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AJANews 64 - Spécial Kenya - février 2008
Dans ce numéro:
POURQUOI UN NUMÉRO SPÉCIAL KENYA?
UN MOIS DE VIOLENCE
NOUS AVONS BESOIN LES UNS DES AUTRES
« TU ES TOUJOURS MON FRÈRE »
DIRE NON À LA VIOLENCE
CONTINUER
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POURQUOI UN NUMÉRO SPÉCIAL KENYA?
30 décembre 2007: L'élection vient de se terminer au Kenya et Mwai Kibaki a prêté serment pour son
deuxième mandat en tant que Président du Kenya. Bien que le Président ait dit le temps est maintenant venu
pour la guérison et la réconciliation, le pays entier est sous tension. Raila Odinga crie au truquage contre
son ascension à la présidence. Ceci a rendu ses partisans amers de l'ensemble du processus, provoquant le
chaos dans les grandes villes.
31 décembre 2007: Les nouveaux développements sont positifs. Le gouvernement rencontre l'opposition sur
la voie à suivre. Je pense que les gens ont pris conscience que descendre dans les rues ne va pas résoudre la
situation. Une voix se fait entendre dans tout le pays Le Kenya n'appartient pas aux hommes politiques, le
Kenya est pour tous les citoyens, le Kenya est notre maison. Nous avons besoin de notre Kenya sécurisé,
que nous avons développé dans les 44 dernières années.
Deux emails d'un régent Kenyan à AJAN House, à Kangemi, en banlieue proche de Nairobi. Les prédictions
d’Eric Simiyu dans les premiers jours de troubles oscillaient entre espoir et inquiétude, reflétant fidèlement
l'évolution rapide des événements qui ont secoué son pays après le dépouillement suspect. La frustration
post-électorale a été combinée à d'anciens griefs et des antagonismes tribaux ; elle a été attisée par des actes
d'une extrême brutalité et des destructions. Ces actes ont rapidement provoqué à leur tour la vengeance. Un
quart de million de personnes sont déplacées internes, plus de 850 ont été tuées, les propriétés et moyens de
subsistance détruits. Toutefois, comme Simiyu l’écrit, la grande majorité des Kenyans est résolument contre
la violence, même si leur voix est assourdie par les hurlements des gros titres de divisions vicieuses.
En attendant et en priant pour une issue positive des pourparlers entre les deux principaux partis sous la
médiation de Kofi Annan, AJAN House a préparé un numéro spécial de AJANews, pour vous permettre
d'imaginer comment les communautés et œuvres jésuites au Kenya ont été touchées, comment tout le monde
se bat pour continuer à travailler et pour tendre la main à ceux qui sont touchés par cette violence aveugle.
Comme il convient à la mission d’AJAN, nous mettons en évidence l'impact sur les personnes vivant avec le
VIH et le SIDA et ceux qui s'en occupent et les servent.
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UN MOIS DE VIOLENCE
Dans une lettre publiée le 2 janvier, la Conférence épiscopale du Kenya a demandé instamment à tous les
Kenyans de s'abstenir de l'assassinat insensé de nos frères et sœurs. Nous avons vécu ensemble pendant
toutes ces années comme frères et sœurs. Il n’y a aucune raison pour qu’on nous utilise pour lever la main
contre notre voisin parce qu'il ou elle appartient à un autre groupe ethnique ou affiliation politique. La vie
est sacrée! Nous appartenons tous à une seule famille de Dieu.
L'Église au Kenya n'a pas été épargnée par la violence, y compris les Jésuites. Des Jésuites kenyans ont leur
propre chagrin tandis que leurs familles sont touchées. Nous nous souvenons particulièrement de Julius
Mulsuna de Kakamega, 34 ans, marié et père de trois enfants, le frère de notre novice Josaphat Pallister
Mukaka. Le 15 janvier Mulsuna a été enlevé à Mombassa et, trois jours plus tard, son corps mutilé et torturé
a été trouvé sur un parking.
Le Père Michael Kamau, un prêtre de 41 ans connu de nombreux Jésuites kenyans, a été massacré le 26
janvier alors qu'il était arrêté à un barrage routier illégal. Même s'il portait une soutane et a plaidé pour sa
vie, des jeunes armés l’ont lapidé et brûlé, ne montrant aucune pitié.
Un soignant de Lea Toto, le service communautaire pour les orphelins séropositifs de Nyumbani, a été
assassiné dans Kibera, le plus grand bidonville d'Afrique qui auberge un million de personnes en bordure de
Nairobi. D'autres soignants et des aides-soignants communautaires ont vu leurs biens détruits ou pillés.
Le 27 janvier, un candidat jésuite revenait de l'ouest de Nairobi dans un matatu (un mini-van). Arrêté à un
barrage routier, il a été traîné hors du véhicule, battu et frappé à la tête avec un tesson de bouteille. Le
chauffeur a crié, Il n'en est pas [de la mauvaise tribu], regardez ses papiers! L'attaquant a vérifié sa carte
d’identité et dit Désolé. Le candidat arbore une cicatrice de 20 points de suture sur la couronne de sa tête.
Des institutions comme celles de la Compagnie de Jésus sont en danger, comme l'ont montré crûment des
émeutiers en dehors des portes de Hekima College (Institut de théologie d’Hekima) en début d'après-midi du
23 janvier. C'est une chose que de parler de violence et c'en est une autre que de faire face à sa réalité brut
et toxique quand elle éclate soudainement à votre porte, a déclaré Paulin Manwelo SJ, directeur de Hekima
Institute of Peace Studies and International Relations (HIPSIR – Institut d’Hekima d’études sur la paix et
des relations internationales). Une foule de jeunes, contraints par la police d’évacuer un lieu de
‘rassemblement de prière’ de l’opposition pour les victimes des récents actes de violence, ont commencé à
brûler des véhicules dans l'enceinte du central téléphonique de Jamhuri, en face d’Hekima, et à attaquer le
bâtiment lui-même. C'est ce qui s'est produit ici même, à la porte d’Hekima College, juste après l'habituelle
messe et déjeuner du personnel et des étudiants du mercredi, explique Manwelo. Après une heure environ,
la police est intervenue pour disperser les jeunes. Stupéfaite, consternée, et perplexe, l’ensemble de la
communauté d’Hekima College ne pouvait pas comprendre le degré de violence. Soudainement le système
d'alarme d’Hekima s’est déclenché. Certains jeunes ont tenté de pénétrer dans l'enceinte; ils n'ont, fort
heureusement, pas réussi.
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NOUS AVONS BESOIN LES UNS DES AUTRES
Eric Simiyu Wanyonyi SJ, un Jésuite Kenyan en régence à AJAN House
Oui, c’est vrai : la communauté kenyane doit faire face à une vague d'événements effroyables : meurtres,
viols et destruction de biens et d’infrastructures. Des jeunes, surtout des hommes, sont possédés et
submergés par le terrifiant esprit de Pas de Raila, pas de paix. Moi-même, je me demande ce que la phrase
Pas de Raila, pas de paix signifie ? Pris ensemble, cela revient à rien de moins que de la folie politique.
Le clivage politique sépare les riches et les pauvres, les politiciens et l'électorat. Les pauvres sont ceux qui
portent le fardeau de la violence politique. Les riches se sont protégés de cette impasse alors que les pauvres
dans les bidonvilles ont eu recours aux meurtres des uns et des autres, à la destruction de leurs propres biens
au nom de Nous voulons nos droits démocratiques. Alors qu’une partie de l'électorat bataille avec la police
anti-émeute dans les rues, les protagonistes politiciens jusqu’auboutistes sont en sécurité dans la ville de
Nairobi s'affrontant par le biais de conférences de presse. C'est ridicule !
Les médias ont fait uniquement état des incendies de maisons, de la police anti-émeute en pleine action, des
gens morts. Ils ne font aucun état du comment les Kenyans locaux réagissent à la situation. Tous ne sont pas
affectés par la division politique et la colère. Toutes sortes de leaders font appel aux uns et aux autres pour
résoudre le conflit. Quelques braves élus du 10e parlement sont repartis dans leurs circonscriptions afin
d'exhorter leurs partisans de cesser la violence et de respecter les autres communautés ethniques.
Je suis personnellement heureux de la façon dont la plupart des Kenyans ont agi de différentes manières
pour mettre fin au chaos déclenché par la politique. Ils se soutiennent vraiment les uns les autres. Les gens
sont prêts à accueillir les personnes déplacées et des entreprises fournissent de la nourriture et des aides
financières pour aider les personnes affectées.
Je crois que c'est une chance pour les Kenyans de se rendre compte que nous avons besoin les uns des autres
tandis que nous cherchons la paix qui inclut la justice sociale, l'équité socio-économique, la maturité
politique et la liberté religieuse. Mais aussi de garder une écoute attentive et de rester sensible aux paroles
qui ne sont pas dites, aux attitudes qui ne sont pas ouvertement exprimées, aux comportements qui ne sont
pas peut-être pas ce qu'ils semblent être. Alors que nous prions pour la paix et la justice, nous sommes
invités par Jésus-Christ à nous embrasser les uns les autres avec des paroles et des gestes d'amour et
d'humilité et non de vengeance.
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« TU ES TOUJOURS MON FRÈRE »
Marcel Uwineza SJ, régent du Rwanda à AJAN house
Aimez vos ennemis et priez pour ceux qui vous persécutent. Le personnel d’AJAN House a entendu
l’exhortation pleine de défi de l'Évangile de Matthieu 5 pendant une messe pour la justice et la paix au
Kenya qui s'est tenue le 11 janvier. La célébration a été suivie d'une autre pour l'ensemble de la communauté
jésuite de Kangemi, le 15 janvier. Présidée par Paterne Mombé SJ du Centre Espérance Loyola, au Togo.
Toutes deux ont été des moments forts dans la vie d’AJAN.
Le 11 janvier, les Jésuites, les candidats et le personnel d’AJAN House se sont rassemblés pour
l'Eucharistie. Les membres du staff ont partagé comment la violence post-électorale les avaient touchés :
certains de leurs proches ont perdu leurs biens. L’un a prié pour qu’il puisse une fois encore revoir un Kenya
pacifique où toutes les tribus vivent ensemble, comme il l'a toujours connu, et que ses enfants et petitsenfants naissent et grandissent dans un pays en paix. La première lecture promettait un avenir plus heureux :
Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu une grande lumière. Sur ceux qui habitaient le pays de
l’ombre une lumière a resplendi (Isaïe 9).
Mombé a témoigné de combien il était heureux d'entendre un membre de l’équipe dire à un autre: Adika!
Même si nous sommes différents et venons d'une tribu différente, tu es toujours mon frère. Avant les
élections, les déjeuners du staff à AJAN House avaient été le théâtre de débats politiques des plus animés,
avec des votes plus ou moins équitablement répartis entre le gouvernement, l'opposition et les
abstentionnistes ; et des échanges toujours animés mais parfois blessants. Mombé encourage tout le monde à
se voir comme Kenyans avant tout, sans se regarder par les multiples lentilles d'identité. Alors que nous
cherchons la paix politique et la justice, a-t-il poursuivi, les principes chrétiens de l'amour, la compassion et
le pardon doivent nous guider.
Mombé a ajouté une histoire avec une morale. Une oiseau a pondu ses œufs à un certain endroit puis s’est
envolé. Or, à cette place il y avait déjà quelques œufs laissés par une oiseau d'une espèce différente. Les
œufs éclorent et les poussins grandirent ensemble et apprirent à voler en dépit de leurs différences.
La seconde célébration, le 15 janvier, réunit des trois maisons jésuites de Kangemi : six prêtres, trois
régents, trois novices en stage et deux candidats. L’un a décrit sa rencontre avec quelqu'un impliqué dans les
récents pillages et les meurtres. Lorsque le Jésuite lui a demandé pourquoi, l'homme a répondu qu’après
avoir été témoin d'autres le faire, il a été contraint de les rejoindre. Un novice a partagé comment cette crise
a plongé sa famille dans les souvenirs de 1991 quand ils ont dû quitter leur domicile sous la menace de
voisins. Et un père a avoué que la prédication d’Aimez vos ennemis est normalement déjà assez difficile,
mais qu’en est-il quand les gens pensent, parlent et se comportent vraiment comme des ennemis?
Ces moments de partage et de prière, chacun suivi d'un repas, ont apporté un sens d'unité à l’équipe d’AJAN
et à la communauté jésuite de Kangemi. Tous ont estimé que la paix et la justice sont les pierres angulaires
d'un peuple réconcilié.
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DIRE NON À VIOLENCE
Kangemi, un quartier ethniquement mélangé d'environ 100.000 habitants sur la banlieue nord-est de
Nairobi, abrite une communauté jésuite dans trois maisons: Hakimani, S. Joseph ouvrier et AJAN House.
Kangemi reste relativement pacifique, reflétant le calme et la retenue avec laquelle la plupart des Kenyans
ont accueilli les bouleversements inquiétants. Il est surprenant que, tandis que le Kenya continue à plonger
dans le chaos, nous sommes plus en sécurité ici que dans tout autre bidonville. Les résidents ont dit NON à
la violence et au pillage.
Mais la menace de troubles est dans l'air. Je continue à me sentir en sécurité en allant ou venant du
dispensaire de la paroisse, dit Winston Mina nSJ, un médecin philippin et un novice de la province du
Missouri, en stage à AJAN House et travaillant au dispensaire de S. Joseph ouvrier. Cependant,
contrairement à ces dernières semaines quand je sentais que nous étions presque à l'abri de tout ce
grabuge, je suis maintenant plus conscient que le danger guette au coin de la rue.
Du personnel à la fois de la paroisse et de certains de ses projets ont reçu des menaces crédibles. Une
membre du personnel et son mari ont été battus et sont hospitalisés, et des rumeurs de violence aveugle ou
ciblée sillonnent Kangemi. Le technicien du laboratoire de la clinique a entendu dire qu'un gang allait venir
pour l'expulser ainsi que ses co-locataires (d'une certaine tribu) de leur appartement à Kangemi, puis
brûlerait ce dernier. Un patient âgé de la clinique, membre de la tribu qui aurait planifié l'expulsion, a
confirmé qu'il avait bel et bien été approché par des jeunes qui voulaient faire exactement cela. Cependant,
ils ont été dissuadés. Un autre risque est là avec l’arrivée de personnes déplacées dans le secteur, apportant
avec elles la possibilité qu'elles seraient chassées ici aussi.
La communauté d’AJAN House, dans les mots de Simiyu, a partagé le pain avec ceux qui n'en n’avaient
pas et des cartes de téléphones portables (il y a eu une brusque ‘pénurie’) avec ceux qui voulaient entrer en
contact avec leurs proches piégés dans des régions troublées. Et quand il était trop dangereux de rentrer à la
maison, un ou autre employé a passé la nuit à AJAN House.
Winston ajoute: Je suis reconnaissant d’être ici, juste maintenant. Je pense que ma présence donne en
quelque sorte de l'espoir à l’équipe et même aux gens dans la rue. Principalement par l'écoute et en
partageant un sourire à chaque moment opportun, je pense que je suis réellement en train de vivre une vie
de Jésuite et je l'espère en amenant Jésus par lequel le nom de la Compagnie est désigné, à ceux qui ont
désespérément besoin de Sa présence en ce moment.
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CONTINUER
Les Jésuites au Kenya vont de l’avant avec leur mission au milieu des troubles alarmants. En communion
avec toute l'Église, ils reprennent l'appel lancé par les Évêques le 2 janvier: Nous exhortons particulièrement
les prêtres et les religieux dans nos paroisses et communautés religieuses à faciliter autant que possible la
justice, la paix et la solidarité avec ceux qui souffrent en ce moment.
Le Service Jésuite des Réfugiés (JRS) aide ceux qui s'abritent dans les stations de police à Nairobi et les
personnes déplacées à Kitale, à l'ouest du pays. La décision de travailler à Kitale s’est faite à la suite de
visites d'évaluation par le directeur du JRS Kenya, Anne Wangari, dans les diocèses d'Eldoret et de Kitale,
où les personnes déplacées internes sont au nombre de 90.000. En partenariat avec l'Institut jésuite
Hakimani, nous prévoyons de travailler dans le diocèse de Kitale, et de collaborer avec les organismes sur
place, y compris Trocaire et la Croix-Rouge, a déclaré Joe Hampson SJ, le directeur du JRS Afrique de
l'Est. L'aide sera axée sur les secours d'urgence, avec des tentes, de l'assainissement, des suppléments
alimentaires pour les enfants et les patients atteints du VIH, des initiatives pour construire la paix par
l’écoute et le conseil, ainsi qu’un soutien ponctuel d'engrais et de semences pour permettre aux gens de
recommencer. Anne Peeters, membre de JRS: Nous voulons accorder une attention particulière aux
personnes vulnérables, et nous donnerons donc de compléments alimentaires pour les enfants et les patients
VIH. Nous estimons qu'un total de 500 enfants et de patients VIH recevront des suppléments alimentaires, et
c’est là qu’AJAN soutien et est prêt à en faire plus.
Tout ceci dans une atmosphère où continuer comme d'habitude est un combat quotidien. Le Père Joe dit: Le
personnel du JRS tente de venir travailler quand les transports sont disponibles, mais le rythme normal de
la vie a été gravement touché à Nairobi, comme dans de nombreuses régions du pays, et cela est susceptible
de continuer pour un certain temps.
Les plus durement touchés sont les projets d'aide au service des gens dans certains bidonvilles, où la
violence a éclaté farouchement. Des initiatives jésuites et d'autres aussi ont essuyé des revers tandis que
l'insécurité et la destruction ont porté des coups durs à leurs employés et bénéficiaires. Sœur Mary Owens
IBVM, qui dirige Nyumbani, a déclaré: Nous évaluons les besoins de notre personnel afin que nous
puissions les aider. Se rendre au travail peut être très difficile et risqué ainsi que d’aller dans les
communautés pour rendre visite aux familles. Les membres de notre personnel ont montré un courage
remarquable et un vrai dévouement.
Les personnes vivant avec le VIH et le SIDA sont plus à risque car les déplacements et les perturbations ont
empêché beaucoup d'accéder au traitement antirétroviral (ARV) et à l'approvisionnement alimentaire. Au
cours des dernières semaines, les aides-soignants se sont démenés pour s'assurer que les gens continuent à
recevoir des ARV. Il a cependant été très difficile d’aller, en particulier dans les bidonvilles, pour livrer les
médicaments ou soigner les malades. Par conséquent, pour un certain temps, les seuls qui ont obtenu des
médicaments étaient ceux qui pouvaient venir au centre par eux-mêmes. L'incapacité à prendre les ARV
régulièrement met sérieusement en péril le succès du traitement. Sœur Mary a dit: Nous sommes très
soulagés de voir que presque tous nos enfants sous ARV ont réussi à obtenir leurs médicaments soit par le
biais de nos centres ou par l'intermédiaire d'autres centres de santé s’ils sont bloqués ailleurs dans le pays.
Bien que le programme Nyumbani Lea Toto ne fonctionnait qu’à son minimum pendant la première semaine
de janvier, il est maintenant presque entièrement opérationnel, à l'exception de Kibera. Comme bastion de
l'opposition, Kibera a été un lieu de grande destruction. Malheureusement, Kibera est encore une zone de
non-droit, nos gardes de sécurité ont cependant été en mesure de garder les locaux avec succès, dit Sr
Mary. Comme beaucoup d'autres ONG et les autorités sanitaires locales, Nyumbani a mis en place une
clinique mobile dans le Parc des Expositions Jamhuri à Nairobi, où les personnes déplacées de Kibera ont
trouvé refuge.
Un autre souci est que de nombreux projets n'ont pas de nouvelles de leurs bénéficiaires. Sœur Mary dit
qu'ils avaient réussi à communiquer avec 1.894 enfants sur 2.502 du projet Lea Toto. Terry Charlton SJ, qui
a co-fondé l’école secondaire St Aloysius Gonzaga pour les adolescents touchés par le SIDA à Kibera, a dit
qu’environ 60% des élèves ont repris l'école. Le reste de nos étudiants et diplômés est dans l’arrière-pays et
n'a pas été en mesure de rentrer en raison de l'insécurité. Nous n'avons malheureusement aucun moyen de
les contacter. Nous n'avons pas entendu qu’aucun de nos étudiants ou des membres de leurs familles aient
été blessés par la. Nous espérons que tous seront en mesure de revenir très bientôt.
Heureusement, Kianda, la région de Kibera où une structure temporaire de St-Aloysius est située, a été en
grande partie épargnée par des destructions. Par deux fois, un groupe est venu vers le bâtiment avec
l’intention de le brûler, mais les personnes qui vivent à proximité ont plaidé que c'était notre école et qu’elle
servait nos enfants et elle a donc été épargnée. Après une semaine de retard, comme la plupart des
établissements au Kenya, St-Aloysius a commencé sa nouvelle année académique, le 14 janvier. Le Père
Terry a dit: Dans l'Eucharistie d'ouverture j'ai essayé de souligner à quel point l'avenir du pays ne peut se
faire que si tous les citoyens se considèrent comme des Kenyans et travaillent ensemble. Chacun d’entre
nous, nous devons faire tout notre possible pour surmonter les préjugés tribaux dans notre façon de penser,
dans ce que nous disons et dans la façon dont nous agissons.
Le Centre Jésuite Hakimani, qui favorise la justice économique, la bonne gouvernance et la consolidation de
la paix, travaille des heures supplémentaires pour promouvoir le dialogue et la réconciliation, pour mettre un
terme immédiat à la violence. Hakimani a tenu deux séances publiques, à Hekima College, en collaboration
avec l’HIPSIR. Le 25 janvier, La crise post-électorale : Faire une projection des systèmes de signes
annonciateurs (Post-Election Crisis: Mapping the Early Warning Systems) a regardé les indicateurs qui
peuvent montrer la façon de sortir de la crise. Et le 1er février, Le Chemin pour le Kenya hors de la crise
post-électorale (The Way for Kenya out of the Post-Election Crisis), critiquant l'échec du leadership et
l'effondrement des institutions, a considéré des formes de justice de transition, de dialogue et d'autres
mécanismes de guérison que les Kenyans devraient utiliser de toute urgence.
En référence à la Lettre des Évêques du Kenya, le Centre Hakimani appelle à la fin immédiate de la
violence ; il demande qu’on apporte aide matérielle et spirituelle aux victimes ; il invite à soutenir la
médiation entre les grands partis, à travailler pour une solution à long terme en encourageant la
réconciliation et l’unité nationale ; il considère qu’il est important de promouvoir la transparence dans le
processus électoral.
Mais moi, je vous le dis, Jésus enseignait avec autorité : Aimez vos ennemis, et priez pour ceux qui vous
persécutent, de sorte que vous soyez les fils de votre Père qui est dans les cieux ; car il fait lever son soleil
sur les méchants et sur les bons, et envoie sa pluie sur les justes et sur les injustes (Matthieu 5).
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