Pourquoi Bozize a été lâché par ses frères franc

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Pourquoi Bozize a été lâché par ses frères franc
Pourquoi Bozize a été lâché par ses frères franc-maçons?
Écrit par Sukissa
Samedi, 25 Mai 2013 16:22
En janvier 2013, les présidents Idriss Déby Itno, Denis Sassou Nguesso et Ali Bongo Ondimba
volent à l’unisson au secours de leur « frère » franc-maçon, François Bozizé, en grande
difficulté. Trois mois plus tard, les mêmes ne lèveront curieusement pas le petit doigt pour
empêcher la Seleka, la rébellion armée, de s’emparer du pouvoir à Bangui. Décryptage.
Comme une mangue mûre, François Yangouvonda Bozizé est donc tombé, abandonné de ses
pairs, contraint à l’exil, loin de « Bangui, la coquette », de ses majestueux palmiers
quinquagénaires et du cadre ouaté du Palais de la renaissance ! A un moment où il s’y
attendait le moins, il est renié par ses mentors congolais, Denis Sassou Nguesso , et
gabonais, A
li Bongo Ondimba
, et lâché par son parrain tchadien Idriss Déby Itno, trois chefs d’Etat qui ne font pas mystère
de leur appartenance à la franc-maçonnerie.
Jusqu’à sa chute et sa fuite précipitée, le 24 mars , Bozizé relevait directement, à l’instar de
son homologue tchadien, du « district de Brazzaville », dont l’une des obédiences les plus en
vue, la Grande Loge du Congo (GLC), affiliée à la Grande Loge nationale française (GLNF),
s’honore d’avoir pour « sérénissime grand
maître
» le président
de la République, Denis Sassou Nguesso, lui-même. « Ce dernier officiait en certaines grandes occasions entouré de ses deux assistants, Déby et
Bozizé
», révèle un vieil initié contacté au téléphone dans la capitale congolaise.
Début janvier encore, ce beau monde se serrait les coudes dans une relation d’apparence
fusionnelle que rien ne semblait pouvoir dissoudre. Alors que les rebelles de la Seleka
(coalition, en langue sango) se trouvaient à un jet d’oiseau de Bangui, gros bourg de 750 000
habitants qui sert de capitale à la Centrafrique, les présidents tchadien, congolais et gabonais
avaient, à l’unisson, répondu au signe de détresse de leur « frère » Bozizé, en passe de perdre
le pouvoir. Ils décident alors de freiner l’avancée de la rébellion, contenue à quelque 70
kilomètres de la capitale par la Force multinationale d’Afrique centrale (Fomac), une armée
régionale à dominante tchadienne présente en RCA avant les événements, puis invitent les
protagonistes à la table des négociations, à Libreville.
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Sept des huit signataires de Libreville seraient des francs-maçons
Au sortir de ces assises improvisées, un « Accord politique sur la résolution de la crise
politico-sécuritaire en République centrafricaine
»
fut adopté le 11 janvier 2013.
A en croire l’un des participants congolais, interrogé au téléphone, sept des huit signataires de
ce document de quatre pages sont des « fils de la veuve
», autrement dit des francs-maçons.
L’Accord lui-même apparaît à la lecture comme une bouée de sauvetage destinée à un
président aux abois à qui ses « frères », pour certains des opposants politiques irréductibles,
avaient décidé de ménager une porte de sortie, tirant un trait symbolique sur une décennie de
règne sans partage ponctuée de soulèvements armés, d’élections controversées,
d’arrestations arbitraires, voire de liquidations sans autre forme de jugement.
L’article 1er de l’Accord de Libreville est, en cela, suffisamment évocateur : « Le président de
la République demeure en fonction jusqu’au terme de son mandat en 2016. Il ne peut se
présenter pour un autre mandat
». Le « frère » François Bozizé se voit donc confirmé dans ses fonctions, du moins jusqu’au
terme de son second et ultime quinquennat, à l’horizon 2016 !
Sauvé par le gong et des « frères » censés le protéger, y compris contre ses propres excès,
conforté par ce sursis inespéré de trois ans, Bozizé crut bon de se laisser de nouveau aller à
un de ses vieux penchants : la roublardise. Défait sur les champs de bataille, il cherche à
gagner du temps, sans doute pour reprendre des forces, s’armer et repartir de plus belle au
combat.
Retranché avec son clan familial au Palais de la renaissance, il mûrit sa vengeance et traîne
ostensiblement des pieds. Il lui faut une semaine pour, conformément à l’Accord de Libreville,
nommer, le 17 janvier, un Premier ministre issu de l’opposition, en la personne de l’ancien
bâtonnier de l’Ordre des avocats, Me Nicolas Tiangaye. Il « grille » trois autres semaines
avant de signer, le 3 février, le décret portant formation d’un gouvernement d’union nationale. Il
interdit au ministre de la Communication, issu de la rébellion, d’accéder à la radio nationale, qui
relève pourtant de son département…
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« Bozizé n’a pas joué franc-jeu avec ses pairs chefs d’Etat et ses principaux adversaires,
confirme l’un des signataires de l’Accord de Libreville, qui avoue lui-même appartenir à la «
fraternité ». Rentré à Bangui, il a continué d’alimenter la rhétorique de guerre, mis en place au Palais un
shadow cabinet pour entraver l’activité du gouvernement, pris plusieurs décrets sans le
contreseing du Premier ministre…
»
Bozizé brocarde à longueur de journée ses deux « frères », Déby Itno et Sassou Nguesso
Oubliant de manière ostentatoire qui l’a fait roi dix ans plus tôt, il proroge l’Accord de défense
secret qui lie son pays à l’Afrique du Sud, demande des renforts supplémentaires à Pretoria, et
donne l’impression de braver ses « frères » d’Afrique centrale, bailleurs de fonds des périodes
de vaches maigres. Il semble désormais regarder de haut ce parapluie « fraternel » qui l’a
protégé, quelques semaines plus tôt, de la bérézina.
Il ne se cache plus pour brocarder son voisin tchadien, suspecté, non sans raison, de jouer un
double jeu, sinon d’être le deus ex machinade la Seleka. Recevant en son palais Hawa Ahmed
Youssouf, la représentante spéciale en Centrafrique du président de la Commission de l’Union
africaine, il n’hésite pas à blâmer la «
mollesse » et
le « manque de courage
» du Congolais Denis Sassou Nguesso, qui préside pourtant le Comité de suivi de l’Accord de
Libreville.
L’impéritie et les états d’âme de Bozizé irritent au plus haut point nombre de ses collègues de
la Communauté économique des Etats d’Afrique centrale (CEEAC), en premier lieu le
Tchadien Idriss Déby Itno, à qui le Centrafricain doit son accession au pouvoir, les armes à la
main, en 2003.
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Contrariétés passagères entre deux chefs d’Etat considérés jusque-là comme d’inséparables
acolytes ? Contentieux ayant trait à une question de préséance ? Jalousie à mettre sur le
compte de « l’arrogance impériale » supposée du Tchad, devenu du jour au lendemain un
émirat pétrolier à proximité d’un voisin abonné à des fins du mois difficiles ? « Contrairement à
une idée répandue, la brouille entre les deux hommes n’est pas récente
», nuance un dignitaire franc-maçon joint au téléphone à Ndjamena. « Fin 2009, Bozizé insiste pour que lui soit livré Charles Massi, un médecin militaire franc-maçon
réfugié au Tchad. Le président tchadien s’exécute, non sans avoir fait promettre – sous
serment maçonnique – à Bozizé qu’il veillerait personnellement à l’intégrité physique de ce
frère. C’était mal connaître son interlocuteur…
»
Concernant Charles Massi, François Bozizé n’a pas tenu parole
Fondateur de la Convention des patriotes pour la justice et la paix (CPJP), plusieurs fois
ministre, Charles Massi est probablement mort sous la torture en janvier 2010, quelques
semaines après avoir été arrêté au Tchad et livré aux autorités centrafricaines. « Bozizé n’a pas respecté sa promesse ni l’obligation qui interdit à un franc-maçon de tuer un de
ses frères
, poursuit le notable franc-maçon. Tenez ! Lorsque Sassou a pris le dessus sur son frère Pascal Lissouba, fin 1997, il ne s’est
pas opposé à l’exfiltration de ce dernier vers le Gabon. Informé de l’opération, il a laissé faire.
Bozizé est incapable d’avoir une attitude chevaleresque…
»
Devant un passif aussi lourd, les présidents tchadien, congolais et gabonais décident, après
un délai de grâce de trois mois, de lâcher un « frère » dont la versatilité risquait de plonger la
région dans l’instabilité. On connaît la suite. Lorsque, fin mars, Bozizé invite les éléments de la
Fomac (Force multinationale d’Afrique centrale) à stopper une nouvelle offensive des rebelles
de la Seleka vers Bangui
, Idriss
Déby Itno, dont les troupes forment le gros du contingent régional, fait la sourde oreille.
Lorsqu’il appelle à la rescousse le président du Comité de suivi de l’Accord de Libreville, Denis
Sassou Nguesso, ce dernier prétexte un agenda diplomatique chargé pour se dérober.
Pourquoi continuer à aider un frère amnésique et pour le moins incontrôlable alors que
d’autres francs-maçons, à leurs yeux, plus méritoires sont dans les starting-blocks ? Cas du
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Premier ministre Nicolas Tiangaye, connu en Afrique pour être un fervent défenseur des droits
de l’homme. Cas, également, de l’ancien Premier ministre Martin Ziguélé, vieil adepte, comme
en témoigne son parcours politique, de la formule selon laquelle « The ballot is stronger than
the bullet
» (« le bulletin de
vote est plus fort que la balle »). Pour un « frère » de perdu, deux de retrouvés !
Par Sukissa avec Directcd, le 25/05/2013
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