Danger à proximité (D)

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Danger à proximité (D)
Reproduction autorisée © Les Éditions de la Chenelière inc.
Danger à proximité (D)
Un grand verre de jus, et Alicia quitte le ranch familial, le cœur léger.
Cette randonnée pédestre en début de journée couronne un été de travail
incessant, à quelques jours seulement du début de sa dernière année d’études
secondaires.
Au bas des montagnes, les immenses arbres répandent à peine leur ombre sur la
fraîcheur du matin lumineux.
Depuis quelques années, deux ans en fait, les ours s’aventurent dans les quartiers
habités, dans les campagnes et dans les petites villes.
En quête de nourriture, ils vont même jusqu’à vider les ordures et à entrer dans les
résidences inhabitées.
Texte 2, Danger à proximité (D)
Il y a bien eu des inquiétudes exprimées haut et fort dans des journaux par des
spécialistes de la faune et des observateurs plutôt au fait de la question.
Surtout qu’à quelques centaines de kilomètres de là, une dame a été tuée par
un grizzly pendant qu’elle faisait une randonnée en forêt.
Certains prétendaient que d’autres ours pourraient faire de même.
Tout cela ne gênait aucunement Alicia.
Forte de ses dix-sept ans, sportive accomplie et resplendissante de santé, elle ne
se laissait pas impressionner par si peu.
Il faut dire que, trois semaines plus tôt, son père avait eu le bonheur de surprendre
un ours et ses petits en train de traverser le sentier à proximité d’un des bâtiments
du ranch.
Il avait été charmé par les déambulations de cette petite famille.
Alicia avance dans le sentier couvert de feuilles desséchées.
La lumière filtre à travers les arbres : le spectacle est d’une grande beauté.
Soudainement, la présence d’un ours dans la clairière surprend l’adolescente :
il la fixe, posté à dix mètres d’elle.
L’animal est massif et, disons-le, intimidant.
La jeune fille demeure immobilisée… trop étonnée pour réagir.
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L’animal braque ses yeux sur l’étrangère, intruse dans son repaire.
Alicia a du mal à respirer, ses tempes se gonflent soudainement…
Ce regard fixe la paralyse de plus en plus.
Elle se parle intérieurement, comme pour s’apaiser.
Cet animal ne dégage que de la force.
Pas une trace de peur… Alicia comprend qu’elle doit réagir : il faut absolument
faire quelque chose… pour lui faire peur, pour le faire fuir, pour s’en sortir.
Pour l’effrayer, Alicia se met à crier : l’ours ne bouge pas.
Elle agrippe une grosse pierre, qu’elle lance vers lui.
Il secoue la tête et avance vers elle en grognant.
Elle se parle à voix basse, cherche à se rassurer, cherche une issue à cette
impasse.
Texte 2, Danger à proximité (D)
Prestement, elle pivote sur ses pieds et grimpe nerveusement en haut du talus,
telle une créature à quatre pattes.
La troisième pierre qu’elle jette heurte l’animal.
Il fige sur place.
Énergique en dépit de tout, Alicia agrippe pierres, roches, branches et les lance
derrière elle en se ruant vers un immense pin, au sommet de la colline.
À bout de souffle, elle grimpe sans réfléchir.
L’ours a suivi ses traces : Alicia pourrait le toucher rien qu’en étirant la jambe
derrière elle.
Il se cramponne au tronc du pin.
Du pied, Alicia frappe violemment l’ours sur la tête : il tombe au sol comme un
poids lourd.
Alicia craint encore le pire.
Elle décide de poursuivre son escalade vers les hauteurs de l’arbre, espérant
trouver un refuge.
Alicia a gravi l’arbre jusqu’à sa mi-hauteur quand il se met à tanguer, à osciller,
à se balancer…
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C’est que l’ours est revenu à la charge et qu’il amorce sa montée dans le
conifère.
Alicia se presse, se défonce.
L’animal ne la quitte pas des yeux.
Sa montée dans l’arbre est lente et calculée : il choisit où s’accrocher.
Alicia brise une branche qu’elle secoue vers le bas du tronc en proférant menaces et insultes.
La créature grogne, cherche à se protéger des coups, puis retourne au pied de
l’arbre.
Alicia n’est pas rassurée pour autant.
Elle se prépare au pire.
Des bruits de moteur se font soudainement entendre près du sentier.
Ce sont des motocyclettes.
Texte 2, Danger à proximité (D)
L’ours tourne son regard vers elles.
Les bruits de moteur se font encore plus intenses.
Les motocyclettes approchent.
L’ours se sauve vers la forêt, manifestement intimidé par ces étrangers.
Alicia a quelques minutes d’hésitation.
Elle descend sans faire de bruit et en toute hâte de son abri.
Elle appelle à l’aide, mais les motocyclistes n’entendent pas ses cris, qui sont couverts par le vrombissement des moteurs de leurs engins.
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Alicia fuit, branches et pierres au poing, sans même regarder une seule seconde
derrière elle.
Texte 2, Danger à proximité (D)

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