ville - Albergo Beyrouth
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ville - Albergo Beyrouth
70 Escapade Beyrouth À la recherche du temps perdu… L La capitale libanaise renaît de ses cendres à une vitesse insoupçonnée. Rattraper le temps perdu, oublier les séquelles des guerres à répétition sont les maîtres-mots de ses habitants qui aspirent à un avenir prometteur et pacifié dans une ville de tous les extrêmes… De prime abord, Beyrouth déroute. Après avoir quitté l’aéroport, le taxi s’est vite engagé dans un sous-bois urbain où le soleil, soudain, a disparu. Ici les lianes sont des fils électriques, les troncs des immeubles en construction, les branches, des grues en perpétuel mouvement. Le chauffeur est optimiste : « Vous savez, toute la ville est un vaste chantier mais c’est mieux maintenant. Beaucoup de projets sont achevés et on peut circuler. Avant, ce n’était même pas possible ! Ah, vous voilà arrivé ! ». La portière s’ouvre sur l’entrée du Gray, l’hôtel design de Beyrouth. Le soleil est revenu. La vaste place des Martyrs - les Turcs y pendirent des nationalistes arabes en 1916 - fut longtemps la Textes et Photos : Antoine Lorgnier frontière entre milices rivales comme en témoigne encore la statue des Martyrs, morts une deuxième fois criblés de balles. Presque tous les bâtiments furent détruits au cours des combats et les projets de réaménagement sont dans les cartons. Aujourd’hui, la place est encore une frontière, celle entre l’ancien et le nouveau Beyrouth. Le nouveau Beyrouth s’étend à l’ouest, vers la mer. 71 F Frénésie urbaine Le centre ville est rénové quartier par quartier par Solidere, une société privée en charge du développement et de la reconstruction… un travail colossal. Les anciens souks, jadis royaume des bijoutiers, ont retrouvé leur architecture d’antan, pas forcément leur âme. Le quartier piétonnier, riche en restaurants, s’ordonne entre la place de l’Étoile et les nouveaux souks, où s’alignent les boutiques chics. Derrière la cathédrale orthodoxe Saint-Georges, aux fresques magnifiques, se dressent les quatre minarets de la mosquée Al-Amin, bientôt rattrapés par le clocher en construction de l’église voisine ! Beyrouth est tout ainsi : une superposition de cultures, de religions, de styles architecturaux, de destruction et de renouveau. Le Musée National est donc une étape obligée pour appréhender ce mille-feuille culturel. Puis, face à une tour en verre futuriste, voici le Grand Sérail bâti au XIXe siècle par les Ottomans qui, lui-même, surplombe les vestiges des thermes romains du Ier siècle. C’est cet amalgame même qui fait tout le 72 charme de la ville. Il faut donc la parcourir à pied, le nez au vent et les yeux curieux pour en percevoir l’étonnante cohérence derrière le chaos apparent. Toujours plus à l’ouest, d’immenses tours contemporaines dominent le quartier de Minet el-Hosn. Le front de mer est en plein chambardement et de vastes projets immobiliers, doublés de marinas haut de gamme, sortent doucement de terre. Pour le moment, il y a juste ce cube en aluminium posé au milieu de nulle part. Ouvert en 2011, le futuriste Centre d’Exposition de Beyrouth met en lumière les œuvres des artistes régionaux. Bientôt, il sera au cœur d’un nouveau quartier pensé et conçu par Solidere. Pour le moment, un immeuble dévasté par les balles et les obus marque la frontière entre le passé et le futur. D’ici un an ou deux, il ne sera plus, ou autrement. Déjà, les grues le cernent. Mais voici la Corniche, poumon de la ville, havre de paix et d’insouciance. Face à la mer et sur plus de cinq kilomètres de long, elle déroule ses larges trottoirs baignés de lumière. De jour comme de nuit, elle accueille une foule nombreuse. Sportifs, familles, vendeurs ambulants, pêcheurs, voiles et mini-shorts… tout le monde se retrouve et cohabite ici, loin, bien loin de la frénésie et des tensions qui rodent là-bas derrière les immeubles. De la Corniche, la boulimie immobilière dévoile d’ailleurs toute sa folie. Pour preuve ce phare devenu inutile car cerné par des tours plus hautes que lui ! En saison, les Beyrouthins prennent d’assaut les plages aménagées. Sporting Club, Riviera, Long Beach… chacune a ses habitués. Les plus beaux points de vue se trouvent vers Raoucheh lorsque les falaises se font soudain plus imposantes et dégagent la vue vers le sud et les grandes plages La mosquée Al-Amin Les nouveaux Souks 73 Immeuble de style protectorat La Marina 74 Les maisons dites « protectorat français » sont en voie de disparition. Elles se dénichent, rares, entre deux immeubles tentaculaires, croulant souvent sous les fleurs et les plantes grimpantes. publiques de Ramlet el-Baïda. Il suffit ensuite de prendre n’importe quelle rue filant vers l’est pour être de nouveau happé par la fièvre urbaine, subtil mélange d’Orient et d’Occident. Dans les quartiers de Sanayeh, Furn el-Hayek et Achrafieh, cette fièvre cause bien des dommages. Les maisons dites « protectorat français », c’està-dire construites de 1920 à 1943, époque où la France gouvernait le Liban, sont en voie de disparition. Elles se dénichent, rares, entre deux immeubles tentaculaires, façade jaune, balcons et fenêtres art déco, croulant souvent sous les fleurs et les plantes grimpantes. Elles symbolisent le vieux Beyrouth, celui de l’est, le plus épargné par les combats, dont le cœur reste la rue Gouraud (Gemmayzeh) qui part de la place des Martyrs, en face de la mosquée Al-Amin. « Ces maisons sont, avec quelques vestiges de l’Empire Ottoman, les seules qui racontent encore l’histoire de la ville. Désormais, Beyrouth est reconstruite par des gens de passage qui, ayant moins d’attache avec leur ville, ne se soucient pas d’en écrire l’histoire architecturale contemporaine. Ils se contentent de reproduire le modèle anglo-saxon ». L’architecte Bernard Khoury se désole de cette reconstruction tout azimut. Alors oui, il soutient les associations qui veulent protéger le patrimoine et se réjouit du projet de la « Maison Jaune », cette maison historique devenue quartier général des snippers durant la guerre, et qui deviendra prochainement un musée au lieu d’être détruite. Le jour, les vieilles maisons couleur pastel vivent au rythme lent des petits commerces blottis en rezde-chaussée. Les habitants s’interpellent de fenêtre à balcon, de cage d’escalier à même la rue. Galeries (Sfeir-Semler, The Running Horse…), artistes et designers ont investi, dans ces quartiers, entrepôts et hangars pour en faire de nouveaux lieux de culture et de vie. De jour comme de nuit. Ne comptez pas en effet vous reposer le soir. Beyrouth est aussi une ville nocturne qui procède par étapes. L’apéritif se prend en hauteur sur un des nombreux toits-terrasses aménagés, très tendance en ce moment : la Centrale, hôtel Mövenpick, Four Season’s, Bar 360 du Gray, Le Capitole, Iris, SkyBar, White, Beiruf… Le soleil couché, direction les restaurants pour un dîner au gré des lieux à la mode (Momo, Yabani, STAY, Bread Republic, Cocteau…) ou déclarés valeur sûre de la gastronomie libanaise (Al Falamanki, Tawlet, Casablanca, Gambero, Al-Halabi, Leila…). Puis, vers minuit, il est juste temps de penser à aller en boîte. Behind the Green Door, B018, Music-Hall… le choix est vaste, l’ambiance extraordinaire et la nuit, malheureusement trop courte. 75 1 2 3 5 76 4 6 1. Cathédrale Saint-Georges et mosquée Al-Amin. Outre des projets architecturaux contemporains, l’idée est de restaurer à l’identique le coeur de la ville délimité par la place de l’Étoile et les nouveaux Souks. 2. La Corniche longe la Méditerranée sur plus de 5 km, de la Marina au nord, aux plages de Ramlet, au sud de la ville. De jour comme de nuit, c’est l’artère la plus vivante avec ses promeneurs, vendeurs ambulants, pêcheurs et baigneurs… 7 3. Mezze de fruits de mer au restaurant Tawlet. 4. Kamal Mouzawak est le porte-parole de la nouvelle gastronomie libanaise. Dans le quartier de Gemmayzé, son restaurant Tawlet propose chaque jour une cuisine différente concoctée par une femme d’une des régions du pays. 5 & 6. Le nouveau quartier des Souks abrite la version libanaise de Momo (by Mourad Mazouz), un restaurant-bar branché qui propose une cuisine mimarocaine, mi-française. 7. Ouvert en 2011 sur le port, le futuriste Centre d’Exposition de Beyrouth met en lumière les œuvres des artistes régionaux. 8 & 10. L’architecture traditionnelle est surtout marquée par le style «protectorat» du nom de la période où le Liban fut sous protectorat français dans les années 1920. On la trouve surtout dans les quartiers de Gemmayzé et d’Achrafieh. Partout, elle est menacée par les promoteurs. 9. Les anciens Souks des bijoutiers ont été entièrement reconstruits par la société Solidere. Aujourd’hui, s’y alignent boutiques de luxe et restaurants à la mode (Momo, STAY...). 11. Dans le quartier de Minet el-Hosn, près de la place de l’Étoile, les thermes romains sont un lieu de visite prisé des habitants. Les grands escaliers sont utilisés pour les photos de mariage. 10 8 9 11 77 Nada Debs D Nada Debs Studio Design d’entre deux mondes À Beyrouth, si les hommes font la mode, les femmes font le design. Nourries de leurs voyages et de leurs histoires personnelles, elles font de la ville un creuset créatif au carrefour du monde. Dans le quartier de Saifi Village, au sud de la place des Martyrs, Nada Debs navigue entre ses deux boutiques et le reste du monde. C’est donc un privilège que de la trouver là, assise dans un de ses fauteuils en bois, travaillé façon moucharabieh. Cette libanaise élevée au Japon, formée aux États-Unis et en Angleterre, crée des meubles à l’image de son parcours, un univers où la magie de l’Orient s’allie à la technicité et à la fonctionnalité occidentales. Revenue à Beyrouth en 2000, elle plonge immédiatement à la recherche de ses racines arabes. Littéralement assoiffée de savoir-faire traditionnel, elle observe, apprend, choisit et se fait choisir par les meilleurs artisans de la région qui donnent une autre envolée à ses créations. Un échange réciproque car Nada leur apprend à travailler de nouveaux matériaux comme le plexiglas. Naissent des meubles 78 ornementaux qui, selon elle, « représentent l’identité moderne du monde arabe oriental », savant mélange de formes, de design sobre et de couleurs vives. Nada Debs est sans doute la plus connue des designers qui font aujourd’hui la réputation de Beyrouth. Elle est loin d’être la seule car, depuis la fin des guerres qui ont déchiré le sol et les familles libanaises, beaucoup d’anciens habitants sont revenus, enrichis de leur vie à l’étranger, bien décidés à refaire de leur ville la capitale artistique et culturelle du Moyen-Orient. Dans ce même quartier de Saifi Village, entièrement restauré par la société Solidere en charge de la reconstruction du centre-ville de Beyrouth, se trouve aussi la boutique « Bokja Design ». Ici, Maria Hibri et Hoda Baroudi, passionnées d’étoffes et de tissus rares, exposent leurs créations sièges, sofas, coussins, tapis, tentures sublimés par la grâce de patchworks de leurs plus beaux textiles. L’imagination règne en maître et se joue des convenances, une soie du Turkménistan et un velours de Damas n’hésitant pas à chevaucher une tapisserie française. La boutique « Starch » est un autre concept. Deux fois par an, ce lieu imaginé par le couturier Rabih Kayrouz et la créatrice Tala Hajjar, accueille la collection d’un jeune styliste, elle-même mise en scène par un étudiant en design ou en architecture d’intérieure. L’idée : favoriser l’éclosion des jeunes talents en mettant à disposition un espace, un réseau (Beirut Art Center, British Council…) et une expérience en matière de communication. Ouverte en 2008, la « Starch Fondation » a ainsi Karen Chekerdjian Studio Tala Hajjar Karen Chekerdjian Boutique Starch (Rabih Kayrouz et Tala Hajjar) 79 Maria Halios Design Maria Halios Karim Bekdache Studio Naela Nammour (Pink Henna) 80 Atelier Orient 499 Pascale Wakim (galerie Carwan avec Nicolas Bellavance-Lecompte) Pascale Wakim et Nicolas Bellavance-Lecompte travaillent avec une dizaine d’artistes libanais dont les pièces originales sont ensuite exposées dans les grandes foires internationales, celles de Milan, Dubaï, Berlin ou Istanbul… déjà aidé une vingtaine de créateurs. Dans la même veine, mais cette fois-ci pour créer d’autres lieux de culture dans la capitale, Rabih Kayrouz s’est associé à d’autres créateurs pour « lancer » des quartiers encore en friche. C’est le cas de Marfaa, le port de Beyrouth, qui se trouve de l’autre côté de la place des Martyrs. Rue Darwich Haddad, trois adresses ont fait le « buzz ». Il y a bien sûr la nouvelle boutique du couturier qui y expose ses dernières collections. La couleur, la sobriété des lignes, la richesse des tissus et la parfaite maîtrise technique font de ses vêtements de vraies architectures où le corps se meut en toute légèreté. La porte d’à-côté ouvre sur l’antre de Karen Chekerdjian. Formée au design italien, cette jeune femme avoue une vraie passion pour la dinanderie. Lignes épurées, design à la limite du minimaliste… Karen intègre pourtant dans son travail des éléments orientaux comme une calligraphie qui apparaît en filigranes, presque par enchantement. Elle adore le contemporain utilitaire (plats, vaisselle…) et ne jure que par le savoirfaire d’une poignée d’artisans qui font encore tout à la main. « Ici, chaque pièce est unique, je fais quatre à cinq créations par an et il faut environ six mois entre le croquis, la réalisation et la mise en vente. La partie la plus passionnante est celle où mon idée sur le papier prend forme entre les mains de mes artisans ». Ultime étape de cette rue, « If », enseigne de maroquinerie créée par Johnny Farah et sa femme. Sacs, ceintures, portefeuille et chaussures (babouches et ballerines), fortement inspirés du design scandinave, sont fabriqués avec du cuir produit localement ou importé d’Italie. Plus au sud de la place des Martyrs, au bout de la rue Gouraud, voici le quartier de Mar Mikhaël. Encore accessible et proposant de vastes espaces à aménager, l’endroit a attiré nombre de créateurs. Le premier fut sans doute le designer Karim Bekdache, un des rares hommes du milieu. Il a ouvert rue de Madrid un vaste lieu d’exposition où se mélangent créations et objets de récupération. Depuis 2011, il accueille des expositions d’artistes contemporains dénichés par « Carwan », une petite société créée par Pascale Wakim et Nicolas BellavanceLecompte, qui entendent faire connaître l’art contemporain libanais à l’étranger. « Le Liban a un potentiel incroyable, précise Pascale. Nous travaillons avec une dizaine d’artistes à qui nous demandons de créer des pièces originales qui seront ensuite exposées dans les grandes foires internationales. Celles de Milan, Dubaï, Berlin ou Istanbul… Pour nous, c’est un vrai bonheur ». Rue Pharaon, Maria Halios connaît bien Karim Bekdache. Comme lui, elle est designer et architecte d’intérieur. D’origine grecque, née de parents libanais et diplômée de 81 Liwan (artisanat design) Dina Kamal (Jewellery) La chevalière selon Dina Kamal - « le bijou le plus historique » - se veut féminine, élégante, fine et légère pour que la femme moderne puisse se réapproprier ce bijou masculin. l’Esam (Paris), elle est revenue au Liban en 1996. Depuis, elle crée meubles, lustres et objets en métal, fer forgé, acier ou en laiton, ses matières de prédilection, pour des clients privés et des institutionnels. Son design très contemporain accorde un peu de place à l’orientalisme. « Cela dépend des commandes que je reçois. Si l’idée me plaît alors je peux en faire une série plus large comme les tables gigognes ou la bibliothèque, inspirée de celle de Charlotte Perriand et arabisée ». Plus futile, la boutique voisine de « Pink Henna » propose un étrange mélange de coussins bariolés, d’habits et de robes légères, d’accessoires divers créés ou chinés par Naela Nammour. Les amateurs de mode traverseront la rue pour visiter la boutique de Diane Ferjane dont les vêtements aux coupes déstructurées semblent de vraies sculptures. Toujours dans la rue Pharaon, la librairie « Paper cup » est idéale pour une escale culturelle. Livres d’art et presse 82 branchée internationale s’y feuillettent au gré d’un thé et de quelques gâteaux libanais. Enfin, deux dernières adresses à ne pas manquer dans le quartier, « Liwan » qui vend le meilleur du design libanais tout comme « Orient 499 », rue OmarDaouk dans le quartier de Minet el-Hosn, et la bijouterie « Rosa Maria » de Rosy Abourous. Question bijoux, vous aurez le choix car, là aussi les créatrices sont nombreuses et inspirées. Rue Sursock, dans le quartier d’Achrafieh, Nada Le Cavelier propose des bagues sublimes inspirées des mosaïques romaines. Zeina Tahan est, quant à elle, plus attirée par l’ésotérisme, l’astrologie, le Feng-shui. Ses bijoux sont donc plus sobres, moins extravagants mais toujours profondément ancrés en Orient. Enfin, Dina Kamal s’est prise de passion pour la chevalière, « le bijou le plus historique, le plus synonyme de pouvoir et de puissance ». Remise à la mode par les rappeurs en version grand large, la chevalière selon Dina Kamal se veut féminine, élégante, fine et légère pour que la femme moderne, indépendante, puisse se réapproprier ce bijou masculin. Dernier petit détour par le carrefour des rues Sursock et du Liban. « Sarah’s Bag » est juste incontournable. Installée dans une charmante vieille maison, Sarah Beydoun crée, depuis les années 1990, des sacs à main de toute beauté. Connue pour ses modèles à fleurs, elle propose désormais une collection plus simple, bicolore aux motifs réalisés au crochet par des femmes en prison. Son association « Dar al-Amal » (Maison de l’espoir) permet à une centaine de détenues de travailler, d’acquérir une qualification et de mettre de côté un peu d’argent qui leur sera bien utile une fois leur peine purgée. Voilà, ce ne sont là que quelques rencontres. Bien d’autres restent à faire ! Sarah Beydoun (Sarah’s bag) Rosa Maria Jewellery (Rosy Abourous) Bokja Design (Maria Hibri et Hoda Baroudi) Zeina Tahan (Jewellery) 83 Baalbek Palais Beteddine 84 Village de Deir-el-Qamar Byblos E Excursions levantines De Beyrouth, le Liban est à portée de main. Les principaux sites touristiques du pays sont accessibles en quelques heures à peine… Si les « plages » de Beyrouth ne vous tentent guère, direction le nord, vers Byblos. La plus vieille ville du monde encore habitée - Byblos affiche 7 000 ans au compteur peut se rejoindre en bateau. Un moyen de transport idéal pour appréhender Beyrouth du large et faire, au passage, le tour de la fameuse grotte aux pigeons, morceau de falaise perdu en mer. Puis, c’est le grand bleu, sous et au-dessus du bateau. L’entrée du port de Byblos donne le ton. Quais et jetées sont piquetés de morceaux de colonnes romaines sur lesquels poussent des bougainvilliers roses, oranges et rouges. Les rues pavées mènent tout d’abord à l’église Saint Jean-le-Baptiste puis aux souks, là aussi entièrement rénovés, mais par Alice et Roger Eddé, propriétaires de Eddé Sands, le complexe balnéaire de Byblos. Plage aménagée, piscines immenses, restaurants et hébergements de qualité en font un lieu recherché par les Beyrouthins les week-ends. Mais Byblos est avant tout un lieu de culture. Ici naquirent l’alphabet et les premières écritures phéniciennes. Jadis port prospère où bois de cèdre, vin, céréales et papyrus se vendaient aux quatre coins de la Méditerranée, Byblos est désormais un petit village vivant de son site archéologique où s’empilent et cohabitent toutes les civilisations antiques. Dix-sept au total. Phéniciens, Grecs, Romains ont laissé ici les traces les plus imposantes : tombes, citadelle, remparts, amphithéâtre et colonnes. Pour revenir à Beyrouth, le mieux est alors la route, ce qui vous permettra de visiter les grottes de Jeita, situées à 20 kilomètres de la capitale. Découvertes en 1836 et 1858, les galeries croulant sous les stalagmites et les stalactites se parcourent en barque ou à pied. Une vraie merveille naturelle. Autre merveille, la réserve des cèdres du Chouf, à l’est de Beyrouth. Créée en 1996, cette réserve couvre 5% du territoire national et protège les fameux arbres millénaires qui figurent sur le drapeau libanais. Sur la route qui y mène, deux endroits sont à visiter. Le palais Beteddine, ou Maison de la Foi, fut construit au XIXe siècle pendant le règne de l’émir Béchir Chehab II qui venait ici, l’été, chercher fraîcheur et tranquillité. Ce vaste dédale de pièces et de couloirs abrite de magnifiques jardins parsemés de mosaïques, les appartements du sultan et un musée sur les arts et traditions libanaises. Tout à côté, le village de Deir-el-Qamar, avec ses maisons et palais en pierres, est un des derniers exemples d’architecture traditionnelle au Liban. Mais, s’il est une visite, une seule, à faire, c’est Baalbek. Situé à 1 000 mètres d’altitude dans la plaine de la Bekaa, à environ deux heures de voiture de Beyrouth, le site romain est juste époustouflant. L’acropole, construite par les Romains en hommage à Baal, surprend par ses proportions gigantesques. Les temples de Jupiter, Bacchus et Vénus témoignent de l’incroyable génie de l’empire romain qui fit venir jusqu’ici, à travers les montagnes, des colonnes de granite d’Égypte. L’été, un festival illumine le site. Et puis la Bekaa est aussi la vallée du vin. Alors, pourquoi ne pas s’arrêter dans une cave pour déguster quelques crus signés Château Marsyas, Château Kefraya ou Château Ksara ! 85 T Le Sweet Tea, salon de thé traditionnel français Touche gourmande En octobre dernier, le chef triplement étoilé Yannick Alléno ouvrait deux concepts gastronomiques dans les souks de Beyrouth. Le Sweet Tea et le S.T.A.Y sont depuis devenus des incontournables de tout séjour dans la capitale libanaise. Les nouveaux souks chics de Beyrouth sont le royaume des grandes marques de luxe ; une volonté affichée du groupe Solidere, chargé de reconstruire le centre-ville, qui entend faire revenir dans la capitale libanaise les clients fortunés du golfe. C’est dans cet esprit que Yannick Alléno, qui fait partie du cercle très fermé des plus grands chefs du monde, a été pressenti pour donner à ce projet une vraie valeur ajoutée gastronomique. Pari réussi. Confiée à l’agence française d’architecture Moatti & Rivière, la conception du salon de thé Sweet Tea et du restaurant-bar S.T.A.Y est époustouflante. Couleurs acidulées, raffinement du mobilier et design résolument contemporain cohabitent avec bonheur. Le Sweet Tea est le premier salon de thé imaginé par Yannick Alléno qui a souhaité introduire la pâtisserie française au Proche-Orient : « J’avais en tête de réaliser 86 ce projet, alors quand Solidere m’a contacté, j’ai dit oui tout de suite. Les gens ici débordent d’énergie et de joie de vivre. Je leur propose une pâtisserie qui, je l’espère, est à leur image, à la fois parisienne et orientale, élégante et goûteuse, même si allégée en sucre de 50% ». Au choix, des créations pâtissières déclinées d’immenses à miniatures : religieuses, Saint Honoré, sandwichs sucrés, glaces à la rose, et les fameux Choc’Alléno, pains au chocolat tout chocolat… tout n’est que tentation et gourmandise. À l’étage, la bonbonnière se fait jardin des délices par la grâce d’un trio de jardiniers urbains qui a créé des murs végétaux exubérants à l’ombre desquels il fait bon déguster quelques douceurs. De là, la vue plonge sur un autre mur végétal situé juste en face. C’est par ce résumé vert et visuel qu’Alain Moatti et Yannick Alléno ont voulu signaler l’emplacement du S.T.A.Y, l’antre gastronomique et ludique du chef. Murs gris-argent chargés de miroirs de tailles et d’inclinaisons différentes, Table de partage où douze personnes sont invitées à dîner ensemble, bibliothèque pâtissière dans laquelle les desserts se font au gré des commandes… Le lieu se veut une expérience gustative et sensorielle pour une gastronomie décomplexée, simple mais maîtrisée où se mêlent produits locaux et tradition française. « Avec le S.T.A.Y, explique Yannick Alléno, j’ai voulu me détacher des codes conventionnels et complexes d’un restaurant gastronomique en créant un restaurant moderne et cosy ». À l’étage, place au festif avec l’incroyable bar en forme de coque de navire qui, dans les tons bleus, forme le plafond du restaurant. Nul doute qu’avec ces deux adresses, la volonté de Solidere de redonner à Beyrouth son lustre d’antan est respectée. Le chef Yannick Alléno et l’architecte Alain Moatti Le S.T.A.Y (Simple Table Alléno Yannick), restaurant contemporain La terrasse du Sweet Tea 87 Le Gray Hôtel Il suffit de pousser la porte du Gray pour être plongé dans l’univers de Gordon Campbell, qui a installé ici plus de 500 œuvres d’art acquises aux quatre coins du monde. 88 Le Gray Hôtel Q Quelques bonnes adresses où séjourner En plein essor, Beyrouth commence tout doucement à rénover son parc hôtelier. Voici quelques adresses sélectionnées pour vous. Les seules nouveautés hôtelières de la ville, datant de 2010, sont le Four Seasons, tour contemporaine située sur la nouvelle marina, et le Gray. La piscine du Four Seasons, logée au dernier étage, se transforme en barterrasse le soir et s’ouvre à tous. À condition de réserver. Non loin de là, aux pieds de l’ex-hôtel Holiday Inn, carcasse ravagée par les roquettes en attente de jours meilleurs, le Phoenicia vient de fêter son cinquantième anniversaire. Propriété de la famille Salha depuis plusieurs générations, il attira en son temps Brigitte Bardot et Catherine Deneuve. L’hôtel a été en partie rénové par le décorateur Martin Hulbert pour désormais plaire aux stars d’aujourd’hui, comme le rappeur 50 Cent. Son luxe est un brin ostentatoire comme en témoigne la piscine gréco-romaine… Mais, même si vous n’y séjournez pas, allez-y prendre un petit-déjeuner, le choix est immense et les mets délicieux. Plus contemporain est le Gray, installé sur la place des Martyrs. Il suffit de pousser la porte pour être plongé dans l’univers de Gordon Campbell, qui a installé ici plus de 500 œuvres d’art acquises aux quatre coins du monde. Les 87 chambres sont spacieuses et élégantes, lumineuses aussi, comme l’étonnant atrium vitré qui traverse l’hôtel de haut en bas. Restaurant et piscine, installés au dernier étage, offrent des vues magnifiques sur la ville tandis que, le soir, l’atrium ouvre son escalier secret qui mène au bar 360, l’un des lieux nocturnes les plus courus du moment. Parmi les plus du Gray, l’offre « Creative Lebanon », réalisée avec Tala Hajjar de la fondation Starch, qui permet aux clients de découvrir Beyrouth au gré de ses artisans et créateurs. Seul Relais et Châteaux de la ville, l’Albergo joue le mélange des genres. Aménagé dans une maison des années 30, au cœur du quartier historique d’Achrafieh, l’hôtel, ouvert en 1998, ne comporte que 33 chambres qui, à leur manière, rendent hommage à la mémoire de Beyrouth. Pensées par Tarfa Salam, elles sont toutes différentes : l’une est égyptienne, l’autre Ottomane ou Art déco. Le lobby, signé Jacques Garcia, flirte avec l’Égypte antique et Pierre Loti ne renierait pas la salle à manger du dernier étage. L’accumulation de styles et d’objets fait tout le charme du lieu. Sur le toit, l’incontournable piscine, mais aussi un incroyable jardin où il fait bon prendre son petit déjeuner. L’hôtel Mövenpick offre un tout autre service. Installé sur la corniche, il est le seul à ouvrir directement sur la mer par la grâce d’une plage privée. Inutile de préciser que la carte balnéaire est jouée intelligemment avec une succession de piscines (4 au total), un spa réputé et, depuis peu, un roof-bar qui est devenu en quelques semaines le nouveau spot en vue de la ville. Décorées par Pierre-Yves Rochon, les 292 chambres et suites sont élégantes et sobres, avec juste ce qu’il faut de touche méditerranéenne pour créer une atmosphère chaleureuse et cosy. L’adresse parfaite pour un séjour en famille à la découverte du Liban. Carnet de route p.110 89 1, 2, 3, 4 : Hôtel Albergo 90 1 2 3 4 Escapade Beyrouth Hôtel Mövenpick Hôtel Four Seasons Hôtel Phoenicia 91 Carnet de route Beyrouth BON À SAVOIR Sésame Office du tourisme du Liban - 124, rue du Faubourg Saint-Honoré, 75008 Paris. Tél. : 01 43 59 10 36. www destinationliban.com Sur place : acheter le Time Out Beirut (en anglais) pour tout savoir sur ce qui se passe dans la ville. Prix : 7 000 livres libanaises (3,80 € environ). www.timeoutbeirut.com S’envoler Air France et Middle East desservent Beyrouth en code share avec 3 vols directs par jour. Durée du vol : 4h15. Prix à partir de 485 € A/R et de 1 895 € en business. Réservations au : +33(0)1 42 66 93 93. www.mea.com.lb. www.airfrance.com Formalités Passeport valide. Pas de visa nécessaire pour les ressortissants européens. En revanche, mieux vaut éviter d’avoir un visa israélien sur son passeport. Indicatif téléphonique Pour téléphoner, l’indicatif du Liban est le 961. Pour joindre un poste fixe depuis le Liban, faire le 01 + 6 chiffres mais sans le 0 quand vous appelez de l’étranger. Les numéros en 03, 70 ou 71 sont des mobiles. Monnaie La monnaie officielle est la livre libanaise (LL). Le taux de change est environ de 1 € pour 1 800 LL Langue La langue officielle est l’arabe. Mais le français et l’anglais sont très couramment utilisés. Décalage horaire +1h été comme hiver. 110 Shopping Karim Bekdache. Madrid street. Tél. : +961 (0)3 686 089. www.karimbekdache.com Bojka. Mukhallassiya street, Saifi Village. Tél. : +961 (0)1 975 576. www.bokjadesign.com Carwan. 5545 Mar Mikhael. Tél. : +961 (o)3 686 089. www.carwangallery.com Karen Chekerdjian. Darwish Haddad street. Tél. : +961 (0)1 570 572. www.karenchekerdjian.com Nada Debs. Saifi Village, Moukhalsieh street. Tél. : +961 (0)1 999 002. www.nadadebs.com Diane Ferjane. Pharaon street. Tél. : +961 (0)3 948 526. www.dianeferjane.com Maria Halios design. 55 Pharaon street. Tél. : + 961 (0)1 44 23 44. www.mariahalios.com Pink Henna. Pharaon street. Tél. : +961 (0)1 570 361. Mail : [email protected] Rabih Kayrouz. Darwish Haddad street. Tél. : +961(0)1570572. www.maisonrabihkayrouz.com Dina Kamal. Tél. : +961 (0)3 330 071. www.dinakamal.com Nada Le Cavelier. 108, Sursock street. Tél. : + (0)1 200 821. www.nadalecavelier.com Liwan. 54, Madrid street. Tél. : + 961 (0)1 444 141. www.liwan.org Rosa Maria bijoux. 56, Madrid street. Tél. : +961 (0)1 571 985. www.rosamariajewellery.com Orient 499. 499, Omar Daouk street. Tél. : +961 (0)1 369 499. www.orient499.com Papercut. Pharaon street, Mar Mikhael. Tél. : +961 (0)1 443 083. www.papercupstore.com Sarah’s Bag. 100 Liban street. Tél. : +961 (0)1 575 585. www.sarahsbag.com Starch foundation Tél. : +961 (0)1 566 079. www.starchfoundation.org Lieux d’expositions, galeries Beirut Art Center Corniche an Nahr, Street 97, Zone 66 Adlieh. Tél. : +961 (0)1 397 018. www.beirutartcenter.org Beirut Exhibition Center New Waterfront. Tél. : +961 (0)1 962 000. www.beirutexhibitioncenter.com Galerie Sfeir-Semler Tannous building, 4e étage. Tél. : +961(0)1566550. www.sfeir-semler.com The Running Horse Sleep Comfort Depot, Medawar District. Tél. : +961 (0)1 562 778. www.therunninghorseart.com Restaurants S.T.A.Y et Sweet tea Par Yannick Alléno. Souks de Beyrouth. Tél. : +961 (0)1 999 757. www.yannick-alleno.com. Mail : [email protected] Souk el Tayeb Marché de petits producteurs locaux le dimanche matin. Souks de Beyrouth, Trablos street. www.soukeltayeb.com Tawlet Chaque semaine, Kamal Mouzawak fait venir une femme d’une région différente du Liban. Naher street 12. Tél. : +961 (0)1 448 129. www.tawlet.com Casablanca Cuisine fusion. Ain el-Mreisseh street. Tél. : +961 (0)1 369 334. Al Falamanki Damascus street. Tél. : +961 (0)1 323 456. www.alfalamanki.com Torino Express et Dragon Fly Deux bars sympas le soir sur Gouraud street. Momo Cuisine fusion. Beyrouth souks, Jewellery 7. Tél. : +961 (0)1 999 767. www.momobeirut.com Mandaloun Une bonne adresse pour poissons et fruits de mer. Tél. : +961 (0) 999 220. www.almandaloun.com La Centrale L’endroit fait restaurant et bar. Réalisé par l’architecte Bernard Khoury, le bar se distingue par son toit ouvrant. Mar Maroun street. Tél. : +961 (0)1 575 858. www.centralerestaurant.com Sortir le soir Music Hall Chaque soir, une dizaine de groupes viennent s’y produire une quinzaine de minutes. Vaste panel de musique, du rock au folklore en passant par le flamenco et la house. Un endroit vraiment délirant. Starco Center. Tél. : +961 (0)3 807 555. BO18 Aussi réalisée par Bernard Khoury, cette boîte mythique est celle où finir la nuit même si excentrée dans le quartier de la Quarantaine. www.b018.com Mais aussi : Behind the Green Door (Nahr street. Tél. : +961 (0) 565 656) ; Iris (Place des Martyrs. www.irisbeirut.com) ; Beiruf (Harbour street. Tél. : +961 (0)1 706 030. www.beiruf.com) ; SkyBar (Biel pavilion, Minet el-Hosn. Tél. : +961 (0)3 939 191. www.sky-bar.com) ; White (Sea Side road. Tél. : +961 (0)1 877 118. www.purewhitebeirut.com. HÔtels Le Gray Place des martyrs. Tél. : +961 (0)1 971 111. www.campbellgrayhotels.com De 320 à 450 € la nuit. L’hôtel a créé un forfait 3 nuits en suite Exécutive qui permet de découvrir la ville, la plupart des créateurs et des artisans cités dans le reportage. Prix à partir de 1 136 € pour deux personnes (sans le vol international). Albergo 137, Abdel Wahab El Inglizi street. Tél. : +961 (0)1 339 797. www.albergobeirut.com De 300 à 500 € la nuit selon la chambre choisie. Au rez-de-chaussée, le restaurant italien Al Dente est le plus réputé de la ville. Phoenicia Minet El Hosn. Tél. : +961 1 369 100. www.phoeniciabeirut.com De 300 € la nuit en chambre Deluxe à 500 € pour une chambre Intercontinentale. Pour ses 50 ans, l’hôtel s’est refait une beauté très clinquante, mais le lieu reste un « must » de l’hôtellerie libanaise. Mövenpick Hotel & Resort Général de Gaulle Avenue, Raoucheh 2038 6908. Tél. : +961 1 869 666. www.moevenpick-beirut.com De 400 € la nuit pour une chambre Standard à 520 € pour une chambre Exécutive. Voyagistes Mango Dreams propose un séjour de 5 nuits au Mövenpick, vols et transferts compris, à partir de 1 150 € par personne. Tél. : 01 47 71 73 74. www.mango-dreams.fr Orientalistes organise plusieurs séjours au Liban. « Love Beyrouth » permet de découvrir la ville pendant six jours à partir de 1 450 €. « Panorama du Liban » est un autotour qui, pendant 8 jours, vous fait découvrir l’essentiel du pays (Byblos, Tyr et Sidon, Baalbek, les cèdres, la vallée des Saints…) à partir de 1 635 €. 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