Achat des factures Couäsnon

Transcription

Achat des factures Couäsnon
Vous êtes ici : Accueil » Archives de Rennes » Archives et inventaires » Actualité des fonds » Achat des factures Couasnon
Achat des factures Couäsnon
e
Le lot acquis est composé de 194 pièces datant du début du XX siècle, dont une majorité de factures. Elles proviennent de Charles Couäsnon (1868-1941), architecte à Rennes,
qui s'est notamment illustré dans le style Art Nouveau. Ces pièces n'ont pas de lien avec son activité d'architecte mais reflètent sa vie domestique et ses habitudes de
"consommation", terme quelque peu anachronique. À travers ces factures, on découvre les commerces que fréquentait son ménage – appartenant probablement à la moyenne
bourgeoisie. Ce corpus documentaire fournit donc dans un premier temps des informations sur le niveau social de ce ménage, à travers la nature et la fréquence des dépenses
ainsi que le "standing" des commerçants, souvent visible sur la facture.
Ils fréquentaient nombre de petits commerçants, détaillants et indépendants, très nombreux encore dans le centre-ville : pharmacies, librairies,
papeteries, entreprises de cycles et automobiles, louage de chevaux de de voitures, appareils et fournitures générales pour la photographie, vins et
spiritueux, etc. Au chapitre de l'habillement, on compte de nombreuses enseignes : "Aux lingeries de Paris", "À l'hermine de Bretagne", fourreur, "Dock
du voyage", maroquinerie et articles de voyages, "Berthelot Frères", chaussures de luxe pour hommes, dame et enfants, la maison "Charuyer",
bijoutier, joaillier, horloger, etc. Vêtements et chaussures sont confectionnés sur mesure à la maison Buchet, qui annonce en en-tête "hautes
nouveautés pour hommes et jeunes gens" ainsi que chez Bessec, qui affiche une "grande spécialité de chaussures". Il est à noter que ces commerces
sont plus ou moins spécialisés : l'un d'eux, "A l'ombrelle", ne vend que des parapluies, des ombrelles et des cannes, et assure les réparations.
Les Couäsnon fréquentaient les grands magasins rennais, nouveaux temples de la consommation qui proposaient toutes sortes d'articles de
confection, accessoires et linge de maison. Ils se rendaient rue La-Fayette pour faire leurs emplettes à La Samaritaine, "grand magasin de
nouveautés", proposant des "nouveautés pour robes et costumes, tissus pour deuils en tous genre".
La plupart des factures de cette époque offrent un en-tête richement orné. Outre leur aspect esthétique, ces factures présentent l'intérêt de détailler
e
assez précisément leur offre, ce qui donne une idée précise des fournitures et prestations vendues au début du XX siècle. En général, une première
ligne tracée en gros caractères mentionne une synthèse des fournitures présentées et, sur les lignes suivantes, figure le détail des fournitures en plus
petits caractères. Ainsi, "À l'ange gardien", sont mentionnées en exergue "mercerie, passementerie, rubans et dentelles", puis en-dessous, "doublures
et soieries, bonneterie, ganterie, corsets, faux-cols, cravates, jupons et chemisettes", ensuite, "parfumerie, peignes, brosses, glaces, trousses et sacs
de voyage, porte-monnaie", et enfin, "articles de Paris et jouets divers". En matière de commerces de bouche, une facture du charcutier "Auffray jeune"
indique en en-tête "charcuteries comestibles", qui sont détaillées à l'envi dans le coin supérieur gauche : " pâtés, foies gras de Strasbourg, perdreaux
truffés, etc.".
La tradition de faire figurer les médailles obtenues lors de concours ou d'expositions universelles est assez répandue. En plus de l'aspect raffiné qu'il
donne à la facture, cet affichage est une technique commerciale destinée à attirer le client. L. Biaggi, entrepreneur en appareils de chauffage et de
fumisterie, fait figurer dans l'en-tête gauche huit médailles : la présentation recto-verso de chacune d'elles, agrémentés de rubans et de palmes, met
en valeur les récompenses obtenues.
En outre, les adresses de ces différents commerces permettent de les situer dans la ville, ce qui donne des indications sur la sociologie des quartiers.
D'une manière générale, ces factures apportent des informations intéressantes pour l'histoire économique et sociale : elles complètent le fonds des
Archives de Rennes déjà riche sur le sujet.