Les plaques tournantes internationales de la faune - GRID

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Les plaques tournantes internationales de la faune - GRID
Les plaques tournantes internationales de la faune
sauvage en danger
L’ONU appelle à une collaboration internationale afin de sauvegarder
les animaux qui migrent régulièrement
EMBARGO : Lundi 21 novembre 2011 1200 GMT
Bergen, Norvège, 21 novembre 2011 – Le monde est recouvert de milliards de routes
migratoires invisibles. Sur terre, dans l’eau et dans les airs, les animaux migrateurs
dépendent de la disponibilité de sites critiques le long de leurs voyages annuels. Ces
plaques tournantes internationales de la faune sauvage sont vitales pour le ravitaillement
et la reproduction des animaux : un chaînon manquant peut mettre toute une population
en danger.
Tout comme les systèmes de transport moderne avec les aéroports, les chemins de fer et
les routes, les espèces migratrices ont des réseaux similaires dans le monde entier.
Beaucoup de ces plaques tournantes subissent une pression considérable à cause du
développement humain et de l’exploitation des ressources naturelles.
Les scientifiques prévoient que l’ « Abondance moyenne des espèces » au niveau
mondial, une mesure visant à prévoir à la fois la diversité des espèces et leur nombre,
passera de 0,70 en 2000 à environ 0,63 d’ici 2050.
Cette perte estimée d’abondance et des espèces de la faune sauvage revient à éradiquer
toute faune et flore dans une zone de 9,1 millions de km2, environ la taille des États-Unis
d’Amérique ou de la Chine, en moins de 40 ans.
Aujourd’hui, des représentants de près de 100 gouvernements se réunissent lors d’une
conférence sur la faune sauvage, organisée par la Convention sur la conservation des
espèces migratrices appartenant à la faune sauvage, sous l’égide du Programme des
Nations Unies pour l’Environnement (PNUE/CMS) de l’ONU à Bergen, en Norvège, afin
de trouver des solutions pour sauvegarder les espèces migratrices de la faune sauvage.
Les plaques tournantes de la faune sauvage sont menacées dans le monde entier. Dans
l’Extrême-Arctique canadien, les bélugas qui migrent dans d’étroits couloirs de glace à
ciel ouvert pourraient voir leur migration bloquée par le trafic maritime d’une potentielle
vaste mine de fer. Les baleines et les dauphins sont de plus en plus exposés à la pollution
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sonore des sonars et des bateaux, qui pourrait entraîner des modifications et une
diminution jusqu’à 58 pour cent de la communication des mammifère marins.
Dans la mer Jaune en Asie orientale, la mise en valeur des terres est en train de détruire
des « aéroports » critiques pour les oiseaux marins, tandis que les plaines découvertes
d’Asie centrale, d’Afrique et d’Amérique du Sud sont découpées par les routes, les voies
ferrées et les nouveaux projets de mines.
Le braconnage entraîne un déclin spectaculaire dans le monde entier parmi les
rhinocéros, les éléphants, les tigres et les antilopes, avec très peu de ressources accordées
à l’application des lois.
Voilà certains des sites menacés identifiés dans le rapport intitulé Living Planet:
Connected Planet. Preventing the End of the World's Wildlife Migrations through
Ecological Network (Planète vivante : planète connectée. Prévenir la fin des migrations
à travers les réseaux écologiques). Il a été lancé aujourd’hui à Bergen par la Convention
sur la Conservation des Espèces Migratrices de la Faune Sauvage.
Elizabeth Maruma Mrema, Secrétaire exécutive de la CMS, a déclaré : « Pour tous les
animaux qui migrent régulièrement, les réseaux écologiques sont essentiels à leur
migration et leur survie. La coopération internationale est cruciale afin de gérer ces vastes
réseaux transfrontières. L’engagement de tous les pays est nécessaire afin que les
générations futures puissent toujours s’émerveiller de ces nomades qui connectent notre
planète et en profiter pleinement. »
Le rapport met en avant la manière dont la collaboration internationale a donné lieu à de
belles et uniques réussites en matière de protection des espèces migratrices, comme les
exemples suivant le démontrent.
Les oiseaux voyageant le long de la voie de migration Est-Atlantique de l’Afrique à
l’Arctique ont besoin de se poser sur terre et de se ravitailler. La coopération
néerlandaise-allemande-danoise trilatérale a aidé à sauvegarder un « aéroport » clé dans
la mer des Wadden pour les espèces voyageant dans le monde entier.
Dans le minuscule archipel du Pacifique des Palaos, les requins, qui parcourent les
océans depuis plus de 400 millions d’années, commençaient à être menacés par la forte
demande en nageoires pour les soupes.
« Il y a deux ans, les Palaos sont devenus le premier pays à déclarer ses eaux côtières
réserve naturelle pour les requins. À présent, les scientifiques estiment que les excursions
de plongée au milieu des requins génèrent environ huit pour cent du PIB du pays et qu’un
seul requin génère au cours de sa vie des revenus pour l’écotourisme équivalant à 1,9
millions euros », déclare Achim Steiner, Secrétaire général adjoint de l’ONU et Directeur
exécutif du PNUE.
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L’oie naine, en danger d’extinction dans le monde entier, se reproduit dans la forêt de la
toundra de la Scandinavie au point le plus oriental de la Russie et a vu ses populations
diminuer de manière spectaculaire depuis les années 1950. Cependant, le cadre de
l’Accord sur la conservation des oiseaux d'eau migrateurs d'Afrique-Eurasie a réuni les
gouvernements des vingt-deux pays clés situés le long de leurs voies de migration afin
d’aider à sauver cette espèce de l’extinction.
Les gorilles de montagne, menacés d’extinction dans les Virunga, aux frontières de la
République Démocratique du Congo, du Rwanda et de l’Ouganda, n’étaient plus que 250
en 1981, mais des mesures transfrontières répressives efficaces ont contribué à son
rétablissement au cœur d’un des plus graves conflits du monde. En 2010, on en comptait
480.
Un programme de dix ans visant à restaurer et conserver sept millions d’hectares de
zones humides en Chine, en Iran, au Kazakhstan et en Russie, a non seulement renforcé
les chances de survie de la grue de Sibérie, en danger critique d’extinction, mais a
également amélioré l’alimentation en eau potable, la pêche continentale et le stockage du
carbone.
Le rapport appelle à une collaboration internationale afin de sauvegarder les
réseaux écologiques reliant les nombreux corridors et plaques tournantes de la
faune sauvage.
Toutefois, malgré les réussites grâce à la Convention et à la collaboration internationale,
quelques-uns de plus grands pays du monde, qui possèdent presque 36 % de la surface
terrestre mondiale, ne sont toujours pas parties de la Convention, ce qui pose des
problèmes dans la protection des espèces migratrices au niveau international, malgré les
quelque 150 pays qui collaborent.
Braconnage
Le braconnage est à nouveau en augmentation, en particulier dans les prairies et les
savanes d’Afrique et d’Asie centrale. « Le braconnage organisé sur des animaux tels que
les rhinocéros, les éléphants et les antilopes augmente rapidement en Asie et en Afrique
et nous avons désespérément besoin de soutien pour traiter ce problème à l’échelle
internationale », déclare Christian Nellemann, du centre GRID-Arendal du PNUE en
Norvège.
Le nombre de gnous, de rhinocéros, d’antilopes Saïga et d’antilopes du Tibet, de gazelles
à goitre et de gazelles du Tibet, de guanacos et de vigognes a diminué dans de
nombreuses régions de 35 à 90 pour cent au cours des dernières décennies.
La chasse abusive pour le commerce illégal de corne a entraîné un déclin spectaculaire de
95 pour cent des populations d’antilopes Saïga, qui sont passées d’un million d’animaux
à seulement 50 000. Sous l’égide du Mémorandum d’Entente de la CMS sur l’antilope
Saïga, le suivi, l’identification de zones protégées pour les troupeaux en période de
vêlage ou cycle œstral, la surveillance transfrontière et la participation des communautés
locales constituent les bases d’une stratégie de conservation efficace.
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La protection des immenses réserves en Chine et en Asie centrale, ainsi que des mesures
anti-braconnage renforcées, ont contribué à sauver l’antilope du Tibet ou chiru de
l’extinction potentielle, car leur nombre est passé de plus d’un million à moins de 75 000
en une ou deux décennies. Les antilopes du Tibet étaient chassées pour leur laine, le
shahtoosh, qui pouvait rapporter jusqu’à 5000 dollars pour un châle sur le marché noir.
Mais les mesures anti-braconnage chinoises, combinées à la mise en place de quelquesunes des plus grandes réserves au monde par la République populaire de Chine, ont
changé le destin de ces animaux migrateurs. Toutefois, le braconnage continue de poser
des problèmes.
Barrières à la migration
Les antilopes du Tibet, qui traversent toujours la ligne ferroviaire Qing-Zang et
l’autoroute Golmud-Lhasa pour atteindre leurs terres de vêlage et en revenir, passent 20 à
40 jours à chercher des passages et à attendre.
La construction de routes dans le Serengeti, l’écosystème pâturé le plus varié sur Terre,
pourrait entraîner de grandes pertes parmi les 1,5 millions de gnous migrateurs, distribués
par populations de 300 000 à presque 1 million d’animaux, avec de graves conséquences
sur tout le réseau de l’écosystème, y compris les autres animaux et les plantes. Des
promesses récentes du gouvernement tanzanien de protéger contre les projets de routes le
Serengeti, le dernier et le plus grand système pâturé intact d’ongulés sauvages au monde,
existant depuis 250 000 ans, est applaudi par la communauté internationale.
Dans la réserve de Masai Mara, au Kenya, on observe un déclin de 81 pour cent de la
population de gnous migrateurs entre la fin des années 1970 et les années 1990 à cause de
clôtures empêchant la migration annuelle et du braconnage.
Exemples
 Pour les oiseaux migrateurs et les chauves-souris, les zones humides et les zones
de repos ont diminué de plus 50 pour cent au cours du siècle dernier. Nombre
d’entre elles sont critiques pour ces animaux qui voyagent sur de longues
distances.
 Le développement côtier augmente rapidement et l’on prévoit qu’il aura un
impact sur 91 pour cent des côtes tempérées et tropicales d’ici 2050 et qu’il
contribuera à plus de 80 pour cent de la pollution marine, avec de graves
conséquences sur les oiseaux migrateurs.
 Les guanacos et les vigognes ont perdu 40 à 75 pour cent de leurs aires de
répartition en Amérique du Sud et leurs populations ont probablement chuté d’au
moins 90 pour cent au cours des siècles derniers à cause de la perte des habitats
due à l’augmentation du pacage et au braconnage.
 Les baleines à bosse en Océanie sont menacées par la capture accessoire, la
dégradation des habitats, la pollution, les maladies, le bruit, les collisions de
navires, la diminution du nombre de proies et le changement climatique.
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La minuscule Pipistrelle de Nathusius est une espèce de chauve-souris qui pèse
entre 6 et 10 g seulement et qui voyage presque 2000 km par an. Elle est menacée
par la perte des habitats et les collisions dues au nombre croissant de parcs
éoliens. Le travail en projet de l’Accord EUROBATS de la CMS vise à protéger
ses habitats et ses voies de migration.
La perte des écosystèmes de prairies et les activités agricoles sur les terres de
reproduction et le long des voies de migration dans le sud de l’Amérique latine
menace le bécasseau roussâtre et d’autres oiseaux des prairies. La CMS travaille
avec les pays de la région afin d’identifier de nouvelles zones protégées situées à
l’extérieur afin de créer un réseau d’habitats.
La capture accessoire constitue la principale menace de la plupart des
mammifères marins, avec une perte annuelle de plus de 600 000 animaux.
La sous-population de baleines à bosse, qui migre entre l’Océanie et l’océan
Austral, s’est effondrée de 70 pour cent depuis 1942. Aujourd’hui, il ne reste plus
qu’entre 3000 et 5000 animaux.
Voici quelques-unes des recommandations visant à sécuriser les réseaux écologiques
pour les espèces migratrices :
L’évaluation des projets nationaux de développement d’infrastructures, dont les
routes, les lignes ferroviaires, les pipelines, les lignes électriques, les parcs éoliens et les
barrages, qui entravent la migration transfrontière des ongulés, contribue à identifier des
moyens afin d’atténuer les impacts et à déterminer la violation potentielle de la CMS.
La lutte contre les crimes écologiques, tels que le braconnage, nécessite des efforts
internationaux plus concertés afin de contrer le commerce illégal de produits de la faune
sauvage au niveau mondial. Une augmentation importante des financements et une
collaboration entre INTERPOL, la Banque Mondiale, la CITES (Convention sur le
commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction),
l’OMD (Organisation mondiale des douanes) et l’ONUDC (Office des Nations Unies
contre la drogue et le crime) sont des préalables nécessaires pour réussir à lutter
efficacement contre les crimes à l’encontre de la faune sauvage.
Il faut absolument un renforcement des formations anti-braconnage et de l’application
des lois, y compris la formation de pisteurs et l’amélioration de la gestion des scènes de
crime afin de sécuriser les preuves pour les poursuites judiciaires.
Il faut augmenter rapidement et de manière conséquente le nombre et la taille des aires
marines protégées. Les zones de nage importantes des baleines et des dauphins, en
particulier dans un rayon de 200 km autour des zones côtières, doivent, lorsque cela est
possible, être incluses dans les aires marines protégées et certaines parties doivent être
désignées zones de navigation limitées pour les navires destinés au transport de
marchandises et l’activité navale.
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La restauration des zones humides, des vasières et des zones côtières doit être
renforcée le long des principales voies de migration des oiseaux sur tous les continents
afin de garantir la survie des oiseaux migrateurs.
La Dixième réunion de la Conférence des Parties de la CMS, qui se tient du 20 au 25
novembre 2011 à Bergen, accorde une attention particulière à l’importance des réseaux
écologiques en tant qu’instrument efficace pour protéger de nombreux animaux
migrateurs.
Notes aux rédacteurs :
La Convention sur la Conservation des Espèces Migratrices de la Faune Sauvage
(PNUE/CMS) travaille pour la conservation d’un ensemble varié d’animaux migrateurs
en danger d’extinction dans le monde entier au travers de la négociation et de la mise en
place d’accords et de plans d’action. La CMS est une convention en pleine croissance
avec une importance spéciale du fait de son expertise en matière d’espèces migratrices.
Aujourd’hui, 116 pays font partie de la Convention.
www.cms.int
Le rapport Living Planet: Connected Planet. Preventing the End of the World's Wildlife
Migrations through Ecological Network est disponible en téléchargement gratuit sur
www.unep.org et sur www.grida.no
Des graphiques en haute résolution à usage public gratuit dans les médias sont également
disponibles en téléchargement sur www.grida.no
Pour de plus amples renseignements, merci de contacter :
Nick Nuttall, Porte-parole et responsable des medias au PNUE, +41 795965737 ou
+254733632755, ou [email protected]
Veronika Lenarz, Relations publiques de la CMS, T. +49 228 815-2409 et pendant la
Conférence +47 46 86 15 44; [email protected]
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