n°3238 10 décembre 2010

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n°3238 10 décembre 2010
france-catholique.fr
ISSN 0015-9506
FRANCE
Catholique
86 année - Hebdomadaire
n° 3238 - 10
décembre
2010
Wikileaks :
La diplomatie
numérique
page 5
Damien Le Guay :
« La cité
sans Dieu »
pages 12 à 15
Édith Stein :
Un chemin
vers la Croix
pages 24-25
Le Mont
Saint-Michel
désensablé
pages 8 à 11
3€
BRÈVES
FRANCE
POLITIQUE : Le Conseil d’État a examiné le 3 décembre un recours contre les élections régionales en Île-de-France qui avaient conduit à la réélection de J.-P. Huchon (PS) à la présidence ; le rapporteur public a requis l’inéligibilité de ce dernier.
ÉLECTRICITÉ : En raison du froid, un nouveau pic de consommation a été atteint le 2 décembre à hauteur de 94 200 mégawatts ; EDF a dû s’approvisionner sur le marché de gros où les prix ont flambé. L’Autorité de sûreté a autorisé le 4 décembre une augmentation de la durée de vie des centrales nucléaires.
ChômAgE : Le taux de chômage est resté stable à 9,3% de la population active au troisième trimestre de 2010.
SANTÉ : Un nouveau pas a été franchi en matière de chirurgie thoracique, a-t-on appris le 29 novembre : la greffe de la trachée ; cette opération réalisée par une équipe de chirurgiens français à partir des propres tissus des malades, a été tentée sept fois ; cinq malades sont en vie et mènent une existence normale.
ART : 271 œuvres inconnues de Picasso des années 1900 à 1932 ont été récemment découvertes chez un couple de la Côte d’Azur qui souhaitait obtenir des certificats d’authenticité ; ces œuvres auraient été données au mari par le peintre lui-même ce que les héritiers de Picasso contestent.
POLICE : À la suite du décès d’un Malien qui avait reçu deux décharges de Taser le 30 novembre à Colombes, la polémique est relancée sur le degré réel de dangerosité de cette arme utilisée par la police.
Les polices française et italienne ont interpellé le 30 novembre les chefs d’une bande de jeunes d’origine yougoslave à qui l’on attribue 60% des vols commis dans le métro parisien.
mONdE
CLImAT : Le sommet de Cancun (Mexique) s’est tenu du 29 novembre au 10 décembre pour la 16e Conférence des Nations unies sur les changements climatiques avec la participation de 194 pays ; il s’agissait de trouver un accord sur les émissions de gaz à effet de serre après l’échec de Copenhague en décembre 2009.
AgRICULTURE : Les ministres européens de l’Agriculture ont entamé le 29 novembre à Bruxelles leurs négociations pour définir les enjeux de la Politique agricole commune entre 2014 et 2020.
EUROPE : La Commission a annoncé le 30 novembre l’ouverture d’une enquête sur Google pour abus de position dominante.
L’euro est retombé le 30 novembre, pour la première fois depuis dix semaines, sous la barre de 1,30 dollars. En France, le président du groupe UMP du Sénat, Gérard Longuet, a déclaré le 4 décembre que le rachat de la dette des pays très endettés par la Banque centrale européenne devait s’accompagner d’efforts drastiques d’assainissement des dépenses pu bliques, en concluant : « Ou on sort de l’euro, ou on sort des 35 heures » !
Les ministres des Transports de l’Union européenne ont 2 FRANCECatholique n°3238 10 décembre 2010
décidé le 3 décembre de relier leurs bases de données sur les infractions routières
CôTE d’IVOIRE : Après que la commission électorale ait annoncé le 2 décembre la victoire d’Alassane Ouattara à l’élection présidentielle avec 54% des voix, le Conseil constitutionnel, proche du président sortant Laurent Gbagbo, a jugé ce résultat non valable et proclamé Gbagbo vainqueur avec 51% des suffrages. Le secrétaire général des Nations unies a été le premier à reconnaître la victoire de Ouattara ; la responsable de la diplomatie européenne, Catherine Ashton, lui a emboîté le pas. Le président Sarkozy a également félicité le « président élu » et demandé à Gbagbo de « respecter la volonté du peuple ivoirien ». L’ancien président sud-africain, Thab Mbeki, est arrivé le 5 décembre à Abidjan pour tenter une médiation.
INdE : Le président Sarkozy a entamé le 3 décembre une « visite de travail » de quatre jours en Inde qui s’inscrit dans 2009 sur la fourniture par Areva de deux à six centrales nucléaires et d’obtenir le soutien de New Delhi sur les dossiers du G20 pendant la présidence française.
IRAk : Les forces de sécurité ont déjoué fin novembre un attentat contre l’ambassade de France à Bagdad.
ISRAëL : Plus de 40 personnes ont péri dans l'énorme incendie du Mont Carmel faisant rage depuis le 2 décembre près du port d’Haïfa ; le Premier ministre a demandé l’aide internationale.
ESPAgNE : Le trafic aérien totalement paralysé le 3 décembre par une grève sauvage des contrôleurs a conduit le gouvernement Zapatero à confier à l’armée la gestion du contrôle aérien ; après la proclamation de l’état d’alerte, les agents ont commencé à regagner leur poste le 4 décembre.
TENNIS : La Serbie a remporté le 5 décembre à Belgrade sa première Coupe Davis en battant la France par trois victoires à deux.
la ligne des relations bilatérales resserrées depuis la visite de Jacques Chirac en 1998 ; cette rencontre aura notamment pour objectifs de concrétiser un accord de FOOTBALL : Les coupes du monde de 2018 et 2022 ont été attribuées le 2 dé cembre respectivement à la Russie et au Qatar. J.L.
ÉDITORIAL
SOMMAIRE
Habermas,
ACTUALITÉ
4
5
6
7
Solférinologie
SOCIALISTES
Alice Tulle
Diplomatie numérique
WIKILEAKS
Yves La Marck
Premiers pas de Kim III
CORÉES
Y.L.M.
Imbroglio présidentiel
CÔTE D'IVOIRE
Gabriel Delacour
ÉDITION
8
12
ALBUMS
Au Mont Saint-Michel
PHILOSOPHIE
Dieu et la démocratie
Brunor / Brigitte Pondaven
Damien Le Guay / Paul Chassard
ESPRIT
16
18
19
20
22
24
3e dimanche de l'Avent
LECTURES
Père Michel Gitton
DIEU ET LA SCIENCE
Ma voiture a-t-elle soif ?
Bertrand Souchard
Irak
ECCLÉSIA
ANIMAUX DANS L'ÉVANGILE
La poule
Tugdual Derville
Un monde à exorciser
LIVRES
Abbé Marc-Antoine Fontelle / Denis Lensel
LIVRES
Édith Stein, un chemin vers la Croix
Denis Lensel
MAGAZINE
26
28
30
32
33
Un os dans Évolution (suite)
B.D.
Brunor
EXPOSITIONS
La Russie romantique
Alain Solari
MUSIQUE
Un instrument oublié
Jean-Yves Hameline
Symphonies
MUSIQUE
François-Xavier Lacroux
CINÉMA
« Le monde de Narnia »,
« Le secret de Chanda »,
« Bébé, mode d'emploi »,
« Les trois prochains jours »
M.-C. Renaud d'André
34
THÉÂTRE
35
TÉLÉVISION
« L'âge de glace 3 »,
« L'homme qui voulut être roi »,
« Et au milieu coule une rivière »,
« Chez les Tsaatans »
TÉLÉVISION
Votre début de soirée
36
38
« Francesco »,
« Une femme, un homme »
Pierre François
M.-C. Renaud d'André
M.-C. R. d'A.
BLOC-NOTES
Vie associative et d’Église
Brigitte Pondaven
COUVERTURE : DESSIN BRUNOR/PHOTO DANIEL FONDIMARE
© ÉDITIONS JEAN-MICHEL PLACE
Écoutez la chronique de
Gérard Leclerc,
chaque semaine sur :
le religieux et l'universel
L
texte paru en français du philosophe allemand Jürgen Habermas constitue une vigoureuse
invitation à reconsidérer l'éclairage du religieux dans
le cadre de la cité moderne. Préfaçant un ouvrage
de jeunesse de son collègue américain, aujourd'hui
décédé, John Rawls, le penseur de la Communication insiste
particulièrement sur la relation entre la raison et la foi. Rawls
était un jeune homme croyant, qui voulut même être prêtre
dans l'Église presbytérienne. S'il perdit la
foi plus tard, il n'oublia jamais ce qu'elle lui
avait appris notamment en ce qui concerne
la vie morale. Et Habermas d'insister : ceci
reste d'une rigoureuse actualité.
On n'est pas surpris par une telle prise de
position, qui correspond à des convictions
exprimées, par exemple, lors d'une rencontre mémorable avec le cardinal Joseph
Ratzinger à Munich en 2004. Mais il est par Gérard LECLERC
intéressant de comprendre qu'Habermas,
loin de renier sa pensée essentielle, ne fait
que la confirmer. L'exigence de rationalité et universalité qui
est sienne depuis l'origine de son œuvre se trouve achevée et
non niée par l'apport de la Révélation biblique. Il n'entre nullement dans le débat contemporain du multiculturalisme où il
s'agit de faire cohabiter les identités, les mémoires et les particularismes. C'est en vertu de son humanisme et de sa tradition philosophique universaliste que le penseur est en quête
d'approfondissement anthropologique.
Ce faisant, il inquiète un certain nombre de gens qui refusent par principe l'ouverture à la théologie mais aussi à un
certain nombre de repères éthiques. Ainsi Habermas est-il
suspect d'esprit réactionnaire, on met en cause sa préoccupation à propos de la dérive des mœurs, du suicide assisté,
des manipulations génétiques, de l'avortement et, plus généralement, des transgressions de la recherche scientifique. Ne
conviendrait-il pas plutôt de saluer l'effort ultime du théoricien de la démocratie moderne au service de la sauvegarde de
notre humanité ? Il faut lire et comprendre Habermas, témoin
de l'Universel. ■
E DERNIER
John Rawls, Le péché et la foi, écrits sur la religion, postface de Jürgen
Habermas, éd. Hermann, 370 pages, 33 €.
FRANCECatholique N°3238 10 DÉCEMBRE 2010
3
ACTUALITÉ
SOCIALISTES
Solférinologie
Ségolène Royal est candidate. Dominique Strauss-Kahn
parle mais ne dit rien. Martine Aubry se tait. L’analyse de
ce qui se trame rue de Solférino est un art difficile.
E
n ce début décembre, il
existe deux certitudes
et deux seulement. La
première concerne les
primaires organisées
par le Parti socialiste : elles
auront lieu l’année prochaine
et, à la différence des élections internes de 2006, tous
les Français pourraient y participer, à condition qu’ils soient
inscrits sur les listes électorales et qu’il paient un euro. Ce
qui est certain débouche sur
l’incertain : la procédure est
inédite, nul ne sait combien de
Français y participeront (entre
500 000 et trois millions...)
et rien ne dit que des militants de droite ou d’extrême
gauche - ou vous et moi ne viendront pas tenter des
manœuvres d’élimination d’un
candidat jugé dangereux.
La deuxième certitude
est que Ségolène Royal sera
candidate à ces primaires.
Son engagement précipité a
été une surprise car Martine
Aubry avait annoncé que sa
rivale entérinait le pacte de
non-agression conclu avec
Dominique Strauss-Kahn.
Mais la perdante de 2007 a
voulu précipiter le mouvement afin de retrouver devant
l’opinion publique le statut de
présidentiable qu’elle avait
perdu. C’est une mauvaise
(
nouvelle pour la direction
socialiste, qui voulait maintenir l’unité du parti aussi longtemps que possible : le pacte
DSK-Aubry, que tous deux
voulaient étendre à Ségolène
Royal, stipulait que la question
de la candidature serait résolue « entre quat’zieux » afin
que les électeurs des primaires
teur du FMI sont scrutées à la
loupe : ses partisans assurent
que DSK prend son temps,
alors que Ségolène Royal
affirme qu’il ne se présentera
pas. On dissertera longtemps
encore, car DSK n’a pas intérêt à entrer en campagne
trop vite : s’il a décidé de se
présenter, il est certain de
n’aient plus qu’à ratifier
le choix des signataires du
pacte. De fait, Ségolène Royal
ouvre un conflit interne, ce qui
satisfait les autres candidats
déclarés et tout particulièrement François Hollande.
Pour le reste, c’est le flou.
La question décisive, c’est
bien entendu la candidature
de Dominique Strauss-Kahn.
Les petites phrases du direc-
remporter les primaires du
Parti socialiste en raison de
la compétence qu’on lui prête
dans le domaine économique
et financier.
On s’interroge aussi sur le
silence de Martine Aubry. La
première secrétaire est liée
par son pacte avec DSK et
même si celui-ci se désistait,
elle refuserait de s’engager
dans une longue campagne.
La question décisive, c'est bien entendu
la candidature de Dominique Strauss-Kahn
4 FRANCECatholique n°3238 10 décembre 2010
par Alice TULLE
à moins que la pugnacité de
Ségolène Royal et le silence
de DSK ne la contraignent à
entrer dans la bataille. Mais si
elle faisait défaut ? En ce cas,
supputent les solférinologues,
Laurent Fabius, qui soutient la
première secrétaire, pourrait
apparaître comme un recours
et gagner, contre Ségolène
Royal, la primaire qu’il a
perdue en 2006.
Dernière inconnue : le
programme. Les militants
socialistes vont se prononcer
pour un projet, que Martine
Aubry n’aurait pas de mal à
incarner. Mais on se souvient
des variations très personnelles de Ségolène Royal
en 2007 et on ne voit pas
comment Dominique StraussKahn pourrait entériner un
projet dont la tonalité fait
hurler l’aide droite du Parti
socialiste. Mais on ne saurait
affirmer que c’est là un projet
de gauche : l’aile gauche est
réduite au silence depuis le
départ de Jean-Luc Mélenchon
et tous les débats se passent à
l’intérieur de l’aile droite.
Les affaires du Parti
so cialiste sont suivies avec
attention à l’Élysée. Dominique
Strauss-Kahn ferait un candidat redoutable pour Nicolas
Sarkozy, qui perdrait une fraction de son électorat de droite
au profit de Marine Le Pen
- et beaucoup d’électeurs du
centre attirés quant à eux par
le directeur du FMI. Ségolène
Royal serait une adversaire
plus facile, en raison des oppositions qu’elle soulève au sein
du Parti socialiste... n
ACTUALITÉ
WIkILeAks
Diplomatie numérique
par Yves LA MARCK
Wikileaks n’annonce pas la fin de la diplomatie mais
oblige celle-ci à s’adapter à l’ère du numérique.
L
250 000 correspondances diplomatiques – dont la moitié sur les trois dernières années - piratées sur les sites sécurisés du Département d’État et publiées par les journaux les plus respectables à travers le monde (New York Times, Guardian, Spiegel) sont normalement protégées par la loi. Moins de dix pour cent sont réellement secrets et mettraient en cause la sécurité nationale des États-Unis. Néanmoins la violation de la confidentialité qui s’attache à ces documents est patente et répréhensible. Mais on ne peut s’empêcher de s’étonner de la facilité avec laquelle un simple individu a pu avoir accès à ce compact, l’imprimer et trouver client. L’une des conséquences des dysfonctionnements qui ont conduit aux attentats du 11 septembre 2001 aura été paradoxalement la mise en relation de réseaux informatiques qui auparavant ne pouvaient se recouper. Au total, près d’un million de personnes auraient accès aux États-Unis à cette masse d’informations classifiées, y compris celles envoyées par les ambassades. Qu’il se soit trouvé un individu pour faire des copies était un risque probable que les respones quelque
sables devaient se préparer à assumer.
L’autre source d’étonnement est l’abondance de ces documents et la liberté de ceux qui les produisent. Il y a déjà plus d’un siècle, l’historien Albert Sorel prédisait les transformations de la diplomatie à l’ère du télégraphe. Au temps du cheval graphe a introduit en termes de vitesse, le numérique le décuple. Il n’y a plus ni espace ni temps. La communication des ambassades est donc incessante, immédiate, et démultipliée. Chaque diplomate quel que soit son rang peut envoyer un courriel à son camarade dans les bureaux et le diffuser à des et des navires à voile, l’information était lente à parvenir aux capitales. Entretemps les ambassadeurs sur place avaient tout loisir de prendre les décisions qui s’imposaient sans avoir à recourir à leur hiérarchie, sauf à attendre d’elle une instruction, ce qui ralentissait considérablement l’action. Ce que le télé-
centaines de destinataires. L‘ambassadeur souvent écrit peu. Il est censé signer, et encore. La communication part dans tous les sens.
Ce quart de million de communications ne révèle en fin de compte rien qui ne soit déjà connu. Le véritable débat déjà ouvert par Wikileaks sur d’autres sujets tels que l’Irak ou l’Afghanistan ou la prison de Guantanamo porte sur la transparence de la diplomatie. En réalité, le dialogue entre les ambassades et l’administration centrale des affaires étrangères se résume à un tout petit nombre de personnes, les véritables traitants du dossier. Des décisions sont ainsi prises en catimini. Le Parlement n’est pas informé. Personne ne tient à ouvrir une discussion publique sur le sujet. On allègue que l’opinion publique n’est pas intéressée par les questions internationales et ne dispose pas des éléments pour en juger. Justement, disent les promoteurs de Wikileaks, on va les informer. Ces révélations vont-elles changer la donne politique ? Apparemment les diplomates américains sur ces dernières années favorisent la pensée conservatrice qui était celle du président Bush. Sur l’Iran, sur la Russie, sur le candidat Sarkozy. Rien d’étonnant. Le débat est vivant à l’intérieur de l’institution où il n’y a pas toujours accord. La politique dans les Balkans avait entraîné des démissions de diplomates. Que ce débat gagne la place publique en temps réel, on ne pourra longtemps l’empêcher. à la diplomatie dans les pays démocratiques de s’adapter. n
Près d'un million de personnes auraient
accès à cette masse d'information
)
FRANCECatholique n°3238 10 décembre 2010
5
ACTUALITÉ
CORÉE DU NORD
Premiers pas de Kim III
par Alice TULLE
La crise coréenne ressurgit au lendemain de
l’investiture d’un nouvel héritier au Nord de la dynastie
communiste des Kim...
L
a série de tirs d’artillerie nord-coréens
contre la petite île
sud-coréenne de
Yeonpyeong le 23
novembre dernier, bien que
peu meurtrière, est prise avec
gravité au Sud et à travers le
monde. Elle nous rappelle
que la ligne de démarcation fixée par l’armistice
de 1953 demeure l’un des
endroits les plus chauds
de la planète, la dernière
survivance de la guerre
froide entre le bloc communiste et le monde libre. La
dictature la plus fermée du
monde possède les moyens
de destruction massive, avec
la révélation récente de
l’existence de 2000 centrifugeuses pour la production
d’uranium enrichi, mais
aussi des moyens conventionnels totalement disproportionnés. La capitale du
Sud, Séoul, à soixante km de
la frontière, est protégée par
un système d’alerte sophistiqué comme il en existe peu
d’exemplaires.
Le Nord a ouvert le feu
par surprise. En réalité, les
autorités de Pyong-Yang sont
toujours mal à l’aise lorsque se
produisent très régulièrement
des manœuvres communes
américano-coréennes, mettant
(
en œuvre cette fois 30 000
Américains et 56 000 Coréens.
Le Nord est particulièrement vigilant sur ses abords
maritimes côté mer de Chine
(encore appelée mer de Corée
ou mer Jaune). Tout à fait
arbitrairement, la commis-
des navires sud-coréens a
provoqué en mars dernier la
destruction d’une corvette
par un sous-marin du Nord
et la mort des 46 membres
d’équipage.
L’incident de la semaine
dernière, s’il n’a donc rien de
sion d’armistice a fixé la limite
maritime le long des côtes du
Nord, attribuant donc l’espace
maritime au Sud. C’est une
aberration au regard du droit
de la mer mais il ne pouvait
en être autrement du point de
vue stratégique. Séoul aurait
été sous la menace directe
des navires nord-coréens. À
l’inverse, la proximité de la
côte nord par les patrouilles
nouveau, intervient néanmoins au lendemain d’une
intronisation toute particulière, celle du troisième fils
du dirigeant actuel comme
son successeur désigné. Le
Congrès du parti unique le 28
septembre dernier a avalisé
Kim Jong Un, promu général et vice-président de la
commission militaire à vingtsept ans. Le président de cette
La dictature la plus fermée du monde
possède les moyens de destruction massive
6 FRANCECatholique n°3238 10 décembre 2010
commission n’est autre que
son oncle, beau-frère du dirigeant actuel Kim Jong Il, 69
ans, fils du Guide suprême Kim
Il Song. Au total, plus qu’un
régime communiste, c’est
bien d’une dictature militaire dont il s’agit. L’armée
doit être pleinement assurée
de l’engagement du successeur dans le soutien à cette
ligne, condition de sa survie.
La gestion de crise à chaud
est donc indispensable à la
formation du fils qui a passé
la première partie de sa vie
en Suisse et ne connaît rien à
cette stratégie de la tension
permanente.
Cela ne dérange pas la
Chine que l’activisme américain inquiète. La Corée du
Nord est bien utile à mettre
en avant pour éviter de réagir
directement, mais les dirigeants chinois n’en pensent
pas moins. Dans la rivalité
globale entre Washington
et Pékin, Pyong-Yang représente un enjeu qui n’en prend
que plus de valeur. La Corée
du Nord sait parfaitement
en jouer. La Chine a d’ailleurs
suivi en demandant une
réunion régionale. L’ensemble
des acteurs veulent également
tester la posture asiatique
d’Obama. Séoul pourrait se
trouver isolé sur la ligne dure
du président actuel contrairement à la politique d’ouverture du « rayon de soleil » de
son prédécesseur. Washington
a envoyé un porte-avions pour
contenter son allié mais ne
souhaite pas la guerre. Pékin
non plus. n
ACTUALITÉ
CÔTE D'IVOIRE
Imbroglio présidentiel
par Gabriel DELACOUR
Sans méconnaître les fraudes qu'il y a eu de part et
d'autre, la communauté internationale reconnaît la victoire
d'Alassane Ouattara. Ira-t-elle plus loin ?
C
o m m e l’avaient
prévu les observateurs avisés, le
président Laurent
Gbagbo a été battu
par la coalition de ses adversaires emmenés par l’ancien
Premier ministre Alassane
Ouattara, proclamé
chef de l’État par la
Commission électorale indépendante.
Mais celui qui avait
réussi à se maintenir
au pouvoir sans véritable consultation
populaire pendant
dix ans ne s’est pas
avoué battu et s’est
fait à nouveau reconnaître chef de l’État
par le Conseil constitutionnel à sa botte.
Du coup, tous les deux
ont prêté serment, ce
qui fait que l’ancien
président sud-africain
Thabo Mbeki, qui a
l’habitude de jouer les
médiateurs, est venu tenter
une réconciliation entre les
deux et, surtout, prévenir
le fort risque de troubles
internes, pour ne pas dire
d’une nouvelle guerre civile.
Il faut toutefois préciser
que, en dehors de la Russie et
de la Chine qui louvoient car
elles y voient une occasion de
contrer l’Occident, personne
ne soutient l’ancien chef de
l’État. Même ceux qui étaient
censés être ses amis idéologiques au temps où Laurent
Gbagbo luttait contre Félix
Houphouët-Boigny en jouant
la carte socialiste lui demandent généralement de s’en
aller, à l’instar de Jack Lang,
qui l’a pressé « d'accomplir le
des armées reste fidèle au
président vaincu.
L’assez large victoire —
54 % — remportée par la
coalition anti-Gbagbo revêt
plusieurs significations.
D’abord, Alassane Ouattara a
pu compter sur Henri Konan
geste de retrait qui préservera
l'unité ivoirienne » en même
temps que Daniel CohnBendit affirmait : « L'Onu doit
tenir, l'Union européenne doit
tenir ». Sur le plan intérieur, si
le Premier ministre Guillaume
Soro reconnaît Alassane
Ouattara — qui l’a reconduit
dans ses fonctions —, le chef
Bédié qui, lorsqu’il était président, avait manœuvré pour
l’écarter sous prétexte de ses
origines burkinabè, développant le concept de l’« ivoirité » permettant d’exclure
une bonne partie des gens du
Nord. Le fait qu’il soit musulman n’a d’ailleurs absolument
pas joué contre lui. D’ailleurs,
il est symptomatique que,
avant même la proclamation
des résultats, le Collectif des
religieux pour des élections
apaisées en Côte d’Ivoire a
invité les protagonistes à
œuvrer ensemble au service
du bien commun : « Au nom
de Dieu, au nom de la Côte
d’Ivoire, au nom des générations futures, chers leaders,
faites un effort, vous et vos
partisans, celui de respecter
le verdict des urnes ».
Le deuxième
enseignement du
scrutin concerne
le dépassement du
clivage traditionnel
entre les Baoulé de
la partie centrale et
les Nordistes. C’est
d’ailleurs un peu un
retour à l’alliance
ethnique qui avait
permis au président
Houphouët-Boigny
de gouverner le pays
durant plusieurs
décennies. Dans cette
perspective, le ralliement de l’ancien chef
de la rébellion nordiste
devenu Premier
ministre, Guillaume Soro,
revêt également une grande
importance. Le problème
demeure une nouvelle fois
posé par Laurent Gbagbo,
décidé à relancer la surenchère nationaliste à la fois
contre l’« étranger » Ouatarra
et contre l’ancienne métropole française. n
Le fort risque de troubles internes, pour
ne pas dire d'une nouvelle guerre civile
)
FRANCECatholique n°3238 10 décembre 2010
7
ALBUMS
entretien Avec BrUnor
Au Mont Saint-Mi
Dans plusieurs de ses bandes dessinées,
notre ami le dessinateur Brunor a fait
référence au Mont Saint-Michel. Cette
fois-ci, le sujet de son nouvel album*
n'est autre que le Mont Saint-Michel,
lui-même, ou plus précisément son
sauvetage des sables dont les premiers
résultats sont très encourageants.
propos recueillis par Brigitte PONDAVEN
n CetensablementduMontnefait-ilpaspartiedes
chosesnaturelles?
L'ensablement est surtout dû à l'intervenÉditions Jeantion humaine. D'abord avec la construction de
Michel Place,
digues et la création artificielle de polders, afin 70 pages quadri
de gagner du terrain sur la mer, puis avec la 220 x 220 mm,
construction en 1879 d'une digue-route insub13,50 e.
mersible, pour permettre aux véhicules d'accéder
directement au pied du Mont. Dès lors, il a cessé
d'être une île et surtout, la mer a été empêchée
de tourner autour de ce rocher, cessant donc de
drainer dans son reflux les alluvions et sables
qu'elle apportait avec la marée montante. On
observe donc un ensablement constant. Dans une
cinquantaine d'années le Mont cesserait d'apparaître au milieu des eaux de la baie, pour n'être
plus qu'une simple colline au milieu des prés ou
des bois, si rien n'était entrepris pour restituer
son caractère maritime.
n Commentlesauverdessables?
Mon album raconte le premier chapitre de
cette aventure authentique, à travers le regard
de mes personnages favoris : la jeune Marine
découvre tout cela grâce à Tom, un des guides
de la baie qui conduisent les marcheurs entre
8 FRANCECatholique n°323810 décembre 2010
Une simple
colline au
milieu des
prés ou des
bois, si rien
n'était
entrepris
les sables mouvants au long des 6 km séparant le village des Genêts et le Mont. Le lecteur comprend avec elle comment il va être
possible de chasser les sables en utilisant les
forces naturelles, ce qui est très enthousiasmant. Elle apprend qu'un petit fleuve de 100 km,
le Couesnon, débouche juste en face du Mont.
Il a longtemps joué un rôle de frontière entre
Bretagne et Normandie. Mais son débit étant
insuffisant pour drainer les sables vers le large,
l'idée est de lui donner un « coup de main » en
augmentant son débit, grâce à un barrage pas
comme les autres.
n Pourquoi ce barrage n'est-il pas comme les
autres ?
Habituellement un barrage sert à séparer,
à retenir les eaux d'un côté pour en tirer de
chel
l'énergie électrique. Au contraire, ce barrage du
Couesnon est conçu pour réunir. D'abord réunir
les eaux douces du fleuve avec les eaux salées de
la marée montante, pour unir leurs forces et créer
ces crues deux fois par jours, quand la mer redescend. Mais nous parlerons tout à l'heure d'une
autre dimension humaine, culturelle et spirituelle,
que l'architecte a voulu mettre dans cette œuvre.
Les barrages sont généralement des édifices
imposants qui affirment une certaine puissance,
celui-ci est tout en discrétion, son horizontalité
qui ne dépasse pas la hauteur des digues des polders, répond à la verticalité du Mont.
n Commenta-t-ilétéconçu?
Une autre
dimension
humaine,
culturelle et
spirituelle
Des études hydrauliques longues et complexes ont permis d'établir un cahier des charges
et un concours d'architecture a été lancé, il y a
une dizaine d'années. C'est Luc Weizmann qui
l'a gagné avec un projet discret, esthétique et
efficace.
Je n'ai pu réaliser cet album qu'avec sa
complicité bienveillante, et avec le soutien de
François-Xavier de Beaulaincourt, responsable
du Syndicat Mixte chargé de gérer les différentes
phases de ces grands travaux.
FRANCECatholique n°323810décembre 20109
Exactement orienté entre l'Est et l'Ouest, il
relie non seulement les provinces de Bretagne et
de Normandie longtemps rivales, mais aussi, de
façon symbolique, l'Orient et l'Occident.
Son architecte a voulu attirer notre attention
sur cette dimension culturelle et spirituelle de
rencontre des hommes et des cultures, en hommage à l'Abbaye du Mont Saint-Michel qui a joué
ce rôle pendant des siècles.
n Cen'estpasvraimentunebandedessinée…
En effet, j'essaye toujours de trouver la
forme la plus appropriée pour raconter une
histoire. Celle-ci se déroule dans des décors qui
ne sont pas des dessins mais les magnifiques
photos du site et du barrage, aux différentes
étapes de sa réalisation. Ce qui donne un résultat assez inhabituel et permet au lecteur, enfant
ou adulte, de découvrir avec les personnages
dessinés, les différentes clés de lecture de cette
œuvre d'art étonnante qu'est ce barrage, qui a
déjà reçu des prix.
n Comment témoigner, sur un barrage, du haut lieu
de spiritualité et de culture qu'a été l'Abbaye du
Mont ?
n Lebarrageestterminé?
Oui, ce premier protagoniste du sauvetage
du Mont est en fonction
depuis près d'un an, fait
preuve de son efficacité
et vient d'être ouvert au
public cet été. Car il est
aussi un lieu de promenade contrairement aux
autre barrages qui sont le
plus souvent des ouvrages
techniques réservés aux
professionnels.
Le visiteur y trouve un
point de vue exceptionnel pour admirer le Mont,
juste en face, puis, en se
retournant du côté du
Couesnon canalisé, il peut observer le mouvement des huit vannes qui régulent le mouvement des eaux. Une mécanique subtile qui est
réglée sur le rythme des marées et donc… de la
lune !
n D'uncôtéletravaildesmachinesetdel'autrela
contemplation?
Oui, ces deux aspects complémentaires sont
présents de part et d'autre du « balcon maritime », mais ce n'est pas tout. Quand on s'y promène, on peut voir le soleil se lever exactement
dans son axe oriental, et se coucher le soir, à
l'autre extrémité, du côté breton.
10 FRANCECatholique n°323810 décembre 2010
Comme dans
les pages
enluminées
des
manuscrits
médiévaux
C'est le défi qu'a relevé
l'ar chitecte Luc Weizmann.
Il a voulu que la rambarde du
balcon maritime ne soit pas en
vulgaire aluminium moderne,
mais en bronze. Le visiteur qui
regarde le Mont en s'appuyant
sur ce bastingage, va remarquer des signes incrustés dans
le bronze.
Il ne tarde pas à reconnaître
des lettres gravées en creux,
qui sont réparties tout au long
de la centaine de mètres de ce
pupitre. Rien d'ésotérique : ce
sont les quatre alphabets qui se
rencontrent ici, comme dans les
pages enluminées des manuscrits médiévaux, conservés dans
le scriptorial de la bibliothèque
de l'Abbaye. Luc Weizmann raconte avec talent
cette autre aventure dans son très beau livre : Le
Pupitre des lettres (éd. jean-Michel Place).
Il y a encore plusieurs autres surprises, à
découvrir en famille... n
* Cet album de Brunor, Le Mont Saint-Michel
sauvé des sables, édition Jean-Michel Place [ISBN
2 85893 942 X - 2010, 70 pages, 220x220 mm],
est à acheter chez votre libraire habituel ou à
commander sur le site internet :
www.jeanmichelplace.com
Vous pouvez aussi l'ajouter à votre commande à
France Catholique de la BD Un os dans Evolution,
en ajoutant la somme de 13,50 e. (hors frais de
port). Voir ci-contre.
Bulletin De SOuSCRiPtiOn à RetOuRneR à FranCe CatholiqUe,
60 Rue De FOntenay, 92350 le PleSSiS-ROBinSOn
nom et adresse (si différents de ceux inscrits sur le chèque) : .................................................... ......................................................
...............................................................................................................................................................................................
...............................................................................................................................................................................................
...............................................................................................................................................................................................
SOuSCRit à l’album
Brunor : « UN OS DANS ÉVOLUTION »  13 e x . . . . . . exemplaires = . . . . . . e
Brunor : « LE MYSTÈRE DU SOLEIL FROID »  13 e x . . . . . . exemplaires = . . . . . . e
Brunor : « LE MONT SAINT-MICHEL SAUVÉ DES SABLES »  13,50 e x . . . . . . exemplaires = . . . . . . e
tugdual Derville : « ANIMAUX DANS L'ÉVANGILE »  19 e x . . . . . . exemplaires = . . . . . . e
+ forfait frais de port de 8 e jusqu'à 26 e de commande (offerts à partir de 26,50 e de commande) = . . . . . . e
[Tous les envois sont faits en Colissimo]
Total (chèque joint à l'ordre de France Catholique) . . . . . . e
PHILOSOPHIE
EntrEtIEn avEc damIEn LE guay
dieu et la démo
Damien Le Guay, philosophe, critique
littéraire au « Figaro-magazine », qui a
déjà publié des livres sur Halloween, les
rites perdus de la mort ou les méfaits de
la télé-réalité, vient de faire paraître un
essai sur l’état actuel des religions et les
blocages qu’elles subissent, surtout dans
les médias. Le bandeau : « Dieu peut-il
nous sortir de la crise ? » suffirait déjà à
provoquer notre plus vif intérêt pour ce
travail d'enquête et de réflexion.
n DamienLeGuay,commentestnécelivre?
12 septembre 2008. J’ai été invité à l’Élysée
pour la réception de Benoît XVI. Qu’avait donc
de mémorable cette journée où il fut question,
avant tout, de laïcité et de son versant positif ?
Ce jour-là, le Pape indiqua de sa voix blanche :
« La situation sociale occidentale, hélas marquée
par une avancée sournoise de la distance entre
les riches et les pauvres, me soucie aussi. Je suis
certain qu'il est possible de trouver de justes
solutions qui, dépassant l'aide immédiate nécessaire, iront au cœur des problèmes afin de protéger les faibles et de promouvoir leur dignité. »
Bernard Arnault, l’empereur du luxe, était
dans la salle. Le Pape le regardait. Qui d’autre
que lui pouvait l’interpeller de la sorte, sans
acrimonie, ni complaisance, ni arrière-pensées ?
Qui d’autre que le Pape, le pontifex, le bâtisseur
de ponts, soucieux de promouvoir la dignité de
tous les hommes ? À vrai dire, il ne faisait que
reprendre les paroles de l’une des premières
prières chrétiennes : « Il a renversé les puissants
de leur trône, élève les humbles, renvoie les
riches les mains vides ».
12 FRANCECatholique n°323810 décembre 2010
Les médias
font la sourde
oreille aux
hommes de
religion
propos recueillis par Paul CHASSARD
n Pourquoimettreenvaleurcemomenttrèsparticulier?
Une crise financière, économique et sociale,
mais avant tout éthique, s’est abattue sur
nous. Les ravages sont partout. Mais quand les
hommes de religion appellent au partage des
richesses, à la juste redistribution des biens, au
respect des pauvres, à la prise en compte de la
dignité de toutes les personnes, quand ils admonestent les riches et les puissants, ils ne sont
pas entendus. Les médias leur font la sourde
oreille. Quand ils critiquent les ravages d’un
libéralisme débridé, silence radio.
Quand le Pape, en juin 2009, rappelle les
devoirs de justice et l’exigence du bien commun,
nouveau silence. En refusant d’entendre ce message, les médias ne risquent-ils pas de conforter
les injustices du système économique ?
n Et donc, vous semble-t-il, vous sentez qu’en
matière de religion les choses changent ou doiventchanger?
Lors de la venue du Pape, pour avoir parlé
aux uns et aux autres, j’ai senti que les lignes
étaient en train de bouger dans notre démocratie livrée à elle-même, et privée de contrepoids,
sans boussole, tournant sur elle-même et guidée
presque par ses seuls instincts.
J’avais été alerté par les propos du philosophe politique Pierre Manent. Celui-ci s’inquiète de notre actuelle « indifférence au
monde », de cet « effacement » des formes politiques.
© DIDIER PRUVOT / FLAMMARION
cratie
Damien Le Guay,
philosophe catholique.
n Nous parlons de tout cela depuis longtemps; y
a-t-ilurgence?
Oui. Il est urgent – je pèse mes mots – de
parvenir à une nouvelle approche intellectuelle, une nouvelle tolérance médiatique, à de
nouveaux aménagements pour permettre une
meilleure mise en commun de toutes les ressources spirituelles, éthiques et poétiques . Nous
devons faire face à des dangers réels et inédits.
Pour les affronter, tous ensemble, n’est-il pas
indispensable de parvenir à un new deal spirituel
qui reconnaîtrait les forces religieuses comme
partie intégrante des forces vives de la nation ?
Ces forces ne sont-elles pas aussi respectables
N'est-il pas
indispensable
de parvenir à
un new deal
spirituel ?
que les autres ? Nous sommes au début du troisième millénaire et non en 1905. Ne sommesnous pas tous responsables du monde, coresponsables d’un sens commun à trouver et à
rechercher en permanence ?
Ce que je reproche le plus aux actuels petits
soldats combistes, ce n’est pas de monopoliser la parole, d’avoir leur rond de serviette
dans les médias, mais, avant tout, de stériliser
le débat, de l’empêcher d’exister. Là est leur
faute – faute contre l’intelligence. Ils répètent
les mêmes arguments et cherchent toujours à
« écraser l’infâme ». Mais cette sécularisation,
nous dit Habermas, le plus illustre philosophe
européen actuel, a échoué. Elle n’a pas livré
FRANCECatholique n°323810décembre 2010 13
surtout celles qui furent mises à l’écart de la
République, ce qui est le cas des forces religieuses ? Pendant longtemps, trop longtemps, de
belles intelligences, de vraies énergies civiques
(soucieuses de cette morale commune qui était,
en 1875, au fondement de la République française) furent mises de côté au nom d’une séparation nécessaire dans son principe, mais si violemment mise en œuvre qu’elle sépara artificiellement la France en deux camps irréductibles,
pendant au moins 70 ans.
toutes ses promesses et tend, souvent, à appauvrir plutôt qu’à libérer. Ces petits soldats, ces
nettoyeurs des traces religieuses me font penser
à l’équipage du Titanic accroché au sacro-saint
manuel de bord alors même que le paquebot
de la modernité s’est encastré dans son iceberg
d’insignifiances et sombre – ce qui peut prendre
des décennies.
n Quel bilan faites-vous de la «laïcité positive»
promueparnotrePrésident?
Depuis les promesses élyséennes, il ne s’est
rien passé ou si peu. Le Président avait
de grands projets, de belles et bonnes
ambitions, un ensemble d’idées précises
d’aménagement (dans le droit fil du rapport Machelon) mais, bousculé par les
bataillons laïcs, houspillé par eux, il a dû
réviser ses ambitions, glisser ses projets
au réfrigérateur avant de les mettre au
congélateur. Cette séquence pour rien, ce
jeu de forces et de contre-forces doit être
constaté.
n Faut-il rejouer encore et encore la guerre des
deuxFrance?
Oh que non ! Les hussards noirs de la
République (les instituteurs) et les curés
avaient, jusqu’en mai 1968, une morale
commune, un même sens civique, un
même sens de l’autorité nécessaire et
de la culture indispensable. Il faut dès
lors penser cette séparation des morales
et, aujourd’hui, dire que les querelles
d’antan n’ont plus lieu d’être. Une autre
séquence s’est ouverte. Ne faut-il pas
sauver cette actuelle démocratie plus
individualiste que républicaine, et, pour
ce faire, mobiliser toutes les réserves de
la chose publique ?
Deux fondamentalismes sont à combattre : celui de l’imperméabilité laïque
et celui des accommodements raisonnables pour faire place à des religions
venues d’ailleurs. Le premier refuse toute place
au religieux dans la cité. Le second souhaite
que la loi de tous s’adapte à la loi religieuse de
certains.
n Sommes-nous, pour autant, revenus balle
aucentre,àcettelaïcitérevendiquéepar
tousmaisauxdéfinitionsmultiples?
Ma conviction est la suivante : des
lignes, en matière de religion, ont bougé
dans le royaume de France Mon intuition
d’origine est double : des changements sont
intervenus, au moins dans l’inconscient collectif. La question telle qu’elle fut posée, et donc
la réponse telle qu’elle fut donnée, sous l’angle
de la laïcité, ne sont pas plus pertinentes. Ne
faut-il pas revenir en amont et considérer les
dégâts du virus démocratique ? Dès lors, comment pouvons-nous mobiliser toutes les médications sociales, toutes les ressources possibles,
dont, en particulier, les ressources religieuses ?
Quand Napoléon sentait le vent de la défaite
souffler sur le champ de bataille, il lançait dans
la mêlée la garde impériale jusqu’alors mise en
réserve. Ne faut-il pas considérer que dans la
bataille actuelle de cette démocratie retournée
contre elle-même, vérolée par son arrogance,
il est temps de mobiliser toutes les forces – et
14 FRANCECatholique n°323810 décembre 2010
Dire que
les querelles
d'antan n'ont
plus lieu
d'être
n Ilfautdoncreconsidérerletermede«religion»?
Vous avez raison. Le religieux n’est pas
ici assimilé ni assimilable au confessionnel.
« L’homme religieux » est confronté à l’horizon
de sens hérités, aux gisements inépuisables de
récits venus du fond des âges, à des ressources
de significations mises à disposition de l’humanité, à la réquisition d’un au-delà de soi, à tout
ce qui nous relie, à tout ce qui nous dépasse et
nous est nécessaire pour devenir plus puissants
que nos paresses, nos faiblesses, nos misères
intérieures.
Paul Ricœur considérait que le religieux a
partie liée avec le besoin de « libération » de « ce
fond de bonté originaire tenu captif » en nous.
Il est donc, poursuivait-il, « la capacité extraordinaire de rendre l’homme ordinaire capable de
faire le bien. »
temps, nous constatons l’impossible deuil du
religieux comme dernier réservoir de significations et de poésie. Souvenons-nous de cette
phrase de Gershom Scholem : « Là où Dieu se
tenait jadis se tient à présent la mélancolie ».
Cette mélancolie religieuse est aussi une mélancolie de la culture et de toutes les confiances
invisibles qui nous faisaient exister ensemble.
n Il faut donc aussi reconsidérer les «réserves de
sens desreligions»?
n Qui avez-vous rencontré pour mener votre
enquête?
Il est impossible à l’homme d’aujourd’hui, en
Europe, assuré de lui-même, puissant au point
de ne plus savoir où il en est, de vivre pour
rien, sans savoir pourquoi ni comment, comme
s’il était une parenthèse inutile dans un monde
absurde. Il n’est pas prêt à faire le deuil du sens
de sa vie et des kyrielles de significations. Ils lui
sont indispensables pour exister. Il en ressent le
besoin intime.
Des sociologues ivres de modernité et des
philosophes nihilistes ont beau nous expliquer
que Dieu est mort et qu’il nous faut désormais
vivre avec des corps à disposition, des identités
interchangeables et superposables à volonté, une
nature humaine malléable autant que soumise,
comme si nous flottions en toute félicité à la
surface de nous-mêmes, libres, presque trop
libres, comment pouvons-nous renoncer au sens
de ce que nous vivons, à la beauté du monde et
à un attachement presque instinctif aux gisements spirituels antérieurs ? Pourtant ces gens
insistent. À les écouter, nous devrions, dans un
ultime effort, larguer les dernières amarres qui
nous retiennent à l’ancien monde et devenir,
dans une nouvelle humanité enfin régénérée, le
« dernier homme » annoncé par Nietzsche. Le
pouvons-nous ? Le devons-nous ? Qu’avons-nous
à y gagner ? Qu’avons-nous à y perdre ?
J’ai rencontré des vigies spirituelles. Ces personnes, conscientes de la crise éthique qui est la
nôtre, sont ouvertes aux questions spirituelles.
Ces dernières ont-elles des solutions à offrir à la
première ? Quand les forces de dispersion dominent, la puissance agrégative des religions peutelle être utile ? Et si oui, comment ?
J’ai rencontré Luc Ferry, philosophe, ancien
ministre. Il est adepte d’une spiritualité sans
Dieu, connaît ces problématiques, n’ignore rien
des motivations de la « laïcité positive » annoncée par Nicolas Sarkozy et souhaite, en se passant des religions traditionnelles, promouvoir
ce qu’il nomme « la sagesse des modernes » sagesse qui n’est pas sans poser problème quant
à la récupération qu’il fait du matériel chrétien,
ce que j’examine dans le livre.
J’ai rencontré, aussi, le cardinal Barbarin.
Il est connu pour parler franchement, et, plus
que d’autres, il a une vraie perspective historique – au point de se demander si les évêques
n’iront pas en prison dans les années qui viennent. Quand il est question de « laïcité », tout le
monde est d’accord sur le terme mais personne
n’ose en préciser sa définition et l’usage qu’il en
fait. Ceci nous permettra de nous demander s’il
n’y a pas plusieurs laïcités cachées les unes dans
les autres – comme autant de poupées russes ?
J’ai rencontré, enfin, Gilles Bernheim, grand
rabbin de France. Il a bien voulu parler avec moi
de ce bloc symbolique aujourd’hui mis à mal.
Là aussi, si ce sujet est abordé, il est rare d’en
parler ouvertement et d’examiner les fissures
qui, ces dernières années, ont affecté ce bloc
symbolique. n
n Pourquoi faudrait-il redonner sa place aux religionsdansledébatpublic?
Le risque est là d’une anorexie anthropologique, avec l’effacement des formes politiques,
la tentation du « dernier homme », la disparition
du sens des engagements, des responsabilités
vis-à-vis des autres, du goût collectif. En même
Nous
constatons
l'impossible
deuil du
religieux
Damien Le Guay, La cité sans Dieu,
Flammarion, novembre 2010, 228 pages,
18 e.
FRANCECatholique n°323810décembre 201015
lectures
3e dimanchE de l’Avent
(année A)
Perspectives
de jugement
© LA BIBLE DES PEUPLES / ÉD. DU JUBILÉ
par le Père
Michel Gitton
11. 2 Or voici que Jean-Baptiste, dans sa prison, entendait parler de ce que faisait
le Christ, et il lui fit porter par ses disciples le message suivant : 3 « Es-tu celui
qui doit venir ou devons-nous en attendre un autre ? » 4 Jésus leur donna cette
réponse : « Allez voir Jean et racontez-lui ce que vous entendez et voyez : 5 les
aveugles retrouvent la vue, les éclopés marchent, les lépreux sont purifiés, les sourds
entendent, les morts se réveillent et les pauvres entendent une bonne nouvelle. 6
Mais heureux particulièrement celui qui me voit, si ce n’est pas pour sa chute. »
7 Lorsque les hommes furent repartis, Jésus commença à parler de Jean à la foule :
« Que cherchiez-vous à voir quand vous alliez au désert ? Un roseau agité par le
vent ? 8 Qu’alliez-vous voir ? Un homme dans le luxe ? Mais les gens qui vivent dans
le luxe se trouvent dans les palais des rois.
9 Alors pourquoi alliez-vous là-bas ? Pour voir un prophète ? Oui, je vous le dis, et
plus qu’un prophète. 10 Car c’est de lui qu’il est écrit : J’envoie mon messager devant
toi pour qu’il te prépare le chemin.
11 Oui, je vous le dis, on n’a pas vu se lever plus grand que Jean parmi les fils de la
femme. Et pourtant le plus petit dans le Royaume des Cieux est plus grand que lui. »
à
qu’il ne
faut pas juger les autres,
l’insistance de l’écriture sur
le jugement que vient exercer
le Christ peut nous paraître
étrange. Pourtant c’est bien en ces
termes que nous le présente Jean
Baptiste : « Lui vous baptisera dans
l’Esprit Saint et le feu. Il tient à la main
la pelle à vanner pour nettoyer son aire
à battre le blé et il amassera le grain
dans son grenier ; quant à la paille il la
brûlera dans un feu qui ne s’éteint pas. »
Toutes ces images agricoles sont peutêtre un peu loin de notre imagination,
mais le sens est clair : Jésus vient pour
faire un tri, une séparation et rien
n’échappera à ce passage au crible.
Notre difficulté avec l’idée de juge­
ment tient à la conviction (salutaire)
que nous avons acquise de la relativité
des jugements humains. Nous savons
tous la part de fausseté qui se cache
dans beaucoup des appréciations que
nous sommes tentés de porter les uns
sur les autres. Trop souvent les mobiles
nous échappent, nous prenons pour
défi ou agression ce qui est souvent une
maladresse, voire un appel au secours
déguisé. Les pires comportements
force de nous dire
trouvent des explications dans les
trau­matismes de l’enfance ou les
échecs subis. Et puis la proportion
nous échappe, une peccadille chez
le prochain nous cache nos propres
manquements beaucoup plus énormes.
On passe facilement de là à la
conviction que « tout comprendre, ce
serait tout excuser » (Madame de Staël).
Or, comme Dieu est particulièrement
bien placé pour tout comprendre, on
peut penser aussi qu’il excuse tout.
Mais il faut bien reconnaître que là n’est
pas l’image qu’en donne la Bible. Jésus
lui-même vient, et c’est lui qui le dit,
pour exercer un jugement : « c’est pour
un jugement que je suis venu dans le
monde » (Jean 9,39). Certes, c’est après
nous avoir déclaré qu’il n’est pas venu
pour « juger » le monde mais pour le
« sauver » (Jean 3,17), mais dans ce
deuxième cas, le mot juger a de toute
évidence le sens de condamner, alors
que dans le premier il désigne l’action
d’exercer un tri, de provoquer un choix, et
c’est cela qui nous intéresse aujourd’hui.
Le jugement est de la part de Dieu
une forme de sa miséricorde. Ne jamais
juger, laisser l’homme dans ce mélange
indiscernable de faiblesse et de péché
16 FRANCECatholique n°3238 10 décembre 2010
où il croupit, laisser croire que rien
n’est grave et qu’il n’y a que des braves
gens, ce serait avouer qu’il n’a aucune
ambition sur nous et que nous sommes
beaucoup trop nuls pour qu’il attende
vraiment quelque chose de nous. Or tel
n’est pas le cas. En nous envoyant son
Fils, le Père fait avancer le jour heureux
de notre affranchissement : enfin nous
pouvons espérer sortir du marasme,
puisque Jésus est là pour exercer en
toute clémence le jugement. Il met
à découvert tel un glaive acéré les
motifs cachés, les intentions secrètes
du cœur. Certes ce n’est pas agréable
d’être ainsi mis à nu et le jugement
au soir de notre vie est un moment
redoutable auquel il faut se préparer,
mais un moment heureux, car là il nous
décapera de la gangue d’habitudes,
d’à-peu-près et de médiocrité qui nous
recouvre et nous empêche d’aimer.
Vous en parlez à votre aise, me
direz-vous, vous vous mettez déjà dans
la catégorie des sauvés, mais, pour ceux
qui sont damnés, ce n’est pas si drôle,
or pourtant ils existent et on ne peut
pas douter de l’insistance de l’évangile
à ce sujet ! Certes, mais ce qui entraîne
la damnation, ce n’est pas d’avoir fait
de plus grosses bêtises que les autres,
c’est d’avoir refusé la main qui était
tendue pour en sortir. « Le jugement est
sans miséricorde pour celui qui n’a pas
fait miséricorde », c’est-à-dire pour qui
ne veut pas entrer, ni pour lui ni pour
les autres, dans le jeu de la miséricorde
divine. Notre chance n’est pas d’esquiver
le jugement, c’est au contraire de nous
y livrer et dès maintenant. Comme
l’animal traqué qui irait se blottir
dans les bras du chasseur (ce n’est
pas de moi, c’est de sainte Thérèse),
il s’agit de s’offrir à la miséricorde du
juge, de reconnaître le bien-fondé des
reproches qu’il peut nous adresser,
d’essayer dès maintenant de remédier
à tout ce qu’il peut nous montrer. Qui
pourrait craindre après cela ? Mais il
faut le faire et sans tarder. n
Dimanche 12 décembre
Première Lecture : Isaïe 35.1-6, 10
Psaume 146.7, 8-9, 9-10
Deuxième Lecture : Jacques 5.7-10
Évangile : Matthieu 11.2-11.
3e Semaine de l’Avent
et à partir de Vendredi : Semaine préparatoire à Noël !
par le Père Michel Gitton
3e Dimanche de l’Avent
pas le compromis.
1. Jésus, qui vient apporter avec lui Point spi : Pas d’engagement à moitié,
la revanche de Dieu sur le mal et la si nous sommes convertis, pas de
souffrance (lecture d’Isaïe).
conversion à moitié.
➤ Adorons le Libérateur qui apporte 2. « Tu n’auras plus à rougir. » La réalité
du pardon, qui recrée la dignité du
avec lui la délivrance de nos maux.
Point spi : Ne nous résignons pas à voir pécheur.
➤ Adorons le Dieu miséricordieux qui
les autres souffrir.
2. Jésus, lui qui vient au moment où on se plaît à faire grâce.
ne l’attend pas (lettre de saint Jacques). Point spi : N’écrasons pas ceux qui se sont
➤ Adorons le Juge qui est à notre porte. mis avec nous, trouvons le moyen de leur
Point spi : « Ne gémissez pas les uns redonner conscience de leur valeur.
3. « Le reste d’Israël ne commettra pas
contre les autres ».
3. Jésus qui est plus qu’un prophète, d’iniquité. » Rêve d’une nouvelle lune
car il accomplit des « signes » que nul de miel entre Dieu et son peuple, le
ne peut réaliser sinon Dieu (lecture de petit reste humble et pauvre.
➤ Adorons le Dieu visionnaire qui rêve
l’évangile de saint Matthieu).
➤ Adorons le Dieu sauveur qui vient de notre rétablissement près de lui.
Point spi : Croyons, contre toute évidence,
porter la Bonne Nouvelle aux pauvres.
Point spi : Ne doutons pas que c’est Lui à la guérison du cœur de nos frères.
qui a la solution.
Mercredi : Isaïe 45
1. « Je suis Dieu sans égal. » Nul n’a
Lundi : Nombres 24
parlé comme celui-là…
(la prophétie de Balaam)
1. Le Voyant. C’est Jésus, le vrai « voyant », ➤ Adorons le Dieu unique, incompa­
pas Balaam, c’est Lui qui sait voir les rable, seule source de l’être.
secrets de l’avenir, le fond des cœurs.
Point spi : Ne soyons pas superstitieux :
➤ Adorons le Dieu qui « sait », parce lui seul est le Maître.
qu’Il nous a créés, qui connaît le passé 2. « Je n’ai pas dit : ‘cherchez-moi dans le
vide’. » Jésus lumière, celui qui le cherche
et l’avenir.
Point spi : Demandons la lumière au ne marchera pas dans les ténèbres, certains
Seigneur, apprenons à son école à voir ont préféré les ténèbres à la lumière.
➤ Adorons le Dieu caché qui est en
la vie et le monde.
2. Le Héros. C’est Jésus, combattant même temps le Dieu manifesté, le Dieu
sans peur contre la puissance du Diable, qui nous a dit : « Cherchez ma face ».
Point spi : Ne cultivons pas l’ambiguïté,
c’est Lui qui dominera les nations.
➤ Adorons le « Lion de Juda », le jeune l’équivoque, le mensonge.
lion plein de force, qui s’élance au 3. « Qui l’a d’avance annoncé ? » Jésus
ne parle pas en vain, le ciel et la terre
combat des derniers jours.
Point spi : Engageons courageusement le passeront, ses paroles ne passeront pas.
combat contre nos mauvaises tendances. ➤ Adorons le Dieu qui est, qui était et
3. L’Astre. C’est lui, Jésus, qui se « lève qui vient.
d’en haut » et vient recomposer toute Point spi : Rappelons-nous comme Il a
la carte du ciel, lui qui remet en cause tenu parole.
les fatalités.
Jeudi : Isaïe 54
➤ Adorons le Maître de l’Histoire qui 1. « Ton époux, c’est Ton Créateur. »
ne connaît pas de déclin.
Solidité de cet amour qui n’est pas
Point spi : Remettons en cause toutes les une rencontre fortuite, qui est don et
fatalités, les habitudes, les pesanteurs.
engagement, jusqu’à la croix.
Mardi : Sophonie 3
➤ Adorons notre « époux de sang »,
1. « Malheur à toi, la rebelle ! » Celui celui qui nous a acquis très cher.
qui peut reprocher en face à son peuple Point spi : Ne nous comportons pas
son infidélité, lui qui ne se laisse pas devant le Seigneur comme des employés.
2. « Je t’avais caché ma face. » Réalité
acheter.
➤ Adorons le Dieu jaloux, qui ne tolère du mal et de l’infidélité devant laquelle
Jésus réagit, il n’est pas complaisant
avec ce qui nous dégrade.
➤ Adorons le Dieu Saint, brûlant toute
impureté.
Point spi : Reconnaissons que ses sévé­
rités sont méritées et bienfaisantes.
3. « Dans mon amour éternel, j’ai pitié
de toi. » Son amour plus fort que notre
tristesse et notre honte.
➤ Adorons le Dieu miséricordieux, infiniment.
Point spi : Ayons pitié de ceux qui n’ar­
rivent pas à reconnaître leurs torts.
Vendredi : La généalogie de
Jésus (Matthieu 1, 1-17)
1. Jésus qui a voulu s’inscrire dans une
généalogie humaine avec ses grandeurs
et ses misères.
➤ Adorons le Fils de l’Homme, qui est
d’abord un fils des hommes, un dans la série.
Point spi : N’ayons pas peur de nous
retrouver sur le même plan que tout le
monde, ne réclamons pas un statut à part.
2. Jésus qui a voulu être l’héritier de la
longue fidélité d’Israël.
➤ Adorons le Fils d’Abraham, seul
véritable héritier de la foi du Patriarche.
Point spi : Regardons avec respect ceux
qui nous ont transmis la foi.
3. Jésus qui est le fruit merveilleux et
inespéré de toute cette lignée.
➤ Adorons le Fils de Dieu né parmi les
hommes, sans l’intervention d’un homme.
Point spi : Respectons la grâce propre
faite à chacun de nos frères.
Samedi : L’annonce faite à
Joseph (Matthieu 1, 18-24)
1. Dieu qui prend la peine d’informer en
détail l’homme qui sera l’instrument de
ses desseins.
➤ Adorons Jésus qui révèle à ses apôtres
les secrets du Royaume.
Point spi : Ne traitons pas les autres
comme de simples exécutants, sans leur
faire part de nos intentions profondes.
2. Dieu qui respecte la liberté, mais ne
met pas son projet en option, il a un but
et le poursuit.
➤ Adorons Jésus qui va de l’avant, qui
entraîne ses apôtres à Jérusalem.
Point spi : Ne nous laissons pas détourner
de ce que nous avons entrevu.
3. Dieu qui donne à chacun un rôle et fait
de Joseph l’intendant de ses mystères.
➤ Adorons Jésus qui confie un rôle
caché à certains, qui demande à Jean
de simplement « demeurer ».
Point spi : Acceptons de jouer les seconds
rôles, de mettre en valeur les autres. n
FRANCECatholique n°3238 10 décembre 2010
17
DIEU ET LA SCIENCE - 16
Ma voiture a-t-elle soif ?
S
par Bertrand SOUCHARD
du vivant est
in­terne à l’espèce, comment
subsiste l’individu ? Je
mange une banane en ouvrant la
bouche et en la détruisant avec
mes dents et mon estomac. L'être
vivant, à la différence de l'être
inerte, peut assimiler l'autre à
soi. Il intègre l'aliment extérieur
pour qu'il devienne intérieur à
soi, en se transformant à l'intime
de lui-même. Cela suppose
une ouverture sur l'extérieur.
L'animal a une gueule. La plante
a des racines et des feuilles.
La nutrition n'est pas un amas
extérieur, mais la digestion de
l'autre en soi. Le Sans Plomb 95
de la voiture ne vient pas
constituer la structure de
son moteur et renouveler
l’usure des pneus. Dans
l’objet technique, l’apport
éventuel d’énergie
ex­terne (essence, électricité) ne
se répand pas dans la totalité,
mais seulement dans une partie
précise. L’essence n’est pas vitale
pour la voiture. Elle n’a pas soif.
L’eau en revanche est nécessaire à
la vie et à la constitution de l’être
vivant.
La pierre a une surface et
pas d'ouverture. Si le glacier
« grandit » c'est par accumulation
externe et non par digestion
interne et transformation de
l'aliment. Si l’on dit que le
glacier se nourrit des neiges
de l’hiver qu’il « urine » l’été,
ce n’est que par métaphore.
La terre n'a pas vraiment
d'entrailles, comme si elle avait
des organes de reproduction et
de digestion. L’externe n’est que
i l ' origine
le durcissement de l’interne. Et
lorsque le volcan explose, il ne
vomit pas ce qu’il a mangé.
Mais pourquoi ce besoin
d'assimiler l'autre à soi ? En
fait, la vie est une lutte contre
la mort. Je mange pour ne pas
mourir de faim. Il faut manger
pour vivre. La nourriture est un
apport d'énergie externe, qui va
à l'encontre de la dégradation
du vivant. Se nourrir, c'est lutter
contre l'entropie, c'est-à-dire
la tendance de tout être à se
détériorer. Avec le temps, les
choses ont plutôt tendance à
s'user, à aller vers moins d'ordre.
L'être vivant assimile l'aliment
temps. La finalité de la nutrition
est la conservation du vivant
dans son individualité. La matière
du vivant étant très fragile, très
altérable, l'être vivant a besoin de
matière extérieure, l'aliment, pour
se renouveler.
Dire que vivre c’est lutter
contre la mort n’est pas anodin,
si on compare le vivant et la
machine. En effet, si on dit qu’une
machine est HS, hors service,
elle ne meurt pas. La mort est
un processus irréversible. Mais
une machine en panne peut
toujours se réparer. On peut
réutiliser ses constituants, les
recycler pour construire la même
machine, alors qu’un
être vivant unique,
mort, ne pourra jamais
ressusciter. Si je ne
donne pas d’électricité
à l’ordinateur ou
d’essence à la voiture, ces
machines ne meurent pas.
Elles ne sont pas utilisables
momentanément. Mais il suffit
d’apporter à nouveau de l’énergie
pour que ça recommence. En
revanche, si je ne respire pas
pendant trois minutes, si je ne
bois pas pendant quatre jours, je
risque une mort irréversible. En
fait, la machine ne se reproduit
pas, ne se nourrit pas et ne
meurt pas, parce qu’elle n’est pas
vivante. Elle est déjà morte. Dès
lors vouloir réduire le vivant à la
machine ou même à la matière
inerte, c’est vouloir expliquer la
vie par la mort, et finalement ne
rien comprendre à la vie. n
En mangeant, je lutte contre
ma propre dégradation ; c'est
mon existence qui est en jeu
pour organiser un ordre propre,
l'organisme vivant.
Manger, c'est reprendre des
forces. La nourriture est une
lutte contre le dépérissement. Et
cette lutte contre la mort est un
désir de subsistance de l'individu,
de demeurer soi-même dans le
temps.
Dans la reproduction, ce qui
subsiste c'est l'espèce animale
ou végétale. Mais un individu
disparaît pour un autre individu.
En revanche, la nutrition est
volonté de permanence de
l'individu. En mangeant, je lutte
contre ma propre dégradation ;
c'est mon existence qui est en
jeu. Même si la mort biologique
est irrémédiable, manger c'est
pouvoir subsister un certain
18 FRANCECatholique n°3238 10 décembre 2010
IRAK
La dernière
semaine de
novembre,
Sa Béatitude
I g n a c e
Youssef III
Younan,
p a t r ia r c h e
d'Antioche
des Sy riens
était à Paris
pour visiter les quelques victimes de l'at­
taque, le 31 octobre, de la cathédrale
de Bagdad, que la France a accepté de
soigner dans ses hôpitaux. Il a été reçu
par le ministre des Affaires étrangères,
Michèle Alliot­Marie. L'Église syriaque
(ou syrienne) catholique, dont le siège
est à Beyrouth, compte environ 175 000
fidèles dans le monde, principalement
en Irak, en Syrie et au Liban. Plus
du tiers des fidèles vivent en Europe
occidentale, les deux Amériques et
l'Australie.
Le Patriarche délivre une parole très
libre et énergique de compassion pour
toutes les victimes de la guerre civile
en Irak et de grande inquiétude pour
la possibilité d'un quelconque avenir
de la communauté chrétienne dans ce
pays. Il met en cause la responsabilité
des autorités gouvernementales et des
autorités musulmanes en Irak dont la
parole n'est pas assez ferme contre la
persécution des minorités religieuses
et qui ne prennent pas de mesures
véritablement concrètes. Il demande
également à l'Europe de prendre des
mesures effectives pour aider les chré­
tiens d'Irak en essayant de tout faire
cependant pour ne pas provoquer un
exode définitif.
IRAK
Le 8 décembre, Mgr Louis Sako, arche­
vêque de Kirkouk des chaldéens,
s'est vu remettre le prix 2010 de la
paix de Pax Christi International lors
d'une cérémonie à la Maison de la
Conférence des Évêques de France à
Paris.
Le 11 décembre, Mgr Sako est l'invité
d'honneur d'un concert en hommage
aux chrétiens d'Irak et à toutes les
victimes du conflit irakien en l'église
St­Roch à Paris. 180 choristes, dirigés
par le Père André Gouzes et Jean­
François Capony, in ter prètent La
Passion de Jésus-Christ d'André Gouzes.
Accueil à partir de 20 h.
IRAK
Le 31 octobre, le Pape a reçu, à l'occa­
sion de l'audience générale, des blessés
de l'attaque du 31 octobre dans la
cathédrale syro­catholique de Bagdad, et
des membres de leur famille qui ont été
accueillis par l'Italie.
IRAK
Fadi Walid Gabriel, ingénieur de 26 ans,
a été enlevé le 30 novembre, dans le
quartier Zuhoor à Mossoul, et assassiné
quelques heures après. C'est le huitième
chrétien tué en Irak depuis l'attentat de
la cathédrale de Bagdad.
NIGERIA
Le 3 décembre, des éleveurs Fulanis
(musulmans nomades) ont massacré
5 membres d'une famille de paysans
chrétiens sédentaires dans la région de
Miango. Selon l'armée il s'agissait d'une
action de représaille après le meurtre
d'un Fulani et le massacre de 30 vaches
par des paysans 15 jours plus tôt.
PAKISTAN
Le cardinal Jean­Louis Tauran, prési­
dent du Conseil pontifical pour le dia­
logue interreligieux, a préconisé une
« approche sereine et graduelle »
pour résoudre le cas d'Asia Bibi, cette
chrétienne condamnée à mort pour
blasphème au Pakistan. Brusquer les
choses serait « contre­productif », a­t­il
estimé sur les ondes de Radio Vatican, le
30 novembre, de retour d'un voyage de
4 jours dans ce pays.
Zenit.org
PAKISTAN
Le Laskhar­e­Toiba, organisation isla­
miste, a lancé un appel à assassiner le
ministre pakistanais des minorités reli­
gieuses, Shabbaz Bhatti, qui est catho­
lique et a osé appeler à modifier la loi
sur le blasphème. Le mollah Qureshi
Yousaf, de la mosquée Masjid Mohabaat
Khan à Peshawar, a mis une récompense
de 500 000 roupies sur la tête d'Asia
Bibi si la cour d'apelle l'innocentait.
JURA
À partir de janvier 2011, le diocèse de
Saint­Claude se dote d’un nouveau
mensuel : L’1visible – Édition Jura.
Tiré à 30 000 exemplaires, il sera
distribué gratuitement dans tout le
département. Le diocèse de Saint­
Claude est le premier diocèse à s’enga­
ger dans cette approche innovante de
communication ecclésiale.
Constitué de 32 pages ­ 8 pages locales
et 24 pages nationales ­ L’1visible –
Édition Jura vise un lectorat large, catho­
lique ou non catholique, et plus parti­
culièrement les 30/50 ans.
Les 8 pages locales permettront un
retour sur l’actualité diocésaine et
jurassienne, donneront des informations
sur les événements à venir, inviteront
à des temps de respiration spirituelle
et proposeront des idées de sortie. Le
tout par des articles brefs et variés. La
rédaction sera assurée par le service
diocésain de la communication.
Les 24 pages nationales seront reprises
du mensuel gratuit L’1visible. Ce choix
veut permettre au plus grand nombre
possible de jurassiens de découvrir
l’Église diocésaine et l’actualité juras­
sienne à travers une ligne éditoriale
bienveillante et positive.
FRANCECatholique n°3238 10 décembre 2010 19
LECTURES
animaUx danS LES évangiLES - 14
20 FRANCECatholique n°3238 10 décembre 2010
par Tugdual DERVILLE
dessins de Didier TIphaInE
FRANCECatholique n°3238 10 décembre 2010
21
lIVRES
ENTRETIEN AVEC l’Abbé MARC-ANToINE FoNTEllE
Un monde à exo
La vie spirituelle des
chrétiens ne saurait
se passer de la prise en
compte des puissances
invisibles, positives
ou négatives.
de foi, d’espérance et de charité, dans
la mesure où il consiste fondamentalement à regretter nos fautes en vue
d’obtenir le pardon des péchés véniels,
et à être entouré par la puissance du
Christ.
n Mais qu’est-ce que le monde actuel a à
faire de tout cela ?
n Pourquoi l'invisible est-il aujourd'hui
relégué au rang des mythes et des symboles, même chez les catholiques ?
Abbé Fontelle : Trop de croyants
ont en effet oublié l’importance de l’action des anges et des démons. Ainsi, on
se coupe des grâces quotidiennes des
anges gardiens, et on ne pense plus à
démasquer l’action cachée du démon,
que l’on tend à réduire à des cas extraordinaires très rares, comme les cas de
possession aux effets visibles de transes
par exemple (quand on ne réduit pas
systématiquement ceux-ci à des cas
purement psychiatriques).
On ne voit alors plus l’action ordinaire du démon qui déstructure la personne en détruisant en elle les vertus
théologales de foi, d’espérance et de
charité, et la coupe de Dieu, en l’empêchant de profiter de l’action du SaintEsprit, et de ses sept dons, la crainte
de Dieu, la piété, la science, la force, le
conseil, l’intelligence et la sagesse.
n Vous soulignez dans votre ouvrage sur
l’histoire et la spiritualité de l’eau bénite
les correspondances entre les paroles
du Notre-Père, les dons de l’Esprit, les
Vertus et les Béatitudes.
Marc-Antoine Fontelle,
prêtre du diocèse
de Saint-Denis de la Réunion.
Au niveau de la fin, dire « Que ton
nom soit sanctifié » implique la crainte
de Dieu, la vertu d’espérance et la béatitude des pauvres. « Que ton règne
vienne », la piété, la justice et la béatitude des doux. Au niveau des moyens,
dire « Que ta volonté soit faite »
implique la science, la tempérance et la
« béatitude des larmes ». « Donne-nous
notre pain », le don et la vertu de force,
et la béatitude des affamés de justice.
Quant aux obstacles, dire « Pardonnenous nos offenses », implique le conseil,
la vertu de prudence et la béatitude des
miséricordieux. « Ne nous soumets pas
à la tentation », l’intelligence, la foi et
la béatitude des cœurs purs. « Délivrenous du mal », la sagesse, la charité
et la béatitude des artisans de paix.
Chaque don du Saint-Esprit permet de
pratiquer une vertu.
Dans la pratique religieuse, le signe
de croix que l’on fait en priant ou en
entrant dans une église est un acte
signe de croix est un acte
( Le
de foi, d'espérance et de charité
22 FRANCECatholique n°3238 10 décembre 2010
Comme l’ont déjà remarqué plusieurs papes du XXe siècle, le monde
moderne a perdu le sens du péché. Avec
des retournements moraux presque
inimaginables. Par exemple, s'il faut
en croire certains sondages, beaucoup
de catholiques admettraient désormais
l'avortement comme un moyen acceptable de contraception…
Vis-à-vis des hommes, l’action du
démon au quotidien est la plus dangereuse, car elle agit pernicieusement,
toujours d'abord à dose homéopathique
avant de s'imposer plus brutalement.
Dans la vie publique, on profane
sans même s'en rendre compte le vocabulaire sacré. Tout le monde connaît
l'exemple du sport avec ses « dieux du
stade » pour qui un match important
est une « grand-messe » et j'en passe…
Tout cela semble dans un premier
temps très anodin et puis, un jour, on
découvre que les mots sacrés ont perdu
tout sens.
Le monde de la publicité ou du
show-business véhiculent beaucoup de
modèles de vie négatifs sous un vernis
festif ou tape-à-l'œil. L’homosexualité
masculine ou féminine s'est imposée comme un fait culturel marquant,
d'abord sur des panneaux publicitaires
qui semblaient ne promouvoir que des
coiffures à la mode ou n’importe quel
modèle d’objet de consommation. Mais
orciser
derrière ces modèles matériels, s'est
profilée subrepticement une idéologie antifamiliale. Certains milieux très
introduits dans les médias et dans le
monde politique promeuvent désormais
efficacement la théorie du « gender »,
un anti-modèle censé remplacer la distinction naturelle des deux sexes masculin et féminin.
Enfin, et là n’est pas le moindre
mal, le culte de l’argent a atteint des
proportions phénoménales, avec les
dégâts que l’on sait depuis quelques
années, à l’échelle mondiale, avec les
victimes des scandales financiers.
Tout cela traduit l’évolution pernicieuse d’une société et de milieux dirigeants tragiquement privés de la prière.
n Vis-à-vis des jeunes, l’enseignement
est un domaine sensible à l’importance
capitale…
Sans aucun doute, mais on assisté,
ici encore, ces dernières décennies, à
une déchristianisation de l’enseignement, même dans des écoles officiellement catholiques. Cela a commencé
par la suppression des prières dans les
écoles, puis l’aumônerie et la catéchèse
ont été affaiblies, voire corrodées, et la
transmission de la foi en a énormément
souffert.
C’est ainsi que le relativisme s’est
installé à l’intérieur même de l’Église,
à cause d’une déspiritualisation parfois
conjuguée à un désir de plaire à tout
prix au milieu ambiant.
La prière est la principale réponse
à un tel effritement, tout en travaillant
à un renouveau de la formation en
matière de catéchèse.
Sans ce remède, on se heurte
encore aux dangers multiples du
propos recueillis par Denis LENSEL
détournement du sacré, qui peut mener
à de nombreuses dérives autodestructrices : les sectes, la drogue, certaines
déviances du « hard-rock » et jusqu’à
diverses formes de satanisme qui lui
sont ou non associées et dont on ne dit
quasi jamais rien lorsqu'on évoque les
profanations d'églises ou de cimetières,
qui ont lieu chaque semaine dans ce
pays.
n Quand et comment l’Église pratique-telle l’exorcisme ?
Quand on relit les chapitres 12
et 13 de l’Apocalypse, on retrouve
l’évocation du Dragon qui veut tuer
la Femme et l’Enfant : aujourd’hui, on
retrouve dans ce projet destructeur
la « culture de mort » que dénonçait
Jean-Paul II : addictions très dangereuses pour soi et pour les autres,
avortement, euthanasie ou suicide
assisté ou non, et diverses autres
formes d’autodestruction qui amènent
à soupçonner une intervention diabolique que la prière peut contrer.
On assiste aussi à des cas encore
plus visibles si c'est possible : des actes
monstrueux, blasphématoires, et à des
manipulations des esprits, même hélas
parfois à l’intérieur de milieux catholiques que l’on aurait pu croire prémunis contre de telles dérives. Dans
de tels cas, la prière d'exorcisme peut
avoir des effets salvateurs immédiats
dont il convient de ne pas se priver.
L’exorcisme est d'abord un rituel où
on prie : après une prière d’introduction, on fait une lecture biblique, on
procède à une aspersion d’eau bénite,
à l’imposition des mains, on récite la
litanie des saints, en invoquant par
exemple Notre-Dame de la Délivrance,
on adresse une prière directe de « commandement » aux démons pour les
chasser, puis on termine par une action
de grâce.
n Dans ce contexte, comment définir et
évaluer le phénomène de l’acédie, peu
évoqué aujourd’hui, mais néanmoins
présent ?
Il s’agit d’une tiédeur spirituelle
qui étouffe la dévotion, c’est-à-dire la
promptitude à servir Dieu.
C'est ce qu'évoque le sondage
récemment paru dans l'hebdomadaire
Le Pèlerin, selon lequel seulement 53%
des catholiques prient et seulement
10% prient tous les jours. Pour ne rien
dire des jeunes de 15 à 30 ans qui ne
sont que 27% à prier… 56 % déclarant
même expressément ne jamais prier !
On dépasse l'acédie pour atteindre l'inconséquence…
à travers l’acédie, le démon attaque
d’abord la vertu d’espérance pour s’infiltrer dans notre vie et dans notre
intériorité sous divers camouflages et
sous divers prétextes. Si on n’a plus
confiance en l’Amour de Dieu qui nous
entoure, si on ne croit plus qu’on peut
être lavé de nos péchés, si on ne garde
pas cette espérance fondamentale,
comment va-t-on agir ?
Il n'a jamais été aussi urgent d'expliquer aux Français que la dévotion
authentique peut transformer notre
vie quotidienne en culte de Dieu, à la
lumière du sacrifice du Christ mort
pour nous sur la croix. n
Marc-Antoine Fontelle, L’eau bénite,
histoire et spiritualité, 166 pages,
10 e, et Comprendre et accueillir
l’exorcisme, 188 pages, 13,20 e, éditions Pierre Téqui.
FRANCECatholique n°3238 10 décembre 2010
23
LIVRES
ÉDITH STEIN
Un chemin vers l
par Denis LENSEL
Le prix Humanisme
chrétien a été décerné au
frère carme Didier-Marie
Golay pour son album
« Édith Stein, devant
Dieu pour tous », belle
introduction aux œuvres
de la sainte.
J
uive e t P russienne , philosophe
convertie au catholicisme à la
lecture de l’autobiographie de
Thérèse d’Avila, Édith Stein a fait
le choix radical de la vie de carmélite, avant de mourir dans la chambre
à gaz d’Auschwitz.
Arrêtée par les nazis en 1942 au sein
d’un carmel de Hollande en représailles
après une protestation des évêques de
ce pays contre les rafles antisémites,
Édith Stein, en religion Sœur Thérèse
Bénédicte de la Croix (« bénie par la
croix »), a été béatifiée en 1987 puis
canonisée en 1999 par Jean-Paul II.
Publié par un religieux carme, le Père
Didier-Marie Golay, un très bel ouvrage
collectif(1) illustré de photos saisissantes
vient de recevoir le prix Humanisme
chrétien de l’Académie d’éducation et
d’études sociales. Il retrace l’itinéraire
d’Édith Stein, à l’appui de documents de
grande valeur qui soulignent la portée
surnaturelle de sa vie.
Forte personnalité, Édith Stein était
la fille cadette d’une femme qui, prématurément veuve, mena de front l’éducation de huit enfants et la reprise en
main d’un commerce de bois à Breslau,
capitale de la Silésie.
(
Cette mère lui a donné l’exemple
d’une vie de prière assidue dans la religion judaïque. Toutefois, après une scolarité brillante, elle se détachera de la
pratique religieuse, pour s’absorber dans
la recherche philosophique.
Édith Stein commence ses études
à l’université de Breslau en 1911, trois
ans après l’admission des femmes dans
l’enseignement supérieur en Prusse. Tout
en choisissant la philosophie, elle s’inscrit également à des cours de lettres et
d’histoire. Elle dispense gratuitement des
leçons à des ouvriers des deux sexes, et
milite pour le droit de vote des femmes.
Elle découvre un penseur contemporain très cité, Edmund Husserl, le père
de la « phénoménologie », ayant pour
devise « Aller aux choses elles-mêmes »,
dans un souci de rigueur allié à une
volonté de réalisme. Enthousiasmée,
Édith Stein décide d’aller étudier auprès
de lui, à l’université de Göttingen. Elle
va y rencontrer un groupe de penseurs
qui vont l’adopter, et parmi eux, un
jeune protestant, Adolf Reinach, puis
Max Scheler, représentant un catholicisme dont elle ignore tout.
À l’école de la phénoménologie de
Husserl, Édith Stein choisit de préparer un doctorat sur la compréhension
du « vécu non verbalisé » d’autrui, à la
lumière de la notion d’« empathie », perçue comme « intersubjectivité ».
La guerre de 14-18 éclate. Par
patriotisme prussien, Édith Stein s’engage comme infirmière aux armées,
malgré sa mère… Sa relation aux blessés
et malades va l’éprouver mais l’enrichir
sur le plan humain.
En novembre 1917, à la nouvelle de
la mort de Reinach à la guerre, Édith
Des documents de grande valeur qui
soulignent la portée surnaturelle de sa vie
24 FRANCECatholique n°3238 10 décembre 2010
Stein rend visite à sa veuve Anna : « C’est
elle qui console et réconforte de façon
surnaturelle ceux qui viennent la voir »,
dit-on. Édith constate la force intérieure
que le Christ offre par sa croix.
Elle va lire Bergson et Les Frères
Karamazov. Mais une autre lecture va
se révéler décisive : chez la veuve de
Reinach, l’été 1921, elle choisit de découvrir l’autobiographie de Thérèse d’Avila.
Après y avoir consacré une nuit entière,
elle en conclut que la vérité réside dans
cet engagement chrétien total. Elle va se
faire baptiser dans l’Église catholique le
1er janvier 1922, en la fête de la circoncision de Jésus, avec une marraine protestante, tout en sachant que sa mère vivra
ce changement comme un douloureux
arrachement.
Elle participera chaque jour à l’Eucharistie, après avoir été confirmée par
l’évêque de Spire le jour de la Présentation de Jésus au Temple. Elle va se
révéler une enseignante remarquable
pour les élèves des Dominicaines de ce
diocèse, manifestant une grande disponibilité, ainsi qu’une vie de prière
intense : « Nous devinions en elle
quelque chose de très rare : la totale
harmonie entre l’enseignement et la
vie personnelle », diront ses élèves. Elle
préfère le souci de la personne aux
méthodes toutes faites.
Professeur d’allemand, cette polyglotte traduit de l’anglais des textes du
cardinal Newman, heureuse de découvrir
un autre cheminement vers le catholicisme. Elle aborde l’étude de saint
Thomas d’Aquin, dans le but d’un « débat
entre la philosophie traditionnelle
catholique et la philosophie moderne »
désormais marquée du sceau de la phénoménologie. Une telle démarche sera
aussi le fait de Karol Wojtyla, le futur
Jean-Paul II…
Puis c’est la découverte de l’abbaye
bénédictine de Beuron. Et le début de
nombreuses conférences, notamment
sur la vocation de la femme, lors d’un
congrès à Munich où elle rencontre
l’écrivain Gertrud von Le Fort (2) , auteur
d’un roman qui inspira le Dialogue des
Carmélites de Bernanos, et le cardinal
Faulhaber, futur opposant au nazisme.
Édith Stein voit son rayonnement
s’accroître : francophone, elle est invitée par Jacques et Raïssa Maritain en
France en 1932.
Mais, nouvelle fracture historique
pire que l’été 14, Hitler arrive au pouvoir.
Les Juifs sont interdits d’enseignement.
Édith Stein venait d’écrire que « pour un
chrétien, il n’y a pas d’étranger ».
Peu après, Édith Stein décide d’entrer
au Carmel de Cologne. Pour sa mère
et beaucoup des siens, c’est un nouveau coup, qu’ils considèrent comme un
abandon. Mais l’avenir montrera qu’elle
n’a pas oublié sa condition de juive. Si
elle demande à être appelée Thérèse
Bénédicte de la Croix, c’est en comprenant, explique-t-elle, l’avènement imminent du « sort du peuple de Dieu ».
Dans un ouvrage collectif de la
société Saint-Boniface de Paderborn qui
s’oppose au nazisme, elle rappelle que
le Christ « a prié comme priait un juif
croyant et fidèle à la loi ».
Recevant une image du linceul de
Turin en décembre 1937, la future martyre écrit ces vers : « Et des temps sont
venus où la puissance des ténèbres / a extirpé la foi des cœurs, / et fait pâlir l’étoile
de l’espérance / et se refroidir l’ardeur de
l’amour », mais aussi ceux-ci : « Une paix
d’une profondeur insondable / rayonne des
traits de ce visage / et dit : c’est accompli ».
La Gestapo a repéré sa présence au
Carmel de Cologne. Elle va partir pour
celui d’Echt en Hollande, où sa sœur
D.R.
a Croix
Rosa, convertie à son tour, la rejoint.
Elle écrit : « Le combat entre le Christ et
l’Antéchrist s’est ouvertement engagé. Si
tu te décides pour le Christ, cela peut te
coûter la vie ».
Convoquée à nouveau par la police
nazie, en Hollande après l’invasion de
mai 1940, au « Heil Hitler ! » de ceux qui
lui demandent de spécifier officiellement
sa judéité, elle répond « Laudetur Jesus
Christus ». Le port de l’étoile jaune est
imposé à Édith et à sa sœur sur leur
habit de carmélites. Elles essaient de
gagner la Suisse, sans succès.
Le 2 août 1942, c’est l’arrestation
à Echt : « Viens, nous allons pour notre
peuple », dit Édith à sa sœur Rosa.
Dans son hommage à cette fille du
Carmel issue du peuple juif, Jean-Paul II
dira que sa vie a été « la synthèse de
la pleine vérité sur les hommes ». En
la déclarant sainte après un miracle
aux États-Unis, il a souhaité que son
témoignage « rende plus solide le pont
de la compréhension réciproque entre
juifs et chrétiens ». En la proclamant
co-patronne de l’Europe, il a montré sa
volonté de manifester un idéal « de respect, de tolérance, d’accueil », qui invite
tous « à s’accepter ». n
(1) Didier-Marie Golay, Devant Dieu pour
tous, avec la collaboration de Robert
Arcas, Vincent Aucante, Renée Bedarida,
Jean Dujardin, Michel Dupuis, JeanFrançois Lavigne, Marguerite Léna,
Cécile Rastouin, Marie-Dominique
Richard, Francisco Javier Sancho Fermín,
Le Cerf éditions, collection « Images &
Beaux livres », 316 pages, 48 e.
(2) Gertrud von Le Fort, Écrits de résistance, préface de Didier-Marie Golay,
éditions Via Romana, 110 pages, 15 e.
FRANCECatholique n°3238 10 décembre 2010
25
26 FRANCECatholique n°3238 10 décembre 2010
FRANCECatholique n°3238 10 décembre 2010
27
expositions
Musée de La Vie roMantique
La russie romantiqu
à l’époque de Gogol et pouch
L
La Russie
ne s’est
éveillée que
tardivement
à la peinture,
à la musique
ou à la poésie
Oreste A. Kiprenski
Le Comte Egor
E. Komarovski
(1796-1843),
1823.
fixer des règles…* » Le décalage entre la culture
russe et celle de la France ou des autres pays
européens explique les particularités du mouvement romantique en Russie. Alors que, chez
nous, il a été précédé d’un long passé littéraire et artistique, la Russie ne s’est éveillée
que tardivement, principalement sous Pierre le
© GALeRIe TReTIAkoV, MosCou
© GALeRIe TReTIAkoV, MosCou
’ exposition proposée par le musée de
la Vie romantique rassemble, pour la
première fois à Paris, quelque soixantequinze peintures, sculptures, dessins et
objets d’art représentatifs des règnes
des tsars Alexandre Ier (1777-1825) et Nicolas Ier
(1796-1855). Ces chefs-d’œuvre proviennent de
la Galerie Tretiakov, fondée en 1856 à Moscou
par Pavel Tretiakov. L’industriel et mécène accordait une grande attention à l’acquisition des
œuvres des artistes russes des XVIII e et XIX e
siècles, y compris à la période qui vit l’épanouissement du romantisme. Le terme apparaît
dans la presse russe des années 1810, étroitement associé au concept de patriotisme. Le
romantisme, comme courant artistique, exista en
Russie de la fin du XVIIIe siècle aux années 1850.
« Nous qui sommes habitués à concevoir le
romantisme russe comme un mouvement de
réaction contre le classicisme, devons comprendre qu’en Russie les deux courants se superposent, que les artistes des années 1830 avaient
la double obligation d’écouter leur cœur et de
© GALeRIe TReTIAkoV, MosCou
Le musée de la Vie romantique
présente une sélection d’œuvres
autour du romantisme russe.
Anton I. Ivanov, La traversée du Dniepr par Nikolaï Gogol, 1845.
28 FRANCECatholique n°3238 10 décembre 2010
Fedor P. Tolstoï, Pampre de vigne, 1817.
Karl P. Brioullov
Cavaliers :
Eugène Mussard
(ca. 1814-1896)
et son épouse Émilie
(ca. 1832-1896),
1849.
e
par Alain SoLAri
© GALeRIe TReTIAkoV, MosCou
© GALeRIe TReTIAkoV, MosCou
kine
Vladimir L. Borovikovski
Portrait présumé de Mme de Staël,
née Germaine Necker
(1766-1817), 1812.
Grand, à la peinture, à la musique ou à la poésie.
Auparavant, l’expression artistique était presque
exclusivement liée à la religion : icônes, chants
religieux… Au XVIIIe siècle, les artistes étrangers
affluèrent en Russie. Pour s’en convaincre, il
suffit de penser à saint-Pétersbourg. Les Russes
commencèrent à subir leur influence mais ils
voyagèrent aussi en France, en Italie. Ils s’inspirèrent d’abord des paysages qu’ils y découvrirent.
À cet égard, la mélancolie rêveuse du Clair de * Dominique Fernandez,
lune à Naples est emblématique. elle est signée de l’Académie française.
de sivestr F. Chtchédrine, considéré comme le « La Russie romantique
premier paysagiste russe. Le romantisme passe
à l’époque de Gogol et
Pouchkine, chefs-d’œuvre
ici par le filtre des paysages classiques.
de la galerie Tretiakov,
une multitude d’artistes initiés aux courants
Moscou », au musée de
européens participe à une rénovation des genres.
la Vie romantique,
Les portraits s’adoucissent et se font plus intimes,
Hôtel Scheffer-Renan,
comme celui de Nicolaï Gogol, une des figures du
16 rue Chaptal,
75009 Paris,
génie romantique russe. La toile, due à Fedor A.
Moller, fut peinte en 1840. Gogol lui-même tenait jusqu’au 16 janvier 2011,
tous les jours (10h-18h),
ce portrait comme « le seul qui fut ressemblant ». sauf
les lundis et jours fériés.
Parmi les œuvres exposées de Petr F. sokolov,
Tél. : 01.55.31.95.67,
une aquarelle charmante, fort éloignée de la
fax. : 01.48.74.28.42,
dignité souvent empesée des portraits officiels, www.vie-romantique.paris.fr
représente le grand-duc Alexandre Nikolaïevitch
Romanov, futur empereur Alexandre II. Les paysages oscillent entre ciels nocturnes et nuits
blanches. Dans la Traversée du Dniepr par Nicolaï
Gogol, peinte par Anton I. Ivanov en 1845, les
rayons du soleil couchant caressent la surface
lisse d’une eau calme. La Nuit d’automne sur
le débarcadère aux sphinx met en scène, sous
le pinceau de Maxime N. Vorobiev, la Neva à
saint-Pétersbourg. Plus rarement, il arrive que
l’expression paroxystique des sentiments passe
par le paysage. La Tempête – le chêne foudroyé,
du même peintre, a été perçue comme l’allégorie de la mort de son épouse. Comme leurs
confrères occidentaux, les peintres russes puisent parfois leur inspiration dans l’orientalisme (Turc montant sur son cheval, de karl P.
Brioullov). Mais ils la recherchent souvent dans
leur propre histoire : les chevaux des Cosaques du
fleuve Don, peints par Alexandre o. orlowski, rappellent ceux d’un Delacroix. si l’exposition met en
lumière les influences occidentales sur les romantiques russes, elle dévoile aussi comment ils les
ont traduites à travers leur génie national. ■
FRANCECatholique n°3238 10 décembre 2010
29
MUSIQUE
HARMONIUM
Un instrument ou
Dans beaucoup de
chapelles on trouvait,
jusqu'aux années 1960, des
harmoniums qui ont été le
sommet de la modernité
durant un siècle, comme le
furent ensuite les orgues
électromécaniques, puis
électroniques…
D
publicitaire d’une
livraison de 1845 de La
France musicale, une gravure représente une jeune
personne de la société, en
robe simple et élégante du soir, coiffée comme une héroïne de Musset
ou de George Sand, avec le regard
un peu perdu de celle qui écoute une
harmonie lointaine, assise au clavier
d’un instrument d’une riche et robuste
ébénisterie. Le bas de la robe cache à
peine des pieds délicatement chaussés,
engagés toutefois dans l’anfractuosité d’une soufflerie actionnée par des
pédales. La figurine est accompagnée
d’un texte en capitales : Rue Vivienne,
53, HARMONIUM, Debain, Inventeur,
Médailles Bronze et Argent 1844.
La destination de cet instrument
résolument moderne, désormais muni
d’une dénomination qui fera fortune,
ne fait aucun doute. Ses sonorités
puissantes et douces, son expressivité
persuasive, son caractère fashionable
avaient tout pour en faire le bien-aimé
des salons, et le support idéal des
rêves des jeunes filles. D’ailleurs, les
pensionnats et les maisons d’éducaans la page
(
tion pour jeunes personnes s’en feront
d’ardents promoteurs. On verra même
s’ouvrir des cours de musique spécialisés dans l’enseignement méthodique
et artistique du nouvel instrument, et
très vite se diffuser un répertoire de
transcriptions, de pièces pour voix et
instrument ; d’œuvres originales, souvent soigneusement graduées quant à
la facilité ou la difficulté d’exécution.
Dans les dix ans qui suivent la
parution du petit panneau publicitaire
de Debain, de très nombreux indices
attestent que la pratique du nouvel
instrument s’établit aussi dans les
cérémonies du culte catholique. Un
catalogue de la maison Alexandre énumère les usages auxquels elle destine
son impressionnante production : pour
Salons, Églises, Écoles, Chapelles, etc.
En 1846, F. Danjou se plaint de
ce qu’il considère comme un acharnement publicitaire en direction du
clergé. La réticence du directeur de la
Revue de la musique religieuse, populaire et classique vis-à-vis de la diffusion ecclésiastique du nouvel instrument est manifeste : « On a débité
dans les journaux toutes les billevesées imaginables au sujet des orgues
expressifs, et aussitôt le clergé s’en
est coiffé ; on en a empli les chœurs,
sans savoir si cet instrument aux sons
maigres, stridents et monotones, était
convenable ailleurs que dans un salon
ou dans une très petite chapelle. » (2e
Année, 1846, p. 210).
La position de Danjou, dont l’intransigeance en matière de musique
à l’église lui vaut un nombre considérable de contradicteurs, se heurte,
semble-t-il, à un phénomène dont
l’ampleur provient sans doute du croi-
Un répertoire d'une tout autre nature que
celui de la liturgie solennelle de la messe
30 FRANCECatholique n°3238 10 décembre 2010
sement conjoncturel et convergent
de plusieurs variables : une prospérité
croissante de l’établissement ecclésiastique - séminaires, congrégations
religieuses, maisons d’éducation… Un
attrait pour un équipement à connotation moderne mis en circulation par
des réseaux commerciaux en passe
de constituer un nouveau style de
société, celui des catalogues et des
Grands Magasins. Mais plus décisif,
sans doute, la prégnance d’un courant diffus mais puissant d’une nouvelle sensibilité religieuse, libéré de
la lourde sujétion janséniste, avec la
place faite à une religion du cœur et
des sentiments, dont l’harmonium des
chapelles et des pensionnats pouvait
devenir comme un emblème sonore
avec son répertoire de cantiques, de
pièces expressives et proches de l’âme,
constituant une sorte d’allée et venue
tranquille entre le salon, le jardin et la
chapelle.
C’est ce courant de sensibilité, qui
trouve sa vitalité dans de nouvelles
dévotions et une sociabilité chrétienne plus fervente, que promeuvent, par exemple, les religieuses des
innombrables congrégations diocésaines enseignantes et les associations de piété qui fleurissent ici et là,
avec leurs mois de Marie, cantiques,
images, réunions de piété. À travers
l’ambiance congréganiste, souvent
soutenue par le patronage de quelques
dames de la société, l’harmonium passera du salon à la salle de réunion et
tout naturellement à la chapelle, avec
un répertoire d’une tout autre nature
que celui de la liturgie solennelle de la
messe ou de l’Office. Mais les messes
de Confréries, et bien des messes
basses dites dans les petites chapelles
provisoires que l’on construit aux
extrémités de Paris dans la seconde
par Jean-Yves HAMELINE
blié
moitié du siècle, ne connaîtront pas le
plus souvent d’autre ethos musical que
le son modeste de l’harmonium, suivant un transfert singulier de la classe
aisée à la classe populaire.
À ces nouvelles pratiques répond la
production d’un répertoire qui apparaît certainement comme innovant,
mais dont l’assujettissement au goût
dominant limite très vite l’originalité :
cantiques-romances, motets pour les
saluts et les réunions de piété, pièces
à jouer pendant les messes hautes
et basses, musique de clavier, sans
pédale, à la portée de quelque personne, jeune, ou moins jeune, disposant d’un suffisant talent de société.
De bons artistes tenteront de
trouver un dosage tempéré entre le
style sévère, souvent représenté par la
fugue, et le style mondain du théâtre
et des salons. Ainsi, le Journal des
Organistes, veut proposer à ses lecteurs des morceaux « d’un style à la
fois mélodieux et grave, sans être trop
sévère… D’ailleurs, ajoute l’éditeur,
une musique plus sévère serait pour le
moment peu goûtée en France, mais,
plus légère, elle deviendrait inconvenante. »
Alexandre Guilmant*, dont le Journal des Organistes publiera quelques
pièces, se situera dans cette mouvance, représentant assez bien, et sans
doute plus nettement que ne le feront
les Franckistes, la sensibilité éclectique
d’un catholicisme commun, et d’une
piété artistiquement éclairée, sans être
tenté par une quelconque intransigeance. Musique heureuse. n
* « Noël au salon », morceaux d'Alexandre
Guilmant, par Françoise Masset, soprano,
François Lambret, piano, Kurt Lueders,
harmonium : 15 e, éditions Hortus, 2,
rue Diderot 92600 Asnières.
FRANCECatholique n°3238 10 décembre 2010
31
MUSIQUE
SÉLECTION
Symphonies
Compositions instrumentales
de grande envergure, les
symphonies s'adaptent à
de nombreuses sensibilités
en quête de sommets...
par François-Xavier LACROUX
germaniques ». C’est en fait à un long
moment de passion auquel nous sommes
invités.
André Jorrand (1921–2007) – Symphonie
n°1 pour cordes – Symphonies n°2 & 3 pour
grand orchestre – Nürnberger Symphoniker
– Robert Houlihan, direction – Triton –
TRI331115 - Enregistrement de 1999 paru
en 2002 - 
Anton Bruckner (1824–1896) – Symphonie
n°9 – HR Sinfonie Orchester – Paavo Järvi –
RCA – Sony Music - 88697542572 - Sortie
2009 - 
L
A
ndré jorrand reste loin des ex­
périences sérielles, dodécapho­
niques et viennoises de certains
de ses contemporains. Dans la droite
ligne d’Albert Roussel, Arthur Honegger,
Olivier Messiaen, il représente une forme
d'esprit français, cette recherche de la
pâte sonore, de la couleur mais aussi de
l’harmonie. Ses pages sont donc assez
codifiées mais d’une grande richesse
harmonique.
L’orchestre symphonique de Nurem­
berg n’est cependant pas toujours à la
hauteur de la partition : les attaques
sont souvent molles et les couleurs
parfois bien trop germaniques. Mais
rares sont les chefs et les orchestres
français à s’emparer de ces belles pages
trop souvent délaissées.
(
semblent capter les
ultimes énergies des compositeurs
de symphonies ; celle de Bruckner
n’échappant pas à la règle. Elle restera
d’ailleurs inachevée, le maître ayant
passé plus de sept ans sur les trois pre­
miers mouvements.
Le doute qu’il posa sur ses propres
compositions semble s’être transmis
au public pendant de longues années.
Peut­être à cause du succès de son élève
Mahler autrement plus charismatique ?
L’œuvre de Bruckner ressurgit enfin ces
dernières années au disque et en salles
de concert. Et de découvrir des pages
d’une densité impressionnante.
La lenteur du propos cache aux
yeux du néophyte un bouillonnement
harmonique permanent. La symphonie
brucknérienne est un opéra pour instru­
ments.
L’excellent Paavo Järvi parvient au
sommet avec maestria dans cette acqui­
sition de la Neuvième. Un orchestre fort
et jamais pris en défaut parvient à nous
faire dépasser le qualificatif souvent
attribué à l’œuvre de Bruckner : « de
la musique autrichienne pour oreilles
es neuvièmes
La symphonie brucknérienne
est un opéra pour instruments
32 FRANCECatholique n°3238 10 décembre 2010
Charles-Marie Widor (1844 – 1937)
– Symphonies pour orgue n°2 & 4 –
Grandes orgues Clicquot Cavaillé-Coll de
la cathédrale Saint-Louis de Versailles –
Frédéric Ledroit, orgue – Skarbo – DSK1091
– 2009- 
L
est un mo­
dèle typiquement français, dont
Widor fut largement à l’origine
avec Franck, Saint­Saëns et Guilmant. La
naissance de ce genre est, au XIXe s., le
fruit de l’union entre une facture d’orgue
qui produit des instruments de plus en
plus imposants et de plus en plus colorés,
et une influence orchestrale notable.
La comparaison avec l’orchestre ne
s’arrête d’ailleurs pas à la symphonie
pour orgue, mais fusionne dans la
symphonie avec orgue, dans la célèbre
œuvre de Camille Saint­Saëns. L’orgue
de Widor est donc ici un orchestre à
lui seul, et la structure des pièces suit
fidèlement le genre symphonique. Son
univers musical puise abondamment
dans les suites françaises ou dans le
plain­chant grégorien, notamment le
4e mouvement de la 2e symphonie qui
n’est autre que le Salve Regina, voire
dans le lyrisme de Mendelssohn.
La lecture de Frédéric Ledroit est très
fidèle aux intentions du compositeur. Il
fait sonner admirablement le Cavaillé­
Coll de Versailles. n
a symphonie pour orgue
CINÉMA
Le secret de Chanda
Chanda, 12 ans, habite avec sa mère, dans
une township proche de Johannesburg.
Dans le pays se dessine le spectre du sida.
 Le film alerte sur le besoin de
faire face à cette catastrophe, en évitant
la loi du silence, qui condamne les
personnes malades du sida à disparaître
socialement en attendant la fin. Tourné sur
place, dans la langue locale, ce film colle
à la réalité, en fuyant l'image de la
pauvreté extrême qui devient un cliché. La
jeune Khomotso Manyaka est extraordinaire. Réduit à sa dimension humaine, ce
drame a des accents de vérité et donne
toute sa force au film.
 Les auteurs n'abordent pas
les questions de la prévention du sida.
Le film se limite à dénoncer le refus
de soins pour des raisons sociales.
Georges Collar
Drame sud-africain (2010)
de Olivier Schmitz, avec
Khomotso Manyaka
(Chanda), Lerato Mvelase
(Lilian), Tina Mnumzana
(1h46) (Grands adolescents.)
Sortie le 1er décembre 2010.
Bébé, mode d’emploi
Holly et Éric, qui se détestent, deviennent
les tuteurs du bébé de leurs meilleurs
amis, tués dans un accident de la route.
 Au début, on craint le pire, tant
cette comédie est très américaine, ce qui
signifie artificielle. Pourtant, assez vite, le
charme opère, et les gags sont de plus en
plus nombreux et de plus en plus surprenants. Surtout, derrière la comédie, il y a
l’histoire de tous les couples qui s’occupent, non sans mal, de leur premier
enfant, avec des notations très justes.
L’interprétation, dominée par Katherine
Heigl, révélée par Grey’s anatomy, est pleine
de charme et de fantaisie.
 Il y a plein de notations positives
dans cette histoire de maternité et de
paternité adoptives, mais le contexte est
à la licence des mœurs.
Comédie américaine (2010) de
Greg Berlanti, avec Katherine
Heigl (Holly Berenson),
Josh Duhamel (Eric Messer)....
(1h53). (Grands adolescents.)
Sortie le 8 décembre 2010.
Le MoNde de NArNIA
par Marie-Christine RENAUD d’ANDRÉ
Un monde fantastique
Ce troisième opus des aventures
fantastiques des enfants
Pevensie est produit par la Fox.
P
endant le blitz, à Londres, Lucy et
Edmund habitent chez un oncle.
Tout irait pour le mieux pour eux
s’ils ne devaient supporter leur cousin
Eustace, aussi odieux que prétentieux.
Un jour, dans sa chambre, Edmund
remarque un tableau représentant un
voilier sur la mer. Et voilà que la mer se
met à bouger et que l’eau sort du
tableau et submerge l’enfant, sa sœur et
leur inévitable cousin. Ils se retrouvent
tous trois dans la mer, où ils sont sauvés
de la noyade par le roi Caspian.
 Après les deux épisodes
produits par les studios Disney, c’est au
tour de la Fox de produire cette troi­
sième adaptation des Chroniques de
Narnia de C. S. Lewis. Et c’est Michael
Apted, réalisateur de la série Rome et
d’un James Bond, qui a pris en charge sa
réalisation. Les images sont splendides,
tout comme les effets spéciaux, et elles
servent une histoire mouvementée et
pleine de rebondissements.
Le personnage insupportable d’Eus­
tace est très amusant et volerait presque
la vedette à ses deux jeunes cousins. On
retrouve les animaux qui parlent, en
particulier la réjouissante souris Ripit­
chip. Mais il y a quelques longueurs, et
l’on regrette que le scénario ne soit pas
plus explicite sur bien des questions. Il
reste que le spectacle est magnifique.
 On retrouve, dans ces aven­
tures, l’inspiration chrétienne de C.S.
Lewis, tel le courage, la solidarité, le
(
On retrouve, dans ces
aventures, l'inspiration
chrétienne de C.S. Lewis
dépassement de soi et, surtout, la résis­
tance à la tentation. Le débat est ouvert
­ pour ceux qui apprécient ce genre de
débat ­ pour savoir si ce film peut avoir
une meilleure influence sur les jeunes
esprits qu'un Harry Potter dont il partage
bien des codes esthétiques. ■
Le monde de Narnia « L’odyssée du Passeur
d’Aurore ». Fantastique américain en 3D (2010) de
Michael Apted, avec Georgie Henley (Lucy Pevensie),
Skandar Keynes (Edmund Pevensie), Ben Barnes, Will
Poulter, Gary Sweet, Terry Norris, Tilda Swinton, Bruce
Spence (1h55). (Adolescents.) Sortie le 8 décembre 2010.
Les trois prochains jours
Parce que sa femme chérie a été accusée de meurtre et
emprisonnée, alors qu’elle est innocente, John décide de
la faire évader.
 Cette libre adaptation du film du réalisateur français
Fred Cavayé, Pour elle, sorti il y a un an, a été écrite et
réalisée par Paul Haggis, scénariste réputé de Hollywood,
devenu réalisateur oscarisé avec Collision, en 2005. Mené
tambour battant, ce thriller, qui mêle habilement action et émotion, met en scène un homme
ordinaire qui va tout mettre en œuvre pour sauver sa famille, quitte à franchir la ligne rouge.
Russell Crowe, excellent, conduit une action sans temps mort, mais assez angoissante.
 Il est magnifique, cet amour conjugal, d’autant qu’il repose sur la confiance
totale de John pour sa femme, ce qui nous vaut une très jolie scène. Mais il y a beaucoup
de violences.
Thriller américain (2010) de Paul Haggis, d’après « Pour elle », de Fred Cavayé, avec Russell Crowe (John Brennan), Elizabeth Banks
(Lara Brennan), Brian Dennehy (George Brennan), Olivia Wilde, Liam Neeson (2h13). (Grands adolescents.) Sortie le 8 décembre 2010.
FRANCECatholique n°3238 10 décembre 2010
33
théâtre
« Francesco »
François d'assise, toujours
par Pierre François
«F
rancesco »,
L'humanité
du
personnage
© LOT
au Lucernaire, est une
pièce qui continue tranquillement
Cela donne une pièce aussi vivante que
son bonhomme de chemin. Il s'agit
vive,
régulièrement désopilante – on pense ici
de la vie de François d'Assise vue
à
la
scène
de sa rencontre avec le Pape – et qui
par Dario Fo, lequel a voulu insismet
en
valeur
un François très incarné, lequel,
« Francesco », ter sur l'humanité du personnage : il ne parle
explique
l'interprète,
plaît aux franciscains qui
du mardi au samedi (19h) donc ni des stigmates ni de sainte Claire, par
jusqu'au 31 décembre, viennent voir la pièce.
exemple. Cela ne l'empêche pas de partir d'une
au Lucernaire, Le public n'a aucun mal à visualiser, dans ce
documentation authentique. On se retrouve
53 rue Notre-Dame conte
épique, les épisodes qui lui sont racontés,
donc face à un François truculent joué par des Champs, 75006 Paris, à
commencer
par un François accroché à une
tél. 01.45.44.57.34, un Gilbert Ponté (qui a joué la trilogie des
corde,
projeté
contre
une église et qui finit par
www.lucernaire.fr
Giacomo) à l'emphase toujours aussi italienne
carillonner
avec
sa
tête.
Conclusion de l'épisode
– il mélange d'ailleurs à plaisir les deux lanpar
le
comédien-récitant
: « On le sort de ce
gues – en verve et en mouvement comme on l'a
clocher,
mais
il
est
sonné.
»
C'est ainsi pendant
rarement vu.
tout le spectacle, le récit étant augmenté des
mimiques et emphases d'un Gilbert Ponté aussi
Une femme, un homme...
expressif qu'inspiré. Pas étonnant qu'on soit très
Le mec de la tombe d'à côté est un divertissement bien joué.
vite pris par cette saga aussi merveilleuse que
Chacun des deux personnages est bien typé, sans caricature,
joyeuse, au comique simple voire simpliste, mais
ce qui n'était pas gagné d’avance dans la mesure où l'un des
deux est un paysan.
ravageur et jamais vulgaire.
On regrette juste le côté un peu trop linéaire de la pièce qui
En entretien, le comédien précise les options
devient vite un catalogue des obstacles s'opposant à l'amour
de Dario Fo : montrer un personnage réel qui
entre deux personnes de milieux trop différents. Certes, on est parfois surpris, mais
parle aux hommes et pas seulement aux oiseaux
on sent là plus une méthode que de vrais rebondissements dans l'histoire.
(en effet il avait reçu l'autorisation du Pape de
Ce qui est par contre très bien vu – et constitue l'une des caractéristiques du specraconter l’Évangile aux gens, mais l'iconographie
tacle – est la façon dont chacun interprète les silences ou attitudes de l'autre, évicommandée aux artistes a toujours préféré le
demment de travers. Il y a là un réel enseignement muet sur la nécessité du dialogue
montrer avec les animaux qu'avec les hommes).
dans tout couple, fût-il seulement en formation.
Par ailleurs, Dario Fo cherche à montrer l'actuaOn peut ensuite discuter à perte de vue sur le point de savoir si ce qui enrichit ou
lité du personnage, sans le forcer, mais en mondissout le plus sûrement un couple est la différence culturelle (comme c'est le cas
trant combien il haïssait pouvoir et argent, qui
dans la pièce) ou l'harmonie des phantasmes. Mais, comme aurait dit Kipling, ceci
est une autre histoire... n
rendent malheureux et esclaves. Une fois de plus,
« Le mec de la tombe d'à côté », jusqu'au 1er janvier, du mardi au samedi (19h), matinée
on constate que ce spectacle, comme tous ceux
le samedi (15h) au théâtre de la Renaissance, 20, bld Saint-Martin, 75010 Paris, tél. : 01.42.08.
sur ce saint, est réussi et agit comme un aimant.
18.50, www.theatredelarenaissance.com
Il y a sans doute là plus qu'une coïncidence... n
34 FRANCECatholique n°3238 10 décembre 2010
D.R.
Est-ce un des effets de la sainteté de
François d'Assise ? Toujours est-il qu'on
ne voit pas de mauvaise pièce sur lui.
Celle-là, œuvre de l'anticonformiste Dario Fo,
ne fait pas exception à la règle. C'est un
vrai moment de joie communicative.
TÉLÉVISION
L’âge de glace
L’homme qui voulut être roi
3
DR
par Marie-Christine RENAUD d’ANDRÉ
DR
À Lahore, au temps de la reine Victoria, le
journaliste Rudyard Kipling reçoit les confi­
dences d'une vieil infirme marginal.
 Inspirée d'une nouvelle de Rudyard
Kipling, cette œuvre se déroule devant de
splendides paysages. La somptuosité de la
mise en scène n'a d'égale que l'extraordi­
naire interprétation de Sean Connery et de
Michael Caine. John Huston, qui avait alors
70 ans, demeurait un merveilleux et allègre
conteur.
 Cette fresque, où souffle l'esprit
critique et satirique, est traversée par un
humour anglais réjouissant. Mais une
certaine philosophie fataliste, et, surtout,
des images suggestives et des propos crus
la feront réserver à un public d'adultes.
On retrouve avec grand plaisir
les personnages cocasses de
cet excellent film d'animation.
L
’intérêt des suites, c'est qu'elles
permettent de fidéliser les specta­
teurs, ravis de retrouver leurs héros
favoris. L'inconvénient, c'est qu'il est
souvent difficile de faire mieux que dans
les films précédents. Un écueil que ce
troisième opus a su éviter avec brio.
Tandis que Manny et Ellie, les mam­
mouths, attendent la naissance de leur
premier petit, Sid, le paresseux, meurt
d'envie de connaître, à son tour, les joies
de la maternité. Aussi est­il ravi lorsqu'il
découvre trois œufs dans une grotte. Il
les emporte et attend l'éclosion. Ce qu'il
ignore, c'est que ce sont des œufs de
dinosaure géant !
 Ils sont tous là (Manny, Sid,
Diego, Scrat, Ellie, Crash et tous les
autres), au rendez­vous, et c'est un plai­
sir de les retrouver autant en verve. Car
on ne s'ennuie pas une minute en leur
Aventures britanniques (1976) de John Huston, d'après Rudyard
Kipling, avec Sean Connery (Daniel Davrot), Michael Caine
(Peachy Carnehan), Christopher Plummer (Rudyard Kipling)
(2h09). Diffusion le samedi 11 décembre, sur France 3, à 22h35.
Et au milieu coule une rivière
Comédie dramatique américaine (1992) de Robert Redford,
avec Craig Sheffer (Norman Maclean), Brad Pitt (Paul Maclean),
Tom Skerritt (le révérend Maclean), Brenda Blethyn, Emily Lloyd
(1h58). Diffusion le lundi 13 décembre, sur Arte, à 20h40.
(
Cette intrusion dans le monde
des créatures disparues
permet toutes les audaces
mais aussi leur sens de la solidarité. Ce
film hilarant rend un bel hommage à
l'amour maternel. Mais quelques scènes
avec les dinosaures risquent d'effrayer
les tout­petits. Enfin, ceux qui n'ont pas
vu les épisodes précédents risquent de
rater certains effets comiques de cita­
tion ou de répétition… ■
L'âge de glace 3 « Le temps des dinosaures ». Film
d'animation en 3D américain (2009) de C. Saldanha et M.
Thurmeier, avec les voix de Gérard Lanvin (Manny), Alexis
Tomassian (Eddie), Élie Semoun (Sid), Armelle Gallaud,
Vincent Cassel, Christophe Dechavanne (1h37). Diffusé le
vendredi 17 décembre, sur Canal +, à 20h50.
Rendez-vous en terre inconnue
« Avec Virginie Efira chez les Tsaatans »
France 2 - Adenium - Turpin
Fils d'un pasteur presbytérien, Norman et
Paul grandissent à Missoula, dans le
Montana, au sein d'une famille aimante.
 Adaptation du roman autobiogra­
phique de Norman Maclean, cette œuvre
exprime l'amour que Robert Redford porte
à la splendeur de la nature. On peut lui
reprocher son écologisme un peu désuet,
comme on peut aussi se laisser gagner par
les attraits de cette région à l'état
sauvage, de ces hautes montagnes et de
ces torrents rapides et poissonneux. Quant
à l'histoire de ces deux frères, elle ne
manque ni d'intérêt ni d'émotion.
 Cette œuvre présente avec sim­
plicité et beaucoup de sensibilité les divers
aspects de la vie familiale, ses joies et ses
drames. Quelques images complaisantes.
compagnie, tant ce troisième opus est
d'une drôlerie irrésistible. Cette intrusion
dans le monde des créatures disparues
permet toutes les audaces visuelles, ce
dont ne se sont pas privés les auteurs,
inventant des animaux extraordinaires.
On a à peine le temps de rire d'un gag
que l'on est happé par d'autres dans ce
film épatant. Les progrès techniques de
l'animation sont également bien percep­
tibles même s'il faudrait une télé 3D
pour les apprécier pleinement.
 Ils sont toujours aussi sympa­
thiques, les personnages de ce film
d'animation, avec leurs crises de nerfs,
Ils sont seulement 240 Tsaatans à vivre comme leurs
ancêtres en nomades éleveurs de rennes, à l’extrême
nord de la Mongolie. Ils vivent dans des « urts » et
boivent du thé salé.
 Comme souvent, avec cette passionnante
émission, le début est un peu lent à démarrer. Mais cette
famille, qui a choisi de renoncer au confort pour vivre comme ses ancêtres et connaître
ainsi la vraie liberté, est plus que sympathique : fascinante. Et même si leurs terres inté­
ressent les spéculateurs, car il y aurait de l’or, ils ne sont guère intéressés par l’argent.
Comme la délicieuse Virginie Efira, au sourire si chaleureux, on est sous le charme de ces
gens qui n’ont aucune envie de goûter aux joies de notre civilisation (et à ses perver­
sions !) et sont d’une grande piété religieuse. Magnifique !
Magazine français (2010) présenté par Frédéric Lopez. Diffusion le mardi 14 décembre, sur France 2, à 20h35.
FRANCECatholique n°3238 10 décembre 2010
35
télévision
samedi 11 décembre
Dimanche 12 décembre
lundi 13 décembre
Mardi 14 décembre
TF1
TF1
TF1
TF1
20.45 Un divorce de chien GA.
Arte - National Geographic
présenté par Denis Brogniart.
Drame (2007) de J.-P. Salomé, avec
Téléfilm avec Élie Semoun, Julie
22.15 Qui veut épouser mon
Sophie Marceau, Julie Depardieu,
Ferrier, Christine Citti. 
fils ? Divertissement 2.
Marie Gillain (1h52) 2. 
Dans cette comédie lourde, mais
23.55 New York section crimiUn bel hommage aux femmes
cocasse, le chien remplace l’enfant.
nelle. Série avec V. D’Onofrio 2.
résistantes, mais c’est acadé22.30 New York unité spéciale.
mique et il y a des fautes de goût.
Série avec Christopher Meloni 2.
France 2
22.45 Les experts. Série 3.
01.00 Au Field de la nuit, avec
20.35 Les années bonheur.
Daniel Pennac, Gaspard Proust,
France 2
Divertissement présenté par
Carmen Bramly, Isabelle AlonP. Sébastien, avec Patrick Fiori,
so, Charles Pépin.
émissions religieuses :
El Chato, Zaz, Phil Collins,
France 2
Yannick, Claude Bazotti, Dany 08h30 Émissions religieuses : «Sagesses
Brillant, Fools Garden, Doro- bouddhistes», «Islam», «Judaïca», «Source de
20.35 Cold case : «Scrutin à
thée Jairo, Eddy Grant, Anne vie», «Présence protestante» - 10h30 Le jour du vendre», «Suffragettes». Série
Vanderlove, Richard Gotainer, Seigneur «L'enfant : Naissance» (et à 11h30) - avec Kathryn Morris 2.
Nicoletta, Didier Gustin...
22.05 Complément d’enquête
10h45 Messe en l'église Notre-Dame de
22.50 On n’est pas couché. Stockel, à Woluwé-Saint-Pierre (Belgique).
«Pouvoir d’achat : Et si on augMagazine présenté par
mentait les salaires ?». Maga20.35 Haute voltige GA. Comédie
Laurent Ruquier.
zine présenté par B. Duquesne.
dramatique (1999) de Jon Amiel,
France 3
France 3
avec Sean Connery, Catherine
20.35 Tempêtes J. Téléfilm avec
20.35 Chabada «Spéciale Line
Zeta-Jones
(1h48).
 Un susPhilippe Torreton, Alexia Barlier,
Renaud». Divertissement présenté
pense élégant et très réussi.
Arno Chevrier, Damien Jouillerot.
par Daniela Lumbroso.
22.30 Faites entrer l’accusé
 Ce téléfilm rend hommage aux
23.10 Ce soir (ou jamais !).
«Thommy
Recco,
la
malédiction
sauveteurs en mer. Mais c’est
Arte
des
Recco».
Magazine
2.
assez lourd et artificiel.
France 3
22.35 L’homme qui voulut être
20.35 Un village français : «Le
roi A. Aventures (1976) de John
choix des armes», «La java bleue»
Huston, d’après Rudyard Kipling,
A/Ø. Téléfilm avec Robin Renucci.
avec Sean Connery, Michael Caine,
 Excellent, malgré une
Christopher Plummer (2h09).
scène érotique et une de torture.
(Voir notre analyse page 35.)
22.15 Un village français… Ils y
Arte
20.40 Et au milieu coule une
étaient «L’aryanisation des biens
rivière GA. Comédie dramatique
juifs».
(1992) de Robert Redford, d’après
23.00 Déshabillez-nous «Strip
N. Maclean, avec Craig Sheffer,
burlesque ou la philosophie du
Brad Pitt, Tom Skerritt, Brenda
corset». Documentaire.
Blethyn, Emily Lloyd (1h58).
00.10 Règlement de comptes
(Voir notre analyse page 35.)
GA. Policier en VO et NB (1953)
22.40 Le mal de la jeunesse.
de Fritz Lang, avec Glenn Ford,
20.40 L’aventure humaine «Sur
Comédie dramatique de Dieter
Gloria Grahame (1h30). 
les traces de Sindbad le marin» J.
Berner, d’après Ferdinand BrücUn
film
noir
magistral,
mais
dur.
 Très intéressant.
kner, avec Stella Hilb, Matthias
Arte
21.30 L’aventure humaine
Weidenhöfer, Alina Levshin (1h30).
Entre la vie et la mort
«L’apogée de l’âge de bronze : Le
M6
20.40 À propos d’Henry GA.
triomphe du négoce en Méditer20.45 Gangs of New York A/Ø.
Drame (1991) de Mike Nichols,
ranée».
Drame (2002) de Martin Scorsese,
avec
Harrison
Ford,
Annette
Bening
22.25 Breaking bad (12 et 13/13).
avec Leonardo DiCaprio (2h39) 3.
(1h42).

Une
histoire
originale.
Série avec Bryan Cranston.
 Éblouissant de virtuo22.30 Entre deux mondes «Le réveil
M6
sité, mais assez vain. Des violences
dans une autre vie». Documentaire.
20.45 Pékin Express, duos de
atroces et des scènes sensuelles.
M6
choc «Sur les traces du Livre de la
23.50 Usual suspects A. Policier
20.45 Capital «Ils font tout pour
jungle». Divertissement.
(1995) de Bryan Singer, avec
vous faire craquer à Noël !».
22.40 Enquête exclusive autour
Gabriel Byrne, Kevin Spacey
22.45 Enquête exclusive «Safadu monde «Gangs, favelas, Miss
(1h42).  Bien fait, mais un
ris, trafics et kidnappings : Voyage
Univers : La folie Caracas» 2.
peu obscur et très violent.
au Kenya». Magazine.
Canal +
Canal +
Canal +
20.50 Rapt GA. Drame (2008) de
20.50 Mafiosa (7 et 8/8) A. 3.
20.55 Football «Bordeaux/Rennes».
Lucas Belvaux, avec Yvan Attal,
 Excellent, mais une scène
KTO
Anne Consigny (2h01) 2. 
très sensuelle.
Une excellente et libre adaptation
20.40 La foi prise au mot «Fils de
KTO
de l’enlèvement du baron Empain,
Dieu».
20.40 Le temps des moissons.
mais des images pénibles.
21.45 Caravage, une vie en
Documentaire.
clair-obscur. Documentaire.
KTO
21.45 La vie des diocèses «Saint22.45 Ainsi sont-ils «Intégrale».
20.50 VIP «Emmanuel Chain».
Flour».
23.15 Les mardis des Bernardins
Rencontre avec un producteur TV.
21.15 Églises de France «Église de
«L’art, chemin de conversion ?».
21.45 Concert «Petite messe
Royaumont».
solennelle».
22.25 Parlons-en.
36 FRANCECatholique n°3238 10 décembre 2010
DR
20.45 Les femmes de l’ombre GA.
DR
20.45 Koh-Lanta. Divertissement
20.45 Astérix et Obélix contre
César T. Comédie (1999) de
Claude Zidi, avec Christian Clavier, Gérard Depardieu (1h45).
 Excellent et très amusant.
22.50 Pascal, le grand frère.
France 2
20.35 Rendez-vous en terre
inconnue «Avec Virginie Efira
chez les Tsaatans» T. Magazine.
(Voir notre analyse page 35.)
22.15 Virginie Efira «Retour de
terre inconnue». Magazine présenté par Frédéric Lopez.
23.25 Face aux Français…
«Conversations secrètes». Magazine
présenté par Guillaume Durand.
00.30 Jeux interdits J. Drame en
NB (1951) de René Clément, avec
Brigitte Fossey, Georges Poujouly
(1h42).  Un bouleversant
chef-d’œuvre.
France 3
20.35 Les imitateurs font leur
show. Divertissement présenté
par T. Young, avec Liane Foly,
Michel Drucker, Dany Brillant,
Véronique Sanson, Didier Gustin...
23.00 Ce soir (ou jamais !).
Arte
Danger infarctus
20.40 Infarctus «Mieux vaut prévenir que guérir» J.  Très intéressant.
21.35 Coup de semonce J. .
22.25 Vénus & Apollon (1 et 2/8)
A/Ø. Série avec Brigitte Roüan,
Maria de Medeiros.  Pas
mal, mais un peu confus et tordu.
00.00 Arte lounge «Best of».
M6
20.45 L’espoir de l’année «Artisan esthéticienne». Divertissement
présenté par Karine Lemarchand.
22.30 Profession artisans «Fiers
de l’être».
Canal +
20.50 Agora A. Drame (2009) de
Alejandro Amenábar, avec Rachel
Weisz (2h01) 2.  Ce film
brillant est très anti-chrétien et
historiquement inexact.
KTO
20.40 Les mardis des Bernardins «Les nouvelles technologies
vont-elles réinventer l'homme ?».
21.45 Mille questions à la foi «Pourquoi on ne parle jamais de Joseph ?».
22.15 Églises de France «Église
de Longsport».
22.25 VIP «Emmanuel Chain».
télévision
Mercredi 15 décembre
Jeudi 16 décembre
vendredi 17 décembre
TF1
TF1
TF1
20.45 RIS police scientifique :
«Retour de flammes», «Tu seras un
homme», «Sang froid». Série avec
Philippe Caroit, Pierre-Loup Rajot,
Stéphane Metzger 2.
23.30 Esprits criminels. Série
avec Mandy Patinkin 3.
France 2
20.35 Envoyé spécial : «Les dessous des marchés de Noël», «Le
homard, pinces sans rire»,
«Enquête sur les Roms». Magazine
présenté par Guilaine Chenu et
Françoise Joly.
22.50 Infrarouge : «Françafrique
(2/2) : L’argent roi», «Le temps des
otages». Documentaires.
France 3
20.35 Louis la brocante «Louis et
les pots cassés». Téléfilm avec
Victor Lanoux, Évelyne Buyle,
Nadia Barentin.
22.45 Ce soir (ou jamais !). Magazine présenté par Frédéric Taddéï.
Arte
20.45 Koh-Lanta «Finale». Divertissement présenté par Denis Brogniart.
23.15 Qui veut épouser mon
fils ? Divertissement 2.
France 2
20.35 Le grand défi des animateurs. Divertissement présenté
par Julien Courbet, avec Stéphane
Bern, Audrey Chauveau, Christine
Bravo, Éric Naulleau, Tex, Laurent
Ruquier, Julie Raynaud, Nathalie
Corré, Thomas Hugues, Nelson
Monfort, Michael Gregorio.
dimanche 19 décembre à 14h30).
DR
femme», «Meurtre sous hypnose»,
«Séminaire rouge sang». Série avec
Simon Baker, Robin Tunney 2.
23.15 «V». Série avec Logan Huffman 2.
France 2
20.35 Fais pas ci, fais pas ça :
«Le problème avec ma mère», «La
frite et le dindon» GA. Série avec
Isabelle Gélinas, Bruno Salomone,
Valérie Bonneton, Guillaume de
Tonquédec.  Le premier
épisode est hilarant, le second n’a
pas été présenté à la presse.
22.25 Dans l’univers de «Patrick
Fiori». Magazine présenté par
Laurie Cholewa.
France 3
20.35 Des racines et des ailes
«Hôtels de légende, le renouveau».
23.00 Ce soir (ou jamais !). Magazine présenté par Frédéric Taddéï.
Arte
20.40 Les mercredis de l’histoire «Staline - Molotov : Le tyran
et son double». Documentaire.
22.10 Le dessous des cartes
«Risques naturels, tous inégaux».
France 2
20.45 Mentalist : «Regard de
DR
20.40 Mission to Mars GA.
22.25 Yi Yi J. Comédie dramatique
en VO (1999) de Edward Yang,
avec Wu Nianzhen, Issey Ogata,
Elaine Jin... (2h53).  Ce film
magnifique retrace une belle vie
d’homme, acceptée sans regrets
inutiles. En prime, il y a une discrète note spirituelle.
M6
20.45 La France a un incroyable
talent «1/2 finale». Divertissement présenté par Sandrine Corman et Alex Goude, avec Sophie
Edelstein, Gilbert Rozon, Dave.
23.00 La France a un incroyable
talent, ça continue.
23.50 Dany Boon «Waïka». Divertissement.
Canal +
20.50 Global steak «Demain nos
enfants mangeront des criquets».
Documentaire.
KTO
20.40 Jean Piat, une aventure
libanaise. Documentaire avec le
père Mansour Labaky.
21.45 Un cœur qui écoute
«Jocelyne Tarneaud».
22.10 Églises de France «Église
de Triel».
22.20 La foi prise au mot «Fils de
Dieu».
Science-fiction (2000) de Brian
DePalma, avec Tim Robbins, Gary
Sinise, Kim Delaney... (1h50).
 C’est techniquement bien
ficelé, mais l'histoire n'est guère
satisfaisante, et la dimension
métaphysique bien confuse.
22.30 Sting «Live in Berlin».
00.00 Tracks «Spécial global».
M6
20.45 Lie to me : «Sœurs ennemies», «Un mensonge de trop», «La
vie comme elle est», «Les infiltrés».
Série avec Tim Roth 2.
00.00 Sons of anarchy. Série
avec Adam Arkin 3.
Canal +
20.50 Les piliers de la terre
(3 et 4/8) A. Série d’après Ken Follett, avec Ian McShane, Donald
Sutherland, Matthew Macfadyen,
Rufus Sewell 3. 
Ces épisodes montrent que, à
l’époque, la foi était très profonde. Il y a une petite scène suggestive, dans le premier épisode.
KTO
20.40 L’esprit des lettres. Magazine littéraire présenté par JeanMarie Guénois, avec Jean de
Viguerie, frère Dominique-Marie
Dauzet, Michel Feuillet.
22.15 Églises du monde.
22.45 Concert «Petite messe
solennelle».
RaDios
Radio Notre-Dame
Samedi 11 décembre
7h49 Le billet de Tugdual Derville.
Lundi 13 au vendredi 17 décembre
7h06, 8h15, 11h06 La chronique de
Gérard Leclerc.
Mardi 14 décembre
16h Parole et Musique "Carnaval
baroque à l’Opéra comique", Vincent Dumestre et le poème harmonique.
Vendredi 17 décembre
16h Agenda Musical "La musique
sacrée composée pour le temps de
l'Avent : œuvres de J. S. Bach, Buxtehude, Mozart...", Gilles Cantagrel (musicologue). (et aussi
22.50 L’illusion comique J. Téléfilm de Mathieu Amalric, d’après
Pierre Corneille, avec Muriel
Mayette, Jean-Baptiste Malartre...
(Voir notre analyse ci-contre.)
France 3
20.35 Plus belle la vie «Enquêtes
parallèles». Série avec Caroline
d’Inca, Aurélie Vaneck.
22.55 Vie privée, vie publique.
Magazine avec Shirley et Dino,
Marc Jolivet, Dove Attia.
00.25 Toute la musique qu’ils
aiment «La Sicile de Roberto
Alagna».
Arte
20.40 Romy Schneider «Un portrait en trois notes» GA. 
Un portrait maniéré, mais de
beaux témoignages.
22.15 Les dernières nouvelles
du sexe (3). Documentaire.
22.55 Grand format «Camarades
cosmonautes». Documentaire.
M6
20.40 NCIS, enquêtes spéciales :
«Chasseur de trésor», «Jane Doe»,
«Terrain miné», «Dommages collatéraux». Série avec Mark Harmon,
Michael Weatherly 2.
00.10 Californication. Série 3.
Canal +
20.50 L’âge de glace 3 «Le temps
des dinosaures» T. Film d’animation (2009) de C. Saldanha et
M. Thurmeier (1h31). (Voir notre
analyse page 35.)
KTO
20.40 Les Missions Étrangères de
Paris : Corée du Sud», avec le père
Georges Colomb, le père Gilles
Reithinger et le père Alain Bourdery.
21.45 La famille en questions
«Familles séparées par la prison ?».
22.15 Églises de France «Église
de Champeaux».
22.30 Le temps des moissons.
RCF
Dimanche 12 décembre
22h Témoin "Père Nicolas Buttet"
(fondateur de la Fraternité Eucharistein).
Lundi 13 décembre
14h30 Halte spirituelle "L'humilité", avec le Père Jean de la CroixRobert (moine bénédictin). (Tous les
jours, à 14h30 et 20h45.)
Mardi 14 décembre
17h Grand Angle "Agir et raconter,
des témoignages formidables" (et
aussi à 23h).
Jeudi 16 décembre
13h30 Dialogue "Mgr Henri Teissier
et l'église dans l'histoire d'Algérie",
avec Martine de Sauto (journaliste).
France Culture
Dimanche 12 décembre
10h Messe. "Troisième Dimanche
de l'Avent", depuis l'église NotreDame de Bonne Nouvelle, 25 rue
de la Lune, 75002 Paris. Prédicateur : Père Antoine de Monicault.
Commentée par le Frère Laurent
Lemoine.
Marie BIZIEN
sur France 2
Vendredi 17 décembre à 22h50
L’illusion comique J
Un père cherche son fils, qu’il a
chassé dix ans auparavant.
 En voulant moderniser le
beau texte de Pierre de Corneille,
Mathieu Amalric l’a rendu souvent incompréhensible. La qualité
de l’interprétation des comédiens
du Français ne permet pas d’oublier les maniérismes de la réalisation. Il reste que la langue de
Corneille est toujours magnifique
et fait oublier bien des défauts.
 Il est regrettable que cette
modernisation passe par des
images suggestives.
T : Toutpublic
Repères
J : Adolescents
GA: Grandsadolescents
A : Adultes
Ø : Œuvre(ouscène)nocive
 : Elémentpositif
: Elémentnégatif
FRANCECatholique n°3238 10 décembre 2010 37
BLOC-NOTES
Paris
✔ La chapelle Notre-Dame du
Lys organise une représentation
unique des Baladins de l’évangile
"Revivre, au fil de 16
tableaux vivants, une représentation théâtrale et spirituelle sur
les Mystères du Rosaire", le 12
décembre (16h), 7 rue Blomet,
75015 Paris. Sur une musique
de Daniel Facérias, la voix de
Michaël Lonsdale et quelque
vingt jeunes vous entraîneront sur
les pas de Celui qui est la voie, la
vérité, la vie à travers la représentation des Mystères du Rosaire.
Rens. : ✆ 01.45.67.81.81.
✔ La 5 e édition des
Féeries d’Auteuil présente l’exposition «Un
métier, une crèche»
[ou sont représentés
les métiers de la maroquinerie, de la menuiserie, de la pâtisserie,
eau le travail de la pierre...]
Cad
jusqu'au 19 décembre (11h-19h)
(fermé le lundi), 40 rue Jean de
la Fontaine, 75016 Paris. Les
Féeries d’Auteuil, c'est aussi
le marché de Noël, avec une
gastronomie traditionnelle (fromages, vins, pâtisseries, chocolats, crêpes…) ; des pièces artisanales ; des créations originales
(mode, bijoux, objets de décoration, tableaux…) ; des santons
de Provence ; des sapins et des
produits maraîchers... Rens.
✆ 01.44.14.72.15.
✔ La représentation de la pièce
"Les Enfants du Temple" [qui
concerne l'emprisonnement
des enfants de Marie-Antoinette
et Louis XVI, dans la Tour du
Temple. Plaidoyer pour l'enfance
maltraitée et évocation de ce
triste évément de notre Histoire],
aura lieu le 8 janvier (17h) à la
salle Saint Léon, 11 place du
Cardinal-Amette, 75015 Paris.
Réservations au ✆ 08.92.68.36.
22, ou sur www.fnac.com.
✔ Une exposition d’art de Patrice
Laurioz "Peintures orientalistes,
✂
africanistes", "Haut-Atlas marocain", est ouverte à la Galerie
du Vert-Galant, 52 quai des
Orfèvres, 75001 Paris, jusqu'au
15 décembre (10h-19h). Rens. ✆
01.39.51.82.65. patrice.laurioz@
neuf.fr / http://lauriozgraf.free.fr
✔ «Sœur Emmanuelle, le
temps du plus grand amour» à
la Crypte Saint-Sulpice, 33 rue
Saint-Sulpice, 75006 Paris, une
pièce conçue et interprétée par
Françoise Thuriès, mis en scène
par Michael Lonsdale,
du 16 décembre au
13 février 2011, du
mardi au samedi
(20h30), dimanche
(15h). D’une grande
intensité, ce spectacle
évoque avec force et sensibilité
la vie et l’âme de la chiffonnière
du Caire. Une création de la
Compagnie Grâce au Ciel, librement inspirée des "Confessions
d’une religieuse", de Sœur
Emmanuelle (2008, Ed. Flammarion).
Tarif 15 e / 10 e. Réservations au
✆ 06.79.22.38.59.
✔ Les Semeurs d'Espérance
organisent une Nuit d'Adoration, "Pour nous préparer à
Noël", avec Rémi Brague et le
père Alain Carron de la Carrière,
le 17 décembre. Rendez-vous
à 20h15 à l'église St Gervais,
75004 Paris (entrée par le 13
rue des Barres), avec votre sac
de couchage et votre tapis de
sol. Programme : Témoignage,
messe, adoration guidée, relais
devant Jésus. Participation libre.
Rens. ✆ 06.13.16.29.08 / info@
semeurs.org / www.semeurs.org
✔ Le département Religions
et Cultures du Centre Sèvres,
Facultés jésuites de Paris, 35 bis,
rue de Sèvres, 75006 Paris, ✆ 01.
44.39.75.00, fax 01.45.44.32.06,
annonce les 21 (19h15-21h30)
et 22 janvier 2011 (9h30-13h)
son colloque annuel "L'au-delà
dans son rapport à la vie, selon
les diverses traditions religieuses",
avec Agnès Kim (responsable du
département Religions et Cultures,
Centre Sèvres), Dennis Gira (spécialiste du bouddhisme) , Patrice
FRance
catholique
HEBDOMADAIRE
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Chant grégorien, polyphonies et monodies.
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d’accès et de rectification aux informations vous concernant. par notre intermédiaire, vous pouvez être amenés à recevoir des propositions d’autres entreprises. Si vous ne le souhaitez pas, il suffit de nous écrire ou de nous téléphoner et il en sera tenu compte immédiatement.
Yengo (socio-anthropologue), JeanMarie Carrière (s.j., Centre Sèvres),
Geneviève Comeau (Xavière, Centre
Sèvres)... www.centresevres.com
Indre
✔ Au Sanctuaire Notre-Dame de
Pellevoisin, 3 rue Notre-Dame
36180 Pellevoisin, ✆ 02.54.39.
06.49, fax 02.54.39.04.66 /
[email protected], des
retraites sont prévues dans un climat silencieux et familial, avec
des conférences, et au rythme
de la liturgie : du 22 au 25
décembre, une retraite de Noël
«Il est venu chez les siens !»
avec frère éric et frère Basile.
Une retraite du 1er de l'an, du
31 décembre (10h) au 1er janvier
(14h), pour commencer l’année
avec la Vierge Marie «Ne perds
pas les grâces qui te sont données
et publie ma gloire» (3 e app),
avec frère Renaud-Marie.
Oise
✔ à La Ferme de Trosly, B.P. 21,
23 rue d'Orléans, 60350 TroslyBreuil, ✆ 03.44.85.34.70, fax 03.
44.85.34.71, des récollections
auront lieu avec Jean Vanier
(Fondateur des communautés de
l'Arche et de Foi et Lumière) : Temps
de Noël, du 21 au 25 décembre,
«Jésus, source d'unité» ; du 27
décembre au 1 er janvier 2011,
«Jésus, espérance dans un
monde divisé».
Morbihan
✔ Une retraite est organisée du
26 (14h) au 31 décembre (midi),
sur le thème "Fonder sa vie sur le
Christ à l'école de Saint Benoît",
animée par Don Larroque
(Communauté Saint Martin), à l'Abbaye Saint Michel de Kergonan,
56340 Plouharnel. Rens. ✆ 02.
97.52.32.14 / 06.10.61.36.10
/ [email protected] / site :
www.saintmicheldekergonan.org
Fondation des Apprentis d'Auteuil
✔ La Fondation des Apprentis
d’Auteuil a lancé le premier
calendrier de l’avent interactif
sur : www.calendrierdelavent.org
Le calendrier en ligne
de l’Avent 2010, illustré par Maïte Roche
(écrivain de livres pour
enfants), propose un ren-
dez-vous quotidien sur
internet, pour préparer
un vrai cheminement vers Noël,
jusqu'à l’épiphanie avec l’arrivée
des Mages. Plus de 70 personnages sont mis en mouvement,
29 animations, 16 jeux, 3 bricolages (décoration de Noël…).
« Chantons La Fontaine »
✔ Les Fables de Jean de la
Fontaine sont indémodables,
modernes, poétiques et implacables. La nouvelle comédie musicale
« C h a n t o n s La
Font aine», de
Jean-Jacques
Debout, se
joue par les
jeunes artistes
du Jeune Ballet de l’Académie
Internationale de la Danse, au
Théâtre du Jardin d’Acclimatation du Bois de Boulogne,
75116 Paris, jusqu’à Pâques
2011, les mercredis, samedis et
dimanches (14h30 et 16h30) et
les lundis pendant les vacances
scolaires. Tarif : 13,50 e, accès
au Jardin inclus.
www.chantonslafontaine.com
www.jardindacclimatation.fr
« Les Prêtres »
✔ « Les Prêtres » sont invités sur les plateaux de télévision : 66 Minutes sur M6, le 12
décembre ; Vivement Dimanche
sur France 2, le 12 décembre
avec "Il faudra leur dire" ;
Spécial Noël sur France 3, avec
"Il est né le Divin Enfant" ; (avec
les Petits Chanteurs à la Croix
de Bois) "l'Ave Maria" ; Les 500
Choristes fêtent Noël sur TF1,
avec "Il est né le Divin Enfant",
"Spiritus Dei (Sarabande)", l'"Ave
Maria"... ; avec Mgr di Falco.
Ils seront en concert en 2011 :
le 8 février à la cathédrale de
Nancy ; le 9 février à la cathédrale Notre-Dame de Verdun ;
le 10 février à la cathédrale
Saint-étienne de Chalon-enchampagne ; le 11 février à
la cathédrale Saint-étienne de
Meaux.
Toujours disponibles : l'album
"Spiritus Dei", le coffret collector (CD avec titres inédits + DVD
+ le calendrier + la lettre de Mgr
di Falco), le DVD du concert à
la Cathédrale Notre-Dame de
Rouen.
Une partie des recettes est
reversée à l'Association caritative Spirale présidée par Mgr
di Falco-Léandri pour financer notamment une école à
Madagascar et un lieu de culte
à Notre-Dame du Laus (Diocèse
de Gap).
Pour passer un communiqué,
contactez : [email protected]
fax 01.46.30.04.64 ou inscrivez-le sur :
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FRANCECatholique n°3238 10 décembre 2010
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