Notre Père qui es aux cieux

Transcription

Notre Père qui es aux cieux
Prédication du dimanche 28 Juin
Au
Temple de Troinex 10h
Notre père qui est aux cieux….
Il est difficile de commencer tout de go à vous présenter ma réflexion sur ce verset sans le replacer
dans un projet global qui est celui de la pastorale pour l’été. Nous allons, tous à tour de rôle, aborder
cette prière afin d’en approfondir les contours et en tirer si possible un bienfait pour notre vie de foi.
En travaillant juste cette phrase simple, sujet, verbe, complément, vous n’imaginer pas tout ce que
l’on peut trouver d’intelligent et d’intéressant à lire.
Si je résumais un peu, je pourrais vous dire que le « Notre père » est une prière qui trouve sa racine
dans les textes de prières hébraïque. L’une d’entre elle se nomme : Le Quadish : Il faut donc pour
bien comprendre la signification du concept de père s’interroger sur la place et le rôle du père dans la
culture hébraïque voir mésopotamienne de l’époque : il avait pour prérogative, le père, la
transmission des gênes= des traits caractéristiques du groupe, du clan (l’image du père devait se
retrouver dans ses descendants, il transmettait les biens et donc l’art développé par la famille, le clan
ex : berger, artisan, chasseur, fonction sacerdotale ou royale), il transmettait la langue et le savoir
pour assurer la survie du clan, de la tribut et de ses spécificités (penser au Chema Israël), il se devait
de protéger les siens, il se devait de conduire le groupe en ouvrant des fenêtre sur l’avenir (en faisant
des pactes de paix ou en faisant la guerre), il avait pour rôle de transmettre son nom (identité), il
devait encore, soins et nourriture à son groupe, il en était également le guide spirituel… bref, il avait
droit de vie et de mort sur les siens.
L’omni potence projeter sur la figure paternelle résulte d’un temps ou les relations se taillait à la force
de l’épée, temps ou l’histoire se dessinait et s’’écrivait par les hommes et pour les hommes… forts.
Par extension la figure divine récupérait cette projection poussée à l’extrême, et cristallisée sur un
seul être tout puissant où reposait l’ensemble des missions confiées et portées par l’humanité virile.
Il faut se rappeler savoir que si Jésus donne ce canevas aux disciples, c’est bien plus tard qu’il sera
mis en texte et trouvera tardivement sa version définitive.
Il faut donc se demander ce que cherche à nous dire l’auteur ou les auteurs de cette prière, sur, ma
relation à celui que Jésus appelait son père, mais qu’il demande à ses disciple d’interpeler à la 1ere
personne du plurielle en le replaçant très très haut…Notre père qui est aux cieux.
Qu’est-ce qui pourrait être utile ou audible dans ma relation à Dieu en reprenant cette formule ?
1 Je n’ai nullement l’intention de vous faire un exposé savant, inutile et pédant, je n’en serai même pas
capable, je vous propose plutôt d’explorer par comparaison le message d’un fils à son père (prière)
par le moyen de la chanson : Daniel Guichard chante « mon vieux » :
Dans son vieux pardessus râpé
Dans son vieux pardessus râpé
Il s´en allait l´hiver, l´été
Les jours de paye quand il rentrait
Dans le petit matin frileux
On l´entendait gueuler un peu
Mon vieux.
Mon vieux.
Y avait qu´un dimanche par semaine
Nous, on connaissait la chanson
Les autres jours, c´était la graine
Tout y passait, bourgeois, patrons,
Qu´il allait gagner comme on peut
La gauche, la droite, même le bon Dieu
Mon vieux.
Avec mon vieux.
L´été, on allait voir la mer
Chez nous y avait pas la télé
Tu vois c´était pas la misère
C´est dehors que j´allais chercher
C´était pas non plus l´paradis
Pendant quelques heures l´évasion
Hé oui tant pis.
Tu sais, c´est con!
Dans son vieux pardessus râpé
Dire que j´ai passé des années
Il a pris pendant des années
A côté de lui sans le r´garder
L´même autobus de banlieue
On a à peine ouvert les yeux
Mon vieux.
Nous deux.
L´soir en rentrant du boulot
J´aurais pu c´était pas malin
Il s´asseyait sans dire un mot
Faire avec lui un bout d´chemin
Il était du genre silencieux
Ça l´aurait p´t´-êt´ rendu heureux
Mon vieux.
Mon vieux.
Les dimanches étaient monotones
Mais quand on a juste quinze ans
On n´recevait jamais personne
On n´a pas le cœur assez grand
Ça n´le rendait pas malheureux
Pour y loger tout´s ces chos´s-là
Je crois, mon vieux.
Tu vois.
2 Maintenant qu´il est loin d´ici
"J´aim´rais bien qu´il soit près de moi"
En pensant à tout ça, j´me dis
PAPA...
A postériori, l’émouvant interprète s’adresse ou parle de celui qui n’est plus tout près de lui…
mais l’a-t-il jamais été à ses yeux ?, il parle de son vieux, le barbu à qui il doit sa vie… celui
dont il est l’image et dont il ne lui reste plus qu’à interpréter les long silences de taiseux…il parle
de son vieux qui est aux cieux (… là haut) et qu’il rêve de pouvoir rapprocher de lui en
l’appelant papa…
Ces mots, cette prière, c’est son expérience de fils, de celui qui peu à peu se reconnait comme
descendant d’un père qui jusqu’ici lui était lointain, étranger, étrange. Cette introspection
représente la quête d’une forme d’intimité qui lui permette de faire la paix avec son passé et
incarner sa propre identité qui l’ouvre sur un avenir.
Jésus lui aussi n’a cessé de rechercher l’intimité avec « son vieux », ce père lointain et taiseux,
qui a mis 30 ans à se manifester (à son baptême) et qui fait silence à la croix. Entre deux ?
C’est lui qui le cherche, qui s’éloigne du bruit pour essayer de l’entendre ou de se faire entendre
de lui. Il a besoin d’une confirmation de son identité, de son origine alors il cherche des
réponses auprès de ses proches (Qui dites vous que je suis ?), à qui est-ce que je ressemble ?
Tu es le christ, le fils du Dieu vivant…
D’où est-ce que je viens ? (de qui ?), où est-ce que je vais ? (lors d’un passage un douanier
m’a demandé d’où je venait et ou je m’en allait, le genre de question existentiel dont on a jamais
la réponse à la commande. Ayant oublié mes papiers d’identités, j’ai dû faire appel par
téléphone à mon épouse pour confirmé qui j’étais et d’où je venais.). à l’image de mon
expérience, pour chacun d’entre nous, il peut-être parfois difficile de trouver la réponse à ces
questions sans l’aide des autres… « Et vous, qui dites vous que je suis ? »…. Tu es le Christ,
l’envoyé en bas_messager du Père très haut, le fils, l’image du Dieu père de tendresse. Notre
père ou « Papa nous » en créôle.
En réalité cette formule qui ouvre la prière dominicale n’est pas un canevas incantatoire, ou une
formule qui ouvre la porte du cœur du père très haut, c’est plutôt le témoignage du fils
(l’archétype qui réunis sur sa personne nos aspiration d’enfants du père) qui nous rappelle que
la quête de l’intimité avec le père peut couvrir le programme d’une vie. Que cette quête est le
fruit d’une ascèse. Qu’il n’est pas possible d’y arriver sans l’aide du prochain qui porte en lui les
traits du même père et donc le même désir de s’en rapprocher (woody allen « si tu n’aimes pas
ton prochain. Aimes le suivant ».). Que la distance à combler n’est pas nécessairement
physique, mais spirituelle (car les cieux ne sont qu’une image du monde spirituel ou réside
Dieu, et ce monde se trouve en nos coeur. « Il y a autant de distance entre le ciel et ton cœur,
reviens à ton cœur et de là à Dieu, car le chemin n’est pas long de ton cœur à Dieu » Saint
augustin.
Jésus nous invite à rassembler nos cœurs en quête du père des cieux, en communauté comme
c’est le cas en ce moment, et d’y plonger (en nos cœurs) pour retrouver l’intimité avec ce papa
qui n’a jamais cessé d’y être présent, au rendez vous fixé.
«Vous me chercherez et vous me trouverez, si vous me cherchez de/dans tout votre
cœur» (Jérémie 29/13).
Amen
Jérémy DUNON
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