Gysbrecht Leytens, Paysage d`hiver avec gitans et patineurs

Transcription

Gysbrecht Leytens, Paysage d`hiver avec gitans et patineurs
17e siècle
Fiche d’œuvre/
Gysbrecht Leytens (Anvers, 1586 – 1656)
Paysage d'hiver avec gitans et patineurs, non daté
Paysage d'hiver avec gitans et patineurs
non daté
Huile sur bois
80 x 123 cm
Collection Cacault, achat, 1810
Inv. : 502
L’œuvre
La construction du paysage
La composition structure le paysage autour d'un arbre aux branches foisonnantes et aux formes fantastiques, s'éloignant
ainsi d'un réalisme trop affirmé pour mieux rendre cette poésie particulière qui semble appartenir à un autre univers.
A droite, le paysage s'ouvre sur la rivière gelée et sur l'alignement des rangées d'arbres, donnant une grande profondeur
au tableau. C'est le domaine des patineurs et des demeures paysannes, connu et rassurant. A gauche, les arbres
dessinent des formes inquiétantes, comme les silhouettes noires des oiseaux, et au premier plan on aperçoit une diseuse
de bonne aventure. Il s'agit d'un univers moins familier, plus sauvage. L'artiste semble ainsi apposer deux mondes
différents, unis cependant par ce même manteau neigeux qui recouvre tout et rend imperceptibles les limites entre le ciel
et la terre. Le peintre s'est plu à jouer des mêmes tonalités de blancs, délicatement rehaussés par le noir des ombres et
des branches.
Ce tableau possède un fort pouvoir d'évocation : le paysage devient le support d'une rêverie…
Le paysage, le réalisme et l'idéal
Au 15e siècle, le paysage apparaît tout d'abord fragmenté, vu à travers des fenêtres ou des arcades, au sein d'une
composition religieuse. Puis ces vues du monde naturel ou urbain s'élargissent peu à peu, et s'étendent plus facilement
du premier plan jusqu'à l'arrière-plan des tableaux.
Les paysages du 17e siècle adoptent un point de vue élevé, panoramique, ainsi qu'une « perspective atmosphérique »
rendue possible grâce aux subtilités de la peinture à l'huile : lorsque l'on s'éloigne vers la ligne d'horizon, les couleurs
modifiées par l'atmosphère se teintent de bleu (premier plan avec des dominantes chaudes ocre-brun, second plan avec
des verts et des lointains dans les gris-bleuté) et les formes sont moins détaillées.
Une spécialisation croissante des peintres est accompagnée de la création de sous genres : paysages ruraux, paysages de
neige (comme on peut le voir ici avec Gysbrecht Leytens), marines, etc.
Vie de l'oeuvre
Cette œuvre a fait partie de la collection Cacault avant d'être acquise, comme de nombreuses autres œuvres des
collections du musée de beaux-arts de Nantes, en 1810.
Ce n'est qu'en 1953, que Luc Benoist fait le lien entre l'œuvre de Leytens et le tableau présent dans les collections de
Nantes.
Musée des beaux-arts de Nantes / Service des Publics
L’artiste
La vie de Gysbrecht Leytens est incertaine et très peu documentée.
Peintre paysagiste de l’école flamande, il est dans un premier temps l’élève de Jacques Vrolyck à Anvers en 1598 et entre
dans la Guilde des peintres d'Anvers en 1611. Il a quelques élèves documentés entre 1617 et 1627 et comme bien
d'autres peintres néerlandais, il s'intéresse aussi à la poésie (il est membre de la célèbre chambre de réthorique
anversoise “ De Olijftak”) et occupe un poste de capitaine de la garde civile.
A la manière de nombreux artistes flamands et hollandais, le paysagiste Gysbrecht Leytens semble avoir développé un
genre dont il s'est fait une spécialité, et dont il s'est peu écarté. Leytens choisit de cultiver un étroit « sous-genre » : celui
des paysages sylvestres hivernaux ou winterkens, dans lequel il parvient à exprimer un sentiment poétique qui lui est
propre.
Musée des beaux-arts de Nantes / Service des Publics