Les grands magasins

Transcription

Les grands magasins
LE BIEN PUBLIC
DIJON
Jeudi 14
août 2014
05
PATRIMOINE. Notre page spéciale estivale est dédiée à l’histoire de l’architecture locale.
Les grands magasins
LEUR AVIS
Tout l’été, Le Bien public et
le CAUE (Conseil d’archi­
tecture, d’urbanisme et de
l’environnement de Côte­
d’Or) font découvrir chaque
jour une partie du patrimoi­
ne de Beaune et de Dijon.
CAMILLE
Cliente
à H&M
« Jolies formes
arrondies »
«L
a cathédrale du
commerce moderne, solide et
légère, faite pour un peuple
de clientes. » Ainsi Zola décrit-il merveilleusement les
grands magasins naissants
dans Au bonheur des dames.
À la fin du XIXe siècle, l’essor
des transports (chemin de fer
et transports en commun) favorise l’apparition des
grands magasins.
Léon Lamaizière est un
haut responsable de l’architecture des Magasins modernes. Il a eu à sa charge une
trentaine de chantiers sur le
territoire national. En 1907,
La Société française des Magasins modernes, à laquelle
Lamaizière appartient,
prend possession, à Dijon, de
La Ménagère. C’est en 1910
que la société envisage le
remplacement du magasin
initial. Les Magasins modernes, à Dijon, sont d’une tout
autre nature. Les façades accusent l’éclectisme très en
vogue au siècle précédent, et
la toiture du pan coupé est
édifiée de façon à pasticher
les grandes enseignes parisiennes comme Le Printemps, Le Bon Marché et La
Samaritaine. L’intérieur du
bâtiment en appelle à un répertoire plus actuel, les fer-
« Nous sommes ici dans
une boutique où la clientèle est surtout jeune, ce
qui contraste avec un bâtiment aux allures anciennes. Oui, je regarde le bâtiment en venant ici, les
jolies formes arrondies,
mais je ne suis pas sûre
que H&M doive davantage mettre en avant l’édifice, ce n’est pas certain que
cela intéresse les jeunes. »
THOMAS GIRTS
Décorateur aux
Galeries Lafayette
« Agréable à l’œil »
Les Galeries Lafayette. Photo CAUE 21
ronneries traduisent l’influence de l’Art nouveau.
Dans la plupart des bâtiments de Lamaizière, certaines marques sont récurrentes et les immeubles s’élèvent
toujours sur deux à quatre
étages. Le robuste bâtiment
est mis en valeur par la
succession des ouvertures
largement dimensionnées et
Petites Histoires de l’architecture
LeCAUEéditedeuxPetitesHistoiresde
l’architecturedeDijonetBeaunedepuis
l’an 1000. Plus de soixante­dix monu­
ments sont présentés. Des maisons à
pans de bois du Moyen Âge aux bâti­
mentscontemporains,leCAUEoffreune
véritable promenade à travers les siè­
cles. Très faciles à emporter avec soi et
disponiblesenlibrairiesouauCAUE(5€).
soulignées par un beau décor
néo-Renaissance. Il ne faut
pas manquer le bas-relief
qui met en valeur les
baies du dernier étage.
Ambiance néo-Renaissance,
tonalité haussmannienne,
ferronneries Art nouveau…,
tout cela se mariant finement : nous sommes bien
dans l’éclectisme.
Entre classicisme
et Art nouveau
La relance économique du
milieu des années vingt,
après la difficile sortie de
guerre et l’inflation rampante, dope le pouvoir d’achat
des Français. Au pauvre diable est ainsi construit, pour
offrir davantage de produits,
revaloriser le centre-ville
et lutter contre le commerce
par correspondance, à
l’initiative des grands établissements parisiens. Contre
l’éclectisme un peu pompeux
de l’immeuble de la rue de la
Liberté, les architectes en
charge du Pauvre Diable préfèrent un classicisme teinté
par moments de touches Art
nouveau. Pour articuler la façade d’un magasin plus ancien rue des Godrans et la
nouvelle devanture rue de la
Liberté, et pour dégager une
impression de monumentalité à la nouvelle enseigne, l’architecte conçoit, dans l’angle, la très belle rotonde en
pierre. Elle est couronnée
par un dôme couvert en ardoise, agrémenté d’œilsde-bœuf et surmontée d’un
pinacle à quatre oculi.
Quelques précisions pour
tempérer la nostalgie des anciens Dijonnais et pour
« Mes tâches, dans ce bâtiment, sont multiples. Je
m’occupe de la mise en
place des stands, des expositions, dans le cadre
d’une charte commune à
toutes les Galeries Lafayette. Il faut aussi dissimuler les dispositifs de sécurité, pour que le tout
soit plus agréable à l’œil,
mais en restant fonctionnel. J’encourage les gens à
regarder sur Google Maps
pour voir les toits de
l’édifice. »
aiguiller les plus jeunes : en
1965, Les Magasins modernes deviennent les Nouvelles
Galeries, puis les Galeries
Lafayette, avant que
H & M n’élise domicile au
Pauvre Diable.
BENJAMIN TAINTURIER (CLP)
INFO CAUE
1, rue de Soissons,
21000 Dijon. Tél. 03.80.30.02.38.
www.caue21.fr