PROTOCOLE DE SEVRAGE ALCOOLIQUE AMBULATOIRE

Transcription

PROTOCOLE DE SEVRAGE ALCOOLIQUE AMBULATOIRE
Groupement de Coopération Sociale et Médico-Sociale
Adresse postale : 120, route nationale 39100 DOLE
Téléphone : 03 84 71 54 20
E-Mail : [email protected]
PROTOCOLE DE SEVRAGE ALCOOLIQUE AMBULATOIRE
Recommandations de bonnes pratiques validées par le comité scientifique du Groupement
Addictions Franche-Comté
Le 18/01/2016
Personnes concernées :
Patients ayant une addiction à l’alcool, dont les signes cliniques sont :
- Le besoin irrépressible de boire de l’alcool (craving)
- Les signes de manque à l’arrêt de l’alcool : transpiration, tremblements des mains, insomnie,
nausées ou vomissements, hallucinations ou illusions transitoires visuelles tactiles ou auditives,
agitation psychomotrice et anxiété.
- La tolérance (augmentation des doses pour obtenir le même effet)
Professionnels concernés :
Médecins et infirmiers libéraux
Contre-indications à un sevrage ambulatoire :
Motivationnelles :
 Absence totale de motivation et de demande du patient,
 Situation de crise (affective, sociale, professionnelle) sans évaluation approfondie des
avantages et inconvénients des conduites d’alcoolisation et d’abstinence,
 Absence de projet thérapeutique (évaluation, objectifs, programme) et de projet social.
Ceci n’empêche en rien la prise en charge et l’accompagnement du patient dans une
perspective de sevrage ultérieur.
Addictologiques :
 Dépendance aux benzodiazépines
 Echec d’un sevrage ambulatoire antérieur
Somatiques :
 Antécédents de crises convulsives ou de delirium tremens
 Pathologie somatique grave, insuffisance hépato cellulaire, insuffisance rénale
chronique, insuffisance cardio pulmonaire pouvant décompenser au moment du
sevrage (bilan biologique récent nécessaire)
Psychiatriques :
 Syndrome dépressif grave
 Affection psychiatrique connue évolutive
Sociales :
 Isolement familial
 Désocialisation
Grossesse : Le sevrage institutionnel chez une femme enceinte permet une prise en charge
multidisciplinaire (obstétricien, addictologue, pédiatre, assistant de service social…) et une
meilleure prévention de l’accident de sevrage, délétère pour le fœtus.
Modalités du sevrage ambulatoire
Pas de sevrage en urgence
 Bien choisir la période pour ne pas mettre le patient en échec
 Bien choisir la période pour le médecin qui doit être joignable : évaluation régulière,
téléphonique au minimum à J 2 et revoir le patient à J 5
Education du patient et de l’entourage (voir fiches en annexe)
 Connaissance des signes de manque et des risques
 Connaissance de l’effet des médicaments
 Nécessité d’une alliance thérapeutique
Pas d’activité dangereuse pendant le sevrage
 Prescription d’un arrêt de travail si besoin
 Pas de conduite automobile
 Pas d’utilisation d’engins dangereux
Hydratation
 Arrêt des consommations d’alcool
 Deux litres de boissons non alcoolisées par jour, mais pas d’hyperhydratation afin
d’éviter l’hyponatrémie responsable de convulsions
Médicaments de sevrage
A adapter en fonction de l'état clinique et de la tolérance.
 Couverture de Benzodiazépine pendant 6 jours
 Vitamine B1-B6 pendant 30 jours
 Prescription d’actes infirmiers dans certaines situations
La surveillance IDE va permettre de suivre l’évolution clinique :
-
Evaluation clinique 2 fois par jour les 3 premiers jours puis une fois par jour
Mesurer le score de CUSHMAN (voir fiche de suivi)
S’enquérir du nombre de comprimés pris
Rechercher les effets secondaires du traitement (voir fiche de suivi)
Posologie :
1) Diazepam 10 mg 1er jour : 6 cp à répartir sur les 24 heures, Diminuer d’un comprimé
par jour jusqu’à arrêt au 7ème jour.
Si insuffisance hépatocellulaire, préférer l’utilisation d’une benzodiazépine sans
métabolisme hépatique :
Type Oxazepam 50 mg, à une posologie prenant en compte l’équivalence 10g
d’oxazepam = 30g de diazepam
2) Vitamine B1-B6 per os 500 mg par jour
Signes qui doivent nécessiter d’appeler un médecin ou le centre 15 :
du






Tremblements importants
Agitation psychomotrice
Changement de comportement
Insomnie
Délires
Vomissements
Référence
document : Mésusage de l’alcool « dépistage, diagnostic et traitement. Recommandation de bonne
pratique de la Société Française d’Alcoologie ». Décembre 2014
ANNEXES
Adresses utiles :
Doubs :
CSAPA ANPAA 25 : 11, rue d’Alsace 25000 Besançon Tél : 03 81 83 22 74
CSAPA EQUINOXE : 40 Faubourg de Besançon 25200 Montbéliard Tél. : 03.81.99.37.04
CSAPA Pontarlier : Centre Hospitalier, 2 Faubourg Saint-Etienne 25304 Pontarlier Tél : 03 81 38 53 64
Haute-Saône :
CSAPA ANPAA 70 : 12, rue Noël Courvoisier70000 Vesoul Tél : 03 84 76 75 75
AHFC : Pavillon Verlaine 70210 POLAINCOURT Tél. 03 84 97 22 23
CHI : Unité d’addictologie 37, rue Carnot 70200 LURE Tél : 03 84 62 43 82
Jura :
CSAPA Aristide Briand : 9 Avenue Aristide Briand 39100 Dôle Tél : 03 84 82 83 85
CSAPA ADLCA : 163 rue Marcel Paul 39000 Lons Le Saunier Tél : 03 84 24 05 71
Territoire de Belfort :
CSAPA ANPAA 90 : 7 rue Gambetta 90000 Tél : 03 84 21 08 20
FICHES (PATIENT, ENTOURAGE, IDE)
1. PATIENT
Madame, Monsieur, vous avez pris la décision de vous soigner car vous avez conscience que l’alcool
est devenu un problème dans votre vie quotidienne.
-
Le sevrage ambulatoire vous a été proposé car vous présentez une addiction à l’alcool, c’est-àdire une impossibilité de vous passer d’alcool sans que des signes de manque apparaissent.
-
Vous avez remarqué une augmentation progressive de vos consommations pour calmer ce
manque.
-
Les signes principaux à l’arrêt de l’alcool peuvent être : des sueurs importantes, des
tremblements, des angoisses, de l’insomnie.
-
Le but du traitement qui vous a été prescrit est de diminuer fortement ces signes et donc
d’empêcher la prise d’alcool pour les calmer.
-
Ce traitement comporte aussi les vitamines dont vous manquez du fait de vos alcoolisations.
Déroulement du sevrage
« C’est vous qui fixez cette date » en accord avec votre médecin.
-
Durée du sevrage en moyenne 5 à 7 jours
-
Du fait du traitement qui peut occasionner une somnolence, il est préférable de rester à
domicile pour éviter des chutes ; la conduite de véhicules est proscrite ainsi que la pratique
d’activités dangereuses (outils dangereux, échelle…)
-
Il est important de boire suffisamment des boissons non alcoolisées (eau, eau gazeuse, tisane,
potage…)
-
En cas de reprise d’alcool au cours du sevrage, contacter le médecin ou l’infirmier(e) afin d’avoir
une conduite à tenir.
Signes qui doivent nécessiter d’appeler un médecin ou le centre 15 :






Tremblements importants
Agitation psychomotrice
Changement de comportement
Insomnie
Délires
Vomissements
2. ENTOURAGE
(Fiche remise avec l’accord du patient)
Madame, Monsieur, un de vos proches a pris la décision d’effectuer un sevrage dans le cadre de son
problème d’alcool.
-
Il a été décidé avec lui de le réaliser en ambulatoire, c’est-à-dire au domicile.
-
Ce sevrage lui a été proposé car il présente une addiction à l’alcool donc une impossibilité de
s’en passer sans avoir des signes de manque : angoisse, tremblements, sueurs, insomnie…
-
Le traitement prescrit permettra une forte atténuation de ces signes mais favorise une
somnolence ce qui peut être incompatible avec une activité professionnelle, la conduite d’un
véhicule ou la pratique d’activités dangereuses.
-
Le sevrage dure entre 5 et 7 jours
-
Au cours de cette période votre proche doit :
-
S’hydrater avec environ deux litres de boissons non alcoolisées
Il est important :
-
De l’encourager,
De le soutenir,
De valoriser son changement de comportement.
Signes qui doivent nécessiter d’appeler un médecin ou le centre 15 :






Tremblements importants
Agitation psychomotrice
Changement de comportement
Insomnie
Délires
Vomissements
3. FICHE DE SUIVI INFIRMIER (IDE)
Nom du médecin et téléphone :
Rechercher le nombre de comprimés pris, les signes de manque avec le score de CUSHMAN,
évaluer l’hydratation, rechercher les effets secondaires des traitements institués.
Avis médical à demander dès que le score de CUSHMAN est > à 6
Score de CUSHMAN
0
1
2
3
Moins de 80
De 81 à 100
De 101 à 120
Plus de 120
De 18 à 30ans
Moins de 125
De 126 à 135
De 136 à 145
Plus de 145
De 31 à 50 ans
Moins de 135
De 136 à 145
De 146 à 155
Plus de 155
Plus de 50 ans
Moins de 145
De 146 à 155
De 156 à 165
Plus de 165
Fréquence
respiratoire
Moins de 16
De 16 à 25
De 26 à 35
Plus de 35
Tremblements
0
De la main en
extension
Tout le membre
supérieur
Généralisés
Sueurs
Agitation
0
0
Paumes
Discrète
0
Gêne par bruit
ou lumière,
prurit
Paumes et front
Généralisée et
contrôlable
Hallucinations
critiquées
Généralisées
Généralisée et
incontrôlable
Hallucinations
non critiquées
Pouls
(battements /min)
PA systolique
Troubles
sensoriels
TOTAL
Hydratation en volume (nombre de verre)
Anxiété Echelle de 0 à 10
Douleur Echelle de 0 à 10
Nombre de
comprimés
de
benzodiazépines
Score de
CUSHMAN
Commentaires
J 1 Matin
J 1 Après Midi
J 2 Matin (appel
systématique de
l’IDE au
médecin
J 2 Après Midi
J 3 Matin
J 3 Après Midi
J4
J5
J6
J7
En cas de reprise des alcoolisations : informer le médecin, arrêter le sevrage
Les signes de sevrage : Transpiration, tremblements des mains, insomnies, nausées ou vomissements,
hallucinations ou illusions transitoires visuelles tactiles ou auditives, agitation psychomotrice et anxiété.
Les effets secondaires des traitements prescrits :
-
-
Benzodiazépines : trouble du comportement inhabituel dangereux pour le patient et ou
l’entourage nécessitant l’arrêt du sevrage, amnésie antérograde, confusion somnolence, trouble
de l’équilibre.
Vitamine B1 : prurit, éruption cutanée.
Signes qui doivent nécessiter d’appeler un médecin ou le centre 15 :






Tremblements importants
Agitation psychomotrice
Changement de comportement
Insomnie
Délires
Vomissements