Restauration d`un élément d`aéronef trouvé au cours d`une fouille

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Restauration d`un élément d`aéronef trouvé au cours d`une fouille
‐Restauration d’un élément d’aéronef trouvé au cours d’une fouille‐ 1‐ Introduction : Il est bien connu que la corrosion est un phénomène complexe et, selon les matériaux y étant soumis, le résultat peut être dramatique avec destruction quasi complète de l’objet. Ainsi, la première difficulté rencontrée par quiconque se mettant en devoir de tenter de nettoyer un tant soit peu la corrosion s’étant attaquée à un objet métallique est la suivante : Quel devra être le processus le plus approprié pour débarrasser le plus possible l’objet de sa corrosion ? L’étape suivante étant de proposer un moyen de prévenir la réapparition de la corrosion. Dans le cas de pièces de fouilles, il s’agira le plus souvent de viser à retrouver les formes d’origine de l’objet et surtout de lui conserver son aspect le plus longtemps possible; aucune remise état de la fonctionnalité ne sera recherchée, surtout dans le cas de crashes aériens où les éléments ont, dans l’immense majorité des cas, subis des dommages irréversibles dans leur géométrie… En fait, plusieurs possibilités s’offrent à nous qui dépendront de la matière et de la destination future de l’objet. Ces divers processus sont : •
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Décapage ‘mécanique’ à savoir, brossage, ponçage. Pour les métaux ferreux, ce processus peut rapidement s’avérer destructeur pour l’objet alors qu’il ne permet pas un nettoyage en profondeur de la rouille, qui a toutes les chances de réapparaître rapidement ! Décapage ‘chimique’ à l’aide de divers acides ou autres produits disponibles dans le commerce qui sont très efficaces, surtout pour les métaux cuivreux. En ce qui concerne les ferreux, l’acide phosphorique donne de bons résultats, à la seule condition que le dépôt de rouille soit très fin. Un rinçage abondant à l’eau claire immédiatement suivi d’un séchage dans la sciure chaude est impératif dans ce cas pour enlever tout reste de produit agressif. Une protection par un vernis dédié aux métaux est de même fortement recommandée afin de prévenir tout bourgeonnement de corrosion ultérieur. Dans le même registre et uniquement pour les ferreux corrodés uniquement en surface (sur une surface polie, par exemple), on peut avantageusement faire bouillir l’objet dans de l’huile d’olive pendant quelques minutes puis le laisser tremper plusieurs jours dans cette dernière afin de ramollir la fine couche de rouille. A l’issue de cette période, un essuyage avec un chiffon donne des résultats excellents et parfois même, spectaculaires. •
Décapage ‘électrolytique’ : Dans ce cas, l’objet sera décapé par le déplacement d’ions métalliques d’une anode vers une cathode ainsi que par l’action des bulles de gaz générées par ce processus. En ce qui concerne ce dernier, le lecteur pourra avantageusement consulter le site http://militaria.collector.free.fr/Restauration/Restauration.htm décrivant le modus operandi de l’électrolyse appliquée au décapage des métaux. Bien que très longue, cette opération est souvent la plus adaptée à un décapage en profondeur de pièce très corrodées. 2‐ Position du problème L’objet du présent dossier est de décrire les étapes du nettoyage de la corrosion affectant profondément un élément d’aéronef trouvé au cours d’une fouille et qui nous a récemment été confié pour restauration. Cet objet était très fortement corrodé, au point même que la forme de celui‐ci n’était pratiquement plus reconnaissable : Etat initial de l’élément
Du fait du volume significatif de corrosion présent sur cet objet et, parmi les choix qui s’offraient à nous quant aux diverses possibilités de décapage, nous avons opté pour un décapage électrolytique, seul à même de restituer, autant que faire se peut, sa physionomie d’origine à cet artefact. 3‐ Description des divers stades de décapage de l’élément : Après l’avoir débarrassé de la terre et autres débris organiques, cet objet est désormais prêt à être soumis à une électrolyse : Etat après un vigoureux savonnage
Etat après 3h d’électrolyse Etat après 6h d’électrolyse
Etat après 10h d’électrolyse
Etat après 14h d’électrolyse
A l’issue de ce processus, le nettoyage en profondeur s’est montré tellement efficace que la partie filetée en alliage de cuivre vissée sur la partie supérieure de l’élément s’est parfaitement dévissée et nous a permis de constater qu’il s’agissait en fait d’une valve dont l’embout externe avait été brisé ! Plaquage de cuivre (brasure ?)
Joint encore Partie filetée de l’élément désormais visible
en place
Elément vu de dessous
4‐ Discussion concernant la destination de l’élément : La première remarque est que l’on peut confirmer une facture Anglo‐Saxonne de cet élément car son filetage (même un peu déformé sous le choc) est tout à fait conforme au peigne à filets pour les filetages du ‘Standard Américain’ ; ici, 26 filets au pouce : Siège de la Valve
Valve séparée de l’élément
D’autre part, en regardant au travers des ouvertures ménagées dans ce qui pourrait être un couvercle, on peut remarquer que la partie appartenant à la pièce inférieure semble filetée. En vue de dessus, celle‐ci reçoit la pièce en forme de losange (dont l’électrolyse a révélée qu’elle était ‘fourrée’ en cuivreux) et qui est équipée de deux ‘ailes’. Cet ensemble doit en fait représenter un écrou à large oreilles permettant de sécuriser le couvercle sur la partie inférieure qui devait être un réservoir ou une bombonne ; la valve devant, elle‐même, être équipée d’une poignée de type ‘robinet’ dont la base arrachée est encore visible dans la vis en laiton. Toutefois, en l’absence d’indices supplémentaires, la destination de ce composant est loin d’être établie : cet élément faisait‐il partie bouteille d’oxygène ou autre type de réservoir installé sur un P51… ? 

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