RENCONTRE AVEC D`ANCIENS DÉTENUS

Transcription

CAMEROUN
FRANCE
CONCOURS DE NOUVELLES
Seins mutilés : des filles
victimes de la tradition p. 5
Des élèves sans papiers
seront régularisés
p. 7
Une lycéenne primée au
Festival de Saint-Malo p. 8
no 2 045
0,48 €
ISSN 1288 - 6939
jeudi 8 juin 2006
NOUVEAU ! Le blog du rédacteur en chef : http://blogdurec.lactu.com
www.playbacpresse.fr
DÈS 14 ANS L’essentiel de l’actualité en 10 minutes par jour
tous les jours sauf
dimanche et lundi
RENCONTRE AVEC
D’ANCIENS DÉTENUS
DE
GUANTÁNAMO
ctvinternational
Le film The Road to Guantánamo,
sorti cette semaine, raconte
le calvaire vécu par
trois jeunes Britanniques,
capturés par les Américains
en Afghanistan et retenus
dans une prison spéciale pour
terroristes présumés. p. 2-3
vite à donner ton avis sur les articles que tu as préférés dans l’actu
ENQUÊTE LECTEURS > Pense
en mai, en te connectant à l’adresse www.playbacpresse.fr/monopinion.
● The Road to Guantánamo, film
de Michael Winterbottom, est sorti
hier au cinéma. Il raconte l’histoire vraie de trois
jeunes Britanniques, emprisonnés à Guantánamo.
CONTEXTE
● En septembre 2001, les garçons partent au Pakistan
pour le mariage de l’un d’entre eux. Le 4 octobre,
les États-Unis bombardent l’Afghanistan, accusé
d’héberger Ben Laden et des membres d’Al-Qaïda.
Asif, Shafiq et Ruhel, ex-détenus de Guantánamo
« Ils nous considéraient
comme des animaux »
A
Avez-vous choisi d’occulter, dans
le film The Road to Guantánamo,
certaines des tortures subies ?
Shafiq Rasul : Nous avons été
détenus pendant deux ans et
demi à Guantánamo. Le film ne
dure que 90 minutes. Nous
n’avons pas pu tout dire.
Asif Iqbal : Pour ne pas choquer
nos familles, nous ne voulions pas
montrer les humiliations sexuelles. Mais c’est notre histoire.
En parliez-vous entre vous ?
Shafiq Rasul : Au début, non. Et
un jour, un jeune de 17 ans est
revenu d’un interrogatoire. Il
n’arrêtait pas de pleurer. Il a confié qu’il avait subi des tortures
sexuelles. Du coup, d’autres en
ont parlé. C’est ainsi que les grèves de la faim ont commencé.
Par la suite, quand l’un d’entre
nous restait plus de 10 heures en
interrogatoire, les autres criaient,
cognaient contre les grilles…
Quels étaient les contacts
avec vos gardiens ?
Shafiq Rasul : Au début, il était
impossible de communiquer. Ils
nous considéraient comme des
animaux. Au fil des mois, les
équipes de soldats se renouvelaient. Des informations sur ce
qui se passait dans le camp filtraient vers le monde extérieur.
Vers la fin, certains nous ont présenté des excuses. Ceux qui
étaient plus sympas ont même
appris quelques mots d’arabe
pour nous parler un peu.
Vous sentiez-vous de plus en plus
forts ou désespérés ?
Ruhel Ahmed : On a décidé de
vivre au jour le jour, sans se laisser casser, même si on devait
rester là toute notre vie. Au
début, on s’est aussi demandé
pourquoi ils détestaient autant
notre religion. Cela a renforcé
notre foi. Quand ils nous disaient
« Rasez votre barbe et on vous
libère », on trouvait ça stupide. Ils
voulaient nous forcer à avouer
qu’on étaient talibans ou membres d’Al-Qaïda. S’il nous est
arrivé de craquer, nous n’avons
jamais signé leurs papiers, même
la veille de notre libération.
Quel est votre combat
aujourd’hui ?
Asif Iqbal : Faire campagne avec
Amnesty pour fermer Guantánamo et les centres similaires et
libérer tous les prisonniers. Se
battre contre les tortures dans
tous les pays. Si les États-Unis,
pays le plus fort du monde, montre l’exemple, cela servira de
modèle. Pour moi, Bush est le
plus grand terroriste du monde.
À cause de lui et de Tony Blair*,
des milliers de civils sont morts
en Irak et en Afghanistan.
S. Lelong
sif Iqbal, Shafiq Rasul et
Ruhel Ahmed, détenus
à Guantánamo, ont été
innocentés et libérés en
mars 2004. Interview.
Shafiq Rasul, Ruhel Ahmed et Asif Iqbal ont entamé des poursuites
judiciaires aux États-Unis pour obtenir des dommages et intérêts.
CHIFFRES-CLÉS DE L’ÉVÉNEMENT
Le film vous redonne-t-il une
dignité aux yeux du monde ?
●
Asif Iqbal : Il n’est pas fait pour
prouver notre innocence, mais
pour montrer la réalité, par la
puissance de l’image. Nous avons
été considérés comme coupables
jusqu’à ce qu’on finisse par prouver et entendre notre innocence.
C’est le contraire d’un système
démocratique !
●
Entretien réalisé par S. Lelong
*Premier ministre britannique.
2 ● l’actu - Jeudi 8 juin 2006 - www.playbacpresse.fr
490 prisonniers
environ sont toujours en
prison sur la base américaine de Guantánamo.
3 000 personnes
au moins sont mortes
dans les attentats du
11 septembre 2001,
aux États-Unis.
750
personnes
environ sont passées
par les geôles de
Guantánamo, à Cuba.
Uniquement par abonnement
● Du Pakistan, Ruhel, Asif, Shafiq et Monir décident
de se rendre en Afghanistan pour aider la population.
Pris dans les bombardements, ils empruntent un
convoi des talibans destiné à évacuer les étrangers.
● Arrêtés, Ruhel, Asif et Shafiq sont enfermés dans
un camp afghan avant d’être envoyés à Guantánamo,
à Cuba. Monir est vraisemblablement mort dans les
bombardements. Il n’a jamais été retrouvé.
ECLAIRAGE Peu d’informations sur les détenus, accusés de terrorisme
Guantánamo, zone d’ombre
Dix détenus ont
été inculpés par
des tribunaux
militaires, situés
sur la base.
Aucun procès n’a
encore eu lieu.
ALLER
+ LOIN
• Guantánamo, le
bagne
du bout
du monde,
de Philippe
Bolopion (La
Découverte).
AFP/Adalberto Roque
G
uantánamo est à la fois le nom
d’une ville cubaine et celui d’une
base navale américaine. Depuis
2002, les Américains détiennent dans
ce camp militaire des prisonniers suspectés d’être membres d’Al-Qaïda. Les
États-Unis les considèrent comme les
terroristes les plus dangereux du
monde. De nombreux rapports et
témoignages font état de mauvais traitements et de cas de tortures. Environ
45 mineurs ont aussi été détenus par
l’armée américaine, selon l’avocat de
l’un d’entre eux, Clive Stafford Smith
(l’actu n° 1 978). Jusqu’ici, seul le Comité International de la Croix-Rouge
(CICR) et les avocats de certains détenus ont eu accès aux prisonniers.
L’Onu demande la fermeture
Peu à peu, on en sait un peu plus sur
ce qui se passe dans le camp X-Ray et
le camp Delta, sur la base de Guantánamo. Pour la première fois, en avril
dernier, le Pentagone a accepté de
dévoiler l’identité de détenus. Il a donné
558 noms de prisonniers (ou anciens
prisonniers), originaires de 40 pays.
Trois Français figurent sur cette liste
officielle. En revanche, quatre autres
ayant séjourné dans le centre n’y sont
pas identifiés. Tous les sept sont revenus en France. Mardi, 18 détenus
étaient encore en grève de la faim. Certains refusent de s’alimenter depuis des
mois. Un rapport de l’Onu du 16 février
2006 demande de « fermer les installations de détention sans délai supplé-
mentaire » et que « tous les détenus »
soient « jugés rapidement » ou « libérés
immédiatement ». Pour Amnesty International, Guantánamo n’est que la face
visible de l’iceberg. L’association pointe
du doigt d’autres centres de détention
américains en Afghanistan (Kandahar,
Bagram), en Irak (Abou Ghraib)… S. L.
pris le pouvoir en 1996 en Afghanistan et
ont appliqué la loi islamique, la charia, très
strictement. Leur pouvoir a été renversé
en novembre 2001 suite aux bombardements
américains. Ils étaient accusés d’abriter
Oussama ben Laden, responsable des
attentats du 11 septembre 2001. Depuis
plusieurs mois, cette année, ils se battent
pour tenter de rétablir leur influence.
« La base » en arabe. Ce réseau islamiste,
créé par Oussama ben Laden en 1988,
a des ramifications dans le monde entier.
Il a déjà financé des groupes islamistes
en Égypte, Algérie, Somalie… Son but est
d’unir tous les musulmans et de mener
le jihad (guerre sainte).
Extrader
Talibans
Vient du mot arabe, talib, qui signifie
« étudiant en religion ». Les talibans ont
Pour vous abonner : 0825 093 393 (0,15 € TTC/min)
AFP/R. Gacad
Procéder à une extradition, décider de
remettre une personne qui se trouve sur
son territoire à un pays qui veut la juger.
• www.
amnesty.fr
QUESTION/RÉPONSE
MOTS-CLÉS DE L’ÉVÉNEMENT
Al-Qaïda
• Prisonnier
325, Camp
Delta, De
Vénissieux à
Guantánamo,
de Nizar
Sassi
(Denoël).
Le régime
très dur des
talibans était
combattu
par l’Alliance
du Nord
et le commandant
Massoud,
assassiné
en 2001.
Gabriel,
16 ans,
2de
Paris
(75)
Gabriel : Que sont devenus les
Français détenus à Guantánamo ?
L’actu : Six des sept anciens
détenus ont été inculpés par
la justice française. Ils sont
poursuivis pour « association
de malfaiteurs en relation avec
une entreprise terroriste ».
Ils devraient être jugés du 3
au 12 juillet devant le tribunal
correctionnel de Paris. Ils
avaient été extradés par les
États-Unis au printemps
2005. Seul Mustaq Ali Patel a
été blanchi à l’heure actuelle.
www.playbacpresse.fr - Jeudi 8 juin 2006 - l’actu ● 3
Test antidrogue dans
les collèges et lycées du Kent
Selon l’école qui
l’a expérimenté,
le test améliore
les résultats aux
examens, en faisant
chuter la consommation de drogue
par les élèves.
Un nouveau test sera proposé à la rentrée dans les
établissements scolaires du
Kent : un simple prélèvement de salive permettra de
savoir si le jeune a consommé de la drogue, notamment du cannabis, de l’héroïne et de la cocaïne.
L’expérience avait été tentée, cette année, dans une
école pilote, sur des jeunes
de 11 à 18 ans. Le prélèvement n’était pas obligatoire,
les élèves pouvaient le refuser. En revanche, leurs
parents étaient prévenus de ce refus. 86 % des jeunes
l’ont accepté. Sur les 600 tests effectués, un seul cas
s’est révélé positif, au cannabis. Le ministère britannique de l’Éducation a décidé de proposer le test aux
autres établissements de la région. Les proviseurs
seront libres de l’appliquer, en concertation avec les
parents d’élèves et les profs. Certains enseignants trouvent que ce test est efficace car dissuasif. Pourtant,
d’autres craignent qu’il ait un impact négatif sur les
jeunes, en renforçant l’image répressive de l’école. Ces
profs préféreraient des campagnes d’information préL. S.
ventive sur les dangers des drogues.
200 hooligans
en cavale ?
Près de 200 hooligans
anglais n’avaient pas
remis leur passeport aux autorités
de leur pays, lundi. Pour éviter les
violences au Mondial, le RoyaumeUni a interdit à 3 300 supporters
d’aller en Allemagne, en exigeant
qu’ils rendent leurs papiers.
AFP/D. Charlet
ROYAUME-UNI
I Wish I Was A Punk Rocker, le single de Sandi
Thom, est actuellement en tête des charts au
Royaume-Uni. La jeune chanteuse britannique
a été connue grâce à Internet (l’actu n° 1 999).
AFP/P.-F. Colombier
Le groupe Indochine a fêté ses
25 ans, mardi et mercredi, avec
un concert à Hanoi, au Vietnam,
ancienne colonie française… d’Indochine.
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ÉTATS-UNIS
La date du 6.6.6 rapporte gros
Avec
À Hell (« enfer »), ville du Michigan, les commerçants
ont profité de la journée du mardi 6 juin 2006 pour
vendre des tee-shirts, des certificats où était écrit
« J’étais en enfer le 6.6.6 », des glaces spéciales…
Le chiffre 666 est cité par l’apôtre Jean comme
celui de la bête dans le dernier chapitre de la Bible,
l’Apocalypse. Il est devenu le symbole du diable.
LIBERIA
Mystère : un cratère géant sous la glace
Menace de prison pour
les tricheurs aux examens
MOT ANGLAIS
DU JOUR
.com
Cheat : fraude.
ANTARCTIQUE
Une équipe de scientifiques américains a annoncé,
la semaine dernière, avoir découvert un cratère de
500 km de large. Il est situé à 1 500 mètres de
profondeur sous la glace, à l’est de l’Antarctique. Les
images des satellites Grace, de la Nasa, puis celles de
radars ont permis de détecter une zone plus dense,
entourée d’une crête. Des experts avancent l’hypothèse
de la collision d’un astéroïde avec la Terre, il y a
250 millions d’années. D’autres pensent que cette
masse est d’origine volcanique. Pour élucider ce
mystère, une mission ira faire des prélèvements.
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Au Liberia, le Conseil pour les
examens a menacé les élèves
du secondaire, qui vont plancher
en fin d’année, de les envoyer
en prison en cas de tricherie.
Ces dernières années, la fraude
est devenue courante. Ainsi,
certains élèves en envoient
d’autres à leur place ou achètent
les énoncés des examens.
CÔTE D’IVOIRE
Travail forcé :
33 enfants libérés
Un car avec 33 enfants
originaires du Burkina-Faso
a été intercepté, la semaine
dernière, en Côte d’Ivoire.
Les mineurs, âgés de 10 à
17 ans, étaient victimes
d’un trafic pour être
exploités. Ils ont été
reconduits dans leur pays.
VA VOIR
AILLEURS
>
Aux États-Unis, le community building, « respect des autres
et entraide », est une matière scolaire obligatoire qui fait
partie des social studies (histoire-géo, instruction civique).
Un ado de 14 ans a subi, dans le nord de
l’Allemagne, des sévices sexuels filmés et
diffusés sur Internet. Mardi, une enquête a été
ouverte sur les suspects : quatre jeunes de 16 ans.
UKRAINE
LA PHOTO DU JOUR
AP/Yu Xiangquan
Un homme de 45 ans
a été tué par un lion,
dimanche, au zoo de
Kiev. Il était entré dans
la cage de l’animal par
défi : il voulait vérifier
l’existence de Dieu,
qui devait le protéger
des griffes des fauves.
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Courbures. Des fermiers chinois de l’ethnie Longsheng travaillent
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sur des terrasses, dans la région de Guangxi Zhuang.
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INDONÉSIE

Jakarta, ville de la pollution

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« Bienvenue dans la ville de la pollution »,
pouvait-on lire sur des panneaux géants
installés à l’occasion de la Journée
mondiale de l’environnement, lundi,
à Jakarta. Cette ville est l’une des plus
polluées au monde, notamment à cause
du manque de transports en commun.
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AFP/D. Charlet
Dieu le laisse se faire dévorer par un lion
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Trois personnes ont été arrêtées, lundi,
au large de l’Angola (Afrique). Elles avaient
échangé plus de 20 tonnes de haschisch avec
des policiers canadiens, déguisés en trafiquants.
CAMEROUN
Campagne contre une mutilation qui touche les jeunes filles
Le « repassage » des seins,
une tradition dangereuse
P
our la première fois, une campagne de
sensibilisation contre le « repassage » des
seins des adolescentes a été lancée, la
semaine dernière, au Cameroun. Elle va
durer un an, sous forme de spots télé et
radio. L’initiative vient d’un réseau d’associations, soutenu par l’Agence allemande de
coopération. Le but : informer des dangers
de cette tradition. Une enquête a été réalisée
en décembre 2005 sur plus de 5 000 filles et
Pour vous abonner : 0825 093 393 (0,15 € TTC/min)
femmes de 10 à 82 ans, dans 10 provinces
du pays. Près d’un quart des sondées ont
raconté comment, à l’adolescence, leurs
seins ont été mutilés avec un objet chauffé
pour éviter qu’ils se développent. Les mères,
parfois les frères, veulent ainsi retarder le
début des relations sexuelles, en éloignant
les garçons. Dans les régions à tradition
musulmane, elles le font pour que le père
ne se rende pas compte que sa fille est en
âge d’être mariée. La fillette peut ainsi rester
plus longtemps à l’école. Parfois, l’adolescente s’aplatit elle-même les seins avec une
louche chauffée, car elle a honte de ses formes naissantes. Cinq mois de « repassage »
a permis à certaines de retarder la pousse
des seins de trois ans. Les conséquences
sont graves : douleur, fièvre, kyste, voire cancer, et disparition totale des seins ou déveL. S.
loppement de seins proéminents.
AFP
Le disque de musique électronique Living on
Video, du groupe Pakito, est, cette semaine
encore, en tête du classement des meilleures
ventes de singles en France.
L’Américaine Angelina Jolie est
la star dont le nom a été le plus
recherché par les internautes de
14-18 ans, le mois dernier, sur MSN Search.
GRIGNY
Frans Lanting/Minden Pictures/J. H. Editorial
LA PHOTO DU JOUR
FRANCE
Policiers blessés
lors d’échauffourées
Routes : moins de
5 000 morts en 2005
Cinq policiers, trois CRS
et six pompiers ont été
légèrement blessés lors
de heurts avec des jeunes
dans le quartier sensible
de la Grande-Borne, lundi
soir, à Grigny. Une voiture
a été brûlée et des Abribus
détruits. Il n’a été procédé
à aucune interpellation.
4 975 personnes ont été
tuées dans les accidents de
la route en France en 2005,
soit 4,9 % de moins qu’en
2004. La Sécurité routière
l’a indiqué mardi. C’est la
quatrième année consécutive de baisse du nombre
de tués sur les routes.
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CHORANCHE
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Grave accident
de base jump
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Un homme de 35 ans a été
brûlé au troisième degré,
lundi, près de Choranche,
en pratiquant le base jump
(saut extrême en parachute).
Sa voile s’est prise dans
une ligne à haute tension.
Fixé. Pour l’exposition Vivants, une centaine de photos d’animaux
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L’accident d’un hélicoptère
de la sécurité civile a fait
trois morts et un blessé
grave, lundi, dans les
Hautes-Pyrénées. L’appareil
s’est écrasé lors d’un
exercice de secours en
montagne, à 2 600 mètres
d’altitude. Il était chargé
de récupérer des CRS
en plusieurs vagues.

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TARBES
Trois morts dans
un crash d’hélico
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(ici, un puma) sont présentées dans le bois de Boulogne, à Paris.

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FRANCE
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Les Françaises
fans des Bleus
NÎMES
58 % des Françaises ont
l’intention de suivre le
parcours de l’équipe de
France lors du Mondial.
36 % sont certaines de le
faire. C’est ce que révèle
un récent sondage publié
par Ouest-France.
Quatre suspects âgés de 23 à
26 ans comparaissent depuis
mardi devant la cour d’assises
du Gard pour le meurtre de
Marjorie, 20 ans, en 2004. Trois
garçons, dont deux frères, sont
accusés de « vol avec violence
ayant entraîné la mort» de la
jeune fille. Un autre garçon et
une fille répondent de « recel de
cadavre » et de « recel de vol
commis avec violence et ayant
entraîné la mort ». Le dimanche
de Pâques 2004, Marjorie accepte de passer la soirée chez l’un
des accusés, qu’elle avait connu
sur un forum. En arrivant dans
l’appartement, elle est rouée de
coups par ce dernier, son frère
et leur ami. Ils la tuent, lui
recouvrent le visage de ruban
adhésif et la ligotent. Transporté dans le coffre de son véhicule,
le cadavre est congelé puis jeté
dans un canal. Rejoints par leurs
deux complices, ils vont mener
grand train avec le chéquier et
la carte bancaire de la victime.
Alertés par les retraits frauduleux, les enquêteurs arrêteront
« Le Père Noël est passé,
Marjorie est au frais », avait
écrit un suspect dans un SMS.
les cinq suspects quelques jours
plus tard. Tous risquent la prison à vie. Le verdict est attendu
aujourd’hui.
MaxPPP/Angélique Surel
Procès du meurtre sauvage de
Marjorie, 20 ans, appâtée sur le Net
l’actu
Play Bac Presse SARL*,
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F. Dufour, J. Saltet, M. Dyrszka. Dépôt légal : novembre 1994. CPPAP
n° 0608 C 77649. Imprimerie : Fécomme. Loi n° 49-956 du 16 juillet
1949 sur les publications destinées à la jeunesse.
Une habitante de Montfermeil (Seine-SaintDenis) a écopé d’un mois de prison avec sursis,
mardi, pour discrimination. Elle avait refusé de
vendre sa maison à un couple de religion musulmane.
La principale d’un collège a été rouée de coups
par des jeunes, mardi, à Marseille (Bouchesdu-Rhône). Elle a voulu s’opposer au groupe,
venu en expédition punitive dans l’établissement.
Annonce du ministre de l’Intérieur mardi
C’EST DIT
Des élèves sans papiers
ne seront pas expulsés
Avec Dave,
mon mari, on
adore l’humour
pipi-caca.
“ ”
AFP
L’actrice américaine
Carmen Electra (dans le
magazine Voici). Elle
sera à l’affiche de la
comédie Scary Movie 4,
à partir du 21 juin.
C’EST
DINGUÉ
D
es élèves et leurs parents
sans papiers seront régularisés. C’est ce qu’a annoncé,
mardi, le ministre de l’Intérieur,
Nicolas Sarkozy, au cours de la
présentation au Sénat de son
projet de loi sur l’immigration
(l’actu n° 2 016). Une carte de
séjour pourrait être attribuée à
720 familles en situation irrégulière, soit près de 2 500 personnes autorisées à rester en France.
« Selon la loi, peuvent être expulsés : les parents sans papiers
avec leurs enfants ou, plus problématique, uniquement les
parents et les jeunes majeurs
scolarisés », rappelle Anne-Laure
Barbe, de RESF. En octobre,
Nicolas Sarkozy avait demandé
aux préfets de laisser ces élèves
finir leur année scolaire avant
d’entreprendre les expulsions. Le
sursis aurait pris fin le 4 juillet,
avec les grandes vacances.
« Trop restrictif, trop peu
de familles », selon RESF
Depuis quelques mois, la mobilisation en faveur d’élèves menacés d’expulsion avec leur famille
Mobilisation contre les expulsions
Depuis le début de l’année, la
mobilisation de RESF, de
parents, d’enseignants et de
camarades de classe a empêché
l’expulsion de plus d’une dizaine
de familles, partout en France.
Certains se sont même engagés
à cacher des jeunes ou des
Pour vous abonner : 0 803 09 33 93 (0,15 € TTC/min)
familles expulsables, quitte à
enfreindre la loi et risquer
cinq ans de prison. Le mois dernier, à Évreux (Eure), le préfet a
même dû organiser le retour en
France d’une jeune mère de
famille renvoyée injustement au
Mali avec ses deux enfants.
a explosé (lire encadré) . La
mesure du ministre ne concerne
toutefois que les familles dont
les enfants n’ont plus aucune
attache avec leur pays d’origine :
nés en France ou arrivés en bas
âge, toujours scolarisés et ne
parlant que le français. « Ces critères sont trop restrictifs et touchent trop peu de familles, alors
que plus de 50 000 sont concernées. En outre, cette mesure ressemble à un coup politique pour
faire passer en douceur une loi
très dure sur l’immigration », critique Anne-Laure Barbe.
COMPRENDRE
RESF :
Réseau Éducation Sans
Frontières. Composé
d’associations, de collectifs
et de syndicats, il milite
contre l’expulsion de jeunes
scolarisés en France et
contre celle de leurs parents.
Chiens attaqués
à la grenade
Un chien a été tué et un autre
blessé par l’explosion d’une
grenade lancée par un ou des
inconnus dans le jardin d’une
maison de Montreuil-sousBois (Seine-Saint-Denis),
lundi. La police, qui a qualifié
les faits d’« assez rares »,
a ouvert une enquête.
A LA TÉLÉ
La Chute du
Faucon noir
Film de guerre, de
Ridley Scott (2001).
En 1993, des GI’s sont
envoyés en Somalie,
ravagée par la guerre
civile. Dans la capitale,
Mogadiscio, la mission
tourne au cauchemar…
Ce soir, 20 h 55. France 3
Demain, en page
8
Le Chat gris, suite
● Le palmarès du 15e Concours
d’écriture de nouvelles organisé
par le festival du livre « Étonnants voyageurs »,
à Saint-Malo (Ille-et-Vilaine), a été décerné le 3 juin.
CONTEXTE
● Cette année, près de 1 900 élèves de la 6e à la
terminale, issus de 26 académies, y ont participé. Ils
devaient poursuivre deux récits initiés par l’écrivain
Didier Daeninckx. L’actu publie la nouvelle gagnante.
La nouvelle de Noémie Gallet, 2de, lycée La Bruyère, Versailles (78)
Le Chat gris (1/3)
Début écrit par l’écrivain Didier Daeninckx
Le train s’était arrêté quelques centaines de mètres
avant la gare de Mahabalipuram pour laisser passer
une file d’éléphants travailleurs. Xavier en avait profité
pour récupérer son sac coincé entre une cage à poules
et un baluchon d’où s’échappait une enivrante odeur de
menthe. Il avait suivi les rails chauffés par le soleil jusqu’au
réservoir où les locomotives venaient faire le plein d’eau.
Il entra dans le hangar sans fenêtres, comme on le lui avait
demandé dans la lettre à la signature illisible reçue quelques
jours plus tôt à l’hôtel Majestic de Bombay. Il sentit tout de
suite une présence dans l’obscurité. Un rayon de soleil se
faufila à travers deux planches disjointes, éclairant une
silhouette. Xavier crut, un instant, être devant un miroir.
À part le teint cuivré de sa peau, le turban qui dissimulait
ses cheveux et le revolver qu’il tenait dans sa main, le garçon
qui lui faisait face lui ressemblait trait pour trait…
L’inconnu se mit à parler d’une voix très douce, trop douce :
– Je crois que nous avons beaucoup de choses à nous dire…
X
avier prit soudain conscience de la chaleur
étouffante qui régnait.
Son tee-shirt lui collait à
la peau, et il avait du
mal à respirer. Peut-être à cause
du revolver, l’autre paraissait fort,
inébranlable comme un rocher
au milieu d’un océan en tempête.
Ses yeux inspiraient le respect, et
pourtant ils étaient exactement
de la même couleur et de la
même forme que ceux de Xavier.
Il y avait dans l’air quelque chose
de pesant, d’immobile, qui néanmoins parvenait à lui échapper.
– Je… tu…
Il brûlait de serrer la main du
garçon, de le toucher, juste pour
le mettre au défi d’exister vraiment. Un silence écrasant s’installa pendant un long moment,
puis, à son soulagement, l’autre
repris la parole :
– Je te cherche depuis longtemps,
j’ai eu du mal, tu sais…
– Tu… tu es mon frère ?
L’inconnu écarta les bras en signe
d’évidence. Sa main passa sous
le mince trait de lumière, faisant
étinceler la crosse du revolver. Le
geste n’avait peut-être pas été
volontaire, mais le regard de
Xavier se fixa sur l’arme, et il eut
du mal à l’en détacher. Le garçon
parut s’en rendre compte, et la
rangea à sa ceinture, toujours
très doucement, un calme étrange et intimidant au fond des yeux.
Puis il fit quelques pas en avant,
main tendue :
– Akand Tomas.
– Xavier Tomas.
Au moment précis où leurs paumes allaient se toucher, un petit
bruit aigu retentit tout près de
l’oreille de Xavier, puis de nouveau deux secondes plus tard,
puis avec une insistance acharnée. La scène se retrouva plongée
dans un nuage confus de brume
et de couleurs, et il se réveilla en
sursaut, envoyant sa couette valser à terre. Son réveil hurlait toujours. Paris. France. 6 h.
D
es gens pressés s’engouffraient dans les
couloirs du métro, encore tout camouflés du
brouillard du dehors.
Sur la banquette en face de
Xavier, un homme en costume et
cravate relisait, les sourcils froncés, des colonnes denses de chiffres. Une pensée étrange traversa
l’esprit du garçon ; peut-être qu’à
7 ans, cet homme avait rêvé de
devenir chevalier, pompier, ou
cosmonaute ? Plongé au fin fond
du métro, seul dans une jungle
de caractères minuscules, était-ce
là l’aventure dont il avait rêvé ?
Xavier sentit monter en lui ce
doute qui le poursuivait depuis
quelques mois. Il baissa les yeux
sur son sac noir, sa chemise blanche – au prix de combien d’efforts ! – impeccablement repassée. Dans 15 jours, il fêterait ses
21 ans… Son rêve de la nuit précédente tournait en boucle dans
son esprit, lui soufflait dans les
oreilles, revenait toujours à la
charge comme une énigme dont
on ne parvient pas à trouver la
solution. Un rêve ne se comportait pas comme ça, Xavier ne
s’était jamais rendu en Inde, et ne
connaissait rien des paysages
indiens qui n’avaient pas gagné
leur place dans les vitrines des
agences de voyages. Pourtant,
cette nuit, il avait voyagé. Il avait
perçu ces lieux inconnus avec
tous les détails et les sensations
de la réalité, il connaissait leurs
noms, leurs musiques et leurs
senteurs. Et il savait que, s’ils
existaient, ils correspondaient
bien plus au chemin qu’il aurait
voulu suivre que la grisaille du
métro parisien. La rame s’arrêta
à Montparnasse, et les portes
s’ouvrirent avec un bruit de courant d’air. Xavier sursauta, sortit,
et gravit lentement les escaliers
mécaniques. Ce n’était pas bon de
vivre dans un rêve.
Le trac ronronnait dans le
ventre de Xavier comme
un chat asthmatique.
Il lui fallut trois minutes
pour oser pousser la porte.
L’immeuble qui abritait la rédaction regardait vers le ciel. Le titre
du journal figurait sur une enseigne nette, si haute qu’il fallait renverser la tête en arrière pour la
déchiffrer. Le trac ronronnait dans
le ventre de Xavier comme un
chat asthmatique. Il lui fallut trois
minutes pour oser pousser la
porte, mais il entra, trébucha, et
s’adressa à la réceptionniste en se
maudissant de bafouiller autant :
– Bonjour, je… euh… je suis
Xavier Tomas, enfin… je viens
pour le stage.
Il lui tendit sa lettre d’acceptation,
à laquelle elle ne jeta pas un
regard ; il voyait l’écran de l’ordinateur se refléter dans ses lunettes rectangulaires.
– Au troisième à gauche. Avec un
geste vague en direction de l’as•••
censeur.
« Cette nouvelle a fait l’unanimité parmi
le jury. Il y a une vraie originalité dans
l’intrigue, une atmosphère oppressante qui
plonge le lecteur dans un no man’s land entre
rêve et réalité, des bonheurs d’écriture… »
Olivier Gasselin, rédacteur en chef adjoint
de l’actu et membre du jury