Macbeth en forêt

Transcription

Macbeth en forêt
Théâtre
Macbeth en forêt
Shakespeare / Hervée de Lafond et Jacques Livchine
Durée : 1h50
à partir de 14 ans
Catégorie B
Contact secteur éducatif : Maud Cavalca / 03 84 58 67 56 / [email protected]
Réservations : 03 84 58 67 67 / [email protected]
Jeudi 25 septembre à 20h
Vendredi 26 septembre à 20h
Samedi 27 septembre à 20h
en forêt départ en bus du granit à 19h15
Sommaire
Distribution .............................................................................................................................................. 3
Présentation ............................................................................................................................................ 4
Note d’intention .................................................................................................................................. 4
Repères biographiques ............................................................................................................................ 6
Le théâtre de l’Unité............................................................................................................................ 6
Hervée de Lafond, metteure en scène ................................................................................................ 6
Jacques Livchine, metteur en scène .................................................................................................... 7
Activités préparatoires ............................................................................................................................ 8
Le contexte de la pièce ........................................................................................................................ 8
Tragedy or not tragedy ? ..................................................................................................................... 9
Le théâtre élisabéthain ...................................................................................................................... 10
Après la représentation ......................................................................................................................... 11
Remémorations et impressions......................................................................................................... 11
La distribution.................................................................................................................................... 11
L’espace scénique .............................................................................................................................. 11
Les autres Macbeth ........................................................................................................................... 11
Postérité des œuvres shakespeariennes ........................................................................................... 12
La presse en parle.................................................................................................................................. 13
Conseils bibliographiques ...................................................................................................................... 16
Les conseils bibliographiques de Jérôme Hankins ............................................................................ 16
Quelques liens utiles ......................................................................................................................... 16
Distribution
Texte
Shakespeare
Mise en forêt
Hervée de Lafond et Jacques Livchine
Passage de l’anglais shakespearien en langue française
Jacques Livchine
Avec
Macbeth
Panxo Jimenez
Lady Macbeth, sorcière, messager
Catherine Fornal
Banquo, un messager
Xavier Chavari ou Fabien Thomas
Macduff
Eric Prévost
Malcolm, fils du roi
Max Bouvard ou Vincent Jeudy
Le roi d'Ecosse Duncan, un messager
Jacques Livchine
Lennox, un messager
Youssri el Yaakoubi
Sorcière, Lady Macduff, un messager
Julie Cazalas
Le portier, l’enfant, un messager
Ludovic Estebeteguy
Guide accompagnatrice
Hervée de Lafond
Création lumière
David Mossé, Benjamin Dreyfus, Paul
Deschamps
Effets spéciaux
Panxo Jimenez
Costumes
Maud Mitenne
Régie
Benjamin Dreyfus, Paul Deschamps
Spectacle soutenu par la Drac Franche -Comté, le ministère de la Culture, la région Franche-Comté, le
conseil général du Doubs, la mairie d'Audincourt, et PMA (l'hébergement des comédiens).
Tenue de randonneur conseillée.
Dossier réalisé à partir du dossier pédagogique réalisé par le réseau SCÉRÉN en partenariat avec la
MC93 à Bobigny et coordonnée par le CRDP de l’académie de Paris.
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Présentation
Le général écossais Macbeth croise des voyantes dans la forêt qui lui font la prédiction qu'il sera roi.
Poussé par sa femme, Lady Macbeth, il assassine le vieux roi Duncan et prend sa place. Excité par le
goût du pouvoir, il commence la liquidation physique de tous ses ennemis, mais est ravagé par le
remords, il terminera comme tous les tyrans. Mais après ? That is the question.
Note d’intention
Encore un Shakespeare ! Une nouvelle mise en scène de Macbeth ? Mais quel intérêt ? Tout a été dit.
Pourquoi faire du neuf avec du vieux ?
Nous n'avons pas de complexes, sur 50 mises en scène, L'Unité n'a monté que 5 classiques : 1 Gogol,
1 Tchekhov, 3 Molières.
Et tels les alpinistes qui se doivent d'ajouter des nouvelles cimes à leur palmarès, depuis plus de vingt
ans nous rêvions d'un Shakespeare.
Les grands classiques ont ceci de particulier, c'est qu'ils sont impénétrables et renferment en eux des
mystères, des complexités qui rendent la tâche du metteur en scène exaltante.
Macbeth est une pièce de folie, parce qu'il y a le goût du pouvoir, avec l'idée que tous les moyens
sont bons pour le prendre, et pour le garder, et que peu à peu le goût du sang rend fou.
Il y a le rôle de cette femme très mystérieuse qui pousse Macbeth au crime, et va s'en repentir
jusqu'à se suicider, il y a le Macbeth tyran qui va chuter, il y a le rôle des forces occultes, les sorcières
mais que l'on peut appeler voyantes ou même conseillères politiques.
Et puis il y a aussi un homme sans descendance et sa femme qui l'asticote sans arrêt "vous n'êtes pas
un homme".
La pièce est d'une modernité absolue, c'est un véritable outil de décryptage de la vie politique
actuelle.
Notre choix dramaturgique primordial se résume en deux syllabes : FO-RÊT
Pourquoi la forêt ?
Parce que le théâtre du Globe laissait apparaître le ciel, et que ce demi-plein air est très important
dans les pensées de Shakespeare.
La forêt la nuit ? Parce que c'est le lieu de tous les phantasmes, parce que la sombre forêt fait peur la
nuit. Parce que le son y est excellent et que l'on peut vraiment trouver la magie de l'apparitiondisparition.
Parce que presque toute la pièce se déroule dans des lieux extérieurs. Nous choisissons l'option
rapidité ; parce que les pièces de Shakespeare étaient jouées en 1h30.
Nous avons ôté tous les doublons qui ne servaient qu'à répéter au public qui allait et venait les
ressorts de l'intrigue.
Nous avons coupé les parties écrites par Middleton, qui manquent de muscle.
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Nous avons fait subir une petite cure d'amaigrissement au texte, car il nous semble bien évident que
le manuscrit retrouvé six ans après la mort de Shakespeare dans le trou d'un souffleur n'était pas la
pièce réellement jouée.
Nous avons re-traduit à notre façon en nous appuyant sur les traductions de Desprats, Marcowitz,
Bonnefoy, Maeterlinck, Heiner Muller, Francois Marie Hugo, André Gide etc.
Nous ne voulons plus entendre cette phrase-couperet : « le théâtre c’est bon quand cela s’arrête ».
Nous avons un souci majeur : l’accessibilité.
Quand Pierre Boulez déclare « les œuvres accessibles sont toujours mineures » nous lui répliquons
« ce n’est pas vrai ». Notre Art consiste à aller du compliqué au simple. Nous avons donc rajouté un
personnage : la guide-accompagnatrice, interprétée par Hervée de Lafond, c’est elle qui éclaire les
scènes et l’œuvre. Elle se glisse dans les interstices pour commenter, souligner, expliquer. Elle joue le
rôle de piment humoristique et a un regard ironique sur l’œuvre.
Jacques Livchine
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Repères biographiques
Le théâtre de l’Unité
Compagnie française née en banlieue parisienne en 1968, elle est professionnelle depuis 1972.
Le théâtre de l’Unité s’est d’abord installé en banlieue parisienne puis Montbéliard pour enfin
s’établir à Audincourt dans l'Est de la France.
La compagnie est reconnue par l'État depuis 1971 et soutenue par toutes les tutelles officielles.
La compagnie est une figure historique des arts de la Rue dont les débuts remontent à 1973. Elle a à
sa tête deux metteurs en scène Jacques Livchine et Hervée de Lafond.
La compagnie a obtenu plusieurs grands prix :
-
Grand prix européen des arts de la Rue en 1973
-
Prix de l'hygiène mentale en 1981
-
Prix de l’Humour noir en 1995
-
Prix de la meilleure mise en scène étudiante en 1993
-
Prix SACD des Arts de la rue en 2011.
La compagnie a été programmée dans le IN dans tous les festivals importants (Avignon, Chalon-surSaône, Aurillac) et a effectué des tournées internationales en Europe mais aussi aux USA, Canada,
Russie, Corée, Chine, Israël, Australie et Afrique.
La compagnie développe une activité de formation de théâtre de rue « à mains nues » et forme dans
le monde des Brigades d'intervention théâtrale : Israël, Italie, Niger, Haïti, Chili, Niger, Algérie.
La compagnie, outre le théâtre de rue, monte des textes du répertoire comme Molière, Tchekhov
Shakespeare, qu'elle joue dans des lieux naturels insolites. La compagnie a signé environ 60 mises en
scène dont 40 dans la rue.
Hervée de Lafond, metteure en scène
Hervée de Lafond est né en 1944 au Viet Nam. Originaire d’une famille aristocratique de
Chatellerault, elle prend très vite la tangente et devient éducatrice d’enfants caractériels dans un
IMP près de Cergy, puis directrice d’école à Djemilla en Algérie, professeur de cinéma à Paris enfin
elle rencontre le théâtre en 1967.
Christian Dente lui demande d’écrire une pièce pour enfants Zephyrin, berger de nuages qui obtient
un succès immédiat. Ensuite elle fait ses classes au Théâtre des Ouvrages Contemporains à
Vincennes. Elle navigue à tous les postes : lumière, son, costume, maquillage, mise en scène ; elle
apprend le théâtre sous toutes ses formes. Ce sera sa meilleure école. Elle entre dans la profession
comme comédienne au festival d’Avignon dans Le Roi Nu d’Evgueni Schwartz, mise en scène de
Christian Dente.
Elle est ensuite embauchée comme comédienne dans L’Avare and Co mise en scène par Jacques
Livchine. Elle est affligée par la pauvreté de la bande son, elle la refait entièrement. Par la suite elle
se chargera de toutes les bandes sons du théâtre de l’Unité.
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Elle met en scène, seule, trois spectacles pour enfant, au sein du théâtre de l’Unité, Petit paysage
après la pluie d’après Edgar Poe et Paul Klee, Vert d’eau et Le paquebot d’émail bleu.
Ensuite elle écrit et met en scène le spectacle intérieur de la 2CV Théâtre qui fera le tour du monde.
À St Quentin en Yvelines, elle pilote son premier grand spectacle Le plus bel âge de la vie, une scène
de 90m d’ouverture, avec 100 comédiens et choristes, des mots, des autos, un scrapper, un
hélicoptère et un train de marchandise. Elle devient metteur en scène à part entière. Sa spécialité :
les images. À partir de cette date Jacques Livchine et Hervée de Lafond construisent toutes les mises
en scène du théâtre de l’Unité ensemble, chacun étant à tour de rôle et selon les cas, le premier
pilote ou le second.
Elle réinvente avec Jacques Livchine le théâtre de rue et en retrouve peu à peu toutes les règles,
accumulant échecs et succès qui leur apprennent, par force, ce qu’il faut faire ou ne pas faire dans la
rue.
Ils créent ensemble une quantité de spectacles à géométrie variable qu’ils jouent dans le monde
entier, tout en continuant à créer et jouer des spectacles en salle.
Jacques Livchine, metteur en scène
Né en 1943 au Chambon sur Lignon (Haute Loire), son père s’est évadé de Drancy la veille du
premier convoi vers Auschwitz.
Il passe son adolescence à Paris. À 17 ans, il rencontre le théâtre puis obtient une licence de Lettres à
la Sorbonne.
Jacques Livchine veut d'abord devenir géographe, mais ripe vers le théâtre qui est une autre forme
d'exploration du monde.
Il fonde le théâtre de l'Unité en mars 1968 et joue alors dans les lycées et les usines occupées.
Il veut faire du théâtre pour les ouvriers mais déteste le théâtre citoyen car il pense que l'artiste est
un voyeur, voyant, voyou.
Pour lui, l'Art est une arme de construction massive et il se prend pour un fournisseur d'armes
spirituelles à disposition des classes défavorisées de la société. L’Art doit déstabiliser, décoiffer,
décaper.
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Activités préparatoires
Le contexte de la pièce
On date l’écriture de la pièce en 1603 même si l’on pense qu’elle a été jouée en 1606 ; 1603
correspondant à l’avènement de Jacques 1er, roi d’Angleterre. Celui-ci, né en 1566, devient roi
d’Écosse sous le nom de Jacques VI en 1567. Après l’exécution de sa mère Marie Stuart en 1587, il
devient l’héritier d’Elisabeth, reine d’Angleterre. À sa mort, Jacques VI devient Jacques 1er. On
comprend dès lors l’intérêt qu’un dramaturge peut avoir à écrire sur les terres originelles d’un roi.
D’autant plus que dès l’accession au pouvoir de Jacques 1er, la troupe de Shakespeare va changer de
mécène… Elle s’attachera à servir le roi et portera désormais le nom de The King’s Men. Deux autres
indices laissent encore à penser que le dramaturge évoque dans Macbeth, la personne du Roi. Tout
d’abord, la présence des sorcières et ensuite l’emploi du personnage Banquo. En effet, Banquo serait
l’un des aïeux de Jacques 1er et l’on se souvient de ce que les sorcières vont prédire à Banquo.
Ensuite, Les sorcières sont encore une allusion au roi : celui-ci était si fasciné par leur nature ou leur
réalité qu’il en a écrit un traité intitulé Daemonology, paru en 1597.
D’autre part, Shakespeare s’inspire des fameuses Chroniques de Holinshed pour créer Macbeth.
L’origine de ce texte dramatique est donc historique : rappelons ici la définition du mot « chronique ». Le Trésor de la Langue Française nous propose de définir ce substantif de la manière suivante : « Recueil de faits historiques regroupés par époques et présentés selon leur déroulement
chronologique. » Par conséquent, il faut percevoir la pièce, en dehors de certains faits fantastiques,
comme une réécriture à vocation historique : on s’inscrit donc dans une époque et dans un lieu,
marqués par la réalité. C’est ainsi qu’il faut comprendre la mention précise de ces toponymes, mais
également dans les didascalies, la présence du tonnerre ou de la lande.
Demander aux élèves de faire
des recherches sur cette période
de l’histoire en Angleterre.
Repérer sur une carte, les
différents lieux de l’action cités
dans Macbeth.
Amener les élèves à se poser
alors la question de la
particularité de Macbeth :
comment réunir tant de lieux
dans un seul espace ? Habitués
que nous sommes au théâtre
français et notamment aux
auteurs classiques, Macbeth
peut
présenter
certaines
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particularités dans ces didascalies liées aux lieux. Extrêmement précises, elles engendrent certaines
interrogations quant à leur justification et peuvent être à l’origine de contraintes dans la mise en
scène.
L’intrigue se situe donc en Écosse et bien loin d’en donner une vision éthérée, Shakespeare ancre son
intrigue dans un territoire. Macbeth vit à Inverness, ville et port qui ouvre les Highlands. Non loin
d’Inverness, se situe Cawdor, fief du comte qui trahira le roi Duncan. Ce même roi réside dans un
château situé à Forres, ville située un peu plus au nord d’Inverness. Quant à Dunsinane et Fife, les
deux lieux sont situés plus au sud dans les Provinces du Perth et du Fife. Ce sont les lieux qui
marquent la fin de l’intrigue. Shakespeare puise donc dans une réalité géographique et il s’agit pour
lui de marquer l’espace scénique d’un espace concret et inscrit dans le territoire écossais5
La mise en scène que vous allez voir choisi de resserrer l’histoire autour d’événements clés et de
quelques lieux. Ainsi la pièce commence sur le champ de bataille, là où le Général Macbeth combat
les Norvégiens.
Puis lieu 1 : Apparition des sorcières, du Roi, de Macbeth
lieu 2 : Le château de Macbeth.
lieu 3 : La salle du banquet
lieu 4 : La Lande, les spectres
Lieu 5 : Le fort de Dunsinane et la forêt de Birnam
Tragedy or not tragedy ?
Se poser la question du registre de la pièce Contrairement à nos dramaturges classiques,
Shakespeare n’hésite pas à mêler les genres. Quel vocabulaire utilise-t-il ?
Ce sera sans doute l’occasion de rappeler la conception shakespearienne du théâtre : la scène est le
reflet du monde et du monde dans sa globalité, sans distinction ; on pourra ainsi aborder des
éléments de l’esthétique shakespearienne.
La tragédie
La comédie
Une tragédie développe généralement une
action mettant en scène des héros ou des
personnages de rang social élevé, en vue
d’émouvoir et d’instruire le spectateur,
provoquer sa terreur et sa pitié par le spectacle
des passions humaines en lutte entre elles ou
contre le destin. Les personnages s’expriment
sur un ton élevé, et en alexandrins.
La tragédie classique répond à des règles : la
règle des trois unités et la règle des
bienséances ; Elle est composée de cinq actes ;Il
y a une progression dramatique (exposition,
nœud, dénouement).
La comédie (nom masculin et adjectif, du grec
kômos (procession festive en l’honneur de
Dionysos) → comique ; le comique est un
registre littéraire, la comédie est un genre.)
Désigne ce qui provoque le rire, ce qui
caractérise la comédie et le théâtre en général.
Les effets comiques peuvent reposer sur la
rupture de la cohésion du texte (langue et
discours) ou sur la rupture de la cohérence du
texte (organisation, construction globale du
texte).
Le comique de gestes : l’effet comique est
produit par l’interprétation (par exemple :
Structure de la tragédie classique :
mimiques, grimaces, vêtements, accessoires
L’exposition (début de la pièce) : elle « doit → didascalies).
contenir les semences de tout ce qui doit arriver,
Le comique de situation : l’effet comique est
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tant pour l’action principale que pour les
épisodiques, en sorte qu’il n’entre aucun acteur
dans les actes suivants qui ne soit connu par ce
premier, ou du moins appelé par quelqu’un qui y
aura été introduit ». (Corneille). Les spectateurs
doivent connaître les personnages, les lieux,
l’époque et l’intrigue.
Le nœud : « Le nœud est composé, selon
Aristote, en partie de ce qui s’est passé hors du
théâtre avant le début de l’action qu’on y décrit
et en partie de ce qui s’y passe ; le reste
appartient au dénouement. » (Corneille). Le
nœud précise la nature du conflit à résoudre, les
personnages affrontent des obstacles.
Le dénouement : c’est la fin de la pièce. On
résout les problèmes exposés dans le nœud. En
principe, il est malheureux dans la tragédie.
produit par la situation d’un personnage dans
l’histoire qui
est
racontée
(surprises,
rebondissements, coïncidences, retournements,
quiproquos, etc.)
Le comique de mots : l’effet comique est produit
par les paroles (jeux de mots, calembours,
niveaux de langue, répétitions, etc.)
Le comique de caractère : l’effet comique est
produit par la peinture des caractères (traits
moraux propres à une classe d’êtres : vices,
idées).
Le comique de mœurs : l’effet comique est
produit par les usages d’une classe d’hommes ou
d’une époque. C’est la satire d’un
comportement social.
Source : http://www.etudes-litteraires.com/figures-de-style/
Le théâtre élisabéthain
Proposer aux élèves les pistes d’exposés suivantes. – Pour la piste n° 1 : Le théâtre au temps de
William Shakespeare. Faire des recherches concernant le théâtre élisabéthain, consulter notamment
l’encyclopédie Larousse : www.larousse.fr/encyclopedie/personnage/ William_Shakespeare/144080
L’Encyclopédie Larousse détaille, dans cet article, les conditions de représentation du temps de
Shakespeare. Il sera possible d’inviter les élèves à évoquer le rôle de la musique dans les
représentations shakespeariennes et le théâtre élisabéthain. Rappelons la dimension musicale
présente dans Macbeth : il y avait à l’origine deux chansons dans la pièce, chantées notamment par
les sorcières. Autre axe de réflexion important : la représentation de la violence dans ce théâtre. On
pourra demander aux élèves de développer cet axe en s’appuyant sur certaines œuvres de
Shakespeare : Hamlet ou encore Titus Andronicus avec ses viols et meurtres…
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Après la représentation
Remémorations et impressions
De manière chorale, donner ses impressions de spectateur et demander aux élèves d’identifier les
images fortes demeurant en mémoire. Ce sera l’occasion d’interroger les élèves sur les scènes qui
semblent à leurs yeux les plus marquantes.
La distribution
Proposer aux élèves de s’intéresser à la distribution. Comment la compagnie a-t-elle dépassé les
contraintes d’une distribution « foisonnante » ? Qu’est-ce que cela implique ? (nombre de sorcières,
personnages supprimés, comédiens qui interprètent plusieurs rôles…)
L’espace scénique
Le théâtre en forêt implique des choix de mise en scène particulier. L’espace scénique (espace
réservé au jeu des comédiens) est différent de celui d’un théâtre conventionnel.
Qu’est-ce que cela apporte dans la proximité avec le public ?
Les autres Macbeth
Proposer aux élèves d’étudier les photographies suivantes illustrant différentes mises en scène de
Macbeth.
Confronter les mises en scène et notamment leur traitement de l’espace.
Macbeth interprété par Thierry Hancisse, mise en scène de Laurent Pelly, 2013 © POLO GARAT ODESSA
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Macbeth, interprété par Tom Dewispaelere, MCBTH de Guy Cassiers, 2013 © KURT VAN DER ERST/TONEELHUIS
Postérité des œuvres shakespeariennes
Rechercher les adaptations de la pièce, se focaliser sur le domaine cinématographique.
On proposera aux élèves plusieurs axes de travail pour évoquer la postérité de Macbeth. Pour ce
faire, demander aux élèves de retrouver les adaptations de Welles – le film sorti en 1948 dans lequel
Orson Welles joue Macbeth – ou de Roman Polanski – dont le film date de 1971. On pourra
également leur conseiller de développer un travail autour du Château de l’araignée, adaptation de
Kurusawa datant de 1957.
Si l’on peut trouver la version de Welles dans son intégralité sur la toile, le film de Polanski est, lui,
disponible sur Internet en différents extraits articulés autour des séquences du film : la folie de Lady
Macbeth, le meurtre du roi… Cette dernière séquence pourra faire l’objet d’une analyse, d’autant
plus que Roman Polanski met en scène un élément de l’intrigue qui n’est pas montré par
Shakespeare. Une manière de faire réfléchir les élèves sur cette omission shakespearienne.
Au Granit, les élèves pourront, cette année, découvrirent quatre œuvres adaptées et revisitées du
répertoire de William Shakespeare :
-
Théâtre : Macbeth en forêt
-
Danse : Roméo et Juliette, Ballet de Genève
-
Théâtre : Les Clowns, mise en scène François cervantes. Spectacle dans lequel 3 clowns
revisitent le temps d’un acte Le Roi Lear.
-
Théâtre : Please, Continue (Hamlet). Le vrai-faux procès d’Hamlet.
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La presse en parle
C’était pendant l’horreur…d’une profonde nuit !
Le Théâtre de l’Unité monte un Macbeth nocturne en pleine forêt. Lumineux
La pièce écossaise.
Dans le milieu du spectacle, où la superstition n’est jamais loin, voilà comment on appelle Macbeth.
Car prononcer à voix haute le nom du drame en cinq actes de Shakespeare porterait, disent les
théâtreux, malheur… En fait de désagrément, le seul auquel risque de se frotter le spectateur, est ici la
douche… écossaise.
Ce Macbeth, monté par le Théâtre de l’Unité, compagnie basée à Audincourt, sera en effet joué à l’air
libre, de nuit et en pleine forêt. (…) En février dernier, les dix comédiens ont ainsi répété, sur les lieux,
par moins 17° et avec une épaisse couche de neige. « Féerique ! », raconte Hervée. Il y a quelques
jours, le déluge et l’orage se sont abattus sur la « scène ». Mercredi soir, à l’heure de la dernière
répétition du mois, petite pluie fine et température frisquette accompagnaient les évolutions de
Malcolm, Banco et de la terrible Lady Macbeth aux mains ensanglantées.
Le pouvoir rend fou
En fait, cette atmosphère un brin sinistre, la noirceur de la nuit, le silence des bois se marient à
merveille avec la pièce de Shakespeare, toute de fureur, de sang et de larmes. On tremble quand les
fiers guerriers du roi d’Ecosse nous frôlent en hurlant sur un sentier ténébreux, on frissonne quand le
cri du roi assassiné déchire la nuit, on s’ébahit devant les prophéties des sorcières, inquiétantes car
seulement éclairées par le feu du brasier. Plus encore que la violence de la pièce, c’est son côté
surnaturel, magique que sert le jeu dans les bois.
L’idée de ce Macbeth en forêt, le titre officiel, vient de Jacques Livchine, l’autre tête de l’Unité, fasciné
par la violence de la pièce et surtout par le thème, toujours actuel, du « pouvoir qui rend fou ». « On a
aussi envie de jouer des beaux textes », explique sa comparse, qui officie à la mise en scène. « On
aime faire les deux en parallèle : nos bêtises de rue (N.D.L.R. : l’Unité est une plus importante troupe
de théâtre de rue) et les textes classiques ».
À la lueur des torches L’intégralité de la pièce sera jouée mais le texte de Shakespeare a été quelque
peu allégé. « D’abord parce qu’il y avait de grandes tirades qui se prêtaient peu à un jeu en extérieur.
Ensuite car il fallait contenir la pièce dans un délai de temps raisonnable, au maximum 1 h 30 »,
explique Hervée De Lafond. Même s’il bouge pour suivre les différentes scènes, il n’est en effet pas
prévu que le public […] passe sa nuit dans les bois.
Sophie Dougnac, L’Est Républicain, 17/09/2012
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Une balade écossaise en Franche-Comté
Le temps d’une soirée, les spectateurs s’engouffrent dans la forêt montbéliardaise, à la rencontre de
Macbeth et de ses démons.
Nous sommes une bonne centaine ce soir-là, chaudement vêtus, imperméable de rigueur ; le ciel est
menaçant. Nous pénétrons dans la forêt noire monbéliardaise guidés par Hervée de Lafond. Silence et
extinction de nos gadgets électroniques vivement recommandés, nous partons à la rencontre de la
nuit écossaise, celle de Macbeth et de ses tourments. Shakespeare, revisité par Jacques Livchine et
Hervée de Lafond.
On ne présente plus Jacques Livchine. Initiateur du théâtre de rue en France, il fonde sa compagnie Le
Théâtre de l’Unité en 1968. Metteur en scène, auteur, pamphlétaire à ses heures, associé à Hervée de
Lafond, tous deux bousculent allègrement les postulats théâtraux, quitte à se créer au passage
quelques inimitiés. Quand ils prennent la direction de la scène nationale de Montbéliard, ce sera pour
la rebaptiser Centre d’art et de plaisanterie.
C’est aussi bien dans le registre de la tragédie que dans celui du burlesque et de la parodie que
Macbeth nous est présenté. Pour Jacques Livchine, Macbeth est d’autant plus assoiffé de pouvoir et
de puissance que la source de son désir semble tarie. « Tu n’es pas sans ambition, mais il te manque
la dureté ! » lui assène Lady Macbeth. Notre guide, Hervée de Lafond, est aussi la narratrice qui
assure une grande part de la parodie en ne se privant pas de relever quelques similitudes entre la
tragédie de Shakespeare et les déboires d’un pouvoir bien contemporain. De belle manière, tout en
tenant bien son rôle, elle a la lourde charge de respecter le tempo nécessaire au bon déroulement du
spectacle.
Une expérience sensorielle
En cinq tableaux, entrecoupés de nos balades, de la rencontre des sorcières au siège du château de
Macbeth, les comédiens et les techniciens relèvent un superbe défi. Et pour ce faire, ils ont dû répéter
de longues semaines dans des conditions météorologiques souvent défavorables. L’utilisation du feu,
les effets pyrotechniques sont du plus bel effet. Il est malheureusement regrettable que le personnage
de Lady Macbeth soit un peu délaissé, alors que, dans le rôle, la comédienne, Catherine Fornal,
excelle.
Quelle belle idée que de créer un théâtre de forêt aussi loin des parcs d’attractions disneylandisés que
le théâtre de rue l’est de celui de boulevard !
Au-delà de la performance, c’est tout un univers incertain qui s’ouvre pour le spectateur. Une
expérience sensorielle, une mobilisation corporelle, à la limite de l’inconfort, où le frisson du verbe se
mêle à celui de la nature. Merci à toute l’équipe du Théâtre de l’Unité de nous offrir un tel moment de
magie et à Jacques Livchine, lui qui aime tant à dire que l’art est une arme de construction massive.
Guy Flattot, L’Humanité, 3 juin 2013
14
«Macbeth» envoie du bois
La compagnie montbéliardaise de l’Unité présente en forêt sa version «Blair Witch» de la pièce de
Shakespeare. Une curiosité comico-dramatique.
Macbeth donné la nuit, dans les bois. Les spectateurs guidés sur les sentiers à la lueur de torches pour
aller de scène en scène. Le sol gadouilleux, des chants que l’on entend au loin, des gens qui courent
dans l’obscurité, des explosions, des trous que l’on ne voit pas : c’est du théâtre casse-gueule. Et puis,
vers 1 heure du matin, un coup de whisky pour tout le monde parce qu’après tout, Macbeth, c’est la
pièce écossaise de Shakespeare et que, de toute manière, on l’avait bien mérité : il faisait humide
comme dans une piscine.
C’était la générale d’une nouvelle expérience du théâtre de l’Unité, donnée fin mai dans un bois près
d’Audincourt, dans le Doubs. Une pièce proposée par le festival Green Days, organisé par la scène
nationale de Montbéliard et propulsé, comme son nom l’indique, par des envies de nature. […]
L’aventure a commencé, nous dit-on, par une visite. «Shakespeare a cogné à ma porte, je l’ai reçu et
voici ce qu’il m’a dit : "J’ai besoin de toi, Livchine, je veux que tu me montes avant de disparaître, je
suis curieux de savoir ce que tu vas faire de moi. Toi et ta complice, Hervée, pourquoi vous ne fêteriez
pas vos quarante ans ensemble autour d’une de mes pièces ? J’en ai écrit trente-sept, vous avez le
choix".»
Boxon. Car voilà quatre décennies que Hervée et Jacques mettent leur boxon. On ne sait si
Shakespeare avait frappé à la bonne porte, mais les quatre-vingts spectateurs que l’Unité a entraînés
dans sa première randonnée nocturne ont passé un bon moment. […]
C’est un Macbeth très particulier que donne à voir et à entendre l’Unité : le texte a été fortement
élagué et simplifié, ou disons plutôt qu’il reste surtout un squelette didactique. Les décors sont de bric
et de broc. Le but de cette balade en forêt est avant tout de séduire le spectateur rétif à Shakespeare.
Nous sommes guidés dans les bois et dans le texte par Hervée de Lafond, qui va jusqu’à interrompre
certaines scènes pour en expliquer le sens, et même faire d’amusants arrêts sur image. Puis nous
repartons vers un autre lieu, dans la nuit. Rapidement, l’affaire tourne à la bouffonnerie. Ce
«Macbeth expliqué à…» devient un spectacle de rue, ou plutôt de forêt, et l’on rit beaucoup […].
Édouard Launet, Libération, 3 juin 2013
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Conseils bibliographiques
Les conseils bibliographiques de Jérôme Hankins
Jérôme Hankins enseigne à l’Université de Picardie Jules Verne, UFR des Arts ; il est également acteur
et metteur en scène. Il a collaboré à la traduction du tome I des Tragédies de Shakespeare pour la
Pléiade en 2002 et a contribué par ses traductions, essais et mises en scène, à faire découvrir au
public français l’œuvre d’Edward Bond.
Delphine Petit — Avez-vous quelques conseils bibliographiques à nous donner ?
Jérôme Hankins — Le chapitre que Jan Kott consacre à la pièce dans Shakespeare notre
contemporain, est incontournable (multiples rééditions).
La préface d’Yves Bonnefoy à ses traductions de Macbeth et Roméo et Juliette (qu’il considère de
manière originale comme deux pièces jumelles, filles de ce qu’il nomme « l’inquiétude de
Shakespeare ») est instructive (Gallimard, 1985).
La notice passionnante et fourmillant de références, dans la nouvelle édition des Tragédies de
Shakespeare, par Yves Peyré, dans la Pléiade Gallimard, 2002, pp. 1411-1445 (avec une abondante
bibliographie, et un historique de la mise en scène).
Pour celles et ceux que la genèse de la pièce intéresse, Henri Suhamy a écrit une « Histoire de trois
personnages shakespeariens » (dont Macbeth), chez Ellipses, 2010.
Pour celles et ceux que passionne la question de la traduction de Shakespeare en français, un essai
court mais percutant d’Yves Bonnefoy : « Shakespeare et le poète français » (in Théâtre et poésie :
Shakespeare et Yeats, Mercure de France, 1 998), qui compare, à travers la poétique
shakespearienne, le « génie » du français et de l’anglais. Cet article peut tout à fait être utilisé en
classe.
On trouve, dans le volume I des Tragédies dans la Pléiade, un article très complet de Jean-Michel
Déprats : « Traduire Shakespeare ».
En anglais, l’édition Oxford de la pièce, par Nicholas Brooke, est une des plus utiles (1990).
Deux des plus marquantes biographies de Shakespeare parues ces dernières années : Peter Ackroyd,
Shakespeare, la biographie, Seuil/Points, 2008 ;
Quelques liens utiles
-
Les adaptations cinématographiques de Macbeth :
http://vimeo.com/34451412 (le Macbeth de Welles)
www.critikat.com/Macbeth.html (article sur la mise en scène de Macbeth par Welles)
-
Les difficultés et l’évolution de la traduction des œuvres de Shakespeare :
www.la-pleiade.fr/La-vie-de-la-Pleiade/Les-coulisses-de-la-Pleiade/Traduire-Shakespeare
-
L’œuvre de Füssli :
www.louvre.fr/oeuvre-notices/lady-macbeth-somnambule
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-
Quelques clichés de MCBTH, réécriture de Macbeth, spectacle de Guy Cassiers et trois
séquences consacrées à la musique, au travail des costumes et à la mise en scène :
www. toneelhui s.be/#!/nl/readmodus/ post/?id=6930
-
Quelques clichés de Macbeth dans la mise en scène de Laurent Pelly :
www.tnt-cite.com/content/fr/Les-creations/Les-productions
-
Le Macbeth du Théâtre du Soleil :
www.theatre-du-soleil.fr/
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