110. DE BEAUX LENDEMAINS

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110. DE BEAUX LENDEMAINS
SOIREE BAOU
THEÂTRE
RENDEZ-VOUS GARE DE L’EST
Vendredi 11 avril à 19h
Grand studio
Durée : 1h
DE BEAUX LENDEMAINS
D’APRES LE ROMAN DE RUSSELL BANKS
Vendredi 11 avril 2014 à 20h30,
Théâtre couvert
Durée : 1h30
www.chateauvallon.com
RENDEZ-VOUS GARE DE L’EST
Mise en scène et texte : Guillaume Vincent
Avec : Emilie Incerti Formentini
Dramaturgie : Marion Stoufflet
Lumières : Niko Joubert
Son : Géraldine Foucault
Costumes : Guillaume Vincent
Production /Administration : Laure Duqué
Production : Cie MidiMinuit
En coréalisation avec le CICT/Théâtre des Bouffes du Nord et La Comédie de Reims
Avec le soutien de La Colline- théâtre national
DE BEAUX LENDEMAINS
D’APRES LE ROMAN DE RUSSELL BANKS
Adapté, mis en scène par Emmanuel Meirieu
Avec Jérome Derre, Evelyne Didi, Redjep Mitrovitsa, Maud Wyler
Musique Raphaël Chambouvet
Chant et guitare Stéphane Balmino
Collaborateur artistique Loïc Varraut
Décor et lumières Seymour Laval
Costumes Moïra Douguet
Son François Vatin
Maquillage Stéphanie Waflard
Production : Bloc Opératoire
Co-production : Les Nuits de Fourvière/Département du Rhône, C.I.C.T./ Théâtre des Bouffes du Nord/Théâtre Vidy Lausanne
Avec le soutien : Ministère de la Culture, Région Rhône-Alpes, Ville de Lyon, Editions Actes Sud, Spedidam
RENDEZ-VOUS GARE DE L’EST
Une femme d’environ trente ans évoque sa vie, son mari, son travail, et ses allers-retours à l’hôpital
psychiatrique… elle aimerait partager son expérience, elle est maniaco-dépressive. Rendez-vous gare
de l’Est est le récit quasi documentaire de six mois de sa vie. Mais ce n’est pas la maladie qui est au
centre de ce récit, ce récit est en fait un portrait.
J’avais décidé d’enregistrer une jeune femme souffrant de maniaco-dépression. Au départ, le sujet qui
m’intéressait ce n’était pas tant elle que sa maladie. Mais au fur et à mesure de nos « rendez-vous », en
retranscrivant méticuleusement ses mots je me suis rendu compte que le sujet c’était bien elle et non sa
maladie. L’orientation de nos conversations est alors devenue plus large, il ne s’agissait plus seulement
de médicaments, d’hôpitaux… nous parlions de quotidien, d’amour, de travail, bien sûr la maladie
n’était jamais loin mais elle apparaissait comme en arrière-plan. Il ne s’agissait plus de dresser le
portrait d’une malade mais le portrait d’une femme vivant avec une maladie.
C’est aussi le désir que j’avais de travailler avec l’actrice Émilie Incerti Formentini sur une matière aussi
singulière qui m’a poussé à passer de l’écriture à la scène. Je pensais qu’elle était la personne idéale
pour pouvoir transmettre cette parole à l’endroit qui me paraissait le plus juste. Elle arrive à jouer avec
des ressorts tout à fait intimes sans pour autant qu’il y ait de pathos ou de sentimentalisme.
Guillaume Vincent
EXTRAITS DE PRESSE
Rendez-vous Gare de l’Est porte par l’entremise d’Emilie-Incerti Formentini la quintessence d’entretiens
menés par le metteur en scène avec une amie personnelle maniaco-dépressive. Un témoignage très
intelligemment et sensiblement orchestré autour d’une vie normale que la maladie secoue de crises
aussi drôles qu’effrayantes et emprisonne dans des camisoles médicamenteuses.
MOUVEMENT – janvier 2013
Cette pièce parle d'une rencontre. À la manière des documentaires de Raymond Depardon, Guillaume
Vincent restitue la parole d'une jeune femme. « Rendez-vous gare de l'Est » ressemble à une
conversation trouée, interrompue et reprise un an durant.
Elle évoque le monde du travail, la vie à deux, une famille éclatée entre les beaux quartiers et l'Afrique,
une mère ex-mannequin chez Dior et une sœur boulangère dans le sud de la France, l'hôpital
psychiatrique et ses infirmières, un médicament dont les consonances poétiques lui évoquent un
papillon, mais permet de brider une imagination parfois délirante… Ce portrait de femme est étonnant
de vérité. L'invivable n'est pas loin, mais une incroyable vitalité l'emporte.
Guillaume Vincent travaille dans la jubilation du plateau : avec un noyau d'acteurs qu'il connaît bien et
pour qui il écrit spécialement. Son théâtre traque l'intime par tous les moyens.
C'est un disciple moderne de Marivaux et l'acuité de son regard provoque une drôlerie sans faille.
LUNIONPRESSE.FR - novembre 2012
DE BEAUX LENDEMAINS
Après l’adaptation pour le cinéma d’Atom Egoyan primée à Cannes en 1997, Emmanuel Meirieu adapte
pour la scène le bouleversant roman de Russell Banks.
De Beaux Lendemains est sans doute le meilleur roman de Russell Banks et peut-être tout simplement
l'un des plus beaux de la littérature contemporaine.
Dans l'hiver blanc de l'Est Américain, un car scolaire verse dans un ravin et est englouti dans la glace.
L'accident fait quatorze morts parmi les enfants. Choral, le roman est composé de quatre témoignages
successifs écrits à la première personne : ceux des deux survivantes, la conductrice du bus et une
adolescente, blessées dans l'accident, d'un père meurtri par la mort de ses deux enfants et d'un avocat
new yorkais venu défendre les parents des victimes.
Emmanuel Meirieu a adapté le roman pour la scène en lui conservant sa forme de témoignage. « Dans
ces cathédrales que sont les théâtres, ces lieux qui appellent l'emphase, le mouvement, la projection du
texte, je veux faire le pari d'un acteur seul en scène, assis, qui sans volontarisme raconte son histoire au
micro. Comme un enfant qui entrerait dans un stade plein pour y chanter à capella. Le décor est le lac
gelé où le bus s'est crashé, un simple micro et une chaise.
Un piano accompagne l'acteur à des moments très choisis. C'est la première fois que les survivants
reviennent sur le lieu de l'accident pour y témoigner devant la communauté, comme la cérémonie pour
l'incendie du tunnel du Mont Blanc ».
La dérive de quatre vies humaines, comme un écho tragique à l'accident.
Extraits
Maître Mitchell Stephens, avocat au barreau de New York
« Je me sentais bien. Je comparais les hypothèses, j'examinais les conséquences, comme un ordinateur.
Il n'y a rien qui me stimule autant que des affaires comme ça. C'est presque une drogue. Comme ce que
ressentent les soldats ou les toreros. Une intensité. Une concentration qui me donne l'impression d'être
plus vivant. Il y a rien qui me fait cet effet là. Ni le sexe illicite, ni la coke, ni la voiture la nuit sur la voie
opposée. Rien. »
Nicole Burnell, survivante parmi les enfants
« Dans le reflet de la vitre, je regardais mes jambes mortes et inutiles. Je me suis demandée ce qu'elles
valaient un an plus tôt, quand je dansais et chantais dans le gymnase devant toute l'école, quand j'avais
été la reine du Bal de la Moisson. Pour moi, elles valaient tout alors et plus rien maintenant. Pour Papa
et Maman, elles valaient rien alors et un ou deux millions de dollars maintenant. »
Billy Ansel, père de deux enfants et vétéran du Vietnam
« Ma seule façon de continuer à vivre c’est de croire que je suis déjà mort. Je crois que c’est pareil pour
beaucoup de gens ici, la mort est entrée dans nos vies. Pour moi, et pour les enfants qui ont survécu à
l’accident comme Nicole Burnell, c’est comme si nous étions morts nous aussi quand le bus a quitté la
route, comme si on attendait d’être emportés nous aussi là où les autres sont partis… »
Dolores Driscoll, la conductrice du bus rescapée
« Aussi longtemps que je vivrais je me souviendrais de cette ombre sur la route, de toute la masse du
véhicule, des enfants qui déferlent sur moi. Je rentre la tête comme si le bus était une énorme vague
qui allait se briser. Il y avait tous les enfants de mon village. Leurs visages aux yeux agrandis, leurs
petits corps qui tourbillonnent, pendant que le bus quitte la route, que le ciel bascule, que le sol surgit
devant nous. »
EMMANUEL MEIRIEU
« Redonner aux mythologies leurs souffles, rendre l'homme à sa fragilité et à son dépassement, c'est le
désir d'Emmanuel Meirieu à l'ère du scepticisme de masse et de la dérision généralisée, qu'il porte à la
scène Shakespeare, Sophocle ou les grands auteurs d'aujourd'hui. » Libération
Né à Versailles en 1976, il poursuit des études de Philosophie et de Droit.
En 1999 grâce à la fondation Beaumarchais, il écrit et met en scène ses premiers spectacles : La Trilogie
des Chimères Amères, une relecture acide et personnelle de trois contes de fées.
II a depuis présenté neuf mises en scène à Bonlieu, l’Espace Malraux ou l’Hexagone, Scènes
Nationales, à l’Atelier du Rhin, Centre Dramatique National, à l'Opéra de Lyon, au Théâtre des Célestins,
au Festival des Nuits de Fourvière et au Théâtre la Croix-Rousse à Lyon. Parmi elles, A gun for Electre,
une adaptation western du chef d’œuvre de Sophocle, The Night Heron de Jez Butterworth ou American
Buffalo de David Mamet, avec Yann Collette. Il a également assuré la direction artistique des séries
télévisées Les Bougon, réalisée par Sam Kaarman, et Kaamelott, où il interprète, dans la dernière
saison, le second rôle, aux côtés de Patrick Chesnais, Tcheky Kario, Pierre Mondy et Alexandre Astier.
RUSSELL BANKS
Russell Banks est né en 1940 dans le Massachusetts et a grandi en Nouvelle-Angleterre. Aîné de quatre
enfants, sa famille est issue d’un milieu ouvrier, contexte qui a fortement marqué son œuvre littéraire.
Il est le premier de sa famille à entreprendre des études supérieures et effectue d’abord un bref
passage à Colgate University. Quelques années plus tard, il reprend brillamment ses études à
l’université de Caroline du Nord dont il sera diplômé en 1967.
Avant de pouvoir gagner sa vie comme écrivain, il exerce divers métiers comme plombier, vendeur de
chaussures ou étalagiste. Il enseigne ensuite dans un certain nombre d’établissements supérieurs,
notamment à l’université Columbia, au Sarah Lawrence College et aux universités du New Hampshire,
de New York et de Princeton, ville où il exercera le plus longtemps.
C’est un écrivain prolifique dont pratiquement tous les ouvrages de fiction sont disponibles en français :
Survivants, Le livre de la Jamaïque, Trailerpark, Hamilton Stark, La Relation de mon emprisonnement,
Continents à la dérive, Histoire de réussir, Affliction, De beaux lendemains, Sous le règne de Bone,
Pourfendeur de nuages, l’Ange sur le toit, American Darling, Amérique notre histoire, La Réserve.
Il a également publié des poèmes, des nouvelles et des essais dans diverses revues. Deux de ses
romans ont été adaptés au cinéma : De beaux lendemains (réalisé par Atom Egoyan, ce film a obtenu à
Cannes en 1997 le Grand Prix du jury et le Prix de la critique internationale) et Affliction (réalisé en 1997
par Paul Schrader). Une adaptation cinématographique d’Americain Darling par Martin Scorsese est en
cours, avec Cate Blanchett dans le rôle principal.
Russell Banks a reçu de nombreux prix et distinctions parmi lesquels on peut citer le Prix Ingram Merrill,
le Prix de la nouvelle St. Lawrence, le Prix O’Henry, celui du Best American Short Story, le Prix John Dos
Passos, et le Prix de littérature de l’Académie américaine des arts et lettres. Continents à la dérive et
Pourfendeur de nuages ont été finalistes du Prix Pulitzer en 1986 et 1998. Par ailleurs membre de
l’Académie Américaine des Arts et des Sciences, Russell Banks a été, de 2001 à 2004, le troisième
président du Parlement international des écrivains, après Wole Soyinka et Salman Rushdie. Il est
aujourd’hui le président fondateur de Cities of Refuge North America, qui s’est donné pour mission
d’établir aux Etats-Unis des lieux d’asile pour des écrivains menacés ou en exil.
Après avoir vécu dans divers endroits depuis la Nouvelle-Angleterre jusqu’à la Jamaïque, il réside à
présent dans le Nord de l’Etat de New York. Il est marié à la poétesse Chase Twichell et père de quatre
filles. L’ensemble de son œuvre est publiée aux éditions Actes Sud. Son dernier roman, Lointain
souvenir de la peau est paru en 2012.
EXTRAITS DE PRESSE
Difficile de retrouver ses esprits en sortant de la pièce De Beaux lendemains (…) Emmmanuel Meirieu
adapte le roman de l’Américain Russell Banks – paru sous le titre original The Sweet Hereafter, en
1991 – dans une pièce bouleversante et grandiose. Adepte du « théâtre d’émotion », le metteur en
scène démontre une maîtrise parfaite de la dramaturgie et de la force du récit, sans jamais tomber dans
le larmoyant (…)
Accompagnant les récits, un pianiste apparaît dans la brume. Puis, sur un tissu servant d’écran,
Emmanuel Meirieu projette la route, propulsant l’audience dans un cinéma vivant. La neige tombe. On
entend le vent, des cris d’enfants et des sirènes. On sent le froid et le désarroi. Dans le micro, les
souffles des témoins disent l’émotion, soulignent la dureté du récit que l’on reçoit comme s’il ne
s’adressait qu’à nous. Ce n’est qu’au moment des applaudissements que le silence absolu de la salle se
brise, et qu’on se souvient alors que 400 personnes ont reçu ce puissant coup au cœur simultanément.
Magistral.
Céline Rochat – 24 HEURES – novembre 2012
(…) le miracle survient très vite, un miracle de sobriété. D’abord le superbe plateau nu, légèrement
givré, éclairé par une lumière sourde, brumeuse. Quelque chose d’oppressant, de religieux aussi. Une
ambiance d’oratorio (…) et ce qui aurait pu être lourd, voyant, voyeur, s’impose avec une simplicité
d’une vérité bouleversante. L’excellent accompagnement musical de Raphaël Chambouvet, au piano,
ajoute à cette pure émotion dont le secret tient essentiellement, il est vrai, à la délicatesse de
l’adaptation d’Emmanuel Meirieu et à une remarquable performance d’acteurs.
Chacun d’entre eux fait de sa partition une sombre mélodie funèbre (…) On connaît les limites du
théâtre du récit, lorsque des acteurs viennent, quasiment immobiles, raconter une action qu’on ne voit
pas. Ces limites sont ici franchies avec bonheur par la grâce d’une sincérité totale. Celle d’un texte et
d’une scénographie qui résistent à la tentation du pathos, s’agissant d’un sujet qui pourtant y invite. Et
celle de quatre acteurs absolument superbes.
Jean-Christophe Buisson – LE FIGARO MAGAZINE – juillet 2011
Et voilà le miracle théâtral de ce spectacle : tout ce qui est décrit, le spectateur le voit et le ressent
encore bien plus que si les choses lui étaient montrées. La tragédie est le genre par excellence des
descriptions au présent, ces « hypotyposes » censées nous faire vivre les scènes qui se passent hors de
la scène. Ici, l’exercice prend la force d’un envoûtement. On est sous l’emprise des mots, tout d’abord.
Ainsi, lorsque Billy Ansel décrit son rêve de revoir les enfants vivants dans le bus, d’y sentir « l’odeur
des boîtes en caoutchouc des déjeuners et des sacs en papier », le public fait le même rêve à travers
ces détails (…) Mais au-delà des mots, ce sont les performances époustouflantes de chaque comédien
qui donnent à l’œuvre de théâtre tout sa magie évocatrice (…) Judith Chemla, jeune beauté sortie
hémiplégique de l’accident, chantera « pour de vrai ». D’abord d’une voix d’adolescente, puis comme
une cantatrice (d’ailleurs impressionnante), elle interprète en pleurant, Exit Music, du groupe anglais
Radiohead (…)
A force d’être bouleversé à chaque instant, on finit par se demander si on n’est pas pris au piège de ce
drame tout simplement à cause de sa noirceur stupéfiante. Mais la question nous vient en même temps
que la réponse : juste avant la fin du spectacle dédié à « ceux qui restent », De Beaux lendemains
dessine quelque chose comme un horizon. Ce fameux apaisement vers lequel tendent toutes les vraies
tragédies.
Judith Sibony – BLOG DU MONDE.FR – juin 2011