colmar - le débat des municipales - Haut-Rhin

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colmar - le débat des municipales - Haut-Rhin
MERCREDI19MARS2014 P
COLMAR - LE DÉBAT DES MUNICIPALES
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Les cinq candidats ont répondu aux questions des DNA. Ici Bertrand Burger brandit Le Point Colmarien, journal municipal, ce qui visiblement fait sourire le maire sortant. PHOTO DNA - LAURENT
HABERSETZER
LES QUESTIONS DE LA RÉDACTION Domaine viticole et Colmar-Expo
Mécomptes de gestion
M
is en cause par le sortant sur sa gestion de
Colmar-Expo, Bertrand Burger contreattaque en étrillant Gilbert
Meyer sur sa gestion dans l’affaire du Domaine viticole de la
Ville de Colmar.
Les passes d’armes se succèdent entre deux adversaires qui
se marquent à la culotte depuis
le début de la campagne. Bertrand Burger se plaint d’avoir
été « dénigré » par le maire sortant dans ses activités de chef
d’entreprise. Hier, le chef d’entreprise a répondu au gestionnaire des deniers publics en
l’attaquant sur son « manque
d’anticipation » dans la déconfiture du Domaine viticole en
2011.
« Vous ne savez pas
ce qu’est
une société privée »
« En tant qu’actionnaire majoritaire, la Ville était responsable de la gérance. Si le gérant
n’était pas compétent, il fallait
en changer et ne pas vous félicitez dans le Point Colmarien
d’une réussite, alors que la société faillite avec un passif de
5 millions d’euros pour un chiffre d’affaires de 3 millions
d’euros ». Le chef de file de la
liste ‘‘Colmar veut bouger”
poursuit son réquisitoire en
pointant une situation financière qui n’a fait que se dégrader en 2008, 2009, 2010, un
Cora Houssen :
extension
à géométrie variable
« On ne parle que du centre
de marques et on oublie les
9 000 m2 d’extension de la
galerie marchande de Cora
Houssen », dégaine Gilbert
Meyer, indiquant qu’il s’était
prononcé contre le projet
(Ndlr : en 2009, la commission départementale d’aménagement commercial
(CDAC) avait rejeté une
demande portant sur 7 417
m2. Refus confirmé en national).
Victorine Valentin rectifie.
« M.Meyer a le don de donner des chiffres effrayants.
Le projet a changé. C’est un
dossier d’agrandissement de
3 800 m2 qui va être présenté en CDAC. Nous n’y sommes pas hostiles, pas plus
qu’au centre de marques.
On ne peut pas refuser une
promesse de création d’emplois », corrige la candidate
socialiste.
Le Domaine viticole de Colmar fait encore parler de lui. ARCHIVES DNA
déficit de 800 000 € pour ce
dernier exercice, et des actions
judiciaires en cours qui vont
coûter cher. « Vous ne savez pas
ce qu’est une société privée »,
ajoute-t-il cinglant.
« Des allégations
farfelues »
Le maire sortant réfute des « allégations farfelues ». « On
oublie que le Domaine était une
SA - « une Sarl », rectifie son
adversaire - et pas une SEM (Société d’économie mixte) où le
gérant, d’après les statuts, était
minoritaire, mais avait les capacités de décider. Donc, on ne
pouvait pas le mettre dehors »,
POUR / CONTRE
Centre de marques :
«Le maire doit consulter son peuple»
Le sortant allait-il enfin se prononcer publiquement sur le projet de centre de marques à
Sainte-Croix-en-Plaine ? Gilbert Meyer est
resté sur sa position attentiste, avec des arguments déjà connus. « Ce n’est pas le maire de
Colmar qui décide, c’est l’affaire du schéma
de cohésion territoriale (SCOT) et ni la Ville,
ni la CAC ne sont propriétaires des terrains ».
Mais relancé sur le sujet, poussé dans ses
retranchements par ses adversaires, il a concédé que si le projet venait à être présenté
dans les six ans, il organiserait une consultation de la population, après avoir pris l’avis
des commerçants. Lui n’y croit pas. « Aujourd’hui, le centre de marques est un moulin à
vent. Et il ne se fera certainement jamais à
cause de complications juridiques ».
«Le projet existe. Les 10 ha de terrains ont été
vendus. Vous êtes dans l’hypocrisie totale.
Les commerçants locaux sont contre », rétorque Victorine Valentin, favorable à une opération qui crée de l’emploi, la priorité N° 1 de
ces municipales. Frédéric Hilbert rappelle que
le dossier a donné lieu à une délibération en
conseil municipal. « Monsieur Meyer,
qu’avez-vous voté ?, « C’était un vote secret »,
se dérobe celui-ci.
Opposé à une opération qu’il juge dévastatrice pour le commerce de proximité, Bertrand
Burger veut réaffecter les 18 ha (dont 10 pour
Marques Avenues) de la zone d’activités de
Sainte-Croix à l’industrie. «On a 82 magasins
fermés à Colmar. Le projet de centre de marques fige tout développement commercial en
ville ». Il reproche au président de la CAC de
ne pas avoir d’avis sur la question. « Si on ne
peut pas en tant que politique influer sur les
projets, autant rester couché. Ce ne sont pas
les réglementations qui décident de l’avenir
d’un territoire, mais le fait d’avoir une stratégie à long terme. Sinon, tout risque de se
barrer à Strasbourg ou à Mulhouse ». Piqué
au vif, Gilbert Meyer finit par lâcher cette idée
de consultation populaire: «Un maire doit
consulter son peuple, et je suis un démocrate ».
justifie Gilbert Meyer.
Concernant les critiques sur la
gestion du parc-expo, il persiste
et signe. « Tout ce que j’ai dit
était vrai. J’ai adressé un courrier à la présidente de Colmar-
Expo sur ces dysfonctionnements. Je n’ai pas eu de
réponse ». Le sortant annonce
la publication de cette lettre sur
sa page Facebook. La polémique enfle entre les deux hommes. « Le Festival (de la Foire
aux vins) a enregistré un déficit
de 400 000 € quand vous étiez
président de Colmar-Expo »,
lance le maire. « Faux, j’ai augmenté les fonds propres de
1 million d’euros » réplique son
rival. Avant de revenir au Domaine pour déplorer la perte
d’un patrimoine culturel, la disparition de marques comme les
Hospices de Colmar et Domaine
de la Ville. Victorine Valentin
apporte de l’eau, ou plutôt du
vin, à son moulin. « La Ville
détenait 53 % du capital. Elle
avait toute latitude pour décider au lieu de brader (Ndlr : en
vendant à Arthur Metz, filiale
des Grands Chais) ». Gilbert
Meyer s’explique : « J’ai mis le
holà en assemblée générale en
réduisant les pouvoirs du gérant car on avait détecté des
dysfonctionnements. La mairie
lui avait accordé une avance de
290 000 € pour rembourser le
prêt le plus cher. Les fonds ont
été utilisés pour autre chose.
Lorsque la société a été placée
en redressement judiciaire, on
a cherché un repreneur ». « Au
final, estime-t-il, on s’en tire
bien. On garde le label Ville de
Colmar et on reste propriétaire
du foncier ».
R
MAHLE PISTONS
Quel avenir
pour la friche industrielle ?
Quelle reconversion pour l’ancienne usine Mahle Pistons, une
friche industrielle de 4 ha en
pleine ville ? Tous les candidats
ou presque plaident pour l’implantation de nouvelles activités
économiques sur le site. Gilbert
Meyer signale qu’en tant que
président de la CAC, il avait
proposé de racheter les murs au
moment de la cessation d’activités. « Cela n’a pas été accepté.
La friche se trouve sur le ban
d’Ingersheim. Il faudra en discuter avec la commune le moment
venu ». Gilles Schaffar dit non à
une acquisition par la collectivité. « Ce serait permettre aux
patrons de faire un bénéfice ».
Pour Frédéric Hilbert, attention
à ne pas renouveler la triste
expérience de la papeterie de
Turckheim où les collectivités,
notamment le Département,
auraient pu soutenir l’activité.
Pas question de tirer des plans
sur la comète. « Il y a d’abord un
gros chantier de dépollution du
site à mener, avant que la CAC et
la commune d’Ingersheim puissent travailler pour en faire au
mieux une zone d’activités,
sinon du logement pour répondre aux besoins » prévient Victorine Valentin. Bertrand Burger
ne veut pas d’une reconversion
mono-activité, mais propose
d’accueillir de l’artisanat, des
industries propres, et des nouvelles technologies. « L’opération de reconversion doit être
repensée sur 20 ans, en liaison
avec l’évolution de la société »,
dit le candidat chef d’entreprise.
Q Voir aussi le résumé du
débat en vidéo et notre
galerie photos sur le site :
dna.fr
LCO 02