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ansible
ANSIBLE
fevrier 2002
EDITO
KRONIX
Les Stryges sont parmi nous !
Comme vous avez pu le constater avec le somptueux n hors-sØrie
d Ansible paru il y a peu, votre publication chØrie, orientØe SF et
fantastique, se dØtache de sa grande soeur Bibliocatho pour devenir
une publication indØpendante. Avec en avant-premiŁre dans ce numØro, la couverture du tome 6 du Chant des Stryges, bande dessinØe
trŁs intØressante publiØe par Delcourt, et dont les auteurs sont
Corbeyran et GuØrineau. Ces deux auteurs vont d ailleurs inaugurer
une nouvelle rubrique, les scans, mettant l accent sur un ou plusieurs
auteurs.
Alors bonne lecture avec cet Ansible nouvelle gØnØration !
Alors Øvidemment les finances Øtant ce qu’elles sont
en pØriode de fŒtes, a a ØtØ plus long que prØvu
mais finalement
force de persØvØrance, me voil
dans la salle avec ma vØnØrable gØnitrice que j’ai rØussie tra ner en Øvitant de lui prØciser le genre cinØmatographique du film (fantastique, elle dØteste) et
en insistant sur la prØsence de Nicole Kidman (une
des rares actrices qu’elle trouve la fois belle et
bonne actrice, bien entendu !).
Je commence donc me dØlecter l’avance de cette histoire de fant mes que
les critiques annoncent pas mauvaise du tout sans donner trop de dØtails toutefois
(il faut dire aussi, que j’Øvite de lire trop de critiques avant d’aller voir un film, afin
de ne pas Œtre dØgoßtØe avant ou dØ ue aprŁs !) . Et l je l che le morceau la
mŁre : "au fait, je suis pas sßre que a te plaise : c’est une histoire de fant mes !".
Alors hauts cris de la vØnØrable : " Quoi ? mais tu veux que je fasse des cauchemars pendant six mois, etc ! ". Et moi, de la rassurer : "Meu nan ! Fantastique ne
veut pas dire horreur ! Tu confonds tout ! et pis t’as aimØ Le sixiŁme sens !" (pour
ceux qui auraient vu les films, Les autres et Le sixiŁme sens, vous noterez mon
pouvoir de divination !)
SOMMAIRE
Kronix
Niouzes
La Chose qui ne doit pas Œtre
Manchu
Magic
Brian Aldiss
X-Files : article two
Les Ma tres italiens
PalmarŁs
Le scan
Je vois une bande annonce trŁs attirante, voire
mŒme allØchante et je me dis, en mon for intØrieur
ainsi qu’ mes voisins (Juliette et Yannick en l’occurrence) : "Heurgh ! Voil un film que je vais aller
voir !".
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AprŁs cette intro un peu longue, certes, entrons dans le vif du sujet, c’est- -dire la
critique du film : je dirais : TRES BON ! voil maintenant pour en savoir plus, allez
le voir !
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Je plaisante bien sßr et je vais quand mŒme vous en toucher deux mots.
Sans rire, j’ai beaucoup aimØ, mŒme si la fin est un peu plagiØe sur un autre film
que je ne citerai pas pour ne pas tuer le suspense et surtout pour ne pas faire de
redites (il para t que c’est pas bon dans une critique, les redites !). C’est d’ailleurs,
mon avis, le seul bØmol : la fin est dØj vue, mais, comme on ne s’attend pas
ce que le scØnariste soit allØ pomper si prŁs, a marche quand mŒme !
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En effet, personnellement, et impersonnellement aussi (car les autres spectateurs, d ’aprŁs ce que j’ai pu en voir, ont rØagi de la mŒme maniŁre), je suis restØe
scotchØe mon siŁge ! Car, en l’occurrence, le suspense est bien menØ gr ce
un jeu d’Ømotions sur le visage de Nicole Kidman et surtout gr ce une musique
bien sentie aux bons moments. Il est noter qu’il n’y a aucun effet spØcial dans ce
film hormis la musique et pourtant,il rØussit terrifier ses spectateurs aussi bien
qu’un Vendredi 13 (qui, personnellement ne me fait pas franchement peur, pour
ne pas dire franchement pas peur) ou un Freddy (qui est un vrai film d’horreur et
qui par consØquent, ne m’intØresse pas).
Alors mŒme si ce n’Øtait pas ce quoi je m’attendais (avoir peur), j’ai pris du plaisir mais je ne le reverrai pas seule dans le noir !
VØronique.
G H O S T OF CARPENTER
Et encore un film ratØ sur Mars, un ! AprŁs la bouse Red Planet, aprŁs le trŁs dØcevant Mission to Mars de De Palma, c’est l’ic ne John Carpenter qui s’y est frottØ,
et qui s’y est piquØ. Sur l’ambiance "western" que le ma tre clame sur les toits
depuis 4 ou 5 ans (c’est un peu lassant, force), il a plaquØ un environnement
extra-terrestre et futuriste cheap, tout en plaquant des ØlØments de (tous) ses
films prØcØdents. Je citerai pŒle-mŒle Assaut,La Chose,New York 1997,L’Antre
de la folie, Fog... Rajoutez cela une traduction assez approximative (il n’y est
pour rien, je vous l’accorde...), des dØcors minimaux et une intrigue trŁs mince, et
vous obtenez un radis noir (limite du navet).
+ Mad max
+ Natasha
La planŁte sauvage
Le dernier film de John Carpenter se passe sur Mars.
C’est une oeuvre crØpusculaire
Par : SOPHIE AVON
"Le sujet de "Ghosts of Mars, dit John Carpenter, c’est
la guerre." En une phrase succincte, l’un des rØalisateurs les plus atypiques d’AmØrique qui, depuis presque
trente ans, filme les tØnŁbres, la peur et le combat d’une
humanitØ en passe d’Œtre dØshumanisØe, donne le ton de
sa derniŁre oeuvre : quatre-vingt-dix minutes de sang et
de feu dans une lumiŁre de soleil couchant.
On aurait tort cependant de ne voir dans ce film de guerre qu’une version de plus
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de l’Øternel conflit entre bons et mØchants. Certes, Ghosts of Mars a tous les ingrØdients du genre, mais tout se passe comme si Carpenter infiltrait les conventions
pour les dØjouer malicieusement et qu’il mettait dans ce dØtournement sans tapage une sorte de tØnacitØ lasse, de passion douce. Comme, de plus, ses moyens
financiers sont limitØs, que de Mars il ne filme qu’un pØrimŁtre circonscrit une petite ville miniŁre et de la guerre seulement quelques explosions, on se sent immØdiatement ailleurs. Sur Mars en 2176, certes, mais trŁs loin de la guerre des Øtoiles, dans une sorte de no man’s land abstrait, sauvage et crØpusculaire, oø, en
guise de machines volantes et autres bolides du troisiŁme millØnaire, on a affaire
un vieux train pØpŁre qui largue un commando de flics au coeur de la mine.
Un monde en cendres
DØviation de taille, le commando est dirigØ par des femmes, et c’est la survivante
de l’aventure qui raconte ce film d’action au fØminin, la jolie Melanie Ballard (un
nom qui est dØj tout un programme), superlieutenant de la troupe, qui rapporte les
faits suivant une narration gigogne. Melanie Ballard (Natasha Henstridge, super) a
une supØrieure (interprØtØe par Pam Grier,la Jacky Brown de Tarentino) qui la drague sans ambigu tØ, sous le regard goguenard d’un subalterne (un homme, eh oui)
qui aimerait bien lui aussi avoir les faveurs de la belle. Voil pour les relations de
travail de ce petit groupe qui dØbarque dans l’enfer de Mars avec pour mission de
rØcupØrer le redoutable James "Desolation" Williams, un Noir accusØ de crimes en
sØrie.
Sur place, l’enfer est bien au-del de l’idØe qu’on s’en fait : la ville semble morte, et
ce n’est pas une simple fa on de parler car, en effet, les miniers ont fait place des
corps dØcapitØs qui pendent aux plafonds des b timents, quand ce n’est pas un
bras ou une main qui roule dans un coin... On peut rŒver mieux comme signe de
bienvenue, mais la guerre comme la guerre, et le commando a le coeur suff
isamment bien accrochØ pour affronter un monde en cendres oø r dent, impalpables
et tenaces, l’odeur de la mort et celle de vivants insaisissables.
Une histoire de l’AmØrique
De fait, Melanie Ballard a vite fait de comprendre que la ville miniŁre est la proie
d’esprits sauvages et revanchards qui se matØrialisent en prenant possession de
n’importe quel corps humain. Elle a Øgalement vite fait de comprendre que, dans
ce monde de terreur oø l’ennemi s’empare de ses victimes en silence, il vaut
mieux se serrer les coudes entre humains, qu’on soit flic ou truand. Le redoutable
James Williams devient donc son alliØ, voire davantage, un ami providentiel et inattendu, ce qui permet Carpenter d’Ølire un duo de hØros plut t anticonformistes
pour un film dont le rØalisateur prØcise qu’il n’est ni black ni blanc.
On ne s’Øtonne pas outre mesure que les AmØricains aient boudØ Ghosts of Mars
qui rejette si visiblement les clichØs, donne vie des personnages hors du moule
et montre la violence comme un Øtat sauvage qu’on aurait rØveillØ par inadvertan-
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ce, mais qui serait latent. Car les fant mes de Carpenter, qui se livrent des rites
d’automutilation quand ils se sont emparØs des corps de leurs victimes, ressuscitent des frayeurs originelles qui n’ont plus grand-chose voir avec la science-fiction. Elles s’inscrivent plut t dans le sillage d’une histoire du monde, une histoire
pessimiste qui est aussi, bien sßr, celle de l’AmØrique.
Ghosts of Mars, de John Carpenter, avec Natasha Henstridge, Pam Grier, Ice
Cube, Jason Statham. DurØe : 1 h 40.
LE POTTER DE TERRE CONTRE LE POTTER DE FER
Dans le dernier Ansible, nous Øvoquions le phØnomŁne de sociØtØ qu’est la sØrie
de livres Øcrite par J.K. Rowling, Harry Potter. Comme beaucoup de succŁs en
librairie, c’est devenu un film (euh, pardon, une sØrie de films, puisque le second
volet sera probablement terminØ l’heure oø vous lirez ces lignes ). Mais comme
vous le savez, l’adaptation est trŁs rarement la hauteur de l’ uvre originale (
l’exception du Nom de la Rose,par exemple). Eh bien, Harry Potter l’Ecole des
Sorciers ne dØroge pas cette rŁgle, mŒme si l’ensemble reste d’une bonne facture. RecentrØ sur l’intrigue principale (l’arrivØe de Harry et sa premiŁre annØe
Poudlard), le rØalisateur (Chris Columbus, t cheron de Mrs Doubtfire et L’Homme
Bicentenaire, pour ce qu’il a fait de mieux) a oubliØ d’insuffler du rythme ce premier opus. L’histoire originale fourmille de mille petits dØtails, d’intrigues sousjacentes, certes difficiles intØgrer dans 2h30 de mØtrage. Le premier dØfaut qui
saute aux yeux est le dØcor ; tout est trop propre, trop neuf Harry et ses amis
semblent Øtudier dans le Ch teau de la Belle au Bois Dormant Eurodisney, alors
que l’atmosphŁre des bouquins est plut t sombre. Le jeune acteur qui incarne le
hØros, Daniel Radcliffe, est trop propre sur lui pour Œtre crØdible ; de plus, il ne s’Øtonne de rien de ce qui lui arrive, alors que Harry Potter vient de l’extØrieur du
monde de la magie. Au sein d’un casting uniquement composØ d’Anglais (exigence de Joanne Rowling), on relŁvera surtout les seconds r les, les amis d’Harry
(Ron et Hermione), le gØant Hagrid ou encore Rogue (Alan Rickman, seule " star"
du casting). A qui la faute ? A Columbus donc, gros feignant qui n’a pas lu les bouquins (laissant le soin sa fille de 11 ans de le conseiller !), mais aussi au studio,
la Warner, qui comme tous ses congØnŁres, musŁle l’esprit artistique pour faire
dans le commercial et l’hypocrisie du politiquement correct. Tout cela ressemble au
Spielberg de ces derniŁres annØes, me direz-vous, et vous n’auriez pas tort, car
l’ombre du rØalisateur d’E.T.plane sur le film et sur la suite, car aprŁs avoir laissØ
tomber l’adaptation du premier Harry Potter, il dit s’intØresser de prŁs celle du troisiŁme, Harry Potter et le Prisonnier d’Azkaban. Dire qu’on a failli avoir un Harry
amØricain, entrant dans un collŁge typiquement amØricain, avec des lycØens complŁtement amØricains Brrr ! Rien que d’y penser, cela me donne des boutons !
MŒme s’il Øtait prØvu qu’Haley Joel Osment (le prodige de SixiŁme Sens et de A.I.)
joue le r le-titre Pour les fans de l’ uvre romanesque, c’est une semi-dØception
; pour les autres, un film pour enfants l’intØrŒt moyen. A noter cependant un bon
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point, la restitution vigoureuse et prenante
des parties de Quidditch, le sport des sorciers. Chris Columbus a fait sa Menace
Fant me !
La Philosophie de la MØduse
Jean-Michel Truong est quelqu’un de tout
fait Øtonnant. Alors qu’il n’est pas proprement parler un Øcrivain de "science-fiction",
son livre Le successeur de pierre remporte
en 1999 le Grand Prix de l’Imaginaire du
meilleur roman fran ais de science-fiction.
Ce livre, dont l’action se situe dans un futur
proche oø la moitiØ de la population du
globe vit dans des habitations isolØes du
monde extØrieur, pratique le "ZØro Contact"
et ne communique plus que par le biais d’avatars "interactifs", nous propose de nous
interroger sur le devenir de l’espŁce humaine, et de l’intelligence.
En effet, l’une des thŁses de Jean-Michel Truong, que son livre met admirablement en scŁne, est que l’espŁce humaine n’est pas la fin de l’univers, mais principalement (uniquement ?) le porteur, le vØhicule de l’intelligence, qui vise "se
rØpandre dans l’univers et le coloniser". Alors que de trŁs nombreux livres de science-fiction traitent le sujet en envoyant l’homme dans des vaisseaux spatiaux la
conquŒte d’Øtoiles toujours plus lointaines, Truong, lui, fait dire par un de ses personnages que les vols spatiaux ne sont que "vaines foutaises" et que : "en vØritØ
(...), l’espŁce humaine ne quittera jamais la banlieue terrestre".
Voil qui va sans doute en dØmoraliser plus d’un. En fait, Truong va encore plus
loin, et Øcrit : "L’homme n’est pas le vecteur appropriØ pour rØpandre la vie dans les
Øtoiles."
Mais ce n’est pas si grave, car l’homme a bien d’autres choses faire, et nota mment, se trouver un successeur... Et c’est l qu’intervient la pierre du titre. Le minØral, contrairement au vØgØtal ou l’animal, dure. Il est plus rØsistant, plus solide, il
est... le vØhicule idØal. De l’intelligence.
En fait, il y a des aspects de ce livre qui ne sont pas sans rappeler le magnifique
Les Enfants d’Icare, d’Arthur C. Clarke, qui mettait en scŁne la fin de l’espŁce
humaine, dØpassØe par ses propres enfants. L’espŁce humaine n’existait plus en
tant que telle, mais se transcendait en... quelque chose d’autre, qu’elle ne comprenait pas tout fait.
Fascinant.
Cette rØflexion, cette histoire, est symptomatique du parcours, de la philosophie, de
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Jean-Michel Truong. Ce n’est pas par hasard qu’il rØflØchit sur ces thŁmes. A vrai
dire, ils font mŒme partie de sa vie.
Jean-Michel Truong, 49 ans, nØ en Alsace, se dØfinit lui-mŒme comme un Œtre
hybride : " la fois alsacien, vietnamien, et cantonnais, la fois littØraire et scientifique ". Un Œtre alternatif, en quelque sorte, qui lorsqu’il dØcide de crØer la premiŁre start-up d’intelligence artificielle le fait "entiŁrement", et qui, lorsqu’il dØcide d’Øcrire un premier roman (Reproduction interdite, chez Plon), "s’arrŒte de travailler
pendant deux ou trois ans pour ne se consacrer qu’ l’Øcriture".
Pour dØfinir son mode de vie, la fa on dont il passe d’un mØtier l’autre (il a tout
d’abord voulu Œtre mØdecin, puis a ØtØ professeur, conseiller en transfert de
technologie, directeur de sociØtØ, Øcrivain, puis enfin (comme il le dit lui-mŒme)
"mŁre maquerelle" (c’est- -dire "intermØdiaire" pour les grandes entreprises franaises dØsireuses de s’implanter en Chine), il a une expression : la "philosophie de
la mØduse".
"J’ai la philosophie de la mØduse - nous dit-il - qui se laisse emporter par les courants ; et qui est aussi la philosophie du judo, que j’ai appris dans ma jeunesse. En
fait, j’ai appris ne pas m’opposer la force, mais au contraire la subvertir,et
la mettre mon service. Je n’oppose pas ma volontØ aux ØvØnements, et je
m’en suis toujours trŁs bien trouvØ."
Son propos, merveilleusement illustrØ par son livre, est donc son image : paradoxal en apparence, mais en apparence seulement.
Truong nous dit que ce qui compte chez l’homme, ce
n’est pas la forme, la carcasse... c’est l’ me (ou"l’intelligence", si l’on prØfŁre). C’est elle qui dure, c’est elle qui
constitue notre vØritable identitØ. En fait, Le Successeur
de pierre est certes un excellent thriller, un bon polar, un
beau rØcit philosophique, et un livre de science-fiction
particuliŁrement original, mais c’est surtout un grand
roman humaniste, contemporain.
David CAMUS
' Rendez-vous Ailleurs, n 26, janvier-mars 2001
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NIOUZES
l Mad Max 4 : scØnario terminØ
Projet en attente depuis des lustres, le quatriŁme volet de MAD MAX pourrait
enfin voir le jour. Le crØateur et le rØalisateur de la trilogie, George Miller, vient d’achever le scØnario de ce MAD MAX 4 dont le casting commence bient t. Selon
les derniŁres rumeurs, Mel Gibson ne reprendra pas son r le de hØros tout de cuir
vŒtu. C’est Heath Ledger (C H E VALIER), son partenaire dans THE PATRIOT, LE
CHEMIN DE LA LIBERTE de Roland Emmerich, qui tient la corde pour le remplacer.
En revanche, on sait dØj que le film ne sera pas tournØ en Australie : le dØcor
nØcessite de grandes Øtendues dØsertiques et celles du pays des kangourous
sont impraticables pour les voitures. Le tournage de MAD MAX 4 doit dØbuter courant 2002.
l Vu sur le site www.sciflicks.com :
Les films en production, en prØparation, en projet
On nous annonce donc (dates amØricaines) pour le 15 mars de cette annØe Arac
Attack ( ), Jason X pour le 22 mars ( ), Red Dwarf ( ) pour le mois d’avril,
Spider-Man pour le 3 mai ( ), Star Wars Episode II pour le 22 mai ( ), Minority
Report (le prochain Spielberg, avec Tom Cruise, oø les criminels sont arrŒtØs avant
de commettre leurs mØfaits) pour le 28 juin, Men in Black 2 pour le 3 juillet, le
dixiŁme Star Trek pour le mois de novembre, Le Seigneur des Anneaux : Les Deux
Rours pour le 18 dØcembre, The Matrix 2 pour le 25 dØcembre ( )
A des dates indØterminØes : Gemini Man (un homme traquØ par un jeune clone de
lui-mŒme ), Pluto Nash (attention ! navet en devenir ; Eddy Murphy rØsiste aux
monstres qui veulent lui piquer son club sur la Lune - sortie prØvue au printemps
aux States), Terminator 3 (l’histoire du premier affrontement entre les humains et la
sociØtØ SkyNet, oø une femme-robot est envoyØe dans le futur pour tuer John
Connor ), Timeline (adaptation du trŁs bon roman de Michael Crichton, oø des Øtudiants en histoire se retrouvent au Moyen-Age en Dordogne - rØalisateur : Richard
Donner), Treasure Planet (long-mØtrage Walt Disney qui recycle L’Ile au TrØsor de
Stevenson dans l’espace - en tournage actuellement).
Pour 2003, on annonce The Matrix 3 (le 15 aoßt), Le Seigneur des Anneaux : Le
Retour du Roi le 17 dØcembre, et Rendez-vous avec Rama (le trŁs beau roman
d’Arthur C. Clarke - personnellement, le film que j’attends le plus aprŁs Le
Seigneur des Anneaux noter la prØsence
la production et au casting de
Morgan Freeman, et de David Fincher derriŁre la camØra), et pour 2005, le 25 mai,
Star Wars : Episode III.
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+ harry potter ?
l The X-Files : c est fini !
Chris Carter, le crØateur des mythiques aventures de Mulder, Scully et Doggett, a
confirmØ la rumeur : la 9Łme saison sera bel et bien la derniŁre... Pour rappel, vous
trouverez p. 24 un article sur les personnages de la sØrie.
l Le premier volet des aventures de Spiderman n’est pas encore sorti que la tournage d’un second opus est dØj annoncØ pour janvier 2003. A cett occasion, Tobey
Maguire devrait retrouver le costume du super-hØros, son contrat stipulant qu’il doit
reprendre le r le pour au moins deux suites si Spiderman obtient le succŁs
escomptØ lors de sa sortie amØricaine le 3 mai prochain (le 12 juin en France).
Kirsten Dunst, qui interprŁte Mary Jane Watson, l’amie de Peter Parker dans le film,
a Øgalement signØ pour trois films. Quand au rØalisateur Sam Raimi, rien n’indique qu’il se retrouvera derriŁre la camØra pour cette nouvelle aventure de l’homme araignØe.
l Kimberly Peirce, la rØalisatrice et scØnariste de Boys Don’t Cry, est actuellement en nØgociations avec les studios Universal Pictures et Beacon Pictures pour
mettre en scŁne Childhood’s end, l’adaptation cinØmatographique du roman de
science-fiction homonyme d’Arthur C. Clarke.
PubliØ en 1987, ce livre traite de l’apparition soudaine, dans un futur lointain, d’extraterrestres sur notre planŁte. Ces derniers, qui se font appeler les Overlords, stationnent leurs vaisseaux au-dessus de chaque capitale, et ouvrent une longue
pØriode de prospØritØ et de paix. Leur prØsence parmi les hommes va Øgalement
provoquer long terme la disparition de la race humaine telle que nous la connaissons aujourd’hui...
Un scØnariste devrait prochainement rØØcrire l’intrigue du livre pour le rendre adaptable au grand Øcran. Par ailleurs, on ignore encore la composition du casting ainsi
que les dates de tournage.
l 3001, l’OdyssØe continue ?
AprŁs Kubrick et Hyams, Tom Hanks souhaiterait adapter le dernier opus des odyssØes spatiales d’Arthur C. Clarke.
En 1968, un certain Stanley K. signait 2001 : L’OdyssØe de l’espace, un opØra interstellaire considØrØ par beaucoup comme l’un des plus grands films de science-fiction jamais rØalisØs. C’est que cette oeuvre lyrique et mØtaphysique est l’aboutissement d’une longue collaboration entre un ma tre du septiŁme art et un auteur
"phare" de la littØrature d’anticipation. En effet, aprŁs les romans de Humphrey
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Cobb (Les Sentiers de la gloire, 1957), d’Howard Fast (Spartacus, 1960), de
Nabokov (Lolita, 1962) et de Peter George (Docteur Folamour, 1964), Kubrick se
penche sur le travail d’Arthur C. Clarke, et plus particuliŁrement sur l’une de ses nouvelles Øcrite en 1945 : La Sentinelle. Suite la sortie du film, Clarke en adapte le
scØnario et publie ainsi son 2001, premier volet d’une tØtralogie.
DeuxiŁme Øpisode des odyssØes spatiales de Clarke, 2010 : OdyssØe deux, est
publiØe en 1983 en France et fait l’objet d’une adaptation cinØmatographique un an
plus tard. Avec 2010, Peter Hyams ne souhaitait pas entrer en compØtition avec
Kubrick, mais faire au contraire une oeuvre indØpendante. Il explique que "cela
aurait ØtØ aussi ridicule de se confronter au film de Kubrick, que de faire un
concours de peinture avec CØzanne ! 2010 tente de ne pas Øvoquer 2001 parce
que c’Øtait un film qui se suffisait amplement lui-mŒme, un film complet." Mais malgrØ toute la bonne volontØ du rØalisateur,la comparaison entre les deux films Øtait
inØvitable, et la critique unanimement dØ ue a semble-t-il prØfØrØ les questions que
pose Kubrick aux rØponses laborieuses qu’impose Hyams.
Les amateurs de science-fiction doivent attendre 1989 avant de retrouver le
fameux monolithe noir dans 2061 : OdyssØe trois. Le roman n’a pas ØtØ portØ l’Øcran. L’ultime volet des voyages interstellaires rØdigØs par Arthur C. Clarke para t
en 1997. A 80 ans, l’imaginaire de l’Øcrivain semble toujours inspirer les hommes
de cinØma, puisque Tom Hanks aurait dØclarØ qu’il souhaiterait adapter 3001 :
L’OdyssØe finale pour le grand Øcran. L’acteur retournerait donc dans l’espace, six
ans aprŁs Apollo 13 (Ron Howard, 1995).
ses crØatures cherchent mettre au point des techniques de survie la lumiŁre du
jour, les hommes essaient par tous les moyens de se protØger des assauts cruels
de ces hordes assoiffØes de sang et de chair fra che.
l Trois sorties suivre au mois de mars :
- Rollerball : de John Mc Tiernan, avec Jean Reno, Chris Klein, L. L. Cool J.
Il s agit d un remake du film de Norman Jewison par le rØalisateur de PiŁge de
Cristal. L histoire porte sur un sport futuriste mŒlant football amØricain, rodØo
moto et massacre... (le 13 mars)
- Monstres & Cie : de Pete Doctor (le 20 mars)
La nouvelle production Pixar (1001 pattes,Toy Story 1 et 2...) raconte les dØboires
d une bande d affreux jojos poilus harcelØs par les enfants dont ils transforment les
cris de terreur en Ønergie.
-The Panic Room : de David Fincher (The Game,Seven,Fight Club...), avec Jodie
Foster, Forest Whitaker, Jared Leto... (le 27 mars)
Lorsque des intrus pØnŁtrent dans sa maison, une divorcØe s enferme avec sa fille
dans une chambre secrŁte qui recŁle un bien plus grand danger...
l Michael Jackson va faire une apparition (en extra-terrestre) dans le trŁs attendu Men in Black 2
l
AprŁs avoir ØtØ l hØro ne d un dessin animØ des Studios Disney, Mulan, la
femme (travestie en homme) qui a luttØ contre les Huns, sera interprØtØe par
Michelle Yeoh (Tigre et Dragon) pour Peter Pau (chef opØrateur grands Tsui Hark,
John Woo et Ang Lee)
l Actuellement sur le feu, le prochain Scary Movie (opus 3) parodiera allŁgrement les gros films de cette annØe : Star Wars,Le Seigneur des Anneaux et Harry
Potter.Autrement dit, un orphelin magicien parcourt le monde pour le sauver de
crØatures malveillantes et mal embouchØes qui veulent lui faire rien que des misŁres...
l Tous ceux qui ont aimØ Time and Tide, le dernier Tsui Hark, ou qui sont fans
d histoires de fant mes chinois, vont Œtre contents d apprendre que le cinØaste de
Hong Kong reprend bient t sa camØra pour tourner Era Vampire.L histoire : dans
des galeries souterraines vivent des vampires qui, pour trouver leur pitance (en
l occurrence nous) doivent sortir, mais uniquement la nuit. Pendant que ces affreu-
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LA CHOSE
QUI NE DOIT PAS ETRE
MANCHU
par JEAN-CLAUDE VANTROYEN
Amis de Lovecraft et de Metallica, bonjour.
AprŁs une longue traque au milieu de nombreux pØrils, au risque de
ma vie, j’ai rØussi prendre une photo de l’Immonde Chose Qui Ne
Devrait Pas Etre. Afin de sauvegarder ce prØcieux document et
avant que les monstres de l’indicible ne me rØduisent nØant, je vous
envoie ce document inestimable afin que le monde sache...
Vous comprendrez que face un tel monstre, je me suis enfui sans
demander mon reste. D’ailleurs une harpie m’a instantanØment
poursuivi (sa garde rapprochØe, sans doute...) et je n’ai dß mon salut
qu’ mon porte-bonheur personnel (celui que m’a vendu un vieillard
Innsmouth).
Des oiseaux mØcaniques volant par-dessus un groupe
d’enfants atterrØs ; un gigantesque robot qui voudrait jouer
avec un petit, comme un enfant avec une poupØe ; des vaisseaux spatiaux ØcrasØs sur une planŁte aride ; une Øtrange
voiture
vapeur rouge modŁle XIXe dont on devine la
technologie avancØe ; un astronaute vacillant dans l’air
rarØfiØ de Mars ; un lapin dotØ d’une crŒte jaune d’iguane
galopant vers un complexe industriel fumant ; des villes du
futur labyrinthiques sous un ciel plombØ ; des satellites
minables errant autour d’un aØrolithe mena ant dans le noir
de l’espace...
Toutes ces images qui s’impriment dans le souvenir d’un
amateur de science-fiction ornent des couvertures de livres, invitent la lecture et
demeurent comme un symbole de l’oeuvre apprØciØe. Elles sont dues au talent de
Manchu, c’est un pseudo Øvidemment, un des grands dessinateurs fran ais de
SF.
"Ici, les gens qui font de la BD sont connus,ceux qui font de l’illustration non"
On oublie trop ces artistes. Ils sont pourtant le plus souvent la base de l’acte d’achat d’un livre de SF. Manchu et ses collŁgues Philippe Caza, Jeam Tag, Philippe
Jozelon, Mandy, Hubert de Lartigue, Alain Brion, Sandrine Gestin, Didier Graffet,
Siudmak, Francesconi, etc., sont les artisans de la beautØ d’un objet qui s’appelle
livre. Comme les grands anciens Jean-Claude Forest, Brantonne ou Desimon le
furent avant eux en illustrant les couvertures des Rayon fantastique, des Fleuve
noir et des Galaxie-bis. Pour les amateurs, par exemple, la saga des hommesdieux de Philip Jose Farmer est indissociable des superbes couvertures de Michel
Desimon.
Manchu ( l’Øcole de dessin publicitaire, je faisais pas mal de dessins fantastiques, et on m’avait surnommØ Fu Manchu, dont j’Øtais fan ) est un de ces enlumineurs de la SF. Il l’est depuis maintenant vingt ans. C’est l’illustrateur principal
des Livres de poche SF depuis 1987-1988. Mais il rØalise aussi les couvertures de
la collection Autres mondes de Mango Jeunesse, certaines de l’Atalante et du dessin spatial pour la revue Ciel et Espace. Et, pourtant, Manchu reste relativement
inconnu. Frustrant ?
Un peu oui, rØpond-il. Je ne sais pas trop quoi c’est dß. On serait dans un pays
anglo-saxon, ce serait diffØrent. Ici, les gens qui font de la BD sont connus, ceux
qui font de l’illustration non.
Dommage. D’autant que l’illustration, en SF et fantastique, est traditionnelle. Les
Bien vous,
Illide, mort en sursis
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"pulps" amØricains Øtaient dØj ornØs de dessins parfois superbes parfois totalement ringards, les magazines SF d’aujourd’hui, comme Galaxies ou Bifrost en
France, recourent Øvidemment des dessinateurs. Normal, ajoute Manchu. Quand
on met une petite photo trafiquØe en couverture d’un livre de SF, je ne pense pas
que ce soit trŁs efficace. C’est l’illustration qui prime.
Certains Øditeurs ne se privent cependant pas de prØfØrer des photos trafiquØes. C’est souvent laid et a ne dit rien du bouquin. Pourquoi? Le coßt, sans
doute. Et peut-Œtre les maisons d’Ødition manquent-elles de direction artistique...
Manchu s’occupe de six huit Livre de poche SF chaque annØe. Je travaille avec
GØrard Klein, le directeur de collection, et c’est une bonne chose. Comme il publie
des rØØditions de son autre collection Ailleurs et demain, je lis le roman et je me
sers du texte, de certains passages. Alors, soit je fais une illustratrion ponctuelle
qui sort d’un des Øpisodes du roman, soit j’essaie de faire une synthŁse du bouquin.
Manchu lit les livres qu’il illustre (Ah oui ! Je considŁre que, pour faire une couverture, il faut lire le livre ). Ce n’est pas la mŒme dØmarche pour tout le monde.
Siudmak, par exemple, est un peintre, pas un illustrateur. Il rØalise des tableaux
dont Pocket se sert pour illustrer sa collection SF. C’est beau, mais a n’a rien
voir avec le livre. Je crois, sourit Manchu, que c’est ma solution qui est la bonne.
Manchu est un lecteur de SF depuis toujours, ou presque. Les pas d’Armstrong sur
la Lune, le film 2001 - il avait alors 12-13 ans - l’ont profondØment influencØ.
Aujourd’hui, il lit toujours de la SF. Les livres qu’il illustre Øvidemment. Mais ses prØfØrences vont
Asimov, Clarke, Benford, Banks, Vinge, Brin, Brunner, Howard.
Une grande part de "hard-science".
Est-ce ce parcours qui l’a amenØ dessiner le futur? Je ne me suis mŒme pas posØ
la question. J’avais envie de faire du dessin de SF, c’est tout. Il a commencØ par
participer Ulysse 31 et IlØtait une fois l’espace, des dessins animØs. Il a tentØ
de la BD. Mais c’est l’illustration qui le transporte.
J’essaie de rendre rØalistes les choses qui n’existent pas. Il y a pas mal de travail.
Quand je dois reprØsenter un sous-marin, il n’y a qu’un problŁme de documentation et d’imagination pour la mise en place, la composition. Mais, quand il s’agit de
dessiner un vaisseau spatial, j’essaie de coller la technologie du roman. C’est
du boulot.
Il y a quelque chose de paradoxal dans ce genre de dØmarche. L’artiste doit, en
mŒme temps, faire oeuvre d’imagination pure, puisqu’il travaille sur le futur, et Œtre
vraisemblable, puisque la SF, c’est, en rØsumØ, la cohØrence d’un monde qui
n’existe pas. Un Øquilibre dØlicat.
Je me sers de l’illustration scientifique que je rØalise dans Ciel et Espace, oø je dessine parfois des vaisseaux spatiaux. Je dois donc me tenir au courant de l’astronautique contemporaine, et de la technologie en gØnØral. Je ne suis pas un scientifique, mais j’aurais bien aimØ, je me suis rattrapØ avec le dessin. D’autre part, les
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auteurs ne se mouillent jamais trop dans des descriptions prØcises de leurs inventions technologiques, et a laisse une grande place mon imagination.
"Je travaille de fa on traditionnelle,comme les gens du XIXe siŁcle"
L’homme qui illustre le futur utilise trŁs peu les techniques futurologiques. Pas de
dessin assistØ par ordinateur ni d’images de synthŁse. L’artiste est un artisan. Je
travaille de fa on traditionnelle, comme les gens du XIXe siŁcle. J’utilise un peu
d’aØrographe, pas ØnormØment parce que a a une tendance m’Ønerver l’emploi et puis aussi amollir le dessin, la composition. Avec une brosse ou un pinceau, c’est plus nerveux. Sinon, c’est complŁtement traditionnel. Soit de l’huile,
soit de l’acrylique, avec un pinceau aprŁs des recherches au crayon.
Des techniques d’hier pour des illus de l’avenir, en quelque sorte. Je n’ai rien contre les nouvelles technologies, et peut-Œtre les emploierai-je un jour. Mais j’ai l’impression qu’en les utilisant aujourd’hui je ne ferais que reproduire le mŒme travail
qu’avec un pinceau.
Manchu est discret et rØservØ. Dans le petit milieu de la SF, il Øclot cependant.
Il a exposØ dans toutes les manifestations de science-fiction en 2000 et en 2001 :
Galaxiales
Nancy, Etonnants voyageurs Saint-Malo, Utopia 2000
Nantes,
Maison d’ailleurs
Yverdon, Festival du livre de l’imaginaire Bruxelles... Il a
remportØ le grand prix de l’imaginaire 2001 en France et le prix Bob Morane
Bruxelles. Une vedette? Je ne me considŁre pas comme une vedette. Au-dessus
de moi, il y a des gens inaccessibles, comme Christopher Foss, dont je me suis
inspirØ et dont on voit encore des traces dans mon travail.
Manchu se veut illustrateur plut t que peintre : le peintre exprime ce qu’il a dans
la tŒte. Moi, je suis chargØ d’exprimer un livre en une seule image. Et s’il se libØrait
du carcan du livre pour laisser seule son imagination s’exprimer ? Je dessinerais
des vaisseaux spatiaux et des robots qui sont capables de se mouvoir, avec des
articulations munies de vØrins, c’est rigolo.
On peut voir des oeuvres de Manchu en particulier en couvertures des Livre de
poche SF et des Mango Jeunesse Autres mondes. Deux
bons sites en ligne : http://www.planete-art.com, oø l’on
peut admirer (et mŒme acheter) du Manchu ; et http://starmars.multimania.com/manchu.html.
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MAGIC
Ils ont entre 16 et 25 ans, tous fanas des jeux de cartes de stratØgie et d’"heroic
fantasy". Ils se battent coups de haches, d’arbalŁtes ou de morsures venimeuses. par CØdric Vantroyen
Plus de 30.000 euros, c’est ce que vient d’empocher l’Allemand Kai Budde en remportant le Pro Tour 2001 de Magic : l’AssemblØe qui se dØroulait les 4, 5 et 6 mai
derniers Barcelone en Espagne. Avant de gagner cette somme, Budde a dß enlever les 20 points de vie de son adversaire lors de la finale - retransmise en direct
sur la cha ne sportive amØricaine ESPN - qui l’opposait l’AmØricain Alan Corner,
aprŁs s’Œtre hissØ jusqu’ la bataille finale au milieu de 329 concurrents.
Les participants au Pro Tour Øtaient venus de tous les coins du globe, de Tokyo
New York en passant par Kiev et Singapour. Tous vouent une vØritable passion
fanatique
Magic : l’AssemblØe, ne s’arrŒtant de jouer que pour effectuer leurs
besoins vitaux. Certains d’entre eux n’ont d’ailleurs vu de Barcelone que les fastfoods, ne quittant les tables de jeu que pour aller s’enfiler un McDo. Tu dØjeunes,
tu joues 3-4 heures, tu fais une pause puis tu recommences. T’es tellement dedans
que parfois tu ne penses mŒme plus bouffer, explique Jean-Louis d’Hondt, 21
ans, un des cinq joueurs belges prØsents. Le meilleur de chez nous a terminØ la
97e place de la compØtition.
Mais qu’est-ce que Magic ? Magic : l’AssemblØe est en fait un jeu de cartes illustrØes - les illustrateurs, adulØs par les fans, Øtaient d’ailleurs prØsents Barcelone
pour des sØances de dØdicaces - qui consiste retirer les 20 points de vie de son
adversaire gr ce des combinaisons de cartes, d’attaques et de dØfenses. Les
cartes se dØclinent en crØatures, sortilŁges, enchantements, terrains, artefacts et
autres productions fantasques issues du rayon "heroic fantasy". Magic est un jeu
hybride du jeu de r les, du bridge et des Øchecs. La base du jeu est assez simple
assimiler, mais dŁs que les cartes deviennent un peu plus compliquØes (il existe
plusieurs niveaux), le dØbutant y perd son latin.
Le jeu a ØtØ lancØ en 1993 par la sociØtØ amØricaine Wizards of the Coast, propriØtaire aussi des jeux de cartes Pokemon. Plus de sept millions d’adeptes du
jeu sont rØpartis travers 55 pays diffØrents et prŁs de 60.000 tournois de Magic
se dØroulent chaque annØe. Mais il n’y a que cinq Pro Tour et Kai Budde vient d’en
remporter deux en un an et trois de suite. Un record.
Mais qu’est-ce qui a poussØ ces post-adolescents - la moyenne se situe aux alentours de 20 ans - passer tout leur temps jouer aux cartes ? Souvent, tu es attirØ dans le jeu par des amis ou alors t’es dØj un fana de l’"heroic fantasy" et du
monde qui s’y accroche, raconte Kurt Verbinnen, un autre des joueurs belges, gØ
de 19 ans. J’ai dØcouvert le jeu sa sortie en 1993 alors que je faisais mes Øtudes
de mØdecine, ajoute Michelle, une AmØricaine de 25 ans et surtout la seule fille
encore en course le deuxiŁme jour, aprŁs l’Ølimination de Kerrie - l’autre fille prØ-
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sente Barcelone. Deux filles sur 329 compØtiteurs !
Pour certains, comme Jean-Louis, si l’on veut arriver faire quelque chose dans le
Magic, il faut jouer sans arrŒt jusqu’ ne plus avoir d’autre vie. Quand j’ai commencØ, je n’avais que a faire et j’y passais tout mon temps, puis tu te rends
compte que tu rates certaines choses de l’adolescence et tu te calmes. A moins de
devenir pro et de gagner sa vie gr ce au jeu. Et c’est le cas d’une petite partie des
sept millions de joueurs. L’AmØricain Jon Finkel, par exemple, a dØj amassØ prŁs
de 250.000 dollars au Magic. Il y a toujours le hasard de la pioche, mais des
joueurs sont bons, trŁs stratŁges et donc gagnent souvent, continue Jean-Louis.
Si tu ne joues pas assez, tu ne rivalises pas, mais il n’y en que 25 au monde qui
gagnent leur vie avec a.
A c tØ du Pro Tour, un master regroupant les 32 meilleurs joueurs mondiaux (il
existe un classement mondial) a ØtØ organisØ. L aussi, la rØcolte s’avŁre fructueuse (1,1 million de francs pour le gagnant). Elle s’ajoute celle glanØe dans
le Pro Tour (les 64 premiers du Pro Tour gagnent au minimum 20.000 F). Le Magic,
une passion lucrative... DŁs le deuxiŁme jour d’ailleurs, on sent bien que l’ambiance qui rŁgne au sein de l’Arena barcelonaise a changØ : la tension et le billet vert
sont venus s’ajouter aux tables de jeu. Les juges - il y en a une vingtaine, tous
reconnus officiellement et ayant passØ des tests d’aptitude gØrer des conflitsdoivent intervenir beaucoup plus souvent et la moindre petite faute devient fatale.
Quand il y a 1,5 million en jeu, a pousse parfois des joueurs utiliser des moyens
pas trŁs orthodoxes ou d’Œtre hyper pointus sur les rŁgles, ce qui n’est pas trop
dans l’esprit du jeu pour moi, nous explique un joueur.
Autour de la compØtition, une multitude d’Øchanges, de tournois spØcifiques ou
ouverts tous, de quiz, de discussions sur le jeu et la maniŁre d’avoir de nouvelles cartes ou de se former un deck (un set de cartes) efficace sont organisØs.
Histoire d’Œtre plongØ dans l’univers hØro co-fantastico-mØdiØval de Magic en continu comme il se doit pour tout bon joueur qui se respecte.
Pour tout savoir :
http://thesanctuary.free.fr/
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BRIAN ALDISS
gar on qui veut faire plaisir
FREDONNE LA MUSIQUE TRISTE DE L’HUMANITE
JEAN-CLAUDE VA N T R O Y E N
C’Øtait il y a presque 30 ans. Brian Aldiss Øtait dØj un Øcrivain remarquØ. Il avait
Øcrit CroisiŁre sans escale,Le monde vert et une histoire de la science-fiction, dans
laquelle il avait des mots aimables pour Stanley Kubrick qui, avec ses trois films Dr
Folamour,2001 : OdyssØe de l’espace et Orange mØcanique,Øtait "le grand auteur
de SF de son temps". Kubrick avait lu le livre, avait apprØciØ le commentaire. En juillet 1976, il tØlØphone Brian Aldiss.
"C’Øtait une vraie surprise", raconte Aldiss dans sa dØlicieuse
introduction Supertoys, le recueil de nouvelles qui contient les
trois histoires qui ont fourni la matiŁre de A.I.."Il a entrepris un
long monologue, sans doute pour tester ma capacitØ d’Øcoute. Quoi
qu’il en soit, j’ai dß passer l’Øpreuve, puisqu’il m’a invitØ dØjeuner avec lui.
C’est l que l’histoire commence. Elle est longue et sinueuse, et pleine de rebondissements. Kubrick venait de finir Barry Lyndon. Il cherchait une histoire de SF.
Aldiss et Kubrick se voyaient de temps en temps, discutaient cinØma, SF, gastronomie. Kubrick tourna The Shining.
sa mŁre pour en Œtre aimØ".
C’est une fa on de voir l’histoire. Une autre est de voir ce personnage qui ne sait
pas s’il est rØel ou non. "C’est vrai", concŁde Aldiss. Mais c’est la premiŁre idØe qui
a la cote chez lui, celle d’un besoin d’amour. Kubrick, lui, est attirØ par la volontØ de
David, l’andro de, de devenir rØel. Il met a en chantier. Mais il n’aboutira jamais.
Un jour,Aldiss et Kubrick se quittent. Une question de Pinocchio et de FØe bleue.
"Aaah, C’est pour a que Kubrick en a eu marre de moi. Je ne pouvais supporter a, de voir David rechercher la FØe bleue pour devenir un vrai gar on. Moi, j’aurais voulu que Kubrick crØe un nouveau futur, comme dans 2001.
"
Kubrick mort, Spielberg lui achŁte les droits des deux suites. Et voil A.I. en chantier. Et maintenant sur nos Øcrans. Le bonheur, pour Aldiss ?
"J’ai Øcrit les nouvelles la base du film, puis j’ai vendu le matØriel Kubrick puis
Spielberg. Et je n’avais rien dire de ce qu’ils faisaient mon histoire." Brian Aldiss
murmure. "Je crois que c’est affreux." Plus haut. "Non, ce film est intelligent, mais
a ne tient pas ensemble. Il y a des trucs qui ne sont pas logiques. L’andro de
David est adorable, mais un moment, il tombe dans un bassin et il n’est mŒme
pas endommagØ. Puisqu’il est mØcanique, il devrait l’Œtre. Il survit 2.000 ans et il
reste le mŒme. David mange. Mais un andro de ne devrait mŒme pas avoir de cavitØ buccale. Et puis, il devrait disposer d’Ønergie : soit il fume, comme les automobiles, soit il recharge ses batteries, mais a on ne le voit pas."
"Un jour, raconte Brian Aldiss, rencontrØ une terrasse de la rue de Seine, Paris,
en cet ØtØ indien, "nous avons ØnumØrØ tous les ØlØments nØcessaires au succŁs
d’un film de SF : un gar on de famille pauvre qui doit combattre le mal, comme
George W. Bush, bien que celui-l n’est pas pauvre ; un groupe d’amis, des Øpreuves
et une quŒte; la dØfaite du mØchant et la main de la princesse. ˙a nous a fait rire
: nous venions de dØfinir Star Wars. Stanley Øtait jaloux du succŁs de Starwars"
.
Aldiss l’avoue : beaucoup de spectateurs en Angleterre sont Ømus par le film. "J’ai
vu des gens pleurer la fin. A Paris, heureusement, les gens ont le c ur plus dur
et les critiques de cinØma se permettent des remarques acerbes. Mais on sait que
Spielberg est un sentimental qui glisse du sucre partout. Je prØfØrais Spielberg
ses dØbuts, avec Duel et Jaws : j’adore ces films-l ."
Et puis Kubrick lit une nouvelle d’Aldiss : Les Supertoys durent tout l’ØtØ. Elle avait
ØtØ Øcrite en 1969. "C’Øtait l’ ge de la pierre nombre d’Øgards", raconte Aldiss.
"Regardez ce qu’on savait du cerveau humain et de l’ordinateur. J’avais alors un
ami au National Computer Laboratory, il racontait que notre cerveau Øtait un ordinateur et que, le soir, quand on allait dormir et qu’on rŒvait, c’Øtait l’ordinateur qui
tØlØchargeait. J’ai acceptØ cette histoire parce que je n’y connaissais rien. Ainsi
c’Øtait facile de visualiser une espŁce d’andro de programmØ pour et qui croyait
qu’il Øtait un petit gar on. Heureusement, 30 ans plus tard, j’y connaissais un peu
plus".
Mais la nouvelle est restØe la mŒme et l’Øcrivain britannique y a ajoutØ deux suites,
des annØes plus tard, Les Supertoys quand arrive l’hiver et Supertoys les autres
saisons. "Je n’ai rien changØ, parce que cette histoire est avant tout celle d’un petit
Les nouvelles, le film, interrogent sur ce qu’est la rØalitØ. Comme dans Blade
Runner, d’aprŁs le roman de Dick, oø le chasseur de rØpliquants se demande s’il
n’est pas lui-mŒme un rØpliquant, un andro de. David se pose des questions sur
sa rØalitØ et veut, dans les nouvelles en tous cas, par-dessus tout Œtre aimØ. Estce une rØaction de robot ? Un vrai robot s’en soucierait-il ?
"Il faut voir comment ces choses seraient formulØes. En fin de compte, on dit qu’un
ordinateur est intelligent, mais un ordinateur il ne fait que calculer, simplement calculer. Il n’a pas d’imagination, il n’a pas de dØsir. Une vraie crØature mØcanique
intelligente devrait s’appeler C.A., conscience artificielle et nous sommes l un pas
plus loin. Parce que nous n’avons pas encore formulØ ce qu’est la conscience
humaine. Et puis c’est la question de ce qui est dØsirable ou non, de la dØmocratie, ce que la science peut et ne peut pas tenter..."
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Brian Aldiss aime reprendre cette sentence : l’humanitØ est la fois une tragØdie
et une comØdie. Une comØdie pour celui qui pense, une tragØdie pour celui qui ressent. David est-il un personnage tragique ? Avec son incessant besoin d’Œtre aimØ,
n’est-il pas plut t pleurnichard ? "J’aime beaucoup David. Mais le pŁre de David l’a
offert sa femme comme un substitut de son amour lui. Et elle ne peut le supporter, parce qu’elle a peur de montrer ses ressentiments. L’enfant n’est qu’un
objet. On peut ressentir de la compassion pour lui. Mais davantage ?"
Brian Aldiss envisage un monde oø chacun pourrait acheter un andro de, une crØature mØcanique. "Cela changerait sans doute beaucoup de choses. On pourrait se
demander qui achŁterait un andro de. Mais si on voit un andro de dans une vitrine,
on aura envie de l’acquØrir. C’est a la nature du capitalisme."
Cela pourrait Œtre si facile de laisser le sale travail aux andro des. "Oui, les gens
ont toujours cette envie profonde d’avoir des esclaves sans violer leur conscience".
Supertoys rassemble vingt nouvelles. Aldiss y est au sommet de son art d’Øcrivain. Elles sont d’une densitØ et pourtant d’une simplicitØ remarquables. Aldiss
y regarde l’humanitØ avec un regard triste, mais jamais colØreux, jamais dØsespØrØ. Il prend les hommes comme ils sont, fous, l ches, Øgo stes, ne pensant qu’
baiser leur ma tresse ou leur amant alors que leur monde va s’Øcrouler.
Et Aldiss, 75 ans, en pleine maturitØ d’Øcrivain, en pleine maturitØ d’homme, l che :
"C’est la musique triste de l’humanitØ. Je ressens a trŁs intensØment."•
Brian Aldiss : Supertoys et autres histoires du futur; traduit de l’anglais par
Catherine de LØobardy : MØtailiØ; 220 pp., 20,18 .
THE X-FILES : A RTICLE T W O
Fox Mulder
RecrutØ par le Bureau aprŁs avoir ØtudiØ la psychologie
Oxford, l’Agent SpØcial Fox Mulder montra une inclination particuliŁre vers l’originalitØ dŁs ses dØbuts. Sa monographie,
rØalisØe trŁs t t, sur les tueurs en sØrie et les sciences occultes a permis d’arrŒter un meurtrier cØlŁbre.IlØtait suivi de prŁs
par le FBI quand il s’est tournØ vers le paranormal. Convaincu
par une expØrience de rØgression hypnotique que sa s ur
Samantha fut enlevØe par une puissance inconnue quand ils
Øtaient enfants, il devint obsØdØ par la dØcouverte de la vØritØ
cachØe dans les Dossiers non classØs, oø atterrissent tous
les cas extraordinaires, inexpliquØs ou surnaturels.
Le choix de Mulder de travailler sur les Dossiers non-classØs n’Øtait peut-Œtre pas
tout fait sa volontØ. L’Homme la Cigarette, homme de paille du Syndicat, a suggØrØ de placer l’agent l oø il pourrait Œtre contr le. Ils n’ont jamais tuØ Mulder car
il est trŁs utile pour propager les mensonges qu’ils souhaitaient rØpandre.
Le style de vie spartiate et besogneux de Mulder l’a ØloignØ de ses parents, qui ont
ØtØ ØliminØs par des agents souterrains qu’il avait cherchØ retrouver. Il dØcouvrit finalement le secret propos de sa s ur, apprenant qu’aprŁs son kidnapping
et les expØriences dont elle avait ØtØ l’objet, une prØsence cØleste vint
son
secours et transporta son me au paradis.
AprŁs la rØsolution de ce problŁme, Mulder lui-mŒme devint un Dossier non-classØ
lorsqu’il fut enlevØ par un vaisseau spatial. Son corps fut retrouvØ mort, mais, avec
l’aide de Scully, Mulder est revenu la vie. Sa quŒte de la vØritØ l’a amenØ au plus
grand des sacrifices : son dØpart du FBI et sa sØparation d’avec Scully et leur
enfant.
Dana Scully
L’Agent SpØcial Dana Katherine Scully n’est pas seulement un docteur en mØdecine spØcialisØe en mØdico-lØgal, mais aussi une personne qui s’accroche la raison
; elle pense qu’il y a une explication scientifique derriŁre chaque Dossier non-classØ. Ses croyances ont ØtØ mises rude Øpreuve, et elle a vu des choses (en travaillant sur ces Dossiers) que ni la Science ni la logique ne pourraient justifier. Elle
a mŒme commencØ croire en l’existence des extra-terrestres.
Contre le dØsir de ses parents, Scully, en sortant de l’Ecole de MØdecine, intØgra
Quantico, oø elle Øtudia durant 2 ans dans l’AcadØmie du FBI. En sortant elle fut
assignØe travailler aux c tØs de Mulder sur les Dossiers non-classØs, avec pour
objectif de discrØditer ses thØories abracadabrantes et audacieuses.
Au fil des annØes, elle a donnØ plus que sa propre vie pour ces Dossiers. Scully fut
enlevØe et, aprŁs un retour mystØrieux, fut rendue fertile (alors qu’elle Øtait stØrile)
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par des expØriences que l’on a supposØ avoir ØtØ pratiquØes sur elle. Elle dØcouvrit
alors qu’un implant informatique a ØtØ fait la base de son cou. Son extraction
provoqua la dØclaration d’un cancer. La maladie connut une
rØmission avec l’implant d’une autre puce informatique. Une
tentative d’assassinat sur Scully causa le dØcŁs de sa s ur
Melissa.
Elle rØussit trouver son partenaire, qui avait ØtØ enlevØ, et
trouva mŒme le moyen de le ramener la vie aprŁs qu’il ait ØtØ
lui aussi soumis des expØriences extra-terrestres. La mØdecine, cependant, ne s’explique toujours pas comment Scully
tomba enceinte aprŁs des annØes de stØrilitØ. Bien qu’elle et
Mulder craignaient le pire, William est nØ humain et en bonne
santØ. Comme ils commen aient se faire l’idØe que le bØbØ
fßt le fruit d’une fØcondation naturelle, des preuves mystØrieuses prouveraient que
W illiam est encore plus qu’un miracle qu’ils ne l’imaginaient. Et ceci mit leurs vies
en danger.
John Doggett
L’Agent John Doggett intØgra le FBI en provenance du DØpartement de Police de
la Ville de New York, oø il travaillait comme dØtective la Division des Fugitifs.
Approchant toutes ses enquŒtes avec scepticisme, il croit que tout peut Œtre expliquØ avec les techniques policiŁres standard. Ce n’est donc pas une surprise qu’aprŁs seulement 5 ans au Bureau, il soit affectØ par le Directeur Kersh la direction
du groupe spØcial lancØ la recherche de Mulder. Bien que son enquŒte s’enlis t,
Doggett mit un point d’honneur rØsoudre l’affaire.
Une ma trise et un doctorat d’Administration Publique de
l’UniversitØ de Syracuse prouvent la volontØ de Doggett de se
conformer aux dogmes du Gouvernement. Il est l’exemple parfait du succŁs rapide et de l’efficacitØ. Avant de travailler dans
la Police, Doggett eut le grade de sergent dans l’UnitØ amphibie du Corps es Marines des Etats-Unis et joua un r le dans la
Force Multinationale de Maintien de la Paix pour le
DØveloppement du Liban. AprŁs 6 ans dans l’ArmØe, il fut mis
la retraite avec des recommandations aprŁs avoir ØtØ blessØ
sur le Front.
Monica Reyes
Bien que nØe Austin, Monica Reyes fut adoptØe par un couple de Mexicains et
grandit Mexico. Elle n’a jamais identifiØ ses parents biologiques. Elle sortit en
experte en folklore et mythologie de l’UniversitØ Brown, obtenant son bac et sa
ma trise en 4 ans. AprŁs avoir envisagØ une carriŁre acadØmique, elle entra
Quantico en 1990. La premiŁre mission de l’Agent Reyes fut d’intØgrer un groupe
spØcial qui enquŒtait sur des suspicions de rituels sataniques. Aucune des charges
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n’Øtait justifiØe, et Reyes publia un rapport en 1992.
Reyes servit alors l’antenne du Bureau dans l’Etat de New York, oø parmi ses dossiers figurait le kidnapping de Luke Doggett, 8 ans, fils de l’Officier de Police John
Doggett. Le gar on fut finalement trouvØ mort, mais aucun
suspect n’a ØtØ apprØhendØ. En 1999, elle fut transfØrØe au
Bureau de la Nouvelle OrlØans. Elle y resta jusqu’ ce que
l’Agent du FBI -ex-flic- Doggett la convainque d’accepter un
poste au DØpartement des Dossiers non-classØs
W ashington, DC.
W alter s. Skinner
Ex-Marine avec un sens aigu du devoir, le Directeur adjoint de
Bureau W alter Skinner se montre parfois peu patient avec les mØthodes d’invesi
tgation peu orthodoxes de Mulder. Plus d’une fois il a prØvenu les deux agents que
leurs enquŒtes s’aventuraient dans des contrØes dangereuses. Il a Øgalement ØtØ
forcØ de fumer leur Service, mais l’a rØouvert de sa propre autoritØ.
Skinner semble Œtre pris entre deux feux : les Agents Mulder et Scully d’un c tØ, et
l’Homme la Cigarette de l’autre. De frØquentes visites de ce dernier placent Skinner
comme un autre laquais du Syndicat, mais ses efforts en faveur de Mulder et Sculy
" travers des rØseaux non-officiels " dØmontre son intØrŒt pour les agents et leur
travail. Cependant, Krycek a prouvØ que le Directeur adjoint ne peut jamais Œtre
exclu des jeux de pouvoir.L’ex-Agent Krycek possŁde la console qui peut augmenter la densitØ de nanomachines dans le systŁme sanguin de Skinner, le tenant sa
merci.
Bien qu’il n’ait jamais ØtØ convaincu par les thØories extra-terrestres de Mulder,
Skinner est ØtonnØ de voir une lumiŁre brillante et fut tØmoin de la disparition de ce
dernier dans Requiem (7x22). Il fut rempli d’Ømotions contradictoires, comme il le
dit plus tard Scully en lui contant les ØvØnements. "On me demandera ce que j’ai
vu", dit-il. "Et je ne peux nier ce que j’ai vu. Je ne le ferai pas."
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LES MAITRES ITALIENS
La face noire d’Evangelisti
L’Øcrivain italien convoque un inquisiteur, Nostradamus et Reich sur des terres
troublØes
ValØrio Evangelisti est italien, parle un fran ais ch tiØ, est
historien de formation, Øcrit de la science-fiction dont le
hØros est un inquisiteur espagnol du XIVe siŁcle et
romance la vie de Nostradamus. trange mØlange hØtØroclite qui correspond bien l’ambigu tØ de cet Øcrivain tout
en longueur et en gentillesse, la voix affable et posØe
que son regard dØnonce cependant parfois en se faisant dur sous les sourcils
noirs.
Evangelisti, c’est un phØnomŁne Øditorial en Italie. Son hØros, Nicolas Eymerich,
est inquisiteur en Espagne, dans un XIVe siŁcle tourmentØ. Un dur, un mØchant, un
triste. Plein d’Ønergie sans doute, mais pour combattre, abattre, tuer ceux qu’il
prend pour les ennemis de Dieu. Et l’auteur est parvenu gagner ce pari insensØ
de faire de cet affreux un vØritable hØros de romans oø le passØ, le prØsent et le
futur se mŒlent, inextricablement. La mission divine d’Eymerich suscite d’Øtranges
Øchos dans un futur oø les hommes ne seront jamais que ce qu’ils ont toujours ØtØ
: des mØdiocres.
Plusieurs romans ont fait vivre Eymerich en italien ; quatre ont ØtØ traduits en franais. Et le succŁs a ØtØ tel que l’Øditeur d’Evangelisti, Mondadori, a osØ un premier
tirage de 140.000 exemplaires pour son nouveau personnage : Nostradamus, qui va
vivre trois romans pleins de panache et d’action, en compagnie de personnages
historiques que Nostradamus a connus ou aurait pu croiser : Rabelais, Catherine
de MØdicis, Scaliger, Lorenzaccio, Henri IV,lepape Paul III, Catherine de MØdicis...
"PLUS IL EST M C H A N T,PLUS JE SUIS HEUREUX"
N’attendez pas une biographie rigoureuse. Si Evangelisti a scrupuleusement
respectØ ce qu’on sait de la vie de l’auteur des Centuries,ilapar contre, sans scrupule aucun, brodØ autour des zones d’ombre. Le rØsultat est Øpique, avec des scŁnes d’amour et de gaudriole bienfaisantes et d’atroces rØcits de la peste.
Michel de Nostre-Dame est Øvidemment le hØros de ce roman. Mais c’est un hØros
qui ne se trouve pas, qui frØmit avec le vent, ballottØ par son dØsir de reconnaissance, les remords de sa vie passØe et son angoisse du futur. Il ne semble jamais
ma tre de son destin. Si bien que le "brave" Michel (avec tout ce que ce mot peut
entra ner de connotations nØgatives) est vite ØclipsØ par la noire aura de Diego
Molinas, un "familier", c’est- -dire un agent, de l’Inquisition d’Espagne, qui poursuit
Nostradamus de ville en ville, parce qu’il est coupable de pouvoir percer les secrets de ce mystØrieux mots: Abrasax.
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Ce Molinas est extraordinaire de cruautØ, d’inhumanitØ, d’inclØmence. DŁs qu’une
pensØe qu’il qualifie de mauvaise l’assaille, comme celle de contempler la nuditØ
d’une femme travers l’embrasure d’une porte, il se torture pour expier, s’enfonce
un poignard dans la main, s’arrache les ongles, se brßle les doigts...
Molinas devient ainsi quasiment le personnage le plus fort du premier tome de
cette trilogie de Nostradamus et fait Øvidemment rØfØrence immØdiate l’inquisiteur Eymerich (qu’Evangelisti cite, d’ailleurs, avec humour, dans son Nostradamus)
.
Le c tØ noir, c’est bien ce qui fascine Evangelisti. Et son lecteur.
J’ai en effet ØtudiØ le caractŁre schizo de des gens, dit l’Øcrivain italien. Eymerich,
c’est le c tØ le plus sombre de mon caractŁre. Je suis un type plut t gentil et amical, mais j’ai aussi des caractØristiques nØgatives : je suis mØfiant, asocial. Pour
faire Eymerich, j’y ai jetØ le mauvais que j’ai en moi. Plus il est mØchant, plus moi
je suis heureux parce que a me dØlivre de cet aspect-l .
Alors, Evangelisti doit Œtre heureux. Parce que dans Le mystŁre de l’inquisiteur
Eymerich, l’inquisiteur dominicain est d’une fØrocitØ incroyable. Que ce soit pour
Øradiquer le culte pa en qui rŁgne sur la Sardaigne ou, en esprit, pour combattre
W ilhelm Reich, le philosophe de la sexualitØ. Le roman se tisse ainsi en trois
Øpoques : 1365 en Sardaigne, 1957 dans le pØnitencier de Lewisburg, en
Pennsylvanie, oø Reich est mort, et dans un avenir proche dØshumanisØ. Eymerich
casse les barriŁres du temps, c’est le patron, du passØ comme du futur.
"NOUS VIVONS L’AGE DU M TAL"
Eymerich est une sorte de facho, mais je ne suis pas fasciste , se dØfend l’Øcrivain. J’ai crØØ un personnage dØsagrØable, reprØsentatif de mon c tØ sombre
moi, mais aussi, je l’espŁre, de toute l’humanitØ. Car Eymerich possŁde aussi un
c tØ charmeur : il ne manque pas de grandeur, de dignitØ, de force.
Mais ces qualitØs, il les met au service des idØaux les plus pervertis : l’autoritarisme, la violence, la domination. J’ai peur d’un personnage comme Eymerich , avoue
Valerio Evangelisti. Je suis convaincu que des gens comme lui dominent le monde.
Ilparle du "vice affreux de la tolØrance". Il dit : Moi, j’ai raison, vous pas, vous n’avez donc pas le droit d’exister. Et c’est ce que je vois dans le monde.
Eymerich a la force et la froideur du mØtal. Pour Evangelisti, nous vivons l’Łre du
mØtal. On voit, en Yougoslavie, au Liberia, ailleurs, des gens qui vivaient ensemble
et qui ne veulent plus se conna tre. Eymerich est une crØature de mØtal, le seul qui
comprend l’histoire de son Øpoque et celle des autres Łres. Nous vivons l’ ge des
guerres absurdes et inutiles, et aucune force ne se trouve pour s’y opposer.
Perdrions-nous notre imaginaire collectif, cette espŁce de substance commune
qu’il y a entre les hommes ? Mon effroi, c’est que cet imaginaire et donc ce tissu
puissent se dissoudre totalement.
JEAN-CLAUDE VANTROYEN
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Valerio Evangelisti, Le mystŁre de l’inquisiteur Eymerich, traduit de l’italien par
Serge Quadruppani, Rivages/Fantasy, 303pp., 19,67 euro.
Le roman de Nostradamus: Le prØsage, traduit par Sophie Bajard, Payot; 358pp.,
18,29 euro.
Luca Masali : Les biplans de d’Annunzio; traduit par Maria Grazini et Isabelle
Lambert ; Fleuve noir ; 305 pages, 13,57 euro.
La perle la fin des temps; traduit par Jacques BarbØri ; Payot SF ; 395 pages, 22,11
euro.
Les bouleversements temporels de Luca Masali
La science-fiction italienne, on ne la connaissait que fort peu jusqu’ici. Lino Aldani,
Stefano Benni avec son superbe Terra et quelque peu Dino Buzzati, qui a effleurØ
le genre. Pas davantage. Manque de traductions sans doute, mais aussi manque
de talents. Tout cela change pour le moment.
D’abord, la SF italienne vit une rØvolution salutaire et mŒme une explosion, sous la
houlette de Daniele Brolli et de Valerio Evangelisti ; et puis des rencontres se sont
tissØes au fil de conventions fran aises entre gens de la SF italiens et fran ais : des
auteurs fran ais sont traduits en italien et des Italiens sont traduits en fran ais.
Ce qui nous permet d’apprØcier aujourd’hui les Fragments d’un miroir brisØ, une
anthologie de la nouvelle SF italienne compilØe par Evangelisti. Cette SF est riche,
presque mßre, passionnante en tous cas. La nouvelle cyberpunk de Silvio Soso,
Ketama,Kappa, d’Evangelisti, Choukra, de Nicoletta Vallorani, sont de petites perles.
Et, avec La baleine du ciel, Luca Masali montre ses racines verniennes, son amour
des temps dØsarticulØs et son plaisir de prendre des personnages historiques
comme hØros. Ici, c’est Nobile, qui rØalisa avec Amundsen en 1926 le premier survol du p le Nord bord d’un dirigeable.
Masali aime naviguer sur les ocØans enchevŒtrØs du temps. Dans Les biplans de
d’Annunzio, il fait intervenir des gens du XXIe siŁcle durant la guerre 14-18, afin de
lui donner une autre fin. Et l’aviateur Matteo Campini passe des duels dans le ciel
de la premiŁre guerre mondiale aux massacres de la Bosnie d’aujourd’hui.
Matteo Campini, on le retrouve dans La perle la fin des temps. Oø il plonge dans
une fameuse aventure en 1924: il part avec AndrØ Citroºn sur les traces du
ScarabØe d’or, une autochenille qui est abandonnØe en plein dØsert. Mais les
temps se tØlescopent, et surgit l’Istanbul du futur, hantØ par les cyberderviches,
prŒtres d’un islam triomphant.
Ce qui est remarquable dans ces romans de Masali, c’est le mØlange totalement
rØussi de l’histoire, de l’Ørudition, de l’intelligence et de l’aventure. Si le reste de la
SF italienne ressemble du Masali, alors traduisez, messieurs les Øditeurs.
J.-C. V.
Fragments d’un miroir brisØ, anthologie prØsentØe par Valerio Evangelisti; traduite
del’italien par Jacques BarbØri ; Payot SF ; 287 pages, 19,67 euro.
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PALMARES
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LE SCAN
Corbeyran est nØ Marseille en 1964. Son premier scØnario est publiØ en 1990. Il
s’agit d’un rØcit fantastique, situØ dans un Moyen ´ge ravagØ par la guerre et la
lŁpre. Depuis, en compagnie de nombreux dessinateurs, jeunes ou confirmØs,
(GuØrineau, Falque, Berlion, Charlet...), il n’a cessØ d’explorer de nouveaux territoires. Jamais l oø on l’attend, sa curiositØ sans limite et sa fascination pour des graphismes trŁs variØs l’entra nent arpenter une multitude d’univers. Du thriller pur et
dur (Le Chant des Stryges) la poØsie dØcalØe (La Digue) en passant par la fable
uchronique (le Fond du Monde), Corbeyran sait s’adapter au style de chacun de
ses collaborateurs sans perdre son identitØ. Prolifique et polymorphe, cet auteur
bordelais ne cesse de dØvelopper ses idØes et ses concepts originaux, pour notre
plus grand plaisir ! la collection Encrages des Øditions Delcourt sous le titre de
Paroles de Taulards.
Il dØveloppe autour de l’univers du Chant des Stryges d’autres sØries dØcouvrir :
Le Ma tre de jeu avec Charlet, et Le Clan des ChimŁres avec Suro. S’y ajoutera
prochainement une grande fresque de science-fiction avec un nouveau venu : Marc
Moreno...
Bibliographie :
Aux ditions Dargaud :
Le cadet des soupetard
Lie de vin
Graindazur
L As de Pique
Aux ditions HØlyode :
Les Griffes du Marais
Aux Humano des AssociØs :
Le RØseau Bombyce
Aux ditions Ciel Ether :
L Ogreraie
Horreur de jeunesse
Pet-en-gueule
Richard GuØrineau est nØ le 18 novembre 1969. DŁs son plus jeune ge, il est pris
par le dØmon de la bande dessinØe et dØvore avec frØnØsie les passionnantes
aventures de Bibi Fricotin,Bill Tornade,et Blek-le-Roc.Assez rapidement, ses proches lui affirment que «le dessin n est pas un mØtier !». De nature conciliante mais
Øgalement contradictoire, il suit leurs conseils et passe un bac scientifique avant
d entamer des Øtudes d Arts Plastiques. Plus il rØflØchit sur l Art en gØnØral, plus il
a envie de faire de la bande dessinØe en particulier. La boucle est ainsi bouclØe. En
1991, sa rencontre avec le scØnariste Eric Corbeyran aboutit une fructueuse collaboration : l As de Pique prend ainsi son envol chez Dargaud. ParallŁlement, le
duo signe un thriller Øpoustouflant, aux frontiŁres du rØel et du mystØrieux, Le
Chant des Stryges, qui para t aux Editions Delcourt, pour lequel il a changØ son
style graphique. Son trait nerveux et ses cadrages serrØs sont de prØcieux atouts
pour cette histoire menØe sur un train d enfer !
C est toujours avec Corbeyran, son voisin bordelais, qu il rØalise Øgalement une histoire au sein du collectif Paroles de Taulards : Corbeyran a participØ des travaux
d Øcriture avec les dØtenus d une maison d arrŒt. Les histoires, crØØes par les prisonniers, sont ensuite adaptØes par le scØnariste puis mises en forme par de nombreux et talentueux dessinateurs.
Bibliographie :
Aux ditions Delcourt :
Le Fond du monde
La Digue
Le Chant des Stryges
Paroles de Taulards
Abraxas
Le Ma tre de jeu (Stryges)
Petit Verglas
Le Clan des ChimŁres (Stryges)
Kid Korrigan
L As de Pique
Le PhalanstŁre du bout du monde
Le RØgulateur
Aux ditions Dargaud :
L As de Pique (scØnario de E. Corbeyran)
Aux ditions Delcourt :
Le Chant des Stryges
l’As de Pique (rØ-Ødition)
Site officiel : www.stryges.com
Aux ditions Casterman :
Sales Mioches !
L’Oiseau de feu
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