Introduction I. Une atmosphère surréaliste de conte : un monde

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Introduction I. Une atmosphère surréaliste de conte : un monde
FIGURES DE SIRÈNES • COMMENTAIRE • SUJET
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• Qu’est-ce qui fait de la sirène une femme presque réelle ?
• Comment l’écriture poétique rend-elle compte de cette réalité de la
femme-sirène ?
La poésie
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Voici un plan détaillé, dans lequel vous devez ajouter les références au texte
et à partir duquel vous pouvez vous exercer à rédiger le devoir.
Convaincre…
• Il faut s’interroger sur les rapports entre le poète et cet être.
• Que représente-t-elle pour lui ? en tant qu’homme (qu’apporte-t-elle à
sa vie ?) ? en tant que poète ? Quel est son rôle dans le poème ?
• Comment l’auteur la considère-t-il ? Est-elle pour lui : un être de
l’enfance ? une mère ? une amante ? une déesse ?
La poésie : voir lexique des notions.
Le vers : voir lexique des notions.
Le théâtre
Troisième piste : « célébrer une femme aimée du poète »
I. Une atmosphère surréaliste de conte :
un monde « pas ordinaire »
L’autobiographie
Amorce : les êtres mythologiques et légendaires : source d’inspiration des
écrivains et des artistes (notamment des peintres) ; multiplicité des réécritures qui s’appuient sur les mythes (exemples personnels).
Thème : le personnage de la sirène, né de l’imaginaire d’Homère : un être
séducteur et maléfique (rappel du texte d’Homère, document A).
Le texte : Queneau, après d’autres écrivains (A. Bertrand, Giraudoux…),
annexe ce personnage et en fait le thème de son poème « Ma sirène ». Elle
subit des transformations depuis son « ancêtre » homérique : elle reste un
être « pas ordinaire », de conte fantastique, mais elle est aussi femme, bien
ancrée dans le quotidien : sirène et femme à la fois, elle tisse un lien entre
rêve et réalité. À la fois destinataire du poème et source d’inspiration, elle
entretient aussi des liens étranges et forts avec le poète.
Le roman
Introduction
Magie, merveilleux et fantastique : la magie d’un monde mythique et poétique.
• Le monde marin des ondins : « la nacre » (quelque chose de précieux et
d’esthétique), « l’océan » (allusion à la naissance de Vénus ?), « les grottes
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Les réécritures
1. Les éléments d’un conte
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magiques », « les îles saugrenues » (double sens du terme à commenter,
voir note).
• Un cadre féerique : « étoiles », « ciel » (« pas un ciel ordinaire »), « île ».
• Abondance de couleurs : « bleue », « noirs », « couleur », « rousses »,
« blondes », « toutes les couleurs » ; ou de reflets : « nacre », « étincelantes ».
• Les personnages animaux exotiques : crocodiles, oiseaux.
• Les personnifications féeriques
– des animaux : « oiseaux très bêtes », « conversent » ;
– des lieux personnifiés : « l’île n’en revient pas » ;
– des réalités cosmiques : « étoiles blondes » avec « dents » et « seins ».
2. Une sirène, être légendaire
• Des éléments propres à cet être mythologique et légendaire : son nom
(« sirène »), sa « queue d’écailles ».
• Sa beauté : récurrence du champ lexical de la beauté (à relever).
• L’idée d’abondance lui est associée : sept (chiffre sacré), « beaucoup ».
• Un être de changements, insaisissable : « toutes formes et toutes couleurs ».
• Un être des contraires, qui allie les opposés : passé et présent (« à
vapeur », « à voiles », « rapides », « lents »).
• À son identité fantaisiste et insaisissable correspondent l’irrégularité, la
fantaisie, le caprice des vers, de la versification ; étudiez :
– la longueur (langueur ?) de certains vers ;
– le rythme allègre de la fin du poème : elle ne se laisse pas enfermer dans
la rigueur des vers réguliers : elle est imprévisible ;
– le refus de la rime et de la majuscule régulière en début de vers ;
– l’irrégularité des strophes → elle affranchit des règles.
II. Un être quotidien : la femme
Un être inscrit dans la réalité quotidienne : elle a des aspects de femme.
1. Un monde bien quotidien
• Elle s’inscrit dans le temps élémentaire et prosaïque de la semaine, mais
qu’elle habite de sa poésie : litanie des jours avec ses rimes intérieures ;
« hier » et « demain ».
• Des personnages du quotidien : « marins connaissant leur métier », « amis ».
• Les activités les plus triviales : « laver » sa peau.
• Des objets du quotidien : les « bateaux », les « savons ».
2. Le portrait d’une femme sensuelle
• Une femme sensuelle : la sensualité des mots et des gestes :
– les parties du corps humain mêlées aux éléments ondins : « mains »,
« pieds », « yeux », « cheveux », « ventre », « reins », mais « queue d’écailles » ;
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– une pointe d’érotisme (le nu est suggéré par « laver ») ; « cheveux », « seins ».
→ Un peu comme un blason.
La poésie
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• La forme en partie traditionnelle du vers.
• Une progression logique (soulignée par les blancs entre les strophes), un
poème au total plutôt construit :
– une strophe pour le décor ;
– une strophe pour les « bateaux » (pour aller dans l’île ?) ;
– une strophe pour les « savons » ;
– une strophe pour le chant de la sirène.
→ Elle se plie au quotidien du poète, à son élément : le vers, mais en
l’assouplissant.
Le théâtre
3. À son identité de femme correspond l’écriture poétique
2. Mais elle chante aussi pour lui et l’inspire
• Abondance du champ lexical de l’ouïe : « chante », « écouter », « entendit ».
• Elle « ne chante que pour moi » : « ne… que » marque l’exclusive.
• L’anaphore montre aussi qu’elle est sa seule source d’inspiration : elle
investit le poème, par ses moindres gestes.
• Elle donne au poème son rythme allègre et vif : cf. les anaphores au gré
de ses gestes : de « Les uns, Les uns », « Un », de « Et ». La progression du
poème se plie à ses caprices.
• En fait, un être poétique : elle n’existe que pour lui, elle n’a de réalité que
dans le poème : il est le seul à l’entendre : allégorie de l’inspiration qui fait
du poète un être à part ? → Elle le fait devenir poète, lui donne son statut.
3. Un être magique : une déesse ?
Elle change le monde pour le poète.
• Tout se personnifie à son contact.
• Et même lui ressemble : elle investit et colore tout le monde :
– comme elle, les étoiles sont « blondes aux yeux noirs », « aux beaux
seins », elles ont des « cheveux » → tout le cosmos prend sa forme ;
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Le roman
Le poète chante pour elle et uniquement pour elle, omniprésente :
– « je crée pour elle » ;
– « Ma » : force de l’adjectif possessif qui figure dans le titre ;
– invocation incantatoire de l’anaphore « Ma sirène », comme une dédicace
répétée marque le don du poème qui lui est consacré, dédié.
L’autobiographie
1. La destinataire du poème
Les réécritures
L’originalité du personnage vient surtout des rapports qu’elle entretient avec
le poète, des liens qui les unissent.
Convaincre…
III. Le rapport au poète : destinataire et muse inspiratrice
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– elle rend tout charmant : « Mais tous beaux mais tous charmants ».
→ Elle transcende le réel.
4. Porteuse d’innocence et d’humour
C’est elle aussi qui donne son registre au poème.
• Le poète retrouve son innocence enfantine grâce à elle :
– des formulations naïves : « Cela fait beaucoup d’allées et venues dans le
ciel » ;
– l’énumération des jours de la semaine, comme une comptine d’enfant ;
– un monde enfantin : île, crocodiles, oiseaux.
→ Retour à la simplicité enfantine.
• Inspiratrice d’humour : le poète amusé :
– traitement fantaisiste de ce décor féerique ;
– exagération de l’admiration pour la sirène, y compris pour des détails
(« pieds » : mais comment peut-elle avoir des pieds puisqu’elle a une
« queue » ?) ;
– dans les derniers vers, un clin d’œil « autobiographique » : peut-être
Desnos a-t-il montré son poème à un « ami » poète, qui lui en a fait
l’éloge, mais dont Desnos a senti que peut-être il mentait… : mise en boîte
de l’ami, sans doute un poète du groupe surréaliste.
Conclusion
Toute réécriture implique une réactualisation en fonction du contexte et de
la sensibilité de l’époque et de l’écrivain. Ici, il s’agit d’un poème hommage
à la femme aimée. Mais et le personnage mythologique de la sirène et la
forme de la déclaration d’amour sont renouvelés par l’esprit surréaliste et le
tempérament poétique de Desnos, plein d’humour, amateur de merveilleux
qui traque l’insolite dans le quotidien. Pour lui, l’amour est un moyen
d’accéder au surréel, mais en retour le surréel permet de mieux exprimer
l’amour. La sirène est la source de l’écriture nouvelle surréaliste de Desnos.
La sirène, qui nourrit l’imaginaire depuis l’enfance, renaît ainsi sous la plume
des écrivains, mais aussi sous le pinceau des peintres (Chagall) ou – ce qui
se conçoit encore plus logiquement, puisque ce sont des êtres de « chant »
– sous les doigts de musiciens, comme Ravel – qui lui consacre un poème
musical – ou Debussy, qui compose pour elle une pièce pour piano dans
ses préludes. Ses « frères » en mythologie, comme la chimère, la licorne, le
sphinx offrent à tous ces artistes un champ d’invention qui crée les grands
mythes artistiques et culturels.
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