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M. Ibrahima Niang
Développement du tourisme dans la région du Sénégal oriental.
In: Cahiers du Centre de recherches anthropologiques, XII° Série, tome 2 fascicule 1-2, 1967. pp. 174-176.
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Niang Ibrahima. Développement du tourisme dans la région du Sénégal oriental. In: Cahiers du Centre de recherches
anthropologiques, XII° Série, tome 2 fascicule 1-2, 1967. pp. 174-176.
doi : 10.3406/bmsap.1967.1512
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bmsap_1297-7810_1967_sup_2_1_1512
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Le grand courant évolutif secoue le pays, les jeunes émigrent vers la ville à la recherche
du mieux-être.
Ils fuient le clinquant exotique des feuilles et des fibres à la recherche du short et
du casque. Ils laissent tomber les dures épreuves du Mangaré et du Nith, mais emportentils aussi la droiture et l'honnêteté, la santé et l'adresse du jeune initié ?...
Dans cette recherche toute humaine d'une meilleure condition, ils ont peut-être besoin
d'une aide pressante et fraternelle afin de garder un juste milieu car il y a du beau et
du bien chez ce « peuple pacifique de la forêt ».
DÉVELOPPEMENT DU TOURISME DANS LA RÉGION DU SÉNÉGAL ORIENTAL (l)r
par M. Ibrahima Niang,
Gouverneur de Région : Sénégal Oriental.
Favorisée par une faune et une flore exceptionnelles, couvrant la partie orientale du
Sénégal sur une superficie de 60.000 km2, la région du Sénégal oriental, littéralement gâtée
par la nature, présente un intérêt évident non seulement dans le cadre de la production
agricole diversifiée (coton, mil, arachide, riz, etc..) par ses terres riches et neuves (les
meilleures du Sénégal) mais également dans le cadre du tourisme, industrie des temps
modernes, capable de jouer un rôle déterminant dans le développement économique
des Nations.
Le Sénégal oriental possède déjà une audience internationale dans le domaine du
tourisme par son Parc National du Niokolo-Koba. Tous nos efforts tendent actuellement
avec le très haut appui du Chef de l'État à attirer de plus en plus les touristes de toutes
les parties du monde pour visiter ce Parc exceptionnel que malheureusement beaucoup
de dirigeants sénégalais ne connaissent pas encore.
S'étendant actuellement sur 470.000 hectares par la réunion en une seule unité des
Parcs Nationaux du Niokolo-Koba,de Niokolo-Ouest, de Niokolo-Sud-Ouest, de NiokoloEst, ainsi que de la réserve de la Koulountou, le Parc National du Niokolo-Koba pré
sente un paysage des plus variés.
Le relief, assez irrégulier, est constitué de bovés à l'aspect désertique dès le mois de
mars, de zones plates, argileuses, inondées en hivernage et émaillées de mares en
saison sèche, de pitons de roches éruptives et de falaises de grès blanc.
La végétation, qui forme par endroits un véritable manteau de verdure, est typique
du climat sahélo-soudanais.
On rencontre ainsi des taillis de courbétacées dominés par des futaies claires de légu
mineuses,
des palmeraies de rôniers, des raphiades formant des galeries fraîches et
humides près des eaux courantes, enfin de vastes plaines couvertes de graminées géantes.
Ce vaste domaine idyllique est traversé sur sa plus grande longueur par le fleuve
Gambie qui forme d'ailleurs sa limite sud. Deux de ses affluents : Le Niokolo et la Kou
lountou,
ainsi que de nombreux marigots qui sillonnent le Parc National du NiokoloKoba, ne sont que des torrents alimentés par des tornades et tarissant dès le mois de
décembre pour ne laisser que quelques chapelets de mares.
Cette flore particulièrement riche abrite une faune exceptionnelle que nous envient
bien des pays.
Les animaux que le touriste peut rencontrer dans cette partie la plus giboyeuse du
Sénégal, sont :
(1) Paru in Unité Africaine, n° 189, 17 février 1906.
NOTES ET DOCUMENTS
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— Les éléphants, qui forment un troupeau d'environ deux cents têtes et se reconsti
tuent
sensiblement ;
— Les buffles, dont les variétés de savane et de forêt se mélangent très souvent. Il
n'est pas rare, lors des migrations, d'apercevoir des troupeaux de 50 à 80 têtes, et même
davantage ;
— Les hippopotames, particulièrement nombreux, surtout dans le fleuve Gambie,
sont à côté de l'Hôtel de Simenti où nous avons la fameuse mare des Hippopotames qui
groupe une centaine de têtes ;
— Les girafes, existent dans le Parc du Niokolo-Koba, mais il est particulièrement rare
de les apercevoir ;
— Les élans de Derby, qui sont les plus grandes antilopes africaines, se déplacent con
stamment
;
— Les hippolragues ou kobas, encore appelées antilope-cheval, sont particulièrement
nombreux ;
— Les bubales, moins farouches que les kobas, vivent en troupeaux de 10 à 20 ;
— Les cobs de Buffon dont la vision dans le Parc du Niokolo-Koba est assurée au
plus malchanceux des visiteurs, constituent des hardes de 10 à 30 têtes ;
-— Les cobs onctueux [ou walerbuck) sont moins familiers et moins abondants que les
cobs de Buffon ;
— Les cobs des roseaux vivent par couples cachés dans la paille ;
— Les antilopes diverses existent en grand nombre et sont plus petites et moins gré
gaires que les précédentes, et se déplacent continuellement dans le Parc ;
— Les phacochères et potomachères abondent et il n'est pas rare de les voir, dans ce
paradis des bêtes, chercher leur nourriture à côté des kobas ou des bubales ;
— Les lions, abondamment représentés, peuvent facilement être vus, surtout la nuit,
à l'heure de leur chasse ;
Panthères, hyènes, chacals, servals, civettes, lycaons, calagos, cercopithèques et patas,
sont également abondamment représentés dans le Parc.
A côté de cette faune abondante, Vavifaune est variée et abondante.
Au cours de trois missions, des Zoologistes de l'I.F.A.N. en ont dénombré plus de
154 espèces. Parmi elles, nous pouvons citer :
— le grand calao,
■— les aigrettes et le héron,
— les vautours,
-— le marabout,
— l'oie de Gambie,
— l'oie à caroncule,
— le siffleur,
— le pluvier,
— le jabiru,
— la grue couronnée,
— l'ibis.
Mais, les oiseaux que le touriste rencontrera le plus fréquemment sont : les pintades,
groupées en grandes compagnies ; les francolins vivant dans les bas-fonds ; les poules
de roches fréquentant les éboulis, et les outardes.
A côté de ces merveilles de la création, le touriste, pour se détendre, trouvera l'Hôtel
de Simenti en voie de complète transformation, avec, très prochainement, un village
touristique pouvant contenir 50 personnes, et qui sera réalisé sur le même modèle que
le village en cours de réalisation à N'Gor, pour le Festival mondial des Arts Nègres.
Badi et Niokolo lui offrent leurs cases pittoresques dans un cadre unique, où rien ne
vient troubler sa quiétude.
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A côté du Parc National du Niokolo-Koba, la région du Sénégal oriental compte
encore réaliser dans le cadre du deuxième plan quadriennal de développement :
— Un Campement - Hôtel à Kédougou, ville en pleine expansion bâtie aux bords de la
Gambie qui, autour des collines, y décrit l'admirable boucle du Badon ;
— Un Campement à Lande Baïlil (Arrondissement de Bandafassi, Département de
Kédougou) où il règne pendant toute l'année une température variant entre 18 à 20° ;
— Un Campement à Dindéfello (Arrondissement de Bandafassi, Département de
Kédougou) où le touriste peut admirer les admirables chutes de la rivière Dindéfello
descendant de la montagne, spectacle unique au Sénégal ;
— Un Campement à Fongolembi (Arrondissement de Fongolembi, Département de
Kédougou), limite extrême de la région, haut perché sur la montagne, d'où l'on a une
vue incomparable sur le versant guinéen ;
— Un Campement à Ethiolo (Arrondissement de Salémata, Département de Kédoug
ou),capitale de l'étrange ethnie des Bassari, surgie d'un autre âge, dont la fête annuelle,
aux rites mystérieux, attire un nombre appréciable de touristes européens.
A l'insuffisance d'infrastructures routières pour amener sur ces lieux de rêve le tou
riste, nous avons apporté toute notre foi de Sénégalais à rendre parfaitement praticables
les 200 kms de routes en terre stabilisée qui séparent notre région de l'agréable route
goudronnée de notre voisine, le Sine-Saloum.
Le Chef de l'État qui attache un intérêt particulier pour tout ce qui touche le dévelop
pement de la Nation appuie de sa très Haute Autorité nos efforts courageux qui tendent
à faire occuper à notre région une place de choix dans le cadre du tourisme international.
La piste Etyolo-Seguekho :
document pour servir a l'histoire des bassari,
par B. de Lestrange
Au temps de la « guerre des Peul », c'est-à-dire dans les dernières années du xixe siècle,
lorsque des Peul armés de fusils vinrent attaquer les Bassari, ceux-ci durent fuir leurs
villages. Beaucoup furent tués, d'autres se cachèrent dans la brousse. Certains partirent
vers le nord, traversèrent la Gambie et s'enfoncèrent toujours au nord dans la forêt,
devenue depuis « Parc National du Niokolo-Koba ». Ils marchèrent plusieurs dizaines de
kilomètres, puis s'arrêtèrent quelque temps, vivant de racines et de gibier, démunis de
tout. Un jour, des chasseurs bassari, au cours d'une randonnée, arrivèrent par hasard
près de cases habitées. Après s'être assurés qu'il ne s'agissait pas de Peul, ils se montrè
rent
: ils étaient arrivés au village malinké de Sibikiling.
On s'expliqua, puis les Malinké accompagnèrent les chasseurs bassari vers les compa
gnons de ceux-ci laissés en brousse. Ils amenaient des vivres. Et les Bassari vinrent habi
teravec les Malinké ; ils plantèrent des semences prêtées par ceux-ci.
Ils sont restés depuis et habitent la région de Sibikiling (arrondissement de Bandaf
assi), groupés au village de Seguekho bassari.
Depuis cette époque le chemin de leur fuite est devenu une piste empruntée par les
habitants de Seguekho pour rejoindre les villages du « grand bassari », à travers la forêt.
Pendant quelques années après la « guerre », des Bassari construisirent leurs cases, le
long de cette piste.
Ils restèrent quelques années puis revinrent vers les villages de l'arrondissement de
Salémata. Plus personne n'habite actuellement dans ce qui est devenu le « Parc natio
nal». Mais Seguekho bassari est toujours habité ; et la piste reliant Seguekho bassari
aux villages du « grand bassari » est souvent fréquentée.