La naissance du marketing bancaire : les emprunts

Transcription

La naissance du marketing bancaire : les emprunts
Episode #5
La naissance
du marketing bancaire :
les emprunts à lots
Le marketing bancaire correspond au marketing des
services et des produits appliqué à la banque. Le Crédit
Foncier, précurseur, proposait pour séduire ses clients le
tirage d’obligations assorti de lots.
C E T É T É,
C H AQ U E S E M A I N E,
R E T RO U V E Z U N R É C I T
M A RQ U A N T D E L’H I S T O I R E
DU FINANCEMENT
I M M O B I L I E R F R A N Ç A I S.
Les prêts réalisés par le Crédit Foncier – fonciers puis
communaux – étaient financés par des emprunts obligataires
dont le taux et la durée étaient fixés pour chacun, remboursables
soit au pair, autrement dit au prix d’émission, soit par lots,
par tirage au sort lors de séances publiques. Ces tirages au
sort permettaient d’attribuer, au-delà de la rémunération des
obligations, des primes spécifiques.
Vérification des numéros et introduction
automatique des étuis dans la sphère pour le tirage
des obligations foncières de 1913.
C’est ainsi que pendant près d’un siècle et demi, le
tirage des obligations assorti de lots a fait partie
de l’histoire du Crédit Foncier. Au XIXe siècle, les
obligations de la société étaient de longue durée :
50 ans (1853), puis 60 ans (1875), voire 98 ans
(1883). Ce dispositif a largement contribué à la
notoriété du Crédit Foncier et a progressivement
évolué.
Trois lieux ont jalonné l’histoire des emprunts
à lots du Crédit Foncier : de 1853 à 1855, les
premières séances de tirage se sont déroulées à
l’hôtel de ville de Paris, salle Saint-Jean avant
qu’un lieu particulier soit aménagé au siège
social, rue des Capucines, puis à la fin des années
1970, le service des titres a été décentralisé à
Laval.
Un élément de notoriété pendant
de nombreuses années
Dès sa création, le Crédit Foncier a dû se procurer
les capitaux nécessaires à son activité sur les
marchés financiers. Pour cela, il a bénéficié
pendant un quart de siècle d’un monopole
d’émission des obligations foncières tandis que
les lots étaient attachés au remboursement de
ses titres.
Par ailleurs, le décor de la salle des tirages,
le matériel utilisé et la « mise en scène » des
tirages constituaient des motifs d’intérêt
supplémentaires pour le public. En effet, des
sphères de tirage aux dimensions variées, aux
parois vitrées et pivotant sur un axe furent
conçues. Elles contenaient des étuis de cuivre
renfermant les numéros des obligations :
jusqu’à 2 500 000 étuis pour les sphères les
plus spectaculaires au poids total de 5 tonnes
et demie. Le brassage devait être assuré par un
treuil actionné par deux hommes.
Les séances de tirage, organisées avec une grande
solennité, étaient présidées par le gouverneur
du Crédit Foncier assisté des sous-gouverneurs
et des membres du conseil d’administration.
Un enfant de l’Assistance publique choisi
parmi les meilleurs élèves devait extraire de la
sphère les numéros destinés à être remboursés.
Un étui était décortiqué par un brigadier qui
remettait au gouverneur le numéro déplié.
Les numéros gagnants étaient désignés dans
l’ordre décroissant des valeurs des lots, puis,
un certain nombre de numéros, également
extraits et appelés au remboursement au pair,
complétaient l’amortissement.
Appareil de tirages des obligations foncières de 1913
A partir de 1926, une procédure simplifiée fut
adoptée pour les obligations sans lots, puis
appliquée aux obligations avec lots à partir de
1946 : le système de tirage par séries. L’emprunt
était divisé en groupe de 100 titres (1 à 100, 101
à 200, etc.). Des séries de titres étaient donc
tirées. Pour les obligations à lots, des primes
étaient attribuées dans chaque série grâce à un
deuxième appareil.
Les résultats étaient édités par voie d’affiches
sur les murs du Crédit Foncier, par publication au
Journal officiel, dans deux journaux d’annonces
légales et dans le « Bulletin officiel des tirages
du Crédit Foncier de France ».
La « une » du supplément illustré du « Petit Journal » du 13 août 1905. Indépendamment du tirage de ses émissions d’obligations,
le Crédit Foncier accueille également ceux de différents organismes.
Une évolution progressive après la
Première Guerre mondiale
Si la distribution des lots a continué d’exercer
un rôle attractif, au fil des ans, le protocole et
l’apparat voulus à l’origine se sont estompés,
de même que l’engouement du public pour les
séances de tirage.
Depuis février 1972, le Crédit Foncier n’a
plus émis d’emprunts à lots. De nouvelles
caractéristiques de titres, partiellement intégrés
en SICOVAM (société interprofessionnelle
pour la compensation des valeurs mobilières)
dont l’objet est de faciliter la circulation des
valeurs mobilières par virements de compte
à compte et de permettre, entre les banques
et agents de change affiliés, des livraisons de
titres par simples virements sont apparues dans
les émissions. Puis, fin 1983, a été introduite
la dématérialisation des titres, c’est-à-dire la
suppression de la circulation « papier » au profit
de l’inscription en compte des titres.
Les deux dernières émissions d’obligations à lots
du Crédit Foncier ont été émises en septembre
1971 et en janvier 1972.
En 1978, le service des titres et des tirages du
Crédit Foncier a été décentralisé à Laval. Cette
ville est dotée d’un vaste établissement dont
la construction a été entreprise juste avant la
Seconde Guerre mondiale. Les séances y furent
organisées dans des conditions analogues
à celles du siège parisien, mais la solennité
d’antan a bien entendu disparu.
Le « Bulletin officiel des tirages du Crédit
Foncier de France » édité depuis 1889, continuait d’informer les intéressés (particuliers,
établissements financiers et correspondants) des
résultats des tirages et des séances publiques.
Novembre 1995 C’est la date du dernier tirage, le premier avait
eu lieu en 1853 dans la salle des tirages (deux
cours intérieures réunissent en 1908 les immeubles n° 13 et n° 11 de la rue Cambon).
Le dernier tirage a eu lieu le 16 novembre 1995 à
Laval pour un emprunt communal 3 % de 1946 :
1 lot de 100 000 francs, 2 lots de 20 000 francs,
5 lots de 2 000 francs, 25 lots de 1 000 francs et
180 lots de 500 francs ont été gagnés.
Rendez-vous
le 16 août
Pour financer les prêts consentis, le Crédit Foncier collecte des
ressources sur le marché financier en procédant à des émissions
d’emprunts obligataires dont la publicité est assurée par voie
d’affiches.
pour un nouvel
épisode de la série