Exemples d`actions en matière de gestion de l`eau en entreprise

Transcription

Exemples d`actions en matière de gestion de l`eau en entreprise
EXEMPLES D'ACTIONS EN MATIÈRE DE GESTION
DE L'EAU EN ENTREPRISE
Dernière révision du document : août 2015
INTRODUCTION
L'étape préalable nécessaire à la mise en place d'actions d'économies d'eau en entreprise est la
réalisation d'un "bilan eau". En effet, avant d'envisager une réduction des consommations en eau (et
donc des rejets), il est primordial de bien les connaitre.
Pour aider les entreprises à analyser leur gestion de l'eau, détecter les problèmes et identifier
les actions correctives, la Cellule des Conseillers en Environnement de l’UWE a élaboré une
méthodologie d'autodiagnostic de la gestion de l'eau en entreprise.
Elle est téléchargeable gratuitement sur le site www.environnement-entreprise.be (rubrique
"boite à outils")
Mais une bonne gestion de l'eau en entreprise va également de pair avec un suivi efficace des coûts et
des quantités. En effet, s'il n'y a pas de suivi régulier, le temps mis pour détecter une éventuelle fuite
peut être très important car il est lié au système de facturation (basé sur des provisions mensuelles et
une facture de régularisation annuelle).
De plus, un relevé régulier du compteur permet non seulement détecter rapidement des
dysfonctionnements et fuites éventuelles, mais aussi de vérifier l’impact positif des actions
d’amélioration mises en œuvre.
La Cellule des Conseillers en Environnement de l’UWE a élaboré un tableur (format Excel) de
suivi des consommations d'eau.
Celui-ci permet d'encoder toutes les informations pertinentes en ce qui concerne la gestion
de l'eau (consommations, coûts, …) et d'obtenir des tableaux de synthèse et des graphiques
d'analyse de ces informations.
Il est téléchargeable gratuitement sur le site www.environnement-entreprise.be (rubrique
"boite à outils")
Une fois le diagnostic posé et la procédure de suivi des consommations (et des coûts) mise en place, des
mesures simples peuvent être prises afin de limiter la consommation d’eau de l’entreprise et réduire son
impact sur l'environnement.
Même si chaque cas est spécifique, il est possible d'identifier une série d'actions pertinentes que nous
avons regroupées en 3 thématiques dans la suite du document :
l'approvisionnement en eau
le rejet d'eau usée
l'eau pluviale
Exemples d'actions en matière de gestion de l'eau en entreprise (août 2015)
1
L'APPROVISIONNEMENT EN EAU
FAIRE LA CHASSE AUX FUITES
La surveillance des fuites d'eau est indispensable car celles-ci peuvent occasionner des coûts importants
pour l'entreprise. En effet, la détection rapide d'une fuite permet de remédier immédiatement à
d'éventuels dysfonctionnements sans attendre la facture de régularisation pour s'apercevoir du
problème.
Si une mauvaise fermeture d'un robinet entraine un écoulement à raison d'un litre par
minute, cela représente une perte de 525 m³ d'eau par an!
Quelques exemples de fuites
Quantité d'eau
gaspillée (estimation)
Coût évalué
(3,7 €/m³ TTC)
Goutte à goutte
4 l/h → 35 m³/an
130 €/an
Fuite à la chasse du WC
25 l/h → 219 m³/an
815 €/an
Filet d'eau
63 l/h → 552 m³/an
2 055 €/an
Forte fuite
(ex.: soupape de sécurité de boiler défectueuse)
170 l/h → 1 490 m³/an
5 550 €/an
Des économies peuvent donc déjà être envisagées par un contrôle régulier des fuites et l'installation
d'arrêts automatiques.
L'évaluation des "consommations résiduelles" lors de périodes d'inactivité est
toujours très intéressante. Cela peut se faire par un relevé du compteur en fin
de journée et un autre le matin avant la reprise d'activité, ce qui permet
d'évaluer la quantité d’eau effectivement consommée pendant une période où
celle-ci devrait être quasi nulle.
EVITER LES GASPILLAGES
De manière générale, chaque entreprise a le potentiel de diminuer les volumes d'eau consommée (et
donc d'eau usée rejetée), soit par l'amélioration de son mode de fonctionnement (optimisation du
process, changement de pratiques, …), soit en appliquant les principes de recyclage et réutilisation des
eaux.
Mesures relatives à l’eau "domestique"
Pour de nombreuses entreprises l'utilisation d'eau se limite à des usages de type "domestique"
(sanitaires, douches, arrosages, …). Mais, même pour les entreprises qui consomment énormément
d'eau dans leur process il est nécessaire de travailler sur ces consommations dites "domestiques" car,
d'une part, cela permet de sensibiliser les travailleurs et, d'autre part, les temps de retour sur
investissement peuvent être inférieurs à quelques mois.
Voici quelques exemples d'actions en la matière :
-
Placer des réducteurs de débit (= "mousseurs") sur les robinets ;
-
Installer des robinets à déclenchement/fermeture automatique ;
-
Installer des chasses d’eau à 2 volumes dans les toilettes. En ce qui concerne les anciennes
toilettes, il est possible de remplir partiellement le réservoir d'eau (par exemple avec une
brique ou une bouteille d'eau remplie) afin de réduire le volume d'eau utilisé ;
Exemples d'actions en matière de gestion de l'eau en entreprise (août 2015)
2
-
Privilégier l'usage de l'eau de pluie ;
-
Sensibiliser, impliquer et former les utilisateurs ;
-
…
Mesures relatives à la production
Les investissements peuvent être ici plus conséquents que pour les eaux "domestiques" et nécessiteront
peut-être de repenser le process de fabrication et les méthodes de travail actuelles.
L'adaptation du process reste cependant toujours très spécifique et ne peut généralement pas être
appliquée à tort et à travers (car cela implique toujours une incertitude quant à ses conséquences
pratiques, sur la qualité des produits par exemple). Lorsque de telles mesures peuvent être prises, elles
présentent en principe la plus grande rentabilité/efficacité. En voici quelques exemples :
-
Diminuer le débit/la pression d'eau pour les activités de lavage et nettoyage ;
-
Installer des systèmes de fermeture automatique pour tous les robinets ;
-
Repenser la logique de production et privilégier les bonnes pratiques (exemple : racler et
récupérer les déchets tombés au sol avant un nettoyage à l'eau afin de limiter les matières en
suspension dans l'eau rejetée) ;
-
Favoriser la réutilisation/le recyclage d'eau en interne. Dans certains cas, l'eau utilisée peut
être réemployée dans un autre process au sein de l'entreprise, soit directement
(réutilisation), soit après traitement afin d'atteindre un niveau de qualité requis (recyclage). Si
leur qualité devient médiocre on peut aussi les affecter à un autre usage où la qualité d'eau
peut être moins élevée (nettoyage, sanitaires, arrosage, …). L'avantage est double : réduction
des besoins en eau et diminution du volume d'eau usée rejetée ;
-
Remplacer les circuits dits "ouverts" (refroidissement, lavage, …) par des circuits "fermés" ;
-
Récupérer les eaux de pluie pour leur utilisation dans certaines phases de la production :
lavage de machines, refroidissement, … ;
-
Privilégier le rinçage à contre-courant (les pièces à nettoyer et l'eau propre circulent en sens
opposé, les pièces rencontrent donc toujours de l'eau plus propre que dans l'étape
précédente) qui permet une économie d'eau de près de 40% par rapport au lavage
traditionnel ;
-
Prendre en compte la consommation d'eau dans les critères de choix lors de l'achat de
nouveau matériel ;
-
Sensibiliser, impliquer et former les opérateurs ;
-
…
LE REJET D'EAU USÉE
La connaissance des eaux usées rejetées (volume et charge polluante) est une étape préalable à toute
action de réduction des flux de pollution, notamment afin d'évaluer les traitements adéquats à prévoir.
Des analyses régulières ou en continu permettent quant à elles un suivi de l'évolution des rejets,
notamment lorsque la charge polluante est assez variable.
Une réduction significative du volume et de la charge polluante de l'eau rejetée permet de réduire le
coût d'assainissement et le montant de la taxe sur le déversement des eaux usées industrielles.
Dans de nombreux cas, des actions simples peuvent être mises en place rapidement, grâce à quelques
notions de bon sens (mais toujours en relation avec les objectifs de l'entreprise), en voici quelques
exemples :
Exemples d'actions en matière de gestion de l'eau en entreprise (août 2015)
3
Repenser et optimiser la production pour diminuer les volumes et les concentrations des
effluents. Il peut s'agir par exemple, de la diminution du nombre des changements de production
si ceux-ci entrainent des pertes de matière première (ex.: nettoyage de la ligne nécessaire entre
2 productions différentes, "amorçage" nécessaire à chaque production différente, …) ;
Améliorer les réglages des machines et équipements ;
Sensibiliser et former le personnel, afin de faire évoluer les pratiques et (mauvaises) habitudes
des travailleurs ;
Limiter la production de déchets à la source (chutes de matières liquides ou solides) et éviter
que ceux-ci se retrouvent dans les canalisations. Cela constitue non seulement une perte de
matières brutes mais contribue aussi à l'augmentation de la charge polluante des effluents, ce
qui occasionne des surcoûts de traitement et l'augmentation de la taxe liée aux eaux usées
rejetées. Il faut donc envisager la mise en place de systèmes de récupération (goulottes, bacs,…),
adapter les postes de travail ou machines générant des chutes ou mettre en place de grilles au
niveau des points d'évacuation d'eau ;
Mettre en place une mesure en continu des paramètres de rejet (= "autosurveillance") afin
d'être averti rapidement d'une perte de matière et réagir en conséquence avant son rejet ;
Entamer une réflexion globale sur le nettoyage au sein de l'entreprise :
o
Utiliser des produits de nettoyage qui, à efficacité équivalente, sont moins polluants
d'achat de nouveaux produits) ;
o
Automatiser les opérations de nettoyage qui sont réalisées quotidiennement, par
exemple dans l'agro-alimentaire en installant des systèmes "Clean in Place" (CIP) qui
permettent entre autres d'optimiser les quantités de détergents utilisés ;
o
Aménager les surfaces à nettoyer et les procédures en vigueur (ex.: plusieurs
nettoyages au cours de la journée de production permettent de récupérer les déchets
dès leur production ;
o
Concevoir les surfaces lavées régulièrement de manière à faciliter leur nettoyage, que
ce soit les sols, les machines (recoins, démontage de pièces, …) ou d'autres éléments du
process (cuve de stockage, …). Une surface facile à nettoyer entraine une diminution des
consommations de produits de nettoyage et d'eau (et donc une diminution des rejets) ;
Envisager la réutilisation de l’ensemble ou d'une partie des eaux usées (éventuellement après
traitement préalable) pour d'autres usages au sein de l'entreprise ;
Installer une unité de pré-traitement des eaux usées avant de les rejeter dans le réseau
d'égouttage public ou dans le milieu naturel afin notamment :
-
D'éliminer les matières en suspension ;
-
D'éviter la dilution de pollution au fur et à mesure de son transit dans les canalisations ;
-
De préserver les ouvrages en aval du traitement (veiller à la qualité du rejet mais aussi au
débit admissible) ;
Attention, ces ouvrages (dégrilleur, dégraisseur, séparateur d'hydrocarbures, …) doivent
être suivis et entretenus régulièrement afin de rester efficaces dans le temps.
Installer un système de traitement (biologique, physico-chimique, …) de l'eau avant son rejet
afin d'éliminer la pollution, soit complètement, soit en partie et suffisamment pour respecter les
limites admissibles pour le milieu récepteur (milieu naturel ou station d'épuration publique) ;
…
Exemples d'actions en matière de gestion de l'eau en entreprise (août 2015)
4
L'EAU PLUVIALE
LA RÉCUPÉRATION DES EAUX PLUVIALES
L'eau de pluie peut être envisagée comme source alternative d'approvisionnement et permet en plus de
réduire l'impact lié au captage ou à la distribution d'eau. Si elle présente l'avantage d'être gratuite, ses
principaux inconvénients sont :
Le coût initial des installations (réseau de collecte, dispositifs de stockage, systèmes de
traitement, …) ;
Les quantités irrégulières pouvant être récoltées dans le temps ;
La qualité variable.
A titre indicatif, en Wallonie, 1 m² de toiture permet de récolter entre 700 et 900 litres
d'eau par an… mais on ignore cependant la répartition des précipitations sur l'année.
L'eau de pluie est faiblement minéralisée et légèrement acide mais peut être polluée par certains
éléments présents dans l'air ou entrainés lors de la collecte, notamment si l'eau provient de toitures, de
zones asphaltées ou de réseaux routiers (présence de poussières, huiles, sel d'épandage, …).
En fonction de son utilisation, un traitement adéquat sera éventuellement nécessaire, par exemple pour
atteindre les critères de qualité requis par les process.
En général, l'utilisation d'eau de pluie se limite à des activités exigeant de l'eau "propre", mais qui ne doit
pas obligatoirement présenter la même qualité que l'eau potable, comme par exemple : l'utilisation pour
les sanitaires, le nettoyage (atelier, machines, véhicules, …), le refroidissement, …
Afin de remédier au problème de disponibilité dans le temps, il est possible de construire des bassins
tampon pour le stockage de l'eau collectée, mais cela représente un investissement financier non
négligeable.
Au final, les coûts importants liés à la collecte, au stockage et au traitement éventuel font que
l'utilisation d'eau de pluie comme source alternative ne se justifie pas toujours d'un point de vue
économique, d'autant plus si il existe déjà un approvisionnement via un captage d'eau.
4 paramètres conditionnent la taille d'un réservoir de stockage d'eau pluviale :
- la quantité de précipitations et leur répartition
- la superficie et la nature de la surface raccordée
- la consommation estimée
- le pourcentage du temps durant lequel on peut/veut satisfaire à la demande
d'eau avec l'eau de pluie disponible
LA GESTION DES REJETS D'EAU PLUVIALE
La gestion des rejets d'eau pluviale répond à deux difficultés majeures : leur pollution et la gestion des
volumes qui provoquent souvent des problèmes d'évacuation dans les réseaux d'égouttage et les cours
d'eau.
Pour remédier à cela, plusieurs solutions sont possibles :
Limiter au maximum les surfaces affectées aux voies de communication, aux aires de
stationnement et de stockage et privilégier des matériaux semi-perméables ou perméables
pour leur aménagement (ex.: privilégier des pavés spéciaux au lieu d'asphalte afin de laisser l'eau
de pluie s'infiltrer dans le sol, …) ;
Favoriser la perméabilité des surfaces extérieures c'est limiter le volume d'eau rejeté dans
le réseau ou le milieu naturel et donc diminuer le coût de traitement des eaux pluviales.
Exemples d'actions en matière de gestion de l'eau en entreprise (août 2015)
5
Prévoir un dispositif d'infiltration des eaux de ruissellement (ex.: canaux d'infiltration) pour les
surfaces dont l'asphaltage ne peut être évité ;
Végétaliser les toitures des bâtiments (même sur des surfaces peu porteuses ou en pente).
Outre son rôle drainant, cette technique présente aussi l'avantage de constituer un isolant
thermique naturel diminuant les coûts de chauffage et de climatisation ;
Utiliser des méthodes de récupération et d'absorption des eaux de pluie comme le fossé ou la
noue. Cela aura aussi pour effet d'améliorer le cadre de vie de l'entreprise, tout en enrichissant
le milieu ;
Une noue est une sorte de fossé peu profond et large, végétalisé, qui recueille
provisoirement de l'eau, soit pour l'évacuer via un trop-plein, soit pour l'évaporer
(évapotranspiration) ou l'infiltrer sur place. La noue absorbe donc les pics de
ruissellement sans envoyer l'eau vers l'aval où elle contribuerait aux inondations.
Stocker l'eau de pluie dans un bassin tampon (qui peut aussi servir de système de récupération
pour un usage en interne) lorsqu'elle ne peut s'infiltrer dans le sol. Cela fera office de rétention
d'eau pendant les périodes de précipitations et l'écoulement retardé de l'eau participera à la
limitation des inondations (évacuation progressive de l'eau) ;
Un bassin ou une cuve de rétention des eaux de pluie peut constituer la première
réserve d’eau utilisée par les pompiers en cas l’incendie
Prendre toutes les précautions nécessaires afin de limiter les risques de contamination des eaux
de pluie par des matières polluantes (résidus de carburants, traces d’huiles, …) en cas de fortes
précipitations :
- stocker les matières polluantes en extérieur sous abri ou dans des cuves fermées et étanches ;
- éviter le stockage de substances près des avaloirs et systèmes d’évacuation ;
- installer un débourbeur et un séparateur d’hydrocarbures sur le système de collecte et
d'évacuation des eaux ;
- …
De plus en plus, il est demandé que le rejet d'eau de pluie soit séparé des eaux
usées car les stations d'épuration des eaux usées, qui doivent traiter de grandes
quantités d'eau de pluie, peuvent être soumises à une surcharge hydraulique
ayant pour conséquence un rendement d'épuration moindre.
DOCUMENTS UTILES
"Economiser de l'eau dans les entreprises alimentaires"
(2010 - Fevia Wallonie - www.fevia.be)
Guide de la gestion de l'eau en entreprise (2009 – Les
Chambres de Commerce et d'industrie de Bretagne)
-----------------------------------------
Document réalisé par :
Union Wallonne des Entreprises
Chemin du Stocquoy 3 - B-1300 WAVRE
Tél : 010/47.19.43
[email protected]
www.environnement-entreprise.be
Avec le soutien de :
Exemples d'actions en matière de gestion de l'eau en entreprise (août 2015)
6

Documents pareils