Le bâti traditionnel isarien

Transcription

Le bâti traditionnel isarien
Mais le terme « traditionnel » ne signifie pas
automatiquement « techniques anciennes ». Ainsi
une
addition
de
plusieurs
matériaux
contemporains peuvent par leur aspect reprendre
un style traditionnel, sans reprendre, il est vrai les
méthodes de construction du bâti traditionnel.
C’est le résultat recherché, avec plus ou moins
de succès surtout en terme de rénovation des
bâtis : le mariage du parpaing ou béton avec des
lattes de bois pour la rénovation d’anciennes
granges ou bien encore le supplément de
matériaux comme le verre, l’acier, le plastique
reprenant par leur aspect la volumétrie,
l’implantation et la facture du bâti traditionnel.
D’ailleurs une maison dite contemporaine qui sait
s’adapter à l’environnement, au paysage et à
l’histoire architecturale de sa région ne peut-elle
pas dans une certaine mesure être qualifiée de
traditionnelle.
Cet esprit d’attachement à la terre et à la
tradition est aussi utilisé commercialement, les
constructeurs et promoteurs ne s’y trompent pas,
l'inspiration d’un style régional reste vendeur, le
terme maison traditionnelle est utilisé dans les
brochures et catalogues en tout genre.
Direction
Départementale
de l'Equipement
de l'Oise
n°04 - Mai 2006
Rénovation d’anciennes granges
Comment conserver le bâti traditionnel ou le
promouvoir ? Des moyens et outils existent avec
entre autres les documents d’urbanisme, en
l’occurrence les PLU qui permettent aux élus de
définir un projet en précisant la volonté de
conserver un type de bati, ainsi que son insertion
dans le paysage et dans l’environnement de
manière durable.
Conclusion
Le bâti traditionnel dans l’Oise est varié, son entretien, voire sa rénovation mérite que l’on connaisse
précisément les techniques et matériaux anciens et modernes. Ainsi seront revitalisés les bâtiments et
maisons de notre département. La connaissance de notre bâti nous permettra de respecter un héritage
qui nous est très précieux.
Le bâti traditionnel dans l’Oise forme aujourd’hui une
entité qui témoigne de la multiplicité de ses origines
historiques, de ses paysages, de ses coutumes et surtout du
respect des traditions dans l’art de construire. Ainsi ce qui
est défini comme bâti traditionnel est le reflet des modes de
constructions et d’utilisations de matériaux d’autrefois.
Plusieurs courants ont influencé le bâti traditionnel sur le
département. Ils reflètent l’existence d’une identité régionale
qui par plusieurs de ses aspects témoignent d’une activité de
l’homme en forte adéquation avec son territoire.
Fort de cet héritage, le bâti traditionnel peut-il perdurer
dans notre département ? par quels moyens la collectivité
peut-elle l’entretenir ?
Bibliographie :
« Construire et restaurer dans l’Oise », Plaquette Préfecture
« Atlas des paysages de l’Oise », DIREN Picardie
« Le bâti ancien en Picardie-Oise » E.Verschuren
Directeur de la publication :
Alain DE MEYERE
Réalisation – impression :
DDE de l’Oise
Bld Amyot d'Inville
BP 317 - 60021 Beauvais Cx
ml : dde-oise @equipement.gouv.fr
Le bâti traditionnel isarien
Réalisation et contact :
Service de l’Aménagement,de l’Urbanisme et
de l’Environnement
France Poulain
cellule Prospective
Fabienne Clairville
(03 44 06 50 81)
ml : [email protected]
Le lien avec la terre
La matière première qu'est la terre est à
l'origine du bâti traditionnel sur le territoire de
l'Oise
Ainsi on trouve des constructions de bois et de
torchis sur les terres riches en craie. Le plateau
picard en l’occurrence est argileux et élevé et offre
peu de pierre à la construction. C’est donc
naturellement que dans ce secteur des maisons
construites à partir d’une structure légère de pans
de bois, remplie de torchis et couverte d’un enduit
de lattes. Un enduit composé d’un sable de
couleur ocre ou d’un lait de chaux blanc. Le pays
de Thelle et le pays de Bray sont eux aussi privés
de pierres, il s’est donc opéré un mode de
construction à base de bois et de torchis mêlé à de
la brique peu cuite, les carrières du pays de Bray
pouvaient fournir l’argile nécessaire à la fabrication
des briques et des tuiles.
La pierre quant à elle est un matériau utilisé
dans les pays calcaires identifiés dans le
département de l’Oise par : le Clermontois, le
Soissonnais, le Noyonnais, le Valois-Multien et le
Vexin. On retrouve ainsi dans le Clermontois un
mariage de la pierre et de la brique au ton clairs
selon des jeux alternés : façades de briques avec
chaînages et encadrement en pierre et vice et
versa. Le Soissonnais et le Noyonnais sont eux
caractérisés par la présence de maisons et de
fermes de constructions particulières témoignant
de l’existence d’un sol de calcaire grossier.
Le Valois-Multien quant à lui offre un bâti alliant
la pierre avec des corniches et encadrements en
plâtre du fait de l’utilisation de pierre de qualité
médiocre.
Enfin le Vexin français présente des façades en
pierre de taille ou en remplissage calcaire dans un
chaînage et des bandeaux de pierre.
Un sous-sol qui fournissait les matériaux de
construction : pierres, terres cuites, chaux grasse et
sable
Ce lien fort avec le territoire de par l’utilisation
des matériaux locaux est modifié au XIXe siècle
avec l’arrivée de la révolution industrielle. Car la
brique, le fer et la fonte viennent renouveler les
styles traditionnels, ils sont utilisés pour construire
les usines, les cités ouvrières, les équipements
publics, les maisons bourgeoises et les fermes.
Après
la
première
guerre
mondiale
la
reconstruction va se faire avec de nouveaux
matériaux, principalement la brique.
Sur le pays de Chaussée on remarque un bâti
agricole d’assez grande taille au cœur des villages,
les fermes picardes avec leurs granges sur rue est
une caractéristique marquante de l’identité de ce
territoire : Elles ont la maison d’habitation située en
fond de cour avec sur les côtés les bâtiments pour
les animaux de traits, un grand porche clôt
l’ensemble donnant au village une allure
silencieuse.
Dans le Clermontois l’homme a beaucoup
utilisé la pierre calcaire pour son habitat rural et
traditionnel et sur la plaine d’Estrees Saint Denis
un bâti rural provenant d’anciens domaines
monastiques particularise le terroir. On retrouve
aussi dans la vallée du Thérain Amont,
anciennement industrielle du petit bâti industriel et
rural traditionnel le long de la rivière transformée
en petits moulins.
La région Ouest quant à elle, a su profiter de la
proximité de la Normandie sur tout le rebord Ouest
et, plus profondément, sur le pays de Bray et le
pays de Thelle. L’habitat y est groupé sur le Bray,
le plus fréquemment autour d’une église, il est
installé sur les terrasses surplombées par la
cuesta ou sur les versants des vallées humides,
alors que dans le pays de Thelle, il se présente
sous forme de village rue, principalement au nord
et nord-est du plateau.
C’est dans le Valois Multien que l’on trouve des
villages denses, aux rues continues, bordées de
murs ou d’habitations, regroupées autour d’une
église ou d’un château. Les grandes fermes à
l’entrée monumentale avec des cours carrées sont
installées sur le plateau. Les maisons des ouvriers
agricoles sont construites dans l’alignement.
Le Vexin français témoigne aussi d’un habitat
groupé, les villages sont dispersés sur l’ensemble
du plateau. Les maisons sont en général peu
élevées, les maisons munies d’un étage étaient
jadis les demeures des personnes aisées. Les
toitures sont constituées de petite tuile plate, rose,
orangée ou brune.
Maison en pierre calcaire taillée dans le Clermontois.
Enfin dans le Soissonais et le Noyonnais, les
maisons et les fermes sont regroupées autour
d’une rue, d’une place. Hormis quelques grandes
fermes isolées ou hameaux, les plateaux sont peu
investis par l’habitat implanté sur les versants
boisés des vallées humides ou en contrebas des
plateaux, c’est le contact des couches argileuses
qui libèrent les eaux des nappes tertiaires. Les
toitures sont en petites tuiles plates ou en ardoises
à partir du XIXème siècle.
Le bati traditionnel est le témoin de l’activité
essentiellement rural de l’homme jadis, et de son
utilisation sous forme d’habitat qu’il a su en faire.
L'affirmation d'une identité de chaque territoire
Il existe quatre régions sur le territoire du
département aux caractéristiques architecturales
typiques et soumises à plusieurs influences. Les
limites de ces territoires sont étroitement liées avec
celles des différents types du sous-sol vu
précédemment. L’homme s’est adapté à son
environnement par la construction d’un certain type
de bâti.
La région Nord du département est sous
l’influence de la Picardie, de l’Oise normande au
Noyonnais, jusqu’au Beauvaisis. Le climat de cette
région, la rigueur des vents, des sources assez
rares ont favorisé un habitat groupé avec des
parcelles bâties en bordure des rues et chemins,
closes par des murs. C’est sur le plateau de la
Picardie verte que l’alignement du bâti offre un
accès potentiel à chaque habitation avec les
champs qui entourent le village, les herbages et
productions fruitières exigent une main d’œuvre
importante, cette dernière est domiciliée à
proximité de l’habitation et des bâtiments de
stockage.
Le pari de construire traditionnellement aujourd’hui
Si les nouvelles techniques de construction ont
pu répondre à la forte demande en logement de
l’après guerre à nos jours, la possibilité de prendre
en
compte
des
éléments
architecturaux
traditionnels significatifs existe.
Aujourd’hui, les matériaux tels que le béton, le
préfabriqué, l’acier, les matières plastiques et
même le verre sont largement utilisés.
L’industrialisation des modes de construction
permet de répondre en partie à la forte demande
de logements, notamment dans la zone
périurbaine des villes et des villages. Mais la
transmission de certains savoir-faire en matière de
bâti rural reste primordial pour que la tradition de la
région puisse persister.
Pour exemple le Sud de l’Oise, riche en
gisements de pierre calcaire de très bonne qualité,
situés sur les bords de l’Oise et donc à proximité
immédiate de la région parisienne, constitue un
facteur essentiel de prise en compte du patrimoine
local.
La pratique de l’extraction de la pierre et par
voie de conséquence son utilisation dans le bâti
est encore de nos jours un gage de grande qualité.
L’existence de carrières comme celles de Saint
Maximin et de Nogent sur Oise situées près de
Creil assure la pérennité de la construction d’un
certain type de bâti traditionnel et peuvent
répondre en même temps à la qualité et
l’esthétisme
des
constructions
plus
contemporaines.

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