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MARCHE ET PRIÈRE 2014/2015
À la découverte de quelques femmes de l'Ancien Testament
Dimanche 28 septembre 2014
Notre Dame de Fournet
TAMAR
La ruse au service de la justice
En hébreu, Tamar signifie "palmier", l'arbre qui, par sa robustesse et sa beauté, est la figure du juste :
13Le
juste pousse comme un palmier, s’étend comme un cèdre du Liban :
SEIGNEUR, il pousse dans les parvis de notre Dieu. (Ps 92,13)
14planté
dans la maison du
L'histoire de Tamar nous est rapportée au chapitre 38 du livre de la Genèse où elle interrompt celle de
Joseph vendu par ses frères qui se trouve en Gn 37 et 39 à 50. Au début de son histoire, elle est une
femme comme tant d'autres, manipulée par des hommes, victime de leur bon vouloir. Juda l'a prise et
donné en mariage à son fils aîné qui meurt rapidement.
Or, en ce temps-là, Juda descendit de chez ses frères et se rendit chez un homme d’Adoullam du nom
de Hira. 2Là, Juda vit la fille d’un Cananéen nommé Shoua. Il la prit et vint à elle, 3elle devint
enceinte et enfanta un fils qu’il appela Er. 4Elle devint à nouveau enceinte et enfanta un fils qu’elle
appela Onân. 5Puis, une fois encore, elle enfanta un fils qu’elle appela Shéla. Juda était à Keziv quand
elle enfanta Shéla 6et il prit pour Er, son premier-né, une femme du nom de Tamar. 7Er, premier-né de
Juda, déplut au SEIGNEUR qui le fit mourir. (38,1-7)
1
Le frère de son mari défunt, Onân, l'épouse alors : selon la coutume et la volonté de son père, il devrait
lui donner un fils pour susciter une descendance à son frère. Mais Onân trompe son père et méprise
Tamar lorsqu'il vient vers elle. Aussi, Dieu le fait mourir comme son frère :
8
Juda dit alors à Onân : « Va vers la femme de ton frère. Agis envers elle comme le proche parent du
mort et suscite une descendance à ton frère. » 9Mais Onân savait que la descendance ne serait pas
sienne ; quand il allait vers la femme de son frère, il laissait la semence se perdre à terre pour ne pas
donner de descendance à son frère. 10Ce qu’il faisait déplut au SEIGNEUR qui le fit mourir, lui aussi.
(38,8-10)
Mais Tamar n'est pas une femme à se résigner. Au bout d'un moment, elle comprend que Juda n'a pas
l'intention de la donner à son fils Shéla. Elle le voit bien : Shéla a grandi mais il n'est toujours pas
question de mariage :
Juda dit alors à Tamar sa bru : « Reste veuve dans la maison de ton père jusqu’à ce que mon fils
Shéla ait grandi. » Il disait en effet : « Il ne faudrait pas que celui-ci meure aussi comme ses frères ! »
Tamar s’en alla demeurer dans la maison de son père. (38,11)
11
Aussi, lorsqu'elle apprend que son beau-père est de passage au bourg où elle vit en recluse, elle se livre
à un étrange jeu :
12
Bien des jours passèrent et la fille de Shoua, femme de Juda, mourut. Quand il fut consolé, Juda
monta à Timna avec son ami Hira l’Adoullamite chez les tondeurs de son troupeau. 13On informa
Tamar en ces termes : « Voici que ton beau-père monte à Timna pour la tonte de son troupeau. »
14
Elle retira ses habits de veuve, se couvrit d’un voile et, s’étant rendue méconnaissable, elle s’assit à
l’entrée d’Einaïm qui est sur le chemin de Timna. Elle voyait bien en effet que Shéla avait grandi sans
qu’elle lui soit donnée pour femme. (38,12-14)
Juda n'a pas reconnu sa bru et la prend pour une prostituée avec qui il négocie la passe. Mais comme il
n'a pas de quoi payer le prix, Tamar exige de lui des gages qu'elle gardera jusqu'à ce qu'il règle sa
dette. Tamar va ainsi le prendre à son propre piège, celui des apparences trompeuses. Juda lui remet
alors sceau, cordon et bâton pour pouvoir coucher avec elle :
Juda la vit et la prit pour une prostituée puisqu’elle avait couvert son visage. 16Il obliqua vers elle
sur le chemin et dit : « Eh ! je viens à toi ! » Car il n’avait pas reconnu en elle sa bru. Elle répondit :
« Que me donnes-tu pour venir à moi ? » – 17« Je vais t’envoyer un chevreau du troupeau », dit-il. Elle
reprit : « D’accord, si tu me donnes un gage jusqu’à cet envoi. » – 18« Quel gage te donnerai-je ? »
dit-il. – « Ton sceau, ton cordon et le bâton que tu as à la main », répondit-elle. Il les lui donna, vint à
elle, et elle devint enceinte de lui. 19Elle se leva, s’en alla, retira son voile et reprit ses habits de veuve.
(38,15-19)
15
Le jeu auquel Tamar se livre ainsi est-il moral ? Non, bien sûr ! Comment en effet justifier un inceste
entre belle-fille et beau-père ? Comment légitimer une ruse qui trompe autrui ? Pourtant le narrateur du
récit ne juge pas, il raconte, sans condamner, sans justifier non plus ! A ses yeux, comme à ceux de
Tamar, ce n'est pas la morale qui est en jeu. C'est la vie en péril : celle de la femme, celle de Juda et
des siens. Cette vie compromise par la peur, le mensonge, la frilosité d'un homme qui a perdu toute
confiance en la vie. Si il y a ruse en Tamar, elle ne vise pas tant à tromper l'homme qu'à tromper en lui
la peur qui l'a poussé à lui mentir, cette peur qui les prive d'avenir, lui et son fils Shéla. Voilà pourquoi
Tamar se cache derrière le voile des apparences.
Trois mois plus tard sa grossesse commence à se voir :
Or, trois mois après, on informa Juda : « Ta bru Tamar s’est prostituée. Bien plus, la voilà enceinte
de sa prostitution ! » – « Qu’on la mette dehors et qu’on la brûle ! » repartit Juda. 25Tandis qu’on la
mettait dehors, elle envoya dire à son beau-père : « C’est de l’homme à qui ceci appartient que je suis
enceinte. » Puis elle dit : « Reconnais donc à qui appartiennent ce sceau, ces cordons, ce bâton ! »
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Juda les reconnut et dit : « Elle a été plus juste que moi, car, de fait, je ne l’avais pas donnée à mon
fils Shéla. » (38,24-26)
24
On notera la discrétion, le respect, le doigté de Tamar vis-à-vis de Juda : pas d'esclandre ou
d'accusation publique. Juste un signe et une invitation à sortir de l'ombre, à entrer dans la vérité :
"Reconnais donc". Elle joue gros, Tamar ! Mais Juda s'incline devant l'évidence et se reconnaît fautif
sur toute la ligne. Lorsqu'il a écouté sa peur et qu'il a refusé son fils à Tamar, il a paralysé la vie de
tous les siens. Parce qu'elle a eu l'audace de la vie au mépris de sa peur, au mépris même d'une certaine
morale, Tamar est déclarée juste !
Oser la vérité en bravant la peur de voir ternie son image, telle est la voie de la vie.
Tamar la juste porte bien son nom : belle dans son audace, solide dans son désir de vie, fructueuse
dans son respect d'autrui, elle est celle que Juda
n'hésite pas à déclarer juste, parce que, dans son amour de la vie, elle a pris le risque de la perdre, pour
pouvoir la donner et que, victorieuse de la peur de la mort, elle a permis à la vie de triompher.
Tamar va accoucher de jumeaux dont l'un sera un des ancêtres du Christ :
Or, au temps de ses couches, il y avait des jumeaux dans son sein. 28Pendant l’accouchement, l’un
d’eux présenta une main que prit la sage-femme ; elle y attacha un fil écarlate en disant : « Celui-ci
est sorti le premier. » 29Puis il rentra sa main et c’est son frère qui sortit. « Qu’est-ce qui t’arrivera
pour la brèche que tu as faite ! » dit-elle. On l’appela du nom de Pèrèç – c’est-à-dire la Brèche. 30Son
frère sortit ensuite, lui qui avait à la main le fil écarlate ; on l’appela du nom de Zérah. (38,27-30)
27
Livre des origines de Jésus Christ, fils de David, fils d’Abraham :
Abraham engendra Isaac, Isaac engendra Jacob, Jacob engendra Juda et ses frères,
3
Juda engendra Pharès et Zara, de Tamar, Pharès engendra Esrom…
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Elioud engendra Eléazar, Eléazar engendra Mathan, Mathan engendra Jacob,
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Jacob engendra Joseph, l’époux de Marie, de laquelle est né Jésus, que l’on appelle Christ. (Mt 1,13.15-16)
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