Philippe Artus

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Philippe Artus
ENTRETIEN !
!ENTRETIEN
Philippe Artus,
Responsable de la trésorerie et du financement
Etam Finances (Groupe Etam)
« Un Schuldschein renégocié fin 2014 »
Pouvez-vous établir la fiche signalétique de votre entreprise ?
Groupe Etam, distributeur international de lingerie, beauté, prêt
à porter féminin et accessoires
milieu de gamme, fêtera l'année
prochaine le centenaire de sa création. Il est carac,térisé par la stabilité de son organisation : la famille
fondatrice est toujours majoritaire
au capital et présente dans les organes de direction. Le groupe est
coté à Euronext Paris depuis 1997,
au compartiment B ; fin 2014,
sa capitalisation boursière s'élevait à 265 millions d'euros. Etam,
qui emploie près de 20 000 personnes, est présent commercialement au travers de t rois marques :
Etam Développement s'adresse
plutôt aux jeunes femmes, 1.2.3
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1 N°323 avril 2015 -
La Lettre du trésorier
vise une clientèle un peu plus âgée
disposant d'un pouvoir d'achat supérieur et enfin Undiz, lancée en
2007, cible un public jeune majoritairement féminin et privilégie
les petits prix et les réassortiments
fréquents. Le groupe a réalisé en
2014 un chiffre d'affaires de 1,22
milliard d'euros et a dégagé en
2013 [à l'heure de la mise sous
presse, les résultats 2014 n'étaient
pas publiés, NdlR] une marge brute
de 58 % et un résultat d'exploitation de 49 millions d'euros. Eta m
Développement dispose de plus
de 4100 points de vente à travers
le monde, dont plus de 700 en
France, un peu plus de 200 en Europe continentale, quelque 3000
en Chine - où le groupe est présent au travers d'une coentreprise
-, et environ 250 magasins en franchises internationales.
Quelle était la nature de votre
mission à votre arrivée dans la
société, il y a un peu plus d'un an?
Le chantier prioritaire, puisque
conditionnant en grande partie les
développements futurs, consistait
à choisir et à mettre en place un
système informatique intégré, ce
qui a été fait avec Kyriba, en France
dans un premier temps, dans les
filiales européennes ensuite. Parallèlement au déploiement de
ce système d'information, nous
avons étendu et automatisé le
cash-pooling existant : l'Espagne,
pa r exemple, a été intégrée au disposit if en janvie r. Autre mission
urgente: mettre à plat les relations
bancaires dans les domaines de la
monétique et du maniement des
espèces, évidemment sensibles
dans une activité de distribution.
Nous avons organisé avec l'aide
du cabinet de conseil de Rhins un
appel d'offres concern ant l'activité
en France à l'issue duquel deux
banques ont été retenues pour
ce qui est de la monétique - elles
étaient ci nq précédemment-, avec
à la clef une réduction très sensible
des commissions d'interchange, et
sept banques pou r ~s espèces
et les chèques qui représentent
environ 20 % du chiffre d'affaires.
Il reste désormais à pou rsuivre ce
travail de réduction des comptes
bancaires et des commissions d'intercha nge hors de France.
Avez-vous d'autres préoccupations dans le domaine de la monétique?
De manière générale, dans une
entreprise comme la nôtre, le rôle
de la trésorerie consiste à éclairer
les équipes commercia les dans le
choix de dispositifs permettant de
facilite r l'acte de paiement. cela
dans des conditions de sû reté et
de coûts optimales. Il y a aussi un
travail spécifique concernant les
ventes en ligne, pour l'instant de
l'ordre de 40 mi llions d'eu ros, mais
qui sont amenées à se développer,
sans compter que l'on peut maintenant commander en magasin via
une tablette un article manquant,
qui sera livré en quarante-huit
heures, dispositif dont l'impact
su r l'activité n'est pas négligeable.
Nous sommes en trai n de consulter
les offres de prestatai res de services de paiement, sur la base de
critères où figurent notamment la
capacité du système de s'app liq uer
dans un grand nombre de pays,
la sûreté des opératio ns
au sens de la norme PClDSS du Security Standards
Council, ou encore la capacité du prestataire à analyser l'historique de paiement- ou de non-paiement
- des utilisateurs du site,
de manière à récompenser
d'une façon ou d'une autre
les clients sans problème.
Quelles sont les principales sources de financement?
Nous avons renégocié en
juillet dernier un crédit
syndiqué réunissant une
dizaine
d'étab lissements
d'un montant de 25 0 millions d'euros - 150 millions
sous forme revolver et 100
millions amortissables en
cinq ans -, en étenda nt la
du rée de deux ans, en rédui sant sensiblement la marge
et en revoyant à la baisse
certains covenants. Durant
le dernier trimestre de 201 4, nous
avons renégocié, cette fois, les
conditions d'un placement privé du
type Schuldschein que nous avi ons
obtenu en 2011 auprès d' un pool
d'une dizaine de ba nques. avec
Bayern LB comme agent. Il s'agissait
d'un montant de 40 mi llions d'euros
à cinq ans, avec une tranche à taux
fixe et une autre à taux variab le.
La négociation, qui a débouché
su r une augmentation du montant
de la tranche variable, un allongement de la durée de trois ans, une
réduction de la marge et l'entrée de
nouvelles banques, a emprunté une
voie étroite: il s'agissait de concilier
les intérêts des investisseurs, très
intéressés par cette opération, et
les nôtres à un mom ent où les liquidités excédentaires sont improductives voi re coûteuses. Par ailleurs,
nous avons recours au crédit-bail
immobilier pour notre siège social
et des entrepôts.
La trésorerie d 'Etam : Sylvain Granger,
Philippe Artus, Monique Gaumer.
Vous avez l'expérience du Schuldschein. Pourriez-vous avoir recours à l'Euro PP, désormais formalisé?
Le Schuldschein nous a bien réussi
j usq u'ici, comme l'atteste la négociation que je viens d'évoquer ;
nous apprécions par ailleu rs la
relative simplicité de la docu-
me ntation nécessaire à ce type de
placement. De façon généra le, la
question qu i se pose déso rm ais
à propos des placements privés
- Schuldschein, Euro PP ou US PP tient à l'arbitrage à opérer ent re
les maturité s, plus longues que
celles du crédit bancaire, et le
coût, où le crédit classiq ue tient la
corde.
Quels risques financiers couvrezvous?
En ce qui concerne la dette, elle
est couverte, partielleme nt.
au moyen de swaps. Dans
le domaine du change, la
parité de loin la plus sensible pou r nous est l'eurodollar dans la mesu re où
nous devons acheter de
l'ordre de 250 millions de
dollars par an, qui servent
en grande partie aux paiements effectués par notre
centrale d'achats. Nous
couvrons le ri sque de dépréciation de l'euro par des
opérations à terme et des
stratégies à base d'options
à prime nu lle, mais les mo uvements de marché enregistrés depuis quelques
mois, dangereux pour nos
marges, posent la question
de l'opportunité de cou vrir
plus q ue deux saiso ns.
Les principales étapes de
votre parcours professionnel. ..
Après des études supérieu res en école de commerce,
où j'avais déjà identifié la finance
comme débouché, je suis entré à
Paribas en 1994. d'abord dans la
gestion privée, ensuite dans les
métiers du titre. L'entrée dans le
monde de la trésorerie s'est effectuée en 1996 aux AG F, où je suis
resté cinq ans. Avant de rejoindre
Etam Finances, j'ai occupé les
postes de tréso rier adjoint, pu is
trésorier groupe, de Monoprix.
La Lettre du trésorier - N°323 avril 2015
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