carmen - Opéra de Lyon

Transcription

carmen - Opéra de Lyon
GEORGES BIZET
CARMEN
Livret de Henry Meilhac & Ludovic Halévy
d’après Carmen, nouvelle de Prosper Mérimée
Opéra en trois actes
1875
OPERA de LYON
2
LIVRET
En 1872, après la création de Djamileh, l’Opéra-Comique commande une nouvelle œuvre à Bizet. C’est Bizet lui-même qui
suggère à ses librettistes de s’inspirer de la nouvelle de
Mérimée, Carmen, publiée en 1845.
PARTITION
Bizet commence à travailler sur la partition en 1873, il termine le premier acte au mois de mai. Le travail de composition
se poursuit et s’achève en 1874. L’orchestration lui prend deux
mois. Il livre la partition de Carmen aux éditions Chou-dens, le
15 janvier 1875.
Après la mort de Bizet, en juin 1875, pour remplacer les dialogues parlés en vue de la création à l’Opéra de Vienne, Halévy
écrit des récitatifs que Guiraud, un ami du compositeur, met en
musique. (Cette version, souvent enregistrée, est aujourd’hui
rarement représentée.)
PERSONNAGES
ZUNIGA, lieutenant
ANDRES, lieutenant
MORALÈS, brigadier
DON JOSÉ, brigadier
Basse
Ténor
Baryton
Ténor
ESCAMILLO, toréador
Basse (baryton)
LE DANCAÏRE, contrebandier
LE REMENDADO, contrebandier
UN BOHÉMIEN
UN SOLDAT
LILLAS PASTIA, aubergiste
UN GUIDE
FRASQUITA, bohémienne
MERCÉDÈS, bohémienne
CARMEN, bohémienne
MICAËLA, paysanne
UNE MARCHANDE D’ORANGES
Ténor
Ténor
Basse
Rôle parlé
Rôle parlé
Rôle parlé
Soprano
Soprano
Mezzo-soprano
Soprano
Alto
CHŒUR & BALLET
SOLDATS, JEUNES GENS, CIGARETIÈRES, AMIS D’ESCAMILLO,
BOHÉMIENS, BOHÉMIENNES, VENDEUSES D’ÉVENTAILS & D’ORANGES,
VENDEURS DE PROGRAMMES, DE BOISSONS, DE VIN & DE CIGARETTES,
ALGUAZILS, TORÉADORS, GENS DU PEUPLE,
GARÇONS DE LA RUE, L’ALCADE
L’action se passe à Séville vers 1830.
3
ORCHESTRE
2 flûtes (les deux aussi piccolo)
2 hautbois (le 2 e aussi cor anglais)
2 clarinettes
2 bassons
4 cors
2 trompettes
3 trombones
1 harpe
Timbales
Percussions : triangle, tambourin, castagnettes,
cymbales, grosse caisse, caisse claire
4
Cordes
Musique de scène :
2 trompettes
3 trombones
DURÉE
2 heures 50
CRÉATION
3 mars 1875. Opéra-Comique, Paris.
Direction musicale. Adolphe Deloffre
Mise en scène. Charles Ponchard
Décors & Costumes. Detaille & Georges Clairin.
Avec Célestine Galli-Marié (Carmen), Paul Lhérie
(Don José), Jacques Bouhy (Escamillo),
Marguerite Chapuy (Micaëla), Alice Ducasse (Frasquita),
Esther Chevalier (Mercédès), Dufriche (Zuniga)
L’ŒUVRE à LYON
Création le 11 avril 1877.
Avec Mmes Adèle Isaac (Carmen), Galli (Micaëla),
Depoitiers (Frasquita), J. Blainville (Mercédès)
& MM. Charles Laurent (Don José), Chopin (Escamillo),
Rougé (Zuniga)
1970.
Direction musicale. Louis de Froment
Mise en scène. Louis Erlo
Décors & Costumes. André Acquart
Avec Emmy Greger / Mlle Davidson (Carmen),
M. Van Way (Don José), Franck Schooten (Escamillo),
Bernadette Antoine / Anne-Marie Blanzat (Micaëla),
Michèle Péna (Frasquita), Nadine Denize / Emmy Greger
(Mercédès), Alain Vernhes (Zuniga)
1975.
Direction musicale. Theodor Guschlbauer
Mise en scène. Louis Erlo
Décors & Costumes. René Allio
Avec Viorica Cortez (Carmen), Ermanno Mauro
(Don José), Yves Bisson (Escamillo), Andrée François /
Anne-Marie Blanzat (Micaëla), Michèle Péna (Frasquita),
Jocelyne Taillon / Emmy Greger (Mercédès),
Pierre Thau (Zuniga)
1975. Au Théâtre de Fourvière.
Direction musicale. Sylvain Cambreling
Mise en scène. Louis Erlo
5
Décors & Costumes. Daniel Ogier
Avec Patricia Miller (Carmen), Maurizio Frusoni
(Don José), Victor Braun (Escamillo), Michèle Lagrange
(Micaëla), Michèle Command (Frasquita),
Anne-Marie Grain (Mercédès), Pierre Thau (Zuniga)
1996.
Direction musicale. Kent Nagano
Mise en scène. Louis Erlo
Décors. Bernard Michel
Costumes. Françoise Chevalier
Avec Hélène Perraguin / Martine Olmeda (Carmen),
Daniel Galvez-Vallejo (Don José), Ludovic Tezier
(Escamillo), Norah Amsellem / Veronica Cangemi
(Micaëla), Virginie Pochon / Stéphanie Moralès
(Frasquita), Inga Jonsdottir / Pomone Epoméo
(Mercédès), Frédéric Caton / Jérôme Varnier (Zuniga)
ACTE I
No 1. Introduction
À Séville. Des soldats trompent leur ennui en « regardant
passer les gens ». L’arrivée d’une jeune fille en « jupe
bleue » et à « nattes tombantes » les sort de leur torpeur.
Elle est à la recherche de Don José, absent. Il arrivera
avec la garde montante. MICAËLA dit qu’elle reviendra à ce
moment-là, les soldats tentent en vain de la retenir et
replongent dans leur ennui.
No 2. Marche & Chœur des Gamins
Un clairon annonce la relève de la garde. Les soldats arrivent, sous les ordres du lieutenant ZUNIGA , accompagnés
et imités par une bande de gamins chantant à tue-tête.
Le brigadier MORALÈS annonce à DON JOSÉ la visite de la
jeune fille et la décrit, DON JOSÉ reconnaît Micaëla. La
garde descendante s’en va, toujours suivie des enfants.
No 3. Chœur & Scène
Une cloche annonce la reprise du travail à la manufacture
des tabacs toute proche. Les ouvrières sont attendues par un
groupe de jeune gens fascinés... Celle que tous attendent –
CARMEN – arrive en dernier. Aux prières des jeunes gens,
elle oppose un refus : aujourd’hui, elle n’en aimera aucun.
7
No 4. Havanaise
Et elle enchaîne avec une déclaration de liberté, teintée de
promesse et de menace : « Si tu ne m’aimes pas, je t’aime,
et si je t’aime prends garde à toi. »
No 5. Scène
Puis CARMEN va droit à DON JOSÉ, resté à l’écart, indifférent.
Sans rien dire, elle lui lance une fleur. Les cigaretières
regagnent leur usine, les jeunes gens se dispersent.
DON JOSÉ contemple la fleur tombée à ses pieds. Troublé, il
la ramasse et la cache rapidement alors que MICAËLA arrive.
8
No 6. Duo
Envoyée par la mère de Don José, MICAËLA lui apporte une
lettre de sa part. DON JOSÉ, qui a dû quitter sa mère et son
village, et s’engager dans l’armée après un mauvais coup,
se rappelle son passé. MICAËLA partage son émotion. Dans
sa lettre, sa mère lui écrit qu’elle espère qu’il reviendra
auprès d’elle et épousera Micaëla.
Après le départ de la jeune fille, DON JOSÉ acquiesce :
« J’épouserai Micaëla, et quant à cette bohémienne... »
No 7. Chœur
De la manufacture, on entend le bruit d’une rixe entre les
cigaretières. D’un coup de couteau, CARMEN a blessé une
des ouvrières au visage. On l’amène, ZUNIGA l’interroge.
CARMEN refuse de répondre...
No 8. Chanson & Mélodrame
... et se contente fredonner. ZUNIGA décide de l’envoyer en
prison. DON JOSÉ est chargé de l’y emmener.
CARMEN tente de l’attendrir, lui rappelle la fleur qu’elle
vient de lui lancer. Il lui demande de se taire.
No 9. Chanson & Duo
Alors elle chante, l’invitant à la rejoindre à l’auberge de
Pastia, lui promettant de l’aimer.
No 10. Finale
DON JOSÉ cède, se laisse bousculer par sa prisonnière qui
prend la fuite.
ACTE II
No 11. Chanson
Un mois plus tard, à l’auberge de LILLAS PASTIA. Avec
FRASQUITA et MERCÉDÈS, C ARMEN chante et danse. Des officiers sont là. Parmi eux, ZUNIGA, qui informe CARMEN que
DON JOSÉ vient de sortir de la prison où il a séjourné pour
lui avoir permis de fuir.
No 12. Chœur & Ensemble
Passe ESCAMILLO, le toréro, avec ses admirateurs, les officiers offrent une tournée.
No 13. Couplets
On chante avec lui.
CARMEN, visiblement charmée par ESCAMILLO, repousse
quand même ses avances.
No 13 bis. Chœur
ESCAMILLO s’en va. Tous l’accompagnent. Seules CARMEN,
FRASQUITA, MERCÉDÈS restent chez Lillas Pastia.
Deux contrebandiers, LE DANCAÏRE et LE REMENDADO, les y
rejoignent.
No 14. Quintette
Ils ont un coup en vue, mais ont besoin des trois
Bohémiennes pour le mener à bien. Mais CARMEN, aujour-
9
d’hui, refuse de les suivre, au motif qu’elle est amoureuse :
un soldat qui lui a rendu service.
No 15. Chanson
Au loin, on entend DON JOSÉ chanter, il s’approche, il vient
retrouver CARMEN, que ses camarades laissent seule.
DON JOSÉ retrouve CARMEN, elle lui offre à boire et à manger.
No 16. Duo
Et elle danse pour lui. Mais le clairon de la caserne rappelle DON JOSÉ à son devoir. Il veut partir, CARMEN se met
en colère et moque sa soumission à l’ordre établi. DON JOSÉ
proteste, rappelle à CARMEN la fleur qu’elle lui avait jetée,
lui redit qu’il l’aime. Comme preuve, elle lui demande
qu’il la suive dans la vie libre et hors la loi qu’elle mène.
DON JOSÉ refuse, CARMEN le rejette.
10
No 17. Finale
On entend alors des coups à la porte : ZUNIGA est venu
rejoindre CARMEN. Trouvant DON JOSÉ dans la place, il tente
de le chasser, le frappe. JOSÉ se défend, les deux hommes
sont sur le point de se battre, CARMEN appelle ses amis à la
rescousse. Pour ne pas être dénoncés, ils retiennent ZUNIGA
prisonnier. DON JOSÉ se voit contraint de suivre CARMEN et
les contrebandiers.
ACTE III
PREMIER TABLEAU
No 18. Introduction
Quelque temps après. Dans la montagne, portant leurs ballots, les contrebandiers font une halte. Les relations entre
DON JOSÉ et CARMEN sont tendues. Il a du mal à supporter cette
vie en marge de la loi, elle a du mal à supporter sa jalousie.
No 19. Trio
FRASQUITA et MERCÉDÈS tirent les cartes, y lisent de brillantes promesses pour l’avenir. CARMEN, elle, n’y voit que
la mort : « moi d’abord, ensuite lui ».
No 20. Morceau d’ensemble
Les contrebandiers se remettent en route, pour faire entrer
leurs marchandises dans la ville. DON JOSÉ est laissé en
sentinelle, sur une hauteur.
Conduite par un guide, MICAËLA arrive au campement.
No 21. Air
Malgré sa peur, elle est venue dans ce coin sauvage, pour
parler à DON JOSÉ.
Elle l’aperçoit un peu plus loin, faisant feu sur un intrus
qui se présente à lui : ESCAMILLO.
No 22. Duo
Le toréador lui avoue candidement qu’il est amoureux de
Carmen, puis sourit de sa méprise.
Les deux hommes se battent, duel au couteau.
No 23. Finale
DON JOSÉ s’apprête à frapper ESCAMILLO quand CARMEN – de
retour avec ses compagnons – retient son bras. Avant de
repartir, le toréro – fixant CARMEN – invite tout le monde
aux prochaines courses de taureaux à Séville.
Alors que les contrebandiers s’apprêtent à lever le camp,
on trouve MICAËLA. Elle vient dire à DON JOSÉ que sa mère
veut le revoir et qu’elle est en train de mourir. DON JOSÉ
accepte de la suivre ; mais menaçant, il promet à CARMEN
qu’il la reverra.
11
ACTE III
DEUXIÈME TABLEAU
No 24. Chœur
Devant le cirque, la foule attend ceux qui vont prendre
part à la corrida. Les vendeurs proposent oranges, éventails ou programme...
No 25. Chœur & Scène
On applaudit la quadrille, les picadors, les chulos, etc. On
acclame ESCAMILLO. CARMEN, amoureuse, est à ses côtés.
FRASQUITA et MERCÉDÈS lui conseillent de ne pas s’attarder :
elles ont vu José, caché dans la foule. CARMEN décide de
l’attendre pour lui parler.
No 26. Duo final
DON JOSÉ la rejoint. Malgré ses prières, elle refuse de le
suivre : « entre nous, tout est fini ». On entend des acclamations dans l’arène. CARMEN veut rejoindre ESCAMILLO.
JOSÉ lui barre la route. CARMEN arrache de son doigt la
bague que DON JOSÉ lui avait donnée et la jette à la volée.
JOSÉ la frappe, elle tombe et meurt. Triomphant, ESCAMILLO
sort de l’arène et découvre CARMEN morte. JOSÉ s’est jeté
sur le cadavre : « Vous pouvez m’arrêter... C’est moi qui
« Chien et loup ne font pas longtemps bon ménage...»
constate CARMEN face à DON JOSÉ. C’est au troisième acte, et
les jeux sont déjà faits entre ces deux personnages, qui n’auraient jamais dû se rencontrer. CARMEN, la fataliste : elle lit sa
mort dans les cartes, elle l’accepte.
Le loup. Elle, CARMEN, ouvrière de jour, contrebandière
la nuit – aujourd’hui, elle trafiquerait un peu de tout ; elle, la
gitane sans filtre et sans entraves – hormis son adoration inconditionnelle de la liberté et, particulièrement, de la sienne.
Le chien. Lui, DON JOSÉ, le Navarrais, homme du Nord,
le soldat ; ce n’est pas un sans-grade – il est brigadier, engagé
volontaire à la suite d’une rixe sans doute meurtrière ; mais
avec l’œil de la loi, du règlement, fixé en permanence sur lui.
Quand s’ajoute à cet œil l’œil noir de CARMEN, tout se trouble
et se dérègle en lui.
Au début, DON JOSÉ est bien le seul, parmi les soldats et
les jeunes gens, à se tenir à l’écart, à ne pas regarder le numéro de CARMEN qui chante sa havanaise. Et c’est sur lui que
13
fond CARMEN, sans hésiter : plongée, contre-plongée : « Elle
s’en va droit à DON JOSÉ ; il lève les yeux et voit CARMEN
devant lui. CARMEN arrache une fleur de son corsage et la
lance à DON JOSÉ . » Ainsi l’histoire se noue par le regard
détourné de DON JOSÉ, par le regard lancé de CARMEN, puis
par celui de DON JOSÉ enfin levé sur elle. Cela commence
moins par un coup de foudre que par un coup de feu : « l’effet d’une balle qui m’arrivait ». C’est parce qu’il l’ignore que
CARMEN vise DON JOSÉ et c’est parce qu’elle le vise qu’il est,
tout d’un coup, comme transpercé : mise en scène et en pratique, de la fameuse havanaise :
14
L’amour est un oiseau rebelle
Que nul ne peut apprivoiser,
Et c’est bien en vain qu’on l’appelle,
S’il lui convient de refuser !
...
L’amour est enfant de Bohème,
Il n’a jamais, jamais connu de loi...
Sous les vers un peu surannés et la mélodie archi-connue, on
peut lire une définition de l’amour : rebelle, farouche, anarchiste toujours prêt à dégoupiller une grenade (une arme, une
fleur, un fruit) – « Prends garde à toi ! »
CARMEN et DON JOSÉ, c’est aussi le jeu du désir : elle agit
sur lui comme un aimant, comme la bar lachi, cette pierre
« avec laquelle les Bohémiens prétendent qu’on fait quantité
de sortilèges quand on sait s’en servir (Mérimée) ».
Magnétisme du désir, qui fait que DON JOSÉ transgresse la loi
une première fois en laissant s’échapper CARMEN au premier
acte, avant, au second acte, de passer définitivement dans le
camp des hors-la-loi. Dans les quelques semaines ou les
quelques mois qui séparent cet acte du troisième, la fracture
entre chien et loup se sera élargie, la lassitude de CARMEN
accrue, son désir pour DON JOSÉ émoussé.
Quand l’amour de CARMEN se retire, DON JOSÉ – homme de
la loi devenu hors-la-loi – perd tout sauf l’amour qu’il porte à
CARMEN : « Si tu ne m’aimes pas je t’aime, si je t’aime prends
garde à toi. » L’axiome fonctionne aussi dans ce sens, il tue
Carmen, « ma Carmen adorée ! ».
En contrepoint de l’histoire d’amour et de mort, deux
personnages :
MICAËLA, la jeune fille aux nattes et à la jupe bleue.
Elle peut paraître fade, inventée pour satisfaire aux conventions de l’Opéra-Comique. Elle est navarraise comme DON
JOSÉ, dont elle représente à la fois le passé innocent et le bonheur tranquille qu’il aurait pu vivre avec elle. MICAËLA est la
messagère de la mère de DON JOSÉ. Quasiment sœur d’adoption de DON JOSÉ, elle est l’agent de « l’éros sororal » face à
« l’éros immédiat » de Carmen. (Lire le texte de Georges Banu
page 219). Et le personnage ne manque pas de courage, puisqu’elle a le cran de rejoindre en pleine nuit le camp des
contrebandiers pour venir chercher DON JOSÉ et tenter de le
ramener au chevet de sa mère mourante.
ESCAMILLO, le toréador, chante l’air qui est peut-être le
plus universellement connu du répertoire lyrique. Mais au-delà,
il démontre la totale liberté de CARMEN en matière de relation
amoureuse : dès leur première rencontre, alors même qu’elle n’a
pas encore revu DON JOSÉ sorti de prison, CARMEN semble fascinée par cet homme, qu’elle « suit longtemps du regard » au
moment où il quitte l’auberge de LILLAS PASTIA. ESCAMILLO sera
son nouvel amant, celui dont la victoire sur le taureau dans
l’arène fera écho à sa mort à elle, sous le coup de DON JOSÉ.
Carmen, c’est aussi un monde mélangé de gens du peuple,
de marchands, de gamins ; de jeunes gens oisifs – rappelant
ceux qui, raconte Mérimée, vont tous les soirs reluquer les
15
femmes qui se baignent dans le Guadalquivir ; d’ouvrières du
tabac, de soldats et d’officiers – ZUNIGA, MORALES,
ANDRES... – qui se mêlent aux contrebandiers, buvant avec
eux, les traquant aussi : le milieu en somme ; les contrebandiers – FRASQUITA, MERCEDES, LE DANCAÏRE, LE
REMENDADO – sont bien loin des figures âpres et dures de
la nouvelle de Mérimée ; ils donnent à l’œuvre une coloration
plus légère, contrastant avec son tragique, à l’image inversée
de l’ouverture, où le 3e thème, celui dit du destin, porte sa
grande ombre sur la lumière initiale.
Retrouvez l’intégralité
du livret-programme en vente
au guichet et au 0826 305 325
(0,15€/mn)
7e

Documents pareils