Zibeline n°39 en PDF

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Zibeline n°39 en PDF
39
Du 16/03/11 au 13/04/11 | un gratuit qui se lit
Au rayon
Culture
Politique culturelle
Mémorial de la Marseillaise
Regards de Provence
Scènes nationales, Région en scène
Théâtre Liberté à Toulon
Marseille Provence 2013
Politique culturelle régionale
Journées de la femme
5
7
8
9
10, 11
12,13
14 à 17
Théâtre
Le Gymnase, la Criée
La Friche, le Lenche
La Minoterie, les Bernardines, le Merlan, Gap, Martigues
Martigues, théâtre des Ateliers, théâtre Vitez
Fos, Port-de-Bouc, Avignon
Cavaillon, FNCTA, Erac
Au programme
18
20
22
24
26
27
28 à 33
Cirque/Arts de la rue
Martigues, Sirènes et midi net, FAI AR,
Ouest Provence, au programme
34, 35
Danse
Les Hivernales, Nîmes
Au programme
36, 37
38 à 40
Musique
GTP, symphonique
Opéra
Ensembles
Au programme
Actuelles
42, 43
44, 45
46, 47
48 à 51
52 à 55
Jeunesse
Rencontres du 9e art, Festo Pitcho
Au programme
PôleJeunePublic, Vélo Théâtre
Massalia, Jeu de Paume, Théâtre du Balcon
Rencontre avec R. Bàdescu, B. Chaud, C. Darietto
Livres
56
57 à 59
60
61
62
64, 65
Cinéma
Les rendez-vous d’Annie, Salon-de-Provence, Aubagne
Alhambra, Ouest Provence, Institut de l’Image
ASPAS, Alcazar, les Variétés
66, 67
68
69
Arts visuels
Au programme
Istres, Arles, Aubagne
La Gad, galerie de la Friche
Aix, Vauvenargues, Châteauneuf-le-Rouge
Hyères, Le Lavandou
70, 71
72, 73
74
75
76
Livres
Livres/Arts
Littérature
Livres/disques
Rencontres
78, 79
80 à 83
84, 85
86, 87
Rencontres
Arts et littérature, sciences et techniques
88, 89
Histoire
Echange et diffusion des savoirs, Gréasque, Toulon
90, 91
Philosophie
Le rire
92, 93
Explosions
Il est des jours où vous écrire est difficile. Parce que là-bas,
de l’autre côté de la Méditerranée, des peuples qui voulaient se libérer subissent d’inqualifiables répressions, et
que le vent de la liberté s’emplit de l’odeur des obus et du
sang. Et parce que de l’autre côté du monde des hommes
redoutent la terre qui tremble encore, les vagues qui
arrivent, et les nuages qui font planer la menace d’une mort
lente semblable à celle que leurs grands-parents ont subie.
Les morts sont innombrables, comme autant de coups dans
nos chairs. À Tchernobyl la vétusté avait fait son monstrueux office. À Haïti, dans l’Océan Indien, la pauvreté, la
fragilité des constructions et la lenteur des mesures de
sécurité avaient abominablement décuplé les morts. Au
Japon nulle défaillance humaine, sauf la plus terrifiante,
celle de nos désirs : nous sommes prêts à mettre en jeu des
millions de vie pour notre confort électrique, pour ne pas
renoncer à nos modes de vie effroyablement aliénants et
dispendieux. Et pour que le pétrole coule encore dans nos
pompes, quels compromis nos gouvernements successifs
ont-ils accepté en nos noms ?
Tout près de notre région, pas très loin d’une zone identifiée de risque sismique, deux sites nucléaires Français
offrent leurs cheminées à nos regards. Les normes de sécurité en sont drastiques, elles peuvent résister à des avions,
à des bombes, à des séismes jamais enregistrés dans la
région. Au Japon, un séisme de 9 n’avait jamais eu lieu…
Un autre monde est possible, où nous choisissons nos
destins. Où les dirigeants écoutent la volonté et l’intérêt
des peuples. Où le confort et l’entre-soi ne sont pas des
valeurs absolues, mais le partage et le plaisir. Où l’on pense
l’avenir du monde, où nos explosions sont de joie. Un
monde écologique, égalitaire, intelligent, créatif, participatif. À portée de nos mains.
AGNÈS FRESCHEL
Sciences et techniques
Biens de consommation
94
Adhérents
95
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MÉMORIAL DE LA MARSEILLAISE
POLITIQUE CULTURELLE
05
Mémorial :
la Marseillaise,
un chant révolutionnaire ?
La mairie de Marseille a pris l’initiative de consacrer
un espace à notre hymne national, la Marseillaise.
Rue Thubaneau, dans l’ancien jeu de paume, deux
salles ont été aménagées avec un effort de mise
en scène. La vidéo, largement mise à contribution,
tient le rôle principal, accompagnée de vitrines qui
proposent quelques documents sur la
période. Le parcours débute par la
période prérévolutionnaire avec ses
souffrances et ses injustices; une
France d’un vieux monde trop
inégalitaire pour faire long feu, trop
chiche en libertés pour durer. En
prolongeant ses pas, on se retrouve
au milieu des enthousiasmes révolutionnaires et de son fameux chant.
La salle, pavée, sertie d’un grand mur
écran, d’une galerie en arcatures et
deux autres parois, fait reflet ou écho
à la scène principale. Le spectateur,
percuté par le son et l’image, assiste
au périple des Marseillais et à la
journée du 10 août, où ils contribuent à la mise à bas de la monarchie.
pacte républicain, de symbole de la démocratie
rassembleuse fondée sur le droit, du lien entre
République et citoyens et de la liberté des peuples
à disposer d’eux-mêmes. Il a ensuite sollicité le
Recteur pour que les élèves viennent ici en visite
et que l’école joue son rôle dans l’apprentissage de
Visions singulières
On retire de cette scénographie spectaculaire l’impression d’une vision
provinciale de l’événement : 517 volontaires semblent avoir bousculé l’ordre établi et
sauvé la France d’un monarque qui la trahissait
pour l’étranger ! Strasbourg et Rouget de Lisle sont
bien présents, François Mireur vient bien chanter le
«nouveau tube» et en faire un succès national,
mais il difficile de ne pas avoir l’impression que
Marseille, au travers de ses fils, marquait l’histoire
de la France ! On a vite fait de comprendre que
cette construction est une interprétation singulière
des événements, destinée en particulier à soigner
auprès des touristes l’image de Marseille.
Les discours du Maire, Jean-Claude Gaudin, et du
ministre de l’Éducation, Luc Chatel, venus le 3
mars inaugurer l’édifice, ont achevé de dispenser
un certain trouble. Devant l’establishment éducatif
(Recteur, Inspecteur d’Académie...) ou administratif (Préfet...), accompagné des élus, le Premier
Magistrat a parlé de rendre compte du réel, de la
vérité qui doit atteindre à l’objectivité, de symbole
pour le printemps des peuples, de rendez-vous avec
la mémoire, de voir les enfants apprendre l’histoire
de l’hymne national et celle du pays, de vision
républicaine de la citoyenneté. Intentions fort
louables ! Le ministre a poursuivi en parlant de
l’histoire de la République Française.
Ainsi apprit-on que bientôt la Marseillaise serait
enseignée dans les salles de classe.
Conflits oubliés
Il est normal qu’un ministre donne ses directives et
impose ses idées. Mais, parlant de mémoire et
d’histoire, l’impulsion n’est pas neutre. À des titres
divers, ces deux discours affirment une idée précise
de la nation et de ses symboles. Comme le mémorial, ils tentent de gommer une période complexe
et tumultueuse.
Peut-on aujourd’hui oublier que la Marseillaise ne
fut pas adoptée «naturellement» ? Qu’elle fut le
produit d’un milieu bourgeois patriote qui refusait
le cours pris par les événements à partir de 93 ?
Enjeu symbolique, le chant de l’armée du Rhin le
fut et l’est encore ! Les Thermidoriens, bourgeois
installés et bénéficiaires, en firent un hymne national pour contrebalancer les espoirs révolutionnaires
bien plus présents dans La Carmagnole ou le Ça
Ira. Ils voulaient aussi empêcher les royalistes de
la Terreur Blanche d’imposer leur propre chant, Le
Réveil du peuple.
Et que dire des avatars postérieurs ? Bonaparte, empereur, la mit au rencard comme son neveu d’ailleurs.
La Restauration la gomma quand Louis-Philippe la
toléra quelque peu. En fait, elle devint un symbole
de lutte pour les Républicains jusqu’au 14 février
1879 où elle acquit le titre définitif d’hymne
national. Mais les masses populaires,
échaudées par une République sans
sens social, s’en défièrent au point
de lui préférer l’Internationale.
Le choix d’une version simplificatrice
de l’histoire de notre hymne n’est
pas, paradoxalement, un bon signe
pour l’histoire. Le message ressemble
à une version nationaliste œcuménique de la Marseillaise, un point de
vue édulcoré qui oublie la dimension
conflictuelle d’une société, à cette
vision qui fait de la Révolution un
passage sans rupture d’un monde
ancien à un monde nouveau, un
prolongement des valeurs traditionnelles de la France.
L’étroitesse de vues du mémorial
inquiète : pourquoi consacrer la moitié des salles à un exposé général et
mièvre sur la Révolution et omettre
sa dimension internationale ou sub© X-D.R
versive ? Air du temps, volonté
politique ? Il faudra compléter ce point de vue
univoque pour faire de ce mémorial un lieu vivant
pour la Marseillaise. En la rangeant au titre des
accessoires républicains, comme le drapeau auquel
elle est associée à l’entrée du bâtiment, on opte
pour une vision simplificatrice, alors que la diversité de la France mérite plus de complexité.
RENÉ DIAZ
Le coût des travaux du Mémorial
de la Marseillaise s’est élevé à 4,5 M d’€,
investis entièrement par la Ville de Marseille
www.marseilleaccelere.fr
La gestion est assurée par une délégation
de Service Public, la société Vert Marine.
Ouverture du mardi au dimanche de 14h à 18h
jusqu’au 31 mars, puis de 10h à 12h et de 14h
à 18h Tarif 7 €
04 91 91 91 97
www.vert-marine.com/memorial-marseillaisemarseille-13
REGARDS DE PROVENCE
POLITIQUE CULTURELLE
07
2013
Regards maritimes
Perspective Musee RdP ouest md © Atelier 9 - Imagoprod
Dans le triangle d’or du MuCEM
et du Centre régional de
la Méditerranée, le musée Regards
de Provence ouvrira début 2013.
La fin de l’errance et le commencement d’une nouvelle aventure…
Accueillie au Château Borely de 1998 à 2004, la Fondation Regards de Provence s’est ensuite installée
au Palais Carli en attendant des jours meilleurs ! Il
faut avouer que les sombres boiseries de la bibliothèque ne sont pas des cimaises appropriées… Son
troisième déménagement fin 2012 fait suite à une
série de repérages qui l’ont conduite aux abords de
La Major («on déposait tous les deux ans un projet
à la mairie») puis à l’ancienne station maritime de
Marseille désaffectée depuis près de 40 ans1. Là, le
4 mai 2010, son directeur Pierre Dumon décela immédiatement les potentialités de la surface (2300 m2)
et son emplacement exemplaire. Restait encore à écrire le projet, dessiner le futur bâtiment et boucler le
budget !
Pierre Dumon a choisi l’Atelier 9-Guy Daher, Grand
prix de Rome, pour transformer son rêve en réalité :
optimiser la surface exploitable et insérer au mieux
le bâtiment restauré dans son environnement, celui-ci étant actuellement squatté et pour partie
incendié. Déployé sur plusieurs niveaux qui épouseront les dénivelés et doté de plusieurs terrasses
extérieures, le futur musée disposera de 1600m2 pour
les salles d’exposition, le hall d’entrée, les réserves
(la collection de la Fondation compte aujourd’hui plus
de 850 œuvres du XVIIIe siècle à nos jours). Avec, en
son centre, un «espace baptisé Mémoire du lieu dont
on aura conservé les cuves» consacré aux expositions
photographiques ou patrimoniales sur l’histoire du
lieu. Le tout représentant un budget prévisionnel
d’investissement de 3,250 M€ pris en charge par la
Fondation (30,8%), les collectivités publiques (État,
Région, Département, Ville : 46,2%), la Société privée immobilière Dumon (21,5%) et les mécènes
(1,5%). Quant à son fonctionnement, les subventions
des mêmes collectivités publiques sont allouées
aux expositions et ne représentent que 15%, soit
70 000 € pour 500 000 € de budget annuel. À
d’éventuels détracteurs qui lui reprocheraient cet
argent public dépensé pour une fondation privée,
Pierre Dumon réplique : «On anime la ville depuis 13
ans et l’on propose plus d’expositions que tous les
musées réunis. Donc tout le monde y trouvera son
compte». Le reste de la surface sera ventilé entre le
restaurant, la librairie, le logement du gardien et un
commerce ouvert directement sur la rue : soit un
aménagement supplémentaire de 1,6 M€ financé
par la société Dumon.
Avec ce projet, la Fondation Regards de Provence
franchit un cap muséal décisif -expositions permanentes et temporaires, présentation de travaux
d’artistes contemporains et librairie spécialisée de
50 m2- qui nécessitera une montée en puissance
de l’équipe de 5 à 10 personnes minimum. Sans
compter le «bras droit» que Pierre Dumon envisage
de recruter pour réussir son pari et combler son
envie de toujours : «obtenir le label de Musée de
France». Si possible pour 2013…
MARIE GODFRIN-GUIDICELLI
(1) Station édifiée en 1948 par Champollion,
Fernand Pouillon et René Egger, labellisée
«Patrimoine du XXe siècle», propriété de l’État.
La belle manière
Ce n’est pas à proprement parler une rétrospective,
mais une sélection d’une centaine de pièces relevant du thème favori du peintre, les rives marines,
agrémentée de sujets annexes, portraits, scènes de
genre, natures mortes. Des six mille peintures et
dix mille dessins répertoriés, l’exposition propose
essentiellement la recette à succès de Félix Ziem, la
plupart du temps réinventées dans l’atelier à partir
des nombreux croquis et pochades tirés sur le motif
et seulement deux voyages : thématiques vénitienne, orientalisante, bords de mer ou lac (Venise,
Constantinople, Marseille ou l’Étang de Berre),
scénographie manière Le Lorrain, ligne d’horizon
surbaissée laissant place aux ciels immenses (Ziem
saisit rarement l’occasion de cet espace d’expression), contrastes de couleurs complémentaires des
tons cuivrés et bleus (tant admirés par Van Gogh),
contrastes des lumières et leurs captations par les
architectures, voiles et reflets aquatiques fugaces,
gestuelle hâtive aux effets pré-impressionnistes.
Une véritable rétrospective n’est pas offerte au
visiteur, faute d’espace : le seul autoportrait du
Trois mats devant le Fort Saint Jean,
huile sur panneau, 71x95cm. coll. part. © Zibeline
peintre est une reproduction photographique ; peu
d’œuvres graphiques, et l’absence de pièces s’approchant de la modernité à venir comme Les Mouettes
(au musée de Martigues), frisant l’abstraction quand le
peintre libéré des contraintes de commande, lâche
son geste quasi novateur.
À poursuivre avec le catalogue bien illustré et les
textes d’un spécialiste du peintre, Gérard Fabre,
conservateur au musée Ziem de Martigues. Puis en
2013, dans le futur musée…
CLAUDE LORIN
Rétrospective Félix Ziem
Regards de Provence
jusqu’au 22 mai
Palais des Arts, Place Carli
04 91 42 51 50
www.regards-de-provence.org
08
POLITIQUE CULTURELLE
SCÈNES NATIONALES | RÉGION EN SCÈNE
Exploit quotidien
L’effet scènes,
du 14 au 20 mars,
est un non événement…
parce que les scènes
nationales sont
exceptionnelles à tout
instant !
Que programment les scènes nationales de PACA en une semaine une
quinzaine de représentations de cirque,
danse, théâtre, des expos, du cinéma,
des mots d’amour susurrés dans des
chambres… Rien d’exceptionnel pour
leurs 20 ans !
Ce réseau qui regroupe sur le territoire
français 70 scènes pluridisciplinaires
est essentiel à la création, à la diffusion, à l’émergence artistique des
créateurs, et à la vie culturelle et
économique de territoires très divers.
Avec près de 8000 représentations et
plus de 2.5 millions de spectateurs, le
réseau des scènes nationales, implanté hors de Paris, reçoit beaucoup moins
d’argent que les Théâtres Nationaux
qui y sont concentrés, ou que les Centres Dramatiques, et est pourtant à
bien des égards plus actif et créatif
que ces grandes maisons d’état, en
particulier dans le domaine de la
Cheval, au Merlan © Amicale de production - Guillaume Schmitt
de Cavaillon restent en dessous. Avec
la création prévue de deux SN supplémentaires en PACA, à Toulon (voir
ci-contre) et à Grasse, l’État devra
augmenter considérablement les
subsides qu’il accorde à ces théâtres
pour répondre aux critères qu’il s’est
fixés, et à la promesse de ne supprimer aucune des scènes existantes. De
leurs côtés ces établissements verront
leur cahier des charges précisé, et de-
coproduction de spectacles.
Leurs réalités budgétaires, très diverses, devraient être harmonisées en 2
ou 3 ans autour de deux principes :
un seuil budgétaire de 2M d’€ de
fonctionnement minimum, et une
participation minimale de 500 000 €
de l’État. Pour l’instant, dans la région,
seul le Merlan a atteint ces seuils. La
Passerelle de Gap, Les Salins de Martigues et surtout La scène nationale
vront obéir à des critères plus
strictement définis.
L’avenir s’annonce donc plutôt bon…
et Nathalie Marteau, directrice du
Merlan, s’en félicitait, soulignant que
l’important n’est pas la réalité budgétaire, mais la pertinence artistique…
que le réseau des scènes nationales a
toujours démontré ! Jean-Michel Gremillet soulignait que, tandis que
nombre de théâtres privés de divertissement ont de grandes difficultés,
leurs salles sont plus pleines que
jamais de «spectateurs en quête de
sens». Un «besoin de sensible» qu’Annette Breuil, directrice des Salins,
soulignait également.
Alors l’effet scènes ? un moyen de
fêter les 20 ans d’une formidable réussite artistique… sans oublier, hors de
Paca, d’aller faire un tour jusqu’à Sète,
Alès, Valence : à nos portes aussi les
scènes nationales ont un sacré talent !
AGNES FRESCHEL
L’Effet Scènes
Du 14 au 20 mars
Le Merlan, Gap, Martigues,
Cavaillon, Sète
www.scenes-nationales.fr
Les gens d’ici
Le dernier mouvement
de Région en Scène
a offert un plateau danse
éclectique avant de finir
de manière festive
et musicale
Le 16 février après-midi, malgré les
caprices du temps, un public familial
s’était pressé nombreux à l’Espace
Huveaune pour assister à trois spec-
tacles d’artistes installés en Paca
programmés par le Cercle de Midi.
Malgré une erreur de casting au démarrage (Père U à la plage des varois
Loreleï tenait plus du cabaret théâtral que d’une chorégraphie), le
plateau permit d’heureuses retrouvailles avec Miguel Nosibor et la
compagnie vauclusienne Onstap. Le
solo du danseur et chorégraphe (Temps
d’arrêt) et le duo (Parce qu’on va pas
lâcher) ayant gagné en tournée matuLe cri du choeur © X-D.R.
rité et épaisseur, sans pour autant se
délester de leur fraîcheur. Durant
trente minutes, Miguel Nosibor plonge sans retenue dans une solitude
noire et lumineuse à la fois, passant
d’une appréhension féline du sol à
une épure verticale, oscillant par
vagues ondulatoires ou enclenchant
la mécanique hip hop ; sourire aux
lèvres et mains de géant frémissantes,
il fait entendre chaque pulsation de
son cœur. Mourad Bouhlali et Hassan Razak, eux, continuent à ne rien
lâcher de leur énergie et de leur
humour dans un duo sonore et physique au tempo rudement mené ! Ces
deux «hommes orchestre» séduisent
d’emblée parce qu’ils ont la pêche !
On ne pouvait donc que regretter les
faiblesses de la Cie Loreleï au pays
d’Alfred Jarry, sa mise en scène
invertébrée et sa baisse de régime
face à l’imaginaire ubuesque. Il faut
dire que l’immense plateau de la salle
de spectacles, où le duo se cherchait
sans se trouver, a desservi leur
partition…
Sur le plateau plus étroit du Co-
mœdia d’autres Varois ont déployé
leurs étonnants talents. Clowns musicaux aux personnalités trempées et
bien assorties, les quatre chanteurs
du Cri du Chœur s’en donnent à cœur
joie, à quatre voix s’il vous plaît, toujours juste, sur des arrangements aux
timbres inventifs. Leurs compositions,
jouées en direct et sans bande, sont
drôles, dans la tradition de la chanson comique, pétulante, politique
parfois mine de rien, enlevées, parfois émouvantes. Mais ce sont aussi
des personnalités comiques de grand
talent, tapageuses et violentes, hirsutes, délicieuses, surprenantes. Une
très jolie façon de conclure Région
en Scène qui aura permis aux programmateurs, on l’espère, de repérer
quelques vrais talents d’ici…
M.G.-G. ET A.F.
Région en Scène, festival
de cies régionales, s’est déroulé
du 14 au 16 février à Aubagne,
La Penne-sur-Huveaune, Roquevaire
et Saint Zacharie
THÉÂTRE LIBERTÉ TOULON
Chronique
d’une inauguration
annoncée
C’est sur l’une des trois scènes du Théâtre Liberté à
Toulon que Charles et Philippe Berling, entourés
de leurs partenaires, ont choisi de convier la presse
le 14 février. Une mise au point bienvenue : le
Théâtre Liberté sera officiellement inauguré en
juin et ouvrira sa saison en septembre prochain.
Les institutions semblent toutes se réjouir de l’émergence d’un nouvel équipement culturel sur le territoire
toulonnais, à commencer par Hubert Falco, maire de
Toulon et président de Toulon Provence Méditerranée, qui promet : «Ce sera un des plus beaux théâtres
nationaux. On a envie de faire avancer les choses ici
à Toulon. C’est un investissement lourd : 12,7 M€ ce
n’est pas rien. Il va y avoir un accompagnement dans
son fonctionnement grâce au soutien de nos partenaires. C’est un honneur pour nous d’avoir deux scènes
nationales sur notre territoire. Je fais confiance à
Frédéric Mitterrand qui est venu sur place s’engager».
Il n’en fallait pas plus pour faire resurgir les tensions,
car la labellisation de scène nationale n’est pas encore actée par le ministère de la Culture… Pourtant
l’idée d’une scène nationale à deux têtes ne fait
plus de doute aujourd’hui pour Hubert Falco : «Il y
a le CNCDC Châteauvallon et le Théâtre Liberté, deux
scènes nationales ce n’est pas de trop», pas plus que
pour le Préfet Paul Mourier: «Le Théâtre Liberté
est un grand projet métropolitain à forte ambition
qui justifie que l’État soit à vos côtés depuis le début.
Je confirme l’engagement de l’État sur l’investissement et sur le fonctionnement futur (…) Il est
primordial que le label de scène nationale vienne sur
Toulon, et également dans le Var».
Construire dans le brouillard
Si tous sont unanimes pour débloquer les fonds d’investissement, certains restent réservés quant au
financement de son fonctionnement : environ 3,5
M€ annuels seront nécessaires -les 5,3 M€ annoncés en juillet lors de la visite de chantier de Frédéric
Mitterrand ont été revus à la baisse. Ces subventions
seront assurées à 80% par TPM rappelle Hubert Falco,
au même titre que «TPM assume déjà le fonctionnement du PôleJeunePublic au Revest, de la Villa
Tamaris à La Seyne ou de la Villa Noailles à Hyères».
Plus prudent, le conseiller régional Robert Alphonsi
affirme «qu’il ne manquera pas un centime de la Région en terme d’investissement1» mais que «des
discussions sur le budget de fonctionnement sont
ouvertes avec les partenaires et les codirecteurs, car
les arbitrages sont en cours qui tiennent compte d’autres équipements culturels varois comme Théâtres en
Dracénie». Robert Alphonsi n’évoque aucun chiffre,
bien qu’il soit «un ardent défenseur du Théâtre Liberté au sein du Conseil régional pour évaluer ensemble
le juste financement».
Difficile dans ces conditions de dévoiler le projet
Lors du point presse du 14 février © Ville de Toulon
artistique ! Cet exercice fut confié à Philippe Berling qui, malgré les incertitudes, en dressa l’axe
fondamental avec tact déterminé et une belle prudence : «la Méditerranée, terre de métissages… un état
d’esprit, une façon d’être et de vivre ensemble». Une
vaste thématique déclinée dans tous les domaines
du spectacle vivant avec une incursion du côté des
arts numériques souhaitée par Charles Berling, visiblement fatigué par ses représentations d’Ithaque
aux Amandiers de Nanterre… Pour l’instant, aucun
nom d’artiste n’est annoncé faute de financements
fermes. On apprend seulement que la première saison s’ouvrira sous les auspices de l’Italie avec une
création de Philippe Berling (L’art de la comédie, la
pièce la plus pirandellienne d’Eduardo de Filippo),
et de la Grèce avec la reprise d’Ithaque ; que de
nombreuses collaborations sont envisagées avec
Châteauvallon, l’Opéra, le festival Fimé, le
PôleJeunePublic ou le Conservatoire. Et que l’on
croise fréquemment Philippe Berling dans les salles
de spectacles régionales, à la recherche de son miel
sur son territoire.
Désenclaver le Var
En attendant l’ouverture, Charles Berling précise,
prudent et offensif à la fois : «Nous sommes en voie
d’être une scène nationale et rien n’est acquis. Nous
ne sommes pas assis sur un tas d’or ! J’entends certains
impatients ici et là sur notre travail et c’est justifié,
POLITIQUE CULTURELLE
09
mais nous respectons les moyens que l’on nous donne. C’est très tendu. Il faut que la Région et l’État soient
aux côtés de la Ville pour continuer son désenclavement».
Effectivement, la dépense moyenne de l’État par
habitant en PACA pour la culture (fonctionnement)
est d’environ 13€, et s’étage de 11€ à 21€ selon les
départements, en dehors du Var où elle n’est que de
5.60 € ! La Région PACA n’est guère plus équitable,
qui dépense 10€ en moyenne par habitant (deux
fois plus que les autres régions de France), mais 5€
seulement dans le Var. Le déséquilibre est donc patent,
difficilement compensable par le Conseil général 83
et l’agglomération TPM. Créer un label national et
régional pose aujourd’hui un réel problème à une
DRAC et une Région étranglées financièrement, qui
ne savent concrètement où trouver de quoi créer une
scène nationale-pôle régional sans toucher aux
budgets des autres ; le mode de financement et la
nomination des frères Berling ne sont d’ailleurs pas
conformes aux procédures des scènes nationales,
et relèvent de la politique volontariste de TPM. Mais
il est certain qu’il est plus que temps que ce département de plus de 900 000 habitants soit traité à
l’égal de ses voisins.
Est-ce pour ces raisons que Toulon s’est désengagée de Marseille Provence 2013 ? Membre fondateur
de l’association depuis la candidature, Hubert Falco
commente son repli en expliquant que Toulon ne peut
participer à une aventure qui n’est pas la sienne, et
dont il n’a aucune garantie qu’elle retentira sur son
territoire. Toulon, décidément, est une métropole à
part entière.
MARIE GODFRIN-GUIDICELLI ET AGNÈS FRESCHEL
1
1,100 M€ dans le cadre du Contrat de plan
État-Région
Rectificatif
Dans Zib’36 un tableau des
financements du théâtre Liberté
additionnait pour les subventions
de fonctionnement du CG 83,
celles de Châteauvallon (550 000€)
et celles du Théâtre Liberté (550
000€). Nous expliquions ces chiffres en note, mais la présentation
aux côtés de ceux de la Région et
de l’État, qui excluaient Châteauvallon, prêtait à confusion. Nous
le rectifions donc à la demande
du CG83, même si s’impliquer dans
le financement d’un théâtre nous
semble tout à l’honneur d’un
département…
10
POLITIQUE CULTURELLE
MARSEILLE-PROVENCE 2013
Marseille-Provence
2013 : cet obscur objet
de tous les désirs
Excepté les grands chantiers de réhabilitation ou de
construction qui modifieront les visages de Marseille, Aix ou Arles, rien de concret n’a été annoncé.
À mi-chemin de l’échéance, seules se dessinent les
grandes priorités : un Temps du cirque, la Folle histoire des arts de la rue, un festival de spectacles
pour enfants, un projet d’installations artistiques
dans l’espace public… Et des expositions d’envergure internationale visant au même succès que
Cézanne en Provence en 2006 : Le noir et le bleu, un
rêve méditerranéen au MuCEM, Le grand atelier du
Midi à Granet à Aix et au Palais Longchamp à Marseille… Bref, des événements structurants portés
par des équipes et des lieux qui, pour certains, ont
découvert ce jour-là les thématiques qu’ils devront
décliner ! Mais le calendrier prévisionnel est respecté, l’élaboration du programme est en cours et
sera définitivement dévoilé fin 2011.
Le territoire et les financements sont quant à eux
définitifs, et expliquent le satisfecit et l’optimisme
affichés par les institutions partenaires. De JeanClaude Gaudin qui déclara «qu’il n’y avait pas de
rivalité politique mais une adhésion commune de
tous les partenaires» avant d’annoncer que la Ville
était «en ordre de marche» et que «la cohésion
demeurait essentielle pour la réussite du projet»…
à Maryse Joissains, maire d’Aix, qui se félicita non
sans humour d’avoir trouvé un terrain d’entente
avec le maire de Marseille : «aujourd’hui Aix et le
pays d’Aix sont heureux de s’engager dans cette
aventure collective et commune, après réflexion mais
avec conviction, car toutes les conditions sont réunies (…) Et nous souhaitons jouer le rôle capital qui
nous revient». De Jacques Pfister, Président de la
CCI et de l’association MP13, qui s’enflamma «ce ne
sera pas un succès, ce sera un triomphe !» tout en
reconnaissant «la difficulté conjoncturelle pour tenir
le cap»… à Michel Pezet, vice-président du Conseil
général, qui évoqua «l’immense mouvement qui a été
lancé et qu’il convient de saluer» tout en avertissant
sur des lendemains qui pourraient déchanter : «il faut
que l’élan de Marseille Provence 2013 se poursuive :
nous serons comptables de ces échanges, de ce qui
va se passer».
Le brouillard peine
à se lever sur
Marseille-Provence
2013,
et la grand-messe
institutionnelle
du 24 février
à la Cité des arts
de la rue n’y aura
rien changé :
acteurs culturels,
artistes et
compagnies
demeurent dans leur
majorité perplexes
l’éducation ; affirmer la cohésion régionale en dépit
de la disparité du territoire, des situations financières difficiles, du tissu populaire important; et
souligner la dimension méditerranéenne : «Toute une
image du monde arabe, du monde de l’islam, de la
Méditerranée est en train de changer» rappela Michel
Vauzelle qui n’hésita pas à parler de «capitale euroméditerranéenne de la culture»…
Un territoire de lumières
Face aux «impatiences propres à chaque candidature, aux inquiétudes face aux engagements pris en
termes de grands chantiers et aux critiques sur un
projet qui se préparerait dans l’opacité, indifférent
aux artistes de la région», Bernard Latarjet dévoila
non pas un pré-programme mais un état d’avancement des projets. Sur 2200 reçus, 200 environ sont
en cours d’élaboration et 500 seront retenus au
total, répondant tous à l’objectif que s’est fixé l’association : réussir l’alliance délicate entre qualité
artistique et mobilisation populaire, entre dimensions locale et internationale, entre le caractère
évènementiel et la volonté de marquer durablement
le territoire. Mariages qui, s’ils réussissent, plongeront Marseille-Provence 2013 dans un halo de
lumière…
Pour l’heure la recette de la réussite tient dans le
bon dosage des ingrédients : des événements spectaculaires, populaires et festifs de types parades,
concerts et bals ; des expositions qui irrigueront les
musées du territoire et les lieux émergents (gare
maritime du J1 notamment) ; des projets exceptionnels voués à être pérennisés (salon de lectures,
cultures urbaines à la Friche, nouveau festival du
cinéma arabe et méditerranéen…) ; des manifestations incontournables initiées par les opérateurs
permanents (Festival d’art lyrique d’Aix, Rencontres
de la photographie d’Arles, actOral, Festival de
Marseille…) ; la poursuite des Ateliers de la Méditerranée, la mise en place d’Actions de participation
citoyenne.
Prochaine étape avec l’annonce des projets dont la
«faisabilité» financière aura été assurée et, à l’automne 2012, le calendrier définitif des réjouissances.
MARIE GODFRIN-GUIDICELLI
Capitale euro-méditerranéenne
de la culture
On retiendra plus particulièrement l’intervention de
Michel Vauzelle, Président du Conseil régional, qui
souligna, avec un humour dont il a le secret, le
© MP2013
véritable défi : profiter des projecteurs braqués sur
Marseille et la Provence pour propager un message
éthique. Car MP13 devra relever trois enjeux : œuvrer à éviter la fracture sociale par la culture et
Projets et chantiers sur le site
www.marseille-provence2013.fr
POLITIQUE CULTURELLE
11
2013,
une esthétique ?
Même s’il est difficile
aujourd’hui de savoir ce que
sera le programme de 2013,
les temps forts prévus
et les établissements culturels
retenus aujourd’hui témoignent
de quelques lignes de force
La première est l’intégration à l’idée de culture de
notions qui relèvent de l’art de vivre : gastronomie,
randonnée et mode sont prévus au programme,
comme des objets culturels qui vont de soi. Or, si
le mot culture désigne «l’ensemble des traits distinctifs d’un corps social» et «englobe, outre les arts et
les lettres, les modes de vie, les droits fondamentaux
de l’être humain, les systèmes de valeurs, les traditions et les croyances» (définition de l’Unesco), le
ministère de la Culture par exemple n’a pas intégré
ces disciplines comme des arts à subventionner, et
établit une distinction entre arts et pratiques
culturelles. Distinction qui est à la base de la notion française d’«exception culturelle», qui seule
préserve encore les artistes et les écrivains de la
nécessité de produire des œuvres rentables. Si tout
devient culturel, pourquoi ne pas subventionner les
restaus et les marques de fringues ?
Dramatique
Cette tentation du tout culturel se double par ailleurs d’un accent très net mis sur les arts de la rue :
toutes les structures du territoire sont retenues, le
Centaure va mener une transhumance, Génerik vapeur
va pousser une clameur, le Groupe F incendier les
imaginaires... Quelques compagnies musicales, chorégraphiques, circassiennes figurent également dans
le pré-projet mais aucune compagnie dramatique !
Seuls les lieux, qui sont pluridisciplinaires, et aucun
Prémonitions
La Folle Histoire des Arts de la Rue 2008 - Generik Vapeur a Salon © Algo
projet d’artiste.
Ce qui confirme la défiance actuelle envers le
théâtre. Vouloir chercher le public dans la rue, avec
des déploiements de lumière, de la fête et de la
convivialité, c’est renoncer réellement à l’idéal du
théâtre populaire. Pourtant art démocratique, qui
remplit les salles marseillaises presque aussi sûrement que le foot remplit les stades. Mais est moins
télégénique que les phares qui balayent le ciel, les
grues que l’on orne, les incandescences éphémères,
les chevaux.
Rousseau (oui oui l’affreux Jean-Jacques) dans sa
Lettre contre les spectacles distinguait le théâtre,
qu’il réprouvait, de la fête populaire, pour laquelle
Sur quoi économise-t-on quand les poches sont vides ? Les investissements liés
à MP2013, et la baisse globale des dépenses publiques, amènent par exemple
la Ville à couper dans les subventions du CiMP, la Région à réduire celles de la
Pensée de Midi, du Ballet National de Marseille, du Festival de Marseille… Par
ailleurs l’État, qui investit dans les grands chantiers de MP2013, refuse de
financer les chantiers de réhabilitation du centre de la Danse de Kéléménis, de
Montévidéo, de la Victorine… chantiers qui auraient sans doute, dans un autre
contexte, trouvé outre son aide celle de mécènes, aujourd’hui tous concentrés
sur MP2013.
Car ces structures qui voient leurs subventions baisser font partie du projet de
MP2013, et la diminution des subventions est d’autant plus dramatique pour
«un piquet couronné de fleurs» suffit, et qui a le grand
avantage de ne pas bâtir d’illusions, nuisibles au
peuple, mais du réel participatif. Marivaux dans Les
acteurs de bonne foi le contredit (voir p 16),
affinant la pensée de Diderot et D’Alembert sur les
vertus cathartiques et émancipatrices du théâtre. Y
a-t-on renoncé aujourd’hui ? Plus grave : ce mouvement relève-t-il d’une volonté politique plus ou
moins consciente de canaliser les principes subversifs du théâtre ? Ou le déploiement de lumière
et d’images prévu dans le programme n’est-il qu’un
hasard transitoire ?
AGNÈS FRESCHEL
celles qui ne seront pas retenues, et souffrent de la double peine. De même
que celles qui, en PACA, ne sont pas dans le territoire de MP2013…
Les collectivités s’étaient engagées, en 2009, à ne pas diminuer le volume de
leurs subventions courantes au fonctionnement, et à l’investissement. Si pour
l’instant la Ville et l’État ont considérablement augmenté leurs dépenses, leur
bénéfice échappe aux acteurs culturels du territoire. Seul le Conseil général
tient pour l’heure sa promesse, et Michel Pezet peut en conscience jouer les
Cassandre et prévenir de la catastrophe à venir, si le feu de paille détruit dans
ses flammes éphémères les folles herbes qui, jusqu’à présent, ont fait la
richesse culturelle de notre territoire.
A.F.
12
POLITIQUE CULTURELLE
LIVRE ET CINÉMA EN RÉGION
La Région
aux côtés de
l’exploitation !
Le 16 février s’est tenue à la Maison
de la Région la conférence territoriale
sur le soutien régional à l’exploitation
cinématographique en PACA, qui a
réuni la plupart des exploitants des
salles de cinéma de la région, tous
très concernés.
En effet, on assiste aujourd’hui à une
révolution technologique : la projection
numérique dématérialise la distribution des films, les films compressés et
numérisés par les distributeurs sont
envoyés aux salles sur disque dur et, à
terme, ils seront acheminés par satellite ou fibre optique. Le serveur de la
salle décode le fichier numérique transmis, après activation par l’opérateur
d’une clef de sécurité, et communique au projecteur les données à lire.
Bientôt, plus de bobines, plus de copies
35mm ! Mais l’équipement est coûteux, plus de 70 000 euros par écran,
ce qui est impossible à assumer pour
l’exploitation indépendante. Les dis-
positifs existants1 ne permettront pas
à tous les cinémas de s’équiper, ce qui
risque de fragiliser les petites salles.
Actuellement, un tiers seulement des
salles françaises sont numérisées. La
région Paca est en dessous de la moyenne : sur les 189 cinémas comptant
418 écrans sur 125 communes, 39
cinémas sont équipés d’au moins un
projecteur numérique ; il s’agit en fait
de 120 écrans numériques, qui sont
concentrés dans les multiplexes…
Face à cette situation qui à terme risquerait de voir la disparition d’un
nombre important de salles, la Région a affirmé «sa volonté qu’aucune
salle ne soit laissée dans l’incapacité
d’être numérisée» et met en place, en
concertation avec le CNC, un dispositif d’accompagnement des salles de
cinéma vers le numérique, qui peut
prendre en charge jusqu’à 90% de
l’équipement dans certains cas. Sont
concernées les salles de 1 à 3 écrans,
…et de l’édition
La Région Paca intervient sur la chaîne du livre à plusieurs niveaux : le
Conseil Artistique à la Création aide
les projets éditoriaux, en particulier
les auteurs, mais diverses manifestations artistiques telles que les
Correspondances de Manosque et le
Salon du Livre de Toulon, ou les centres tels que le CiPM ou le Centre
International de la Traduction Littéraire (Arles) reçoivent également son
soutien financier. 4.5 M€ sont ainsi
alloués au fonctionnement de la filière
du livre et de la lecture, mais aussi aux
investissements des bibliothèques et
médiathèques, en particulier pour la
numérisation de leurs fonds. Ces
dispositifs sont complétés par des
aides à l’emploi et à la professionnalisation (postes ADAC), mais surtout
par des actions très volontaristes envers les lycéens et apprentis, à travers
le Prix du Livre, les chèques lecture
(1.5 M€) et le fonds régional pour
l’achat des manuels scolaires (9 M€).
Comme dans le domaine du cinéma, la
Région aide également des sociétés
privées, en particulier des librairies,
© Etienne de Malglaive - AFP - Salon du livre de Paris 2010
Photo du tournage de La fille du puidatier de Daniel Auteuil © Region Paca
n’appartenant pas à un circuit de plus
de 50 écrans, soit une soixantaine de
salles. Un investissement coûteux,
mais indispensable au maintien de la
diversité culturelle et artistique.
Un certain nombre de questions subsiste : quid des établissements qui
ont plus de 3 écrans et dont la TSA
(Taxe Spéciale Additionnelle) ne suffirait pas à financer l’équipement ?
Quid de la pérennité de ces équipements numériques ? Quid du métier
de projectionniste ? L’avenir est incertain, mais il n’est plus impossible…
1
Le VPF, pour «Virtuel Print Fee»
ou «frais de copie virtuelle» permet
d’assurer la prise en charge
d’une part conséquente de
l’investissement des cinémas
par les distributeurs de films.
Le système des tiers-investisseurs
propose des solutions fondées
sur la collecte de ces VPF à travers
des sociétés qui font le lien entre
les droits de copie et les salles.
ANNIE GAVA
dans le cadre de sa politique de développement territoriale : «le fait qu’il y
ait à Gap des librairies et des cinémas
indépendants relève de nos missions»,
affirme Laurent Sterna, directeur de
la Culture et du Patrimoine.
Faire salon
La Région est également attachée, depuis 31 ans, c’est-à-dire sa création,
à participer au Salon du Livre de Paris
(du 18 au 21 mars). Elle y tient un stand
important en surface et en nombre
d’exposants : cette année 28 éditeurs1,
qui s’acquitteront pour la première
fois d’un modique droit de participation (de 100 à 600€), seront présents
dans un stand de 375m2, pour présenter leurs fonds et leurs auteurs,
participer à des rencontres, des échanges et des temps de réflexion, se faire
connaître nationalement. Si le budget
alloué cette année à cette présence
régionale est diminué de 30%, la
réduction, d’après Patrick Mennucci,
ne devrait «priver personne de visibilité».
Car «développer et soutenir l’édition
régionale» représente pour le vice-
président en charge de la Culture une
réelle priorité.
Si cela vous dit d’aller faire un tour au
Salon, sachez que la SNCF a mis en
place des tarifs spéciaux… et que
cette année 5 axes sont à l’honneur :
les écritures nordiques, les auteurs ultra
marins, Buenos Aires, ainsi que les
serial-lecteurs dévoreurs de millenium,
et le suspense (thriller et polar). Des
thèmes rassembleurs, pour un salon
visité chaque année par plus de
200 000 personnes…
A.F.
1
Picquier, Le mot et le reste, Agone, le
Bec en l‘air, Analogues, Vis-à-vis, le CiPM,
l’Ecailler du Sud, Rouge Safran… Seront
également présents, hors du grand stand
de la Région, d’autres éditeurs comme
Actes Sud ou Vents d’ailleurs
www.livre-paca.org
www.regionpaca.fr
www.salondulivreparis.com
ENTRETIEN AVEC PATRICK MENNUCCI
Lors de la conférence de presse de
Marseille Provence 2013 (voir p10)
nombre de responsables de
manifestations culturelles
semblaient inquiets. Certains parce
que la Ville de Marseille diminue
ses subventions. D’autres parce que
l’État ne s’engage plus sur leurs
projets. Et d’autres enfin parce que
le montant 2011 de leur subvention
régionale venait de tomber…
À l’heure où Bernard Latarjet parle
de la «faisabilité» financière
comme d’un critère pour retenir
in fine les projets pressentis,
qu’en sera-t-il si les subventions
courantes diminuent ?
Patrick Mennucci répond à ces
inquiétudes en assumant ses choix
Zibeline : Le budget global que la Région alloue à la
culture est-il en baisse ?
Patrick Mennucci : Le budget prévisionnel de fonctionnement, oui. La Région consacrait l’an dernier
45M d’€ à ce poste. Cette année, dans le budget prévisionnel nous sommes à 43M, soit une baisse d’un
peu plus de 4%. Cela ne veut pas dire que cette
baisse sera effective au bout de l’année, et cela ne
concerne que le fonctionnement. Les investissements,
en particulier dans le cinéma et le livre, sont
considérables. Sans parler de la préparation de 2013,
où nous sommes de tous les chantiers.
Pourquoi cette baisse, même si elle est relative, alors
que la Région avait promis lors de son engagement
pour Marseille-Provence 2013 qu’elle ne toucherait
pas aux subventions courantes des associations ?
Parce que le gouvernement nous y oblige ! Il prive
la région PACA de 176 millions de recettes sur 4 ans,
soit 40 millions par an ! La culture est très peu
touchée par les baisses de budget, qui sont bien plus
importantes ailleurs. On vient toujours nous voir,
parce que nous sommes là et que nos portes sont
ouvertes, pour se plaindre de la baisse des subven-
13
Un budget
qui prend l’eau…
tions. Mais qu’en est-il du Ministère ? Et de la suppression des CAE qui va mettre en grande difficulté
un nombre considérable de petites associations culturelles ? Nous sommes comme elles victimes de la
politique actuelle de l’État.
Certains choix budgétaires sont faits pourtant,
comme de donner 10 millions pour couvrir le stade
vélodrome, plus 10 millions encore pour le stade de
rugby et les piscines municipales. Monsieur Gaudin,
lors de ses vœux annuels, a déclaré qu’il n’en
espérait pas tant de Monsieur Vauzelle…
La majorité a voté à l’assemblée régionale, je ne suis
pas responsable de ces choix-là.
Mais solidaire ?
De la majorité régionale ? Bien sûr !
Comment avez-vous ordonné ces baisses de budget ?
Uniformément ou en ciblant certains postes, en
infléchissant des choix précédents…
Nous avons essayé, avec la Direction de la culture,
de faire des choix intelligents. De supprimer notre
aide à des associations obsolètes, comme le Chœur
Régional, qui est un regroupement d’amateurs, et qui
ne correspond plus aux orientations de la Région.
Nous avons aussi remis en cause la conven-tion de
partenariat avec France 3 de 300 000 euros, et
baissé notre participation au Festival de Cannes, qui
n’a pas besoin de nous.
Mais qui a mis en place des actions envers les lycéens…
Nous ne touchons pas à ces budgets, qui sont spécifiques, mais à la subvention générale. Les 40 000 € pour
les actions envers les lycéens sont intégralement
maintenus.
Vous diminuez aussi les subventions du Festival de
Marseille, du Ballet National de Marseille
Oui, mais légèrement. Ce sont de gros budgets, pilotés l’un par la volonté de la Ville l’autre par la
volonté de l’État. Ils n’ont pas autant besoin de nous
que d’autres… Si nous voulons aider à la création de
manifestations nouvelles, et nous croyons que le
territoire en a besoin, il faut bien que nous touchions au budget des autres. Du moins dans le contexte
actuel de forte diminution de nos ressources ! Les
Bonnes pratiques
Depuis 2007 la région PACA a
soutenu par le dispositif AGIR plus
de 800 projets qui s’engageaient
à maîtriser la consommation énergétique. Un fonds d’innovation de
70 M€ pour aides sur 4 années
communes, entreprises, professionnels du tourisme, associations…
à s’engager pour un développement «durable» en consommant
mieux et en s’équipant sans
couter à l’environnement. Ce dispositif est prolongé durant 4 ans
(pour 60 Md’€) pour des actions
POLITIQUE CULTURELLE
concernant plus particulièrement
l’équipement culturel des lieux,
financés en partie au niveau du
chauffage et des moyens de
transports, et les éco-festivals qui
s’engagent à ne pas abimer le
cadre de leurs événements. C’est
le cinéma qui préoccupe particulièrement la région : l’équipement
des salles, mais surtout les tournages. Deuxième région de France
en terme de lieux de tournage
(après Paris), PACA s’engage sur
une activité culturelle particu-
lièrement énergivore : les éclairages
de plateaux sont donc repensés,
les transports des productions, le
recyclage des batteries, les groupes électrogènes… La notion de
tournage et de festival éco-responsables fait son chemin !
A.F
Charte d’engagement et dossiers
de demande (jusqu’au 31 mars).
www.regionpaca.fr/notreregion/energie-agir/
agir-plus.html
subventions allouées ne peuvent pas être automatiquement reconduites, ou augmentées, d’une année
sur l’autre. Tout simplement parce que le budget
n’est pas en croissance.
Et la Pensée de midi ?
Oui. Là la baisse est importante, puisque la Région
se désengage complètement. Mais c’est une revue
éditée par Actes Sud, que la Région a soutenue pendant dix ans, dont la réputation n’est plus à faire
-on l’a vu d’ailleurs au nombre de ses soutiens dans
la presse nationale !- et qui doit pouvoir aujourd’hui
survivre sans nous.
Mais pourquoi une coupe aussi brutale, alors que
Thierry Fabre semblait avoir anticipé la baisse, et
tablé sur un désengagement progressif ?
Parce que la Région n’a pas vocation à être le principal financeur d’une revue, qui doit au bout de dix
ans parvenir à un équilibre budgétaire d’un autre ordre.
Nombre de publications indépendantes aimeraient
pouvoir bénéficier d’un tel soutien durant dix ans !
ENTRETIEN RÉALISÉ PAR AGNÈS FRESCHEL
14
POLITIQUE CULTURELLE
JOURNÉE DE LA FEMME
Les femmes
et leurs représentations
Journées des femmes, mois de la femme… ces célébrations ont quelque chose
d’insupportable en ce qu’elles présupposent que le reste du temps est détenu
par les hommes… mais elles sont nécessaires. La sous-représentation des
femmes dans les sphères de direction, aux postes de décision, dans les conseils
d’administration, est flagrante. Et ne progresse pas depuis 30 ans. En revanche
la sur-représentation des femmes dans les petits boulots, les temps partiels
contraints, et au chômage, l’est tout autant. Sans parler des inégalités de
salaires (27% !) qui ne se résorbent pas plus que l’inégalité de la répartition
des tâches ménagères et familiales… Pourtant les femmes sont aujourd’hui
plus diplômées, et meilleures à tous les niveaux scolaires et universitaires.
Elles sont aussi beaucoup moins nombreuses à commettre des délits, et moins
encore des crimes…
Pourquoi ces inégalités criantes dans les faits, qui persistent malgré l’égalité
de droit, restent-elles peu visibles dans les discours ? C’est que dans les médias,
la presse, dans le monde scolaire et universitaire, dans les syndicats les femmes
sont nombreuses… mais dirigées par des hommes. De même dans la culture :
les femmes lisent, vont au spectacle, au cinéma bien plus que les hommes…
mais pour y contempler, très majoritairement, des discours masculins. Et
l’image des femmes trimballées par le monde de la communication est de plus
en plus contraignante : jeune, mince, belle, soignée, performante, active, mère,
ménagère, la femme doit tout réussir, et toujours plaire… Il semble donc
urgent de travailler à changer la représentation de la femme !
Car Zibeline, mensuel féministe mais pas féminin, culturel sans rubrique
cuisine, beauté ou jardin, constate chaque mois que malgré l’attention
particulière que nous portons aux créations et discours des femmes, elles
restent minoritaires même dans nos pages ! Si dans notre région plusieurs
lieux culturels importants sont dirigés par des femmes, elles restent très
minoritaires dans les programmations.
Qu’en est-il des femmes artistes, des intellectuelles, et plus particulièrement,
à l’heure de son bouleversement, où en sont-elles sur l’autre rive de la
Méditerranée ?
A.F.
Pour un féminisme relationnel
Le 8 mars, malice du calendrier, dans le cadre
des Mardis du MuCEM Thierry Fabre recevait
la sociologue Irène Théry, directrice d’études
à l’EHESS sur le thème de Genre et sexualité
à l’heure de la mondialisation :
un «choc des cultures» ?
Devant une salle comble et comme
toujours très attentive, Irène Théry a
d’abord souligné qu’elle tenait à distance l’idée de cultures antagonistes
et voulait proposer de renouveler le
regard sur l’Autre, en passant par une
conception un peu différente de
l’égalité des sexes.
En effet un consensus existe au niveau des démocraties sur la nécessité
d’agir dans le sens des droits des femmes. Mais la controverse surgit quant
au contenu à lui donner : la sociologue rappelle pour exemple ses doutes
sur la parité qui, tout en mettant fin
aux «plaintes» ne s’attaque pas aux
causes de la disparité. L’égalité ne
saurait être simplement mesurable
aux droits acquis qui font de la femme un homme comme un autre mais
doit constituer une nouvelle façon de
«poser les questions» selon la formule de Castoriadis. Elle doit engager
une conception générale de la société et donc interroger le lien entre
les sexes, la répartition des valeurs
attachées au féminin et au masculin :
il s’agit d’inventer une nouvelle façon
de les faire tenir ensemble. La complémentarité est encore à penser sans
renier une identité sexuée et sans
rupture aveugle avec les sociétés du
passé, sans mépris donc pour des
systèmes plus traditionnels.
C’est à cet endroit que s’inscrit la
notion de genre, qui récuse l’essentialisme, le déterminisme biologique
ou culturel et prend en compte les
rôles à jouer dans une société par une
personne. Cette notion, fondée sur la
trajectoire, l’articulation, «l’interlocution» et non le clivage peut être un
outil pour avancer vers l’utopie encore, sans le modèle de l’égalité de
sexe. Démontrant combien il y a
d’hypocrisie et d’irresponsabilité à
désigner l’Autre (en l’occurrence le
musulman) comme barbare car ne
respectant pas l’égalité comptable,
Irène Théry fait un bref historique de
la civilité sexuelle dans nos sociétés :
de la morale double du XIXe siècle
ancrée dans l’ordre sexuel matrimonial (aux filles la névrose, aux hommes
le bordel) et tout en maintenant
l’interdit de l’inceste, on est passé à
la toute puissance «législative» du
consentement censé garantir la
liberté…
Et puis ?
Et la réflexion malheureusement s’arrête-là ! Alors que la vraie question
est consentir à quoi ? pour quoi ?,
question posée par exemple par une
association comme «Ni Putes, ni Soumises» à l’ensemble d’une société, ou
les manifestations de femmes en
Italie «Sexe oui... bunga-bunga non !».
S’il est absolument nécessaire d’éviter
l’angélisme social, qui fait croire qu’il
suffit de décréter l’égalité ou de faire
table rase, ou l’autosatisfaction (on
est en train d’y arriver, nombre de
gens pensent l’égalité acquise), si on
ne peut ignorer le désarroi ou les
souffrances liées à la destruction d’un
ordre traditionnel, la question de ce
qui induit les femmes et les hommes
à consentir à la domination réelle doit
être clairement posée. Et combattue.
MARIE-JO DHO
Le dernier ouvrage d’Irène Théry
paru sur le sujet est La distinction
de sexe, une nouvelle approche
de l’égalité (Odile Jacob 2007).
Dans le cadre des conférences
initiées par Échange et diffusion
des savoirs, Irène Théry traitera
de la question des Métamorphoses
du corps humain : le « biologique »
et ses malentendus, le 24 mars à
18h30 à l’Hôtel du département
(04 96 11 24 51).
Dans le cadre de Perspectives
Plurielles (groupe de rechercheaction sur les croisements Genre /
classe / race), conférence de
Souleymane Hassane, historien
et philosophe : Genres,
classes,cultures et domination,
le 22 mars au Polygone étoilé
(Marseille) ; présentation des
derniers travaux de Jules Falquet,
sociologue, féministe, enseignantechercheure à l’UFR de Sciences
Sociales à Paris à la librairie
Regards, centre de la Vieille Charité,
le 1er avril à 18h30 ; exposé-débat
sur le féminisme «radical»
aujourd’hui avec Jules Falquet
et le groupe Perspectives Plurielles,
le 2 avril à 14h Au Seul problème
(Marseille).
POLITIQUE CULTURELLE 15
Femmes et ouvrières
«Qui est plus oublié
que l’ouvrier ? L’ouvrière !»
aime à rappeler Edmonde Franchi, directrice du
Cocktail théâtre et auteur de Carmenseitas. Son
spectacle, plein de verve et d’humanité ne cesse de
susciter débats et conférences. Certes, il n’y a plus de
cigarières aux entrepôts de la Seita, mais leur histoire
avec ses luttes se mêle à l’histoire tout court, et nous
entraîne à des questionnements qui restent d’une
actualité toujours vive et parfois douloureuse. Les
deux grands centres des archives de la région, les ABD
de Marseille et le centre aixois des Archives
départementales se sont attachés avec une belle
justesse au sujet, unissant le rappel de la pièce, par
la lecture d’extraits, l’exposition de huit panneaux qui
reprennent les dates et les témoignages (sur environ
un siècle), et des débats rassemblant des historiens
spécialistes de cette période.
Une expo de fureur et d’humour
Les panneaux constituent un fond de scène où les
notations précisent les dates marquantes : 1890, et
Marie Deleuil, première représentante du syndicat
des ouvrières fédérées aux tabacs de Marseille et qui
partit à Riom, Orléans… pour aider à la création de
syndicats tous majoritairement féminins. La loi de
1940 d’épuration de l’administration, où 7300
fonctionnaires sont licenciés, rétrogradés, mis à la
retraite d’office, avec la double peine pour les femmes
épouses de juifs ou de communistes… Les slogans
sont pleins d’une ironie grinçante : «Dans la femme
tout est bon !», de la «femme-femme» parangon de
la mode jusqu’à la ménagère ou/et l’ouvrière !, «Les
mains de la femme sont des bijoux dont je suis
fou» ! et 1200 femmes roulent les cigares à la main
11 heures par jour et six jours par semaine… payant
le prix du «progrès» de la mécanisation qui engendre
l’augmentation des cadences et des accidents du
travail, les doigts coupés…
Un texte fort
Des extraits de Carmenseitas sont lus par l’actrice
Catherine Sparta et le metteur en scène de la pièce,
Agnès Regolo. Portraits de Lucia, de Martine, de Rose,
de Fernande, veuve de guerre, évocation de la grande
© Agnès Mellon
grève du 30 novembre 1938 (la semaine de 40 heures
s’assortissait d’heures supplémentaires, on pouvait
ainsi travailler 48 heures !) : l’enquête menée par
Edmonde Franchi pour construire son spectacle
rassemble des témoignages précieux… Les textes
sont dits avec une belle et sensible émotion :
dépouillés du contexte scénique, ils acquièrent une
force d’un autre ordre. Les deux lectrices rappellent
l’enjeu principal, la lutte contre l’oubli, la résistance
à l’effacement. Elles évoquent la capacité du théâtre
à parler du passé au présent, et ainsi à induire un
questionnement sur nos représentations de nousmêmes, qui seules peuvent changer les rapports réels
entre les sexes…
de la manufacture de la Belle de Mai. Cette dernière
insiste sur le caractère essentiel du témoignage oral,
«on y entend vibrer quelque chose». Robert Mencherini
développe, généralise à partir des témoignages,
compare les différents secteurs d’activité.
Discrimination, aliénation, assujettissement aussi aux
maris auxquels les femmes, par la loi étaient
contraintes de remettre leur salaire jusqu’en 1965 !
Le débat qui suit est passionné, passionnant aussi.
«La lutte contre le pouvoir, c’est la lutte de la mémoire
contre l’oubli» a dit Kundera. Se pencher sur le travail
de nos mères n’est pas superflu, pour comprendre la
condition féminine actuelle, en particulier celle des
femmes au travail, moins payées, victimes de
chômage, de temps partiel imposé et de
discriminations à l’embauche comme à
l’avancement…
De l’anecdotique à l’histoire
Trois historiens débattent ensuite sur le thème plus
général de la femme et le monde du travail. Caroline
Mackenzie, présidente de l’association Les Femmes et
la Ville, lit les recherches d’Yvonne Knibiehler, fondé
sur les témoignages de quatre femmes de la
manufacture des tabacs. Philippe Mioche rend
compte de son travail pour rassembler les documents
et remet à Jacqueline Ursch, directrice des Archives
Départementales, les 20 enregistrements des femmes
MARYVONNE COLOMBANI
Carmenseitas sera joué le 25 mars
à l’Espace Gérard Philippe
à Port-Saint-Louis-du-Rhône.
Être et devenir
pièce de théâtre. Ainsi partage-t-on les
indignations de la jeune actrice Shadi, figure
centrale du film documentaire de Maryam
Khakipour, tout au long du voyage qui la conduit
Women without men de Shirin Neshat
Dédié aux femmes d’exception, le cycle Au nom des
femmes initié par l’Alcazar en collaboration avec le
Festival Films Femmes Méditerranée et le CMCA,
a proposé cette année trois films dont les
réalisatrices, chacune à leur façon, mettent en
scène des prises de conscience et des combats
féminins contre l’injustice ou la résignation. Ainsi
suit-on, fascinés par la force poétique des images
de Shirin Neshat, l’itinéraire symbolique des
quatre iraniennes de Women without men vers un
verger métaphorique. Ainsi regarde-t-on, émus et
amusés, les neuf paysannes turques du
documentaire Oyun de Pelin Esmer, formidables
d’énergie et de détermination, reconquérant
l’estime d’elles-mêmes et celle des autres, se
réappropriant un destin pas toujours drôle,
distançant leurs malheurs par la création d’une
avec ses collègues de Téhéran à Paris. L’histoire
de ces comédiens de la joie expulsés de leur théâtre,
invités par Ariane Mouchkine pour monter un
spectacle à Vincennes, révélant en contrepoint
toute la perversité d’un système politico-religieux
hostile non seulement aux femmes mais aussi au
rire et à l’improvisation incarnés par la troupe du
Siâ Bâzi proche de notre commedia dell’arte,
menée par le Noir, Arlequin-Scapin, fourbe et
joyeux. Comme Shadi, ces acteurs, prisonniers de
l’auto-censure sournoise que toute dictature instille
en chacun, directement menacés par un metteur
en scène choisi par le pouvoir pour les surveiller et
qu’Ariane remet vertement en place dans une scène
d’anthologie, retrouvent sous nos yeux ravis une
confiance perdue.
ÉLISE PADOVANI
16
POLITIQUE CULTURELLE
JOURNÉE DE LA FEMME
Femmes artistes en Méditerranée
Le 10 mars se tenait à la Cité du
livre d’Aix une table ronde de
haute volée, rassemblant cinq
artistes exceptionnelles qui ont
conjugué leurs voix sur le thème
épineux «être femme, être
artiste en Méditerranée»
Résistant aux obscurantismes qui cherchent à les
réduire au silence, dans une politique générale de
sclérose de la culture, les femmes des pays du sud
de la Méditerranée parlent à rebours des
stéréotypes. Premier acte insurrectionnel ! Car si
seule la violence est médiatisée, il est des forces de
progrès artistiques pacifiques qui répondent aux
questionnements existentiels.
Laïcisation
Wassyla Tamzali, écrivaine, militante, Directrice
du Programme de l’Unesco pour la Promotion de la
condition des femmes en Méditerranée, insiste sur
la laïcisation, absolue nécessité des pays arabes,
rappelle que le féminisme repose sur une recherche
d’égalité, de liberté ontologique, et se réjouit de
voir des danseuses à ses côtés : le corps est le lieu
de la domination dans des pays où on le cache de
manière caricaturale, sacralisant une morale
sexuelle par ces interdits. La mise en scène du
corps est donc essentielle dans les pays du sud
méditerranéen, où l’on a remplacé «une grande
religion monothéiste qui parle de transcendance par
des règles comportementalistes dans lesquelles on
réduit l’intelligence» ! Elle évoque ensuite l’Algérie,
«qui a 20 ans» et est un «nous magnifique». Mais
quel travail austère doit être accompli pour devenir
«je» dans le «nous» ! Le féminisme, qui peut
toujours attendre, sera-t-il sacrifié à l’autel de la
révolution ? «La liberté passe par la destruction des
mythes. Aujourd’hui les jeunes filles en Algérie
affirment qu’elles ne veulent pas le respect, mais
l’égalité. Les jeunes, femmes et hommes, refusent
que la libération de leur pays passe par le sacrifice
de la liberté individuelle et disent de façon très forte
qu’ils veulent être des sujets libres.»
Sonia Chamkhi, écrivaine et universitaire, insiste
sur le fait que les femmes Tunisiennes veulent un
état laïc : la séparation entre la religion et l’état
protège les femmes. Pour les Tunisiennes, il s’agit
autant de préserver les acquis que de fournir un
effort pédagogique en direction des classes les plus
déshéritées, proies faciles pour les islamistes qui
créent un lien social sécurisant. Cinéaste aussi, elle
présentait à Aix et Marseille L’art du Mezoued, (voir
ci-contre).
Créer !
Mona Saudi raconte sa vie, extraordinaire, sa
relation à la sculpture depuis son enfance, la
transgression que cet art représentait alors : sa
mère lui disait que les statues étaient des
Le Cri © Laurent Philippe
personnes qui avaient désobéi à Dieu et avaient
été transformées en pierres ! Ce qui lui a appris, à
rebours, que sans liberté, il est impossible de
créer… Libre, elle l’a été, partant pour le Liban à
17 ans, liant des amitiés avec les intellectuels,
vivant de ses dessins et surtout, de ses sculptures.
Visiter l’exposition de ses œuvres en hommage à
Saint-John Perse est un bonheur : les illustrations
de Chant pour un équinoxe, traduit en 10 langues,
jouent avec l’esthétique minérale. «Je dessine
comme je sculpte, je suis restée liée à la terre.» La
pierre se décline, remodelée en une géométrie
intérieure mouvante. Au sein d’un même espace,
les variations se révèlent infinies. Danse cosmique
aussi des dessins inspirés du poème Tablettes de
Petra d’Andonis, les écritures et les formes
s’enlacent en échos majeurs.
Les chorégraphes des deux spectacles présentés au
Pavillon Noir, plus jeunes que les autres
intervenantes, n’éprouvent pas le besoin d’affirmer
leur féminisme avec la même force. «Nous sommes
femmes, tout simplement» s’exclame Bouchra
Ouizguen dont le spectacle Madame Plaza montre
bien qu’elle «n’aime pas les cases» (voir zib’25).
Nacera Belaza quant à elle évoque le voyage
intérieur qui lui a permis d’aller à la rencontre
d’elle-même. «Soi est un univers», l’art est une
conséquence de l’introspection. Sa révolte, est
«sourde, sculptée, canalisée pour sortir au fil du
temps.» Elle cherche ainsi le point de jonction entre
vie intérieure et chorégraphie. Son spectacle, Le
cri, est une danse de l’immobilité. Les seuls
mouvements des bras rythment l’espace en de
lancinants émois, un Boléro de Ravel soufi. Ce
mouvement immobile comme immuable nous fait
pénétrer dans une intériorité exaltée. Nous sommes
en face d’un tableau où les lignes inlassables
exacerbent l’espace. Sur le support vidéo,
l’accélération des gestes se résout en monolithes
épurés. Visiblement la femme est née.
MARYVONNE COLOMBANI
Le Cri a été dansé les 11 et 12 mars, Madame Plaza
le 9 mars au Pavillon Noir.
Exposition de Mona Saudi Hommage à Saint-John
Perse jusqu’au 11 juin à la Cité du livre, Aix.
POLITIQUE CULTURELLE 17
La femme mémoire du peuple ?
Rencontre avec une tunisienne, universitaire, écrivaine et cinéaste
Sonia Chamkhi, qui a participé à la
révolution tunisienne, «venue des
couches populaires d’abord et pas des
classes moyennes comme on a pu
l’entendre», était invitée par la Cité
du Livre à Aix pour la table ronde
Être femme, être artiste en
Méditerranée. Sonia Chamkhi a
présenté deux de ses films à
l’Institut de l’Image, et un
documentaire au CRDP L’Art du
Mezoued.
Zibeline : D’où vous est venue l’idée
de réaliser un documentaire sur le
Mezoued ?
Sonia Chamkhi : Le mezoued est
d’abord un instrument de musique,
une
cornemuse
traditionnelle
fabriquée avec une peau de chèvre,
qui a donné son nom à un genre de
musique populaire, un art interdit
pendant les années Bourguiba,
aseptisé sous Ben Ali. C’est un art
issu de l’exode rural ; au départ, ce
sont des ouvriers, célibataires, qui
chantent et dansent leur exode, leur
Sonia Chamkhi © A.G
rejet parfois. Ils l’ont transmis à leurs
enfants et avec le développement des
cassettes, ils ont fait concurrence à
la musique arabo-andalouse : cela a
indisposé
l’élite
tunisienne.
Paradoxalement, c’est une musique
que tout le monde connaît et
apprécie, qui a un succès populaire
incroyable.
Une
musique
d’hommes,
essentiellement ?
Oui ! Un univers, masculin, viril ! Un
Quand
une femme
dit non,
c’est NON !
Le 8 mars pour la Journée Internationale des
Femmes, l’association des Femmes Chefs d’Entreprise
de Marseille et d’Aix-en-Provence et les Rencontres
Films Femmes Méditerranée ont décidé de présenter
à l’Alhambra le film d’UN réalisateur iranien, Kambozia Partovi. Parmi le public qui a fort apprécié la
projection, une trentaine de femmes chefs d’entreprise de la région.
art privé de mémoire, de traces. J’ai
décidé de faire un film sur cet art
«underground», contestataire, qui
risque de se perdre, qui est méprisé
par l’élite responsable de son
exclusion de l’enseignement musical
en Tunisie, même au Conservatoire
des Arts populaires. C’est une
musique basée sur l’improvisation qui
raconte les gens, leur quotidien.
Le projet n’a pas dû être facile à
monter…
Non ! C’est une auto production ! J’ai
entamé des démarches pour le
financement, sans succès, alors je l’ai
réalisé avec mes économies. J’ai fait
des recherches pendant deux ans et
des repérages durant six mois : aucun
document écrit, aucune étude
musicale, aucun répertoire des
musiciens. J’ai travaillé avec un
musicologue et un spécialiste des
expressions populaires qui m’ont
beaucoup aidée. Je suis allée dans les
quartiers populaires rencontrer des
musiciens qui m’ont impressionnée.
Le film Café transit retrace la résistance d’une
femme iranienne, à la frontière irano-turque. Après
le décès de son époux, Reyhan (interprétée avec
beaucoup de sensibilité par la femme du
réalisateur, Fereshteh Sadre Orafaiy) devrait,
selon la coutume du lévirat, épouser son beau-frère,
Nasser, qui s’occuperait d’elle et de ses deux
enfants. Elle refuse et choisit de rouvrir le
restaurant routier que tenait son mari. Et ça
marche ! Les routiers s’arrêtent et apprécient les
plats alléchants qu’elle leur concocte cachée dans
sa cuisine, en particulier, Zacharias (superbe
Nikolas Padapopoulos qui en a fait «craquer» plus
d’une dans la salle !), un Grec à qui elle fait oublier son chagrin d’amour. Elle prend sous son aile
Svieta, une jeune Russe qui a fui la guerre. Et c’est
avec beaucoup de
Cafe Transit de Kambozia Partovi
nostalgie que tous deux
se souviendront de ces
moments passés dans le
«nid» bleu, de Reyhan,
que Nasser réussira à
faire
fermer,
sans
parvenir à la soumettre.
Ce film, réalisé par celui
qui a été le scénariste
des films de son ami
Jafar Panahi -Le cercle
et Le Ballon blanc-, a le
mérite de montrer que la
ténacité des femmes
paie. Jusqu’en Iran !
ANNIE GAVA
J’ai pu mettre un visage sur des
musiciens dont les gens autour de
moi adoraient la musique comme
Salah Farzit.
Comment le film a-t-il été accueilli ?
Il est sorti le 14 août 2010 au cinéma
l’Afric’Art à Tunis et a reçu un accueil
enthousiaste. Salah Farzit y était
présent. «A chacun de mes succès, je
suis arrêté par la police. Pourquoi ?
Pas la moindre réponse. Au
commissariat, ne sachant que faire de
moi, on finit par me relâcher. Mais
c’est comme ça…», dit- il dans le
film. Ce soir-là un tabou a été
dépassé.
Comment conciliez-vous votre travail
en cinéma et votre activité
d’écrivaine ?
J’écris entre deux films, période qui
dure environ 4 ans. Ce n’est pas
évident de faire des films en Tunisie !
PROPOS RECUEILLIS PAR ANNIE GAVA
18
THÉÂTRE
LE GYMNASE | LA CRIÉE
Le théâtre et la fête
Jean-Pierre Vincent et Bernard Chartreux
ont déniché un formidable défenseur
du théâtre populaire : Marivaux !
Contempteur de Rousseau et de ses
terribles positions pour la fête de village contre le spectacle, le plus subtil
de nos dramaturges campe le plus
épais de nos philosophes en une
bourgeoise de campagne à l’horizon
intellectuel limité, l’opposant d’un côté
à la solide sagesse populaire de ses
gens, et de l’autre aux subtils jeux intellectuels, un peu pervers, de la noblesse
parisienne. La provinciale s’en sort fort
mal, et le théâtre triomphe ! Jean-Pierre
Vincent met en scène cette pièce composite, étonnante, didactique par endroits
puis subtilement sadienne, en la confiant
en bois, de foin, d’un réalisme sans
distance et sans ironie ; mais le théâtre
populaire triomphe, et en sortant on
s’étonne des projecteurs inutiles braqués sur le ciel marseillais pour signaler
que «Marseille accélère». Depuis 1760,
on n’a guère avancé dans la réflexion
sur la culture, et les «piquets couronnés
de fleurs» (voir p 11) que Marivaux raille
philosophiquement continuent de tenir
lieu d’appel à la fête, et de camoufler
notre commune aspiration à l’art…
AGNÈS FRESCHEL
© Pascal Victor
pour l’essentiel à de formidables jeunes
acteurs formés dans nos écoles d’État,
et sans recourir à des têtes d’affiche.
Le public est là, comprend, s’amuse.
On peut s’étonner du choix scénographique d’une arrière-cour, de pommes
Les Acteurs de bonne foi ont été joués
au Gymnase du 15 au 19 février
Un pied dans la farce… Femme debout
MARIE GODFRIN-GUIDICELLI
À venir
Un Pied dans le crime se joue jusqu’au 27 mars à La Criée
© Brigitte Enguerand
Vienne, début du XXe
siècle ; on en reconnaît la
vague rumeur «moderne»
du tram dans la rue et la
rousseur fauve des cheveux -coupe Egon Schielede Zerline/ Marilù
Marini ; une chambre en
ville, gris impeccable et lit
défait au pli près. Un jeune
locataire va servir d’oreille
inattentive puis franchement lassée au récit de la
servante vieillissante mais
fougueuse ; un non-personnage qui en fait sans
doute trop avec ses mines
effarouchées, sa robe de
chambre à carreaux et
son air niais. Du récit au
quasi monologue, la parole de Zerline convoque
tout une époque, une
société de frus-trations, d’hypocrisie
instituée au cœur de l’ordre bourgeois
supposé immuable : l’épouse adultère
enfante en silence la bâtarde, la
servante se fait prendre fur-tivement
les seins et tout s’achève au pavillon
de chasse. Confort pourrissant d’un
siècle qui va imploser: le plafond de la
chambre a craqué le premier, béance
voilée, poche de lumière et de
mémoire qui va faiblement éclairer la
bouffée verbale crue, féroce et cynique
de la femme qui a osé !
De Maeterlinck à Claudel, Yves Beaunesne aime les beaux textes qui font
vivre des personnages singuliers à l’aigu
des sentiments et à l’abri des jugements ; Marilù Marini, égérie d’Alfredo
Arias, «femme assise» de Copi, endosse un rôle marqué par l’interprétation
© Guy Delahaye
…et un pied seulement dans le crime, chez Labiche on n’est jamais totalement un
assassin ! Peu importe l’intrigue d’ailleurs, une histoire de relations de voisinages
empoisonnées, l’essentiel est ailleurs : dans le portrait féroce des petits-bourgeois
du Second Empire, dans la caricature d’une vie morne et plate, dans la peinture
au vitriol de caractères plus ou moins pitoyables. La galerie est artificielle mais
drôlement efficace : un polisson (inénarrable Dominique Pinon), une vieille rosse
(Philippe Torreton plus vrai que nature), un fourbe (admirable Jean-Pol Dubois),
une dame du monde (la piquante Valérie Keruzoré)… Rien ni personne n’est
épargné, pas plus les mœurs que la politique, ou les petites mesquineries qui
rendent ces philistins finalement très humains. Entre deux rebondissements, trois
quiproquos, pléthore de sous-entendus et d’inventions cocasses entrecoupées
de rares silences dramatiques et de parties chantées reprises en chœur par le
public, la pièce file à vive allure. C’est que Jean-Louis Benoît fonce bille en tête
dans le burlesque, la parodie et rebondit avec allégresse sur la partition de Labiche,
sa démesure, son outrance et son réalisme ! Les dialogues pétaradent, les chaises
tombent, les voix s’échauffent, les visages grimacent, les perruques s’ébouriffent,
les faux nez rougissent, c’est l’apocalypse sur le plateau… Emportés dans ce
tourbillon pendant plus de deux heures, les acteurs excellent, virevoltent,
transpirent, offrent leur talent généreux à un public chauffé à bloc par la joie de
se retrouver au Grand théâtre de La Criée fermé depuis trois ans. On ne pouvait
espérer meilleur divertissement -dont Labiche s’est fait le chantre- pour faire la fête
au Théâtre !
de Jeanne Moreau ; le monde que cette
dernière, impavide, convoquait de loin
et de haut, elle le broie, vibrante, de ses
mots carnassiers, avec sa voix un peu
cassée et son accent qui redouble les
grincements de cette parole libre ; la
sécheresse cassante de son anathème
«bastringue des sentiments!» ravale
tout le reste du décor et de la mise en
scène au rang d’accessoires !
MARIE JO DHÔ
À venir
Le Récit de la Servante Zerline,
tiré des Irresponsables
d’Hermann Broch, mise en scène
de Yves Beaunesne est donné
à La Criée jusqu’au 19 mars
04 91 54 70 54
www.theatre-lacriee.com
20
THÉÂTRE
LA FRICHE | LENCHE
Chiant comme la mort !
grité de ses acteurs, faisant art de la
décrépitude des corps et des sentiments dans ce qu’elle a d’inéluctable :
sa réduction au néant. Avec le talent
d’un chef d’orchestre despotique et
paradoxalement tendre, un sens aigu
des déplacements, des diagonales des
corps dans l’espace. Attitude perverse
ou posture subversive, la question demeure tant il façonne ses acteurs à la
manière du peintre son modèle, décidant leur mise en lumière comme leur
mise à mort. Notre silence signifie-t-il
notre acceptation ? notre caution ? En
guise d’absolution on feint d’être au
théâtre et que cela n’affecte en rien
leur vie, la nôtre, car cette partie d’échec
humaine interroge la nécessité d’une
distanciation entre le théâtre et la vie…
© Francis Blaise
Ceci n’est pas un spectacle. Ceci est
une pièce de théâtre sur la dilatation
de l’espace entre un texte «intimement
lié aux corps» et l’histoire des acteurs,
sur l’ambiguïté relationnelle entre un
metteur en scène et ses acteurs. À sec
de François-Michel Pesenti revêt les
habits de la peinture expressionniste
allemande dans l’âpreté de sa représentation, glaçante comme la lame
d’un couteau, sans décor ni musique,
où seuls les acteurs comptent. Et les
mots, d’une crudité parfois blessante
qu’il lance depuis son pupitre aux
visages d’Henriette Palazzi, comédienne
âgée totalement nue («le sein néanmoins amaigri et la fesse tombante»), de
Marcelle Basso, Eric Feldman, Marianne Houspie, Emmanuèle Stochl et
Pierre Palmi, fidèle parmi les fidèles qui
signe l’un des moments forts de la
pièce. Dernières minutes durant lesquelles il tranche dans le vif, sanguin
et charnel, éructe, aboie, miaule à l’aube de sa mort et nous jette à la figure
«je ne veux pas être enterré !». Car tout
ici questionne notre finitude, nos der-
niers désirs et nos derniers rêves. Tous
lancent un ultime cri de guerre contre
la débâcle annoncée. Une fois encore
François-Michel Pesenti éprouve l’inté-
MARIE GODFRIN-GUIDICELLI
À sec a été joué du 17 au 24 février
à la Friche Belle de mai
Foire d’empoigne
M.G.-G.
Baraque de foire a été joué du 1er au 5 mars
au Mini-Théâtre du panier/Théâtre de Lenche
© X-D.R
Jumeaux inversés
Abel et Bela a 30 ans, et est toujours
aussi savoureux. Le prétexte du texte
de Robert Pinget est simple ; deux
comédiens au chômage, un pessimiste
et un optimiste, tentent de s’écrire une
pièce et élaborent des synopsis et des
répliques qui les mèneront du boulevard au dialogue philosophique, en
passant par le trash, l’introspectif et
l’absurde. Un panorama gentiment
caustique des écritures dramatiques
se dresse ainsi, tout en abyme, permettant au passage d’évoquer la mort,
de réfléchir à l’essence de l’écriture
dramatique, et de laisser la place à
quelques numéros d’acteurs au cœur
d’un système de reprises et variations
bien huilé par l’auteur dans ses romans.
La mise en scène d’Eric Louviot confie
d’ailleurs totalement la barre aux comédiens : deux chaises, deux mannequins
et des ronds de lumière suffisent à
évoquer les espaces imaginaires que
seuls leurs mots mettent en place.
Roland Peyron et Maurice Vinçon interprètent les deux anagrammes en leur
donnant de la chair : un peu trop visible
et énergique pour l’optimiste, plus
retenue et secondaire pour Maurice
Vinçon. Une petite heure de théâtre nu
qui fait agréablement confiance au
texte…
A.F.
© Christiane Robin
Manifestement Baraque de foire est politiquement incorrect ! Jérémie Beschon
«brûle de concert les manèges de l’éducation, de l’entreprise, de l’industrie du
spectacle» dans un texte aux méandres incertains… Difficile de suivre le cheminement tortueux de sa pensée, parfois opaque, qui joue à saute-moutons : d’une
parodie de cérémonie de jeu télévisuel à une séance de management entrepreneuriale, de l’apprentissage scolaire qui stigmatise les tentatives désespérées des
élèves à mémoriser un texte inepte à la justification cynique d’un mercenaire de
la Françafrique… jusqu’au bouquet final : un coup de griffe désopilant sur les
politiques culturelles plus préoccupées de rentabilité et de chiffres que de sens
et de signes. Dans cette partie d’échec où l’on ne sait plus très bien qui est le roi
adverse (sur un plateau parsemé de cubes noir et blanc), Virginie Aimone tire
son épingle du jeu avec talent. En un clin d’œil et une variation de lumière, un
effet de smoking et un sourire carnassier (troublante ressemblance avec Joker
dans Batman), elle endosse tous les rôles avec aisance, plus Madame Loyale que
jamais !
À venir
Abel et Bela, créé le 8 mars
au Théâtre de Lenche,
y est joué jusqu’au 26 mars.
04 91 91 52 22
www.theatredelenche.info
22
THÉÂTRE
LA MINOTERIE | LES BERNARDINES | LE MERLAN
Parabole pacifiste
© Linda Lemaire
Dans une scénographie de la plasticienne Linda Lemaire dont La Minoterie
présente l’exposition de maquettes de
cabanes fort intéressantes, deux jeunes
enfants d’une dizaine d’années, un garçon et une fille, se rencontrent de chaque
côté d’une frontière de pierres. C’est
comme un jeu, on peut sauter d’un côté
à l’autre. Lui, c’est Ferhat (Brahim
Tekfa), le Palestinien, qui vit dans un
village de tentes ; elle, c’est Lirane (Wilma Lévy), l’Israélienne, elle habite une
maison avec de l’eau courante. Ferhat
attend qu’il pleuve pour pouvoir boire
et se laver tandis que Lirane joue avec
l’eau pour laver sa poupée. Au fur et à
mesure de leurs rencontres se dessine
l’histoire de leurs familles mais aussi
celle de deux peuples, avec les attentats, les morts des deux côtés. Un
déluge de plusieurs jours, évoqué par
un court métrage projeté sur un drap,
précipite les enfants dans le drame. Ils
se construisent alors un habitat de
fortune pour survivre ensemble. Un
oiseau protecteur (Abdel Waheb Sefsaf,
compositeur) donne la note musicale
du spectacle, à la fois jazzy et orientale.
La mise en scène est assurée par
Wilma Lévy, sous le regard complice de
Znorko du Cosmos Kolej avec lequel
elle travaille, tout en accomplissant un
travail de création au sein de la Compagnie des Passages, créée en 1998.
Elle s’y attache aux textes contemporains comme ici celui de Daniel Danis,
qui propose une parabole : une réconciliation et une fin des conflits sont-ils
envisageables à travers l’amitié des
deux enfants ?
CHRIS BOURGUE
Sous un ciel de chamaille
s’est créé à La Minoterie en février
Ynaudible
Cette année-là…
... et s’il me plaît à moi de mettre un i à deux bras pour éprouver mon lecteur...
caprice... blague de potache... c’est à peu près ce que donne à entendre le projet
complexe, et donc «inutilisable» selon les concepteurs et la feuille de salle, de
Mélanie Stravato et Erwin Voisin invités par le théâtre des Bernardines à
occuper la scène (pour ça , rien à dire : entre les plantes vertes, les écrans, les
fauteuils, canapés , table à repasser et autre renard empaillé, le cahier des charges
est honoré et c’est plutôt rigolo !).
Le titre déjà intriguait avec sa césure illégitime Vers / Thésée et sa parenthèse
académique (Épopée)... Bon on se savait embarqué pour un moment disons... de
poésie et peut-être de mythologie. Le labyrinthe oui («dédale» est un mot qui
surnage dans le texte qui court ses deux heures tout en ruptures de rythme et
fatras foutraque), mais manque Ariane, bien qu’elle soit prévue dans la distribution
mais profil NASA et déjà explosée... C’est un feuilleton ; il y a Blaise et il y a Fritz
(ou frites peut-être, on entend mal vous dis-je), une violoncelliste croate (ça donne
de l’âme parce que Dubrovnik, Sarajevo... vous vous souvenez ?) et un batteur qui
meurt, pour la rime sans doute... Cadavres exquis, collages et fantaisie mais n’est
pas Daniil Harms qui veut ! Et contre quoi et contre qui revendiquer et diriger cette
liberté qui tourne à vide ou à trop plein (ici c’est pareil) ?
Faites-en quelque chose, jeunes gens, de ce plateau et de cette parole offerte, de
cette latitude !
… c’était l’année 73. Le
jeune Massimo Furlan,
exceptionnellement autorisé à regarder la télévision,
suivait en famille la 18e
édition du Concours Eurovision de la Chanson. À
son habitude, l’artiste performeur italo-suisse part
d’une anecdote autobiographique pour explorer la
mémoire collective. En
2007, au Vélodrome, il a
rejoué (seul !) la demifinale du mondial de
football de 1982. En 2010,
c’est au divertissement
télévisuel qu’il adresse un
© Pierre Nydegger
clin d’œil amusé avec 1973, qui fait revivre le kitschissime concours de chansons
européennes (dont, bizarrement, Israël faisait partie !).Voici donc que retentit
l’hymne célèbre de Charpentier, que résonne la voix de Pierre Tchernia et que, sur
grand écran, est projetée l’émission originelle, grain et sauts d’images compris.
À l’avant-scène, Pino Tozzi, double fictif de Furlan, interprète, perruques et
costumes à l’identique, 4 chansons successivement. On rit franchement des
tenues, des coupes de cheveux et surtout des postures et des chorégraphies,
plus ringardes les unes que les autres, mais sur le coup on prend peur. On ne va
pas avoir droit aux 17 quand même ? Heureusement Furlan fait de la suite de son
évocation une variation scénographique subtile, à coup de juxtapositions souvent
hilarantes, entre pseudo candidats (aux excellentes parodies) et gloses savantes
(sérieuses et décalées à souhait), d’effets sonores et visuels très malins. La
chanson populaire, qui fait mesurer le passage du temps mais aussi resurgir intacts
les instants d’un passé révolu, devient alors la nouvelle madeleine de Furlan. Et la
nôtre !
MARIE-JO DHO
Vers / Thésée (Epopée) de Mélanie Stravato a été créé par Mélanie Stravato
et Erwin Voisin aux Bernardines du 8 au 13 mars
© Isabelle Schneider
FRED ROBERT
La reprise de 1973 a ouvert la manifestation organisée par le théâtre du Merlan
sous le titre de Courage…Rions !
Premier des 6 spectacles proposés jusqu’au 30 avril, il témoigne de la tonalité
générale du projet, qui vise à «élargir l’éventail du rire et [à] lui rendre sa liberté»
(voir page 35 et 92).
04 91 11 19 20
www.merlan.org
GAP | MARTIGUES | DRAGUIGNAN
THÉÂTRE
23
Croire au théâtre
On vit une époque de méfiance généralisée envers le
théâtre. Entre ceux qui lui préfèrent des arts prétendument populaires, les stars et le divertissement, et
ceux qui ne jurent que par les croisements, se
méfient du texte et abhorrent les personnages, les
metteurs en scène qui croient encore au théâtre sont
rares… et les directeurs de scènes ne sont pas ses
meilleurs défenseurs ! Chez les Parnas on y croit. Dur
comme fer, avec un talent fou, et sans une once de
passéisme : en inventant des formes qui ne renoncent pas au jeu, à l’émotion, au texte ni aux images,
mais cherchent de nouvelles voies pratiques et
efficientes à l’intérieur de cet art-là, non aux frontières.
Lignes de faille est un grand moment de vrai théâtre.
Pourtant Catherine Marnas s’est attaquée à un roman, une épopée qui remonte le temps jusqu’à
l’origine du mal : la forme n’en est pas naturellement
dramatique, et un jeu délicieux s’instaure entre le
narratif et la représentation. Des glissements
s’opèrent, plus ou moins soulignés, entre le récit des
enfants-narrateurs et la représentation des scènes
qu’ils évoquent. Ils y emmènent les spectateurs qui
les suivent, plus de quatre heures durant, sans une
seconde de décrochage, de plus en plus enfoncés
dans l’histoire, comme en une psychanalyse
collective de nos traumatismes communs. Car ce
sont nos guerres intimes qui sont évoquées, celles
qui construisent notre présent historique entre USA
Pietri déchirants en enfants mal aimés, Olivier
Pauls si touchant en père juif, Bénédicte Simon
terrifiante en mère californienne castratrice, et si
bienveillante en nazie.
Car il est question des racines historiques du mal,
des combats qui divisent notre psyché contemporaine : croire au théâtre induit aussi que l’on connaisse
ses vertus cathartiques, son essence politique, son
commerce avec l’histoire et les mythes. Les Parnas
ne les oublient jamais…
AGNÈS FRESCHEL
© Pierre Grosbois
et Islam, Sionistes et Palestiniens, beatniks et bourgeois, Nazis et…
Le roman de Nancy Huston se déploie sous les
yeux comme un espace imaginaire derrière une porte
intérieure. Tout est subtil, la vidéo et la musique
enregistrée qui s’effacent quand le temps recule,
pour laisser place au piano et aux voix. Les couleurs
franches des costumes et des éclairages qui
campent avec rien les changements de décor et
d’époque. Mais surtout, les comédiens sont
prodigieux ; de précision, de mémoire, de métier,
dirigés dans chacune de leurs intentions, drôles avec
légèreté et distance, puis régurgitant des éclats de
désespoir ou d’angoisse qui vous coupent le souffle…
Tous bouleversent, Franck Manzoni et Catherine
Lignes de Faille a été créé à la Passerelle,
scène nationale de gap, les 12 et 13 mars
À venir
Théâtre de Draguignan
Le 18 mars à 19h
04 94 50 59 59
www.theatresendracenie.com
Les Salins, Martigues
Les 24 (1re partie) et 25 mars (2e partie) à 20h30
Le 26 mars (intégrale) à 19h
04 42 49 02 00
www.theatre-des-salins.fr
www.parnas.fr
24
THÉÂTRE
MARTIGUES | LES ATELIERS | LE VITEZ
Mère tragique
Le texte que Mustafa Benfodil a écrit
pour la Cie L’orpheline est une épine
dans le pied est par moments d’une
grande beauté. Choisissant de faire
dialoguer une mère alternativement
avec son fils à plusieurs âges, il raconte
comme on assemble une mosaïque le
destin tragique d’un enfant d’Algérie,
Audrey Ruzafa
et d’une femme qui n’a que sa
maternité comme raison de vivre. Trois
comédiens et un danseur incarnent
Tarik in utero, Tarik noyé en Méditerranée lors de sa traversée clandestine
vers l’Europe refuge, Tarik jeune adulte
qui se perd dans le marais économique, sexuel et politique que l’Algérie
réserve à ses fils. Tous trois répondent
à la mère qui raconte sa grossesse, les
coups de son mari, son échappée, ses
espoirs de mère qu’elle symbolise en
narrant à son enfant les aventures
d’Ulysse et l’épopée de Télémaque,
tandis qu’au lointain un danseur dessine les élans retenus d’un corps plein
d’énergie vaine.
Dans la petite salle du Bout de la nuit,
aux Salins, la mise en scène de Julie
Kretzschmar souffrait d’un manque
de profondeur : la proximité écrasait
les acteurs, qui projetaient leur douleur
quand on attendait qu’ils murmurent
leur peine. Ces dialogues faits de monologues croisés, difficiles à mettre en
scène, ne se résolvaient que dans un
jeu face public trop systématique, et
inégal. Si Thomas Gonzales parvenait avec talent à jouer les nuances
d’un texte tout en finesse, les autres se
laissaient piéger dans des attitudes
tragiques monolithiques parfois plombantes. De très belles images persistent
cependant, visuelles et poétiques, qui
mériteraient de se déployer dans de
plus vastes espaces.
AGNES FRESCHEL
De mon hublot utérin je te salue…
a été créé à Martigues
les 8 et 9 mars dans le cadre
de Mare Nostrum
Du temps vert printemps
Il s’en est passé des choses avant
l’invention de la pédagogie, de Dolto,
du portable et de la PSP ! Le Voyage
sur place s’attache à évoquer cette
époque antédiluvienne où la télévision
n’occupait pas le cœur de la maison,
où l’on tombait amoureux de la capitaine des majorettes, où l’on entrait à
l’Harmonie de la basse Ardèche, où
l’on était tambour, avec délectation, où
l’on participait à la retraite aux flambeaux, enfin sans les parents, où la
403 était le comble du nouveau luxe,
où l’on jouait avec les allumettes, où
l’on partait au camping de l’Espiguette
et c’était déjà le bout du monde… Le
texte autobiographique d’Alain Reynaud,
d’une fraîcheur irrésistible, nous embarque dans le récit à la fois sensible et
ironique de la vie d’un petit garçon qui
décrit avec ses mots le monde des
adultes, les commerçants, l’école (la
promenade des instituteurs pendant la
récréation est magnifique !), les grands…
une délicieuse galerie de portraits, le
père, menuisier, la tante Simone, le
grand-père, les voisins… théâtre du
quotidien commun à tous, dans lequel
nous retrouvons des souvenirs, où émerge la saveur tendre du passé, une vraie
petite madeleine ! La mise en scène
est d’une exquise efficacité, le duo
Alain Reynaud/Alain Simon fonctionne
avec une rigueur de métronome, les
passages de parole, de bruitages, (le
karting ? on s’y croirait ! et la sonnerie
aux morts est plus vraie que nature !),
les gestes sont réglés à la perfection.
Ah ! le jeu du tambour qui glisse ! une
mécanique absurde, une chorégraphie
clownesque impayable ! On rit beaucoup dans ce spectacle au rythme
endiablé, duquel sourd cependant une
indicible émotion.
M.C.
À noter
Voyage sur place est joué au Théâtre
des Ateliers, Aix, jusqu’au 20 mars
Théâtre des Ateliers
04 42 38 10 45
www.theatre-des-ateliersaix.com/blog
© X-D.R
Probablement
Du cinéma, passer au
théâtre, la démarche est
originale, l’inverse se
pratiquant davantage !
Pari difficile que d’égaler
la force réaliste de l’image
projetée sur un écran, par
les artifices de la scène.
Difficulté encore de se
mesurer au cinéma de
Robert Bresson, à ce style
austère, si puissant et
© Jules Bezza
distancié à la fois. Provocateur aussi de porter au théâtre une œuvre du cinéaste qui voulait justement
expurger du cinéma l’esthétique d’un «théâtre filmé» ou d’une «littérature filmée»,
la fausseté même du jeu dramatique.
Le projet d’adaptation du film Le diable probablement de Bresson relève donc de
la parfaite gageure ! L’atelier de création de l’université s’est attelé à une lourde
tâche. Travail collectif, des acteurs à la médiation culturelle en passant par les
postes de régie. En ce sens, c’est une réussite, la salle est comble. La mise en
espace, le découpage scénique, le jeu des transparences est tout à fait bien venu,
et la mise en scène de Frédéric Poinceau soutient efficacement l’ensemble : les
étudiants s’efforcent de retrouver la «diction blanche» que le cinéaste exigeait de
ses modèles… Mais, si les premières scènes sont assez vives et donnent un
certain élan, on a du mal à passer l’anecdote : la relation au public, composé
essentiellement de familiers, nuit à l’établissement d’une réelle tension. Il rit, non
des répliques ou des jeux de scène comiques, mais par complicité avec les
étudiants. Le rôle joué n’est pas perçu, et cela fausse toute la réception. Une mise
en scène qui mériterait de se confronter à un vrai public, et à des acteurs plus
formés et moins lisses !
M.C.
Le diable probablement mis en scène dans le cadre d’un atelier universitaire
a été donné au théâtre Vitez du 8 au 12 mars
26
THÉÂTRE
OUEST PROVENCE | PORT-DE-BOUC | AVIGNON
L’homme et la machine
Sortie d'Usine © X-D.R.
Dans la plaine de la Crau, à Fos-sur-Mer, l’usine
d’ArcelorMittal s’étale sur 1650 hectares. Spécialisée
dans la fabrication de bobines d’acier (4 500 000
tonnes d’acier par an) pour l’automobile, le bâtiment,
l’emballage l’électroménager…, elle emploie quelque
2700 salariés, sans compter 1500 cotraitants.
C’est immense, impressionnant, et les yeux seuls ne
permettent pas d’en faire le tour.
Le Théâtre de Fos accueillait le comédien Nicolas
Bonneau pour deux de ses pièces, dont une sur la
mémoire ouvrière ; une visite s’imposait, pour se
plonger dans cet univers opaque, lointain, peu connu
du public qui n’en a souvent que des échos de luttes,
sans parler de la connotation péjorative du terme
«ouvrier»…
Zone sous haute surveillance -la route dessert aussi
le dépôt pétrolier de Fos-, mais dont Serge Geairain,
responsable des activités sociales et culturelles du
CE, nous ouvrit les portes. Ce dernier n’a de cesse de
vouloir faire se côtoyer ouvriers et artistes par le biais
d’échanges, de propositions de spectacles (le travail
très étroit mené avec Françoise Marion à Fos et sur
Ouest Provence le prouve), donnant à la culture, aux
arts une place indispensable au sein de l’entreprise.
De la visite en voiture des images, fortes ; des fours
de la cokerie dans lesquels le charbon est distillé
avant de partir dans les hauts-fourneaux où se
fabrique la fonte, puis l’aciérie où se feront les
mélanges jusqu’à la coulée continue, solidification de
l’acier transformé en brames (bloc d’acier qui pèse
une vingtaine de tonnes) passés dans le laminoir pour
former les bobines…
Sortie d’usine
Le lendemain soir, au théâtre, l’attention était
palpable. Car le spectacle, écrit et joué par Nicolas
Bonneau parle d’eux. Et d’autres aussi, des ouvriers
dont il a recueilli la parole lors d’un collectage de
plusieurs mois en Poitou Charente. Sur scène il est à
la fois l’auteur et les personnages, donnant du recul
à son récit lors de «pauses syndicales» où il se met en
scène aussi. Pour faire vivre ces hommes et ces
femmes qui d’emblée pensaient ne rien avoir à dire,
un bleu de travail, une lampe, une chaise. Rien de
plus, et cette voix nue qui occupe l’espace jusqu’à
donner corps aux personnages. Sans misérabilisme
ni jugement, avec beaucoup de pudeur et de
tendresse il incarne le taiseux Gilbert Simoneau,
soudeur à la retraite, et sa femme Catherine, ouvrière
dans la confection, Philippe, délégué syndical
survolté, les filles de l’atelier de couture (moment
particulièrement savoureux !), l’ancien, tuilier qui ne
vendra pas son usine ; il incarne aussi les machines,
bruyantes, fatigantes, usantes… Tous lui ont demandé
pourquoi il faisait ça, qui ça peut bien intéresser
l’usine ? La fin du spectacle apporte une réponse,
explique l’urgence et la nécessité de raconter. Car
Nicolas Bonneau est le fils d’un ouvrier soudeur qui
un jour a quitté «son» usine, fatigué «d’être pris pour
un con». Et l’hommage de prendre toute sa
dimension.
DOMINIQUE MARÇON
Sortie d’usine a été joué le 12 mars
au Théâtre de Fos
«Je n’écrirai plus»
C’est paradoxalement un hymne à la vie que propose Joëlle Cattino dans Hey
mambo ! ou le métier de vivre, alors même que le personnage principal de sa pièce
est Cesare Pavese. Car s’il s’agit bien des dernières heures de vie du poète,
philosophe, romancier qui se donna la mort dans une chambre d’hôtel en 1950,
la metteuse en scène prend le parti de la légèreté en invitant sur scène deux
personnages étranges, clowns-philosophes qui s’insinuent dans l’ultime
introspection de l’homme échoué sur son canapé rouge, et en ponctuant
certaines scènes de joyeuses chansons italiennes. La confidence se fait alors
cruelle, le texte de la pièce alterne des passages du journal intime de l’auteur, Le
Métier de vivre, des poèmes, et l’évocation de l’enfance, de l’exil, de ses amours
déçus. «Aujourd’hui rien», écrit à la craie sur la scène accompagne cette lente et
inexorable fin, tandis que les clowns moqueurs, mais pudiques, en pleine
élaboration de leur repas, tentent d’alléger ce désespoir. Et quand tout semble
terminé, le retour des deux clowns ponctue l’hommage à Pavese, et comme dans
un éternel recommencement ils reprennent la pièce, tandis que résonnent encore
les notes joyeuses du mambo…
DO.M.
Hey mambo ! ou le métier de vivre a été joué au théâtre Sémaphore
à Port-de-Bouc le 11 mars
Déglingue du monde moderne
Jean-Yves Picq, comédien, metteur en scène,
directeur du département théâtre du Grand Avignon,
auteur d’une trentaine de pièces, se fait aussi lecteur.
Passeur d’une armada de personnages qui se
croisent dans un monde en déglingue, souvent
accompagné musicalement, ici par le trublion sonore
Fred Giuliani. Avec Franz, 3e lecture présentée aux
Halles, la pièce est longue (près de 2 heures) et,
malgré un vrai sens du rythme et un don pour titiller
l’imagination, impose une volonté d’acier aux
spectateurs. Picq raconte le parcours d’un
violoncelliste en rupture dans un orchestre d’une
province de l’Est. Le héros (malgré lui) aboie en plein
concert parce qu’il trouve «la musique mortelle» et se
retrouve prisonnier dans les rouages d’une défaite
annoncée. Se croisent une momie qui en a ras le bol
de l’humanité, une fillette qui vend son enfance au
marché noir, une petite mère du peuple déçue par
son fils… Témoin de la rapidité de la marginalisation
du monde moderne, le lecteur jongle et slame
allègrement parmi les personnages plus philosophes
qu’ils en ont l’air. «Le mieux n’est jamais sûr mais le
pire est certain.» Un cauchemar burlesque dans
laquelle Fred Giuliani sort son sampler du jeu,
s’engouffrant dans les (fines) interstices de l’histoire
et créant des ponctuations sonores al dente et
pleines d’humour.
DE.M.
Franz s’est joué aux Halles, Avignon,
le 10 mars
CAVAILLON | FNCTA | ERAC | LA CITÉ
Noces barbares
Ce soir, on est invité clandestin à la table d’une noce
étrange. Une table centrale autour de laquelle on
s’installe de part et d’autre, en même temps que les
comédiens du collectif D’ores et déjà, dans un cadre
de lumière partagé qui se resserrera au fil de
l’intrigue. Positionné en voyeur d’une comédie
familiale qui va tourner au vinaigre -c’est prévisible vu
la mine de la mariée et l’omnipotence du père-, on
s’attable à la conversation efficacement enchevêtrée,
comme un vague et silencieux ami de la famille qui se
demande quand même s’il a bien fait de venir. Il y a
les jeunes mariés qui n’arrivent pas à en placer une.
Le père, organisateur de la soirée qui mène la cène à
la baguette, le frère passager discret et poète refoulé,
THÉÂTRE 27
le voisin trop dévoué pour
être honnête, le collègue
lèche-botte, le couple
d’amis enfanteurs et le
présentateur dégoulinant
de fond de teint et de
savoir mondain. Sur la
forme ce Père Tralalère,
organisé par Sylvain
Creuzevault et les
acteurs créateurs à part
entière du spectacle, est
un festin qui casse
magistralement
les
codes du théâtre, sur le
principe
de
l’improvisation réfléchie,
garantissant la maîtrise
© X-D.R. du réel et du fantasme.
Mais à force d’effets, d’hémoglobine et de ruptures
sauvages, de poncifs en révélations brutales,
d’enchaînement de réceptions imposées, la comédie
humaine bascule dans le drama gore, nous rendant
du coup étranger à l’enjeu du spectacle. Comme cet
étranger, le mari de la fille intestine, coupable du grain
de sable (ou de sang) qui entraînera la mort du père
fouettard, final grandiose où la scénographie devient
jeu de massacre lyrique. Un théâtre de la cruauté aux
contours improvisés.
Les Funerailles d'hiver © X-D.R.
Ils aiment
Le Festival de Théâtre amateur 13 propose pour
sa 13e édition un programme varié dans des lieux
toujours plus nombreux qui s’engagent volontiers
dans l’aventure pour tous les publics. Cette année 11
troupes amateurs seront accueillies du 9 avril au 4
juin après avoir été sélectionnées par un jury de
professionnels et de militants du théâtre populaire.
Notons une nouveauté intéressante : un atelier
destiné aux jeunes incarcérés à l’EPM (établissement
pénitentiaire pour mineurs) ; la proposition est de
Anne-Marie Ortiz et sera ouverte au public, en juin,
sur réservation.
Pour commencer
Les Funérailles d’hiver de Hanokh Levin
par Troupe à trac, La Minoterie le 9 avril
La mastication des morts de Patrick Kermann
par la Cordée, Le Toursky le 12 avril
Les minutes de Mlle A. de Lothar Trolle
par Les Caquetants, La Criée le 15 avril
Les Muses orphelines de Michel-Marc Bouchard
par La mise en bouteille, La Criée le 16 avril
04 91 61 15 37
www.fnctasudest.fr
DELPHINE MICHELANGELI
Le Père Tralalère s’est joué au théâtre de Cavaillon
les 11 et 12 mars
Perso !
L’école au théâtre
S’il est fréquent que les gens de théâtre aillent à l’école, que les scolaires occupent les salles, que les
professeurs se servent du théâtre pour alimenter leur
enseignement, il est rare que l’éducation soit en question sur scène… Le Théâtre de la Cité à Marseille
a depuis ses débuts un credo simple, affirmé dans
son nom : le théâtre n’est pas coupé du monde, et
doit être le lieu d’expériences citoyennes partagées.
Par la pratique de la scène et de l’écriture par tous,
seniors, amateurs et jeunes, par l’enquête sur des
terrains étrangers au théâtre, par la réflexion et le
débat. Un atelier de «création partagée» est donc mené
par Gilles le Moher avec des élèves depuis le début
de l’année, et leur spectacle Je ne veux plus aller à
l’école sera donné les 7 et 8 avril. Le lendemain Maude Buinoud proposera une performance conçue
avec Michel André après une enquête dans deux
collèges des quartiers nord marseillais : elle interroge
son passé d’élève, la relation profs/élèves et son
expérience d’animatrice d’atelier théâtre. Puis, le 15
Atelier professionnel 2008 © X-D.R. avril à la Friche, une
«conférence gesticulée»
de Franck Lepage mettra en scène les principes
mêmes de notre système
éducatif fondé, depuis
Condorcet, sur la notion
de mérite, inconciliable
avec celle d’égalité des
chances, et pourtant toutes deux énoncées comme
des principes fondamentaux…
Questions sur l’école
Du 7 au 15 avril
Théâtre de la Cité
04 91 53 95 61
www.maisondetheatre.com
Photo de repetition du projet de Mikaelle Fratissier © Erac
Au bout de leurs 3 années de formation les élèvescomédiens de l’École Régionale d’Acteurs de Cannes
présentent un projet qu’ils ont longuement poli dans
le cadre de leurs recherches personnelles. Il s’agit
souvent de textes qu’ils écrivent, mais aussi de mises
en scène qu’ils proposent, mettant au travail leurs
camarades sous leur regard attentif. C’est leur
dernière présentation en tant qu’élève, avant le
monde du travail. Ainsi Romain Pellet mettra en
scène Les Censi d’Artaud, rarement monté, Mikaëlle
Fratissier monte Le jour J de son collègue Amine
Adjina.
C.B
Projets de l’ERAC
Le 19 mars à 19h et 20h30
les 3 et 16 avril à 19h et 20h30
La Friche
04 95 04 95 78
www.erac-cannes.fr
28
THÉÂTRE
AU PROGRAMME
Salomé
Passions
Conjugal
Le Festival russe se poursuit au Toursky avec les Feydeau, Labiche et Offenbach sont décidément les
soirées suivies d’un cabaret russe. Dans un premier
temps, le Théâtre central académique de l’Armée
Russe propose une soirée en deux parties, deux
mises en scène de Boris Morozov : Le Manteau de
Nicolas Gogol pour commencer, suivi d’une création,
Le Mariage d’Anton Tchekhov (25 au 27 mars). Puis
le Théâtre de la Jeunesse de Saint Pétersbourg jouera
une piève romantique, Mignonne d’Alexeï Tolstoï mise
en scène par Semion Spivak (1er au 3 avril). Dans tous
les cas les pièces sont sur-titrées en français.
XVIe Festival russe
Le Toursky
0 820 300 033
www.tousky.org
Urgence
Françoise Chatôt dit y avoir mis beaucoup d’ellemême : elle a, pour cette création, choisi des
comédiens fidèles et de très beaux jeunes acteurs,
fait construire une scénographie machinée
ambitieuse, fait écrire une musique originale et des
combats chorégraphiés… Réfléchissant à l’urgence
charnelle à laquelle les jeunes gens obéissent, à leur
liberté intérieure, elle a situé l’intrigue durant une
période de guerre, celle de 39/45. Parce qu’elle fait
encore partie de notre mémoire collective, et que le
spectateur pourra comprendre l’appétit de vivre qui
anime Roméo et Juliette, leur fait braver l’imbécile loi
des pères : lorsque la mort est omniprésente, il faut
vivre vite…
© Brigitte Enguerand
C’est Jean-François Sivadier qui va, après Labiche,
occuper le Grand Théâtre enfin rouvert. Avec une
pièce de son cru, sorte de réécriture loufoque et
grandiose de la danse de Salomé devant Hérodote,
affrontement historique et religieux entre sauveurs et
tyrans… Le metteur en scène vient avec sa troupe de
comédiens surdoués et délicieusement cabots, et
son sens très juste de la démesure et de la révolte…
Noli me tangere
Du 6 au 9 avril
La Criée
04 91 54 70 54
www.theatre-lacriee.com
Roméo et Juliette
Jusqu’au 2 avril
Théâtre Gyptis
04 91 11 00 91
www.theatregyptis.com
Burlesque
Le Macumba est une improbable salle des fêtes, un
© Max Minniti
dancing désaffecté dans lequel règne la patronne,
madame Gravotta. Soirée prestige oblige, les
préparatifs secouent les locataires du lieu, paumés
magnifiques qui rêvent d’en découdre avec la scène,
chanteurs, musiciens, danseurs, tous héros d’un soir.
Ils sont bien là les fragiles personnages que Jérôme
Deschamps et Macha Makeïeff nous invitent à
côtoyer depuis les Deschiens, nimbés de nostalgie
et des folie incongrue, voire de cruauté. Un retour aux
sources en quelque sorte, et l’occasion de
(re)découvrir l’univers loufoque de ces doux dingues.
héros de l’année ! Il semble que le public ait besoin
de rire, et que leurs écritures efficaces remportent la
faveur des programmateurs… Les farces conjugales
de Feydeau reposent sur les recettes comiques
traditionnelles accumulées, une incroyable vitesse
des enchaînements… et une bonne dose de préjugés
machistes. C’est drôle, mais on rit jaune à voir ces
bourgeoises insidieuses et frivoles dominées par des
maris imbéciles. Pourquoi ces scènes de ménage
nous parlent-elles si fort aujourd’hui ? Les trois
couples de la Comédie de Valence, dirigés par
Richard Brunel, ont peut être la réponse ?
J’ai la femme dans le sang
Du 29 mars au 2 avril
Le Gymnase
0820 000 422
www.lestheatres.net
© Jean-Louis Fernandez
Divine
Notre Dame-des fleurs est la première œuvre de
Genêt, et c’est un roman. Fulgurant, fait de
réminiscences, il raconte, au milieu d’autres destins
croisés à Montmartre, la transformation d’un jeune
paysan en divine travestie. Les thèmes de Genêt sont
tous là, dans cette œuvre écrite en prison, durant la
guerre, et qui n’a aucun des défauts d’une œuvre de
jeunesse, juste la force : le fétichisme phallique, le
plaisir masochiste et son pendant sadique, l’amour
du peuple, le sublime sens de la révolte. Antoine
Bourseiller a adapté et resserré le roman autour de
Montmartre, et le met en scène en tentant de
conserver la magnificence de la langue.
Notre-Dame des fleurs
Du 7 au 9 avril
Le Gymnase
0820 000 422
www.lestheatres.net
Salle des fêtes
Du 12 au 16 avril
La Criée
04 91 54 70 54
www.theatre-lacriee.com
Destinée
La cie l’Egrégore, mise en scène d’Ivan Romeuf,
© Agathe Poupeney
revisite Phèdre en y intégrant un élément particulier :
une chanson, et mieux encore, son interprète. D’une
chanson qui hante toute la journée l’esprit de l’actrice
qui répète, et joue, Phèdre, on glisse insensiblement
vers l’interprète de cette chanson qui n’est autre que
Dalida. Ainsi la vie de la chanteuse va se superposer
au rôle qu’elle joue, «la vie de Dalida nourrissant la
tragédie qui va se dérouler. Phèdre – Dalida, quel
étrange destin.»
Une si longue nuit
Du 12 au 30 avril
Le Lenche
04 91 91 52 22
www.theatredelenche.info
THÉÂTRE 29
Duelles
Monstres
sacrés
Doutes
Michel Galabru et Philippe Caubère incarnent Dans On ne sait comment Pirandello part d’une
Raimu et Pagnol… deux acteurs mythiques pour
incarner et faire revivre deux immenses figures du
passé marseillais. À travers leur correspondance
véritable, des dialogues recomposés, et ce que l’on
peut supposer de leur relation véritable, agrémentée
de textes de Pagnol pris ailleurs. La pièce qu’ils
tournent depuis quelques temps sera pour quatre
soirs sur la Canebière… Quoi de plus naturel ?
Jules et Marcel
Du 7 au 10 avril
L’Odéon
04 96 12 52 70
www.marseille.fr
© Huma Rosentalski
Courage Rions se poursuit au Merlan avec deux
femmes de caractère : Christine Corday, chorégraphe drôle, et Viviane De Mynck, formidable
comédienne monstre de la Need company. Ensemble
elles racontent une histoire décalée de l’humanité,
entre tendresse et cruauté, ange et bête, ciel, réalité
et digressions… Également à Sète !
La mouche, l’archange…
Du 22 au 24 mars
Le Merlan
04 91 11 19 20
www.merlan.org
situation on ne peut plus commune au théâtre : un
mari, son épouse et son amant. Sauf que l’adultère
est ici presque accidentel, et que c’est l’amant qu’il
remet en cause, dans son rapport au réel. MarieJosé Malis met en scène cette pièce en interrogeant
les constructions sociales, individuelles, et théâtrales
auxquelles nous nous soumettons.
On ne sait comment
Du 5 au 9 avril
Les Bernardines
04 91 24 30 40
www.theatre-bernardines.org
Alliance ?
La Belgique existe-t-elle toujours ? Le collectif
francophone Transquinquennal se pose des
questions… avec la cie néanderlandophone Tristero,
Bruxelloise comme elle, elle tente de bâtir une
Coalition… Mot piégé en Belgique, qui désigne tout à
la fois un accord et l’impossibilité qu’il soit
satisfaisant. Sa fin… Car enfin seuls des étrangers
s’allient, non ? D’autres questions, plus masculines et
café du commerce, ou plus philosophiques, seront
posées dans Convives, un texte d‘Eugène
Savitzkaya pour trois hommes.
Coalition
Du 24 au 26 mars
Convives
Les 28 et 29 mars
Les Bernardines
04 91 24 30 40
www.theatre-bernardines.org
© Denise Olivier Fierro
Les 19 et 20 avril
Scène Nationale de Sète
04 67 74 66 97
www.theatredesete.com
Initiatique
La mer source de vie… quand Katia Ponomareva a
écrit ce troisième spectacle, elle était enceinte, et a
conçu ce volet comme un voyage accompagné vers
la vie. L’ensemble à nouveau, Cie du var, propose de
les suivre dans ce voyage à trois où les mots, les
images et la musique tissent un univers abstrait
commun.
On ira voir la mer, fragment 3
Du 30 mars au 2 avril
La Minoterie
04 91 90 07 94
www.minoterie.org
© Herman Sorgeloos
© Virginie Besancon
Humour
Pour la quatrième année le joli théâtre de Sainte
Marguerite (200 places) propose un temps fort
autour du théâtre d’humour, en donnant leur chance
à des compagnies de la région qui travaillent entre
théâtre et cabaret, monde professionnel et amateur.
Avec 8 spectacles, dont 3 créations, des propositions
jeune public, des cabarets, dans le but d’animer un
quartier culturellement bien morne !
Théâtrales de Sainte Marguerite
Du 19 au 26 mars
Atelier des Arts
04 91 26 09 06
30
THÉÂTRE
AU PROGRAMME
Humains
Témoignage
Eternelle
Au bout de la nuit…
Les 12 et 13 avril
Théâtre des Salins, Martigues
04 42 49 02 00
www.theatre-des-salins.fr
Première de ses mises en scène, il y a vingt ans, Max
Gericke ou Pareille au même de Manfred Karge est en
quelque sorte le spectacle fétiche de Michel Raskine.
Avec Marief Guittier, l’actrice des débuts, il a décidé
de la remonter tous les dix ans, pour l’interroger,
l’approfondir. Et rejouer ce rôle d’une femme qui,
pendant la crise économique de l’entre-deux-guerres
décide de prendre l’identité de son mari qui vient de
mourir, vivant alors les situations les plus insolites.
© Sylvain Couzinet-Jacques
Quelques jours après la création à Paris, la cie
Diphtong présente Kolik à Martigues. Troisième volet
de la trilogie Guerre, après le versant concernant la
société contemporaine et celui évoquant le conflit
dans la sphère familiale, Kolik «met en scène l’individu
face à lui-même au moment de sa mort», en dix-sept
chapitres qui sont autant de thèmes abordés dans
les textes de Rainald Goetz (traduits de l’allemand
par Olivier Cadiot et Christine Seghezzi) mis en scène
par Hubert Colas.
Kolik
Le 8 avril à 19h
Théâtre des Salins, Martigues
04 42 49 02 00
www.theatre-des-salins.fr
Max Gericke ou Pareille au même
Les 24 et 25 mars
Théâtre d’Arles
04 90 52 51 51
www.theatre-arles.com
Fantômes
Luc Bondy met en scène une des pièces les plus
© Marc Helleboid
Réalité
Décodage
Après Nathan le Sage reçue l’année dernière dans
cette même salle, Laurent Hatat, avec sa cie Anima
Motrix, poursuit son exploration de textes du
répertoire du XVIIIe siècle, et propose sa version du
Barbier de Séville, avec une mise en scène
résolument moderne –sans costumes d’époque,
décor noir et sobre, deux fenêtres qui servent aussi
aux projections vidéos, un piano à queue blanc, une
vespa rouge…- mais sans jamais remplacer les mots
de Beaumarchais.
La précaution inutile ou Le Barbier de Séville
Le 29 mars
Théâtre de l’Olivier, Istres
04 42 56 48 48
www.scenesetcines.fr
© Pierre Grosbois
L’économie mondiale vous malmène, vous pensez
subir sans être suffisamment armés, il vous manque
quelques connaissances de base ? Pascal Rambert
et le philosophe Éric Méchoulan proposent Une
(Micro) histoire économique du monde, dansée,
donnant corps à la parole issue des ateliers d’écriture
menés à Genevilliers. Quatre performeurs,
accompagnés d’un groupe de personnes nonprofessionnelles, jouent des saynètes qui racontent
l’histoire de l’économie, commentées par Éric
Méchoulan qui réinvente là son discours en direct.
Une (Micro) histoire économique du monde, dansée
Le 8 avril à 21h
Théâtre des Salins, Martigues
04 42 49 02 00
www.theatre-des-salins.fr
© Michel Cavalca
Basée sur le livre éponyme et autobiographique de
Nicole Castioni, Au bout de la nuit… est devenue une
pièce dont Jérôme Bigo signe la mise en scène. Seule
sur scène, Annette Lowcay est Nicole, une femme
qui, avec courage et ténacité, a su se relever d’une
jeunesse bousillée. Prostituée par amour pour un
homme, droguée, elle se livre sans effet littéraire,
avec des mots crus mais justes, raconte sa
reconstruction, jusqu’au Parlement de Genève où elle
est aujourd’hui juge et députée.
© Eric Legrand
connues de Ionesco, Les Chaises, farce tragique
absurde sur la fin de vie et la mort. Deux vieux, dans
une maison isolée, égayent habituellement leur
solitude en ressassant inlassablement de vieilles
histoires ; le vieil homme, auteur et penseur, détient
un message universel qu’il va révéler à l’humanité et
réunit, pour l’occasion, d’invisibles et éminents invités
qui prennent place petit à petit sur les chaises mises
à leur disposition jusqu’à envahir l’espace…
Les Chaises
Le 2 avril
Théâtre de l’Olivier, Istres
04 42 56 48 48
www.scnesetcines.fr
Préclassique
Créée l’été dernier à Avignon dans la Cour d’honneur
du Palais des Papes, le Richard II de Shakespeare mis
en scène par Jean-Baptiste Sastre tourne depuis
quelques temps dans les salles de théâtre, des
espaces plus à même de mettre en évidence le jeu
subtil de Denis Podalydès, et de rendre plus audible
la langue baroque et directe de Shakespeare.
La Tragédie de Richard II
Les 7 et 8 avril
Théâtre de Nîmes
04 66 36 65 10
www.theatredenimes.com
© Christophe Raynaud de Lage - Festival d'Avignon
THÉÂTRE 31
3 fois fou
Démultiplié
© Pacôme Poirier
Mère
souffrance
Christophe Chave crée également un spectacle
autour de la mère de Cosette, Fantine, l’ouvrière
victime qui se prostitue et se mutile pour nourrir sa
fille aux mains des Thénardier… Une misérable qui,
contrairement aux autres figures hugoliennes, ne se
révolte pas, et ne sort de sa condition que par la
mort.
Fantine(s)
Les 29 et 30 mars
Théâtre Vitez, Aix
04 42 59 94 37
http://theatre-vitez.com
Alfredo Arias rend hommage à une star des cabarets
madrilènes et argentins : Miguel de Molina, ami d’Eva
Peron, sublime figure baroque de crudité gay et de
détournement de l’imagerie maso catholique…
Triplant son image et la désaxant en lignes épurées
en noir, blanc et rouge, Arias pousse son
extravagance dans les mots, l’hystérie des
personnages et des situations, que les acteurs
subliment en se gardant paradoxalement de l’excès…
La musique est nettement moins réussie : les revues
de l’époque se payaient de vrais musiciens et de vrais
chanteurs…
© Cosimo
Francis Huster est seul en scène pour reprendre la
pièce de Marcel Aymé, La Traversée de Paris. Non
seulement les rôles tenus par Gabin et Bourvil mais
la totalité des personnages. Une performance
physique dans laquelle Huster fait entendre d’une
manière beaucoup plus sombre les questions de
collaboration, de délation, d’étoiles jaunes,
d’extermination, de haine au quotidien. La guerre
d’une France contre une autre, la trouille dans tous
les ventres, la rage dans quelques cœurs.
Tatouage
Le 10 mars
Salle Emilien Ventre, Rousset
04 42 29 82 53
www.rousset-fr.com
Traversée de Paris
Le 31 mars
Théâtre de la Colonne, Miramas
04 90 58 37 86
www.scenesetcines.fr
les 18 et 19 mars
Théâtre de Grasse
04 93 40 53 00
www.theatredegrasse.com
Interdits
Deux
fois deux
C’est une des premières pièces de Shakespeare,
inspirée des jumeaux de Plaute, et très peu montée
parce qu’elle pose un problème de mise en scène
délicat : il s’agit de représenter deux couples de
jumeaux… Dan Jemmet en bousculateur
iconoclaste du grand Will confie chaque couple
gémellaire à un seul acteur, situe l’intrigue dans un
décor eighties très disco… et s’amuse à ce jeu
trouble d’identité et de désir !
La comédie des erreurs
Les 29 et 30 mars
Scène Nationale de Sète
04 67 74 66 97
www.theatredesete.com
Du 14 au 16 avril
Jeu de Paume, Aix
0 820 000 422
www.lestheatres.net
© Marc Ginot
le 22 mars
Théâtre de la Colonne, Miramas
04 90 58 37 86
www.scenesetcines.fr
le 25 mars
Théâtre Durance, Château-Arnoux
04 92 64 27 34
www.theatredurance.com
Cavaler
Les 4 jumelles est un texte outrageusement absurde
Revisité par la compagnie Didascalie dans un décor
contemporain et un cadre blanc, ce Phèdre de
Racine retrouve la froide hystérie de la langue
racinienne. Voix chuchotées, balancées, ou
soudainement amplifiées donnent le tempo d’une
mise en scène, signée Renaud Marie Leblanc, qui
tient en haleine. Roxanne Borgnas interprète une
Phèdre incandescente dans cette excavation des
désirs proprement inavouables. Car avec Racine, les
personnages ne sont pas coupables d’aimer mais de
l’aveu qui les détruit.
Phèdre
Le 5 avril
Théâtre de la Colonne, Miramas
04 90 58 37 86
www.scenesetcines.fr
de Copi, où deux fois deux sœurs se coursent, se
tuent, se droguent, se tuent, ressuscitent, se tuent,
tremblent de froid, de désir, de haine, se tuent, et ne
se taisent jamais. Christophe Chave en avait proposé
une étape de travail très hystérique, ratant en partie
l’ironie massacrante du dialogue pour s’attacher sans
distance à sa morbidité. Il a repris sa mise en scène,
cela le méritait. À revoir !
Les 4 jumelles
Le 6 avril
Théâtre Vitez, Aix
04 42 59 94 37
http://theatre-vitez.com
Du 12 au 16 avril
Les Bernardines
04 91 24 30 40
www.theatre-bernardines.org
© Mario del Curto
Femmes
Daniel Veronese adapte et met en scène deux
pièces d’Ibsen : Nora et Hedda sont deux épouses
traversées par le sentiment de l’échec, victimes de la
condition féminine infantilisante des bourgeoises de
l’époque, mais coupables aussi, de leur propre
soumission et compromissions. Daniel Veronese
projette leurs conditions et leur prise de conscience
dans un univers d’aujourd’hui, qui déplace les enjeux,
et les éclaire.
Hedda gabler et Maison de poupée
Le 22 mars
Théâtre du Bois de l’Aune, Aix
04 42 26 83 98
www.atpaix.com
32
THÉÂTRE
AU PROGRAMME
Panache
Étrangers
Cyrano de Bergerac d’Edmond Rostand : une pièce
Grotesque
La très productive Compagnie UPPERCUThéâtre
si populaire, et relativement peu jouée. Un mythe et
un texte brillant, virtuose, énergique, foutraque,
électrique, un défi à relever pour le centre dramatique
régional de Tours et son directeur/metteur en scène
Gilles Bouillon. 18 comédiens (Christophe Brault
est Cyrano) pour cet «opéra parlé, ses excès, son
intensité, son baroquisme, ses arias, son côté mélo.»
reprend la dernière œuvre inachevée de Gustave
Flaubert, certainement la plus théâtrale, du moins la
plus dialoguée. Bouvard et Pécuchet met en scène
deux employés de bureau qui décident de s’établir à
la campagne et se livrer à quelques expérimentations
agronomiques et scientifiques. Flaubert nous livre
une «encyclopédie critique en farce» qui tourne en
dérision la vanité des petits bourgeois avec un esprit
caustique et corrosif. Un «roman de la médiocrité»
pour un «dictionnaire des idées reçues».
Cyrano de Bergerac
Le 8 avril
Théâtre le Sémaphore, Port-de-Bouc
04 42 06 39 09
www.theatre-semaphore-portdebouc.com
Les 12 et 13 avril
Théâtre de Grasse
04 93 40 53 00
www.theatredegrasse.com
© Marc Ginot
Construit à partir d’images filmées à Hiroshima et des
projections «live» qui démultiplient l’éclatement du
décor, et interprété par Vanessa Liautey et Ramzi
Choukair (un acteur Syrien magnétique qui incarne
«le Japonais» de Duras), le spectacle Hiroshima, mon
amour pose avec fougue la question de la nécessité
de la mémoire. Une exploration passionnante de la
rencontre avec «l’autre» réalisé par la Cie Adesso e
Sempre de Julien Bouffier, dans cette revisitation
audacieuse du texte de Duras, sur les traces du film
de Resnais. Quoi de plus symbolique qu’Hiroshima,
terre d’inhumanité, pour questionner la naissance
d’un amour ?
Tarasque
© X-D.R.
Hiroshima mon amour
Les 17 et 18 mars
Scène Nationale, Cavaillon
04 90 78 64 64
www.theatredecavaillon.com
Bouvard et Pécuchet
Les 25 et 26 mars
Théâtre du Balcon, Avignon
Tél. 04 90 85 00 80
www.theatredubalcon.org
es
cèn
s
t
Effe
Disparaître
Dans un théâtre d’images et de vidéos indissociables,
chevillées au texte, Reset est un poème visuel qui
rend compte de l’errance intime, de la perte
d’identité, de l’absence, de la disparition. Tout
commence lorsqu’un homme dans un hôpital réalise
qu’il ne se souvient ni de son nom, ni de sa propre
histoire. Avec cette création, le collectif MxM et Cyril
Teste poursuivent leur travail d’approche sensible
entre écriture contemporaine et vidéo.
© Francois Berthon
Recette
Sexe, cuisine et tradition du bled à Paris. Fatou
Le Frichti de Fatou
Du 13 au 15 avril
Théâtre le Sémaphore, Port-de-Bouc
04 42 06 39 09
www.theatre-semaphore-portdebouc.com
Reset
Le 1er avril
Scène Nationale, Cavaillon
04 90 78 64 64
www.theatredecavaillon.com
© P.-J. Adjedj
raconte sa vie autour de la question qui l’intrique :
«comment on fait les bébés ?». Entre la tradition et les
combats du planning familial, insoumise, naïve et
têtue, Fatou cherche sa réponse sous forme d’une
recette dont les ingrédients se trouvent être toutes
les situations de sa vie. De quoi permettre de
déguster un véritable frichti. Un hymne à la tolérance
et à la connaissance, pétillant d’humour et de
saveurs, interprété par Faïza Kaddour et Agnès
Doherty aux cordes.
Dans Tartarin, d’après Alphonse Daudet, Henry
Moati nous transporte de Tarascon à Alger la
Blanche. On chasse la casquette avec Bezuquet et
autre Costecalde, on se régale avec le récit de
l’histoire du lion. Toutes les senteurs de la Provence
et de l’Orient sont réunies, mêlées à nos souvenirs
d’enfance. Un travail tout en finesse et un vrai
moment de plaisir.
Tartarin
Le 9 avril
Théâtre du Balcon, Avignon
Tél. 04 90 85 00 80
www.theatredubalcon.org
ANNULÉ
La création 2011 du Chêne Noir, Bibi ou les mémoires
d’un singe savant d’après le roman d’Henri Frédéric
Blanc Les mémoires d’un singe savant est annulée.
La pièce devait avoir lieu du 8 au 10 avril.
Théâtre du Chêne Noir, Avignon
04 90 82 40 57
www.chenenoir.fr
THÉÂTRE 33
Multicolore
Volcanique
© Christophe Raynaud de Lage
© La Bouée
L’écume des jours
Les 22 et 23 mars
Théâtre de Grasse
04 93 40 53 00
www.theatredegrasse.com
associé au TNB de Rennes, connaît sur le bout des
doigts les mille et une facettes d’Arlequin, ce
personnage emblématique de la commedia dell’arte,
mystérieux et passionnant. Sous son masque de cuir
noir, il prend les traits du malicieux et glouton Arlequin
dans un sabir tricoté d’italien et de français… Une
création à suivre par monts et vallées dans le cadre
des Excentrés.
Trickster dell’arlecchino
Le 21 mars, Veynes
Le 23 mars, Tallard
Le 25 mars, Serres
Le 27 mars, Chabottes
Le 29 mars, Embrun
Le 31 mars, L’Argentière
Le 2 avril, Guillestre
Théâtre de La Passerelle, Gap
04 92 52 52 52
www.theatre-la-passerelle.eu
Fantasque
La pièce de Brecht, Un homme est un homme, se
trouve transformée par la cie Cartoun Sardines en
une cruelle fantaisie anticonformiste. Très proche de
l’esthétique BD, le parti pris de la troupe est l’humour
décalé, s’appuyant sur une mécanique comique
implacable et des constructions hilarantes et
improbables. Galy Gay, pêcheur embarqué dans une
vie qui n’est pas la sienne, deviendra un soldat naïf et
manipulé. Mais en gardant toujours à l’esprit la
démonstration que faisait Brecht de la puissance du
groupe face à l’individu.
Le dernier quatuor d’un homme sourd
Le 29 mars
Théâtre Le Cadran, Briançon
04 92 25 52 52
www.theatre-le-cadran.eu
Un homme est un homme
Le 2 avril
Espace Comédia, Toulon
04 94 42 71 01
www.espacecomedia.com
Initiatique
Dans l’immensité de la terre québécoise, Antoine
débarque chez Dave, l’oncle bûcheron, avec son
jeune fils adoptif Gabriel qui souffre d’une maladie
incurable ; trois hommes aux trois âges de la vie…
Quand Véronique Bellegarde s’empare de la pièce
de l’auteur canadien Daniel Danis, Terre océane
s’illumine : à la «langue nourrie de la sève des arbres»
qui entremêle récits et dialogues, réalisme et
fantastique, sa mise en scène répond par des images
fortes et un souffle poétique.
Terre océane
Le 12 avril
Théâtres en Dracénie, Draguignan
04 94 50 59 59
www.theatresendracenie.com
© Philippe Delcroix
Masqué-démasqué
L’acteur et metteur en scène Didier Galas, artiste
question «Que fait le corps des gens quand ils
pensent, rêvent ou réfléchissent ?» par le biais d’un
spectacle en forme de conférence. Loin d’être
didactiques, trois orateurs-mimes-danseurscomédiens montrent les gestes, regards, postures qui
accompagnent et imagent nos pensées. Ponctuée
par des projections vidéos, la mise en scène de Yves
Marc nous fait pénétrer avec d’humour au cœur du
cerveau…
Je pense donc ça se voit
Le 19 mars
Espace Comédia, Toulon
04 94 42 71 01
www.espacecomedia.com
Quatre grands musiciens forment depuis cinq ans un
quatuor à cordes. Ils répètent dans un lieu clos les
derniers quatuors de Beethoven, au milieu des
tensions engendrées par l’imminence de la première.
Juste avant le jour J, un bouleversement vient troubler
le bel ensemble… Écrit par François Cervantes et
Francine Ruel il y a 20 ans, Le dernier quatuor d’un
homme sourd est plus que jamais étincelant, servi par
des acteurs remarquables : Nicole Choukroun,
Catherine Germain, Stephan Pastor, Laurent
Ziserman.
Béatrice de La Boulaye réussit l’impossible :
adapter l’indomptable roman-jazz de Boris Vian
L’écume des jours, l’histoire de Chick, Colin et Nicolas
amoureux de l’amour. Colin rencontre Chloé, ils se
marient, mais Chloé tombe malade : un nénuphar
pousse dans son poumon. Et l’écume des jours n’y
pourra rien changer… La partition théâtrale joue un
«swing» à trois temps pour mieux coller au rythme du
roman, roman noir et pourtant si coloré sur scène !
Introspection
Le Théâtre du Mouvement tente de répondre à la
© Dominique Sicilia
Décapant
Si vous avez raté Rouge décanté quand il est passé en
PACA, n’hésitez pas à vous déplacer jusqu’à la région
prochaine. Le spectacle est bouleversant, par son traitement intime de la violence, par la beauté douloureuse
du roman autofictionnel de Jeroen Brouwers, qui
passa son enfance dans un camp japonais de prisonnières. Et grâce à l’immense talent de Dirk Roofthooft,
qui a fait le cadeau au public francophone de traduire
et jouer ce spectacle murmuré dans sa langue. Et à
l’inventivité technologique de la mise en scène de
Guy Cassiers, qui se joue des échelles de la représentation théâtrale pour nous poser, sensuellement,
au cœur des événements.
Rouge décanté
Le 8 avril
SortieOuest, Béziers
www.theatredesete.com
34
CIRQUE/ARTS DE LA RUE
MARTIGUES | SIRÈNES | FAI AR | OUEST PCE
Voluptés
Risque de vertige
Lorsque surgit le Centaure à quelques mètres de
vous, l’archaïque est là. Soudain. L’hybride des rêves
enfouis, des mythes, pas tout à fait humain, encore un
peu dans la glaise noire, informé. Et puis le sentiment
s’estompe, dans le trajet autour du théâtre qui oublie
de mettre en scène l’inquiétante étrangeté, dans les
mots maladroits qui énoncent platement ce que les
corps ont dit assez. As-tu déjà fait l’amour avec un
Centaure ? Bof bof, et l’idée que le Turc invité à la
fête, après avoir caressé la croupe du cheval, trouvera
sa femme bien fade, est infantile, et un brin
offensante. Reste : l’élégance absolue des deux
Centaures, noir et blanc, corps uniques et doubles,
Camille et Manolo comme ancrés dans leurs
étalons ; quelques très beaux gros plans, et le temps
de l’eau sur les rives filmées ; et l’impression bizarre
que ces hybrides nous transportent vers les portes
mythiques du Levant, où se niche notre inconscient.
Pourtant on se demande pourquoi le Théâtre du
Centaure a accompli un tel périple méditerranéen -les
docks ici sont aussi beaux qu’à Istanbul- et comment
on pourrait échapper, pour évoquer la volupté au
cinéma, aux clichés de la pub pour le chocolat. Mais
peut-être que la sensualité se joue forcément dans
la lenteur, la fusion, les contrastes estompés et les
gestes courbes ?
L’édifice, qui n’est pas sans rappeler certains univers
de BD, est impressionnant, beau, effrayant parfois :
il faut dire que les lumières et la musique électro jouée
en direct par Nicolas Forge dans une drôle de cage
métallique mettent dans l’ambiance. Le public est
installé devant sur des transats, sous des couvertures : deux grands cercles métalliques de 13,50 m
de diamètre dominent et partagent le chapiteau, tel
un navire fantôme. Dessus, huit acrobates s’affairent,
montent, descendent, actionnent des poulies,
installent des cordes et s’invectivent. Se préparent.
Car le clou du spectacle ce sont les voltiges
aériennes, époustouflantes, fascinantes, maîtrisées
et pourtant surprenantes ; les voltigeurs s’élancent,
se font rattraper et renvoyer aussi sec vers d’autres
bras, croisent leur vol… Tous ménagent leurs effets,
leur style, certains facétieux s’élancent et atterrissent
sur le filet, rattrapent une corde et tels Tarzan passent
d’un côté à l’autre. Finalement, de toute cette
technique émerge une certaine poésie, la fluidité des
prouesses et les petits numéros intermédiaires
adoucissent les performances. On en arriverait
presque à trouver tout cela normal !
AGNÈS FRESCHEL
Flux a été joué aux Salins, Martigues,
les 18 et 19 février
© Christophe Raynaud de Lage
© Philippe Cibille
Epicycle a été donné à Istres
du 17 au 20 février
DO.M.
Reflet,
mon beau
reflet...
Grand rendez-vous à la Cité des Arts de la Rue !
Au bout de 18 mois de formation intense, les 15
apprentis de la 3e promotion de la FAI AR (Formation
Avancée itinérante des Arts de la Rue), composée
d’artistes-concepteurs-réalisateurs en espace public,
présenteront leurs travaux personnels, appelés
Reflets. 5 jours de formes artistiques déjantées qui
tombent à pic : tous les aspects des Arts de la Rue
(arts plastiques et visuels, théâtre, danse, prouesses,
musique, performances...) seront présentés chacun
dans un cadre choisi. Des rencontres destinées aux
professionnels, mais ouvertes gratuitement aux
curieux.
3e Panorama des Chantiers
du 15 au 19 mars
Cité des arts de la rue
04 91 69 74 67
www.faiar.org
3e promotion de la FAI AR - Installation plastique
dans les quartiers Nord de Marseille © FAI AR
Participatif
Les Piétons ont sans enfourcher d’autres montures
poussé des vocalises inégales et rigolotes, plutôt
impressionnantes au niveau masculin, moins convaincantes pour les deux voix féminines. Une sirène un
peu amateur, qui eut pourtant l’excellente idée, après
que l’alerte eut retenti, de tenter une imitation très
construite, avec le public –toujours aussi nombreux
et impliqué. La foule hurla, glissa ses glissendi ascendants, et rit.
La prochaine ? Les apprentis de la FAI AR y présente-
ront la quintessence ralentie de leurs travaux, que vous
aurez pu voir en détails à la Cité nouvelle (voir au dessus).
À venir
L’équipée sauvage de six reines et dix minettes
Les apprentis de la FAI AR
Le 6 avril à midi
Parvis de l’Opéra
04 91 03 81 28
www.lieuxpublics.fr
Gémellité
tique, la création de Philippe Eustachon et Jambenoix Mollet nous
conte la destinée de jumeaux séparés
dès leur naissance, Valentin et Orson.
Chaque interprète compose à la fois un
faune et un personnage de la ville dans
un monde hanté par la dualité.
Inquiétant et magique.
Mister Monster
Le 6 avril
Théâtre la Passerelle, Gap
04 92 52 52 52
www.theatre-la-passerelle.eu
© J.-P. Estournet
Mister Monster de la compagnie Anomalie &… est un face-à-face entre deux
mondes, qui emprunte au cirque, au
théâtre et à la danse leur vocabulaire
pour inventer un spectacle expressément physique et visuel. Sous des allures
de fable théâtrale, onirique et fantas-
Les 8 et 9 avril
Théâtre de Grasse
04 93 40 53 00
www.theatredegrasse.com
Mots
d’amour
Le théâtre de l’Unité propose, dans le
© Sabine Delcour
cadre du Printemps des poètes, 3
sessions pour une version mystérieuse
et sensuelle des Chambres d’amour.
4 minutes de «passe poétique», dans
un hôtel de Cavaillon, où des mots
(d’amour bien sûr) vous seront
susurrés doucement à l’oreille. Juste
pour vous, dans l’isolement d’une
alcôve. Mais accueillis par la tenancière de la maison close poétique, les
pensionnaires ne pratiquent que le commerce des mots d’amour. Une «passe
poétique» vivement conseillée aux mineurs !
Les chambres d’amour
Le 19 mars
Scène Nationale, Cavaillon
04 90 78 64 64
nes
scè
t
e
f
Ef
Intrigant
Spectacle hors norme que celui de la
metteuse en scène Inne Goris à partir
d’un texte de l’auteur Pieter de Buysser,
avec la musique omniprésente de Dominique Pauwels. Au sein d’un dispositif
inédit et déambulatoire (en extérieur mais
le lieu na pas encore été communiqué),
Muur commence en 2064, date à laquelle
quatre personnages, qui ont passé un
demi-siècle à l’ombre d’un mur circulaire, se voient délivrer par quatre enfants
qui vont prendre la relève. De cet espa-
ce «parallèle», gigantesque et absurde
zéro qui exerce une force d’attraction
étrange, les spectateurs, casque sur
les oreilles, suivront les dialogues des
comédiens, traquant leur humanité et
leurs utopies.
Muur
Les 14 et 15 avril
Théâtre d’Arles
04 90 52 51 51
www.theatrearles.comwww.theatredecavaillon.com
Beau
oui
Dans le cadre de son cycle Courage Rions le Merlan vagabonde jusqu’au
chaleureux Daki Ling et, en préfiguration de son Tendance clown accueille
Renaud Cojo qui se prend pour Bowie à l’époque où il se prenait pour Ziggy… Un
jeu de schizophrènes encastrés, miroir de mémoire en forme d’autodérision
musicale, et d’admiration sans borne.
…et puis j’ai demandé à Christian de jouer l’intro de Ziggy Stardust
du 14 au 16 avril
Daki Ling
04 91 11 19 20
www.merlan.org
36
DANSE
LES HIVERNALES | NÎMES
Mission accomplie pour la 33e édition des
Hivernales ! Près de 7300 spectateurs assidus se
sont partagés 23 spectacles. Malgré la faible
participation aux 11 stages proposés, la hausse de
fréquentation (+ 22 %) prouve l’intérêt porté aux
propositions. Cette manifestation, précieuse dans le
paysage avignonnais plutôt morne à cette période,
arrive avec 30% d’autofinancement à remonter
doucement la pente, après une crise sérieuse ces 3
dernières années. La danse des Amériques, une
ample thématique nourrie judicieusement par
Emmanuel Serafini, élargit les partenariats (bonne
idée que ce plateau danse avec le Conservatoire à
l’Opéra) et combine transmission du patrimoine
dansé et découverte des talents actuels. Le Centre
de Développement Chorégraphique retrouve sa
dimension internationale !
Un souffle
hivernal venu
des Amériques
Engagement
La compagnie Trisha Brown a rencontré le succès
escompté. Le mythique Set & Reset, scénographié
par Robert Rauschenberg (plasticien que l’on
recroisera dans la captivante projection de 2
performances extraites de 9 evenings proposée par
la Collection Lambert, projet historique des années
60 alliant théâtre et ingénierie) ; l’ondulant solo de
dos, If you couldn’t see me, et le très balancé l’Amour
au théâtre. Danseurs gaillards, rigoureux, en
mouvement perpétuel. La postmodern dance, tout
en résonnant très eighties reste un modèle de fluidité,
de technicité et de performance mnémonique.
Une jubilation à danser que ne reniera pas Jorge
Arturo Vargas, l’un des principaux directeurs de
théâtre au Mexique. Lâché par son gouvernement à
cause du gâchis de l’année du Mexique en France, il
a pris en charge in extremis, avec les Hivernales, les
frais d’avion pour venir jouer sa pièce-témoignage
Amarillo, surprise de cette édition. Une pièce hybride
qui exprime intensément un état de corps et d’être,
une recherche d’identité et d’engagement vital, et
pose un regard acéré sur la condition des migrants et
les relations frontalières entre Mexique et Etats-Unis.
Inévitablement soumis à la comparaison, puisqu’il
traite du même sujet, Line Of Oblivion de Johanne
Saunier à La Chartreuse a déçu. Débauche de
moyens (panneaux articulés, capteurs sophistiqués,
écrans vidéo perturbants), musique live difficilement
lisible, texte de Carlos Fuentes dans une traduction
dénuée de poésie, danse nerveuse sans subtilité :
beaucoup de choses veulent se dire, sans y parvenir.
Masters…
L’ombre de Merce Cunningham a traversé les
plateaux. 1er rendez-vous Salle Benoit XII avec le
concept imaginé par Jérome Bel pour Cédric
Andrieux, danseur sublime qui dévoile avec humour
et sincérité son intimité d’interprète. D’une voix
récitative il retrace son parcours, sa souffrance, son
insatisfaction, ses envies, désacralisant le mythe tout
en lui rendant un hommage vibrant, offrant des
extraits de partitions jouées ici et là. «Chez Merce,
c’est souvent méditatif… souvent déprimant pour moi.
Un travail à la limite du possible.»
Hommage également à l’éternelle jeunesse de
l’Américain avec la proposition amusante de
Mathilde Monnier, Un américain à Paris. «Je pense
la danse comme une constante transformation de la
Photo de repetition de Filter de Jonah Bokaer © Delphine Michelangeli
vie», une parole du maître de danse livrée par le très
jeune danseur-passeur Marcus Vigneron, invité aux
côtés du trublion Genevois Foofwa d’Immobilité.
Sur le même plateau, c’est Olivia Grandville qui
aura ému, accompagnée de sa mère, la comédienne
Léone Nogarède et de Catherine Legrand. Une
semaine d’art en Avignon, commande du Festival l’an
passé est un tricotage tendre de 64 années passées
sur les planches d’Avignon.
…et forces vives
Jolie découverte avec le new-yorkais Jonah Bokaer,
ex danseur de Cunningham itou, qui a créé au
Théâtre des Hivernales la pièce Filter, commande
du CDC, pour donner sa vision des Demoiselles
d’Avignon. Une inspiration articulée autour de 4 corps
masculins, alanguis, plus horizontaux que leurs
modèles. Agrémentée par l’univers très mélancolique
du musicien Chris Garneau et la scénographie
éclairée d’Anthony Goicolea, la pièce, malgré
quelques longueurs, dégage un onirisme saisissant.
Le chorégraphe a également joué Trois cas
d’amnésie, ses premiers solos, à la croisée de la
danse et des arts numériques. Magnifique danseur,
abstrait, multiple, hypnotique, dont on se délecte de
l’art du geste.
À Cavaillon, la chorégraphe brésilienne Lia
Rodrigues a déstabilisé avec Pororoca, un radeau
de la méduse haut en couleurs. Jaillissement
d’images troublantes où 11 danseurs évoluent dans
une chaîne humaine mouvante (voir Zib 38). Et puis
au Thor Gare Centrale de Josette Baïz, aux faux airs
de comédie musicale (sur du Bach), partition
chorégraphique parfaitement composée (voir Zib 36).
D’autres révélations avec le triptyque en cage de
Yourik Golovine, le canadien jusqu’au-boutiste
Jean-Sébastien Lourdais, la poésie de l’italienne
Rita Quaglia. Envoûtement en clôture de festival
avec le très aérien MalSon : la dernière pièce de la
cubaine Susana Pous met à l’honneur la virtuosité
de ses jeunes danseurs, dans un savant mélange de
physicalité et d’images filmées, empreint de douceur
et flottement.
Sans oublier les HiverÔclites, le «off» des Hivernales
en entrée libre. 3 jours pour découvrir 11 artistes en
émergence dont les danseurs du Ballet National de
Marseille, bien au-dessus de la mêlée (prix du Public
pour Gabor Halasz, une semaine de résidence aux
Hivernales). Le prix de la Recherche (résidence au
théâtre de L’L à Bruxelles) revient au talentueux
Mickaël Allibert (Trucmuche cie) et le prix du Jury
(résidence au BNM) à la Cie Adéquate de Lucie
Augeai.
DELPHINE MICHELANGELI
Le Festival des Hivernales s’est tenu du 24 février au 5
mars à Avignon et en Vaucluse
Lutte
de femmes
Après Duel, pièce créée pour cinq danseurs en 2009,
place aux femmes avec Feu à volonté, dernière
création de la chorégraphe Anne Lopez et sa
compagnie Les Gens du quai. Cinq femmes donc, qui
ne vont pas se défier lors de duels mais se mesurer
à des situations connues de toutes les femmes.
Corps soumis au travail contraignant dans une usine,
corps extatique qui disent l’amour ou tordus de
douleur dans l’accouchement, corps vengeurs et par
moment vaincus lors d’affrontement musclés, ces
corps de femmes, très différent les uns des autres,
disent, dansent, jouent les clichés féminins, les
parodiant, et s’en affranchissent lors de scènes très
drôles et libératrices (le solo de la catcheuse
mexicaine rugissante, s’il est surprenant de premier
abord finit par déclencher l’hilarité). Mais au-delà des
clichés, l’humour fait naître une légèreté, une
désinvolture et une impertinence qui permettent
d’approfondir ces situations, réunir ces individualités,
ces femmes en lutte permanente qui pourraient un
jour en finir avec le conflit ; et chacune de se révolter
individuellement, affirmant sa force, sa rage, corps
libéré et insoumis. Puis le groupe lentement se
reforme, prêt à affronter, tête haute, la suite.
DOMINIQUE MARÇON
Feu à volonté a été dansé les 17 et 18 février
à l’Odéon, Nîmes
© Les gens du quai
38
DANSE
AU PROGRAMME
3 jours à 2
Humains
Temporalité
Laissons-nous gagner par l’idiotie avec le choré-
Idiotas
le 9 avril
Théâtre Comoedia, Aubagne
04 42 18 19 88
www.aubagne.com
Grâce
Chorégraphe britannique d’origine bengladaise,
© Jean-Charles Verchere
Le Ballet d’Europe propose à la Friche de se pencher
en actes et en mots sur la forme du duo. La
compagnie, qui continue à travailler, à partir des
solides bases classiques de ses danseurs, sur des
formes en créations, propose tout d’abord le 6 avril
5 workshops autour de thèmes divers : des moments
de création et d’interprétation de leurs camarades
dont les danseurs ont l’habitude, et qu’ils offrent avec
une joie visible. Les 7 et 8 avril, 4 créations ou recréation du Ballet : un duo de Jean-Charles Gil
autour de la question de la rencontre de l’altérité, un
adage sensuel de Lazzini (qui dirigea le Ballet de
Marseille dans les années 60) sur les accents
passionnés de Malher, pas-de-deux qui fut créé par
Claude Bessy et Georges Piletta en 1972 à l’Opéra
de Paris. Mais il y aura aussi un duo masculin de
Christophe Garcia, autour de la notion de jeunesse
et de fougue, et une création de Francesco Nappa
à partir de deux corps recouverts de latex… Dans
l’après-midi du 8, Christine Rodès viendra parler de
l’histoire du duo, du pas-de-deux ritualisé jusqu’à ses
formes les plus théâtrales, duelles, duplices. À 18h.
Akram Khan mêle dans ses créations la danse
indienne traditionnelle, la Kathak, et la danse
contemporaine occidentale. Avec Gnosis il opère un
retour aux sources, grâce à la Kathak, sur les thèmes
de l’aveuglement, de l’obscurité, entre mythologie
indienne et comics américains. Accompagné par
cinq musiciens et chanteurs traditionnels.
Gnosis
le 12 avril
Théâtre de l’Olivier, Istres
04 42 56 48 48
www.scenesetcines.fr
Kawa © Jeff Rabillon
graphe Toméo Vergès et sa compagnie Man Drake
X, mais pas n’importe laquelle : «l’idiotie comme
légitime défense, comme tentative de compréhension
de soi et du monde qui nous entoure.» Tout un programme qui promet une douche fraîche et crue de la
part des interprètes qui campent des personnages
hauts en couleur qui manient le geste et la parole
avec brio.
Dans le cadre de la proposition dansée Pour un soir,
le théâtre d’Arles programme deux soli qui interrogent mémoire et identité. Temps d’arrêt, interprété
par Miguel Nosibor qui en est aussi le chorégraphe, défie le temps en déliant ses mouvements, attentif aux
pauses, aux tremblements même, précis (voir p8) ; Hafiz
Dhaou réinvente quant à lui un moment particulier,
celui du café du matin, le Kawa, durant lequel on savoure le silence. Et dans un corps-à-corps avec le temps,
la danse devient singulière.
Temps d’arrêt et Kawa
le 5 avril
Théâtre d’Arles
04 90 52 51 51
www.theatre-arles.com
le 14 avril
Théâtre des Salins, Martigues
04 42 49 02 00
www.theatre-des-salins.fr
© Richard Haughton
Répertoire
Le Ballet de Lorraine s’installe à l’Olivier et offre deux
occasions de découvrir la richesse de son répertoire.
Dans The Vile parody of address, 3 danseurs vont se
rencontrer, et se déséquilibrer, sur une chorégraphie
de William Forsythe et la musique de J.-S. Bach. Après
l’entracte, le Ballet se lance dans Etcetera, sa dernière
création dans laquelle Andrea Sitter éclaire quelques
chefs-d’œuvre du XXe siècle grâce à différents soli. 14
danseurs rendent ainsi hommage à Meredith Monk,
Martha Graham, Russell Maliphant, Andrea Sitter…
Trois jours pour le duo-danse
Le Ballet d’Europe
Du 6 au 8 avril
La Friche, la Cartonnerie
04 96 13 01 12
www.balletdeurope.org
The Vile parody of address et Etcetera
Le 18 mars
Théâtre de l’Olivier, Istres
04 42 56 48 48
www.scenesetcines.fr
Apesanteur
Matière
Akys Projecte-#0.0 est un solo de Xavier Kim, au croi- Troublant
MOD programme deux événements à la Minoterie : Pu
sement des arts vivants et des arts électroniques, Alain Buffard, artiste associé au Théâtre de Nîmes est un solo dansé par Laurent Pichaud, adapté de Room,
une petite fable kaléidoscopique urbaine. Le spectacle «cherche à traduire des réalités économiques,
politiques et sociales de manière décalée, par l’image
et le geste.» Xavier Kim joue avec et se joue de la
gravité et pratique l’art du Body-Jockey qui consiste
«à échantillonner avec son corps des émotions,
mouvements, gestes, attitudes et autres postures
corporelles pré-existantes […]»
Akys Projecte-#0.0
le 7 avril
Théâtre Comoedia, Aubagne
04 42 18 19 88
www.aubagne.com
cette année, y donne une chorégraphie bouleversante créée en 2005, Les Inconsolés. Visages
masqués, les trois danseurs réalisent un ballet de
corps en théâtre d’ombre, racontant leurs jeux cruels
lors d’accouplements sadiques. Entre tortures mutuelles et tentative de communication, les blessures
intimes se devinent, devenant «jeux d’alliance et de
désalliance».
Les Inconsolés
le 1er avril
Théâtre de Nîmes
04 66 36 65 10
www.theatredenimes.com
pièce chorégraphiée par l’américaine Deborah Hay
pour 7 performers français dont il faisait partie. Il est
suivi de la projection d’un film de Barbara Sarreau,
Joris Lachaise et Anne-Sophie Popon, Ici, «qui
questionne la marche, le corps-danseur et le corpsvidéaste à travers une matière visuelle ramenée du
Mali». Barbara Sarreau sera par ailleurs accueillie en
résidence de création par MOD du 18 au 30 avril.
Pu et Ici
Les 15 et 16 avril
Au Théâtre de La Minoterie
04 95 04 96 42
www.marseille-objectif-danse.org
DANSE
AU PROGRAMME
Flux et reflux
Chanté dansé
Passo
double
Ambra Senatore et cinq danseurs, tous juchés sur
de hauts talons, tous habillés en vert, entrent l’un
après l’autre sur scène, poussant l’illusion à son
paroxysme dans ce jeu de clones troublant : qui est
qui ? impossible à dire ! Danse dynamique scandée
de cassures et de chutes, gestuelle inattendue,
désynchronisation : on rit à cette partie de cachecache faussement désinvolte, aux histoires teintées
d’humour et aux effets de surprise qui enrayent la
belle mécanique.
© Giorgio Sottile
40
Passo
Le 9 avril
Théâtre de La Passerelle, Gap
04 92 52 52 52
www.theatre-la-passerelle.eu
© Laurent Thurin Nal
Franck Micheletti et le Collectif Kubilaï Khan
Investigations ont jeté l’ancre à Accra, capitale du
Ghana, à la rencontre d’artistes ghanéens. De ce
territoire vivant (la ville, le port, l’Afrique) et de cette
matière vivante (danseurs ou musiciens…) est née
leur nouvelle partition chorégraphique, musicale et
vidéo : Archipelago. Une invitation au voyage dans
des paysages visuels, sonores et chorégraphiques à
l’énergie contagieuse.
Archipelago
Le 25 mars, festival Les Vents du levant
Théâtres en Dracénie, Draguignan
04 94 50 59 59
www.theatresendracenie.com
Une nouvelle collaboration transfrontalière au théâtre
Durance : ce sont des chansons populaires, interprétées en live par la cie Italienne Tecnologia Filosofica,
qui seront prétexte à danser comme au quotidien du
second étage d’un immeuble.
Le 1er avril
CNCDC Châteauvallon, Olllioules
04 94 22 02 02
www.chateauvallon.com
Le 8 avril
Canzoni del secondo piano
Théâtre Durance, Château-Arnoux
04 92 64 27 34
www.theatredurance.fr
© Oreste Testa
Fleuri
Seule
National
Le BNM reprend au Pavillon noir et à château Arnoux
Ballet National de Marseille
Du 19 au 22 avril
Pavillon Noir, Aix
0811 020 111
www.preljocaj.org
© Luk Monsaert
Espoir et illusions perdues palpitent dans Gardenia,
fruit de l’union sacrée de trois personnalités de la
scène belge : Alain Platel, directeur des Ballets C de
la B, Frank Van Laecke, magicien d’opéra, de théâtre
et de music-hall et Vanessa Van Durme, artiste de
cabaret et comédienne transsexuelle. Gardenia n’est
pas une œuvre de fiction, c’est un récit intime qui
sonde l’existence de neuf personnalités singulières,
un spectacle-témoignage qui a marqué le dernier
Festival d’Avignon.
Gardenia
Les 25 et 26 mars
CNCDC Châteauvallon, Olllioules
04 94 22 02 02
www.chateauvallon.com
Le 1er avril
Théâtre Durance, Château-Arnoux
04 92 64 27 34
www.theatredurance.fr
Inverses © Agnès Mellon
© Sylvie Veyrune
son programme «néoclassique» que vous pourrez
aller voir pour mieux admirer la création contemporaine de technique classique. Très conseillé pour les
apprentis danseurs (voir p 59).
C’est un projet d’Hélène Cathala qui s’élabore depuis
plusieurs années, et est passé par des étapes de
travail plus ou moins intéressantes. Une très belle
danseuse y déclenche avec son corps des dispositifs
sonores qui alimentent et justifient ses mouvements.
D’une belle présence, on ne sait pourtant pas trop
qui elle est, cette ondine ondoyante solitaire…
La Jeune fille que la rivière n’a pas gardée
Le 25 mars à Morières-les-Avignon
Le 29 mars à Châteauneuf-de-Gadagne
Le 30 mars à Joucas
Le 31 mars à Maubec
04 90 78 64 64
www.theatredecavaillon.com
42
MUSIQUE
GTP | SYMPHONIQUE
Top chef !
Dans le dernier souffle de
l’allegro de la septième
symphonie de Beethoven,
le public se leva comme
un seul homme clamant
des bravos à ne plus en
finir : Tugan Sokhiev
venait d’accomplir son
œuvre ! Dès le début du
concert, les premières
notes de l’ouverture de
Coriolan, lancées d’un
geste magistral par le
chef russe, saisirent l’auditoire : le Mahler Chamber
Orchestra, composé d’une
quarantaine d’instrumentistes, enroba la salle d’une
sonorité chaude et éclatante. Dirigés de main de
maître par l’homme à la baguette, les musiciens, envoutés par la grâce et l’efficacité de sa gestique,
dans une osmose parfaite, firent rugir de plaisir leur
instrument ; l’ombre de Beethoven planait !
Puis Angelich entra en scène. Le pianiste, à la
démarche hésitante, posa ses mains sur son instrument et le son fut : finesse, force, douceur… les mots
manquent pour qualifier cet inventeur de timbre :
Il était une fois
dans l’Est
Tugan Sokhiev © Mat Hennek
un véritable Empereur ! Ce cinquième concerto,
maintes et maintes fois joué, dans une chorégraphie
de mains et de baguette dévoila alors de nouvelles
facettes. L’orchestre du Capitole peut se réjouir d’avoir
un directeur musical de l’envergure de Sokhiev :
déjà un trois étoiles !
CHRISTOPHE FLOQUET
Concert donné au GTP le 15 février
Difficile d’imaginer, quand ces deux compositeurs
sont réunis dans un même concert, qu’un siècle
sépare Chopin, mort en 1849, de Rachmaninov,
décédé en 1943 ! Deux artistes, issus d’un même
pédoncule, fruit de l’exaltation de l’âme slave et
d’une sensibilité exacerbée, étaient réunis par la
magie du clavier. Seul un pianiste d’exception
pouvait réussir à faire vibrer le plus profond de ces
musiciens sans rentrer dans un pathos dégoulinant
et une surenchère technique. Et ce fut le cas avec
Philippe Giusiano ! Son jeu cristallin, aérien, tout
en retenue subjugua le public du théâtre du Jeu de
paume : les Mazurkas, opus 6 et 7, aux harmonies
délicieuses, petite mise en bouche avant les 24
préludes de l’opus 28, défilèrent sous ses doigts
alertes. Avec quelle élégance il trouva à chaque fois
le ton juste pour passer d’une pièce à l’autre, tirant
de chacun de ces écrins la quintessence ! Les six
moments musicaux opus 16 du grand Sergueï, un
peu plus «solides», semblèrent moins convenir à
son tempérament. Par contre, Les jeux d’eaux à la
villa d’este de Liszt, proposés en bis, nous laissèrent
dans un état… liquide. Sans nul doute, un pianiste
d’avenir.
C.F.
Philippe Giusiano s’est produit le 14 février
au Jeu de Paume
Horlogerie Suisse
violon que d’aucuns qualifieraient de maniérée
témoignait elle aussi d’une parfaite maîtrise de l’instrument, tant sur le plan du touché étonnamment
percussif mais à la justesse infaillible que sur le
plan du phrasé très aérien. En effet sa manière
d’effleurer les cordes, sans doute due à sa tenue
d’archet brillait dans le Concerto n°4 K.218 de
Mozart.
Pour finir les musiciens interprétèrent avec un
plaisir non dissimulé la Symphonie n°45 de Haydn
qui malgré son effritement sonore progressif n’entachait en rien l’étonnante cohésion du groupe, signe
d’une mécanique fluide et fonctionnant à la
perfection.
ÉMILIEN MOREAU
Philippe Giusiano © Mirare
Giuliano Carmignola © Tonkunstler
Invité à se produire au Festival de Toulon accompagné du dandy vénitien Giuliano Carmignola au
violon, l’Orchestre de chambre de Bâle dirigé par
Umberto Benedetto Michelangeli est venu offrir
aux mélomanes le 17 février dernier une leçon de musique dans un répertoire au classicisme prononcé.
Cet ensemble, fort d’une parfaite homogénéité des
pupitres, affirmait dans la Suite n°3 de Respighi une
remarquable maîtrise des dynamiques sachant distiller des pianissimi au bord de la rupture mais
également des fortissimi incisifs propres à faire
douter du nombre d’instruments présents. Aidés par
une direction remarquable de souplesse et de
décontraction dans la gestuelle qui devenait toutefois très précise sur les tempi rapides, les musiciens
offraient à voir un sublime ballet de coups d’archet
millimétrés illustrant à la perfection la notion de
geste musical.
Toute en finesse, la technique de Carmignola au
Une dame de cœur
La littérature pianistique du XIXe siècle est une
bénédiction pour les sentimentalistes et les artistes
en quête d’une vérité musicale. Et Brigitte Engerer
fait partie de cette catégorie. Dire qu’elle est une
grande pianiste relève du pléonasme ! Mais c’est
surtout une grande musicienne, une très grande ?,
capable d’alterner des passages d’une douceur
angélique, aériens, comme dans les Nocturnes de
Chopin, avec des moments d’une brutale tendresse
comme dans les Funérailles de Liszt. Sa maîtrise de
l’instrument, parfaite, lui permet de se libérer des
contraintes techniques pour atteindre des sommets
d’expressivité. Son interprétation de Bénédiction de
dieu dans la solitude, du virtuose hongrois, em-
preinte de mysticisme et de quiétude fut un modèle
du genre : les grappes mélodiques cristallines
s’épanchèrent de son instrument en réponse aux
harmonies mordorées violentées par ses coups de
butoir. Une main de velours dans un gant de fer !
Les petites pièces de Clara Schumann distillées en
fin de concert avant le Carnaval opus 9 de son
compositeur de mari, hissèrent définitivement cette
grande dame au panthéon des pianistes. Une vraie
leçon de musique.
C.F.
Concert donné au GTP
le 17 février
MUSIQUE
43
Dans la cour des grands
Johann et Joseph Strauss. Sans oublier les Danses Hongroises de Brahms.
L’orchestre, comme libéré par les
pizzicati précédents, gagnait une
belle intensité.
Et le final, hommage à la Provence
avec la Farandole de l’Arlésienne de
Bizet, fut enlevé avec une fougue et
un enthousiasme auquel répondit
avec chaleur le public transporté. Aux
acclamations répétées, le morceau
fut repris en bis, en ter.
La musique est la première des pratiques amateurs des Français. Leur
donner l’occasion de jouer en orchestre avec cette exigence et cette
qualité est une merveilleuse idée.
Quel rêve extraordinaire pour un
amateur éclairé que de se glisser aux
côtés des plus grands interprètes,
non seulement les approcher mais
partager la même émotion sur
scène ! C’est le bonheur que quatrevingt-dix musiciens amateurs, de
sept à soixante-seize ans ont connu,
grâce à la résidence de l’Orchestre
National de France au Grand Théâtre de Provence. Sélectionnés sur
500 candidats par les musiciens de
l’ONF, ils ont suivi d’assidues répétitions de novembre dernier au mois
de mars 2011.
Ce travail trouvait son aboutissement
lors du concert donné au GTP sous la
direction bienveillante et subtile de
Takuo Yuasa. Le programme classique et varié permettait de mettre en valeur les
différents pupitres de l’orchestre. On retiendra plus
particulièrement les solistes des danses populaires
de Béla Bartok, la belle partition des vents de la
© Agnès Mellon
Danse Arabe de Grieg et les superbes pianissimi
pailletés des cordes de la Mort d’Aase (Grieg), le
charme léger de La danse des Mirlitons de CasseNoisette, le travail de nuances sur la Valse triste de
Sibelius, l’humour brillant de la Pizzicato Polka de
Romantique et suranné
Programme délicat et subtil que celui proposé le
11 mars dernier au GTP, avec son titre générique
L’amour. Amour en effet, puisqu’il unissait en un
même spectacle des œuvres de Clara et Robert
Schumann, par le Chœur de Radio France, sous
la direction tout en finesse de Matthias Brauer
avec un accompagnement au piano irréprochable.
Les voix s’irisent, l’ensemble s’anime d’un souffle
Choeur de Radio France © Radio France-Abramowitz
délicat dans l’interprétation des trois chœurs pour
voix mixtes a capella de Clara Schumann, Abend
feifer in Venedig, Vorwärts, Gondoliera, qui se
modulent en différents registres, du mystique à
l’amoureux. Chaque pupitre sonne avec justesse et
les couleurs se marient en une vivante et riche
palette que l’on retrouvera dans Le Pèlerinage de la
Rose (Der Rose Pilgerfahrt sur un poème de Moritz
Horn) de Robert Schumann. Pour cette œuvre, un
seul regret, qu’il n’y ait pas de sur-titrage afin de
suivre les étapes de la désuète histoire de cette
Rose, qui rêve de devenir humaine, de connaître les
joies de l’amour et de la maternité, et qui, après
une année de bonheur humain donne la rose
magique de la reine des Elfes à son enfant et meurt,
accueillie par les anges du ciel ! Le chœur de Radio
France est bien entendu remarquable, avec un
travail d’échos et d’équilibre exceptionnel, qui
papillonne avec légèreté et phrase avec netteté.
Les voix des solistes sont splendides, fraîcheur
innocente et pure de la Rose (la soprano Alexandra
Couton), tessiture large des altos (Elodie Simon
et Carole Marais), profondeur inquiétante de la
basse, le Fossoyeur (Robert Jezierski), simplicité
efficace du baryton (Mark Pancek) ou du ténor
(Pascal Bourgeois) qui retrouve le ton du lied avec
souplesse.
Pour débuter le concert, la soprano Claudine
Margely chantait Er ist’s ! aux accents chaleureux et
délicats, unissant en une même œuvre Clara et
Robert Schumann. L’amour ? Une fleur délicate et
subtile que l’on a eu plaisir à respirer.
M.C.
Clara et Robert Schumann : L’Amour
donné au GTP le 11 mars par le chœur de Radio
France sous la direction de Matthias Brauer
M.C.
Le concert du Grand Orchestre des Musiciens
Amateurs de Provence a été donné le 7 mars
Une perle
du Japon
Grâce à la venue de l’Orchestre National de France,
le GTP a pu découvrir un immense chef en la personne de Takuo Yuasa. Avec élégance et souplesse,
à la manière d’un chef de chœur, il tira de l’ONF une
des meilleures formation orchestrale du monde, sa
quintessence pure. Notamment dans la quatrième
symphonie de Brahms ! L’adagio final, tout en
explosivité et tendresse, résonne encore dans
l’enceinte du théâtre.
Aux antipodes de ces sonorités charnelles, la
première partie, après l’insipide ouverture d’Obéron
de Weber, fut plus terne. Il faut dire que le concerto
pour trois pianos et orchestre n°7 en fa majeur de
Mozart, ici dans sa version pour deux pianos, avec
les sœurs Bizjak, n’est pas une œuvre transcendante. L’orchestre, en retrait, s’effaça derrière le
jeu agréable et le toucher perlé des deux pianistes.
Le bis qu’elles proposèrent, plein de verve et de
rudesse -paraphrases sur une étude de Paganinipermit de mettre en avant leurs qualités de virtuoses et d’interprètes. Puis Brahms arriva, et avec
lui le sublime…
CHRISTOPHE FLOQUET
Orchestre National de France © Radio France-Abramowitz
44
MUSIQUE
OPÉRA
La force du destin
Il aura fallu quelques mots pour que
Tatiana, Nataliya Kovalova, superbe
soprano à la voix puissante et profonde, tombe éperdument amoureuse
d’Eugène Onéguine, Armando
Noguera, baryton argentin, au timbre chaud, doublé d’un formidable
talent d’acteur. Il aura fallu quelques
danses pour que Vladimir Lenski,
Florian Laconi, ténor brillant et
émouvant, fasse une crise de jalousie
à Olga, Marie Lenormand, et provoque son ami Eugène en duel. La mort
de Lenski sur la conscience, Onéguine
erre avant de recroiser Tatiana. Renversement des rôles, il lui déclare sa
flamme, mais, elle, mariée au prince
Grémine, Nicolas Courjal, basse
énorme, sonore, restera fidèle à son
mari, malgré son amour pour Eugène.
Au terme d’un dialogue saisissant
d’émotion, l’opéra s’achève sur un air
magnifique plein de désespoir et de
douleur, à la hauteur du désarroi des
protagonistes : c’est le destin !
Eugène Onéguine, d’après Pouchkine,
est un monument. L’œuvre, d’une
parfaite unité, dévoile le formidable
talent de mélodiste de Tchaïkovski.
Les chœurs, soutenus par de belles
harmonies et des couleurs d’orchestre
exquises, ici superbement portés par
les musiciens et chanteurs de l’opéra
d’Avignon dirigés efficacement par
Rani Calderon, alternèrent avec des
airs plus beaux les uns que les autres.
Le reste de la distribution vocale,
également impeccable, participa au
succès de cette représentation, tout
come la mise en scène de Claire
Servais: sobre, inventive, efficace,
superbe. Une grande œuvre, servie
par un grand spectacle.
Eugene Oneguine © Cedric Delestrade - ACM-Studio - Avignon
Eugène Onéguine a été joué
au Théâtre Opéra d’Avignon
les 20 et 22 février
CHRISTOPHE FLOQUET
Amours amères
Fidèle à son engagement artistique, l’Opéra de
Toulon programmait en cette fin février une œuvre
injustement méconnue de Giaccomo Puccini,
dernier grand compositeur lyrique italien. La Rondine, ou L’hirondelle en français, est une comédie
lyrique traitant des affres de deux amants rarement
jouée sans doute à cause du contexte historique
sombre dans lequel elle vit le jour. Créée en 1917,
elle fut remaniée deux fois par le compositeur
indécis quant à son issue puis perdue et ne sortit
de l’oubli que dans les années 90.
Giuliano Carella et l’orchestre de l’opéra en ont
livré une version splendide mettant en valeur l’excellence du métier de Puccini en tant qu’orchestrateur
et portant au sommet une distribution vocale homogène, talentueuse et très émouvante. En effet,
Maria Luigia Borsi soprano au timbre rond et
puissant incarnait avec grâce l’héroïne touchante
d’indécision (Magda) et le ténor Marc Laho à la voix
sûre brillait en amant éploré (Ruggero). De mêmes
tessitures mais à l’opposé sur l’échelle du drame et
donc plus légers aussi vocalement, Francesco Marsiglia (Prunier) et Rosanna Savoia (Lisette)
s’emparaient de leurs rôles plus frivoles avec talent
et conviction. Cette production digne d’éloges,
aidée par une mise en scène limpide et efficace de
Gino Zampieri épousant au plus près le livret,
placée dans un contexte années folles avec des
décors au style art déco épuré du plus bel effet et
des costumes superbement mis en lumière avait
tout pour combler les amateurs : un sans faute
chaleureusement applaudi où audace rimait avec
qualité.
La Rondine © Filippo Brancoli Pantera
ÉMILIEN MOREAU
Un baiser ?
Pas sur la bouche © Christian Dresse
On se demande ce qui a pu pousser Alain Resnais à tourner en 2003 une
adaptation de l’opérette Pas sur la bouche de Maurice Yvain. De prime abord
c’est un pur divertissement Années folles, une sorte de comédie musicale
boulevardière au style balancé du music-hall. L’octogénaire y avait pourtant
déniché quelque miroir de notre temps, singeant une bourgeoisie snob et réac
à la botte affairiste des States, encline à railler les avant-gardes et la femme
en quête de liberté…
On loue le dessein de l’Odéon de faire revivre pareil succès ! Pas sur la bouche,
joué les 19 et 20 février, mis en scène par Pierre Sybil, adhère à l’esprit des
années 1920 : silhouettes longilignes, robes tubulaires découvertes au genou,
coupes au carré, décor art déco accroché de pastiches de Lempicka et
Matisse… Le piano et la batterie font swinguer la fosse dirigée par Jean-Pierre
Burtin. Les six filles du Chœur Phocéen dansent aussi bien qu’elles chantent
et donnent de l’opulence à un plateau de solistes, excellent dans la comédie
comme les roucoulades. On alterne, sur un tempo endiablé, quelque parodie
sur l’Art (Dadas et cubistes s’y muent en «cucu-istes»), air avec hoquet, duos
bariolés, ballet mexicain, une leçon de baiser… et de fatales grivoiseries !
JACQUES FRESCHEL
MUSIQUE
45
Wozzeck… le choc !
fantasmes : ceux du héros sans doute, psychologiquement instable et en proie à des hallucinations.
Mais tous ceux qui en surgissent, du capitaine clownesque (Gilles Ragon), du médecin démiurge
(Frode Olsen) au tambour-major punk et
bestial (Hugh Smith) et toute une ménagerie délirante (les hommes du Chœur
de l’Opéra totalement déjantés !),
symbolisent de fait un monde plus
fou encore que celui qu’on attend.
Au final, Wozzeck se trouve seul, au
centre des regards et de cette
«tente» dont les parois fragiles sont
tombées. Du haut d’une imposante
passerelle, à la lumière lunaire de
réverbères, on observe l’œuvre
accomplie. Ceux qui l’ont
humilié le raillent encore,
jusque dans sa mort
même, pitoyable, avant
que s’élève, dans l’excellente fosse d’orchestre
(sous la baguette millimétrée de Lawrence
Foster), une page
tonale (enfin… libératrice ?) d’un lyrisme
à tirer les larmes.
Inoubliable !
Du chaos orchestral, issu d’un grondement tellurique, émerge peu à peu un «si» qui déjà persiste
et vole vers l’aigu. Au climax de la scène du crime,
une pulsation obsédante, doublée d’une irrésistible
montée par degré à l’orchestre, ne laisse plus planer
de doute : Wozzeck (Andreas Scheibner) va passer
à l’acte ! Animé d’une pulsion impérieuse, il égorge
Marie (Noëmie Nadelmann). Soudain cette fameuse note (le «si») gagne toute la place, envahit
l’espace sonore au gré d’un crescendo ahurissant…
Rarement musique, dans l’histoire de l’opéra, a fait
à ce point corps avec son sujet comme celle composée par Alban Berg en 1925. Avec Wozzeck, on se
situe à la lisière de la folie. Dans le climat social
tendu de l’après-guerre et en plein expressionnisme
germanique, l’atonalité qui s’y développe trouve sa
pleine justification. Mais ne nous y trompons pas :
la turbulence chaotique exposée est jumelée d’une
organisation métronomique ! Wozzeck est sans
conteste un chef-d’œuvre auquel on ne reste pas
indifférent. C’est un choc quand on le découvre : on
y reste planté comme devant Le Cri de Munch !
La lecture qu’en fait Guy Joosten est saillante, puissante. S’il égratigne quelques conventions liées au
livret (un «Ange de mort» se substitue à l’Idiot et
s’approprie le dialogue final des gosses, Wozzeck
remplace l’enfant lors du monologue miséricordieux
de Marie…), ce dernier renforce sa violence cynique. L’auberge, figurée par une «tente» militaire
mouvante, est le lieu de tous les vices (fornication,
prostitution, beuveries, travestissements…) et des
JACQUES FRESCHEL
Wozzeck est à découvrir jusqu’au 20 mars
à l’Opéra de Marseille
04 91 55 11 10
www.marseille.fr
Noemi Nadelmann
© SF - Oscar Alessio
Les conservatoires sont des garderies !
Alors qu’elle vient d’animer
une master classe autour des Noces
de Figaro, Mireille Delunsch dresse
un bilan sombre de l’enseignement
du chant en France
mireille delunsch © Studio cui cui Aude Boissaye
Zibeline : Que pensez-vous du projet de Cyril
Rovery de constituer un pôle de spectacle et de
promotion lyrique dans la région ?
Mireille Delunsch : Je suis très attentive à cela :
les chanteurs sont mal formés à la scène en France.
Il y avait auparavant des classes d’art lyrique dans
les Conservatoires, mais elles ont souvent disparu.
Et puis les conservatoires en province sélectionnaient pour Paris… Ils ne font plus ce travail : ce
sont des garderies ! Il y a trop peu d’heures
d’enseignement et, de plus, les professeurs ont une
attitude exclusive débile et empêchent leurs élèves
d’aller voir ailleurs. Or lors des auditions les
diplômes ne servent à rien : seuls le style et la voix
comptent. Il y a un fossé entre l’enseignement et
la réalité professionnelle.
Quelle a été votre formation ?
Je suis passée par le théâtre, la danse, la pratique
instrumentale, le chant en chœur et j’ai grandi dans
une famille où j’ai été accoutumée à la musique…
par imprégnation ! Aujourd’hui les jeunes gens
n’ont aucune idée de ce qu’est l’art lyrique. J’ai
débuté à 21 ans dans le cadre d’une petite association qui montait des œuvres peu jouées comme
L’Étoile de Chabrier… Vous savez, même lorsque
les moyens sont limités, il faut que les acteurs
soient bien dirigés. Ce travail avec des gens de
théâtre m’a servi, plus tard, avec les grands metteurs
en scène. Même si ces derniers, souvent, ne savent
pas quoi faire avec la musique !
Quels conseils avez-vous donnés aux jeunes
chanteurs ?
J’ai animé récemment une master classe à Séoul…
le niveau n’est pas le même ! Mais j’ai travaillé ici
dans un esprit professionnel, en montrant aux
chanteurs comment travailler sur la conception des
rôles. Cela passe par le mental et le sentiment, et
renforce la technique et le style. J’adore enseigner !
Ça permet de trouver des solutions pour soi-même.
Je devrais bientôt diriger une classe de chant à
Berne.
On vous a entendue il y a peu à l’Opéra de Marseille
dans La Belle Hélène : c’était une prise de rôle ?
Oui ! Je suis plutôt soprano alors que le rôle est
celui d’une mezzo… mais bon ! L’équipe a résolument défendu la mise en scène de Savary et on
a eu du plaisir à travailler ensemble. Ce qui est
dommage c’est qu’il ne reste aujourd’hui que peu
d’opérettes au répertoire, alors que c’est un bon
moyen, pour les jeunes en particulier, d’accéder à
l’opéra.
ENTRETIEN RÉALISÉ PAR JACQUES FRESCHEL
La prochaine master classe de l’O.P.T. sera dirigée par
Marie-Ange Todorovitch sur Carmen, les 14 et 15
avril à l’amphithéâtre de La Timone (entrée libre).
www.operatheatrepourtous.com
46
MUSIQUE
ENSEMBLES
Suave Baroque…renaissant
l’orgue de façon mystérieuse puis laisse la place aux violons en tuilage et
au continuo de belles résonances. Les
danseurs soulignent textes et tempi,
mais nous restons perplexes sur ces
danses très renaissance, cet univers
à deux linéaire, alors que le baroque
est bien plus théâtral, plus spatialisé.
Certes, l’Académie de Danse n’est
créée qu’en 1661 par Louis XIV,
Beauchamp et Feuillet en étant les
maîtres absolus. Mais la musique de
Monteverdi, si variée et théâtrale,
baroque, avait du mal à lutter contre
ce duo assez corseté.
Aux Salins le 11 mars la conférence
de Denis Morrier, Danse et musique
dans l’Italie de Monteverdi nous fit
voyager à la Cour des Gonzague où
Monteverdi fut Maître de Chapelle du
Duc de Mantoue. On découvre deux
ouvrages majeurs sur la théorie et la
pratique de la danse : Il Ballarino de
Fabrizio Caroso (1581), contenant de
nombreuses illustrations et Le Grazzie
d’amore de Cesare Negri (1602), notant figures nouvelles et variétés de
pirouettes. L’Ensemble Concerto Soave,
avec Jean-Marc Aymes au clavecin,
à l’orgue et à la direction (Odile
Edouard, Flavio Losco, violons, Mara
Galassi, harpe, Gaetano Nasillo, violoncelle, Maria Cristina Kiehr, soprano,
Valerio Contado, ténor, Stéphan Mac
Leod, basse), allait mêler son art à
celui de Bruna Gondoni et Marco
Bendoni, danseurs de la compagnie
Il Ballarino, dans un programme
autour de Monteverdi.
Un programme fait d’amours, rires,
pleurs, de contrastes permanents, et
YVES BERGÉ
Concerto Soave © Marie-Eve Brouet
témoignant de la progression stylistique de Monteverdi porté vers la
modernité de l’harmonie et du
contrepoint (seconda prattica). De la
Canzonetta a tre, composée à 17 ans
-alternance entre deux violons sautillants et un trio de belle homogénéitéet le sublime Lamento de la Ninfa -
Le 9e festival Mars en Baroque
se poursuit jusqu’au 23 mars
(à la chapelle Sainte-Catherine,
l’Alcazar et l’église Saint-Cannat,
Marseille)
Espaceculture 04 96 11 04 61
www.espaceculture.net
Concerto Soave 04 91 90 93 75
www.concerto-soave.com
madrigal de 1648-, le voyage proposé
est d’une subtile variété. Les violons
expressifs et un continuo présent et
dynamique, permettant aux voix
aérienne de M. C. Kiehr, chaude de S.
Mac Leod et piquante de V. Contado de
poser d’audacieuses harmonies. J.-M.
Aymes attaque la Sonate de Merula à
Vivent les femmes !
Singulière idée que d’avoir baptisé un festival Présences
féminines pour sa première année d’existence dans
l’agglomération Toulonnaise. On peut à l’évidence en
remercier sa directrice artistique Claire Bodin qui n’a
pas hésité à mettre en œuvre ses talents en tant que
claveciniste et chef de la compagnie Les Bijoux indiscrets dans un concert de clôture brillant et baroque
à souhait puisque dédié à des œuvres qu’interprétait
en son temps la Marquise de Pompadour.
L’ensemble du concert de clôture ne proposait que des
œuvres de compositeurs masculins de la première
moitié du XVIIIe siècle (d’autres concerts furent plus
spécifiquement dédiés aux femmes compositrices),
mais on y percevait toutefois la féminité au travers du
chant fluide aux aigus ciselés de Juliette Perret et des
danses nobles aux pas délicieusement chaloupés de
Sarah Berreby. Dans une atmosphère résolument
anachronique, puisque des œuvres contemporaines
sont accrochées aux murs du Musée d’Art de Toulon,
le simple fait de fermer les yeux transportait les sons
dans une autre époque. Bien que peu favorable à la
voix et à son articulation, l’acoustique du lieu nimbait
la musique d’une sonorité envoutante proche du souvenir, comme un écho nous rappelant avec quelle ferveur
Madame la Marquise avait défendu musicalement et
financièrement la musique et la danse de son temps.
Qu’il s’agisse de la fougue d’un Pancrace Royer ou de
l’étonnante sobriété de Campra la richesse du style
français était subtilement mise à l’honneur dans cette
soirée au programme généreux.
Ensemble Les Bijoux indiscrets © X-D.R.
Souhaitons donc longue vie à ce Festival prometteur
et avouons-le : vivement 2012 !
ÉMILIEN MOREAU
Dans le cadre de sa trilogie Telemann,
Balbastre, Bach fils au charmant petit
Temple protestant d’Arles, l’ensemble Baroques-Graffiti est border line
avec le style classique : Les œuvres
interprétées des fils Bach, Carl Philipp Emanuel et Johann Christoph
Friedrich (Larghetto pour pianoforte
et traverso) ont déjà un pied si ce ne
sont les deux dans le nouveau style
Viennois fin XVIIIe. Voilà une programmation qui met les pieds dans le
plat et concrétise le meurtre du père !
Formation inhabituelle en quatuor :
Le traverso prend la place du violon
rappelant sa popularité en Prusse et
les liens d’amitiés unissant Carl Philipp Emanuel et le compositeur,
sharman Plesner © X-D.R.
Vous avez dit baroque ?
flûtiste et théoricien J.J Quantz. Le
pianoforte quant à lui prend acte du
deuil de la basse continue baroque en
cette année 1788.
Après de ponctuelles dérobades que
nous attribuerons à la fraîcheur du
lieu, bien vite maîtrisées par le polyinstrumentiste et conducteur Jean-Paul
Serra dans le premier Quartett en la
mineur Wq93, Baroques-Graffiti rentre dans le vif d’une musique fraîche
et vivante qui relativise la prééminence de Mozart et Beethoven :
l’interprétation des Quartett Wq 94 et
Wq 95 révèle une musique concertante et virtuose derrière laquelle on
entend les futures résonnances des
arabesques mozartiennes et des so-
nates de Beethoven. La violoniste
Sharman Plesner assure à l’alto pour
les besoins de la formation, JeanChristophe Frisch nous rappelle sa
maîtrise passée dans Vivaldi au vent
et Etienne Mangot dialogue avec
bonheur et en duo (sonate Wq 62/21
de J.C.F) avec un pianoforte au
timbre souvent mésestimé. Bon pour
le moral, à vous faire oublier la
fraîcheur du lieu !
P-A HOYET
Ce concert a eu lieu le 10 mars
à Arles et le 11 mars
à la Bastide de la Magalone,
Marseille
MUSIQUE 47
La face cachée de la lune
Le 8 mars, sur la scène nationale de
Cavaillon, l’Ensemble Télémaque
dirigé par Raoul Lay nous offrait un
challenge séduisant à partir d’un Ovni
venu de nulle part, le Pierrot Lunaire
d’Arnold Schönberg. Ce mélodrame
pour petit ensemble de chambre,
chanté, récité, à partir de vingt et un
poèmes d’Albert Giraud, a été encensé ou décrié avec la même énergie,
implantant cette œuvre déroutante
aux accents expressionnistes comme
une borne qui scelle l’avènement de la
musique contemporaine en 1912, et
interroge toujours. C’est là où réside le
mérite de Télémaque qui a su prendre
le risque d’immerger la composition
dans une mise en abyme théâtralisée
écrite avec jubilation par Suzanne
Joubert. Son texte explicite mine de
rien, sans pédagogie, une œuvre musicale déconcertante : sans une lettre
d’excuse, un metteur en scène joué par
Renaud Marie Leblanc avoue son
impuissance à mettre en scène la
création de cette œuvre étrange
prévue à l’origine pour la chanteuse
le ton est donné : allongé sur une
longue table encadrée par le public,
Raoul Lay dirige alors nonchalam-
morbide et berlinoise début de siècle.
La soprano Brigitte Peyré pulpeuse
à souhait (sic) théâtralise à merveille
les évocations tour à tour glauques,
fantasques, chimériques, sanglantes
ou douloureuses du Pierrot astral. La
mise en scène transforme les musiciens et le chef en comédiens, leur
offrant des interventions orales et des
placements variés qui dynamisent
leur interprétation musicale, précise
et vivante. Le public conquis, rit (si,
si, sur Schönberg…) aux saillies de
l’auteur qui prennent vie sous le jeu
du metteur en scène comédien. Le
challenge est relevé ! Une réussite
dans la compréhension d’une œuvre
fondatrice, hermétique et magistrale.
PIERRE-ALAIN HOYET
© Agnès Mellon
de cabaret Albertine Zehme sur le
mode déclamé du sprechgesang (chant
parlé) initié par Schönberg. D’office
ment son ensemble sur les délicates
arabesques du piano, révélant immédiatement l’atmosphère clair de lune,
La voix est libre
Un concert au musée !
Le 5 mars Musicatreize et le Chœur
Contemporain œuvraient au cœur
des toiles du musée Cantini
24 ans d’âge ! La création d’Ayx de François Rossé
autour des Essenomes, 24 tableaux du peintre
plasticien Tigrane, donnait l’occasion à l’auditoire
nombreux de participer à la détermination des parties exécutées en choisissant lui-même les toiles
correspondant au tissu compositionnel à la manière
d’une œuvre ouverte. Donnée de deux façons différentes en début et en clôture de concert, cette pièce
offre ainsi 4096 possibilités d’exécution !
Devant l’ensemble vocal groupé ou au cœur d’une
spatialisation enveloppant une assistance contemplative des tableaux en question accrochés aux murs,
le maitre de cérémonie Roland Hayrabedian a su
donner un concept-concert attractif de grande qualité.
De la couleur ! Ce titre équivoque donné au programme du concert vocal s’explique par la dualité
des œuvres proposées, entre peinture et musique.
L’Art Brut de la Vénus du trottoir de Dubuffet inspirait Kamenaia de Christophe Bertrand, jeune
compositeur disparu l’an dernier, et les toiles Terre
Brûlée II d’Ubac et Voiliers à Cannes de De Staël
insufflaient Ikhtifa à Zad Moultaka, une superbe
décomposition des mots, alors que les Trois poèmes
élastiques dictés par Cendrars et avec orgue de barbarie faisaient presque figure d’ancêtre avec leurs
FRÉDÉRIC ISOLETTA
Roland Hayrabedian © Guy Vivien
Tous ensemble !
La convivialité et l’amour de la musique partagée
président aux Musicales de février de La Ciotat.
Troisième édition, et le succès public ne se dément
pas. Pour le concert de clôture, la salle de la Cha-
Ensemble instrumental du Pays d'Aix © x-D.R
pelle des Pénitents Bleus (autrefois abandonnée
aux cars !) est comble. Le sympathique ensemble
instrumental du Pays d’Aix sous la direction de
Pierre Taudou se laisse aller à de charmantes interprétations de Haendel, Mozart, Bach, Grieg. Malgré
quelques attaques un peu flottantes, et quelques
accords approximatifs, la musique retentit comme
une fête. La voix bien placée de Monique Borrelli,
soprano colorature, s’élance avec justesse et de beaux
phrasés, et l’on remarque son articulation particulièrement claire et sa jolie sensibilité dans l’interprétation,
que ce soit du Vorrei spiegarvi, o Dio, dont les deux
mouvements demandent une belle variété d’intentions, ou l’Exultate Jubilate dont les passages a
capella mettaient en valeur la voix nue et bien
timbrée. On avait aussi le plaisir d’entendre, lorsque
l’orchestre des cordes ne la couvrait pas, la flûte
traversière sensible et aérienne d’Emilie Iannello
dans la suite n° 2 de J.-S. Bach. L’ensemble se pliait
ensuite avec gentillesse au rite du bis, avec une
surprise qui accordait un point d’orgue particulièrement festif à ce concert : encadrant les spectateurs,
les chanteurs de l’ensemble vocal et instrumental
Gaudete (dirigé depuis 10 ans par Pierre Taudou)
entonnèrent avec enthousiasme l’Alléluia de
Haendel. Un plaisir supplémentaire, dans l’esprit
jubilatoire de cette manifestation.
MARYVONNE COLOMBANI
Ce concert de l’ensemble instrumental
du pays d’Aix a été donné le 27 février
à la Chapelle des Pénitents Bleus
48
MUSIQUE
AU PROGRAMME
OPERA
Terreur
Né des plumes de Bernanos et Poulenc, Dialogues
des Carmélites est un ouvrage lyrique bouleversant
qui retrace un épisode tragique. Salve Regina…
chantent les carmélites en montant à l’échafaud…
Une à une, leur voix s’éteint au choc du billot, et
Blanche, enfin, sort de la foule et rejoint ses sœurs
dans la mort. On résiste difficilement à l’émotion
lors de la dernière scène de ce chef d’œuvre du XXe
siècle. L’opéra de Poulenc évoque un épisode réel
de la Révolution. En 1792, les carmélites de
Compiègne sont expulsées de leur monastère, mais
choisissent de continuer de vivre leur foi «hors les
murs». Seize d’entre elles sont arrêtées,
condamnées à mort et guillotinées en 1794. La
musique y est somptueuse et le chant s’y déploie
à l’instar des doutes existentiels des personnages.
Car avant d’être des héroïnes, les sœurs sont
humaines, mues par la peur de l’au-delà autant que
l’idéal de Salut. On retrouve la belle mise en scène
de Jean-Claude Auvray avec Anne Catherine
Gillet (Blanche), Stéphanie d’Oustrac (Mère
Marie), Sébastien Droy (Le Chevalier de la Force),
Manon feubel (Madame Lidoine) dirigés par JeanYves Ossonce.
L’Italienne à Alger
Du rire aux larmes
Une fabulation buffa dans un orient d’opérette !
Rossini y livre en 1813 sa première grande folie
musicale. Isabella échoue en Algérie et tente de
libérer son amant Lindoro, devenu esclave de
Mustafà… La mise en scène de Sandrine Anglade
souligne la bizarrerie du livret quand la partie
musicale est dirigée par Pascal Verrot avec Allyson
MacHardy (Isabella), Jonathan Veira (Mustafà),
Blagoj Nacoski (Lindoro)…
Après Les Puritains ou La Somnambule (de Bellini),
Linda de Chamonix (1842) de Donizetti est l’un des
derniers exemples d’opéra semi-seria, comme l’un
de ses ultimes chefs-d’œuvre. On y larmoie comme
on y rit, de cabalette en tyrolienne, de prière en
pages pathétiques, du buffo authentique au duo
affectueux pur crû… et son inévitable «scène de
folie» ! Le livret n’est pas l’atout de l’ouvrage, mais
sa musique est au service du beau chant. Le couple
amoureux est chanté par Majella Cullagh (Linda)
et Alexey Kudrya (Carlo) sous la baguette de
Steuart Bedford. Une création mise en espace par
Jean-Philippe Delavault.
AIX. Le 18 mars à 20h30 et le 20 mars à 15h. GTP
04 42 91 69 69
www.legrandtheatre.net
TOULON. Le 25 mars à 20h
et le 27 mars à 14h30 Opéra
04 94 93 03 76 www.operadetoulon.fr
LYRIQUE
Trinité Bach
AVIGNON. Le 27 mars à 14h30
et le 29 mars à 20h30 Opéra
04 90 82 81 40
www.operatheatredavignon.fr
New age
L'Italienne à Alger © Frederic Iovino
La compagnie Les Brigands (Barbe-Bleue, Le
Docteur Ox, Ta Bouche …) a décidément trouvé la
recette pour faire du neuf avec du vieux. Elle recrée
(en collaboration avec la Cie les 26000 couverts),
un Moyen Âge débridé, hilarant, en exhumant
l’opéra bouffe de Claude Terrasse et Franc-Nohain,
créé en 1901 : Au temps des croisades. C’est que
Dame Bertrade se languit depuis que son seigneur
de mari est parti pour trois ans chasser le
sarrasin… et sa ceinture de chasteté commence à
la démanger !
MARTIGUES. Le 2 avril Les Salins
04 42 49 02 00
www.theatre-des-salins.fr
Au temps des croisades © Y. Petit
Andalousie
Dernière opérette de la saison (avant travaux) sur
la Canebière : elle est signée Francis Lopez et fait
revivre les «espagnolades» du grand Luis Mariano !
MARSEILLE. Les 19 et 20 mars à 14h30 Odéon
04 96 12 52 70 www.marseille.fr
Séducteur
L’Opéra de Marseille retrouve Don Giovanni de
Mozart dans la mise en scène de Frédéric BélierGarcia, production qui, en 2005, avait recueilli de
nombreux lauriers. Cet opéra a connu de nombreuses (re)lectures, du film de Losey qui a largement
contribué à son succès populaire… à la vision
controversée de Dmitri Tcherniakov en juillet 2010
à Aix. Bélier-Garcia, pour sa part, articule avec
intelligence les critères classiques : il sert l’œuvre,
équilibre les styles seria et buffa dans un décor
élégant, finement découpé, où les personnages se
meuvent dans des costumes fleurant le XVIIIe
siècle. On attend le baryton Jean-François Lapointe dans le rôle-titre, entouré de son valet Leporello
(Joseph Wagner), la paysanne Zerline (Emilie
Pictet), du fiancé languissant Don Ottavio (Alexey
Kudrya), la vengeresse Donna Anna (Burcu Uyar),
l’épouse abandonnée (Marianne Fiset), du sombre
Commandeur (Nicolas Courjal)… sous la direction
musicale de Theodor Guschlbauer.
MARSEILLE. Les 12, 14, 19, 22 avril
à 20h et les 17 et 14 avril à 14h30. Opéra
04 91 55 11 10
www.marseille.fr
Le nombre Trois possède une grande valeur symbolique dans l’œuvre de Bach. Mais c’est sûrement
un hasard si trois spectacles sont prochainement
donnés, dans l’architecture moderne du Grand
Théâtre aixois, autour d’opus phares du Kantor de
Leipzig ! Accentus accompagné du Concerto Köln
(dir. Laurence Equilbey) chante un florilège de ses
plus beaux Motets (le 22 mars), l’immense Messe
en si mineur est interprétée par la Cappella Amsterdam et Il Gardellino (dir. Daniel Reuss – le 1er
avril) et la grandiose et dramatique Passion selon St
Matthieu par l’Amsterdam Baroque Orchestra &
Choir (dir. Ton Koopman – le 15 avril).
AIX. GTP
04 42 91 69 69 www.legrandtheatre.net
Sud Europe
Marie-France Arakélian accompagne au piano les
sopranos Brigitte Peyré et Murielle Tomao dans
une balade De Naples à Séville. Italie et Espagne
se répondent, fusionnent à travers des zarzuelas,
chansons napolitaines, airs et sérénades, aux
rythmes de tarentelles, habanera, boléro... signés
Rossini, Donizetti, Tosti, Viardot, Penella, Rodrigo,
Saint-Saëns, Gounod… (mise en scène Bernard
Colmet).
MARSEILLE. Le 12 avril Théâtre Gyptis
04 91 11 00 91 www.theatregyptis.com
Mozart à la rescousse !
Si l’on regrette les annulations de La Voix Humaine
de Poulenc et de L’Éducation manquée de Chabrier,
le programme de substitution proposé par l’équipe
gardoise se présente sous des auspices favorables.
Deux super solistes de l’Orchestre National de
Montpellier, Dorota Anderszewska (violon) et
Cyrille Tricoire (violoncelle), la soprano Sabine
Devieilhe, accompagnés par la pianiste Galina
Soumm, présentent un récital conçu autour d’airs
de Mozart.
NÎMES. Le 23 mars à 19h Théâtre
04 66 36 65 10 www.theatredenimes.com
MUSIQUE
Voix sacrées
L’Ensemble Vocal Méditerranéen et l’Ensemble
Vocal Féminin Hymnis (dir. Bénédicte Pereira)
accompagnés par André Rossi à l’orgue, présentent
un beau programme de musique sacrée : la Messe
en sol D.167 de Schubert, de somptueux Motets de
Mendelssohn et le Salve Regina de Poulenc.
MARSEILLE. Le 31 mars Eglise de Montolivet (12e)
ROQUEVAIRE. Le 2 avril Eglise St-Vincent
Lieder
Dans le cadre de la saison de musique de chambre
au Grand-Foyer de l’Opéra de Marseille, Sophie
Oinville (soprano), Ariane Stamboulidès (alto),
Alain Geng (clarinette) et Brigitte Grosse (piano)
interprètent le célèbre Pâtre sur le rocher de
Schubert et de séduisantes Valses chantées de
Brahms.
MARSEILLE. Le 16 avril à 17h Opéra
04 91 55 11 10 www.opera.marseille.fr
Chéri-Chéri
Le Lulu Berlue Trio, Lucie Prod’homme (voix),
José Assa (piano) et Richard Arapian (batterie)
partent à la Chasse au Chéri-Chéri, théâtre musical
loufoque et poétique mis en jeu par Anne et
Philippe Gastine.
MARSEILLE. Le 17 mars Cité de la musique
04 91 39 28 28
www.citemusique-marseille.com
Niche classique !
Dans le cadre de sa 9e édition, le Festival Voix de
femmes fait une petite place à la musique classique,
au demeurant peu… vocale ! Le trio F composé de
Marika Lombardi (hautbois), Valérie Granier
(basson) et Nathalie Dang (piano) propose un
programme varié de musiques du XXe siècle.
TARASCON. Le 25 mars à 21h Château
04 90 47 06 80 http://cdc-stmartindecrau.fr
Pré-pascal
La 26e Semaine Sainte en Arles, si elle possède une
semaine d’avance sur le calendrier grégorien, débute par des pages sombres (Stabat mater, Requiem,
De profundis…) de Charpentier, de Brossard, Bouteiller interprétées par le Concert spirituel dirigé
par Hervé Niquet (le 10 avril à 11h). On entend
ensuite les vocalises du contre-ténor Max Emanuel
Cencic accompagné par l’Ensemble Moderntimes
1800 dans Durante, Leo, Porpora, Caldara… (le 13
avril). Le vendredi s’articule logiquement autour de
Leçons de ténèbres de Couperin, de Brossard, Michel,
Bernier par Les Paladins dirigés par Jérôme Correas (le 15 avril) avant un dimanche bien sombre :
Le Requiem allemand de Brahms est chanté par Coral
Càrmina (Bilbao) dir. Gorka Sierra (le 17 avril à 11h).
ARLES. Du 10 au 17 avril Le Méjan
04 90 49 56 78 www.lemejan.com
Le Festival de Musique Sacrée des Festes
d’Orphée fête sa 20e édition. Guy Laurent
présente Jean-Gilles, compositeur baroque aixois
au centre de l’anniversaire (Concert/lecture le 5
avril à 19h - Chapelle des Oblats et Conférence
illustrée le 7 avril à 18h30 à la Cité du livre). Le
grand hommage est rendu par les Solistes, le
Grand-chœur et l’Orchestre baroque des Festes
d’Orphée qui interprètent ses Trois Lamantations
(Mercredy, Jeudy & Vendredy Saints) et sa Messe des
Morts.
MARSEILLE. Le 12 avril Notre-Dame du Mont
AIX. Le 13 avril Cathédrale St-Sauveur
04 42 99 37 11 www.orphee.org
CHAMBRE
Quatuor Syrah
Louis-Alexandre Nicolini et Marie Hafiz
(violons), Benjamin Clasen (alto) et François
Torresani (violoncelle) jouent le Quatuor n°2 en
mi bémol majeur op. 1 du jeune Haydn, avant l’une
des pièces les plus prisées du répertoire : le Quatuor
en ré mineur La Jeune Fille et la Mort de Schubert.
MARSEILLE. Le 19 mars à 17h Opéra
04 91 55 11 10 www.opera.marseille.fr
L’ensemble Des Equilibres (Agnès Pyka, violon)
revient dans le Var le temps de deux concerts. Il
joue Mozart et Schumann, le Quintette méconnu de
Dohnanyi (composé à l’âge de 15 ans !) et
l’inégalable Sonate de Poulenc.
À l’occasion de la Journée mondiale de la voix,
Lucile Pessey (soprano), Cyril Rovery (baryton),
Catherine Galland et Ludovic Selmi au piano,
jonglent de mélodies en airs et duos d’opéras de
Mozart, Fauré, Liszt, Duparc ou Verdi…
TOULON. Les 20 et 27 mars à 19h Eglise St Paul
06 64 11 00 62 http://accordsenscene.free.fr
MARSEILLE. Le 16 avril Hôpital St-Joseph
06 79 34 81 66
www.operatheatrepourtous.com
Pas du pipeau !
L’Ensemble Pythéas en trio, à la flûte Charlotte
Campana, au piano Marie-France Arakélian et au
violon Yann Le Roux-Sèdes, présente La flûte
dans tous ses états : Un programme attrayant et
divers de pièces de Mozart (Andante en ut K.315),
César Cui et Bartok (Danses populaires roumaines),
Jolivet et Bach (Sonates).
Baroque
La soprano Monique Zanetti et Christine Lecoin
au clavecin en récital baroque.
MARSEILLE. Le 8 avril La Magalone
04 91 39 28 28
www.citemusique-marseille.com
AIX. Le 1er avril Temple rue de la Masse
MARSEILLE. Le 2 avril à 16h Eglise St-Ferréol
06 21 50 52 90 - www.ensemble-pytheas.com
FESTIVAL
Suite
MARSEILLE
www.concerto-soave.com
Le Grand Gilles
En Cité(s)
Mélodies
Mars en baroque se poursuit à l’église Ste-Catherine avec des artistes rompus au style baroque : le
violoncelliste Roel Dieltiens (le 16 mars à 20h),
Luca Guglielmi au clavecin & pianoforte (le 17
mars à 20h) et la soprano Stéphanie Révidat avec
La Symphonie du Marais, Hugo Reyne et ses flûtes
& hautbois (Cantates & Sonates - le 19 mars à 20h).
Le concert de clôture à l’église St Cannat annonce
des lamenti baroques et une création contemporaine de Philippe Gouttenoire avec María Cristina
Kiehr (soprano), Concerto Soave et Jean-Marc
Aymes aux claviers, et Musicatreize dirigé par
Roland Hayrabédian (le 23 mars à 20h).
49
Ensemble Moderntimes © X-D.R.
Ténèbres
La Semaine Sainte tombant cette année pendant
les vacances scolaires, l’ensemble BaroquesGraffiti fait coïncider (à peu près) le moment de
Pâques avec le rythme de sa saison musicale. Les
Leçons de Ténèbres signées de Lalande sont jouées
avec un peu d’avance. Avec Kaoli Isshiki
(soprano), Agustina Merono (viole de gambe), et
Jean-Paul Serra (orgue).
AIX. Le 15 avril Chapelle des Oblats
MARSEILLE. Le 16 avril Eglise St-Théodore
09 51 16 69 59
www.baroquesgraffiti.com
Pincées
Orchestre à plectre, avec Alexandre Boulanger et
Vincent Beer-Demander respectivement professeurs de guitare et mandoline au Conservatoire de
Marseille, au chant Rémi Beer-Demander (ténor)
dans Vivaldi, Piazzolla, Ferré…
AUBAGNE. Le 20 mars à 16h
Eglise St-Sauveur – Entrée libre
Quatuor
Le Quatuor Manfred joue Haydn, Chausson et
Beethoven.
BERRE. Le 15 avril à 19h
Eglise St Césaire
04 42 10 23 60 www.forumdeberre.com
50
MUSIQUE
AU PROGRAMME
Duo
Sonates
Russe !
Eric Charray (clarinette) et Jacques Raynaut
(piano) jouent Mozart, Schumann, Debussy
Lutoslawski, Hindemith, Poulenc.
Olivier Charlier (violon) et Anne Queffélec
(piano) jouent des sonates de Mozart et Beethoven
(Le printemps).
Le concert du Festival russe est une «Carte
blanche» laissée au pianiste Michel Bourdoncle
qui, en compagnie d’Alexandra Lescure et Vladik
Polionov, joue Tchaïkovski, Rachmaninov,
Chostakovitch, Prokofiev et (bicentenaire oblige !)
Liszt.
CARRY. Le 12 avril Espace Fernandel
04 42 44 64 01 www.moments-musicaux-de-carry.fr
MARSEILLE. Le 11 avril Gymnase
0 820 000 422
www.marseilleconcerts.com
Sensibles
Quatre mains
Un récital attrayant de duos romantiques de Chopin
et Brahms par deux artistes à la musicalité fine :
Ophélie Gaillard (violoncelle) et Edna Stern (piano).
Léa Roussel et Jean-Marc Bouché jouent à quatre
mains des pièces «carnavalesques» signées SaintSaëns ou Darius Milhaud.
AIX. Le 4 avril Jeu de paume
04 42 91 69 69 www.legrandtheatre.net
Les Violoncelles Français, en octuor, jouent Bach,
Rachmaninov, Dvorak et Verdi (voir p 85)
RÉCITAL
AIX. Le 29 mars GTP
04 42 91 69 69
www.legrandtheatre.net
Double Angelich
Deux occasions de retrouver le grand Nicholas dans
la région ! En duo à quatre mains avec Hélène
Desmoulins dans la Venise provençale, puis en
solo, en Dracénie, dans un programme Bach,
Chopin, Schumann.
MARTIGUES. Le 19 mars Les Salins
04 42 49 02 00 www.theatre-des-salins.fr
DRAGUIGNAN. Théâtres en Dracénie Le 14 avril
04 94 50 59 59
www.theatresendracenie.com
Octuor Les Violoncelles Francais © Francois Sechet
Patrimoine
Tharaud
Guy Laurent propose d’illustrer le patrimoine
musical de la ville d’Aix, du XVIIe au XXe siècle, avec
Campra, Pelegrin, Gilles, David (Félicien), Milhaud,
Villette…
Le Quatuor Le Sage, Daishin Kashimoto (violon),
Lise Berthaud (alto), François Salque (violoncelle)
et Eric Le Sage (piano) interprètent Märchenbilder,
la Sonate pour violon et piano de Schumann et les
Quatuors pour piano de Schumann et Fauré.
AUBAGNE. Le 1er avril Comoedia
04 42 18 19 88
www.aubagne.fr
Trois & Quatre
Sylvie Bonet & Corinne Moirano-Cartigny (violon), Elise Derobet (alto), Manuel Cartigny
(violoncelle) et Elisabeth Monterrain-Gouget
(flûte) jouent des Trios et Quatuors de Mozart,
Haydn et Brahms.
TOULON. Le 30 mars à 19h Opéra, Foyer Campra
04 94 93 03 76
www.operadetoulon.fr
Le grand Alexandre joue l’Opus 109 de Beethoven,
mâtiné de Sonates de Scarlatti au piano.
ARLES. Le 27 mars à 11h Le Méjan
04 90 49 56 78
www.lemejan.com
Alexandre Tharaud © Marco Borggreve
Schumann/Fauré
Attention talent !
MARSEILLE. Le 5 avril Hôpital St-Joseph
04 91 54 76 45
www.musiqueandco.com
Cello
AIX. Le 22 mars à 18h30
Salle Mazenod (Oblats)
www.orphee.org
MARSEILLE. Le 29 mars Toursky
0 820 300 033 www.toursky.org
Andrei Korobeinikov © Julianna Voloz
Andreï Korobeinikov est sans doute le jeune
pianiste russe le plus marquant de sa génération. Il
a 24 ans, et explose en France depuis ses débuts à
La Roque d’Anthéron en 2006. On l’entend dans
trois grands opus joués généralement par des
musiciens plus mûrs : l’Opus 109 de Beethoven, la
Chaconne en ré mineur de Bach/Busoni et la grande
Sonate op. 960 de Schubert. A ne pas manquer !
MARSEILLE. Le 25 mars Gymnase
0820 000 422 www.marseilleconcerts.com
SYMPHONIQUE
Pastorale
L’excellent chef italien Luciano Acocella dirige
l’Orchestre philharmonique de Marseille dans la
Sérénade n°2 en la majeur op.16 de Brahms et la 6e
symphonie dite Pastorale de Beethoven.
MARSEILLE. Le 25 mars Pharo
04 91 55 11 10
www.opera.marseille.fr
Ampleurs
Gautier Capuçon (violoncelle) joue le Concerto n°1
de Chostakovitch avec l’Orchestre régional de
Cannes (dir. Philippe Bender). Au programme
également : la Symphonie Jupiter de Mozart et
Créatures de Prométhée de Beethoven.
TOULON. Le 22 mars Palais Neptune
04 94 18 53 07 www.festivalmusiquetoulon.com
Bons vents !
Du Nord
Bernard Soustrot (trompette) et Jean Dekyndt
(orgue) font sonner leurs tuyaux dans Liszt, Franck,
Haendel, Boyce et Walther.
Brigitte Engerer dans le Concerto pour piano de
Grieg en compagnie de l’Orchestre de l’Opéra (dir.
Giuliano Carella) qui joue également la Symphonie
n°8 de Dvorak.
MARSEILLE. Le 1er avril Eglise des Chartreux
04 96 11 04 61
www.marseilleconcerts.com
TOULON. Le 8 avril Palais Neptune
04 94 18 53 07
www.festivalmusiquetoulon.com
MUSIQUE
Rare Hélène !
On n’avait plus entendu Hélène Grimaud par chez nous depuis quelques
temps. On retrouve la pianiste avec
plaisir dans le 23e concerto de Mozart
en compagnie du Royal Liverpool Philharmonic Orchestra (dir. Vasily Petrenko)
qui joue également la Symphonie Manfred de Tchaïkovski et l’Ouverture The
Wasps de Vaughan Williams.
AIX. Le 25 mars GTP
04 42 91 69 69
www.legrandtheatre.net
CONTEMPORAINE
ECO-logique
L’Ensemble Télémaque prend ses quartiers aux ABD pour rendre accessibles
aux profanes des répertoires de musique
contemporaine. De surcroît, il collabore
avec les ensembles Musiques Nouvelles
Bruxelles/Mons et De Ereprijs/Amsterdam pour inaugurer une collaboration
européenne (ECO - European Contemporary Orchestra) de musiciens dans
l’objectif de contribuer positivement à
la Capitale européenne de la culture
en 2013. Sûr que, dans l’auditorium,
les pièces pour percussions Rebonds b
de Xenakis, In four parts de Peter Kotil
(première française), une nouvelle création
de Jean Luc Fafchamps et l’hilarant
Musiques de tables de Thierry de Mey
feront leur effet ! (Eclats de peaux le
25 mars). Ce sont ensuite des violoncellistes de ces prestigieuses formations
musicales qui fusionnent leur talent dans
des pièces de Jean-Louis Florentz,
Jean-Paul Dessy, Giacinto Scelsi et
une création pour quatuor de violoncelles de Lionel Ginoux… (Le chant
des violoncelles le 15 avril).
MARSEILLE. Concerts à 19h
Archives départementales
04 91 08 61 00
www.ensemble-telemaque.com
In progress
Rencontre avec le compositeur Stefano
Bassanese et le tromboniste Michele Lomuto à propos de leur projet en
cours de création pour le Festival Les
Musiques : A bout de souffle.
MARSEILLE. Le 22 mars à 19h Gmem
04 96 20 60 10www.gmem.org
Voix sacrées
Musicatreize propose un programme
d’opus sacrés chantés à 16 voix, mariant le Via Crucis romantique de Franz
Liszt et deux pièces contemporaines :
Tre canti sacri de Giacinto Scelsi et le
stellaire Lux aeterna de Gyorgy Ligeti.
MARSEILLE. Le 14 avril à 19h30
Eglise St-Laurent
04 91 00 91 31
www.musicatreize.org
JACQUES FRESCHEL
AGEND’JAZZ
AIX
Grand Théâtre de Provence
Nine Spirit & Quatuor Manfred-Mozart
Ellington (5/4 à 20h30)
04 42 916 969
www.grandtheatre.fr
Jazz Club de Provence
Spécial Smooth Jazz (9/4 à 21h15)
04 42 261 295
www.jazzclubprovence.com
ARLES
Le Boatel (péniche)
Jeanne Plante (18/3)
06 08 605 324
www.leboatel.com
AUBAGNE
MJC L’Escale
Poum Tchak & We used to have a
band (2/4 à 21h)
Les Jeudis de L’Escale : Café-Jazz
avec le trio LaDiMa tous les 3e jeudis
du mois et Soirée-Bœuf tous les 2e
jeudis du mois
04 42 181 717 www.mjcaubagne.fr
Château des Creyssauds
Vagablues (9/4 à 21h)
04 91 248 445 www.creissauds.com
AVIGNON
AJMI
Francesco Bearzatti 4tet (1/4)
Présentation de l’atelier Big Band de
Réné Bottlang (5/4) Pierre Durand
4tet (8/4) Marion Rampal-Perrine
Mansuy-François Cordas «Ce monde
autour de moi» (10/4 à 17h00) MELC
4tet (22/4) Jazz Story N°5 Sonny
Rollins (28/4) Marjolaine Reymond
4tet (29/4)
04 90 860 861 www.jazzalajmi.com
BRIANÇON
Le Cadran
Atelier Jazz et concert avec Passport
Quartet en divers lieux de la communauté des communes du Briançonnais
(20/4) Slonovski Bal à Monetier les
Bains Salle du Dôme(15/4)
04 92 255 252
www.theatre-le-cadran.eu
CHATEAU-ARNOUX
Théâtre Durance
Cabaret Brecht Tango Broadway (26/3)
04 92 642 734 ww.theatredurance.fr
HYÈRES
Théâtre Denis
Leçon de jazz «Chick Corea» par Antoine Hervé (9/4 à 21h)
0494 007 880
www.jazzaporqueroles.org
ISTRES
L’Usine
Maceo Parker (24/3 à 21h)
0442 560 221
www.scenesetcines.fr
LAMANON
Salle des Fêtes
Laure Donnat & Lilian Bencini (13/4
à 18h)
51
Roll’ Studio
Africa Express (2/4 à 19h30)
Standard de nuit (9/4 à 19h30) Duo
Thierry Maucci/Christian Brazier
(16/4 à 19h30) Hommage à Brassens
avec Christian Lanet trio (30/4 à
19h30) Divina 4tet (19/3 à 18h30)
04 91 644 315 www.rollstudio.fr
Station Alexandre
Les Douze Pianos d’Hercule par JeanPaul Farré (19/3 à 21h)
04 91 009 000
www.station-alexandre.org
04 90 595 462
MARSEILLE
Abbaye de Saint Victor
Tigran Hamasyan (8/4 à 20h15)
http://www.fj5c.com
Auditorium des ABD
2,3,4 Musiques - Duo de piano Oliva
et Raulin (18/3 à 19h)
0491 086 100
www.biblio13.fr
Cité de la Musique
Gospel & Gospel Time (18/3 à 21h)
Julian Getreau 4tet Paper Plane (21/3
à 21h) Quand le jazz et les Musiques
Actuelles... (28 et 29/03) PianoFonies
(31/3) Perrine Mansuy Mandragore et
Noyau de Pêche (4/4)
04 91 392 828
www.citemusique-marseille.com
Cri du Port
Monique Hutter-Daniel Huck 4tet
(17/3)
L’exceptionnel Wallace Roney 5tet
(23/3)
Cecile McLorin Salvant trio (31/03)
04 91 504 151
www.criduport.fr
MIRAMAS
La Colonne
Anne Paceo Trio (7/4 à 21h) Cotton
Candies (15/4 à 19h30)
04 90 500 526
www.scenesetcines.fr
OLLIOULLES
Royal Jazz Club
Roland Kersanti-Louis Petrucciani Gérard Pinson Hommage à Bill Evans
(2/4 à 21h) Carniel Trio (9/4 à 21h)
Melenchon-Agullo-Cortes-Sempere
Guitar Addiction (16/4 à 21h)
www.myspace.com/royaljazzclub
SALON
Salon de Musique / IMFP
Christian Brazier 5tet (15/3) VillegerPerez-Maurin (17/3) JazzKa (29/3)
La Gua-Gua (31/3) All Stars (7/4)
Mario Stantchev Sangoma Everett &
Didier Del Aguila (13/4) et aussi Jam
sessions les lundis et mercredis de
19h à 23h
04 90 531 252
Médiathèque
Laure Donnat & Lilian Bencini (8/4 à
19h)
04 90 567 416
Inga des Riaux
Phil Good (25/3) Folkies (31/3) Thierry Maucci 4tet (1/4) Peggy Quetglass
Trio (8/4) Jazz à Cinq (15/4) Juste
un Swing (22/4)
06 07 575 558
www.inga-des-riaux.fr/music.html
Le Paradox
AfroTropical#3(19/3) Hofmann Family Blues Expérience (23/3) Ablaye the
Links (24/3) Taro&Jiro (25/3) Jesers
(27/3)
SAINT-CHAMAS
Médiathèque
Laure Donnat & Lilian Bencini (12/4
à 18h)
04 90 44 52 44
VITROLLES
Moulin à Jazz
Big Four 4tet (26/3)
04 42 796 360
www.charliefree.com
Big Four 4tet © X-D.R.
04 91 631 465
www.leparadox.fr
La Criée
Claude Basso, G Murphy, H.Rousselet,
F.Menillo - Autour de Django (15/4 à
21h30)
04 96 178 031
www.theatre-lacriee.com
DAN WARZY
52
MUSIQUE
AIX
Théâtre et Chansons : Mathieu Pirro
(26 et 27/3), J’me régale de Jean-Michel
Piton (9/4)
04 42 27 37 39
www.theatre-et-chansons.com
Pasino : Calogero (31/3, 1er, 2/4), The
australian Pink Floyd show (6/4)
04 42 59 69 00
www.casinoaix.com
ARLES
Cargo de nuit: Rootz Underground (16/3),
Taste (18/3), Mardi Gras Brass Band
(26/3), Les femmes s’en mêlent (2/4),
Hangar (8/4), Chocolate genius (9/4)
04 90 49 55 99
www.cargodenuit.com
AUBAGNE
MJC L’Escale: Women 68 même pas mort
(19/3), Poum Tchack, We used to have
a band (2/4), Skip the use, Soma (8/4)
04 42 18 17 17
http://mjcaubagne.free.fr
Comœdia : Natacha Ezdra chante Ferrat
(18/3), Quatuor Le Sage (1er/4)
04 42 18 19 88
www.aubagne.com
AVIGNON
Les Passagers du Zinc : Bernard
Lavilliers (17/3), Zaz, Saint André (19/3),
Les hurlements d’léo, Bab (1er/4), Vivement dimanche avec True live (3/4), Cali
(7/4), Yann Tiersen, Nestor is Bianca
(8/4), Cocoon (14/4)
04 90 89 45 49
www.passagersduzinc.com
BERRE L’ETANG
Forum des jeunes : Vacarme de Manu
Galure (1er/4)
04 42 10 23 60
www.forumdeberre.com
AU PROGRAMME | ACTUELLE
HYÈRES
Théâtre Denis : Fredrika Stahl, Red
Rails (18/3)
04 98 07 00 70
ISTRES
L’Usine : Tremplin découverte rock français (18/3), Macéo Parker (24/3),
Yodelice (25/3), Florent Marchet (2/4),
Thomas Fersen (7/4), Sexion d’assaut
(8/4)
04 42 56 02 21
www.scenesetcines.fr
LA BARBEN
Salle de la Carraire : Festival Nostra
Rock : Agathe, Beaches In Space, Tilt,
Jostle, Synopsis, Undercover Live Music
(2/4)
06 85 95 23 15
http://nostrarock.free.fr
MARSEILLE
Espace Mélodie (saison culturelle des
Lices) : Soirée Jacques Brel (26/3)
Espace Julien : Art Mengo, CharlesBaptiste (16/3), Souad Massi, L (17/3),
Zaz, Chloe Lacan (18/3), CharlElie,
Usthiax (19/3), Abd Al Malik, Imany
(23/3), Lilly Wood and the Prick (24/3),
la nuit zébrée de Radio Nova (25/3), Les
Massiliades : Pep’s, Crumb, A state of
mind, les mOnstroplantes (26/3), The
Dø (27/3), Laurent de Wilde & Ottisto 23
(30/3), Taraf de Haidouks Quintet
(31/3), Guillaume Grand (1er/4),
Raggasonic (6/4), Joyce Jonathan,
Thomas Pradeau (9/4)
04 91 24 34 10
www.espace-julien.com
La Machine à Coudre : Martingale,
Poutre, Vialka (19/3)
04 91 55 62 65
www.lamachineacoudre.com
La Mesón : Tablao flamenco (19/3),
Festival Latcho Divano (2 et 3/4)
04 91 50 11 61
www.lameson.com
MAUBEC
La Gare : Festival MicroMusic, soirée de
clôture (19/3), Nolween solo, Eric
Lareine (25/3), Ilanga (1er/4)
04 90 76 84 38
www.aveclagare.org
MEYRARGUES
Salle des fêtes : Grand bal des Balkans
avec le groupe Aksak, précédé d’un
stage d’initiation aux danses des balkans
le même jour (2/4)
06 76 47 24 43
OLLIOULES
Châteauvallon : Seun Kuti et Egypt 80
(2/4)
04 94 22 02 02
www.chateauvallon.com
SAINTE-MAXIME
Le Carré : Stephan Eicher (19/3),
Avishaï Cohen (9/4)
04 94 56 77 77
www.carreleongaumont.com
06 09 54 34 82
Cabaret Aléatoire : Pony Hoax (16 et
26/3), The Subs, Toxic Avenger, Missil
(18/3), Panico, Cheveu (19/3), Andy Mc
Kee (23/3), Asian dub foundation,
Fowatile (4/4), Shout out Louds,
Dondolo (5/4), Hangar (9/4), Blitz the
ambassador (10/4), Troy von Balthazar,
The Amplifetes (11/4), The Original
Wailers (12/4)
04 95 04 95 09
www.cabaret-aleatoire.com
Dock des Suds : Bernard Lavilliers
(22/3), Cali (4/4), Chinese Man (14/4)
04 91 99 00 00
www.dock-des-suds.org
Dôme : Status quo (5/4), une soirée
avec Joan Baez (6/4)
04 91 12 21 21
Le Paradox : Hofmann Family Blues
experience (23/3), Hortensia du Samba
(6/4), Arat Kilo (7/4)
04 91 63 14 65
www.leparadox.fr
SALON-DE-PROVENCE
Portail Coucou : The Batmen, Clan D
(26/3), Pat Mc Manus (8/4), Loudblast
(9/4)
04 90 56 27 99
www.portail-coucou.com
L’Embobineuse : Otomo Yoshihide &
Hiromishi Sakamoto (21/3), Otto Von
Schirach, Mr Marcaille, Batalj, Baby
Kruger, Marseille-Manhatan Dj Crew
(26/3), Gablé (1er/4), Rature, Pan Pan
Pan (2/4), Kid Congo & The Pink Monkey
Birds (4/4), Eugene Robinson & Niko
Wenner (9/4)
04 91 50 66 09
www.lembobineuse.biz
TOULON
Oméga Live : Soirée Local heroes
(19/3), Lilly Wood & The Prick, Gaïo
(25/3), Madjo, June & Lula (26/3),
Human player (29/3), Brico Jardin (5/4)
04 98 070 070
www.tandem83.com
VAL THORENS
Eglise : Barbara Hendricks (14/3)
Toursky: Entre 2 caisses et Monique
Brun, Ariette et chahut pour quatre
chantistes et une comédienne (8/4)
04 79 00 01 06
www.valthorens.com
0 820 300 033
www.toursky.org
CAVAILLON
Grenier à sons : Dimoné (19/3)
04 90 78 64 64
www.theatredecavaillon.com
CHÂTEAU-ARNOUX
Théâtre Durance : Cabaret Brecht
Tango Broadway (26/3)
04 92 64 27 34
www.theatredurance.com
CHÂTEAUNEUF-DE-GADAGNE
Akwaba : Mathew Mac Anuff, Jacin
(26/3), Trolley Snatcha, Dj Netik, Brk,
Badjokes, Mc Gossip (2/4)
04 90 22 55 54
www.akwaba.coop
GAP
Théâtre la Passerelle : Tigran Hamasyan, piano solo (12/4)
04 92 52 52 52
www.theatre-la-passerelle.eu
Invention et poésie
«Donner à la culture rom la visibilité qu’elle mérite, en
offrant à un large public une multiplicité de points de vue
concernant les Roms, leur culture et leur vision du monde ».
Le projet du festival Latcho Divano est plus que jamais
pertinent. Rendez-vous militant et engagé, le festival,
dont c’est la 4e édition, veut «croiser les origines et les
formes de cette culture tzigane» en mêlant musique,
expositions, lecture de contes, conférences et projection
de films et de documentaires (voir p 64) et en incluant
bien sûr la 40e Journée internationale des Roms qui a
lieu le 8 avril avec des performances des comédiens du
Latcho Divano, des tables rondes (avec notamment
Alexandre Romanes, directeur du cirque Romanes et poète
tsigane, parrain de cette édition), et des concerts.
Cette année les amateurs de musique devraient être
comblés avec la venue exceptionnelle, le 31 mars, de
l’ensemble Taraf de Haïdouks avec une formation originelle
de cinq musiciens plus le leader de la fanfare Vagabontu
(qui elle se produira le 8 avril), le groupe russe Davaï (le
1er avril), le Traio Romano (le 8 avril), du flamenco avec
la cie nîmoise Luisa (le 9 avril) et Dj Vino Dilo, un des
premiers Dj à avoir exporté le style Balkan Beats en France
(le 9 avril). Et côté conférences et tables rondes, à noter
celle qui concerne tout particulièrement l’actualité rom
avec les propositions des instances européennes, avec
Martin Olivera, anthropologue et membre du réseau UrbaRom, Marie-Christine Vergiat, députée européenne et
Vasile Ionescu, directeur de Roma organisation on
migrants (le 30 mars). On invite vivement à jeter un œil
sur le sommaire de ce festival !
Latcho Divano
Du 24 mars au 9 avril
09 52 72 89 28
www.latcho-divano.com
MUSIQUE
53
La vibration du monde
Le Dock des Suds, lieu approprié pour
sa facilité à brasser les populations et
les musiques, accueillera la manifestation du 24 au 26 mars. Rendez-vous
musical festif, mais aussi économique, ce véritable souk de la musique
du monde, désormais bien connu des
professionnels, représente avec ses
Watcha Clan © X-D.R.
Piqure
de rappel !
170 stands un lieu incontournable pour
la diffusion des musiques actuelles du
monde. Venus des cinq continents,
programmateurs, tourneurs, artistes,
médias, diffuseurs, institutions… au
nombre de 2500 profitent de ce moment unique pour se rencontrer,
échanger, mettre au point tournées
et enregistrements. Une manifestation largement soutenue, à ce titre,
par la Région PACA.
La face visible pour le public, c’est
trente concerts sur trois jours, ou
plutôt trois nuits, avec un plateau
éclectique comme jamais, sélectionné en amont par un jury indépendant
(au milieu de 850 candidatures). Résultat ? 21 pays sont représentés
pour l’édition 2011 : de la Somalie au
Maroc, de la France à l’Italie, de la
Corée du Sud à l’Australie, du Congo
au Chili, de la Turquie à l’Angleterre,
d’Haïti au Liban, du Portugal au
Cameroun…. Ne comptez justement
pas trouver uniquement de la pure
musique traditionnelle : il est fini le
temps des expositions universelles, et
la tradition aussi évolue et se métisse
de modernité. Aux côtés d’une part
de cultures du monde, l’avant-gardisme sera bien présent sans que les
origines perdent leur âme en chemin.
Pourquoi une musique du monde ne
toucherait-elle pas aux évolutions
technologiques et esthétiques de nos
jours ?
Parmi les groupes rompus aux scènes
locales, citons les Watcha Clan à la
pulse méditerranéenne (dont le dernier album Radio Babel a été chroniqué
dans le dernier numéro) et les Kabbalah et leur klezmer endiablé (26/3).
FRÉDÉRIC ISOLETTA
www.dock-des-suds.org
Résonances cosmogoniques
Le festival de chansons Avec le temps bat son plein
autour de l’Espace Julien. Jusqu’au 23 mars, des
pointures comme CharlElie (19/3), Bernard Lavilliers (22/3), les nouveaux talents déjà confirmés
Souad Massi (17/3), Abd Al Malik (23/3), ceux en
passe de la devenir comme Zaz (18/3), ceux qui
fêtent leur anniversaire scénique (20 ans pour Art
Mengo le 16/3) et la nouvelle tête couronnée Ben
l’Oncle Soul (17/3 au Dock des Suds) viendront
pimenter votre mois de mars. Sans oublier dans de
petits lieux alternatifs (Nomad café, les 3 act, Machine à coudre, parvis des arts…) des concerts plus
confidentiels, et souvent tout aussi intéressants !
F.I.
www.festival-avecletemps.com
Sacrées du Monde, le Théâtre de Grasse tisse un
fil salvateur entre le chant judéo-espagnol orné de
Françoise Atlan, la Passion du Christ relue par les
polyphonies corses d’A Filetta, les cantiques évangéliques à la pulsation balancée des Gitans de
Tekamali, les harmonies poétiques des mystiques
Sainte Thérèse d’Avila et Malek Jân Ne’mati, mises
en musique par Renaud Garcia Fons, les danses
codifiées des femmes de Mayotte (Deba), ou la
figure d’Alexandre le Grand revendiquée par les
cultures, grecque, égyptienne, juive, indienne,
afghane… Le sacré est partout !
Ben l'Oncle soul © X-D.R.
Il y a dans le sens du Sacré quelque chose d’imperceptible que chacun peut saisir, relevant de l’intime
comme du communautaire, mais qui dépasse le
cadre strict du sentiment religieux. De par le monde,
si les musiques sacrées puisent à la source de diverses croyances, elles possèdent des qualités
conjointes, souvent indicibles, sans doute parce
que les mythes fondateurs des religions, notamment de la formation de l’Univers, concordent
étrangement.
Si l’on s’intéresse aujourd’hui aux musiques sacrées,
c’est parce que, dans une large mesure, quelles que
soient les civilisations où elles ont terré, l’homme profane ne sait plus en déchiffrer les signes : comme les
pierres taillées des cathédrales sont devenues muettes, les modes mélodiques ou rythmiques des musiques
du monde échappent à notre connaissance.
En programmant les 1res Rencontres des Musiques
JACQUES FRESCHEL
Du 15 au 19 avril
Théâtre de Grasse
04 93 40 53 00
www.theatredegrasse.com
Jeune chanteuse et musicienne dont l’univers marie
les rythmes blues et folk et l’univers de Lewis Carroll,
Madjo, à la voix suave et puissante, se fait de plus en
plus présente sur les scènes françaises. Ne ratez pas
l’occasion de venir l’écouter à l’Omega live.
Le 26 mars
Oméga Live, Toulon
04 98 070 070
www.tandem83.com
Madjo © X-D.R
Sept ans déjà que le Babel
Med Music investit
Marseille, carrefour des
cultures méditerranéennes
et le temps d’un week-end
épicentre des vibrations du
monde entier !
54
MUSIQUE
ACTUELLE
En cette période de congés d’hiver, la salle du Cadran est comble à Briançon : entre deux journées
de ski, après une tartiflette, les vacanciers rejoignent les habitués des lieux, et nombreux sont les
gens venus applaudir le Quartet du guitariste Angelo Debarre associé à son compère accordéoniste
Ludovic Beier dans du Jazz manouche. Comme
quoi, culture jazz et neige de culture peuvent faire
bon ménage ! Légèrement saturée, la guitare d’Angelo, l’homme aux vernis blancs malicieusement
mis en évidence, slalome sur les contretemps de
Tchavolo Hassan à la guitare rythmique. La contrebasse d’Antonio Licusati jalonne le parcours et
Ludovic Beier assure une base ouatée aux anches
battantes qui rappelle le tapis blanc et molletonné
des cimes. Rien de tel que les fondamentaux : c’est
parti pour un «ride» avec Air 26 de Django Reinhardt,
et ces quatre là ne joue pas avec des moufles ! Au
fil du concert, Debarre s’affirme tout en finesse et
en nuances et offre des avalanches de notes auxquelles répond un Beier volubile sur son clavier
droit : imitations, réponses en écho et thèmes à
l’unisson aux accents Be-bop. Rien de révolutionnaire, mais du traditionnel revisité et dont on
ne se lasse pas : Nuage était incontournable. Un
Caravan musclé et exotique ravit les connaisseurs
avec une rythmique qui assure et des séquences en
«Free ride». En fin de concert, Ludovic, bavard impénitent entre deux standards, calme le jeu au
melodica avant de conclure en toute plénitude sur
I love me avec ses compagnons de Ballade. On comprend la collaboration passée avec Sanseverino. Ce
soir, le spot était au Cadran.
PIERRE-ALAIN HOYET
Ce concert a eu lieu au Cadran,
à Briançon, le 3 mars
Obscure clarté
et tradition en mouvement
15 mars 2002, premier concert de la Compagnie
Rassegna à la Cité de la musique… Les revoici 15
ans après, qui métissent toujours les musiques
méditerranéennes sans en abolir les particularismes
et les distinctions. Ce groupe adopte une géométrie
variable selon les créations, avec quelques piliers,
Bruno Allary, direction artistique et guitare(s),
Fouad Didi, chant arabo-andalou, violon, oud, Philippe Guiraud, basse. La nouvelle création, Buena
Sombra, titre d’une chanson espagnole emblématique des années 50/60, joue sur le paradoxe de
l’ombre bénéfique dans une Méditerranée où le
soleil porte les valeurs positives.
Pourquoi puiser un répertoire dans les années
50/60 ? Les chansons de ces années-là ont été rejetées par les années 70, les mouvements sociaux
intellectuels. À présent que le temps a effacé la
charge idéologique attachée à ces chants, cette
Angelo Debarre quartet © Julien Magre
Debarre tutoie les cimes
matière présente des richesses certaines, des
mélodies, une charge d’émotion, un potentiel de
croisement avec d’autres. Le tri est complexe, les
morceaux retenus le sont pour leur caractère sombre et lumineux à la fois, que ce soit Limosna de
amores (madrilène) et sa dramaturgie poussée à
l’extrême, o Saracino, et son swing, le chagrin d’amour
sicilien, In casa a me (Corse) grave et d’une intense
énergie, ou les chants chaâbi algérois et leur éloquence quotidienne. Les voix particulièrement expressives
et passionnées de Carine Lotta, Sylvie Paz, Carmin Belgodère, Marco Filograsso apportent un
supplément de sens à ces musiques remarquablement orchestrées avec les instruments traditionnels
mêlés aux contemporains. Un spectacle d’une belle
qualité, soutenu par un propos riche.
Un nouveau CD sort bientôt…
MARYVONNE COLOMBANI
Cette avant première
a eu lieu le 4 mars
à la Cité de la musique.
Concerts le 15 mars
à la Cité de la musique,
du 24 au 26 mars
à Babel Med, Marseille
(ensemble Multitudes),
le 2 avril au théâtre Denis,
Hyères (83)
(Cie Rassegna Chants
populaires de
Méditerranée).
De l’incertain
vers
l’inconnu…
Annoncé en ces termes, le concert des Redrails
sonnait comme une véritable invitation au voyage.
Périple au cœur de sonorités variées, insolites et
pourtant issues d’un instrument qu’on pourrait
qualifier de classique : le violon. Baltazar
Montanaro-Nagy joue non sans malice de son
instrument, explorant toutes les possibilités que ce
dernier lui offre, sous les coups d’archet, les
caresses ou les percussions, curiosités sonores
auxquelles son complice sur scène, Tadahiko
Yokogawa, donne à la fois plus d’épaisseur et de
modernité à travers un traitement informatique en
temps réel : violon et ordinateur sur une même
scène pour une aventure musicale pour le moins
étonnante. Face à eux, Serge Ortega ne démérite
pas, ajoutant un niveau de complexité par ses
samples et effets. Dans ce train qui serpente puis
s’emballe au travers d’expérimentations sonores
colorées, les images sont légion : le montage vidéo
offert en toile de fond se déroule au gré des folies
des musiciens et engage à la réflexion. Comme en
écho au lieu, espace de culture aux accents de cave
artistico-underground à la volonté affichée de
mêler les genres, les images résonnent, se
mélangent aux sons. On aurait tendance à s’y
perdre… mais n’est-ce pas le but de ce voyage ?
PASCALE FRANCHI
Ce concert a été donné au Daki Ling,
Marseille, le 10 mars,
à Correns le 11 mars.
À noter
Rassegna
© Fred Gromier
Redrails est en concert le 18 mars
au théâtre Denis, Hyères :
voir chronique disque p 84.
Théâtre Denis, Hyères
04 98 07 00 70
MUSIQUE
55
Joan Baez,
un souffle de liberté
Évoquer Joan Baez, c’est ouvrir un livre de musique,
de poésie et d’Histoire. Avec sa voix et son charme
uniques, sa guitare complice, elle parcourt le monde,
toujours engagée, depuis plus de 50 ans. Dès 16 ans
elle se rebelle contre la répression, les guerres et
s’engage auprès des plus démunis, débats et discours
enflammés. Premier disque à 19 ans, un recueil de
ballades traditionnelles folks et blues au timbre
chaud, jamais forcé, de belles harmonies vibrant sur
des textes si poétiques. Ses albums sont salués à
chaque sortie et ses concerts triomphants. Toujours ce
même sourire, comme un combat évident, pacifiste,
universel et naturellement généreux.
dans les années 1920 aux USA, est reprise par des
millions de gens.
… et artiste
Militante…
© X-D.R
qui dénonce les violations des droits de l’Homme. En
1981 ses concerts sont interdits dans les régimes
totalitaires (Brésil, Argentine, Chili). Après les manifestations de la place Tian’anmen en 1989, Joan écrit
China qui condamne le Parti communiste chinois. La
chanson Here’s to you, hommage à Sacco et Vanzetti,
anarchistes italiens, victimes d’un scandale judiciaire
Comme à New York...
DAN WARZY
Ce concert s’est joué le 11 mars 2011
au Théâtre de La Criée
En concert au Dôme, à Marseille, le 6 avril
www.sudconcerts.net
Tempus fugit
Bernard Jean © Dan Warzy
Quelle excellente idée que d’avoir la possibilité, pour un spectateur du Théâtre de
La Criée, de prolonger la soirée dans un moment de convivialité autour d’une table,
d’un verre, dans un cadre ouvert et agréable, et d’écouter du jazz. Pari réussi par
La Criée et le Cri du Port. Paul Pioli, guitariste de jazz chargé de la programmation
pour ce cabaret mensuel, a invité pour cette soirée le vibraphoniste Bernard Jean.
La formation en quartet est complétée par Thierry Larosa à la batterie et Lionel
Dandine à l’orgue. Le vibraphone est un instrument que l’on n’a pas souvent
l’occasion de voir jouer dans la région. Une percussion au caractère mélodique, un
son à la douceur feutrée jamais agressif, comme un piano que l’on joue debout,
apportant un côté visuel spectaculaire. Bernard Jean fait partager son plaisir de
jouer avec le public. Son répertoire est issu pour l’essentiel de standards du jazz
et le quartet cohérent a trouvé un bon rythme de croisière. Il faut dire que chacun
des musiciens participant à cette scène est nourri d’expériences multiples et que
tous maîtrisent parfaitement leur art. Le concert se termine avec l’arrivée du
saxophoniste Gérard Murphy pour terminer le set. Il sera l’invité du prochain
cabaret jazz le 15 avril prochain.
YVES BERGÉ
Pour sa 14e édition, Avec le temps gâte
son public et offre, en guise d’inauguration le 12 mars, un Arno tonitruant
sur la scène éclectique de l’Espace
Julien. En réponse, une foule nombreuse brave la pluie (prélude belge ?)
et accourt à l’appel du rock-blues
sensible et fou de l’artiste flamand,
ouvrant le bal des nostalgiques, des
torturés, des amoureux de la musique
des mots, ceux qui raclent les tripes.
Mais c’est le cri du rock, rare, puissant,
empreint de violence et d’amour qui a
retenti sur scène ce soir là. De cette
voix qui ne vieillit pas, Arno a emporté
son public vers des contrées intemporelles mixant les langues, les instruments,
les rythmes et les genres durant deux
heures à couper le souffle. Le rock n’est
pas mort, il exulte même et se partage
dans la joie, la douleur parfois, la profondeur. Une guitare, une basse, un
clavier, une chanteuse l’accompagnent.
Des sons énormes, des caissons de
basse impressionnants, un batteur qui
marque les accents comme on appuie
sur un marteau-piqueur. Un clavier
omniprésent, mélange de sons planants,
répétitifs sur les chansons… puis soudain debout le son se déchaîne, grands
claps binaires, insistance des temps
forts, crescendo de masse : la guitare
installe un motif, un riff de basse suit,
le batteur amplifie et le clavier envoie
des nappes de sons tenus surpuissants !
Arno est aux anges. Il force le trait,
star de la scène, chien fou, toujours les
yeux fermés ! Cheveux moites en bataille
il lance un magnifique thème arabobelge (sic !) pour son pote Nabil, qui lui
permet ce mélange rock, raï avec sa
chanteuse qui se lance dans des improvisations très orientales. La salle,
debout, envoie l’énergie qu’elle peut,
en retour.
Si le temps nous fuit, il ne semble pas
laisser d’empreintes sur cet artiste
unique et atypique ni, c’est heureux,
sur sa musique et sa présence sur
scène. Peut-être, après tout, qu’Avec le
temps rien ne s’évanouit.
PASCALE FRANCHI ET YVES BERGÉ
© Agnès Mellon
En 1963, Joan invite Bob Dylan à chanter avec elle
au Newport Folk Festival, le début d’une collaboration
qui durera des années. Elle reprend Blowin’ in the wind
de Dylan comme un hymne non-violent. Le 28 août
1963 elle est présente à la Marche vers Washington
où Martin Luther King fera son discours historique I
Have a Dream. Le Festival de Woodstock confirme sa
notoriété internationale. En 1972, elle rejoint Amnesty International et fonde Humanitas International,
Que dire de sa voix chaude, au léger vibrato, d’une
grande aisance dans tous les registres ? de ce timbre
velouté si caractéristique dans le magnifique Diamonds
and Rust, ou Gracias a la vida, dans un espagnol parfait, Farewell Angelina du compagnon de route, Dylan,
et un français très sensuel Pauvre Rutebeuf (Léo Ferré),
autre militant.
Que de surnoms donnés ! La Pasionaria du droit à la
différence, la conscience d’une génération, artiste «folk
revival», la Reine du folk, la Madone des pauvres gens,
la Légende des années Woodstock, cette icône de millions de fans réunira pour notre plus grand plaisir ses
ballades, chants traditionnels, son souffle éternel
d’énergie gospel, folk, rock, country : un beau cadeau
que nous avons hâte de partager !
56
CAHIER JEUNESSE
RENCONTRES DU 9ÈME ART | FESTO PITCHO
En territoire BD
Bien ancrées dans le paysage aixois, et
un petit peu marseillais, les Rencontres
du 9e art affichent leur 8e édition, toujours aussi foisonnante et prometteuse.
La pertinence de cette manifestation
repose toujours sur ces expositions,
nombreuses (quinze !), qui se laissent
découvrir dans les galeries, les musées
et dans plusieurs lieux de la Cité du
livre. Cette dernière accueille notamment une forme pour le moins
intrigante initiée l’année dernière,
CuBDes, soit cinq grandes boîtes de
9m2 sur 2m50 de hauteur habitées
par l’œuvre de cinq auteurs : la jeune
libanaise Zeina Abirached (à qui l’on
doit l’affiche cette année) dont le trait
fin n’est pas sans rappeler celui de
Marjane Satrapi, la japonaise Takayo
Akiyama, le mystérieux Martes Bathori, l’artiste polymorphe Moolinex,
Alban Guillemois et son éléphant mécanique. À noter, entre autres : au
musée des Tapisseries, à l’occasion des
20 ans de l’Association, proposition a
été faite à quelques uns des auteurs
mythiques des éditions précédentes de
réinterpréter, donner suite ou détourner une de leurs anciennes pages… ; au
Muséum d’histoire naturelle Jens Harder présentera son projet fou, Alpha, ou
comment raconter l’Évolution en
© Scarpa
bande dessinée depuis le Big Bang
jusqu’à l’apparition du premier homme ;
les 10 ans du Zarmatelier seront célébrés avec une expo chorale à l’Espace
Bellegarde ; à l’Espace Écureuil, à
Marseille, Caroline Sury présentera un
choix représentatif de son œuvre…
Bien sûr, tous ces artistes, et bien
ri
© Martes Batho
d’autres - la liste est longue
- seront présents lors du
week-end rencontres et
dédicaces à la Cité du livre
du 8 au 10 avril, ainsi qu’aux
rendez-vous Café BD ou
Canapé les 9 et 10 avril…
Et tout est gratuit, même
les dédicaces sublimes
des dessinateurs…DO.M.
Le Vaucluse en fête
Du 9 au 17 avril aura lieu la 5e édition du festival de
spectacles vivants pour publics jeunes. Festo Pitcho, c’est
une ribambelle de propositions qui s’étend dans 8
communes. Une douce jungle spectaculaire pour les
enfants de 6 mois à 18 ans. La Jungle est justement le
thème de la Festo Pitcho Parade qui commence les
festivités le 9 avril à partir de 14h au centre d’Avignon.
Une après-midi de fête aux allures de Carnaval qui
manquait à la ville.
Pas de ligne artistique commune pour les 24 spectacles : chaque lieu d’accueil gère sa programmation en
autonomie, avec une charte de fonctionnement prévoyant une politique tarifaire raisonnable. Une pratique
qui pourrait rappeler le Off, mais Festo Pitcho «n’est
pas un salon professionnel et s’adresse au public local. Le
but est de sensibiliser les enseignants et leurs classes, et
cela se déroule toujours la semaine précédant les va-
cances. Ça n’est pas un festival de parisiens, c’est vraiment
pour les enfants et familles du Vaucluse» souligne Claire
Wilmart, qui coordonne cette manifestation.
Pour se repérer le spectateur fait confiance aux lieux
incontournables et essaye de dénicher les pépites originales qui correspondent aux âges de sa progéniture.
À l’Ajmi, le collectif Ça conte pour l’ouïe présentera
Ce monde autour de moi, une rencontre sur les différentes cultures par la musique. Au théâtre des Doms,
Le bureau des histoires rendra hommage au livre pour
enfants. La Cie des 3 hangars sera au Balcon, avec le
conte Même pas peur de Gilles Cailleau (voir p 61).
Hachachi le menteur revient au Chien qui Fume, dans
une invitation au cœur du Sahara. Fantaisie lyrique avec
OpéraZibus par la Cie Faut changer l’eau du bocal qui
nous emportera dans un voyage insolite à la découverte ludique de l’art lyrique.
Le Bureau des Histoires © Daniele Pierre
Rencontres du 9e Art
du 22 mars au 23 avril
Week-end BD
du 8 au 10 avril
Office de Tourisme d’Aix-en-Provence
04 42 16 11 61
Antigone © Sac à dos
À l’Albatros, la Cie Balabik, spécialisée dans le spectacle jeunesse, jouera Cocoune, petites histoires à grandir.
Chanson au théâtre Isle 80 avec À cloche-pied hop hop
hop et danse au théâtre Golovine avec Origines. Le
Kronope reprend Le Songe d’une nuit d’été pour sa
nouvelle création, du Shakespeare à partir de 7 ans.
Aux Halles, la Cie Méninas jouera Pacamambo de
Wajdi Mouawad, une pièce qui présente la mort telle
qu’elle est (voir Zib 36). Au théâtre de la Charité de
Carpentras, un concert lecture d’Ô vous frères humains
par Bonheurs de Lecture. Un événement enfin : Les
Perses d’Eschyle, montés par Olivier Py, seront présentées en Nomades par la scène nationale de Cavaillon.
Car les plus grands auront aussi des temps de réflexions
et d’échanges, dont la conférence débat de JeanGabriel Carasso sur Les enjeux de l’éducation artistique
et culturelle organisée par Arts Vivants en Vaucluse le
2 avril à l’Utopia et le colloque Art, Culture et Petite
enfance du 8 avril à Cavaillon.
Un pique-nique de clôture est prévu le 17 avril à
L’espace culturel Folard à Morières-les-Avignon.
DELPHINE MICHELANGELI
Festo Pitcho
du 9 au 17 avril
Avignon etVaucluse
www.festopitcho.com
AU PROGRAMME
Heureusement
Elle s’appelle Euphrasie, c’est déjà pas facile à porter ;
et comme, en plus, personne ne s’en souvient, on
l’appelle Cosette… Et comme dans Les Misérables,
Cosette atterrit chez les Thénardier, tortionnaires eux
aussi. Alors Cosette va attendre la vie heureuse que
lui promet la poupée de la vitrine, la vie qu’elle
s’invente avec des beaux amoureux, des livres
passionnants, des enfants heureux. Christelle
Harbonn met en scène cette douce rêverie pour les
enfants à partir de 4 ans.
Exclus
Deux
fois qu’une
Dans la série «Lives jeune public» concoctée par
© Laurence Fragnol
Aquatique
Tout commence par une berceuse, «Ninna nanna,
Ninna Ô
dès 2 ans
28 mars au 2 avril
Massalia, Marseille 3e
04 95 04 95 70
www.theatremassalia.com
L’apprentissage de la maladie, de la mort, de l’amitié,
c’est de tout cela que parle Mathieu trop long, François
trop court, un texte de Jean-Rock Gaudreault (éd.
Lansman) mis en scène par la Cie La Naïve, sans
pathos ni clichés.
jeunes ados : le hip hop, avec ses figures acrobatiques,
sa musique pulsée et son côté m’as-tu-vu qui dénude
les corps masculins leur plaît naturellement. Aux
jeunes filles qui regardent, aux garçons, qui s’y
projettent. Mais Tricôté en profite pour leur montrer
au passage comment on fabrique un spectacle, le
travail, la sueur, les doutes que cela implique, et le
plaisir aussi, de la composition. Avec une vraie
invention gestuelle, une écriture des ensembles, de la
poésie et de l’humour !
La Cie Kafig sera également présente à Sainte
Maxime, avec deux pièces conçues avec des
danseurs Brésiliens. Deux pièces urgentes, d’une
virtuosité à couper le souffle.
Jubilatoire
Compte
C’est une barbe bleue, d’un magnifique «bleu Klein»,
La Barbe bleue © X D.-R.
Tricôté,
8 et 9 avril
Grand Théâtre de Provence,Aix
04 42 91 69 69
www.legrandtheatre.net
La La La Gershwin © Theatre National de Chaillot
Mélangeant les genres et les techniques, les musiques
et les danses, José Montalvo et Dominique Hervieu
font revivre le Broadway des années 30 par le biais
de quelques-unes des œuvres emblématiques de
George Gershwin, l’opéra Porgy and Bess en tête.
Grâce à un montage subtil d’images d’archives, les
deux chorégraphes illustrent les moments forts de
l’histoire de la ségrégation raciale aux États-Unis, et
font dialoguer hip hop et claquettes, danse classique
et africaine, créant d’improbables et magnifiques
rencontres avec le jazz, le charleston et le ragtime.
Lalala Gershwin
dès 6 ans
31 mars et 1er avril
Théâtres en Dracénie, Draguignan
04 94 50 59 59
www.theatresendracenie.com
4 au 6 avril
Théâtre de Grasse
04 93 40 53 00
www.theatredegrasse.com
Agwa/Correria
2 avril
Le Carré, Sainte-Maxime
04 94 56 77 77
www.carreleongaumont.com
© Michel Cavalca
La Barbe bleue
dès 8 ans
1er avril
Théâtre d’Arles
04 90 52 51 51
www.theatre-arles.com
Human Player
29 mars
Petit Robert et le mystère du frigidaire
5 avril
Zénith Oméga Live, Toulon
04 94 98 12 10
www.polejeunepublic.com
Tandem, Toulon
04 98 07 00 70
www.tandem83.com
Fabrique
Mourad Merzouki sait écrire des spectacles pour
Mathieu trop long, François trop court
dès 8 ans
30 mars
Salle polyvalente, Berre L’Étang
04 42 10 23 60
et c’est bien sûr celle du personnage principal du
conte de Charles Perrault. Mais dans la pièce de JeanMichel Rabeux, il a en plus trois Ferrari, un carrosse
en or et deux hélicos. Et il est amoureux de sa jeune
épouse (oui, la curieuse…) qui bizarrement l’aime
aussi. Une lourde porte en chêne, une petite clé en
or, du suspens et une drôle de fin heureuse avec un
monstre qui ne l’est plus vraiment et une candide
jeune femme promise au pire. À moins que…
57
Tandem et le PôleJeunePublic, deux rendez-vous en
fanfare et trompettes ! D’abord avec le duo
toulousain Human Player qui brave les frontières
entre corps et instruments en bouclant en direct des
rythmiques à base de percussions vocales (le fameux
human beatbox). Alchimie assurée pour ce tandem
inventif ! Puis avec Petit Robert, un petit garçon qui vit
une vie ordinaire dans un immeuble ordinaire, jusqu’à
ce que… par une nuit de Noël… Le voilà embarqué
par Brico Jardin dans un voyage peuplé d’effets
visuels, où les berceuses font rêver et le rock réveille.
Cosette : ça finit bien
13 avril au 7 mai
Badaboum théâtre, Marseille 1er
04 91 54 40 71
www.badaboum-theatre.com
ninna ô», le bien connu «fais dodo». Mais que les
enfants (et pas seulement !) ne s’endorment pas tout
de suite, la Cie LunaSol leur propose un voyage entre
danse et théâtre d’ombres, dans un univers aquatique
qui n’est pas sans rappeler l’existence prénatale…
Pour retrouver cette mémoire, et ces sensations, il
faut transcender la réalité, et replonger…
SPECTACLES
58
SPECTACLES
AU PROGRAMME
Humain
Carrollien
Comment parler de la mort aux enfants ? En créant
Théâtral
un hymne à la vie ! C’est le parti pris de Wajdi
Mouawad, l’auteur de Pacamambo, magnifié par la
mise en scène de Marie Provence qui balaye tout
effet démonstratif pour se concentrer sur le jeu des
acteurs. La petite Julie qui restera plusieurs jours aux
côtés du cadavre de sa grand-mère Marie-Marie à la
douceur enveloppante ; la Mort, pas féroce pour un
sou ; et la psy, déclencheur de ce récit jamais morbide
et toujours juste.
© cie-zabraka
Pacamambo
dès 9 ans
12 et 13 avril
Les Halles, Avignon
04 90 85 52 57
www.theatredeshalles.com
Vital
Le Théâtre Molière accueille la trilogie d’Olivier Py !
© Agnès Mellon
Peter Pan, le Capitaine Crochet, la fée Clochette…
ceux qui refusent de grandir s’en souviennent ! Le
metteur en scène Alexis Moati, baigné de ses
propres rêves, ressuscite les aventures extraordinaires
de Peter Pan, loin «des couleurs pastel de Walt
Disney ». Sur scène, six acteurs interprètent plus de
25 personnages : la famille Darling, Nana, le brave
chien Terre-Neuve, Wendy… Un spectacleévènement qui nous entraîne dans le pays imaginaire
du Jamais-Jamais, merveilleux, mais un peu dangereux
aussi.
Alice, c’est le monde de l’enfance qui bascule vers
l’adolescence, c’est un renversement des sens et des
images. Ici une grande partie d’échec initiatique jouée
en français et en anglais par la Cie Zabraka qui laisse
de côté le Pays des merveilles pour regarder derrière
le miroir… Images fortes, création sonore interactive
et acteurs embarquent le jeune public dans une
étrange traversée.
La jeune fille et le moulin, La vraie fiancée et L’eau de
vie sont trois petits bijoux d’écriture, des textes qui
puisent leurs structures et motifs dans les plus
populaires et mystiques des contes, ceux des frères
Grimm. Les trois pièces parlent de dépassements et
d’épreuves, de confiance et d’amour, de faux
semblants, de mauvais pères et de bon théâtre. Mis
en scène avec un sens sacré du tapage par l’auteur lui
même, ça tempête, ça jubile, ça chante et joue, ça
bouge et émeut. Les trois pièces sont jouées d’abord
séparément, puis le 9 dans la continuité. Avec
entractes et goûters !
A.L.i.C.E.
dès 10 ans
8 avril
Théâtres en Dracénie, Draguignan
04 94 50 59 59
www.theatresendracenie.com
Contes des Grimm
Olivier Py
du 7 au 9 avril
Scène Nationale de Sète
04 67 74 66 97
www.theatredesete.com
Péripéties
Teddy est un ours en peluche tout doux, tout vieux
et tout gentil, assis là dans le coin du canapé. Un jour
une mouche se pose sur son nez et le taquine et lui
demande pourquoi il existe… vaste question… Voilà
que Teddy, parti résoudre cette énigme, rencontre
sur sa route autant d’animaux que de réponses !
L’Ensemble Bachianas met en musique son épopée
avec l’acteur Jean-Luc Lejeune, heureux de faire
goûter la beauté des œuvres animalières de SaintSaëns ou Schubert, Fauré ou Rameau.
Peter Pan ou le petit garçon qui haïssait les mères
dès 8 ans
15 et 16 mars
Théâtre de Grasse
04 93 40 53 00
www.theatredegrasse.com
Le voyage de Teddy
dès 7 ans
23 mars
Le Cadran, Briançon
04 92 25 52 52
www.theatre-le-cadran.eu
Parcours
Les revoilà nos deux compères de Onstap au style
© X-D.R
Parce qu’on va pas lâcher
18 mars
Théâtre Durance, Château-Arnoux
04 92 64 27 34
www.theatredurance.fr
© Agnès Mellon
inimitable. Danse, musique, théâtre, percussions
corporelles, slam… c’est un peu de tout ça qu’ils
mettent dans leur duo Parce qu’on va pas lâcher, qui
tourne partout en France depuis 2008. Loin de
s’arrêter au step, discipline qui concilie esthétisme du
geste et précision du rythme, Hassan Rakaz et
Mourad Bouhlali nous racontent leur singulier
parcours d’enfants des cités d’Avignon qui ont envers
et contre tout réussi à faire du théâtre leur vie. Un
petit bijou.
SPECTACLES
Impétueux
Fraternité
Chute
Librement adapté du roman de Melville, Benito
Il s’en passe des choses sur le quai d’une gare ! Des
personnages attendent sagement leur train, tout est
normal, soudain le système se dérègle et les trains
n’arrivent pas. Une voix appelle au calme et le temps
défile : on se rencontre, on se touche, on ébauche
des amourettes… Après la noirceur d’Oliver Twist,
Josette Baïz signe une chorégraphie légère,
virevoltante, qui sied à la jeunesse de ses interprètes.
Cereno est inspiré d’un fait historique : la mutinerie
d’esclaves sénégalais en 1805 sur les côtes chiliennes,
à l’encontre du capitaine du bateau qui les conduisait
au Pérou. Jaime Lorca met en scène trois jeunes
comédiens marionnettistes français et explore un
théâtre du merveilleux en revisitant l’histoire des
hommes, blancs et noirs, toujours en quête d’identité
et d’indépendance. Une ode à la fraternité des
peuples dans cette collaboration franco-chilienne très
attendue.
Gare centrale
5 avril
Espace de l’Huveaune, La Penne-sur-Huveaune
04 91 24 70 42
Benito Cereno
13 avril
La Passerelle, Sète
04 67 74 66 97
www.theatredesete.com
Fantaisiste
© X-D.R
Fulgurances
Dix artistes acrobates-danseurs-musiciens de la Cie
Hors Pistes, issue du Centre national des arts du
cirque, s’inspirent du Sacre du Printemps de Stravinski
et Nijinski. Un sacre libre et spectaculaire, avec des
corps de cirque qui se tendent vers la musique et le
mouvement dansé. L’Orage et le cerf-volant est un
spectacle étonnant qui offre un incroyable sens du
rythme et une énergie contagieuse.
© J. Henry
L’Orage et le cerf-volant
18 mars
Théâtre Molière, Sète
04 67 74 66 97
www.theatredesete.com
Innocence
Claude Brumachon met en danse un roman
d’apprentissage sur la différence, Le prince de verre de
Benjamin Lamarche, écrit sous une forme hybride,
entre conte et récit légendaire. En 16 tableaux pour
8 danseurs, la chorégraphie se déroule comme on lit
un livre, et l’histoire du prince qui découvre qu’il est
en verre s’anime «pour de vrai». Cette révélation
l’amène à découvrir le monde sous un nouveau jour,
avec l’innocence de sa jeunesse et son ignorance.
Commence alors pour lui une exploration de la
matière, la sienne et celle du monde…
Mon pantalon est décousu
dès 8 ans
12 avril
Le Cadran, Briançon
04 92 25 52 52
www.theatre-le-cadran.eu
14 avril
La Passerelle, Gap
04 92 52 52 52
www.theatre-la-passerelle.eu
Avec Ikare, les deux marionnettistes, Claire Latarget
et Luc-Vincent Perche, invitent à tomber des nues.
Tomber, les enfants connaissent bien ! C’est parfois
douloureux, ils découvrent aussi en se relevant,
l’audace, la prise de risque et apprennent à voler de
leurs propres ailes. Du théâtre d’objet, drôle et
renversant, à partir de 18 mois.
Ikare
23 mars
Théâtre de Fos
04 42 11 01 99
www.scenesetcines.fr
Le prince de verre
dès 6 ans
7, 8 et 9 avril
Pavillon Noir, Aix-en-Provence
0811 020 111
www.preljocaj.org
Poétique de l’espace
© Laurent Philippe
Qui était mon grand-père quand il était petit ?
Réponse sous forme de périple musical et historique
en compagnie de Prévert et Vian, Mireille et Boby
Lapointe revisités par la Cie Palétuviers avec guitare
électrique et arrangements modernes ! De la malice,
de la fantaisie dans ce spectacle au titre joliment
emprunté au film La Guerre des boutons, qui offre aux
plus jeunes l’occasion de découvrir en musique ce
que fut l’enfance de leurs grands-parents.
59
La Maison, chorégraphiée par Nathalie Pernette,
questionne le rapport à l’espace et au quotidien. Des
thèmes chers à la chorégraphe qui aime s’inspirer du
quotidien pour créer le mouvement, avec un goût
certain pour les miniatures et la mécanique de
précision. Elle convoque ici l’univers familier de la
cuisine et des techniques de danse contemporaine,
du mime et du cirque. Les enfants se délectent des
aventures ludiques et étranges de deux zébulons
danseurs.
La Maison
23 mars
Théâtre Molière, Sète
04 67 74 66 97
www.theatredesete.com
SPECTACLES
PÔLEJEUNEPUBLIC | VÉLO THÉÂTRE
Chef d’œuvre
Démonstration
Pinocchio
15 et 16 avril
Le Carré, Sainte-Maxime
04 94 56 77 77
www.carreleongaumont.com
Joyeux Anniversaire © X-D.R
Tempo Vicino © Pascal Delcey
© Elisabeth Carecchio
Joël Pommerat a bouleversé l’art du théâtre jeune
public. En faisant entrer les enfants comme en une
chambre sombre, en leur montrant leurs peurs et
l’art de les dépasser, il fait du théâtre une expérience
forte, bouleversante au sens propre. Son Pinocchio
est une merveille poétique, scénographique, et une
vraie leçon de vie. Il est fait de l’étoffe des rêves, ceux
qui vous font trembler, et rire, et grandir, et devenir de
vrais petits garçons, de vrais pères, de vrais êtres
humains.
Turbulence
C’est un programme pédagogique parfait pour tous
les apprentis danseurs ! Il démontre en trois pièces à
la virtuosité diverse que la danse contemporaine à
technique classique a de grands jours créatifs devant
elle. Anna Lopez Ochoa oppose clairement les
esthétiques, Lucinda Childs donne une leçon de
géométrie du plateau et le Pas de deux de Forsythe
expose toute la grammaire et le vocabulaire
néoclassiques.Trois très belles pièces, interprétées par
des danseurs exceptionnels.
Pas de deux, Inverse,Tempo Vicino
1er avril
Théâtre Durance
04 92 64 27 34
www.theatredurance.fr
du 19 au 22 avril
Pavillon Noir, Aix
0811 020 111
www.preljocaj.org
© Sylvain Martin
60
Delphine Noly nous embarque avec jubilation au
cœur de la transgression, à la rencontre de héros
singuliers et troublants. Accompagnée d’une kora, la
conteuse porte son regard d’adulte sur la turbulence
des enfants, mettant joyeusement en avant la sienne.
Une enfant sage comme un orage qui nous conte
un hymne pétillant à l’enfant curieux et trublion.
Sage comme un orage
16 mars
Espace Robert Hossein, Grans
04 90 55 71 53
www.scenesetcines.fr
Poum-poum tralala !
Joyeux anniversaire est un aimable divertissement
pour tous ceux qui ont du mal à sortir de leur
torpeur même le jour J ! Devant l’énorme gâteau
préparé par sa maman, le jeune Paolo allume une
bougie et réveille son amie la fée Kiféegrandir et
exercera ses vœux. Paolo sur son gâteau-bateau
battu par le vent, Paolo en DJ, Paolo à la pêche aux
bonbons, Paolo et les jolies sirènes Barbie, Paolo face
au monstre dragon… La farandole de ses rêves se
déroule sans queue ni tête et, si louable soit l’intention
d’Antonella Amirante, le spectacle a la saveur d’une
boum ! Brouillonne et simpliste. Dieu sait pourtant si
la Cie AnteprimA multiplie les effets illusoires, déballe
tout à trac des déguisements que les acteurs enfilent
et jettent immédiatement, des accessoires qui
apparaissent et disparaissent aussitôt sans que l’on
sache à quoi rime ce grand déballage… Le spectacle
était pourtant pavé de bonnes intentions : mesurer le
temps, celui de la vie et du rêve, le temps de grandir
et le temps d’aimer quand le gâteau magique se
change en île et en manège avec la fée Kiféegrandir
à sa proue…
M.G.-G.
Joyeux anniversaire s’est joué du 14 au 24 février au
PôleJeunePublic au Revest et les 7 et 8 mars au Vélo
Théâtre à Apt
MASSALIA | JEU DE PAUME | THÉÂTRE DU BALCON
Deux mémoires deux jeunesses
Faire spectacle de la pratique amateur
est un exercice délicat. Certains y excellent d’autres s’y cognent avec moins
de réussite. Au Théâtre Massalia la Cie
2b2b de Marseille et la TanzZeit-Jugendcompany de Berlin se retrouvent
autour de deux propositions nées de
leurs échanges sur le thème «Murs,
chutes, révoltes»: S.I.C, ce sont deux
histoires, deux mémoires et deux
jeunesses qui s’émancipent.
Depuis 4 ans la TanzZeit-Jugendcompany porte la danse dans les écoles,
accompagne jusqu’à l’acte de création
des jeunes formés au hip hop ou au
cirque, à la musique ou au chant. Brief
an LF, chorégraphiée par Florian Bilbao
et Livia Patrizi, réunit neuf d’entre eux
dans une proposition formelle parfaitement aboutie qui interroge la notion
de rébellion. Chacun apporte sa pierre
à l’édifice créatif, dépose ses bagages
(expériences vécues) et ses effets personnels (ballots de jute et de plastique)
qui viennent enrichir la réflexion et
grossir le campement : sous le contrôle
d’une jeune cerbère, le groupe résiste
aux ordres, renie les codes, se rebiffe la
rage aux corps. L’harmonie dézinguée
sous les assauts de la désobéissance
laisse alors le champ libre à la cacophonie, et à l’amour : les mouvements
s’affolent, les trajectoires se télescopent,
Brief an LF © Marion Boriss
Dans Ce que j’attends, Valérie Costa
danse aux côtés de cinq adolescents
de Marseille troublés par leur «états
d’attente d’une jeunesse et d’un âge
adulte». Dans une régularité métronomique, les corps tournent en boucle,
scandent à l’unisson des motifs répétitifs dont ils s’échappent parfois ou
écrivent une partition singulière sous
l’impulsion de la chorégraphe. Volontaristes, enthousiastes, frénétiques,
langoureux, les caractères s’affichent
plus clairement, le groupe se morcelle
et chacun s’émancipe. Bientôt viendra
le temps de dire à voix haute ce que
grandir signifie : être libre…, responsable…, s’échapper de l’enfance…
Mais il faut avouer que leurs réflexions
ont pris un temps d’avance sur la
maturité de leur corps en état de
danse.
MARIE GODFRIN-GUIDICELLI
S.I.C a été présenté
du 24 au 26 février
au Théâtre Massalia
Sauvé par les contes
Les contes se régénèrent à l’infini, il suffit de les croiser pour que des échos
résonnent, que de nouveaux sens émergent. Quelques réminiscences et ils sont
prêts par un subtil détour de l’imaginaire à s’unir à nouveau pour vaincre nos
peurs, et nous permettre d’affronter les problèmes les plus difficiles de la vie.
Le délicieux spectacle Même pas peur se nourrit ainsi de leur humus pour évoquer
l’insupportable douleur de la perte, deuil d’une fille, d’une sœur. Comment vivre
après l’insoutenable ? Comment voir les autres, accepter de vivre sans la culpabilité
du survivant ? La pièce évoque un père (Jean-Louis Kamoun), qui s’est enfermé
dans le déni de la mort de sa fille et s’attache à l’idée que, victime d’un
enchantement, elle a été transformée en grenouille. L’animal en question bondit
sur scène, pour la plus grande joie des jeunes spectateurs, avant de réintégrer son
aquarium. Pour sauver leur père de la folie dans laquelle il s’abîme depuis quatorze
ans, ses trois enfants (Julien Asselin, Magali Jacquot, Cathy Ruiz) décident alors de
l’entraîner dans une histoire rocambolesque à la recherche de l’enchanteur qui
retient la disparue prisonnière. Prétexte à un voyage d’une drôlerie, d’une fraîcheur
et d’une sensibilité désarmantes, tout s’y enchaîne avec un bel élan : jeux de mots,
situations cocasses, théâtre dans le théâtre, mises en abyme et digressions, dans
une invention permanente, et une belle ingéniosité des décors, l’abattage des
acteurs dirigés de main de maître par Caroline Ruiz… Blanche Neige à Bagdad
accompagnée de deux nains «survivors» est tordante ! Et les adultes rient sans
doute plus que les enfants, tant l’ensemble est traversé de références…
Meme pas peur © Jean-Louis Alessandra
les couples s’enlacent… Là où la TanzZeit-Jugendcompany atteint un niveau
professionnel, l’expérience de la Cie
2b2b reste plus «expérimentale».
SPECTACLES 61
MARYVONNE COLOMBANI
Même pas peur a été créé
au Jeu de Paume
du 8 au 11 mars
et sera repris
les 13 et 15 avril
au Théâtre du Balcon,
Avignon
La magie Penazar
Instaurer un lien régulier
avec le public, ouvrir la
porte du théâtre à des
gens qui ne l’auraient
jamais poussée, tels sont
les objectifs principaux de
la compagnie L’Entreprise. C’est pourquoi,
installée depuis 2004 à La
Friche, l’équipe de François Cervantes a pris le
parti de rejouer régulièrement certains de ses
spectacles. En ce mois de
mars, c’est Le voyage de Penazar qui est
à nouveau à l’affiche. Une des plus
belles fictions théâtrales imaginées par
l’auteur, superbement portée par sa
complice, la comédienne Catherine
Germain. Dans ce monologue d’une
heure et demie, qui relate les tribulations du serviteur Penazar, du 13e
siècle à aujourd’hui, de la principauté
de Gelgel à l’Europe contemporaine,
on retrouve avec délectation le style
particulier de Cervantes : entre poésie
et trivialité, plein d’images insolites et
percutantes, touchant et drôle, le récit
nous embarque à la suite de cette
«âme errante».
Et puis, il y a l’incarnation. Derrière le
masque, dans son costume chamarré,
Catherine Germain EST Penazar.
Le Voyage de Penazar © A. Libbra
Métamorphose, toujours stupéfiante
de justesse et de précision, de l’actrice
en homme, en personnage de théâtre
d’ombres, en danseur, en clown. Le
décor, les jeux de lumière, simples et
d’une grande beauté, suggèrent des
lointains ; les vapeurs d’encens et la
musique enveloppent le spectacle
d’une aura merveilleuse. Grâce à
Penazar, on entre de plain pied dans
l’éternelle magie du conte.
FRED ROBERT
À noter
Le voyage de Penazar est repris à La
Friche jusqu’au 26 mars.
04 95 04 95 70 www.theatremassalia.com
62
LIVRES
RENCONTRES AVEC R. BÀDESCU, B. CHAUD, C. DARIETTO
Pomelo superstar
à La Boîte à Histoires
Véronique Benay et Gilliane Santarelli ont frappé fort pour la 1ère invitation
qu’elles ont lancée dans leur librairie. Cela fait un an que ces deux libraires
expérimentées et pleines d’envies ont repris la célèbre librairie jeunesse du cours
Julien à Marseille. Elles l’ont transformée, joliment relookée. Deux samedi par
mois, elles y animent des ateliers-lecture. Aujourd’hui, elles se lancent dans des
rencontres mensuelles avec des auteurs et illustrateurs jeunesse. C’est ainsi qu’à
l’occasion de la sortie du dernier-né de la série des Pomelo, le 8ème, dans un
nouveau format et à destination des plus jeunes, elles ont invité les heureux
créateurs du petit éléphant rose, poétique et décalé pour une rencontredédicace-goûter-apéro qui a rempli la boutique.
Benjamin Chaud, l’illustrateur, et Ramona Bàdescu, l’auteure, ont trouvé son nom
alors qu’ils sirotaient un jus de pamplemousse, et les deux compères étaient loin
de se douter du succès qu’allait connaître leur héros. Après 8 livres et 2
changements de format, celui-ci ne faiblit pas. Beaucoup d’enfants, des mamans,
plus quelques papas et grands-mères étaient donc présents pour entendre la
lecture à 2 voix de Pomelo et les contraires. Ce fut d’ailleurs le seul moment
d’écoute quasi religieuse, car du reste - les origines de la série, les relations avec
la maison d’édition et tutti quanti - les enfants n’avaient visiblement pas grandchose à faire. Le goûter, fraises tagada, quatre-quarts et jus divers, les intéressaient
davantage. Une fois rassasiés, ils allaient à l’essentiel : apporter leur(s) livre(s) à
Benjamin et Ramona… qui n’ont pas chômé. Dessins polychromes et dédicaces
personnalisées se sont succédé dans une ambiance de goûter d’anniversaire. Un
bien joli mercredi de rentrée pour les petits !
Une belle histoire
L’artiste Cathy Darietto, comédienne et metteur en scène,
a conduit une aventure artistique et humaine pas comme
les autres, qui a abouti à l’édition d’un livre de contes
bouleversant, Princes’ses
FRED ROBERT
Ramona Bàdescu et Benjamin Chaud étaient invités à La Boîte à Histoires
le 9 mars à l’occasion de la parution de Pomelo et les contraires
À lire toute la série des Pomelo, Albin Michel Jeunesse
À venir : le 9 avril, à partir de 16h30, Ghislaine Herbera dédicacera son dernier
ouvrage, La poupée cacahuète, à paraître ces prochains jours aux éditions Mémo.
© X-D.R
Rencontre a la librairie jeunesse La Boite a histoires © X-D.R
Cathy Darietto a créé, à
26 ans à peine, la Cie du
Soleil à Marseille, qu’elle
dirige toujours en même
temps qu’une autre compagnie, Après la pluie.
Depuis, elle est sur tous les
fronts : comédienne reconnue au théâtre comme
au cinéma, elle poursuit
une activité d’enseignement, avec une école qui
réunit aujourd’hui quelque
140 élèves, et un travail
de création qui, depuis les
premiers spectacles jusqu’à la Vie à tout cœur, mêle
intimement le théâtre à la
musique. Ce spectacle,
elle l’a voulu pour et par
son fils Robin, atteint d’un
cancer. Et c’est aussi de
cette expérience douloureuse qu’est née l’initiative
d’un travail avec les enfants hospitalisés au
service oncologie de La
Timone à Marseille. Sous
sa coordination, trois comédiennes, Agnès Audiffren, Christine
Gaya et Céline Giusiano ont rencontré régulièrement les enfants, âgés
de 3 à 18 ans, pour des visites et des
lectures qui les conduisent, petit à petit,
à inventer leurs propres contes, attendrissants et inventifs, réunis dans un
livre-CD magnifiquement illustré. Les
interviewes des enfants, l’imagination
colorée et le passage à l’écriture,
rythmés par des lectures collectives et
un spectacle joué à l’hôpital, offrent aux
enfants «des moments de bonheur et
d’évasion qui valent de l’or», et permettent aussi de conserver, par le livre
et les enregistrements réalisés, une
trace auditive et un objet concret qui
portent en eux la présence de ces
enfants, leurs voix et leur imaginaire.
Si les quatre comédiennes sont parvenues à cette petite merveille, c’est par
une approche sensible et un investissement humain remarquables : il faut
se tenir à l’écoute des envies ou des
refus des enfants, ne rien forcer, s’adap-
ter aux rythmes de santé de l’enfant,
aux contraintes des soins, et trouver la
distance juste pour éviter d’être intrusif,
écouter aussi son propre besoin de
respiration pour surmonter soi-même
les phases de découragement. «Le jour
où je ne pourrai plus, je m’arrêterai» dit
Cathy. Mais pour l’heure, l’aventure se
pérennise, avec un nouveau projet
consacré aux personnages magiques
et fantastiques !
AUDE FANLO
Princes’ses
Livre-CD, Le Sablier éditions
A découvrir aussi, la mise en scène
de la pièce radiophonique du CD,
Prince y es-tu ?, les 24, 25 et 26 mars
au théâtre Henri Martinet
aux Pennes Mirabeau
64
LIVRES
Éclats de vie
4 nouvelles, 4 éclats de verre, brillants et tranchants.
De grands ados saisis à la période critique qui les oppose
à la fois aux règles de la société et à l’autorité familiale. La
première se déroule dans une zone agricole, chez des
fermiers laborieux. Le narrateur prépare sans conviction
un BEP mécanique. Arrive un «rebeu» exclu de son lycée
précédent. Une complicité s’établit, qui les conduira à
l’irréparable. La 2e nouvelle met en scène Naïma et Tony,
copains depuis la maternelle, qui fêtent un anniversaire
sous les étoiles, début tendre et émouvant d’une histoire
d’amour. Amour encore dans la 3e nouvelle, entre deux
garçons paumés de 20 ans, à Londres, dans un quartier
lépreux, une chambre sordide. Et puis une révélation, grâce
à la lumière de Turner les arrache à leur détresse. Enfin
révolte de deux cousins en vacances dans la maison
familiale, étouffés par l’autorité abusive de leur oncle et
père, chasseur, dragueur, bâfreur. Un monstre. Mais trop,
c’est trop et ce sera la fugue vers Paris et un printemps
libérateur...
Anne Parcin se glisse avec facilité dans la peau et
l’esprit de ses jeunes personnages, et malgré la noirceur de
certains moments elle les happe par la force vitale de son
écriture, qui donne
espoir en l’avenir.
CHRIS BOURGUE
Comme
des trains
dans la nuit
Anne Percin
Le Rouergue,
Coll. DoAdo,
9,50 €
Le mirage des stades
Les dessous du foot ne
sont pas très affriolants.
L’appat de gains
énormes attire des
véreux qui profitent
de la crédulité des
jeunes rêvant de
s’illustrer sur les stades,
en particulier les
Africains qui y voient
la possibilité de se
sortir, ainsi que leur
famille, de la pauvreté.
Le récit touchant et
implacable d’Ahmed
Kelouaz retrace à la 1ère
personne le parcours de
Kourandi, Malien de 13
ans. Avec ses amis il joue
d’un ballon de tissu dans
la poussière. Un Italien
aux chaussures bien
cirées s’intéresse à leur
jeu et va rendre visite à
leurs familles ; il veut
emmener les jeunes en
France, bientôt ce seront
de grands joueurs ! Les
familles s’endettent et les
enfants s’envolent vers
Paris. Là ils déchantent,
vaguement nourris de
sandwiches, oubliés dans des
Formule 1 sans un sou en poche : un
esclavage. Les agents se les refilent, les
oublient. Les jeunes, abattus,
culpabilisent. Pas question d’avouer
leur situation à leur famille ! Kourandi
essaie de jouer dans des petits clubs
anonymes, voyage en fraude dans les
trains. Un avenir bien noir, plein de
désillusions, un livre qui laisse un goût
amer.
CHRIS BOURGUE
Je préfère qu’ils me croient mort
Ahmed Kelouaz
Le Rouergue, Coll. DoAdo, 9,50 €
À l’échelle des grenouilles
À l’instar des Chapardeurs, ouvrage anglais des années
50 récemment adapté par le studio
Ghibli au Japon, ce manga met en
scène de minuscules personnages
mêlés incognito à la société des
hommes. Déguisés en grenouilles, ils
sont mystérieusement liés à un arbre
gigantesque : Nanja Monja. Un
ouvrage de fantasy, donc, qui ne
dévoile dans ce premier tome que le
début d’une intrigue censée courir
sur cinq prochains épisodes. C’est peu
pour un manga, et le mélange
d’aventures, de réalisme et de
fantastique particulièrement équilibré
est prometteur.
Une mention spéciale aux
personnages, tous attachants, qu’ils
soient principaux ou secondaires, et à l’atmosphère
campagnarde qui permet de
découvrir un Japon éloigné des
clichés citadins. Les seuls yakusas du
livre ne sont pas hérissés de revolvers,
et encore assez superstitieux pour
craindre les esprits du lieu. La lecture
de droite à gauche demande un petit
temps d’adaptation pour les nonadeptes du genre, mais ce manga
trouvera sans difficulté un large public,
tant il est frais et plaisant.
GAËLLE CLOAREC
Nanja Monja,Tome 1
Shizuka Ito
Glénat Manga, 7,50 €
À
cœur
perdu
Chez P’tit Glénat la
collection Vitamine booste ses
auteurs et ses héroïnes ! La preuve
avec Philomène qui enflamme le
cœur de tous les garçons à des
kilomètres alentour. Même
l’auteur-illustrateur
JeanChristophe Mazurie en pince
pour elle et l’imagine, nez en l’air et
cheveux au vent, filant sur son vélo
à travers champs… intrépide et
libre. À cent à l’heure elle vit, à
cent à l’heure il saisit ses péripéties
amoureuses.
Affublés
de
patronymes pas piqués des vers
(Jules Biclou, Guigui Ladi, Barnabé
Lafé, Prosper Laguigne, Raoul
Poirier, les terribles frères Lasserre),
les garçons sont tous raides
dingues d’elle : leurs mains
tremblent, leur cœur fait boumboum, leurs joues sont en feu, ils
volent d’aise et de bonheur. Quant
aux bagarreurs ils font une trêve
éclair à chacun de ses passages…
C’est un sacré phénomène cette
Philomène ! Comme dans toute
histoire il y a une morale que JeanChristophe Mazurie distille au fil
de dessins joyeux, de saynètes
dynamiques, de phrases sibyllines
qui, pour peu qu’on soit attentif,
mettent la puce à l’oreille, car si
son cœur est déjà pris c’est qu’il
bat… mais pour qui ? Philomène
a le droit d’aimer qui elle veut !
MARIE GODFRIN-GUIDICELLI
Philomène m’aime
Jean-Christophe Mazurie
P’tit Glénat, 10 €
LIVRES 65
Bouzoukis rebelles
On connaît le Fado et le Blues, mais moins le
Rébétiko. C’est un style de musique grecque
chantée, qui exprime le désenchantement et les
difficultés de vivre. Ce sont les Grecs déracinés de
Turquie après 1922 qui l’ont inventée dans les
grands ports où ils échouaient en confrontant leur
musique avec cellede l’état athénien. En 1936 le
général Métaxas a instauré un régime dictatorial en
Grèce, imitant ses voisins fascistes. Au programme,
l’élimination de la part orientale de la culture
grecque, au prétexte qu’elle ramollit les esprits !
Ainsi la répression se met en place, les musiciens
sont traqués dans les bouges où ils jouent et
Un peu d’encre...
L’encre du passé plonge dans le
Japon ancien, l’époque Edo, 1er nom
de Tokyo, ville en plein essor
économique au 18e siècle. La jeune
Atsuko, âgée d’une douzaine
d’années, travaille dans la teinturerie
d’une petite ville et peint sur les
paravents à ses moments perdus.
Môhitsu, voyageur de passage,
remarque son travail et l’emmène à
Edo chez son ami peintre pour qu’elle
apprenne le métier. Atsuko se
perfectionne auprès de l’artiste et
Môhitsu reprend goût à la calligraphie
alors qu’il vivait dans la douleur de la
CHRIS BOURGUE
Rébétiko
David Prudhomme
Futuropolis, 20 €
BD sélectionnée pour le Prix 2011
des lycéens et apprentis de Paca
grande qualité graphique,
adoptent un trait fin et
précis, des teintes feutrées
et douces dans un
camaïeu de sépia, de
gris, et quelques éclats
discrets de rouges
sombres et de
jaunes assourdis.
Le scénario est
d’Antoine
Bauza,
amoureux du
Japon et de sa culture
dont il fait sa source
perte de sa femme et sa fille
décédées. 17 ans plus
tard
Atsuko,
devenue peintre
reconnue, est
traversée par
une crise de
doute. La visite de
Môshitsu
la
ramènera à son art
au cours d’une très
belle scène d’échanges
calligraphiques sur fond de
haïkus porteurs d’espoir.
Les images de Maël, d’une
Les fils de Prométhée
La collection Atelier Cinéma, en collaboration
avec la Cinémathèque française se propose d’initier
le jeune public «au cinéma sous toutes
ses coutures», de favoriser
l’élaboration «d’une pensée vive».
Pierre Gabaston relève en 70
pages abondamment illustrées cet
ambitieux défi, sur un thème bien
séduisant : les rebelles sur grand
écran. Typologie didactique oblige,
cinq chapitres distinguent cinq
catégories d’insoumis : les
désespérés d’abord, rebelles sans
cause, incarnant comme James
Dean, dans la beauté de sa jeunesse
éternelle, le mal être d’une
génération ; les enfants terribles
ensuite, qui transgressent la loi des
pères et récoltent tels les écoliers de
Jean Vigo, un zéro de conduite ; puis les
révolutionnaires christiques, Spartacus ou Zapatta,
et les hors-la-loi charismatiques revendi-quant une
liberté sans limites, Clyde, Bonnie ou Jesse James.
Enfin les réfractaires à toute guerre, aux tabous
liberticides, ceux qui, comme les héros de Hair,
beaux portraits aux traits
appuyés. Les planches alternent
une belle lumière grecque et les
reflets nocturnes.
fument le narguilé, le soir ?
Régulièrement emprisonnés, ils
vivent de petits trafics, boivent
beaucoup et affectionnent la
bagarre. David Prudhomme,
hypnotisé par le rébétiko, s’est
intéressé à la vie de ces hommes,
mais aussi au devenir de cette
musique rebelle qui est aujourd’hui
réduite au pittoresque et anime les
soirées des touristes. Il en a tiré un
récit animé, souvent violent, avec
des dessins précis, réussissant de très
cherchent tout simplement le bonheur et
l’amour. Les cinéastes de la Nouvelle Vague
dynamiteurs des règles anciennes
rejoignent cette théorie des
figures de la rébellion. Arrêts sur
images, éclairage par le contexte,
la technique ou la filiation,
prolongent chaque chapitre. Y
sont évoqués tour à tour le rock,
le jazz, les bikers, Duchamp et
Dada. On entrevoit la richesse
d’une mythologie qui n’en finit
pas de se renouveler et où les
fils de Prométhée brûlent du feu
qu’ils nous offrent.
ÉLISE
PADOVANI
Rebelles sur grand écran
Pierre Gabaston
Acte sud junior, 16 €
Cycle Rebelles au cinéma à l’Institut de l’image
d’Aix-en-Provence et au cinéma Le Renoir
à Martigues jusqu’au 22 mars
d’inspiration constante ; quant aux
très belles calligraphies, elles sont dues
à Pascal Krieger, maître reconnu par
l’Ordre du Soleil Levant. Un album
dans lequel le regard se promène des
paysages et des jardins aux intérieurs
de bois, et qui questionne sur les voies
de la création.
CHRIS BOURGUE
L’encre du passé
Maël et Bauda
Dupuis, 30 €
BD sélectionnée pour le Prix 2011
des lycéens et apprentis de Paca
L’art en jeu
Qui n’a jamais rêvé d’être conservateur
de musée, plongé dans la beauté du monde ?
On peut dorénavant y croire avec le jeu de
société D’Art d’Art ! paru aux éditions du Chêne.
Déclinaison de l’émission culturelle de France
Télévision et du livre éponyme, ce jeu de plateau
amusant et instructif met le monde de l’art à la
portée de tous. Dès 8 ans, à 2 et jusqu’à 6
joueurs, il vous met en situation d’aventure : à
vous de protéger et d’enrichir votre collection
d’œuvres prestigieuses, à vous de répondre avec
succès aux cartes quizz, d’éviter les vernissages
ratés, les faussaires, les cambriolages… afin de
réaliser l’exposition de vos rêves. Quoi de mieux
que de se divertir en famille tout en se cultivant
au
contact
d’artistes
et
d’œuvres
remarquables. Sans se focaliser, d’ailleurs, sur les
quelques chefs-d’œuvre mondialement connus
mais en découvrant
des
anecdotes
passionnantes…
FRÉDÉRIC ISOLETTA
D’Art d’Art / Le Jeu
Éd. du Chêne, 25 €
66
CINÉMA
LES RENDEZ-VOUS D’ANNIE
Du 15 au 19 mars à 20h30, semaine de projections
suivies de cabarets dans le cadre du 16e Festival russe
au Toursky. Des films de Mikhaïl Kalatozichvili,
Vadim Abdrachitov, Leonid Gaïdaï, Gueorgui Danelia. Le 18 mars, projection du dernier film de Garri
Bardine, une adaptation du conte d’Andersen Le Vilain
petit canard sur le mode de la comédie musicale,
portée par des airs de Tchaïkovski. Fruit de six ans de
travail, ce film d’animation ne compte pas moins de
107 000 images enregistrées et plus de 400 personnages.
Théâtre Toursky
04 91 02 58 35
www.toursky.org
Du 16 au 22 mars au cinéma le Sémaphore de Nîmes
aura lieu la 4e édition de MARS ATTAC, organisée par
le comité local de Nîmes de l’association ATTAC : 5
soirées films-débats ainsi qu’une expo de photos de
Moussa Djouder. Le 16 à 18h et à 20h30 en avantpremière le documentaire de Jérémy Forni, Après
la gauche, avec Susan George, E. Plenel, J. Ziegler,
A. Negri… suivi d’un débat avec Thomas Coutrot,
co-président d’ATTAC France et auteur du livre
Jalons vers un monde possible.
Cinéma le Sémaphore
04 66 67 88 04
Le 17 mars à 14h à la Maison de la Région, Couleurs
Cactus, en partenariat avec Cultures du Cœur,
présente Water de Deepa Mehta : l’histoire dans
l’Inde coloniale de 1938 d’une très jeune Indienne,
veuve, qui est envoyée dans une maison où les
veuves hindous vivent en pénitence. La projection
sera suivie d’un débat en présence de l’historienne
Arundhati Virmani.
Les Mardis de la Cinémathèque proposent, le 22
mars à 19h, au CRDP, Femmes, femmes, le
troisième long métrage de Paul Vecchiali, et le 29
mars L’empreinte du dieu de Léonide Moguy
d’après le roman de Maxence Van der Meersch, avec
Pierre Blanchar, Annie Ducaux, Blanchette Brunoy,
Ginette Leclerc, Jacques Dumesnil, Pierre Larquey.
La Cinémathèque de Marseille
04 91 50 64 48
Le 22 mars à 18h, à l’Institut Culturel Italien, Il Papà
di Giovanna de Pupi Avati : à Bologne en 1938, une
jeune adolescente Giovanna vit avec ses parents et
nourrit un rapport fusionnel avec son père très
protecteur, qui va devoir accepter que sa fille soit
jugée instable afin d’échapper à la prison pour le
meurtre de sa copine de classe.
Institut Culturel Italien
04 91 48 51 94 /
www.iicmarsiglia.esteri.it
04 91 64 75 85
www.festival-reflets.org
Plan B de Marco Berger
Utopia
04 90 82 65 36
www.cinemas-utopia.org
93, la belle rebelle de Jean-Pierre Thorn
Les amants du pont neuf de Leos Carax
Le 22 mars, au cinéma Les Variétés dans le cadre
de Abya Yala, 2e Rencontres du cinéma amérindien,
l’association APATAPELA propose une soirée
documentaire : à 19h30, No more smoke signals de
Fanny Braüning, et à 22h, El velo de Berta
d’Esteban Larrain. À l’issue de la séance, rencontre
avec Tiokasin Ghosthorse, sioux lakota, fondateur
du programme de radio Fisrt Voices Indigenous,
défenseur des droits des Premières Nations.
Les Variétés
04 96 11 61 61
Le 20 mars à 19h, au cinéma le Bourguet à
Forcalquier, l’association APATAPELA propose deux
documentaires, Flores en el desierto de Jose
Alvarez et Por qué murió Bosco Wisum de Julian
Larrea et Tania Laurini.
Cinéma le Bourguet
08 92 68 01 28
www.apatapela.org
Cinéma Renoir
04 42 44 32 21
http://cinemajeanrenoir.blogspot.com
Le 22 mars à 18h à l’Utopia Manutention d’Avignon,
rencontre avec Léos Carax et Jean-Michel Frodon,
critique de cinéma, autour de son livre Le Cinéma
français, de la Nouvelle Vague à nos jours et
projection de Les Amants du Pont Neuf.
Couleurs Cactus
06 98 72 29 07
http://couleurscactus.blog4ever.com
Le 18 mars à 20h au cinéma Variétés, le Festival
Reflets présente le premier film du jeune réalisateur
argentin Marco Berger, Plan B : Bruno vient de se
faire plaquer par sa copine qui partage désormais
sa vie avec Pablo et élabore un plan pour la reconquérir… Il se rapproche de Pablo, devient son ami et
cherche à fragiliser le couple. Mais rapidement il se
rend compte que pour arriver à ses fins il n’a pas
d’autre solution que de passer au plan B, l’amenant
à remettre sa propre sexualité en question…
Le 26 mars à 18h30, au cinéma Renoir à Martigues,
en partenariat avec le Collectif 13 «Un bateau
français pour Gaza», projection de Au Caire de la
révolution, des images tournées en février dernier
par Samir Abdallah, un des réalisateurs de GazaStrophe, Palestine (voir p67) en sa présence.
Le 8 avril à 18h30, lecture, concert et film, en partenariat avec la librairie L’Alinéa, Pianomania de Robert
Cibis et Lilian Franck, un voyage à travers le monde
secret du son, en présence de l’écrivain Bernard
Fauconnier et du pianiste Emmanuel Culcasi.
Le 14 avril à 18h30, Carte Blanche à Jean-Pierre
Thorn dont sera projeté le dernier film, 93, La belle
Rebelle, l’histoire d’une banlieue minée par une
politique urbaine anarchique, des mutations
industrielles successives, la désillusion politique…
Du 23 au 29 mars au cinéma Mazarin à Aix, 10e
édition de La Confusion des Genres, une semaine
de cinéma gay et lesbien. Au programme, Jamais
sans toi d’Aluisio Abranches ; Scott Pilgrim d’‘Edgar
Wright ; Tout va bien ! The kids are all right de Lisa
Cholodenko ; Edward II de Derek Jarman ; Le
baiser de la femme araignée d’Hector Babenco ;
Prick Up Your Ears de Stephen Frears ; 108 Cuchillo
de Palo Paragua de Renate Costa.
Pour s’amuser, vendredi 25, Mamma Mia ! de
Phyllida Lloyd en version karaoké.
La soirée de clôture se déroulera à l’Institut de
l’Image avec le célèbre et sublime All about Eve de
Mankiewicz avec Bette Davis, Anne Baxter, George
Sanders et la toute jeune Marilyn Monroe.
Le Mazarin
04 42 26 85 12
Dans le cadre du festival Latcho divano, projection
au cinéma Variétés le 29 mars à 20h30 de Dallas
pashamende de Robert Adrian Pejo : Radu Dima,
un gitan devenu érudit, retourne dans son village
natal, Dallas, qui est dans un état catastrophique.
Après l’enterrement de son père, Radu veut repartir
aussi vite que possible mais… Le 5 avril, à partir de
19h, soirée documentaire : Pavee Lackeen, la fille du
voyage de Perry Ogden, suivi de Autrefois nous
étions des oiseaux, film d’animation musical de Gari
Bardine et du voyage autobiographique de Laura
Halilovic Moi, ma famille rom et Woody Allen.
09 75 83 53 19
www.latcho-divano.com
Le 31 mars à 20h, en partenariat avec le cinéma Prado,
l’association Cinépage propose Buffalo 66 de Vincent
Gallo avec Vincent Gallo, Christina Ricci, Ben Gazzara.
Après cinq années passées à la prison de Buffalo,
Billy Brown, libéré, va rendre visite à ses parents qui
ignorent tout. Il kidnappe sur sa route une jeune
étudiante, Layla., à qui il demande de jouer le rôle
de l’épouse fictive qui lui a jusqu’à présent servi
d’alibi dans ses lettres…
Cinépage
04 91 85 07 17
www.cinepage.com
Le 1er avril à 20h30 à l’Utopia Manutention d’Avignon,
en collaboration avec Contraluz, projection unique
de Los Herederos en présence du réalisateur, Eugenio Polgovsky, un documentaire sur le travail des
enfants dans les campagnes mexicaines.
Utopia
04 90 82 65 36
www.cinemas-utopia.org
SALON-DE-PROVENCE | AUBAGNE
Le 2 avril à 14h, Camera Lucida propose à l’Espace
Sylla d’Apt un film d’Eugenio Polgovsky, Los Herederos, en présence du réalisateur. Dès leur plus jeune
âge, les enfants des campagnes mexicaines commencent à travailler. Le documentaire montre leurs luttes
pour la survie.
04 90 74 05 39
www.sylla.fr
Jusqu’au 12 avril, Cinémas du Sud, en partenariat
avec la Cinémathèque Française propose, dans les
salles de leur réseau, Rebelles en cinéma, un cycle
de films, conférences et ateliers à partir du livre de
Pierre Gabaston (voir p 62), Rebelles sur grand écran.
Cinémas du Sud
04 91 62 47 61
www.cinemasdusud.com
Du 1er au 3 avril, ATTAC pays d’Arles propose au Méjean
son 5e Festival de cinéma, projections de films et
débats : Le temps des grâces de Dominique Marchais,
une enquête documentaire sur le monde agricole
français aujourd’hui ; Nos enfants nous accuseront de
Jean-Paul Jaud ; Small is beautiful d’Agnès Fouilleux.
La séance du 2 Avril à 18h sera suivie d’un débat animé par Aurélie Trouvé, co-présidente d’Attac France.
Voir le monde
Du 29 mars au 5 avril, au Cinéma les Arcades, se tiennent
les 21e Rencontres Cinématographiques de Salon :
33 films venus de 25 pays
Cette année ? un coup de cœur pour le cinéma
belge avec Illegal d’Olivier Masset-Depasse (Zib
31), L’Iceberg, la comédie de Fiona Gordon et
Dominique Abel, et Lost persons area de Caroline Strubbe en sa présence, le 1er avril ; un zoom
sur le cinéma argentin avec Puzzle de Natalie
Smirnoff et Le dernier été de la boyita de Julia
Solomonoff, l’histoire d’une enfance qui se termine ; de la musique avec Benda Bilili en présence
d’un des réalisateurs, Florent de la Tullaye, et le
thriller symphonique des Suédois Ola Simonsson
et Johannes Stjärne Nilsson, Sound of Noise (Zib 31).
Nathan Miller sera présent le 30 mars pour parler du film coréalisé avec son père, Je suis heureux
que ma mère soit vivante, ainsi que Mariana
Otero, le 31, qui présentera ses deux deniers films,
Histoire d’un secret et Entre nos mains. Le 4 avril,
Dominique Chansel présentera le célèbre Safety
Last de Fred Newmeyer avec Harold Lloyd qui
aura fait l’ouverture le 29 mars, accompagné par
3 musiciens du Philarmonique de la Roquette.
L’après-midi du samedi est consacrée aux courts
métrages avec, entre autres, le superbe Garagouz
du jeune réalisateur algérien Abdenour Zahzah.
Et bien sûr aussi des
photos, des vitrines
décorées, des cinégoûters, des séances
scolaires… pour animer
la vie salonnaise !
ANNIE GAVA
ATTAC Pays d’Arles
www.local.attac.org/13/arles
Du4 au 11 avrilaura lieu la 39 Rencontre Cinématographique de Digne, fondée sur des projections et des
échanges avec les réalisateurs : F. J. Ossang autour de
son dernier film Dharma guns, Raphaël Jacoulot pour
Avant l’aube. Laurent Chevallier parlera de son approche
du réel à partir d’Expérience africaine et de Djembefola. La réalisatrice Xiaoling Zhu présentera La rizière,
film qu’elle a tourné chez les Dong, minorité du Guangxi,
région de son enfance , et l’ethnologue cinéaste Sophie
Gergaud Lakota Land, Terre de Survie, son premier
long métrage, sur une réserve amérindienne. Sans
oublier bien sûr la compétition de courts métrages.
e
Du 6 au 12 avril, à l’occasion de la sortie de son dernier
film Dharma Guns, l’Institut de l’Image à Aix, en partenariat avec les Rencontres du 9e Art, propose une
rétrospective des films de F. J. Ossang : L’Affaire des
divisions Morituri, Le Trésor des îles Chiennes, Dr
Chance. Le 8 avril à 20h30, la projection de Dharma
Guns aura lieu en présence du réalisateur et de
l’actrice, Elvire : une fille pilote un hors-bord et tracte
un jeune skieur. Ils bravent l’un comme l’autre leurs
limites quand un choc survient…
Du 13 au 19 avril, l’Institut de l’Image propose une
rétrospective des films de Souleymane Cissé :
Baara, Le Vent, Yeelen, Waati. Souleymane Cissé, venu
rencontrer les classes cinéma qui travaillent sur Yeelen,
sera présent à certaines séances.
Institut de l’Image
04 42 26 81 82
www.institut-image.org
Dharma Guns de F. J. Ossang
Le roi danse de Gerard Corbiau
Rencontre Cinématographique, Digne-les-Bains
04 92 32 29 33
www.unautrecinema.com
CINÉMA 67
Rencontres
Cinématographiques
de Salon
04 90 56 35 74
www.rencontrescinesalon.org
Écouter les films
Du 21 au 26 mars, musique et cinéma sont de
retour à Aubagne pour la 12e édition du Festival
international du film (FIFA). Invité d’honneur,
Gérard Corbiau, à qui le festival offre une carte
blanche : l’occasion de revoir son film, Le Roi
danse, mais aussi Fitzcarraldo de Werner Herzog,
et Reviens-moi de Joe Wright.
Cartes blanches aussi à trois festivals européens,
le Festival Internacional de Cinéma de Tarragona
qui présente son Grand Prix 2010, le documentaire Maria y Io de Félix Fernández de Castro,
adaptation d’une bande dessinée sur la relation
entre un père et sa fille autiste ; le Festival IndieLisboa qui propose une sélection de 8 courts
métrages représentatifs de sa vision du cinéma
et le Festival international du film francophone de
Namur qui offre la Nuit du court le 25 à partir de
21h30 au cinéma le Pagnol.
Dix longs métrages seront en compétition parmi
lesquels Sound of Noise d’Ola Simonsson et
Johannes Stjärne Nilsson, Robert Mitchum est
mort d’Olivier Babinet ou Rare Exports : A
Christmas Tale de Jalmari Helander qui nous
emmènera en Finlande et Balle Perdue de
George Hachem au Liban.
En compétition aussi, 66 courts répartis en 10
programmes, venus de 24 pays parmi les 1100
reçus de plus de 70 pays choisis pour la qualité
du travail sonore et musical de leurs auteurs.
Aubagne, c’est aussi un «passeur d’expérience»,
le compositeur Eric Demarsan, le ciné concert de
la Master class dirigée par Charles Papasoff, des
rencontres professionnelles Image et Musique
dédiées aux compositeurs, concepteurs sonores,
réalisateurs et producteurs.
Un grand festival, qui sait depuis des années faire
écouter cet art qu’on dit visuel…
ANNIE GAVA
Festival International du Film d’Aubagne
04 42 18 92 10
www.cineaubagne.fr
L'iceberg de Fiona Gordon et Dominique Abel
68
CINÉMA
ALHAMBRA | OUEST PROVENCE | INSTITUT DE L’IMAGE
Cinés en Espagne
Du 1er au 10 avril, les cinémas de
Scènes et Cinés Ouest Provence
organisent la 3e édition du Panorama
du cinéma consacré à la cinématographie espagnole. Une vingtaine
de longs métrages seront présentés, ainsi que deux documentaires et
des courts métrages.
Des soirées variées sont organisées
dans chaque lieu successivement.
Le 1er avril à L’Odyssée de Fos-surMer, soirée «Musiques et danses»
avec, à 18h30, Fados de Carlos Saura,
et à 21h Vengo de Tony Gatlif. Le 2 à
l’Espace Gérard Philipe de Port-StLouis-du-Rhône, une «soirée
pimentée» avec, à 18h30, Amours
salées et plaisirs sucrés de Joaquin
Oristrell, et, à 21h, À la carte de
Nacho G. Velilla. Le 3 à l’Espace
Robert Hossein de Grans, soirée
«Noir Polar» avec, à 18h, Carte des
sons de Tokyo d’Isabel Coixet et, à
21h30, Cellule 211 de Daniel Monzon. Le 5 au Comoedia de Miramas,
soirée «Comédies» avec, à 18h, Yo
Tambien d’Alvaro Pastor et Antonio
Naharro et, à 21h, A la carte. Le 6 au
Coluche d’Istres, soirée «Ciné et
débat» avec, à 18h30, Yo Tambien et
à 21h Poniente de Chus Gutierrez.
Un débat sera animé par JeanPierre Berlan.
Une deuxième tournée débutera ce
même jour à l’Espace Gérard Philipe
avec, dans le cadre de la «Semaine
du Printemps des Enfants», à 16h30,
La langue des papillons de José Luis
Cuerda. Le 7 à L’Odyssée soirée
«Mémoire historique» avec On verra
demain de Francisco Avizanda en
présence du réalisateur et du producteur. Le 8 au Coluche, soirée Marc
Recha avec, à 18h30, Pau et son
frère et, à 21h, C’est ici que je vis.
Enfin, le 9 au Comoedia, nuit «fantastique et horreur» avec, à 21h,
L’Orphelinat de Juan Antonio Bayona et, à 23h, Buried de Rodrigo
Cortés.
De l’Espagne pour tous les goûts et,
pour les plus fanatiques, de quoi
Buried de Rodrigo Cortes
sillonner le territoire d’Ouest Provence tous les soirs !
A.G.
Cinéma L’Odyssée Fos-sur-Mer
04 42 11 02 10
Espace Robert Hossein Grans
04 90 55 71 53
Cinéma Le Coluche Istres
04 42 56 92 34
Cinéma Le Comoedia Miramas
04 90 50 14 74
Espace Gérard Philipe Port-StLouis-du-Rhône
04 42 48 52 31
www.scenesetcines.fr
Alhambra stambouliote
Du 6 au 10 avril, l’Alhambra et Radio
Grenouille présentent Istanbul à
facettes : cinéma, sons, radio, carnets
de voyage, correspondances, expositions photographiques. Marseille
et Istanbul, deux villes ports qui se
rencontrent et se regardent.
Un focus sur Reha Erdem permettra de découvrir trois films de ce
cinéaste primé aux Festivals du Film
de Berlin et d’Antalya, My only sunshine, A Run for money, Des temps
et des vents.
Le 9 à 19h, soirée cinéma et musiDes temps et des vents de Reha Erdem
que avec la projection du documentaire de Fatih Akin, Crossing the
Bridge, The sound of Istanbul, suivie
d’un concert.
Plusieurs documentaires se succèderont tout au long de ces quatre
jours : Istanbul Fantômes d’Orient de
Christine Tomas, en ouverture, le 6
avril à 20h ; Istanbul de Patrice
Chagnard ; La Corne d’Or - HaliçAltin Boynuz d’Erden Kiral ainsi que
des courts métrages inédits.
Le 8 à 20h30, soirée spéciale, Marseille/ Istanbul : Capitales en regard
avec un documentaire sonore collectif et un débat autour des capitales
européennes de la culture dans une
approche comparative entre Marseille et Istanbul, en présence de
Yesim Yalman, directrice artistique
des cultures urbaines - Istanbul
2010 ; Thierry Roche, directeur
adjoint MP2013 ; Boris Grésillon,
géographe ; Yohanne Lamoulère et
Jérémy Garniaux, auteurs de
l’exposition photographique et
cartographique, Belle, peut-être
pas, mais ô combien charmante.
Quatre jours de découverte de la
mégapole turque, à travers créations et œuvres diverses.
ANNIE GAVA
04 91 03 84 66
www.alhambracine.com
Les rebelles de Lumet
En écho au livre Rebelles sur grand écran de
Pierre Gabaston (éd. Actes Sud junior-La Cinémathèque française, 2008), l’institut de l’image à
Aix-en-Provence propose jusqu’au 22 mars une
programmation éclectique : des parcours de héros
en marge illustrés au travers d’une rétrospective
de Larry Clark, de films d’Elia Kazan, Louis Malle,
John Cassavetes, ou encore Sidney Lumet. Ce
dernier, connu dès son adaptation de Douze
Hommes en colère, son premier film sorti en
1957 et auréolé d’un ours d’or à Berlin, est devenu
au fil des années un fer de lance de la critique du
capitalisme américain, qu’il aborde par le prisme
des instances étatiques, médiatiques, des hom-
mes et femmes qui les soutiennent, s’y soumettent ou les combattent. Avec un style formel
classique, Lumet a posé, tout au long d’une
carrière de plus de cinquante films, un regard très
incisif sur son pays et sur New York, sa ville de
cœur, en croquant de ses concitoyens des portraits justes, en grand directeur d’acteurs qu’il est.
Cela a valu d’ailleurs à bon nombre de ses interprètes reconnaissance et récompenses, depuis
Marlon Brando dans l’Homme à la peau de
serpent, Sean Connery dans The Hill ou Faye Dunaway dans Network. On se souvient également
des deux offrandes qu’il fait à Al Pacino, la
première en 1973 avec le rôle de Serpico, flic
décalé luttant contre la corruption policière, la
seconde deux ans plus tard dans Un Après-midi
de chien où l’acteur campe un homme aux abois,
improvisé braqueur de banque. Dans À Bout de
course, film de 1988 et projeté à l’institut de
l’Image, Lumet démystifie avec précision et
mélancolie la figure des amants traqués,
rattrapés ici non pas par les institutions mais par
leurs devoirs parentaux. Il offre au passage à River
Phoenix, acteur à la trop courte filmographie, un
de ces rôles dont il a le secret.
RÉMY GALVAIN
ASPAS | ALCAZAR | LES VARIÉTÉS
CINÉMA
CINÉMA 69
Le Mexique envers et contre tout !
C’est du 23 mars au 10 avril que se tiendront les
13e Rencontres du cinéma sud-américain, organisées par l’ASPAS à Marseille, intitulées cette
année Peuple et cultures du Mexique, sous la
présidence de Maria Novaro qui, hélas, ne sera
pas présente, étant donnée la discorde politique
entre les deux pays -le Mexique a annulé toutes
les manifestations prévues de l’année du
Mexique- mais dont on verra le road movie féminin, Sin dejar Huella.
En «lancement» des Rencontres, au CRDP, les 25
et 26 mars, un hommage aux documentaires
argentins de Cine Ojo dont le directeur, Marcelo
Cespedes, donnera la traditionnelle «leçon de
cinéma» le 26 à 14h.
Malgré les problèmes, c’est avec un film mexicain
que se fera l’ouverture le 29 à la Friche. Il y en
aura quatre en tout, dont Lake Tahoe de Fernando Eimbcke…
En compétition pour le Colibri d’or, 9 longs métrages représentant 8 pays d’Amérique latine et 9
courts métrages. Ainsi, vous pourrez voir Eva y
Lola de l’Argentine Sabrina Farji ; un conte sur la
jeunesse et le courage, A Alegria de Felipe
Braganca et Marina Meliande, Los colores de la
Montaña du Brésilien Carlos César Arbeláez…
Un hommage sera rendu à l’École internationale
de cinéma San Antonio de los Baños de Cuba.
Le 1er avril à 20h, en avant-première européenne,
Visa al paraíso, le documentaire de Lillian Liberman sur la vie de Gilberto Bosques Saldivar,
consul général en France de 1939 à 1944, qui
ayant installé le consulat à Marseille a sauvé des
milliers de personnes persécutées par les nazis.
Des images inédites de notre ville pendant la 2e
guerre mondiale et un portrait d’un «Varian Fry»
mexicain.
Et, bien entendu, des expositions, des concerts, en
particulier La Cumbia Chicharrà, une formation
d’une dizaine de musiciens Colombo-Marseillais,
le 2 avril à 22h 30.
Et ceux qui auraient raté ces alléchantes soirées
à Marseille, pourront se rattraper du 5 au 10 avril
à La Ciotat, Manosque, Forcalquier et SaintBonnet !
ANNIE GAVA
Association Solidarité Provence – Amérique du Sud
04 91 48 78 51
www.aspas-marseille.org
Au nom des pères
s’achève sur le cercle des jeunes gens
accroupis dans une défécation collective. Gracieux et «cru», le premier
long métrage de Lussi-Modeste
suit au plus près Jimmy Rivière,
jeune gitan charismatique, inter© A.G
Elle n’est point, Gaza,
la plus belle
des cités…
…écrivait Mahmoud Darwich.
Mais le cinéma rend compte du
réel. Le 17 février, aux Variétés,
le collectif 13 «Un bateau
français pour Gaza» qui a pour
objectifs de dénoncer le siège israélien contre Gaza et de répondre à la crise
humanitaire que subissent un million et demi de Palestiniens, a présenté le
film de Samir Abdallah et de Kheiredine Mabrouk, Gaza-strophe, le jour
d’après devant un public nombreux et motivé.
Les deux réalisateurs sont entrés dans Gaza le 20 janvier 2009, en passant
par Le Caire et par le poste-frontière de Rafah, le seul qui ne soit pas contrôlé
par Israël, au surlendemain du cessez le feu après la guerre de 22 jours,
l’opération «Plomb durci» de Tsahal. Leur but : «documenter la tragédie
palestinienne du point de vue de l’intérieur (…) et avec des souvenirs de
poèmes lus et entendus en d’autres temps, déjà sous les bombes, avec
Mahmoud Darwich et ses compagnons.»
Ils ont suivi les pas d’Abu Samer du P.C.H.R., le Centre Palestinien des Droits
de l’Homme, pendant près d’un mois et ont enregistré les témoignages de
ceux qui, dans les ruines encore fumantes, errent au milieu des restes de
leurs maisons, de leurs champs, ou de leurs usines, l’air perdu, les yeux
prété avec conviction par Guillaume
Gouix aux yeux éperdument bleus,
partagé entre une foi toute neuve et
les deux passions auxquelles le
baptême l’oblige à renoncer. La boxe
thaï où il excelle sous la férule de
Gina (Béatrice Dalle) et Sonia, une
gadji volcanique bien peu «catholique» interprétée avec force par
Hafsia Herzi plus sensuelle que
jamais. Le réalisateur originaire de
la communauté des Voyageurs installée à Grenoble, convertie pour
moitié au pentecôtisme, dit avoir
voulu «regarder le monde à partir
d’elle». Loin du folklore, il raconte
l’émancipation de Jimmy qui l’oppose à la loi des pères, celle de la
tradition qui replie le groupe sur luimême, celle du pasteur-prédicateur
encore pleins des horreurs de la
guerre. «Nous avons tout de suite
pensé aux scènes du film Le Jour
d’Après»… Ils ont écouté ceux qui,
malgré tout, essayaient de survivre,
déblayant, tentant de sourire
encore. «Nous avons cherché à
filmer des tableaux de la vie qui
reprend malgré tout ses droits dans
le paysage de ruines laissé par la
guerre et le blocus sur Gaza.» Tous
racontent leurs blessures, parlent
de ceux qu’ils aimaient et qu’ils ont
perdus.
On ne sort pas indemnes de ce film
-qui a obtenu le grand prix France
TV-Enjeux méditerranéens du
CMCA 2010- mais choqués, au sens
fort du terme.
ANNIE GAVA
(Serge Riaboukine) qui s’impose
par substitution au vrai père chassé
du camp. Émancipation d’autant
plus difficile que Jimmy n’est pas un
révolté et ne rêve que de fusion. Ce
sont les femmes -sa mère, et surtout sa sœur sacrifiant son amour
exogame- qui montrent à ce garçon
trop aimé le prix du renoncement et
l’aident à assumer ses choix. Par la
stylisation et le particulier LussiModeste rejoint l’universel dans un
film aux accents intimes très
émouvants.
ÉLISE PADOVANI
Jimmy Rivière a été projeté en avant
première aux Variétés le 3 mars
Gaza-strophe, le jour d'apres de Samir Abdallah et Kheiredine Mabrouk
La caméra suit le dos d’un jeune
homme, colle à son tee-shirt blanc.
Dans les sous-bois pénétrés par la
lumière estivale, il semble danser,
voler, bientôt rejoint par un, deux
puis quatre autres. La chorégraphie
70
ARTS VISUELS
AU PROGRAMME
Atmosphères
Succa opère par fragments et par traces : fragments de natures urbaines liés en un tout
indissociable, recomposés dans des tableaux et des photos-peintures ; traces rouillées et traces
du temps réinventées comme de «nouvelles peintures rupestres». Artiste de la nature jusque
dans ses installations-jardins habitées de mille et une histoires d’eaux-histoires d’art.
M.G.-G.
Impressions
Succa
du 26 mars au 16 avril
Château musée Edgar Melik, Cabriès
04 42 22 42 81
www.musee-melik.fr
Impressions, Familles, sachets tisanes © Succa
C’est Sà
Maison d’édition consacrée exclusivement à l’art contemporain
(voir catalogue p 78), Analogues conforte son accompagnement
aux artistes par des expositions dans ses locaux arlésiens.
La programmation se veut plus régulière en 2011.
Gwenola Menou a sélectionné cinq ou six pièces très complémentaires
et emblématiques d’Alexandra Sà, dont En suspension où l’on voit
la célèbre photo du saut d’Yves Klein maintenu en l’air
par le seul flux d’un ventilateur.
C.L.
Parallaxe
Alexandra Sà
jusqu’au 25 avril
Analogues, Arles
09 54 88 85 67
www.analogues.fr
Sa © Vincent Bossard
Serge Picard, Aux bords du monde © Serge Picard
Flou de bougé
Serge Picard expose deux séries de photos en noir et blanc diamétralement opposées à Gap :
Aux Bords du monde présente des paysages déserts atteints par l’usure du temps, des rails
abandonnés, des voies coupées, des squelettes d’arbres. Les tirages eux-mêmes sont comme
abimés, piqués, sauvés des eaux. Sur l’autre mur des portraits flous leur répondent, fantômes de vie,
souvenirs… un beau travail sur le travail du temps.
A.F.
Aux Bords du monde et Sponte Sua
Serge Picard
jusqu’au 30 avril
Galerie du théâtre, Gap
04 92 52 52 52
http://theatre-la-passerelle.eu/galerie
Indignez-vous !
Dans l’impressionnante architecture des Templiers, la colère gronde :
«Aujourd’hui nous avons des tas de raisons d’être révoltés.
L’artiste ne doit pas être seulement dans l’esthétisme mais doit avoir
une opinion. On ne doit pas baisser les bras». Michel Berberian traduit
son indignation à travers une esthétique puissamment expressionniste,
des peintures de grand format, acrylique griffée au crayon gras,
depuis les séries datant de 1999 jusqu’au plus récentes
dont plusieurs réalisées pour l’évènement.
C.L.
Michel Berberian
jusqu’au 24 avril
Tour Philippe Le Bel, Villeneuve lez Avignon
04 32 74 08 57
Michel Berberian,
peinture, 2011
© X-D.R
ARTS VISUELS 71
Tout en rondeurs
Blas jongle avec les mots charnels, les historiettes de rien du tout, les images qu’il capture, l’imaginaire
qu’il laisse vagabonder ; il sort de l’espace de la page pour se frotter à la rondeur de l’objet : ce qu’il écrit
devient palpable. À la galerie du Tableau, ses Fantaisies «à 10 ou 13 balles, mises en tube, en boîte
nous invitent à tâter, effleurer, faire rouler, recomposer ou tout simplement observer la multiplicité de ce qui
s’y trame». À nous de jouer !
M.G.-G.
© Blas
Fantaisie
Blas
du 21 mars au 2 avril
Galerie du Tableau, Marseille 6e
04 91 57 05 34
http://galeriedutableau.free.fr
Vues d’ensembles
Explorer l’espace urbain pour appréhender l’architecture par
la photographie ? Philippe Piron a photographié les grands ensembles
de logement construits à Marseille entre 1955 et 1975,
à voir et comprendre d’un autre œil. Rencontre-débat en présence
de l’artiste le 19 mars, le 20 visite guidée des lieux photographiés
avec Nicolas Mémain. Il faudra se lever tôt.
Philippe Piron,
La Brunette, Marseille
© Philippe Piron
C.L.
Conversation (3)
Philippe Piron, photographie et architecture
du 19 mars au 9 avril
Les Ateliers de l’Image/La Traverse, Marseille
04 91 90 46 76
www.ateliers-image.fr
Radieuse
De quartier en quartier le photographe Matthieu Parent écrit le journal de Marseille,
portant son regard sur l’architecture, là le village vertical de Le Corbusier aux lignes vertigineuses,
et ses habitants. Saisissants portraits captés grâce à une proximité chaleureuse, jamais curieuse.
Son exposition Le Retour de l’ambrotype (procédé photographique avec plaque de Plexiglass
au collodion) est le 4e volet d’une série qui ne demande qu’à s’enrichir encore…
M.G.-G.
Le Retour de l’ambrotype
Matthieu Parent
du 17 mars au 9 avril
Hall de la Cité radieuse Le Corbusier, Marseille 8e
www.matthieuparent.fr
Leroy, serie Le Retour de l'ambrotype © Matthieu Parent
Verrines © Pierre-Gilles Chaussonnet
Mise en boîte
De son parcours scientifique interrompu pour cause de passion artistique,
Pierre-Gilles Chaussonnet a conservé un goût immodéré pour les engins,
les modèles réduits, les maquettes officielles d’avions ou de fusées,
les mécaniques dont il se plaît à détourner la fonction, à réinventer
la poésie… voire même à sonder leur utilité. Une mise en boîte
où la délicatesse le dispute à l’humour, l’histoire à la nostalgie.
M.G.-G.
Verrines
Pierre-Gilles Chaussonnet
jusqu’au 3 avril
La Tangente, Marseille 15e
04 91 58 30 95
la.tangente.free.fr
72
ARTS VISUELS
ISTRES | ARLES | AUBAGNE
Idioties
Pour sa première exposition
monographique, POPARTs,
ex Pôle arts visuels d’OuestProvence, propose une sélection
d’œuvres récentes d’un trublion
de l’art contemporain.
Le très néo Pop’ Bruno Peinado
Bruno Peinado, Sans titre, Smiley RVB, 2011,
aludibon, neon, courtesy ADN Galeria © CarolineChevalier
Depuis quelque temps, délaissant un peu la
notion de créolisation, Bruno Peinado nourrit son
travail d’un conte persan, Les Trois Princes de
Serendip, parabole à propos de la recherche vaine
du beau absolu. Il adopte un aspect décoratif,
presque design : chacune des trois couleurs primaires du spectre lumineux rouge, vert, bleu
distingue au sol chaque étage pour se rassembler
en un jovial smiley tricéphale dans la dernière
salle à la suite d’autres en apparence rigolards ;
la lame de scie sauteuse en
contreplaqué brut à l’échelle
sculpturale transperce faussement sol et plafond… Mais
Peinado exhibe le superficiel
comme substitut à des effets de
sens plus profond, attendus
d’un lieu de culture. Avec une
déconcertante simplicité : certaines de ses pièces lumineuses
s’éclairent, s’éteignent puis se
rallument modifiant leur apparence, leur identité propre
comme l’environnement qu’elles
éclairent ou pas. Que voit-on
effectivement ? Si les objets de
Peinado sont à la fois déceptifs
(ils ne disent presque rien) et
jouissifs (apparence plaisante), pour autant, présenter à l’envers ce qui se lit à l’endroit suffit-il à
une œuvre d’art pour amener au symbolique, au
retournement du sens, à lui attribuer un sens
critique ? Le médium c’est le message selon Mac
Luhan. Peinado le répète volontiers : «maintenant,
à vous de faire votre idée là-dessus». Là où le
détricotage derridien aurait toute sa pertinence,
l’artiste substitue une imagerie à une autre au
risque de la superficialité. Voilà donc une expo
très pop’: populaire c’est-à-dire accessible à un
large public dont la reconquête est un des objectifs déclarés de la nouvelle équipe de POPARTs.
Le livret-catalogue, premier d’une collection,
permet de garder le souvenir d’un moment
plaisant comme la nature affable de l’artiste.
CLAUDE LORIN
Les trois Princes de Serendip,
près de la fontaine moussue
Bruno Peinado
jusqu’au 3 avril
Centre d’art contemporain intercommunal, Istres
04 42 55 17 10
www.ouestprovence.fr
Voûtes étoilées
Sous la ville, les cryptoportiques romains renaissent à la lumière éphémère
d’une installation d’art contemporain conçue par Anne-Marie Pêcheur
Il faut s’enfoncer dans les sous-sols de la ville,
sous les habitations entre l’Hôtel de Ville et la
place du Forum. Dans l’obscur et l’humide, la
vastitude et le monumental pesant, voûtes massives et piliers mastocs. Tout au fond, des alvéoles
bordant une longue galerie s’échappent des mouvements lumineux furtifs. Anne-Marie Pêcheur
a conçu Helichrysum pour ces lieux antiques
ouverts habituellement à la visite patrimoniale,
premier projet à voir le jour à l’initiative d’Asphodèle/Espace pour l’art (voir Zib 37).
Dans ces souterrains puissants et clos, imposant
l’indestructible, Helichrysum suggère tout au
contraire le léger, le fluide, le passager. Tout ce
qui peut être de l’ineffable, impalpable, insaisissable, évanescent. Malgré des contraintes techniques
qui ont obligé des réajustements successifs et la
réduction d’une partie du projet artistique, la
magie opère. Le dispositif élémentaire (projecteurs, boules à facettes, gobos et programmation
numérique invisibles du visiteur) laisse place sans
artifices à des éclats de lumière blanche (pour
écarter l’anecdote colorée) qui effleurent le
support lithique mat et humide. Les formes
végétales s’esquissent, les efflorescences floconneuses se mêlent dans de profonds noirs veloutés
inattendus. Autant de légèreté organique temporairement rendue à la masse de pierre, du temps
rythmique et périodique à la suspension archéo-
logique. Lanterna magica et mythe platonicien
réunis avant que tout se rendorme sous la ville.
À deux pas du Musée Réattu Anne-Marie Pêcheur
présente une petite sélection de travaux sur papier dans les bureaux/mini galerie de l’association
Asphodèle fraîchement repeints tout de blanc.
Helichrysum, Nature morte-Corps lumineux
jusqu’au 31 mars
Cryptoportiques d’Arles
de 14h à 17h30
Peintures
Asphodèle/Espace pour l’art
06 74 69 21 92
www.espacepourlart.com
CLAUDE LORIN
Anne-Marie Pecheur, Helichrysum, nature morte-corps lumineux,
installation pour les cryptoportiques, Arles, 2001
© Cindy Lelu
Vraies faussaires
Près de 800 personnes affluèrent ce soir-là
à la Chapelle des Pénitents noirs à Aubagne pour
le vernissage de Reg’Art sur l’Autre… toute une Histoire
Martine Huet s’étonne encore aujourd’hui de ce succès croissant,
depuis qu’un jour de 1999 elle
rassembla des artistes femmes à
l’occasion de la Journée de la femme : «une idée sans lendemain qui a
germé durant mon congé parental,
une exposition devenue un événement grâce au public, même si elle
n’a pas les qualités prestigieuses
d’autres manifestations…». Car la
«chef d’orchestre», diplômée des
Beaux-arts, n’est pas dupe et rappelle avec simplicité son objectif :
rassembler artistes confirmés et
amateurs autour de thèmes fédérateurs… «je laisse aux galeries et
aux événements prestigieux le soin
de faire une sélection». Une clairvoyance qui fait de Reg’Art sur l’autre
un rassemblement et non un salon
ouvert à tous les vents, et atténue
l’inégalité des propositions artistiques par sa démarche généreuse et
son aventure partagée… avec 84
artistes dont il faut réceptionner les
œuvres - au dernier moment car
elle «refuse de voir le travail avant
l’accrochage» - et trouver un agencement cohérent pour rééquilibrer
la disparité de l’ensemble. L’enjeu
est de taille pour la commissaire
d’exposition comme pour les artistes invitées à créer à partir d’une
œuvre emblématique, sans contrainte d’époques ou de styles. Juste une
histoire d’amour !
Toutes n’empruntent pas les mêmes
chemins pour illustrer cette filiation,
certaines gardent le nez collé à
l’original (des plagiats souvent
malheureux car n’est pas Maître qui
veut), d’autres évitent la pâle copie
par le détournement, la distanciation, l’évocation. Dans ces chemins
de traverse, elles se mettent en
danger et osent une «réappropriation» de l’œuvre : Chris Bourgue
tente une nouvelle aventure plastique pour travailler autour de Viallat
et délaisse la peinture pour une
sculpture-installation («une gageure : se l’approprier sans le trahir et
sans le copier. Tenter de restituer
l’émotion du geste et des couleurs
dans l’espace») ; Lucile DarrozeDomange magnifie les grottes de
Lascaux à travers un travail précieux
de marqueterie quand Danielle Lorin
jette le trouble dans Las Pépétas
d’après le Portrait de Gabrielle d’Estrées et de sa sœur la duchesse de
Villars, en détourne son ambiguïté
secrète par l’usage de techniques
mixtes et fait voler en éclats sa dualité par une composition au miroir
brisé… Ou encore Catherine Posson
qui s’abstrait du célèbre Viejos comiendo Sopa de Goya, retenant le
souffle des vieux à fleur de toile dans
une évocation puissante.
M.G.-G.
Reg’Art sur l’Autre…
toute une Histoire
jusqu’au 20 mars
Chapelle des Pénitents
noirs,
Aubagne
04 42 18 17 26
www.aubagne.fr
?
2
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6
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D. Lorin (a gauche) et C. Bourgue
à l'inauguration de Reg'Art sur l'Autre...
© X-D.R
74
ARTS VISUELS
LA GAD | GALERIE DE LA FRICHE
Quel cadre ?
À la GAD, galerie Arnaud
Deschin, les peintures
de Nicolas Desplats
se jouent avec et dans
l’espace. Troublante
expérience
La démarche de Nicolas Desplats
est un curieux mélange entre pratique traditionnelle de la peinture et
réflexion sur la question représentation/présentation, espace/lieu. Ses
tableaux suggèrent des imbrications
d’espaces plutôt indéterminés, perspectives subtiles brossées de gris,
reprises parfois de photographies de
ses propres peintures dans leur environnement d’accrochage. Dans
l’étroite galerie, un large panneau de
bois se dresse du sol au plafond à
quelques dizaines de centimètres d’un
petit tableau placé au mur. L’accès
très restreint réfrène l’intention d’approche du visiteur ou bien, si l’audace
lui prend, l’oblige à se glisser entre
ces deux plans, le nez sur la peinture et dos au panneau. À côté, une
toile de belle taille est posée simplement au sol sur deux tasseaux
comme en attente d’accrochage ; en
face une autre fixée sur deux tas-
dans et dehors, du cadre et du hors
cadre comme une invitation à habiter totalement la peinture ? Nous
sommes ici avec Vélasquez, SupportSurface et consorts, entre Espèces
d’espaces chers à Perec et principe
de mise en abyme. Les œuvres de
Desplats par leurs intrications, un
peu étriquées dans l’espace de la
galerie, restent suffisamment intrigantes lorsque le tableau n’est plus
au mur comme à l’ordinaire. À deux
doigts de la méta-peinture.
C. L.
Ses Murs
Nicolas Desplats
jusqu’au 9 avril
La GAD, Marseille
06 75 67 20 96
www.lagad.eu
Nicolas Desplats, sans titre, acrylique sur toile,
installation galerie Arnaud Deschin, Marseille, 2011
© C. Lorin/Zibeline
seaux cette fois-ci verticaux. Quel
type d’espace suggère le tableau et
comment montrer ce dernier ? On
hésite. Les quelques pièces complémentaires (dessins et photos)
apportent peu d’éléments. Pourquoi
ne pas avoir alors poussé les choses
un peu plus loin - dans un dispositif
ne comprenant que des tableaux afin de jouer à plein la complexité de
la problématique, entre représenté
et réel, dans la dialectique du de-
Paranoramixte
Le Dernier cri, membre du Cartel
des six structures d’arts visuels
de la Friche Belle de mai, investit
la salle des colonnes
sous la bannière Paranorama
Praxi
© Remi
La goûteuse potion de Rémi, Michel Goyon, Moolinex et Julien Rictus mélange carnets animés,
dessins, vidéos, planches originales et machines
à illusion. Tous passés à la moulinette de l’éditeur
qui les accueille en résidence, et du producteur
indépendant qui les accompagne dans le processus de production d’objets pluridisciplinaires :
multiple, livre, vidéo, expo… Paranorama est ainsi
un joyeux bordel dans lequel cohabitent des formes
d’expression «à l’interface de l’art contemporain
et de la bande dessinée hors cadre». Joyeux certes,
mais en apparence seulement, car l’exploration
tous azimuts des multiples champs du dessin
n’est pas exempte de discours : les traits ciselés,
les figures colorées et les titres à l’emporte-pièce
agissent comme une loupe grossissante sur la
réalité froide et cruelle.
Les illustrations de Rémi sont des cris d’alarme
contre un monde en guerre, une société muselée,
un machisme rampant : les titres arrogants
(Sortez la chienne ! L’art de la guerre, le film The
End) jouent à armes égales avec les dessins
cursifs pointés comme un doigt accusateur sur
les vilenies humaines. Le même Rémi déploie
dans un espace drapé de rideaux noirs son
Paranorama, ensemble poétique de machines
cinématographiques à effets d’optique à mettre
entre toutes les mains, contrairement aux des-
sins… Avec son complice Michel Goyon, «sorte de
chaman nourri à l’art brut et aux séries Z», il cède
aux Cadavres exquis par le jeu d’une année de
correspondances sur internet.
On découvre aussi une série d’affiches et de carnets originaux de Moolinex, et Julien Rictus,
nourri à l’imagerie heavy métal, à la mythologie
japonaise et indienne, aux influences populaires
et psychédéliques, punaise à même le mur de
petits formats carrés à l’encre de chine, enchevêtrement de dessins aux lignes filandreuses à
décrypter pas à pas. Dans cette jungle graphique
masculine, Bénédicte Hélary fait irruption avec
La cage aux fols, une sculpture en tilleul comme
une nouvelle interprétation du masque : que
cache-t-il… la folie, peut-être ?
MARIE GODFRIN-GUIDICELLI
Paranorama
jusqu’au 9 avril
Ateliers tout public les 16 et 23 mars :
fabrication de zootropes avec Rémi
Galerie de la Friche Belle de mai, Marseille 3e
www.lederniercri.org
AIX | VAUVENARGUES | CHATEAUNEUF-LE-ROUGEARTS VISUELS 75
Les tentations du paysage
Je me demande où se trouve la mer
se disait-il. Pourtant Don Jacques
Ciccolini ne peint que des paysages. À
découvrir entre Aix et Vauvenargues,
ses Paysages Fantômes et autres
œuvres sorties récemment de l’atelier
On s’est inquiété de la place de la peinture et de
son éviction au profit d’autres formes. Pour se
convaincre qu’elle est toujours là, il suffit de
parcourir les rayons des libraires, les agendas des
galeries et musées. Certains de ses acteurs
continuent à œuvrer sous les lauriers de la
renommée, d’autres plus humblement. Don
Jacques Ciccolini représente ceux-là. Une triple
exposition que l’on doit à Alain Paire et Michel
Fraisset lui rend la lumière et hommage.
Au moment des remue-ménage post 68 de
Support-Surface - il reçut l’enseignement de
Vincent Bioulès à l’École des Beaux-arts d’Aix, où
il enseigne lui-même aujourd’hui - il se consacre
définitivement à la peinture. Quitte à passer pour
réactionnaire tant est évident dans son œuvre
l’héritage classique du paysage. Pourtant ses
espaces immobiles, comme suspendus dans la
matière picturale et les couleurs assourdies (de
très beaux bleus aussi) restituent une métaphysique romantique du lieu (Sainte Victoire, Plaine
de la Durance, Falaise de Saint Eucher). Dans le
catalogue un long échange avec Alain Paire
éclaire son parcours et ses choix tandis que
Don Jacques Ciccolini, Sainte Victoire, huile sur panneau de bois
Pierre Paliard, enseignant à l’École d’art examine
la série des Falaises de Saint Eucher pour y
déceler méditation et transcendance de la nature.
Les plus surprenantes sont ces vues aériennes
qui bouleversent la tradition picturale du point de
vue comme du sujet (parfois le peintre utilise les
images d’une webcam à partir d’une maquette de
paysage fabriquée par ses soins ou encore
captées sur Google Earth) où la perspective bascule, le lointain s’amenuise, l’horizon disparaît, la
frontalité s’affirme alors que le sujet/motif frise
l’iconoclasme comme avec Topographies du lac
(2006) et tout particulièrement avec Aéroport
Marseille Provence, le bout de la piste (2010).
Suivre à l’École d’art le dialogue de l’artiste avec
Raymond Galle le 31 mars à 18h.
CLAUDE LORIN
Don Jacques Ciccolini / l’atelier du paysage
jusqu’au 30 avril
Atelier Cézanne, Aix
www.atelier-cezanne.com
jusqu’au 24 avril
Galerie Alain Paire, Vauvenargues
04 42 24 93 63
www.galerie-alain-paire.com
Boîte à malice
L’ombre de Joseph Cornell, Louise Nevelson,
Yolande Fièvre et Max Ernst plane sur les huit
artistes Mis en boîtes par Pierre Vallauri, sculpteur
et président d’Arteum-musée d’art contemporain. Créateurs inclassables qui ne se revendiquent
d’aucune tradition d’aucun mouvement «mais
participent du collage et de la peinture… en
volume», dont la liberté de ton va de pair avec
notre incapacité à les ranger dans une boîte !
Spécialistes du «fabricollage» selon Pierre Vallauri citant Max Sauze dans sa préface ; artisans
bricoleurs qui manient la pince et le symbole, le
ciseau et la métaphore.
Toutes ces boîtes noires plus ou moins profondes
et qui révèlent plus qu’elles ne cachent, sont les
cadres de mises en scène savantes écrites à partir d’un alphabet disparate : bois, pierre, sable,
tissus, objets de récupération, du quotidien, images, coquillages… Où les titres ne jouent pas les
figurants. La mémoire douloureuse de Marc GiaiMiniet, peintre et «boîtiste», fin lettré qui recouvre
ses bibliothèques imaginaires d’une fine
poussière grise. Boîtier pour mesure variable de
Ronan-Jim Sevellec, capable de fabriquer un
imposant Atelier d’artiste dans ses moindres
détails, théâtre poétique d’un quotidien encombré
de mille et un objets d’inspiration. Habituellement
je suis logé à mon château de Cathy Mouis, seule
artiste femme à bord qui donne vie à de petits
personnages loufoques, fragiles, à mi-chemin
entre l’homme et l’insecte, marionnettes tout
juste échappées d’un conte et prêtes à s’envoler
pour peu que la boîte craque… Plus mystiques,
les autels en bois de Pascal Verbena cachent des
tabernacles dont il donne la clef, superbement
ouvragés de frises animalières, de bas-reliefs
sculptés. Assis sous leur globe de verre, Le Rat et
le Crapaud de Lucas Weinachter ne craignent
plus l’éternité, le squelette mis à nu pour l’un le
corps pudiquement bandé pour l’autre : une mise
en scène de la figure animale à regarder comme
un miroir de la condition humaine. Et ceux encore
qui leur emboîtent le pas avec humour, vanité,
spiritualité - Jean-Michel Jaudel, Paul Duchein,
Omar Youssoufi - tous choisis par Pierre Vallauri
fasciné par Max Ernst. Tiens, tiens encore lui…
MARIE GODFRIN-GUIDICELLI
Mises en boîtes
jusqu’au 16 avril
Arteum-musée d’art contemporain,
Châteauneuf-le-Rouge
04 42 58 61 53
www.mac-arteum.net
L'Atelier © Ronan-Jim Sevellec
76
ARTS VISUELS
HYÈRES | LE LAVANDOU
Points de vue du monde
Iwan Baan à la villa Noailles
à Hyères, Éric Bourret et Gautier
Deblonde au Centre culturel
du Lavandou réinterprètent
le paysage photographique
À 35 ans, le Néerlandais Iwan Baan a déjà passé
plusieurs années à parcourir le monde, depuis
que sa rencontre avec l’architecte Rem Koolhaas
lui donna envie de rendre compte de la «planètearchitecture». De là à choisir des projets
emblématiques contemporains et des habitats
traditionnels, de là à sillonner seul 365 jours par
an les cinq continents armé de son appareil
numérique, et le voilà globe-trotter et photographe d’architecture ! Ce qui lui a valu de recevoir le
1er Prix Julius Shulman créé à l’occasion du 100e
anniversaire de la naissance du photographe
d’architecture américain.
À la villa Noailles la scénographie de Florence
Sarano retrace ses pérégrinations semaine après
semaine, chaque photo accompagnée d’haïkus
personnels, comme on lirait le «journal d’une
année d’architecture». Bâtiments collectifs ou
habitat privé, œuvres monumentales futuristes ou
détails d’une topographie urbaine, le résultat est
un kaléidoscope du monde tel qu’il est, une
«juxtaposition de toutes les manières de vivre» à
Tombouctou ou à Caracas. Car Iwan Baan transgresse l’image du réel pour faire entendre la
pulsation du monde : ses architectures ne sont
jamais des coquilles vides, des œuvres «exemplaires» déconnectées de l’humain. L’homme est
partout, dans une apparition fugace, les lumières
de la ville, un opéra bondé, une ville transfigurée
par des ouvrages d’art… La vie palpite dans chaque
édifice, sous nos yeux ou hors champ, et la magnificence des prouesses technologiques des
architectes passerait presque au second plan.
C’est là toute la force de ces photos, et leur singularité, Iwan Baan bouscule notre vision du
monde à partir d’un témoignage vivant du
paysage en mutation, il interroge le rôle du
photographe dans la transmission et la mémoire,
il questionne la place de l’habitant au cœur ou à
la marge de l’espace bâti. Ni documentariste ni
Col Bonette Mercantour Alpes-Maritimes, Mars 2007 © Eric Bourret
couleurs, d’étendues
glaciaires d’où l’homme semble absent.
Une prédilection commune pour le tirage
argentique mais deux
approches aux antipodes l’une de l’autre
- à la marge d’Iwan
Baan là aussi - avec le
paysage au cœur de la
photographie, son noyau
dur. Étrangement le
dialogue s’instaure.
Entre Éric Bourret qui
«marche au paysage»
au risque de s’y perdre, laisse le champ
Miami USA, Projet 1111 Lincoln road, complexe commercial, bureaux, parking et residentiel,
architectes Jacques Herzog et Philippe De Meuron © Iwan Baan
ouvert à l’aléatoire et
entretient un rapport cinétique au mouvement ;
abstraction totale du paysage qui peut perdre le
spectateur habitué à la photographie réaliste. Et
Gautier Deblonde qui, au contact de scientifiques
travaillant sur le réchauffement climatique, «capte
les paysages et les gens qui lui sont offerts» ;
portraits muets de territoires inhospitaliers dont
il fouille les âmes. C’est dire si le paysage dans la
photographie - comme dans la peinture - ne
cesse de se réinventer.
MARIE GODFRIN-GUIDICELLI
Ny.Alesund-Svalbard © Gautier Deblonde
reporter, il est comme ses images-paysages,
hors cadre.
Question de paysages
Autres déambulations, autres photographies.
Mais des lieux extrêmes : cimes enneigées pour
Éric Bourret, archipel oublié à 800 km du Pôle
nord pour Gautier Deblonde ; l’un marche, l’autre
pas ; l’un éprouve le paysage dans son corps et
témoigne en noir et blanc «de ses tensions dans
une vision plasticienne de l’espace», le second
échappe à la monstration de la photographie
documentaire dans une version idéalisée, et en
2010 autour du monde
Iwan Baan
jusqu’au 27 mars
Villa Noailles, Hyères
04 98 08 01 98
www.villanoailles-hyeres.com
Déambulations photographiques 3
Éric Bourret, Gautier Deblonde
jusqu’au 27 mars
Centre culturel, Le Lavandou
06 09 58 45 02
78
LIVRES/ARTS
L’amour du risque
À la fois clown, auteur, professeur-chercheur et médecin, Philippe Goudard est connu pour être un
circassien très particulier. Et c’est justement au
croisement de ces particularités qu’il a conçu ce livre :
à partir d’une mise à plat à la fois historique et par
agrès des pratiques des Arts du cirque, il en décode
scientifiquement les enjeux tant sur le plan du corps
qu’au niveau artistique : il dessine ainsi une esthétique
de l’exploit fondée sur la notion de virtuosité, de risque
et d’échange avec le public. En effet, à travers cette
analyse, l’auteur décortique chaque geste de l’artiste
pour en expliquer les sensations, mais aussi les régions
qu’il active dans le cerveau du spectateur et du
circassien. Goudard démontre ainsi comment la
construction d’un numéro de vélos, de cycles par
exemple, peut générer le plaisir comme l’étonnement
et même la peur.
L’ouvrage en trois parties, très complet, peut-être
abordé de multiples façons, selon que l’on s’interroge
sur la définition de certaines termes techniques et
philosophiques, sur l’histoire et l’origine de numéros
comme celui du trapèze volant mis au point en 1859
par Léotard ou encore sur l’évolution et l’émergence
de nouveaux cirques. Mais on y trouvera aussi des
renseignements sur les mécanismes qui conduisent à
la prouesse, sur les différents métiers du cirque et les
cursus pour y parvenir, et enfin sur les pathologies liés
à certaines pratiques comme l’acrobatie ! Et ce livre
s’adresse aussi bien à un public averti qu’à des
néophytes soucieux d’y trouver des informations ou
une pensée esthétique : le propos riche, technique et
précis, reste néanmoins d’une grande clarté.
Le cirque
Entre l’élan et la chute.
Une esthétique
du risque
Philippe Goudard
Espaces 34, 19 €
CLARISSE GUICHARD
Le siècle de l’urbanisme
Même si la notion d’urbanisme ne date pas d’hier, le
recherche croissante et sans fin de vitesse est une
donnée qui modifie considérablement les dynamiques
urbaines, surtout elles qui s’instaurent entre local et
global. Dans ce cadre, les trains à grande vitesse et la
construction de gares (ou agrandissement) bouleversent les échelles temporelles et géographiques des
territoires urbains. L’ouvrage bilingue Gares et dynamiques urbaines les enjeux de la grande vitesse paru aux
éditions Parenthèses sous la direction de Jean-Jacques
Terrin donne la parole à des experts, chercheurs et
responsables locaux à travers des exemples comme
Marseille, Barcelone, Rotterdam, Lyon et Turin.
Est également publié, dans la même maison d’édition,
le Grand Prix de l’urbanisme 2010 Laurent Théry La
ville est une figure libre. À Saint-Nazaire, sur l’île de
Nantes ou dans l’estuaire de la Loire, le rôle de maître
d’œuvre urbain prend toute son importance au
contact d’artistes, écrivains, urbanistes, entrepreneurs… Deux ouvrages pointus, mais utiles à tous
pour comprendre l’urbanisme de demain.
Gares et dynamiques urbaines
Jean-Jacques Terrin
Parenthèses, 22 €
La ville est une figure libre
Laurent Théry / Ariella Masboungi
Parenthèses, 14 €
FRÉDÉRIC ISOLETTA
Précarités
Analogues occupe une place particulière dans l’édition
d’art car dévolue exclusivement aux artistes contemporains (voir Zib 26). Chacun de ses ouvrages est le
fruit d’un travail spécifique réalisé par co-production
avec une structure ou une institution. Cet accompagnement des artistes se complète de vidéos Le mur
dans le miroir consultables depuis leur site et d’une
exposition dans leurs locaux arlésiens. Ainsi nous
retrouvons dix années de productions d’Alexandra
Sà, performances, installations et sculptures principalement, dont les travaux de restitution d’une
résidence au Forum du Blanc-Mesnil en 2010. Dès
ses premières recherches Alexandra Sà explore, avec le
corps et les matériaux du quotidien, les formes paradigmatiques de cet instant particulier où tout peut
basculer : un point d’appui, l’élasticité d’une corde,
une coupure de courant, un empilement. Les auteurs,
Maëlle Dault, Daniel Dobbels, Nathalie Viot, François Michaud interrogent sous différents regards et
problématiques : la dimension critique, l’œuvre et son
inscription dans l’espace public, la charge des objets
familiers. Le mouvement, composante de plusieurs de
ses propositions, ne peut se traduire complètement
dans les images fixes. Il sera donc nécessaire de
poursuivre la lecture de ce catalogue par une visite rue
du Quatre-Septembre à Arles (voir p 72).
CLAUDE LORIN
Sà
Alexandra Sà_Catalogue
Analogues, 21 €
LIVRES/ARTS 79
Mythique Corne d’Or
En 1988 la Cité de l’architecture et du patrimoine à
Paris débutait son tour du monde en 80 villes. 80
peut-être pas, mais depuis Sao Paulo et jusqu’à Istanbul aujourd’hui, elle a déjà radioscopé 23 métropoles
et prépare Le Caire. Écrit par deux architectes, Alain
Borie et Pierre Pinon, également auteurs de nombreux articles et ouvrages sur l’architecture, l’urbanisme
et l’archéologie ottomans, le portrait de cette ex-ville
du tiers-monde - considérée comme telle avant les
années 80 - s’esquisse à travers son histoire, son architecture et son développement économique. Depuis
l’antique et médiévale Byzance-Constantinople jusqu’à la mégapole contemporaine à la modernisation
effrénée. Le tout structuré en quatre chapitres argumentés de plans, de photographies, cartes, documents
historiques, glossaire s’attachant à la topographie de
la ville, à ses bâtiments et ses architectures les plus
significatifs. Moins ardu qu’il n’y paraît grâce à son
abondante iconographie, l’ouvrage épilogue ce portrait d’une proposition de 12 promenades sur les rives
européenne et asiatique du Bosphore pour découvrir
les multiples visages de la ville (selon une logique
géographique et architecturale s’entend) et partir à la
rencontre des Stambouliotes. Car l’autre richesse de
Byzance-Constantinople-Istanbul est un certain cosmopolitisme qu’elle a su conserver parmi ses 13
millions d’habitants : Russes, Bulgares, Iraniens,
Ukrainiens, Géorgiens, Syriens, Maghrébins, Afghans,
Irakiens, Pakistanais et Africains.
Les titres de la collection Portrait de ville sont édités
en numéro spécial annuel de la revue Archiscopie qui
recense les manifestations professionnelles en France et
à l’international, le programme de la Cité de
l’architecture et du patrimoine, et traite de dossiers
d’actualité et des dernières parutions documentaires.
M.G.-G.
Istanbul
Alain Borie et Pierre Pinon
Cité de l’architecture et du patrimoine, coll.
Portrait de ville, 20 €
Précieuse correspondance
Moins célèbres que les lettres de Vincent Van Gogh à
son frère Théo, celles d’Otto Dix dessinent le portrait
humain d’un artiste qualifié par le régime nazi de
«dégénéré». Qui connut trois ans de réclusion sur les
rives du lac de Constance («exil de l’intérieur» et «exil
dans le paysage»), fut de nouveau éclipsé de la scène
artistique et intellectuelle allemande à l’époque de la
construction du mur de Berlin en 1961, avant un
«retour en grâce» posthume à l’occasion d’expositions
à Stuttgart et Paris en 1971… tant il fut difficile pour
«le grand peintre de l’art réaliste» de trouver sa place
dans l’Allemagne divisée…
Traduites par Catherine Teissier, accompagnées de
dessins et croquis, ses lettres enrichissent notre connaissance de l’homme, de l’œuvre et l’éclairent d’un
halo bienveillant car l’introduction en souligne les
mouvements profonds, familiaux, picturaux et historiques intimement mêlés. Dans cette abondante
correspondance Catherine Teissier met à jour les élans
fougueux du jeune Otto Dix, les raisons de son
engagement volontaire dans la guerre de 14-18,
l’alternance de périodes d’incertitudes («ce que je peins,
c’est une merde sans nom») et d’exaltation fiévreuse,
ses relations avec ses commanditaires et ses galeristes, ses
préoccupations pécuniaires, ses incessants déménagements de Dresde à Stuttgart ou Berlin au gré des aléas
politiques… Toute une vie profondément marquée
par son amour pour sa femme Martha, ses enfants et
petits-enfants et tout aussi profondément meurtrie par
la guerre dont il voulut absolument témoigner.
Introduction passionnante donc, doublée de notes de
lectures indispensables pour pénétrer l’âme de cet
artiste révolté et engagé.
M.G.-G.
Otto Dix, Lettres et dessins
Traduction et présentation Catherine Teissier
Sulliver, coll. Arts et lettres en perspective, 22 €
Catherine Teissier, enseignante au Département
d’études germaniques de l’Université de Provence, était
à la librairie Les Arcenaulx à Marseille le 7 décembre
Éloge d’une autre Corse
Sous un ciel dévoreur d’horizon, des paysages silencieux : sommets arides, pâturages verdoyants, vignes
accidentées, vestiges d’un habitat vernaculaire, sentiers
ne menant nulle part… Attention, Corse, Éloge de la
ruralité n’est pas une compilation de clichés à l’usage
des touristes, mais une procession photographique
dans l’espace, le temps, la mémoire d’une île vidée de
ses paysans, loin du mitage du littoral par une urbanisation vorace. Un témoignage alarmant de
Maddalena Rodriguez-Antoniotti, plasticienne et
essayiste, sur les risques de mutation de la terre nourricière à la terre souricière. Historienne de formation,
l’auteure-photographe cite Italo Calvino qui, depuis
l’Italie, voit la Corse comme une montagne dans la
mer (Les terres en friche), étaye son avertissement
poétique des conclusions d’historiens (F. Braudel, G.
Roupnel), d’ethnologue (Isac Chiva), d’agronome (F.
de Ravignan) et de géologue (A. Becque). Des variations photographiques composées au cours de deux
années de déambulations sur les routes secondaires,
hors saison estivale, à la redécouverte «du territoire dans
l’ordinaire du paysage» quand, aux prises avec les
caprices d’un Voigtländer des années 30 (modèle
Brillant précise-t-elle) elle n’a pas d’autre choix que de
cadrer à hauteur d’homme, sans filtre, sans grand
angle et sans téléobjectif. Le résultat ? «Un arte povera
de la photographie pour saluer l’art modeste de la ruralité»
qu’elle affectionne au quotidien dans son village du
Nebbio, à Oletta, où elle vit à temps plein. Il ne faut
voir ni nostalgie ni passéisme dans ce retour aux
sources du paysage mais une «affection paysagère» qui
l’enjoint de témoigner du vivant à travers une enquête
photographique d’aujourd’hui.
MARIE GODFRIN-GUIDICELLI
Corse, Éloge de la ruralité
Maddalena Rodriguez-Antoniotti
Images en Manœuvres éditions, 30 €
80
LIVRES
LITTÉRATURE
Une place dans leur vie
«Je cherche un bon endroit pour pleurer. Ce n’est pas
si facile à trouver. Mon voyage en bus a duré des
heures, et à présent je suis assise sur un vieux banc tout
près de la côte». Bente, la narratrice, écrivaine en
panne d’inspiration, en panne de couple aussi, et de
désir de vivre, a tout laissé pour traîner sa valise jusqu’ici, au bout du monde ou presque. Le prochain
bus ne passera que le lendemain, la tempête menace.
Un couple vient la chercher sur son banc et l’emmène.
Cocotte et Johnny sont des êtres simples, d’ «aimables
étrangers», qui l’accueillent chez eux sans lui poser de
questions. Avec un naturel confondant. Comme s’ils
l’attendaient. Dans cette maison toute simple, grâce à
ces gens tout simples, Bente va peu à peu renouer avec
la vie…
Helle Helle est célèbre au Danemark pour ses récits
intimistes, sans prétention, beaucoup plus profonds
qu’il n’y paraît. Chienne de vie, son premier roman
Sur la route
Été 1984. Ulli et Edi, deux punkettes autrichiennes
de 17 ans, décident de tailler la route vers l’Italie. Sans
papiers, sans argent, avec pour seul bagage un sac de
couchage, les vêtements qu’elles portent et un
immense désir de s’affranchir. Envie de Sud, envie de
mer, leur aventure de deux mois les conduira jusqu’en
Sicile. Et leur fera découvrir l’envers de la carte
postale… Ulli Lust, artiste autrichienne résidant à
Berlin, s’est d’abord fait connaître par ses BD
reportages. Dans cet épais roman graphique, on
retrouve la trace de son goût pour le documentaire :
attention aux détails, ancrage réaliste, annexes en fin
d’ouvrage. Ce n’est pourtant pas la seule raison de son
succès. Très bien accueillie dès sa parution en
Allemagne en 2009, récemment distinguée à
Angoulême (voir Zib’ 38), cette «punk story» touche
et intéresse par le mélange subtil qui s’opère entre
l’intime et l’universel, le sordide et le lyrique. Trop
n’est pas assez relate un épisode fondateur et
traumatisant de l’adolescence d’Ulli Lust. Celle-ci
traduit en français, permet de découvrir la subtilité
d’une écriture toute en retenue, énigmatique en dépit
de sa simplicité presque triviale. Ce roman est le
journal de bord d’une renaissance. Celle d’une femme
qui retrouve une place, modeste, temporaire, mais une
vraie place dans cet endroit paumé. Le récit baigne
dans la rigueur du climat, le vent, l’humidité.
Pourtant, il en sourd une authentique flamme,
semblable à celle du poêle que Bente apprend peu à
peu à maîtriser. Un peu de chaleur dans une «chienne
de vie».
FRED ROBERT
Chienne de vie
Helle Helle
Le Serpent à plumes, 19 €
Helle Helle sera présente au Salon du Livre de Paris
du 18 au 21 mars
porte un regard tout à la fois narquois et attendri sur
la jeune rebelle qu’elle fut. Ce décalage confère aux
moments les plus glauques, et il y en a, des éclats de
pureté qui rafraîchissent ce road novel plutôt trash. Le
dessin noir et blanc se colore de vert kaki, par référence
à la couleur des vêtements de surplus militaires dont
raffolaient les punks ; par volonté aussi de ne pas
donner à ce récit de rude apprentissage les couleurs
azurées d’un pittoresque de façade. Cela donne un
beau roman graphique, à l’éclat sombre, au tempo
maîtrisé. Et, au passage, une pertinente réflexion sur la
condition féminine.
F.R.
Trop n’est pas assez
Ulli Lust
Çà et là, 26 €
Ulli Lust a été invitée le mois dernier dans le cadre
d’Escales en librairies
Sex, drugs and curry
«Quel genre de travail tu fais, maman ?» Theodora, la
benjamine surdouée d’Elinborg, pose souvent cette
question à sa mère. Et celle-ci est souvent bien en
peine pour lui répondre. Surtout au cours de la
nouvelle affaire criminelle dont elle est chargée, en
l’absence du commissaire Erlendur parti en vacances.
Un crime étrange, perpétré en plein centre de
Reykjavik sur un jeune homme apparemment
irréprochable… mais qui avait dans sa poche des
comprimés de Rohypnol, médicament bien connu
sous le nom de «drogue du viol». L’enquête va
évidemment débusquer les mensonges et autres zones
d’ombre, traquer les indices, innocenter les faux
coupables, jusqu’à ce que lumière soit faite. Comme
souvent dans ce genre d’histoire, le meurtre initial
vient conclure une série d’actes antérieurs noyés dans
le flot de «la rivière noire». Un fleuve sombre et
tourmenté, dont la violence ne peut que bouleverser
l’inspectrice Elinborg, qui est aussi mère de trois
enfants.
Dans ce nouvel opus de l’Islandais Indridason, les
amateurs retrouveront avec plaisir le Nord et ses
paysages crispés de neige, l’animation des quartiers
branchés de la capitale, certains seconds rôles
originaux et le ton désabusé de l’auteur. On pourra
apprécier aussi le personnage d’Elinborg, mis en
lumière dans cette enquête. Un personnage de femme
d’aujourd’hui, prise entre son travail et sa vie de famille
qu’elle sacrifie trop souvent, une femme flic amatrice
de cuisine exotique (une de plus !). N’empêche, depuis
Hiver arctique, les romans d’Indridason ont perdu un
peu de leur chair et de leur piquant. Malgré les curry
et autres tandoori qui pimentent celui-ci, le lecteur
reste quelque peu sur sa faim…
FRED ROBERT
La rivière noire
Arnaldur Indridason
Traduit de l’islandais par Éric Boury
Métailié, 19 €
LIVRES 81
Passé retrouvé
Avocat d’affaires, 30 ans, Mathurin est un homme qui «étoile vivante», une petite bourgeoise convertie aux
a réussi. Sans passé, sans amour, un bel avenir devant idées d’extrême gauche. Lyonel Trouillot nous plonge
lui. À 15 ans, il a laissé son village, sa famille, son dans le monde des laissés-pour-compte qui vivent
amour de jeunesse, sans regarder en arrière. Seul dans la boue et la merde des bidonvilles à quelques
souvenir, une guitare pourrie offerte par le vieux coudées des pavillons fleuris des blancs. Les moments
Gédéon. Et voilà que tout ce qu’il s’était appliqué à les plus poignants sont écrits dans une langue d’une
oublier lui revient comme un cyclone en pleine figure! rigueur journalistique : phrases courtes, nerveuses,
Le cyclone s’appelle Charlie et appartient à la famille parfois sans sujets. Pas d’émotion mais un constat.
éloignée de Gédéon ; échappé de l’orphelinat de Port- Celui d’un écrivain engagé au service de la
au-Prince, il vient chercher protection auprès de reconstruction de son pays.
Dieutor. Dieutor, c’est le prénom caché de Mathurin, CHRIS BOURGUE
celui des origines. Et Charlie déballe tout en vrac :
l’abandon par ses parents, l’orphelinat, les copains, les
Yanvalou pour Charlie
petits vols organisés pour tenter de fuir la misère. Son
Lyonel Trouillot
récit qui constitue la seconde partie du livre s’échappe
Actes Sud, 18 €
comme un flux ininterrompu. Mathurin se surprend
à l’écouter, puis le suit à son rendez-vous avec ses amis
dont Nathanaël, celui qui est tombé amoureux d’une
Sélection du Prix
littéraire des
lycéens et des
apprentis Paca.
L’auteur sera
à la Librairie
Prado - Paradis
le 14 mars à 18h.
Mémoires des pères
Sorj Chalandon livre un récit émouvant qui plonge
dans le monde de la mémoire collective et des
souvenirs personnels. Construction en plusieurs
épaisseurs qui mélange son propre vécu de journaliste
à Libération et au Canard enchaîné et celui de son
personnage, Marcel Frémaud, lui-même ancien
journaliste converti en biographe professionnel et fils
de résistant en mal de confidences jamais consenties. Il
accepte de recueillir les souvenirs glorieux de Tescelin
Beuzaboc sur la demande de sa fille qui veut voir
couchés sur le papier les actes de bravoure de ce père
toujours admiré. Mais peu à peu au cours des
entretiens, des questions sans réponses, des propos
évasifs sèment des doutes dans l’esprit du narrateur
qui se met à fouiller dans les archives à la recherche
d’informations précises, de dates, de témoignages...
Ainsi en recoupant informations et récit du vieillard, il
acquiert la conviction que Beuzaboc n’a été le résistant
qu’il prétend que dans les récits qu’il faisait à sa fille, le
soir, avant son sommeil, les actes de résistances
remplaçant les contes de fées... Les dernières séances se
tranforment en confrontations car Marcel finit par se
livrer à une enquête à travers les anciennes coupures de
journaux et évoque le parcours militant de son propre
père. Comment un vieil homme regarde-t-il son
passé? La rencontre entre ces deux hommes déclenche
une prise de conscience libératrice. Le lecteur est
étrangement interpelé par les allers-retours entre passé
et présent, mensonge et vérité : Sorj Chalandon a écrit
un livre très fort.
CHRIS BOURGUE
La légende de nos pères
Sorj Chalandon
Grasset, 17 €
Sélection du Prix
littéraire
des lycéens
et des apprentis
Paca. L’auteur sera
à la Librairie
Prado - Paradis
le 17 mars à 18h.
82
LIVRES
LITTÉRATURE
Encre lourde
Un «beau livre». Format carré, illustrations, calligraphies et sceaux chinois. Quelques photographies, de
vieux visages exotiques et dûment ridés. La grande
muraille, des pins dans la brume sur les montagnes et
la Cité Interdite. La formule étonne : cet ouvrage est
un roman, mais il s’empoigne et se feuillette comme
un livre d’art.
À l’heure des tablettes numériques, ça pourrait être
l’idée de l’année, un contre-pied en forme de retour
aux éditions limitées. Le projet est assez ambitieux
pour cela : retracer dans ce premier tome l’effondrement du Céleste Empire au début du XXe siècle, et la
lutte pour le pouvoir de l’impératrice Ts’eu-hi, à
travers le récit d’une jeune femme emportée par le
vent de l’histoire.
Malheureusement, le souffle attendu n’est pas assez
puissant pour embarquer réellement le lecteur. Chris-
tian Lejalé n’est pas Duras, tout comme son fils
Vincent n’est pas Marc Riboud. Si les promesses
exotiques sont tenues, événements, anecdotes et récits
mythiques minutieusement rapportés, le style alourdit
considérablement le propos.
«Quand bien même on m’aurait raconté tout ce qu’il me
restait à endurer, je n’y aurais rien changé, car je savais
que tout au bout il y aurait la plus belle des choses dont
un être humain peut rêver». Ainsi s’achève la première
partie du roman de «Celle qui danse avec le vent».
C’est dommage, on résiste très bien à un tel suspens.
GAËLLE CLOAREC
À l’encre de Chine
Christian et Vincent Lejalé
Imagine & Co, 35 €
De très mauvaise humeur
Quelle mouche a piqué les éditions Au Diable
Vauvert de publier Un coup à prendre ? La 4ème de
couverture indique qu’il s’agit du «premier roman»
d’un journaliste d’M6 : vous avez dit roman ? mais
c’est du vent ! Xavier de Moulins raconte la vie d’un
jeune père tiraillé par le quotidien avec sa femme et
ses deux petites filles, qui divorce à l’emporte-pièce
pour le regretter quelques mois plus tard, le temps de
découvrir l’horreur de la solitude et la difficulté d’être
responsable, même à temps partiel ! Ce serait donc du
solide, une histoire ancrée dans le réel, habitée de mille
et une observations fines sur l’évolution des mœurs…
Malheureusement sa vie lui pèse terriblement, et aussi
au lecteur lessivé par ce long déballage d’inepties, de
sentences ridicules, de banalités, de poncifs, de
remarques vulgaires et de considérations usées, le tout
écrit à la va-vite (179 pages tout de même) dont voici
quelques morceaux choisis. «Ne pas oublier que, dans
la grossesse, il y a grosse. Je n’avais pas signé pour finir
avec un éléphant de mer militant à Greenpeace»… «mon
banquier a l’aura d’une capote en tire-bouchon qu’on a
laissé traîner au fond d’une poubelle de salle de bain» ou
encore, pour le plaisir, «papa et maman vous aiment
toujours. Ce n’est pas de votre faute si votre père est un
porc et se barre avec une sacrée pute» dit la gentille
maman à ses adorables fillettes…. Il paraît que ça fait
rire sur les plateaux télé ! Inutile donc de lire Un coup
à prendre, mieux vaut le jeter à la poubelle ou
l’incinérer. Plus radical et moins polluant.
MARIE GODFRIN-GUIDICELLI
Un coup à prendre
Xavier de Moulins
Au Diable Vauvert, 17 €
Roman photo pour ménagère
L’été s’est enterré sous une couche d’automne dégarnie
et d’un hiver où les jours de pluie s’acharnent à abolir
toute tentative de promenade dominicale ou autre. La
littérature de plage geint au fond des armoires, ou
s’empoussière au dernier rang des étagères. Ce qui
permet un renouveau dans la vente du plumeau
antistatique et un net retour en arrière pour la
condition féminine avec des publicités qui voient
fleurir ses vertus domestiques chaperonnées, il est vrai,
par un expert masculin dont la voix mâle et grave
déclenche une frénésie érotique et ménagère. Bref, on
n’en est plus au délicat remuement sur serviette de
plage, où le livre apporte une caution de bon goût et
de sérieuse frivolité. On ne lit d’ailleurs pas, et peu
importe l’enchâssement des mots, le soleil noie les
pages et apporte une luminosité superbe aux moindres
pattes de mouche… Il est donc des livres d’été et des
livres d’hiver, les uns conduisant à de charmants
badinages, les autres justifiant le refuge sous la couette
ou se savourant à petites gorgées au coin d’un bon feu.
Les éditeurs devraient donc parfois apporter plus
d’attention aux dates de parution ! Dérives est
incontestablement un livre d’été, construit certes avec
rigueur, et c’est sa qualité, mais écrit avec un style de
roman photo, accumulant les situations convenues, la
riche héritière, l’amie envieuse, le bel Italien, les enfants
qui dérapent, le commissaire perspicace… On aurait
aimé plus de chair, plus de surprises dans ce polar
estival. Une matière à remodeler !
MARYVONNE COLOMBANI
Dérives
Nathalie Chacornac
Demeter Noir, 19 €
Ce livre était en signature chez Gibert fin janvier
Xavier de Moulins était en tournée promotionnelle
le 19 février à la Fnac Marseille
LIVRES
Maud 3D
Un roman qui a pour titre Michael Jackson, pour
dédicataires Amandine et Louisa, s’ouvre sur un
prologue au présent de l’indicatif, à Palavas-les-Flots
avec père, mer, casquette oubliée sur un canapé
(accessoire obligé de l’auteur, que le narrateur en effet
ne mentionnera plus) et se décline en Parties (3),
Saisons et Mois, en Mutations et Variations sur
l’amour - Sweet, Tender, True - peut dérouter !
Ajoutez à cela une tendre méditation sur Richard
Virenque, athlète de variété, un épilogue qui affirme à
la fois que le temps passe et que cela ne fait que
commencer et vous aurez la surprise de voir comment
un blanc-bec du Jura réinvente Proust et Flaubert, l’air
de rien... De Michael Jackson peu de nouvelles : un
clin d’œil générationnel, une balise légère dans un récit
mouvant, un signe des temps ou un marqueur
anthropologique : «ça y est, enfin, les hommes bougent
leur cul». Pas un personnage donc, mais pas plus les
autres qui défilent tous au même niveau d’esquisse,
tendance floue... Sauf Maud et Luc, elle et je. Ces
deux-là trament le roman : Luc (18 ans puis 22 puis
26) passe le temps au peigne fin, étudiant en arts du
spectacle à l’université Paul Valéry de Montpellier et
cela suffit à lancer métamorphoses, changements de
points de vue et trompe l’œil sur la / les Maud
aimée(s) étudiante aux Beaux-arts de 21 ans ou
psychologue de 23, mince ou potelée, toujours
désirable. Piégé par l’écriture attrape-tout, séduit par
cette permanente vacation - sinon vacuité - du récit
virtuose, le lecteur se laisse flotter au gré des variations
et des changements de registre : poignant et poilant
(ah ! le couple pépère de stars du porno !) sans que
jamais ces deux adjectifs n’atteignent leur intensité
maximale comme suspendus à la nécessité de l’écriture
en mineur d’une éducation sentimentale du 21e siècle.
Plaisant et sans doute davantage…
MARIE JO DHÔ
Michael Jackson
Pierrick Bailly
P.O.L, 19,90 €
Faux roman, vrai récit
Faire de la vraie vie de Rodrigo Lara Bonillo, ministre
Colombien qui combattit Pablo Escobar dans les
années 80, un roman policier, est une drôle
d’entreprise. Les derniers mois de sa vie ressemblent
effectivement, par le nombre et la nature des péripéties
qui la traversent - calomnies, révélations, combats,
entrevues tendues, menaces et exécution - au schéma
narratif d’un thriller. Mais la lutte qui opposa le
ministre intègre au trafiquant de drogue est du
domaine de l’histoire, et son récit en appelle aux
ressorts du documentaire, du fait divers aussi. Si on a
l’impression que les transcriptions des conversations,
des faits et des pensées sont tout à fait vraisemblables,
les cahots de l’action, ses rebondissements, ses
digressions mêmes sortent de la ligne qu’on attendrait
d’un roman, regardent vers l’hagiographie, le discours
politique parfois, le reportage. Les nécessaires rappels
au réel, en notes ou dans le cours de la narration,
empêtrent un peu la lecture, surtout s’il n’est pas au
fait de l’histoire colombienne contemporaine… Mais
Le Ministre doit être exécuté est un récit qu’on ne lâche
pas pourtant, malgré ses imperfections, tant cette
histoire est haletante, et ce personnage vraiment
impressionnant !
AGNÈS FRESCHEL
Le Ministre doit être exécuté
Nahum Montt, traduction Jacques Aubergy
L’atinoir, 14 €
Jeune père en pleurs
Quatrième de couverture rassurante : un enfant y
rapporte des paroles universellement paternelles «plus
tard… pour ton bien... tu verras...» sauf qu’il n’a pas
pris le temps pour lui, le gamin ; chuté, écrasé par le
métro, no future, mort avant la première ligne
Clément ; circulez y’ a rien à voir et pour le père tout
à recommencer ; mais comment ? À la dernière page
l’écran du portable du narrateur est devenu «une page
blanche mais rétive à toute inscription». Pas un tombeau, non, un roman même pas autobiographique
tant mieux... propitiatoire peut-être, genre on-croiseles-doigts-et-on-fait-l’endeuillé pour voir justement !
Très efficace, frisson garanti loin de tout effet calculé :
Nicolas Fargues déroule (le narrateur aime bien ce
verbe qui dénote «un esprit précis et noble sans affectation») une prose sobre, mate, pudique, simplement
réaliste. Et de cette trivialité du quotidien d’un père
divorcé qui élève (élevait) seul son fils de 12 ans, élève
de 5ème, Nicolas Fargues tire finement, avec une
sensibilité mesurée, la matière d’un récit qui ne parle
que de l’essentiel à travers justement tout ce qui en
paraît dépourvu avant la disparition de celui qui en
faisait usage : une clé cruciforme, un iPod , la RATP,
Facebook ou un morceau niais de R’n’B.
Questionnement sur la paternité (sur la maternité tout
aussi bien) et émerveillement devant le «miracle banal
de la vie» : fondamental… mais que diable va-t-il faire
ce père éploré au Burkina Faso ? Respirer une bouffée
d’altérité ? Vérifier la solidité / solidarité des familles
ancestrales ? Dormir tout simplement ? Les quarante
dernières pages laissent perplexe : pourquoi cette
rupture ? métaphore lourde d’un autre monde ?
M-J. D.
Tu Verras
Nicolas Fargues
P.O.L , 15,50 euros
L’auteur participera dans le cadre d’Escales
en Librairies à une rencontre-débat le 25 mars
à 19 h à la librairie L’Attrape-Mots
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LIVRES/DISQUES
Après le clash….
Habitué de la dynamique maison d’édition Le mot
et le reste, l’ancien collaborateur des Inrockuptibles
Philippe Robert signe une publication qui réjouira
ceux qui soufflent ardemment sur les braises du punk
éclaté en déclinaisons multiples et qui continuent de
les faire vivre. Post-punk, no wave, indus &noise
chronologie et chassés-croisés présente un parcours
limpide et presque exhaustif du genre : 130 albums
sortis entre 1978 et 2010 y sont présentés et analysés
après un tour de piste introductif en guise de mise en
bouche. Des groupes aussi divers que variés sont réunis
comme Siouxies & the Banshees, Lydia Lunch, Joy
Division, Gang of four, Einstürzende Neubauten et
même Killing Joke, Virgin Prunes, Kas Product Sonic
Youth, Cabaret Voltaire, Tuxedomoon... Leur point
commun ? Ils surfent, chacun à sa manière sur les
cendres du mouvement punk. Instructif et richement
documenté, pour les amateurs et les passionnés.
F.I.
Post-punk, no wave indus & noise
Philippe Robert
Le mot et le reste, 20 €
Dis-moi d’où tu viens…
Un espace se remplit, ou plutôt un vide se comble.
L’ouvrage György Ligeti et la musique populaire publié
aux éditions Symétrie s’attache à explorer avec sérieux
ce pan encore confus de la recherche musicologique.
La musique contemporaine a-t-elle parfois des racines
populaires ? Les analystes ont plutôt tendance à décrire
la musique de Ligeti comme des constructions que
comme des partitions sous influences… Richement
documenté et écrit de manière intelligible par le
spécialiste du compositeur hongrois Simon Gallot,
cet ouvrage est en outre préfacé par le compositeur
Kurtag, aux prises aux mêmes racines. Résultats de
recherches rigoureuses sur l’utilisation du tissu
populaire chez l’auteur, qui composa on le sait peu la
bande son de 2001 l’odyssée de l’espace, ce travail de
fourmi prend notamment en compte les années
hongroises du musicien, les traductions de poésies et
d’articles hongrois essentiels, l’analyse de partitions
oubliées… le tout pour dessiner l’importance
fondamentale de l’argument populaire, parfois visible,
parfois invisible, dans son œuvre. Un superbe travail !
FRÉDÉRIC ISOLETTA
György Ligeti et la musique populaire
Simon Gallot
Symétrie, 44 €
La machine organique
Tellement atypique et sorti pourtant de chez nous,
plus précisément du label DFragment Music chez
Full Rhizome, l’album des Redrails mérite bien plus
qu’un simple détour. Fruits de la rencontre entre un
violoniste inspiré par l’Europe de l’est et le sud
méditerranéen, et soucieux de faire sonner son
instrument d’une manière pas toujours académique
(Baltazar Montanaro-Nagy) et un spécialiste de
musique acousmatique et MAO rompu aux
transformations électroniques (Tadahiko Yokogawa),
les dix titres qui composent l’album sont surprenants,
travaillés et recherchés. La machine joue avec les sons
du violon pour les réorganiser en temps réel. À ce duo
sculpteur d’une architecture sonore s’ajoute les effets
de sample de Serge Ortega et la réalisation de
Dominique Poutet «Otisto 23» concepteur
d’albums électroacoustiques. Vient alors la touche
finale scénique avec la création multimédia de l’artiste
Renaud Vercey autour de la BD Caresses déraillées du
violoniste. Mélopées hypnotiques aux contours
populaires tissées dans un univers électroacoustique,
l’expérimentation de Redrails réalise un savant
mélange entre tradition et modernité.
FRÉDÉRIC ISOLETTA
Rock & pop story
L’acronyme MLCD n’aura bientôt plus de secret pour
vous. Le groupe belge My Little Cheap Dictaphone
élu artiste et album de l’année aux Octaves de la
Musique -équivalent de nos Victoires- entraine tout
ce qu’il touche dans son sillage. The tragic tale of a
genius n’est pas un album comme les autres : il mêle
musique, cinéma, vidéo et théâtre à la manière d’un
opéra pop moderne. Parfois proche de la musique de
film, parfois pop dynamique ou planante allant
jusqu’à la ballade hantée, ce conte des temps modernes
s’apprête à conquérir la France après avoir cartonné
dans sa contrée d’origine. Derrière le single What are
you waiting se cache un projet ambitieux et abouti,
véritable spectacle d’art total à découvrir sur scène sous
forme de concept-album. Avec une personnalité
comme le charismatique Redboy, MLCD ne devrait
pas tarder à faire parler de lui sur les ondes et scènes
françaises.
F.I.
The tragic tale of a genius
My Little Cheap Dictaphone
At(h)ome
Redrails
DFragment Music-Full Rhizome
Redrails était en concert le 10 mars au Daki Ling
(voir p 52)
Jeunesse brillante
Voilà un CD qui fait parler de lui ! D’abord parce qu’à la dernière Folle Journée de
Nantes le Quatuor Modigliani, le pianiste Jean-Frédéric Neuburger et la mezzo
Andréa Hill ont brillé dans le programme de ce disque. Ensuite parce que ces
jeunes artistes sont tout simplement formidables… surtout si l’on songe à leur
moyenne d’âge. Leur maturité, au delà de leur pure aisance technique, est époustouflante. Ils gravent l’un des must du répertoire pour quintette avec piano : le
Quintette pour piano et quatuor à cordes en fa mineur op.34, quasi-concerto de
chambre au geste si théâtral ! Et quelle bonne idée d’avoir placé en contrepoint les assez
rares, singuliers et superbes Deux Chants op.91 pour mezzo-soprano, alto et piano !
J.F.
CD Mirare MIR 130
Le Quatuor Modigliani s’est produit
dans la région, à Aix au GTP en octobre,
Marseille à la Société de Musique de
Chambre en janvier et en Avignon
le 8 mars dernier dans un programme
Beethoven (Quatuor n°1), Debussy
(Quatuor en sol mineur) et Mendelssohn
(Quatuor en fa mineur op. 80 - MIR 120).
Cordes vibrantes
Depuis Jean-Louis Duport, il y a plus
de deux cent ans (voire Jean Barrière au
temps où, sous Louis XV, le violoncelle
éclipse la viole de gambe), AugusteJoseph Franchomme au 19e siècle,
Louis Feuillard et Maurice Maréchal,
avant Pierre Fournier, André Navarra,
Paul Tortelier ou Maurice Gendron…
l’école française de violoncelle bénéficie
d’une exceptionnelle paternité. Parmi
ses multiples héritiers, huit d’entre eux
(Emmanuelle Bertrand, Eric-Maria
Couturier, Emmanuel Gaugue, Xavier
Phillips, Nadine Pierre, Raphaël
Pidoux, Roland Pidoux et François
Salque) s’unissent pour former un
octuor royal. C’est qu’aujourd’hui, en
France, les disciples sont légion :
songeons seulement à Sonia Wieder
Atherton, Anne Gastinel, Ophélie Gaillard, Jean-Guihen Queyras, Christophe
Coin, Dominique de Williencourt,
Gautier Capuçon… «Il en existe tant,
observe Roland Pidoux, qu’il est impossible d’en isoler un parmi les autres et de
dire : c’est le meilleur». D’où son concept
habile : réunir huit virtuoses (et parmi
eux, son fils Raphaël).
Tout a débuté en janvier 2006 lors de la
Folle Journée de Nantes avec à l’époque, Marc Coppey, Henri Demarquette
et Antoine Pierlot : «Les Violoncelles
Français» se produisirent dans un
programme baroque alliant des transcriptions de Monteverdi et Bach dont
une Toccata et Fugue en ré mineur follement déstructurée ! Depuis, l’octuor
joue en «consort» selon le modèle polyphonique des violistes baroques.
Le programme de leur premier disque
est constitué de transcriptions signées
Roland Pidoux : des pièces «planantes»
comme Vocalise de Rachmaninov, le
Largo de la Symphonie du Nouveau Monde
de Dvorak, «Ella giammai m’amo» du
Don Carlo de Verdi… Proche de la voix
humaine, mais dont la tessiture avoisine
quatre octaves, le violoncelle possède,
en solo, un potentiel émotionnel puissant, alors que ses facultés coloristes, en
ensemble, s’avèrent exponentielles.
C’est ce lien subtil, entre la mélodie
souveraine et le tissu sonore homogène
sur tout le registre des cordes vibrantes,
qui est admirablement rendu dans
l’album Méditations, en particulier dans
le fleuron Après un rêve de Fauré, les
méconnues Larmes de Jacqueline d’Offenbach (lui même l’un des plus grands
violoncellistes du Second Empire),
quelques Lierderkreis de Schumann ou
la Romance à l’Etoile du Tannhäuser de
Wagner…
JACQUES FRESCHEL
CD Mirare MIR 112
Les Violoncelles Français jouent
le 29 mars au Grand Théâtre de
Provence, Aix
(voir p 46)
86
LIVRES
RENCONTRES
Montagne magique
Le CipM a organisé deux rencontres
sur le Black Mountain College,
dans le cadre d’un projet plus vaste
proposé pour Marseille 2013
En Caroline du Nord, près de Asheville, le Black
Mountain College fondé par John Rice fut, de 1933
à 1957, une université expérimentale sans équivalent,
qui s’épanouit à l’ombre de montagnes noires qui lui
donnèrent son nom. Dirigée par Josef Albers, qui
venait du Bauhaus, puis par le poète Charles Olson,
elle abrita des pensionnaires qui allaient devenir
illustres – parmi lesquels Rauschenberg, de Kooning,
Merce Cunningham, John Cage…, enseignants ou
étudiants, les uns et les autres échangeant parfois leurs
rôles. Portée par un projet atypique qui plaçait l’art,
dans la diversité de ses formes, au cœur d’un
enseignement
pluridisciplinaire,
l’expérience
communautaire qui y fut essayée traversa la grande
dépression et le maccarthysme, résista à ses détracteurs
qui l’accusaient d’être un repaire de communistes,
d’homosexuels et de «niggers lovers», avant de
succomber aux difficultés financières.
C’est sur cette expérience unique que le CipM revient,
avec un projet stimulant sur le Black Mountain
College proposé dans le cadre de Marseille 2013, qu’il
espère voir retenu même si l’heure n’est par ailleurs
guère à l’optimisme, avec une nouvelle diminution de
30 000 € des subventions de la Ville pour l’année
2011. En attendant, deux soirées ont évoqué
l’aventure du Black Mountain College, par une
présentation générale d’abord, puis par un focus sur la
poésie de Charles Olson et de Robert Creeley, en
présence de leurs traducteurs. L’occasion de revenir
sur les œuvres singulières d’artistes, tout en éclairant les
enjeux pédagogiques, artistiques et politiques de ce
qui fut à la fois un lieu de fermentation et d’échanges
pour quelques-uns des talents majeurs de l’art
américain dans tous les domaines, mais aussi une
utopie démocratique vivante, indissociable d’un projet
éducatif antiacadémique : refusant les cloisonnements,
et les acquisitions par imitation de modèles au profit
de l’improvisation et d’une liberté d’invention née de
l’émulation entre les participants et de la perméabilité
des disciplines, l’enseignement faisait de l’art, comme
Charles Olson © GF
processus et comme expérience, le moyen humaniste
de réunir en chacun «la tête, les mains et le cœur» pour
créer, c’est-à-dire aussi, apprendre à vivre.
À méditer.
AUDE FANLO
Ces rencontres ont eu lieu au CipM
les 18 et 19 février, avec Christian Tarting,
Jean-Pierre Cometti, Auxemery,
Stéphane Bouquet, Jean Daive et Martin Richet
Vive la non année du Mexique !
L’annulation en dernière minute de l’année du
Mexique aura compliqué la tâche de l’association Des
auteurs aux lecteurs, qui organise le festival CoLibriS
pour sa 4e édition. Rien pourtant qui puisse
hypothéquer le succès de l’événement qu’elle organise,
Rencontres CoLibriS 2010 (de gauche a droite Nestor Ponce,
Oscar Zarate, Carlos Sampayo) © X-D.R
dans le prolongement des rencontres du cinéma sudaméricain de l’ASPAS, avec une vingtaine d’auteurs,
reconnus ou à découvrir, venus pour l’essentiel du
Mexique mais aussi du Brésil, d’Argentine, du Pérou
et de la Colombie, et réunis sous le thème de la
frontière : qu’il s’agisse des frontières géopolitiques
inspirant le polar du narcotrafic (Elmer Mendoza) ou
les récits familiaux d’expatriation (Jordi Soler), des
frontières sociales entre des classes ghettoïsées (Patricia
Mello, invitée par François Beaune dans le cadre des
Ecrivains en dialogue) ou encore des frontières entre sa
propre intimité et le monde extérieur (Grecia
Caceres), le thème fédère la diversité passionnante des
motifs, et emblématise l’esprit cosmopolite de la
manifestation où la traversée des formes littéraires et de
leurs traductions invite à rentrer par la langue dans les
pays de la zone latino-américaine.
Comme les années précédentes, le festival poursuit
une politique de promotion des auteurs peu diffusés,
non traduits, ou dont c’est le premier roman
(François Arango), et de jeunes éditeurs (Passage du
Nord Ouest) grâce à des rencontres professionnelles
réunissant auteurs, traducteurs, directeurs de revue,
éditeurs et libraires. Rencontres, débats, expositions,
lectures, s’adressent aussi à tous les publics, depuis les
passants qui se rendront au kiosque installé aux
Réformés à Marseille jusqu’aux milieux scolaire et
pénitentiaire, avec cette année une extension régionale
qui ira même jusqu’à Grenoble !
AUDE FANLO
Bleu Provence-Méditerranée
La 6e édition de Lire Ensemble, manifestation littéraire intercommunale initiée
par Agglopole Provence, sera consacrée au Bleu. Bleu comme couleur de la
Méditerranée, «mais aussi parce que ce thème permet d’aborder une large palette
de domaines artistiques au-delà de la littérature : la peinture, la musique…» Mais
la littérature est bien l’élément essentiel de ce rendez-vous, les auteurs invités sont
là pour le prouver, de même que le travail effectué en collaboration avec les
bibliothécaires en direction des publics adultes et enfants : Mireille Disdero,
bibliothécaire à Lançon et auteure (son dernier roman, 16 ans et des poussières, au
Seuil, s’adresse à la jeunesse) conduit des ateliers destinés aux adolescents, JeanLuc Luciani propose de travailler à partir d’œuvres existantes mais hors du champ
littéraire, Marcus Malte autour du bleu de la fameuse note de jazz, et Nico,
dessinateur et coloriste anime un atelier pour les scolaires. À la suite de ces échanges,
les auteurs écriront un texte qui sera publié sur le site d’Agglopole Provence. Mais
Lire Ensemble anime aussi les 17 communes du territoire, avec du théâtre
CoLibris
Du 1er au 12 avril
Soirée d’ouverture le 8 avril à l’Alcazar
Marseille, Martigues, Aix, Luynes, Aubagne, Arles,
Manosque, Gap, Antibes, La Ciotat, Gardanne et
Grenoble
www.villa-lamarelle.fr
(ouverture le 1er avril à Salon avec du théâtre d’improvisation par la cie Des sourires
et des hommes, lecture de BlueTous par la cie Jubilo Label Bleu le 8 avril à
Pelissanne), des contes dans chaque ville, des ateliers d’art plastique, de la musique
(concert La Note bleue par Olivier Roussel duo le 9 avril à Berre, Billie’s Blues par
Laure Donnat et Lilian Bencini le 13 avril à Lamanon), et une soirée de clôture,
le 15 avril au Portail Coucou à Salon, où seront dévoilés les noms des lauréats des
3 concours Lire Ensemble.
DO.M.
Lire Ensemble
Du 1er au 16 avril
Agglopole Provence
04 90 44 85 85
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LIVRES 87
Les cercles
de l’intime
Comment apparaître sans s’exhiber ?
Comment se rencontrer en allant vers
l’autre ? Comment déplacer l’intime, le
masquer parfois, pour mieux le dire ?
Ces questions ont ouvert la nouvelle
saison d’Écrivains en dialogue. Il y
avait peu de monde ce soir-là, on a donc
avancé les sièges et formé cercle autour
d’Arnaud Cathrine et Olivia Rosenthal.
Pour parler d’intimité, c’était plutôt
approprié, et la rencontre, intense, y a
gagné. Ces jeunes gens de lettres ont
écrit leur premier roman à la fin des
années 90, publient tous deux chez
Verticales, montent à l’occasion sur
scène pour des lectures, des spectacles
musicaux ou des performances. Invités
à parler de leurs derniers ouvrages, ils
ont montré que les points de rencontre
ne s’arrêtaient pas là. Leurs œuvres sont
très différentes, différentes les voix qu’ils
font entendre. Pourtant, dans Le journal intime de Benjamin Lorca de Cathrine
(voir Zib’33) comme dans le très spécial
et très remarqué Que font les rennes après
Noël ? de Rosenthal (voir Zib’38), les
dispositifs fictionnels visent à atteindre
un «je» qui ne s’affiche pas. Ces deux
grands pudiques essaient de «trouver le
moyen d’exhumer ce qu’exige la littérature», comme l’a déclaré Cathrine. Ainsi
Le journal… dessine-t-il, au travers de 4
récits, la figure d’un Benjamin Lorca
disparu, et, au creux de ce double fictif,
un autoportrait. Ainsi les rennes permettent-ils à Rosenthal de régler, par le biais
d’une écriture à la croisée du document
et de la fiction, quelques comptes avec
son histoire familiale. Sans avoir l’air d’y
toucher, tous deux se collettent avec
l’autobiographie, selon un pacte nouveau, loin des clichés du genre. Leur
captivant dialogue a été ponctué de
lectures : Michel Bellier a choisi de remonter le cours du Journal, tandis que
Ramona Badescu, d’une voix parfaitement tenue, a magistralement fait
résonner le décalage absurde et d’une
Olivia Rosenthal-Arnaud Cathrine © P.Box/Hop
drôlerie communicative du texte
d’Olivia Rosenthal.
FRED ROBERT
Prochain rendez-vous
Le 24 mars à 18h30, autour de
Prose et poésie, avec Philippe Forest
et Jean-Claude Pinson.
Olivia Rosenthal était l’invitée
d’Arnaud Cathrine pour
Écrivains en dialogue,
cycle de rencontres littéraires
proposées chaque mois à la BDP
de Marseille et organisées par
La Marelle et l’ADAAL,
en collaboration avec
Libraires à Marseille.
Des bleus à l’âme
Claudine Galea © Louise Leblanc 2010
21 mai 2004, Washington Post, une jeune réserviste
américaine Lynndie Rana England tient à bout de
laisse un prisonnier irakien dans la prison d’Abou
Ghraib ; photographiée par son compagnon le caporal
Charles Graner, le cliché fait le tour du monde. Saisie
par l’insoutenable Claudine Galea «décide de détruire
l’image, mais, gravée en elle, celle-ci enfante d’autres
images qui l’entraînent dans une introspection sur ses
rapports avec sa mère, aux femmes, à l’homme»… D’elle
jaillit un texte singulier et sans complaisance, Au bord,
en rupture avec ses romans, ses pièces de théâtre et ses
livres pour enfants.
Aux Chantiers de la Lune, invitée par la Bibliothèque
de théâtre Armand Gatti, l’auteure retrouvait le plaisir
d’éprouver en lecture publique son texte écrit en 2005
mais publié cinq ans plus tard grâce à l’opiniâtreté de
l’éditrice Sabine Chevallier. Cinq ans durant lesquels
elle le laisse reposer, l’extrait de l’actualité, avant de
décider «qu’il tenait seul». La lecture peut alors
rependre : regard bleu océan qui s’échappe du livre,
visage grave, fléchissements de la voix douce (on
entend les parenthèses) ou tranchante (pour évoquer
l’innommable). On sent qu’elle a son texte en bouche,
elle glisse, détache les mots, se fiche des liaisons ; de
toute façon la ponctuation est a minima ; Au bord n’est
pas lu, non plus joué, il respire. La violence de l’image
est à ce point médusante - elle nous pétrifie - que
l’écriture est volontairement transgressive et le texte
hypnotique - il nous enferme. «Il serait indécent pour
moi, dit-elle après avoir refermé l’opus, de parler de cette
image de l’extérieur. Donc il faut rentrer dedans ou la
laisser entrer en vous». C’est chose faite : mis à mal par
l’image, Au bord nous pousse dans nos retranchements,
les oreilles à vif, bousculés par cette «cette laisse en
vérité» «cette laisse à ronger» «[son] plaisir au bout des
lignes de [sa] laisse»…
MARIE GODFRIN-GUIDICELLI
Claudine Galea a lu sa pièce Au bord (Éd. Espaces 34)
le 12 février aux Chantiers de la Lune à La Seyne-surMer ; elle sera en mai au Théâtre de Lenche pour
une Carte blanche avec Lionel Damei autour
de la création Ce qui allait arriver tout de suite,
c’est que j’allais l’embrasser.
88
RENCONTRES
ARTS ET LITTÉRATURE
Libraires du sud /Libraires à Marseille - 04 96 12 43 42
Rencontres avec Henry Quinson pour son livre Secrets des
hommes, secrets des dieux (Presses de la renaissance, 2011), le 16
mars à 18h30 à la librairie Saint Paul (Marseille) ; avec Sorj
Chalandon pour La légende de nos pères (Grasset), dans le cadre
du prix littéraire des lycéens et apprentis de la région PACA,
organisé par l’Agence Régionale du Livre, le 17 mars à la
librairie Prado Paradis (Marseille) et 18 mars à 18h à la
librairie Au Poivre d’Âne (Manosque) ; avec Aurélien Maury
pour Le dernier cosmonaute (Tanibis), le 19 mars à 16h à la
librairie La Réserve à bulles (Marseille) ; avec René Frégni
pour La fiancée des corbeaux (Gallimard), le 19 mars à 11h à
la librairie Mot à mot (Pertuis) et le 31 mars à 18h à la librairie
L’Alinéa (Martigues) ; avec Gérard Estragon pour Sous la
sombre clarté du soleil offusqué (Editions Terriciaë), le 19 mars
de 15h à 18h à la librairie Charlemagne (Toulon) ; avec
Abdellatif Laabi pour une rencontre exceptionnelle le 22 mars
à 18h30 à la médiathèque Boris Vian (Port-de-Bouc) et le 24
mars à 18h30 à la librairie Regards (Marseille) ; avec Olivier
Emran, Jean-Luc Abraini, Karine Aprile-Morisse et Vincent
Bourgeau pour Jardins ouvriers, jardins enchantés (Label Livre
Editions), le 24 mars de 18h30 à 20h à la librairie Saint-Paul
(Marseille) ; avec Catherine Pageard pour Rêves de passage
(Mots pour mot éditions), le 25 mars à 18h à la librairie Le
Lézard amoureux (Cavaillon) ; avec Gisèle Sans qui dédicacera
ses derniers recueils, Ciel Profond (Encres vives) et Personne ne
dira le dernier mot (éditions de l’Atlantique), le 26 mars de 10h
à 12h et de 15h à 18h à la librairie L’Alinéa (Martigues) ; avec
Sabine Cassel Recettes d’une grand-mère à sa petite fille
(Hachette), le 29 mars à 18h à la librairie Goulard (Aix) ; avec
Jean-Pierre Marielle pour Le grand n’importe quoi ! le 31 mars
de 17h à 19h à la librairie Charlemagne (Toulon) ; avec Jules
Falquet autour de la question de la mondialisation et des
femmes en lutte, le 1er avril à 18h30 à la librairie Regards
(Marseille) ; avec Alice Dona pour Quelques cerises sur mon
gâteau (Flammarion]), le 2 avril de 17h à 19h à la librairie
Charlemagne (Toulon) ; avec Jean-Claude Mourlevat pour
Terrienne (Gallimard jeunesse), le 9 avril de 15h à 18h à la
librairie Charlemagne (Toulon)
Escales en librairies : rencontre avec Nicolas Fargues le 24
mars à 19h à la librairie Aux Vents des mots (Gardanne) et
le 25 mars à 19h à la librairie L’Attrape Mots (Marseille) ; avec
Denis Grozdanovitch pour La secrète mélancolie des marionnettes (éditions de l’Olivier, 2011), le 13 avril à 18h30 au Forum
Harmonia Mundi (Aix) et le 14 avril à 17h30 à la librairie
Prado Paradis (Marseille)
AIX
Cité du Livre – 04 42 91 98 88
Conférence organisée par la Direction des Musées et du Patrimoine culturel de la Ville d’Aix : Aix-en-Provence : fabrication
d’une ville par Patricia Da Silva (agence d’Urbanisme du Pays
d’Aix – Durance), le 17 mars à 18h30.
Fondation Saint-John Perse – 04 42 91 98 85
Pour fêter la poésie : rencontre, modérée par Antoine Spire, avec
Patrick Chamoiseau, Ernest Pépin et Abdelwahab Meddeb,
précédée d’un film et suivie d’un concert de jazz, le 26 mars à
la Cité du livre.
Centre des écrivains du sud – 04 42 21 70 95
Journées des écrivains du sud sur le thème L’art d’écrire, les 1er
et 2 avril.
Corsica Calling – 06 88 80 62 83
L’association vise à promouvoir les œuvres artistiques et littéraires corses, hors de l’île. Le 19 mars de 18h à 20h, à l’amicale
corse, rencontre avec Angèle Paoli, Yves Thomas et Guidu
Antonietti, créateurs de la revue littéraire et artistique Terres de
femmes ; signature/vente de Carnets de marche (éditions du
Petit Pois) d’Angèle Paoli ; le 25 mars de 18h à 20h, visionnage
du documentaire d’André Mariaggi Poussière d’août.
Ecole supérieure d’art – 04 42 91 88 70
Don Jacques Ciccolini s’entretient avec Raymond Galle à propos
de l’exposition Peintures et paysages, dans l’amphithéâtre, le 31
mars à 18h. L’exposition est par ailleurs visible jusqu’au 30
avril à l’Atelier Cézanne, la Galerie Alain Paire et chez
Raymond Galle.
Dans le cadre de l’exposition photo Le Petit Vietnam de
Charlotte Nguyen à la Fontaine Obscure du 6 au 27 avril
(vernissage le 6 avril à 19h30), conférence Traces métisses –
Lectures dessinées par Dominique Rolland, Maître de
conférence à l’Institut des langues et Civilisations Orientales de
Paris, et Clément Baloup, diplômé de l’Ecole supérieure de
l’image d’Angoulême, le 6 avril à 18h.
Centre aixois des Archives départementales – 04 42 52 81 90
Exposition Le curé du diable, l’affaire Gaufridy en BD, dessins
d’Hugo Bogo, lauréat du concours Affaires criminelles en
Provence. Du 17 mars au 11 juin (inauguration le 17 mars à
18h30).
APT
Le Vélo Théâtre – 04 90 04 85 25
13e édition des Cris poétiques avec les poètes Jacqueline
Merville et Roger Dextre qui lisent leurs textes sur scène, le 1er
avril à 20h30.
ARLES
Les Rencontres d’Arles – 04 90 96 76 06
Cycle de formation : stages de photographies avec Claudine
Doury (Le carnet photographique : la mise en valeur d’un
regard), Eric Bouvet (Le reportage, aptitudes techniques et
engagement personnel) ou Serge Picard (Portrait : du sens à la
technique), du 11 au 16 avril.
CHÂTEAUNEUF-LES-MARTIGUES
Médiathèque Jean-Claude Izzo – 04 42 09 22 83
Rencontre-débat autour de l’œuvre noire de Dominique
Manotti avec la projection du film Une affaire d’état de Eric
Valette, le 19 mars à 15h.
Dédicace-signature de Raphaëlle Albert illustratrice, pour son
premier album La poulette et le chat (éd. Volpilière), avec des
textes de France Quatromme.
FOS
Centre culturel Marcel Pagnol – 04 42 11 01 99
11e édition de Lire et Grandir : rencontres et dédicaces avec
Cécile Hudrisier, Michel Gay, Chiaki Miyamoto et Eric
Rolland le 26 mars de 10h à 12h30 et de 14h à 18h30 ;
exposition La lumière des images (jusqu’au 26 mars à la
médiathèque de Miramas), Les couleurs des mots (jusqu’au 26
mars à la médiathèque d’Istres) et Le voyage et les livres
(jusqu’au 26 mars à la médiathèque de Fos) ; contes ;
projection de deux films d’animation, Le Criquet et Les contes
de la ferme (au cinéma l’Odyssée à Fos les 26 et 27 mars).
GAP
Litera 05 – 04 92 51 13 96
Rencontre avec Gilles Leroy pour ses livres Zola Jackson et
Alabama Song (prix Goncourt 2007), le 13 avril.
Mairie – 04 92 53 22 70
Histoire de lire sur le thème de l’Inde avec les auteurs Françoise
Malaval, Patrice Favaro, Patrick Joquel, Dominique Rousseau,
du 6 au 9 avril.
ISTRES
Centre d’art contemporain intercommunal – 04 42 55 17 10
Exposition de Bruno Peinado, Les trois princes de Sérendip, près
de la fontaine moussue. Jusqu’au 3 avril.
LA CIOTAT
Association Zygo – 04 42 08 53 31
9e festival de poésie partagée avec le poète Michel Capmal :
lectures déambulatoires de poèmes dans la ville, rencontres
avec des poètes, concours de ciotadines en français et langue
d’Oc par correspondance, café-poésie, atelier de création
poétique interactive, soirée de la poésie et des langues, repas des
poètes et amateurs de poésie... du 1er au 3 avril.
LA TOUR D’AIGUES
Château – 04 90 07 50 33
Exposition photo de David Simon, Un territoire et des
hommes, du 9 avril au 18 sept.
LE REVEST-LES-EAUX
PôleJeunePublic – 04 94 98 12 10
Conférence de la cie Arketal sur l’Histoire des arts de la
marionnette, des origines à nos jours, le 12 avril à 19h30.
L’ISLE-SUR-LA-SORGUE
Association Dire et Lire – 06 16 72 22 58
11e salon du livre jeunesse : dédicaces, lectures de contes,
ateliers… les 1er et 2 avril à l’école élémentaire Lucie Aubrac.
MARSEILLE
La Marelle/Des auteurs aux lecteurs – 04 91 05 84 72
Ecrivains en dialogue : rencontre, animée par Pascal Jourdana,
avec Philippe Forest et Jean-Claude Pinson autour du thème
Prose et poésie, le 24 mars à 18h30, et avec François Beaune
et Patricia Melo autour du thème Regards obliques, le 7 avril.
Aux ABD Gaston Defferre.
Rencontre avec l’auteur américain David Homel, dont tous les
ouvrages sont publiés en France par Actes Sud, à l’occasion de
la parution de son dernier roman Le Droit chemin (mars
2011). Il donnera par ailleurs une masterclass le 30 mars et
participera le même jour à l’émission À l’air livre dans laquelle
il s’entretiendra avec Pascal Jourdana.
Institut Culturel Italien – 04 91 48 51 94
Exposition Il Risorgimento histoire de l’unità,
personnages, batailles et allégories de l’Italie unie organisée en
collaboration avec Le Museo Centrale del Risorgimento de
Rome, jusqu’au 31 mars.
Exposition des photos prises sur les plateaux des films de Pupi
Avati, jusqu’au 19 avril.
Rencontre-débat avec Giorgio Vasta, auteur, éditeur et
conseiller éditorial, pour son 1er roman Le Temps matériel, le 17
mars à 18h.
Association Lumin’Arts Euromed Management –
04 91 82 77 39
13e festival Des calanques et des bulles : dédicaces, animations,
jeux concours… Les 2 et 3 avril.
Échange et diffusion des savoirs – 04 96 11 24 50
Conférences à l’Hôtel de région à 18h45 : André Orlean,
économiste, avec L’économie est-elle une science ?, le 17 mars ;
Irène Théry, sociologue du droit, avec Métamorphoses du corps
humain: le biologique et ses malentendus, le 24 mars ; Bernard
Edelman, juriste, avec La fiction au secours du droit, le 7 avril ;
Gabriele Veneziano, physicien, pour La théorie des cordes estelle une vraie science ?, le 14 avril.
Espace Leclere – 04 91 50 00 00
Rencontre avec Guillaume Cassegrain, professeur d’histoire
de l’art moderne à l’université Lyon 2, autour de son ouvrage
Tintoret, le 11 avril à 18h.
Espace Ecureuil – 04 91 54 01 01
Conférence L’Ecureuil remonte le temps : Gilles de Rais, le
Barbe Bleu Français, le 23 mars à 12h30 ; présentation de
l’ouvrage Atlas photographique en couleur du système nerveux
central (Springer) et signature des auteurs Vincent Di Marino,
Yves Etienne et Maurice Niddam, le 24 mars à 17h30 ;
conférence sur les Nanotechnologies, innovation et logique
économique organisée par l’ASTS, le 29 mars à 18h30 ;
conférence de R. Delas, historienne d’art, sur Les voyages
archéologiques de Edmond Duthoit en Méditerranée
orientale au milieu du XIXe siècle, le 7 avril à 18h ; colloque
organisé par le Passage de l’Art dans le cadre de L’Art
renouvelle le lycée, le collège, la ville et l’université avec M.
Maffesoli, F. Bazzoli, E. Molinet, M. Prugniau, L. Damei et G.
Saurel sur Le monstre dans l’imaginaire contemporain ou la
beauté fascinante du difforme, le 14 avril à 12h.
BMVR Alcazar – 04 91 55 90 00
En partenariat avec le CipM, rencontre avec Suzanne Doppelt,
suivie d’une séance de dédicace, le 19 mars à 15h.
SCIENCES ET TECHNIQUES
Conférence de Stefania Maccari, professeur
en neuroscience, sur Le stress prénatal a-t-il des
consequences sur le comportement de l’adulte ?,
le 17 mars à 17h30 ; conférence d’Olivier
Kah, directeur de recherche au CNRS, sur
Pesticides, plastiques… quels dangers pour la
vie ?, le 18 mars à 17h30.
Dans le cadre du cycle L’information : une
nouvelle culture ?, conférence de Louise
Merzeau, maître de conférence en sciences de
l’information et de la communication à Paris
sur Oublier l’oubli : mémoire et traçabilité
numérique, le 31 mars à 18h30.
MuCEM – 04 96 13 80 90
Les mardis du muCEM : Une politique de
l’esprit, entre Europe et Méditerranée, par Wolf
Lepenies, historien et sociologue. Le 12 avril
à 18h30 à l’Alcazar.
ABD Gaston Deferre - 04 91 08 61 00
Exposition Un lieu des liens, jusqu’au 16 avril.
Rencontre avec Samuel Keller et Michaël
Zeidler, commissaires de l’exposition, le 26
mars à 15h ; table ronde sur la langue de la
géographie affective, Comment dire d’où l’on
vient ?, avec Jean-Luis Calvet, linguiste, Ahmed
Kalouaz, écrivain, et Elsa Zotian, sociologue,
le 29 mars à 18h30 dans l’auditorium.
Exposition de photos de Driss Aroussi, En
chantier, jusqu’au 21 mai.
Dans le cadre de Ces étonnants archivores :
balade-atelier avec Marc Quer et Hendrik
Sturm, plasticiens et promeneurs urbains autour
de La saga de la veuve Z – Episode 0 : «au
Welcome Bar», le 19 mars de 14h30 à 17h30 ;
projection de Mon papa en guerre, suivie d’un
débat entre le réalisateur Axel Clévenot, MarieFrançoise Attard, professeur à l’université de
Provence (Jean Norton Cru : lettres du front et
d’Amérique, 1914-1919) et Rémy Cazals, professeur à l’université de Toulouse (Les Carnets
de guerre de Louis Barthas, tonnelier, 19141918), le 21 mars à 18h30 ; Marseille au Moyen
Âge, atelier avec Thierry Pécout, professeur à
l’Université de Provence et Marc Bouiron,
directeur du service Archéologie de la ville de
Nice, auteurs de Marseille au Moyen Age, entre
Provence et Méditerranée, le 4 avril à 18h30
Association pour l’Intégration des personnes en situation de Handicap –
04 91 13 41 30
Exposition réalisée en collaboration de JeanJacques Surian : Regards, gestes et signes,
jusqu’en mai.
Art-Cade – 04 91 47 87 92
Être & transmettre // Hommage à Michel W.
Kagan, jusqu’au 25 mars à la galerie des
Grands Bains Douches.
Alphabetville – 04 95 04 96 22
Bidhan Jacobs et Jacques Perconte présentent
Le cinéma critique, de l’argentique au numérique, voies et formes de l’objection visuelle, le 7
avril à 18h30 à la Friche.
MARTIGUES
Musée Ziem – 04 42 41 39 60
Exposition De la réalité au rêve, l’objet ethnographique et sa représentation, du jusqu’au
12 juin Dans le cadre de cette exposition,
bistrot-philo avec les philosophes Vladimir
Biaggi et Gabrielle Colace-Scarabino : Pourquoi Roue de bicyclette est une œuvre d’art ?
(Roue de bicyclette, posée à l’envers sur un
tabouret, œuvre de Marcel Duchamp, 1913),
le 24 mars à 18h.
ORANGE
Librairie l’Orange bleue – 04 90 51 78 59
Lecture de poèmes de Fernando Pessoa avec
Jérôme Bru, directeur de la compagnie Labo
T, qui met en scène la comédienne Charlotte
Assema, le 1er avril à 19h.
TOULON
Espace Castillon – 04 94 93 47 33
Exposition Giujuzza et ses amis avec les
artistes Nicole Agoutin, Jackie Planche, Marc
Polidori, Sylvie Serre, Cyril Besson, Hélène
Bondurand. Du 5 au 30 avril.
TRETS
Château des Remparts – 04 42 61 23 75
Exposition de gravures de Martin Ware,
jusqu’au 9 avril.
VERDON
Parc naturel régional – 04 92 74 68 00
Rencontres «Paroles d’ici» : pour sensibiliser
les habitants aux questions liées aux enjeux de
leur territoire et de favoriser le débat. Le 26
mars, à Quinson, en partenariat avec l’association Les Boukans, sur le thème de l’eau.
SAINT-MARTIN-DE-CRAU
Médiathèque municipale – 04 90 47 27 49
10e salon du livre jeunesse : rencontre avec
une dizaine d’auteurs-illustrateurs, ateliers de
pratique artistique, spectacle, stands
d’éditeurs régionaux indépendants, le 2 avril.
SAINT-VINCENT-SUR-JABRON
Association Terre d’encre – 04 92 62 08 07
Veillées d’écriture : deux ateliers d’écriture
séparés et reliés par un repas, de 19h à minuit
le 18 mars à la salle Gonsaud
CONCOURS
MARSEILLE
Couleurs Cactus – 06 98 72 29 07
Dans le cadre du 3e Festival du livre de la Canebière qui aura lieu en juin : concours de
nouvelle sur le thème Vers d’autres rivages ouvert à tous les auteurs n’ayant jamais publié. Date
limite d’envoi, par courrier et mail le 2 mai.
FAIAR Cité des Arts de la rue – 04 91 69 74 67
Appel à candidature pour la 4e promotion, date limite de remise des dossiers fixée au 31 mars.
RÉGION
Sur la place – 06 69 28 90 87
Concours jeune illustration en Région Paca qui s’adresse aux dessinateurs, illustrateurs… âgés
de moins de 28 ans résidant ou étant scolarisés dans la région Paca. Pour participer, envoyer 3
dessins (thèmes et techniques libres) avant le 15 avril à l’association par courrier ou Internet.
RENCONTRES 89
Poisson d’avril
Le 3e Café des sciences d’Arles aura lieu au Café Malarte le 14
avril à 20h30, Bd des Lices. Il y a à boire et à manger au Café
mais pas dans le propos des chercheurs invités : Charles F.
Boudouresque, professeur au Centre d’Océanologie de
Marseille, et le Dr. Jean-Marc Fromentin, Chercheur à
l’Ifremer au Centre de Recherche Halieutique. Ils répondront
à vos préoccupations sur la prolifération de nouvelles espèces
vivantes en Méditerranée. Quelles conséquences écologiques ?
économiques ? sur les autres espèces ? Victime de ses qualités
gustatives et de son succès sur le marché du sushi-sashimi
japonais, le thon rouge est devenu ces dernières années l’espèce
emblématique de la surpêche. Il s’est trouvé au cœur d’une
inextricable polémique. Où en est-on ? Le thon rouge a-t-il un
avenir ? Et plus généralement, que va devenir notre
Méditerranée ? Autant de questions qui ne doivent pas finir
en queue de poisson…
04 90 96 03 99
www.culture-science-paca.org
Son des Mines
Le 31 mars de 14h à 18h au site Georges-Charpak de l’École
des Mines à Gardanne, à l’occasion de la rencontre des
Orchestres à l’Ecole des Bouches-du-Rhône, la Médiathèque
Nelson Mandela vous invite au concert qui aura lieu à 16h30.
Au-delà de l’accueil par l’École des Mines de cette journée,
l’association d’élèves ingénieurs Illu’Mines proposera aux
enfants engagés dans l’orchestre des ateliers scientifiques sur le
son et sa propagation. Une belle manière de sensibiliser aux
sciences, via la musique !
www.culture-science-paca.org
Particule grand public
Les conférences grand public du Centre de Physique des
Particules de Marseille ont repris leur cours en mars. La
prochaine aura lieu le 9 avril de 10h à 12h, au grand
amphithéâtre à Luminy. «Vous levez les yeux vers le ciel par une
nuit bien noire… Que voyez-vous ? Avouez-le ! Ce minuscule
morceau de l’Univers que vous découvrez avec vos misérables yeux
humains est le plus souvent bien décevant… Même avec un
télescope, ce n’est pas vraiment comme au cinéma ! Pourquoi ?
L’Univers est grand, bien sûr, et nous ne voyons que dans les
longueurs d’onde du visible. Ah ! Si nous pouvions voir l’infrarouge,
l’ultraviolet, les rayons X, les ondes radio ou les rayons gamma ? À
quoi ressemblerait l’Univers ?...»
http://marwww.in2p3.fr
Corps social
La prochaine conférence du cycle Échange et Diffusion des
Savoirs portera sur les métamorphoses du corps humain. La
sociologue Irène Théry qui préconise des réformes du droit
de la famille, parlera des métamorphoses profondes de
l’institution familiale liées à la valeur d’égalité de sexe (en
remplacement de la conférence que devait tenir S. Agacinski).
Le 24 mars à 18h45 à l’Hôtel du Département
www.cg13.fr/cadre-de-vie/culture/conferences.html
Mystérieux univers
L’espace culturel «Art et Astronomie» de Saint-Michel
l’Observatoire, au château d’Agoult, propose une exposition
multimédia tout public scientifique et artistique sur les
mystères de l’univers : bornes interactives, simulations,
expériences scientifiques pour explorer le monde des galaxies,
les mystères des trous noirs et du Big bang et les représentations
de l’univers dans les différentes cultures. Jusqu’au 31 mai.
04 92 76 69 69
www.centre-astro.fr
90
HISTOIRE
ÉCHANGE ET DIFFUSION DES SAVOIRS | GRÉASQUE | TOULON
Légendes indiennes
Est-il possible ou nécessaire de passer
par la fiction pour connaître la vérité ?
Charles Malamoud © X-D.R.
Invité du cycle d’Échange et diffusion des savoirs
pour une conférence intitulée Vérité, fiction, connaissance : que nous dit L’Inde ?, Charles Malamoud
répond à la question du rapport entre vérité et fiction en sondant les mythes de l’Inde ancienne.
Selon lui, le récit de fiction ne s’oppose pas au réel,
mais au récit du réel. Dans cette acception, l’histoire objective n’existe pas, et le roman historique
«prend en compte le plus possible d’éléments concrets
en y ajoutant des détails imaginaires, lesquels produisent un effet de réalisme puissant.»
Le système de pensée indien est bâti sur une étymologie révélatrice : la mâyâ, du sanskrit «illusion»
est ainsi une liberté, une énergie. «L’aptitude à créer
le monde traversé de passion, couleur, mouvement
qui est le nôtre dépend de la mâyâ.» La satya, vérité, s’oppose non pas au mensonge, mais plutôt au
mot rita, qui signifie «ordre du monde». Pour un
Racines de lignite
et de terre
Alors que le chômage ne cesse de dépasser des
seuils successifs que l’on s’applique à qualifier
d’historiques, le monde du travail devient, par un
étrange retour, objet d’émoi. Comme tout élément
détourné de sa fonction, l’histoire ouvrière
s’autorise l’esthétique, les études sociologiques, les
discours érudits, et établit avec elle-même un
système de distanciation artistique et scientifique
qui la place sur un étrange piédestal de souffrance,
un brin christique. Ce qui aurait surpris ses
pratiquants, qui considéraient leur travail sans
doute davantage comme un facteur d’aliénation !
Ainsi, le dur labeur des mines s’expose, se
virtualise, donne lieu à des ouvrages, des études,
des sorties en plein air, des reconstitutions… Des
moments de convivialité et d’entrain où l’on se
distrait de façon militante, et pas sotte !
Le 19 mars à 15h30, la cité minière de Biver se
visitera, généalogie cosmopolite, terrils cachés…
Des stagiaires de l’Institut Supérieur de la Cadenelle
(Frédéric Goyet et Cécile Ribaud) feront parler les
bâtiments-clés de la vie sociale des mineurs de
Biver. À 17 h, la compagnie des Karnavires
accueillera le public dans les anciennes douches
des mineurs du puits Gérard (vidéo, extraits du
spectacle Carnet de Migration, installation
photos…). Le 20 mars, troisième édition de la
marche populaire sur un parcours de 12 km agréé
indien, la non-vérité relève donc plutôt de la désorganisation.
Lorsqu’un homme s’apprête à accomplir un rite, il doit
prononcer la formule : «Je quitte le monde du faux
pour entrer dans celui du vrai.» À la fin du sacrifice,
la formule n’est pas symétrique ; il doit alors dire :
«Je quitte le monde du vrai pour redevenir ce que je
suis.» Ce qui sous entend, d’après Charles Malamoud,
«Ce que je suis réellement, un homme différent de la
réalité.»
Il souligne que la devise adoptée par l’Inde lors de
son accession à l’indépendance fût : «Satyameva
jayate» (Seule la vérité triomphe). «Ce n’est pas la
proclamation d’un but à atteindre, de valeurs que l’on
s’efforce de faire vivre comme notre Liberté Egalité
Fraternité. Non, c’est une constatation.»
GAËLLE CLOAREC
Conférence du 3 mars à l’Hôtel Départemental
des Bouches-du-Rhône
par la FFSP (Fédération Française des Sports
Populaires), dans la forêt de Gréasque à la
découverte des vestiges miniers. Des animations
ponctueront le parcours. (Inscriptions au musée,
départs de la Marche entre 8h et 14h). Enfin
l’après-midi verra des visites commentées du Puits
Hély d’Oissel (à 14h30 et 15h30 visites guidées
du Musée par les mineurs). Un temps fort à noter
dans vos tablettes.
MARYVONNE COLOMBANI
Musée de la mine de Gréasque
04 42 69 77 00
www.poleminier.com
Le Puits Hély d’Oissel © X-D.R.
La Marine
en 20 escales
Porte de l'arsenal royal, entrée du musée de Toulon © Musée national de la Marine - T.Honnorat
Deux mois de travaux auront suffi à donner
un coup de jeune au musée de Toulon qui s’est offert
«un rafraîchissement plutôt qu’une réhabilitation»
Pas de longue ni de coûteuse rénovation mais un léger lifting de printemps
permet au Musée national de la Marine de Toulon d’espérer accroître sa
fréquentation de 20%, déjà supérieure à 50 000 visiteurs par an depuis 2009.
Des chiffres que Cristina Baron, conservateur-adjoint et administrateur,
attribue aux actions de médiation, aux expositions temporaires et à la mise en
place d’audio-guides. De quoi lui faire regretter l’étroitesse du lieu (1000 m2)
et espérer un prompt déménagement dans l’ancienne Corderie attenante,
longue de 402 m, lieu potentiel de valorisation de la collection (200 objets).
En attendant l’aboutissement de son projet, elle dévoile les récentes
transformations : exit la circulation illisible, le parcours se décline désormais
en 20 espaces distincts accompagnés d’une signalétique chromatique, de
bâches informatives qui occultent les baies vitrées et de textes pédagogiques
à l’entrée des salles.
Dès l’entrée, l’immersion est immédiate avec le parc d’Artillerie, les panneaux
pédagogiques sur l’histoire de l’Arsenal depuis l’Antiquité à nos jours et les
peintures de Joseph Vernet1, commandes de Louis XV qui témoignent de
l’apogée des activités portuaires à cette époque. Se déclinent ensuite les
thématiques, autour du patio central dédié aux animations et flanqué du
vaisseau Le Duquesne et de la frégate La Sultane : entre autres «L’Arsenal de
Vauban» en service en 1692 et pouvant accueillir une quarantaine de
vaisseaux ; «L’atelier de sculptures», qui comptait dans ses rangs les meilleurs
décorateurs de tableaux de poupe et de figures de proue ; «Galères et bagne»,
quand la suppression de l’une donna naissance à l’autre… jusqu’à Toulon à
l’ère de la révolution industrielle. À l’étage, un siècle d’histoire du porte-avion
nous conduit… jusqu’à la base navale aujourd’hui.
La navigation entre les espaces est aisée, tous conçus sur le même principe :
quelques maquettes et modèles prestigieux, des bas-reliefs, des photographies
et peintures d’époque, un choix d’objets significatifs qui viennent documenter
le propos. Un ensemble d’une grande clarté et attractif même pour les
néophytes ! Bref, un «avant/après» peu dispendieux (50 000 € financés par
l’Établissement public du musée) qui illumine le musée autrefois poussiéreux
et invite à la déambulation. En attendant des jours meilleurs à quelques mètres
de là…
MARIE GODFRIN-GUIDICELLI
1
les peintures originales sont au Palais de Chaillot à Paris
Musée national de la Marine, Toulon
04 94 02 02 01
www.musee-marine.fr
92
PHILOSOPHIE
LE RIRE
À l’heure où le Merlan programme un cycle intitulé Courage… rions !,
où la critique politique médiatique s’exerce essentiellement par l’humour corrosif,
où nombre de théâtres réhabilitent le vaudeville, provoquer le rire des citoyens
spectateurs semble une des voies choisies pour réveiller le désir de résistance…
Mais comment les philosophes perçoivent-ils le rire ?
Rire est-il
philosophique ?
Si l’on en croit Montesquieu, pour qui
«la gravité est le bonheur des imbéciles»,
et Nietzsche qui pense que la philosophie est ce qui nuit à la bêtise, le rire
et la philosophie semblent aller naturellement de pair.
Allons plus loin : nombreux sont les
esprits qui à leur époque ont usé de ce
stratagème pour critiquer le clergé, le
pouvoir, les mœurs. C’est le fameux castigat ridendo mores (elle corrige les
mœurs par le rire) qui justifie l’existence
de la Comédie depuis Plaute jusqu’à
Molière. Ainsi l’humour est banni de
toutes les dictatures : l’interdiction de
dérision, de caricatures, ou Guillon et
Porte virés du service public, sont des
indices du degré de liberté d’une société: s’intéresser au rire est politique.
de Freud et Bergson, on y trouverait
toujours quelque chose à redire :
aucune ne convient intégralement à
tous les rires.
Commençons d’abord par savoir comment l’on rit, en s’attachant d’abord au
mode le plus abstrait : le mot d’esprit.
Manifestant surtout la prétention de
sur le sujet du rire, depuis Le mot d’esprit
et ses rapports avec l’inconscient de
Freud… Donc j’en dis deux mots.
Humour et comique
Pour Freud «le processus comique ne supporte pas le surinvestissement opéré par
l’attention», et tout ce qui resserre la
Des différents rires
Plus profondément, comme le dit
Bergson, le rire nous renseigne sur les
capacités de travail de l’imagination
humaine, collective, sociale et populaire ; sur l’art et sur la vie. Donc la
philosophie doit s’emparer du rire;
saisie très théorique cependant car les
diverses catégories de rires et de rieurs
ne se laissent pas circonvenir aisément
par des concepts ! Comme dirait le
grand Kant, ça donne à penser ! Mais
penser quoi ? Ce qu’il dit plus sérieusement ailleurs (et sur autre chose) est que
le rire est essentiellement un concept
empirique qui ne se laisse pas facilement déterminer : il n’est fait que
d’exemples contradictoires. On pourrait reprendre les plus belles définitions
désinvestie est libérée. Le plaisir du mot
d’esprit semble provenir de l’économie
d’une dépense d’inhibition.
Certes. Mais le mot d’esprit ne soulève
en général qu’un sourire de convenance. Plus drôle que le mot d’esprit est
la blague fondée sur un principe
comique, comme la naïveté dont on ne
sait si elle est feinte. Ainsi une bourgeoise arrivant en retard à l’invitation
de l’astronome Cassini pour voir une
éclipse de lune et s’écriant : «Mais monsieur Cassini pourra recommencer pour
moi !» ; ou celle d’une bourgeoise du
XIXe siècle contemplant un portrait de
Descartes et s’exclamant : «Dieu que
c’est ressemblant !». On peut aussi évoquer ces idiots d’Auvergnats qui avaient
de si beaux volcans et qui les ont laissé
s’éteindre… Ces blagues, qui ne sont
pas fondées sur l’esprit à la française, ni
sur l’humour à l’anglaise, reposent sur
des situations comiques dérisoires.
Différence que Pierre Desproges résuma
parfaitement : «Comment reconnaître
l’humour anglais de l’humour français ?
L’humour anglais souligne avec amertume et désespoir l’absurdité du monde.
L’humour français se rit de ma belle-mère.»
© Nicole Claveloux - Okapi
Burlesque et grotesque
celui qui le fait, et la volonté de montrer
son intelligence et son détachement, il
était très pratiqué par les Aristocrates et
les Précieuses comme on peut le voir
dans le film Ridicule de Leconte, ou
chez les imbéciles de Molière. Mais, pas
toujours drôle, le mot d’esprit fait partie
des références philosophiques obligées
distance entre le sujet et le réel est un
obstacle au comique. Il est d’accord en
cela avec Bergson qui précise que le rire
surgit dans une situation de détachement des évènements. La thèse principale
du Mot d’esprit est celle du rire de
décharge : une dépense d’énergie psychique est épargnée, et l’énergie ainsi
Mais la thèse de Bergson qui dit que le
comique est «du mécanique plaqué sur
du vivant» n’opère pas avec évidence
lorsqu’il s’agit de comique verbal, de
blagues : est-ce le fait que le sujet dit
une chose énorme sans réagir comme
un vivant qui nous fait rire ? Selon
Bergson il énonce mécaniquement,
sans s’adapter. Sa définition est plus claire quand elle concerne l’homme qui
marche et se vautre par terre, situation comique ancestrale ; il poursuit
mécaniquement sa marche sans s’adapter à l’incident de parcours qui le fera
tomber. Cette mécanique est bien évidemment la logique de la comédie/farce où
les comédiens adoptent la «raideur mécanique de l’habitude» dans des situations
où l’esprit s’attendrait à un comportement plus adapté.
Cette mécanique comique si bien comprise par Bergson, se prolonge d’une
indifférence et d’un détachement à ce qu’on fait ou dit : «Et bien si la bourse est
risquée parce qu’un jour on gagne et l’autre on perd, je ne jouerais qu’un jour sur
deux» ; logique non ! Ce détachement et cette indifférence transparaissent bien
évidemment dans les jeux de Chaplin ou de Buster Keaton que Bergson semble
avoir théorisé juste avant qu’ils naissent. En bref, le comique au sens propre du
terme s’ignore lui-même, ou plus exactement joue à s’ignorer.
Ceci est vrai pour Chaplin, Guillon, les Arlequins ou autres mécaniques, qui
sont des personnages indifférents et détachés. Mais De Funès, Coluche, ou
Scapin et Figaro ne sont pas indifférents à ce qu’ils disent ou font ; le propre des
comiques d’aujourd’hui est souvent de savoir qu’ils font rire, de se regarder
«jouer». Où est le processus comique dans ce cas ? C’est, dit Bergson, ne lâchant
rien à sa définition du mécanique plaqué sur du vivant, le propre du grotesque :
«Le comique est ce côté de la personne par lequel elle ressemble à une chose, cet aspect
des événements humains qui imite, par sa raideur d’un genre tout particulier, le
mécanisme pur et simple, l’automatisme, enfin le mouvement sans la vie. Il exprime
donc une imperfection individuelle ou collective qui appelle la correction immédiate.
Le rire est cette correction même. Le rire est un certain geste social, qui souligne et
réprime une certaine distraction spéciale des hommes et des événements.»
Voilà pourquoi on rit : quand du mécanique s’introduit sur du vivant et que
nous économisons une dépense d’énergie psychique pour adapter l’énoncé au
réel (comique verbal), les faits à leur représentation (comique de situation),
l’espace à sa perception (comique de gestes) ; les notions de mécanique et
d’économie d’énergie permettent de faire une grossière synthèse de Freud et
Bergson !
Rire de tout ?
Il n’empêche qu’il y a des rires bêtes : les rires brutaux, rires des bourreaux qui
se moquent de leurs victimes en laisse ; ou les rires d’inhibition ou sociaux, rires
de pudibonderie infantile, ou de supériorité sociale : dans les deux cas ces
moqueries ou désinhibitions idiotes seraient plutôt le fait de ceux qui ne savent
pas régler leur propre subjectivité par une juste distance dans leur rapport à
autrui. Évidemment rire n’est pas libérateur si c’est pour faire part de sa névrose
communicationnelle, ou de préjugés sociaux fatigants, ou de sa propre
imbécillité.
Mais la vraie question est «doit-on rire de tout ?». Puisque le rire est liberté du
surgissement de l’imprévu dans le cours des choses, le rire de provocation est
bien évidemment bénéfique. Si le rire casse les conventions sociales ou les abus
des grands, il prend aussi le risque du mauvais goût dans le bain de la grossièreté
(scatologie, sexualité, insulte…). Le sens de l’humour témoigne donc de notre
sens de la limite, entre une désinhibition bénéfique et irrévérencieuse, et les
frontières que l’on trace entre soi et le sexisme, le racisme, la moquerie de classe.
Rire des puissants ou de soi-même est toujours plus sain que rire des blondes, des
belges et des concierges. À moins qu’on en soit un ?
RÉGIS VLACHOS
Au fait pour finir : vous connaissez la différence entre Tintin et Milou ?
C’est que Milou n’a pas de chien !
94
SCIENCES ET TECHNIQUES
BIENS DE CONSOMMATION
Il fut un temps où l’orgueil de l’artisanat était d’inventer «utile, beau et solide».
Désormais le libéralisme demande à ses ingénieurs
d’innover «bling-bling, futile et fragile»…
C’est l’avènement de l’obsolescence programmée du bien de consommation
La casse
programmée
Arroseur et arrose de Louis Lumiere
Voici quelques extraits
d’une correspondance
entre un ingénieur
de recherche, (votre
serviteur zibelinesque)
et une société dont
la réputation fut assise
par le Président
de la République dans
le domaine du
nettoyage haute
pression appliqué
aux banlieues
S’il se nettoie
c’est donc ton frère
Responsable d’un service d’instrumentation scientifique au CNRS,
mon travail est de concevoir,
fabriquer, mettre au point et programmer des prototypes d‘appareils
de mesures et d’expérimentations
pour la recherche. À ce titre j’ai
une certaine idée de ce que doit
être un travail bien fait en termes
de durabilité et de qualité de
service.
J’ai acheté il y a quelques temps,
à titre purement privé, un nettoyeur haute pression «grand
public» de votre marque. Je savais,
vu son prix d’environ 70€ et son
niveau de performance, que je ne
devais pas attendre beaucoup de
cet appareil. Mais j’espérais qu’il
corresponde a minima à son
cahier des charges :
«Un nettoyeur haute pression performant
pour des utilisations occasionnelles. Facile
et souple à utiliser. Convient parfaitement
comme appareil d’appoint pour le
nettoyage des vélos, balcons, voitures et
meubles de jardin.»
Je n’ai utilisé cet appareil que
deux ou trois fois durant les deux
ans de sa possession qui le mettaient hors du champ de garantie.
Dès ses premières utilisations est
apparu un suintement anormal au
niveau du corps de pompe, qui
s’est accentué pour devenir une
fuite rédhibitoire dès la 6e
utilisation (nettoyage de volets en
bois). Cette fuite très abondante
aspergeait le contacteur électrique
et occasionnait le déclenchement
erratique de la pompe.
Casse-toi pauvre pompe !
Du fait du dépassement de garantie, j’ai procédé au démontage
de l’appareil défectueux pour en
diagnostiquer la panne. L’expertise
montre que, par conception et
construction, et compte tenu des
pressions mises en jeu, la fiabilité
de ce type d’appareil correspond
à la durée minimale de garantie
d’un an. Ceci en calculant la
probabilité que la majorité de la
clientèle d’un tel engin ne s’en
serve que réellement épisodiquement (3 ou 4 fois la première
année), et encore à raison de 5 à
10 minutes pour chaque utilisation. Ce qui devrait porter sa
durée probable de survie à environ 1 ou 2 heures d’utilisation
pour les clients les plus chanceux.
En effet le corps de pompe en
«matériau composite» ne peut en
aucun cas résister aux pressions
mises en jeu. Celui-ci présente un
raccord plat «riveté plastique» à
chaud totalement incompatible
avec la durabilité qu’un usage,
aussi court et ténu soit-il,
requiert.
Fi, habileté
Il est patent que votre bureau
d’étude s’est ingénié à fragiliser
le bloc de pompe afin de lui
garantir une fiabilité minimale
couvrant à peine la garantie
légale d’un an : rivetage plastique
à chaud, minimisation excessive
des parois du corps de pompe,
ailetage sous-dimensionné ne
garantissant pas la rigidité aux
pressions différentielles imposées,
d’où l’ajout d’un arceau en fer
pour éviter l’éjection pure et
simple du corps de pompe.
Il est vrai que la fabrication
simplement «normale» de vos
modèles à bas coût les rendrait
par trop inusables. Ainsi vous
jouez sur la lassitude : le client
moyen néglige de ramener un
appareil défectueux dans sa
première année s’il n’excède pas
une centaine d’euros et, souvent,
les usagers n’utilisent que très
faiblement durant la première
année les appareils qu’ils achètent.
La pièce détachée (ici le corps de
pompe) n’est trouvable que sur
Internet au prix de 150€ alors
que l’appareil complet y coûte
67€. De plus, aucun réparateur
n’acceptera de réaliser cette
réparation coûteuse et délicate
compte tenu des arcanes déployées par votre bureau d’étude
pour rendre l’engin inopérable
(nécessité de plusieurs tournevis
panes longues en torx et securitorx…).
Vous demandez sur votre site :
«Nous aimerions connaître votre opinion
afin de constamment améliorer nos
produits et services. N’hésitez pas à nous
laisser vos commentaires, suggestions et
opinions. Nous vous remercions par
avance.»
Mon opinion d’ingénieur instrumentaliste est que vous devriez
cesser «d’améliorer» la fragilité
de vos produits selon des critères
de «qualité minimale» car bientôt
il vous faudra limiter leur
garantie à leur sortie d’usine.
Casse-tout pauvre
con…sommateur
A quoi il me fut répondu, en substance,
de ne pas acheter le bas de gamme, et que
la marque ne fabriquait pas que des
pompes à…
Le fait que les industriels s’ingénient à
fabriquer des véhicules, de l’électroménager, de la téléphonie, du matériel
électronique destiné à casser juste après la
date de garantie est aisément vérifiable
techniquement. C’est une pratique générale, qui fait marcher le commerce et
l’industrie au détriment très net du
consommateur. Sans compter le dommage
écologique, et le coût public du recyclage.
Nous payons donc deux fois, en tant que
consommateur et citoyen, une obsolescence programmée qui n’est pas illégale,
mais nettement immorale.
YVES BERCHADSKY
ADHÉRENTS 95
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Dépôt légal : janvier 2008
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Agnès Freschel
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© Agnès Mellon
Conception maquette
Max Minniti
Rédactrice en chef
Agnès Freschel
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Yves Bergé, Aude Fanlo,
Émilien Moreau, Pascale Franchi,
Pierre-Alain Hoyet, Gaëlle Cloarec,
Christophe Floquet, Rémy Galvain,
Photographe
Agnès Mellon
095 095 61 70
photographeagnesmellon.blogspot.com
Directrice commerciale
Véronique Linais
[email protected]
06 63 70 64 18
Chargée de développement
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06 08 95 25 47