le C.D.R.E.
Directeurs de publication : José Laleeuw pour le G.A.P. ; Bruno Tourtois pour l’A.M.E. ; Christian Dorne et Ahmed Benamraoui pour la Bouée des Jeunes ;
Kareen Monnier pour le Gîte ; Yves Kimmerlin pour les Moutatchous ; Anne Guichon pour le C.D.R.E.
Coordination, conception et réalisation : Communication G.A.P. : Marie Trépout - Etablissements : Véronique Descaudain pour l’A.M.E., Sophie Doutreluigne pour le Gîte Wasquehal,
Sommaire
Groupement des Associations Partenaires
Le Gîte
Les Moutatchous
Le Centre De Ressource et d’Echange
P. 4
P. 23
L’Association des Maisons d’Enfants
P. 43
La Bouée des Jeunes
P. 65
P. 97
P. 113
Rapport d’activité 2013 3
Editorial
Christophe SEGARD,
Président du GAP
2013 marquera pour le GAP le début d’une grande réflexion sur son avenir.
En effet, les évolutions rapides et fortes de notre environnement induisent des contraintes
nouvelles tant au niveau de la responsabilité accrue des professionnels que de la rigueur
de gestion et de l’évaluation de la qualité de nos prestations.
De manière participative et chacun à son niveau, les administrateurs et directeurs ont
travaillé à l’élaboration des thèmes qui leur paraissaient essentiels pour l’avenir du Gap et
de ses associations partenaires. Au terme de cette réflexion, six chantiers ont été mis en
avant : les ressources humaines, le partenariat, le développement et la qualité, la gestion
et l’optimisation du patrimoine immobilier, la recherche et prospectives et la communication.
Nous voilà maintenant entrés dans le vif du sujet. Chaque chantier qui regroupe des
administrateurs, des cadres, des psychologues et des collaborateurs de nos associations
a élaboré son programme de travail. Les objectifs du projet, le pilotage , les ressources et
le calendrier ont été arrêtés et en juin 2014, une première restitution du travail sera faite
lors d’une assemblée générale.
Le GAP de demain est en train de se construire avec les femmes et les hommes qui en ont
posé les fondations depuis plus de 10 ans. Gageons que les jeunes que nous accueillons
puissent y trouver épanouissement et avenir professionnel et que nos collaborateurs s’y
retrouvent dans leur conviction au service de l’autre.
4
Rapport d’activité 2013
G.A.P.
Conseil d’administration
Christophe SEGARD (Président du Gîte) - Pierre BARAS (A.M.E.) Jean-Louis BRABANT (Vice Président, Trésorier des Moutatchous) Paul CHARONNAT (Les Moutatchous) - Michel CHERE (La Bouée des Jeunes) Bruno DECHERF (Vice Président de l’A.M.E.) - Jérôme DUJARDIN (Président du C.D.R.E.) Gérard LOTTIAUX (Président de la Bouée des Jeunes) Charles-Henri LUCAS (A.M.E.) - Germain MALAQUIN (Président de l’A.M.E.) Joël TISON (La Bouée des Jeunes) - Bruno CARLIER (Les Moutatchous)
Sommaire
Carte des structures P. 6
Ressources Humaines P. 8
Démarche Qualité P. 12
Gestion et Comptabilité P. 14
Communication et Informatique P. 16
Le GAP, demain P. 20
La formation au GAP P. 22
Rapport d’activité 2013 5
Présentation
et localisation des structures
Le GAP
en chiffres
Le GAP (Groupement des Associations Partenaires) est un groupement de cinq associations
composé de :
- 5 associations
- 23 sites (Nord et Pas-de-Calais)
- 600 salariés dont 54 assistants familiaux et
45 intervenants occasionnels dans le cadre du
CDRE
- 700 enfants accueillis en Internat
- 100 enfants accueillis en accueil de jour
-135 enfants accueillis en Accueil Familial
Spécialisé
- 3 lieux d’accueil de jour
- 1 Service de Prévention Spécialisée
- 1 Restaurant Associatif
- Accueil de 20 mères mineures avec enfants de moins
de 3 ans
1 SAMAD (Service d’Aide au Maintien à Domicile) de
10 places
-
- quatre associations qui accompagnent des jeunes dans des structures diverses (internats,
accueils de jour, structures PJJ...) : l’A.M.E., la Bouée des Jeunes, le Gîte, et les Moutatchous
- une association, le C.D.R.E., qui est un centre de formation pour le secteur social et médico-social
Le Conseil d’Administration du GAP est composé d’administrateurs de chaque association.
Les missions du Groupement sont celles-ci :
- Grouper des associations du secteur social régies par la loi de 1901 ayant pour but l’aide
aux enfants, jeunes et adultes en difficulté,
- Aider les associations adhérentes à remplir leurs missions conformément à leurs statuts,
dans le cadre d’une adaptation permanente aux besoins de la société et des jeunes,
- Mettre en commun des moyens,
- Echanger des savoir-faire,
- Valoriser les associations adhérentes en créant une instance de représentation
commune,
- Elaborer une cohérence des projets,
- Développer un partenariat inter associatif.
Ces objectifs sont poursuivis en respectant le caractère propre et l’autonomie de
chaque association adhérente.
L’objectif du GAP est de regrouper des associations au service de l’Enfance en
difficulté. L’association fait travailler ensemble bénévoles (administrateurs) et professionnels (salariés). Chaque association a son propre Conseil d’Administration.
6
Rapport d’activité 2013
Tourcoing
Roubaix
Wasquehal
Wattrelos
Lille
Lomme
Morbecque
Haubourdin
NORD
Association des Maisons d’Enfants
Bouée des Jeunes
Le Gîte
Roost-Warendin
Lauwin-Planque
Les Moutatchous
Valenciennes
Somain
Waziers
Douai
Sin-le-Noble
Internat
SAE (Service d’Accueil et d’Evaluation)
Service Prévention Spécialisée
Service d’appartements
Arras
Rumaucourt
PAS-DE-CALAIS
Cambrai
Caudry
Foyer Maternel
AFS (Accueil Familial Spécialisé)
Structure PJJ
Accueil de jour
Rapport d’activité 2013 7
Les Ressources
Humaines
Proportion de salariés par établissement*
Hommes
Proportion salariés H/F*
Femmes
3%
26%
96
GAP (D.G.)
23%
80
A.M.E.
85
75
74
Bouée des Jeunes
51
Gîte
47
Moutatchous
22%
26%
26
C.D.R.E.
6
10
GAP (D.G.)
8
Rapport d’activité 2013
0
A.M.E.
Bouée
des
Jeunes
Gîte
Moutatchous
2
C.D.R.E.
Nombre de salariés par Catégorie socio-professionnelle et par établissements*
100
Administration Gestion
552
Educatif pédagogique
90
salariés
Services Généraux
80
Paramédical - Psychologique
70
Assistant(e) familial(e)
60
Apprentissage
50
Contrats aidés
41,53
moyenne
d’âge
40
30
9,31
20
ancienneté
moyenne
10
0
G.A.P (D.G.)
A.M.E.
C.D.R.E.
Gîte
Moutatchous
Bouée des
Jeunes
497
○○ En 2013 les associations ont recruté 26 salariés en
CDI (dont 2 pour l’A.M.E., 12 pour la Bouée, 8 pour
le Gîte, 4 pour les Moutatchous.). Il s’agit très majoritairement de remplacements après départs.
○○ La proportion en pourcentage de salariés
est quasiment la même pour chaque établissement éducatif : l’A.M.E., la Bouée, le Gîte et les
Moutatchous représentent environ chacun un
quart du total des salariés.
○○ Le personnel féminin est largement représenté sur
l’ensemble des établissements puisqu’on compte
62,5% de femmes au total pour 37,5% d’hommes.
○○ Les salariés recrutés sont principalement du
secteur éducatif, puisque l’on compte sur les 552
salariés, 223 salariés pour l’éducatif (hors paramédical-psychologie et assistant(e)s familial(e)s),
soit 40 %. La Bouée est l’association qui compte
le plus grand nombre de salariés appartenant au
personnel éducatif, avec une proportion de 51%.
○○ La moyenne d’âge des salariés des associations
du GAP est de 41,53 ans, pour une ancienneté
moyenne de 9,31 ans.
○○ En 2013, 35 stagiaires ont pu se former dans les
associations du GAP.
C.D.I.
223
salariés
éducatifs
* Chiffres au 31 décembre 2013
Rapport d’activité 2013 9
FOCUS SUR :
Le Club RH
Mis en place en 2013 à l’initiative de la
Direction Générale du GAP, le Club RH
est un groupe de travail inter établissements, animé par Hélène Lejeune,
Cadre Ressources Humaines à la
Direction Générale du GAP.
• Pour qui ?
Ce groupe de travail est destiné aux
salariés ayant reçu délégation pour
assurer la gestion administrative des
ressources humaines (Un correspondant par association pour assurer
une cohérence).
10 Rapport d’activité 2013
• Pourquoi ?
La Direction Générale profite d’une
expertise en matière de RH et a mis en
oeuvre, dans le cadre de ses missions
d’accompagnement,
des
séances
d’information sur des thématiques
phares de l’actualité RH afin d’avoir un
lieu d’échange et de communication
entre les professionnels des associations
du groupement assurant les mêmes
fonctions.
Les membres peuvent ainsi :
- Etre au fait de l’actualité RH
- Enrichir leurs approches RH
- Faire part de leurs expériences
- Profiter de bonnes pratiques
Ces réunions ne se substituent pas aux
informations communiquées au Comité
de Directeurs. Elles ont une approche
pratique.
Exemple de thématiques :
- Le contrat unique d’insertion
- Le dossier du personnel
- Les points de vigilance lors du recours
aux CDD
- Les obligations relatives à la médecine
du travail
- Faire évoluer un CDI
- Les aides relatives aux travailleurs
handicapés
Les thématiques abordées :
- 2/07 :
Echanges sur les fonctions respectives des cadres en charge
des RH
Dispositif emplois d’avenir
- 6/09 :
Echanges sur les plans de formation de l’année précédente et
les financements mobilisés
Intervention de Lucie HALLEZ, du service Paye du GAP sur
l’accès aux données sociales sur EIG (ex : extractions sur
l’absentéisme…)
- 28/11
Impacts de la loi de sécurisation de l’emploi
Formation professionnelle : consultation des instances des
représentants du personnel et documents à transmettre
Point de vue :
Allyson Cnudde,
Chef de Service à l’A.M.E.
Vous travaillez à l’A.M.E., quel est
votre fonction et quelles sont vos
missions ?
Je suis Chef de Service Administratif, Financier et Technique, depuis
le mois de novembre 2012. J’ai en
charge la gestion et l’organisation
des services
- Administratifs (Secrétariat, dossier
des jeunes et du personnel),
- Financiers (organisation
comptable, préparation des
budgets prévisionnels, des
comptes administratifs et des
bilans),
- Techniques (entretiens des
bâtiments et investissements)
- Cuisines centrales
- Surveillants de nuit
Vous avez été choisi pour
représenter l’A.M.E. au Club RH,
pouvez-vous expliquer le lien avec
votre mission ?
Faisant partie d’un groupement
d’associations, il était important
de rencontrer d’autres cadres
administratifs, qui ont approximativement les mêmes missions
que moi, afin d’échanger sur des
thématiques communes, partager
nos méthodes de travail et nos
outils. Ces réunions apportent des
informations importantes sur les
actualités juridiques, les différents
partenariats existants.
Quels ont été les thèmes de travail
développés ?
Lors des dernières réunions, nous
avons discuté et échangé sur les
emplois d’avenir, de la formation
continue et de la loi de sécurisation.
Les informations et les échanges
vous ont-ils satisfaits ?
Oui
Qu’attendez-vous des prochains
groupes RH ?
Une poursuite du travail qui s’est
initié, toujours des échanges et
des informations sur les actualités
juridiques, ainsi que des mises en
pratique
Y-a-t-il des thèmes que vous
souhaiteriez aborder en particulier
lors des prochains rendez-vous ?
Lors des prochaines réunions, je
souhaiterais discuter :
- Des trames horaires , repos compensateurs et coupures de travail,
incidences en cas d’arrêt de travail
- Des Instances Représentatives
du Personnel : Délégation Unique,
Délégués du personnel, C.H.S.C.T.
- Des extractions possibles sur le
logiciel EIG
- Dossier du personnel : quelles
pièces obligatoires ?
- Médecine du travail
Rapport d’activité 2013 11
La Démarche
Qualité
En 2013, l’ensemble des établissements du GAP a poursuivi la mise en œuvre de la
démarche qualité en place lancée dès 2004. Cette année a vu la mise en œuvre de la deuxième
évaluation interne pour chacun des établissements. Cela a mobilisé de nombreux professionnels et administrateurs. Les jeunes et leurs familles étant les premiers concernés par cette démarche, ils ont également été fortement
sollicités par le biais de questionnaires autour du respect de leurs droits, de la mise en œuvre du projet personnalisé ainsi
que sur la qualité de l’accompagnement au sens large.
Depuis trois ans maintenant, les Evaluations Internes Croisées sont également venues affiner le regard porté sur l’accompagnement des enfants et des jeunes accueillis dans les établissements du GAP.
Toutes ces actions viennent participer au développement d’une démarche de bientraitance déjà très présente au
sein du GAP. L’ensemble de ces actions vient également préparer de manière optimale les visites d’évaluations
externes prévues en 2014.
12 Rapport d’activité 2013
La commission
qualité
Les évaluations internes croisées
8
7
6
5
4
3
2010
2
2011
1
2012
0
2013
Nombre d’évaluateurs* mobilisés par établissement et par année
0
2
4
6
8
10
AME
Bouée des Jeunes
Gîte
FDM
Moutatchous
GAP DG
CDRE
2010
2011
2012
2013
12
14
16
La démarche d’amélioration continue de l’ensemble des associations
du GAP repose sur un système qualité solide constitué de différentes
instances qui sont notamment la commission qualité du GAP ainsi que les
correspondants qualité de chaque association.
En 2013, la commission qualité s’est réunie quatre fois. Cette commission
est composée de la responsable et assistante qualité du GAP ainsi
que des correspondants qualité des établissements du GAP. Lors de
cette commission, des informations sont transmises concernant l’état
d’avancement de la démarche qualité dans chaque établissement, ainsi
que l’actualité relative à la démarche d’évaluation (décrets, etc…).
Cette commission qualité a pour vocation de garantir la cohérence des
démarches qualité au sein des établissements du groupement ainsi que
de partager des expériences menées au sein des services du GAP. Elle est
également vigilante sur le vécu, les retours d‘expériences des acteurs de
terrain, des usagers afin d’alimenter la réflexion globale au sein du comité
de directeurs.
Afin de permettre une cohérence au sein du GAP, le correspondant
qualité vient soutenir et relayer la politique qualité définie dans le cadre
du GAP et des associations. Il participe à la mise en œuvre de la politique
qualité définie par la direction. Il assure une mission de communication
descendante et ascendante dans les établissements concernant la finalité
et les objectifs définis dans cette politique. Il travaille en proximité avec le
directeur d’établissement, l’encadrement. Il co-anime la démarche, afin
de fédérer les professionnels autour de la démarche en proximité avec
les cadres de l’établissement. Il a également un rôle d’alerte du directeur
ainsi que du responsable qualité du GAP concernant d’éventuelles
difficultés rencontrées ou pressenties sur les actions mises en œuvre. Il
participe activement à la commission qualité du GAP ainsi qu’aux
échanges possibles entre correspondants qualité des différents établissements du GAP. Il est garant du système documentaire de chaque établissement et participe aux audits internes du GAP (après avoir suivi la
formation dispensée au sein du CDRE).
*Ayant suivi la formation « Devenir auditeur interne » dispensée par le CDRE
Rapport d’activité 2013 13
Finances
& Comptabilité
Focus sur
le Contrôle
Comptable
- Qu’est-ce qu’un contrôle comptable et
quels en sont les objectifs ?
Le contrôle comptable consiste à vérifier les
pièces comptables d’un établissement par
un système d’échantillonnage. Il peut porter
sur une ou plusieurs thématique(s) en lien
avec la comptabilité.
L’objectif est de s’assurer de la bonne tenue
de la comptabilité au regard des exigences
et normes comptables, des procédures
comptables et financières en vigueur et du
référentiel comptabilité de l’établissement.
- Qui décide de réaliser un contrôle ? qui est
missionné pour le réaliser ?
Le contrôle fait partie intégrante des missions de la
Direction Générale. En règle générale, ce sont les
comptables de la DG qui prennent contact avec l’établissement pour prendre les rendez-vous. Toutefois, des contrôles peuvent
également être effectués à la demande du directeur de l’établissement.
- Qu’apporte-t-il à l’établissement ?
Il permet d’avoir une vision globale sur la tenue de la comptabilité mais surtout d’apporter des axes d’amélioration en termes
d’organisation et de gestion comptable au quotidien afin d’améliorer les pratiques des professionnels. Il sert de support aux établissements dans leur démarche d’amélioration continue et d’harmonisation des pratiques.
- Comment se déroule un contrôle ?
Le contrôle s’effectue au minimum en binôme avec le comptable en charge du dossier. Il s’effectue sur une période comptable
déterminée : en général, le semestre. Tous les documents comptables en lien avec les thématiques de contrôle doivent être mis
à disposition.
Pour effectuer celui-ci, nous remplissons des feuilles de contrôle spécifiques pour chaque thématique qui nous permettent de
notifier des indications sur les pièces contrôlées et d’éventuelles observations (points positifs, écarts).
- A quelle fréquence ont lieu les contrôles dans les établissements ?
La fréquence des contrôles est de deux par an (en moyenne).
- Par exemple, les derniers contrôles que vous avez effectués ont concerné quels établissements ?
Dernièrement, il y a eu des contrôles mis en place à la Bouée des Jeunes , au Gîte (Ferme de Morbecque) et à l’A.M.E.
14 Rapport d’activité 2013
- Quelles sont les thématiques de contrôle ?
Les thématiques peuvent porter sur les caisses de vie sociale, de
direction et d’économat, les banques, les factures fournisseurs,
les dépenses de vie sociale, donc globalement sur les dépenses
engagées par l’établissement.
- Y’a-t-il un rapport de contrôle, à qui est-il communiqué et
comment se présente-t-il ?
Un compte rendu oral portant sur le déroulement du contrôle est
toujours effectué en fin de journée auprès du comptable et éventuellement au directeur s’il le souhaite. Il est d’ailleurs toujours
intéressant de faire la restitution auprès du directeur. Un rapport
écrit est ensuite envoyé dans un délai de15 jours.
En retour, l’établissement nous fait part de ses remarques
éventuelles. En interne, le rapport écrit est ensuite diffusé auprès
des responsables concernés.
Le rapport est un document référencé qui se décompose en
trois parties : une présentation générale, une partie sur les points
positifs et à améliorer sur base des pièces contrôlées, et enfin une
appréciation générale.
- Quel suivi existe-t-il ensuite dans l’établissement et/ou au GAP ?
Les éléments à corriger soulevés dans le rapport doivent faire l’objet
d’une correction par le comptable de l’établissement.
Dans le cas de préconisations ou d’actions d’amélioration
suggérées, si celles-ci ne sont pas suivies, elles sont bien souvent
rappelées dans le rapport du contrôle suivant.
- Que prévoyez-vous dans le futur pour améliorer et développer
ces actions de contrôle ?
De nouvelles thématiques pourront être développées afin d’élargir
le champ d’action des contrôles. Prochainement, un contrôle sera
mis en place sur la thématique des frais professionnels des Assistants
Familiaux.
Afin de faciliter la rédaction de nos contrôles, un ordinateur
portable vient d’être mis à disposition pour le pôle comptabilité,
ce qui permettra de commencer la rédaction du rapport en établissement. Nous allons étudier la mise en place d’outils de suivi des
contrôles.
- Existe-t-il des missions de contrôle transversales avec les autres
services ?
Actuellement les missions de contrôle sont effectuées par service.
Toutefois, une transversalité existe entre les pôles comptabilité et
Paie-RH car des contrôles croisés peuvent être organisés.
Point de vue :
Véronique DOMINIQUE,
Comptable à la Bouée des Jeunes
Quand a eu lieu le dernier contrôle comptable à Cambrai ?
Il a eu lieu le 28 janvier dernier.
Par qui a-t-il été effectué ?
Le contrôle a été fait par Virginie Bigorgne, Marie Dransart
et Frédéric Loones, comptables à la Direction Générale du
GAP.
Comment s’est déroulé le contrôle ?
Très bien. L’équipe a contrôlé les pièces de toutes les caisses
«Educateurs», en prenant des pièces au hasard. Puis ils ont
contrôlé les banques, les factures, les virements. S’il y avait un
problème, ils m’interpellaient.
En fin de journée, nous avons fait un bilan de cette journée.
En fait, nous constatons qu’il y a de moins en moins d’erreurs,
ce qui signifie que les consignes sont bien respectées par tous
et que ces contrôles sont plutôt orientés vers des échanges.
Qu’apporte un contrôle ?
Cela nous permet de discuter de divers points que nous
n’avons pas le temps d’aborder habituellement.
Comment percevez-vous les contrôles ?
Comme un atout. Le contrôle ne me dérange pas, au
contraire, les échanges m’enrichissent, j’apprends à mieux
m’organiser, à simplifier les tâches etc.
L’équipe de contrôle me donne des conseils dans l’organisation de mon travail afin que ce soit plus facile.
Est-ce un outil sur lequel vous pouvez vous appuyer dans
votre travail ?
Oui, cela me permet d’apprendre et de connaître d’autres
points de vue.
Si vous souhaitez ajouter une remarque :
Je remercie l’équipe qui est très pédagogue et qui lors de
ces contrôles, prend le temps pour bien expliquer certaines
subtilités comptables.
Les contrôleurs sont toujours très ouverts et font leur travail
avec sérieux.
Rapport d’activité 2013 15
Communication
& Informatique
COMMUNICATION
DU GAP
Cette année, les sollicitations de l’association et de ses établissements ont
été nombreuses et variées.
L’évènement principal de l’année
étant la reprise des Rencontres cadres/
administrateurs. Celle-ci s’est déroulée
en novembre 2013 sur le thème «Le GAP,
demain». Cette rencontre avait pour objectif
la présentation des thèmes de travail du projet
«Le GAP, demain». [cf. page 20-21]
La campagne de collecte de taxe d’apprentissage du Gîte a été conçue en décembre 2012
et a démarré en janvier 2013 avec l’envoi de 1500
courriers contenant une lettre de la Directrice du
Gîte et une plaquette A3. Il a été décidé pour 2014
de réactualiser le fichier de diffusion. Un fichier de
coordonnées d’entreprises (Métropole Lilloise et Douaisis)
a donc été acheté pour la campagne 2014 auprès de la
Chambre de Commerce et d’Industrie. La diffusion a été
réalisée depuis la Direction Générale du GAP.
La refonte des plaquettes continue... Cette année, le travail a
porté sur le livret d’accueil salarié. L’objectif est de réaliser un
support commun inter-associations à distribuer à chaque salarié présent et entrant. Ce dossier sera imprimé sous forme de
fiches. Il présente les associations, les lieux d’actions, les types d’accueil, les services de la Direction Générale, la démarche
qualité et les droits et obligations du salarié (congés, absences...). Ce support qui a nécessité un travail de longue haleine
verra le jour courant 2014.
Le site Internet du GAP : la fréquentation est stable et n’a pas évolué. Il est important que chaque association communique
les actualités la concernant afin de tenir informé les lecteurs... Ci-contre, un encart sur les statistiques du site Internet pour
l’année 2013.
16 Rapport d’activité 2013
Rencontre cadres/administrateurs
«Le GAP, demain»
Un point chiffres sur le site Internet
- 17 466 visiteurs sur l’année
Présentation par
M. Segard et
M. Laleeuw
- 64 800 pages vues
- Le temps d’une visite moyenne est de 2 minutes 04
- Les rubriques les plus consultées : emploi (4000 pages vues), les
associations (5000 pages vues), contact (3400 pages vues).
COMMUNICATION DU CDRE
Le CDRE nécessite également une communication adaptée, du fait de sa spécificité
«commerciale».
Le catalogue est un support très représentatif, qui sert à présenter la gamme de
prestations proposées par le CDRE. Cette année, celui-ci s’est étoffé d’une dizaine
de formations et a été modernisé, sa couverture en pelliculage brillant a fait la quasi
unanimité. Il est édité à 2000 exemplaires, et envoyé aux partenaires du CDRE.
Les supports de communication ont été réalisés pour un colloque IRTS/CNRD
organisé par le CDRE, colloque ayant pour thème la révision des références déontologiques dans le secteur social et médico-social. Des affiches, plaquettes, et
autres supports de communication ont été diffusés au niveau régional, ainsi que sur
la région Champagne-Ardenne. Ce colloque a rassemblé près de 300 personnes et
s’est déroulé dans les locaux de l’IRTS. [Plus d’informations dans le chapitre «CDRE»
du rapport d’activité, P. 117]
Des invitations ont été réalisés également pour le Rendez-vous d’actualité organisé
en octobre 2013 par le CDRE au Garage l’Oiseau-Mouche sur le thème de la
responsabilité dans le secteur social. Les Rendez-vous d’actualité ont rassemblé
une cinquantaine de personnes. [ Plus d’informations dans le chapitre «CDRE» du
rapport d’activité, P. 116]
Atelier Recherche et
Prospectives
«Le GAP, demain»
Un point chiffres sur le site Internet CDRE
- 2000 visiteurs sur l’année
- 8700 pages vues
- Le temps d’une visite moyenne est de 2 minutes 15
- Les rubriques les plus consultées : formations, formations
qualifiantes, actualités.
Rapport d’activité 2013 17
INFORMATIQUE
David FOUCAULT, Cadre informaticien et Maxime Brahimi, Assistant informatique
travaillent au GAP et au GAPAS sur les missions suivantes :
- Veiller au bon fonctionnement de l’infrastructure réseau, des postes utilisateurs et des
équipements actifs
- Coordonner auprès des partenaires (interne et externe au groupements)
- Assurer la hotline auprès des utilisateurs.
- Assurer le développement du parc informatique.
- Accompagner dans la mise en place des projets.
- Installer et paramétrer les outils utilisateurs.
Ils ont répondu aux questions suivantes :
Quels ont été les projets principaux cette année ?
Les principaux projets ont été la mise aux normes des locaux techniques et le développement du partenariat
(Informatique, téléphonie, réseaux…) avec les équipes techniques, toujours dans une logique d’économie d’echelle.
Quel est actuellement l’état du réseau ? (sécurité, incidents, sauvegardes, etc.)
Les serveurs de l’infrastructure GAP/GAPAS ont été changés il y a trois ans. Les sauvegardes sont faites tous les jours afin
d’assurer la sécurité des données comptables, paies, RH, messageries.
Le réseau ne s’est pas élargi en nombre de sites mais continue sa croissance en terme de poste de travail et demande de
plus en plus de ressources.
Combien de postes et d’équipements y’a-t-il pour le GAP et ses établissements aujourd’hui ?
Sur combien de sites ?
A l’heure actuelle, le réseau compte :
- Environ 200 postes,
- Environ 40 copieurs,
- pour 20 serveurs,
- sur 30 sites.
Quels sont les objectifs pour 2014 ?
Les deux objectifs principaux en 2014 vont être d’externaliser l’infrastructure réseau afin d’améliorer la sécurité du stockage
des données et de résoudre en partie un problème de saturation sur le serveur actuel. Le deuxième objectif est de virtualiser
les postes de travail afin de faciliter la maintenance sur le réseau et les conditions de travail des utilisateurs.
18 Rapport d’activité 2013
Aménagement
des locaux
Modifications réalisées à
l’accueil DIrection Générale
du GAP : création de deux
bureaux pour le secrétariat de
direction et le service
communication
La Direction Générale du GAP se situe rue du Molinel à Marcqen-Baroeul.
On y trouve les services suivants : paye, comptabilité, qualité,
informatique, communication, ressources humaines et le
CDRE. Les locaux, qui ne sont pas agencés idéalement pour
les périodes de fortes affluences (formations, réunions, venues
des Commissaires aux Comptes, rendez-vous divers pour les
différents services) ont nécessité un réagencement de la
partie « accueil » en 2013, afin de garantir une meilleure confidentialité des dossiers traités et la protection des données,
ainsi que l’amélioration des conditions de travail du personnel.
Cette zone, qui était auparavant complètement ouverte
sur le passage de l’entrée jusqu’au plateau, est ainsi mieux
organisée, avec un espace de travail pour le secrétariat de
direction et le service communication.
Une étude est en cours sur d’éventuelles modifications sur le
plateau, suite aux mêmes problématiques rencontrées.
Rapport d’activité 2013 19
Le projet
"le GAP demain"
Le Groupement, créé en 2000, a anticipé
sur ce qui est aujourd’hui incontournable, à
savoir, grouper des moyens pour faire face à
la nécessaire optimisation de l’utilisation des
ressources financières et humaines , en raison
des contraintes qui s’imposent à nous.
Il nous faut faire toujours plus, en répondant
aux besoins des jeunes accueillis, en restant en
phase avec les évolutions de la législation et
avant tout, se poser la question de l’adéquation
de nos réponses éducatives.
La société évolue et nous devons savoir nous
adapter à ce qui change, tout en préservant les
valeurs affirmées par nos associations partenaires
C’est dans cette perspective que s’est engagée
une réflexion impliquant les administrateurs
et les cadres (dans un premier temps). Le 23
novembre 2013, la dynamique s’est lancée, lors
de la rencontre administrateurs, cadres.
20 Les axes stratégiques du GAP à 5 ans, définis par
les Présidents des associations, mettent en avant
quatre priorités :
- L’innovation
- La cohésion du corps social
- L’efficience
- La communication.
Six « chantiers » se sont mis en place, animés
chacun par un binôme Président-Directeur.
Les thèmes retenus sont les suivants :
- Recherche et prospectives,
- Développement et qualité,
- Dimension Ressources Humaines,
- Partenariat,
- Gestion et optimisation du patrimoine
immobilier,
- Communication.
Plus que mutualiser des simples moyens,
l’ambition de cette réflexion engagée, est
de construire ensemble, dans le respect des
singularités associatives.
En juin 2014, un bilan de ce premier semestre
de réflexion sera fait, au cours de l’assemblée
générale du GAP. Ce temps fort permettra de
tirer les premières conclusions, de relancer ce
travail et d’élargir le cercle des collaborateurs,
pour la poursuite de la démarche.
Christophe SEGARD, Président du GAP
Retour sur la rencontre cadres-administrateurs
La rencontre cadres-administrateurs du GAP s’est
déroulée le samedi 23 novembre à Ennevelin.
Celle-ci avait pour thème «Le GAP, demain» et a
rassemblé une centaine de personnes.
La rencontre s’est ouverte sur la présentation de la
problématique par M. Christophe SEGARD, Président
du GAP, qui a d’abord retracé l’historique des
rencontres cadres-administrateurs, puis introduit la
problématique, rappelant que les évolutions fortes
et rapides de l’environnement impliquent pour les
associations du GAP et leurs établissements des
contraintes nouvelles rendant nécessaires une très
grande rigueur de gestion et une responsabilité
accrue des professionnels dans le champ de leurs
interventions.
Y. KIMMERLIN, Directeur des Moutatchous et G. MALAQUIN,
Président de l’A.M.E
Il a ensuite donné la parole à M. Eric MORTIER,
Consultant du Cabinet Emergy, qui a présenté le
diagnostic du travail «Le GAP, demain» à travers trois
points :
- A la rencontre des Présidents et Directeurs : le GAP,
c’est quoi pour vous ?
- Restitution des entretiens
- Méthode de travail employée.
M. SEGARD a ensuite repris la parole pour présenter
la raison d’être du GAP et ses critères de différenciation, puis M. LALEEUW, Directeur Général du GAP
a présenté les axes stratégiques et les chantiers,
suivi par des questions-réponses avec les personnes
présentes dans la salle.
Les Présidents et Directeurs ont ensuite présenté en
binômes les six grands chantiers qui ont été engagés
sur la réflexion «Le GAP, demain».
G. LOTTIAUX, Président de la Bouée des Jeunes et G. VANHILLE,
Directeur STAF du GAP
Enfin, des ateliers animés par ces mêmes binômes se
sont déroulés, avec des groupes composés de cadres
et d’administrateurs représentant les différentes
associations. M. LALEEUW a clôturé la matinée en
synthétisant les points forts de cette rencontre.
J-L. BRABANT, Président des Moutatchous, K. MONNER, DIrectrice du Gîte et
C. DORNE, Directeur FM-FEC de la Bouée des Jeunes
A. BENAMRAOUI, Directeur du Service de
J. DUJARDIN, Président du CDRE et A. GUICHON, Directrice du CDRE et
Prévention Spécialisée de la Bouée des Jeunes Responsable Qualité du GAP
J. LALEEUW, DIrecteur Général du GAP
Rapport d’activité 2013 21
La formation au GAP
En croisant le bilan avec l’analyse des besoins des professionnels en 2013, le CDRE a proposé une formation qui s’est
organisée dans la continuité du projet de formation 2012. L’objectif principal de cette formation était d’approfondir
la méthodologie pour améliorer la coopération inter et intra GAP.
Afin d’atteindre les objectifs généraux, les deux jours de formation ont décliné les objectifs opérationnels suivants :
- Clarifier et consolider les frontières d’intervention
- Etre porteur d’un contrat clair
- Réguler ses émotions comme levier du travail coopératif
- Renforcer la cohésion d’équipe
« Etre acteur »
Récemment, je suis « tombé » par hasard sur une enquête de fin 2010
qui révèle que seulement 15% des 119 000 salariés d’EADS, maison mère
d’Airbus, déclarent se sentir « impliqués » dans leur travail.
La lecture de ce chiffre, sans volonté de comparaison, me conforte dans
l’idée que le sentiment d’implication, qui paraît pour certains naturel, ne
l’est pas pour tout le monde.
Les deux jours de formation - régulation que nous avons vécu entre salariés
de la Direction Générale, ont confirmé la volonté des professionnels d’être
de réels acteurs dans la réflexion d’un projet de « service ». Ce besoin d’implication montre bien la capacité d’un groupe à se mobiliser autour d’un
projet commun.
Même si ces moments peuvent venir bousculer voire interroger nos modes
de fonctionnement, ils sont nécessaires pour avancer et rester dans une
dynamique constructive.
Guillaume VANHILLE,
Directeur des Services Techniques, Administratifs et Financiers
22 |
Travail en équipe
à l’Oiseau-Mouche
à Roubaix
A.M.E.
L’A.M.E
Conseil d’administration
Germain MALAQUIN, Président ; Bruno DECHERF, Vice-Président ; Hector BOCCARA,
Vice-Président ; Pierre BARAS, Secrétaire ; Bernard DUHOUX, Trésorier ;
Bernard DOUVRY, Trésorier adjoint ; François-Xavier ALLARD; Christiane APOSTOLY ;
Christophe BONGARD ; Paul CHARONNAT ; Philippe DARNAL ; Jocelyne DEFIVES ;
Fabienne DEHOUCK ; Thierry DEHOURS, L’Abbé Jimmy DELALIN, Sylvie DEVOS,
Christian GODIN, Geneviève HOT, Charles Henri LUCAS, Christiane VERHILLE DELALIN
Sommaire
Editoriaux P. 24
Activité en chiffres P. 26
La santé et la sécurité au travail P. 28
Les services transversaux P. 30
Dans les services éducatifs... P. 32
La qualité P. 40
Un témoignage pour conclure P. 42
Rapport d’activité 2013 23
Editoriaux
Mot du Président
L’objet de l’Association des Maisons d’Enfants (l’A.M.E) est l’accueil d’enfants en difficulté.
En 2013, l’ensemble des salariés s’est mobilisé à poursuivre ce but.
Cela n’a pas empêché les professionnels de s’impliquer dans divers chantiers, à savoir :
• L’appropriation du lieu de vie Arc-en-Ciel à Rumaucourt
• L’analyse des risques professionnels
• La préparation de l’Evaluation Externe
• La réflexion sur « le GAP, demain »
Une nouvelle fois, je tiens à remercier l’ensemble du personnel et administrateurs pour leur implication.
Germain MALAQUIN, Président de l’A.M.E
Mot du Directeur
Les sujets ne manquent pas, les situations ont été nombreuses mais par quoi commencer, que faut-il
privilégier ? Les années se suivent et le dilemme se pose toujours de la même façon. On peut choisir un
thème, un fil rouge, une idée qui se multiplie mais il y a aussi des impératifs !! Comment faire rapport, que
doit-on rapporter ? Bien sûr, on diffuse des informations sur nos activités, le nombre d’accueils et sur la
vie des différents services afin que puissiez avoir un aperçu choisi et porter un regard sur notre mission et
notre organisation. Nous entendrons peut-être que vous avez apprécié la lecture de ce rapport, que
vous avez été surpris de telle ou telle information, de tel ou tel propos. Cette hypothèse sera notre seul
critère d’évaluation de ce rapport.
Eh bien voilà, nous l’avons notre mot « fil rouge » : l’évaluation !
Evaluer consiste à porter un jugement de valeur sur le travail fourni à partir d’un objectif et en vue
de prendre une décision, présenter ainsi la démarche est aisée et ne soulève guère d’interrogations.
Et pourtant, cette question de l’évaluation reste encore fortement interrogée dans notre secteur
d’activité bien souvent au nom des valeurs humaines que nous défendons quotidiennement.
A travers le travail entrepris par les professionnels éducatifs, nous devons être en permanence dans
cette posture qui pose un postulat fondamental : la relation d’aide ne peut exister que dans une
acceptation et une volonté de changement aussi bien construite par le jeune et ses parents que
par l’encadrement éducatif.
Germain Malaquin,
Président de l’A.M.E
En cela, nous avons engagé depuis le mois de septembre 2013, une démarche
d’envergure avec l’organisme du SIADEP : renforcer notre culture de gestion et
de prévention des risques professionnels. Afin de savoir précisément de quoi nous
parlons, sans vouloir se focaliser sur une catégorie de risques professionnels, un
important état des lieux dans les services et pour chaque fonction présente dans
l’établissement a été engagé. Plus de soixante professionnels ont été rencontrés et
un comité de suivi composé de 15 personnes a été mis en place pour favoriser les
expressions et la compréhension des situations rencontrées.
Cette démarche très participative recueille le fruit des différentes visites et rencontres
qui ont été organisées en envisageant la construction du Document Unique de
Prévention et de Gestion des Risques Professionnels pour le mois d’avril 2014.
De manière concomitante mais sur un autre versant de l’évaluation, nous avons
engagé la réalisation de notre évaluation interne sur la qualité des prestations
apportées aux jeunes et à leurs représentants légaux et sur la qualité de notre
organisation à partir de décembre 2012. Différentes étapes ont marqué la vie
de l’établissement (révision du référentiel interne, détermination des modes de
participation et de réalisation des chapitres du référentiel, mobilisation des équipes,
réalisation et passation des questionnaires Bientraitance) et ont été animées par le
Comité de Pilotage composé de 15 professionnels. Terminé en novembre 2013, le
rapport d’évaluation interne a été validé par le Conseil d’Administration et remis
aux services de la Direction Enfance Famille du Conseil Général du Nord. Comme
toute démarche d’évaluation, nous avons pu mettre en exergue nos points forts et
des points d’amélioration. Il nous reste donc à construire un plan d’amélioration qui
fera lui-même l’objet d’une évaluation dans quelques mois !
L’organisation de l’établissement dans sa nouvelle configuration a conduit l’équipe
de Direction à porter son attention sur certaines dimensions et à prendre le temps
pour en construire, renforcer d’autres. Une grande réflexion doit être engagée au
cours des prochains mois sur les modalités d’expression et de participation des
jeunes et de leurs représentants légaux. Ils sont aujourd’hui forts sollicités et impliqués
dans les projets personnalisés, dans les temps forts de la vie des services (fêtes de fin
d’année, kermesse) mais l’établissement n’a pas encore engagé la mise en place
d’une Instance institutionnelle leur permettant de participer plus activement encore
à la vie de l’établissement.
Cette réalité a été rendue visible lors de la réalisation des Questionnaires
Bientraitance (produits à l’issue d’une formation interne sur la recommandation de
bonnes pratiques professionnelles relative sur ce sujet en 2012).
La réalisation de trois questionnaires nous a permis de recueillir l’avis de 109 jeunes,
de 65 représentants légaux et de 117 professionnels sur plusieurs thèmes relatifs
à cette notion fondamentale qu’est la Bientraitance dans l’accompagnement
éducatif proposé et dans les conditions d’exercice des professionnels. Une analyse
sera construite sur les premiers mois de l’année 2014 et le Comité de Pilotage
de la démarche Qualité en sera responsable. Il s’agira de décliner certains axes
d’amélioration pour chaque service et de prioriser des thèmes travaillés dans tous
les services.
Cette année 2013 a enfin vu la rédaction du Projet d’établissement se faire et être
validée par le Conseil d’Administration en septembre dernier. Fruit d’un travail de
l’équipe de Direction, le Projet d’établissement est une déclaration d’intention et la
formalisation d’un cadre de nos interventions interdisciplinaires. Sur l’année 2014, les
équipes éducatives seront impliquées et auront à produire du sens et des réflexions
sur les trois grandes perspectives de développement sur les cinq prochaines années
que sont : le renforcement des parcours de placement des jeunes accueillis,
l’émergence de formes complémentaires d’expression et de participation des
représentants légaux et des jeunes accueillis, et enfin l’enrichissement des parcours
professionnels.
Les années se suivent et nous restons très actifs…
Bruno TOURTOIS, Directeur
Bruno TOURTOIS,
Directeur de l’A.M.E.
Rapport d’activité 2013 25
A.M.E.
Pris dans notre action solidaire, notre engagement éducatif, nous traversons
parfois des zones d’incertitudes, de tensions que provoquent les manifestations
des souffrances vécues, ressenties par les jeunes accueillis. Nous restons toujours
tributaires de phénomènes, de décisions que nous ne maîtrisons pas, nous restons
dépositaires d’un discours et d’actes toujours volontaires et motivés. C’est le propre
de la relation d’aide et d’éducation que nous portons au quotidien. Vaste et
belle entreprise pour 119 personnes ! Les démarches d’évaluation existent donc
par la mise en œuvre autour de diagnostics que l’on souhaite partagés d’actions
d’amélioration. Ce processus est vrai dans les situations éducatives pour lesquelles
les équipes interdisciplinaires se mobilisent. Il est également réel pour les conditions
de vie au travail.
Activité en chiffres
( Situation au 31 décembre 2013 )
6
Services d’Accueil et Évaluation :
6-10 ans
Répartition
par tranche d’âge
Répartition par Direction Territoriale
9
8
7
6
5
4
3
2
1
0
3
11-14 ans
1
15-18 ans
Problématiques familiales
AUTRES
Répartition par sexe
ERRANCE / MARGINALITE
1
CADRE DE VIE / HABITAT
Filles
FILLES
Garçons
GARCONS
9
CHOMAGE / DIFFICULTES
FINANCIERES
MALADIE / DECES D'UN PARENT
1
DEPENDANCE / ADDICTION
PSYCHOPATHOLOGIE DES
PARENTS
1
CONFLITS PARENTAUX
CARENCES EDUCATIVES
8
0
26 Rapport d’activité 2013
2
4
6
8
10
A.M.E.
Répartition par sexe
Services d’Internat :
FILLES
49
57
GARCONS
Répartition par Direction Territoriale
93
100
80
60
40
20
0
4
3
2
0
Répartition des fratries par nombre de frères et soeurs
4
15
10
5
0
12
2
35
30
25
20
15
10
5
0
33
32
ERRANCE
ERRANCE // MARGINALITE
MARGINALITE
11
CADRE
CADRE DE
DE VIE
VIE // HABITAT
HABITAT
11
CHOMAGE
CHOMAGE // DIFFICULTES
DIFFICULTES FINANCIERES
FINANCIERES
11
12
10
55
DEPENDANCE
DEPENDANCE // ADDICTION
ADDICTION
18
18
PSYCHOPATHOLOGIE
PSYCHOPATHOLOGIE DES
DES PARENTS
PARENTS
16
16
CONFLITS
CONFLITS PARENTAUX
PARENTAUX
33-56
-5
ans
6-101
- 10
ans
11
- 14
1-14
ans
15 - 18
15-181
ans
18
- 21
8-21
ans
QUATRE
Problématiques familiales
77
MALADIE
MALADIE // DECES
DECES D'UN
D'UN PARENT
PARENT
19
TROIS
DEUX
UN
AUTRES
AUTRES
Répartition par tranches d’âge
11
13
13
CARENCES
CARENCES EDUCATIVES
EDUCATIVES
44
44
00
55
10
10
15
15
20
25
30
35
20
25d’activité
30
35201340
40
Rapport
PROBLEMATIQUES
PROBLEMATIQUES FAMILIALES
FAMILIALES
45
45
50
27 50
La santé et la sécurité au travail
L’établissement s’est engagé, au cours de cette année 2013, dans
un projet de développement de la qualité de vie au travail. Pour
cela, un partenariat a été formalisé avec l’organisme de formation
professionnelle qu’est le SIADEP. Madame DELIL et Monsieur
PIOTROWSKI sont les intervenants qui nous accompagnent,
depuis le mois de septembre, dans cette démarche de développement d’une culture de prévention et de gestion des
risques professionnels. Dans cette visée qualitative, il est apparu
important d’élaborer, dans un premier temps, un état des lieux
dans l’établissement aussi bien par des visites des différents
services (administratifs, techniques, éducatifs, collectifs) que
par des entretiens avec plusieurs personnes pour connaître les
différents risques liés aux fonctions exercées.
Animés par ce principe de développement et après avoir réalisé
un état des lieux exhaustif, les membres du Comité de suivi en
lien avec toutes les équipes professionnelles (éducatives, administratives, techniques et de Direction) réaliseront une phase de
bilan afin de décliner la nature, l’importance et la fréquence des
risques professionnels. Une fois ce travail réalisé, l’élaboration du
plan d’amélioration sera engagée.
Pour permettre une appropriation et une lecture les plus justes
possibles des réalités et des risques conséquents, un Comité
de suivi s’est mis en place. Composé de personnes occupant
quasiment toutes les fonctions présentes dans l’établissement, le Comité de suivi est animé par les intervenants
du SIADEP qui en garantissent le rôle et la fonction après
échange avec l’équipe de Direction. Ce collectif représentatif compte plus d’une dizaine de personnes.
Un travail de huit mois permettra donc à l’ensemble de la
communauté de travail, à l’occasion de cette restitution, de
connaître, de mesurer les différents risques professionnels, de
comprendre et d’entendre les premiers axes d’amélioration et de
s’engager dans une amélioration collective de la santé et de la
sécurité dans l’établissement.
Le calendrier pour l’année 2014 est déjà fixé ! Le plan d’amélioration doit être finalisé et présenté à l’équipe de Direction pour
validation avant la mi-avril. Une date de restitution pour l’ensemble
des professionnels et des membres du Conseil d’Administration est
fixée sur le mois d’avril 2014.
s
age
n
g
i
mo
Té
Ma
ga
li D
EP
Je participe depuis plusieurs mois à la
RE
UX
formation « Prévention et Gestion des Risques Profes,S
urv
sionnels ». J’ai été nommée référente des Surveillants de nuit
eil
mais l’ensemble des services de l’A.M.E est représenté à chaque
lan
te
journée de formation. Au cours de ces réunions, nous évaluons les
de
risques professionnels, les répertorions et chacun explique son travail et
nu
it
les conditions parfois difficiles qu’il peut rencontrer.
Avec Céline Delil (consultante SIADEP), j’ai pu faire l’état des lieux en journée
du service technique et voir les locaux destinés à la maintenance.
Les journées de réunion suivantes, nous avons identifié les différents risques
d’accidents et les risques psychosociaux. Un travail intéressant, mais complexe. Il
existe déjà des moyens de prévention pour éviter les accidents de travail, nous
allons réfléchir et en proposer d’autres.
28 Rapport d’activité 2013
A.M.E.
C.H.S.C.T.
Témoignage des Membres du C.H.S.C.T.
Concernant l’année 2013, le C.H.S.C.T. a vu accroître
son activité dans l’accompagnement des salariés à
travers les différentes démarches, dans ses missions de
prévention, dans le traitement des accidents du travail
en collaboration avec les partenaires extérieurs, dans les
re
tie
n
mobilisations auprès de différents services. Les membres
Ch
ris
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ph
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O
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L,
Re
sp
on
sa
bl
ee
nt
Ce que je retiens du Comité de suivi de
prévention des risques professionnels au travers
de la synthèse de l’état des lieux de chaque
service, c’est qu’à force de se préoccuper du
quotidien, on en oublie les différents dangers.
Il est difficile de conserver son attention par rapport
aux risques qui nous entourent au jour le jour. Pourtant,
ils sont bien là et peuvent se révéler être très dangereux
pour notre entourage et nous-mêmes.
Le groupe de suivi débat sur la mise en place de solutions
face à ce constat dans le but d’améliorer le quotidien au
sein de nos services.
Il est impératif de garantir la sécurité des personnes
accueillies dans les locaux (jeunes et professionnels)
en complément des nombreuses protections déjà
existantes (par exemple en termes d’incendie).
du C.H.S.C.T. ont également participé aux réunions du
Comité de Pilotage de la Démarche Qualité en étant
associés et consultés, notamment sur l’évaluation des
fonctions logistiques, il a aussi participé à l’évaluation
externe réalisée en janvier 2014.
Les collaborations engagées permettent aux membres
du C.H.S.C.T. de bien réaliser leurs missions et leurs investigations en matière d’accident du travail. Cela permet
une approche des situations plus rapide et un accompagnement des salariés à la hauteur de leur attente.
Des projets sont envisagés pour l’année prochaine avec
la volonté de pouvoir prendre une part encore plus
active dans les axes d’amélioration préconisés par la
construction du Document Unique de Prévention et de
Gestion des Risques Professionnels qui s’est construite
avec l’organisme du SIADEP sur plusieurs mois.
Rapport d’activité 2013 29
Les Services Transversaux
La première mobilité de l’A.M.E a concerné le service
administratif, au mois de février 2013. La secrétaire et la
comptable du site de Rumaucourt ont rejoint leurs collègues
dans les bureaux du siège social à Lauwin Planque.
Ce regroupement des services était nécessaire afin de
centraliser toutes les informations concernant les jeunes,
les salariés et les informations financières. Dans le but de
créer une dynamique commune et une identité propre au
service administratif de l’A.M.E, des réunions de service ont
été mises en place, une fois par mois, depuis septembre
2012, afin de permettre la transmission des informations sur
la vie institutionnelle de l’Association, d’échanger sur les
pratiques professionnelles et de définir des axes de travail.
Certaines thématiques ont déjà fait l’objet d’une réflexion
sur l’année 2013, elles seront finalisées et référencées dans
notre base documentaire en 2014 :
- Une procédure de tenue et de consultation des dossiers du
personnel : travail d’harmonisation des dossiers physiques,
recherches réglementaires sur les documents obligatoires
au dossier…
- Une procédure de tenue et de consultation des dossiers
des stagiaires : travail sur les pièces au dossier…
Sur l’année 2013, la cadre administratif et technique est
restée présente sur le site de Rumaucourt afin d’assurer,
entre autres, une permanence administrative.
Des réunions techniques, rassemblant tous les maîtres et
maîtresses de maison, ont eu lieu une fois par trimestre. Ces
réunions ont permis à tous les professionnels de se connaître
et d’échanger sur leurs pratiques professionnelles. Un état
des lieux par service a été effectué. Il a mis en exergue les
points forts et les points faibles de chaque service, sur la
prestation alimentaire et la prestation de nettoyage, ainsi
que sur les conditions matérielles.
Tous les professionnels ont été formés à l’HACCP. Un comité a
été constitué pour identifier, évaluer et maîtriser les dangers
significatifs au regard de la sécurité des aliments. Des plans
de nettoyage et des suivis des plans de nettoyage, à partir
d’une trame commune, seront créés pour tous les services,
ainsi que pour les deux cuisines centrales.
Fresque réalisée
par les jeunes
à la Fruitière
30 Rapport d’activité 2013
Des réunions techniques, rassemblant tous les surveillants
de nuit, ont eu lieu, également une fois par trimestre afin
de permettre l’échange et la transmission d’informations
institutionnelles, et de définir les besoins techniques. Depuis
septembre 2013, ces professionnels font partie des réunions
de service éducatif constituées des chefs de service
éducatif, des éducateurs et des maîtres et maîtresses de
maison. Après quatre mois de participation, les surveillants
de nuit ont désormais le sentiment de faire partie de
l’équipe et peuvent échanger, avec leurs collègues, sur
des situations qu’ils vivent quotidiennement avec les jeunes.
Les travaux d’embellissement des groupes se sont
poursuivis avec le service technique et l’intervention d’entreprises extérieures. L’A.M.E dispose de six sites dont deux
volumineux, les chantiers sont vastes et les trois salariés en
C.D.I. bénéficient de l’aide d’en moyenne six personnes en
contrat unique d’insertion ou en contrat d’avenir.
A.M.E.
Nous avons accueilli, en 2013, pour la première fois
quatre jeunes entre 18 et 25 ans en contrat d’avenir,
trois au sein du service technique et un, en tant que
surveillant de nuit. Il s’agit de salariés pour une période
de 3 ans, pour lesquels nous avons une obligation de
formation pendant l’exécution de leur contrat de
travail. L’Association IDEES se charge de définir leur
projet professionnel par le biais d’entretiens réguliers et
nous facilite l’accès en école de formation. Cette collaboration avec IDEES est essentielle dans le travail que
nous avons à mener avec nos salariés.
Les quatre salariés concernés ont suivi la formation
sauveteur secouriste du travail. Un premier a bénéficié
d’une remise à niveau en calcul, géométrie pour
ensuite intégrer une formation A.E.B. (Agent d’entretien
des bâtiments). Un deuxième a suivi et obtenu un C.2I.
(Certificat informatique et Internet), en vue de se perfectionner en maintenance informatique. Le troisième
intégrera la prochaine session de formation du C.D.R.E.
de surveillant de nuit qualifié. Et le quatrième est en cours
d’élaboration de son projet professionnel.
Beaucoup de travaux administratifs, financiers et
techniques ont été menés sur cette année 2013 et
d’autres seront à poursuivre sur les prochaines années.
Allyson CNUDDE,
Chef de Service Administratif et Financier
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au
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n2
- Les services de Douai
et Somain ont été entièrement repeints.
- Le mur d’enceinte et le macadam du
de
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service
des Tilleuls ont été refaits à neuf
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Tous
les
volets des chambres du Groupe de
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Ex
Vie sont désormais électriques.
- Le mur d’enceinte du siège social a été rénové en
partie
- La toiture de l’Archipel a été refaite
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Rapport d’activité 2013 31
Dans les services éducatifs...
La Fruitière : Ciao « guinguette », place à « évasion »…
EVASION est le nom choisi par les jeunes du
groupe de la Fruitière pour renommer cette
pièce. Une salle qui a été longtemps appelé «
la guinguette » par les jeunes et le personnel
de Lauwin-Planque. Cette salle située entre le
groupe de la Fruitière et le Groupe de Vie a
une réelle histoire.
Autrefois, cette salle était un espace de
jeux et de détente pour les jeunes. De
nombreuses parties de baby-foot s’y sont
déroulées. Elle servait aussi d’endroit
de retrait des plats du repas du soir. Un
passe-plat permet encore à Patrick, notre
« cuisto », de nous donner les plats sans
entrer dans la cuisine centrale et sans sortir
du groupe. Autant dire qu’à 19h, il y a du
monde qui attend…
Mais pourquoi avoir voulu transformer
cet endroit ? A la demande des jeunes
et des éducateurs, un petit rafraichissement semblait inévitable. Alors
Marie-Pierre et Pascale (éducatrices)
ont pris cette rénovation à cœur. Elles
en ont discuté en équipe lors des
réunions puis avec les jeunes lors des
assemblées du lundi soir.
De cette réflexion, un projet est né.
Marie-Pierre s’est alors transformée
en architecte et a mesuré les pans
de mur. Ensemble, ils ont repensé
à la déco. Alors cet été, les jeunes
ont mis leurs vieux vêtements et ont
troqué leurs ballons ou lecteurs MP3
contre des pinceaux. En effet, la
32 Rapport d’activité 2013
première étape a été la réfection des murs
et du plafond. Alors avec du « map », ils ont
rebouché les trous et ont poncé. Puis un bon
coup de pinceau s’imposait. De là, des idées
ont fusé ! Avec deux tons de gris, des dessins
ont vu le jour. Avec un rétroprojecteur, ils ont
reproduit les dessins choisis par les jeunes et
les ont peints de toutes les couleurs. On a vu
naître un danseur de breakdance, une cabine
de téléphone anglaise et plein d’autres dessins
que nous vous invitons à venir découvrir.
Mais pourquoi ce nom ? Pourquoi Evasion
? Plusieurs noms se confrontaient mais il
appartenait aux jeunes de choisir. Alors
pendant le camp des vacances de la
Toussaint à Hardelot, les enfants ont dû faire
leur choix mais pas de n’importe quelle
manière ! Ils ont dû voter. Puis ils ont signé un
registre pour indiquer qu’ils avaient bien voté.
Ca vous rappelle quelque chose ? Normal, les
jeunes ont été initiés à un devoir de citoyen.
Tous ont joué le jeu et ont assisté au dépouillement et sur les 15 jeunes présents, treize d’entre
eux ont voté pour « Evasion ». C’est donc de
cette manière que le nom de cette salle a vu
le jour. Ils avaient le choix entre « salle de jeux
», « salle d’activité », « salle d’expression » et «
salle évasion ». Ils ont donc choisi le nom le plus
original.
A ce jour, il reste encore quelques dessins à
finir, des miroirs à accrocher et un nouveau
revêtement à poser mais c’est en très bonne
voie.
L’année 2013 est une année importante pour les professionnels du Groupe de Vie. La tranche d’âge des jeunes accueillis s’est nettement transformée. Jusque fin 2012, les
accueils de préadolescents/adolescents étaient prédominants. L’année 2013 nous a réservé son lot de surprises. Le passage des 6/15 ans aux 3/18 ans s’est réalisé progressivement dans le service, mais nous ne nous attendions pas à être autant sollicités par nos partenaires, pour accueillir des enfants âgés de moins de 6 ans. Ils sont cinq
et viennent tous d’assistante familiale, mais ce mode de prise en charge ne répondait vraisemblablement pas à leurs besoins. De plus, pour 4 d’entre eux, la collectivité
leur a permis de réunir l’ensemble de leur fratrie et de vivre ensemble sous le même toit.
Pour optimiser ce changement, les professionnels du Groupe de Vie se sont donc inscrits dans une nouvelle dynamique de travail en réajustant leurs pratiques professionnelles pour répondre, au mieux, aux besoins et attentes des jeunes que nous accompagnons qu’ils soient « grands ou petits ».
Tout au long de l’année 2013, différents axes de travail ont donc été développés :
- Multiplication des modes de prise en charge diversifiés en lien avec l’âge des enfants dans l’accompagnement du quotidien
- Approfondissement des projets personnalisés et de leur mise en œuvre efficiente avec le jeune et sa famille (accompagnement du jeune au domicile de ses parents
avec un professionnel)
- Travail sur les problématiques rencontrées et les réponses à apporter (Atelier avec le centre de Prévention santé de Douai, Atelier des émotions avec les plus jeunes, des
éducateurs et la psychologue de l’A.M.E)
- La prise en charge individuelle et collective (séjours)
- L’accompagnement des jeunes et de leurs représentants légaux (dynamique transversale avec le service de la Fruitière implanté sur le même site que celui du Groupe
de Vie).
Mais aussi :
- L’accompagnement des stagiaires à la professionnalisation
- L’importance d’une cohérence d’équipe
- La réorganisation des lieux pour l’accueil d’enfants plus jeunes et
d’adolescents.
Ce travail se poursuivra sur l’année 2014 où nous allons également nous
plonger dans l’écriture du projet de service, projet qui viendra affirmer
les engagements et compétences des professionnels au service des
jeunes et de leur famille que nous accueillons et accompagnons quotidiennement.
Halloween au
Groupe de Vie
Rapport d’activité 2013 33
A.M.E.
Le Groupe de Vie : Accompagner le changement
Horizon
L’année 2013 vient de s’achever
et a été pour le service Horizon
une année riche en émotions et en
changements multiples.
Notre service, comme la plupart des
services de l’A.M.E, a vu élargir la
tranche d’âge des enfants accueillis, ce
qui, concrètement a permis d’accueillir
des enfants plus jeunes (deux enfants
de 7 ans, un enfant de 5 ans). L’équipe
a dû adapter sa prise en charge afin
de répondre aux attentes et besoins des
enfants, réfléchir à une organisation (repas,
coucher, etc…) et une configuration (lieu
de vie, jeux…) différente.
Horizon : Séjour à la
Bresse dans les Vosges
Le service Horizon a connu, durant la rentrée scolaire 2013/2014, une période de turbulence avec des incidents à
répétition (fugues, dégradations, vols, etc…), qui a mis à mal le fonctionnement et la cohésion d’équipe durant un
temps. L’instabilité passagère de l’équipe et les changements multiples durant l’année ont été autant de facteurs
pouvant expliquer ce déséquilibre.
L’équipe éducative, avec la Chef de Service, Laure NOWICKI qui a pris le relais de Cédric DERAEDT au sein
du service Horizon, a travaillé à endiguer ce phénomène en proposant un accompagnement soutenu et
diversifié dans un cadre sécurisant, ce qui a payé puisque le groupe s’est apaisé progressivement.
Durant l’année, nous avons organisé un séjour « neige » en Isère au mois de février, un séjour « camps
itinérant VTT » reliant Rumaucourt à Hardelot au mois de juillet, un séjour « détente » à la Bresse, une
journée « halloween » au parc Astérix et un séjour au Futuroscope de Poitiers en fin d’année. Tous ces
séjours se sont ajoutés aux séjours
« ferme », aux colonies et centres aérés proposés à chaque période de vacances.
Parallèlement, nous proposons des activités sportives chaque semaine au sein du site de Rumaucourt
(sport d’opposition, football, piscine, etc...).
Tous ces projets permettent aux enfants de s’ouvrir sur l’extérieur, de découvrir des horizons
différents et parfois leur apporter des moments de bonheur simples faisant oublier un instant les
difficultés liées à leur histoire.
Nicolas NOWACKI, Éducateur
Camp itinérant
VTT
A.M.E.
e
g
a
Arc-en-Ciel : Des
petits et des grands…
2013 a été l’année du changement.
Un emménagement dans un
nouveau service avec un investissement progressif des lieux, la prise
en compte de nouveaux repères,
tant pour les enfants que pour les
adultes.
Monsieur DERAEDT (chef de service),
Madame ETUIN et Madame HADJIT
(éducatrices),
Madame
WIART
(maitresse de maison), Monsieur
DEBRAY (surveillant de nuit) ont
rejoint l’équipe.
L’accueil de jeunes plus âgés dans
le service a permis d’entamer une
réflexion collective sur l’accompagnement d’enfants de tranches
d’âge différentes : qu’est ce qu’un
petit ? qu’est ce qu’un grand ?
Les règles de vie du service ont été
revisitées et les pratiques éducatives
adaptées en conséquence.
Au final et parallèlement au questionnement autour de l’âge, il a
paru important de mettre l’accent
sur la différenciation, l’individualité
et surtout l’expression de ces jeunes
que nous accompagnons.
Par exemple, cette année, les
assemblées d’enfants ont été de
plus en plus investies par les jeunes
et sont devenues un réel lieu
d’échanges entre les jeunes et les
membres de l’équipe éducative.
Le travail se poursuit, les idées se
multiplient et plusieurs jeunes ont
réfléchi à la création d’une charte
autour du respect d’autrui. L’équipe
a mis en place des groupes de travail
avec les jeunes pour répondre à cet
objectif.
« Je suis Maîtresse de
maison au service Arc-en-ciel
à Rumaucourt. Nous avons, après rénovation,
déménagé et intégré nos nouveaux locaux. L’installation de cette nouvelle petite cuisine au sein du collectif m’a
donné la possibilité de mettre en avant le relationnel et de
prendre en charge les enfants volontaires et curieux de découvrir la
confection d’un repas. Je découvre qu’ils ont beaucoup de capacités,
d’autonomie et de discipline. Je discute avec eux et je suis agréablement
surprise de voir qu’un enfant peut avoir une autre idée représentative du
métier de maîtresse de maison. »
n
g
i
o
m
Té
Marie-Lise MERCIER, Maîtresse de maison
Assemblée
d’enfants
L’assemblée d’enfants : un lieu
d’échanges et de débats
Le thème de l’expression et de la participation des usagers répond
à l’une des priorités de la loi 2002-2 rénovant l’action sociale et médico-sociale, qui réaffirme la place et les droits des usagers.
A ce titre, l’A.M.E met en place, depuis sa création, des assemblées
d’enfants hebdomadaires au sein de chaque service.
L’expression et la participation font donc partie intégrante des
« outils » mis à disposition des professionnels pour favoriser l’insertion
des usagers dans la vie sociale.
évident pour des enfants ayant, pour certains d’entre eux, un
manque de confiance en eux.
L’idée est de parvenir à entendre leurs demandes, les associer dans
la recherche de solutions communes, viser l’apprentissage des
débats, de la vie de groupe, de la prise de parole, de leur permettre
d’influer sur leur propre environnement ou encore de revendiquer
une qualité de service, en tant qu’individu et cela à travers le
« collectif » institutionnel.
L’équipe du service Arc-en-ciel s’est interrogée sur le sens et l’organisation de ces assemblées. Les jeunes vont-ils adhérer ? Seront-ils
à l’écoute ? La fréquence n’est-elle pas trop rapprochée ? Autant
de questions à travailler en acceptant que la participation n’est en
aucun cas exigible de la part de l’usager. Il s’agit de l’exercice d’un
droit et non d’une obligation.
A ce jour, l’équipe est agréablement surprise de l’intérêt que portent
les jeunes à cette instance. L’assemblée d’enfants est repérée,
régulière, préparée et investie. Même les enfants les moins loquaces
s’autorisent aujourd’hui à prendre la parole.
L’équipe est parvenue à y mettre du sens et ne s’est pas contentée
de répondre à une obligation légale.
S’exprimer, c’est dire quelque chose par le langage. Il s’agit donc
de l’affirmation de soi par la prise de parole, ce qui est loin d’être
L’équipe éducative
Rapport d’activité 2013 35
Service de Somain
Durant l’année 2013, l’équipe et les jeunes ont participé au renouveau et à
la restructuration de la maison de Somain qui a profité d’une véritable remise
à neuf. En équipe, mais aussi avec la participation des jeunes, nous avons
repensé l’exploitation des espaces individuels et collectifs. Grâce à la requalification des espaces, l’adaptation au sens de circulation, les lieux communs
ont été modifiés (création d’un petit salon avec une seconde télévision
et un lecteur DVD, nouvelle salle de réunion, nouveau bureau éducatif,
ouverture d’un troisième studio pour favoriser l’accompagnement en semiautonomie…) à la plus grande joie de ceux qui en profitent… Le nombre de
chambres individuelles a ainsi pu augmenter.
Question peinture, décorations, les jeunes se sont mobilisés pour choisir les
nouvelles couleurs de leur chambre mais aussi celles des lieux communs.
Une fois les locaux repeints par Yohan du Service Technique, les jeunes ont
accompagné les Maîtresses de maison pour choisir la décoration : cadres,
miroirs, nouveaux mobiliers…, ils n’ont pas été en manque d’idées, et en
ont encore beaucoup à exploiter !! Ils ont, par exemple, soumis l’idée de
transformer une chambre double en salle de jeux. Un babyfoot, une table
de tennis de table et une console de jeux ont été achetés. Petits et grands
se retrouvent autour de ces jeux pour des parties
enflammées…
Un partenariat a été établi avec l’association
« AFAD » de Douai grâce à l’initiative de
l’une de nos Educatrices stagiaires. Les
jeunes des studios ont ainsi participé
à plusieurs ateliers autour de la
thématique
de
l’alimentation. Ils ont appris ou revu
les grandes règles de
l’hygiène alimentaire un
peu perdues de vue
Les Olympiades
à Sebourg
36 Rapport d’activité 2013
par chacun (petits et grands). Ils ont participé avec l’éducatrice stagiaire et
une Maîtresse de maison à différents ateliers dans les locaux de l’Association
(conception de plats avec un petit budget, repas de Noël, décorations…).
Très intéressés par cette activité, en lien direct avec leur projet d’autonomie,
les jeunes en redemandent et nous comptons bien poursuivre cette route
avec l’AFAD qui est devenue en 2013 un partenaire précieux pour nos accompagnements. Nous continuerons donc nos actions autour de l’alimentation et envisageons de les ouvrir vers d’autres thèmes tels que l’hygiène,
soucieux d’adapter les thématiques aux besoins et aux demandes des jeunes.
Les vacances sont également un temps fort de la vie du groupe. Nous sommes
partis en Alsace découvrir la neige, plusieurs fois à Hardelot pour prendre le
grand air et en Normandie pour un dépaysement total. Ces séjours à l’extérieur
de la Maison d’Enfants ont réunit une fratrie de cinq enfants accueillis dans
trois services de l’A.M.E. Cette initiative a ensuite permis d’accueillir l’ensemble
de la fratrie dans le même site, à Somain. Ils permettent, quoi qu’il arrive,
de partager des moments privilégiés en groupe plus restreint, de « faire un
break », de se découvrir « autrement », de se rassembler autour d’activités
communes, de s’aider, se rapprocher…
Durant cette année 2013, des jeunes nous ont
aussi dit « au revoir ». Certains ayant passé un
petit moment avec nous et d’autres beaucoup
plus… Jacky et Christianne, accueillis il y a plus
de 10 ans à Rumaucourt continuent leur route
et poursuivent leurs projets. Leur passage à
l'A.M.E nous a marqués et nous sommes heureux
de savoir qu’ils continuent à avancer (lieu de
vie et ESAT). De jeunes enfants plus (4 et 5 ans)
ont été accueillis. Nous avons su réfléchir à nos
pratiques et réadapter le quotidien mais aussi
nos pratiques aux besoins des enfants.
Pour 2014, nous souhaitons poursuivre les projets
en cours, notamment en ce qui concerne les
conditions d’accueil, le cadre de vie : une
nouvelle cuisine doit prochainement voir le jour,
un projet de véranda est également prévu,
l’aménagement des espaces extérieurs a
démarré et va se poursuivre en 2014. Nous avons
également le projet de trouver un nom à l’unité
de Somain, de nous ouvrir encore davantage
sur l’extérieur, favoriser et développer les projets
transversaux, les liens avec les autres services
de l’A.M.E…
A.M.E.
Certains ont profité aussi de séjours à la ferme,
en centre équestre, en colonie…
L’équipe et les jeunes ont également participé
à plusieurs sorties sportives telles que les
Olympiades à Sebourg, les boucles de Gayant,
un après-midi de découvertes des sports à la
Base de Loisirs de Trith-Saint-Léger, sortie VTT,
pique-nique et jeux au Parc d’Aubigny-auBac… Les jeunes se découvrent des talents
insoupçonnés et, par le jeu, nous montrent leurs
capacités de persévérance pour aller jusqu’au
bout d’eux-mêmes et atteindre leurs objectifs…
Réaménagement
des espaces de vie
Une chose est sûre, l’équipe est engagée dans
une démarche continue d’amélioration de
la qualité et n’épargne pas ses efforts pour
continuer à avancer dans des situations parfois
complexes, à force de créativité, d’inventivité,
d’acharnement….
L’ensemble de l’équipe de Somain
Rapport d’activité 2013 37
Service des Tilleuls
Aux Tilleuls, l’année a été marquée par de
nombreux événements. Mais celui qui parait
essentiel à développer est l’accueil de Mineurs
Etrangers Isolés. Une première dans la structure !
Si les jeunes, comme l’équipe, ne savaient pas
ce que cela allait engendrer, en termes d’enrichissement ou de démarches administratives, les
échanges divers et variés n’allaient pas tarder à
faire découvrir de nouveaux horizons à tous.
Comment s’intégrer lorsque l’on ne connaît
pas la langue, les us et coutumes d’un territoire
d’accueil ?
Comment évoquer son vécu, se raconter quand
l’autre ne situe pas le pays ? Ne perçoit pas la
culture de la personne ?
Comment, pour les jeunes, accueillir l’Autre
quand ses motivations ne sont pas similaires aux
siennes ? Quand le vécu n’a pas enseigné les
mêmes valeurs ?
Si l’équipe ne s’est pas trop inquiétée de voir une
nouvelle arrivée, différente certes, mais cela est
somme toute assez classique puisque chaque
situation est différente, bientôt un questionnement a vu le jour.
Comment appréhender, pour l’équipe, les
démarches ambassades, sous-préfecture, les
divers documents à demander aux pays ?
Alors, un puis deux, puis trois et enfin quatre
mineurs étrangers ont été accueillis au sein de la
structure...
Des échanges entre jeunes, soutenus par l’équipe
éducative, ont amené chacun à s’enrichir de
l’autre. Des frictions aussi, parfois, il faut l’admettre.
Mais quel bilan !!! A entendre ces jeunes mineurs
étrangers évoquer la chance qu’ils pensent avoir
d’être encadrés, soutenus, SCOLARISES !!! Ils ne
cessent d’apprécier chaque jour leur accueil
et se montrent même, aujourd’hui, créateurs
de projets au sein de la structure ! Leur soif
d’apprendre, de découvrir, de « s’en sortir » est un
élément moteur dans la dynamique de groupe.
L’ouverture d’esprit que cela propose nécessairement a lancé beaucoup de réflexions autour
38 Rapport d’activité 2013
de la « différence », qu’elle soit culturelle, de
l’ordre du handicap physique ou mental, parfois
simplement des opinions, qui se confrontent,
laissent pointer la notion de tolérance. Un intérêt
naît au sujet de la politique.
D’autres termes émergent davantage de la part
des jeunes du groupe : respect, engagement,
lien. Ce lien, si ténu, si décrié par les jeunes aux
situations familiales complexes, les mineurs isolés
les recherchent, s’y accrochent, emploient tous
les moyens mis à leur disposition et relativisent
pour n’accorder aux choses que leur importance
réelle, donc laisser pleinement les liens à leur
place essentielle.
Il serait illusoire de décrire une situation idyllique
puisque chacun ne peut s’intégrer que s’il le
souhaite vraiment. Parfois, une exception vient
confirmer la règle ; cela permet à tous d’en tirer
les leçons...
Alors s’il fallait écrire une conclusion à ce nouveau
chapitre qu’ont vécu les Tilleuls, il tiendrait en
quelques lignes où les mots « enrichissement
mutuel », « tolérance », auraient une place prépondérante. La complexité de cet accompagnement apporte une richesse au travail éducatif et
permet de toujours et encore mettre en exergue
le bien-être du jeune « avant tout ».
Pour autant 2013 ne se résume pas à l’accueil de
ces jeunes. La dynamique entamée se poursuit :
des camps, des scolarités, des orientations, des
inscriptions, des remises au point, des avancées
et des fins de prise en charge plus ou moins
abouties.
Du recul, des réflexions, de l’analyse, une équipe
qui se construit, des projets en cours, des jeunes qui
s’inspirent de la dynamique sur la lancée initiée
en 2013. Cette année qui démarre va réserver
son lot de surprises, de dynamisme, d’inventivité
dans les prises en charge, diverses, variées, et de
nouvelles perspectives.
L’équipe des Tilleuls
Nouveaux aménagements
pour le Service situé
rue Poincarré à Douai
Si notre mission première ne change pas, il nous faut pourtant chaque année être source
de proposition pour développer nos prises en charge et nos compétences, dans une
démarche de qualité.
Durant cette année, nous nous sommes efforcés de répondre aux besoins et aux
capacités des jeunes, grands adolescents et jeunes majeurs, en termes d’apprentissage
à l’autonomie, de socialisation, d’insertion sociale et professionnelle.
Par contre, il nous semble important de mettre en évidence certains moments partagés,
qui favorisent le «vivre ensemble», entre individu et collectivité. En effet, tout au long de
son accueil, le jeune accueilli bénéficie de multiples actions à vertu socialisante dont voici
quelques « pastilles ».
Les jeunes sont accueillis dans le respect des valeurs culturelles, des histoires et des
croyances. Pour envisager un accompagnement de qualité, le parcours de vie est
pris en compte. Aussi l’équipe éducative est à l’écoute de ses habitudes (alimentaires,
culturelles…).
Au sein de notre service, trois Mineurs Isolés Etrangers sont accueillis, nous incitant ainsi à
développer notre réseau, mais aussi à apprendre de la culture de l’autre. La « relation
d’aide » est ainsi réciproque. Cette diversité culturelle permet de multiples échanges
surtout riches, parfois étonnants.
Ces accompagnements, bien que complexes, contribuent à l’existence d’une valeur
essentielle de notre association qui est l’humanité. Ils contribuent à l’enrichissement
de tous, jeunes et équipe éducative. C’est dans ce contexte que la notion de « vivre
ensemble » prend aussi toute sa valeur.
Autre temps fort de la vie de notre service : les séjours. Cette année, nous avons alterné
« quotidien » et « évasion », notamment par l’organisation de séjours en Corse, ou en
encore à Hardelot avec une initiation au char à voile, séjours qui permettent de changer
d’horizon…
De même, dans le même objectif, nous avons organisé une fête de Noël à
laquelle jeunes et adultes ont participé aux préparatifs, aux décorations, à la
confection des invitations…. Ces temps d’échange permettent à chacun de
mettre en œuvre leur savoir-faire et leur savoir être.
Les photos suivantes parleront certainement plus qu’un long discours.
Ces temps forts de notre prise en charge favorisent des instants partagés, qui
facilitent la cohésion, l’ouverture en restant dans les mémoires de tous.
Pourtant, ces moments conviviaux ne sauraient nous faire oublier que la vie
au sein des institutions n’est pas « un long fleuve tranquille » … nous avons
traversé une période difficile en cette deuxième moitié d’année 2013.
Mais, après avoir montré une solidarité institutionnelle et une cohérence pour
gérer et amener des réponses à ce moment particulier, l’équipe éducative
est restée mobilisée, centrée sur sa mission d’accompagnement.
Cette volonté de « faire face » a permis un échange constructif sur les
éléments de cette période de crise pour être à nouveau, aujourd’hui, dans
une dynamique de projet (réaménagement des espaces, accueil des
stagiaires, développer le partenariat, la transversalité….).
Et c’est bien là l’essentiel...
Rapport d’activité 2013 39
A.M.E.
Les années se suivent et se ressemblent… ou presque…
La Qualité
« 2013, une année riche sur le plan de
l’amélioration continue de la qualité ».
La loi 2002-2 du 02 janvier 2002, en instaurant
une « obligation d’évaluation des activités et
de la qualité des prestations délivrées », a initié
la démarche d’amélioration continue de la
qualité qui concerne tous les établissements
sociaux et médico-sociaux et tous les acteurs
de la prise en charge des bénéficiaires.
Plus qu’une réponse aux obligations légales,
l’enjeu d’une telle démarche est bien de créer
une dynamique collective d’évaluation interne,
associant tous les participants, pour améliorer
le fonctionnement des établissements et la
qualité finale des services rendus.
C’est en ce sens que l’A.M.E a décidé
d’œuvrer pour que la démarche qualité ne
soit plus repérée comme l’association de deux
mots mais bien pour que chaque professionnel
puisse y mettre un sens et contribuer à améliorer
la qualité de prise en charge des enfants.
Un comité de pilotage qualité est donc mis
en place en novembre 2012 : il est composé
du Directeur, du Directeur-adjoint, des
correspondants qualité et des professionnels
représentant toutes les fonctions exerçant dans
l’établissement. Il a pour vocation de veiller à
l’organisation de cette évaluation interne et
engager le plan d’amélioration.
40 Rapport d’activité 2013
Unité de vie
de Somain
Le Comité de Pilotage (COPIL) qualité a planifié la
méthodologie de cette évaluation interne et programmé
l’ensemble des réunions pour l’année.
Des questionnaires « bientraitance » pour les professionnels,
les représentants légaux et les jeunes ont été élaborés,
diffusés et remplis. Ils ont fait l’objet d’une analyse qui
alimentera l’évaluation interne. La restitution de cette
analyse s’est faite de manière collective lors d’une réunion
générale.
Des groupes de travail ont été mis en place, avec pour
chacun, des thèmes précis à évaluer :
- Droits et information du jeune et sa famille : thème évalué
à travers les questionnaires «bientraitance ».
- Dossier du jeune : thème évalué à travers les questionnaires « bientraitance » et une E.I.C. (Evaluation Interne
Croisée) école.
- Accompagnement au quotidien ; Projet personnalisé ;
Ouverture sur l’environnement : thèmes évalués à travers
les questionnaires « bientraitance » ainsi qu’en équipe et
par service.
- Management et Gestion des Ressources Humaines ;
Gestion du système d’information : thèmes évalués par le
COPIL qualité.
- Gestion des fonctions logistiques : thème évalué par le
C.H.S.C.T.
- Gestion de la qualité : thème évalué par le C.H.S.C.T. et
le COPIL qualité.
- Comptabilité, Paie et Dossier du personnel : thème évalué
en groupe établissement-direction générale.
Parallèlement, l’A.M.E a travaillé sur son système
documentaire : les classeurs qualité ont été diffusés dans
chaque service. Une base documentaire informatique est
également présente sur les ordinateurs de chaque service.
Ils reprennent, selon différents items, les documents et
procédures internes.
Un deuxième correspondant qualité a été nommé en la
personne de Ruddy TAHON. Ils participent tous deux à
la commission qualité du G.A.P. qui se réunit de manière
trimestrielle pour évoquer l’état d’avancement de la
démarche qualité au sein de l’A.M.E.
« Enfin, il est inconcevable aujourd’hui de ne pas lier projet
d’établissement et Démarche Qualité, car c’est bien
celle-ci qui garantit, par son exigence et ses outils, le bien
fondé du projet, la bientraitance des usagers comme celle
des professionnels et la volonté d’améliorer de manière
continue nos pratiques professionnelles et notre mission
éducative ».
Le projet d’établissement a donc été finalisé et validé
par le Conseil d’Administration. Un exemplaire est mis à
disposition dans chaque service.
Le Directeur et le Directeur-adjoint ont travaillé sur la partie
déclarative (basée sur les recommandations des bonnes
pratiques professionnelles de l’ANESM), à savoir :
- L’histoire
- Projet de l’association
- Les missions
- Le public et son entourage
- La nature de l’offre éducative
- Les principes d’intervention
- Les professionnels et les compétences mobilisées
La dernière partie concerne « les perspectives ». Un travail
avec les professionnels sera prochainement consacré
autour de cette dimension.
L’A.M.E peut être satisfaite du travail accompli durant
cette année 2013 concernant la démarche d’amélioration
continue de la qualité. Elle a veillé à mettre en place une
démarche participative impliquant l’ensemble des professionnels, les représentants légaux ainsi que les jeunes et
peut aborder l’évaluation externe en toute sérénité.
Cependant, il est important de rappeler que cette
évaluation externe n’est pas une fin en soi mais bien la
possibilité de s’inscrire dans la continuité. De nombreux axes
d’amélioration seront en effet à travailler durant les années
à venir. L’A.M.E pourra s’appuyer sur les compétences et
les forces vives de chacun de ses membres. Cela passera
notamment par la composition d’un nouveau comité de
pilotage lors du 1er trimestre 2014.
La démarche qualité au sein de l’A.M.E doit continuer
de s’appuyer sur une mobilisation maximale des acteurs.
Cette démarche participative contribuera à réduire les
différences culturelles des deux établissements historiques,
modifiera les représentations et proposera de nouveaux
modèles d’action transparents et clairs pour tous.
Cédric
DERAEDT
... des correspondants qualité
Pour préparer l’évaluation externe qui aura lieu les 27, 28 et
29 janvier 2014, une grande partie des professionnels s’est
impliquée dans la démarche de différentes manières et en
respectant plusieurs étapes :
- La réalisation d’une évaluation interne selon différents
chapitres définis dans le référentiel qualité (validé par le
Conseil d’Administration du 18 mai 2013).
- La mise en évidence par chapitre des points forts et des
points à améliorer.
- La mise en œuvre d’actions d’amélioration.
Chacune de ces étapes a été réalisée avec une implication
forte de l’équipe de direction.
A.M.E.
Le point de vue...
Je suis devenu correspondant qualité en
2012. C’est après la présentation des missions
de ce rôle par le Directeur en réunion institutionnelle que j’ai décidé de postuler
afin d’enrichir ma culture professionnelle.
Après trois années d’expérience, il semblait
intéressant de m’inscrire dans la vie et la
politique de l’Association, d’apporter ma
propre vision dans cette démarche d’amélioration continue. Avant que cette mission
me soit confiée, la notion de « démarche
qualité» n’avait pas vraiment de signification…
Le soutien du second correspondant qualité,
des professionnels du service Qualité du
GAP mais aussi du Directeur-adjoint, m’a
permis de mieux appréhender le sens de la
démarche. Le comité de pilotage mis en
place au sein de l’association, la participation aux commissions qualité du GAP ont
favorisé une meilleure compréhension des
politiques institutionnelles.
Très motivé, j’ai proposé de prolonger ma
mission de correspondant qualité afin de
soutenir et relayer la politique qualité.
Jeune professionnel, je participe avec
entrain à ma première évaluation externe.
La possibilité d’échanger sur nos pratiques
de façon constructive ne peut qu’être
bénéfique. L’évaluation externe n’est pas
une fin en soi mais une étape dans la politique
continue d’amélioration de la qualité des
actions au service des publics accueillis et de
leur famille.
Mon objectif est de sensibiliser mes collègues
à l’appropriation de cette démarche après
avoir été formé à l’audit interne et participé
à sa mise en œuvre. L’important est bien de
donner sens à notre travail, nos missions, ne
pas se laisser envahir par le quotidien. Lever
la tête et donner du sens au « Pourquoi ? »,
telle est la question.
Ruddy
TAHON
Rapport d’activité 2013 41
La qualité...
vue par une administratrice
Geneviève HOT, Administratrice de l’A.M.E
s’exprime sur sa participation au Comité de
Pilotage de l’évaluation interne de l’A.M.E.
n
g
i
e
g
a
Début 2013, Monsieur TOURTOIS,
Directeur de l’A.M.E, proposait aux administrateurs
une participation au Comité de Pilotage qui se mettait en place
pour réaliser l’évaluation de la structure.
J’ai ainsi pu participer à plusieurs réunions dans les différents sites, avec des équipes composées
des personnels encadrant les jeunes accueillis dans cet établissement.
Ces réunions proposaient de porter un regard sur toutes les facettes de fonctionnement de vie et du
suivi des jeunes accueillis. Tous les personnels étaient invités à donner leur sentiment et leurs observations,
en fonction de l’approche professionnelle qu’ils ont avec les enfants en difficulté.
Lors de ces rencontres, j’ai pu apprécier un accueil et une écoute qui m’ont permis de participer à ces
moments avec facilité et intérêt. J’ai été très sensible à la parole libre qui s’y échangeait, mais aussi à la
recherche pour analyer leurs pratiques objectivement, même si elles pouvaient être remises en question.
Malgré la fusion encore toute récente des deux Maisons d’Enfants qui constituent maintenant l’A.M.E, les personnels
en présence avaient la volonté de faire un véritable travail de relecture de pratiques. Il était très intéressant de découvrir
la réalité de vie dans les différents sites. Les personnels aux pratiques différentes, du surveillant de nuit à la psychologue en
passant par les éducateurs ou personnels administratifs, tous avaient à cœur d’échanger leurs expériences.
J’ai pu mesurer, dans toutes ces rencontres, la place prioritaire que le jeune occupait, et la volonté de le mettre au
cœur du système. Une relecture de tout ce travail a été réalisée avant l’écriture définitive de ce bilan, permettant
d’assurer à chacun que sa parole avait été prise en compte.
Ces échanges en équipe m’ont permis aussi de réaliser que le travail de ces professionnels est basé sur une réalité
en perpétuelle évolution, les obligeant à se remettre en question, que leur démarche qualité est toujours centrée
sur la bientraitance.
Nul doute que ce travail va amener toutes les parties prenantes de l’A.M.E à encore progresser.
Je remercie sincèrement toutes les personnes avec qui j’ai pu participer à ce travail, pour la place qu’ils
m’ont laissée y prendre.
o
m
Té
42 Rapport d’activité 2013
La Bouée des Jeunes
La Bouée
des Jeunes
Conseil d’administration
Gérard LOTTIAUX, Président ; André BROSSARD, Trésorier ;
Jean LOYEZ, Secrétaire Général ; Joël TISON, Secrétaire Général adjoint ;
Thérèse MARTIAUX, Trésorière adjointe ; Christiane APOSTOLY,
Michèle BARTIER-PAULUS, Jean-Robert DUHAMEL,
Bernard DUHOUX, Charles-Henri LUCAS, Jacky MARECHAL,
Michel CHERE, Monique DENOYELLE, Jean-CLaude RICQUEBOURG
Sommaire
Editoriaux P. 44
D.A.H.T. P. 46
Foyer Educatif Maternel P. 48
Pôle Accueil Diversifié P. 50
Pôle Internat P. 52
Unité de vie de Niergnies P.54
FOCUS sur le travail des assistantes familiales P.55
Activité en chiffres P. 56
Le Service de Prévention Spécialisée P. 58
Rapport d’activité 2013 43
Editoriaux
Mot du Président
Quelques faits particuliers sont venus pimenter l’année
2013 :
- les problématiques des jeunes accueillis bousculent les
professionnels chargés de les accompagner. Cela nous
amène dans ce contexte à rechercher le développement du «bien-être» au travail.
- la mise en chantier du projet stratégique « le GAP,
demain », projet mobilisateur destiné à développer les
travaux inter-associatifs dans quatre domaines définis
comme prioritaires : l’innovation - la cohésion sociale l’efficience - la communication.
- l’évolution du projet de création de l’unité d’accueil de
Sin-le-Noble : certes, la constante de temps est toujours
importante dans le domaine immobilier, mais en 2014,
le projet devrait être finalisé, avec, en particulier, la
destruction de l’internat, symbole d’un mode d’accueil
révolu et le dépôt récent d’une demande de certificat
d’urbanisme.
Mais je n’en oublie pas pour autant la vie de tous les
jours et c’est avec plaisir que je remercie l’ensemble
des équipes pour leur implication dans l’atteinte de
nos objectifs et le respect des budgets, que je remercie
ceux et celles qui ont travaillé à la refonte des projets
d’établissement, au suivi de la démarche Qualité et à la
réalisation de l’évaluation interne qui nous apporte un
certain nombre de préconisations qu’il conviendra de
mettre en oeuvre, afin de vivre une évaluation externe
sereine. Il reste à garder l’espoir que la vente du Foyer de
Selles interviendra rapidement malgré une conjoncture
économique difficile, nous permettant ainsi d’accroître
les capacités de financement de nos projets en cours.
Cordialement à tous.
Gérard LOTTIAUX, Président
44 Rapport d’activité 2013
Gérard LOTTIAUX,
lors des voeux
de la Bouée des
Jeunes
La Bouée des Jeunes
Mot du Directeur
Les Services des foyers de Cambrai et de Douai sont maintenant réunis depuis deux ans. Ce
regroupement, légitimement craint par certains, nous permet d’harmoniser nos pratiques et de
mettre en commun nos projets et documents.
A travers l’évaluation interne qui a été réalisée par l’ensemble des services, nous avons pu
conforter nos pratiques dans le cadre d’échanges enrichissants. Le projet d’établissement, fruit
d’un travail collectif, a été présenté au Conseil d’Administration de notre association.
2012 a été marqué par la réalisation d’un audit au DAHT effectué par la PJJ. L’activité du dispositif
s’est grandement améliorée en terme de nombre de prises en charge, et sur le plan éducatif
le DAHT est repéré et reconnu comme un maillon important dans les réponses à apporter aux
mineurs délinquants.
L’inauguration du Foyer maternel en juin 2013 a été un moment fort dans la vie de l’association. Elle a prouvé notre capacité d’innovation et notre volonté d’aller de l’avant malgré les
contraintes notamment financières de plus en plus prégnantes.
Au niveau des différentes structures nous avons constaté l’amorce d’échanges inter-sites (par
exemple : Morel-Solesmes, Accueil de jour-Foyer maternel, Niergnies et Sin-le-noble dans le cadre
d’un « coup de main » en matière de personnel et bien d’autres encore sur le plan éducatif)
Tout cela est propice à notre volonté de rapprochement et à notre capacité à offrir aux jeunes
des parcours variés et adaptés au sein de nos différentes structures. L’arrivée des contrats d’avenir
(notamment personnel technique et ouvriers d’entretien) vient renforcer nos capacités d’interventions en matière de bien être matériel des jeunes accueillis.
Christian DORNE,
DIrecteur des Foyers
J.Muller et Educatifs
de Cambrai de la
Bouée des Jeunes
2014 viendra confirmer ces évolutions.
L’évaluation externe qui aura lieu en octobre 2014 est un enjeu extrêmement important pour nos
structures. Elle concrétisera l’important travail mené par toutes et tous depuis de nombreux mois.
Le grand projet 2014 est la mise en œuvre de nouvelles conditions d’accueil et d’hébergement
pour les jeunes du chemin des allemands. La barre de l’ancien internat sera démolie en 2014. Le
nouveau projet architectural, pour lequel l’équipe de Sin-le-Noble a été mis à contribution, est à
l’étude.
Christian DORNE, Directeur des Foyers Jean Muller et des Foyers Educatifs de Cambrai
Rapport d’activité 2013 45
Le DAHT
Dispositif d’Accueil et
d’Hébergement Transitionnel
La communication au DAHT
Le DAHT de Somain existe depuis maintenant trois ans et demi.
C’est un dispositif qui a dû (comme tout nouveau service) se
faire connaître et expliquer ses missions auprès de nos partenaires
(Magistrats, services de milieu ouvert, autres services du dispositif
éducatif de la Protection Judiciaire de la Jeunesse…).
C’est pourquoi une première opération de communication a eu
lieu auprès des services de la PJJ et du milieu ouvert par l’envoi
d’une plaquette de présentation synthétique de notre « identité »,
nos missions et du cadre de nos interventions.
Un comité de pilotage s’est régulièrement réuni au cours de deux
premières années suivant l’ouverture et qui permettait d’analyser
l’activité en général, d’en rendre compte auprès de la Protection
Judiciaire de la Jeunesse (PJJ) et d’ajuster le projet.
Ensuite, la procédure d’admission (accueil du (de la) jeune immédiatement après une audience de cabinet) a également permis
une présentation directe et personnalisée du dispositif auprès des
magistrats des différents Tribunaux de Grande Instance du « Grand
Nord », zone d’intervention théorique du DAHT et qui regroupe les
départements du Nord, Pas de Calais, de l‘Aisne, la Somme et la
région de Haute-Normandie. Dans le même temps, nous avons
effectué une information orale et par télécopie pour chaque
demande d’admission présentée.
Enfin, le « bouche à oreille » et le travail sur plusieurs situations avec
les référents d’UEMO (Unité(s) Educative(s) en Milieu Ouvert) ont
46 Rapport d’activité 2013
permis à la fois d’identifier le DAHT auprès des services de milieu
ouvert, mais aussi d’adapter certaines réponses éducatives ou des
montages de parcours individualisés (en lien direct avec les Juges
des Enfants).
Une opération « Portes Ouvertes » a eu lieu en toute fin d’année 2013
et à également concouru à faire connaître le dispositif.
Au printemps 2013, c’est la réunion avec les magistrats de la cour
d’appel de Douai, les responsables de la Direction Régionale de la
Protection Judiciaire de la Jeunesse et nous-mêmes, qui a conforté
l’idée que le DAHT est un outil à la fois innovant mais aussi tout à
fait pertinent, voire incontournable dans les mesures éducatives à
l’intention des « mineurs délinquants ».
En tant qu’affiliés aux Centres Educatifs Renforcés, nous participons
aux rencontres de la DRPJJ et des responsables de ces dispositifs (à
raison de deux fois par an environ).
Début 2013, une plaquette de présentation du DAHT a été envoyée
à tous les services d’UEMO avec lesquels nous avions travaillé
précédemment.
Enfin les Juges des Enfants changent de juridiction tous les deux
ans environ. Il nous incombe donc de sensibiliser les « nouvellement
nommés » au dispositif afin qu’ils l’utilisent de manière adaptée aux
situations des mineurs qu’ils reçoivent.
La communication du DAHT est donc à la fois incontournable et
également sans cesse à renouveler.
Soutien scolaire en début d’aprèsmidi, suivi par la piscine.
MARDI :
Le matin, c’est l’atelier d’expression
(au sens large du terme), co-animé par
la psychologue et un éducateur.
L’après-midi, le groupe participe
avec les bénévoles aux « Restos du
cœur » pour distribution de produits
alimentaires,
déchargement
de
denrées… Ensuite c’est le tennis de
table en alternance avec la boxe.
MERCREDI :
Le matin, visite, alternativement à la
ferme pédagogique ou à la S. P. A.
Une semaine au DAHT
La semaine s’articule en
deux temps :
- Du lundi au vendredi.
- Le samedi et dimanche.
Le permier temps est dédié
aux activités à raison
d’une activité par une
demi-journée environ.
Ces activités sont de
différents ordres (physiques
et sportives, de découverte,
de création, de relations…)
fixes et identifiées dans le
temps.
L’après-midi, « Les petits bouchons »
(aide au chargement/déchargement
de
bouchons
plastiques
de
récupération en vue d’achat d’un
fauteuil roulant par ex.) puis selfdéfense.
JEUDI :
Nettoyage des locaux suivi par une
séance de musculation à Somain.
L’après-midi est consacré à la
promenade des chiens de la S. P. A.
puis au groupe de parole à 16h (d’une
durée d’une heure environ).
Parfois, les jeunes peuvent bénéficier le
jeudi soir d’un baptême de plongée.
La Bouée des Jeunes
LUNDI :
Le matin, c’est l’entretien des véhicules
dès 9h00 puis sport en 2ème partie de
matinée.
VENDREDI :
Le matin, ce sont les petits travaux
de réfection du bâtiment et à partir
de 14h00, c’est la « sortie culturelle
», que ce soit la visite de la mine de
Lewarde, de la chicorée Leroux, de
la fabrique de « bêtises de Cambrai »,
du musée de la Chartreuse, où la visite
de diverses expositions dans la région.
Le repas du vendredi se déroule traditionnellement à l’extérieur et termine la
semaine.
Toutes les activités sont
adaptables en fonction
des conditions climatiques
et de la saison. Elles sont
un support à la relation des
adultes avec les jeunes mais
aussi des jeunes entre eux.
Travaux du
vendredi matin au
DAHT
Rapport d’activité 2013 47
Foyer éducatif maternel
« Avec moi, prends soin de ma mère »
Entre ce que la législation nous impose et ce que nous proposons
au sein du foyer maternel, la notion de soin est très présente.
Le suivi médical pour les bébés est classique : vaccinations,
courbes de croissance, examens de santé ; une consultation par
le médecin de la Protection Maternelle Infantile, accompagné
d’une professionnelle de la petite enfance toutes les six semaines
environ.
Il existe aussi des suivis qui nécessitent des hospitalisations
régulières conséquentes aux pathologies issues de conceptions
non désirées qui viennent impacter leur parentalité.
Les mères bénéficient du suivi de fin de grossesse et d’un contrôle
médical global. Au-delà de l’aspect médical , prendre soin de
l’autre passe aussi par prendre soin de soi.
Reste à savoir comment proposer à ces jeunes mères la possibilité
d’être dans le soin d’elle-même et de leur bébé.
C’est dans un temps repéré, que Nathalie DENNIS, psychomotricienne, propose aux mamans de se libérer des tensions
corporelles et mentales, de vivre (par le biais du toucher, avec
un médiateur : balles pour masser, foulard pour envelopper et
Un extrait du texte Le Petit Prince de Saint-Exupéry :
« Que signifie apprivoisé ? dit le petit prince.
- Cela signifie créer des liens, dit le renard
- Que faut-il faire ? dit le petit prince.
– Il faut être patient, répondit le renard. Tu
t’assoiras loin de moi, comme ça dans l’herbe.
Je te regarderai du coin de l’œil… Mais chaque
jour, tu pourras t’asseoir un peu plus près. »
contenir...) un moment de détente et d’apaisement.
Elle invite les jeunes mères à masser leur bébé, jouer avec leur
enfant, le bercer, sous l’œil professionnel et bienveillant de
l’adulte.
La psychologue et l’éducatrice jeune enfant proposent un atelier
mère-enfant axé sur des thèmes en lien avec la parentalité, les
émotions ou le développement de l’enfant.
Chacune réalise avec ou pour son enfant un objet en lien avec
le thème de l’atelier, par exemple, au cours de l’atelier sur « le
toucher», les jeunes filles ont réalisé l’empreinte des mains ou des
pieds de leur enfant dans la pâte à sel.
Ces ateliers sont un espace privilégié afin d’observer les
interactions entre la mère et son enfant.
Le soin s’inscrit dans tous les actes de la vie quotidienne. Il favorise
la construction de l’identité et permet de sortir de l’isolement, de
favoriser la communication, d’accepter le regard de l’autre.
La Foyer Maternel offre toutes les fonctionnalités qui favorisent ce
travail sur le soin.
Estelle MOUY, pour l’équipe du Foyer Maternel
La Bouée des Jeunes
Le 19 juin,
le Foyer Maternel a fêté
la musique en avance. Cela a été l'occasion d'inviter les voisins,
les familles et les deux autres services de
Cambrai.
Au programme: structures gonflables,
rodéo, sono, danses et crêpes.
Le 13 décembre, le Père Noël est
venu gâter les mamans et les
enfants du Foyer maternel. Un
goûter a permis de réunir tous
les professionnels et les papas
des bébés. La soirée s'est ensuite
poursuivie par un repas préparé
par les maîtresses de maison.
Gérard LOTTIAUX, Président, José
LALEEUW, DIrecteur Général et
Christian DORNE, Directeur FJM/FE de la
Bouée des Jeunes, à l’inauguration du Foyer
Educatif Maternel le 18 juin 2013
Rapport d’activité 2013 49
Pôle Accueil
Diversifié
Les jeunes :
L’année 2013 a été marquée par
des départs et arrivées importantes
de jeunes au Service d’Accompagnement Educatifs en Appartements
(SAEA). En effet, le groupe accompagné
a vu partir 12 des 14 jeunes majeurs déjà
présents depuis plusieurs mois et a vu
arriver 12 nouvelles personnes. Autant dire
que cette année 2013 a été l’année du
renouveau et du renouvellement.
Forte des réflexions et des stratégies adoptées
dans le cadre des accompagnements individualisés, l’équipe est fière d’avoir contribué au départ
de neuf jeunes qui poursuivent une scolarité tout en
occupant un contrat étudiant ou en ayant obtenu
des contrats de travail à durées déterminées ou indéterminées. Qui plus est, avec la possibilité de louer un
logement en leur nom propre.
De plus, six jeunes ont intégré ou obtenu un diplôme de type CAP ou Bac Professionnel et deux d’entre eux ont intégré une
seconde année d’étude en université et en IUT. Félicitations pour leur travail et leurs efforts !
En ce qui concerne le Service Accueil de Jour (S.A.J.), l’année 2013 aura également été marquée par des départs et arrivées
importantes. En effet, le groupe de jeunes accompagné a vu partir 11 des 19 jeunes accueillis. Cette année aura été l’année du
mouvement.
Forte des adaptations vis-à-vis des accompagnements réalisés, l’équipe est également fière d’avoir pu contribuer à ce que sept
des jeunes ayant quitté le service aient obtenu le Certificat de Formation générale au mois de juin 2013 et qu’ils aient formulé
une demande d’orientation en lycée professionnel selon leurs choix professionnels.
50 Rapport d’activité 2013
L’avenir des services :
Le Service d’Accompagnement Educatifs en Appartements (SAEA) a établi en
2013 un conventionnement avec l’Entreprise Sociale pour l’Habitat Norevie.
Ce partenariat permet notamment de louer 14 à 15 logements de manière
durable qui sont ensuite sous loués administrativement aux jeunes accueillis.
L’objectif principal est de pouvoir répondre rapidement aux différentes
demandes d’accueils pour des jeunes en situation de rupture familiale,
sociale et scolaire. Ce conventionnement donne également la possibilité aux
jeunes en voie de quitter le service et bénéficiant d’une certaine autonomie
financière de se voir proposer des logements qu’ils peuvent louer ensuite en
nom propre.
L’année 2013 a été l’occasion de débuter une réflexion sur
les réécritures des projets de service qui auront lieu en 2014 (à
travers la réécriture des règles de fonctionnement du S.A.E.A
et du projet de service du S.A.J). En fin d’année, ce travail
a été suspendu avec la politique de formation globale de
l’équipe de cadres démarrée au sein de l’association. En
partie remise, cette dernière permettra aux équipes de
bénéficier d’une méthodologie adaptée et uniforme à la
gestion de ce projet.
L’ensemble des jeunes de l’Atelier « découverte des métiers du bâtiment » du
Service d’Accueil de Jour (SAJ), ont, quant à eux, organisé et préparé dans
le plus grand secret, la réalisation d’une magnifique statue dans le cadre de
l’inauguration du nouveau Foyer Educatif Maternel au mois de juin 2013. Ce
travail de longue haleine, accompli entièrement par les jeunes, a nécessité
créativité, patience, minutie et force car totalement réalisée en béton et en
acier traité. [Cf. photo ci-contre]
Les jeunes de l’Atelier « Découverte des métiers de bouche » ont également
participé à cet événement en recevant à Sin-le-Noble quelques jeunes de la
structure mère-enfant, ceci avec l’objectif de se
rassembler et d’unir des forces pour préparer tous
ensemble le buffet de l’inauguration.
Les relations de travail des professionnels du
service ont permis de constater qu’en raison du renouvellement de certaines équipes de travailleurs
sociaux au sein d’unités territoriales, les activités
du Pôle étaient mal connues ou méconnues. De
fait, une campagne d’information et de communication avec visite des services a été lancée et se
poursuivra durant l’année 2014.
La statue réalisée
pour le Foyer
Maternel par les
jeunes du Foyer
Jean Muller
La Bouée des Jeunes
Le partenariat :
Soucieuses d’être en parfaite harmonie avec l’évolution des
politiques sociales, les équipes du Pôle se sont déjà attelées
en 2013 à préparer l’évaluation externe qui aura lieu au mois
d’octobre 2014. Cette dernière permettra de réaliser un état
des pratiques et initiatives entreprises en vue d’accompagner le mieux possible les jeunes accueillis.
Une réflexion a également été lancée sur la façon de
coordonner nos actions avec des partenaires extérieurs
à l’association, avec la construction d’actions conjointes,
pour proposer un accompagnement adapté aux jeunes
(gestion des dossiers CAF, participation à des colloques et
des échanges de pratiques professionnelles, partenariat
chantiers avec les services de la prévention spécialisée
pour la réfection de logements, rencontre et présentation
des Ateliers aux Centres d’Information et d’Orientation des
secteurs de Douai et Somain, visite d’entreprises et de centre
de formation…).
Courant juin 2013, un contrôle sanitaire inopiné de l’Atelier
découverte des métiers de bouche a été réalisé. Ce dernier
a mis en avant certaines non-conformités que l’ensemble
de l’équipe, associée aux jeunes, s’est approprié dans une
optique de mise aux normes et de pédagogie pour les jeunes
accueillis. Cette expérience a permis à l’équipe du S.A.J
de poursuivre le cheminement entamé en vue de la future
ouverture sur l’environnement local du Restaurant l’Envol.
Enfin, l’équipe du S.A.J réfléchit depuis quelques mois à
la mise en place de deux ateliers d’accompagnement
spécifique ; l’un permettant aux jeunes de pouvoir pratiquer
une activité physique et sportive hebdomadaire, l’autre de
les amener, à travers un soutien scolaire interne et individualisé, à se sentir capable de comprendre et de maîtriser ce qui
est enseigné en classe.
Rapport d’activité 2013 51
Pôle
Internat
Une semaine sur un voilier
Depuis le mois de juin, six jeunes du foyer ont été initiés à la voile.
Accompagnés par Abdel et Frédérique, Alexis, Damien, Kevin,
Paul, Hamed et Maxime ont participé à plusieurs séances au
cercle de voile de Valenciennes. Loïc, le skipper, leur a appris
des termes techniques, comment naviguer et Rudy à faire
des nœuds.
Puis, le dimanche 11 aout 2013 les éducateurs et les garçons
sont partis naviguer une semaine sur un voilier à bord duquel
ils ont tenu un cahier de bord dont voici quelques extraits :
« Nous sommes arrivés à Granville en Normandie à 16h30 (…)
Jérôme, le directeur, nous a accueillis à bord de son voilier
qui mesurait 13,5 mètres de long ! Le lendemain, nous avons
fait la connaissance de notre capitaine qui s’appelait
Germain. Il nous a expliqué le réglage des voiles, les nœuds,
le pilotage et l’utilisation du GPS. »
Pour leur première navigation, ils ont mis cap en direction
de Saint-Malo, en Bretagne. Cette première virée en mer
a été quelque peu mouvementée pour certains... Quatre
heures de trajet plus tard, tous arrivent à bon port, font le
tour de la ville et en profitent pour se baigner.
Le lendemain, « on part en direction de l’île des Hebiens
(. . .). Nous jetons l’ancre et tout le monde essaye de
gonfler le canoë pour rejoindre la plage. Alexis, Paul et
52 Rapport d’activité 2013
moi, avons dormi à la belle étoile. » Mercredi, ils lèvent
les voiles vers le port de Saint Cast. De nouveau, ils
profitent de l’escale pour se balader et assistent à un
concert dans la soirée. Le jour suivant, ils naviguent vers
l’île de Chausey, se baignent à nouveau et font le tour de
l’île : « nous avons pris des photos de l’endroit, la vue était
magnifique. » Pour le dîner, ils se sont régalés avec le poisson
pêché la veille par Hamed et Alexis. Vendredi, ils ont regagné
leur port d’attache, à Granville : « On range nos affaires, on
mange un pique-nique devant le port, on fait des photos et
nous disons au revoir à Germain et Jérôme. » Ils finissent le séjour
à l’auberge de jeunesse, par un repas au kebab, une balade au
marché et reprennent la route pour rentrer au foyer.
Tous les jeunes ont apprécié ce séjour, se sont amusé, reposé et ont
profité de leur semaine.
Article écrit par Esteban, accueilli aux Foyers Jean Muller
Les jeunes et
les éducateurs
des Foyers Jean
Muller
Vous avez dit MINEUR ETRANGER ISOLE ?
La Bouée des Jeunes
La dénomination « mineur étranger isolé » ou « mineur isolé étranger » (MEI /MIE) relève
de l’importance accordée à l’un ou l’autre qualificatif pour désigner avant tout des
jeunes mineurs en situation de danger. L’accueil de ces jeunes en difficulté, est notre
vocation, au titre de l’Aide Sociale à l’Enfance.
L’arrivée de MIE apparait au début des années quatre-vingt-dix sur le territoire national.
Ce phénomène illustre des pressions migratoires liées à la situation économique,
politique et sociale dans les pays d’origine. Ces jeunes migrants sont l’expression
d’une mondialisation accélérée dans laquelle ces personnes tentent de construire
un projet de vie.
Ces adolescents sont confiés par les Directions Territoriales de Prévention et d’Actions
Sociales de la métropole lilloise. Cinq adolescents ont été accueillis aux Foyers
Jean Muller. Ces jeunes sont d’origines diverses : Maghreb, Afrique de l’est et d’Asie
centrale. Arrivés à la suite d’un périple de plusieurs jours, voire plusieurs années, ils sont
les seuls témoins de leurs parcours de vie.
Les premiers jours sont ceux de la « mise à l’abri » et de la découverte mutuelle. Ce
temps permet une reconnaissance de leur identité à la suite d’un déracinement.
Puis, les éducateurs sont rapidement sollicités pour la mise en place d’une scolarité
ou d’une formation professionnelle. Les démarches administratives et judiciaires, la
question des ressources, mobilisent l’équipe autour de la situation du jeune. C’est
l’occasion de développer de nouvelles réponses pour chaque situation. Les jeunes
adhèrent aux pistes de travail proposées. Leur dignité questionne, bouscule nos
représentations et nos repères. La réflexion éthique est déterminante pour garantir
l’intégrité de chaque jeune dans la vie collective.
Cette mixité culturelle est une richesse dans les échanges entre jeunes et produit des
effets inattendus. Les autres jeunes sont en demande d’informations sur les causes
des exils et découvrent leurs trajectoires avec étonnement et humilité.
La problématique des MEI est nouvelle au regard de la protection des mineurs et
dans l’histoire des Foyers Jean Muller.
Accueillir, c’est aussi poser la question de l’adaptation pour proposer des pistes de
travail appropriées au projet personnalisé.
Cette situation amène à penser l’action éducative dans une dimension globale et
l’inscrire dans une démarche d’amélioration continue, pour assurer aux jeunes de
meilleures conditions d’épanouissement.
Radoine BENLAMA, Responsable Educatif
Rapport d’activité 2013 53
Unité de vie
de Niergnies
Regard sur le travail avec les familles
Comme chaque année, l’équipe pluridisciplinaire de Niergnies met
en évidence l’efficience et l’efficacité du travail avec les familles.
Neuf jeunes ont quitté l’effectif de la structure et sept d’entre eux
ont pu repartir vivre en famille.
Ce résultat est la récolte d’un travail entamé par l’équipe depuis
plusieurs années.
L’appropriation et la création d’outils tels que : l’accueil modulé, le
travail autour de l’exercice de la parentalité, la relation éducative
comptent parmi les moyens utilisés.
Mais qui mieux que nos partenaires peut reconnaître ce travail ?
Voici le témoignage d’une famille qui présente son point de vue
sur l’implication et le travail mis en place par l’équipe de Niergnies :
Une équipe de
choc !
Un groupe
tout en couleur pour
la Sainte Catherine
« A vous, l’Equipe de la Bouée des Jeunes, je tenais à vous écrire
un petit mot. Il y a un peu plus d’un an vous avez accueilli notre
famille dans votre structure. Quelle douloureuse épreuve pour nos
enfants et pour moi-même. J’ai pensé qu’on m’arrachait ce que
j’ai de plus cher ! Petit à petit vous nous avez apprivoisés, ce ne fut
pas toujours facile, mais que d’investissement de votre part !! Vous
avez toujours su être à l’écoute, canaliser ma colère, et donner
des conseils pour le bien-être de chacun. Vous avez à la fois fait
preuve d’un grand professionnalisme et de beaucoup d’humanité.
Faisant partie intégrante de notre vie, il m’est difficile de me dire
que je ne vous verrai plus. Vous avez remué ciel et terre pour notre
famille. Une page d’histoire de notre vie se tourne et une nouvelle
commence.
Certes tout n’est malheureusement pas terminé, et, il nous reste
encore beaucoup à faire, mais je sais que vous nous avez aidés à
trouver la bonne voie.
Je vous dis simplement merci. » (Lettre écrite par une famille à
l’Unité de Vie de Niergnies.)
Moment
convivial autour
d’un repas
54 Rapport d’activité 2013
C’est un métier qui a certes des contraintes mais aussi de
nombreuses satisfactions. Être assistant(e) familial(e) engage
l’ensemble de notre famille.
Nous ne sommes pas seul(e)s pour mener à bien les projets
concernant l’enfant, nous faisons partie de l’équipe éducative
qui est composée de psychologues, d’éducateurs, de cadres
éducatifs et de Responsables de pôles.
Cette équipe nous accompagne, suit le développement de
l’enfant sur le plan psychologique et éducatif et mène le travail
avec les parents de l’enfant.
Le quotidien n’en est jamais vraiment un, car il n’y a pas de
répétition dans ce métier. Il est impossible de s’ennuyer : rien n’est
jamais pareil, tout change sans arrêt. Même si nous prévoyons des
activités, nous pouvons être confrontés à une crise à tout moment.
Il faut gérer les problèmes en prenant le temps nécessaire. En
prenant ce temps d’écoute, parfois trop de temps a passé. Alors
on modifie le programme. On apprend à connaitre les jeunes et
leurs angoisses, à anticiper les crises, à les écouter. Parfois, elles
sont impossibles à anticiper...
Les jeunes accueillis sont très différents, c’est pourquoi nous
devons adapter notre comportement et notre compréhension des
situations à chacun d’entre eux. Il y a très souvent des imprévus,
des crises à régler, des visites aux professeurs ou à la direction
des écoles, des journées qui commencent à merveille et qui se
terminent en catastrophe…
Rien n’est prévisible, nous pouvons être appelé(es) à tout moment,
c’est pourquoi ce métier nécessite d’être disponible.
e
gnag
i
Témo
As
sis
tan
Une assistante familiale doit respecter et tenir compte de l’histoire
du jeune et de sa famille, ainsi que l’identité de l’enfant (religion,
culture), sa personnalité, ses différences et surtout s’abstenir de
porter des jugements de valeur.
Nous prenons en charge les jeunes accueillis dans un cadre bien
défini par le contrat d’accueil établi en fonction d’un projet individualisé conciliant les droits et devoirs liés à l’autorité parentale.
Isabelle. OUSSEDRATE, Assistante Familiale
t(e
) fa
mi
lia
Une assistante familiale
l(e
), o
a de nombreux rôles : elle est docteur,
nn
éducatrice, confidente, professeur …
ec
Ce métier consiste à offrir un climat stable et chaleureux,
ho
isit
favorable à la bonne intégration et à l’épanouissement des
pa
jeunes, à soutenir leur développement et favoriser leur socialisation et
sc
em
leur autonomie. C’est aussi au quotidien, veiller à l’équilibre alimentaire,
éti
l’hygiène corporelle, au respect des règles…
er
Etre assistante familiale, c’est gérer les rencontres familliales, les crises de l’enfant,
pa
r
les rendez-vous scolaires, les visites chez le docteur, les imprévus, les réunions…
Nous devons nous adapter aux enfants qui nous sont confiés pour respecter leur
histoire, leur identité…Pour leur permettre de grandir dans les meilleures conditions
possibles afin qu’ils puissent trouver leur place.
Etre assistante familiale est une vocation on ne choisit pas ce métier par
hasard.
ha
sa
rd
!
Rapport d’activité 2013 55
La Bouée des Jeunes
FOCUS SUR :
le quotidien des assistantes familiales
Activité en chiffres
Internat, accueil et hébergement
diversifié Douaisis
Internat Cambresis
Nombre et origine des placements
Nombre et origine des placements
DT
Nord
60
33
DT
Pas-de-Calais
6
10
10
Accueil de jour
1
Durée moyenne de prise en charge
1 - 5 ans
< 1 ans
8 mois -1 an
5
Accueil
de jour
13
10
Service Appart.
51
3
< 1 ans
56 Retour Famille
Famille d'accueil
Etablissement
Autonomie
3
Rapport d’activité 2013
< 5 mois
2
5 - 8 mois
Orientation à la sortie
Tiers
12
1
8 mois -1 an
Orientation à la sortie
1
50
9
5 - 8 mois
18
3
2
14
13
DT
Pas-de-Calais
Durée moyenne de prise en charge
1 - 5 ans
< 5 mois
5
Internats
DT
Nord
47
4
Retour Famille
3
Famille d'accueil
12
Etablissement
19
Foyer Maternel
D.A.H.T.
17
DT
Nord
DT
Somme
16
1
39
33,5 %
6 mois - 1 an 1 an - 2 ans
20 %
28
26,5 %
< 2 mois
1 mois - 2 mois
2 mois
20 %
19,5 %
36 %
44,5 %
6
Orientation à la sortie
4
5
1
Famille
Famille d'accueil
15
Retour Famille
Etablissement
Autonomie
1
5
> 2 ans
Orientation à la sortie
9
TE Autres
TE
PDC
Durée de prise en charge
Durée de prise en charge
< 6 mois
Tribunal pour enfants
Nord
La Bouée des Jeunes
Nombre et origine des placements
Nombre et origine des placements
15
8
8
Institution
CER
Autre
39
Rapport d’activité 2013 57
La Prévention Spécialisée
Editorial
Je terminais mon édito de 2012 en rappelant
que la Prévention Spécialisée n’est pas une
science exacte et qu’il était important d’innover
et d’imaginer d’autres formes de pratiques et
d’intervention auprès de nos publics.
Dans le contexte actuel, notre mission est de
bousculer nos habitudes afin d’être si possible
beaucoup plus dans la proximité avec l’autre.
Le bilan des actions menées par l’ensemble des
équipes éducatives s’inscrit dans cette logique
de recherche et de pertinence.
Afin de ne pas être sur la touche, il a été mis en
place des temps de rencontres et d’échanges,
la réécriture du projet de service, des formations
collectives internes et un séminaire. C’est
pourquoi il a été nécessaire de stabiliser les
groupes de professionnels en nommant deux
coordinatrices afin de pallier l’absence des
chefs de service et de renforcer l’existant,
à savoir le cœur du métier et ses principes
fondamentaux, l’action des psychologues de
rue, les médiateurs lycées et santé, les COT
(Contrat d’Objectifs Territoriaux), les groupes
de paroles ainsi que l’ensemble des actions
existantes au sein du Service de Prévention
Spécialisée.
Démonstration
de slam en plein air
Cette feuille de route tracée va nous permettre
de développer notre sens aigu de la curiosité
professionnelle pour finalement répondre au
mieux aux attentes des jeunes et des familles.
Ahmed BENAMRAOUI,
Directeur du Service de Prévention Spécialisée
58 Rapport d’activité 2013
Service Prévention Cambrai - Caudry
Si, depuis 2008, les professionnels évoquent une précarisation des
conditions de vie des jeunes, durant l’année 2013, les situations
d’urgence et les demandes de soutien se sont encore accrues.
Pour limiter l’impact de ce contexte morose, en 2013, le service a
axé son intervention sur :
- Les jeunes en grande vulnérabilité
- Le travail partenarial
- La prévention précoce (vers les jeunes âgés de 11 à 17 ans)
- La prise en compte des familles
- La réussite scolaire
- Le développement social local (DSL)
Le travail de rue :
Une des spécificités de la prévention spécialisée réside en sa
manière d’aller vers le public jeune, notamment via un travail
de rue. Cette modalité d’intervention revêt de nombreux intérêts
: une appropriation des territoires, une rencontre facilitée avec
les habitants, une relation plus directe auprès des jeunes et des
structures de proximité, et donc une analyse plus fine de la réalité
des quartiers et des besoins de la jeunesse.
En 2013, l’équipe a entamé une réflexion sur les moyens de
valoriser ce travail de rue. Des outils d’analyse et de communication devraient voir le jour dès 2014.
Les Contrats d’Objectifs Tripartites (COT)
A Cambrai comme à Caudry, en 2013, le service a poursuivi
cette démarche de contractualisation avec le Département et
chacune des municipalités.
Après une période de diagnostic concerté, des thématiques
prioritaires ont été définies en fonction des territoires (prévention
précoce des addictions, soutien des parents dans la scolarité, vie
affective et sexuelle,…)
Pour donner à cette démarche une vision globale et une
dimension réellement opérationnelle, le choix a été fait d’intégrer
les partenaires territoriaux à cette réflexion (Centres Sociaux,
Centres d’animation, établissements scolaires,…).
Fin 2013, des fiches-actions concertées ont vu le jour. Elles se
concrétiseront tout au long de l’année 2014.
La Bouée des Jeunes
Dans le Cambrésis, le Service de Prévention Spécialisée intervient
au sein de deux communes, Cambrai et Caudry. L’équipe est
quant à elle pluridisciplinaire, composée de cinq éducateurs de
rue et de deux psychologues de rue à mi-temps.
La réussite scolaire :
Le Service de Prévention Spécialisée est convaincu que l’épanouissement des enfants dans leur milieu scolaire est une des clés
pour prévenir la marginalisation de la jeunesse.
En 2013, dans le Cambrésis, le partenariat avec les établissements scolaires (notamment les collèges) s’est donc poursuivi.
Cela se traduit, selon les collèges, par une participation active à
différentes instances :
- Dispositif de Réussite Educative (DRE)
- Veille Educative
- Projet Educatif Global Départemental (PEGD)
L’objectif de cette collaboration est de relayer auprès de la
communauté éducative la réalité des quartiers, et de créer du
lien avec les familles des différents territoires.
Par ailleurs, les éducateurs animent, avec des partenaires,
des ateliers au sein des écoles sur des thématiques diverses
(citoyenneté, addictions, violence, vie affective,…).
Ces actions visent à faciliter l’expression des élèves et leur
permettre d’appréhender leur scolarité avec plus de sérénité.
En 2014, plusieurs actions partenariales innovantes devraient
encore voir le jour…
Séjour itinérant
à Marchiennes
Rapport d’activité 2013 59
Les chiffres
141
accueils
individuels
Les accompagnements individuels :
En 2013, les éducateurs ont rencontré plus de 300 jeunes du Cambrésis et ont accompagné de manière individuelle 141 d’entre
eux.
Si les jeunes adultes demeurent le public majoritaire, les 10/17 ans représentent désormais une part non négligeable des accompagnements (30%).
Ce constat traduit la volonté de l’équipe d’intervenir précocement dans les situations, dès l’entrée au collège, pour prévenir les
éventuelles difficultés des adolescents.
D’autre part, il est intéressant de noter que, cette année encore, la mixité est au rendez-vous, avec 44% de public féminin ( 50%
sur la ville de Caudry).
Age des jeunes accueillis :
30%
sont des
12-17 ans
Sexe des jeunes accueillis :
56 %
44 %
Filles
Garçons
44%
public
féminin
60 Rapport d’activité 2013
L’éclairage psycho-éducatif :
En 2013, l’équipe du Cambrésis a noté une forte dégradation des moyens de
subsistance des jeunes. Les éducateurs ont en effet accompagné 39 jeunes pour
obtenir des aides d’urgence : Fond D’Aide aux Jeunes (FDAJ), colis alimentaire,
tickets service,…
De la même manière, la problématique « logement » est également très présente
avec un public à la rue, ou vivant chez des amis, ou dans un habitat insalubre.
Le soutien du service s’appuie sur le réseau partenarial local (Département,
SIAOC, Secours Catholique, Emmaüs, CCAS, Croix Rouge, Epicerie sociale,…).
Comme évoqué plus haut, depuis 2008, l’équipe de Cambrai/Caudry compte deux
psychologues de rue. Cette pluridisciplinarité revêt un caractère complémentaire
indéniable avec le travail éducatif : le service étant de plus en plus confronté à des
jeunes en grande souffrance, avec l’émergence chez certains de troubles psychiatriques.
Mais, outre ces situations particulières, l’équipe utilise désormais cet éclairage psycho-éducatif dans l’ensemble de son intervention, révélant une expertise plus fine du
public accompagné.
La médiation parents/enfants :
Les actions collectives et dynamiques de quartier :
L’équipe a toujours été attentive à la prise en compte de la famille dans l’accompagnement des jeunes. Cette volonté s’est concrétisée en 2013 par une
augmentation des sollicitations des parents.
Les demandes sont de deux ordres :
- Les aider à comprendre et à mieux communiquer avec leurs enfants, souvent
des adolescents, avec lesquels ils sont parfois en désaccord voire en conflit ;
- Les soutenir dans la scolarité de leurs enfants
Pour ce faire, à Cambrai comme à Caudry, éducateurs et psychologues
proposent des entretiens individuels ou des groupes de paroles.
La prévention spécialisée n’intervient pas qu’auprès d’individualités mais aussi, et
surtout, auprès de groupes de jeunes.
Dans ce cadre, l’année 2013 s’est encore révélée riche en actions collectives, vecteur
privilégié d’intégration et de promotion sociale.
Outre les traditionnelles sorties sportives réalisées tout au long de l’année (football,
boxe, bowling,…), ou les séjours en Bretagne et à Paris, les éducateurs ont fait en sorte
d’inscrire les jeunes dans la vie associative de leur quartier, voire de leur ville.
Par exemple, des jeunes de Caudry, accompagnés par les éducateurs, ont pris une
part très active dans plusieurs manifestations :
- La collecte des Paralysés de France
- La journée du Handicap
- Les quartiers d’été
- Le téléthon (…)
Ces actions permettent à la fois aux jeunes d’avoir une meilleure estime d’eux-mêmes,
mais aussi de faire évoluer le regard des adultes sur cette jeunesse en pleine
construction.
Quartiers
d’été
Rapport d’activité 2013 61
La Bouée des Jeunes
L’aide d’urgence aux plus démunis :
Service Prévention Douai
Le contexte socio-économique impacte nos interventions et exige
des équipes éducatives qu’elles s’adaptent à chaque situation,
en diversifiant leurs actions et en développant leur réseau
partenarial pour proposer aux jeunes et à leurs familles un soutien
rassurant et aidant.
Des secteurs d’intervention ont été renforcés grâce au
changement d’équipe, permettant ainsi de revaloriser leur
action. L’équipe éducative est quasiment au complet et les
deux médiateurs, bien investis. Une nouvelle psychologue
a rejoint l’équipe en décembre. En 2013, 474 personnes ont
bénéficié d’un accompagnement, un chiffre en hausse par
rapport à l’année précédente.
Les thématiques sont récurrentes d’une
année sur l’autre :
62 Rapport d’activité 2013
- La précarité
De plus en plus de jeunes et de familles vivent des situations
économiques dramatiques. Le nombre d’aides alimentaires
a augmenté et les familles nous interpellent fréquemment
pour déposer des dossiers de surendettement. La période
des fêtes de fin d’année a été difficile, le mal-être a été
palpable (manque d’argent, peu de soutien familial).
- L’insertion professionnelle
L’accès à l’emploi ou à la formation reste une préoccupation majeure pour les jeunes sans qualification.
L’inactivité provoque chez eux un manque d’estime
de soi. Ils expriment un mal-être et s’estiment rejetés ou
inutiles. L’éducateur agit, par le biais des réseaux-formation, pour les réinsérer, les revaloriser, les orienter et
les aide à se projeter professionnellement. Des actions
comme des chantiers écoles peuvent faire surgir chez
certains jeunes, des compétences parfois insoupçonnées.
- La scolarité
Grâce aux trois postes d’Acteurs de Liaison Sociale
dans l’Environnement Scolaire (ALSES) et au poste
de médiateur en lycée professionnel, le service
intervient précocement sur le décrochage scolaire
et sur d’autres problématiques rencontrées en milieu
scolaire. Cette action soutient aussi les parents qui
ont souvent un rapport compliqué avec la scolarité
de leurs enfants. La présence d’éducateurs
spécialisés dans un milieu institutionnalisé permet
l’apaisement des tensions et la complémentarité
avec les autres acteurs du collège.
- La parentalité
Il est essentiel de connaître la famille du jeune et son environnement. Avec certaines familles, l’accent est mis sur la revalorisation
de la fonction parentale. Cela aide à la restauration du lien et
de la communication parents/enfant. Le groupe de parole est un
outil efficace en ce sens.
D’autres thématiques : logement, de la santé, les problèmes administratifs...sont aussi abordées.
Les actions collectives
Elles sont le vecteur de la socialisation, de l’accès à l’autonomie et
de la reconstruction personnelle. Ce sont des actions valorisantes
mais aussi responsabilisantes pour les jeunes et leurs familles.
Les actions ponctuelles servent de support à la relation dans un
climat convivial et positif, propice à l’observation. Elles permettent
de répondre à d’autres demandes et besoins : séjours (Paris, voile),
sorties diverses, tournois de foot, stage initiation «slam», sorties
familles, sorties culturelles...
Les actions régulières donnent un rythme, un cadre durable et
favorisent le travail autour de l’accompagnement, sur du long
terme : le foot en salle, l’atelier boxe, le groupe de parole destiné
aux parents, l’atelier Slam, le projet pêche, bâti en collaboration avec le Club de Prévention Rencontres et Loisirs, l’atelier
d’expression en partenariat avec l’Hippodrome.
Séjour voile
Les chantiers de l’année
Pour accompagner les changements et favoriser l’échange, deux instances se sont
mises en place dès septembre :
- L’analyse de pratiques qui permet aux professionnels d’échanger, de se sentir
soutenus face à des situations complexes et d’en comprendre les enjeux. Elle
facilite la prise de recul et permet aux professionnels de réfléchir à leur place dans
la relation avec les jeunes, les familles, l’institution.
- La régulation qui a pour objet de restaurer les capacités de coopération entre
professionnels. Elle touche également à la dynamique de groupe et à l’organisation
du travail. Il s’agit dans une première phase d’analyser les interactions dans l’équipe
et en fonction des difficultés de proposer un accompagnement au changement.
La réécriture du projet de service a permis à l’équipe entière de se retrouver en
groupes de travail autour de différentes thématiques, les accompagnements,
l’analyse des territoires…afin de définir des orientations à court, moyen et long terme.
Des réunions de secteur ont été remises en place : les équipes d’un même territoire
peuvent échanger, analyser leurs interventions : travail de rue, accompagnements et harmonisation de leurs pratiques. Des projets communs émanent de ces
rencontres.
Enfin des réunions ALSES ont démarré en septembre à raison d’une toutes les six
semaines avec pour objectif d’échanger sur cette intervention spécifique en milieu
scolaire, d’apporter une aide technique aux collègues nouvellement arrivés sur ce
poste.
Le réinvestissement récent du poste ALSES sur le secteur de Waziers nécessite de
faire un point régulier avec l’éducateur en poste mais aussi avec le collège afin de
maintenir le dialogue et de conforter les actions.
Les partenaires
Le partenariat se construit autour de projets communs ou de prise en charge
multiple des jeunes. Il est essentiel pour l’accomplissement du travail éducatif. Selon
les domaines, nos partenaires sont multiples :
- Le logement : SIAOD, bailleurs sociaux, AILD, Hébergements d’urgence, le PACT…
- La santé : MDPH, CPAM, CSAPA, Douaisis Santé Pour Tous, centres de cure, centre
Eliane Andries, plateforme santé du Douaisis, équipe mobile…
- La scolarité/les formations : collèges et lycées, atelier Rebond, CIO, Mission Locale,
centres de formation, Pôle-Emploi…
- L’action sociale : UTPAS, UDAF, ADSSEAD, CCAS, REAAP, Direction Territoriale, FDAJ,
Club de Prévention (APPE, Rencontres et Loisirs)...
- Structures de proximité : Centres Sociaux, MJC, PIJ…
- Justice : SPIP, prisons, PJJ…
Les perspectives
- Conventionner avec le collège Gayant à Frais Marais afin de formaliser notre
action et d’obtenir à long terme un poste ALSES,
- Poursuivre nos réunions mises en place en 2013 (ALSES, secteurs) et travailler sur un
projet de secteur, les objectifs généraux de l’intervention et les moyens mis en place
pour les atteindre,
- Poursuivre le travail entamé auprès des familles et mener ou renforcer les actions
de soutien à la parentalité (groupes de paroles, sorties familiales…),
- Créer des outils permettant l’évaluation et la valorisation de notre action (écrits,
réseau sociaux accessible aux jeunes...),
- Recentrer notre action sur le travail de rue,
- Continuer les projets actuels et en initier de nouveaux, par exemple, le projet
« Réparons-les »,
- A partir de septembre, organiser des temps de réflexion concernant les contrats
d’objectif tripartites.
Rapport d’activité 2013 63
La Bouée des Jeunes
Les actions spécifiques répondent aux problématiques récurrentes ou à des besoins
repérés. En 2012 deux projets innovants ont vu le jour et se sont poursuivis en 2013,
malgré la difficulté de valider certains financements.
Le médiateur en lycées professionnels a pour mission de créer du lien entre l’intérieur
et l’extérieur des établissements. On constate cependant, que le public concerné
a besoin de temps pour évoluer à son rythme et adhérer à l’accompagnement
proposé.
Le médiateur santé, en fonction depuis mai 2012, accompagne les personnes en
situation d’exclusion et ou de marginalisation. Il favorise la promotion de la santé
et en facilite l’accès aux droits. Le poste s’articule véritablement avec les autres
domaines de compétences de la prévention spécialisée. Le partenariat s’est étoffé
et un travail en profondeur s’est installé.
Différents projets ont ponctué l’année : un projet de prévention autour du tabac
avec le collège Gayant, un chantier de rénovation d’une salle de musculation,
diverses actions de prévention…
Il existe depuis 2000, des postes spécifiques affectés en collèges : les ALSES.
Ils interviennent précocement sur le décrochage scolaire mais aussi sur d’autres problématiques rencontrées dans le milieu scolaire. La fin d’année 2012 a été marquée
par des problèmes dans un de nos trois collèges d’intervention. Un travail conjoint
avec la Direction Départementale et le collège a permis de rétablir un dialogue.
Un nouvel ALSES a été nommé après la signature du protocole formalisant son
intervention. Parallèlement a été travaillé le projet annuel éducatif qui formalise
les objectifs annuels de travail ainsi que les moyens à mettre en œuvre pour y
parvenir. Ce projet guide l’intervention de l’ALSES pour l’année scolaire. Ce travail a
également été effectué avec les deux autres postes ALSES.
Service d’Accueil et d’Ecoute Psychologique
Cette année encore, le Service d’Accueil et d’Ecoute Psychologique
aura permis d’accompagner 177 personnes sur les trois territoires
d’intervention : la Communauté d’Agglomération du Douaisis et les
villes de Cambrai et Caudry. Précisons que les financements pour
la Communauté de Communes du Cœur d’Ostrevent n’ont pas
été renouvelés en 2013. De plus, le service a connu un turn-over
important, deux départs et deux arrivées, impliquant un ralentissement de l’activité.
Les actions des psychologues de rue se sont principalement
orientées sur le soutien des personnes victimes de harcèlement
scolaire ou encore en situation d’errance, la prévention du risque
suicidaire et des conduites à risque (addiction, délinquance) et
également la prise en charge de personnes ayant des troubles
avérés.
Avec la variété des problématiques rencontrées, les psychologues
sont amenés à travailler selon trois axes :
- la gestion des situations d’urgence,
- les orientations vers les structures de droit commun
- l’accompagnement sur du plus long cours.
Accueil, écoute,
information
Présence sociale,
travail de rue
Travail en équipe
et en réseau
• Améliorer la communication et travailler à l’élaboration d’une
plaquette d’information,
• Continuer la démarche de rencontre des jeunes par une présence
effective dans les quartiers en fin de journée, en soirée et le
week-end, mais aussi dans les centres sociaux, collèges et lycées afin
de poursuivre le repérage réciproque et faciliter l’émergence d’une
demande d’accompagnement,
• Continuer la réflexion sur le décrochage scolaire qui a lieu avec
les équipes éducatives du Service de Prévention Spécialisée de la
Bouée des Jeunes,
• Renforcer le travail partenarial pour que le SAEP soit connu et
reconnu, et faciliter ainsi la réorientation, notamment avec la
psychiatrie et la pédopsychiatrie,
• Renforcer la participation aux différentes actions organisées sur les
territoires de Cambrai, Caudry et la Communauté d’Agglomération
du Douaisis afin de poursuivre le travail de proximité et le travail de
promotion de la santé.
Soutien, accompagnement psy.
Evaluation,
orientation vers les
dispositifs de droit
commun
Rapport d’activité 2013
Même s’il existe encore de nombreux préjugés sur le rôle et l’image
du psychologue, la présence du Service d’Accueil et d’Ecoute Psychologique au sein des quartiers ne semble plus « choquer ». Depuis
sa création, de nombreux jeunes, en situation ou en voie de marginalisation, ont bénéficié des services des psychologues de rue.
Les relations de confiance établies et le bouche à oreille rendent le
public de moins en moins réticent à rencontrer un professionnel de
la santé mentale.
Cette année fut une année très enrichissante professionnellement
et humainement. Le SAEP peut être un moyen de lutter contre
l’isolement, la sectorisation, la marginalisation ou la stigmatisation
de certaines populations, notamment celles souffrant de maladies
mentales. Pour les mois à venir, nous envisageons d’/de :
• Continuer de participer au groupe de parole mis en place,
Missions
du SAEP
64 Perspectives :
Le Gîte
Conseil d’administration
Le Gîte
Christophe SEGARD , Président ; André DELSINNE, Trésorier ;
Jérome DUJARDIN Vice-président ; Estelle LECLERCQ, Secrétaire ;
Aline DESCAMPS, Alexis GLORIEUX, Anne LEHEMBRE,
Grégoire LEPOUTRE, Gilles NOURY, Philippe ROUSSEL,
Paul CHARONNAT, Germain MALAQUIN, Dominique BOUTEILLER
Sommaire
Edito du Président et Démarche Qualité P. 66
La vie de l’établissement P. 68
Réseau Hébergement Collectif P. 69
Réseau Pratiques Alternatives P.72
Réseau Autonomie et Insertion P.75
L’activité en chiffres P.77
L’Espace Ressources, Recherche et Développement P.78
Enfin chez nous : conclusion P.78
Rapport d’activité 2013 65
Editorial
M. SEGARD,
Président du Gîte
et Mme MONNIER,
Directrice du Gîte
Construction, amélioration, réflexion, remue-ménage sont des mots forts que l’on retrouve
dans le rapport d’activités.
2012 était le temps d’un travail collaboratif qui avait abouti à la décision de redéfinir une organisation en réseaux centrées
sur les besoins des publics accueillis.
2013 a été le temps de la mise en place de cette organisation en réseaux. Du concept à la réalité, le chemin fut parfois
difficile et il n’est sans doute pas terminé. Cette nouvelle organisation était nécessaire et devra permettre d’agir ensemble
dans les actions éducatives à mener pour le plus grand profit de nos jeunes.
A Morbecque, l’association a connu des moments difficiles. La Protection Judiciaire pour la Jeunesse, en baissant notre
dotation de manière significative, nous a contraint à leur proposer un plan à trois ans qui concilie l’exigence budgétaire et
les fondamentaux qui ont toujours prévalus dans l’accueil des jeunes. Grâce à la réflexion conjuguée des cadres, collaborateurs et responsables de lieu de vie, Morbecque voit son avenir assuré. Je vous encourage vivement à lire le rapport de la
Ferme qui s’intitule « théâtre d’expression et de communication ».Vous y trouverez, en particulier grâce à des témoignages,
ce qui fait la spécificité et la force de ce type d’accueil où « mise en relation-éveil de soi-écoute de l’autre » sont des idées
forces animées par l’ensemble des collaborateurs.
Ainsi, Le Gite poursuit son travail d’innovation en ayant le souci de faire en sorte qu’un vrai partage de ressources et d’informations se développe et c’est le sens donné à la réunion de l’ensemble des lieux d’accueil au sein d’un établissement
unique. je suis sûr que chaque collaborateur du Gite trouvera dans ses nouveaux dispositifs une place à la hauteur de ses
aspirations professionnelle.
66 Rapport d’activité 2013
Christophe SEGARD, Président du Gîte
Démarche qualité
l’année et s’est achevée en novembre 2013; la mobilisation
et l’engagement des professionnels de l’établissement ont
permis de mener à bien ce chantier au travers notamment :
○○ Evaluation en groupes pluridisciplinaires des thématiques
du référentiel
○○ Evaluation en équipe de certains chapitres du référentiel
○○ Poursuite du travail mené par le groupe Droit et expression
des usagers
○○ Evaluations internes croisées menées par des professionnels du GAP
○○ Auto-évaluation menée par des salariés du Gîte sur la
thématique de la gestion des fonctions logistiques
La mise en place de cette deuxième évaluation interne
a permis de mettre en exergue les évolutions depuis la
première évaluation interne et de dresser le bilan des actions
d’amélioration à engager. Cette évaluation interne a été
pilotée et coordonnée par un Comité de Pilotage Qualité,
créé en 2013.
A l’issue de ce travail, les membres du Comité de Pilotage
Comité de Pilotage
Composition :
Directeur d’établissement, représentants du service Qualité du
GAP, correspondant(s) qualité de l’établissement, représentants des Responsables de Réseaux et Responsables Educatifs,
professionnels désignés et représentants toutes les fonctions et
services de l’établissement, délégués du personnel
Rôle et Missions :
Le Comité de Pilotage est une instance d’élaboration et de
réflexion. Il a vocation à planifier et organiser les différentes
étapes de la démarche en lien avec la Commission Qualité
du GAP.
Il détermine les axes de travail prioritaires et s’assure de la
cohérence des travaux par rapport aux textes de loi, au projet
d’établissement et sa mission.
Il définit, valide et assure le suivi des Plans d’Actions Qualité,
alimentés, entre autres, par les rapports d’évaluations internes
croisées, d’évaluations interne et externe, …
Il assure aussi un rôle d’information et de communication sur la
démarche au sein des différentes équipes et il constitue une
interface entre le directeur et les groupes de travail.
Les positions du Comité de Pilotage doivent toujours être
validées par l’équipe de Direction.
Le Gîte
La deuxième évaluation interne a été menée tout au long de
Rôle et fonction des membres du Comité de Pilotage :
Les membres du Comité de Pilotage sont désignés par l’équipe
de direction ou sur candidatures. Ils possèdent un mandat
annuel. Ils ont pour mission d’informer et de communiquer
dans les équipes de leurs services les points traités en Comité
de Pilotage Qualité ainsi que de diffuser auprès du Comité de
Pilotage Qualité les questionnements, les réactions vécues. Ils
doivent être une force de proposition au sein de l’établissement et du Comité de Pilotage Qualité. Ils travaillent par ailleurs
en lien avec le Correspondant Qualité et son Responsable de
service.
ont élaboré un plan d’action d’amélioration visant à définir
les actions à engager au sein de l’établissement.
L’évaluation externe est programmée en mai 2014.
Rapport d’activité 2013 67
En 2013 au Gîte,
ça déménage !
Quel remue-ménage au sein de l’établissement
en 2013…. On pense, on construit, on déconstruit
et on imagine les Réseaux du Gîte de demain !
Comment améliorer l’accompagnement des
enfants et des jeunes qui nous sont confiés ? Pour
répondre à cette question, le Gîte a repensé son
organisation au regard des besoins des publics.
Soirée des cadres
au Gîte
pré
!
re De janvier à juin,
a
les réunions, rencontres,
p
journées de travail se sont multipliées et
intensifiées au sein du Gîte. Tous les professionnels de l’établissement ont été sollicités
et associés à cette démarche d’élaboration du
projet !
Cette première phase a également permis à chacun
de se projeter dans cette nouvelle organisation
et peu à peu le nouveau projet s’est affiné
et a pris forme.
e
s
On
L’ensemble des mutations des publics et des
contextes de notre environnement ont rendu
nécessaire une adaptation du projet de l’établissement. Celui-ci vise à adapter les réponses institutionnelles à l’hétérogénéité et à la complexité
croissante du public, en maintenant la cohérence
avec les valeurs fortes de l’institution. Ce projet vise
à développer une organisation capable de garantir
des marges de manœuvre suffisantes pour construire
des savoir-faire et des savoir-être dans une dimension
systémique en constante évolution.
Le Gîte a su avec son organisation par « Pôles »
développer une expertise et des compétences. Le Gîte
a fait le choix en 2013 de faire évoluer son organisation en
passant d’une organisation autour des publics (en Pôles)
à une organisation centrée sur les besoins des publics (en
Réseaux).
Le choix des Réseaux
○○ C’est un ensemble de personnes reliées les unes
aux autres ;
○○ Les réseaux reposent sur un partage d’informations et de ressources ;
○○ Les professionnels des réseaux ont un même
objectif : agir ensemble pour améliorer les réponses
proposées aux publics.
Le passage en Réseaux est acté le 1er juin 2013 !
○○ Réseau Hébergement Collectif
○○ Réseau Autonomie et Insertion
○○ Réseau Pratiques Alternatives Individualisées
○○ Espace Ressources, Recherche et Développement
68 Rapport d’activité 2013
Réseau Hébergement
Collectif
Présentation :
Dans le cadre d’un nouveau projet d’établissement, refondé dans une dynamique d’adaptation
aux changements des publics et aux évolutions des
contextes, le Réseau Hébergement Collectif assure
l’accueil et l’accompagnement de 42 enfants et
adolescents, âgés de 6 à 18 ans.
Le Réseau regroupe trois structures d’accueil :
- Le foyer Condorcet (12 enfants accueillis, de 6 à
12 ans)
- Le Foyer Michel ABELE (16 adolescents, de 12 à
18 ans)
- Le Foyer Alice POLLET (14 adolescentes, de 12 à
18 ans)
Le Gîte
Foyer
Condorcet
Les accueils :
Huit adolescents ont été accueillis au Foyer Michel ABELE au
cours de l’année. La durée moyenne des accueils constatée en
2013 est de 18 mois sur la structure, ce qui explique en partie le
nombre peu élevé de nouveaux accueils.
Concernant les jeunes qui quittent la structure, la moitié retourne
en famille (du fait d’une amélioration de la situation familiale et/
ou du constat de l’inadaptation de la mesure de placement).
L’autre moitié bénéficie d’une réorientation vers une structure
plus adaptée (notamment par un accueil au sein du Réseau
Autonomie et Insertion).
Seize adolescentes ont été accueillies au Foyer Alice POLLET.
La durée moyenne des accueils est de 12 mois. Cela explique
des accueils un peu plus fréquents. Ils restent toutefois limités au
regard du nombre de demandes.
Les situations de sortie sont caractérisées par des retours en
famille plus fréquents (là aussi du fait d’une amélioration de la
situation familiale ou du constat de l’inadaptation de la mesure
de placement) ; seules trois jeunes filles ont bénéficié d’une réorientation vers le Réseau Autonomie Insertion.
Par ailleurs, tout en restant vigilants à répondre au mieux aux
besoins d’accompagnements individuels et aux sollicitations
de nos partenaires (Aide Sociale à l’Enfance, services de milieu
ouvert), nous devons rester attentifs à l’équilibre des groupes.
Les équipes éducatives doivent en effet rester en capacité
d’accompagner dans les meilleures conditions possibles les
adolescents qui nous sont confiés. Or, les problématiques caractérisant les situations des jeunes rendent cet équilibre souvent
précaire : situations de déscolarisation massive, jeunes en attente
d’orientations spécialisées (ITEP, IMPro…) nécessitant une mesure
de protection de l’enfance…
Quatre enfants ont été accueillis en cours d’année au Foyer
Condorcet (suite à un passage au Service Evaluation du Gîte).
En moyenne, les enfants sont accueillis pour une durée de 25
mois. Toutefois, les enfants accueillis au sein de cette structure le
sont en moyenne depuis 25 mois, donc très peu de changement
au niveau du groupe accueilli. En effet, un seul accueil a pris fin,
en décembre, pour un retour en famille de l’enfant. Les sorties
peu nombreuses rendent les possibilités d’accueil plus limitées.
Rapport d’activité 2013 69
Des espaces de vie adaptés
Fête de Noël
de Condorcet
En juin, l’inauguration de la maison CONDORCET (qui, après plusieurs mois de travaux, a été
radicalement transformée : nouveaux espaces de jeux, adaptation des espaces collectifs,
réagencement de la configuration de l’ensemble de la maison, décoration soignée,
nouveau mobilier…) a constitué un temps fort pour les enfants et leurs éducateurs, qui ont
pu faire découvrir une maison « flambant neuve ».
Au Foyer Michel ABELE, même si la perspective d’un déménagement reste d’actualité et
appelle à des projets d’aménagement raisonnés, des travaux de rénovation ont été menés
dans la « troisième maison ». Ils permettent ainsi la poursuite de l’installation des espaces de
vie dédiés aux adolescents. Cet espace sera occupé dès le début 2014. Les lieux ont subi
une rénovation complète : décoration, nouvelle cuisine, salles de bain entièrement refaites…
Les adolescents pourront bénéficier d’une maison adaptée à leurs besoins, un espace de
vie qui accueillera 4 adolescents, dans une ambiance familiale et de manière individualisée.
Le Foyer Alice POLLET, de son côté, avait bénéficié d’importants travaux les années
précédentes.
Inauguration
de la maison Condorcet
en juin 2013
70 Rapport d’activité 2013
Séjour au ski
du Foyer Alice
Pollet
La mise en place progressive d’une dynamique de Réseau
Le Réseau Hébergement Collectif porte son action au-delà de la seule notion
d’hébergement. L’accueil des enfants et des jeunes répond à un besoin de
protection, qu’elle soit sociale ou judiciaire. Les accompagnements éducatifs
sont mis en œuvre au travers de dispositifs d’accueils clairement repérés, souples
et réactifs. Souples car non enfermés dans une logique d’âge, ils répondent
d’abord aux besoins repérés pour les enfants et les adolescents. Réactifs parce
qu’ils s’appuient sur les autres Réseaux.
Les équipes ont bénéficié, dès le mois de juin, de plusieurs journées de formations
(articulées avec des temps de réflexion et d’échanges) dans l’objectif de
les accompagner dans la mise en place du nouveau projet d’établissement
et d’une dynamique du Réseau. Ainsi, des thématiques de travail, majeures
et communes à l’ensemble des équipes, ont été abordées et débattues : la
référence éducative, la notion d’accueil, le projet personnalisé… De même,
une réflexion sur l’accueil des « Mineurs Isolés Etrangers » a été menée, au
regard des accueils significatifs réalisés au sein du Réseau (une petite dizaine
de Mineurs Isolés Etrangers accueillis).
Afin de répondre aux besoins d’accompagnements individuels et collectifs
repérés, les équipes éducatives ont été renforcées dans leurs missions par un
professionnel éducatif, dont l’action porte sur chacune des trois structures.
Ce poste éducatif spécifique centre son action :
- sur une animation collective et des suivis individualisés,
- sur des démarches éducatives et des supports ludiques.
La mise en place d’une dynamique de Réseau pérenne et en parfaite
adéquation avec le projet d’établissement, passent par l’élaboration formelle
du projet de Réseau et des projets de services. Les réflexions menées au cours
de l’année alimentent cette démarche de projet, de sorte que cette dernière
reste centrée sur les besoins des enfants et adolescents accueillis. D’autres sujets
de réflexion s’imposent à nous : l’adaptation de l’accueil des enfants de 12 à 14
ans, l’accompagnement des Mineurs Isolés Etrangers, la mixité au sein de nos
structures d’adolescents…
Les défis ne manquent pas : renforcer la dynamique de parcours au sein
des réseaux, inscrire chacune des structures d’accueil dans une démarche
de partenariat et dans un réel ancrage territorial, renforcer l’exercice de la
citoyenneté (tant des enfants et des adolescents, que de leurs familles) en
permettant la participation de chacun… Les équipes éducatives du Réseau
Hébergement Collectif, par leur engagement professionnel et leur « savoir du
quotidien », ne manqueront pas de les relever !
Christophe KINDT, Responsable du Réseau Hébergement Collectif
Rapport d’activité 2013 71
Le Gîte
Foyer
Condorcet
Réseau
Pratiques Alternatives
Kermesse
du RPA
Présentation
L’écriture du nouveau projet d’établissement amorcée en 2012, s’est concrétisée en 2013
par la nouvelle organisation de l’établissement. Le passage
d’une logique de pôle, organisée à partir d’un critère d’âge, à une
logique de réseau, organisée à partir de la notion de besoin du public, a
permis la création, en juin 2013, du Réseau Pratiques Alternatives.
Le Réseau de Pratiques Alternatives trouve son origine dans les constats effectués autour de
l’évolution des contextes : des publics et de leurs difficultés, des législations et du nouveau rapport aux
usagers qu’elles induisent, des limites du « tout placement » et de l’exigence d’une diversification des modes
d’accompagnement, des nouvelles contraintes budgétaires et de leurs effets.
Il porte le nom de « Pratiques Alternatives » car il réunit l’ensemble des pratiques, des expériences et des savoir-faire
résultant d’une alternative au placement en internat dit « classique ». L’origine de leur création se situe dans la réflexion
autour de l’internat, menée au fil des années dans l’association. Ce souci de répondre au mieux aux problématiques
rencontrées demeure la principale logique qui sous-tend la création d’un réseau centré sur l’alternative au placement
en hébergement classique. Depuis de nombreuses années en effet, nos équipes font le constat que certaines problématiques rencontrées dans les internats sont difficilement compatibles avec la vie en collectivité.
Le Réseau Pratiques Alternatives accueille des enfants et adolescents, âgés de 2 à 21 ans, rencontrant des difficultés
familiales, sociales et psychologiques, pouvant entraîner des troubles de la socialisation, d’apprentissages, du développement (retard) et des troubles de l’attachement. Le réseau Pratiques Alternatives s’inscrit dans une triple dimension :
la Prévention, la Protection et la Contractualisation. Les pratiques d’accompagnement relèvent de la nécessité pour
certains publics d’être dans une permanence relationnelle et pour d’autres, d’être dans une combinaison de réponses
éducatives et de lieux d’accueil (idée de sas) durant leur placement.
Les services du Réseau Pratiques Alternatives :
- Le service EVALUATION : accueil de 12 jeunes en hébergement pour une période de 8 à 12 semaines (2-18 ans)
- Le service d’HEBERGEMENT « Jacques MASURE » : accueil de 8 enfants nécessitant une prise en charge soutenue
(2-12 ans)
- Le service PFS : accueil de 25 jeunes en familles d’accueil (2- 21 ans)
72 Rapport d’activité 2013
La vie du Réseau en 2013
En direction des professionnels :
Accompagnement des équipes à l’élaboration du nouveau projet d’établissement (intervention de l’institut de fomation IFAR en moyenne une
journée par mois)
Accompagnement des équipes sur la dimension des écrits professionnels
(six jours)
Diversification des compétences au sein des équipes : embauche de la
première T.I.S.F. (Technicienne de l’Intervention Sociale et Familiale)
Accompagnement des enfants et des jeunes à partir d’un projet mené
sur l’année 2013 autour de la citoyenneté. A partir de divers supports sur
le thème de la découverte des continents, les enfants et les jeunes ont
découvert les cultures et les modes symboliques d’expression et d’exercice
de la citoyenneté existant dans le monde : la réalisation d’un arbre à
palabres et la mise en situation du conseil d’enfants ont amené la pérennité
de l’expression des jeunes sur ce qu’ils vivent dans le quotidien d’une vie en
collectivité.
Les séjours d’évaluation familiale ont été multipliés cette année. Cette
pratique permet d’évaluer l’ensemble des relations à l’intérieur du système
familial. Cela permet de repérer les fonctionnements et les dysfonctionnements, les places, les statuts et les rôles de chacun des membres composant
la famille. Sur le principe de l’adhésion des parents, nous avons réalisé cette
année, 9 séjours d’évaluation familiale.
La diversification du partenariat et le travail en réseau ont permis d’étayer
la prise en charge en direction des jeunes : l’atelier « Rebond » de Tourcoing
propose une prise en charge des collégiens en situation d’exclusion scolaire;
le partenariat avec un éducateur sportif, professeur de boxe, a permis la
mise en place de l’activité boxe tout au long de l’année. Le conventionnement avec le Centre Médical et Social de Tourcoing offre l’intervention de
deux professionnelles (psychologue et assistante familiale), sur l’analyse des
situations complexes rencontrées par les équipes.
Le Gîte
En direction des publics :
Inauguration de la structure
Jacques MASURE ( sur la photo
de gauche à droite :
J . MASURE, J. DUJARDIN et
K. MONNER )
Fête des
continents
Rapport d’activité 2013 73
Les bâtiments :
4
L’amélioration du cadre de vie, en lien
avec une réflexion sur les besoins des
publics accueillis, a été menée durant toute
l’année 2013.
La structure « Jacques MASURE » située au
2 bis avenue de la Marne à Tourcoing, a
été rénovée totalement. L’inauguration,
en présence de Monsieur MASURE, s’est
déroulée le 18 décembre 2013.
Les travaux d’embellissement des maisons
situées au 19 et 21 rue de Chantilly
à Tourcoing, accueillant le service
d’évaluation, ont démarré fin d’année
2013.
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Réseau Pratiques Alternatives est amené
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en diversifiant ses modes de prise
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p
rs
en charge en direction des publics :
- Création d’un SERVICE D’ACCUEIL DE JOUR, pour des
enfants âgés de 6 -14 ans en situation de décrochage
scolaire ou d’exclusion.
- Réflexion sur la création d’un SERVICE D’ACCOMPAGNEMENT
FAMILIAL, en direction des jeunes en situation de fin de
placement au sein du Gite.
Pe
Corinne NURCHI, Responsable du Réseau
Pratiques Alternatives
Fête des
continents
Inauguration du
Service
J. MASURE en
décembre 2013
Réseau
Autonomie et Insertion
Atelier Théâtre
Présentation :
Le Réseau Autonomie Insertion du
Gîte a pour objectif d’accueillir et
d’accompagner les jeunes vers
un devenir autonome.
Le réseau s’appuie sur des lieux
d’hébergement continu et sur un
accueil de jour.
Les sorties du Réseau
Les accueils 2013 :
Pour l’accueil de jour : accueil
et accompagnement de 12
garçons et 10 filles, dont 4 jeunes
accompagnés également dans
les internats du Gîte
En hébergement continu : 19
accueils
sur
l’hébergement
collectif et les appartements de
proximité, 10 jeunes ont accédé
au service de logements extérieurs.
La répartition était de 17 garçons
pour 12 filles, dont 5 jeunes venant
des hébergements collectifs ados
du Gîte.
Les trois quarts des jeunes
sollicitant un accueil permanent
sont accueillis sur l’hébergement
collectif ; les autres jeunes sont
accueillis en appartement de
proximité.
Il y a une forte propension à l’accès au
logement personnel (seul ou en couple) pour
les jeunes ayant quitté les services du réseau
en 2013. En effet, pour les jeunes concernés par
ces sorties en logement, nous notons qu’il s’agit
de jeunes ayant bénéficié d’accompagnement éducatif relativement long (entre 15 mois
et 4 ans) mais également de jeunes inscrits dans
des relations de couple stables facilitant l’installation du ménage en logement (4 jeunes sur
10) ou de jeunes relevant de dispositifs d’aides
spécifiques (AAH, tutelle, …) (3 jeunes sur 10).
Concernant les sorties des jeunes accompagnés
en accueil de jour, nous pouvons noter que
les conditions de sorties sont beaucoup plus
aléatoires et que les jeunes éprouvent des
difficultés à finaliser un parcours de manière
construite après leur accueil dans nos services.
En effet, les professionnels constatent que les
jeunes arrivant à leur majorité, soit s’inscrivent
dans une forme de régression dans le cadre des
apprentissages et savoirs faire, soit s’inscrivent
dans une rupture avec le service en s’absentant
de manière prolongée. Il s’agit là d’une des
pistes de travail pour l’année à venir.
Car, en effet, si les services d’hébergement
continu, situés rue de Soubise à Roubaix sont
bien repérés par les jeunes et nos partenaires
comme permettant un apprentissage progressif
de l’autonomie par une responsabilisation
graduelle des jeunes via l’outil logement
notamment, il convenait de clarifier les parcours
possibles au sein des services de l’accueil de
jour. En effet, les jeunes accueillis en alternative
à la scolarité ou en prévention d’une rupture
scolaire n’ont pas les mêmes besoins d’accompagnement que les jeunes inscrits dans une
démarche de reprise de cursus professionnel ou
de définition de projet.
Dès lors, l’accueil de jour se décline autour de
trois étapes distinctes et complémentaires que
sont :
- la remobilisation,
- la dynamique de pré apprentissage
- l’accompagnement à l’insertion.
Ce parcours permet au jeune, à sa famille et
à nos partenaires de visualiser l’évolution, la
progression mais aussi aux équipes professionnelles de proposer des axes et des supports
d’accompagnement différenciés et adaptés
aux besoins des jeunes accueillis. Les équipes
du réseau se sont pleinement investies dans
la construction de ces outils et dans leur
déclinaison pratique quotidienne au cours de
l’année 2013.
Rapport d’activité 2013 75
Le Gîte
Les services du réseau ont
accueilli
et
accompagné
52 jeunes en hébergement
continu (hébergement collectif,
appartements de proximité et
appartements en ville) et 40
jeunes en accueil de jour au cours
de l’année 2013.
Le Réseau Autonomie Insertion s’organise en conséquence autour
de trois paliers repérés, complémentaires, articulés et souples qui
favorisent un apprentissage progressif.
La première étape proposée est celle de l’évaluation des besoins,
des potentialités, des points de vigilance dans la situation globale
du jeune. Cette approche rend possible un accès aux dispositifs de
droit commun, une mise à plat de la situation dans sa globalité, …
La deuxième étape est celle de la validation ou non validation d’un
possible projet par la mise en situation (l’expérimentation permettant
au jeune de se rendre compte des efforts à fournir pour aboutir à ses
perspectives et projets…).
La troisième étape est celle de la mise en œuvre des objectifs du
jeune accompagné et la logique dans la préparation à la sortie de
l’établissement.
Ces paliers sont indissociables et auxiliaires les uns des autres. Il est
donc évident que les professionnels du réseau œuvrent à proposer
des axes d’accompagnement collectif.
«Le pantin au
Coeur joyeux»,
Juillet 2013
Fête de Noël
du RAI
En 2013, le Réseau Autonomie Insertion a pu initier des projets collectifs à
destination de l’ensemble des jeunes accueillis, et notamment :
le projet Théâtre, grâce à une collaboration construite et fructueuse avec
la compagnie de l’Interlock, a permis à 15 jeunes de bénéficier d’ateliers
autour de la pratique théâtrale, de la musique, de la danse, … Le fruit de
ce travail nous a été présenté au travers de 4 représentations publiques en
juillet 2013. Forts de ce succès, les jeunes et les professionnels souhaitent
poursuivre cette action en 2014.
Mais 2013, c’est aussi: des sorties ludiques , le barbecue de rentrée ainsi que
la fête de fin d’année…. Autant d’espaces de rencontres des jeunes, de
leurs familles et des professionnels du Gîte dans la bonne humeur !
Au regard de la dynamique enclenchée avec les équipes en 2013, les
objectifs du Réseau Autonomie Insertion pour 2014 sont :
. de poursuivre le travail engagé dans la dynamique de réseau, de
construire les étapes proposées aux jeunes, d’intensifier le travail avec les
familles, d’élaborer les espaces et les outils de collaboration,
de renforcer les coopérations, les interactions, les innovations,
. de permettre aux équipes de diversifier les supports d’apprentissage à
destination des jeunes accompagnés, (théâtre, photos, séjours à thème…)
. de réfléchir aux perspectives du restaurant associatif « Le Gîte met le
couvert » en redéfinissant l’identité que nous souhaitons lui donner (atelier
support aux apprentissages des métiers de la restauration ou entreprise
d’insertion)
Emilie GRIMONPREZ, Responsable du Réseau Autonomie et Insertion
L’activité en chiffres
Réseau Autonomie et Insertion
Nombre de placements
Réseau Hébergement Collectif
51
Nombre et origine des placements
4
10
Foyer Alice Pollet
Foyer Michel Abbelé
Accueil de jour
Service Appart.
Orientation à la sortie
Foyer Condorcet
Logement personnel
ou en couple
Durée moyenne du placement
Accueil mère et
enfants
6%
Famille
6%
17%
14%
29%
Internat
Foyer Jeunes
Travailleurs
Le Gîte
28
16
8
29
22
59%
18 mois
12%
12 mois
Logement personnel
ou en couple
25 mois
57%
Orientation à la sortie
Réseau Pratiques Alternatives
Mouvement interne
Nombre et origine des placements
35
6%
Famille
36%
24
11
DT Nord
42%
TE Lille
Institution
16%
Famille
d’accueil
Rapport d’activité 2013 77
Espace Ressources
Recherche et Développement
Soirée «Asie»
au RPA
Outils
- Observatoire des publics et des pratiques
- Elaboration d’un référentiel de compétences
pour le Gîte
- Axe formation
- Développement du réseau et prospective
- Démarche projet
- Démarche qualité, évaluation, amélioration
continue
- Apports théoriques et méthodologiques
- Politique de communication interne et externe
Présentation
Le nouveau projet du Gîte vise à anticiper un
devenir pour l’orienter vers un souhaitable formalisé
dans des missions et des valeurs; il s’agit de construire
une unité dans la diversité !
L’espace Ressource Recherche et Développement
est conçu comme un outil et un accompagnement
de l’ensemble de l’institution, dans la perspective d’un
projet de réseaux, afin d’accompagner le changement
qu’il s’agit de mener à bien. Il vise donc à réunir les outils
et les conditions (de cohérence, d’harmonisation, d’expérimentation, de formation, etc.) permettant à l’institution
de réussir son pari d’adaptation aux nouveaux contextes
et d’innovations dans ses pratiques pédagogiques. Au-delà
du changement, cet espace vise à accompagner une
dynamique d’adaptation et d’innovation continue et
pérenne.
Missions
- Veille à la mise en synergie des réseaux
du Gîte
- Recherche et expérimentation
- Mise en mouvement d’une dynamique
d’amélioration continue des pratiques
- Veille au développement et à la
mobilisation des compétences internes
- Accompagnement des projets
- Prospection et développement du travail
en réseau, maitrise du territoire
- Soutien technique
Modalités de mise en œuvre des missions :
78 Rapport d’activité 2013
L’espace Recherche et Développement du Gîte traverse l’ensemble des réseaux de l’établissement.
Il est conçu comme un outil.
Il s’appuie sur les professionnels de l’ensemble des réseaux qui interviennent dans cet espace dans
le cadre de missions précises.
Ces missions peuvent se décliner dans un mouvement permanent et continu ou sur des temporalités
définies.
Buts-Objectifs
Le but de cet espace peut se formaliser
comme suit :
Accompagner l’institution dans le
processus de changement porté par le
nouveau projet dans une dynamique de
démarche d’action-recherche nécessaire
à l’adaptation des pratiques, en lien avec
la réalité du territoire et les évolutions
sociétales du secteur.
Une organisation apprenante :
○○ Une organisation qui considère chaque professionnel
comme une personne ressource : favoriser l’émergence des
compétences collectives ; c’est une organisation où tout le
monde peut apprendre
○○ Une organisation qui travaille ses représentations pour en faire
des représentations partagées
○○ Une organisation efficace
○○ Un savoir à prendre collectivement
○○ Une coopération efficiente entre les membres de l’équipe
○○ L’objectif est de connecter ces cinq caractéristiques avec la mise en œuvre du
projet (dimension du projet et dimension de la réalité actuelle)
Dans l’idée de développer une logique d’innovation et d’impulser une démarche formative au sein de
l’établissement, il a été défini des chantiers d’expérimentation pour les trois ans à venir; cette dynamique
d’expérimentation est notamment portée par l’espace Ressources, Recherche et Développement!
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m
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Sé
s
de
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et développer
Le Gîte
L’expérimentation :
s
re
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a Comment initier
une organisation
apprenante ?
Les chantiers d’expérimentation à 3 ans :
RHC : accueil et accompagnement des 12/14 ans
RPA : l’accueil et l’accompagnement des 6/12 ans en accueil de
jour
RAI : l’accueil et l’accompagnement des jeunes « parents »
RHC et RAI: l’accueil et l’accompagnement des MIE
Gîte : le système de postures éducatives
Gîte: l’espace d’intelligence collective
Gîte : la communication
Gîte: la gestion administrative au service du nouveau projet
Gîte : le colloque
Fête de Noël
du RPA
Marc DASSONVILLE, Responsable de l’Espace Ressources,
Recherche et Développement
Rapport d’activité 2013 79
Enfin chez nous !
Enfin chez nous !
Durant l’année 2013, l’accent a été porté sur
la poursuite de la rénovation des sites du Gîte
et les inaugurations se sont succédées tout au
long de l’année !
• Le Foyer Condorcet, réhabilité en 2012, a été
inauguré en présence des enfants et de leurs
familles le 15 juin 2013.
• Les 5 et 6 juillet 2013, ce sont les jeunes de
l’Accueil de Jour qui nous invité à découvrir
les locaux du cœur Joyeux au travers d’un
spectacle de théâtre original intitulé le « Le
Pantin au Cœur Joyeux » !
Inauguration Foyer
Jacques MASURE
Conclusion :
7 ans après les pôles….
Certains diront que c’était trop tôt,
D’autres qu’il était temps !
En 2013, le Gîte a embarqué pour de nouvelles aventures !
Le Gîte ne part pas en terres inconnues et c’est tous ensemble que nous pensons,
organisons et planifions notre itinéraire car la route pourrait être longue!
Le circuit semble bien organisé; pourtant à l’heure du départ, certains sont stressés
tandis que d’autres sont pressés….
Que le voyage commence ! En route vers les Réseaux !
Quelques pannes, quelques couacs, des surprises heureuses…. surgissent au détour
des chemins !
Pourtant notre conviction ne faiblit pas et nous poursuivons notre voyage sans
hésiter à expérimenter d’autres itinéraires ! Les joies du voyage désorganisé !
Le voyage, c’est un défi permanent : celui de faire évoluer nos certitudes avec nos
convictions et nos valeurs ; celui de s’autoriser à expérimenter sans perdre de vue
ce que l’on était ; celui de se rendre disponible et d’écouter ce que les enfants et
les jeunes nous disent .
Ce voyage nous a permis d’esquisser un avenir différent, et sans nul doute, la route
du Gîte est encore longue….. C’est là toute la richesse de son histoire !
Tout est permis pour les aventureux !
Kareen MONNIER, Directrice du Gîte
80 Rapport d’activité 2013
• Le Foyer Jacques Masure , situé boulevard
de la Marne à Tourcoing, a été entièrement
réhabilité et rénové avec un emménagement
des enfants qui a pu se faire le 02 novembre
2013. Les locaux ont été inaugurés en décembre
2013 en présence de M. Jacques MASURE pour
la plus grande joie des petits et des grands.
• Des travaux d’embellissement ont également
été effectués au Foyer Michel Abelé avec la
rénovation complète de la troisième maison
située sur le site de Jean Macé.
Spectacle au
Coeur Joyeux
en présence
de M.PESEZ
Ferme de Morbecque
Sommaire
Rapport d’activité 2013 La Ferme de Morbecque
La ferme de Morbecque : Théâtre d’expression et de communication P. 82
Acte 1 : la musique : premier lieu de rencontre et d’expression P. 83
Acte 2 : savoir parler au juge : du geste à la parole P.84
Acte 3 : le cheval, exhausteur d’expression P. 86
Acte 4 : la démarche qualité P.87
Acte 5 : le rapport éducatif P.88
Acte 6: les enjeux éducatifs P92
Acte 7 : L’activité, expression indispensable au quatidien P.94
Acte 8 : Paroles nocturnes/
Acte 9 : Lorsque les mineurs participent à une enquête sociologique P.95
Conclusion P.96
81
La ferme de Morbecque :
Théâtre d’expression et
de communication.
Le mot théâtre garde la marque de sa racine grecque qui signifie «
regarder » et se définit par le fait de « montrer » un monde dans lequel
des comédiens interprètent des personnages et prêtent leurs voix et
leurs gestes pour donner vie à un texte.
La majorité des mineurs accueillis dans le réseau éducatif de la ferme
de Morbecque porte le fardeau d’une histoire familiale compliquée.
Malmenés par la vie, ces adolescents tentent de se construire une
identité et un avenir sur une vision étriquée de la réalité du monde qui
les entoure se limitant bien souvent aux contours du quartier et de ses
codes de communication.
Le sentiment d’avoir été trahi par les adultes semble ancré dans leur
mode de penser. Ce sentiment se révèle dans leur relation avec
l’adulte traduisant des résistances à investir une relation dénuée
d’amertume, de méfiance, de doute, d’apriori et de difficultés à
maitriser leurs émotions.
Lorsqu’ils nous sont confiés, ces jeunes sont d’une sensibilité à « fleur
de peau ». Ils sont en rupture avec la relation éducative et leur
manière d’être silencieuse, fuyante, agitée, envahissante suscite
le trouble. De prime abord, ils semblent insaisissables mais en
réalité, ils sont tous en attente de comprendre ce qui leur arrive,
en attente de sens, en attente d’éléments d’explication….
Pour ces adolescents en état de crise, traversant des difficultés
personnelles, familiales et sociales, ce passage dans le réseau
éducatif de la ferme de Morbecque doit être envisagé comme
un espace de réappropriation du dialogue et de la relation
éducative.
La communication est l’essence même du métier d’éducateur
et c’est aux adultes qui accompagnent ces adolescents
au quotidien de mettre en œuvre les conditions favorisant
l’apaisement des tensions qui les animent.
Tout au long de leur placement dans le réseau éducatif de
la ferme de Morbecque, les adolescents évoluent dans un
théâtre où les adultes mettent en scène et font vivre une
logique éducative qui schématise la cohérence des actes
et le sens éducatif des Scénarios imaginés. Cette logique
permet aux adultes d’emmener les adolescents sur des trajectoires
éducatives qu’ils ne rencontrent pas habituellement.
Au théâtre de la ferme Morbecque se déploie toute une panoplie de
médiations éducatives dans lesquelles les adolescents bénéficient d’un
terreau favorable à l’émergence de l’échange et de l’expression des
ressentis.
Dans ce partage de moments authentiques de vie, les doutes quant aux
intentions et à la crédibilité des intervenants éducatifs s’amenuisent peu
à peu. Les échanges avec l’adulte se construisent dans le déroulement
de situations vécues au sein même du réseau où les adolescents sont
acteurs des événements qui se succèdent. Dans cette configuration,
la liberté de parole est encouragée. Les adolescents ressentent
le sentiment d’une considération à leur égard et les interpellations
éducatives concernant des attitudes inadaptées sont d’autant mieux
acceptées qu’elles découlent d’expériences partagées et de mises en
œuvre conjointes.
Au fil des semaines, les adolescents sont incités à s’approprier et investir
les instances de parole et d’échange où les adultes exercent un travail
d’accompagnement dans leur réflexion personnelle sur leur manière
d’être, leur mode de penser, leur mode d’expression et les aident à
redonner du sens à leur parcours de vie.
Notre approche éducative s’inspire d’une vision positive de ces
adolescents. Plutôt que de les percevoir au travers des actes à l’origine
du placement, notre démarche éducative s’élabore sur une volonté
affirmée de faire émerger leurs qualités et de les exploiter au travers
d’itinéraires éducatifs originaux produisant une évolution concrète et
mesurable de leur capacité à formuler leurs émotions.
Ce rapport d’activité nous offre l’occasion de préciser le sens de notre
pratique éducative et de témoigner des effets de l’accompagnement
éducatif sur l’évolution des jeunes dans leur capacité d’expression et
de communication.
NB: Afin de préserver l’anonymat, les prénoms des jeunes dans les textes
de ce rapport ont été modifiés.
Daniel VETU
Responsable du réseau
82 Rapport d’activité 2013
Acte 1 : La musique :
Premier lieu de rencontre d’expression
EXPRESSION (d’un point de vue musical) : Faculté, pour le compositeur et/ ou pour l'interprète, de rendre sensibles certaines idées ou certains états
d'âmes contenus dans une œuvre musicale. (Dictionnaire de français, Larousse).
Je me rappelle de ces longues journées passées au tribunal,
Les yeux des parents pleins de larmes,
Et le procureur qui parle mal,
Les éducateurs perdus entre deux jeunes, débordés,
Foyer d'accueil d'urgence.
Tu parles d'une enfance,
Tu parles d'une chance,
Fugue sur fugue, coups sur coups voilà mon parcours
Et même mon autobiographie est écrite par le greffier.
(La Fouine – Au cœur du problème – Aller- retour, 2007.)
La Fouine, c’est le rappeur préféré de ce jeune arrivé pratiquement en même
temps que moi sur le réseau d’accompagnement éducatif de la Ferme de
Morbecque. C’est un adolescent qui va fêter ses 14 ans au mois de décembre.
Il est grand et costaud pour son âge, au-delà de la moyenne. Sa place de
grand frère à la maison, il l’a mise de côté pour prendre la place d’un adulte,
certainement pour pallier à l’absence de son père.
Il est violent avec les autres, verbalement et physiquement, avec ceux qu’il
aime et ceux qu’il n’aime pas, la violence est son moyen d’expression privilégié.
Il se méfie de l’adulte, à la maison, l’adulte c’est lui. Il décide de tout, n’écoute
pas l’éducateur, le provoque verbalement, s’interpose avec son corps, ce
corps devenu son arme, son armure.
Comment lui rendre sa place d’adolescent?
Comment en faire un adulte en devenir et pas déjà un adulte devenu?
Contraint à jouer ce rôle de grand, à son arrivée, il s’invente une vie idéale à
l’extérieur. Il est le champion des terrains de basket de son quartier, le pilote
émérite d’un 640 KTM cross …
Un discours plein d’attentes, d’envies. Nous savons que tout n’est pas vrai, mais
le jeune s’exprime, nous parle. La relation de confiance s’établit.
Il voyage dans le réseau, tente de nouvelles expériences, et reprend
une place d’enfant qui se construit. Il commence à se confier, la
confiance est bel et bien là.
Et, c’est au cours d’un séjour ski que l’adolescent s’exprime totalement.
Il n’est jamais allé « à la neige », n’est jamais monté sur des skis. Il
apprend, sourit et réussit, tout son corps exprime le contentement. Ses
phrases expriment la découverte.
A notre arrivée au gîte, « - mais, il n’y a pas de neige ? »
Réponse de l’éducateur, « - On est en bas, c’est pour ça. »
« - En plus, il faut monter ! »
De phrases chargées d’innocence, le jeune en ponctue le séjour.
Puis, durant un repas typique pris dans le restaurant du gîte, il se confie
sur sa famille, sur sa culture de gens du voyage, sur sa situation. Il est
serein, la discussion est naturelle, émotionnelle.
Et, chargé de cette « dynamique infantile », ce jeune avance, se
construit et expérimente partout dans le réseau. Ses expériences
l’enrichissent.
Favoriser les espaces informels d’expression, de dialogue est un atout
non négligeable. Perdurons, continuons ensemble à avancer, à les
faire avancer.
La Ferme de Morbecque
La musique est généralement le premier lieu de rencontre d’expression entre le
jeune et l’éducateur. Fixé à son téléphone, le jeune monte en voiture et met la
radio, Skyrock évidemment. Les adolescents que nous accueillons choisissent
le rap comme support d’expression de leurs états d’esprit.
Mais laissons les vivre.
Ces tribunaux, laissons les vides.
Ces cellules pour enfants, laissons les vides.
J'étais ce p'tit casquette basse, tête baissé, regard triste
Et pourtant plein d'espoir au tribunal pour enfants …
(La Fouine – Au cœur du problème – Aller- retour, 2007.)
Stéphane FREULON, Educateur
Rapport d’activité 2013 83
Acte 2 :
Savoir parler au juge :
du geste à la parole
Dans le cadre de son habilitation, la ferme de Morbecque
accueille exclusivement au titre de l’ordonnance 45 relative à
l’enfance délinquante. Les jeunes qui nous sont confiés font l’objet
d’une procédure judiciaire et il arrive fréquemment que le jugement
de leurs actes se déroule pendant ou à l’échéance du placement,
parfois même après.
Nous accompagnons ces adolescents à toutes les audiences les
concernant pour témoigner de leur évolution dans le réseau éducatif.
Pour ces jeunes peu accoutumés à la prise de parole en public, la symbolique
de l’audience de jugement reste un exercice difficile et une véritable source
d’angoisse lorsqu’arrive le moment d’être jugé.
Ils ne maitrisent pas les codes de cette instance judiciaire et à part le magistrat, quand c’est celui
qui les a placés, les adolescents ne connaissent pas le rôle de chacun. Le plus souvent, ils ne sont que
spectateurs des échanges.
Dans le cadre de l’accompagnement éducatif, nous prenons le temps de les préparer à cet exercice. Nous leur expliquons
et jouons parfois dans un jeu de scène, le rôle et la mission du Procureur de la République, du magistrat, des assesseurs, du
greffier, des avocats...
Situation de Félix : Du déferrement au
jugement
Scène 1 : Le déferrement
Félix est âgé de 17 ans. Il ne connait pas son père. Sa mère éprouve des difficultés dans sa vie
personnelle et dans l’éducation de ses enfants.
Félix entre dans la délinquance à l’adolescence par une succession de vols en réunion par
cambriolage.
Félix s’oppose à toutes idées de séparation avec sa mère. Dès lors, les placements se
succèdent de foyer en foyer et sont entrecoupés de « fugues » (à la maison) plus ou moins
longues. Quand nous sommes sollicités, Félix vient de « péter les plombs ». Il est déferré devant
le magistrat pour avoir agressé violemment un éducateur du foyer.
Lorsqu’il arrive dans le cabinet du juge, Félix est menotté et encadré par deux officiers de
police. Il vient de passer 48 heures en garde à vue. La fatigue se lit sur son visage. Ses vêtements
sont défraichis. Prise par ses contraintes professionnelles et excédée par la délinquance de son
fils, sa mère ne s’est pas déplacée au tribunal.
Devant le magistrat, Félix semble perdu. Il cherche ses mots. Ses explications sont confuses,
maladroites et ne plaident pas vraiment sa cause. Félix semble résigné et convaincu de l’issue
de l’audience. Au mieux, il s’attend à une nouvelle décision de placement au pire à son
incarcération.
Finalement, il nous est confié pour une durée de trois mois dans le cadre d’une alternative
à l’incarcération. Il est placé sous Contrôle Judiciaire avec obligations de respecter les
conditions du placement et de suivre une formation.
Scène 2 : L’accroche éducative
Dans les premières semaines de placement, Félix évolue sur les mêmes représentations que
lors de ses expériences précédentes. Les intervenants éducatifs connaissent son parcours et
pour le moment, l’enjeu éducatif se limite à créer les conditions d’une accroche éducative en
84 Rapport d’activité 2013
évitant les discours moralisateurs que Félix connait déjà.
Félix est fuyant et papillonne d’un adulte à l’autre mais il se pose, découvre les adultes et le
fonctionnement du réseau. La relation avec les adultes reste superficielle mais Félix s’ouvre peu
à peu, il s’apaise et investit les activités proposées. Félix accepte d’expérimenter les différentes
formes d’accueil du réseau éducatif puis il finit par s’installer dans un lieu de vie où il semble
s’épanouir. Félix fait quelques stages en entreprise pour définir son projet professionnel.
Scène 3 L’introspection
A l’échéance du placement, Félix accepte l’idée d’une prolongation de trois mois en vue
de consolider ses acquis et d’envisager son retour au domicile dans de meilleures conditions.
Au fil des mois, la relation avec le permanent du lieu de vie donne lieu à des échanges où Félix
partage de plus en plus ses émotions. La confiance s’installe et Félix verbalise les tensions qui
l’animent. Il se confie sur son histoire et ses souffrances.
Par suggestions savamment choisies et dosées, le permanent amène progressivement Félix
dans son introspection et l’aide à donner du sens à ses actes et à son existence.
Félix rentre chez sa mère chaque weekend et l’introspection exprimée dans le cadre du
placement se transpose dans le contexte familial. Sa maman observe que Félix est plus
réceptif, plus apaisé, plus présent, qu’il a pris de la maturité.
Scène 4 : le jugement
L’audience de jugement tombe à l’échéance des six mois de placement. Toutes les affaires
ont été rassemblées et seront jugées le même jour.
Félix se présente à la barre pour la première fois. Il sait que l’instant est solennel et que son
avenir immédiat va se jouer. Il en a conscience et s’est habillé en conséquence. Son angoisse
est perceptible mais la présence du permanent du lieu de vie le rassure.
Dans son allocution, le permanent du lieu de vie met en lumière l’évolution de Félix. Il présente
la ferme de Morbecque puis il développe point par point l’évolution de Félix et le diagnostic
de personnalité rédigé dans les rapports éducatifs et dans lesquels, sont suggérés des pistes
d’accompagnement éducatif.
Après l’intervention des victimes, des avocats, du magistrat et des éducateurs, c’est au
tour du Procureur de prendre la parole. Il joue son rôle de représentant de l’ordre public.
L’activité en chiffres :
Nombre et origine des placements
42
Bonne route à toi Félix
4
Daniel VETU, Responsable du réseau
27
15
2
inférieur à 6 mois
6 mois à 1 an
plus de 1 an
36
Mesures de placements
Mesure de mise sous Protection Judiciaire
1
3
Sursis Mise à l’épreuve
De l’admission à l’échéance du placement, les adolescents bénéficient
d’un accompagnement éducatif leur permettant d’exercer leur libre choix
et leur liberté d’expression sous la bienveillance d’adultes soucieux de les
guider individuellement dans le théâtre de la ferme de Morbecque.
Ce récit de placement permet de mieux saisir le sens d’une pratique
éducative et l’évolution du jeune dans ses capacités d’expression.
Pas-de-Calais
Durée moyenne des placements
Scène 5 : Le délibéré et dénouement du placement
Le tribunal se retire pour délibérer. C’est dans ces moments que la « salle
des cent pas » ou des « pas perdus » prend toute sa signification. Félix tourne,
tourne, tourne dans la salle. D’une fenêtre à l’autre, le regard lointain, pensif
Félix rejoue la situation dans sa tête. D’une chaise à l’autre, Félix cherche du
réconfort auprès du permanent avec qui il a partagé les pans de son histoire
et six mois de sa vie, sa mère est présente et n’est plus dans le rejet. Pour elle
aussi le placement a été bénéfique et lui a permis de se repositionner. Elle est
intervenue à la barre pour exprimer ses difficultés et l’évolution de Félix. Elle a
pris conscience de sa responsabilité dans le parcours chaotique de son fils…
Félix bénéficiera de la clémence du jury et sera condamné à verser une
amende aux victimes. Le placement est levé, Félix devra se soumettre
scrupuleusement au respect des obligations d’un Contrôle Judiciaire jusqu’à
sa majorité.
Nord
La Ferme de Morbecque
Félix le sait parce qu’on lui a longuement expliqué. Dans son réquisitoire,
le Procureur expose la gravité des faits, le parcours délinquant de Félix
et les conséquences pour les victimes, pour la société. Puis, il s’adresse
directement à Félix et l’encourage à développer davantage son parcours à
la ferme de Morbecque afin de mesurer l’authenticité de son évolution dans
son introspection.
Les faits reprochés sont avérés et Félix ne cherche pas à dissimuler sa
responsabilité. Mais il a pour lui son parcours pendant le placement à la
ferme Morbecque qu’il formule à sa façon avec ses mots d’adolescent.
Contrairement à l’audience de déferrement, Félix se saisit de cette
opportunité pour exprimer ses ressentis. Dans l’élan de son argumentation
et de ses réponses, Félix interpelle le Procureur : « Mais vous ne savez pas
ce que c’est d’être placé, vous ne pouvez pas comprendre. J’en ai marre
moi, ça fait des années que je suis séparé de ma mère ». S’engage alors
un véritable dialogue entre Félix et le Procureur qui à la stupéfaction de
la salle d’audience se laisse emporter dans le témoignage d’anecdotes
de sa propre jeunesse. Puis, s’apercevant du sourire au coin des lèvres du
magistrat et des personnes présentes dans la salle, de reprendre le cours de
son réquisitoire : « Bon, bon, bon, revenons à votre situation si vous le voulez
bien ! ».
Ce mineur qui, quelques mois auparavant semblait incapable de transmettre
la moindre de ses émotions semble avoir touché son auditoire par la sincérité
et la justesse de ses propos.
Pour conclure, le Procureur demande une incarcération assortie d’un sursis
avec mise à l’épreuve.
Pas de mesure en sus de l’Ordonnance de
Placement Provisoire
5
1
Mesure Judiciaire d’Intervention Educative
Mesure Judiciaire d’Intervention Educative/LSP
3
Liberté Surveillée Préjudicielle
7
Contrôle Judiciaire
22
0
10
20
Rapport
d’activité 2013 30
85
MISE EN RELATION – EVEIL DE SOI - ECOUTE DE L'AUTRE
TRANSFERT EMOTIONNEL- ESPACE DE PROJECTION – EFFET MIROIR
« Ouaich Gros, bien ! T'as pris per'pète ou quoi ! ».
Mickaël, jeune adolescent de 16 ans et demi,
1,68 mètre, 52 kilos, s'adresse à Upstair, jeune
cheval ardennais, 1,68 mètre au garrot, 678 kilos,
qui est dans son box. Première approche, première
accroche. Dès les premières secondes, le contact est
établi entre les deux compères. Il est difficile de trouver
un exemple plus parlant que cet échange pour mettre en
émergence le pouvoir étonnant de médiation du cheval.
Effet catalyseur, l'approche du cheval provoque
automatiquement une réaction par sa simple présence. La
parole prend place, le corps s'exprime. Sous forme d'expression
verbale ou non-verbale, il éveille et suscite à tous les coups
une réaction. Peur, rejet, recherche de contact … auprès d'eux, les attitudes
corporelles, les réactions émotionnelles et les images associées ne sont
d'ailleurs jamais anodines. En face de ce grand colosse, Mickaël ne semble pas
impressionné. Il se voit déjà galoper à toute vitesse et futur champion de course.
Être vivant dépourvu de la parole, le cheval offre un espace de projection
et laisse libre cours à l'imagination. Chacun pourra agir, réagir, projeter et
interpréter, vivre et ressentir sans avoir peur d'être jugé en retour. Non jugeant
et authentique, l'animal, donne l'impression au jeune de n'avoir rien à prouver.
Parce que l'animal ne demande rien et ne jouera pas de cette relation, la libre
expression est possible et sans danger. Ainsi le jeune adolescent pourra retirer
doucement ses mécanismes de défense qu'il a mis en place au cours de sa vie,
s'apercevant qu'ils ne le protégeront pas dans cette toute nouvelle relation.
Tout en imposant le respect, par sa taille, et son poids, le cheval fait tomber
les barrières et permet au jeune de discuter de ses craintes, d'abord celle qui
résulte de la proximité d'un animal aussi imposant et libre. Puis, la neutralité de
l'animal permettra d'être rassuré. Il confiera à l'adulte à la fin de la première
séance ses sensations pour en venir à des ressentis remplis d'affects.
Au fur et à mesure, différents aspects de la personnalité pourront être exprimés
au travers du cheval. En effet, connu pour sa sensibilité à l'état émotionnel des
individus proche de lui, les réactions de l'animal ne sont jamais innocentes :
absence de réaction ou réponse erronée, léthargie ou agitation.
Au cours d'une séance, à peine monté sur le dos d'Upstair, Mickaël se retrouve
en difficulté. En général, les réactions spontanées des chevaux mettent souvent
Acte 3 : Le cheval,
Exhausteur d’expression
en relief ce qui se passe au plus profond de nous-mêmes.
À la fin de la séance, le jeune finira par me dire qu'il était en fait très angoissé. Derrière un
sourire large et une posture franche, torse gonflé se cachait un petit être insécurisé incapable
de s'exprimer. De là, il affirma « Souvent, je fais le dur. C'est comme ça … si tu veux t'en sortir
et ne pas te faire écraser… ».
Lors d'une autre séance, Upstair, de nature docile ne veut pas avancer et ignore totalement
le jeune. Agacé, il finit par prendre la chambrière et lui claque sur les fesses. En reprenant
avec lui ce qu'il venait de se passer, il me répond « c'est comme ça que les choses rentrent »
«quand ça fait mal» « c'est comme ça … c'est tout ». Je ne peux pas m'empêcher de faire le
lien avec son histoire personnelle. Travailler un cheval demande un investissement corporel et
verbal, et un état de présence dans ce que l'on fait. Jeune en quête de personnalité, pouvoir
s'exprimer autrement que ce qu'il connaît reste difficile.
Le cheval utilise tous ses canaux sensoriels pour sentir, ressentir, communiquer et réagir.
Sensible aux émotions, aux affects, aux projections et aux transferts perçus, effet miroir, il
reflétera le tempérament, l'humeur, la personnalité. Savoir écouter ce que le cheval a à nous
dire et le prendre en considération permet de nous donner des éléments d'information à
exploiter de nos jeunes qui se cachent très souvent derrière un masque protecteur.
Le cheval favorise aussi l'entrée en relation avec l'adulte et une ouverture sur l'extérieur. Dans
la découverte, l'adulte l'accompagne et l'aide à comprendre ce qui se joue. Il propose, donne
des hypothèses et une possibilité d'ouverture à l'autre. Ainsi avec le cheval, le jeune pourra
expérimenter de nouveaux modes d'expression sans contrainte et sans devoir tout remettre
en jeu. Ainsi, outre les craintes, les ressentis et le vécu, au fur et à mesure, nous pourrons
discuter des besoins, des droits, des devoirs, et de manière générale, les interactions entre les
êtres, les personnes, les conséquences des paroles et des actes...
« Permettre, accueillir, observer, écouter la libre expression à travers le cheval, créer du lien
et donner du sens... »
Anne Lyssia
VAN LINTHOUT,
Educatrice spécialisée
PETITE PRESENTATION DE NOS
LABORIEUX COLLABORATEURS
Acte 4 :
La démarche qualité
Les jeunes sont amenés à s'occuper de nos trois
« colosses » au quotidien : les nourrir, les soigner, les
travailler, en prendre soin et prendre soin de leur habitat.
Rosie, jument Boulonnaise, au regard expressif, ne laisse
pas les jeunes indifférents. Pour des jeunes en quête et
en mal d'affectivité, elle est toujours la première à venir
à leur rencontre. Docile, elle sait se monter gracieuse,
généreuse et douce. Par son côté rebelle, elle séduira
les plus fougueux. Forte, énergique et déterminée, elle
ne manque jamais l'occasion de s'exprimer quand
quelque chose la dérange. Avec elle, on n’a rien à
prouver. Elle est souvent vue comme la « rebelle », « la
Cailra », « Rosie la violente».
Uno et Upstair, les deux frères
inséparables, le duo de choc,
toujours partants pour une balade.
Upstair au caractère franc, stable,
solide, paisible, docile, passe
partout, généreux, tempérament
conciliant, est apprécié pour son
côté « padre ». Il représente le
savoir et la sécurité. Rassurant,
les jeunes se tournent vers lui plus
facilement. Ils s'y fient plaisamment.
Uno, aux traits plus juvéniles, de taille plus petite,
est lui davantage joueur et taquin. Il a tendance
à rassurer de par sa plus petite taille et est souvent
apprécié des plus jeunes.
Toutefois, tous deux de nature calme et posée, ils
ne sont pas pour autant dupes. Ils nous révèlent
généralement les côtés indétectables de
certains jeunes.
Anne Lyssia
VAN LINTHOUT,
Educatrice spécialisée
La loi de 2002, a instauré la mise en place dans
chaque établissement d’une instance officielle : le
conseil de vie sociale. Chez nous, cette dernière est
communément appelé par les mineurs accueillis : «
la réunion »
Pour eux, c’est le moment de négocier, une
augmentation d’argent de poche, Remy demande
10€, au lieu des 8€ accordés, Julien souhaite des
quartiers libres le mercredi après-midi, un autre du
coca à tous les repas, un dernier négociera les
départs en week end dès le jeudi et des retours
le lundi soir et pourquoi pas le mardi matin ?….
etc… Face à cette avalanche de réclamations
fonctionnelles, nous avons programmé un thème
principal, fil conducteur de l’échange. Mais le
fonctionnement au quotidien et la vie du réseau
comme thèmes de discussion, sont des thèmes
difficiles à proposer sur un temps précis de
rencontre.
Il faut avouer qu’après quelques années de tentatives
infructueuses, cette rencontre institutionnelle n’est
pas adaptée au fonctionnement du réseau : nos
périodes de prises en charge sont de courtes durée
(3 mois éventuellement renouvelables 1 fois) et les
jeunes sont dispersés (internat et lieux de vie).
Pourtant, si les rencontres ne sont pas
institutionnalisées, elles ne sont pas inexistantes.
Les jeunes s’expriment et échangent : Sur leur prise
en charge mais également sur le fonctionnement
du réseau. Nous avons parfois, la surprise de nous
rendre compte que l’information entre les jeunes
circule bien plus vite que chez les adultes.
Dans la plupart des cas, c’est dans les rencontres
et lors des activités que se nouent, se jouent les
relations, les discussions, les questionnements
entre les adultes et les jeunes du réseau. C’est
souvent dans ces activités communes que se joue
l’essentiel. Ces moments privilégiés sont propices
aux questions des mineurs sur le fonctionnement de
l’établissement, sur l’organisation, les activités, la vie
au quotidien et les projets à venir, les mouvements
dans le réseau.
Qu’il s’agisse d’un temps de repas, d’un coucher,
d’un lever, de la fin d’une activité, d’une semaine
de séjour, le cadre informel favorise une parole
libre et les jeunes et les adultes sont disponibles.
Souvent dans ses échanges non formalisés, les
jeunes sont « un peu plus » conviviaux, réceptifs et
la prise de parole se fait naturellement. Alors que
durant la réunion d’expression, nos mineurs réunis
ressentaient la rencontre comme une rencontre
« jeunes contre adultes » où l’esbroufe et la
revendication étaient de mise.
La démarche qualité, outil d’amélioration continue
des pratiques, nous amène à réfléchir, afin de
faire progresser le groupe d’expression. Mener
les mineurs du réseau éducatif de La Ferme de
Morbecque à participer et investir ce moment de
prise de paroles.
Toutes les six semaines, l’équipe de la Ferme de
Morbecque organise une journée « réseau ». Une
journée où l’ensemble des jeunes et des adultes
du réseau éducatif de La Ferme de Morbecque
se regroupent autour d’une activité, d’un repas en
commun. Cette journée a pour objectif, la rencontre
de l’Autre et de faciliter la parole entre tous. À la
fin de l’activité, quelques adultes et l’ensemble
des jeunes font un débriefing de la journée, afin
que les mineurs puissent s’exprimer sur la vie au
quotidien au sein de La Ferme de Morbecque, en
jugeant de la qualité des prestations et à participer
à l’amélioration des points insatisfaisants. Les
mineurs vont entrer dans une phase d’introduction
des décisions, une formulation des opinions ce qui
renforcera leur participation au sein de la structure
et de leurs séjours.
Il faut alors aux adultes du réseau être en capacité
de retranscrire ce temps d’échange.
La philosophie d’accompagnement de La Ferme
de Morbecque et la motivation, l’intention de la
mise en œuvre de la « Véritable Parole » du mineur,
exige une capacité d’adaptation, d’évolution
et d’expérimentation de la part de l’équipe
éducative.
Tony VANTIELCKE
Responsable éducatif
Correspondant qualité
Rapport d’activité 2013 87
La Ferme de Morbecque
Au sein de la Ferme, Rosie, Upstair et Uno, chevaux de
trait, lourds, massifs et puissants ... sont paradoxalement à
la fois doux, paisibles, posés, solides et stables …
Acte 5 :
Le rapport
éducatif
Dès leur admission à la ferme de Morbecque, les adolescents sont informés des tenants
et des aboutissants du rapport éducatif. Ils savent qu’un premier rapport est rédigé au
bout de 4 semaines et que le suivant est envoyé 6 semaines plus tard, soit 15 jours avant
l’échéance des trois mois de placement.
Le rapport éducatif est le reflet d’une « pensée collective » rédigé par un éducateur
référent désigné à l’admission du jeune. Dans le cadre de cette mission, l’éducateur
référent recueille, centralise et synthétise l’ensemble des observations et des écrits réalisés
dans le cadre de l’accompagnement éducatif.
Le rapport éducatif s’élabore à partir d’une trame définissant précisément une suite
d’items permettant d’apporter un éclairage le plus précis possible sur la personnalité du
jeune et de développer son évolution et ses modes de fonctionnement dans les différents
contextes du réseau éducatif. (Présentation du jeune, les relations avec les adultes, avec
les autres jeunes, avec la famille, le comportement dans l’activité etc.).
Le rapport éducatif n’est pas une simple juxtaposition d’observations se limitant à
la démonstration des déviances d’un adolescent. Il s’agit plus précisément d’une
intellectualisation du travail éducatif s’inspirant de situations vécues pendant le
placement et visant à mettre en lien les modes de fonctionnement du mineur avec son
histoire personnelle. Le rapport éducatif permet de suggérer des pistes d’analyses de la
situation du mineur, de cerner le potentiel à exploiter et de préconiser des perspectives
d’orientation adaptées.
Le rapport éducatif revêt une importance capitale en ce sens qu’il permet au magistrat
de se représenter le profil de personnalité du mineur et son évolution en dehors de son
contexte familial et des influences du lieu de commission des faits. Le rapport éducatif
anticipe les échanges en audience et contribue à la réflexion du magistrat dans ses
prises de décisions. La ferme de Morbecque est reconnue pour la qualité de ce travail de
diagnostic qui s’inscrit dans le cadre de notre habilitation.
Au même titre qu’une activité, qu’un séjour, le rapport éducatif est exploité comme un
véritable support de médiation avec les adolescents.
Les jeunes qui nous sont confiés peuvent avoir accès à tous les documents produits
pendant la durée de leur placement à la ferme de Morbecque (courriers reçus, envoyés,
notes d’information, d’incident, rapports éducatifs…). Le contenu des écrits et surtout
celui du rapport éducatif les intéresse, les interroge et les inquiète en même temps car
ils savent que ce document est transmis au magistrat. Que pense-t-on de moi ? Qui le
rédige ? À qui vais-je en vouloir si les propos ne me conviennent pas ? Cette disposition
permet de jouer la transparence avec les adolescents et de lever les doutes quant à nos
intentions.
Dans le rapport éducatif, il existe un item intitulé : « L’expression du jeune» qui leur est
pleinement réservé. Le jeune a la possibilité de développer son point de vue sur les
constats et les analyses de sa situation personnelle mais également sur le fonctionnement
du dispositif et la qualité de l’accompagnement éducatif qui lui est proposé.
88 Rapport d’activité 2013
Scène 1 : Une succession de mots pour
comprendre une accumulation de maux.
Le rapport éducatif est une pièce essentielle et constitutive de notre logique éducative et
nous y accordons une attention particulière.
La lecture du rapport éducatif s’inscrit sur les principes d’une logique éducative qui
encourage et incite le jeune à se saisir des instances de parole et d’expression des
ressentis. La majorité des jeunes qui nous sont confiés ne sont pas habitués avec cette
pratique éducative. Très souvent, ils sont en rupture avec l’apprentissage scolaire et se
trouvent en difficultés avec l’écriture, la lecture et la compréhension de texte.
La lecture du rapport éducatif est une expérience nouvelle, parfois complexe et
surprenante pour le jeune. Cet exercice éducatif repose sur une pédagogie favorisant
l’échange et la communication. L’expérience montre que l’humeur, le contexte et
le moment de lecture influent considérablement la réceptivité de l’adolescent et sa
disponibilité à communiquer avec l’adulte qui l’accompagne dans la lecture.
La méthode de lecture doit être adaptée au profil de personnalité du mineur et tendre à
le rassurer et le mettre en confiance.
En tout état de cause, la lecture du rapport éducatif est l’occasion d’une conversation
en tête à tête permettant au jeune d’exprimer et de développer sa vision personnelle de
sa situation et son évolution dans le placement.
Après une lecture seul d’un rapport éducatif, rares sont les jeunes maitrisant suffisamment
l’écriture pour rédiger une appréciation complémentaire. Se satisfaire d’un : « Je suis
d’accord sur tout ce qui est écrit » et « On est bien à la ferme de Morbecque », c’est bien
souvent se priver et passé à côté d’un échange avec le jeune permettant un éclairage
et une analyse plus juste et plus approfondie que celle supposée et développée dans le
rapport éducatif.
Une lecture du rapport éducatif accompagnée d’un adulte qui explique le sens des mots
et du texte, capable de reformuler les commentaires du jeune permet de recueillir une
parole bien plus consistante.
Le recueil de la parole du jeune est toujours intéressant et souvent très enrichissant.
Certains jeunes profitent du rapport pour « contester » la perception d’une émotion ou
d’une manière d’être en la replaçant dans son contexte ou en précisant la signification.
Ils apportent également des précisions sur leur choix d’orientation professionnelle et de
formation.
La lecture du rapport éducatif est parfois l’occasion de revenir sur leur situation judiciaire
et les actes posés ou d’exprimer des souhaits, comme celui de week-end en famille
lorsque le juge en a suspendu le droit.
Le rapport éducatif permet d’opérer des changements dans une vision du juge se
limitant souvent à leur frustration comme celui qui sépare, place et sanctionne. Les jeunes
n’imaginent pas toujours que le Juge des Enfants reste sensible à leur évolution et peut
aussi assouplir les restrictions qu’il impose.
Le rapport éducatif permet au jeune d’apporter un regard critique sur le dispositif
éducatif et l’accompagnement éducatif. Certains de leurs commentaires sont souvent
riches d’enseignement et interrogent parfois avec une pertinence insoupçonnée la
cohérence et l’efficience de notre pratique éducative et contribuent à son évolution.
Scène 2 :
De la théorie à la pratique
Sur le rapport éducatif
« J’aime bien être habillé et avoir une bonne présentation comme
tout le monde. Je fais attention à ma santé car mon père a eu de gros
problèmes de santé.
J’explique ma vie sans remords, je n’ai rien à cacher. C’est normal !
Parce que j’ai des raisons qui expliquent mon comportement. J’aime
faire des conneries.
Non, ma mère n’est pas responsable de tout. Il y a eu le décès de mon
père. Il y a eu un enchainement. Elle refait sa vie avec un mec et je ne
le supporte pas. Mais ma mère reste ma mère même si j’estime qu’elle
m’a créé des ennuis.
Sinon, j’ai dit que j’étais chef de bande, j’assume. J’aime contrôler la
situation. Je n’aime pas être contredit.
C’est le système, la société qui est mal faite. Et puis tant qu’il y avait
mon père, il y avait une autorité, il fallait rentrer à l’heure, on mangeait à
heures fixes. Après j’ai fait ce que j’ai voulu. La prison ne m’inquiète pas
plus que ça. Je n’ai pas d’angoisses. Ça ne me travaille pas. La prison
ça peut casser ma vie. Je le sais mais je m’en fous un peu car je sais que
je vais rester à la ferme à 90%.
Pour ma mère je ne parlerai pas d’abandon, mais disons qu’elle
m’oublie ; elle m’a fait du tort. L’humeur de ma mère est difficile. Mais si
elle me parle bien, je lui parle bien.
Un comportement de gamin en groupe ? Même les éducateurs ont un
comportement de gamin. Tout le monde parfois a envie de rigoler.
J’ai fait le séjour « rénovation de camion » parce que ça m’intéressait,
pas pour occuper du temps ou faire semblant. Je fais les choses parce
que j’en ai envie, sinon je ne fais rien ou je me barre. Là j’apprends de
nouvelles choses à la ferme de Morbecque que je ne savais pas. Si je
le fais, ce n’est pas pour les éducs ou le directeur, c’est parce que je
l’ai décidé.
Si je raconte ma vie aux éducateurs, c’est que j’ai confiance en eux. Il y
a des éducs avec qui je m’entends mieux, c’est tout.
Si l’armée me prend, j’aurai une distance avec ma famille forcément.
C’est un vrai projet. Il y a longtemps que je veux faire cela.
Mes retours en week-end sont peu fréquents et m’attristent du fait
d’avoir une petite amie et de ne pas pouvoir rester plus longtemps
avec.»
Sur la prise en charge
A la ferme, tout se passe bien, il y a du lien de créé entre moi et certains
éducateurs qui ont pu m’aider à m’ouvrir l’esprit et à élargir mes
connaissances. Je m’y sens bien. Je me pose des questions sur mon
avenir, au niveau de ma famille ainsi que de mon orientation. Que
vais-je faire si mes tests à l’armée ne sont pas concluants ?
J’aime bien les activités qu’on propose à la ferme. Je m’entends bien
avec les éducateurs. C’est autre chose qu’à l’autre foyer où j’étais,
l’ambiance, le sport, la bouffe aussi.
On peut bien faire du sport, piscine, attelage des chevaux, des
chantiers… c’est vraiment bien. On bouge, c’est varié ! J’aime faire du
sport avec les éducateurs.
Commentaires complémentaires de l’équipe :
Les commentaires de Simon sont assez représentatifs de nos premières
observations. Simon est authentique ; tant dans ses propos que dans
ses prises de position. Il exprime avec sincérité et une certaine clarté sa
vision des choses et de sa situation. Simon n’est pas dans la dissimulation
et assume pleinement ses attitudes.
Simon démontre en ce sens une certaine maturité et un potentiel qui
ne demande qu’à être transposé dans un projet de vie. Son implication
dans les projets démontre qu’il n’est pas opposé à l’accompagnement
et à nos interpellations éducatives.
A la suite de cet entretien, nous lui avons proposé de profiter des
opportunités que lui offre le réseau éducatif pour aborder ce début
de placement comme un repli provisoire restructurant favorable à son
introspection. Simon sait que sa majorité reste une échéance à préparer
mais il s’agit de l’aider à se donner des priorités et de lui suggérer des
perspectives nouvelles dont il se saisira par lui-même et pour lui-même.
Un stage rémunéré au lieu de vie de Bordeaux devrait lui permettre
d’indemniser une des victimes.
Rapport d’activité 2013 89
La Ferme de Morbecque
Recueil de la parole de Simon
Recueil de la parole d’Arthur
Sur le rapport éducatif
Parfois je pense à mes conneries qui n’ont servi à rien.
J’ai perdu plus que j’ai gagné. J’ai déçu des gens et des
personnes de ma famille. Les gens m’ont dit qu’ils ne me
croyaient pas comme ça. Ils me voyaient toujours calme et
n’ont pas compris. Les gens ont eu moins confiance en moi
et ça m’a touché.
Et puis j’ai vu que ça faisait du mal à ma mère. Je parle
un peu avec elle, sur ce que je ferai plus tard, mon avenir.
Quand j'étais dans un foyer je voyais mon père souvent. Je
passais le week-end chez lui. Et puis c'est devenu difficile
avec sa copine. Je lui téléphone de temps en temps. Avec
mon frère souvent on s'est bagarré et puis nous sommes
devenus complices un peu plus tard.
C'est vrai que « Je ne me pose pas trop de questions… Je
vis avec ce qui vient… mais quand j'en ai marre, quand j'ai
décidé d'arrêter je le fais, c'est comme ça !
Sinon je parle à très peu de gens. Je ne me lie pas facilement
à d'autres jeunes. La façon de parler de certains ne me
donne pas envie de les connaitre. Quand ils ont certains
comportements de gamin, je n’ai pas envie d’aller vers eux.
Je préfère avoir des relations avec des jeunes de 20 ou 25
ans. J'ai changé mes fréquentations. Souvent le week-end,
je me rends chez un ami qui rénove des façades et je lui
donne un coup de main. Il est marié et a un gamin.
Sur mes motivations, ça dépend des jours. J’ai des moments
où j’ai des idées noires. Je pense à ma grand-mère qui est
décédée juste avant le placement. J’avais souvent des
discussions avec elle. Et puis à mon frère incarcéré…
Parfois je pense quand même à l’avenir, dans plusieurs
années j'ai envie de faire plein de choses et puis il y a des
jours où j'ai envie de rien. Je veux travailler avant tout et
gagner ma vie, j'espère que ce sera possible à 17 ans.
J’aimerais bien avoir un restaurant. C’est un truc auquel je
pense depuis quelques temps. Je voudrais faire des stages
un peu en cuisine aussi car pour l’instant c’est surtout au
service que je me suis intéressé. Les ateliers cuisine au lieu
de vie m’ont donné l’envie de cuisiner. Et puis au service je
dois améliorer mon contact avec la clientèle.
Sur la prise en charge
On m'avait dit que c'était un internat et je pensais que
c'était un foyer comme ceux que mon frère me racontait.
J'ai été surpris d'être entouré comme ça. C'est bien pour
moi. Mon éducatrice avant me disait toujours que j'avais
besoin de quelqu'un avec moi, un suivi personnalisé. Je
préfère que ça se passe ainsi. J’aimerais bien continuer le
placement mais s’il est renouvelé sur le même lieu de vie où
j’ai mes habitudes et où je peux travailler mon projet dans
la restauration.
90 Rapport d’activité 2013
Recueil de la parole de Fouad, Premier Rapport éducatif
Sur le rapport éducatif
Un cadre avec de la discipline, c’est différent de ce que je vis chez moi. A la maison, il n’y a pas de cadre
strict. Ma mère m’a éduqué jusqu’à 10-11 ans et ensuite elle s’est surtout occupée des plus petits, c’est
normal. Je n’ai pas fait de problèmes sur cette différence. Je me suis occupé de moi-même. La famille c’est
sacrée. On est cinq et nos histoires ça ne regarde que nous. Ma mère je la défendrai contre tout.
Il y a longtemps qu’on ne s’était pas occupé de moi comme ça. Vous demandez ce qu’on veut faire,
comment on va. Cela me fait du bien. J’allais partir en bâtiment sans passion pour gagner un peu d’argent
et le placement me permet de me resituer par rapport à mes vraies envies. Je ne savais pas qu’on allait
faire toutes ces activités, que j’allais rencontrer un ancien chef de cuisine… Ce placement arrive à un bon
moment en fait, car j’étais beaucoup dans le doute.
Je ne suis pas leader avec les jeunes, je suis meneur de rien du tout. C’est juste que je suis plus vieux, c’est
une question de maturité. Mais je répondrai toujours présent s’il y a un problème avec des gens que j’aime
ou que j’estime, y compris un éducateur. Je défendrai toujours les miens. C’est vrai que c’est plus facile de
faire la morale aux autres que de se voir soi-même…
J’aime bien me sentir vivre, faire de la boxe, faire des exercices dehors dans le froid. La boxe me déstresse et
me donne confiance en moi. Ce n’est pas agir pour ne pas penser. Je pense en faisant de la boxe, je pense
toujours, je pense la nuit, tout le temps.
Si j’ai demandé à faire des choses comme venir faire de la cuisine à Auchy, c’est que je veux agir et non
faire mon temps. Ceux qui font leur temps regardent la télé et ne font rien, ils attendent que ça se passe !
J’ai des idées, je décide, je fais des choix… Mais parfois quelqu’un vient et me parle de l’avenir et il contrarie
mes projets, alors je change d’idée. Je voulais être le plus jeune entrepreneur de France par exemple et puis
je me suis aperçu que ce n’était pas possible. Je ne suis pas assez sûr de moi.
Sur la prise en charge :
Ce qui me plait à la ferme ce sont les éducateurs et les gens qui sont impliqués dans leur travail. Ça se sent.
Ils mettent en confiance les jeunes. Il y a une vraie sincérité. Et l’on se sent à l’aise. Le système des lieux de vie
c’est original, surtout qu’ils ont tous des spécialités. On peut faire des choix.
Le directeur, on dirait plus un éducateur. Il vous parle normalement. On sent que tout le monde est au même
niveau et ça rassure.
Dans les éducs il y a de tout, des jeunes, des vieux, des femmes, des races différentes, et ils ont des
personnalités bien différentes, c’est intéressant !
Recueil de la parole de Fouad,
Deuxième rapport éducatif
Sur le rapport éducatif
Avec les autres jeunes je n’ai pas de problèmes. Au débardage je croyais qu’on
allait là-bas pour le repas et la fête, pas pour travailler. Cela ne m’intéresse pas le
débardage. Et puis on est parti quand les filles arrivaient, j’étais dégoûté.
Sur la prise en charge
Avant je pensais que les éducateurs étaient comme des policiers. Juste pour surveiller
et dire ce qu’il faut faire et où il faut se mettre. Vous accompagnez en permanence,
vous êtes toujours là pour écouter sans juger, vous êtes attentionnés et vous essayez
doucement de transmettre des valeurs.
Je me suis senti bien avec les adultes à l’écoute. Parfois ce n’est pas assez strict. Il faut
de la distance avec les jeunes. Quand je suis arrivé, j’ai été surpris par le tutoiement.
Avant je n’avais jamais tutoyé un adulte. Un éducateur n’est pas un copain. Certains
essayent d’être comme çà. Il faut que les jeunes restent à leur place. J’aimerais
aussi qu’on sensibilise les jeunes aux problèmes d’hygiène. Beaucoup de jeunes
font n’importe quoi avec l’hygiène et la toilette. Mais ce sont de petits problèmes.
L’ambiance à la ferme et les relations, ça m’a aidé.
Les lieux de vie, c’est un fonctionnement qui m’a marqué et qui permet de souffler
et de ne pas avoir l’impression d’être dans un établissement forcé. Beaucoup de
choses m’ont marqué dans ce placement et m’ont aidé… et puis la chose la plus
importante, ma rencontre avec toi dès le départ, le dialogue et le respect … la
cuisine bien sûr où j’ai pris confiance en mes possibilités, mais aussi toutes nos
discussions sur la vie, les problèmes philosophiques, religieux…
Daniel VETU, Responsable du réseau
Rapport d’activité 2013 91
La Ferme de Morbecque
C’est vrai que j’ai quelques problèmes et c’est difficile d’en parler. Tu sais
peut-être qu’il m’arrive de consommer du cannabis. Cela joue sur mon humeur
ou mon caractère. Il y a des moments où j’en ai besoin. Ce n’est pas une grande
consommation, c’est par période. Cela m’aide à supporter certaines choses. J’ai
fait des efforts. Je crois que j’ai fait des efforts pour m’adapter et vivre autrement. Je
veux vraiment connaître autre chose de la vie que mon quartier et son ambiance.
Parfois je suis un peu désordonné. Mais je ne me rends pas toujours compte. Les
repas, à la maison c’est différent. C’est rare de manger ensemble. Chacun se
débrouille et puis je n’ai pas toujours faim le midi. Je ferai plus attention. Je vais
y penser. Je ne savais pas qu’on me testait pour le stage mais le lever, je peux y
arriver sans problème. Pour le travail, il n’y aura pas de soucis. En stage, j’ai travaillé,
j’appliquais les consignes. J’ai pris des initiatives pour les cuissons et la crème chantilly
que je savais faire. Le temps a passé vite. J’ai appris des choses notamment avec
la fabrication du pain. Pour l’ambiance c’était plus difficile. Le patron racontait des
blagues que je ne comprenais pas. Il se disputait parfois avec sa femme ou son
gamin.
Mon avenir je le vois comme cuisinier : un restaurant à la mer, une femme, deux
enfants. Pour l’instant je dois faire tout pour cette formation et qu’elle soit la plus
qualifiante possible.
J’ai changé. Je ne veux plus avoir à retourner dans le bureau du juge. Je passe à
autre chose. Je sais que je vais y arriver. Il faut que je m’éloigne de chez moi et de
certaines relations. C’est difficile d’expliquer à ma mère que je veux partir. Elle veut
qu’on reste ensemble. Elle veut s’occuper de moi. Elle devrait plutôt s’occuper de
mon petit frère qui va mal et fait n’importe quoi. Si je m’en vais, elle aura plus de
temps pour s’occuper de lui. Je ne peux pas toujours penser qu’à ma famille. Faut
que je fasse ma vie.
Acte 6 :
« L’atelier intérieur » :
les enjeux identitaires.
« A travers la création peuvent commencer à se
concilier
la réalisation des désirs et l’intégration de la loi ».
CADRE DE Claude MARTIN (psychologue au
foyer de Vitry,1980)
LA CREATION :
Le temps de l’expression et de la création dans le
cadre de l’atelier d’art pourrait s’appeler « l’atelier
intérieur », c’est-à-dire un point topologique entre
corps et esprit où se trame des enjeux essentiels
thérapeutiques et identitaires. Cet espace «
intériorité du sujet » est rendu possible par un
cadre réel propice (unité et richesse de l’atelier)
et l’adhésion des participants qui s’approprient
l’espace pour libérer un potentiel créatif. Le
philosophe G. Deleuze parle d’art « comme d’un
lâcher de vie ».
Les jeunes accueillis auront plus ou moins de
résistance pour accéder à ce relâchement du rôle
du sujet, pour apprivoiser cet espace de création
et croire qu’ils peuvent agir et produire quelque
chose.
Pour que puisse émerger le mouvement qui pousse
à la création de formes ou d’objets, il faut poser
un cadre structurant et stimulant. Les outils et
les matériaux bruts sont à disposition, les travaux
couvrent les murs, l’esprit créatif habite l’atelier.
L’animateur propose une mise en action simple et
à l’écoute du jeune.
Une déficience de la conceptualisation des désirs
et des interdits qui remonte à l’enfance, existe chez
la plupart des jeunes accueillis. Dans un cadre
affectif perturbé, ils n’ont pu symboliser les affects et
les frustrations pour se construire convenablement.
Par la création d’objets artistiques, dénués de tout
impact de consommation ou de compétitivité,
le jeune peut libérer son potentiel émotionnel,
maîtriser des concepts ou des fantasmes, montrer
des capacités de projection et d’apprentissage,
clarifier la séparation de l’imaginaire et du réel.
QUELQUES PROFILS DE JEUNES A
L’ATELIER :
Nous retrouvons Alexis 14 ans, au profil abandonnique, perturbé
sexuellement et dans ses représentations familiales et sociales. Il
modèle dans l’argile un visage torturé qu’il peint en noir, le fixe sur
un panneau de bois et dessine autour de petits personnages les
membres écartés ressemblant à des croix. Au temps de la parole,
il dira : « ça s’appelle la mort ». Il ne dira rien d’autre. Autoportrait
peut-être, réalisation pleine de solitude… Mais gardons-nous de l’excès
d’interprétation psychanalytique. Ecoutons ce qu’il a envie d’ajouter
au mouvement s’il y a lieu, respectons son travail. Ce temps de parole
postérieur à l’acte créatif peut être favorisé mais jamais imposé. Il peut
aider à la prise de conscience du réel. L’imaginaire est mis à distance.
L’animateur, artiste ou thérapeute, ne doit pas chercher à exploiter des
symbolisations souvent fallacieuses. Un autre langage s’est exprimé.
Les mots sont souvent impuissants à traduire ce qui est éprouvé d’une
manière fortement émotionnelle et qui parfois remonte à l’archaïque
des représentations familiales.
Alexis fréquentera l’atelier pendant un an. Peu à peu les représentations
familiales cesseront d’être une obsession. Il mettra des mots sur ses
actes et sur son ressenti vis-à-vis de sa mère, lui permettant de supporter
un peu mieux l’immense souffrance du rejet maternel.
Nous rejoignons maintenant Sullivan, 13 ans, fortement perturbé dans son relationnel, centré sur ses besoins intenses. Après deux jours il investit l’atelier. Il
manipule tous les outils, fouille dans les matériaux. Il crée rapidement des machines improbables, des objets qu’il veut offrir à sa famille et particulièrement à
son père. Ce jeune de grande instabilité peut pourtant rester concentré plus de 4 heures à l’atelier même s’il est seul. Il construit, démonte, réajuste l’objet.
Il exprime des idées, formule des projections, transpose, alors qu’il n’arrive pas à extérioriser ses émotions et à considérer autrui. Il crée inconsciemment
des concepts qui le rapproche du réel, se réconcilie avec le dialogue et l’écoute de l’autre, produit du sens et se sent valorisé par ce travail reconnu par
l’animateur.
Après trois mois de placement, les parents formuleront que le dialogue est à nouveau possible avec leur fils, que les insultes ont disparu et que les exigences
ou caprices ne sont plus des injonctions non négociables.
Bien sûr les problèmes identitaires ou relationnels du jeune Sullivan ne sont pas réglés. Mais nous pouvons présenter au magistrat une évaluation positive de son
potentiel et de son évolution comportementale, une analyse plus précise des failles intérieures liées à des représentations familiales défaillantes.
92 Rapport d’activité 2013
Qu’ils soient mutiques ou délirants, la majorité des adolescents que nous
accueillons a des difficultés avec l’expression et la communication. Un parcours
scolaire chaotique, un milieu social fragilisé ne leur ont pas permis de maîtriser
convenablement la langue, de s’exprimer ou de libérer la parole, créant des
zones de frustration et de ressentiment et une méfiance relationnelle. Cependant
ils connaissent l’importance des enjeux de communication. Ils créent leur propre
langage de clan (argot, verlan, néologismes…) Les difficultés d’expression
compliquent les rapports à autrui, provocant des malentendus, un sentiment
d’être moqué ou incompris.
L’atelier propose d’autres langages moins conventionnels.
Les activités à l’atelier sont toujours plus difficiles avec des ados plus âgés de 16
et 17 ans. Les apriorismes s’installent. La vision de l’art peut être réduite à de «
l’occupationnel de maternelle », à une activité « peu virile » dans les représentations
populaires. Pourtant l’adolescent est particulièrement en souffrance à cet âge
avec ce corps qui se transforme, porteur de tous les maux psychosomatiques, ce
corps souvent maltraité, blessé, qui ne peut plus agir. Ici se joue la réconciliation
du corps et de l’esprit. « Le dripping » (projection de peinture) ou autres jeux
avec la matière permettront une entrée dans l’espace et le temps de l’atelier.
Le déficit de la prise de parole, de la liberté d’expression est mesurable chez les
jeunes accueillis. La révolte est contenue et demande des signes d’identification
contemporains. Importance dans l’art urbain ou le hip-hop des traces, graffitis,
tags comme références culturelles qui ne sont pas à négliger.
Florence a mis en place le flocage de tee-shirts. Procédé simple et esthétique
qui permet aux ados de créer leurs slogans et symboles d’identification et de
les imprimer. Tous ont un désir profond et personnel de montrer des signes (et
signifiants) d’appartenance territoriale, de positionnement sur des sujets de société
(justice, égalité, violence, légalisation du cannabis, postures délinquantes…).
Porter sur soi des signes distinctifs, des tatouages, des marques commerciales,
reste pour nous tous un marqueur existentiel et identitaire fort dans notre société
uniformisée. Cette activité est aussi propice parfois à des débats de fond sur les
valeurs morales ou culturelles, à des discussions sur le cadre légal de la liberté
d’expression. L’animateur écoute les désirs et revendications du jeune, respecte
les choix des représentations. Le jeune dont la culture urbaine ou hip-hop est
souvent omniprésente trouve là le moyen d’échanger des idées ou des valeurs
trop souvent méprisées dans l’éducation traditionnelle.
LA SYMBOLISATION COMME NECESSITE
IDENTITAIRE :
C’est le lien culturel entre l’énergie des pulsions et les effets de la représentation.
La création artistique permet de mieux saisir et donc de maîtriser la symbolisation
des émotions. En créant des formes ou des objets, l’adolescent se réapproprie le
monde et ses représentations.
Comme l’a démontré D. Winnicott, célèbre pédiatre et psychanalyste anglais,
notamment dans les états dissociatifs ou mélancoliques, il est préférable d’offrir
au sujet la possibilité de dessiner, de modeler, d’assembler, plutôt que de l’isoler
dans des cadres répressifs à renfort de traitements médicamenteux. Aménager
le cadre pour favoriser la création et la symbolisation afin que le sujet se sente
exister, est plus profitable que de vouloir traiter directement des symptômes ou des
troubles comportementaux. Voilà bien le genre d’approche que veut défendre
le réseau de La Ferme de Morbecque. Ne pas définir le jeune par ses actes de
délinquance mais encourager l’expression des potentiels et la découverte de soi.
La création, la production d’objets personnels, redonnent au sujet le désir de
projection, le plaisir de construire et la possibilité de travailler « l’idéal du moi ».
Dans la relation du corps, de l’esprit et de la matière se joue tout un processus
identitaire. En apprenant à maîtriser les concepts, les signes, les symboles, en
posant les fantasmes dans le champ de l’imaginaire, c’est-à-dire à distance des
pulsions, le jeune plus ou moins consciemment travaille sur ses désirs, les actes
posés, les perspectives des effets de sa volonté sur la vie en société.
La Ferme de Morbecque
LA PAROLE BLESSEE :
Florence MILLS et Jean-Louis DESAILLY,
Permanents du lieu de vie « Atelier Art-station ».
Rapport d’activité 2013 93
Acte 7 :
l’activité, expression
indispendable au quotidien
Plusieurs situations rencontrées à la ferme de Morbecque
montrent que les jeunes souffrent des placements qu’ils
subissent dans un premier temps.
Le placement, source d’interdits vis-à-vis des tiers, est
une multitude d’obligations imposées par la structure,
le contexte et par les magistrats.
Les adolescents qui nous sont confiés sont très souvent
victimes de carence éducative. Leur environnement
familial est défaillant. Ils ont pris l’habitude de compter
sur eux-mêmes ou sur des pairs. Ils ont une façon qui
leur est propre de s’exprimer. Ils cumulent parfois les
placements en institution et cela les rend fatalistes sur
leur situation et renforce leur frustration.
Les multiplications et l’enchainement de situations
où le mineur s’exprime maladroitement le conforte
dans une situation de « victime qui subit la décision
des adultes ». Cette situation, le fait peu à peu se
renfermer sur lui-même ou totalement à l’inverse peut
le faire exploser. Le mineur se retrouve dépassé par la
situation. Pour autant, la frustration est constitutive de
l’apprentissage. Pour les adolescents accueillis à la
ferme de Morbecque, il s’agit de les expérimenter à la
gestion des émotions que les frustrations engendrent.
Dans cette vision, les activités n’ont d’autres intentions
que d’exploiter des bifurcations favorisant l’expression.
L’expression n’est pas seulement verbale, le but est de
tenter de garder une stabilité dans l’état des jeunes
accueillies et de les aider à décharger tout ce qu’ils ont
cumulé au fil de leur histoire.
Depuis mon arrivée sur le réseau éducatif de la ferme
de Morbecque, je me suis donc adapté aux différents
besoins des usagers en mettant en place des activités
basées sur : l’expression libre, la confiance l’autonomie,
la responsabilité et l’apprentissage et ce, par le biais de
rencontres orientées autour des ateliers :
94 Rapport d’activité 2013
Le quotidien,
la stagnation et le
manque d’activité chez les
adolescents accueillis sont
sources de frustration.
- Scène 1: L’atelier « Graff, Tag, Dessin » :
j’ai vu le jeune Marc 15 ans, placé pour des actes de violence évoluer et passer au fil de l’accompagnement
d’un adolescent mal à l’aise dans le collectif à un jeune capable de s’extraire du groupe lorsque cela
devenait trop compliqué. Dans son évolution, Marc préfèrera prendre une feuille plutôt qu’entrer en conflit.
L’activité artistique pour Marc, l’a aidé à gérer ses émotions. Des émotions qui en début de placement lui
donnait l’impression d’être vivant, d’exister. Mais à force de rencontres dans l’activité, Marc réalise qu’il peut
« exister et s’exprimer » au travers des ateliers. Ce qui l’amène à mieux gérer son quotidien en adoptant des
postures : « socialement adaptées ».
- Scène 2: L’atelier Musique :
le jeune Brandon 16 ans, en conflit permanent avec sa mère, est un jeune toujours dans l’observation, l’analyse
et la réticence, il va passer à un adolescent capable de composer ses textes pour finir par chanter : « Maman,
Je t’aime ». Brandon a fait beaucoup de chemin pour en arriver là. Lui qui ne communique plus avec sa mère,
qui a endossé le rôle du père et qui ne comprend pas qu’il n’est encore qu’un enfant. Sous ses traits de « gros
dur », Brandon cache un adolescent fragile qui peut lors de l’activité exprimer pour la première fois ce qu’il
ressent.
- Scène 3: L’atelier Boxe ou musculation
me feront rencontrer le jeune Abdel, 17 ans, souffrant de troubles du comportement, incapable de ne pas
se torturer l’esprit par des pensées paranoïaques, s’enfermer dans une consommation excessive de cannabis
puis trouver un substitut à sa dépendance et un lieu où il peut parler librement. Abdel peut transposer le plaisir
qu’il prend par le cannabis à travers l’activité. Dans le cas d’Abdel, nous observons une expression différente
qui n’est pas quantifiable par des mots ou par un rendu physique, mais par un changement d’attitudes et de
pratiques.
Toutes les activités mises en
place,
deviennent
autant
de prétextes afin que les
adolescents y trouvent un
intérêt.
Que chaque jeune puisse
bénéficier d’un temps pour
s’exprimer selon son envie :
Qu’il
puisse
évacuer
les
frustrations qu’il a accumulées
et mieux gérer le quotidien.
Qu’il puisse se sentir en
confiance
Qu’il puisse se sentir responsable.
Qu’il puisse renforcer son estime
de soi et développer des
compétences.
Ces
buts
éducatifs
sont
ainsi mesurables par leurs
manifestations
pendant
l’activité, mais aussi dans
la
durée
du
placement.
Nous
observons
une
évolution
de
l’adolescent
dans
son
épanouissement,
son
investissement,
son
comportement,
mais
aussi
reprendre
avec
lui
une
multitude de situations lors
de rencontres formelles et
informelles qui ne sont que la
démonstration concrète de son
évolution.
Cédric PORET,
Éducateur spécialisé
Paroles nocturnes
L’heure tardive de prise de service, ce lieu personnel et intime que constitue leur
chambre, restreignent les opportunités de rencontre, les possibilités d’échange, mais ne
limitent aucunement la pertinence des informations recueillies.
Les observations « nocturnes » sont riches d’enseignement et permettent de décrypter,
de mieux comprendre les phénomènes comportementaux qui régissent les modes de
fonctionnement des jeunes accueillis à l’internat éducatif.
La nuit s’avère bien souvent, chez nos jeunes, être source de sentiment d’insécurité,
d’appréhension, d’angoisse,… et les manifestations des troubles associés sont fréquentes «
vociférations », difficultés d’endormissement, sommeil fractionné, énurésie, …
Pour certains, la lumière reste souvent allumée toute la nuit et un fond musical est
indispensable. Pour d’autres, une vigilance particulière de tous les instants doit rester de mise
concernant le recours illicite aux « calmants à base de plantes », la présence de couteaux,
Thierry DELPLANQUE, Éducateur, Guy VERRIER, surveillant de nuit
Acte 9 :
Dans le cadre d’un programme de recherche intitulé « Logiques et dynamiques du contrôle
socio-spatial », coordonné par Dominique DUPREZ, directeur de recherche au CNRS, nous
avons été amenés à mener des entretiens avec une dizaine de jeunes du réseau de la
ferme de Morbecque.
Les jeunes se sont montrés très intéressés par la démarche et ont volontiers accepté de s’y
inscrire. L’entretien a abordé des thèmes tels que le rapport à l’espace (lieux où le jeune
a passé son enfance, institutions où il a vécu …), rapport à la famille, rapport aux pairs,
modalités d’entrée dans le parcours délinquant, connaissance des mesures dont il fait
l’objet, vie dans l’institution d’accueil, rapport aux intervenants, rapport à l’environnement
social.
Certes, l’entretien était principalement de type biographique. Il minimisait les interventions
des sociologues pour privilégier les catégories de pensée et la logique d’exposition
du jeune. Mais, nous avons remarqué, en comparant avec des adolescents d’autres
institutions, que les jeunes de Morbecque n’éprouvaient pas trop de difficultés à parler
d’eux-mêmes et de leur parcours. Il semblerait que le travail mené dans le cadre de
l’institution, notamment à travers le projet personnalisé, amène ces adolescents à
débuter un retour réflexif sur leur trajectoire. Les sociologues perçoivent rapidement que
ces jeunes connaissent le processus de l’entretien et qu’ils ont l’habitude de s’entretenir
avec les adultes du réseau, de leur poser des questions, de revenir sur leurs désaccords,
voire sur leurs passages à l’acte. Ils n’hésitent pas d’ailleurs, dans les entretiens, à revenir
avec nous sur les échanges réguliers qu’ils ont avec les éducateurs avec une certaine
capacité critique.
Ce que nous tirons également comme enseignements, c’est la capacité de ce type
de placement pour créer des bifurcations positives dans des trajectoires de jeunes
fortement engagés dans la délinquance, voire le trafic de drogues, avec des formes
de rescolarisation parfois étonnantes. Alors que beaucoup de ces jeunes viennent de
familles dissociées, ils s’intègrent dans des activités domestiques des familles du réseau
lorsque les mineurs
participent à une enquête
sociologique
et dans des formes de socialisation qui leur offrent des modes de vie
alternatifs à ce qu’ils vivent en général au quotidien. Bien entendu pour
certains l’expérience rurale peut-être difficile mais elle est probablement
une étape nécessaire pour une prise de distance avec l’engagement
dans des réseaux criminels.
La méthodologie de la recherche prévoyait de croiser les entretiens
avec l’analyse des dossiers. Là encore, nous avons constaté que,
systématiquement dans les rapports au magistrat, figurait l’avis du
jeune sur le rapport qui lui avait été lu par l’éducateur. Par rapport aux
pratiques professionnelles observées, cela ne nous semble pas si habituel.
Cette démarche s’inscrit complètement dans la philosophie de la loi
du 2 janvier 2002 qui prévoit d’informer et d’associer la personne à son
accompagnement.
Hélène CHERONNET, docteur en sociologie et chercheur à
l’ENPJJ et Dominique DUPREZ, directeur de recherche au CNRS
Rapport d’activité 2013 95
La Ferme de Morbecque
Acte 8 :
d’objets contondants, sous l’oreiller ou à portée de mains et le libre accès des chambres dont
les portes peuvent être parfois barricadées.
Les conditions d’un climat apaisé précédant le coucher sont incontournables. A cet effet,
les stratégies, les médiations, doivent impérativement être réfléchies en étroite collaboration
entre les surveillants de nuit et les éducateurs, afin de prévenir l’effervescence collective,
l’extériorisation, l’exacerbation de tensions restées latentes durant la journée.
A y regarder de plus près, le moment « clé » du coucher doit se fonder sur un subtil équilibre entre
compréhension, bienveillance, possible négociation favorisant l’expression, la verbalisation, le
dialogue, l’apaisement et les impératifs liés au bon fonctionnement de l’internat, au retour à
un rythme adapté à la vie sociale, dans le respect de chacun.
Face à des situations d’impasse avérée, d’agressivité plus manifeste, de modes d’expression
plus virulents, où tout dialogue semble rompu et que le sentiment de ne plus être entendu,
de ne plus être mesure de gérer seul ce conflit qui prédomine. Le contrôle de ses émotions,
la non surenchère, permet de ne pas répondre à la violence par la violence et de prévenir
l’agression physique.
Dans cette situation où la crise est arrivée à son paroxysme, il est indispensable d’envisager
une gestion de l’après sous la forme d’une sortie honorable pour chacun des protagonistes
dès que seront restaurées les conditions d’un dialogue serein et constructif.
Dans une perspective éducative non violente, pour une transformation positive du conflit,
aider, favoriser la verbalisation, permet de redonner rapidement sens aux relations auteur/
victime, groupe/auteur.
Le passage à l’acte, la violence est souvent un message au travers duquel souffrances,
angoisses, ressentis, émotions refoulées,…n’ont pu trouver de mots et s’exprimer de façon
socialisée et adaptée.
Dans les coulisses de la Ferme de Morbecque…
« Au théâtre, on bouleverse en permanence sa vie ; c’est le seul endroit au monde où les choses, sans cesse, peuvent se refaire et être changées. »
Les projecteurs s’allument et les acteurs de la Ferme de Morbecque se préparent à entrer en scène…
Pourtant, dans les coulisses, la tension monte et les inquiétudes sont palpables…
Une question silencieuse est présente dans tous les esprits : Le théâtre de Morbecque pourra-t-il continuer le spectacle ?
ACTE 1
Les jeunes entrent en scène !
Au-delà des incertitudes et des enjeux, les acteurs montent sur les planches et jouent leur rôle avec toute l’implication qui est la leur !
Et la magie opère ! Les mots et les gestes fusent ; les jeunes sont entraînés dans cette histoire qui leur est contée.
Dans les coulisses, on s’affaire et on se mobilise ! Au-delà des contraintes et des enjeux, personne ne veut abandonner et le spectacle doit continuer !
ACTE 2
Le rythme s’accélère et les répliques s’enchaînent.
La fatigue se ressent ; mais c’est une force dans laquelle chacun puise pour continuer à jouer et à proposer.
Les voix résonnent haut et fort et la parole des jeunes prend vie et fait sens pour certains !
Derrière le rideau, la fatigue aussi est présente, pourtant les esprits travaillent et réfléchissent ; les idées prennent forme peu à peu et c’est un nouveau
spectacle qui se crée.
ACTE 3
Les scénarii s’enchaînent et les jeunes sont parfois entraînés malgré eux dans un monde qui quoiqu’il arrive ne les laissera pas indifférents !
Le dénouement est proche et les réactions sont parfois maladroites au regard de l’incertitude de ce qui les attend !
Les acteurs de la Ferme de Morbecque sont plus que jamais présents et veillent au rythme de la représentation !
C’est déjà l’heure !
Le rideau tombe…
Les applaudissements fusent ….
Les sourires, les craintes, la colère et parfois les larmes sont présents dans les yeux de tous !
La lumière s’éteint….
Mais ce qui est certain, c’est que demain, le spectacle continuera !
Epilogue
Au théâtre de Morbecque, c’est un autre monde qui est représenté pour les jeunes. Pendant quelques jours, quelques mois, ce monde prend
la place du monde ordinaire. C’est alors un modèle qui se révèle être un formidable outil d’analyse ! Et c’est aussi une expérience unique
qui permet aux jeunes de s’exprimer et pour certains de s’échapper d’une réalité parfois difficile à assumer !
Alors si bien souvent, le dramatique se dispute au merveilleux ; c’est le pouvoir du rêve et de l’imaginaire face à l’arbitraire des lois de la vie
!
Si Morbecque nous était conté, ce serait une pièce atypique et insolite où chacun a su trouver sa place dans le respect de ce qui se joue !
Dans les coulisses, la tension est retombée et on apprécie à sa juste valeur de pouvoir continuer ! Le spectacle ne sera ni
différent, ni identique, mais c’est là toute la magie du Théâtre !
96 Rapport d’activité 2013
Kareen MONNIER, Directrice du Gîte
Les
Moutatchous
Conseil d’administration
Jean-Louis BRABANT, Président ; Bruno CARLIER, Vice-Président ;
Paul CHARONNAT, Secrétaire ; Edouard ROUSSEL, Trésorier ;
Yves DELECROIX, Bernard DUHOUX, Anne LEHEMBRE,
Anne-Laure PERRIN GLORIEUX, Etienne SEGARD, Joséphine WAMBEKE
Sommaire
Rapport d’activité 2013 Les Moutatchous
Editorial du Président / Les rencontres intergénérationnelles - SEAJ P. 98
PIAF, Penser l’individuel et le collectif - penser l’individuel et le familial /
La démarche d’amélioration de la qualité : des étapes d’importance P. 100
Le service sécurité, entretien, convoyage / La formation des salariés : une année record P.102
L’activité en chiffres / 2013 : une année record pour la formation des salariés P.104
Equipe cadre, une restructuration qui se peaufine/ Le GRAF, un nouvel élan P. 106
Le départ des grands ados de l’AFS / Des RPS à la QVT P.108
La transversalité : un plus d’efficience / L’accompagnement des fratries P.110
En guise de conclusion P.112
97
Mot du Président
Edito
Ce rapport d’activité 2013 nous
montre combien cette année a été
intense dans tous les services et que le
bien-être présent et futur des jeunes des
Moutatchous, reste encore et toujours
notre priorité.
Un rapport très incomplet !
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C out
s
98
Incomplet ; ce rapport d’activités sera
nécessairement des plus incomplet, au
regard de la richesse de la vie de notre
établissement.
Alors, nous avons fait le choix d’évoquer
une action phare au SEAJ, où
l’intergénérationnalité (ouf !) est au cœur
des pratiques; les grands ados de l’A.F.S.
qui nous quittent parfois difficilement et le
travail réalisé au bénéfice des fratries.
Quelques incontournables aussi, qui
viendront illustrer à la fois la démarche
permanente d’amélioration de la
qualité, la puissante dynamique de
formation qui est la nôtre, les travaux
que nous menons sans relâche et
qui nous permettent de disposer de
lieux de vie et de travail des plus
fonctionnels et agréables et surtout,
notre engagement en faveur de la
Rapport d’activité 2013
qualité de vie au travail.
Nous ne saurions passer sous silence la
restructuration de l’équipe-cadre qui se
poursuit, bon an, mal an, au fil des projets
et opportunités, et qui nous a amené
cette année des avancées majeures,
notamment pour la mise en place d’actions
transversales bien engagée.
Que serait l’action, sans la nécessaire
réflexion, le questionnent du sens, la
projection… Bien que ce travail soit
permanent dans les équipes, le GRAF nous
amène un vrai « plus » en la matière de par
la transversalité et la pluridisciplinarité qui
le caractérise. Bien sûr, nous en parlerons
tout comme le dispositif PIAF, en passe de
nous ouvrir de belles perspectives quant à
l’accompagnement des familles.
Entrons dans le vif de tous ces sujets !
De nombreuses actions ont été menées
en 2013 : révision du référentiel qualité,
démarrage de la seconde évaluation
interne, évaluation interne croisée,
journée passionnante du GRAF en avril,
création du groupe PIAF, réflexion sur
le devenir des grands ados après leur
départ, amélioration importante du
cadre de vie sans oublier les efforts pour
la formation des salariés.
2014 n’en sera pas moins active avec la
continuité de ces actions, l’achèvement
du rapport d’évaluation interne et la
préparation de l’évaluation externe.
Tous ces travaux menés conjointement
par la Direction et toutes les Équipes,
avec l’enthousiasme qui les caractérise,
démontrent une fois encore que notre
établissement va dans le bon sens et
que chacun a à cœur de remplir au
mieux sa mission.
Forts de notre expérience, notre
motivation
et
nos
réalisations,
poursuivons ensemble et en relation
avec le GAP, notre œuvre au service
des jeunes qui nous sont confiés.
Les rencontres intergénérationnelles:
Un plus de vie au SEAJ
Le service d’évaluation et d’accompagnement de jour des Moutatchous
entretient une relation chaleureuse et amicale avec la résidence BEAUPRE
d’Haubourdin qui accueille des personnes âgées.
Cette relation revêt trois objectifs :
- Créer des rencontres, une complicité entre les générations,
- Permettre aux enfants d’appréhender les étapes de la vie.
- Renforcer l’implantation du service sur le territoire.
Un grand moment de notre échange a été la participation des « Mamies et
Papis » aux olympiades du SEAJ en juin dernier. Les résidents étaient intégrés
dans les équipes des enfants et participaient aux épreuves de tir au panier, tir
à la corde, lancers, danses, etc. Tous se sont retrouvés autour de la « baraque
à frites » pour l’occasion.
S.E.A.J : Balade
intergénérationnelle
À l’automne, nous avons participé ensemble à l’action
« nettoyons la nature ».
En novembre, nous avons été invités à manger une raclette
à la Résidence. Une première fois pour Ryan, 8 ans, mais aussi
pour Micheline, 84 ans.
Les Moutatchous
Ainsi, depuis janvier 2013, une nouvelle activité a vu le jour au Service
d’Évaluation et d’Accompagnement de Jour des Moutatchous. En effet, tous
les jeudis matin, un groupe d’enfants va à la rencontre des résidents de la maison
de retraite de BEAUPRE. Au départ, nous y allions pour partager un moment,
jouer ensemble à des jeux de société. Puis, progressivement, le partenariat s’est
diversifié : nous cuisinons ensemble (gâteau au chocolat, soupe, galette), nous
fabriquons des objets (poussins de Pâques, tableaux d’automne).
Des liens se sont tissés au fur et à mesure des rencontres ; les enfants comme
les résidents sont tous contents de se retrouver le jeudi. Certaines Mamies sont
perdues de ne pas retrouver l‘enfant avec qui elles avaient joué la semaine
précédente. En jouant, il est intéressant d’entendre les enfants questionner les
résidents sur leur façon de vivre, leur métier ou leurs occupations du soir.
En décembre, un petit goûter de Noël a permis aux enfants
d’offrir à leur « Mamie préférée » un pot de fleurs décoré par
leurs soins ; et aux résidents d’offrir une photo, des gourmandises.
L’occasion de chanter ensemble des chants de Noël.
Est-il besoin de s’appesantir plus avant sur tous ces moments
partagés qui illustrent parfaitement le plus de vie pour tous de
notre titre ?
Rapport d’activité 2013 99
PIAF :
Penser
l’individuel
et le collectif
La particularité des services d’internat se situe pour une part autour des questions
liées au fonctionnement du collectif. Le quotidien de la vie du groupe et la prise
en compte des besoins individuels de chaque enfant occupent une large place
des préoccupations de l’équipe. Dans ce contexte, les éducateurs se trouvent
alors confrontés à la difficulté d’investir à la fois la dimension collective du quotidien
centrée sur la réalité de l’enfant et une approche qui laisse au dehors une conception
très socialisée des compétences parentales.
Bien que convaincus de l’importance du maillage de nos pratiques, la construction
interdisciplinaire de nos interventions restait laborieuse.
Face à ce constat et forts de notre souhait profondément ancré de cheminer
ensemble, nous avons choisi de modifier notre organisation afin de franchir une
nouvelle étape.
Nous souhaitions nous appuyer sur notre capacité à tisser des liens entre les différents
professionnels pour proposer aux familles une contenance et un accompagnement
plus solides.
Ainsi nous fallait-il affirmer l’interrelation de la dimension éducative et de la
dimension de soins comme une préoccupation commune au cœur de pratiques
co-construites.
Dans ce contexte, nous avons rassemblé un collectif composé d’un responsable
éducatif, de quatre éducateurs issus chacun d’une des équipes d’internat,
d’une assistante familiale et des deux psychologues intervenant sur le dispositif
d’hébergement.
Ainsi est né l’espace Piaf… (Penser ensemble l’Intervention Auprès des Familles)
C’est par le choix du prénom que l’aventure a démarré au mois de juin 2013. Nous
avons cherché, bataillé, lutté... et le temps de l’accordage est venu. L’annonce de
la naissance de Piaf a pu se propager dans l’institution.
Lorsque l’idée d’utiliser les ressources de Piaf émerge, nous en faisons la proposition
à la famille. Ainsi, si elle en est d’accord, la famille sait que nous allons ensemble
«parler d’elle» avec des collègues qu’elle ne connaît pas encore afin de lui faire de
nouvelles propositions d’accompagnement.
À partir de quelques situations définies ensemble, nous alternons les temps de
100 Rapport d’activité 2013
Penser l’individuel
et le familial
réflexion (toutes les six semaines) et les temps de partage, de « mise en acte » avec
la famille par binôme. Le retour vers le groupe permet à chacun de partager son
expérience, sa compréhension, son analyse.
La prise de parole et l’écoute de la famille sur la manière dont elle a vécu les temps
de partage sont naturellement un axe central du travail puisque nous engageons
ensemble une dynamique de co-réflexion
La création de ce collectif correspond à une tentative de construire un espace
de pensée qui puisse tenir une fonction de contenance du travail que nous avons
à mener avec les familles. Il s’agit bien de mobiliser la créativité au cœur de la
pratique et d’entretenir la spontanéité et la liberté des échanges.
L’enjeu réside dans notre capacité commune à nous distancier pour proposer aux
familles une rencontre inscrite dans le vivant de la relation.
Après quelques mois de vie, l’espace Piaf accompagne quatre familles. Les premiers
constats tendent à nous montrer que le cadre ainsi posé permet à chacun de se
sentir reconnu à sa juste place. À partir de cette écoute, le regard et la pensée
s’assouplissent. L’enfant se trouve porté par un collectif d’adulte en mouvement.
Notre souhait est bien entendu d’aborder progressivement de nouvelles situations.
Nous savons que pour bien grandir, il faut pouvoir être regardé, porté, nourri par
un entourage solide
et bienveillant. C’est
bien
grâce
aux
ressources collectives
de l’institution que
l’espace Piaf trouvera
au cours de cette
année le chemin de son
bon développement.
Maison 32 :
Atelier
Couture
Un référentiel d’évaluation interne revisité. Un des points clés de
cette année a été la révision du « référentiel qualité », occasion
de requestionner le sens de nos pratiques et de faire « une piqûre
de rappel » du cadre légal régissant notre secteur. Nous nous
sommes plus précisément intéressés au droit des usagers et des
outils permettant l’effectivité de ces droits.
Cette révision a mobilisé huit groupes de travail d’une douzaine
de salariés de janvier à juin 2013. Organisation et méthode ont
été réfléchies en comité de pilotage, qui cette année, a connu
une réelle mobilisation et su être force de proposition auprès de
la direction pour la validation de certaines décisions.
Une seconde évaluation interne. Sur la base de ce référentiel,
de nouveaux groupes de travail ont été mobilisés à partir de
septembre pour mener la seconde évaluation interne qui s’est
terminée début 2014 avec l’évaluation des chapitres comptabilité,
paye, frais professionnels, management et ressources humaines.
Aussi bien pour la révision du référentiel que pour l’évaluation
interne nous avons privilégié une démarche participative
mobilisant de manière transversale et pluridisciplinaire
nombre de salariés.
Le bilan est très satisfaisant, par la participation élevée, la
bonne circulation de la parole dans chaque groupe, et le
sens que prend la démarche dans le travail au quotidien.
Une Évaluation Interne Croisée (EIC). Fin septembre, deux
services d’internat se sont soumis à l’exercice de l’EIC sur
la thématique du projet personnalisé : de son élaboration
à son évaluation. Moments riches, mais aussi particuliers
où les salariés ont livré à des regards extérieurs, leurs
pratiques collectives. Les retours ont été fort positifs.
L’évaluation a eu le mérite de lever quelques
appréhensions et aussi de nous préparer à l’évaluation
externe. Les préconisations d’améliorations ont été
suivies d’actions d’amélioration les mois suivants.
Une participation à des EIC dans d’autres établissements du GAP.
Par ailleurs, nous avons contribué à ces EIC par la formation de
deux nouveaux salariés à l’audit par le CDRE, salariés qui ont
contribué à leurs tours à des EIC au sein d’autres établissements
du GAP.
Un appui supplémentaire à la démarche. La transversalité, axe
fort du projet d’établissement, se voit accorder un demi-poste qui
vient, entre autres, en appui à la démarche qualité, permettant
ainsi de renforcer tant l’imprégnation de la démarche que les
divers travaux techniques.
Des objectifs d’importance en 2014.
- L’achèvement et la remise au Conseil Général de notre rapport
d’évaluation interne en début d’année.
- L’élaboration et la mise en œuvre du plan d’action qualité relatif
à cette évaluation interne.
- La préparation de l’évaluation externe prévue en octobre.
A.F.S : Journée à
Paris
Ainsi, plus que jamais, cette démarche imprègne l’ensemble de
la vie de l’établissement et notamment nos pratiques. Présente au
quotidien, elle nourrit en permanence la réflexion et la créativité
de tous.
des étapes
d’importance
en 2013
Les Moutatchous
Inscrivant notre démarche dans une continuité, l’année 2013
comme ses précédentes a été très dense en projets et actions
de tous ordres.
La démarche permanente
d’amélioration de la qualité :
Départ en retraite
Madame PEREMBOOM
Rapport d’activité 2013 101
Le service sécurité,
entretien et convoyage : un satisfecit général
L’équipe du service d’entretien s’investit en permanence pour améliorer
le cadre de vie des enfants accueillis et s’efforce en parallèle de remplir
pleinement ses missions de convoyage en fonction des besoins de l’institution.
L’activité du service, au cours de l’année 2013, a été orientée vers la
création de nouveaux espaces dans l’enceinte de l’établissement et
la rénovation de lieux de vie. Des travaux de peinture dans l’ensemble
de la structure Aiguade ont été ainsi réalisés cette année, ou
encore la pose de carrelage sur la terrasse de la maison de Lomme.
Des travaux de mise en conformité des installations d’eau chaude (dans le
cadre de la prévention de la légionellose) dans l’ensemble de l’établissement
ont mobilisé également l’équipe, ainsi que la création de divers espaces
pour l’accueil des visiteurs et le confort des enfants. Nous pouvons citer
Installation d’un abri
vélo et moto
102 Rapport d’activité 2013
l’aménagement de l’accueil, la création d’un jardin des senteurs, la création
d’une terrasse avec tables de pique-nique à l’espace famille, l’installation
d’un abri vélo et moto sur le parking, la réorganisation du parking pour
l’installation d’un espace recharge pour notre premier véhicule électrique…
Nous pouvons constater que l’évaluation annuelle des risques professionnels
physiques mise en place depuis six ans, menée par le service ainsi que les
travaux consécutifs, ont amené une forte baisse des demandes de travaux et
une augmentation significative de la sécurité au travail.
Maison Aiguade :
travaux de peinture
des chambres
Espace Famille
Création
d’une terrasse
L’année 2014 permettra d’effectuer une dernière
tranche de travaux dans le bâtiment administratif
avec la pose de cloisons acoustiques dans les bureaux
afin d’apporter un meilleur confort de travail, la pose
d’un portail motorisé à l’entrée de l’établissement,
la rénovation de la salle de psychomotricité. Pour les
maisons 32 et 60 il est prévu la pose d’un carport sur
les places de parking et à la maison de Lomme le
remplacement des plafonds existants par des plafonds
acoustiques.
Aménagement
de l’accueil
Les Moutatchous
Nous n’oublierons pas les « quelques » travaux imposés
par la commission de sécurité sur les quatre structures
d’Haubourdin, qui représenteront la somme de 25000 €,
et ce, bien que nous ayons obtenu sans peine un avis
favorable de la commission de sécurité !
Après avoir eu pendant de nombreuses années le souci
de remplir au mieux notre mission, de rendre les locaux
plus agréables et plus confortables pour tous, de veiller
à la sécurité, nous pensons, avec deux collègues du
service, pouvoir partir à la retraite en fin d’année en
toute sérénité. Un nouveau challenge pour le service
qui pourra cependant s’appuyer sur le projet du service
sécurité, entretien et convoyage en cours de rédaction.
Rapport d’activité 2013 103
Activité en chiffres
Orientation à la sortie
67
au total
Origine et nombre de placements
SEAJ
DT Avesnois
22
AFS
DT Valenciennes
Internat
DT Métropole Lilloise
3
DT Flandres Intérieures
DEFI
DT Roubaix
0
2
Etablissement
4
6
Famille d'accueil ASE
8
10
12
6
DT Pas-de-Calais
Retour Famille
3
1
2
Durée moyenne du placement des jeunes sortis dans l’année
37
16
14
2
12
10
< à 1 an
8
1 à 5 ans
5
> 10 ans
4
5
1
4
1
2
104 31
6 à 10 ans
6
0
11
DEFI
DEFI
Internat
Rapport d’activité 2013
AFS
SEAJ
Internat
AFSS
EAJ
2013 : une année record pour
la formation des salariés !
Line LANCIAU,
psychologue de
terrain !
Toujours en matière de développement
des compétences des assistants familiaux,
les Moutatchous ont bâti avec le CDRE, un
programme de formation sur mesure « l’enfant
placé : mieux le comprendre et mieux se
connaître pour mieux l’accompagner ».
24 salariés de l’AFS ont ainsi pu suivre cette
formation étalée sur six jours. C’est le recours
aux fonds d’intervention qui rend possible un tel
engagement.
D’autres cofinancements nous ont permis
d’engager une formation en bureautique
avec un groupe en initiation et un groupe
en perfectionnement et une formation de
Sauveteurs Secouristes du Travail pour 20 salariés.
Les formations qualifiantes restent et resteront la
priorité des Moutatchous en matière de gestion
des carrières. 2013 a vu un cinquième salarié
entamer une formation passerelle d’éducateur
spécialisé et un sixième est d’ores et déjà prévu
pour 2014. Deux autres salariées ont fait le choix
de se lancer dans des formations diplômantes
: l’une en préparant un Master 2 en ressources
humaines, l’autre un Diplôme d’état de
médiateur familial.
Ce sont au total 12 salariés des Moutatchous,
près de 10 % de l’effectif, qui en 2013 se
seront engagés dans un long parcours
professionnalisant.
Des formations collectives d’envergure et
de gros investissements dans la qualification
des professionnels n’auront par contre pas
laissé beaucoup de budgets pour des actions
individuelles.
C’est pourquoi, comme les années précédentes,
nous avons fait en sorte que trois salariés puissent
bénéficier de formations dans le cadre des
actions prioritaires régionales concernant les
conduites addictives, la gestion de l’agressivité
et de la violence et la fonction de cadre de
proximité.
C’est ainsi que l’engagement affirmé de
l’établissement en matière de formation se
décline, remarquablement soutenu par UNIFAF
et ses diverses ressources : fonds d’intervention,
APR, sans oublier des conseillers efficients.
Les Moutatchous
Depuis cinq ans maintenant, les Moutatchous
se sont engagés dans une démarche de
qualification des assistants familiaux. En 2009,
quatre salariées ont ainsi entamé la formation
de deux ans préparatoire au Diplôme d’état
d’assistant familial, puis quatre encore en 2011.
Huit diplômés plus tard, l’établissement est
parvenu en 2013 à faire entrer en formation sept
assistants familiaux pour un DEAF à l’été 2015.
Souhaitons que la réforme de la formation
professionnelle en cours puisse permettre,
voire faciliter la poursuite de cette politique de
formation.
Rapport d’activité 2013 105
Equipe cadre : une restructuration
qui se peaufine
Après la mise en place des responsables de dispositif en 2007, 2009 a été
l’année de la création des postes de responsables éducatifs de proximité à
l’internat et au SEAJ. L’installation de ces postes n’a pas été des plus simples
tant les équipes assimilaient proximité à surveillance !
À ce jour, malgré quelques avatars, départs, tensions… le bilan est extrêmement
positif tant en termes de gestion quotidienne, d’organisation, de soutien
aux salariés, de réactivité et d’affirmation d’identité d’équipe, le tout bien
évidemment au bénéfice de l’accompagnement. Ce n’est pas cependant
une simple restructuration qui a permis cela, mais l’ensemble du travail mené
au niveau de l’établissement (cf. les rapports d’activités antérieurs) ainsi que
l’engagement et la mobilisation desdits cadres.
Chenille réalisée
par les enfants
de la Maison 60
Pour l’AFS, ce changement d’importance a été source de fortes modifications
des repères non encore parfaitement établis à ce jour. Installer dans le même
temps un second cadre dans le service et un second niveau de responsabilité a
eu raison d’un équilibre trop fragile. Ajoutons à cela un réel questionnement sur
la place et la fonction des assistants familiaux dont la montée en compétence
et en professionnalisation (cf. le texte sur la formation) est bien réelle. Enfin,
un regard critique sur les outils de la loi 2002-2 est venu fragiliser un peu plus
l’édifice.
A alors émergé la nécessité de remettre sur l’ouvrage le projet de service, le
moyen de repenser collectivement tant les organisations que les places de
chacun. Chose faite début 2014.
Nous avons également donné vie au dispositif de soin installé depuis quelque
temps en ses nouveaux locaux. Pour ce faire, nous avons nommé en octobre
une responsable de dispositif, membre à part entière de l’équipe de direction.
Mission délicate que la sienne que d’affirmer le sens du dispositif, de le faire
vivre et reconnaître. Là encore, le projet de dispositif en cours d’écriture sera
l’un des piliers de cette réorganisation. Défi supplémentaire pour ce poste
occupé par une psychologue d’expérience et fortement engagée dans la vie
de l’établissement : une fonction hiérarchique uniquement pour les personnels
non médicaux et une importante fonction d’organisation et de cohérence pour
l’ensemble des acteurs (les médecins sont sous la responsabilité hiérarchique
du directeur). Cette complexité nous est apparue impérative au regard des
fonctions et postes de chacun pour que ce projet puisse vivre pleinement.
106 Rapport d’activité 2013
À moyens constants, de par l’évolution des organigrammes, nous avons
pu mettre en place ce même type de poste tant sur le service DEFI qu’à
l’AFS en 2013. Une nomination interne sur fond de compétences affirmées
a grandement facilité la mise en œuvre du poste à DEFI dans le droit fil du
management mis en œuvre précédemment.
Et puis, deux responsables éducatifs de proximité, vraisemblablement faute
d’organisation (!!!) ont engagé un congé maternité à un mois d’intervalle
en fin d’année. Tant le recrutement de deux cadres à l’externe pour 4 à 5
mois que le fait de nommer deux cadres à l’interne pour les remettre après
dans un statut de non-cadre nous sont apparus trop risqués. Nous avons
alors fait le choix de nommer deux coordonnateurs issus d’autres équipes,
postes centrés sur l’organisation et les nécessaires garanties à apporter aux
accompagnements (un bon moyen également de confirmer, ou non, des
potentiels). Nous réservons au rapport d’activité 2014, les constats issus de la
mise en œuvre de cette nouvelle fonction.
Et pour tous ces nouveaux responsables, du soutien sous diverses formes
(coaching, analyse de pratique, entretiens réguliers avec le directeur, le
responsable de dispositif, un responsable éducatif de proximité) adaptées au
poste et au niveau de responsabilité.
Ainsi 2013 a-t-elle été une année d’importance pour la constitution d’une
équipe-cadre essentielle à la réalisation des projets tant associatifs que
d’établissement. Au fil de ce texte apparait l’impérieuse nécessité d’une
réflexion conséquente en amont de tout choix, d’une attention soutenue aux
changements engagés et à leurs effets, de l’accompagnement des salariés
qui gagnent en responsabilité. Et, quel que soit le poste ou la fonction créés,
c’est l’ensemble des acteurs, chacun de sa place, qui participe à l’élaboration
collective.
Le GRAF
un nouvel élan
Le Groupe recherche Action Formation a, en 2013, formalisé ses travaux sur la question du travail avec la famille, lors d’une journée de travail en avril avec l’ensemble
du personnel.
- Dans un premier temps, les membres des équipes pluridisciplinaires qui composent le GRAF ont présenté les idées-force de leurs travaux.
- Puis, Guy HARDY est venu nous dire en quoi le glissement de la compétence des familles à la compétence des systèmes d’interventions serait bénéfique pour
optimiser l’accompagnement des familles.
S’occuper d’un enfant dont on ne connaît pas la famille, sans comprendre ce
qu’elle vit, ce qu’elle transmet, c’est comme se rendre dans un pays étranger
sans connaître la langue.
Il nous faut sortir des confusions. La première est que si le but des parents peut-être
le retour au domicile de leur enfant, la finalité de notre accompagnement n’est
pas le retour, mais plutôt de proposer des moments où enfants et parents puissent
se retrouver avec moins de souffrance et plus de sécurité pour tous. Notre
accompagnement, ce sont quelques mois dans son parcours de vie, qui doivent
nous permettre d’élaborer avec la famille des façons de répondre à ses besoins
qui pourront perdurer au-delà de notre action.
La façon dont nous occupons notre place est primordiale. La conscience de nos
représentations, de nos désirs, de nos projets, l’est aussi. Nous affirmons que seule
une rencontre empathique permet de reconnaître la personne au-delà de ses
actes. Certaines de nos positions contribuent à maintenir les dysfonctionnements
; nous devons y être attentifs collectivement
Le but du travail avec les familles est d’instaurer un lien en veillant ne pas se laisser
aspirer par le fonctionnement familial. Cela nécessite qu’ensemble nous soyons
vigilants à la place que l’on occupe, celle qu’on souhaite, celle que la famille
nous laisse, celle qu’elle peut prendre.
Accompagner dans la « réalité » ne veut pas dire tout accepter, ne pas rappeler
la mission, ne pas s’affirmer. Il s’agit d’être un tiers qui chemine avec, rappelle la
règle, ouvre un espace de parole et d’écoute, introduisant ainsi un espace pour
la pensée. Le travail avec les familles c’est un travail d’ajustement à leurs besoins,
à leurs limites
Il faut parfois du temps pour que les choses prennent sens pour la famille. Nos
savoirs, notre position distanciée nous amènent à percevoir des façons d’aborder
ce qui fait problème avant l’autre. Parfois, maladroitement nous proposons des
solutions avant que l’autre n’ait eu le temps d’élaborer, en le « confortant », en «
le situant » dans une position basse.
Guy HARDY est venu conforter cette approche en nous proposant « un voyage
en terre de compétences ». Travailler la « compétence des familles » semble en
effet faire consensus dans le champ social. À travers son propre cheminement,
il a pointé en quoi cette perspective est complexe et en quoi elle questionne
fondamentalement nos méthodologies d’intervenants psychomédicosociaux
et éducatifs. En référence aux travaux de Guy AUSLOOS qui affirme, « Les
familles ont les compétences nécessaires pour effectuer les changements dont
elles ont besoin à condition qu’on leur laisse expérimenter leurs autosolutions
et qu’on active le processus qui les y autorise » il a mis l’accent sur la nécessité
impérieuse de penser les systèmes d’intervention. Ce fut une intervention claire,
accessible et appréciée de tous, sans doute parce qu’elle parle à chacun de
nous, au parent et au professionnel que nous sommes.
Le GRAF a contribué à l’émergence d’un autre collectif, le groupe PIAF, et en
septembre a entamé un nouveau cycle de travail autour de « la façon dont
chacun occupe sa place ».
Le groupe s’est renouvelé à partir de personnes volontaires sans distinction
de fonction, de hiérarchie, de services et s’est mis au travail. Le débat s’est
engagé… À suivre.
Les Moutatchous
Les échanges et débats au sein du GRAF ont permis de réaffirmer nos postulats
de travail. Ainsi au Moutatchous :
Maison 32 : Peinture
réalisée par les
enfants, aidés de
J. BOUDEWEEL
Pour conclure, ce que nous désirons impulser aux Moutatchous, ce sont des
collectifs d’adultes en capacité d’assurer des espaces contenants sécurisés où
l’autre peut expérimenter de nouveaux modes de relations, avoir une parole plus
ibre et être entendue.
Rapport d’activité 2013 107
Le départ des grands ados
de l’A.F.S. :
sa référente ASE, jusqu’à sa famille d’accueil, pour lutter
contre toute réorientation. Nous comprenons que plus
nous porterons le projet de départ, moins nous lui
permettrons de prendre son autonomie. Dès lors, il
se met peu à peu en capacité de choisir où il veut
partir et pour quoi faire.
Si difficile enfin pour un dernier jeune
qu’à sa majorité, il lâche peu à peu ses
engagements par rapport à l’ASE avec qui il
est lié par un contrat APJM à peine signé, met
à l’épreuve son lien aux Moutatchous pour finir
par se tourner vers sa famille d’origine et rompre
tout accompagnement éducatif. Il nous a fallu
le confronter à la réalité de l’accueil qui évolue
de par sa majorité, mais suppose toujours de sa
part le respect du cadre, le confronter à son choix
de rester ou de partir. Il nous a fallu aussi et non sans
mal renoncer aux projets que nous avions bâtis avec
lui (formation et admission en foyer d’autonomie),
accepter sa liberté de s’en détourner peut-être
provisoirement, de le lâcher vers un avenir incertain…
Souvent comme on le voit à travers ces illustrations, le
jeune ressent le départ de l’AFS comme injuste et violent
parce que se rejoue pour lui alors la question douloureuse
de la rupture, de la problématique d’attachement, du manque d’estime
de soi, pour être acteur de sa vie, le tout sur fond de changement de statuts et des
droits y afférents.
À ce moment délicat du parcours du jeune, le collectif prend tout son sens dans son
accompagnement, pour que chaque professionnel prenne du recul, se questionne sur
son propre engagement et les limites de notre accompagnement.
Parfois, c’est loin d’être facile pour nous de renoncer à garder la maitrise du projet
qui à nos yeux protège le jeune, de nous réajuster pour lui laisser la place de l’acteur
principal de sa vie ; pas facile d’aller tous dans le même sens, avec nos places et nos
engagements affectifs différents…
Ce dont nous avons besoin alors pour l’aider à partir, c’est de nous sentir en sécurité
dans le travail d’équipe, dans un cadre, des relations de travail et un projet de service
où chacun se retrouve, se repère et se questionne.
Notre ambition à l’AFS en ce début d’année 2014 est de revisiter notre projet de
service, le réécrire partiellement en y associant chaque professionnel, toutes fonctions
confondues. Nous faisons le pari qu’en l’occurrence le jeune presque majeur qu’on
accompagne en vue de son départ tirera bénéfice de ce travail…
un accompagnement difficile pour des enjeux importants…
A.F.S Valenciennes :
Atelier jardinage
À l’approche de la majorité, le départ est si
difficile à vivre pour un adolescent qu’il en vient parfois
à attaquer le lien avec sa famille d’accueil pour tester son attachement et se
rassurer sur le fait que la séparation ne sera pas une rupture de plus dans sa vie.
En face, nous cherchons à protéger le jeune et sa famille d’accueil d’un « clash », quitte
à avancer son départ sans qu’il se sente pour autant fautif et encore moins rejeté…
À l’approche de son départ, une adolescente sabote la démarche de pré-admission
dans un foyer d’autonomie alors que c’était l’objectif premier du contrat d’accueil
jeune majeur (APJM) ; l’inconnu, mais aussi la peur d’être abandonnée par les
Moutatchous, de perdre le confort du cocon de sa famille d’accueil la freine pour
aller de l’avant. Nous devons alors être fermes dans le respect de ses engagements
auprès de l’ASE et à la fois la rassurer sur ses compétences à s’adapter au changement,
lui permettre provisoirement d’être accueillie certains week-ends chez son assistante
familiale, le temps de se faire de nouveaux repères ailleurs…
Si difficile de se projeter dans un départ pour un autre adolescent que dès lors qu’il se
précise, il se pose en victime du service, mobilise autour de lui sa famille d’origine,
108 Rapport d’activité 2013
Des R.P.S à la Q.V.T ou de l’obligation d’évaluer les risques
professionnels à la démarche d’amélioration de la qualité de vie
au travail !
Maison 60 :
Décoration Noël en
bonbons
La passation s’est étalée de janvier à octobre,
elle a concerné 11 équipes. La participation a été
importante en dépit de son caractère quelque peu
fastidieux.
Après réception progressive des résultats (merci
aux services du GAP pour le dépouillement), un
échange avec le responsable de chaque service
a été proposé. Généralement, ils n’ont pas été
surpris et ont estimé que la photo prise reflétait leur
perception.
Il en fut de même lors des retours aux équipes avec
la nécessité dans leur présentation de trouver une
forme la rendant vivante
L’ensemble des résultats rend compte d’une
ambiance de travail sereine, de moult aspects
positifs et de la nécessité d’un double traitement des
difficultés repérées :
- Au niveau de chaque équipe avec la définition
d’actions prioritaires pour les deux années à venir;
- Au niveau institutionnel avec la constitution
de groupes sémaphores (groupes de travail
pluridisciplinaire) autour de thèmes précis. Les
thèmes qui se dégagent sont ceux du droit à l’erreur
et du rôle des différentes instances représentatives
du personnel.
L’année 2014 sera consacrée à la construction
et la mise en œuvre du plan d’action composé
de l’ensemble des actions menées pour chaque
équipe et des actions globales. Ce plan alimentera
le document unique de prévention et de gestion des
risques professionnels.
En conclusion, il apparaît important de préciser :
- qu’il s’agit de passer de la prévention et de la
gestion des risques à l’amélioration de la qualité
de vie au travail,
- que cette démarche s’inscrit dans une
dynamique institutionnelle où il convient de revisiter
régulièrement les systèmes mis en place, de veiller
aux besoins des salariés tout comme à ceux de la
population accueillie ;
- Que bien qu’inconfortable parfois, cette
démarche conduit à interroger les organisations,
mais aussi la place que chacun occupe et le sens
du travail, démarche salutaire s’il en est.
Enfin, pour affirmer plus avant le sens du travail que
nous menons, nous vous recommandons la lecture
de « La charte de vie pour de meilleures relations de
travail » de Jacques Salomé, charte qui nous inspire
fortement !
Rapport d’activité 2013 109
Les Moutatchous
Atelier Clown animé
par Muriel TRICART,
psychomotricienne
La démarche d’évaluation et de gestion des RPS
(Risques Psycho-Sociaux) initiée depuis maintenant
6 ans inscrit l’établissement dans une démarche
d’amélioration de la qualité de vie au travail. En effet,
les différentes étapes montrent la nécessité d’un
aller-retour constant entre l’évaluation des risques et
la recherche d’actions améliorant la qualité de vie
au travail.
Menée avec une volonté d’ajustement réciproque
(CHSCT-direction), elle nécessite de donner une large
place à la subjectivité, d’accepter de reconnaître
les difficultés exprimées.
2013 fut consacrée à la passation du questionnaire
d’évaluation des RPS créé en 2012. Il s’agit d’un
questionnaire concernant la perception des réalités
de travail. Il explore l’organisation du travail, le soutien
dans les situations difficiles, l’identité professionnelle,
les relations au travail et le changement. Il fut
proposé à chaque équipe au cours d’une réunion
animée par les membres du CHSCT.
La transversalité...
un plus d’efficience et de pertinence !
Des collectifs de travail, des
espaces
d’échanges
entre
salariés de différents services
existent
depuis
longtemps
aux
Moutatchous.
Fallait-il
nommer
cette
dynamique?
Certainement, car la nommer
c’est
la
reconnaître.
La
création d’un poste dédié à la
transversalité en 2013 marque
donc un tournant, une volonté
d’affirmer cette réalité et de la
développer.
Maison 32 :
Sortie à la ferme !
La transversalité se décline en diverses missions parmi lesquelles:
•l’accompagnement collectif des stagiaires : il s’agit de proposer des temps
de rencontres entre stagiaires des différents services de l’institution afin de
permettre les échanges autour des situations professionnelles expérimentées,
donner une information globale sur l’établissement, le GAP, le secteur social,
mais aussi faciliter la possibilité de travailler une compétence particulière dans
un service différent de celui auquel le stagiaire est affecté...
En lien avec les différents centres de formation de travailleurs sociaux de la
région, le projet d’accueil des stagiaires aux Moutatchous est en cours d’écriture.
•L’accompagnement des salariés en contrats aidés : emplois d’avenir ou CAE,
au-delà d’une réponse à une obligation légale pour les employeurs, cette
action illustre le souci d’accompagner chacun de ces salariés en situation de
retour à l’emploi. Des espaces d’accompagnement collectif et des entretiens
individuels sont proposés. Les salariés qui le souhaitent peuvent ainsi développer
leurs connaissances sur notre secteur d’activité, les missions de l’institution... Il
s’agit aussi de permettre à chacun de développer ses compétences par la
mise en mots de l’expérience professionnelle et de susciter l’envie de tenter
l’expérience de la mobilité interinstitutionnelle, au sein du GAP en premier lieu.
110 Rapport d’activité 2013
Citons encore d’autres missions:
• l’appui à la mise en œuvre du GRAF, groupe recherche-action-formation
• l’appui à la démarche qualité
• la diffusion du projet d’établissement auprès de tous les salariés
• le soutien aux équipes dans leurs travaux d’écriture, leurs réflexions
collectives, etc.
• La gestion du projet relatif à la mise en œuvre des emplois d’avenir (actions
d’animation spécifiques, renfort de week-end à l’internat, assistance à
certaines actions éducatives…)
• le renforcement du partenariat avec les centres de formation
• le soutien aux professionnels en formation qualifiante
La transversalité telle qu’elle est pensée aux Moutatchous est constitutive de
notre identité institutionnelle. La transversalité est aussi une dynamique qui se
construit chaque jour, chaque fois qu’entre nous, nous osons la rencontre et le
débat.
Elle caractérise une volonté de créer des ponts entre les salariés des différents
services, de proposer et faire vivre des espaces d’élaboration communs. Elle
permet l’émergence de réponses aux besoins individuels et collectifs par la
richesse de la rencontre entre les personnes qui osent s’y aventurer.
Si 2013 a ouvert notre appétit, 2014 promet déjà de grands moments !
De l’accompagnement
des fratries
Qu’en est-il du lien fraternel lorsque des dysfonctionnements familiaux conduisent au placement des
enfants ?
Comment les professionnels peuvent-ils ²accompagner cette dynamique singulière des relations
fraternelles afin qu’elles contribuent tout à la fois au développement et à l’individualisation de
chacun ?
planifié et ainsi toutes les fratries sont concernées. Ils peuvent partager
des temps communs en famille d’accueil ou en colonie de vacances
s’ils le souhaitent pendant les périodes de vacances.
Pour deux frères accueillis sur deux groupes, nous savons que les
relations sont conflictuelles durant le week-end chez le père. En effet,
celui-ci investit un peu plus la relation avec l’un de ses fils. Le second le
ressent et jalouse son frère, les relations sont antagonistes tant avec son
père qu’avec son frère.
La proximité des lieux d’accueil permet un travail avec les deux enfants
sur leur histoire et sur les liens fraternels. Lors d’activités communes, les
2 garçons expérimentent une relation positive, fraternelle, sans conflit,
sans les enjeux habituels.
Cette approche nous amène à réfléchir aux modalités spécifiques de
maintien des liens qui peuvent fluctuer au gré de l’évolution de cette
situation, et à l’accompagnement à proposer au père.
En général, les temps des retrouvailles sont souvent chaleureux et
joyeux. Les enfants n’hésitent pas à verbaliser leur satisfaction durant
les réunions d’expression, les temps de préparation des projets
personnalisés…
Par ailleurs, un projet « week-end en camping » est prévu cet été. Il
implique chacune des structures de l’internat et concerne des fratries
des différents services.
Ce projet travaillé en transversalité permettra ainsi d’améliorer les liens
des fratries, voire de les renforcer par le biais de ce mini camp.
Au-delà des temps éducatifs, il existe également une proposition d’un
espace fratrie animée par les psychologues qui permet d’appréhender
ce que traverse la famille et où chacun peut produire une parole sur
ce qu’il vit et souhaiterait. Pour l’heure, une fratrie de quatre enfants
est concernée par cette initiative.
Au terme de leur séjour dans l’institution, ces fratries auront partagé des
histoires de frères et sœurs dans lesquelles il est question de moments
partagés, de faire ensemble, de la place de chacun, de rivalités et
de jalousies et surtout d’une expérience commune dans un contexte
particulier.
Et bien évidemment, c’est aussi sur ces temps riches d’observations,
d’échanges, que se s’ancre, sur fond de projet personnalisé,
l’accompagnement de ces enfants et adolescents.
Dessin réalisé par Inès
(Maison 32)
Rapport d’activité 2013 Les Moutatchous
En fonction des éléments de
l’histoire et en tenant compte
des particularités de chacun
des enfants, certaines fratries
sont accueillies dans un même
groupe, d’autres étant, plus ou
moins séparées.
La question de la pertinence
des perspectives est toujours
soulevée
au
moment
de
l’admission.
Le choix de départ de séparer
les membres d’une fratrie se
confirme (ou non) en fonction
des multiples observations faites
en équipe et surtout en fonction
du projet individualisé du jeune.
Il arrive que pour des raisons
d’autonomie et d’individuation,
le maintien en fratrie soit un frein
à l’épanouissement. Lorsqu’il en
est ainsi, les équipes éducatives
s’occupent de trouver des
temps dans la semaine ou le week-end pour que les
frères et sœurs partagent des moments ensemble (activité
de loisirs, repas dans l’institution ou dans un restaurant…).
Nous tentons de conserver et de préserver le plus possible les liens
d’attachement. Cette préservation du lien est primordiale.
Les évènements comme « la galette » en janvier ou le « barbecue »
en juin sont des temps où l’on invite les parents à partager un moment
convivial. Ce sont aussi des occasions pour nous de convier et de
réunir les fratries accueillies dans les autres services. Ces moments forts
sont très appréciés et attendus par les frères et sœurs accueillis dans
l’institution.
Les enfants s’appellent dans les différents groupes. Ils peuvent se
rencontrer certains soirs pour partager un jeu soit dans le groupe soit
dans la cour lorsque le temps le permet. Le week-end ou durant les
périodes de vacances, une éducatrice propose le regroupement d’une
fratrie autour d’une activité de loisirs. Un roulement est alors organisé et
111
En guise de conclusion…
A.F.S : après Zarafa,
la Girafe, Bianca
l’éléphant
Quelques
regrets de
n’avoir
pu
vous
parler
de
la
sortie
organisée
par
l’A.F.S. dans les musées
parisiens, des fêtes organisées dans les structures
avec les familles à l’occasion des vœux ou de
l’été, de la rencontre-cadre administrateur
de novembre, rencontre de haute tenue et
particulièrement satisfaisante aux dires de tous,
de la mobilisation des cadres pour la mise en
place d’un logiciel de gestion des horaires, du
soutien apporté à quelques collègues ballotés
par la vie, de situations d’enfants ou adolescents
particulièrement mis à mal par leurs réalités
familiales, du travail mené avec l’inspecteur de
circonscription et ses collègues pour améliorer la
scolarisation, de notre participation aux diverses
instances mises en place par la mairie et, parce
que 2013 fut somme toute une année comme les
autres, la liste pourrait encore s’allonger.
Projetons-nous maintenant vers 2014 pour
évoquer quelques événements et projets phares.
L’évaluation
externe
qui
s’annonce
va
singulièrement nous mobiliser. Pas de réelles
inquiétudes bien sûr, mais des interrogations
bien légitimes pour cette première ! L’évaluation
interne que nous venons de mener tambour
battant participe pleinement de notre sérénité.
Néanmoins, du travail en perspective de par les
incontournables plans d’action qui s’ensuivront.
112 Rapport d’activité 2013
Quelques travaux sont d’ores et déjà prévus dans
le droit fil de la politique immobilière : réfection des
anciens bureaux, pose d’un portail électrique,
construction d’un atelier...
2014 verra des départs à la retraite pour lesquels
les recrutements marqueront les années futures.
Prévoir le renouvellement d’un poste de
responsable de dispositif et du responsable du
service sécurité, entretien, convoyage n’est
pas une mince affaire. Réfléchir, anticiper, se
projeter, poser des constats clairs sur les postes
concernés, les attentes, les compétences
nécessaires, les possibles réorganisations
devrait quelque peu nous mobiliser !
Quelques projets écrits viendront à l’été,
poser clairement tant le sens et la philosophie
que le concret de l’accueil des stagiaires,
du fonctionnement et de l’organisation du
secrétariat et du service sécurité entretien et
convoyage. L’A.F.S. et de dispositif de soin
seront aussi de la partie de par l’écriture ou
la réécriture de leurs projets respectifs. Un
peu d’effervescence en perspective et le
tout en privilégiant un mode participatif.
S’il est cependant quelque chose qui devrait
nous mobiliser, c’est bien du projet PIAF
dont il s’agit. PIAF porte les germes d’une
meilleure synergie du soin et de l’éducatif,
d’un travail d’accompagnement familial
beaucoup plus engagé, d’une pleine
position d’acteur pour les familles, de
systèmes différents mis en synergie
(la famille, le service concerné, les
partenaires…). Un beau mitigé d’internat
et de Défi, une perspective pour l’internat
de demain en quelque sorte.
Voilà comment en allant, nous traçons
notre chemin, tranquillement, vers
d’autres possibles.
Bonne
retraite à...
On a fêté les départs
en retraite ...pour l’une
Danièle
PEIRENBOOM,
Assistante familiale, pour
l’autre Georgie PHILIPPE,
Maîtresse de maison,
30 , 42…, les années
passées aux Moutatchous.
Chacune
auprès
des
jeunes,
avec
bienveillance, pour faire de leurs
quotidiens un meilleur. Et
après...
Après…il reste ce qui a été
transmis, les souvenirs…
Partir en ayant en mémoire
les
moments
passés
ensemble, les bons comme
les moins bons. .
C’est d’abord ensemble
puis autour d’un repas,
d’un café qu’on s’est dit au
revoir…
L’une
comme
l’autre,
heureuse de ce départ, de
cette nouvelle aventure !
De belles fêtes pour leur
souhaiter une belle retraite…
Et à l’occasion de cet écrit,
de nouveau, leur dire…
Merci !
Centre de Ressources
et d’Echanges
Conseil d’administration
Jérôme DUJARDIN, Président ;
Germain MALAQUIN Vice-président et trésorier ;
Jean-Louis BRABANT, Vice-président et secrétaire ;
Bruno DECHERF, Gérard LOTTIAUX, Christophe SEGARD, Yves DELPORTE
Sommaire
Rapport d’activité 2013 C.D.R.E.
Editorial P. 114
Focus sur les formations P. 115
Evènements du CDRE P.116
L’activité en chiffres P.118
Mot de la fin P.120
113
Editorial
Mot du Président
Renouvellement
de certification au
CDRE
Cette année 2013 a vu un développement
appréciable des activités du CDRE, ce qui
augure de la longue vie que nous souhaitons
tous pour notre association.
Le renouvellement de certification ISO 9001
confirme la pérennité de la qualité de notre
activité, et démontre la rigueur au quotidien
que nous mettons dans la réalisation de nos
offres.
L’activité en chiffres démontre, s'il le fallait,
que notre association prend sa place et que
nos espoirs à l'origine du CDRE sont aujourd'hui
confortés dans la réponse qu'il apporte aux
besoins du secteur social et médico-social.
Nous avons vu de nouveaux clients nous faire
confiance, à travers un catalogue qui s'est
enrichi de plus de dix nouvelles formations et
prestations.
Pour 2014, de magnifiques projets sont en
cours. Je sais que les compétences déjà
acquises aujourd'hui vont encore s'étoffer et
permettre au CDRE de trouver un plein épanouissement au service de ceux et celles qui
travaillent auprès des jeunes.
Jérôme DUJARDIN, Président du CDRE
114 Rapport d’activité 2013
Renouvellement de certification ISO 9001
Le CDRE a fêté le 5 mars 2013 le renouvellement de sa certification
ISO 9001 pour la conception et la réalisation de prestations de
service dans le domaine social et médico-social.
Celle-ci s'est déroulée en présence de Jérôme DUJARDIN,
Président du CDRE, José LALEEUW, Directeur Général du GAP,
Anne GUICHON, Directrice du CDRE, Amaro CARBAJAL, Directeur
Général du GAPAS, de nombreux formateurs, collaborateurs et
consultants. Cela a été l'occasion de remercier l'ensemble de ces
professionnels ayant contribué largement au succès de cette certification et de rappeler que l'un des points forts du CDRE est la
satisfaction de ses clients à plus de 95%.
L'objectif des années à venir est de pérenniser les points forts mis en
exergue et de continuer à délivrer des prestations de qualité dans
un but : améliorer l'accompagnement des personnes accueillies
dans les établissements sociaux et médico-sociaux.
Préparation au Diplôme d’Etat
d’Assistant(e) Familial(e) (DEAF) :
Le CDRE a mis en place la première session de formation
préparatoire au Diplôme d’Etat d’Assistant Familial en juin
2013.
La préparation au DEAF comprend trois domaines de
formation distincts, dont les contenus sont étroitement liés
entre eux, et qui constituent le socle de compétences
incontournables pour exercer le métier.
Ces trois domaines sont :
- l’accueil et l’intégration de l’enfant ou de l’adolescent
dans sa famille d’accueil (140 heures),
- l’accompagnement éducatif de l’enfant ou de
l’adolescent (60 heures),
- la communication professionnelle (40 heures).
L’objectif de la formation est de mettre à disposition des
participants des éléments de compréhension sur ce
que vit l’enfant accueilli, permettant une réflexion sur
les réponses à apporter. Les participants se présentent
à l’issue de la formation au diplôme d’Etat d’Assistant
Familial. Il s’agit donc de les préparer aux épreuves en
vue d’obtenir leur diplôme.
La durée de cette formation est de 240 heures ce
qui correspond à 40 journées. Elle est organisée en
alternance, à raison de deux à trois jours par mois.
La première session a démarré le 3 juin, 13 journées
ont été réalisées en 2013. Les journées restantes
s’échelonneront jusqu’en avril 2015.
Le groupe de participants est constitué de neuf
assistantes familiales, toutes issues des établissements du GAP : Les Moutatchous, La Bouée des
Jeunes et le Gîte.
Elles sont très impliquées dans leur formation qui
représente pour elle l’opportunité d’allier apports
théoriques, échanges autour de leurs pratiques
et retours d’expérience. L’alternance leur permet
d’être dans une interaction constante entre milieu
professionnel et dynamique de formation.
Action Prioritaires Régionales(APR) :
addictions et nouvelles conduites
addictives
En 2013, le CDRE a mis en place 5 sessions de formation sur la
thématique des « addictions et nouvelles conduites addictives»
dans le cadre des actions prioritaires régionales d’Unifaf.
L’objectif de cette formation était d’appréhender les concepts
de dépendances et d’addictions, ainsi que les comportements qui en découlent pour aider les professionnels à mieux
les prévenir et les accompagner.
Ces sessions de 3 jours ont permis de former 62 professionnels,
issus des champs du handicap, de la protection de l’enfance
et de l’inclusion sociale, sur 4 sites de la région : Valenciennes,
Arras, Lille et Dunkerque.
Cette démarche a permis au CDRE d’élargir son réseau et ses
compétences en terme de formation continue.
Fonction parentale : évaluation de la
rupture et accompagnement
La formation « Fonction parentale : évaluation de la rupture
et accompagnement » à destination des professionnels
de l’action sociale du département du Nord a démarré en
2013. Quatre sessions de cinq jours ont permis de former 55
travailleurs sociaux.
Voici quelques exemples d’axes de travail programmés par les
professionnels au sortir de leur formation :
- Repérer d'abord les ressources des familles avant d’en
préciser les manques
- Orienter la réflexion d'équipe à partir de schémas de représentations pour repérer autrement les dysfonctionnements
relationnels intrafamiliaux
- Ne pas intervenir dans l'urgence, prendre le temps de
l'évaluation
Cette formation se poursuit en 2014.
Rapport d’activité 2013 C.D.R.E.
Focus
sur les formations
115
Evènements
du CDRE
Colloque CNRD
à l’IRTS
Rendez-vous
d’actualité
au Garage,
Roubaix
Rendez-vous d’actualité sur la responsabilité
dans le secteur social et médico-social
Le quatrième Rendez-Vous
d'actualité organisé par le CDRE
s'est déroulé au Théâtre de l'OiseauMouche/Le Garage à Roubaix de
18h30 à 20h.
Le thématique choisie portait sur "La
responsabilité dans le secteur social
et médico-social".
L'intervenant
principal
était
Francisco MANANGA, Docteur en
droit privé, Chargé d'enseignements
et formations dans le secteur social
et médico-social et le modérateur
de la soirée, Patrick GEUNS, Directeur
de l’APEI de Roubaix-Tourcoing.
M. GEUNS a présenté la thématique
de la soirée puis a laissé la parole à
M. MANANGA dont l'exposé a porté
116 Rapport d’activité 2013
sur les responsabilités dans le secteur
social et médico-social : responsabilité délictuelle, responsabilité
contractuelle, infractions volontaires,
infractions non-volontaires, défaut
de signalement et omission de
porter secours, le tout ponctué de
nombreux exemples.
M. GEUNS a ensuite animé le débat
entre le public et M. MANANGA.
Le public a pu poser des questions
diverses sur des situations concrètes
rencontrées
en
établissement
(protection
de
l'enfance
ou
handicap) à l'intervenant.
L'intervention a été suivie d'un
cocktail dinatoire, préparé et servi
par le Restaurant de l'OiseauMouche, Le Garage.
Journée d’étude inter-régionale CNRD - IRTS sur le thème de la déontologie dans le secteur
social et médico-social
Le CDRE a participé à l’organisation de la journée d’étude inter-régionale organisée par le Comité National des Références Déontologiques (CNRD),
dans les locaux de l’IRTS Nord-Pas de Calais qui s’est déroulée le mercredi 9 octobre 2013.
Le thème de la journée était : « Pour l’acteur social aujourd’hui, face aux évolutions multiples, quelles références déontologiques, quelle culture de
l’éthique partager ? »
La matinée a été axée autour des interventions de Jean-Pierre ROSENCZVEIG, Président du tribunal pour enfants de Bobigny, Président du Bureau international du Droit des Enfants, Pierre BONJOUR, Docteur en Sciences de l’éducation, Membre du Comité National des Avis Déontologiques (CNAD),
Brigitte BOUQUET, Professeur émérite, Titulaire de la chaire du travail social-intervention sociale, au Conservatoire National des Arts et Métiers (CNAM)
et François ROCHE, Coordinateur de la commission éthique et déontologie du Conseil Supérieur du Travail Social (CSTS).
L’après-midi, des ateliers animés par les membres du CNRD et du CNAD se sont déroulés sur différents thèmes : « Laïcité ou laïcités ? », « Le travail
social, pour qui ? » et « Légalité ou légitimité ? », pour la réécriture des références. Ces thèmes ont ensuite été repris autour de la table ronde animée
par Jean-Pierre ROSENCZVEIG et viendront alimenter une nouvelle version des références déontologiques publiées prochainement.
C.D.R.E.
Colloque CNRD
à l’IRTS
Rapport d’activité 2013 117
L’activité en chiffres
La volonté de développer la qualification des professionnels est un enjeu de taille pour les dirigeants
des établissements sociaux et médico-sociaux. C’est
dans ce but que le CDRE a été créé en janvier 2007
afin de développer un projet adapté aux besoins
des professionnels et de répondre aux attentes des
directeurs d’établissements. Ce projet pédagogique
est orienté vers les formations professionnelles en lien
étroit avec les pratiques actuelles et leurs évolutions.
Les formations sont dispensées par des professionnels
très présents et engagés sur le terrain qui acceptent
de valoriser et de partager leurs compétences professionnelles. Le CDRE a bâti son expertise à partir de son
implication au sein du GAP et du GAPAS, tant dans
le champ de la protection de l’enfance que dans
le champ de l’accompagnement de la personne
handicapée.
Selon ses statuts, le Centre De Ressource et d’Echange
a pour objectif « d’assurer toute mission d’audit et
d’évaluation externe auprès d’organismes sociaux
et médico-sociaux, d’apporter des outils de réflexion
et d’analyse face aux difficultés rencontrées par les
équipes, de proposer des formations de type professionnel en lien étroit avec les pratiques actuelles et leur
évolution, de proposer aux administrateurs d’associations des formations en lien étroit avec leurs pratiques
bénévoles. » Enfin, il s’agit également de réaliser
des projets à caractère social en vue d’améliorer
les conditions d’accueil et d’accompagnement du
public accueilli au sein des établissements sociaux et
médico-sociaux.
En 2013, les salariés permanents sont au nombre de 3
: une directrice et deux chargées de formations. Une
quarantaine de formateurs occasionnels interviennent
au sein de cet organisme.
Le chiffre d’affaire est de 203 424 euros pour l’année
2013 provenant du GAP, du GAPAS mais également
de marchés publics remportés notamment auprès du
Conseil Général du Nord.
Evolution de la répartition du chiffre d’affaire (en €)
214
jours de formation
réalisés
685
salariés
formés
120 000,00
100 000,00
80 000,00
GAP
60 000,00
GAPAS
Autres
40 000,00
de satisfaction
globale *
20 000,00
2010
118 Rapport d’activité 2013
98%
2011
2012
2013
* sur 600 questionnaires
de septembre à
décembre 2013
On constate une nette évolution de l’activité du CDRE entre 2010 et 2013.
Evolution du
chiffre d’affaire
par famille de
formations
En effet, le CDRE initialement orienté vers les formations qualifiantes de Surveillants de nuit et Maîtres et maîtresses de maisons, met
aujourd’hui l’accent vers des formations tournées vers l’accompagnement des personnes accueillies. Les formations phares sont
celles sur la bientraitance, le projet personnalisé et les écrits professionnels.
Les formations sur le management sont également de plus en plus demandées en réponse à des situations complexes rencontrées
au sein des équipes éducatives et administratives.
Il s’agit systématiquement de formations conçues « sur-mesure » où le CDRE peut faire valoir son savoir-faire dans ce domaine.
Pour accompagner le CDRE dans ce travail de conception, une commission pédagogique se réunit une fois tous les deux mois
afin d’échanger de manière pluridisciplinaire sur certaines demandes de formations ou de prestations ; son rôle est essentiel pour
éclairer et enrichir les propositions faites à nos clients.
Chiffre d’affaire par famille de formations (en €)
Les membres de la
2013
Commission Pédagogique :
• Amaro Carbajal, Directeur Général, GAPAS
• José Laleeuw, Directeur Général, GAP
• Sophie Bréhon, Développeur de projets, CDRE
• Elisabeth Casalinuovo, Assistante sociale, Le
Gîte
• Robert Despré, Ingénieur de Formation, ancien
secrétaire général UNIFAF
• Anne Guichon, Directrice, CDRE
• Marie-Bernard Juncker, Educatrice de Jeunes
Enfants, La Source, LVA, GAPAS
• Yves Kimmerlin, Directeur, Les Moutatchous
• Mélina Konrad, Directrice du Foyer de l’Oiseau
Mouche, GAPAS
• Eulalie Soulignac, Chargée de formation, CDRE
2012
2011
2010
Formation qualifiantes
Un autre regard sur…
Formateurs occasionnels
Gestion financière
Conseil
Management
Bilan de compétences
Accompagner les personnes accueillies
Formations qualifiantes
20 000,00 40 000,00 60 000,00 80 000,00 100 000,00 120 000,00 140 000,00
2010
1 650,00
7 809,34
22 795,00
6 850,00
16 345,80
67 303,40
2011
900,00
8 550,00
20 120,00
4 350,00
20 250,00
27 198,00
2012
3 900,00
450,00
4 180,00
18 850,00
13 788,00
4 647,86
53 655,00
21 199,00
2013
2 200,00
7 740,00
38 906,00
123 996,45
33 552,00
Rapport d’activité 2013 C.D.R.E.
-
119
Conclusion
Mot de la Directrice
Cette année encore, le CDRE a su mener des prestations de qualité dans
l’intérêt des personnes accueillies dans les établissements et services
sociaux et médico-sociaux. De fait, nous notons un taux de satisfaction
globale de nos stagiaires de plus de 95%.
Ceci a été possible grâce à nos clients, directeurs et directrices d’établissement qui nous ont fait confiance en nous soumettant leur projet
de formation et de prestation sur mesure. Cela nous a permis d’être
en réflexion permanente sur l’évolution des besoins des usagers et
ainsi d’être sans cesse innovant et performant. En effet, l’ensemble de
nos prestations délivrées aux administrateurs, aux professionnels mais
également aux personnes accueillies participent à l’amélioration de l’accompagnement des usagers. 2013 nous a permis de réaffirmer le projet
initial du CDRE tout en le renforçant et ainsi, d’afficher notre souhait d’en
faire un réel organe de soutien aux services de Ressources Humaines
des associations membres de son Conseil d’Administration. Participer
activement à la Gestion Prévisionnelle des Emplois et Compétences
des professionnels des établissements clients du CDRE sera une de nos
principales missions pour 2014
Anne GUICHON, Directrice du CDRE.
Jérôme DUJARDIN et
Anne GUICHON
Eulalie SOULIGNAC, diplômée
en Ingénierie de formation, a
rejoint l’équipe du CDRE en
janvier 2013, afin de développer
des formations innovantes et
adaptées aux besoins de nos
clients.
Pour
conclure...
José LALEEUW,
Directeur Général du G.A.P.
Cette année encore, les rapports d’activité des Associations Partenaires sont regroupés dans une même
édition. Cela donne une idée de la diversité des modes d’accueil, de la singularité, de la capacité
d’adaptation et d’évolution de chaque association, de la préoccupation permanente de l’amélioration de la qualité.
La lecture attentive que vous avez faite, vous a, sans doute, apporté les réponses à vos questions :
- Qui sont les jeunes accueillis ?
- Que font -ils dans nos services ?
- Quel est le travail des professionnels ?
- Pour quels résultats ?
Notre ambition, en rédigeant ce rapport d’activité, est de « faire savoir » le « mal-être » de ces enfants et
adolescents, le « savoir-faire » et « le savoir-être » dont l’ensemble des collaborateurs font preuve pour
que ces jeunes puissent franchir les obstacles.
La réflexion « le GAP, demain » qui s’est engagée en 2013 a permis de réaffirmer notre raison d’être :
« Favoriser la protection, la formation, l’insertion professionnelle, sociale et familiale des jeunes en
difficulté pour les aider à se construire et à s’insérer en tant qu’adultes ».
Renforcer nos liens partenariaux au sein du GAP, avoir la volonté de construire ensemble, de mutualiser
nos « matières grises », voilà quelques clés pour ouvrir les portes de l’avenir.
Glossaire
AAH : Allocation Adulte Handicapé
ADSSEAD : Association de Services Spécialisés pour
Enfants et Adolescents en Difficulté
122 Rapport d’activité 2013
DEAF : Diplôme d’Etat d’Assistant Familial
DEES : Diplôme d’Etat d’Educateur Spécialisé
DIF : Droit Individuel à la Formation
DRE : Dispositif de Réussite Educative
EESTS : Ecole Européenne Supérieure en Travail
Social
EPDSAE : Etablissement Public Départemental de
Soins, d’Adaptation et d’Education
ALSES : Acteur de Liaison Sociale
l’Environnement Scolaire
ANESM : Agence Nationale de l’Evaluation et de
la qualité des Etablissements et Services
sociaux et Médico-sociaux
APR : Action Prioritaire Régionale
ARACT : Agence Régionale pour l’Amélioration
des Conditions de Travail
ESSMS : Etablissement ou Service Social ou
Médico-Social
ASE : Aide Sociale à l’Enfance
FDAJ : Fond d’Aide aux Jeunes
CAE : Contrat d’Accompagnement à l’Emploi
FJT : Foyer des Jeunes Travailleurs
CAFERUIS : Certificat d’Aptitude aux Fonctions
d’Encadrement et de Responsable
d’Unité d’Intervention Sociale
IDF : Innovation Développement Formation
MDPH : Maison Départementale des Personnes
Handicapées
MECS : Maison d’Enfants à Caractère Social
MJC : Maison des Jeunes et de la Culture
REAAP : Réseau d’Ecoute, d’Accompagnement
et d’Appui des Parents
dans
CCAS : Centre Communal d’Action Sociale
CEF : Centre Educatif Fermé
CHSCT : Comité d’Hygiène, de Sécurité et des
Conditions de Travail
CPAM : Caisse Primaire d’Assurance Maladie
CPI : Centre de Placement Immédiat
CPOM : Contrat Pluriannuel d’Objectifs et de
Moyens
CSAPA : Centre de Soins, d’Accompagnement
et d’Appui aux Parents
SAMAD : Service d’Aide
Domicile
et
de
Maintien
PEGD :
Projet Educatif Global Départemental
PJJ : Protection Judiciaire de la Jeunesse
UEMO : Unité Educative en Milieu Ouvert
à
Groupement des Associations Partenaires www.legap.fr
87 rue du Molinel 59700 MARCQ-EN-BAROEUL 03 20 99 91 60
A.M.E.
55 rue Marie Curie
59553 LAUWIN-PLANQUE
03 27 95 88 51
LA BOUÉE DES JEUNES
318 Boulevard Pasteur
59500 DOUAI
03 20 99 91 60
LE GÎTE
4 rue Salvador Allende
59290 WASQUEHAL
03 28 33 61 33
LES MOUTATCHOUS
64 rue du Maréchal Leclerc
59482 HAUBOURDIN
03 20 44 02 88
C.D.R.E
87 rue du Molinel
59700 MARCQ-EN-BAROEUL
03 20 99 66 01

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