Numéro 1087 - Jardin de Nantes

Transcription

Numéro 1087 - Jardin de Nantes
Thème : Histoire
-
Date : 7 août 2000
LES RENDEZ-VOUS
DE L'ERDRE
Les Rendez-Vous de l'Erdre auront lieu
les 1er, 2 et 3 septembre. Dans le cadre de cette manifestation, la Maison
de l'Erdre accueillera une exposition
de Titouan Lamazou
"CARNETS DE VOYAGE"
du 31 août au 25 septembre.
-
N° 1087
ORIGINES DES
NOMS DE GENRE DE
Q U E LQ U E S AR B R E S
OU ARBUSTES
DE TEMPS EN TEMPS, NOUS NOUS POSONS DES QUESTIONS SUR L’ORIGINE DE CES NOMS DE PLANTES SI DIFFICILES À RETENIR. LES NOMS
DE GENRE SONT PARFOIS UNE DESCRIPTION DE LA PLANTE (EX: SALIX = DE SALIRE, «SAILLIR», C’EST-À-DIRE CROÎTRE RAPIDEMENT). CE
SONT AUSSI, D’AUTRES FOIS, DES NOMS ANCIENS UTILISÉS DÉJÀ PAR LES GRECS, LES ROMAINS OU LES GAULOIS (EX: BETULA = DU MOT
GAULOIS BETO). ILS ONT QUELQUEFOIS UN LIEN AVEC LA MYTHOLOGIE (EX: BACCHARIS = DÉDIÉ À BACCHUS, CETTE PLANTE ÉTANT CENSÉE COMBATTRE LES RÉSULTATS DE L’IVRESSE...). D’AUTRES NOMS DE GENRE SONT LA TRANSCRIPTION DU MOT UTILISÉ PAR LES HABITANTS DE LA RÉGION D’ORIGINE (EX: CATALPA = NOM DONNÉ À L’ARBRE PAR LES INDIENS DE LA CAROLINE). ET ENFIN, DE
NOMBREUX NOMS DE GENRES ET D’ESPÈCES SONT DÛS À L’HOMMAGE RENDU PAR LES BOTANISTES À DES CONFRÈRES
BOTANISTES, DES NATURALISTES OU DES PROTECTEURS...
Je vous propose d’évoquer, à l’aide
de Jacques Brosse et de son superbe et très complet «Larousse des
arbres et des arbustes», quelquesuns des personnages qui ont laissé
leur nom à des arbres ou arbustes
que nous cotoyons dans tous les
jardins.
Ainsi qui se souviendrait de la
Grande-Duchesse Anna Paulownia
(1795-1865), fille du tsar de toutes
les russies, Paul 1er ? Elle épousa
Guillaume, Prince d’Orange et devint ainsi reine des Pays-Bas, lorsqu’il monta sur le trône sous le nom
de Guillaume II. Le botaniste voyageur Philipp Franz von Siebold
(1796-1865), au service de la Hollande, envoyait les plantes qu’il collectait au Japon au Jardin Botanique de Leyde. Lorsqu’il découvrit au
Japon cet arbre magnifique originaire de Chine, il pensa à s’attirer
les faveurs de ses souverains en le
dédiant à la reine, sous le nom de
Paulownia imperialis, le nom d’espèce
rappelant l’origine impériale de la reine...
Peu de femmes ont ainsi marqué les
noms de genre. Rappellons Hortense
Lepeaute, fille du célèbre horloger
suisse Jean-André Lepeaute, ami du
botaniste
français
Philibert
Commerson (1727-1773). Il lui dédia
une variété d’Hydrangea macrophylla
qu’il découvrit lors de son tour du
monde sur la Boudeuse, commandée
par Bougainville. Plus tard, les
Lepeaute étant oubliés, on voulut voir
dans ce nom un hommage à Hortense
de Beauharnais, belle-fille de Napoléon 1er, mais ceci est chronologiquement impossible. Le genre Hortensia
n’existe plus, il a été rattaché par de
Candolle vers 1810 au genre
Hydrangea. L’hortensia reste cependant le nom populaire des variétés à
grosses fleurs issues de Hydrangea
macrophylla et de H. serrata.
Le botaniste Robert Brown dédia au
docteur Clarke Abel (1780-1826),
médecin de l’ambassade britannique
à Pékin, l’arbuste que celui-ci découvrit dans les jardins chinois. Il le
nomma donc Abelia chinensis.
Robert Brown
Le naturaliste amateur Filippo degli
Albizzi rapporta l’arbre à soie de Turquie en 1745. Son compatriote, le bo-
taniste Antonio Durazzini lui dédia
l’arbre sous le nom d’ Albizzia
julibrissin, le nom d’espèce étant le
nom persan de cet arbre originaire
d’Iran.
voyages du suédois Carl Peter
Thunberg (1743-1828). Celui-ci lui
dédia, sous le nom de Deutzia, l’arbuste qu’il découvrit au Japon à la fin
du 18ème siècle.
Linné donna au Buddleia le nom
d’un naturaliste amateur, le médecin Adam Buddle (1660-1715).
Le voyageur espagnol Escallon découvrit dans les Andes au 18ème siècle l’arbuste auquel Don José
Celestino Mutis (1732-1808) donna le
nom d’Escallonia.
Chacun sait que le Camellia
japonica doit son nom au jésuite
missionnaire Georg Joseph Kamel,
originaire de Brno en Moravie, à qui
Linné dédia cet arbuste typiquement
«nantais». Mais c’est à partir du travail de description d’Englebert
Kaempfer que le botaniste suédois
situa le Tsubaki dans la classification binominale. Le père Kamel, n’a
sans doute jamais vu un Camellia,
celui-ci ne poussant pas aux Philippines où il accomplit l’essentiel de
son activité missionnaire.
Un autre végétal typiquement «nantais», le Magnolia, doit son nom à
un français, Charles Plumier, frère
minime et botaniste du roi, qui créa
le genre en rendant hommage à un
directeur du jardin botanique de
Montpellier, Pierre Magnol (16381715). On doit aussi au frère Plumier le genre Begonia; le frangipanier (Plumiera) lui est dédié.
Le père Armand David (1826-1900),
encore un religieux missionnaire,
découvrit l’arbre aux mouchoirs
dans les montagnes de l’Ouest de
la Chine en 1871. Le botaniste
Baillon lui donna son nom. Le père
David parcourut la Chine pendant
13 ans, envoyant plus de 2000 espèces nouvelles au Museum d’histoire naturelle, dont certaines portent son nom ou son prénom: outre
Davidia involucrata, on lui doit ainsi
Prunus davidiana, Pinus armandi,
Acer davidii, Buddleia davidii,
Keteleeria davidiana, Hydrangea
davidii, Stranvaesia davidiana.
L’oranger du Mexique, Choysia
ternata, porte le nom du botaniste
genevois J. D. Choisy, à qui il fut
dédié par K. S. Kunth, chargé par
Humboldt de classer les plantes
rapportées d’Amérique par
Bompland et lui-même.
Johann van der Deutz, d’Amsterdam, soutenait financièrement les
Le genre Forsythia fut créé par le norvégien Martin Vahl (1749-1804) en
l’honneur de l’horticulteur anglais
William Forsyth, surintendant du Jardin des Apothicaires à Chelsea, puis
des Jardins Royaux de Kensington et
de Saint-James.
Le médecin et botaniste suisse
Leonhard Fuchs (1501-1565) n’a ja
Carl Peter
Thunberg
mais vu un Fuchsia! Ce genre a été
créé plus tard, en son hommage par
le frère Plumier (1646-1704), pour
l’espèce qu’il avait ramené des Antilles, Fuchsia triphylla.
La première corète du Japon a été
envoyée par Thunberg au Jardin du
roi à Paris en 1784. Mais c’est à un
découvreur anglais, William Kerr, attaché aux Kew Gardens, que fut dédié Kerria japonica par A. P. de Candolle. Le nom de corète est dérivé de
Corchorus, l’ancien nom du genre.
Le Lilas des Indes pousse bien en
Inde, mais il est originaire du centre
de la Chine! Linné lui dédia le nom du
suédois Magnus von Lagerstroem
(1691-1759), directeur de la Compagnie suédoise des Indes, qui lui fit parvenir de nombreuses plantes indiennes et introduisit Lagerstroemia indica
en Angleterre en 1747 et en France
vers 1760.
Les deux frères Lavater, médecins et
naturalistes suisses au 17ème siècle,
correspondaient avec Tournefort qui
leur dédia le genre Lavatera.
L’américain William Maclure (17631840) est plus connu par l’arbre que
lui a dédié son compatriote Thomas
Nuttal (1786-1859) que pour ses travaux de géologue... L’Oranger des
Osages (Maclura aurantiaca) porte le
nom d’Indiens, apparentés aux Sioux,
qui utilisaient son bois pour fabriquer
des arcs et la couleur jaune extraite
de ses fruits pour se teindre le visage
et le corps.
Le botaniste Thomas Nuttal a aussi
séparé le genre Mahonia du genre
Berberis. Les Mahonia, eux, ne portent pas d’épines. Ces arbustes sont
dédiés à l’horticulteur de Philadelphie
Bernard M’Mahon (1775-1816).
Les premiers pieds d’acacias ont été
semés un peu avant 1600 dans son
jardin expérimental de l’île de la Cité
à Paris par Jean Robin (1550-1629),
«arboriste» des rois Henri III et Henri
IV. Ces graines lui avaient été envoyées de Virginie par son ami John
Tradescant. Un exemplaire près de
l’église Saint-Julien-le-Pauvre et un
autre dans l’actuel Jardin des Plantes
seraient encore visibles à Paris. Tournefort, puis Linné ont rendu hommage
à Jean Robin en donnant à cet arbre
son nom de Robinia pseud-acacia.
Le botaniste suédois Thunberg distingua le Weigelia du genre Diervilla. Il
lui donna le nom de son confrère allemand C. E. von Weigel (1743-1831),
professeur de botanique à l’université
de Greifswald, en Poméranie prussienne.
Le genre Sequoia fut constitué par le
botaniste allemand Stephan Ladislas
Endlicher (1804-1849) en l’honneur de
George Gist (1770-1843), un indien
métis
surnommé
Sequoyah
(=oppossum en cherokee). Partisan
de la coopération avec les Blancs, et
pour faciliter les rapports, Sequoyah
mit au point une transcription alphabétique de la langue de son peuple. Il
n’en périt pas moins assassiné par les
Blancs lors de la destruction de sa
tribu...
BENOÎT LESNE
D'accord... pas d'accord... mais encore ...? 02.40.41.64.16 D'accord... pas d'accord... mais encore ...? 02.40.4

Documents pareils