Vœux à la presse de Jean-‐‑Christophe CAMBADÉLIS Premier

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Vœux à la presse de Jean-‐‑Christophe CAMBADÉLIS Premier
Vœux à la presse de Jean-­‐‑Christophe CAMBADÉLIS Premier secrétaire du Parti socialiste Paris, mardi 12 janvier 2016 Seul le prononcé fait foi Commençons par le commencement : Permettez-­‐‑moi de vous souhaiter une bonne année 2016, ainsi qu’à l’ensemble de votre profession. Au cours de l’année passée, certains de vos collègues sont morts en l’exerçant. Le Parti socialiste pense à eux, salue leur mémoire et n’oublie pas que la France est devenu le troisième pays le plus touché après l’Irak et la Syrie. Alors, je vous souhaite de pouvoir exercer votre beau métier dans les meilleures conditions, au service de vos lecteurs et de vos auditeurs, au service de la liberté et de la République. L’année 2016 sera une année de transition. 2016, c’est la fin de l’insouciance et le début des années de sang. La fin des élections intermédiaires et le début de la présidentielle. La fin du débat sur le pacte de responsabilité et le début de celui sur la fléxisécurité. La fin de la COP21 et le début de sa mise en application. C’est aussi la fin du Parti socialiste à l’ancienne, à la papa et le début d’une nouvelle donne à gauche : un pôle à vocation majoritaire, renouvelant les contenus et les contenants, une gauche sociale, écologique et républicaine. Au cours de cette année 2016, nous serons confrontés à des crises conjointes, lourdes de potentialités dangereuses : 1 -­‐ La crise du terrorisme tout d’abord. Daech recule là-­‐‑bas mais frappe ici. Il faut le combattre là-­‐‑bas avec la coalition internationale et ici avec notre cohésion nationale. -­‐ La crise du chômage ensuite. Le chômage ne recule pas encore assez, la précarité progresse trop. Les inégalités sont trop marquées, il faut persévérer et mieux cibler. -­‐ La crise écologique ensuite. La signature de la COP21 n’a pas mis un terme au saccage de notre planète mais à notre inconséquence coupable. Il faut désormais agir au quotidien pour éviter que notre planète se meure. -­‐ La crise des réfugiés. L’Europe est en première ligne et doit défendre à la fois ses frontières et ses racines humanistes. Le défi est immense. -­‐ La crise de l’Europe enfin, après le Grexit nous allons vivre le Brexit sur fond de tentation nationale populiste sur tout le continent. Dans ce contexte complexe et périlleux, je demanderai au Parti socialiste de défendre la République réelle, la République jusqu’au bout, la République sociale et solidaire. Il ne s’agit pas de défendre la IIIème, la IVème République mais LA République moderne, celle de la liberté ordonnée, de l’égalité réelle et de la fraternité laïque. Il faut la défendre en assurant la sécurité de nos concitoyens en garantissant notre cohésion sociale en agissant pour la concorde nationale. Pour les 2 socialistes, la France sans la République ce n’est plus la France. C’est ce contrat, ce contrat social qui doit être renouvelé, défendu et promu. La réforme constitutionnelle doit s’inscrire dans cette bataille pour la République réelle. Elle constitutionnalise l’état d’urgence et va contenir une mesure sur la déchéance nationale qui doit respecter quatre critères essentiels : -­‐ Montrer la détermination de la nation face aux Français qui portent atteinte aux autres Français -­‐ Assurer la cohésion de la nation, ce qui est la meilleure mesure antiterroriste qui soit -­‐ Empêcher toute forme de stigmatisation, notamment vis-­‐‑à-­‐‑vis des binationaux -­‐ Empêcher que la Patrie des Droits de l’Homme crée des Hommes sans patrie, donc éviter l’apatridie Je ne suis ni aveugle, ni sourd. Etant socialiste, je vois les hésitations des socialistes, j’entends des protestations de socialistes mais aussi ceux que cela ne choque pas et qui veulent aller vite. De fait, nous travaillons, avec des experts, pour trouver une position équilibrée qui s’appuie sur les principes évoqués à l’instant. Nous travaillons à une formulation qui respecte la parole présidentielle, qui tient compte aussi de la parole des socialistes et qui parle en outre à la droite dite républicaine afin que la réforme constitutionnelle puisse être votée par les deux Assemblées. 3 Le Parti socialiste a aussi travaillé sous l’égide de Laurent Azoulai à la refonte du service civique. Nous nous félicitons donc que le président de la République ait décidé de faire de cette question la pierre angulaire de l’engagement. Nous ajoutons une nouvelle disposition politique : la création d’une garde nationale. Après les attentats du 13 novembre 2015 et l’urgence, il faudra trouver un moyen pour épauler nos forces de sécurité. Rappelons que le territoire est soumis à Vigipirate depuis vingt ans sans interruption. Les forces de sécurité ne peuvent être mobilisées sans arrêt. Il nous semble opportun de faire appel au civisme et à l’esprit patriotique de nos concitoyens. Et de renouer avec une tradition issue de la Révolution française jusqu’en 1870 : les gardes nationaux. Comment ? La garde nationale pourrait mobiliser toutes les réserves des forces armées, la gendarmerie nationale, la police nationale et les unifier dans un dispositif unique. C’est plusieurs dizaine de milliers de concitoyens mobilisables. Au cours de cette année, le Parti socialiste doit également travailler à l’émergence de la société décente pour tous. Il n’y a pas de République réelle sans société décente. Société décente cela veut dire une société qui respecte la dignité de chacun, qui permet de maitriser des destins individuels, une société qui ne laisse personne sous la ligne de flottaison, qui refuse le précariat, la relégation et l’exclusion. Dans cette 4 perspective, il faut continuer le combat frontal contre le chômage et entamer la lutte centrale contre la précarité. J’ai demandé une inflexion en ce sens et le Parti Socialiste a travaillé : vous allez avoir le pré-­‐‑rapport d’Emeric Bréhier, intitulé « la Justice au cœur » et qui ouvre un certain nombre de pistes. Oui, en cette année 2016, je demanderai au Parti socialiste d’être fidèle à sa source, de retrouver le chemin de la lutte contre les inégalités et les exclusions. Contre la précarité, beaucoup reste à faire. Même si beaucoup a été fait malgré une marge de manœuvre budgétaire étriquée : le compte social universel, le compte pénibilité, le compte personnel d’activité, le plan pauvreté etc. Pour le Parti socialiste enfin, l’année 2016 sera l’année du dépassement. Avant d’aborder ce dépassement, il faut évoquer succinctement la situation politique dans lequel il se fera. Je ne parle pas ici des sondages mais des votes aux régionales. Le Front national a viré en tête mais il n’est pas parvenu à prendre la tête d’exécutifs régionaux. Le « ni-­‐‑ni » de la droite a volé en éclat et les primaires sont entrées dans la phase de l’impeachment, voire de l’éviction de Monsieur Sarkozy. Enfin les gauches qui perçoivent la nécessité de s’unir dès le premier tour, explorent des chemins. Ils ont raison parce que le tripartisme nécessite non pas le rassemblement au deuxième tour mais d’être au deuxième tour. C’est le grand changement stratégique. Le Parti socialiste fait une lente remontée électorale, 14% aux élections européennes, 22% aux élections départementales, plus de 23% aux élections régionales malgré l’élimination dans des régions entières, ce que je n’oublie pas. La 5 gauche est trop divisée. Elle est frappée par la cacophonie. Elle est plus dans la désignation du candidat à la prochaine présidentielle que dans le nouveau projet pour celle-­‐‑ci. Paradoxal, lorsqu’on se réclame pour certains de la VIe République. Certains évoquent l’idée d’une primaire. Il faudrait quand même préciser de quel type de primaire on parle. Si c’est une primaire de la contestation, si elle se limite à la gauche de la gauche, le Parti socialiste ne se sent pas concerné. Si c’est une primaire de la refondation, si elle concerne toute la gauche pour la ressouder et la renforcer, si elle est ouverte sans exclusive, d’Emmanuel Macron à Jean-­‐‑
Luc Mélenchon, alors, oui, pourquoi pas. Mais, cette primaire devra être sincère et unitaire jusqu’au bout, c’est-­‐‑à-­‐‑dire qu’elle engagerait, une fois passée, tous les candidats malheureux à soutenir l’heureux élu. Il faudrait demander aux heureux candidats potentiels s’ils sont ouverts à cette option. Indépendamment de cette hypothèse de la primaire, le Parti socialiste préparera cette échéance présidentielle sur le fond, avec notamment les « Cahiers de la Présidentielle » qu’animera Guillaume Bachelay. Il s’agira ici de redonner du sens et non de rédiger une somme, de faire le point sur nos actions mais surtout d’ouvrir un horizon. Je l’ai dit, 2016 sera l’année du dépassement, donc l’année de la mise en place de l’Alliance Populaire, de la Belle Alliance. Il faut sans doute ici préciser les choses et lever un malentendu : il ne s’agit pas d’une gauche plurielle bis, ou de la seule union de la gauche. La stratégie 6 mise en place est claire : il s’agit d’abord de rassembler autour du Parti socialiste toutes celles et tous ceux qui refusent le Front national et la droitisation de la droite dans les solutions économiques et sociales, ceux qui veulent prendre à bras le corps la question écologique et qui souhaitent enfin une renouveau européen. Nous le ferons sachant que sur notre gauche, des responsables et des individus ne sont pas d’accord pour nous accompagner dans cette première phase. C’est respectable. Le Parti socialiste refuse de les traiter en surplomb, mais puisqu’il règne la division et voire la confusion, nous entrons nous dans l’action. L’alliance populaire est tout à la fois une stratégie et un but. Elle commence par la fédération des écologistes, des socialistes, des démocrates, des radicaux et surtout de citoyens pour un rassemblement social, écologique et républicain. Elle s’achèvera quand toutes les forces de gauche seront rassemblées. Le Parti socialiste doit se dépasser pour répondre à cette équation nouvelle. Puisque la voie du haut est fermée, nous rassemblerons par le bas, puisque les appareils coincent, nous en appelons directement aux citoyens, aux associations et aux personnalités. Nous le ferons pour renforcer la grande alliance entre le peuple progressiste et les valeurs progressistes, ce sera aussi la meilleure manière pour créer le mouvement dès le premier tour de la présidentielle. Rendez-­‐‑vous fin février, début mars pour l’appel et à l’automne pour la Convention sur la Belle Alliance-­‐‑Alliance Populaire. Entre temps nous installerons dans chaque département des collectifs unitaires qui se coordonneront à l’automne dans la convention. 7 Enfin, l’année 2016 sera marquée par un certain nombre de commémorations. Il y aura le centenaire de la naissance de François Mitterrand. Il y aura aussi le 1er mai qui sera l’occasion de saluer la mémoire de Léon Blum, comme je le fais chaque année depuis mon entrée en fonction, mais aussi, cette année, de commémorer le Front Populaire (1936-­‐‑2016). Le Front Populaire ce n’est pas seulement la référence d’une gauche unie, c’est aussi celle d’une gauche qui agit, un esprit auquel il nous faut être fidèle aujourd’hui. Voilà, j’en ai finis pour le tableau de cette année dont les contours exacts dépendront avant tout de nous. Je vous souhaite à nouveau une bonne année 2016, une année qui vous donne l’occasion d’aimer la vie, une année bien évidemment pleine de questions pointues et de relances précises. Je suis donc tout ouïe. 8