n°3238 10 décembre 2010
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france-catholique.fr ISSN 0015-9506 FRANCE Catholique 86 année - Hebdomadaire n° 3238 - 10 décembre 2010 Wikileaks : La diplomatie numérique page 5 Damien Le Guay : « La cité sans Dieu » pages 12 à 15 Édith Stein : Un chemin vers la Croix pages 24-25 Le Mont Saint-Michel désensablé pages 8 à 11 3€ BRÈVES FRANCE POLITIQUE : Le Conseil d’État a examiné le 3 décembre un recours contre les élections régionales en Île-de-France qui avaient conduit à la réélection de J.-P. Huchon (PS) à la présidence ; le rapporteur public a requis l’inéligibilité de ce dernier. ÉLECTRICITÉ : En raison du froid, un nouveau pic de consommation a été atteint le 2 décembre à hauteur de 94 200 mégawatts ; EDF a dû s’approvisionner sur le marché de gros où les prix ont flambé. L’Autorité de sûreté a autorisé le 4 décembre une augmentation de la durée de vie des centrales nucléaires. ChômAgE : Le taux de chômage est resté stable à 9,3% de la population active au troisième trimestre de 2010. SANTÉ : Un nouveau pas a été franchi en matière de chirurgie thoracique, a-t-on appris le 29 novembre : la greffe de la trachée ; cette opération réalisée par une équipe de chirurgiens français à partir des propres tissus des malades, a été tentée sept fois ; cinq malades sont en vie et mènent une existence normale. ART : 271 œuvres inconnues de Picasso des années 1900 à 1932 ont été récemment découvertes chez un couple de la Côte d’Azur qui souhaitait obtenir des certificats d’authenticité ; ces œuvres auraient été données au mari par le peintre lui-même ce que les héritiers de Picasso contestent. POLICE : À la suite du décès d’un Malien qui avait reçu deux décharges de Taser le 30 novembre à Colombes, la polémique est relancée sur le degré réel de dangerosité de cette arme utilisée par la police. Les polices française et italienne ont interpellé le 30 novembre les chefs d’une bande de jeunes d’origine yougoslave à qui l’on attribue 60% des vols commis dans le métro parisien. mONdE CLImAT : Le sommet de Cancun (Mexique) s’est tenu du 29 novembre au 10 décembre pour la 16e Conférence des Nations unies sur les changements climatiques avec la participation de 194 pays ; il s’agissait de trouver un accord sur les émissions de gaz à effet de serre après l’échec de Copenhague en décembre 2009. AgRICULTURE : Les ministres européens de l’Agriculture ont entamé le 29 novembre à Bruxelles leurs négociations pour définir les enjeux de la Politique agricole commune entre 2014 et 2020. EUROPE : La Commission a annoncé le 30 novembre l’ouverture d’une enquête sur Google pour abus de position dominante. L’euro est retombé le 30 novembre, pour la première fois depuis dix semaines, sous la barre de 1,30 dollars. En France, le président du groupe UMP du Sénat, Gérard Longuet, a déclaré le 4 décembre que le rachat de la dette des pays très endettés par la Banque centrale européenne devait s’accompagner d’efforts drastiques d’assainissement des dépenses pu bliques, en concluant : « Ou on sort de l’euro, ou on sort des 35 heures » ! Les ministres des Transports de l’Union européenne ont 2 FRANCECatholique n°3238 10 décembre 2010 décidé le 3 décembre de relier leurs bases de données sur les infractions routières CôTE d’IVOIRE : Après que la commission électorale ait annoncé le 2 décembre la victoire d’Alassane Ouattara à l’élection présidentielle avec 54% des voix, le Conseil constitutionnel, proche du président sortant Laurent Gbagbo, a jugé ce résultat non valable et proclamé Gbagbo vainqueur avec 51% des suffrages. Le secrétaire général des Nations unies a été le premier à reconnaître la victoire de Ouattara ; la responsable de la diplomatie européenne, Catherine Ashton, lui a emboîté le pas. Le président Sarkozy a également félicité le « président élu » et demandé à Gbagbo de « respecter la volonté du peuple ivoirien ». L’ancien président sud-africain, Thab Mbeki, est arrivé le 5 décembre à Abidjan pour tenter une médiation. INdE : Le président Sarkozy a entamé le 3 décembre une « visite de travail » de quatre jours en Inde qui s’inscrit dans 2009 sur la fourniture par Areva de deux à six centrales nucléaires et d’obtenir le soutien de New Delhi sur les dossiers du G20 pendant la présidence française. IRAk : Les forces de sécurité ont déjoué fin novembre un attentat contre l’ambassade de France à Bagdad. ISRAëL : Plus de 40 personnes ont péri dans l'énorme incendie du Mont Carmel faisant rage depuis le 2 décembre près du port d’Haïfa ; le Premier ministre a demandé l’aide internationale. ESPAgNE : Le trafic aérien totalement paralysé le 3 décembre par une grève sauvage des contrôleurs a conduit le gouvernement Zapatero à confier à l’armée la gestion du contrôle aérien ; après la proclamation de l’état d’alerte, les agents ont commencé à regagner leur poste le 4 décembre. TENNIS : La Serbie a remporté le 5 décembre à Belgrade sa première Coupe Davis en battant la France par trois victoires à deux. la ligne des relations bilatérales resserrées depuis la visite de Jacques Chirac en 1998 ; cette rencontre aura notamment pour objectifs de concrétiser un accord de FOOTBALL : Les coupes du monde de 2018 et 2022 ont été attribuées le 2 dé cembre respectivement à la Russie et au Qatar. J.L. ÉDITORIAL SOMMAIRE Habermas, ACTUALITÉ 4 5 6 7 Solférinologie SOCIALISTES Alice Tulle Diplomatie numérique WIKILEAKS Yves La Marck Premiers pas de Kim III CORÉES Y.L.M. Imbroglio présidentiel CÔTE D'IVOIRE Gabriel Delacour ÉDITION 8 12 ALBUMS Au Mont Saint-Michel PHILOSOPHIE Dieu et la démocratie Brunor / Brigitte Pondaven Damien Le Guay / Paul Chassard ESPRIT 16 18 19 20 22 24 3e dimanche de l'Avent LECTURES Père Michel Gitton DIEU ET LA SCIENCE Ma voiture a-t-elle soif ? Bertrand Souchard Irak ECCLÉSIA ANIMAUX DANS L'ÉVANGILE La poule Tugdual Derville Un monde à exorciser LIVRES Abbé Marc-Antoine Fontelle / Denis Lensel LIVRES Édith Stein, un chemin vers la Croix Denis Lensel MAGAZINE 26 28 30 32 33 Un os dans Évolution (suite) B.D. Brunor EXPOSITIONS La Russie romantique Alain Solari MUSIQUE Un instrument oublié Jean-Yves Hameline Symphonies MUSIQUE François-Xavier Lacroux CINÉMA « Le monde de Narnia », « Le secret de Chanda », « Bébé, mode d'emploi », « Les trois prochains jours » M.-C. Renaud d'André 34 THÉÂTRE 35 TÉLÉVISION « L'âge de glace 3 », « L'homme qui voulut être roi », « Et au milieu coule une rivière », « Chez les Tsaatans » TÉLÉVISION Votre début de soirée 36 38 « Francesco », « Une femme, un homme » Pierre François M.-C. Renaud d'André M.-C. R. d'A. BLOC-NOTES Vie associative et d’Église Brigitte Pondaven COUVERTURE : DESSIN BRUNOR/PHOTO DANIEL FONDIMARE © ÉDITIONS JEAN-MICHEL PLACE Écoutez la chronique de Gérard Leclerc, chaque semaine sur : le religieux et l'universel L texte paru en français du philosophe allemand Jürgen Habermas constitue une vigoureuse invitation à reconsidérer l'éclairage du religieux dans le cadre de la cité moderne. Préfaçant un ouvrage de jeunesse de son collègue américain, aujourd'hui décédé, John Rawls, le penseur de la Communication insiste particulièrement sur la relation entre la raison et la foi. Rawls était un jeune homme croyant, qui voulut même être prêtre dans l'Église presbytérienne. S'il perdit la foi plus tard, il n'oublia jamais ce qu'elle lui avait appris notamment en ce qui concerne la vie morale. Et Habermas d'insister : ceci reste d'une rigoureuse actualité. On n'est pas surpris par une telle prise de position, qui correspond à des convictions exprimées, par exemple, lors d'une rencontre mémorable avec le cardinal Joseph Ratzinger à Munich en 2004. Mais il est par Gérard LECLERC intéressant de comprendre qu'Habermas, loin de renier sa pensée essentielle, ne fait que la confirmer. L'exigence de rationalité et universalité qui est sienne depuis l'origine de son œuvre se trouve achevée et non niée par l'apport de la Révélation biblique. Il n'entre nullement dans le débat contemporain du multiculturalisme où il s'agit de faire cohabiter les identités, les mémoires et les particularismes. C'est en vertu de son humanisme et de sa tradition philosophique universaliste que le penseur est en quête d'approfondissement anthropologique. Ce faisant, il inquiète un certain nombre de gens qui refusent par principe l'ouverture à la théologie mais aussi à un certain nombre de repères éthiques. Ainsi Habermas est-il suspect d'esprit réactionnaire, on met en cause sa préoccupation à propos de la dérive des mœurs, du suicide assisté, des manipulations génétiques, de l'avortement et, plus généralement, des transgressions de la recherche scientifique. Ne conviendrait-il pas plutôt de saluer l'effort ultime du théoricien de la démocratie moderne au service de la sauvegarde de notre humanité ? Il faut lire et comprendre Habermas, témoin de l'Universel. ■ E DERNIER John Rawls, Le péché et la foi, écrits sur la religion, postface de Jürgen Habermas, éd. Hermann, 370 pages, 33 €. FRANCECatholique N°3238 10 DÉCEMBRE 2010 3 ACTUALITÉ SOCIALISTES Solférinologie Ségolène Royal est candidate. Dominique Strauss-Kahn parle mais ne dit rien. Martine Aubry se tait. L’analyse de ce qui se trame rue de Solférino est un art difficile. E n ce début décembre, il existe deux certitudes et deux seulement. La première concerne les primaires organisées par le Parti socialiste : elles auront lieu l’année prochaine et, à la différence des élections internes de 2006, tous les Français pourraient y participer, à condition qu’ils soient inscrits sur les listes électorales et qu’il paient un euro. Ce qui est certain débouche sur l’incertain : la procédure est inédite, nul ne sait combien de Français y participeront (entre 500 000 et trois millions...) et rien ne dit que des militants de droite ou d’extrême gauche - ou vous et moi ne viendront pas tenter des manœuvres d’élimination d’un candidat jugé dangereux. La deuxième certitude est que Ségolène Royal sera candidate à ces primaires. Son engagement précipité a été une surprise car Martine Aubry avait annoncé que sa rivale entérinait le pacte de non-agression conclu avec Dominique Strauss-Kahn. Mais la perdante de 2007 a voulu précipiter le mouvement afin de retrouver devant l’opinion publique le statut de présidentiable qu’elle avait perdu. C’est une mauvaise ( nouvelle pour la direction socialiste, qui voulait maintenir l’unité du parti aussi longtemps que possible : le pacte DSK-Aubry, que tous deux voulaient étendre à Ségolène Royal, stipulait que la question de la candidature serait résolue « entre quat’zieux » afin que les électeurs des primaires teur du FMI sont scrutées à la loupe : ses partisans assurent que DSK prend son temps, alors que Ségolène Royal affirme qu’il ne se présentera pas. On dissertera longtemps encore, car DSK n’a pas intérêt à entrer en campagne trop vite : s’il a décidé de se présenter, il est certain de n’aient plus qu’à ratifier le choix des signataires du pacte. De fait, Ségolène Royal ouvre un conflit interne, ce qui satisfait les autres candidats déclarés et tout particulièrement François Hollande. Pour le reste, c’est le flou. La question décisive, c’est bien entendu la candidature de Dominique Strauss-Kahn. Les petites phrases du direc- remporter les primaires du Parti socialiste en raison de la compétence qu’on lui prête dans le domaine économique et financier. On s’interroge aussi sur le silence de Martine Aubry. La première secrétaire est liée par son pacte avec DSK et même si celui-ci se désistait, elle refuserait de s’engager dans une longue campagne. La question décisive, c'est bien entendu la candidature de Dominique Strauss-Kahn 4 FRANCECatholique n°3238 10 décembre 2010 par Alice TULLE à moins que la pugnacité de Ségolène Royal et le silence de DSK ne la contraignent à entrer dans la bataille. Mais si elle faisait défaut ? En ce cas, supputent les solférinologues, Laurent Fabius, qui soutient la première secrétaire, pourrait apparaître comme un recours et gagner, contre Ségolène Royal, la primaire qu’il a perdue en 2006. Dernière inconnue : le programme. Les militants socialistes vont se prononcer pour un projet, que Martine Aubry n’aurait pas de mal à incarner. Mais on se souvient des variations très personnelles de Ségolène Royal en 2007 et on ne voit pas comment Dominique StraussKahn pourrait entériner un projet dont la tonalité fait hurler l’aide droite du Parti socialiste. Mais on ne saurait affirmer que c’est là un projet de gauche : l’aile gauche est réduite au silence depuis le départ de Jean-Luc Mélenchon et tous les débats se passent à l’intérieur de l’aile droite. Les affaires du Parti so cialiste sont suivies avec attention à l’Élysée. Dominique Strauss-Kahn ferait un candidat redoutable pour Nicolas Sarkozy, qui perdrait une fraction de son électorat de droite au profit de Marine Le Pen - et beaucoup d’électeurs du centre attirés quant à eux par le directeur du FMI. Ségolène Royal serait une adversaire plus facile, en raison des oppositions qu’elle soulève au sein du Parti socialiste... n ACTUALITÉ WIkILeAks Diplomatie numérique par Yves LA MARCK Wikileaks n’annonce pas la fin de la diplomatie mais oblige celle-ci à s’adapter à l’ère du numérique. L 250 000 correspondances diplomatiques – dont la moitié sur les trois dernières années - piratées sur les sites sécurisés du Département d’État et publiées par les journaux les plus respectables à travers le monde (New York Times, Guardian, Spiegel) sont normalement protégées par la loi. Moins de dix pour cent sont réellement secrets et mettraient en cause la sécurité nationale des États-Unis. Néanmoins la violation de la confidentialité qui s’attache à ces documents est patente et répréhensible. Mais on ne peut s’empêcher de s’étonner de la facilité avec laquelle un simple individu a pu avoir accès à ce compact, l’imprimer et trouver client. L’une des conséquences des dysfonctionnements qui ont conduit aux attentats du 11 septembre 2001 aura été paradoxalement la mise en relation de réseaux informatiques qui auparavant ne pouvaient se recouper. Au total, près d’un million de personnes auraient accès aux États-Unis à cette masse d’informations classifiées, y compris celles envoyées par les ambassades. Qu’il se soit trouvé un individu pour faire des copies était un risque probable que les respones quelque sables devaient se préparer à assumer. L’autre source d’étonnement est l’abondance de ces documents et la liberté de ceux qui les produisent. Il y a déjà plus d’un siècle, l’historien Albert Sorel prédisait les transformations de la diplomatie à l’ère du télégraphe. Au temps du cheval graphe a introduit en termes de vitesse, le numérique le décuple. Il n’y a plus ni espace ni temps. La communication des ambassades est donc incessante, immédiate, et démultipliée. Chaque diplomate quel que soit son rang peut envoyer un courriel à son camarade dans les bureaux et le diffuser à des et des navires à voile, l’information était lente à parvenir aux capitales. Entretemps les ambassadeurs sur place avaient tout loisir de prendre les décisions qui s’imposaient sans avoir à recourir à leur hiérarchie, sauf à attendre d’elle une instruction, ce qui ralentissait considérablement l’action. Ce que le télé- centaines de destinataires. L‘ambassadeur souvent écrit peu. Il est censé signer, et encore. La communication part dans tous les sens. Ce quart de million de communications ne révèle en fin de compte rien qui ne soit déjà connu. Le véritable débat déjà ouvert par Wikileaks sur d’autres sujets tels que l’Irak ou l’Afghanistan ou la prison de Guantanamo porte sur la transparence de la diplomatie. En réalité, le dialogue entre les ambassades et l’administration centrale des affaires étrangères se résume à un tout petit nombre de personnes, les véritables traitants du dossier. Des décisions sont ainsi prises en catimini. Le Parlement n’est pas informé. Personne ne tient à ouvrir une discussion publique sur le sujet. On allègue que l’opinion publique n’est pas intéressée par les questions internationales et ne dispose pas des éléments pour en juger. Justement, disent les promoteurs de Wikileaks, on va les informer. Ces révélations vont-elles changer la donne politique ? Apparemment les diplomates américains sur ces dernières années favorisent la pensée conservatrice qui était celle du président Bush. Sur l’Iran, sur la Russie, sur le candidat Sarkozy. Rien d’étonnant. Le débat est vivant à l’intérieur de l’institution où il n’y a pas toujours accord. La politique dans les Balkans avait entraîné des démissions de diplomates. Que ce débat gagne la place publique en temps réel, on ne pourra longtemps l’empêcher. à la diplomatie dans les pays démocratiques de s’adapter. n Près d'un million de personnes auraient accès à cette masse d'information ) FRANCECatholique n°3238 10 décembre 2010 5 ACTUALITÉ CORÉE DU NORD Premiers pas de Kim III par Alice TULLE La crise coréenne ressurgit au lendemain de l’investiture d’un nouvel héritier au Nord de la dynastie communiste des Kim... L a série de tirs d’artillerie nord-coréens contre la petite île sud-coréenne de Yeonpyeong le 23 novembre dernier, bien que peu meurtrière, est prise avec gravité au Sud et à travers le monde. Elle nous rappelle que la ligne de démarcation fixée par l’armistice de 1953 demeure l’un des endroits les plus chauds de la planète, la dernière survivance de la guerre froide entre le bloc communiste et le monde libre. La dictature la plus fermée du monde possède les moyens de destruction massive, avec la révélation récente de l’existence de 2000 centrifugeuses pour la production d’uranium enrichi, mais aussi des moyens conventionnels totalement disproportionnés. La capitale du Sud, Séoul, à soixante km de la frontière, est protégée par un système d’alerte sophistiqué comme il en existe peu d’exemplaires. Le Nord a ouvert le feu par surprise. En réalité, les autorités de Pyong-Yang sont toujours mal à l’aise lorsque se produisent très régulièrement des manœuvres communes américano-coréennes, mettant ( en œuvre cette fois 30 000 Américains et 56 000 Coréens. Le Nord est particulièrement vigilant sur ses abords maritimes côté mer de Chine (encore appelée mer de Corée ou mer Jaune). Tout à fait arbitrairement, la commis- des navires sud-coréens a provoqué en mars dernier la destruction d’une corvette par un sous-marin du Nord et la mort des 46 membres d’équipage. L’incident de la semaine dernière, s’il n’a donc rien de sion d’armistice a fixé la limite maritime le long des côtes du Nord, attribuant donc l’espace maritime au Sud. C’est une aberration au regard du droit de la mer mais il ne pouvait en être autrement du point de vue stratégique. Séoul aurait été sous la menace directe des navires nord-coréens. À l’inverse, la proximité de la côte nord par les patrouilles nouveau, intervient néanmoins au lendemain d’une intronisation toute particulière, celle du troisième fils du dirigeant actuel comme son successeur désigné. Le Congrès du parti unique le 28 septembre dernier a avalisé Kim Jong Un, promu général et vice-président de la commission militaire à vingtsept ans. Le président de cette La dictature la plus fermée du monde possède les moyens de destruction massive 6 FRANCECatholique n°3238 10 décembre 2010 commission n’est autre que son oncle, beau-frère du dirigeant actuel Kim Jong Il, 69 ans, fils du Guide suprême Kim Il Song. Au total, plus qu’un régime communiste, c’est bien d’une dictature militaire dont il s’agit. L’armée doit être pleinement assurée de l’engagement du successeur dans le soutien à cette ligne, condition de sa survie. La gestion de crise à chaud est donc indispensable à la formation du fils qui a passé la première partie de sa vie en Suisse et ne connaît rien à cette stratégie de la tension permanente. Cela ne dérange pas la Chine que l’activisme américain inquiète. La Corée du Nord est bien utile à mettre en avant pour éviter de réagir directement, mais les dirigeants chinois n’en pensent pas moins. Dans la rivalité globale entre Washington et Pékin, Pyong-Yang représente un enjeu qui n’en prend que plus de valeur. La Corée du Nord sait parfaitement en jouer. La Chine a d’ailleurs suivi en demandant une réunion régionale. L’ensemble des acteurs veulent également tester la posture asiatique d’Obama. Séoul pourrait se trouver isolé sur la ligne dure du président actuel contrairement à la politique d’ouverture du « rayon de soleil » de son prédécesseur. Washington a envoyé un porte-avions pour contenter son allié mais ne souhaite pas la guerre. Pékin non plus. n ACTUALITÉ CÔTE D'IVOIRE Imbroglio présidentiel par Gabriel DELACOUR Sans méconnaître les fraudes qu'il y a eu de part et d'autre, la communauté internationale reconnaît la victoire d'Alassane Ouattara. Ira-t-elle plus loin ? C o m m e l’avaient prévu les observateurs avisés, le président Laurent Gbagbo a été battu par la coalition de ses adversaires emmenés par l’ancien Premier ministre Alassane Ouattara, proclamé chef de l’État par la Commission électorale indépendante. Mais celui qui avait réussi à se maintenir au pouvoir sans véritable consultation populaire pendant dix ans ne s’est pas avoué battu et s’est fait à nouveau reconnaître chef de l’État par le Conseil constitutionnel à sa botte. Du coup, tous les deux ont prêté serment, ce qui fait que l’ancien président sud-africain Thabo Mbeki, qui a l’habitude de jouer les médiateurs, est venu tenter une réconciliation entre les deux et, surtout, prévenir le fort risque de troubles internes, pour ne pas dire d’une nouvelle guerre civile. Il faut toutefois préciser que, en dehors de la Russie et de la Chine qui louvoient car elles y voient une occasion de contrer l’Occident, personne ne soutient l’ancien chef de l’État. Même ceux qui étaient censés être ses amis idéologiques au temps où Laurent Gbagbo luttait contre Félix Houphouët-Boigny en jouant la carte socialiste lui demandent généralement de s’en aller, à l’instar de Jack Lang, qui l’a pressé « d'accomplir le des armées reste fidèle au président vaincu. L’assez large victoire — 54 % — remportée par la coalition anti-Gbagbo revêt plusieurs significations. D’abord, Alassane Ouattara a pu compter sur Henri Konan geste de retrait qui préservera l'unité ivoirienne » en même temps que Daniel CohnBendit affirmait : « L'Onu doit tenir, l'Union européenne doit tenir ». Sur le plan intérieur, si le Premier ministre Guillaume Soro reconnaît Alassane Ouattara — qui l’a reconduit dans ses fonctions —, le chef Bédié qui, lorsqu’il était président, avait manœuvré pour l’écarter sous prétexte de ses origines burkinabè, développant le concept de l’« ivoirité » permettant d’exclure une bonne partie des gens du Nord. Le fait qu’il soit musulman n’a d’ailleurs absolument pas joué contre lui. D’ailleurs, il est symptomatique que, avant même la proclamation des résultats, le Collectif des religieux pour des élections apaisées en Côte d’Ivoire a invité les protagonistes à œuvrer ensemble au service du bien commun : « Au nom de Dieu, au nom de la Côte d’Ivoire, au nom des générations futures, chers leaders, faites un effort, vous et vos partisans, celui de respecter le verdict des urnes ». Le deuxième enseignement du scrutin concerne le dépassement du clivage traditionnel entre les Baoulé de la partie centrale et les Nordistes. C’est d’ailleurs un peu un retour à l’alliance ethnique qui avait permis au président Houphouët-Boigny de gouverner le pays durant plusieurs décennies. Dans cette perspective, le ralliement de l’ancien chef de la rébellion nordiste devenu Premier ministre, Guillaume Soro, revêt également une grande importance. Le problème demeure une nouvelle fois posé par Laurent Gbagbo, décidé à relancer la surenchère nationaliste à la fois contre l’« étranger » Ouatarra et contre l’ancienne métropole française. n Le fort risque de troubles internes, pour ne pas dire d'une nouvelle guerre civile ) FRANCECatholique n°3238 10 décembre 2010 7 ALBUMS entretien Avec BrUnor Au Mont Saint-Mi Dans plusieurs de ses bandes dessinées, notre ami le dessinateur Brunor a fait référence au Mont Saint-Michel. Cette fois-ci, le sujet de son nouvel album* n'est autre que le Mont Saint-Michel, lui-même, ou plus précisément son sauvetage des sables dont les premiers résultats sont très encourageants. propos recueillis par Brigitte PONDAVEN n CetensablementduMontnefait-ilpaspartiedes chosesnaturelles? L'ensablement est surtout dû à l'intervenÉditions Jeantion humaine. D'abord avec la construction de Michel Place, digues et la création artificielle de polders, afin 70 pages quadri de gagner du terrain sur la mer, puis avec la 220 x 220 mm, construction en 1879 d'une digue-route insub13,50 e. mersible, pour permettre aux véhicules d'accéder directement au pied du Mont. Dès lors, il a cessé d'être une île et surtout, la mer a été empêchée de tourner autour de ce rocher, cessant donc de drainer dans son reflux les alluvions et sables qu'elle apportait avec la marée montante. On observe donc un ensablement constant. Dans une cinquantaine d'années le Mont cesserait d'apparaître au milieu des eaux de la baie, pour n'être plus qu'une simple colline au milieu des prés ou des bois, si rien n'était entrepris pour restituer son caractère maritime. n Commentlesauverdessables? Mon album raconte le premier chapitre de cette aventure authentique, à travers le regard de mes personnages favoris : la jeune Marine découvre tout cela grâce à Tom, un des guides de la baie qui conduisent les marcheurs entre 8 FRANCECatholique n°323810 décembre 2010 Une simple colline au milieu des prés ou des bois, si rien n'était entrepris les sables mouvants au long des 6 km séparant le village des Genêts et le Mont. Le lecteur comprend avec elle comment il va être possible de chasser les sables en utilisant les forces naturelles, ce qui est très enthousiasmant. Elle apprend qu'un petit fleuve de 100 km, le Couesnon, débouche juste en face du Mont. Il a longtemps joué un rôle de frontière entre Bretagne et Normandie. Mais son débit étant insuffisant pour drainer les sables vers le large, l'idée est de lui donner un « coup de main » en augmentant son débit, grâce à un barrage pas comme les autres. n Pourquoi ce barrage n'est-il pas comme les autres ? Habituellement un barrage sert à séparer, à retenir les eaux d'un côté pour en tirer de chel l'énergie électrique. Au contraire, ce barrage du Couesnon est conçu pour réunir. D'abord réunir les eaux douces du fleuve avec les eaux salées de la marée montante, pour unir leurs forces et créer ces crues deux fois par jours, quand la mer redescend. Mais nous parlerons tout à l'heure d'une autre dimension humaine, culturelle et spirituelle, que l'architecte a voulu mettre dans cette œuvre. Les barrages sont généralement des édifices imposants qui affirment une certaine puissance, celui-ci est tout en discrétion, son horizontalité qui ne dépasse pas la hauteur des digues des polders, répond à la verticalité du Mont. n Commenta-t-ilétéconçu? Une autre dimension humaine, culturelle et spirituelle Des études hydrauliques longues et complexes ont permis d'établir un cahier des charges et un concours d'architecture a été lancé, il y a une dizaine d'années. C'est Luc Weizmann qui l'a gagné avec un projet discret, esthétique et efficace. Je n'ai pu réaliser cet album qu'avec sa complicité bienveillante, et avec le soutien de François-Xavier de Beaulaincourt, responsable du Syndicat Mixte chargé de gérer les différentes phases de ces grands travaux. FRANCECatholique n°323810décembre 20109 Exactement orienté entre l'Est et l'Ouest, il relie non seulement les provinces de Bretagne et de Normandie longtemps rivales, mais aussi, de façon symbolique, l'Orient et l'Occident. Son architecte a voulu attirer notre attention sur cette dimension culturelle et spirituelle de rencontre des hommes et des cultures, en hommage à l'Abbaye du Mont Saint-Michel qui a joué ce rôle pendant des siècles. n Cen'estpasvraimentunebandedessinée… En effet, j'essaye toujours de trouver la forme la plus appropriée pour raconter une histoire. Celle-ci se déroule dans des décors qui ne sont pas des dessins mais les magnifiques photos du site et du barrage, aux différentes étapes de sa réalisation. Ce qui donne un résultat assez inhabituel et permet au lecteur, enfant ou adulte, de découvrir avec les personnages dessinés, les différentes clés de lecture de cette œuvre d'art étonnante qu'est ce barrage, qui a déjà reçu des prix. n Comment témoigner, sur un barrage, du haut lieu de spiritualité et de culture qu'a été l'Abbaye du Mont ? n Lebarrageestterminé? Oui, ce premier protagoniste du sauvetage du Mont est en fonction depuis près d'un an, fait preuve de son efficacité et vient d'être ouvert au public cet été. Car il est aussi un lieu de promenade contrairement aux autre barrages qui sont le plus souvent des ouvrages techniques réservés aux professionnels. Le visiteur y trouve un point de vue exceptionnel pour admirer le Mont, juste en face, puis, en se retournant du côté du Couesnon canalisé, il peut observer le mouvement des huit vannes qui régulent le mouvement des eaux. Une mécanique subtile qui est réglée sur le rythme des marées et donc… de la lune ! n D'uncôtéletravaildesmachinesetdel'autrela contemplation? Oui, ces deux aspects complémentaires sont présents de part et d'autre du « balcon maritime », mais ce n'est pas tout. Quand on s'y promène, on peut voir le soleil se lever exactement dans son axe oriental, et se coucher le soir, à l'autre extrémité, du côté breton. 10 FRANCECatholique n°323810 décembre 2010 Comme dans les pages enluminées des manuscrits médiévaux C'est le défi qu'a relevé l'ar chitecte Luc Weizmann. Il a voulu que la rambarde du balcon maritime ne soit pas en vulgaire aluminium moderne, mais en bronze. Le visiteur qui regarde le Mont en s'appuyant sur ce bastingage, va remarquer des signes incrustés dans le bronze. Il ne tarde pas à reconnaître des lettres gravées en creux, qui sont réparties tout au long de la centaine de mètres de ce pupitre. Rien d'ésotérique : ce sont les quatre alphabets qui se rencontrent ici, comme dans les pages enluminées des manuscrits médiévaux, conservés dans le scriptorial de la bibliothèque de l'Abbaye. Luc Weizmann raconte avec talent cette autre aventure dans son très beau livre : Le Pupitre des lettres (éd. jean-Michel Place). Il y a encore plusieurs autres surprises, à découvrir en famille... n * Cet album de Brunor, Le Mont Saint-Michel sauvé des sables, édition Jean-Michel Place [ISBN 2 85893 942 X - 2010, 70 pages, 220x220 mm], est à acheter chez votre libraire habituel ou à commander sur le site internet : www.jeanmichelplace.com Vous pouvez aussi l'ajouter à votre commande à France Catholique de la BD Un os dans Evolution, en ajoutant la somme de 13,50 e. (hors frais de port). Voir ci-contre. Bulletin De SOuSCRiPtiOn à RetOuRneR à FranCe CatholiqUe, 60 Rue De FOntenay, 92350 le PleSSiS-ROBinSOn nom et adresse (si différents de ceux inscrits sur le chèque) : .................................................... ...................................................... ............................................................................................................................................................................................... ............................................................................................................................................................................................... ............................................................................................................................................................................................... SOuSCRit à l’album Brunor : « UN OS DANS ÉVOLUTION » 13 e x . . . . . . exemplaires = . . . . . . e Brunor : « LE MYSTÈRE DU SOLEIL FROID » 13 e x . . . . . . exemplaires = . . . . . . e Brunor : « LE MONT SAINT-MICHEL SAUVÉ DES SABLES » 13,50 e x . . . . . . exemplaires = . . . . . . e tugdual Derville : « ANIMAUX DANS L'ÉVANGILE » 19 e x . . . . . . exemplaires = . . . . . . e + forfait frais de port de 8 e jusqu'à 26 e de commande (offerts à partir de 26,50 e de commande) = . . . . . . e [Tous les envois sont faits en Colissimo] Total (chèque joint à l'ordre de France Catholique) . . . . . . e PHILOSOPHIE EntrEtIEn avEc damIEn LE guay dieu et la démo Damien Le Guay, philosophe, critique littéraire au « Figaro-magazine », qui a déjà publié des livres sur Halloween, les rites perdus de la mort ou les méfaits de la télé-réalité, vient de faire paraître un essai sur l’état actuel des religions et les blocages qu’elles subissent, surtout dans les médias. Le bandeau : « Dieu peut-il nous sortir de la crise ? » suffirait déjà à provoquer notre plus vif intérêt pour ce travail d'enquête et de réflexion. n DamienLeGuay,commentestnécelivre? 12 septembre 2008. J’ai été invité à l’Élysée pour la réception de Benoît XVI. Qu’avait donc de mémorable cette journée où il fut question, avant tout, de laïcité et de son versant positif ? Ce jour-là, le Pape indiqua de sa voix blanche : « La situation sociale occidentale, hélas marquée par une avancée sournoise de la distance entre les riches et les pauvres, me soucie aussi. Je suis certain qu'il est possible de trouver de justes solutions qui, dépassant l'aide immédiate nécessaire, iront au cœur des problèmes afin de protéger les faibles et de promouvoir leur dignité. » Bernard Arnault, l’empereur du luxe, était dans la salle. Le Pape le regardait. Qui d’autre que lui pouvait l’interpeller de la sorte, sans acrimonie, ni complaisance, ni arrière-pensées ? Qui d’autre que le Pape, le pontifex, le bâtisseur de ponts, soucieux de promouvoir la dignité de tous les hommes ? À vrai dire, il ne faisait que reprendre les paroles de l’une des premières prières chrétiennes : « Il a renversé les puissants de leur trône, élève les humbles, renvoie les riches les mains vides ». 12 FRANCECatholique n°323810 décembre 2010 Les médias font la sourde oreille aux hommes de religion propos recueillis par Paul CHASSARD n Pourquoimettreenvaleurcemomenttrèsparticulier? Une crise financière, économique et sociale, mais avant tout éthique, s’est abattue sur nous. Les ravages sont partout. Mais quand les hommes de religion appellent au partage des richesses, à la juste redistribution des biens, au respect des pauvres, à la prise en compte de la dignité de toutes les personnes, quand ils admonestent les riches et les puissants, ils ne sont pas entendus. Les médias leur font la sourde oreille. Quand ils critiquent les ravages d’un libéralisme débridé, silence radio. Quand le Pape, en juin 2009, rappelle les devoirs de justice et l’exigence du bien commun, nouveau silence. En refusant d’entendre ce message, les médias ne risquent-ils pas de conforter les injustices du système économique ? n Et donc, vous semble-t-il, vous sentez qu’en matière de religion les choses changent ou doiventchanger? Lors de la venue du Pape, pour avoir parlé aux uns et aux autres, j’ai senti que les lignes étaient en train de bouger dans notre démocratie livrée à elle-même, et privée de contrepoids, sans boussole, tournant sur elle-même et guidée presque par ses seuls instincts. J’avais été alerté par les propos du philosophe politique Pierre Manent. Celui-ci s’inquiète de notre actuelle « indifférence au monde », de cet « effacement » des formes politiques. © DIDIER PRUVOT / FLAMMARION cratie Damien Le Guay, philosophe catholique. n Nous parlons de tout cela depuis longtemps; y a-t-ilurgence? Oui. Il est urgent – je pèse mes mots – de parvenir à une nouvelle approche intellectuelle, une nouvelle tolérance médiatique, à de nouveaux aménagements pour permettre une meilleure mise en commun de toutes les ressources spirituelles, éthiques et poétiques . Nous devons faire face à des dangers réels et inédits. Pour les affronter, tous ensemble, n’est-il pas indispensable de parvenir à un new deal spirituel qui reconnaîtrait les forces religieuses comme partie intégrante des forces vives de la nation ? Ces forces ne sont-elles pas aussi respectables N'est-il pas indispensable de parvenir à un new deal spirituel ? que les autres ? Nous sommes au début du troisième millénaire et non en 1905. Ne sommesnous pas tous responsables du monde, coresponsables d’un sens commun à trouver et à rechercher en permanence ? Ce que je reproche le plus aux actuels petits soldats combistes, ce n’est pas de monopoliser la parole, d’avoir leur rond de serviette dans les médias, mais, avant tout, de stériliser le débat, de l’empêcher d’exister. Là est leur faute – faute contre l’intelligence. Ils répètent les mêmes arguments et cherchent toujours à « écraser l’infâme ». Mais cette sécularisation, nous dit Habermas, le plus illustre philosophe européen actuel, a échoué. Elle n’a pas livré FRANCECatholique n°323810décembre 2010 13 surtout celles qui furent mises à l’écart de la République, ce qui est le cas des forces religieuses ? Pendant longtemps, trop longtemps, de belles intelligences, de vraies énergies civiques (soucieuses de cette morale commune qui était, en 1875, au fondement de la République française) furent mises de côté au nom d’une séparation nécessaire dans son principe, mais si violemment mise en œuvre qu’elle sépara artificiellement la France en deux camps irréductibles, pendant au moins 70 ans. toutes ses promesses et tend, souvent, à appauvrir plutôt qu’à libérer. Ces petits soldats, ces nettoyeurs des traces religieuses me font penser à l’équipage du Titanic accroché au sacro-saint manuel de bord alors même que le paquebot de la modernité s’est encastré dans son iceberg d’insignifiances et sombre – ce qui peut prendre des décennies. n Quel bilan faites-vous de la «laïcité positive» promueparnotrePrésident? Depuis les promesses élyséennes, il ne s’est rien passé ou si peu. Le Président avait de grands projets, de belles et bonnes ambitions, un ensemble d’idées précises d’aménagement (dans le droit fil du rapport Machelon) mais, bousculé par les bataillons laïcs, houspillé par eux, il a dû réviser ses ambitions, glisser ses projets au réfrigérateur avant de les mettre au congélateur. Cette séquence pour rien, ce jeu de forces et de contre-forces doit être constaté. n Faut-il rejouer encore et encore la guerre des deuxFrance? Oh que non ! Les hussards noirs de la République (les instituteurs) et les curés avaient, jusqu’en mai 1968, une morale commune, un même sens civique, un même sens de l’autorité nécessaire et de la culture indispensable. Il faut dès lors penser cette séparation des morales et, aujourd’hui, dire que les querelles d’antan n’ont plus lieu d’être. Une autre séquence s’est ouverte. Ne faut-il pas sauver cette actuelle démocratie plus individualiste que républicaine, et, pour ce faire, mobiliser toutes les réserves de la chose publique ? Deux fondamentalismes sont à combattre : celui de l’imperméabilité laïque et celui des accommodements raisonnables pour faire place à des religions venues d’ailleurs. Le premier refuse toute place au religieux dans la cité. Le second souhaite que la loi de tous s’adapte à la loi religieuse de certains. n Sommes-nous, pour autant, revenus balle aucentre,àcettelaïcitérevendiquéepar tousmaisauxdéfinitionsmultiples? Ma conviction est la suivante : des lignes, en matière de religion, ont bougé dans le royaume de France Mon intuition d’origine est double : des changements sont intervenus, au moins dans l’inconscient collectif. La question telle qu’elle fut posée, et donc la réponse telle qu’elle fut donnée, sous l’angle de la laïcité, ne sont pas plus pertinentes. Ne faut-il pas revenir en amont et considérer les dégâts du virus démocratique ? Dès lors, comment pouvons-nous mobiliser toutes les médications sociales, toutes les ressources possibles, dont, en particulier, les ressources religieuses ? Quand Napoléon sentait le vent de la défaite souffler sur le champ de bataille, il lançait dans la mêlée la garde impériale jusqu’alors mise en réserve. Ne faut-il pas considérer que dans la bataille actuelle de cette démocratie retournée contre elle-même, vérolée par son arrogance, il est temps de mobiliser toutes les forces – et 14 FRANCECatholique n°323810 décembre 2010 Dire que les querelles d'antan n'ont plus lieu d'être n Ilfautdoncreconsidérerletermede«religion»? Vous avez raison. Le religieux n’est pas ici assimilé ni assimilable au confessionnel. « L’homme religieux » est confronté à l’horizon de sens hérités, aux gisements inépuisables de récits venus du fond des âges, à des ressources de significations mises à disposition de l’humanité, à la réquisition d’un au-delà de soi, à tout ce qui nous relie, à tout ce qui nous dépasse et nous est nécessaire pour devenir plus puissants que nos paresses, nos faiblesses, nos misères intérieures. Paul Ricœur considérait que le religieux a partie liée avec le besoin de « libération » de « ce fond de bonté originaire tenu captif » en nous. Il est donc, poursuivait-il, « la capacité extraordinaire de rendre l’homme ordinaire capable de faire le bien. » temps, nous constatons l’impossible deuil du religieux comme dernier réservoir de significations et de poésie. Souvenons-nous de cette phrase de Gershom Scholem : « Là où Dieu se tenait jadis se tient à présent la mélancolie ». Cette mélancolie religieuse est aussi une mélancolie de la culture et de toutes les confiances invisibles qui nous faisaient exister ensemble. n Il faut donc aussi reconsidérer les «réserves de sens desreligions»? n Qui avez-vous rencontré pour mener votre enquête? Il est impossible à l’homme d’aujourd’hui, en Europe, assuré de lui-même, puissant au point de ne plus savoir où il en est, de vivre pour rien, sans savoir pourquoi ni comment, comme s’il était une parenthèse inutile dans un monde absurde. Il n’est pas prêt à faire le deuil du sens de sa vie et des kyrielles de significations. Ils lui sont indispensables pour exister. Il en ressent le besoin intime. Des sociologues ivres de modernité et des philosophes nihilistes ont beau nous expliquer que Dieu est mort et qu’il nous faut désormais vivre avec des corps à disposition, des identités interchangeables et superposables à volonté, une nature humaine malléable autant que soumise, comme si nous flottions en toute félicité à la surface de nous-mêmes, libres, presque trop libres, comment pouvons-nous renoncer au sens de ce que nous vivons, à la beauté du monde et à un attachement presque instinctif aux gisements spirituels antérieurs ? Pourtant ces gens insistent. À les écouter, nous devrions, dans un ultime effort, larguer les dernières amarres qui nous retiennent à l’ancien monde et devenir, dans une nouvelle humanité enfin régénérée, le « dernier homme » annoncé par Nietzsche. Le pouvons-nous ? Le devons-nous ? Qu’avons-nous à y gagner ? Qu’avons-nous à y perdre ? J’ai rencontré des vigies spirituelles. Ces personnes, conscientes de la crise éthique qui est la nôtre, sont ouvertes aux questions spirituelles. Ces dernières ont-elles des solutions à offrir à la première ? Quand les forces de dispersion dominent, la puissance agrégative des religions peutelle être utile ? Et si oui, comment ? J’ai rencontré Luc Ferry, philosophe, ancien ministre. Il est adepte d’une spiritualité sans Dieu, connaît ces problématiques, n’ignore rien des motivations de la « laïcité positive » annoncée par Nicolas Sarkozy et souhaite, en se passant des religions traditionnelles, promouvoir ce qu’il nomme « la sagesse des modernes » sagesse qui n’est pas sans poser problème quant à la récupération qu’il fait du matériel chrétien, ce que j’examine dans le livre. J’ai rencontré, aussi, le cardinal Barbarin. Il est connu pour parler franchement, et, plus que d’autres, il a une vraie perspective historique – au point de se demander si les évêques n’iront pas en prison dans les années qui viennent. Quand il est question de « laïcité », tout le monde est d’accord sur le terme mais personne n’ose en préciser sa définition et l’usage qu’il en fait. Ceci nous permettra de nous demander s’il n’y a pas plusieurs laïcités cachées les unes dans les autres – comme autant de poupées russes ? J’ai rencontré, enfin, Gilles Bernheim, grand rabbin de France. Il a bien voulu parler avec moi de ce bloc symbolique aujourd’hui mis à mal. Là aussi, si ce sujet est abordé, il est rare d’en parler ouvertement et d’examiner les fissures qui, ces dernières années, ont affecté ce bloc symbolique. n n Pourquoi faudrait-il redonner sa place aux religionsdansledébatpublic? Le risque est là d’une anorexie anthropologique, avec l’effacement des formes politiques, la tentation du « dernier homme », la disparition du sens des engagements, des responsabilités vis-à-vis des autres, du goût collectif. En même Nous constatons l'impossible deuil du religieux Damien Le Guay, La cité sans Dieu, Flammarion, novembre 2010, 228 pages, 18 e. FRANCECatholique n°323810décembre 201015 lectures 3e dimanchE de l’Avent (année A) Perspectives de jugement © LA BIBLE DES PEUPLES / ÉD. DU JUBILÉ par le Père Michel Gitton 11. 2 Or voici que Jean-Baptiste, dans sa prison, entendait parler de ce que faisait le Christ, et il lui fit porter par ses disciples le message suivant : 3 « Es-tu celui qui doit venir ou devons-nous en attendre un autre ? » 4 Jésus leur donna cette réponse : « Allez voir Jean et racontez-lui ce que vous entendez et voyez : 5 les aveugles retrouvent la vue, les éclopés marchent, les lépreux sont purifiés, les sourds entendent, les morts se réveillent et les pauvres entendent une bonne nouvelle. 6 Mais heureux particulièrement celui qui me voit, si ce n’est pas pour sa chute. » 7 Lorsque les hommes furent repartis, Jésus commença à parler de Jean à la foule : « Que cherchiez-vous à voir quand vous alliez au désert ? Un roseau agité par le vent ? 8 Qu’alliez-vous voir ? Un homme dans le luxe ? Mais les gens qui vivent dans le luxe se trouvent dans les palais des rois. 9 Alors pourquoi alliez-vous là-bas ? Pour voir un prophète ? Oui, je vous le dis, et plus qu’un prophète. 10 Car c’est de lui qu’il est écrit : J’envoie mon messager devant toi pour qu’il te prépare le chemin. 11 Oui, je vous le dis, on n’a pas vu se lever plus grand que Jean parmi les fils de la femme. Et pourtant le plus petit dans le Royaume des Cieux est plus grand que lui. » à qu’il ne faut pas juger les autres, l’insistance de l’écriture sur le jugement que vient exercer le Christ peut nous paraître étrange. Pourtant c’est bien en ces termes que nous le présente Jean Baptiste : « Lui vous baptisera dans l’Esprit Saint et le feu. Il tient à la main la pelle à vanner pour nettoyer son aire à battre le blé et il amassera le grain dans son grenier ; quant à la paille il la brûlera dans un feu qui ne s’éteint pas. » Toutes ces images agricoles sont peutêtre un peu loin de notre imagination, mais le sens est clair : Jésus vient pour faire un tri, une séparation et rien n’échappera à ce passage au crible. Notre difficulté avec l’idée de juge ment tient à la conviction (salutaire) que nous avons acquise de la relativité des jugements humains. Nous savons tous la part de fausseté qui se cache dans beaucoup des appréciations que nous sommes tentés de porter les uns sur les autres. Trop souvent les mobiles nous échappent, nous prenons pour défi ou agression ce qui est souvent une maladresse, voire un appel au secours déguisé. Les pires comportements force de nous dire trouvent des explications dans les traumatismes de l’enfance ou les échecs subis. Et puis la proportion nous échappe, une peccadille chez le prochain nous cache nos propres manquements beaucoup plus énormes. On passe facilement de là à la conviction que « tout comprendre, ce serait tout excuser » (Madame de Staël). Or, comme Dieu est particulièrement bien placé pour tout comprendre, on peut penser aussi qu’il excuse tout. Mais il faut bien reconnaître que là n’est pas l’image qu’en donne la Bible. Jésus lui-même vient, et c’est lui qui le dit, pour exercer un jugement : « c’est pour un jugement que je suis venu dans le monde » (Jean 9,39). Certes, c’est après nous avoir déclaré qu’il n’est pas venu pour « juger » le monde mais pour le « sauver » (Jean 3,17), mais dans ce deuxième cas, le mot juger a de toute évidence le sens de condamner, alors que dans le premier il désigne l’action d’exercer un tri, de provoquer un choix, et c’est cela qui nous intéresse aujourd’hui. Le jugement est de la part de Dieu une forme de sa miséricorde. Ne jamais juger, laisser l’homme dans ce mélange indiscernable de faiblesse et de péché 16 FRANCECatholique n°3238 10 décembre 2010 où il croupit, laisser croire que rien n’est grave et qu’il n’y a que des braves gens, ce serait avouer qu’il n’a aucune ambition sur nous et que nous sommes beaucoup trop nuls pour qu’il attende vraiment quelque chose de nous. Or tel n’est pas le cas. En nous envoyant son Fils, le Père fait avancer le jour heureux de notre affranchissement : enfin nous pouvons espérer sortir du marasme, puisque Jésus est là pour exercer en toute clémence le jugement. Il met à découvert tel un glaive acéré les motifs cachés, les intentions secrètes du cœur. Certes ce n’est pas agréable d’être ainsi mis à nu et le jugement au soir de notre vie est un moment redoutable auquel il faut se préparer, mais un moment heureux, car là il nous décapera de la gangue d’habitudes, d’à-peu-près et de médiocrité qui nous recouvre et nous empêche d’aimer. Vous en parlez à votre aise, me direz-vous, vous vous mettez déjà dans la catégorie des sauvés, mais, pour ceux qui sont damnés, ce n’est pas si drôle, or pourtant ils existent et on ne peut pas douter de l’insistance de l’évangile à ce sujet ! Certes, mais ce qui entraîne la damnation, ce n’est pas d’avoir fait de plus grosses bêtises que les autres, c’est d’avoir refusé la main qui était tendue pour en sortir. « Le jugement est sans miséricorde pour celui qui n’a pas fait miséricorde », c’est-à-dire pour qui ne veut pas entrer, ni pour lui ni pour les autres, dans le jeu de la miséricorde divine. Notre chance n’est pas d’esquiver le jugement, c’est au contraire de nous y livrer et dès maintenant. Comme l’animal traqué qui irait se blottir dans les bras du chasseur (ce n’est pas de moi, c’est de sainte Thérèse), il s’agit de s’offrir à la miséricorde du juge, de reconnaître le bien-fondé des reproches qu’il peut nous adresser, d’essayer dès maintenant de remédier à tout ce qu’il peut nous montrer. Qui pourrait craindre après cela ? Mais il faut le faire et sans tarder. n Dimanche 12 décembre Première Lecture : Isaïe 35.1-6, 10 Psaume 146.7, 8-9, 9-10 Deuxième Lecture : Jacques 5.7-10 Évangile : Matthieu 11.2-11. 3e Semaine de l’Avent et à partir de Vendredi : Semaine préparatoire à Noël ! par le Père Michel Gitton 3e Dimanche de l’Avent pas le compromis. 1. Jésus, qui vient apporter avec lui Point spi : Pas d’engagement à moitié, la revanche de Dieu sur le mal et la si nous sommes convertis, pas de souffrance (lecture d’Isaïe). conversion à moitié. ➤ Adorons le Libérateur qui apporte 2. « Tu n’auras plus à rougir. » La réalité du pardon, qui recrée la dignité du avec lui la délivrance de nos maux. Point spi : Ne nous résignons pas à voir pécheur. ➤ Adorons le Dieu miséricordieux qui les autres souffrir. 2. Jésus, lui qui vient au moment où on se plaît à faire grâce. ne l’attend pas (lettre de saint Jacques). Point spi : N’écrasons pas ceux qui se sont ➤ Adorons le Juge qui est à notre porte. mis avec nous, trouvons le moyen de leur Point spi : « Ne gémissez pas les uns redonner conscience de leur valeur. 3. « Le reste d’Israël ne commettra pas contre les autres ». 3. Jésus qui est plus qu’un prophète, d’iniquité. » Rêve d’une nouvelle lune car il accomplit des « signes » que nul de miel entre Dieu et son peuple, le ne peut réaliser sinon Dieu (lecture de petit reste humble et pauvre. ➤ Adorons le Dieu visionnaire qui rêve l’évangile de saint Matthieu). ➤ Adorons le Dieu sauveur qui vient de notre rétablissement près de lui. Point spi : Croyons, contre toute évidence, porter la Bonne Nouvelle aux pauvres. Point spi : Ne doutons pas que c’est Lui à la guérison du cœur de nos frères. qui a la solution. Mercredi : Isaïe 45 1. « Je suis Dieu sans égal. » Nul n’a Lundi : Nombres 24 parlé comme celui-là… (la prophétie de Balaam) 1. Le Voyant. C’est Jésus, le vrai « voyant », ➤ Adorons le Dieu unique, incompa pas Balaam, c’est Lui qui sait voir les rable, seule source de l’être. secrets de l’avenir, le fond des cœurs. Point spi : Ne soyons pas superstitieux : ➤ Adorons le Dieu qui « sait », parce lui seul est le Maître. qu’Il nous a créés, qui connaît le passé 2. « Je n’ai pas dit : ‘cherchez-moi dans le vide’. » Jésus lumière, celui qui le cherche et l’avenir. Point spi : Demandons la lumière au ne marchera pas dans les ténèbres, certains Seigneur, apprenons à son école à voir ont préféré les ténèbres à la lumière. ➤ Adorons le Dieu caché qui est en la vie et le monde. 2. Le Héros. C’est Jésus, combattant même temps le Dieu manifesté, le Dieu sans peur contre la puissance du Diable, qui nous a dit : « Cherchez ma face ». Point spi : Ne cultivons pas l’ambiguïté, c’est Lui qui dominera les nations. ➤ Adorons le « Lion de Juda », le jeune l’équivoque, le mensonge. lion plein de force, qui s’élance au 3. « Qui l’a d’avance annoncé ? » Jésus ne parle pas en vain, le ciel et la terre combat des derniers jours. Point spi : Engageons courageusement le passeront, ses paroles ne passeront pas. combat contre nos mauvaises tendances. ➤ Adorons le Dieu qui est, qui était et 3. L’Astre. C’est lui, Jésus, qui se « lève qui vient. d’en haut » et vient recomposer toute Point spi : Rappelons-nous comme Il a la carte du ciel, lui qui remet en cause tenu parole. les fatalités. Jeudi : Isaïe 54 ➤ Adorons le Maître de l’Histoire qui 1. « Ton époux, c’est Ton Créateur. » ne connaît pas de déclin. Solidité de cet amour qui n’est pas Point spi : Remettons en cause toutes les une rencontre fortuite, qui est don et fatalités, les habitudes, les pesanteurs. engagement, jusqu’à la croix. Mardi : Sophonie 3 ➤ Adorons notre « époux de sang », 1. « Malheur à toi, la rebelle ! » Celui celui qui nous a acquis très cher. qui peut reprocher en face à son peuple Point spi : Ne nous comportons pas son infidélité, lui qui ne se laisse pas devant le Seigneur comme des employés. 2. « Je t’avais caché ma face. » Réalité acheter. ➤ Adorons le Dieu jaloux, qui ne tolère du mal et de l’infidélité devant laquelle Jésus réagit, il n’est pas complaisant avec ce qui nous dégrade. ➤ Adorons le Dieu Saint, brûlant toute impureté. Point spi : Reconnaissons que ses sévé rités sont méritées et bienfaisantes. 3. « Dans mon amour éternel, j’ai pitié de toi. » Son amour plus fort que notre tristesse et notre honte. ➤ Adorons le Dieu miséricordieux, infiniment. Point spi : Ayons pitié de ceux qui n’ar rivent pas à reconnaître leurs torts. Vendredi : La généalogie de Jésus (Matthieu 1, 1-17) 1. Jésus qui a voulu s’inscrire dans une généalogie humaine avec ses grandeurs et ses misères. ➤ Adorons le Fils de l’Homme, qui est d’abord un fils des hommes, un dans la série. Point spi : N’ayons pas peur de nous retrouver sur le même plan que tout le monde, ne réclamons pas un statut à part. 2. Jésus qui a voulu être l’héritier de la longue fidélité d’Israël. ➤ Adorons le Fils d’Abraham, seul véritable héritier de la foi du Patriarche. Point spi : Regardons avec respect ceux qui nous ont transmis la foi. 3. Jésus qui est le fruit merveilleux et inespéré de toute cette lignée. ➤ Adorons le Fils de Dieu né parmi les hommes, sans l’intervention d’un homme. Point spi : Respectons la grâce propre faite à chacun de nos frères. Samedi : L’annonce faite à Joseph (Matthieu 1, 18-24) 1. Dieu qui prend la peine d’informer en détail l’homme qui sera l’instrument de ses desseins. ➤ Adorons Jésus qui révèle à ses apôtres les secrets du Royaume. Point spi : Ne traitons pas les autres comme de simples exécutants, sans leur faire part de nos intentions profondes. 2. Dieu qui respecte la liberté, mais ne met pas son projet en option, il a un but et le poursuit. ➤ Adorons Jésus qui va de l’avant, qui entraîne ses apôtres à Jérusalem. Point spi : Ne nous laissons pas détourner de ce que nous avons entrevu. 3. Dieu qui donne à chacun un rôle et fait de Joseph l’intendant de ses mystères. ➤ Adorons Jésus qui confie un rôle caché à certains, qui demande à Jean de simplement « demeurer ». Point spi : Acceptons de jouer les seconds rôles, de mettre en valeur les autres. n FRANCECatholique n°3238 10 décembre 2010 17 DIEU ET LA SCIENCE - 16 Ma voiture a-t-elle soif ? S par Bertrand SOUCHARD du vivant est interne à l’espèce, comment subsiste l’individu ? Je mange une banane en ouvrant la bouche et en la détruisant avec mes dents et mon estomac. L'être vivant, à la différence de l'être inerte, peut assimiler l'autre à soi. Il intègre l'aliment extérieur pour qu'il devienne intérieur à soi, en se transformant à l'intime de lui-même. Cela suppose une ouverture sur l'extérieur. L'animal a une gueule. La plante a des racines et des feuilles. La nutrition n'est pas un amas extérieur, mais la digestion de l'autre en soi. Le Sans Plomb 95 de la voiture ne vient pas constituer la structure de son moteur et renouveler l’usure des pneus. Dans l’objet technique, l’apport éventuel d’énergie externe (essence, électricité) ne se répand pas dans la totalité, mais seulement dans une partie précise. L’essence n’est pas vitale pour la voiture. Elle n’a pas soif. L’eau en revanche est nécessaire à la vie et à la constitution de l’être vivant. La pierre a une surface et pas d'ouverture. Si le glacier « grandit » c'est par accumulation externe et non par digestion interne et transformation de l'aliment. Si l’on dit que le glacier se nourrit des neiges de l’hiver qu’il « urine » l’été, ce n’est que par métaphore. La terre n'a pas vraiment d'entrailles, comme si elle avait des organes de reproduction et de digestion. L’externe n’est que i l ' origine le durcissement de l’interne. Et lorsque le volcan explose, il ne vomit pas ce qu’il a mangé. Mais pourquoi ce besoin d'assimiler l'autre à soi ? En fait, la vie est une lutte contre la mort. Je mange pour ne pas mourir de faim. Il faut manger pour vivre. La nourriture est un apport d'énergie externe, qui va à l'encontre de la dégradation du vivant. Se nourrir, c'est lutter contre l'entropie, c'est-à-dire la tendance de tout être à se détériorer. Avec le temps, les choses ont plutôt tendance à s'user, à aller vers moins d'ordre. L'être vivant assimile l'aliment temps. La finalité de la nutrition est la conservation du vivant dans son individualité. La matière du vivant étant très fragile, très altérable, l'être vivant a besoin de matière extérieure, l'aliment, pour se renouveler. Dire que vivre c’est lutter contre la mort n’est pas anodin, si on compare le vivant et la machine. En effet, si on dit qu’une machine est HS, hors service, elle ne meurt pas. La mort est un processus irréversible. Mais une machine en panne peut toujours se réparer. On peut réutiliser ses constituants, les recycler pour construire la même machine, alors qu’un être vivant unique, mort, ne pourra jamais ressusciter. Si je ne donne pas d’électricité à l’ordinateur ou d’essence à la voiture, ces machines ne meurent pas. Elles ne sont pas utilisables momentanément. Mais il suffit d’apporter à nouveau de l’énergie pour que ça recommence. En revanche, si je ne respire pas pendant trois minutes, si je ne bois pas pendant quatre jours, je risque une mort irréversible. En fait, la machine ne se reproduit pas, ne se nourrit pas et ne meurt pas, parce qu’elle n’est pas vivante. Elle est déjà morte. Dès lors vouloir réduire le vivant à la machine ou même à la matière inerte, c’est vouloir expliquer la vie par la mort, et finalement ne rien comprendre à la vie. n En mangeant, je lutte contre ma propre dégradation ; c'est mon existence qui est en jeu pour organiser un ordre propre, l'organisme vivant. Manger, c'est reprendre des forces. La nourriture est une lutte contre le dépérissement. Et cette lutte contre la mort est un désir de subsistance de l'individu, de demeurer soi-même dans le temps. Dans la reproduction, ce qui subsiste c'est l'espèce animale ou végétale. Mais un individu disparaît pour un autre individu. En revanche, la nutrition est volonté de permanence de l'individu. En mangeant, je lutte contre ma propre dégradation ; c'est mon existence qui est en jeu. Même si la mort biologique est irrémédiable, manger c'est pouvoir subsister un certain 18 FRANCECatholique n°3238 10 décembre 2010 IRAK La dernière semaine de novembre, Sa Béatitude I g n a c e Youssef III Younan, p a t r ia r c h e d'Antioche des Sy riens était à Paris pour visiter les quelques victimes de l'at taque, le 31 octobre, de la cathédrale de Bagdad, que la France a accepté de soigner dans ses hôpitaux. Il a été reçu par le ministre des Affaires étrangères, Michèle AlliotMarie. L'Église syriaque (ou syrienne) catholique, dont le siège est à Beyrouth, compte environ 175 000 fidèles dans le monde, principalement en Irak, en Syrie et au Liban. Plus du tiers des fidèles vivent en Europe occidentale, les deux Amériques et l'Australie. Le Patriarche délivre une parole très libre et énergique de compassion pour toutes les victimes de la guerre civile en Irak et de grande inquiétude pour la possibilité d'un quelconque avenir de la communauté chrétienne dans ce pays. Il met en cause la responsabilité des autorités gouvernementales et des autorités musulmanes en Irak dont la parole n'est pas assez ferme contre la persécution des minorités religieuses et qui ne prennent pas de mesures véritablement concrètes. Il demande également à l'Europe de prendre des mesures effectives pour aider les chré tiens d'Irak en essayant de tout faire cependant pour ne pas provoquer un exode définitif. IRAK Le 8 décembre, Mgr Louis Sako, arche vêque de Kirkouk des chaldéens, s'est vu remettre le prix 2010 de la paix de Pax Christi International lors d'une cérémonie à la Maison de la Conférence des Évêques de France à Paris. Le 11 décembre, Mgr Sako est l'invité d'honneur d'un concert en hommage aux chrétiens d'Irak et à toutes les victimes du conflit irakien en l'église StRoch à Paris. 180 choristes, dirigés par le Père André Gouzes et Jean François Capony, in ter prètent La Passion de Jésus-Christ d'André Gouzes. Accueil à partir de 20 h. IRAK Le 31 octobre, le Pape a reçu, à l'occa sion de l'audience générale, des blessés de l'attaque du 31 octobre dans la cathédrale syrocatholique de Bagdad, et des membres de leur famille qui ont été accueillis par l'Italie. IRAK Fadi Walid Gabriel, ingénieur de 26 ans, a été enlevé le 30 novembre, dans le quartier Zuhoor à Mossoul, et assassiné quelques heures après. C'est le huitième chrétien tué en Irak depuis l'attentat de la cathédrale de Bagdad. NIGERIA Le 3 décembre, des éleveurs Fulanis (musulmans nomades) ont massacré 5 membres d'une famille de paysans chrétiens sédentaires dans la région de Miango. Selon l'armée il s'agissait d'une action de représaille après le meurtre d'un Fulani et le massacre de 30 vaches par des paysans 15 jours plus tôt. PAKISTAN Le cardinal JeanLouis Tauran, prési dent du Conseil pontifical pour le dia logue interreligieux, a préconisé une « approche sereine et graduelle » pour résoudre le cas d'Asia Bibi, cette chrétienne condamnée à mort pour blasphème au Pakistan. Brusquer les choses serait « contreproductif », atil estimé sur les ondes de Radio Vatican, le 30 novembre, de retour d'un voyage de 4 jours dans ce pays. Zenit.org PAKISTAN Le LaskhareToiba, organisation isla miste, a lancé un appel à assassiner le ministre pakistanais des minorités reli gieuses, Shabbaz Bhatti, qui est catho lique et a osé appeler à modifier la loi sur le blasphème. Le mollah Qureshi Yousaf, de la mosquée Masjid Mohabaat Khan à Peshawar, a mis une récompense de 500 000 roupies sur la tête d'Asia Bibi si la cour d'apelle l'innocentait. JURA À partir de janvier 2011, le diocèse de SaintClaude se dote d’un nouveau mensuel : L’1visible – Édition Jura. Tiré à 30 000 exemplaires, il sera distribué gratuitement dans tout le département. Le diocèse de Saint Claude est le premier diocèse à s’enga ger dans cette approche innovante de communication ecclésiale. Constitué de 32 pages 8 pages locales et 24 pages nationales L’1visible – Édition Jura vise un lectorat large, catho lique ou non catholique, et plus parti culièrement les 30/50 ans. Les 8 pages locales permettront un retour sur l’actualité diocésaine et jurassienne, donneront des informations sur les événements à venir, inviteront à des temps de respiration spirituelle et proposeront des idées de sortie. Le tout par des articles brefs et variés. La rédaction sera assurée par le service diocésain de la communication. Les 24 pages nationales seront reprises du mensuel gratuit L’1visible. Ce choix veut permettre au plus grand nombre possible de jurassiens de découvrir l’Église diocésaine et l’actualité juras sienne à travers une ligne éditoriale bienveillante et positive. FRANCECatholique n°3238 10 décembre 2010 19 LECTURES animaUx danS LES évangiLES - 14 20 FRANCECatholique n°3238 10 décembre 2010 par Tugdual DERVILLE dessins de Didier TIphaInE FRANCECatholique n°3238 10 décembre 2010 21 lIVRES ENTRETIEN AVEC l’Abbé MARC-ANToINE FoNTEllE Un monde à exo La vie spirituelle des chrétiens ne saurait se passer de la prise en compte des puissances invisibles, positives ou négatives. de foi, d’espérance et de charité, dans la mesure où il consiste fondamentalement à regretter nos fautes en vue d’obtenir le pardon des péchés véniels, et à être entouré par la puissance du Christ. n Mais qu’est-ce que le monde actuel a à faire de tout cela ? n Pourquoi l'invisible est-il aujourd'hui relégué au rang des mythes et des symboles, même chez les catholiques ? Abbé Fontelle : Trop de croyants ont en effet oublié l’importance de l’action des anges et des démons. Ainsi, on se coupe des grâces quotidiennes des anges gardiens, et on ne pense plus à démasquer l’action cachée du démon, que l’on tend à réduire à des cas extraordinaires très rares, comme les cas de possession aux effets visibles de transes par exemple (quand on ne réduit pas systématiquement ceux-ci à des cas purement psychiatriques). On ne voit alors plus l’action ordinaire du démon qui déstructure la personne en détruisant en elle les vertus théologales de foi, d’espérance et de charité, et la coupe de Dieu, en l’empêchant de profiter de l’action du SaintEsprit, et de ses sept dons, la crainte de Dieu, la piété, la science, la force, le conseil, l’intelligence et la sagesse. n Vous soulignez dans votre ouvrage sur l’histoire et la spiritualité de l’eau bénite les correspondances entre les paroles du Notre-Père, les dons de l’Esprit, les Vertus et les Béatitudes. Marc-Antoine Fontelle, prêtre du diocèse de Saint-Denis de la Réunion. Au niveau de la fin, dire « Que ton nom soit sanctifié » implique la crainte de Dieu, la vertu d’espérance et la béatitude des pauvres. « Que ton règne vienne », la piété, la justice et la béatitude des doux. Au niveau des moyens, dire « Que ta volonté soit faite » implique la science, la tempérance et la « béatitude des larmes ». « Donne-nous notre pain », le don et la vertu de force, et la béatitude des affamés de justice. Quant aux obstacles, dire « Pardonnenous nos offenses », implique le conseil, la vertu de prudence et la béatitude des miséricordieux. « Ne nous soumets pas à la tentation », l’intelligence, la foi et la béatitude des cœurs purs. « Délivrenous du mal », la sagesse, la charité et la béatitude des artisans de paix. Chaque don du Saint-Esprit permet de pratiquer une vertu. Dans la pratique religieuse, le signe de croix que l’on fait en priant ou en entrant dans une église est un acte signe de croix est un acte ( Le de foi, d'espérance et de charité 22 FRANCECatholique n°3238 10 décembre 2010 Comme l’ont déjà remarqué plusieurs papes du XXe siècle, le monde moderne a perdu le sens du péché. Avec des retournements moraux presque inimaginables. Par exemple, s'il faut en croire certains sondages, beaucoup de catholiques admettraient désormais l'avortement comme un moyen acceptable de contraception… Vis-à-vis des hommes, l’action du démon au quotidien est la plus dangereuse, car elle agit pernicieusement, toujours d'abord à dose homéopathique avant de s'imposer plus brutalement. Dans la vie publique, on profane sans même s'en rendre compte le vocabulaire sacré. Tout le monde connaît l'exemple du sport avec ses « dieux du stade » pour qui un match important est une « grand-messe » et j'en passe… Tout cela semble dans un premier temps très anodin et puis, un jour, on découvre que les mots sacrés ont perdu tout sens. Le monde de la publicité ou du show-business véhiculent beaucoup de modèles de vie négatifs sous un vernis festif ou tape-à-l'œil. L’homosexualité masculine ou féminine s'est imposée comme un fait culturel marquant, d'abord sur des panneaux publicitaires qui semblaient ne promouvoir que des coiffures à la mode ou n’importe quel modèle d’objet de consommation. Mais orciser derrière ces modèles matériels, s'est profilée subrepticement une idéologie antifamiliale. Certains milieux très introduits dans les médias et dans le monde politique promeuvent désormais efficacement la théorie du « gender », un anti-modèle censé remplacer la distinction naturelle des deux sexes masculin et féminin. Enfin, et là n’est pas le moindre mal, le culte de l’argent a atteint des proportions phénoménales, avec les dégâts que l’on sait depuis quelques années, à l’échelle mondiale, avec les victimes des scandales financiers. Tout cela traduit l’évolution pernicieuse d’une société et de milieux dirigeants tragiquement privés de la prière. n Vis-à-vis des jeunes, l’enseignement est un domaine sensible à l’importance capitale… Sans aucun doute, mais on assisté, ici encore, ces dernières décennies, à une déchristianisation de l’enseignement, même dans des écoles officiellement catholiques. Cela a commencé par la suppression des prières dans les écoles, puis l’aumônerie et la catéchèse ont été affaiblies, voire corrodées, et la transmission de la foi en a énormément souffert. C’est ainsi que le relativisme s’est installé à l’intérieur même de l’Église, à cause d’une déspiritualisation parfois conjuguée à un désir de plaire à tout prix au milieu ambiant. La prière est la principale réponse à un tel effritement, tout en travaillant à un renouveau de la formation en matière de catéchèse. Sans ce remède, on se heurte encore aux dangers multiples du propos recueillis par Denis LENSEL détournement du sacré, qui peut mener à de nombreuses dérives autodestructrices : les sectes, la drogue, certaines déviances du « hard-rock » et jusqu’à diverses formes de satanisme qui lui sont ou non associées et dont on ne dit quasi jamais rien lorsqu'on évoque les profanations d'églises ou de cimetières, qui ont lieu chaque semaine dans ce pays. n Quand et comment l’Église pratique-telle l’exorcisme ? Quand on relit les chapitres 12 et 13 de l’Apocalypse, on retrouve l’évocation du Dragon qui veut tuer la Femme et l’Enfant : aujourd’hui, on retrouve dans ce projet destructeur la « culture de mort » que dénonçait Jean-Paul II : addictions très dangereuses pour soi et pour les autres, avortement, euthanasie ou suicide assisté ou non, et diverses autres formes d’autodestruction qui amènent à soupçonner une intervention diabolique que la prière peut contrer. On assiste aussi à des cas encore plus visibles si c'est possible : des actes monstrueux, blasphématoires, et à des manipulations des esprits, même hélas parfois à l’intérieur de milieux catholiques que l’on aurait pu croire prémunis contre de telles dérives. Dans de tels cas, la prière d'exorcisme peut avoir des effets salvateurs immédiats dont il convient de ne pas se priver. L’exorcisme est d'abord un rituel où on prie : après une prière d’introduction, on fait une lecture biblique, on procède à une aspersion d’eau bénite, à l’imposition des mains, on récite la litanie des saints, en invoquant par exemple Notre-Dame de la Délivrance, on adresse une prière directe de « commandement » aux démons pour les chasser, puis on termine par une action de grâce. n Dans ce contexte, comment définir et évaluer le phénomène de l’acédie, peu évoqué aujourd’hui, mais néanmoins présent ? Il s’agit d’une tiédeur spirituelle qui étouffe la dévotion, c’est-à-dire la promptitude à servir Dieu. C'est ce qu'évoque le sondage récemment paru dans l'hebdomadaire Le Pèlerin, selon lequel seulement 53% des catholiques prient et seulement 10% prient tous les jours. Pour ne rien dire des jeunes de 15 à 30 ans qui ne sont que 27% à prier… 56 % déclarant même expressément ne jamais prier ! On dépasse l'acédie pour atteindre l'inconséquence… à travers l’acédie, le démon attaque d’abord la vertu d’espérance pour s’infiltrer dans notre vie et dans notre intériorité sous divers camouflages et sous divers prétextes. Si on n’a plus confiance en l’Amour de Dieu qui nous entoure, si on ne croit plus qu’on peut être lavé de nos péchés, si on ne garde pas cette espérance fondamentale, comment va-t-on agir ? Il n'a jamais été aussi urgent d'expliquer aux Français que la dévotion authentique peut transformer notre vie quotidienne en culte de Dieu, à la lumière du sacrifice du Christ mort pour nous sur la croix. n Marc-Antoine Fontelle, L’eau bénite, histoire et spiritualité, 166 pages, 10 e, et Comprendre et accueillir l’exorcisme, 188 pages, 13,20 e, éditions Pierre Téqui. FRANCECatholique n°3238 10 décembre 2010 23 LIVRES ÉDITH STEIN Un chemin vers l par Denis LENSEL Le prix Humanisme chrétien a été décerné au frère carme Didier-Marie Golay pour son album « Édith Stein, devant Dieu pour tous », belle introduction aux œuvres de la sainte. J uive e t P russienne , philosophe convertie au catholicisme à la lecture de l’autobiographie de Thérèse d’Avila, Édith Stein a fait le choix radical de la vie de carmélite, avant de mourir dans la chambre à gaz d’Auschwitz. Arrêtée par les nazis en 1942 au sein d’un carmel de Hollande en représailles après une protestation des évêques de ce pays contre les rafles antisémites, Édith Stein, en religion Sœur Thérèse Bénédicte de la Croix (« bénie par la croix »), a été béatifiée en 1987 puis canonisée en 1999 par Jean-Paul II. Publié par un religieux carme, le Père Didier-Marie Golay, un très bel ouvrage collectif(1) illustré de photos saisissantes vient de recevoir le prix Humanisme chrétien de l’Académie d’éducation et d’études sociales. Il retrace l’itinéraire d’Édith Stein, à l’appui de documents de grande valeur qui soulignent la portée surnaturelle de sa vie. Forte personnalité, Édith Stein était la fille cadette d’une femme qui, prématurément veuve, mena de front l’éducation de huit enfants et la reprise en main d’un commerce de bois à Breslau, capitale de la Silésie. ( Cette mère lui a donné l’exemple d’une vie de prière assidue dans la religion judaïque. Toutefois, après une scolarité brillante, elle se détachera de la pratique religieuse, pour s’absorber dans la recherche philosophique. Édith Stein commence ses études à l’université de Breslau en 1911, trois ans après l’admission des femmes dans l’enseignement supérieur en Prusse. Tout en choisissant la philosophie, elle s’inscrit également à des cours de lettres et d’histoire. Elle dispense gratuitement des leçons à des ouvriers des deux sexes, et milite pour le droit de vote des femmes. Elle découvre un penseur contemporain très cité, Edmund Husserl, le père de la « phénoménologie », ayant pour devise « Aller aux choses elles-mêmes », dans un souci de rigueur allié à une volonté de réalisme. Enthousiasmée, Édith Stein décide d’aller étudier auprès de lui, à l’université de Göttingen. Elle va y rencontrer un groupe de penseurs qui vont l’adopter, et parmi eux, un jeune protestant, Adolf Reinach, puis Max Scheler, représentant un catholicisme dont elle ignore tout. À l’école de la phénoménologie de Husserl, Édith Stein choisit de préparer un doctorat sur la compréhension du « vécu non verbalisé » d’autrui, à la lumière de la notion d’« empathie », perçue comme « intersubjectivité ». La guerre de 14-18 éclate. Par patriotisme prussien, Édith Stein s’engage comme infirmière aux armées, malgré sa mère… Sa relation aux blessés et malades va l’éprouver mais l’enrichir sur le plan humain. En novembre 1917, à la nouvelle de la mort de Reinach à la guerre, Édith Des documents de grande valeur qui soulignent la portée surnaturelle de sa vie 24 FRANCECatholique n°3238 10 décembre 2010 Stein rend visite à sa veuve Anna : « C’est elle qui console et réconforte de façon surnaturelle ceux qui viennent la voir », dit-on. Édith constate la force intérieure que le Christ offre par sa croix. Elle va lire Bergson et Les Frères Karamazov. Mais une autre lecture va se révéler décisive : chez la veuve de Reinach, l’été 1921, elle choisit de découvrir l’autobiographie de Thérèse d’Avila. Après y avoir consacré une nuit entière, elle en conclut que la vérité réside dans cet engagement chrétien total. Elle va se faire baptiser dans l’Église catholique le 1er janvier 1922, en la fête de la circoncision de Jésus, avec une marraine protestante, tout en sachant que sa mère vivra ce changement comme un douloureux arrachement. Elle participera chaque jour à l’Eucharistie, après avoir été confirmée par l’évêque de Spire le jour de la Présentation de Jésus au Temple. Elle va se révéler une enseignante remarquable pour les élèves des Dominicaines de ce diocèse, manifestant une grande disponibilité, ainsi qu’une vie de prière intense : « Nous devinions en elle quelque chose de très rare : la totale harmonie entre l’enseignement et la vie personnelle », diront ses élèves. Elle préfère le souci de la personne aux méthodes toutes faites. Professeur d’allemand, cette polyglotte traduit de l’anglais des textes du cardinal Newman, heureuse de découvrir un autre cheminement vers le catholicisme. Elle aborde l’étude de saint Thomas d’Aquin, dans le but d’un « débat entre la philosophie traditionnelle catholique et la philosophie moderne » désormais marquée du sceau de la phénoménologie. Une telle démarche sera aussi le fait de Karol Wojtyla, le futur Jean-Paul II… Puis c’est la découverte de l’abbaye bénédictine de Beuron. Et le début de nombreuses conférences, notamment sur la vocation de la femme, lors d’un congrès à Munich où elle rencontre l’écrivain Gertrud von Le Fort (2) , auteur d’un roman qui inspira le Dialogue des Carmélites de Bernanos, et le cardinal Faulhaber, futur opposant au nazisme. Édith Stein voit son rayonnement s’accroître : francophone, elle est invitée par Jacques et Raïssa Maritain en France en 1932. Mais, nouvelle fracture historique pire que l’été 14, Hitler arrive au pouvoir. Les Juifs sont interdits d’enseignement. Édith Stein venait d’écrire que « pour un chrétien, il n’y a pas d’étranger ». Peu après, Édith Stein décide d’entrer au Carmel de Cologne. Pour sa mère et beaucoup des siens, c’est un nouveau coup, qu’ils considèrent comme un abandon. Mais l’avenir montrera qu’elle n’a pas oublié sa condition de juive. Si elle demande à être appelée Thérèse Bénédicte de la Croix, c’est en comprenant, explique-t-elle, l’avènement imminent du « sort du peuple de Dieu ». Dans un ouvrage collectif de la société Saint-Boniface de Paderborn qui s’oppose au nazisme, elle rappelle que le Christ « a prié comme priait un juif croyant et fidèle à la loi ». Recevant une image du linceul de Turin en décembre 1937, la future martyre écrit ces vers : « Et des temps sont venus où la puissance des ténèbres / a extirpé la foi des cœurs, / et fait pâlir l’étoile de l’espérance / et se refroidir l’ardeur de l’amour », mais aussi ceux-ci : « Une paix d’une profondeur insondable / rayonne des traits de ce visage / et dit : c’est accompli ». La Gestapo a repéré sa présence au Carmel de Cologne. Elle va partir pour celui d’Echt en Hollande, où sa sœur D.R. a Croix Rosa, convertie à son tour, la rejoint. Elle écrit : « Le combat entre le Christ et l’Antéchrist s’est ouvertement engagé. Si tu te décides pour le Christ, cela peut te coûter la vie ». Convoquée à nouveau par la police nazie, en Hollande après l’invasion de mai 1940, au « Heil Hitler ! » de ceux qui lui demandent de spécifier officiellement sa judéité, elle répond « Laudetur Jesus Christus ». Le port de l’étoile jaune est imposé à Édith et à sa sœur sur leur habit de carmélites. Elles essaient de gagner la Suisse, sans succès. Le 2 août 1942, c’est l’arrestation à Echt : « Viens, nous allons pour notre peuple », dit Édith à sa sœur Rosa. Dans son hommage à cette fille du Carmel issue du peuple juif, Jean-Paul II dira que sa vie a été « la synthèse de la pleine vérité sur les hommes ». En la déclarant sainte après un miracle aux États-Unis, il a souhaité que son témoignage « rende plus solide le pont de la compréhension réciproque entre juifs et chrétiens ». En la proclamant co-patronne de l’Europe, il a montré sa volonté de manifester un idéal « de respect, de tolérance, d’accueil », qui invite tous « à s’accepter ». n (1) Didier-Marie Golay, Devant Dieu pour tous, avec la collaboration de Robert Arcas, Vincent Aucante, Renée Bedarida, Jean Dujardin, Michel Dupuis, JeanFrançois Lavigne, Marguerite Léna, Cécile Rastouin, Marie-Dominique Richard, Francisco Javier Sancho Fermín, Le Cerf éditions, collection « Images & Beaux livres », 316 pages, 48 e. (2) Gertrud von Le Fort, Écrits de résistance, préface de Didier-Marie Golay, éditions Via Romana, 110 pages, 15 e. FRANCECatholique n°3238 10 décembre 2010 25 26 FRANCECatholique n°3238 10 décembre 2010 FRANCECatholique n°3238 10 décembre 2010 27 expositions Musée de La Vie roMantique La russie romantiqu à l’époque de Gogol et pouch L La Russie ne s’est éveillée que tardivement à la peinture, à la musique ou à la poésie Oreste A. Kiprenski Le Comte Egor E. Komarovski (1796-1843), 1823. fixer des règles…* » Le décalage entre la culture russe et celle de la France ou des autres pays européens explique les particularités du mouvement romantique en Russie. Alors que, chez nous, il a été précédé d’un long passé littéraire et artistique, la Russie ne s’est éveillée que tardivement, principalement sous Pierre le © GALeRIe TReTIAkoV, MosCou © GALeRIe TReTIAkoV, MosCou ’ exposition proposée par le musée de la Vie romantique rassemble, pour la première fois à Paris, quelque soixantequinze peintures, sculptures, dessins et objets d’art représentatifs des règnes des tsars Alexandre Ier (1777-1825) et Nicolas Ier (1796-1855). Ces chefs-d’œuvre proviennent de la Galerie Tretiakov, fondée en 1856 à Moscou par Pavel Tretiakov. L’industriel et mécène accordait une grande attention à l’acquisition des œuvres des artistes russes des XVIII e et XIX e siècles, y compris à la période qui vit l’épanouissement du romantisme. Le terme apparaît dans la presse russe des années 1810, étroitement associé au concept de patriotisme. Le romantisme, comme courant artistique, exista en Russie de la fin du XVIIIe siècle aux années 1850. « Nous qui sommes habitués à concevoir le romantisme russe comme un mouvement de réaction contre le classicisme, devons comprendre qu’en Russie les deux courants se superposent, que les artistes des années 1830 avaient la double obligation d’écouter leur cœur et de © GALeRIe TReTIAkoV, MosCou Le musée de la Vie romantique présente une sélection d’œuvres autour du romantisme russe. Anton I. Ivanov, La traversée du Dniepr par Nikolaï Gogol, 1845. 28 FRANCECatholique n°3238 10 décembre 2010 Fedor P. Tolstoï, Pampre de vigne, 1817. Karl P. Brioullov Cavaliers : Eugène Mussard (ca. 1814-1896) et son épouse Émilie (ca. 1832-1896), 1849. e par Alain SoLAri © GALeRIe TReTIAkoV, MosCou © GALeRIe TReTIAkoV, MosCou kine Vladimir L. Borovikovski Portrait présumé de Mme de Staël, née Germaine Necker (1766-1817), 1812. Grand, à la peinture, à la musique ou à la poésie. Auparavant, l’expression artistique était presque exclusivement liée à la religion : icônes, chants religieux… Au XVIIIe siècle, les artistes étrangers affluèrent en Russie. Pour s’en convaincre, il suffit de penser à saint-Pétersbourg. Les Russes commencèrent à subir leur influence mais ils voyagèrent aussi en France, en Italie. Ils s’inspirèrent d’abord des paysages qu’ils y découvrirent. À cet égard, la mélancolie rêveuse du Clair de * Dominique Fernandez, lune à Naples est emblématique. elle est signée de l’Académie française. de sivestr F. Chtchédrine, considéré comme le « La Russie romantique premier paysagiste russe. Le romantisme passe à l’époque de Gogol et Pouchkine, chefs-d’œuvre ici par le filtre des paysages classiques. de la galerie Tretiakov, une multitude d’artistes initiés aux courants Moscou », au musée de européens participe à une rénovation des genres. la Vie romantique, Les portraits s’adoucissent et se font plus intimes, Hôtel Scheffer-Renan, comme celui de Nicolaï Gogol, une des figures du 16 rue Chaptal, 75009 Paris, génie romantique russe. La toile, due à Fedor A. Moller, fut peinte en 1840. Gogol lui-même tenait jusqu’au 16 janvier 2011, tous les jours (10h-18h), ce portrait comme « le seul qui fut ressemblant ». sauf les lundis et jours fériés. Parmi les œuvres exposées de Petr F. sokolov, Tél. : 01.55.31.95.67, une aquarelle charmante, fort éloignée de la fax. : 01.48.74.28.42, dignité souvent empesée des portraits officiels, www.vie-romantique.paris.fr représente le grand-duc Alexandre Nikolaïevitch Romanov, futur empereur Alexandre II. Les paysages oscillent entre ciels nocturnes et nuits blanches. Dans la Traversée du Dniepr par Nicolaï Gogol, peinte par Anton I. Ivanov en 1845, les rayons du soleil couchant caressent la surface lisse d’une eau calme. La Nuit d’automne sur le débarcadère aux sphinx met en scène, sous le pinceau de Maxime N. Vorobiev, la Neva à saint-Pétersbourg. Plus rarement, il arrive que l’expression paroxystique des sentiments passe par le paysage. La Tempête – le chêne foudroyé, du même peintre, a été perçue comme l’allégorie de la mort de son épouse. Comme leurs confrères occidentaux, les peintres russes puisent parfois leur inspiration dans l’orientalisme (Turc montant sur son cheval, de karl P. Brioullov). Mais ils la recherchent souvent dans leur propre histoire : les chevaux des Cosaques du fleuve Don, peints par Alexandre o. orlowski, rappellent ceux d’un Delacroix. si l’exposition met en lumière les influences occidentales sur les romantiques russes, elle dévoile aussi comment ils les ont traduites à travers leur génie national. ■ FRANCECatholique n°3238 10 décembre 2010 29 MUSIQUE HARMONIUM Un instrument ou Dans beaucoup de chapelles on trouvait, jusqu'aux années 1960, des harmoniums qui ont été le sommet de la modernité durant un siècle, comme le furent ensuite les orgues électromécaniques, puis électroniques… D publicitaire d’une livraison de 1845 de La France musicale, une gravure représente une jeune personne de la société, en robe simple et élégante du soir, coiffée comme une héroïne de Musset ou de George Sand, avec le regard un peu perdu de celle qui écoute une harmonie lointaine, assise au clavier d’un instrument d’une riche et robuste ébénisterie. Le bas de la robe cache à peine des pieds délicatement chaussés, engagés toutefois dans l’anfractuosité d’une soufflerie actionnée par des pédales. La figurine est accompagnée d’un texte en capitales : Rue Vivienne, 53, HARMONIUM, Debain, Inventeur, Médailles Bronze et Argent 1844. La destination de cet instrument résolument moderne, désormais muni d’une dénomination qui fera fortune, ne fait aucun doute. Ses sonorités puissantes et douces, son expressivité persuasive, son caractère fashionable avaient tout pour en faire le bien-aimé des salons, et le support idéal des rêves des jeunes filles. D’ailleurs, les pensionnats et les maisons d’éducaans la page ( tion pour jeunes personnes s’en feront d’ardents promoteurs. On verra même s’ouvrir des cours de musique spécialisés dans l’enseignement méthodique et artistique du nouvel instrument, et très vite se diffuser un répertoire de transcriptions, de pièces pour voix et instrument ; d’œuvres originales, souvent soigneusement graduées quant à la facilité ou la difficulté d’exécution. Dans les dix ans qui suivent la parution du petit panneau publicitaire de Debain, de très nombreux indices attestent que la pratique du nouvel instrument s’établit aussi dans les cérémonies du culte catholique. Un catalogue de la maison Alexandre énumère les usages auxquels elle destine son impressionnante production : pour Salons, Églises, Écoles, Chapelles, etc. En 1846, F. Danjou se plaint de ce qu’il considère comme un acharnement publicitaire en direction du clergé. La réticence du directeur de la Revue de la musique religieuse, populaire et classique vis-à-vis de la diffusion ecclésiastique du nouvel instrument est manifeste : « On a débité dans les journaux toutes les billevesées imaginables au sujet des orgues expressifs, et aussitôt le clergé s’en est coiffé ; on en a empli les chœurs, sans savoir si cet instrument aux sons maigres, stridents et monotones, était convenable ailleurs que dans un salon ou dans une très petite chapelle. » (2e Année, 1846, p. 210). La position de Danjou, dont l’intransigeance en matière de musique à l’église lui vaut un nombre considérable de contradicteurs, se heurte, semble-t-il, à un phénomène dont l’ampleur provient sans doute du croi- Un répertoire d'une tout autre nature que celui de la liturgie solennelle de la messe 30 FRANCECatholique n°3238 10 décembre 2010 sement conjoncturel et convergent de plusieurs variables : une prospérité croissante de l’établissement ecclésiastique - séminaires, congrégations religieuses, maisons d’éducation… Un attrait pour un équipement à connotation moderne mis en circulation par des réseaux commerciaux en passe de constituer un nouveau style de société, celui des catalogues et des Grands Magasins. Mais plus décisif, sans doute, la prégnance d’un courant diffus mais puissant d’une nouvelle sensibilité religieuse, libéré de la lourde sujétion janséniste, avec la place faite à une religion du cœur et des sentiments, dont l’harmonium des chapelles et des pensionnats pouvait devenir comme un emblème sonore avec son répertoire de cantiques, de pièces expressives et proches de l’âme, constituant une sorte d’allée et venue tranquille entre le salon, le jardin et la chapelle. C’est ce courant de sensibilité, qui trouve sa vitalité dans de nouvelles dévotions et une sociabilité chrétienne plus fervente, que promeuvent, par exemple, les religieuses des innombrables congrégations diocésaines enseignantes et les associations de piété qui fleurissent ici et là, avec leurs mois de Marie, cantiques, images, réunions de piété. À travers l’ambiance congréganiste, souvent soutenue par le patronage de quelques dames de la société, l’harmonium passera du salon à la salle de réunion et tout naturellement à la chapelle, avec un répertoire d’une tout autre nature que celui de la liturgie solennelle de la messe ou de l’Office. Mais les messes de Confréries, et bien des messes basses dites dans les petites chapelles provisoires que l’on construit aux extrémités de Paris dans la seconde par Jean-Yves HAMELINE blié moitié du siècle, ne connaîtront pas le plus souvent d’autre ethos musical que le son modeste de l’harmonium, suivant un transfert singulier de la classe aisée à la classe populaire. À ces nouvelles pratiques répond la production d’un répertoire qui apparaît certainement comme innovant, mais dont l’assujettissement au goût dominant limite très vite l’originalité : cantiques-romances, motets pour les saluts et les réunions de piété, pièces à jouer pendant les messes hautes et basses, musique de clavier, sans pédale, à la portée de quelque personne, jeune, ou moins jeune, disposant d’un suffisant talent de société. De bons artistes tenteront de trouver un dosage tempéré entre le style sévère, souvent représenté par la fugue, et le style mondain du théâtre et des salons. Ainsi, le Journal des Organistes, veut proposer à ses lecteurs des morceaux « d’un style à la fois mélodieux et grave, sans être trop sévère… D’ailleurs, ajoute l’éditeur, une musique plus sévère serait pour le moment peu goûtée en France, mais, plus légère, elle deviendrait inconvenante. » Alexandre Guilmant*, dont le Journal des Organistes publiera quelques pièces, se situera dans cette mouvance, représentant assez bien, et sans doute plus nettement que ne le feront les Franckistes, la sensibilité éclectique d’un catholicisme commun, et d’une piété artistiquement éclairée, sans être tenté par une quelconque intransigeance. Musique heureuse. n * « Noël au salon », morceaux d'Alexandre Guilmant, par Françoise Masset, soprano, François Lambret, piano, Kurt Lueders, harmonium : 15 e, éditions Hortus, 2, rue Diderot 92600 Asnières. FRANCECatholique n°3238 10 décembre 2010 31 MUSIQUE SÉLECTION Symphonies Compositions instrumentales de grande envergure, les symphonies s'adaptent à de nombreuses sensibilités en quête de sommets... par François-Xavier LACROUX germaniques ». C’est en fait à un long moment de passion auquel nous sommes invités. André Jorrand (1921–2007) – Symphonie n°1 pour cordes – Symphonies n°2 & 3 pour grand orchestre – Nürnberger Symphoniker – Robert Houlihan, direction – Triton – TRI331115 - Enregistrement de 1999 paru en 2002 - Anton Bruckner (1824–1896) – Symphonie n°9 – HR Sinfonie Orchester – Paavo Järvi – RCA – Sony Music - 88697542572 - Sortie 2009 - L A ndré jorrand reste loin des ex périences sérielles, dodécapho niques et viennoises de certains de ses contemporains. Dans la droite ligne d’Albert Roussel, Arthur Honegger, Olivier Messiaen, il représente une forme d'esprit français, cette recherche de la pâte sonore, de la couleur mais aussi de l’harmonie. Ses pages sont donc assez codifiées mais d’une grande richesse harmonique. L’orchestre symphonique de Nurem berg n’est cependant pas toujours à la hauteur de la partition : les attaques sont souvent molles et les couleurs parfois bien trop germaniques. Mais rares sont les chefs et les orchestres français à s’emparer de ces belles pages trop souvent délaissées. ( semblent capter les ultimes énergies des compositeurs de symphonies ; celle de Bruckner n’échappant pas à la règle. Elle restera d’ailleurs inachevée, le maître ayant passé plus de sept ans sur les trois pre miers mouvements. Le doute qu’il posa sur ses propres compositions semble s’être transmis au public pendant de longues années. Peutêtre à cause du succès de son élève Mahler autrement plus charismatique ? L’œuvre de Bruckner ressurgit enfin ces dernières années au disque et en salles de concert. Et de découvrir des pages d’une densité impressionnante. La lenteur du propos cache aux yeux du néophyte un bouillonnement harmonique permanent. La symphonie brucknérienne est un opéra pour instru ments. L’excellent Paavo Järvi parvient au sommet avec maestria dans cette acqui sition de la Neuvième. Un orchestre fort et jamais pris en défaut parvient à nous faire dépasser le qualificatif souvent attribué à l’œuvre de Bruckner : « de la musique autrichienne pour oreilles es neuvièmes La symphonie brucknérienne est un opéra pour instruments 32 FRANCECatholique n°3238 10 décembre 2010 Charles-Marie Widor (1844 – 1937) – Symphonies pour orgue n°2 & 4 – Grandes orgues Clicquot Cavaillé-Coll de la cathédrale Saint-Louis de Versailles – Frédéric Ledroit, orgue – Skarbo – DSK1091 – 2009- L est un mo dèle typiquement français, dont Widor fut largement à l’origine avec Franck, SaintSaëns et Guilmant. La naissance de ce genre est, au XIXe s., le fruit de l’union entre une facture d’orgue qui produit des instruments de plus en plus imposants et de plus en plus colorés, et une influence orchestrale notable. La comparaison avec l’orchestre ne s’arrête d’ailleurs pas à la symphonie pour orgue, mais fusionne dans la symphonie avec orgue, dans la célèbre œuvre de Camille SaintSaëns. L’orgue de Widor est donc ici un orchestre à lui seul, et la structure des pièces suit fidèlement le genre symphonique. Son univers musical puise abondamment dans les suites françaises ou dans le plainchant grégorien, notamment le 4e mouvement de la 2e symphonie qui n’est autre que le Salve Regina, voire dans le lyrisme de Mendelssohn. La lecture de Frédéric Ledroit est très fidèle aux intentions du compositeur. Il fait sonner admirablement le Cavaillé Coll de Versailles. n a symphonie pour orgue CINÉMA Le secret de Chanda Chanda, 12 ans, habite avec sa mère, dans une township proche de Johannesburg. Dans le pays se dessine le spectre du sida. Le film alerte sur le besoin de faire face à cette catastrophe, en évitant la loi du silence, qui condamne les personnes malades du sida à disparaître socialement en attendant la fin. Tourné sur place, dans la langue locale, ce film colle à la réalité, en fuyant l'image de la pauvreté extrême qui devient un cliché. La jeune Khomotso Manyaka est extraordinaire. Réduit à sa dimension humaine, ce drame a des accents de vérité et donne toute sa force au film. Les auteurs n'abordent pas les questions de la prévention du sida. Le film se limite à dénoncer le refus de soins pour des raisons sociales. Georges Collar Drame sud-africain (2010) de Olivier Schmitz, avec Khomotso Manyaka (Chanda), Lerato Mvelase (Lilian), Tina Mnumzana (1h46) (Grands adolescents.) Sortie le 1er décembre 2010. Bébé, mode d’emploi Holly et Éric, qui se détestent, deviennent les tuteurs du bébé de leurs meilleurs amis, tués dans un accident de la route. Au début, on craint le pire, tant cette comédie est très américaine, ce qui signifie artificielle. Pourtant, assez vite, le charme opère, et les gags sont de plus en plus nombreux et de plus en plus surprenants. Surtout, derrière la comédie, il y a l’histoire de tous les couples qui s’occupent, non sans mal, de leur premier enfant, avec des notations très justes. L’interprétation, dominée par Katherine Heigl, révélée par Grey’s anatomy, est pleine de charme et de fantaisie. Il y a plein de notations positives dans cette histoire de maternité et de paternité adoptives, mais le contexte est à la licence des mœurs. Comédie américaine (2010) de Greg Berlanti, avec Katherine Heigl (Holly Berenson), Josh Duhamel (Eric Messer).... (1h53). (Grands adolescents.) Sortie le 8 décembre 2010. Le MoNde de NArNIA par Marie-Christine RENAUD d’ANDRÉ Un monde fantastique Ce troisième opus des aventures fantastiques des enfants Pevensie est produit par la Fox. P endant le blitz, à Londres, Lucy et Edmund habitent chez un oncle. Tout irait pour le mieux pour eux s’ils ne devaient supporter leur cousin Eustace, aussi odieux que prétentieux. Un jour, dans sa chambre, Edmund remarque un tableau représentant un voilier sur la mer. Et voilà que la mer se met à bouger et que l’eau sort du tableau et submerge l’enfant, sa sœur et leur inévitable cousin. Ils se retrouvent tous trois dans la mer, où ils sont sauvés de la noyade par le roi Caspian. Après les deux épisodes produits par les studios Disney, c’est au tour de la Fox de produire cette troi sième adaptation des Chroniques de Narnia de C. S. Lewis. Et c’est Michael Apted, réalisateur de la série Rome et d’un James Bond, qui a pris en charge sa réalisation. Les images sont splendides, tout comme les effets spéciaux, et elles servent une histoire mouvementée et pleine de rebondissements. Le personnage insupportable d’Eus tace est très amusant et volerait presque la vedette à ses deux jeunes cousins. On retrouve les animaux qui parlent, en particulier la réjouissante souris Ripit chip. Mais il y a quelques longueurs, et l’on regrette que le scénario ne soit pas plus explicite sur bien des questions. Il reste que le spectacle est magnifique. On retrouve, dans ces aven tures, l’inspiration chrétienne de C.S. Lewis, tel le courage, la solidarité, le ( On retrouve, dans ces aventures, l'inspiration chrétienne de C.S. Lewis dépassement de soi et, surtout, la résis tance à la tentation. Le débat est ouvert pour ceux qui apprécient ce genre de débat pour savoir si ce film peut avoir une meilleure influence sur les jeunes esprits qu'un Harry Potter dont il partage bien des codes esthétiques. ■ Le monde de Narnia « L’odyssée du Passeur d’Aurore ». Fantastique américain en 3D (2010) de Michael Apted, avec Georgie Henley (Lucy Pevensie), Skandar Keynes (Edmund Pevensie), Ben Barnes, Will Poulter, Gary Sweet, Terry Norris, Tilda Swinton, Bruce Spence (1h55). (Adolescents.) Sortie le 8 décembre 2010. Les trois prochains jours Parce que sa femme chérie a été accusée de meurtre et emprisonnée, alors qu’elle est innocente, John décide de la faire évader. Cette libre adaptation du film du réalisateur français Fred Cavayé, Pour elle, sorti il y a un an, a été écrite et réalisée par Paul Haggis, scénariste réputé de Hollywood, devenu réalisateur oscarisé avec Collision, en 2005. Mené tambour battant, ce thriller, qui mêle habilement action et émotion, met en scène un homme ordinaire qui va tout mettre en œuvre pour sauver sa famille, quitte à franchir la ligne rouge. Russell Crowe, excellent, conduit une action sans temps mort, mais assez angoissante. Il est magnifique, cet amour conjugal, d’autant qu’il repose sur la confiance totale de John pour sa femme, ce qui nous vaut une très jolie scène. Mais il y a beaucoup de violences. Thriller américain (2010) de Paul Haggis, d’après « Pour elle », de Fred Cavayé, avec Russell Crowe (John Brennan), Elizabeth Banks (Lara Brennan), Brian Dennehy (George Brennan), Olivia Wilde, Liam Neeson (2h13). (Grands adolescents.) Sortie le 8 décembre 2010. FRANCECatholique n°3238 10 décembre 2010 33 théâtre « Francesco » François d'assise, toujours par Pierre François «F rancesco », L'humanité du personnage © LOT au Lucernaire, est une pièce qui continue tranquillement Cela donne une pièce aussi vivante que son bonhomme de chemin. Il s'agit vive, régulièrement désopilante – on pense ici de la vie de François d'Assise vue à la scène de sa rencontre avec le Pape – et qui par Dario Fo, lequel a voulu insismet en valeur un François très incarné, lequel, « Francesco », ter sur l'humanité du personnage : il ne parle explique l'interprète, plaît aux franciscains qui du mardi au samedi (19h) donc ni des stigmates ni de sainte Claire, par jusqu'au 31 décembre, viennent voir la pièce. exemple. Cela ne l'empêche pas de partir d'une au Lucernaire, Le public n'a aucun mal à visualiser, dans ce documentation authentique. On se retrouve 53 rue Notre-Dame conte épique, les épisodes qui lui sont racontés, donc face à un François truculent joué par des Champs, 75006 Paris, à commencer par un François accroché à une tél. 01.45.44.57.34, un Gilbert Ponté (qui a joué la trilogie des corde, projeté contre une église et qui finit par www.lucernaire.fr Giacomo) à l'emphase toujours aussi italienne carillonner avec sa tête. Conclusion de l'épisode – il mélange d'ailleurs à plaisir les deux lanpar le comédien-récitant : « On le sort de ce gues – en verve et en mouvement comme on l'a clocher, mais il est sonné. » C'est ainsi pendant rarement vu. tout le spectacle, le récit étant augmenté des mimiques et emphases d'un Gilbert Ponté aussi Une femme, un homme... expressif qu'inspiré. Pas étonnant qu'on soit très Le mec de la tombe d'à côté est un divertissement bien joué. vite pris par cette saga aussi merveilleuse que Chacun des deux personnages est bien typé, sans caricature, joyeuse, au comique simple voire simpliste, mais ce qui n'était pas gagné d’avance dans la mesure où l'un des deux est un paysan. ravageur et jamais vulgaire. On regrette juste le côté un peu trop linéaire de la pièce qui En entretien, le comédien précise les options devient vite un catalogue des obstacles s'opposant à l'amour de Dario Fo : montrer un personnage réel qui entre deux personnes de milieux trop différents. Certes, on est parfois surpris, mais parle aux hommes et pas seulement aux oiseaux on sent là plus une méthode que de vrais rebondissements dans l'histoire. (en effet il avait reçu l'autorisation du Pape de Ce qui est par contre très bien vu – et constitue l'une des caractéristiques du specraconter l’Évangile aux gens, mais l'iconographie tacle – est la façon dont chacun interprète les silences ou attitudes de l'autre, évicommandée aux artistes a toujours préféré le demment de travers. Il y a là un réel enseignement muet sur la nécessité du dialogue montrer avec les animaux qu'avec les hommes). dans tout couple, fût-il seulement en formation. Par ailleurs, Dario Fo cherche à montrer l'actuaOn peut ensuite discuter à perte de vue sur le point de savoir si ce qui enrichit ou lité du personnage, sans le forcer, mais en mondissout le plus sûrement un couple est la différence culturelle (comme c'est le cas trant combien il haïssait pouvoir et argent, qui dans la pièce) ou l'harmonie des phantasmes. Mais, comme aurait dit Kipling, ceci est une autre histoire... n rendent malheureux et esclaves. Une fois de plus, « Le mec de la tombe d'à côté », jusqu'au 1er janvier, du mardi au samedi (19h), matinée on constate que ce spectacle, comme tous ceux le samedi (15h) au théâtre de la Renaissance, 20, bld Saint-Martin, 75010 Paris, tél. : 01.42.08. sur ce saint, est réussi et agit comme un aimant. 18.50, www.theatredelarenaissance.com Il y a sans doute là plus qu'une coïncidence... n 34 FRANCECatholique n°3238 10 décembre 2010 D.R. Est-ce un des effets de la sainteté de François d'Assise ? Toujours est-il qu'on ne voit pas de mauvaise pièce sur lui. Celle-là, œuvre de l'anticonformiste Dario Fo, ne fait pas exception à la règle. C'est un vrai moment de joie communicative. TÉLÉVISION L’âge de glace L’homme qui voulut être roi 3 DR par Marie-Christine RENAUD d’ANDRÉ DR À Lahore, au temps de la reine Victoria, le journaliste Rudyard Kipling reçoit les confi dences d'une vieil infirme marginal. Inspirée d'une nouvelle de Rudyard Kipling, cette œuvre se déroule devant de splendides paysages. La somptuosité de la mise en scène n'a d'égale que l'extraordi naire interprétation de Sean Connery et de Michael Caine. John Huston, qui avait alors 70 ans, demeurait un merveilleux et allègre conteur. Cette fresque, où souffle l'esprit critique et satirique, est traversée par un humour anglais réjouissant. Mais une certaine philosophie fataliste, et, surtout, des images suggestives et des propos crus la feront réserver à un public d'adultes. On retrouve avec grand plaisir les personnages cocasses de cet excellent film d'animation. L ’intérêt des suites, c'est qu'elles permettent de fidéliser les specta teurs, ravis de retrouver leurs héros favoris. L'inconvénient, c'est qu'il est souvent difficile de faire mieux que dans les films précédents. Un écueil que ce troisième opus a su éviter avec brio. Tandis que Manny et Ellie, les mam mouths, attendent la naissance de leur premier petit, Sid, le paresseux, meurt d'envie de connaître, à son tour, les joies de la maternité. Aussi estil ravi lorsqu'il découvre trois œufs dans une grotte. Il les emporte et attend l'éclosion. Ce qu'il ignore, c'est que ce sont des œufs de dinosaure géant ! Ils sont tous là (Manny, Sid, Diego, Scrat, Ellie, Crash et tous les autres), au rendezvous, et c'est un plai sir de les retrouver autant en verve. Car on ne s'ennuie pas une minute en leur Aventures britanniques (1976) de John Huston, d'après Rudyard Kipling, avec Sean Connery (Daniel Davrot), Michael Caine (Peachy Carnehan), Christopher Plummer (Rudyard Kipling) (2h09). Diffusion le samedi 11 décembre, sur France 3, à 22h35. Et au milieu coule une rivière Comédie dramatique américaine (1992) de Robert Redford, avec Craig Sheffer (Norman Maclean), Brad Pitt (Paul Maclean), Tom Skerritt (le révérend Maclean), Brenda Blethyn, Emily Lloyd (1h58). Diffusion le lundi 13 décembre, sur Arte, à 20h40. ( Cette intrusion dans le monde des créatures disparues permet toutes les audaces mais aussi leur sens de la solidarité. Ce film hilarant rend un bel hommage à l'amour maternel. Mais quelques scènes avec les dinosaures risquent d'effrayer les toutpetits. Enfin, ceux qui n'ont pas vu les épisodes précédents risquent de rater certains effets comiques de cita tion ou de répétition… ■ L'âge de glace 3 « Le temps des dinosaures ». Film d'animation en 3D américain (2009) de C. Saldanha et M. Thurmeier, avec les voix de Gérard Lanvin (Manny), Alexis Tomassian (Eddie), Élie Semoun (Sid), Armelle Gallaud, Vincent Cassel, Christophe Dechavanne (1h37). Diffusé le vendredi 17 décembre, sur Canal +, à 20h50. Rendez-vous en terre inconnue « Avec Virginie Efira chez les Tsaatans » France 2 - Adenium - Turpin Fils d'un pasteur presbytérien, Norman et Paul grandissent à Missoula, dans le Montana, au sein d'une famille aimante. Adaptation du roman autobiogra phique de Norman Maclean, cette œuvre exprime l'amour que Robert Redford porte à la splendeur de la nature. On peut lui reprocher son écologisme un peu désuet, comme on peut aussi se laisser gagner par les attraits de cette région à l'état sauvage, de ces hautes montagnes et de ces torrents rapides et poissonneux. Quant à l'histoire de ces deux frères, elle ne manque ni d'intérêt ni d'émotion. Cette œuvre présente avec sim plicité et beaucoup de sensibilité les divers aspects de la vie familiale, ses joies et ses drames. Quelques images complaisantes. compagnie, tant ce troisième opus est d'une drôlerie irrésistible. Cette intrusion dans le monde des créatures disparues permet toutes les audaces visuelles, ce dont ne se sont pas privés les auteurs, inventant des animaux extraordinaires. On a à peine le temps de rire d'un gag que l'on est happé par d'autres dans ce film épatant. Les progrès techniques de l'animation sont également bien percep tibles même s'il faudrait une télé 3D pour les apprécier pleinement. Ils sont toujours aussi sympa thiques, les personnages de ce film d'animation, avec leurs crises de nerfs, Ils sont seulement 240 Tsaatans à vivre comme leurs ancêtres en nomades éleveurs de rennes, à l’extrême nord de la Mongolie. Ils vivent dans des « urts » et boivent du thé salé. Comme souvent, avec cette passionnante émission, le début est un peu lent à démarrer. Mais cette famille, qui a choisi de renoncer au confort pour vivre comme ses ancêtres et connaître ainsi la vraie liberté, est plus que sympathique : fascinante. Et même si leurs terres inté ressent les spéculateurs, car il y aurait de l’or, ils ne sont guère intéressés par l’argent. Comme la délicieuse Virginie Efira, au sourire si chaleureux, on est sous le charme de ces gens qui n’ont aucune envie de goûter aux joies de notre civilisation (et à ses perver sions !) et sont d’une grande piété religieuse. Magnifique ! Magazine français (2010) présenté par Frédéric Lopez. Diffusion le mardi 14 décembre, sur France 2, à 20h35. FRANCECatholique n°3238 10 décembre 2010 35 télévision samedi 11 décembre Dimanche 12 décembre lundi 13 décembre Mardi 14 décembre TF1 TF1 TF1 TF1 20.45 Un divorce de chien GA. Arte - National Geographic présenté par Denis Brogniart. Drame (2007) de J.-P. Salomé, avec Téléfilm avec Élie Semoun, Julie 22.15 Qui veut épouser mon Sophie Marceau, Julie Depardieu, Ferrier, Christine Citti. fils ? Divertissement 2. Marie Gillain (1h52) 2. Dans cette comédie lourde, mais 23.55 New York section crimiUn bel hommage aux femmes cocasse, le chien remplace l’enfant. nelle. Série avec V. D’Onofrio 2. résistantes, mais c’est acadé22.30 New York unité spéciale. mique et il y a des fautes de goût. Série avec Christopher Meloni 2. France 2 22.45 Les experts. Série 3. 01.00 Au Field de la nuit, avec 20.35 Les années bonheur. Daniel Pennac, Gaspard Proust, France 2 Divertissement présenté par Carmen Bramly, Isabelle AlonP. Sébastien, avec Patrick Fiori, so, Charles Pépin. émissions religieuses : El Chato, Zaz, Phil Collins, France 2 Yannick, Claude Bazotti, Dany 08h30 Émissions religieuses : «Sagesses Brillant, Fools Garden, Doro- bouddhistes», «Islam», «Judaïca», «Source de 20.35 Cold case : «Scrutin à thée Jairo, Eddy Grant, Anne vie», «Présence protestante» - 10h30 Le jour du vendre», «Suffragettes». Série Vanderlove, Richard Gotainer, Seigneur «L'enfant : Naissance» (et à 11h30) - avec Kathryn Morris 2. Nicoletta, Didier Gustin... 22.05 Complément d’enquête 10h45 Messe en l'église Notre-Dame de 22.50 On n’est pas couché. Stockel, à Woluwé-Saint-Pierre (Belgique). «Pouvoir d’achat : Et si on augMagazine présenté par mentait les salaires ?». Maga20.35 Haute voltige GA. Comédie Laurent Ruquier. zine présenté par B. Duquesne. dramatique (1999) de Jon Amiel, France 3 France 3 avec Sean Connery, Catherine 20.35 Tempêtes J. Téléfilm avec 20.35 Chabada «Spéciale Line Zeta-Jones (1h48). Un susPhilippe Torreton, Alexia Barlier, Renaud». Divertissement présenté pense élégant et très réussi. Arno Chevrier, Damien Jouillerot. par Daniela Lumbroso. 22.30 Faites entrer l’accusé Ce téléfilm rend hommage aux 23.10 Ce soir (ou jamais !). «Thommy Recco, la malédiction sauveteurs en mer. Mais c’est Arte des Recco». Magazine 2. assez lourd et artificiel. France 3 22.35 L’homme qui voulut être 20.35 Un village français : «Le roi A. Aventures (1976) de John choix des armes», «La java bleue» Huston, d’après Rudyard Kipling, A/Ø. Téléfilm avec Robin Renucci. avec Sean Connery, Michael Caine, Excellent, malgré une Christopher Plummer (2h09). scène érotique et une de torture. (Voir notre analyse page 35.) 22.15 Un village français… Ils y Arte 20.40 Et au milieu coule une étaient «L’aryanisation des biens rivière GA. Comédie dramatique juifs». (1992) de Robert Redford, d’après 23.00 Déshabillez-nous «Strip N. Maclean, avec Craig Sheffer, burlesque ou la philosophie du Brad Pitt, Tom Skerritt, Brenda corset». Documentaire. Blethyn, Emily Lloyd (1h58). 00.10 Règlement de comptes (Voir notre analyse page 35.) GA. Policier en VO et NB (1953) 22.40 Le mal de la jeunesse. de Fritz Lang, avec Glenn Ford, 20.40 L’aventure humaine «Sur Comédie dramatique de Dieter Gloria Grahame (1h30). les traces de Sindbad le marin» J. Berner, d’après Ferdinand BrücUn film noir magistral, mais dur. Très intéressant. kner, avec Stella Hilb, Matthias Arte 21.30 L’aventure humaine Weidenhöfer, Alina Levshin (1h30). Entre la vie et la mort «L’apogée de l’âge de bronze : Le M6 20.40 À propos d’Henry GA. triomphe du négoce en Méditer20.45 Gangs of New York A/Ø. Drame (1991) de Mike Nichols, ranée». Drame (2002) de Martin Scorsese, avec Harrison Ford, Annette Bening 22.25 Breaking bad (12 et 13/13). avec Leonardo DiCaprio (2h39) 3. (1h42). Une histoire originale. Série avec Bryan Cranston. Éblouissant de virtuo22.30 Entre deux mondes «Le réveil M6 sité, mais assez vain. Des violences dans une autre vie». Documentaire. 20.45 Pékin Express, duos de atroces et des scènes sensuelles. M6 choc «Sur les traces du Livre de la 23.50 Usual suspects A. Policier 20.45 Capital «Ils font tout pour jungle». Divertissement. (1995) de Bryan Singer, avec vous faire craquer à Noël !». 22.40 Enquête exclusive autour Gabriel Byrne, Kevin Spacey 22.45 Enquête exclusive «Safadu monde «Gangs, favelas, Miss (1h42). Bien fait, mais un ris, trafics et kidnappings : Voyage Univers : La folie Caracas» 2. peu obscur et très violent. au Kenya». Magazine. Canal + Canal + Canal + 20.50 Rapt GA. Drame (2008) de 20.50 Mafiosa (7 et 8/8) A. 3. 20.55 Football «Bordeaux/Rennes». Lucas Belvaux, avec Yvan Attal, Excellent, mais une scène KTO Anne Consigny (2h01) 2. très sensuelle. Une excellente et libre adaptation 20.40 La foi prise au mot «Fils de KTO de l’enlèvement du baron Empain, Dieu». 20.40 Le temps des moissons. mais des images pénibles. 21.45 Caravage, une vie en Documentaire. clair-obscur. Documentaire. KTO 21.45 La vie des diocèses «Saint22.45 Ainsi sont-ils «Intégrale». 20.50 VIP «Emmanuel Chain». Flour». 23.15 Les mardis des Bernardins Rencontre avec un producteur TV. 21.15 Églises de France «Église de «L’art, chemin de conversion ?». 21.45 Concert «Petite messe Royaumont». solennelle». 22.25 Parlons-en. 36 FRANCECatholique n°3238 10 décembre 2010 DR 20.45 Les femmes de l’ombre GA. DR 20.45 Koh-Lanta. Divertissement 20.45 Astérix et Obélix contre César T. Comédie (1999) de Claude Zidi, avec Christian Clavier, Gérard Depardieu (1h45). Excellent et très amusant. 22.50 Pascal, le grand frère. France 2 20.35 Rendez-vous en terre inconnue «Avec Virginie Efira chez les Tsaatans» T. Magazine. (Voir notre analyse page 35.) 22.15 Virginie Efira «Retour de terre inconnue». Magazine présenté par Frédéric Lopez. 23.25 Face aux Français… «Conversations secrètes». Magazine présenté par Guillaume Durand. 00.30 Jeux interdits J. Drame en NB (1951) de René Clément, avec Brigitte Fossey, Georges Poujouly (1h42). Un bouleversant chef-d’œuvre. France 3 20.35 Les imitateurs font leur show. Divertissement présenté par T. Young, avec Liane Foly, Michel Drucker, Dany Brillant, Véronique Sanson, Didier Gustin... 23.00 Ce soir (ou jamais !). Arte Danger infarctus 20.40 Infarctus «Mieux vaut prévenir que guérir» J. Très intéressant. 21.35 Coup de semonce J. . 22.25 Vénus & Apollon (1 et 2/8) A/Ø. Série avec Brigitte Roüan, Maria de Medeiros. Pas mal, mais un peu confus et tordu. 00.00 Arte lounge «Best of». M6 20.45 L’espoir de l’année «Artisan esthéticienne». Divertissement présenté par Karine Lemarchand. 22.30 Profession artisans «Fiers de l’être». Canal + 20.50 Agora A. Drame (2009) de Alejandro Amenábar, avec Rachel Weisz (2h01) 2. Ce film brillant est très anti-chrétien et historiquement inexact. KTO 20.40 Les mardis des Bernardins «Les nouvelles technologies vont-elles réinventer l'homme ?». 21.45 Mille questions à la foi «Pourquoi on ne parle jamais de Joseph ?». 22.15 Églises de France «Église de Longsport». 22.25 VIP «Emmanuel Chain». télévision Mercredi 15 décembre Jeudi 16 décembre vendredi 17 décembre TF1 TF1 TF1 20.45 RIS police scientifique : «Retour de flammes», «Tu seras un homme», «Sang froid». Série avec Philippe Caroit, Pierre-Loup Rajot, Stéphane Metzger 2. 23.30 Esprits criminels. Série avec Mandy Patinkin 3. France 2 20.35 Envoyé spécial : «Les dessous des marchés de Noël», «Le homard, pinces sans rire», «Enquête sur les Roms». Magazine présenté par Guilaine Chenu et Françoise Joly. 22.50 Infrarouge : «Françafrique (2/2) : L’argent roi», «Le temps des otages». Documentaires. France 3 20.35 Louis la brocante «Louis et les pots cassés». Téléfilm avec Victor Lanoux, Évelyne Buyle, Nadia Barentin. 22.45 Ce soir (ou jamais !). Magazine présenté par Frédéric Taddéï. Arte 20.45 Koh-Lanta «Finale». Divertissement présenté par Denis Brogniart. 23.15 Qui veut épouser mon fils ? Divertissement 2. France 2 20.35 Le grand défi des animateurs. Divertissement présenté par Julien Courbet, avec Stéphane Bern, Audrey Chauveau, Christine Bravo, Éric Naulleau, Tex, Laurent Ruquier, Julie Raynaud, Nathalie Corré, Thomas Hugues, Nelson Monfort, Michael Gregorio. dimanche 19 décembre à 14h30). DR femme», «Meurtre sous hypnose», «Séminaire rouge sang». Série avec Simon Baker, Robin Tunney 2. 23.15 «V». Série avec Logan Huffman 2. France 2 20.35 Fais pas ci, fais pas ça : «Le problème avec ma mère», «La frite et le dindon» GA. Série avec Isabelle Gélinas, Bruno Salomone, Valérie Bonneton, Guillaume de Tonquédec. Le premier épisode est hilarant, le second n’a pas été présenté à la presse. 22.25 Dans l’univers de «Patrick Fiori». Magazine présenté par Laurie Cholewa. France 3 20.35 Des racines et des ailes «Hôtels de légende, le renouveau». 23.00 Ce soir (ou jamais !). Magazine présenté par Frédéric Taddéï. Arte 20.40 Les mercredis de l’histoire «Staline - Molotov : Le tyran et son double». Documentaire. 22.10 Le dessous des cartes «Risques naturels, tous inégaux». France 2 20.45 Mentalist : «Regard de DR 20.40 Mission to Mars GA. 22.25 Yi Yi J. Comédie dramatique en VO (1999) de Edward Yang, avec Wu Nianzhen, Issey Ogata, Elaine Jin... (2h53). Ce film magnifique retrace une belle vie d’homme, acceptée sans regrets inutiles. En prime, il y a une discrète note spirituelle. M6 20.45 La France a un incroyable talent «1/2 finale». Divertissement présenté par Sandrine Corman et Alex Goude, avec Sophie Edelstein, Gilbert Rozon, Dave. 23.00 La France a un incroyable talent, ça continue. 23.50 Dany Boon «Waïka». Divertissement. Canal + 20.50 Global steak «Demain nos enfants mangeront des criquets». Documentaire. KTO 20.40 Jean Piat, une aventure libanaise. Documentaire avec le père Mansour Labaky. 21.45 Un cœur qui écoute «Jocelyne Tarneaud». 22.10 Églises de France «Église de Triel». 22.20 La foi prise au mot «Fils de Dieu». Science-fiction (2000) de Brian DePalma, avec Tim Robbins, Gary Sinise, Kim Delaney... (1h50). C’est techniquement bien ficelé, mais l'histoire n'est guère satisfaisante, et la dimension métaphysique bien confuse. 22.30 Sting «Live in Berlin». 00.00 Tracks «Spécial global». M6 20.45 Lie to me : «Sœurs ennemies», «Un mensonge de trop», «La vie comme elle est», «Les infiltrés». Série avec Tim Roth 2. 00.00 Sons of anarchy. Série avec Adam Arkin 3. Canal + 20.50 Les piliers de la terre (3 et 4/8) A. Série d’après Ken Follett, avec Ian McShane, Donald Sutherland, Matthew Macfadyen, Rufus Sewell 3. Ces épisodes montrent que, à l’époque, la foi était très profonde. Il y a une petite scène suggestive, dans le premier épisode. KTO 20.40 L’esprit des lettres. Magazine littéraire présenté par JeanMarie Guénois, avec Jean de Viguerie, frère Dominique-Marie Dauzet, Michel Feuillet. 22.15 Églises du monde. 22.45 Concert «Petite messe solennelle». RaDios Radio Notre-Dame Samedi 11 décembre 7h49 Le billet de Tugdual Derville. Lundi 13 au vendredi 17 décembre 7h06, 8h15, 11h06 La chronique de Gérard Leclerc. Mardi 14 décembre 16h Parole et Musique "Carnaval baroque à l’Opéra comique", Vincent Dumestre et le poème harmonique. Vendredi 17 décembre 16h Agenda Musical "La musique sacrée composée pour le temps de l'Avent : œuvres de J. S. Bach, Buxtehude, Mozart...", Gilles Cantagrel (musicologue). (et aussi 22.50 L’illusion comique J. Téléfilm de Mathieu Amalric, d’après Pierre Corneille, avec Muriel Mayette, Jean-Baptiste Malartre... (Voir notre analyse ci-contre.) France 3 20.35 Plus belle la vie «Enquêtes parallèles». Série avec Caroline d’Inca, Aurélie Vaneck. 22.55 Vie privée, vie publique. Magazine avec Shirley et Dino, Marc Jolivet, Dove Attia. 00.25 Toute la musique qu’ils aiment «La Sicile de Roberto Alagna». Arte 20.40 Romy Schneider «Un portrait en trois notes» GA. Un portrait maniéré, mais de beaux témoignages. 22.15 Les dernières nouvelles du sexe (3). Documentaire. 22.55 Grand format «Camarades cosmonautes». Documentaire. M6 20.40 NCIS, enquêtes spéciales : «Chasseur de trésor», «Jane Doe», «Terrain miné», «Dommages collatéraux». Série avec Mark Harmon, Michael Weatherly 2. 00.10 Californication. Série 3. Canal + 20.50 L’âge de glace 3 «Le temps des dinosaures» T. Film d’animation (2009) de C. Saldanha et M. Thurmeier (1h31). (Voir notre analyse page 35.) KTO 20.40 Les Missions Étrangères de Paris : Corée du Sud», avec le père Georges Colomb, le père Gilles Reithinger et le père Alain Bourdery. 21.45 La famille en questions «Familles séparées par la prison ?». 22.15 Églises de France «Église de Champeaux». 22.30 Le temps des moissons. RCF Dimanche 12 décembre 22h Témoin "Père Nicolas Buttet" (fondateur de la Fraternité Eucharistein). Lundi 13 décembre 14h30 Halte spirituelle "L'humilité", avec le Père Jean de la CroixRobert (moine bénédictin). (Tous les jours, à 14h30 et 20h45.) Mardi 14 décembre 17h Grand Angle "Agir et raconter, des témoignages formidables" (et aussi à 23h). Jeudi 16 décembre 13h30 Dialogue "Mgr Henri Teissier et l'église dans l'histoire d'Algérie", avec Martine de Sauto (journaliste). France Culture Dimanche 12 décembre 10h Messe. "Troisième Dimanche de l'Avent", depuis l'église NotreDame de Bonne Nouvelle, 25 rue de la Lune, 75002 Paris. Prédicateur : Père Antoine de Monicault. Commentée par le Frère Laurent Lemoine. Marie BIZIEN sur France 2 Vendredi 17 décembre à 22h50 L’illusion comique J Un père cherche son fils, qu’il a chassé dix ans auparavant. En voulant moderniser le beau texte de Pierre de Corneille, Mathieu Amalric l’a rendu souvent incompréhensible. La qualité de l’interprétation des comédiens du Français ne permet pas d’oublier les maniérismes de la réalisation. Il reste que la langue de Corneille est toujours magnifique et fait oublier bien des défauts. Il est regrettable que cette modernisation passe par des images suggestives. T : Toutpublic Repères J : Adolescents GA: Grandsadolescents A : Adultes Ø : Œuvre(ouscène)nocive : Elémentpositif : Elémentnégatif FRANCECatholique n°3238 10 décembre 2010 37 BLOC-NOTES Paris ✔ La chapelle Notre-Dame du Lys organise une représentation unique des Baladins de l’évangile "Revivre, au fil de 16 tableaux vivants, une représentation théâtrale et spirituelle sur les Mystères du Rosaire", le 12 décembre (16h), 7 rue Blomet, 75015 Paris. Sur une musique de Daniel Facérias, la voix de Michaël Lonsdale et quelque vingt jeunes vous entraîneront sur les pas de Celui qui est la voie, la vérité, la vie à travers la représentation des Mystères du Rosaire. Rens. : ✆ 01.45.67.81.81. ✔ La 5 e édition des Féeries d’Auteuil présente l’exposition «Un métier, une crèche» [ou sont représentés les métiers de la maroquinerie, de la menuiserie, de la pâtisserie, eau le travail de la pierre...] Cad jusqu'au 19 décembre (11h-19h) (fermé le lundi), 40 rue Jean de la Fontaine, 75016 Paris. Les Féeries d’Auteuil, c'est aussi le marché de Noël, avec une gastronomie traditionnelle (fromages, vins, pâtisseries, chocolats, crêpes…) ; des pièces artisanales ; des créations originales (mode, bijoux, objets de décoration, tableaux…) ; des santons de Provence ; des sapins et des produits maraîchers... Rens. ✆ 01.44.14.72.15. ✔ La représentation de la pièce "Les Enfants du Temple" [qui concerne l'emprisonnement des enfants de Marie-Antoinette et Louis XVI, dans la Tour du Temple. Plaidoyer pour l'enfance maltraitée et évocation de ce triste évément de notre Histoire], aura lieu le 8 janvier (17h) à la salle Saint Léon, 11 place du Cardinal-Amette, 75015 Paris. Réservations au ✆ 08.92.68.36. 22, ou sur www.fnac.com. ✔ Une exposition d’art de Patrice Laurioz "Peintures orientalistes, ✂ africanistes", "Haut-Atlas marocain", est ouverte à la Galerie du Vert-Galant, 52 quai des Orfèvres, 75001 Paris, jusqu'au 15 décembre (10h-19h). Rens. ✆ 01.39.51.82.65. patrice.laurioz@ neuf.fr / http://lauriozgraf.free.fr ✔ «Sœur Emmanuelle, le temps du plus grand amour» à la Crypte Saint-Sulpice, 33 rue Saint-Sulpice, 75006 Paris, une pièce conçue et interprétée par Françoise Thuriès, mis en scène par Michael Lonsdale, du 16 décembre au 13 février 2011, du mardi au samedi (20h30), dimanche (15h). D’une grande intensité, ce spectacle évoque avec force et sensibilité la vie et l’âme de la chiffonnière du Caire. Une création de la Compagnie Grâce au Ciel, librement inspirée des "Confessions d’une religieuse", de Sœur Emmanuelle (2008, Ed. Flammarion). Tarif 15 e / 10 e. Réservations au ✆ 06.79.22.38.59. ✔ Les Semeurs d'Espérance organisent une Nuit d'Adoration, "Pour nous préparer à Noël", avec Rémi Brague et le père Alain Carron de la Carrière, le 17 décembre. Rendez-vous à 20h15 à l'église St Gervais, 75004 Paris (entrée par le 13 rue des Barres), avec votre sac de couchage et votre tapis de sol. Programme : Témoignage, messe, adoration guidée, relais devant Jésus. Participation libre. Rens. ✆ 06.13.16.29.08 / info@ semeurs.org / www.semeurs.org ✔ Le département Religions et Cultures du Centre Sèvres, Facultés jésuites de Paris, 35 bis, rue de Sèvres, 75006 Paris, ✆ 01. 44.39.75.00, fax 01.45.44.32.06, annonce les 21 (19h15-21h30) et 22 janvier 2011 (9h30-13h) son colloque annuel "L'au-delà dans son rapport à la vie, selon les diverses traditions religieuses", avec Agnès Kim (responsable du département Religions et Cultures, Centre Sèvres), Dennis Gira (spécialiste du bouddhisme) , Patrice FRance catholique HEBDOMADAIRE 76 pour un an (au lieu de 110 ) avec un premier abonnement, en cadeau, Abonnez-vous ! un CD "Mater Dulcissima", Cathédrale Notre-Dame de Paris Chant grégorien, polyphonies et monodies. Offrez un (Éditions Hortus) [Le cD peut être commandé seul, par courrier, au prix de 15 franco, abonnement ! chèque à l’ordre de France catholique, 60 rue de Fontenay, 92350 Le Plessis Robinson.] À retourner, à "France catholique", 60 rue de Fontenay, 92350 le plessis-robinson ❒ Je souscris un premier abonnement à FRance catHoLiQUe : 1 an = 76 (au lieu de 110) (*)(**) et je reçois, en cadeau un cD "mater Dulcissima", cathédrale notre-Dame de Paris. chant grégorien, polyphonies et monodies. ❒ J'abonne un ami, un prêtre, une communauté… 1 an = 76 et je reçois le cadeau(**), qui m'est envoyé(****) adresse où France catholique doit être envoyé : ❒ Mme ❒ Mlle ❒ M. ❒ Père ❒ Sœur NOM/prénom : ........................................................................................... Adresse : ..................................................................................................... ….......................................... ...................................................................... Code postal : ...............Ville : ...................................................................... Je joins mon règlement par : ❒ chèque bancaire à l'ordre de FRance catHoLiQUe ❒ carte bleue : numéro de carte : Date d'expiration : Les 3 derniers chiffres au dos de la carte (à côté de votre signature) : votre téléphone : .............................................. votre adresse internet : ..................................... ❒ carte bleue Signature : par téléphone, appelez-le 01.46.30.37.38 ❒ Je souhaite recevoir 5 numéros de FRance catHoLiQUe gratuitement et sans engagement (*****) (*) France métropolitaine et DoM uniquement - (**) pour les personnes n’ayant jamais été abonnées. (***) Dans la limite des stocks disponibles. (****) le préciser dans un courrier séparé. (*****) France métropolitaine uniquement. cnil n° 678405 - loi informatique & liberté du 6/01/78 : vous disposez d’un droit d’accès et de rectification aux informations vous concernant. par notre intermédiaire, vous pouvez être amenés à recevoir des propositions d’autres entreprises. Si vous ne le souhaitez pas, il suffit de nous écrire ou de nous téléphoner et il en sera tenu compte immédiatement. Yengo (socio-anthropologue), JeanMarie Carrière (s.j., Centre Sèvres), Geneviève Comeau (Xavière, Centre Sèvres)... www.centresevres.com Indre ✔ Au Sanctuaire Notre-Dame de Pellevoisin, 3 rue Notre-Dame 36180 Pellevoisin, ✆ 02.54.39. 06.49, fax 02.54.39.04.66 / [email protected], des retraites sont prévues dans un climat silencieux et familial, avec des conférences, et au rythme de la liturgie : du 22 au 25 décembre, une retraite de Noël «Il est venu chez les siens !» avec frère éric et frère Basile. Une retraite du 1er de l'an, du 31 décembre (10h) au 1er janvier (14h), pour commencer l’année avec la Vierge Marie «Ne perds pas les grâces qui te sont données et publie ma gloire» (3 e app), avec frère Renaud-Marie. Oise ✔ à La Ferme de Trosly, B.P. 21, 23 rue d'Orléans, 60350 TroslyBreuil, ✆ 03.44.85.34.70, fax 03. 44.85.34.71, des récollections auront lieu avec Jean Vanier (Fondateur des communautés de l'Arche et de Foi et Lumière) : Temps de Noël, du 21 au 25 décembre, «Jésus, source d'unité» ; du 27 décembre au 1 er janvier 2011, «Jésus, espérance dans un monde divisé». Morbihan ✔ Une retraite est organisée du 26 (14h) au 31 décembre (midi), sur le thème "Fonder sa vie sur le Christ à l'école de Saint Benoît", animée par Don Larroque (Communauté Saint Martin), à l'Abbaye Saint Michel de Kergonan, 56340 Plouharnel. Rens. ✆ 02. 97.52.32.14 / 06.10.61.36.10 / [email protected] / site : www.saintmicheldekergonan.org Fondation des Apprentis d'Auteuil ✔ La Fondation des Apprentis d’Auteuil a lancé le premier calendrier de l’avent interactif sur : www.calendrierdelavent.org Le calendrier en ligne de l’Avent 2010, illustré par Maïte Roche (écrivain de livres pour enfants), propose un ren- dez-vous quotidien sur internet, pour préparer un vrai cheminement vers Noël, jusqu'à l’épiphanie avec l’arrivée des Mages. Plus de 70 personnages sont mis en mouvement, 29 animations, 16 jeux, 3 bricolages (décoration de Noël…). « Chantons La Fontaine » ✔ Les Fables de Jean de la Fontaine sont indémodables, modernes, poétiques et implacables. La nouvelle comédie musicale « C h a n t o n s La Font aine», de Jean-Jacques Debout, se joue par les jeunes artistes du Jeune Ballet de l’Académie Internationale de la Danse, au Théâtre du Jardin d’Acclimatation du Bois de Boulogne, 75116 Paris, jusqu’à Pâques 2011, les mercredis, samedis et dimanches (14h30 et 16h30) et les lundis pendant les vacances scolaires. Tarif : 13,50 e, accès au Jardin inclus. www.chantonslafontaine.com www.jardindacclimatation.fr « Les Prêtres » ✔ « Les Prêtres » sont invités sur les plateaux de télévision : 66 Minutes sur M6, le 12 décembre ; Vivement Dimanche sur France 2, le 12 décembre avec "Il faudra leur dire" ; Spécial Noël sur France 3, avec "Il est né le Divin Enfant" ; (avec les Petits Chanteurs à la Croix de Bois) "l'Ave Maria" ; Les 500 Choristes fêtent Noël sur TF1, avec "Il est né le Divin Enfant", "Spiritus Dei (Sarabande)", l'"Ave Maria"... ; avec Mgr di Falco. Ils seront en concert en 2011 : le 8 février à la cathédrale de Nancy ; le 9 février à la cathédrale Notre-Dame de Verdun ; le 10 février à la cathédrale Saint-étienne de Chalon-enchampagne ; le 11 février à la cathédrale Saint-étienne de Meaux. Toujours disponibles : l'album "Spiritus Dei", le coffret collector (CD avec titres inédits + DVD + le calendrier + la lettre de Mgr di Falco), le DVD du concert à la Cathédrale Notre-Dame de Rouen. Une partie des recettes est reversée à l'Association caritative Spirale présidée par Mgr di Falco-Léandri pour financer notamment une école à Madagascar et un lieu de culte à Notre-Dame du Laus (Diocèse de Gap). Pour passer un communiqué, contactez : [email protected] fax 01.46.30.04.64 ou inscrivez-le sur : www.france-catholique.fr abonnementS à France catholique France, 6 mois : 58 / 1 an (47 numéros) : 110 / étranger, 1 an : 122 . Abonnement soutien : 250 . Pour la Belgique, virements à l'ordre de E. Kerkhove, chaussée de Dottignies 50 7730 Estaimpuis, tél. 056. 330585, compte bancaire : 275.0512. 029.11. Pour les autres pays, procédez par virements postaux internationaux sur notre compte chèques postal [IBAN / FR46 2004 1010 1243 5535 5X03 353 | BIC : PSSTFRPPSCE], ou bien par mandats internationaux à l'ordre de la SPFC ou par chèques bancaires libellés en euros et payables en France ou par chèques bancaires domiciliés à l'étranger moyennant une surtaxe de 18 , ou par carte bancaire via le site internet www.france-catholique.fr ou par téléphone : 01 46 30 37 38. Le journal ne rembourse pas les abonnements interrompus du fait de l'abonné / Ne paraît pas en août. PetiteS annonceS Tarif : la ligne de 35 lettres : 6 . Domiciliation : 9 . Communiqué dans le bloc-notes, forfait : 20 ➥ Jeune diplômé, master bio agronomie, cherche emploi suivi cultures, (colza) analyses statistiques, proximité de Rennes. Tél. 06.78.83.90.79. ➥ Le groupe catholique du Palais de Justice de Paris organise toute l'année des messes, des réunions, et fête la Saint-Yves. Rens. : [email protected] ➥ Alpe d'Huez, appartement à louer, par semaine. 3 pièces, 5 personnes. Terrasse, belle vue. Tél. 06.63. 41.19.34 ou 01.58.45.25.79. ➥ Marie Cuisiniez, peintre en décors, en région parisienne. Spécialiste des trompes l'œil et des imitations de matière selon la méthode traditionnelle. Faux bois, faux marbres, panoramique, peinture murale, décorative, fresque, ciel de plafond, meuble peint, ornementation. Travail personnalisé, soigné. Tél. 06.79.91.21.75, ou 01.47.00.07.31 / [email protected] / www.mariecuisiniez.com ➥ Iconographie, création technique bizantine, tél. 04. 93.57.73.25. ➥ Le Château de Craon, 53400 Craon, propose ses chambres - gîte-réceptions. 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