Industrie automobile

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Industrie automobile
Métiers
Industrie automobile :
l’adaptation constante au marché
Technicité, spécialisation, adaptabilité au marché. Ces trois termes résument
les qualités des Scop appartenant au secteur industriel de l’automobile.
Une vraie culture
du savoir-faire
Cette culture du savoir-faire reste un
atout maître à une époque où il est devenu désuet de rester un généraliste de
la carrosserie. Les Carrosseries Cazaux
fondées en 1936 par les frères Cazaux
en Aquitaine construisaient tout type
de véhicule (fourgon, bétaillère). La
société peut se targuer d’avoir sorti le
premier véhicule isotherme en France
dans les années soixante. Après la liquidation judiciaire et la reprise en Scop
par 27 salariés en 1983, la spécialisation
dans le véhicule frigorifique est choisie.
« C’est un secteur d’activité porteur, du
fait des contraintes légales de l’agro-alimentaire », explique Alain Cabannes,
PDG depuis 1983. Résultat, l’entreprise
occupe aujourd’hui le 5e rang national,
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ne trentaine de coopératives en
font partie à travers les activités
de carrossier-constructeur, de
distribution de pièces détachées aux
professionnels et de commerce, entretien et réparation.
Technicité, notamment, chez les carrossiers constructeurs. Pas de place pour
la fabrication en série pour les ProcarDemas (construction de véhicules aménagés type véhicule médical, bibliobus,
cars podiums...), ASCA (châssis pour poids
lourds et semi-remorques) ou encore Les
Carrosseries Cazaux (véhicules isothermes). Toutes ces sociétés sont dotées d’un
bureau d’études en interne et d’ouvriers
hautement qualifiés afin d’assurer la réalisation complète des commandes. « Il
faut de la polyvalence, explique Alain
Cabannes, PDG des Carrosseries Cazaux,
il est important de garder cette part d’artisanat dans le métier ».
Les garagistes développent leurs activités en Scop :
un secteur industriel de la filière automobile qui compte une trentaine d’entreprises.
compte 76 salariés et affiche un chiffre
d’affaires de 7 millions d’€.
Chez ASCA, installé à Epône (Yvelines),
la spécialisation dans les châssis de
poids lourds permet à cette société, ancien atelier-école des Compagnons du
Devoir, d’afficher son statut de leader
français de la conception et fabrication
des châssis pour porte-conteneurs maritimes. ASCA regroupe 185 salariés au
sein de sa société mère et ses deux filiales Asca Demico et Asca Service qui s’occupe de l’entretien et la maintenance
pour leur clientèle. Car la spécialisation
n’enlève pas l’obligation d’assurer un
service complet, ce qui intègre la maintenance des véhicules. Une mission dont
s’acquittent tous les carrossiers interrogés. Ce SAV représente chez ASCA un
peu moins de 10 % du chiffre d’affaires
de 28 millions réalisé par le groupe.
Le développement
à l’international
Et le développement à l’international ?
« Cela nous tient à cœur car le développement de l’entreprise passe par là »,
explique Yves Boissonnade, PDG d’ASCA
dont les principaux concurrents demeurent allemands et espagnols. Parmi eux,
certains ont déjà installé des sites de production en Europe de l’Est, afin d’ouvrir
le marché local. Pour ASCA, il n’est pas
question de délocalisation, mais plutôt
de trouver des partenaires pour la distribution et le service après-vente de la
production des ateliers d’Epône.
Plus proche du commun des mortels,
l’activité de commerce, entretien et
réparation des voitures, concerne une
quinzaine de Scop en France. Un chiffre
qui tend à s’accélérer, notamment du
fait des reprises en Scop de garages ou
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de « concessionnaires » à l’image d’Arènes Automobiles, relancé en 2005 par
ses anciens salariés sous statut Scop. « Le
secteur se porte bien globalement, sauf
pour ceux qui n’ont pas de panneau.
Nous, nous représentons Ford en tant
qu’agent du concessionnaire départemental. C’est avantageux en termes de
formation et de connaissance du matériel », explique Philippe Diversay, gérant
d’Arènes et de Vendeuvre Automobiles
aléas du marché de la voiture particulière. En 2006, selon l’Insee, le nombre
d’immatriculations est resté stable en
Europe grâce à la bonne santé du marché de l’occasion.
Au moment de la reprise, Arènes et
Vendeuvre Automobiles comptaient
onze salariés. Deux ans après, l’effectif
est passé à 14 personnes.
Dieselec, à Limoges a dû aussi s’adapter depuis son passage en Scop en 1981.
non seulement, devenu un garagiste
capable de réparer des voitures toutes
marques avec une spécialisation en haute technologie électronique, mais a aussi
développé la vente de pièces détachées.
Cela permet à la Scop d’avoir une clientèle faite autant de particuliers que de
professionnels qui viennent chercher un
service pointu. Un moyen de répondre à
la concurrence des réseaux d’entretien
de la grande distribution qui pousse à
la réduction des marges. Mais « nous
nous devons d’assurer une formation
très forte en interne, car nous avons du
mal à trouver du personnel qualifié »,
constate le PDG qui cèdera sa place en
mars 2008 à Bruno Nouailler pour partir
à la retraite.
La prise de responsablité de chaque salarié reste un des atouts de la Scop
au delà de la distribution des bénéfices.
dans le Poitou, les deux Scop issues de
« Pour être là en 2007, il a fallu prendre
la reprise. Là encore, l’image de spécialiconscience qu’aujourd’hui, une voiture,
sation, à travers la marque Ford, est dec’est un ordinateur sur quatre roues »,
venue obligatoire pour assurer sa survie
raconte Robert Lathière, le PDG. D’une
économique, mais Arènes Automobiles
activité d’électricien auto, Dieselec est,
a dû s’adapter au marché
en diversifiant son activité.
En plus de l’entretien, réparation et de la vente de
véhicule neuf, la Scop a
développé son activité de
vente d’occasion toutes
marques et la vente de véhicules sans permis (10 %
du CA). L’articulation entre
une image de spécialiste et
une capacité de répondre à
toutes les demandes (achat,
Dieselec : de garagiste, l’entreprise est
vente, entretien…) permet
aujourd’hui une spécialiste de la technologie
d’assurer un niveau de chifélectronique, mais développe aussi
la vente de pièces détachées.
fre d’affaires, sans pâtir des
Faut-il voir dans cette démarche la capacité des Scop à mobiliser leurs ressources
humaines dans une stratégie collective ?
« La philosophie coopérative, c’est une
chose. La volonté de rester concurrentiel en est une autre. Mais quand on est
un coopérateur militant, je pense qu’on
prend plus vite conscience de la nécessité d’évoluer avec son marché, » estime
Robert Lathière.
Pour Philippe Diversay, gérant de la jeune Scop Arènes Automobiles, « la distribution des bénéfices c’est une chose,
mais il y a aussi la prise de responsabilité de chaque salarié qui est un avantage
pour l’entreprise. »
PHILIPPE CHIBANI-JACQUOT
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Evoluer avec son marché :
une démarche coopérative
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