La division du suivi scolaire
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La division du suivi scolaire
La division du suivi scolaire PAR JEAN-CLAUDE ST-AMANT, This artich investigatesthe crucial rob which mothersplay in encouraging their daughtos to succeedacademicafly in school. Que faut-il faire pour reussir li l'iicole? Etudier, bien travailler, repondre aux exigences peut-etre? Les filles s'investissent plus que les garqons dans leurs etudes, que ce soit li I'universitt?, au col-legial (Terrill et Ducharme), au secondaire (Bouchard et St-Amant 1996) ou au pri-maire (Gagnon). Comment se fait-il que les filles s'investissent plus que les garqons? De nombreuses recher-ches confirment des liens entre une plus grande implication parentale dans le suivi scolaire et la performance et la perseverance des jeunes h 1'Ccole. Mais, I'implication est-elle la meme de la part des deux parents? Est-elle la merne li 1'Cgard d'un enfant de meme sexe ou suggkre-t-elleun axe mkre-fille ou un axe pere-fils? Pour les fins de cette presentation, nous tenterons de soupeser I'hypothese qui voudrait que la meilleure rtussite scolaire des filles-par rapport aux garqons-s'explique par un axe mkre-fille oh se joue un depassernent par les filles de la situation de leurs mkres. I1 s'agit rnoins, il faut le preciser, d'un phenomkne qui serait individuel (un couple mere-fille pris un li la fois) que d'un phenomene sociologique oh une generation de filles amtliorerait sa situation par rapport A la generation de rnkres qui les ont precddees. Cette hypothkse ne contredit pas, au contraire, la presence possible d'un axe pkre-garqon, mais repose fondamentalement sur une implication parentale plus grande de la part de la mere que du pkre dans le La reussite suivi scolaire. La reussite scolaire sco[aire rnoindre moindre des garqons s'expliquerait par une implication rnoins soutenue des garcons du ,re, celle des filles par une imstexpliquerait par plication plus large desmkres. Cette hypothese suscite des sousune implication questions. Supposons, par exemple, m0itlS Soutetllle que Ies mkres soient li toutes fins p&re, pratiques seules li s'occuper du suivi scolaire, comment expliquer alors la des filles Par une meillcure ttussite des filler par rapimplication plus port aux garcons d o n t elles aussi? I1 faut pour y large des mires. s'occupent repondre, comprendre le auivi scolairer ou ~l'irnplicationparentalen comme unedynamique hdeuxp8les, le d 30 CLAUDETTE GAGNON, ET d'une part la mere bien siir, mais d'autre part le fils ou la fille qui re~oit,accepte ou rksiste--ou plutBt nkgocie-li des degrks divers I'intervention. En d'autres mots, li une implication parentale donnke doit correspondre une implication propre de I'enfant. Cette dernikre conditionnera I'efficacitd de la premiere. La rneilleure reussite scolaire des filles se comprendrait alors par un investissement propre des filles elles-memes dans leur devenir scolaire, ce que feraient moins les garCons (Bouchard, St-Arnant, Bouchard et Tondreau). Pour soutenir ces avancdes, nous presenterons dans les pages qui suivent la division du suivi scolaire entre les parents. Les donnees proviennent de deux recherches rkalisees au Quebec sur les &cartsde reussite scolaire entre les garqons et les filles. Gagnon a interviewd 44 mkres, 11 pkres, 26 filles et 19 garqons de cinquikme annde du primaire. Bouchard, St-Amant et leur equipe ont administre un questionnaire li plus de 2200 jeunes de niveau secondaire 3 en provenance de 26 ecoles secondaires. 11s ont aussi realise des entrevues aupres d'une cinquantaine d'entre eux, moitit garqons et moitit? filles. Les items suivants seront abordb: qui s'informe de l'ecole? verifie les devoirs et fait apprendre les leqons? prend contact avec les professeur-e-S?suit I'holution des rbultats? filicite sur le rendement? Dans I'enquete statistique au secondaire, les rdponses des jeunes ont et6 compilees suivant une structure farniliale biparentale (1387 rtpondants et repondantes).' Est comparke, pour chacune des situations, la part assumee par chacun des parents.2 Nous regardons ensuite si cette implication se modifie selon le sexe de l'enfant. Les resultats apparaissentsous formede tableaux et d'extraits d'entrevues. Les cattgories d'analyse sont comparables entre les niveaux d'enseignement et les types d'enquete. L'espace qui nous est imparti etant succint, nous nous lirniterons li certains exernples significatifs.3 DonnCes statistiques sur le suivi scolaire au secondaire La compilation des sondages atteste que I'irnplication des meres est quotidienne. Elle ddpasse toujours les 80% et atteint mime les 91%. L'dvaluation ne change pas selon le sexe de l'enfant. Dans la prise de contact avec le personnel enseignant, on voit li nouveau que I'irnplication des meres est beaucoup plus klevee que celle des ptres. O n note que le suivi de I'holution des rdsultats scolaires CANADIAN WOMAN STUDIESILES CAHIERS DE LA FEhIME apprendre i leurs enfants ise ddbrouiller. Un pkre exprime ses exigences en matikre de rhultats scolaires: Je ne la POW pas t r ~ prnais jc suis ncigeant quand m h e . E h a ru un bulletin oir sa plus bassc note Ctait soixante-seizepourcent (76%). Je Ihi engunrke etje lui ai dit qu Zhpouvaitfaire minuc gut fa. Aver sa mhc, c'cst k contrairc. E h lui dit quc c'cst bien. NotrcjiIIr, ilfaut la powscr sinon et?&va sc contenter & soixante pour cent et &passcr. (Ptre 23) Cet extrait illustre bien la pratique diffdrencike selon le sexe. Elle se prhente comme une source potentielle de conflit entre les d e w parents. Grtains types de mhentente ou de divergences &opinions entre les parents amknent quelquefoisles mkres s ' m p e r seules des tiiches scolaires. Qui fUicite sur le rendemend Meme si les encouragements proviennent des deux parents, plus de la mkre, c'est sunout le style qui change. L'encouragement affectueux apparatt comme une caractkristique maternelle. Au bilan, un constat s'impose: les mkres sont disponibles et panicipent i tous les niveaux. Elles se rendent en majoritd aux reunions de parents, ce qui est assez rare c h a les pkres. Leur interet ne s'arrete pas li; elles sont dgalement nombreuses i faire du bknkvolat i l'dcole (aide i la pdriode de vaccination, sorties dducatives, activitks diverses, aide pour la distribution du lait, etc.). La motivation principale des mkres a trait i l'importance de l'kducation pour l'avenir de leurs enfants, en particulier pour leurs filles. Elles insistent sur l'importance de la rkussite scolaire pour leur h t u r et n'hdsitent pas i parler des difficultis des femmes sur le march6 du travail: Ouijedis souvent h ma jil& que jhimerais fa qu 'cl& jinissc son secondaire, qu 'elk ail&au CEGEP, qu 'cl&ail& h l'univcrsiti, qu ' e hfasse gapour e h . Les chums, fa ne presse pas I.. .]pour quc plus tard e h puisse aviver h dire: Eh!je suis capabk &faire fa!Je n hipas besoin de quelqu 'un h cGtClI.. .]J h i trente-quatrcans,je viens a% Fnir mes C d s et c ktpasfar&. I...]Je lui dis de nepas &her. I...] Jc lui donnc I'exempk I.. .] Tu sais, & marchi du travail est t e l h e n t dimiminatoire. Je me trouve en situation defamilh monoparentak et on se ramme aver des salaires & "trou L& nrI, "pubih sont kf et i h t 'Ccrasent, i h t 'Ccrasent [...] Moi, je n 'ktais pas flministe avant, mais hpuis quelque temps, depuis que je suis sur & march4 du travail.. . (Rire) [...] C'est dzficih d 2tre une fcmme aujourd 'hui, c bt vraiment faire saplace, toujours se bame. I.. .] Je trouve que c'est pour fa qu 'ilestprut-2trcbon decommencer toutdesuite par & bon chrmin pour maf;I&. (Mkre 8) Conclusion autant dans les conversations scolaires que dans le suivi des devoirs et des legons. Au primaire, elles sont nombreuses i participer activement i l'dcole dans des cornit& et aux reunions de parents. Les frdquentes interventions des mkres auprts de leurs filles sur les possibilitks d'avenir, sur l'importance de l'kducation et, surtout, sur les dificulth rencontrdes sur le march4 du travail ou dans leur vie maritale et familiale tkmoignent d'un axe mkre-fille. Par ailleurs, l'indice &implication que nous avons construit pour le secondaire montre que la participation des mkres ne se ddment pas. Elle ne va jamais en dega de 80% alors que celle des pkres est beaucoup plus variable. Celle-ci va de 28% (les legons) i 68% (les fdlicitations). Si la moyenne pour les pkres est de 43%, il est intdressant de constater qu'elle se situe i 32% (un pkre sur trois) dans les situations qui comrnandent une implication soutenue contre 64% (deux pkres sur trois) quand la situation ne requiert qu'une prhence kpisodique. Peut-on vraiment parler de wdivisionn ou de upartagen du suivi scolaire entre les parents ou sommes-nous plutBt en presence, i l'image des travaux domestiques et du soin des enfants, de taches assumdes trks largement par les femmes? Que ce soit les responsabilitts quotidiennes relides i la frdquentation scolaire des enfants ou qu'il s'agisse de responsabilitds qui reviennent de f a ~ o nplus kpisodique, les mkres sont nettement plus impliqukes que les pkres, et elles sont beaucoup plus souvent seules il'etre. Si la dkmarche appardt d'abord comme un effort de prevention de l'dchec scolaire, les mobilisations des mkres dkmontrent qu'elles vont au-deli des conseils judicieux. Non seulement elles visent i convaincre leurs filles de l'imponance de l'dducation pour ccs'en sortir dans la vie#, comme femmes, mais encore i les motiver afin &&iter certaines dificultks qu'elles ont elles-memes connues. Les filles font manifestement echo i cette mobilisation. Un axe mkre-fille se dessine sans nkcessairement etre prdsent dans toutes les relations. D'autres recherches sont nkcessaires pour analyser ce phknomtne sociologique.9 Jean-Claude St-Amant est profcssionncl a5 recherche au Centre de recherche et d'intewention sur la r h i t e scolaire h I'UnivenitC Laval. Historien deformation, ila menCdes tra-. vauxportant sur & racisme et & sexisme dam &Smanueh d'histoire. Depuis six ans, ses rrcherches et publications portent sur & retour a m Ctudes, la rhsite scolaire et I 'implicationparentalc dtfkrenciks sekm & sexc. Claudctte Gagnon est enseignante h la Commission scolaire de Charlesbourg. El& mhne une recherche-action sur I'intervention contre &SstirCotypes sexistes et h viohncependant kz rtbkation. Ses rcchrrches ant&ures o n t p o d sur la dynamique de kz rhsite scokzire desf;I&sau primaire et sur k modelage du corps desfcmmes. Unprojet depublicationde sa thhse de doctorat cst m coursaml?ditiom du Remue-mCnage. Pierrette Bouchard estprof.sseure titukzire h la FanrltC des Sciences de l'kducation de IJUniversitCLaval. Ses travaux de recherche et ses publications ont portt sur l'iducation h la L'implication des mkres se vdrifie quotidiennement, VOLUME 18, NUMBERS 2 & 3 scxualitk, &Spratiquesflminrjtcs d'kducation, kz prPvcntion drs abus smuc.4 et I'impact & &a grosscsse h l'ado&scence. Ses rccherchesb p l u s ricmtwportentsur ks t h h c s dr la rCussitc et & 1'Crhec scolaircs comparCs tntw hsgarfonset &sf;I&sa$ m h c que sur h division du suivi scolaire mtre &Sparents. '302 farnilles monoparentales font egalement partie du corpus: 84 rdpondants et rdpondantes vivant avec le pere et 2 18 rdpondants et rdpondantes avec la mere; 260 situations familiales sont classdes uautres,. De plus, sur l'ensemble, uncertain nombre de rdponses ont Ctk considerkes non valides. 2 ~ . categories s de rdponses sont: mere seulement, pere seulement, les deux, ne s'applique pas et autre. 3 ~ e analysees s plus ddtaillh sur ces donnees et d'autres inddites, notamment sur les types de familles seront prdsentees dans un article h p d t r e . *L'implication parentale est apprdhendee par l'entremise des propos des jeunes. Cette mkthode comporte certaines limites. Pour des analyses plus fines, consulter Bouchard ctal. qui distingue les jeunes selon le sexe, le milieu familial et les rhultats scolaires. 5 ~ u c u ngaqon ne mentionne sa mere; aucun k1k.e des deux sexes ne mentionne son @re. '~'im~licationparentale est apprehendee par l'entremise des tdmoignages desjeunes et de leurs parents. Les analyses de Gagnon tiennent compte aussi des milieux sociaux d'origine et du calibre scolaire ce dont il est impossible de rendrecomptesi on veut respecter les regles de publication de la revue. 7 ~ plus a grande proximitd scolaire des meres se traduit aussi par leur participation h la recherche: quatre fois plus de femmes que d'hommes ont rdpondu h l'appel, meme si lesdeux parents ou responsablesdel'enfant etaient sollicites. 'cornme le texte se consacre a w rapports meres-filles, les extraits d'entrevues parentales presentes sont ceux des femmes. Dans Gagnon et Bouchard, St-Amant, Bouchard et Tondreau, les dldments de differenciation concernant les hommes sont mis en Cvidence. 9~ouchard,St-Amant, Baudow et Rinfret entreprennent un nouveau programme de recherche sur cette thematique en 1998. Bouchard, Pierrette, Jean-Claude St-Amant, Natasha Bouchard, et Jacques Tondreau. DC I'amour dr l'kcole. Thnoignagesdcjeunes dr quinee am. Montreal: Editions du Remue-menage, 1997. Bouchard, Pierrette, et Jean-Claude St-Amant. Garfonset $l&s2 stirCotypcs et rhrssite scolaire. Montrthl: Editions du Remue-menage, 1996. Gagnon, Claudette. Dynamique a5 ka rhsitc scolaire des jl&s au primairc:une nouvcllc approchc interactionistc. These de doctorat. Quebec: Universite Laval, 1997. Terril, R., et R. Ducharme. Passage sccondairc-collPgia1: caracth.istiques Ctudiantes et rcndcment scolaire, 2iPme Cdition. Montreal: SRAM, 1997. 34 LIBBY SCHEIER A Tale of Father, Daughter, and Mother tree my cheek against your bark your grey and brown and black roughness of skin your five o'clock beard rubbed hard on my five-year-old face your leather belt zaps the air electric eel coming after me snap slap snap slap its black tongue sears my thigh red I'm a fish on a rock far from water (this is also a dream of the mother the mother in this dream speaks in whispered italics in audible after which silence always silence the mother in this dream lives in (side)parentheses) Libby Sheier is the author of Saints and RunnersStories and a Novella, three books of poetry, most recently SKY-A Poem in Four Pieces, and is co-editor of the essay collection, Language in Her Eye. Her fourth poetry collection, a new and selected poems, is forthcomingfrom ECW Press in 1999. CANADIAN WOMAN STUDIESlLES CAHIERS DE LA FEMME