Les Adoptés - HONORE Visconti

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Les Adoptés - HONORE Visconti
Les Adoptés
Du jeudi 21 avril au dimanche 8 mai 2016
Label de programmation artistique
LES ADOPTÉS
Du jeudi 21 avril au dimanche 8 mai 2016
Les Adoptés
Katrien De Blauwer, Inès de Bordas, Dina Kelberman, Thomas Sauvin,
Joachim Schmid, John Stezaker et Thierry Struvay
Commissaire
Laure Flammarion
Amateurs ou professionnels, les artistes sont désormais nombreux à chasser les
images préexistantes pour en faire une matière de travail. L’exposition Les Adoptés
présente plusieurs séries réalisées à partir de photographies trouvées.
Au terme de « réappropriation » la commissaire Laure Flammarion a préféré celui
d’« adoption » emprunté à l’artiste espagnol Joan Fontcuberta. Les Adoptés sont
comme une suite de films montés par ces artistes à partir d’images tournées par
d’autres. Ce sont des propositions de récits dans lesquels la psychanalyse
s’invite autant que l’humour, la nostalgie et la tendresse. À l’heure où tant
d’images sont produites, cette forme de recyclage de notre patrimoine historique
n’est-elle pas indispensable ?
Petite pièce
Thomas Sauvin
5. Dina Kelberman
1. Katrien de Blauwer
4. Inès de Bordas
1. Katrien de Blauwer
2. Thierry Struvay
3. John Stezaker
Katrien de Blauwer
1969, Belgique
Vit et travail à Anvers
Courtesy Les Filles du Calvaire
« I would like to describe myself as a “photographer without a camera” »
Katrien de Blauwer se rend très jeune à Gand afin d’y étudier la peinture. Elle
fait ensuite un passage par les cours de mode de l’Académie royale d’Anvers. Elle
commence alors à réaliser des carnets de collages qui sont en même temps des
carnets d’humeur et d’inspiration destinés aux collections de mode. Ce travail est
par ailleurs marqué par une identité très cinématographique.
À force, elle se met à récupérer, découper et recycler des images dans une
démarche d’introspection thérapeutique et d’exploration poétique. Sauver les
images de la destruction pour les incorporer à une histoire nouvelle est une
manière d’apprivoiser la mémoire, de s’y confronter selon des connotations, des
souvenirs ou des fantasmes.
Les quatres oeuvres présentées par Honoré Visconti appartiennent à des séries
différentes, dont l’essence est toutefois assurée par l’univers de Katrien de Blauwer.
Inès de Bordas
1987
Vit et travaille entre Londres et Bruxelles
Éditrice et commissaire d’exposition indépendante basée entre Londres et
Bruxelles, Inès de Bordas a travaillé sur des publications et expositions de
photographies en Europe, aux États-Unis et au Japon. En 2015, avec sa maison
d’édition Adad Books elle a publié Abstracts le dernier livre du collectif AM
projects et Horizon Icons de l’Anglais Chris Shaw.
En hommage à la photographie moderniste des années 1920, Look Up Look Down
est une proposition d’Inès de Bordas réunissant une sélection de tirages
photographiques de diverses époques. De plongées en contre-plongées, les sujets
se confondent, les perspectives se multiplient, et l’œil perd ses repères.
«Nous ne voyons pas ce que nous regardons. Nous ne voyons pas les positions, les
perspectives remarquables qu’offrent les objets. Nous qui sommes dressés à voir
les choses habituelles, à voir ce qu’on nous a inculqué, nous avons à découvrir
le monde du visible.... Nous devons ôter de nos yeux ce voile qu’on appelle “du
nombril”. Photographiez de tous les points de vue, excepté le “nombril”, tant que
ne seront pas reconnus tous les points de vue. Les points de vue les plus
intéressants pour la vie moderne sont les points de vue de haut en bas et de bas en
haut et leurs diagonales.»
Alexandre Rodtchenko, Les voies de la photographie contemporaine, 1928, traduit par Selim O.
Khan-Magomedov dans Alexandre Rodtchenko : l’œuvre complet, Paris, Philippe Sers, 1986,
p. 143-146.
Dina Kelberman
1979, USA
Vit et travaille à Baltimore (USA)
Dina Kelberman tire la matière de son œuvre aux sources du web.
Ce medium illimité est un vivier grouillant d’images qu’elle s’affaire à collecter et
démêler jusqu’à en tirer un sens. Elle explore la toile de façon obsessionnelle afin,
si ce n’est de tout voir, d’approcher le plus largement ce qui compose notre
paysage virtuel. Quotidiennement, elle part à la rencontre de ces images en
pagaille, comme une jungle indomptée qu’elle indexe et classe patiemment
jusqu’à ce que des histoires se créent.
Elle n’a pas pour vocation de ranger le web à sa façon, mais joue avec lui dans le
dessein d’en tirer un fil qui, se déroulant, laisse apparaître un mouvement graphique
passant par les formes et les couleurs.
Le projet I’m Google est composé d’images capturées sur l’incontournable moteur
de recherche. Une image, par sa forme ou sa couleur, en appelle une autre. L’œil
rebondit à la digression : la balle de ping pong devient œuf, l’œuf devient pâte à
modeler puis spaghetti pour finalement se transformer, plus tard, en chapiteau de
cirque.
Thomas Sauvin
1983, France
Vit et travaille à Paris
Thomas Sauvin est probablement le plus grand collectionneur au monde de
photographie vernaculaire chinoise, il est reconnu par Martin Parr comme l’un
des génies de la photographie contemporaine.
Il a vécu à Pékin entre 2003 et 2015. Il y a régulièrement visité une entreprise de
recyclage de nitrate d’argent afin d’y récupérer, pour les recycler, de nombreux
négatifs destinés à la destruction. Thomas Sauvin dispose désormais de plus
d’un demi-million de clichés. Ses images sont une fenêtre sur la vie quotidienne
chinoise, de la fin de la révolution culturelle aux bouleversements numériques. Il
nous offre la possibilité d’un voyage en Chine à travers le temps.
Depuis 2006, il est consultant pour AMC (Archive of Modern Conflict), organe
indépendant d’archive et de publication autour du medium vernaculaire de
l’histoire de la guerre (photographies, manuscrits, objets).
Avec L’ Élégance du raisonnement, Thomas Sauvin propose sa relecture de
documents scientifiques flirtant avec l’abstraction. Il nous montre également «un
subtile mélange entre l’absurdité de la tâche et la beauté de la réalisation» de
photographies vantant les records de productions agricoles à l’endroit d’épis de
blé. Ces oeuvres racontent par ailleurs, à leur façon, la plus grande crise
économique vécue par la Chine. Enfin, il nous présente une étude archéologique
de fossiles et coquillages, probablement, si ce ne sont «une constellation de
planètes».
Joachim Schmid
1955, Allemagne
Vit et travaille à Berlin
Courtesy Alain Gutharc
Joachim Schmid étudie la communication visuelle avant de s’engager dans une
carrière de critique freelance et d’éditeur pour la revue iconoclaste Fotokritik, une
contribution originale à la photographie d’Allemagne de l’Ouest. Il est également
le fondateur de l’Institut zur Wiederaufbereitung von Altfotos (Institut pour le
recyclage des photographies anciennes).
La proximité du plus grand marché aux puces de Berlin a permis à Joachim
Schmid d’entreprendre sa formidable collection d’images vernaculaires. C’est
autour de ces photographies préexistantes et anonymes que se déploie sa pratique
artistique.
Ces images lui permettent d’aborder des questions d’ordre social, de considérer le
discours esthétique et d’observer les variations culturelles inhérentes aux sphères
publiques et privées de la vie moderne.
Il recueille jusqu’à la moindre preuve photographique de la banalité quotidienne
de ses pairs. Lesquelles, défaites de leur légende, retirées de leur contexte, créent
finalement une œuvre pertinente dont la portée devient anthropologique.
Le travail de Joachim Schmid a été exposé internationalement et fait partie de
collections majeures telles que celle du San Francisco Museum of Modern Art.
Le travail présenté par Honoré Visconti est tiré de la série Photogenetic drafts. Il
s’agit d’un projet réalisé en 1991 à partir d’archives d’un grand studio de portraits
allemand.
Ici, deux moitiés de visage se complètent pour donner naissance à une nouvelle
identité.
John Stezaker
1948, Royaume-Uni
Vit et travaille à Londres
«Ce sont les images qui me trouvent plutôt que l’inverse».
John Stezaker est une figure majeure de la photographie contemporaine.
Il s’inscrit parmi les artistes conceptuels anglais, dans la première vague
d’émancipation face à la prédominance du Pop Art. Il est lauréat de la prestigieuse
Deutsche Börse Photography Prize.
Il opère des transformations minimales sur les documents qu’il travaille ;
procédant aussi bien à des collages, des recadrages, des superpositions … il explore
le potentiel visuel des images de sorte que bien plus que de transformation il s’agit
de création.
Blind est l’illustration parfaite de la démarche de John Stezaker. Un pli placé à la
hauteur du regard perturbe drastiquement le portrait d’une femme. Ses deux livres
d’artiste que nous présentons, Tabula Rasa et Crossing Over sont entièrement faits à
la main et sont respectivement limités à six et dix exemplaires.
Thierry Struvay
1961, Belgique
Vit et travaille à Anvers
« I found wallets with personal pictures. I thought, all of those little pieces of paper were
so beloved. Imagine, all of that life under the rain and the snow, you know, with nobody
to save it »
Thierry Struvay commence sa collection de photographie anonyme en Belgique,
traquant les images dans les marchés aux puces et les antiquaires. Il compose
progressivement une sorte d’immense album photographique dont les membres
sont autant d’inconnus que d’invitations à nous échapper.
Les scènes que l’on observe sont hors du temps. On n’en connaît ni les
protagonistes ni les contextes.
Struvay poursuit son projet aux États-Unis où il passe quatre années à glaner de
nouveaux instants photographiques. À son retour a lieu sa première exposition :
ME, Thierry Struvay, Vernacular Photography, New York 2011-2014 grâce au
concours de Sébastien Janssen qui lui ouvre les portes de sa galerie bruxelloise,
Sorry We’re Closed.
Wallet Treasures est une série de photographies « de portefeuille » que Thierry
Struvay a sélectionnées pour Honoré Visconti. Ces images ont accompagné des vies,
lovées sous le cuir, avant d’être perdues ou abandonnées. Elles ont été
progressivement patinées, burinées, froissées, raccommodées selon l’existence
qu’elles ont menée.
En association avec Delvaux, un portefeuille renfermera plusieurs photos, sorte
d’écrin recélant de bijoux anonymes.
Petite pièce
1
2
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3
8
7
*
8
7
7
6
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1. Sébastien Girard - 3500€ l’ensemble
2. Joachim Schmid - 5400€
3. Charles Lopez - 1450€
4*. Thomas Sauvin - 4000€ l’ensemble
5. Carolle Benitah - 3800€
6. Scott Ramsay Kyle - 420€ each
7. Charles Lopez - 1850€
8. Eliza Valenzuela - 350€
9. Thierry Struvay - 800€
10. Inès de Bordas - 200€
4
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9
10
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5
6
Honoré Visconti
17-19, rue Visconti 75006 paris
www.honorevisconti.com